14 minute read

CULTUROSCOPE

Next Article
FESTVAL DU FILM

FESTVAL DU FILM

CLA TRIBUNE DE MARRAKECHULTUROSCOEXPOS, LIVRES, PORTRAITS OCTOBRE 2022 12P 12E

“Le Musée veut rendre à la ville de Marrakech ce qu’elle nous a donné”

Advertisement

Alexis Sornin est le directeur du Musée Yves Saint-Laurent qui fête cet automne ses cinq ans d’existence avec,au programme, un concert gratuit sur la place Jemaâ El Fna, deux expositions et une nouvelle rotation des œuvres du célèbre couturier

Trois raisons d’y aller pour le prix d’une. Voilà déjà cinq ans que le Musée Yves SaintLaurent, d’une surface de 4000 m2 , a fait irruption dans la vie culturelle et artistique des Marrakchis. Un bel anniversaire qui méritait d’être célébré comme il se doit par la Fondation Pierre Bergé – Yves SaintLaurent, dont la partie muséale est dirigée depuis 2020 par Alexis Sornin, en provenance des musées d’art contemporain du Palazzo Grass et de la Punta della Dogana, à Venise. Ainsi, depuis les premiers jours de l’automne, ce lieu somptueux qui arbore une coiffe de brique rouge, propose deux expositions différentes et, dans la salle principale, une nouvelle rotation des vêtements iconiques signés par le célèbre couturier de son vivant. “C’est la 5e rotation que nous proposons au public depuis l’ouverture du musée à Marrakech, explique le directeur. On y retrouve des robes inspirées par des artistes qu’Yves SaintLaurent affectionnait beaucoup, comme Picasso, Mondrian, Henri Matisse, mais aussi une robe très délicate rendant hommage à la sculpture africaine bambara. En complément, poursuit Alexis Sornin, le commissaire Stéphan Janson a également choisi de mettre en scène des vêtements qui témoignent de la relation qu’Yves Saint-Laurent entretenait avec le Maroc et que l’on retrouve aux côtés d’œuvres issues de la collection du Musée Pierre Bergé des arts berbères (inauguré en 2011, dans l’enceinte voisine du Jardin Majorelle, NDLR).”

Quand l’art et la science ne font qu’un

A quelques pas de là, la salle d’exposition temporaire du musée mérite, elle aussi, le détour, puisque ses murs abritent jusqu’à la mijanvier l’exposition “Le Maroc de Théophile-Jean Delaye (18961970)”. Cette rétrospective, qui s’inscrit dans le cadre d’une collaboration exceptionnelle signé avec le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) de Marseille, retrace le parcours atypique de celui qui fut, à l’époque du Protectorat, “le premier véritable cartographe scientifique des reliefs montagneux du sud marocain, et plus particulièrement de la région du massif du Toubkal. C’était un précurseur, un alpiniste aussi et un illustrateur talentueux” , détaille Alexis Sornin. Et quand bien même son approche fut scientifique - il était chargé de la mise en carte du pays par le général Lyautey, dans les années 1930 -, Théophile-Jean Delaye consacrait effectivement une grande importance à la dimension esthétique de son travail, ce que l’on découvre en observant la centaine d’œuvres (aquarelles, gouaches, lavis, etc.) qui s’offrent à notre regard au fil de l’exposition.

Retour aux origines

Et ce n’est pas tout : dans une salle voisine, il est également possible d’apprécier une série de photos inédites, de dessins et autres documents qui retracent la genèse de ce lieu dont la conception architecturale est née de l’imagination des équipes du Studio KO. “C’est comme un retour aux sources, une manière de montrer pourquoi et comment a été créé ce musée qui, à mon sens, occupe aujourd’hui une place à part au Maroc” , souligne Alexis Sornin. Cinq ans après son ouverture, à l’instar du MACAAL, le Musée Yves SaintLaurent est un incontournable dans les musées du Royaume en général, et de Marrakech en particulier. “Une ville qui nous a déjà beaucoup donné et à qui aujourd’hui nous souhaitons rendre”, glisse son directeur en prenant, comme exemple, le grand concert que le musée a organisé gratuitement sur la place Jemaâ el Fna, le 15 octobre dernier, en présence des chanteuses Hindi Zahra, Oumaima Baazia et de Kawtar Sadik.

Ouvert tous les jours, sauf le mercredi, de 10h à 18h. Tarifs d’entrée : 40 dhs pour les visiteurs marocains/résidents étrangers au Maroc, 100 dhs pour les visiteurs internationaux, 50 dhs pour les étudiants. Gratuit pour les enfants âgés de moins de 12 ans.

J.B

Rue Yves Saint-Laurent Tel : +212(0) 524 29 86 86

LE JARDIN MAJORELLE

renoue avec la foule des grands jours

Attraction phare de la ville, le Jardin Majorelle veut désormais offrir une balade privilégiée à tous ses visiteurs

Mise en sommeil pendant un an et demi pour des raisons de santé publique, la love-story entre le public et le Jardin Majorelle a repris de plus belle ces derniers mois. A l’exception des touristes asiatiques qui tardent encore à remettre les pieds au Maroc, ce havre de paix planté en pleine ville, a déjà retrouvé l’affluence qui était la sienne en 2019, une année durant laquelle le Jardin Majorelle et le Musée Yves Saint-Laurent avaient enregistré pas moins de 1,5 million de visites. Un record. Or, selon leurs responsables, le Jardin renoue avec les mêmes bases de fréquentation depuis six mois, “les dépassant même certains jours” , ce qui atteste de son succès, auprès des locaux d’une part, qui représentent désormais un tiers des visites, et des touristes européens. Cette foule considérable qui piétine, à certaines heures, est toutefois devenue un vrai sujet de réflexion pour la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint-Laurent qui ne peut pas agrandir les murs. “La fermeture en raison du Covid19 nous a permis de lancer des travaux structurels sur les bassins, les pavillons, de renouveler une partie de la collection des sujets botaniques, mais aussi, de se poser pour réfléchir à des solutions au sujet de l’affluence” , reconnaît librement Alexis Sornin, qui dirige la partie muséale au sein de la Fondation. On veut désormais mieux contrôler les flux journaliers des visiteurs, ne plus laisser circuler jusqu’à 7.000 personnes par jour, comme c’était le cas en 2019. On est conscient du caractère exigu du jardin, on a donc mis récemment en place un système discret de comptage pour visualiser les moments où il y a trop de monde”. Attraction phare de la ville, le Jardin Majorelle prévoit donc de réduire le nombre de guichets de billetterie dès 2023 et développe de plus en plus son service de billetterie en ligne, dans le but d’offrir le confort qui se mérite en arpentant les lieux. “Grâce à ces opérations, les visiteurs vont pouvoir choisir précisément quand ils souhaitent venir, voir quand il reste de la place. De notre côté, nous aurons une vision plus globale de l’affluence et serons en capacité de la limiter, à certaines heures, dès que le besoin se fait sentir », explique Alexis Sornin.

Le musée Yves Saint-Laurent fait son cinéma tous les lundis

Envie de voir ou de revoir un classique du 7e art sur grand écran ? Alors, jetez un oeil sur la programmation du ciné-club du Musée Yves Saint-Laurent qui met à l'honneur les grands classiques du cinéma du XXe siècle. Les projections ont lieu tous les lundis à 19h, dans l'auditorium du musée. Tous les films sont projetés en version originale et sous-titrés en français, sauf quand le film est français : dans ce cas, le sous-titrage est en anglais. L'accès est gratuit dans la limite des places disponibles. Le 17 octobre : ”What Ever Happened To Baby Jane ?”, de Robert Aldrich (1962), avec Bette Davis

Le 24 octobre : ”1900” (1ère partie), de Bernardo Bertolucci (1976), avec Robert de Niro

Le 31 octobre

”1900” (2e partie), de Bernardo Bertolucci (1976), avec Robert de Niro

Le 7 novembre : "Manèges", de Yves Allégret (1950), avec Simone Signoret

Le 14 novembre : ”La main au collet”, d’Alfred Hitchcock (1955), avec Cary Grant Le 21 novembre : "Vivement dimanche", de François Truffaut (1983), avec Fanny Ardant

Le 28 novembre : ”La Cagna”, de Marco Ferreri (1972), avec Chiara Mastroianni "Monsieur Ripois", de Luc Béraud (1993), avec Bernadette

Le 12 décembre : "La Reine Margot", de Patrice Chéreau (1994), avec Isabelle Adjani

Le 19 décembre :

”Bellissima”, de Luchino Visconti (1951), avec Anna Magnani

Musée Yves Saint-Laurent Marrakech Rue Yves Saint-Laurent museeyslmarrakech.com

CLA TRIBUNE DE MARRAKECHULTUROSCOEXPOS, LIVRES, PORTRAITS OCTOBRE 2022 P 14E L'INSTITUT FRANÇAIS DE MARRAKECH

Concerts, conférences, théâtre et récital : porté par son directeur Sylvain Treuil et une équipe dynamique, l'Institut français de Marrakech revient en force en cette rentrée avec une programmation culturelle riche et audacieuse. Morceaux choisis de ce qui vous attend.

Le 22 octobre, à l'Institut Jubantouja

Unique en son genre au Maroc, Jubantouja redessine les contours de la musique traditionnelle amazighe en la couplant avec un style proche de l'indie folk et du rock alternatif. Mené par le jeune Ayoub Nabil, ce groupe plein d'avenir vous hisse avec douceur et mélancolie sur les contreforts du Haut Atlas. Tarifs : de 40 à 80 MAD

Le 17 novembre, à l'Institut "Traces”, par la Cie La Charge du Rhinocéros

Conteur exceptionnel, Etienne Minougou prend la parole pour donner corps au récit de sa vie qu'il a traversée en quittant l'Afrique où il est revenu pour porter un message d'espoir. Dans cette pièce, il incarne la pensée philosophique de Felwine Sarr qui écrit un discours aux nations africaines à la manière d'une odyssée métaphorique. Tarifs : de 40 à 80 MAD

Le 19 novembre, à l'Institut Wood Sound

Mêlant tambours traditionnels, sonorités funk, ambiances jazzy et envolées reggae, le groupe Wood Sound exprime parfaitement la richesse culturelle du Bénin d'où sont originaires les musiciens. Du bon son et un timbre suave qui font recette en live ! Tarifs : de 40 à 80 MAD

Le 13 décembre, à l'Institut "Comme la mer, mon amour”, par la Cie d’un pays lointain

Après 19 ans de séparation, Abdellah retrouve Boutaïna par hasard dans les rues de Paris. "Comme la mer, mon amour” est une pièce sur l'inévitable retour des fantômes, la nécessaire confrontation avec le passé et l'attente éternelle d'un miracle. Tarifs : de 40 à 80 MAD

Le 15 décembre, à la Maison Denise Masson Françoise Atlan

A l'issue de sa résidence à la Maison Denise Masson, Françoise Atlan propose une pièce à la fois vocale, instrumentale et poétique. L'occasion de partir avec elle vers divers chemins spirituels, du soufisme au piétisme des Kabbalistes du Drâa en passant par le monastère de Midelt. Entrée gratuite

Et aussi… Le 3 novembre : Conférence sur la Géopolitique du football, animée par l'expert en géopolitique du sport JeanBaptiste Guégan. A l'Institut. Entrée libre.

Le 1er décembre : Récital en duo de Loïc Lafontaine (piano) et Khalid Badaoui (luth). A l’Institut. Sur invitation.

Le 7 décembre : La Nuit de la poésie à la Maison Denise Masson. Entrée gratuite.

Le 11 décembre : Marché de Noël (stands, animations, tombola, buffet ). Dans les jardins de l'Institut. Entrée libre.

Au MACAAL, le plasticien Joël Andrianomearisoa en tête-à-tête avec l'art traditionnel marocain

Après une exposition collective très réussie sur le thème du jeu et de l'art, le Musée d'Art contemporain Africain Al Maaden (MACAAL) a choisi, pour cet automne, d'offrir les espaces de son musée à un seul artiste et pas des moindres : Joël Andrianomearisoa. Au fil d'une exposition monographique intitulée "Our land just like a dream" et commissariée par Meriem Berrada, ce jeune artiste malgache déjà exposé dans de nombreuses institutions mondiales (Hamburger Bahnhof à Berlin, le Centre Pompidou à Paris) explore les savoir-faire traditionnels marocains, et engage le dialogue avec les diverses approches artistiques d'une sélection d'oeuvres appartenant aux collections de la Fondation Alliance. C’est d’autant plus plaisant et immersif que l’on sait que l’ensemble des œuvres produites pour cette exposition l'ont été exclusivement à Marrakech, témoignant ainsi de la richesse et de la modernité des techniques artisanales locales. Vannerie, dinanderie, installations textiles ou encore broderie : Joël Andrianomearisoa les croise, les apprivoise, les remodèle et leur redonne ainsi une nouvelle vie à travers une variété de médiums et d'installations (sculpture, vidéo, dessin, etc.) qui respirent à la fois l'élégance, la fragilité et cette mélancolie unique que l'on retrouve comme un fil conducteur dans la carrière de celui qui fut le premier artiste à représenter Madagascar à la Biennale de Venise, en 2019.

J.B.

“Our land just like a dream”, de Joël Andrianomearisoa Au MACAAL, jusqu’en juillet 2023 Du mercredi au dimanche de 10h à 18h

LE PLASTICIEN MEDERIC TURAY de retour à Marrakech

L’artiste ivoirien multiculturel Médéric Turay nous invite à découvrir “Éclosion mémorielle”, fruit de son travail pendant la crise sanitaire. Un solo show en deux volets sur deux espaces complémentaires, au message fidèle à la voix de l’artiste : “résister pour exister”. Rendez-vous à l’hôtel Four Seasons Resort Marrakech où le visiteur, accueilli par des totems, découvre des œuvres aux couleurs franches ou naturelles, en matière organique comme le sable ou le café : des ingrédients qui amènent, naturellement, vers le second lieu de ce diptyque, l’Oukaïmeden. Ici, à ciel ouvert, une immersion esthétique numérique compose une expérience artistique futuriste. Génératrice d’émotions inédites, elle propulse le visiteur ailleurs, lui faisant perdre tout contact avec le réel. Bien sûr, Médéric Turay n’oublie pas ses symboles et signes invisibles, sources d’inspiration : ils se croisent, se mélangent et s’hybrident pour mieux permettre le décryptage de sa vision altruiste du “faire société”. Comme la pomme, l’un de ses sujets de prédilection : pour lui, “l’expression du péché originel”, et un outil de savoir à la nourriture miraculeuse ; ce qui fait peut-être que si Médéric Turay résiste pour exister, aujourd’hui, plus que jamais, il donne. De l’engagement aux actes, une partie des fonds récoltés lors de la vente des ses œuvres sera reversée à des associations locales d’aide aux plus démunis.

“Éclosion mémorielle” Du 21.10.2022 au 28.02.2023 Volet 1 : Four Seasons Resort Marrakech Volet 2 : Oukaïmedem, Mont Toubkal (80 km de Marrakech)

GHIZLANE SAHLI, lauréate du LA TRIBUNE DE MARRAKECH OCTOBRE 2022BRUSK : du street art à M Avenue challenge “Spirit of Ecstasy”, lancé par la marque Rolls-Royce Après plusieurs expositions entre l’Europe et New-York, le street artiste polymorphe Brusk s’installe à Marrakech. Il réinvestit l’espace public dans le cadre du concept inédit de l’avenue commerciale à ciel ouvert, M Avenue. Au travers de son exposition “Héritage”, Brusk retrace son voyage initiatique marocain en partageant, avec tout son talent et sa curiosité affective, le souffle nouveau que ce pays a apporté dans sa création.

Artiste talentueuse et avantgardiste de Marrakech, Ghizlane Sahli fait partie des trois lauréats de la première édition mondiale du challenge “Spirit of Ecstasy”, organisé par Muse, le Rolls-Royce Art Programme. Lancée en 2022, cette initiative invite les artistes les plus talentueux du monde du design, à créer des œuvres uniques inspirées par la marque et sa célèbre figurine sculpturale qui orne le capot des voitures Rolls-Royce. Le jury les a incités à repousser leurs limites créatives en misant plus particulièrement sur le textile. A l’image de “Nissa’s Rina”, l’œuvre lauréate signée Ghizlane Salhi, composée essentiellement de matériaux recyclés et rehaussés de fils et de feuilles d’or achetés dans la médina, on peut voir une joyeuse célébration de la féminité et de la riche histoire du textile au Maroc. Bi Rongrong (Chine) et Scarlett Yang (Grande-Bretagne) sont les deux autres artistes à remporter ce challenge qui leur a permis, à tous les trois, de finaliser leurs créations aux côtés des maîtres artisans de la Home of Rolls-Royce, dans le West Sussex (Grande-Bretagne). Flash-back… En pleine pandémie, Brusk quitte Paris pour emménager au Maroc : “je n’en pouvais plus”, confesse-t-il. A son arrivée, il s’isole dans le désert pour s’immerger dans la richesse de cette culture qu’il discerne et dont il ignore tout. Il dessine les objets de son quotidien mais, préciset-il, “sans dripping, l’une de mes marques de fabrique. Juste du blanc, la couleur du sable et des dégradés de noir. Pas de déchirure non plus, le symbole pictural de ma révolte contre ce monde à la dérive. Elle apparaît simplement en filigrane : regardez, le porteur d’eau, une chaine hi-fi portative à la main qui s’enfonce dans le sable”. Brusk s’installe ensuite à Tahanaout et avec toute l’humilité d’un apprenti maâlem, reconstruit des œuvres photographiques de Mohamed Lakhdar et Medhi Mounir : couleurs et déchirures réapparaissent « révélant le temps qui s’écoule et un passé contre, plus de déchirure ou de coulure mais du lien tout en horizontalité qui, entre mes fondations et mes nouvelles références culturelles se distend”. A moins “qu’il ne rapproche, relie ou unifie, à la manière des ponts chers au philosophe Michel Serres”.

S.P.

M Avenue, 2 avenue de la Ménara, Marrakech m-avenue.ma

qui disparaît doucement ». Brusk emménage finalement à Marrakech, une ville qui, selon lui, « ne laisse jamais indifférent ». Son travail s’enrichit alors de nouveaux objets du quotidien : la R11 ou encore la brosse Riva rejoignent le porteur d’eau. Les couleurs explosent dans ses drippings : “toujours du dessin, ma discipline de prédilection. Par

This article is from: