Aborder la mer au plus près - LANDERBAL Anouk © - PFE 2018 (ENSAL)

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«Aborder la mer au plus près»

La Reconversion du Fort de Querqueville, de l’apesanteur à l’immersion marine

Rapport de Projet de fin d’études

Anouk LANDERBAL

ÉTUD UNIT

LANDERBAL Anouk UE101C - PROJET 10 PFE - Métamorphoses DE.PFE LAMONTRE-BERK Ö. PROJ DE.MEM MARCOT C.

MARCH DCAI

S10 DEM AH 17-18 M2



«Aborder la mer au plus près»

La Reconversion du Fort de Querqueville, de l’apesanteur à l’immersion marine


Directrice d’Etudes özlem Lamontre-Berk

EQUIPE PEDAGOGIQUE François Tran Pascal Rouaud Brigitte Sagnier Benjamin Chavardès Philippe Dufieux Suzanne Monnot

Membres du jury özlem Lamontre-Berk François Tran Brigitte Sagnier Philippe Dufieux Pierre Gras François Fleury Philippe Allart Daniel Fanzutti


REMERCIEMENTS Mes remerciements les plus sincères à özlem Lamontre-Berk, pour m’avoir toujours soutenue, guidée, et conseillée tout en respectant ma façon de penser et de concevoir. Un grand merci également au propriétaire du Fort, M. B. Khelfaoui ainsi que J. Olive pour m’avoir permis l’accès au Fort et sa visite, sans quoi ce projet n’aurait été possible; ainsi qu’au personnel de la Mairie de Querqueville ayant rendu possible cette rencontre. Merci également à Cécile Sauvage et à l’équipe du DRASSM pour m’avoir donné la chance de pouvoir discuter ensemble de la réalité du métier d’archéologue sous-marin et pour m’avoir conseillé dans mes choix de conception. Merci bien sûr à mes compagnons de table Suzy Legile, Daria Dubois, Laurent Pelardy; mais aussi à Fabien Merveilleau, Pascal Besson, Anaëlle Quillet, Clémence Guitton, Morgane Binois, Lili Guiton, Pauline Lotz, Camille Zuckmeyer, Julie Vuillermet, Pierre Berger, Anne Le Terrier et bien d’autres encore pour la force mentale, le soutien, les longues nuits, les conseils avisés et les moments d’échanges, tous essentiels. Une pensée particulière pour ma famille, et pour ma mère pour son soutien sans faille pendant ces cinq années.



Préambule Originaire de Basse-Normandie, sensible depuis toujours à ces paysages marins souvent inconnus de beaucoup, je souhaitais vivement trouver un site sur lequel développer ce travail de fin d’études, là-bas, dans la région. Ayant d’ores et déjà travaillé sur les manières d’habiter au bord des stations balnéaires normandes, à l’occasion de mon travail de recherche «Habiter le patrimoine culturaliste de la Côte Fleurie», soutenu quelques mois plus tôt, il s’agissait là de continuer ce travail de réflexion à travers un autre lieu du bord de mer, d’enrichir ma propre compréhension, finalement, des dynamiques paysagères de cette zone géographique. Je suis néanmoins tombée par hasard, au cours d’une balade, sur le Fort de Querqueville, au cours de l’été. Son atmosphère, aujourd’hui extrêmement austère et pesante, fût indéniablement frappante, attirant une curiosité personnelle. Emergent des flots et de la roche, à nu, il impose sa présence et nous fait comprendre son lien à la Rade, en restant toutefois isolé, seul, à l’abandon. Alors, c’est probablement cela, son incroyable potentiel à l’échelle urbaine, à l’échelle de la Rade de Cherbourg, et de l’immensité du paysage marin, qui m’a déterminé à davantage explorer cet endroit. Il me conférait une ultime possibilité d’explorer, lors de mes études, les thèmes qui me sont chers et que j’ai pu expérimenter tout au long de ce master : la reconversion du patrimoine, croisant les échelles, les poétiques, les dimensions et les thématiques. Une teinte littéraire fût rapidement ajoutée, m’aidant à décrypter ces paysages, entre poésie et espace : Le titre de ce projet fait d’ailleurs référence à l’ouvrage «La Mer au plus près», nouvelle d’Albert Camus qui s’attèle à explorer les rapports de l’Homme à un paysage marin changeant. La référence suivra mon projet, en filigrane, étant resté une source d’inspiration depuis le début.


plan / Analyse

I. Etat des lieux & enjeux

11

I.1. Le Fort de Querqueville et la Rade de Cherbourg, des interactions complexes chargées d’histoire

13

I.2. Un patrimoine ambivalent

23

I.3. Un site entre terre et mer, aux valeurs paysagères remarquables

43

I.2. Un site enclavé, en quête d’identité après un long abandon

53

I.4. Bilan de l’analyse : valeurs patrimoniales, potentialités et contraintes, enjeux pour le projet

61

1.1.1 1.1.2 1.1.3 1.1.4

1.2.1 1.2.2 1.2.3 1.2.4 1.3.1 1.3.2 1.3.3 1.3.4

Une chaîne de 7 forts unique 15 Une prouesse constructive historique 17 Défendre la France du XVIIe au Xxe 19 Evolution historique du projet urbain de la presqu’île 21

Etapes de développement historique du Fort 23 Ouvrage 1 : Le Fort 27 Ouvrage 3 : Les baraquements 33 Ouvrage 2 et 4 : Les bunkers 37

Trois rapports au Monde au sein du site 45 Des fenêtres paysagères variées 47 Une faune et une flore riche mais fragilisée 49 La nature génératrice de formes 51

1.4.1 Des parcours et flux interrompus 55 1.4.2 Des usages et fréquentations trop rares 57 1.4.3 Un environnement très résidentiel 59


plan / projet

II. DE LA PRESQU’Île au paysage

65

II.1. Mémoire à la mer, un programme d’envergure régionale 67 2.1.1 2.1.2 2.1.3 2.1.4 2.1.5 2.1.6 2.1.7

A Querqueville Au cœur des enjeux environnementaux Un programme d’envergure nationale Un pôle de recherche Un pôle formation Un pôle diffusion Un pôle hébergement

II.2. De la presqu’île au paysage, stratégie urbaine

69 71 73 77 79 81 83

85

III. Aborder la mer au plus près 113 III.1. «Le rempart» III.2. «L’arrière cour» et les bunkers

115 117

III.3. «L’arrière cour» du fort III.4. «La transversale» III.5. Référentiel

137 149 162

3.2.1 Le centre de Recherche 3.2.2 Les hébergements

119 129

2.2.1 Démolir 2.2.2 Axonométries d’interventions urbaines 2.2.3 Répatitions programmatiques

87 88 94

II.3. Composer de l’eau à la terre

99

IV. OUVERTURE

165

II.4 Référentiel

110

V. BIBLIOGRAPHIE ET RESSOURCES

166

2.3.1 La notion d’expérience initiatique 2.3.2 Matérialiser l’expérience paysagère 2.3.3 Trois parcours d’initiation

101 103 105



I. Etat des lieux & enjeux



I.1 Le Fort et la Rade de Cherbourg, des interactions chargées d’histoire Le Fort de Querqueville est situé dans l’agglomération de Cherbourg-en-Cotentin, dans la Manche, en Normandie. Il constitue l’un des points-charnières de la Grande Rade de Cherbourg, historiquement et toujours actuellement qualifiable de plus grande rade artificielle du Monde. L’attentive étude des systèmes de défense, de commerce, d’échanges, incluant la Rade au cours du temps nous montre à quel point Cherbourg, et par extension le Fort de Querqueville, constitue indéniablement un point stratégique pour la France. Un certain nombre de valeurs mémorielles en découleront, ainsi que des enjeux contemporains à fort potentiel.

13


Cherbourg

Querqueville

Fort de l’Ouest

Fort de Querqueville

Fort de l’île Pelée

Fort des Flamands

Fort Chavagnac

Fort de l’Ouest

Fort du Centre N

Fort du Centre Fort de l’Est Fort de l’île Pelée

Fort Chavagnac

Querqueville

Fort de l’Est

Grande Rade Fort des Flamands

Petite Rade

Centre ville de Cherbourg

1. photographie dezocbdo,d scùlcznzmlkkkkkkkkkkkkkkk 2. l constitue l’un des points-charnières de la Grande Rade de Cherbourg, 2. l constitue l’un des points-charnières de la Grande Rade de Cher- historiq bourg, historiquement et toujours actuellement 0 500m 1km 2km 1. photographie dezocbdo,d scùlcznzmlkkkkkkkkkkkkkkkdrfaqrgqerfveq


I.1.Situation au sein de la rade Une châine de sept forts unique L’ampleur de la Rade de Cherbourg s’explique par le fait qu’elle protège historiquement la ville de Cherbourg, son port militaire, ainsi que son port commerçant : c’est une opération unique, l’on préfère d’habitude séparer ces fonctions et ainsi assurer des défenses distinctes. Ici, elle se décompose en deux parties. D’abord, la petite Rade abrite le centre-ville, ainsi que les ports commerçant, militaire, ou encore de plaisance : elle est protégée par une digue. Puis, la Grande Rade est délimitée, quant à elle, par un système de sept forts fonctionnant ensemble et reliés pour certains par des digues de grande ampleur, uniques au Monde. Le fort de Querqueville, à terre, protège la passe Ouest à l’aide du Fort de l’Ouest et du Fort Chavagnac, tous deux en mer. Le Fort de l’île Pelée, aidé du Fort des Flamands, à terre, et du Fort de l’Est, en mer, protège la passe Est. Le Fort du Centre permet un contrôle de la digue. Le fort des flamands et de l’Est sont détruits dans leur quasi-totalité en 1944. De nos jours, le système se démantèle peu à peu, la Marine Nationale cédant son patrimoine. Est actuellement propriétaire : - Particulier depuis 2017: Querqueville, Chavagnac - Société privée depuis 2014 : Pelée, Flamands - Marine Nationale : Fort de l’Est, du Centre, de l’Ouest

15


Remorque d’une caisse conique faite en l’année 1785 partant du chantier pour se rendre au lieu de son immersion sur la Rade de Cherbourg, source gallica.bnf.fr

Illustration de la stratégie des tirs croisés dans la Grande Rade, à la pointe de Querqueville, plan du port de Cherbourg au XVIIIe, source gallica.bnf.fr

Querqueville et Pelée, Plan de la Rade de Cherbourg, 17... , Source gallica.bnf.fr

Querqueville et Pelée, Nouveau Plan de la Rade en 1758, Source gallica.bnf.fr


I.1. situation au sein de la rade Une prouesse constructive historique La Rade de Cherbourg fait figure d’unicité dans le Monde de par la prouesse constructive dont elle fait preuve. 70 ans sont nécéssaires pour construire la digue centrale, sans qui la Rade ne peut être érigée. Un système de cône est breveté, au XVIIIe siècle, utile pour la réalisation des fondations : néanmoins il ne résiste pas aux conditions climatiques et aux attaques. Le projet de rade se voit alors transformé à de multiples reprises, sous le règne de différents souverains, changeant variablement l’emplacement de la digue, des forts, et donc des stratégies de tirs croisés. C’est la raison pour laquelle le Fort de Querqueville sera caduque avant même que sa construction soit achevée, sa position se révélant trop lointaine pour défendre correctement la Rade. Il ne sera donc que partiellement réalisé, et la position doublement défensive (entre terre et mer) sera abandonné au profit d’un positionnement entièrement tourné vers la mer. Notons néanmoins que parmi tous les projets étudiés, Querqueville et Pelée occupent toujours la même position stratégique en miroir.

Cette Rade répond aux contestations du XVIIIe sur les fortifications permanentes, qui pousse les bâtisseurs à adopter une nouvelle poliorcétique, davantage en quête du mouvement, qui réfute donc les anciennes techniques traditionnelles. Elle s’appuyera sur de plus nombreux retranchements en campagne, à l’image de ces doubles défenses déjà évoquées. Elle reste cependant un objet architectural et urbain hors du commun, puisqu’elle protège à la fois un port de commerce, un arsenal militaire, et une ville, et est de surcroît bâtie presque ex nihilo, à l’inverse de Brest ou Saint-Malo par exemple. Cette pratique était encore rare au XVIIIe, la politique générale étant davantage de s’implanter sur l’existant, ce qui donnait des visions plus disparates et au cas-par-cas des stratégies militaires. Ainsi, le système de forts construit reste encore aujoud’hui d’une ampleur inégalable, répondant à une étroite adaptation du système au terrain et à la portée stratégique considérable qui lui fût donnée.

17


1/ Situation lors du Raid Anglais de 1758, Source gallica.bnf.fr 2,3/ Photographies, Querqueville en 1944 : l’aérodrome occupé par les allemands , arrivée de l’Empire Traveller, premier cargo allié déchargeant 9000 tonnes carburant après le débarquement le 24 juillet 1944, Source dday-overlord.com 4/ Cherbourg, seul port en eaux profondes de la région : un point stratégique du Mur de l’Atlantique et de la défense alliée, face aux côtes anglaises 5/ Ordre de mission issu de l’Atlas d’aéronautique militaire français, ordonnancement de construction de l’aérodrome allié de Querqueville avant l’invasion allemande.

5

1

4

2

3


I.1. situation au sein de la rade Déféndre la France du XVIIe au XXe La valeur patrimoniale majeure de la Rade, et donc de Querqueville qui en est un maillon, réside toutefois probablement dans le fait qu’elle est inclue dans des systèmes de défénse à l’échelle nationale voire mondiale lors de conflits de grande envergure. Sa construction, commandée par Louis XVI en 1786, est en effet décidée en vue d’optimiser la protection contre d’éventuelles invasions anglaises : elle fait suite à la célèbre bataille de la Hougue qui révéla une faille défensive sur les Côtes de La Manche. Cherbourg occupera ainsi une place décisive dans le réseau de défense français face aux Côtes britanniques, renforcée par les côtes bretonnes. Mais c’est probablement lors de la 2nde Guerre Mondiale que Cherbourg révèle son plus grand intérêt en matière de défense nationale : point particulier du Mur de l’Atlantique allemand, elle est utilisée comme ville-bunker imprenable. De nombreuses batteries en témoignent encore. Puis, La prise de la Rade sera une condition sine qua non au bon déroulement du débarquement en juin 1944 : il s’agit du seul port en eaux profondes des Côtes de La Manche, qui assurera de fait, notamment via la digue de Querqueville, les divers ravitaillements nécessairement à la libération de la France.

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GSEducationalVersion

Premier projet dessiné en 1786 / Un double fort d’angle 45° sur mer Reconsitution 3D personnelle, Source Plan / SHAT Article 8, section 1 carton 4, pièce 12

Projet choisi en 1793 / Angle à 220°, développement sur terre Reconsitution 3D personnelle, Source Plan / Site gallica.bnf.fr

Projet construit en 1795 / Un fort orienté à 220° sur mer, plus de fort côté terre Reconsitution 3D personnelle, Source Plan / SHD Cherbourg, Génie 7, Plan daté de 1892


I.1. situation au sein de la rade Evolution historique du projet urbain pour la presqu’île du Fort de Querqueville Dessiné pour la première fois en 1786 par les ingénieurs de Caux et La Bretonnière sur les prescriptions de Vauban lors de sa venue en 1686, le Fort s’implante sur les traces de l’ancienne batterie détruite en 1758 par les Anglais. Il s’inspire des concepts nord européens de Montalembert, prônant la supériorité de la défense sur l’attaque, et le positionnement concentré et superposé des feux d’artillerie : « l’assaillant possède l’opportunité d’utiliser une surface plus large, entourant la place ou le fort attaqué donc d’acquérir la supériorité numérique des tirs d’artillerie. Il faut, pour rétablir l’égalité des feux, nécéssairement superposer ceux de la défense qui ne dispose que d’un espace plus réduit » (Montalembert, citation extraite de la thèse d’Eckendorff G., 2000). Il répond également à la réinterprétation du principe «d’enceinte continue» de Vauban, qui ralentit l’ennemi approchant et le force à

se diviser. Ces mêmes principes seront diffusés également pour la Rade de Brest, ou le fort de l’île d’Aix. La construction ralentie et de nombreuses fois arrêtée du Fort amènent de multiples modifications des plans et stratégies adoptés. 1 / Le premier plan dessiné et ordonné par Louis XVI en 1786, fait état de seulement 25 casemates en hémicycle ouvert à 45°, doublées d’une douve interne, protégeant le fort interne, disposant lui-même de deux étages d’artillerie. La protection des terres reste réduite. Ce modèle ci sera exactement choisi pour le Fort de l’île Pelée : révélant de nombreux points faibles, Querqueville sera modifié. 2 / Le projet définitivement adopté en 1793 a pour objectif d’augmenter l’autonomie du fort (3 semaines), une surprotection sera donc décidée. L’hémicycle s’ouvre donc à 220 pour accueillir 46 casemates. Il prend ainsi la forme conseillé par Cormontaigne. En outre, on aboutit le

front bastionné défensif, il s’étire à l’Est et à l’Ouest pour accueillir des plateformes de tirs protégeant les anses Saint-Anne et Nacqueville, ainsi que les angles morts du Fort lui-même : puis au Sud, en développant un système de potentielle mise en eaux pour noyer l’assaillant qui arriverait latéralement protégeant les Terres. On exploite également des retranchements rasants côté terre, formant des coins menaçants. Le système de double défense de Montalembert se met donc totalement en place, aboutissement à un Fort au rôle charnière, entre Terre et Mer. 3 / En 1795, la passe étant modifiée d’emplacement, le Fort est caduque. La protection à terre est abandonnée, celle côté mer restant irremplaçable et prioritaire sera finalement tout de même terminée. La superposition des feux de Montalembert est remise en cause par l’inefficacité de celle de l’île Pelée, le fort perdra donc son deuxième étage.

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Etape 1 /

Le fort et le front fortifié : de Louis XVI à Napoléon Ier 1790-95 Le Fort Se loger + Surveiller + Défendre

L’hémicyle casematé et le fort contenant les baraquements est achevé. Il ne sera armé totalement qu’en 1881. La construction prend du retard à cause des complications quant à la construction de la Grande Digue au large : le déplacement du tracé de cette dernière en fera d’emblée devenir le fort inefficace à la défense.

Début XIXe Surveiller + défendre

Le front bastionné sera bâti seulement quelques années plus tard, alors même que Cherbourg subi une attaque. La peur de voir le Fort mal protégé détruit, comme le fût le Grande Digue, pousse les dirigeants à terminer l’ouvrage.


I.2.uN PATRIMOINE BÂTI AMBIVALENT Les étapes de développement historique Par la suite, le projet définitif fût encore modifié : le manque de moyens et les abandons successifs morcellent la construction, or, les techniques de défense et construction militaires ne cessent d’évoluer. Trois étapes sont à retenir : 1/ le Fort et le front bastionné construit sous ordonnancement de Louis XIV. Il s’agira aujourd’hui des pièces maîtresses patrimoniales par leur pérennité et rareté d’éxécution. 2 / les ouvrages latéraux 2 et 4 complétés et achevés par Napoléon III, augmentant la capacité d’armement et d’accueil en terme d’effectifs de soldats. Ces ouvrages seront par la suite modifiés par les allemands lors de leur occupation durant la Seconde Guerre Mondiale. Aujourd’hui en état sanitaire mitigé, et portant ce douloureux souvenir, leur valeurs patrimoniales seront mises en cause. 3 / Les ajouts postérieurs difficilement datables et aux usages parfois peu identifiables, ayant pour la plupart aucune valeur patrimoniale notoire.

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Etape 2 / Les baraquements, ouvrage 2 et 4 sous Napoléon III & l’utilisation allemande (1939-45) 1852 Pavillon d’accueil Se loger (Officiers)

L’ouvrage prévu également depuis les premières esquisses de plan est réalisé en même temps que les casernement annexes.

1865 Ouvrage 2 Surveiller + Défendre

Composé de plusieurs entités (plateformes de tirs, bunkers destinés au stockage lié à l’armement, batterie d’artillerie enterrées face à la mer, pavillon d’angle blindé de métal, magasins à poudre et poudrière), l’ouvrage 2 est utile pour une défense et surveillance de la rade en continu. Il est bâti par Napoléon III et surveille la Baie Saint Anne ainsi que l’angle mort Est du Fort, refermant l’extrêmité Est de la presqu’îe. Il sera remanié et bétonné au cours du XXe, et utilisé par les allemands lors de la 2nd Guerre Mondiale.

1865 Ouvrage 4 Surveiller + défendre + Stocker

Il se compose de plateformes de tirs, bunkers liés au stockage d’armement, et de poudrières. Il surveille l’Ouest de la Rade et la baie de Nacqueville et referme le dernier angle de la presqu’île du fort, finissant de surveiller les angles morts de ce dernier. Les allemands y apposent une tourelle de char lors de la Seconde Guerre Mondiale.

1852 Casernements Se Loger + Alimenter

Construit par Napoléon III, ces casernements permettent d’augmenter le nombre de soldats sur place, et d’ainsi répondre à l’objectif que le Fort de Querqueville puisse vivre en autarcie pendant 20 jours d’assaut avant de voir venir des renforts.Parmi les 10 casernements, 7 servent au logement des soldats, 2 sont rapidement transformés en citerne de stockage d’eau , et 1 à la restauration.

1896 La Digue Relier

La digue a initialement pour vocation de maîtriser les eaux de la Rade de Cherbourg (fonction de brise-lame) mais surtout de relier Querqueville à Chavagnac, unique renfort proche en cas d’attaque.


Etape 3 / Divers ajouts postérieurs à la valeur patrimoniale peu élevée Hangars de Stockage

Utilisé comme entrepôt durant les fouilles archéologiques sous-marine de l’épave de l’Alabama, naufragé au large des côtes durant la guerre de Sécession.

Casernement utilisé en magasin à poudre Réhabilité en petites habitations récemment.

.

Abri de stockage en béton

Corps

.

de garde délabré.

Sanitaires et cuisines


Coupe Transversale

0

Plan Rez-de-chaussée (Le fort a un étage strictement similaire/usage : pensions de soldats) 1/ Magasin à poudre 2/ Pension caporals et soldats 3/ Pension des sous-officiers 4/ Vie quotidienne (Blanchisserie, Sanitaires) 5/ Salle de Police 6/ Hémicycle casematé, 1 casemate pour 1 canon rotatif

5m

10m

Jeu de cadrages Ouverture / Etranglement du point de vue dans lors Fort

N

Entrée principale

6

1

5 3 4 2 1 2 2 2 2 2 2

3

5

5

4

2

2

2

Couloir R+1 2

2

2

2

1

10m 0

20m

Hémicycle

25m


I.2. uN PATRIMOINE BÂTI AMBIVALENT Ouvrage 1 : Le Fort, pérenne et unique Fonctionnement : défendre aux canons, surveiller, accueillir la vie quotidienne des soldats (manger, dormir) Défendre : un rapport de force avec l’environnement / Pièce exceptionnelle du Fort de Querqueville, l’ouvrage 1 concentre en son sein les valeurs de pérennité, de rareté, et d’unicité. Sa composition en hémicycle est aujourd’hui très rare en France, ayant rapidement été obsolète du point de vue de l’efficacité militaire. Reprenant les principes de double défense de Montalembert, le fort devait initialement se déployer aussi bien vers la Mer que vers la terre, partageant ainsi les efforts de défense, et limitant la possibilité de contre attaque. La liaison à la Terre fût toutefois abandonnée, en cause le déplacement de la digue de la Rade, rendant le fort inefficace avant l’achèvement de sa construction. Dès lors, le fort à la Mer est privilégié et concentre les efforts de défense : l’hémicycle casematé s’ouvre à plus de 200°, augmentant le nombre de casemates armé de canons rotatifs, lui conférant

son unicité et l’ampleur qu’on lui connaît aujourd’hui. La défense est renforcée par la toiture de la construction interne à l’hémicycle. Ce choix de défense induit aujourd’hui un rapport exceptionnellement panoramique à la mer, mouvante, qui se déploie devant le Fort. La rencontre entre l’architecture et la Nature est de fait permanente, mais sa variabilité est encore ce qui en fait son intérêt : selon l’horaire des marées, la confrontation est différente, un élement prenant plus ou moins le dessus par rapport à l’autre.

Loger et Stocker /A l’intérieur de l’hémicycle, les fonctions liées à la vie quotidienne sont abritées : 400 hommes peuvent y dormir et y manger. Les réserves de munitions (2 poudrières) y sont égalements prévus. Notons que cet espace devait initialement être doublement protégé par une nouvelle douve à l’intérieur des casemates : le manque de moyens a de fait simplifié la multiplicité de limites intiales destinées à protéger, rendant l’assaut plus aisé.

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Façade Sud Ouest - entrée du Fort : caractéristique d’une architecture militaire défensive - Se Protéger.

Façade Sud Est - entrée du Fort : caractéristique d’une architecture militaire défensive - Se Protéger.

Façade Nord Est - Intérieur de l’hémicycle : Ouverture au lieu de vie

Façade Nord Ouest - Intérieur de l’hémicycle : Ouverture au lieu de vie

Traces de rouille Moisissures Desquamation

Végétation et mousses Fissures Ouverture bouchée

0

2m

4m

10m


I.2.uN PATRIMOINE BÂTI AMBIVALENT Ouvrage 1 : Le Fort, pérenne et unique Architecture militaire protectrice : une masse résistante / Cette partie du fort est notoire pour sa pérennité : conçue pour résister aux assauts des boulets de canons, chaque trame du fort, casemates comprises, est voûtée, en pierre massive, empêchant « l’effet domino ». Le granit massif utilisé en façade a également l’avantage d’être robuste dans le temps, notamment vis-à-vis de l’environnement salin, venteux et humide, donnant l’état sanitaire exceptionnel actuel. A l’inverse, la roche de schiste, à l’instar des rochers de schistes entourant le fort, s’est elle délitée, ne supportant les conditions environnementales. Une attention particulière durant la restauration devra y être porté, la pierre ayant été rongée par les enduits ajoutés à posteriori pour colmater les trous. Mémoire du lieu / Le fort devient le symbole des fouilles de l’épave de l’Alabama ou du Leopoldville lors de l’opération du DRASSM, qu’il accueille lors de l’opération, ou des entraînements militaires de l’école des Fourriers voisines. Il a en quelque sorte perdu son identité militaire, d’autant plus que sa moindre utilité dans les combats contre l’Angleterre n’en a pas fait un symbole des lieux de conflits. Certainement utilisé par les Allemands lors de la 2nd Guerre Mondiale, à l’instar des ouvrages 2 et 4, il n’en présente toutefois aucune trace.

29


Vue aĂŠrienne du Fort

Le Fort vu de la plage de Querqueville


Etat sanitaire

Ouvertures bétonnées Présence militaire : étiquetage & signalétique

Cimentage du schiste vert, altéré

Rouille

Présence militaire : cerclage de fer des canons dans les casemates

Desquamations et creusement du schiste

Chute de pierres du couronnement


Coupe Transversale 0

Façade Sud Des baraquements

0

2m

Plan Rez-dechaussée (usages identiques au R+1)

N

4

5

0

2,5 5m

10m

6

20m

3

3

3

50m

7

7

2 1

1/ Corps de garde (12 pers.) 2/ Salle de police (garnison) 3/ Chambres de soldats (350 pers.) 4/ Cantine 5/ Magasin pour la fortification 6/ Magasin à poudre (4000kg)

Enserrement visuel de la circulation arrière

De la lumière à l’ombre

4m

15m

10m


I.2. un patrimoine bÂti ambivalent Ouvrage 3 : les baraquements Fonctionnement : stocker l’armement, accueillir la vie quotidienne des soldats (manger, dormir), surveiller L’ouvrage 3 a pour but de renforcer l’autarcie requise par Napoléon pour le Fort : il doit pouvoir tenir 20 jours avant l’arrivée de renforts dans le cas d’un assaut. Il permet de doubler la capacité d’accueil des soldats, et du volume de stockage de munitions. Il accueille également deux citernes d’eau, alimentant la totalité du Fort. L’ouvrage présente les mêmes qualités architecturales que l’ouvrage 1, mais l’on note un fort problème d’étanchéité, ayant fait moisir les façades arrières par endroit. Parcours / La qualité de cet ouvrage réside dans son offre de parcours. A l’arrière, un passage surelevée connectée au mur percé de meurtrières permet une surveillance continue de la mer. A l’avant les baraquements sont en lien avec un large espace de rassemblement. Il est de surcroît possible de passer par l’intérieur d’un baraquement à l’autre grâce à des percements dans le mur.

33


Façade de l’ouvrage 3

L’intérieur des baraquements, de beaux espaces voûtés


Etat sanitaire Décliner le Modèle militaire

Moissisure

Ouvertures bétonnées : cuves d’eau

Une déclinaison de la nature de l’ouverture (grilles, barreaux...)

Deux rapports à l’extérieur

Etiquetage militaire, meurtrière

Intérieur bois


Coupe sur l’ouvrage 2

Coupe sur l’ouvrage 4 0

5m

10m

25m

N

Ouvrage 4

Ouvrage 2

0

20m

40m

100m


I.2. un patrimoine bÂti ambivalent Ouvrage 2 et 4 : Les bunkers Fonctionnement initial : défendre aux canons et obus, surveiller / changement du rapport à l’armement, au sol, au paysage. Les ouvrages 2 et 4, tels qu’ils sont nommés sous Napoléon III, témoignent d’une évolution radicale des techniques de défense et d’armement. L’on bâti de véritables bunkers en béton, partiellement enterrés, reliés au paysage environnant, qui auront pour but de stocker l’armement et d’abriter les hommes en cas d’attaques à l’obus ainsi que de ménager des plate-formes de tir protégées et masquées. Ce type d’ouvrage produit des volumes habitables exigus comparé au volume de matière déployée, qui leur conféreront une résistance maximale aussi bien dans le temps qu’à l’épreuve des projectiles, en témoigne leur état sanitaire actuel, malgré le manque absolu d’entretien durant ces 70 dernières années. Ces deux ouvrages se déplient de part et d’autre de l’Ouvrage 1 : ils surveillent les angles morts de ce dernier, ainsi que les deux anses de Saint-Anne et de Nacqueville. Ainsi, à demi-enterrés, ils s’étendent discrètement le long des par-

cours de surveillance, ménageant de nos jours des fenêtres paysagères et trois manières d’aborder le paysage remarquablement intéressants, abordant les questions de liaison de la Mer à la Terre. Le lourd passé nazi : un patrimoine de l’oubli ? Un patrimoine culturel ? Ou un patrimoine paysager ? Ajouts postérieurs / L’aspect novateur de ces constructions poussent les Allemands lors de la 2nd Guerre Mondiale à les laisser tels qu’elle, hors mis quelques ajouts (tour de char...) : elles s’avèrent particulièrement logiques et efficaces dans leurs stratégie de défense du littoral normand. Ils les renforceront en insérant une série de 5 tobrouks, qui enrichiront les rapports variés au sol et permettant de continuer à se déployer sans pour autant émerger et rendre les modifications visibles depuis la Côte. Ces deux ouvrages une fois modifiés concrétisent donc l’apparition d’une nouvelle manière d’appréhender le conflit, celle de la « guerre totale » : la fortification est repensée, elle prend un nouveau tournant, change d’apparence, pour répondre à une violence accrue.

37


Typologie de bunkers recensées et leur fonctionnement

Fenêtres paysagères offertes, ouvrage 2, croquis personnels

1 / Le Tobrouk

2 / Le Bunker de défense, d’abri et de stockage

Fermeture de la perspective... ...Puis ouverture à 360° de la vue

Façade Sud - Ouvrage 4 Traces de rouille Moisissures Desquamation

Végétation et mousses Fissures Métal rouillé

Etanchéité rajoutée

0

2m

4m

10m

0

2m

4m

10m

Façade Sud - Ouvrage 2


I.2. un patrimoine bÂti ambivalent Ouvrage 2 et 4 : Les bunkers Mémoire, valeur patrimoniale / De nos jours, ces ajouts dérangent et posent l’ambiguïté quant à leurs valeurs patrimoniales : en effet, désormais ces lieux portent une double mémoire : celle de l’invasion et de la domination ennemie, mais aussi celle de la libération par les alliés d’une nation entière. Ces interrogations se posent d’ailleurs pour tous les ouvrages ayant été inclus dans le mur de l’Atlantique : faut-il les protéger, les labelliser, les muséifier, ou les faire disparaître ? Comme le dit P. Virilio, la typologie du bunker en lui-même ne cesse de rappeler à la fois les traumatismes de la seconde guerre Mondiale, créatrice de paysages lunaires, instables, souvent appelés no man’s land, qui ont poussé les hommes à cet instant t à s’enterrer, s’isoler au sein d’une masse épaisse de béton ; et à la fois les progrès technique fait par l’homme, en terme d’armement et de construction. En cela, il semble important d’accorder une attention particulière à ces lieux, et de leur permettre d’exister encore. Même si, aujourd’hui, notre société ne peut accepter de les mettre sur un piedéstal, il paraît envisageable et important d’envisager la conservation quasi intacte de ces édifices, leur valeur historique, humaine, et paysagère le justifiant. Cependant, le problème fondamental que pose ces édifices réside dans le caractère systémique de leur valeur patrimoniale. Le Mur de l’Atlantique semble ne pouvoir avoir une cohérence que si une stratégie commune s’envisage

sur chaque site, que si le visiteur est en capacité de comprendre les différences, les liens, et l’ampleur de la chaîne fortifiée développée à l’échelle nationale voire internationale. Or, les vestiges dont nous disposons aujourd’hui sont éparpillés, dans des états de conservation inégaux, et paraîssent de fait avoir perdus leur cohérence, et leur signification. En Normandie, la question sera plus facilement traitable que sur la Côte Atlantique, touchée de fait par les émotions liées à la libération de l’Europe qui s’en ait suivi : le statut ambivalent que nous évoquions, oscillant entre l’indifférence public et l’attraction insolite ou mémorielle, a permis a ces lieux d’être répertorié et pris en compte dans de nombreux cas. L’on cherche moins à dissimuler à jamais l’ouvrage. Comme l’explique la ville elle-même, « sur la façade Atlantique, les vestiges des fortifications allemandes de la Seconde Guerre mondiale sont attachés à une période douloureuse de l’histoire et ont longtemps été vécus négativement. La Basse-Normandie échappe toutefois partiellement à ce phénomène par le fait que le territoire est celui où s’est déroulé l’un des principaux épisodes à l’origine de la libération de l’Europe. ». Néanmoins, il subsiste un réel problème de moyens officiellement mis en œuvre pour sauver la cohérence française de ce patrimoine, empêchant ces édifices de continuer à perdurer dans le temps, trop soumis aux intempéries, à la montée des eaux, à l’ensablement, à l’effondrement pro-

voqué par l’instabilité des terrains labourés par les obus. Cela nous explique d’ailleurs l’état sanitaire de nos deux ouvrages, issus de l’embarras qu’ils provoquent pour les propriétaires : rongés et envahis par la végétation et la faune, ils semblent être encore intacts – les destructions partielles provoquées par les bombardements ou l’explosion des poudrières n’ont pas été traitées, la matière s’érode au gré du vent, du sel, de la rouille. Paysage / Leur rapport unique au paysage est un atout majeur, jouant avec la matérialité des schistes érodés naturels, émergeant variablement du sol, cadrant des vues précises sur le paysage : « par le jeu des ressemblances le bunker devient Roche et constitue un marqueur géologique qui matérialise l’érosion de la Côte, l’effondrement de la falaise ou l’avancée de la dune ». C’est aujourd’hui ce point qui nous intéresse et peut potentiellement permettre aux bunkers de trouver une seconde vie, un nouvel usage en connexion avec leur paysage. Comme l’exprime A.Agosto, « la protection au titre des Sites Naturels nous parle d’une ambivalence : celle du bunker, qui, au gré des sites, oscille entre patrimoine naturel et patrimoine culturel ». Ayant, de nos jours, été dépossédé de ses fonctions, « il n’existe plus que par sa capacité à témoigner de l’action du temps qui, patiemment, redessine le paysage environnant. ».

39


Façade de l’ouvrage 4

Etat sanitaire


Etat sanitaire

Façade de l’ouvrage 4



I.3.UN site entre terre et mer : atouts ambivalents d’un lieu naturel Querqueville profite d’une situation paysagère exceptionnelle, atout qui fait aujourd’hui sa renomméé, notamment d’un point de vue touristique. Ce lieu entre terre et mer peut aujourd’hui se vanter d’un certains nombres d’avantages (protection côtières, réserves ornithologiques...). Néanmoins, les conditions météorologiques imposent de fortes marées et des risques de submersion courants ou encore des vents parfois violents qui contraignent à la fois l’architecture, mais aussi l’homme, la faune et la flore. Cependant le fort a toujours eu cette teinte particulière donnée par la volonté de relier la terre à la mer, aspect qui nous intéresse tout particulièrement de nos jours.

43


2. Deviner

1. Être confronté à

2. Être absorbé

Parcours internes au Fort Parcours interne (enclave visuelle)

N

Parcours intermédaires (aperçu de l’horizon) Parcours supérieurs, anciens parcours de surveillance (vue sur mer panoramique)

1 2

3

0

25m

50m

100m


i.3.Un site entre terre et mer Trois rapports au Monde au sein du site La topographie militaire induit des parcours spécifiques faisant naître trois rapports au paysage des plus intéressants. Une dimension horizontale s’assume néanmoins de manière nette tout au long de ces cheminements, l’aspect défensif jadis désiré nécéssitant une forme de confusion entre horizon et bord du littoral. Un premier parcours, interne au fort, évolue le long du bâti, nous amenant à être confronté à une verticalité, une masse émergente : une forme d’enclave visuelle est alors induite, aucune échappatoire ne permet d’apercevoir son environnement proche. Ces espaces possèdent une dimension davantage pragmatique, des usages se dessinent d’eux même, de l’accueil, aux zones de stockage, en passant par les amphithéatres propices au rassemblement. Puis, si l’on si l’on se rapproche des ailes est et ouest, nous pouvons peu à peu apercevoir, à proximité des bunkers, l’horizon se dessiner. Toujours au sein de l’intimité des cours intérieures, l’influence des conditions météorologiques se fait néanmoins sentir, et attire. Enfin, si l’on emprunte des anciens parcours de surveillance, happé par ces perspectives, l’on ne tarde pas à rejoindre les parcours supérieurs, profitant d’une vue totalement panoramique sur la mer. La sensation d’être absorbé par ces paysages se développant devant nous ne peut être évitée, conférant une empreinte poétique singulière à ces chemins.

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Coupe Transversale A

Terrasses et remblaiements marins

0

50m

100m

20m

50m

Coupe Longitudinale B 0

Terrasses et remblaiements marins

N

A Espace ornithologique protégé

B

Zone de protection autour de la Chapelle St Germain classé MH

Espace ornithologique protégé

Zone de protection autour du Manoir de la Cloquerie inscrit MH

0

100m

200m

400m


i.3. Un site entre terre et mer Des fenêtres paysagères variées Querqueville possède un grand nombre d’espaces naturels remarquables et qui plus est variés : l’on compte plusieurs parcs pour s’adonner aux loisirs, balades ou activités sportives, en plus du sentier des douaniers, le GR223, qui sillonne tout le littoral de la région et passe directement devant la presqu’île du Fort. Ce sentier a l’avantage de traverser de multiples espaces aux fenêtres paysagères toutes différentes, et d’ainsi offrir la possibilité de s’y inscrire en tant que nouvelle séquence. Cependant, le très faible dénivelé ne permet qu’un dégagement paysager que depuis le point le plus haut, la chapelle Saint Germain, classée monument historique, et ayant une vue surplombante sur la Rade de Cherbourg et le Fort, ou bien depuis le littoral lui-même, facilitant l’enclave visuelle pres des constructions. Cela aura toutefois l’avantage de générer des séquences, depuis l’enclave jusqu’au panorama et d’obtenir une intimité réelle dans certains lieux. Mais la naturalité préservée des sites, accueillant même par intermmittence des réserves naturelles pour la Faune et la Flore, confère à ces lieux un fort potentiel touristique, avec toutefois un public aujourd’hui assez visé - des randonneurs ou amateurs de Nature brute.

47



i.3. UN site entre terre et mer Une faune et flore riche mais fragile Les abords du Fort sont habités par plusieurs réserves ornithologiques, accueillant des espèces d’oiseaux protégées en grand nombre au sein du milieu hostile que constitue ce territoire : les abris sont rares, la végétation peinant à pousser du fait des forts vents d’Ouest et Est. Au sein même du Fort, plusieurs oiseaux se réfugient dans les ruines. On peut donc y apercevoir cormorans, bernaches de cravant ou encore mouettes mélanocéphales pour n’en citer que quelques unes. Les espèces diffèrent au fur et à mesure que la flore évolue. On peut en effet identifier plusieurs typologies de paysages donc de végétations : du bocage au littoral proche, la hauteur des végétaux passe des maigres pousses aux hêtres, bouleaux ou frênes émergeants.

49


1.3.6. Photographies personnelles autour du Fort de Querqueville montrant la végétation précairement installée dans la roche qui ellemême se délite sous la pression des eaux 2. Plage de Nacqueville, la végétation pliant sous le vent 4. Tempête sur la digue de Querqueville, source : La Manche Libre 5.6.7. Photos personnelle, la rouille et la végétation apparaît. 9. Exemple d’amplitude de marées à Cherbourg 10. Rose des vents à la pointe de Querqueville, source : infoclimat.fr


i.3. Un site entre terre et mer La nature génératrice de formes La Rade de Cherbourg et particulièrement la pointe de Querqueville est exposée de manière permanente à de rudes conditions météorologiques : on observe la présence fréquentes de vents forts venant du Sud-Ouest, de vents violents plus rares venant du Sud-Est, ainsi que des marées régulières à forts coefficients menaçant les infrastructures du littoral de submersion (alors même que les digues limitent les phénomènes). Ainsi, l’eau et le vent, éléments naturels omniprésents, gouvernent le lieu jusqu’à lui imposer des formes. En effet, comme l’explique Marie-Pascale Corcuff («Vent : inventions et évolution des formes»), les déplacements d’air par exemple sont générateurs de formes, de mouvements de la nature. Ici, la végétation pousse inclinée vers l’Est, et peine à pousser sur le chemin des vents violents de l’Ouest ; les roches bâties se teintent d’auréoles de rouilles suivant les mouvements récurrents des grandes vagues ; le schiste s’érode et se délite aux endroits les plus fréquemments découverts par la marée etc. Ainsi, relier la terre à la mer, retrouver les rythme de la Nature, par le projet construit, ne peut se faire sans la prise en compte de ces formes naturelles générées.

51



i.4. Un site enclavé depuis trop longtemps & l’accès problématique La plus grande problématique qui se pose à propos du Fort de Querqueville et de son usage futur, c’est son accès. En effet, si la ville en elle-même est rapidement accessible depuis l’agglomération de Cherbourg, le fort en lui même reste isolé sur sa presqu’île : sont notamment en cause l’interruption variable et répétée de parcours à la fois piétons et cyclistes mais aussi routiers, le nombre trop restreint d’entrées sur la presqu’île du Fort, la monopolisation d’un trop vaste terrain interdit au public pour l’école militaire des Fourriers etc. S’en suivent un certain nombre de conséquences problématiques : des carences en terme de fréquentation ou encore d’usages et de services.

53


N

Routes majeures Itinéraire des bus Pistes cyclables Piétons (GR 223) Voies maritimes

Ecole des Fourriers

1. photographie dezocbdo,d scùlcznzmlkkkkkkkkkkkkkkk 2. l constitue l’un des points-charnières de la Grande Rade de Cherbourg, 2. l constitue l’un des points-charnières de la Grande Rade de Cher- historiq bourg, historiquement et toujours actuellement 0 100m 200m 400m 1. photographie dezocbdo,d scùlcznzmlkkkkkkkkkkkkkkkdrfaqrgqerfveq


I.4. un site enclavé Des parcours & flux interrompus L’accès à la presqu’île du Fort constitue une des contraintes majeures vis-à-vis du projet futur. Les parcours voitures et cycles sont tous deux interrompus à proximité du Fort, d’autant plus qu’aucun espace de stationnement n’est réellement prévu au regard de l’échelle du site (simple parking du port communal). La présence du territoire militaire de l’Ecole des Fourriers accolée au Fort est en fait responsable de l’enclave du site : les accès furent privatisés et les parcours réduits afin d’empêcher la circulation du public aux alentours de ces territoires confidentiels. En outre, l’eau des douves constituait déjà une barrière notoire aux parcours éventuels : une unique entrée, via la passerelle, est aujourd’hui possible depuis la Terre, à laquelle s’ajoutent celles des deux ports d’ammarage privatisés du Fort. Ainsi, le projet devra se concentra sur la mise en place de parcours urbains acheminant les flux depuis le bourg de Querqueville et les parkings latéraux du littoral jusqu’au Fort. Si les modes de circulation doux seront privilégies, il sera néanmoins inévitable de penser à une nouvelle manière de faire circuler les véhicules.

55


Temporalités d’usage à proximité directe du fort de Querqueville

24

Pêche à pied et pêche amatrice grâce au Port communal Balades de loisir et sportives pour les locaux, ou touristiques, en bord de littoral

18

6

12

Balades urbaines et vie de bourg (petits commerces, bibliothèque de quartier, cours de musique, jeux pour enfants...) & études à l’Ecole des Fourriers

Activités de pêche Commerces Enseignement Sport et balade piétonne Tourisme


I.4. un site enclavé Des usages & fréquentations trop rares L’analyse des usages aux abords de la presqu’île du Fort confirment la réelle enclave de ces lieux. Seul le port communal et la digue parviennent à faire vivre quelque peu ce point extrêmal de la Rade : pêche amatrice, à pied ou à petits bâteaux ; balades et activités sportives individuelles sur la digue et sur le sentier des douaniers - locaux et touristes. L’école des Fourriers n’alimente pas ces usages, étant refermée sur elle-même et proposant tous les services adéquats à la vie de ses étudiants sur son campus. En outre, si le bourg possède bel et bien une petite activité commerçante, elle ne suffit pas vraiment à irradier jusqu’au fort des usages liés. Ainsi, le site est principalement utilisé dans la journée, très peu le soir, et aucunement la nuit tombée, faisant retomber une atmosphère presque angoissante. Le projet s’attèlera donc à proposer un élargissement des temporalités d’utilisation des lieux, afin de fluidifier et sédentariser une activité humaine suffisante.

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N

Activités de pêche ZAC Commerces Enseignement Culture Sport Résidentiel

Ecole des Fourriers

Centre historique de Querqueville

0

100m

200m

400m


I.4. Un site enclavé un environnement très résidentiel

Implanter un nouveau programme à Querqueville présuppose réflechir à ce qui peut concrètement manquer à cette ville. Or, ancrée dans un urbanisme très résidentiel, propre aux zones périurbaines proches des grandes villes (ici Cherbourg), Querqueville semble à certains moments de la journée être complètement vidée de ses habitants, comme une cité dortoir. La ville possède pourtant plusieurs équipement sportifs et culturels de qualité, mais ne parvient pas à sédéntariser une partie suffisante de population. La volonté de sédentariser une nouvelle activité capable d’alimenter la vie de la vieille ville prend une fois de plus, dès lors, un sens. L’activité devra toutefois se différencier des programmes d’équipements dits classiques, qui sont aujourd’hui visiblement déjà en place à Querqueville.

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Enjeux

du projet

TISSER DES LIENS

HIERARCHISER

SEDENTARISER

Avec les habitants Avec l’histoire du lieu

Les Parcours Le Vide Les typologies d’intervention

Habiter le lieu à toute heure de la journée & à tout moment de l’année : redonner

Entre les différents bâtiments

une identité permanente


Potentialités & Contraintes

POINTS FORTS Multiplicité Points Vastes

de

des vue

Hiérarchie

et

et

paysagères paysagers

naturelle typologies

Valeur

mémorielle

Potentialités dans

fenêtres

espaces

Différentes

Inclusion

ambiances

POINTS FAIBLES

système

remarquables exploitables

des

espaces

architecturales

complexe

archéologiques un

parcours

historique

déclinées

et

riche

sous-marines

complet

Enclave Lien

à

la

Organisation

de

en

perdition

:

espaces

perte de l’idendité

entremêlés

l

complexe

des

depuis longtemps

Parcours

accès

terre

Déqualification Abandonné

site,

du

’espace

complexifiée

Ambiguité et scepticisme face 2nd Guerre Mondiale et

au etat

et

du sité

interrompus avec

patrimoine détérioré

de

le

temps

de ce

la

dernier


Valeurs patrimoniales de la presqu’île du Fort de Querqueville

VALEURS DE MEMOIRE (Ancienneté, Commémoratives, Historique) - Inclusion

de la

Rade

dans un système défensif à l’échelle

nationale voire mondiale

- Inclusion de la Rade dans des notions commémoratives mondiales et nationales : le fort et la Rade sont associés à des batailles d’envergure mondiales décisives à deux époques historiques (2eme Guerre Mondiale, Batailles contre l’Angleterre) - Perception

dans le fort de l’évolution des systèmes défen-

sifs français

- Témoin des techniques de construction militaire : la conception symétrique et systémique

VALEURS ETHIQUES (Pérennité & Unicité) - Rade, une prouesse technique unique : la plus grande rade artificielle du Monde encore aujourd’hui - Unicité du fort dans sa conception en hémicycle : un exemple peu répété en France - Un exemple éminent d’architecture dans son rapport à l’environnement entre terre et mer

- Pérénnité d’une matérialité particulière : la construction en granit massif et schiste vert

- Les forts de la Rade abrit un écosystème Faune/Flore protégée

et remarquable (notamment ornithologique)


Vers deux typologies d’intervention pour le projet

LE FORT

Castelgrande, Bellinzona Aurelio Galfetti

LES BUNKERS

1/ TRANSPERCER

2 / ENVELOPPER

Valoriser le caractère architectural militaire qui fait patrimoine et notamment la systémisation des façades et plans & faire comprendre la dualité historique, entre terre et mer, du lieu

Conserver la lecture de l’évolution des systèmes défensifs et des gabarits tout en masquant à la vue directe le «patrimoine de l’oubli» qui oscille entre douleur, hommage et curiosité Tea house on bunker UnStudio



II. DE LA PRESQU’ILE AU PAYSAGE



II.1 Mémoire à la mer, un programme d’envergure régionale Depuis les recherches historiques, jusqu’aux enjeux environnementaux contemporains, en passant par les entretiens avec les habitants, un mâitre mot s’impose et nous guide vers le programme singulier que s’apprête à accueillir le Fort de Querqueville dans sa reconversion : la mémoire à la mer.

67


1

N

es s

pav

Vers les batteries de Nacqueville (1+2) Fort

sé rs le

)

e (3

arin

-m ous

Ve

2 ille

Querquev Digue de

ancien aérodrome

3 Epave du lucifer (4)

Chapelle Saint-Germain (MH)

15min à pied du Fort - Isochrone 5 min en voiture du Fort - Isochrone Axes d’arrivée Implantations des pavillons intermédiaires Emprise originelle du fort Lieux d’intérêt du tourisme 0

500m

4


II.1. Mémoire à la mer a Querqueville Les alentours du Fort sont gorgés de lieux dont l’histoire a attrait à la mer, ayant donc potentiellement la capacité de donner une dynamique et un potentiel à la presqu’île autour de cette thémathique. En outre, le Fort a lui-même été utilisé pour mener à bien des fouilles d’archéologie sous-marine (Grande opération de fouilles du D-Day mené par le DRASSM, ayant pour but le référencement des épaves de la seconde guerre mondiale au large des côtes normandes, qualifiées de plus grand cimetière sous-marine au monde / Les fouilles de l’Alabama, navire célèbre de la Guerre de Sécéssion) ; et possédait déjà un lien à la mer extrêmement fort de par son positionnement. Les habitants concèdent de surcroît que certains de ces lieux, à l’image de l’épave du Lucifer échouée pendant près de 70 ans sur la plage de Querqueville, sont très ancrés dans leur mémoire,

et celle du paysage. Cependant, ces points du paysage ont peu été expliqués, renseignés. La proposition de mise en place d’un parcours pédagogique, pour les touristes comme pour les locaux, reliant la vieille ville, depuis le point le plus haut (Chapelle-Saint-Germain), pouvant donnant lieu à des visites guidées comme à des balades répétées, seul, s’incrit donc dans cette dynamique. Passant par les lieux que nous avons précédemment pointés, au moyen de petits pavillons, simples signalisations, ou encore édifices contemporains futurs, il connecte Querqueville à son histoire, à son paysage, et à son atout patrimoniale majeur : le Fort. La Mémoire à la mer utilisée pour souder et unir ce parcours nouveau possède effectivement un potentiel d’envergure suffisante pour investir de nombreux espaces, et ainsi désenclaver le Fort.

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Carte de Normandie, lieux du tourisme de Mémoire (2nde Guerre Mondiale)

L’activité portuaire, essentielle à l’économie de l’agglomération Cherbourgeoise

Principaux lieux de débarquement Principaux lieux d’atterissage été 1944 Musée terrestre (mémorial..) Musée lié aux batailles maritimes Zone maritime fouillée par la DRASSM

N

Fort de Querqueville Fort de l’île Pelée

Fort Chavagnac 3

2

Querqueville Fort des Flamands

1

Centre ville de Cherbourg 0

500m

1km

2km


ii.1. Mémoire à la mer

Au coeur des enjeux environnementaux De plus, envisager un programme lié à la mer au sein du Fort de Querqueville permet l’harmonisation de la Rade, retrouvant une l’unité et la cohésion jusqu’alors historique entre le fort de l’île Pelée, le port de commerce de Cherbourg, et le Fort de Querqueville. En effet, le Fort de l’île est actuellement en reconversion après son rachat par des industriels de l’éolien sous-marin : Cherbourg a été choisi pour expérimenter cette énergie renouvelable encore nouvelle. Puis, Le Port de Cherbourg est quand à lui non seulement en activité du point de vue du commerce maritime, mais en fait également son activité touristique grâce à la Cité de la Mer, célèbre aquarium et musée marin (accueillant notamment le Redoutable). Ainsi le programme de reconversion se dessine : un centre de Recherche en Archéologie sous-marine y prendra place, articulant l’échelle locale à l’échelle de la Rade : le centre jouera les garde-fous du Pôle industriel, agissant via l’archéologie préventive, ce qui alimentera doublement les recherches des chercheurs en archéologie

sous-marine, le sujet étant au coeur des enjeux environnementaux. .Il pourra également alimenter le Musée ou en devenir une annexe, une autre manière d’appréhender la mer et son histoire. Le programme s’alimentera d’une partie mémorielle, liée à la Seconde Guerre Mondiale, allant ainsi chercher jusqu’à l’échelle régionale : nous percevons en effet qu’entre la Basse Normandie et Cherbourg, le parcours de la mémoire s’interrompt alors mêmes que les chemins paysagers continuent. A cela s’ajoute le manque cruel d’hébergements et points de pause ou restauration le long du GR 223 : plus d’une heure et demi à pied sont nécéssaires à parcourir pour atteindre le prochain apres Cherbourg. De tels lieux peuvent donc prendre naturellement place au sein du Fort, devenant un lieu d’échange insolite attractif. Ainsi un seul programme est en mesure d’imbriquer les échelles et de désenclaver à plusieurs niveaux la position stratégique du Fort de Querqueville.

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Les acteurs majeurs sollicités

DRASSM Organismes mondiaux de recherche en archéologie sous-marine ACTEURS INTERNATIONAUX

UN PROGRAMME PLURIEL

PÔLE RECHERCHE Bureaux et laboratoires

Universités Spécialistes, musées de la 2nd guerre mondiale Touristes la cité de la mer

Les ENJEUX

HIERARCHISER

POLE FORMATION Lieux théoriques d’apprentissage

Lieu de baignade : apprentissage et loisirs

Pôle industriel de l’île Pelée, expert en EnACTEURS DE LA VILLE

ergies renouvelables

Ecole de plongee Habitants locaux Pêcheurs locaux ACTEURS LOCAUX

SEDENTARISER

sous-marines

POLE DIFFUSION Lieu de balade Restaurant

Hébergement

à court et

moyen terme

Bibliothèque Lieux d’exposition TISSER DES LIENS


II.1. Mémoire à la mer Un programme d’envergure nationale Au moyen de trois pôles, ce nouveau centre de Recherche en Archéologie sous-marine est en capacité de répondre aux enjeux que nous venons de citer, sollicitant des acteurs des plus locaux jusqu’aux plus internationaux. Le DRASSM (Département des recherche en archéologie subaquatiques et sous-marines) pourra voir en lui sa nouvelle antenne, au Nord de la France, répondant à son unique centre aujourd’hui à Marseille. L’un pourra traiter les nouvelles problématiques liées aux Côtes de la Manche, de la Mer du Nord et Atlantique, l’autre de la Méditerranée. En outre, en corrélation avec le pôle recherche, un centre de Formation sera également envisagé, pour former les professionnels qui aujourd’hui manquent cruellement au DRASSM, mais également les amateurs, devenant une extension nécéssaire à l’école de plongée cherbourgeoise très prise d’assaut. Enfin, un pôle Diffusion et Hébergement complètera le programme. Il permettra de davantage communiquer sur cette discipline méconnue des Français qui fait pourtant figure d’élite pour la France à l’international, et d’ainsi tisser des liens aussi bien avec les habitants que les touristes de passage. L’hébergement, enfin, permettra de sédentariser quelque peu une population sur place, et d’ainsi faire vivre le lieu sur une plus vaste plage horaire.

73


Héberge les chercheurs le temps de l’achèvement de leurs travaux Attire des visiteurs

Améliore le confort de travail et de vie

PÔLE RECHERCHE Bureaux et laboratoires

Lieu de balade

Cafeteria, aire de pique-nique

Bibliothèque Lieux d’exposition, conférences et dé-

Hébergement à

monstration

Alimente

Alimente

Attire des visiteurs

POLE FORMATION Lieux théoriques d’apprentissage

Lieu de baignade : forme de nouveaux chercheurs

apprentissage et loisirs

Attire de la clientèle

Schéma relationnel des éléments constitutifs du programme

court et moyen terme


PÔLE RECHERCHE

POLE FORMATION

PÔLE DIFFUSION

PÔLE HEBERGEMENT

Situé à l’emplacement de l’ouvrage 2, le Pôle de recherche possède des accès privilégiés et plus intimes depuis la mer (par le port privatif interne) et la terre, permettant la manipulation d’objets précieux à l’abri des regards, et davantage isolée des parcours publics.

Il profite du statut intermédiaire de l’ouvrage 3, lié à la fois à la mer et la terre, et à la fois aux espaces de diffusion et au centre de recherche. Les baraquements existants permettent la segmentation aisée en espaces d’enseignements variés et reconnaissables.

Installé dans l’ouvrage majeur du Fort, ce pôle a l’atout de posséder l’hémicycle casematé qui, de lui-même, invite à la diffusion et à l’échange. Il possède de surcroît la place centrale, et l’accessibilité la plus rapide, qui facilitent la mise en place de ses objectifs.

L’hébergement s’implante naturellement sur l’ouvrage 4, qui a l’avantage de proposer des espaces plus intimistes et des vues à 360° sur le fort comme sur la baie de Nacqueville. Ce lieu permettra de créer des lieux très en lien avec la Nature.

75


2 Salles de réunions 190 m²

Openspace chercheurs temporaires 115 m²

Réserve 490m²

Insertion dans une construction neuve Insertion dans le bâti existant

Bureaux Administration 50m²

Modules de travail 430m²

3 Bureaux de 5 personnes 90m²

Accueil 70m²

7 Laboratoires de traitement et analyse des objets 270 m²

TOTAL : 1960 m² Existant : 360 m² Neuf : 1600 m² Surface démolie sur l’ouvrage 2 : 654m²

Vestiaires, WC et douches, poste de secours, atelier mécanique d’entretien/réparation du matériel, lieux de stockage du matériel, locaux techniques 60m²

Chambre noire 60 m²

EFFECTIF 15 chercheurs permanents Jusqu’à 20 chercheurs temporaires Jusqu’à 30 séminaristes (rare)


II.1. Mémoire à la mer Un pôle de recherche répondant aux futurs enjeux du DRASSM et à ses manques actuels L’objectif de cette entité programmatique est de fournir au DRASSM une antenne dédiée à la recherche axées sur des problématiques spécifiques. En effet, plusieurs manques ou nouvelles perspectives apparaissent dans le secteur des Côtes de la Manche, justifiant l’implantation de ce nouveau centre à Querqueville. Il s’agit d’abord de développer l’approche du patrimoine immergé du XXe siècle, pour lequel l’intérêt des professionnels du métier est récent. Il fait en effet suite à la grande opération mondialement médiatisée du D-DAY, recherchant les épaves perdues en baie de Seine, lors du débarquement de Normandie en 1944. Le centre s’envisage dès lors comme un appui fondamental à la poursuite de ces études novatrices. Ce travail peut notamment se développer grâce à la proximité de l’épave du Léopoldville, première pierre d’un possible parcours sous-marin. Il sous-tend de plus la recherche en matière de conservation et de restauration des vestiges métalliques, qui aujourd’hui sont délaissés, de par leur coût, mais également leur fragilité. Le métal s’oxydant très rapidement, il est en effet complexe de l’extraire de son milieu sous-marin natif : la politique géné-

rale actuelle est donc favorable davantage à une restauration in situ plutôt qu’à une remontée à terre (hors mis pour une utilisation muséographique), d’où la multiplication des campagnes de prévention vis à vis des plongeurs locaux. En outre, la loi de protection UNESCO de ce patrimoine contemporain étant récente, les pilleurs sont nombreux : la sensibilisation de la population représente de ce fait un enjeu majeur. Par conséquent, ce pôle est conçu pour travailler main dans la main avec l’INRAP, afin de mettre au point des techniques de contrôle, prévention et sensibilisation : ces missions d’expertise seront de l’ordre de l’archéologie préventive et de l’évaluation des dangers. Agissant en « garde-fou » face au pôle industriel de développement des éoliennes sous-marine, implantées au large de Raz-Blanchard, il permettra d’observer in situ les conséquences sur l’écosystème sous-marin de ces nouvelles technologies, dans l’optique de proposer des innovations ou améliorations. Les forts de Querqueville et de l’île Pelée retrouveront dès lors leur rôle historique complémentaire, en terme de protection de la Rade. Cette branche de la recherche pour-

ra faire appel à de multiples acteurs, depuis les pêcheurs locaux jusqu’aux élus, industriels, en passant par les écoles de plongée voisines. Ce type d’intervention aura davantage lieu au large, nécessitant de ce fait peu de locaux sur place, si ce n’est des lieux de stockages sécurisés ou ports d’amarrage abritant les moyens techniques lourds et coûteux : sonar, tracteur, magnétomètres, un bateau spécialisé à l’image de l’André Malraux... Enfin, le DRASSM évoque la problématique des sites paléolithiques et préhistoriques normands, récemment engloutis par la remontée du niveau de la mer. Ces sites, historiquement protégés par l’Etat, posent aujoud’hui question : leur entretien et avenir restent encore incertains, et constituent un des axes de travail de l’organisme dans les prochaines années. L’intérêt de cet aspect de l’archéologie pour le Centre de Querqueville réside dans la possibilité de parrainages multiples avec les universités et laboratoires adjacents, à l’image de la cellule de géomorphologues de l’université de Caen, qui serait particulièrement en mesure d’enrichir les recherches, et de traiter les carrotages extraits, dont le Centre de Querqueville n’aura pas la charge.

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Salles de cours théorique 280m²

2 Salles de préparation Cuves d’entraînement physique 140m² 95m²

Insertion dans une construction neuve Insertion dans le bâti existant

Openspace formation professionnel 95m²

TOTAL : 900 m² Existant : 900 m² Neuf : 0 m² Surface démolie sur l’ouvrage 3: 290 m²

Accueil et rassemblement 70m²

Salle des professeurs, Administration et Salle de réunion 70m²

EFFECTIF Accueil par petits groupes de 20/30 personnes par salle


II.1. Mémoire à la mer

Former de la théorie à la pratique Le pôle Formation aura une double utilité locale et nationale. D’une part, palliant le manque de personnes formées pointé par le DRASSM, il aura en charge la formation des plongeurs professionnels, archéologues, laborantins spécialisés dans ces domaines, informaticiens et spécialistes en robotique sous-marine, gestionnaires techniques du matériel etc. L’enjeu est de fournir à l’échelle de la France et peut-être du Monde, des spécialistes de cette branche professionnelle encore récente et peu médiatisée. D’autre part, il permettra de tisser des liens avec la population locale, de renforcer le parcours touristique présent, et de sédentariser une activité au long de l’année, en proposant des animations de loisirs liées à l’archéologie sous-marine et la plongée : baptême de plongée, parcours touristiques autour de l’histoire du lieu, cours de plongée diplômant. Ainsi, il s’agira de connecter le savoir à la pratique, autour de locaux permettant l’apprentissage théorique en salle et le pré-entraînement physique ; la pratique théorique sécurisée en cuve hermétique ; puis la pratique de plein air, dans des failles de plongée et parcours d’entraînement qui familiariseront les étudiants avec le relevé en eau mobile et saline, les outils utilisés, et les typologies d’objets ; et enfin la pratique en pleine mer. Les locaux pourront être partiellement partagés avec l’école des Fourriers, plusieurs de leurs formations ayant trait au tourisme, loisirs, hôtellerie, ou nécessitant des lieux d’entraînement.

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Espace d’exposition 750m² Salles de séminaire 450m²

Cuisine et locaux techniques

Insertion dans une construction neuve Insertion dans le bâti existant

Bibliothèque 360m²

Cafétéria du Centre 180m²

TOTAL : 3107 m² Existant : 3107 m² Neuf : 0 m²

Espaces d’accueil 120m²

Salle de l’épave 90m²

Surface démolie sur l’ouvrage 1 : 2705 (dont 955 attribué au pavillon d’accueil existant)m²


II.1. Mémoire à la mer Un pôle de diffusion riche La pièce maîtresse du Centre réside dans cette entité programmatique. Discipline méconnue, l’archéologie sous-marine a besoin, comme le souligne le DRASSM dans ses rapports, d’efforts en matière de communication afin d’accentuer ses politiques de sensibilisation et d’ouverture au public (initié par les journées du DRASSM et quelques actions publiques), et de renforcer les partenariats crées avec les acteurs multiples. Il paraissait, de fait, indispensable de proposer un lieu central où se mélange les usagers, pour se rencontrer et échanger : lieux de conférences, espaces scéniques, lieux d’expositions de l’avancée des travaux, et de l’histoire du lieu dans son rapport à la mer et aux événements qu’il a traversé, lieu de consultation et d’archives des publications des chercheurs. Il s’agit non pas là de vulgariser une discipline qui fait figure d’élite pour la France, mais d’attiser la curiosité des locaux aussi bien que des passants, connaisseurs ou non, et de les pousser à s’y intéresser. La diffusion pourra prendre des dimensions plus classiques, théoriques, mais profitera également de lieu de diffusion pratique, en lien avec les éléments naturels.

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Dortoirs type Auberge 28 lits 184m² Espaces de vie communs (dont bunkers) 320m²

Hébergement moyen terme Appartements du T1 au T6 (58 places grand maximum) 1080m²

Hébergement chambres individuels (28 chambres type hôtel) 740m²

Insertion dans une construction neuve Insertion dans le bâti existant

TOTAL : 2337 m² Existant : 44 m² Neuf : 2293 m² Surface démolie sur l’ouvrage 4 : 134m²

EFFECTIF MAXIMAL 56 touristes + 28 en auberge 58 places chercheurs et étudiants


ii.1. mémoire à la mer Un pôle d’hébergement flexible Les problématiques de travail du centre étant relativement nouvelles pour le Monde entier, elles attireront très régulièrement des chercheurs et spécialistes venus de tous horizons, et y restant le temps de leurs recherches et travaux respectifs (plusieurs mois voire une année). De surcroît, les formations des professionnels sont parfois de seulement quelques mois, et celles de loisirs de quelques jours ou quelques semaines – ouvertes à des adultes comme à des enfants ou adolescents. Enfin, le centre étant un point particulier du parcours touristique de la Manche – et notamment un point d’arrêt pour les randonneurs du GR23-, possédant une force architecturale et paysagère notoire, il semblait indispensable de proposer une solution d’hébergement pour les touristes étant de passage pour quelques nuits. Cet accueil variable et cosmopolite nécessi-

tait la mise en place d’hébergements variés, flexibles et modulables : de la chambre d’hôtel au T3, en passant par des dortoirs, des espaces de colocations en T4 ou T3 ou des studios individuels, le Fort devient un lieu qui sait sédentariser une population multiple et donc reprendre vie à toute heure de la journée. En outre, la priorité du Centre restant l’échange de savoirs entre connaisseurs ou non, sa capacité à recevoir des acteurs variés et à les faire se rencontrer est très importante : une attention toute particulière est donc portée à la répartition des typologies de logement et aux parcours les liant. Il s’agira de, bien sûr, proposer des espaces intimes propres à chaque lieu, mais de rendre possibles et courantes les interactions entre usagers en dehors du pôle de diffusion.

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ii.2. De la presqU’île au paysage, statégie urbaine L’analyse du Fort et de son territoire alentour nous permet donc de comprendre qu’il ne peut y avoir de projet sur la presqu’île sans envisager l’échelle urbaine voire régionale. D’un point de vue mémoriel, patrimonial, ou simplement paysager, tous travaux sur le Fort impactera son environnement proche et éloigné ; et vice versa. Le projet de reconversion de cette presqu’île militaire abandonnée prend dès lors une dimension urbano-paysagère extrêmement importante : il s’agira là finalement des grandes lignes qui guideront le projet architectural jusqu’au détail.

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1. Hangar Est

2. Sanitaires

3. Abri Ouest

Plan des démolitions à prévoir N

2 3 1

0

25m

50m

100m


ii.2. De la presqu’île au paysage Démolitions Après des années d’abandon, de squattage, de superposition de nouvelles contructions plus ou moins temporaires, plus ou moins solides, le Fort compte mutiples ajouts postérieurs que nous évoquions lors de son historique. Ces petits pavillons sans valeur patrimoniale sont donc démolis pour le projet. En outre, deux autre bâtiments, gênants les circulations et ouvertures sur le patrimoine disparaissent. Datant certes de l’époque napoléonienne, ils sont eux aussi en mauvais état sanitaire, et sans grande valeur patrimoniale. Ces démolitions sont de fait nécessaires pour rendre possible la structure initiale de la presqu’île, ses parcours, et ses trois véritables lieux patrimoniaux, les deux plateformes bunkerisées, et le fort.

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Clarifier

Bande végétalisée fluide Bâti démoli Les démolitions permettent de clarifer une bande végétalisée au coeur de la presqu’île qui sera en mesure de relier les lieux les uns aux autres.


Clarifier

situation au sein de la rade Sous Légende Le Fort de Querqueville est située dans l’agglomération de Cherbourg-en-Cotentin, dans la Manche, en Normandie. Il constitue l’un des points-charnières de la Grande Rade de Cherbourg, historiquement et toujours actuellement qualifiable de plus grande rade artificielle du Monde. Aximent lacepelis consenit harum sinulluptas ad expelibust apid minciduci ut ressi officiatem rectes nusanto diti utem esecessi quissunt parciti nos niti cuptas ipsae et, que non est unt labo. Quiae ad quam sinctae nusda vernatquas del idelibus, nobitis moluptae nonsers piendae remperitia nis porem aceari tem ratiorem qui beates mos aut aceptatior aut asitem excepro in re volenda ndaernam duciatent od untet rendell enimoluptam fugia presendaecto tem. Nam, que sit volorem de nitaqui totam, con et prerovi tasperumquo doluptam alignam, sequi omnimin cipicietur aut facessi corestibeat magnia volorae. Ore prae reprere ime nossum non

Se dégage dès lors une masse bâti existante, frontalière à la mer, assurant la charnière entre le monde marin et terrestre.

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Qualifier

Rue, carrefour Amphithéâtral

à caractère intime

Amphithéâtral

Nouveau bâti nécéssaire pour tenir les espaces Bâti démoli La bande bâtie habilite les vides internes à exister, et à irriguer de leur caractère naturel leur environnement proche : l’on peut alors les qualifier, et hierarchiser.

Amphithéâtral


Tailler

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La masse bâtie devient un chapelet de bâti, suturant l’existant parfois isolé ou épars dans une continuité de parcours.


Signaler

Repère proche Repère visible de loin L’on identifie ensuite un ou des points de repère pour chaque partie de la presqu’île, qui guideront l’usager dans son parcours.


Parcours du douanier

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Le visiteur, immergé dans un paysage naturel venteux, à terre et hors de la presqu’île, limité par l'eau (dessin des douves), peut appréhender le lieu, le découvrir à travers des habitations ponctuelles du mur de défense, éclairant sur l'usage interne du lieu, et les ambiances qui y seront associés. Ce parcours reprend le tracé du sentier des douaniers,le GR 223, qui s'étend sur tout le littoral Normand.


Le centre de recherche Un lieu de travail à l’abri des regards

Lieu d’entraînement physique

Diffusion

- Salles de conférences - Lieu d’exposition des travaux -Bibliothèque/publications

Cafétéria

Logements

Petits appartements permettant le séjour à moyen terme (quelques mois)

Locaux sortie en mer

Parking

- Stockage matériel précieux - Vestiaires - Poste de secours - Entretien et préparation du matériel

Lieu de diffusion des travaux Laboratoires d’analyses

Archives et réserves

Bureaux & Archives Lieux du quotidien Le centre de recherche vient s’articulier autour d’un espace où les parcours s’amenuisent, donnant la possibilité de contrôler l’accès. Il se positionne également centralément par rapport au Parking et Au Port Communal, deux moyens de transports souvent sollicités.

Laboratoires

- Lieux d’études et analyse (dessin, modélisation) - Chambre noire - Lieux de pause

Bureaux

- Bureaux (5p.) - Salles de réunion

Accueil public Administration


Salle

Le centre de Formation

De la théorie à la pratique

de cours

- Apprentissage théorique - Salles de préparation physique

Cuves d’entraînement intérieur

Lieu d’entraînement en conditions réelles mais toujours sécurisé

Cafétéria

Logements

Petits appartements permettant le séjour à moyen terme (quelques mois)

95 Locaux sortie en mer

- Stockage matériel précieux - Vestiaires - Poste de secours - Entretien et préparation du matériel

Apprentissage théorique Apprentissage physique Lieux du quotidien

Le centre de formation s’implante dans les baraquements, articulant ses programmes jusque dans le Fort, reliant de nouveau ces deux patrimoines.

Laboratoires

- Lieux d’études et analyse (dessin, modélisation) - Chambre noire - Lieux de pause

Openspace


Les lieux du tourisme Belvédère et Faille

- Expériences du paysages - Baptême de plongée

Exposition et bibliothèque Logements m²

Hôtel et Auberges, hébergements pour les courts séjours

Bunker scénographié

Expérience physique Lieu de découverte Lieux du quotidien Les progammes liés au tourisme se répartissent tout le long de la dorsale bâtie, poussant à la découverte du lieu dans le même temps.

Cafétéria




ii.3. Composer de l’eau à la terre « [Les flux] peuvent être lents et donc sensibles à ce qu’ils côtoient ou traversent. C’est cette possible lenteur du mouvement qui constitue pour nous un champ d’investigation fantastique ; dasn ce qu’elle sous-tend non seulement de ralentissement, mais aussi d’accueil, de possible épanchement, de réduction, d’imprégnation. C’est la manipulation des flux, associés à des considérations programmatiques et contextuelles plus classiques qui invente le projet, qui l’ancre dans les lieux. » Olivier Philippe, dans « Territoires : révéler la ville par le paysage »

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Pôle Diffusion Expérience verticale

Entrée Hébergement Piétons

Pôle Hébergement

Entrée Principale

Piétons, cycles, véhicules

Pôle Formation

Pôle Recherche Entrée Recherche Piétons


ii.3. Composer de l’eau à la terre La notion d’expérience initiatique A l’échelle de ce vaste paysage croisant et imbriquant les éléments naturels entre eux, l’enjeu qu’expriment ces parcours est sans aucun doute l’urgence de revaloriser le rapport entre la Nature et l’homme en ces lieux privilégiés. Dans un affrontement permanent avec les forces de la Nature, Le Fort de Querqueville devient incontestablement un lieu aux potentialités romantiques nombreuses. L’homme seul face aux éléments tantôt silencieux, tantôt déchainés, se voit changer au gré de ses expériences : il évolue, à mesure qu’il parcourt les cheminements, mais aussi et surtout a posteriori. C’est en cela, que le projet sera envisagé comme un rite initiatique, un apprentissage, pas à pas, par degrés. Issu des mots latins initiare, signifiant « commencer », et in ire, « s’avancer dedans », « aller à l’intérieur », ce symbole de l’initiation, maintes fois exploré dans la littérature et poésie trouve à Querqueville un sens particulier. Le visiteur qui saura arpenter les quatre parcours proposés s’ancrera dans une forme de démarche spirituelle, parfois malgré lui : il aquerra davantage de sensations, de connaissances, enrichissant sa compréhension de son environnement proche, de son rapport au Monde. Comme l’évoque Alain Dianélou1, « l’initiation est le passage d’un état à un autre état d’être. C’est une sorte de mort,

une « mort active » de laquelle naît une personne différente. », « un changement de conscience, une mutation » comme peut le préciser J. de Gravelaine. Dès lors, le projet s’articule naturellement autour du maniement de paradoxes, d’oxymores, de paroxysmes. Il explore de multiples changements d’états, confrontant les éléments entre eux, forçant la communion et l’instauration d’un dialogue perdu, ou jamais abouti, leur donnant finalement la possibilité d’exister ensemble dans ce si vaste espace : de l’immergé à l’émergent, de l’immersion marine des plongeurs à l’apesanteur des rêveurs, de la verticalité à l’horizontalité, des éléments mouvants à la stabilité de ceux qui sont figés depuis des décénnies, de la transparence à l’opacité... Il s’agit de donner une nouvelle lecture de ces éléments architecturés et naturels hérités. Il s’agit d’initier de nouveau l’homme aux potentialités présentes en ces lieux qu’il a oubliées, durant les années d’abandon du Fort. L’on pourrait alors emprunter au concept d’héritage-initiation développé par G. Dumézil, explicitant trois paliers d’initiation (Le niveau de la quête, celui de la connaissance extatique, et enfin celui de l’engagement au service de la communauté ) empruntés au Rite d’Odhin, et dont

le but est bel et bien la transmission, in fine, de ces traditions d’un être vivant à un autre. L’initiation est donc bien réellement un processus pédagogique, que le projet s’attachera à mettre en valeur : du point des cheminements paysagers, ou encore de la répartition des programmes, le procédé d’apprentissage deviendra primordial. Il conférera un ordonnancement naturel aux éléments les uns par rapport aux autres, afin que la logique soit lisible, tout en restant naturelle, accessible, et appropriable par tous. Le choix du programme n’est d’ailleurs pas anodin : il s’agissait de faire appel à une structure en capacité de solliciter les notions d’évolution, de degré de développement, de connaissances, d’apprentissage, celles de l’échange et du partage, mais surtout celle du rapport communié à la Nature. Un centre de recherche en archéologie sous-marine, cherchant l’immersion et le rapport toujours plus abouti et fusionnel à la Mer, répond à ces volontés ; la méconnaissance de ces métiers au niveau national, et donc la récente nécéssité de former, informer, sensibiliser et diffuser à propos de ces thématiques, en faisait de surcroît une cible adéquate – du point de vue du rite initiatique.

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Ferraillage à béton Structure à nu, délitation Transparence, apesanteur Ref. Markus Scherer, Château Tyrol

Richard Serra, Entre le tore et la sphère.

Plaques d’acier auto-patinable Structure autoportante Transparence, Effacement Ref. Eglise Borgloon, NEY+Partners

Acier auto-patinable bardé Matification, Effet signal

Richard Serra, One Ton Prop.

éMERGEnt Béton de site (calcaire & granit) Souligne le calepinage existant Relief et stratification de la matière

Béton brut blanc Masse claire et lisse

IMMERGé Béton Ferrock Nouveau béton durable Résitant à la salinité, aux marées Relief de la matière

Roche de schiste présente sur le site, naturellement délitée.


ii.3. Composer de l’eau à la terre Inspiré par la délitation naturelle des roches de schistes confrontées aux marées (tantôt à l’air, tantôt à l’eau salée), passant de la roche naturelle massive à des feuilles très fines et fragiles, la matérialité du projet évoluera au gré des parcours, et des changements d’états qui opèrent, de l’eau à l’air, de l’immergé à l’émergent, de l’existant au neuf, de la terre à l’air. Aidant le visiteur à identifier le passage à une nouvelle expérience de l’espace, du paysage, de l’architecture du site, elle se teintera, prendra du relief, ou s’effacera à mesure qu’il avance. En outre, les matériaux prennent le plus possible appui sur les matières premières disponibles dans la région, et font appel à la palette chromatique naturelle observé sur le site. Enfin, une attention particulière a été portée au choix des matériaux afin de minimiser le temps de construction et l’impact sur le site (va et vient des engins, stockage...), l’accès au site étant limité. Un environnement humide ou immergé exploitera le béton durable et alternatif Ferrock. Utilisant des matériaux recyclés, il limite l’empreinte carbone, et se dote d’un ciment beaucoup plus résistant que le ciment de Portland, notamment face aux environnements salins et aqueux. Sa teinte rouille dialoguera avec l’acier-autopatinable. De plus, sa porosité faites de cristaux recyclés, laissera quelques coquillages ou algues s’y accrocher, signalant la pré-

sence de l’eau, et s’animera sous la lumière. Le ferrock cèdera sa place au béton blanc ou au béton de site (de calcaire ou granit), travaillé en plusieurs banchages, allant de la rudesse, du relief du béton brut coulé en place à la planchette, au béton lisse, puis au béton de site laissant apparaître les granulats le composant. L’utilisation du béton de site répond aux interventions du projet, qui nécessitent d’excaver une masse d’alluvions et de terre suffisamment grande pour pouvoir être directement exploitée pour la réalisation in situ du nouveau matériau architectural. La masse émergeante s’assumera dans une teinte claire, neutre, capable d’être différenciée de la minéralité existante (pierres et bétons). Puis, le passage à un état aérien sera marqué par l’acier auto-patinable, sous plusieurs formes : fines plaques bardées, plaques massives apposés an sol ou associées en structure auto-portante. Mat et à la couleur significative, il sera facilement identifiable, de tous temps. Il aura l’avantage de répondre à la végétation, sa couleur étant complémentaire du vert. Enfin il possède l’avantage d’être pré-assemblé en atelier, et donc de pouvoir être monté très rapidement sur le site. L’état désiré d’apesanteur sera initié par des ferraillages à béton, à nus, évoquant la délitation de la matière via l’apparition de la structure.

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ii.3. trois parcours d’initiation «Le rempart» : contempler l’eau S’il le souhaite, le visiteur pourra continuer son expérience paysagère au sein même de la masse habitée, se confrontant variablement à l’environnement extérieur, et particulièrement à la mer, éprouvant des changements d’états plus ou moins brusques : il évoluera de l’enterré à l’émergent, de l’émergent à l’immergé, de l’espace abrité à l’espace venteux, sur des parcours aux vues tantôt cadrées tantôt inexistantes, tantôt panoramiques, passant de l’existant aux édifices nouveaux. Envisagé comme un parcours initiatique, ce cheminement apprend au visiteur à vivre au rythme des contraintes naturelles, et accepte de ne pouvoir faire le même parcours à chaque heure de la journée, chaque jour de l’année – selon les conditions météorologiques. Il se positionne en continuité du sentier des douaniers, prenant la forme d’une apparté, d’une ellipse, d’une parenthèse dans l’expérience du paysage vaste et ouvert du littoral. Ce parcours suit les traces des anciens sentiers de surveillance militaires : à la manière de Souto de Moura au marché de Braga, l’on exploite ici le concept de permanence des tracés - si tout évolue et change autour, les axes de circulation semblent toujours fonctionner. Ainsi, à toute heure de la journée ou de la nuit, le visiteur pourra en partie arpenter ces lieux redonnés au public.

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ii.3. trois parcours d’initiation «L’arrière-cour» : s’abriter du vent Ce parcours interne, réservé aux initiés, relie les vides naturels, aux ambiances différenciées, entre eux. Aujourd’hui existant, il prend tout son sens grâce à la mise en place de la bande bâtie recréée. Dans ces conditions, ces espaces vides laissés à l’abandon prennent toute leur force et peuvent commencer à exister. De l’amphithéatre didactique à la cour intimiste où se réunissent quelques chercheurs après leur journée de travail, de la cour de l’hôtel, ouverte sur la baie, aux jardins des appartements, chaque espace trouve son ambiance et sa place, renforçant le dialogue des différentes entités programmatiques avec leur environnement proche. Chaque usager du Fort ne pourra cependant pas emprunter tous les chemins, certains espaces demeurant privatifs. Une fois le fort fermé au public, ce parcours demeure totalement privatif et coupé du monde.

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ii.3. trois parcours d’initiation «La Transversale» : apesanteur, immersion Apogée des parcours, la Transversale s’impose comme un écho nécessaire à ce qu’aurait dû être le Fort : un lien semé d’embûches et de détours entre la Terre et la Mer. Ce parcours, croisant les flux et les usages, crée une rupture dans chacun des trois parcours, incitant chaque usager à s’y confronter. Du rêveur aérien au plongeur sous-marin, chaque personne empruntant la transversale aura l’opportunité de se confrontant à des changements d’état physiques et mentaux extrémaux, et pourra de ce fait saisir toute la subtilité de l’articulation entre les élements naturels de l’environnement jadis mis en place par les concepteurs. Pour les plus sensibles, une forme de rapidité, de brutalité du rapport peut être associée à la Transversale : elle est en effet le lien le plus direct pour atteindre la mer depuis le sentier des douaniers ; Les plus pragmatiques l’envisageront probablement comme un raccourci, facilitant la séparation des usages internes, et la desserte de chacune des entités programmatiques. Ainsi, les trois autres parcours proposés deviennent des chemins de traverse fournissant des manières d’appréhender le paysage différentes, aboutissant à une lecture personnalisée et variable de la Transversale dépendant de l’historique du trajet effectué par le visiteur.

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ii.4. Référentiel /

Réflexions sur les parcours paysagers et leur matérialité, de l’eau à la pierre

1. Richard Serra, Shift, 1972 L’oeuvre constitue réellement une expérience physique du territoire. En plaçant un mur en ligne brisé entre deux collines, Serra expérimente le rapport à la pente, à l’orientation, au point de vue. Mais l’oeuvre ne prend tout son sens qu’une fois parcourue : c’est en fait le parcours que chaque visiteur prendra grâce à ces guides qui intéresse ici l’artiste.

2. Aurélio Galfetti, Castelgrande, Bellinzona, 1981 Les deux projets jouent avec le concept de masse habitée. Ils s’appliquent à mettre en place des parcours qui évoluent au coeur des masses architecturales creusées dans la roche, et surprennent au gré d’un détour des points de vues sur la mer valorisées. Le parcours se fait ici à l’aide, donc, de cadrages décidés en amont, qui assument la frontalité à la mer horizontale.

3. Paulo David, Casa das Mudas, 2004 4. Museo del Faro, Aires Mateus, Cascais, 2007 Les deux projets jouent avec le concept de masse habitée. Ils s’appliquent à mettre en place des parcours qui évoluent au coeur des masses architecturales creusées dans la roche, et surprennent au gré d’un détour des points de vues sur la mer valorisées. Le parcours se fait ici à l’aide, donc, de cadrages décidés en amont, qui assument la frontalité à la mer horizontale.


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5. Buzzo-Spinelli, Maisons de pêcheurs, Bonifacio, 2016 6. Fortress di Fortezza, Markus Scherer/Walter Dietl,2006 Dans l’un comme dans l’autre, la volonté de créer des parcours qui affrontent la masse rocheuse existante est clairement énoncée : des lignes simples elaires viennent s’apposer contre et créer une réponse architecturale en tension qui invite l’usager à poursuivre et expérimenter cette confrontation sous plusieurs formes.

2. Souto de Moura, Ecole de musique et de danse construite sur l’ancien marché de Caranda, Braga L’architecte, qui lui même avait auparavant construit le marché, accepte de reconvertir son propre édifice, en mettant en avant une permanence des axes, marquée par la conservation en l’état des poteaux : l’ancienne circulation des halles de marché devient la circulation végétalisée qui dessert les écolées de danse et musique.

2. «La Mer au Plus près», Albert Camus, nouvelle, 1953, L’été, Ed. Gallimard, 1959 Récit d’un long voyage sur l’océan, cette nouvelle d’Albert Camus s’applique à transmettre les différents états mentaux de l’homme face à des eaux changeantes, au gré des marées, du lever et coucher du soleil, mais aussi de la météorologie. Ce poème filé nous servira d’appui pour la maîtrise des ambiances du projet.



III. Aborder la mer au plus près


Séquence 1. Fermerture de la vue.

Séquence 2. Ouverture visuelle, fort et bâtiments neufs.

Séquence 3. Nouvelle fermeture.


III.1. Le rempart

Sur les traces des parcours de surveillance La poétique de ces lieux se fonde sur l’imbrication de parcours variés au sein des masses habitées parmi lesquels le visiteur se laissera aller à la contemplation et la rêverie, tantôt surpris par un panorama paysager se déployant face à lui, suscitant l’admiration, ou une masse émergeant des buttes végétalisées, tantôt incité à l’introspection, longeant de hauts murs hermétiques. Le parcours du rempart étant en partie existant, il ne nécessite pas d’intervention architecturale majeure. Cela consiste davantage dans le choix de cadrages et points de vues, à l’aide de murets, différences de niveau et végétation. Toutefois, les extensions de l’ouvrage 4, lieux d’hébergement, seront pensées en conséquence : ce parcours

étant accessible à toute heure par le public, l’intimité des usagers doit être préservé. Ainsi, les extensions de béton brut, donnent à voir leur massivité la plupart du temps, et ne se devoilent que lorsqu’elles tournent le dos au parcours et se déploient vers la vue. l’on se proposera d’intervenir à proximité des bunkers en implantant les nouveaux bâtiments de façon à cadrer, limiter et suturer les parcours existants, et d’ainsi enrichir le jeu de rapport entre l’enterré et l’émergent, et d’approfondir le rapport frontalier à la mer de la masse bâtie évoluant le long du littoral. Ce dialogue aura pour but de faire accepter au visiteur, progressivement, l’apparition des bunkers érigés au centre de ces ailes Est et Ouest.

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iii.2. L’ARRIERE COUR ET LES BUNKERS

Protéger pour arpenter et expérimenter le rapport au vent Répondant à des problématiques ambivalentes, cet héritage architectural semble vouloir nous faire réflechir sur les notions de réversibilité. En effet, à la manière d’UnStudio dans le cadre du projet de Tea House on Bunker, l’intervention sur ces ouvrages aujourd’hui sensibles que l’on veut masquer paraît devoir s’envisager comme démontable. Le bunker pourra potentiellement réapparaître, dans plusieurs dizaines d’années, selon l’opinion publique et la sensibilité de la population vis à vis de ces patrimoines de guerre. Ainsi, l’édifice contemporain saura envelopper les bunkers, tirant parti de ses qualités structurelles pour s’élever en impactant le moins possible les sols naturels, et valorisant les quali-

tés paysagères et fonctionnelles en place. D’une structure dite légère, en acier, il sera toutefois amovible pour les années à venir. De plus, envelopper ces édifices permet également leur protection, alors même que leur abandon a conduit à une détorioration progressive du béton. Ce processus d’enveloppement, d’unification en quelque sorte, de ces bunkers épars, dont la force se trouve dans leur réunion, n’aurait pu exister sans l’intervention architecturale autour du rempart, comme nous le suggérions. Il s’agit réellement de permettre aux bunkers de se fondre dans la topographie, et d’ainsi ne plus incarner l’unique masse camouflée dans la Terre, mais plutôt une masse particulière par-

mi les autres. L’enjeu d’acceptance par le public est davantage accessible si l’effet les bunkers se laissent peu à peu découvrir, mur par mur. Ils seront toujours là, avec leur valeur mémorielle inhérente à leur identité, mais l’on peut presque les oublier. Pourtant, l’on tourne autour, l’on prend appui dessus, l’on se perche sur leur toit... Mais l’imaginaire nouveau donné par le projet, s’attelant à travers eux à expérimenter le rapport au vent, à la vue, à la mer, leur confère la possibilité de transmettre des valeurs autre que le douleur du souvenir de guerre, et de finalement parvenir à ne mettre en avant plus que la valeur patrimoniale paysagère, indéniablement qualitative.

117


Unifier le Socle Unifier le Socle Unifiercommun le Socle commun commun

Unifier

Les plateformes bétonnées existantes

Emerger du mur existant Emerger duEmerger mur existant du mur existant

Exploiter

le socle et le rempart, et leurs creux générés

3.envelopper 3.envelopper 3.envelopper

Envelopper

les bunkers, et l’espace commun privé


3.2.1. Le centre de recherche Générer des espaces larges sécurisés La problématique de «l’arrière cour» en ce lieu reste sa continuité initiale : elle dessert tous les programmes de la presqu’île. Or, le centre de recherche nécessite une sécurisation, de par la rareté, la fragilité, et parfois la confidentialité, des objets et sujets manipulés. Si le concept d’intervention sera le même sur les deux typologies de bunkers, ils prendront deux formes différentes. Ici, après simplification et unification du socle commun, l’on obtiendra un espace large desservant une succession d’espaces facilement accessibles et liés les uns aux autres accueillant les programmes. En continuant l’intervention sur les pourtours, dans les creux du mur et à l’entrée, l’on enveloppe l’espace à caractère amphithéâtral, lui conférant la possibilité d’accueillir des usages variés à l’accès contrôlé - tel des ateliers pédagogiques lors de stages d’été, des grandes campagnes de fouilles accueillant plusieurs dizaines de chercheurs, et travaillant communément en extérieur... Le rapport à l’extérieur n’est donc pas oublié, néanmoins pour ces espaces de travail, l’on privilégie un rapport protecteur, des espaces abrités du vent et des regards, plutôt que panoramique, et généreusement ouvert.

119


N

5

1. Archives des chercheurs 2. Openspace des chercheurs invités et en formation 3. Bureaux des chercheurs permanents (5 personnes) 4. Salle de réunion 5. Sanitaires 6. Accueil/entrée publique 7. Vestiaires et poste de secours (sortie en mer)

3

3

3

4

4

5

2

5

1

Plan Niveau 5m. : «Le Mur», lieux de travail ouvert sur le paysage.

En blanc, les altimétries 0

10m

20m


N

A

5

B

12

11 8

6

10 6 7

4

9

7 8 9

5

1

3

B’

9

2

5

Plan Niveau 10m. : «Le Socle», lieu

A’

9 1. Réserve grandes pièces 2. Réserve petites pièces 3. Modules sécurisés d’études des pièces en réserve 4. Sanitaires 5. Plateforme de déchargement 6. Laboratoires d’analyse en zone humide

7. Laboratoires d’analyse,zone sèche 8. Chambre noire 9. Salle de réunion et d’affichage 10. Bureaux administratifs 11. Stockage du matériel précieux (sortie en mer) 12. Récupérateur d’eau de pluie 0

10m

20m


0

10m

20m

Coupe transversale de la mer à la Terre AA’ : le centre de recherche articulé autour de l’amphithéâtre central

+15.8

+15.8

+14

+14

+12 +10.5

+10.5

+9

Coupe transversale BB’ sur un laboratoire d’analyse : Un espace hermétique et sécurisé, entretenant une connexion visuelle à son environnement, le rôle des espaces tampons.

0

2m

5m

Zoom sur la coupe transversale AA’ sur un laboratoire d’analyse occulté, le bunker réhabilité : Un espace hermétique et clos pour l’étude des pièces sensibles à la lumière.

0

2m

5m


3.2.1. LE CENTRE DE RECHERCHE De multiples ambiances nécessaires Comme l’évoque le DRASSM, l’étude des pièces d’archéologie sous-marine requiert des espaces aux ambiances variées. La mise en place d’un vaste espace, stable, et où l’on circule librement, où s’insèrent une variété de petits espaces dont on contrôlera au cas par cas l’hydrométrie, la pression, la température ou encore le degré de pénétration du soleil m’a par conséquent été conseillé. Ces recommandations justifient de surcroît l’implantation des laboratoires sur le socle central et le processus d’enveloppement : l’intervention sur les bunkers génère plusieurs espaces creux que l’on vient compléter par de nouveaux laboratoires, plus lumineux et hauts, tandis que les bunkers seront des espaces plus clos, parfois totalement hermétiques, comme certaines pièces ou usage (chambre noire) peuvent le nécessiter. Ainsi sous cette enveloppe se développe le microcosme des études archéologiques , ce fourmillement d’activités largement ouvert sur l’amphithéâtre central, lieu possible de démonstration et réunions de plein air. La richesse du rapport à l’environnement n’est pour autant pas laissée de côté : laissé à nu, le mur existant, ancien appui des plateformes de tir, sillonne toujours la végétation, laissant apparaître des vides, en contrebas. Là, fuyant le bouillonnement des laboratoires, les chercheurs pourront profiter d’une pause en plein air, néanmoins abritée, avec pour appui à cette introspection le paysage panoramique qui se dévoile enfin sous leur yeux.

123


Le Vent

Systèmede ventilation naturelle

Le Soleil

Jardin d’hiver et protections solaires

L’eau

Récupération de l’eau de pluie dans les tobrouks


3.2.1. Le centre de recherche* Une conception durable Les éléments naturels, extrêmement prenants à Querqueville comme nous l’évoquons depuis le début, certes contraignants, sont toutefois une source inépuisable d’apports pour l’architecture que l’on implante ici. L’exploitation des éléments naturels jusque dans les éléments plus techniques de construction s’inscrit dans l’aboutissement de la pensée du projet de paysage. L’intervention est donc pensée comme un grand jardin d’hiver, exploitant le soleil, capable de conserver la chaleur l’hiver,au moyen d’espaces tampons, et d’être aéré l’été, et protégé au moyen de BSO rétractables. De plus, l’on exploite l’inertie des bunkers et murs existants très épais, ainsi que de la toiture végétalisée. Cette dernière a de surcroît l’avantage de fondre l’édifice dans l’horizontalité de l’aile Est, et peut potentiellement permettre d’accueillir les oiseaux protégés, anciennement réfugiés dans les bunkers. Puis, le vent fort d’axe Nord-Est/Sud-Ouest ventile naturellement l’espace grâce à l’incorporation de ventelles, en partie supérieure des vitrages. Enfin, l’eau de pluie, souvent en abondance, est récupérée et stockée dans les anciens tobrouks, ces bunkers enterrés à peine émergents, qui constituent des cuves en l’état. Ce stockage s’avère primordial comme le confirme Cécile Sauvage, les laboratoires d’analyse archéologique étant très consommateurs d’eau lors des opérations de dessalage et rinçage - l’eau de pluie convenant. * Notons que ces principes généraux sont également appliqués sur l’aile des hébéergements, que l’on ne traitera donc pas afin d’éviter les redites.

125


Couvertine béton

Montant métallique 50*100mm

BSO rétractable

Ventelle

Etachéité 5mm

Pare-vapeur

Isolant Laine de roche 100+50mm dans plateau

Costière

Couvertine Lisse d’acrotère

Fondation existante

Fondation béton armé

Dalle béton existante Platine métallique

Plancher acier collaborant+béton blanc Dalle béton armé blanc

Dalle béton existante

Bardage acier auto-patinable

Poteau IPN 320

Poutre IPN 320

Poutrelle HEA 320

Protection 5mm Isolant laine de roche 180mm

Drainage 50mm Substrat végétal 150mm


3.2.1. Le centre de recherche * Détail de façade et d’accroche au Bunker Le bunker constitue une assise suffisamment robuste pour supporter le poids de la nouvelle construction, structure légère en acier. Toutefois les raccords entre l’existant et le neuf sont voulus les plus simples possibles, afin d’éviter la détérioration de l’existant, et restant dans la continuité d’une intervention voulue réversible. Au moyen d’IPN et bac acier collaborants, l’on s’accrochera avec peu d’impacts à ces structures bétonnées ; l’on ajoutera tout de même une fondation du côté des plateformes, plus fines et plus instables structurellement, là où la structure neuve dépasse de surcroît cinq mètres. En outre, la structure est dessinée pour n’apparaître qu’en transparence de l’extérieur, reprenant la trame des bunkers et la soulignant légèrement , pour ne se dévoiler réellement qu’une fois à l’intérieur du bâtiment, afin de s’inscrire dans la continuité du concept mis en place à l’échelle du paysage et de renforcer l’image du microcosme interne. A l’exception d’une masse émergente, le projet prend la forme de masses lisses, horizontales, accrochant le moins possible le regard afin de valoriser les fenêtres paysagères. L’architecture se découvre à mesure que l’on s’en approche, et que l’on pénètre en son sein. C’est particulièrement vrai pour les interventions sur les bunkers, la volonté d’envelopper l’existant permet, rappelons le, de les découvrir pas à pas, mur par mur, mais surtout depuis les espaces intérieurs générés par les extensions. En outre, plus on s’étire vers le ciel, plus la structure émerge et plus elle devient apparente, d’où le travail du détail afin de rendre cette structure visible. * Similaire au détail des hébérgements, que l’on ne traitera donc pas afin d’éviter les redites.

127


« A midi, sous un soleil assourdissant, la mer se soulève à peine, exténuée. Quand elle retombe sur elle-même, elle fait siffler le silence. Une heure de cuisson et l'eau pâle, grande plaque de tôle portée au blanc, grésille. Elle grésille, elle fume, brûle enfin. Dans un moment, elle va se retourner pour offrir au soleil sa face humide, maintenant dans les vagues et les ténèbres. » Albert Camus, «La mer au plus près»


3.2.2. l’arriere-cour des hébergements, en immersion dans le payA l’extrêmité opposée, se logent au creux de la topographie existante divers hébergements, de la chambre d’hôtel au T6, répondant aux temps de séjour variables des utiliseurs du Fort, comme précédemment évoqués. Occupant la partie la plus calme, l’aile Ouest est donc idéale pour s’adonner à la contemplation du paysage. Outre l’intervention sur les bunkers, ce programme a de fait recquis l’ajout de surfaces, qui guident le parcours du rempart, que l’on devine à peine sur cette perspective, évoluant entre la végétation et les masses à demi enterrées.

129


émerger progressiveent vers la vue

Emerger

à partir des structures existantes

Envelopper

pour cadrer les deux parcours

1 émerger 1 émerger progressiveprogressivement ment vers lavers vuela vue

2. envelopper 2. envelopper (parcours (parcours et et bunkers) bunkers) 2. envelopper (parcours et bunkers)

Ouvrir

un espace vers la mer pour tous 2. envelopper (parcours et bunkers)

2. envelopper 2. envelo bunkers) bunkers


3.2.2. Les hébergements

Offrir des rapports variables au paysage Les hébergements, eux aussi implantés sur un lieu marqué par la valeur patrimoniale ambiguë des bunkers, connaissent une intervention contemporaine par l’enveloppe. En s’appuyant sur la structure béton existante, l’on conserve la typo-morphologie initiale de ces architectures défensives : Un socle à demi enterré, supportant une coursive au Sud desservant toutes les plateformes et permettant l’accès, par dessous, aux bunkers. Cette disposition était en effet idéale pour un groupement d’appartements où l’objectif était le partage et l’échange, entre ces chercheurs travaillant temporairement ensemble. L’objectif était toutefois de fournir des lieux connectés en permanence au paysage marin alentour. C’est pourquoi dans ce cas-présent, contrairement au centre de recherche, les volumes s’ouvrent par intermittence, conférant à ces nouveaux bâtiments des lieux de vie communs ou individuels dont la nature du rapport au paysage varie. Notons également que l’organisation spatiale ne cesse de tourner autour des bunkers, bien qu’ils soient peu apparents. L’on répond ainsi à la sensibilité de la valeur de ce patrimoine, comme nous le faisions déjà pour le centre de recherche.

131


N

A

2

1

10

8

5

4

6

4 5

6 5

B

3

2 1

11 3

9

5 9

1. Chambres hôtelières 2p. 2. Chambre dortoirs 4p. (auberge) invités et en formation 3. T3 (étudiants) 4. Bunkers scénographiés 5. Salles communes de l’ouvrage 4 6. Récupérateurs d’eau de pluie 7. Accueil hébergement

B’

5

7

A’

Plan Niveau 9m. : Les hébergements cadrent les vues et canalysent les usagers du parcours du rempart, générant des espaces pour l’arrière cour

En blanc, les altimétries 0

10m

20m


N

A 11

10

12.5

B

8 12.5

5

13 2

10.5

3

5

5 4

1. Groupement de 2 T1 (chercheurs) 2. T3 (étudiants/chercheurs) 3. T4 (étudiants/chercheurs) 4. T6 (étudiants/chercheurs) 5. Terrasse panoramique

13.5

3

1 9

9

2 1

2

2

B’

5

A’

Plan Niveau 13m. : La réhabilitation des bunkers émerge à peine, charnière entre le rempart et l’arrière cour.

En blanc, les altimétries 0

10m

20m


0

10m

20m

Coupe transversale de la mer à la Terre AA’.

+16.4

+16.4

+13.6

+13.6

+11.6

+9

Coupe transversale BB’ sur un T2 : Deviner l’horizon à l’abri

0

2m

+9

5m

Zoom sur Coupe transversale AA’, le bunker : S’immerger dans l’horizon et la Nature


3.2.2. Les hébergements

Offrir des rapports variables au paysage La variété des rapports au paysage sont bien lisibles ici : au Sud, les espaces communs se déploient en demi niveaux, largement ouverts sur l’arrière cour qui offre en ces lieux un jardin abrité du vent et plutôt intimiste, étant la fin du parcours. Un espace commun à la vue panoramique sur le paysage se dégage également, sur le toit du bunker : pour y parvenir, l’hébergé poursuit lors de son ascension la découverte du bunker, tournant autour de ce dernier alors même que le paysage se dévoile à lui. En outre, à la manière des espaces de pause du centre de recherche, le mur de soutènement existant des bunkers reste une fois de plus apparent, signalant la présence de cette continuité originelle : contre lui se déploient là aussi des espaces de pause, propices à la contemplation individuelle du paysage, depuis chaque chambre. Ainsi, l’appropriation des ces habitats est conçu pour évoluer au rythme des conditions météorologiques, et répondre ainsi à la mobilité alentour du paysage par une mobilité humaine,faisant ainsi encore perdurer le caractère initiatique du lieu pour l’homme. L’on apprend, ou ré-apprend, au sein du Fort, à vivre au rythme de la nature environnante.

135



iii.3. L’ARRIERE COUR Du Fort Orienter et transmettre Le Fort, imposant par son ampleur et sa pérennité, impose d’emblée une intervention architecturale particulière. L’obsolescence de son usage militaire nous questionne, aujourd’hui, sur ce que peuvent devenir ces espaces généreux, mais incroyablement tramés, symétriques, et donnant de fait au visiteur une sensation proche du vertige. Intervenir en ces lieux supposait donc avoir un grand respect pour l’harmonie dégagée par ce fort, en excellent état de conservation, tout en venant casser cette monotonie géométrique. Il s’agissait d’apporter un nouveau rythme, afin que les trames du Fort se lisent davantage comme des séquences s’enrichissant les unes les autres, plutôt que comme une répétition infinie d’ar-

chitecture fonctionnaliste militaire. En outre, la surface exploitable étant déjà très vaste, il ne s’agissait pas d’intervenir pour ajouter des surfaces programmatiques : l’intervention se veut dans la continuité de la stratégie, une suture par le biais des parcours. En adoptant un paysagisme en bandes, l’on s’efface, modeste par rapport à la façade magistrale du Fort, en en reprenant toutefois sa trame : l’on décline sous les pas du visiteur cette architecture répétitive. De nouvelles séquences viennent alors animer cet espace : depuis l’espace scénogaphié lié au parcours souterrain et au programme d’exposition du fort, jusqu’aux séquences plus largement végétalisées en relation avec la bibliothèque et l’espace de

137 restauration. En outre, l’acier autopatinable viendra rendre le jardin vivant toute l’année : contrastant avec le vert de la végétation l’été et le printemps, se fondant avec cette dernière en automne dans des coloris rougeoyants, et animant de sa structure brute l’espace, face à la végétation inerte l’hiver. L’intervention architecturale reste donc limitée, mais détient le rôle fondamental de redonner un sens à ce vaste espace, mais surtout d’être capable de faire transiter le public depuis l’arrière du Fort jusqu’à l’intérieur de l’hémicycle. L’espace paysager se décline donc au gré des programmes accueillis dans la trame correspondante, amenant à transiter à travers le Fort dans l’espace à caractère événementiel .


A

N

C’

C 3

1 2

1. Parcours souterrain didactique 2. Vestiaires et lieux de stockage (plongée/baignade dans la fai lle) 3. Salle de l’épave

A’

Plan R-1 : Le parcours sensoriel souterrain, lieu d’apprentissage de l’histoire du lieu

0

10m

30m


N

A

5

C’

B

C

8

3 6 7

2

2

2

2

2

3

C

3

3

3

3

7

3

4

5

4

4

5

B’

7

5,7

C’

5.5

1

A’

6

5

9

Plan Rez de Chaussée du Fort : Le visiteur oscille entre les chemins de la mémoire et les nouveaux usages proposés

.

1. Centre de Formation 2. Salles de conférences 3. Salle d’exposition des travaux de chercheurs 4. Bibliothèque 5. Cafétérias et lieux de restauration 6. Cuisines, stockage, locaux techniques 7. Sanitaires 8. Accueil 9. Parking 0

10m

30m


Chéneau métallique acier auto-patinable

Dalle béton blanc armé

Mur en pierre existant (moellons) Couche de protection Béton ferrock Bande résiliente

ersion

0

1m

5m

Extrait de coupe AA’ : Dévoiler la mémoire du lieu sous les pas du visiteurs, inciter à la plongée dans l’histoire, via le parcours sous-terrain

Détail d’accroche à la façade existante en dessous du niveau existant Echelle 1:10e


iii.3. L’arrière-cour du fort Sous-face / surface Sous les pieds du visiteurs apparaissent au coeur de l’arrière cour les vitrines liées à l’histoire du lieu, exposant quelques objets notoires, observables totalement depuis le parcours souterrain. Ce dernier ne s’envisage pas vraiment comme une galerie d’exposition, mais davantage comme un parcours sensoriel, didactique - sans quoi une simple exposition aurait pu prendre place dans le Fort. En effet, il permet de relier les deux plages privées entre elles (jusqu’alors isolées) et d’ainsi instaurer une continuité du parcours, notamment du Parcours du Rempart : sans passer par le Fort et voir réellement sa façade, l’on peut en saisir son architecture tramée grâce à la répétition des puits de lumière. L’on ressent l’architecture autrement que par la vue : par l’expérience sensorielle de la lumière. Ce parcours permettant également lors de son ouverture l’accès à la salle de l’épave en tant que visiteur, il est conçu comme étant potentiellement submersible en cas de fortes marées, et revêt de ce fait l’aspect rugueux et profond du béton ferrock. Ce parcours vivra donc au rythme de son paysage environnant, poussant les plus curieux à s’y aventurer régulièrement, afin d’y percevoir les changements.

141


Appui de porte acier auto-patinable

Dispositif d’éclairage

Dalle béton blanc armé

+13.5

+8.1

+5.5 Mur en pierre existant (moellons)

Plaque acier auto-patinable massive

+2.2 Couche de protection Béton ferrock Bande résiliente 0

1m

5m

Signaler les entrées intermédiaires des différents programmes du Fort et les usages : Un mur pour une dualité d’information, de l’ancier usage au nouveau

Ferraillages à béton diamètre 12mm*3

Détail d’accroche à la façade existante en dessous du niveau existant avec ouverture : Echelle 1:10e


iii.3. L’arrière-cour du fort Sous-face / surface Un jeu entre la sous-face et la surface, le Fort dans son histoire / le Fort déjà reconverti, s’instaure donc. L’image même des murs de corten expliquant les usages antérieurs en sous-face et signalant les nouveaux en surface reflète l’esprit de ce parcours souterrain. Le lien entre la façade historique et la nouvelle façade de béton ferrock possède donc cette responsabilité du lien entre deux mondes. Traitant tantôt l’éclairage nocturne de la façade (détail ci-contre), et tantôt l’écoulement des eaux de pluie (détail page précédente) jusque dans le bassin de la Transversale, un empiècement métallique filera tout le long de la façade du Fort, signalant l’intervention contemporaine creusé dans la masse, au dessous.

143


ldville

l’Ala

bam

a

Le Vend émiair

e

po Le léo

2018

2030 Croquis de l’axe du Léopoldville : un fil liant mémoire, paysage et architecture

L’évolution potentielle dans le temps : l’hémicycle mémoriel s’enrichit au fur et à mesure des découvertes des chercheurs


iii.3. L’hémicycle mémoriel Ouverture finale du parcours abrité Etant probablement l’espace le plus remarquable du site, la conservation de sa lecture d’ensemble fût une priorité pour le projet. Cet espace à caractère événementiel, pédagogique et en même temps très poétique de par son ampleur et sa connexion panoramique au paysage s’habite donc, humble et plane, de simples fils d’acier auto-patinable. Filant vers le paysage, ils pointent directement dans la direction des épaves détectées à proximité du Fort par les chercheurs, qui reposent au large, leur histoire étant racontée tout au long de ce fil. Souvent métalliques car héritées pour la plupart du XIXe ou XXe siècle, elles sont vouées à disparaître au gré de leur corrosion. L’espace de l’hémicycle retiendra donc, en son sein, la mémoire de ces épaves; dialoguant à la fois avec le programme du Centre, l’histoire du lieu - ses batailles navales et son utilisation

antérieure pour les recherches d’épaves - et la dimension pédagogique du pôle occupant le Fort lui-même. Les habitants eux-même seront en mesure d’apprendre davantage sur leur paysage. Le fil d’acier incarne donc le chemin de l’histoire, tout comme dans l’Arrière-cour, créant une continuité, un repère. En outre, si le nombre de ces épaves est aujourd’hui de trois, il est amené à grandir à l’avenir, un travail d’installation très simple était donc recquis pour pouvoir envisager son enrichissement futur.

Enfin, avec la simplicité de ce traitement extérieur, La Transversale pourra pleinement s’exprimer, et se démarquer - devenant bel et bien un évenement particulier à un instant t, au sein de cette architecture de la répétition.

145


Le son et la lumière

un couloir technique desservant des salles indépendantes

L’air

renouvelé grâce à l’exploitation du couloir aspirant


iii.3. Le Fort réhabilité Exploiter la conception de l’existant Le Fort nécéssite peu d’interventions en terme de réhabilitation. La pierre des façades, très épaisse et en excellent état permet d’emblée de tirer parti d’une grande inertie et donc de traiter efficacement l’isolation. Un simple changement de menuiseries sera nécéssaires, fixes pour les grandes baies, et à ventelles sur les meurtrières. L’on pourra ainsi exploiter le grand couloir de circulation pour ventiler naturellement et rafraîchir l’espace en été. En outre, l’on conserve les voûtes épaisses du Pierre des toitures, et démolissons, pour la plupart des travées, les planchers intermédiaires en bois, faisant ainsi profiter les programmes d’une belle hauteur sous-voûte, d’une acoustique agréable, et d’une meilleure entrée de lumière naturelle. Le couloir s’agrandit également, évitant l’effet d’en-

147


« Un matin, [….], les vagues viennent de l'Est invisible, une à une, patiemment, repartent vers l'Ouest inconnu, une à une. Long cheminement, jamais commencé, jamais achevé... La rivière et le fleuve passent, la mer passe et demeure. C'est ainsi qu'il faudrait aimer, fidèle et fugitif. J'épouse la mer. » Albert Camus, «La mer au plus près»


III.4. La TRANSVERSALE ET LE FORT Des lieux catalyseurs d’expériences Le parcours de « La Transversale » trouve, au sein de l’arrière cour du Fort naturellement sa place : par le travail de creusement, délitation du sol, le fort peut désormais se parcourir de haut en bas, et du Nord au Sud. La fonction diffusatrice des programmes qu’il abrite prend dès lors tout leur sens : à travers cette trame nouvellement séquencée, l’usager pourra passer d’un vecteur de diffusion de l’archéologie sous-marine à un autre, en étant tantôt davantage absorbée par la trame Sud, abritée du vent et des flots par la topographie naturelle, tantôt par la trame Nord, en corrélation avec le parcours circulaire de l’hémicycle. Le visiteur glisse ainsi de la Terre à la Mer à

travers le Fort, conférant à l’intervention architecturale un caractère transperçant, malgré le peu d’interventions physiques sur les bâtiments existants, le but étant de restant très humble face à ce patrimoine exceptionnel. Ce parcours transversal s’inscrit dans ces séquences proposées, en prenant la forme d’un événement particulier qui amplifie les caractéristiques précédemment amorcées dans les trois autres parcours horizontaux (Rempart, Douanier, Arrière-cour) : le rapport à la terre et à l’eau est plus profond, la verticalité prend plus de hauteur. Il s’agit là des points où le rapport au paysage atteint son paroxysme.

149


Coupe longitudinale AA’ sur «La Transversale», de l’apesanteur à l’immersion marine

1. signaler

1. signaler

Signaler

les entrées programmatiques

2. déployer en conservant l’horizontalité magistrale du fort / l’hori2. déployer en conservant 2. déployer en conservant l’hori- en conservant l’hori2. déployer Excavation zontalité magistrale du fort / zontalité magistrale duzontalité fort / magistrale du fort / Excavation Excavation Excavation

déployer

De la mer jusqu’au ciel

0

5m

15m

3.ORIENTER

Orienter

3.ORIENTER

3.ORIENTER

le long des axes forts

4. Séquencer 3.ORIENTER

4. Séquencer

Renseigner 4. Séquencer

sur l’histoire du lieu

4. Séquencer


iii.4. La transversale et le fort Déliter le sol - conserver la lecture du fort dans son entièreté La figure du catalyseur est très évocatrice de l’intention donnée à l’unique masse émergente contemporaine sur l’ouvrage central. Se voulant vecteur d’expériences paysagères et naturelles, il marque l’aboutissement de la découverte des plus curieux, l’apogée de la rencontre en l’homme et la Nature à travers une architecture. En cet édifice s’incarne la mise en tension d’une architecture extrêmement enracinée, d’une vue dégagée et d’une eau mouvante et instable, qui peuvent se rencontrer et s’entrecroiser. Comme l’évoquait François Jullien1, « c’est de l’accouplement des deux – la stabilité de l’enracinement d’une part, la fluidité de l’écoulement de l’autre – que se déploie le Monde » : l’ambition de cette intervention contemporaine est finalement de faire aboutir cet accouplement, amorcé par les concepteurs au XVIIIe siècle. S’enfonçant dans la Terre et traversant les fondations enracinées du Fort, l’enjeu est d’aller chercher la Mer et donner une possibilité d’exister à cette rencontre, qui aujourd’hui se lit davantage comme une confrontation qui n’a plus lieu d’être. En effet,

nous parlions d’obsolescence militaire : le fort n’a plus sa fonction de défense contre l’ennemi à assumer, il pleut donc pleinement se concentrer sur sa fonction d’écrin pour l’homme au milieu des forces de la Nature. Il devient le vecteur d’expériences paysagères nouvelles, initiant l’usager à un instant t, pendant une temporalité plus ou moins longue, à rentrer au contact des éléments, qu’il soit plongeur, amateur, ou rêveur, en étant toutefois protégé et guidé. L’usager pourrait de fait en ressortir grandi, et davantage à même d’entrer en contact avec le paysage, de l’interpréter, une fois relâché dans un environnement totalement naturel, et donc nettement moins maîtrisable. Si le lien à la plongée est aisé – les élèves en formation s’initieront en ces lieux protégés aux méthodologies du métier, et à l’expérience de ce sport complexe – il se décline pour chaque usager, selon le ressenti de chacun. Empruntant à la philosophie japonisante du paysage « il y a d’une part, ce qui tend vers le haut (la montagne) et de l’autre, ce qui tend vers le bas (l’eau) : le vertical et

l’horizontal, Haut et Bas, à la fois s’oppose et se répondent » (F.Jullien), le projet tentent de faire se rencontrer ces deux opposés, la Montagne – l’édifice construit- et l’Eau -la mer. Sa dénomination, catalyseur, se justifie dans le sens où ces deux opposés, perpétuellement en tension dans ce patrimoine militaire, se rencontre en ces lieux en un temps relativement court et un espace relativement étroit : les sensations sont de ce fait supposées accélérées, bien que progressivement amenées et identifiables grâce à une matérialité conceptuellement liée à ce rapport immergé/émergeant. Ainsi, proposant une nouvelle nuance dans la rencontre de l’architecture héritée avec son environnement, l’intervention assume le dépassement de l’idée d’une masse bâtie figée, se dressant parmi et contre les flots, et subsistant malgré elle : la limite devient si poreuse qu’elle permet à des inter-relations d’exister à travers le bâtiment existant, en conservant toutefois sa dimension sinon de guide, du moins d’initiateur dans le rapport à la Nature. On ne va pas contre la nature du Fort, on la catalyse.

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garde-corps verre pincé

+13m

ferraillage à béton diam.12mm*3 poutre IPN 180

apensateur intérieure

pied métallique soudé acier autopatinable +5m

1. Façade Sud du Catalyseur :De l’horizontalité à la verticalité, une matérialité évocatrice des changements d’états, en adéquation avec les façades patrimoniales du Fort existant 2. Coupe transversale sur le Catalyseur : L’entrée en contact avec les éléments naturels à leur paroxysme 3. Détails de superposition des matérialités

M.H +3.4m

0

2m

GSEducationalVersion

M.M +1.7m

béton de site

M.B -0.2m

ferraillage

5m

M.H : marée haute à très forts coefficients / M.M : marée haute à coefficients moyens / M.B : marée haute à très bas coeff.

béton ferrock


Le catalyseur De l’apesanteur à l’immersion marine Figure marquante de la Transversale, finalement du projet dans sa globalité, étant visible de partout, ce catalyseur incarne l’unique verticale croisant toutes les horizontales déployées sur la totalité de la presqu’ile. On y lit la délitation de la masse du monde sous-marin et enterré jusqu’au monde aérien, l’aboutissement en un volume du concept initial marquant la matérialité. Pour les plus rêveurs, à mesure que l’on s’élève vers le ciel, puis qu’on dépasse le fort, le catalyseur s’efface, se délite en lames métalliques fines fuyant dans le ciel, laissant au Fort sa domination. Même le sol semble se décomposer sous nos pieds : seuls les ferraillages à béton restent, semblant n’être plus que la structure apparente du béton que l’on arpentait quelques marches plus tôt. D’un seul mouvement de tête l’on perçoit le ciel, la totalité du site que l’on comprend enfin, puis l’eau, mourant au pied des murs du catalyseur, appelant à l’immersion. Cette dimension transversale confère à l’intérieur de cet édifice un caractère très introspectif, à l’acoustique et aux ambiances lumineuses très particulières. Pour les plongeurs, l’on descendra au contraire dans la rugosité de la masse qui semble avoir été taillée, pour s’engouffrer dans la faille creusée dans le sol, traversant le Fort.

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L’apesanteur du belvédère

« Pleines eaux. Le soleil descend, est absorbé par la brume bien avant l'horizon. Un court instant, la mer est rose d'un côté, bleue de l'autre. Puis les eaux se foncent. La goélette glisse, minuscule, à la surface d'un cercle parfait au métal épais et terni. […] des centaines de marsouins surgissent des eaux […] Eux partis, c'est le silence et l'angoisse des eaux primitives.» Albert Camus, «La mer au plus près»


L’immersion dans les parcours sous-marins de la faille

« L'aube. […] les eaux gémissent et se convulsent. Le jour se lève sur une mer houleuse, pleine de paillettes d'acier. Le ciel est blanc de brume et de chaleur, d'un éclat mort, mais insoutenable, comme si le soleil s'était liquéfié dans l'épaisseur des nuages, […] L'étrave débusque des nuées de poissons volants, petits oiseaux de fer, hors de leurs buissons de vagues. » « nous plions sous les vents sauvages [...], Chaque cri que nous poussons se perd, s'envole dans des espaces sans limites. » Albert Camus, «La mer au plus près»


+5m

M.H +3.4m

M.M +1.7m

M.B -0.2m

Coupe transversale CC’ sur la faille : vivre au rythme des marées M.H : marée haute à très forts coefficients / M.M : marée haute à coefficients moyens / M.B : marée haute à très bas coeff.

0

1m

5m


La faille réponse aux besoins du DRASSM, et rencontre physique avec la mer Cité par les archéologues du DRASSM comme un espace nécessaire et manquant en France pour les plongeurs débutants, la Faille, délitée dans les alluvions de l’hémicycle existant, devient un lieu pédagogique aussi bien pour les élèves que pour les visiteurs. Les plongeurs, eux, peuvent se confronter aux réelles conditions sous-marines : dans une eau mouvante et saline, parfois trouble, ils pourront apprendre à porter l’équipement, à manier les objets notamment pour les relevés in situ. Ils pourront également appréhender la sensation d’oppression qui peut survenir dans l’exploration de certaines épaves au sein des cavités des parcours de plongées mis en place entre les dalles émergentes. Les visiteurs, eux, pourront observer au sein de cet espace didactique sur la pratique de l’archéologie sous-marine, peut-être après avoir assisté à une conférence ou visité l’exposition, à une séance d’entraînement réelle de plongeurs. Ils pourront également observer, à marée basse, quelques objets-type que les chercheurs pourront laisser en

ces lieux. La faille peut aussi devenir un allié essentiel pour les chercheurs, afin d’entretenir leur forme physique sur leur temps libre, en nageant simplement. Allant chercher la rencontre avec la mer tout en restant sécurisé est le concept même de cette brèche pédagogique, l’on accepte donc d’y vivre, au rythme des marées, comme le font les chercheurs lors de leurs fouilles in situ. Cette faille ne pouvait s’envisager en un autre lieu : protégée des courants les plus forts de l’axe Nord Est, mais directement connecté à la mer, et au coeur même du Pôle Diffusion. Elle se positionne également sur le parcours de l’apprentissage, l’eau de mer venant également remplir la salle de l’Epave située dans le Fort. Cette salle fait écho à un projet du DRASSM jadis envisagé mais abandonné pour cause de moyens : pouvoir confronter ses élèves à l’exploration d’une épave reconstituée. Projet très coûteux, il ne pouvait qu’être au sein d’un espace clos, à l’accès contrôlable, d’où son positionnement dans le Fort.

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Dimanche 11 Mars 2018

Mardi 20 février 2018

Mardi 11 septembre 2018

M.H +3.4m M.M +1.7m M.B -0.2m

La faille est à sec.

La faille est partiellement remplie.

La faille est immergée totalement.

Marée haute Coefficient de marée : 30 Coefficient le plus bas de l’année. Hauteur de la mer maximale : 4,3m Amplitude de marées : 1,5m en 7h

Marée haute Coefficient de marée : 84 Coefficient moyen. (80% de l’année) Hauteur de la mer maximale : 6,2m Amplitude de marées : 4,83m en 6h

Marée haute Coefficient de marée : 111 Coefficient le plus fort de l’année. Hauteur de la mer maximale : 6,9m Amplitude de marées : 6,3m en 6h40

1 dalle de 25cm immergée toutes les 20min.

1 dalle de 25cm immergée toutes les 15min.


La faille

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Vivre au rythme des marées Venant encercler le Catalyseur et se faufilant à travers les fondations des casemates et du Fort, l’eau se déploie au sein de la presqu’île, donnant une nouvelle temporalité de vie aux espaces de part et d’autre du Fort. Habitée par les eaux marines, la faille devient un sablier vivant, donnant à lire le rythme des marées depuis l’intérieur du Fort. Par cet intermédiaire, les usagers gagneront un repère temporel différent de celui du jour, repère qui permettra d’organiser également les temps de la journée- du plongeur, du visiteur, du chercheur, en fonction de leur besoin en terme de montée des eaux. A la manière d’un récit quotidien, cette faille marque incisivement l’harmonie retrouvée entre l’homme et son environnement. Sa dimension pédagogique s’ancre dans la logique de rite intiatique : chaque jour, l’usager, quelque qu’il soit, apprendra davantage sur cette mer, qui pas à pas, monte et descend, s’infiltre, remplit, ou

vide les espaces. Chaque dalle, de vingt-cinq centimètres, mettra en moyenne 15-20 minutes à être engloutie par la montée de la marée, mais combien de temps faudra-t-il à l’usager pour mesurer ce sablier ? Puis, lorsque la dalle réapparaîtra à la marée prochaine, l’usager pourra y redescendre, et modifier sa perception de l’horizon, ainsi que des éléments qui l’entourent. L’architecture mise en place devient dès lors un support de lecture du paysage changeant, mais ce dernier possède également la force de donner une lecture différente de l’architecture : la lumière, par ses reflets ou son absence, l’acoustique, plus ou moins profonde et sourde, la profondeur, la matérialité, plus ou moins humide ou contrastée, ne cessera d’évoluer sous les yeux des hommes. Le long du Douanier, du Rempart et de l’Arrière Cour, exposé aux paysages naturels et ouverts, l’on vit le rapport au paysage dans une frontalité assumée. Contemplatif et

immergé à la fois, l’on cheminera, s’interrogeant sur soi-même, sur ce qui nous entoure, guidés par l’architecture. La Transversale sera, elle, l’occasion d’aller plus loin. Coupé du reste du paysage par la topographie et le Fort, l’on ira chercher le ciel – ses couleurs et géométries variables – ou l’on s’enfoncera un peu plus loin dans les profondeurs de la mer, sentant l’horizon peu à peu disparaître de notre regard. A la manière d’Albert Camus dans « la mer au plus près », l’usager constatera qu’au gré de ses visites, ce même environnement ne cesse de prendre des teintes et ambiances différentes, lui procurant des sensations, des sentiments, des expériences et possibilités fondamentalement hétérogènes. C’est un véritable microcosme interne qui se développe sous le niveau du sol existant, à travers ce fort, depuis le parcours souterrain jusqu’à l’extrémité de la faille en eau.


Mur en pierre existant

Garde-corps en verre pincé

+5m

M.H. +3.4m

Linteau béton ferrock Double IPN 320 noyé

+5m

M.M. +1.7m Poteau acier auto-patinable diamètre 150mm Poutre filante encastrée béton ferrock

M.H +3.4m

0.3m

engravure de la dalle en béton ferrock dans le mur en pierre existant

M.M +1.7m

0

2m

0.3m -0.2m

5m

L’entrée de l’eau dans le Fort : l’état de porosité de la façade extérieure des casemates sur le passage de la Transversale - Laisser passer les éléments naturels, sécuriser l’homme à l’intérieur

Détail d’ouverture : Percer la pierre massive


La faille

La limite des casemates devenue poreuse La limite des casemates, symbole même de l’architecture du lieu, fût envisagé dans le projet comme une limite à ne pas dépasser, au même titre que les murs bastionnés assurant la charnière entre la mer et la presqu’île. Cette limite franche est l’identité du site. Alors, ici semble s’achever le parcours de l’usager, qu’il soit à la nage ou à pied, à l’arrivée de cette limite. Toute fois à l’endroit précis de la Transversale cette limite devient si poreuse qu’elle invite à prolonger l’expérience au delà,de par les fonds marins. En réinterprétant, ici, de manière contemporaines, les larges grilles des douves militaires, aux barreaux épais, l’on permet le passage de l’eau, glissant entre les poteaux circulaires, ne permettant pas l’encrassement, mais non le passage de l’homme. Le Fort conserve ainsi son usage et sa vocation : sécuriser l’homme, tout en se fondant dans son paysage environnant.

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iii.5. Référentiel /

1. UnStudio, Tea House on Bunker, 2014 Prenant appui sur un bunker sur pilotis de 1936, le nouveau club house se déploie avec une vue panoramique sur la nature environnante. La choix d’une structure légère, métallique, fait suite à la commande de rendre l’intervention potentiellement réversible.

Interventions en enveloppe et excavations, aménager le paysager en symbiose avec l’homme

2. D. Perrault, St-Germain-en-Laye, centre de conférences, 1991 Afin de conserver le château, et de modifier le moins possible la perception de ce patrimoine, Perrault intervient en excavant autour des fondations, puis déploit le centre, jouant avec le reflet de l’existant.

3. Agence TER, Parc du Trapèe, Boulogne Billancourt, 2017 4. Piscine de Siza, Matosinhos, 1961 Les deux projets dialoguent avec la variation du niveau de l’eau, rendant les parcours accesibles incertains, changeant. Comme l’exprime TER sur son site, à propos du projet, «Certains milieux revêtent un caractère pérenne, d’autres, de nature réversible, subissent des transformations continues liées aux variations du niveau d’eau qui redéfinit régulièrement la configuration du jardin.»


5. Agence TER, Jardin Floorworks, Genève 6. Philippe Prost, Réhabilitation de la Cartoucherie Ces deux projets mettent en place à l’aide de bandes d’acier auto-patinable un paysagisme en bandes, conférant un rythme, et ordonnant les possibles parcours de l’usager. La matérialité, changeante au gré des intempéries, dialogue facilement avec la végétation évolutive, créant un réel jardin vivant , du contraste en été à l’inertie brut en saison d’hiver.

7. Fort du Cap Lévi Presque voisin du Fort de Querqueville, le fort du Cap Lévi, bien que de bien petite taille, amorce les mêmes intentions : assumer la frontalité avec la mer, et prévoir divers espaces plus ou moins abrités, avec plus ou moins de vue, à l’intérieur de l’enceinte du Fort. Réhabilité par des particuliers, il est aujourd’hui reconverti en chambres d’hôtes mais reste ouvert au public la journée, rendant publique la déambulation entre ces murs historiques.


« Un matin, enfin, nous relachons dans une baie pleine d’un étrange silence, balisée de voiles fixes. Seuls, quelques oiseaux de mer se disputent dans le ciel des morceaux de roseaux. [...] Le soir venu, sous le ciel qui verdit et recule, la mer, si calme pourtant, s’apaise encore. De courtes vagues soufflent une buée d’écume sur la grêve tiède. Les oiseaux de mer ont disparu. Il ne reste qu’un espace, offert au voyageur immobile ».


IV. OUverture Aboutir le projet urbain pour Querqueville La démarche de ce projet s’envisage comme un travail, lieu par lieu, des ambiances qui pourraient se développer au sein de la presqu’île du Fort, en corrélation avec leur paysage. Si l’echelle est déjà grande, l’enjeu si l’on pouvait encore aboutir ce projet serait de reproduire cette démarche tout le long du parcours urbain proposé sur Querqueville, au début de ce rapport - depuis le haut de la Chapelle Saint-Germain où l’on aperçoit déjà le Fort, la Digue, et bien sûr tout le paysage marin, jusqu’au Fort lui-même, en passant par le vieux bourg de Querqueville. Ainsi aboutirait l’initiation au paysage des visiteurs dans son entièreté, et le désenclavement total et pérenne du Fort. En effet, ici mise en place sur la partie finale de ce parcours, l’on partait de fait d’un espace déjà relativement ancré dans le paysage, bien que connaissant des rapports vraiment variables. Alors travailler un urbanisme paysager évolutif et sensible à chaque changement de l’environnement proche, amenant à ce paroxysme de la Transversale depuis la vieille ville où rien ne s’aperçoit encore serait une finalisation fondamentalement intéréssante de ce projet de fin d’études ; dans la perspective où l’on pourrait encore le développer sur les prochaines années.

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V. BIBLIOGRAPHIE & Ressources / Patrimoine militaire de querqueville - Eckendorff G., «Au sein du système défensif avancé de cherbourg au XVIIIe siècle, l’exemple du fort de querqueville (1776-1811)», 2000, thèse Faculté de Caen. - Meynen N., «Valoriser les patrimoines militaires, théories et actions» Ed. Art et Société, Presses universitaires de Rennes, 2010, 246p. - GODET O., «Patrimoine reconverti, du militaire au civil», Paris, Ed. Scala, 2007 - DALLEMAGNE F. , «Patrimoine militaire», Paris, Ed. Scala, 2002, 327p. - AGOSTO Arnaud, «Le Mur de l’Atlantique sur le territoire français, un héritage assumé ?» Mémoire de Master, 2015-16 ENSAL

Thème de l’expérience initiatique, Rapport Homme/Nature dans la littérature - BAUDELAIRE Charles, « Les Fleurs du Mal », Recueil de Poésie, Ed. Gallimard,1961, 249p. - GIONO Jean, « Fragments d’wun paradis : les anges », 1974, Ed. Gallimard, 192p. - STEFANSSON Jon Kalman, « Entre Ciel et Terre », 2011, Ed. Gallimard, 270p. CAMUS Albert, « La Mer au plus près », 1954, 13p. Archéologie sous-marine

- gallica.bnf.fr

- CHARPENTIER V. (dir) «l’archéologie sous les eaux» Ed. errance, Paris, 1994, 93p.

- Site de cartographie de Cherbourg: https://cherbourgsig.maps.arcgis.com/home/index.html

- L’HOUR M. et VEYRAT E. « Mémoire à la mer : plongée au coeur de l’archéologie sous marine», Ed. Actes Sud, 2016, 80p.

- Site de l’office du tourisme : cherbourgtourisme.com

- «Archéologie sous-marine : Vingt ans de recherche sur les côtes de France», Nice ENAC, 150p.

- Consultation d’archives au service national de la défense à Cherbourg-Octeville Paysage - JULLIEN François,«Vivre de paysage ou l’impensé de la raison»,2014,Ed.Gallimard, 272p. - Diedrich Lisa ; « Territoires : révéler la ville par le paysage », Agence TER, Birkhäuser, 2009

- Documentaire Thalassa, «ils ont inventé le débarquement», France 3 : vendredi 30 mai 2014 à 20.45, consulté le 25.11.2018 - http://www.culture.gouv.fr/culture/archeosm/fr/ - Entretien réalisé avec Cécile SAUVAGE, Conservateur du Patrimoine, DRASSM et son équipe.


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