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Presqu'île

PRESQU’ÎLE

En quoi la mer et ses aléas interagissent-ils sur le développement territorial et identitaire de la presqu’île guérandaise ?

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En mer, l’aléa climatique est une constante inévitable. Il apprend au marin l’anticipation car ses effets, parfois catastrophiques, lui imposent de prévoir l’imprévisible. En naviguant, le marin se forge une mémoire du risque qui lui est indispensable à sa survie. Elle lui permet de reconsidérer les contraintes de l’océan.

Sur terre, trop éloigné du fracas des vagues, du vent et des embruns, le sentiment trompeur d’invulnérabilité peut vite apparaître. Il peut conduire notamment à l’oubli du risque climatique. Certaines tempêtes récentes, ayant entraîné des phénomènes de submersions destructeurs, rappellent que le terrien qui séjourne sur le littoral doit désormais s’approprier les problèmes du marin.

À l´heure actuelle, les catastrophes naturelles résonnent souvent comme des phénomènes exceptionnels : «On n’a jamais vu cela depuis des siècles» a t-on souvent dit après la tempête de Xynthia survenue pendant l’hiver 2010. Mais ces allégations sont-elles fondées sur des faits historiques? N’est-on pas responsable de ces catastrophes?

Figure 14 : Croquis des Immeubles en vague, Pornichet.

Figure 15 : Croquis schématique des immeubles qui composent le remblai.

E

D E S G R A I N S D E S A B L E D A N S L’ENGRENAGE ?

En s’intensifiant avec le temps, l’occupation massive du front de mer a dérégulé le transport des sédiments et appauvri le matériau constitutif des plages : le sable. En édifiant le port de Pornichet qui s’avance en mer ouverte, à l’est de La Baule, nous avons gravement perturbé les mécanismes hydrodynamiques et morpho-sédimentaires en bloquant le transit des matériaux véhiculés par la dérive littorale. Ainsi, des atterrissements 1 se sont formés contre la jetée tandis que les sections situées au-delà – La Baule principalement – maigrissent et reculent car elles sont privées d’apports sédimentaires. Cette problématique est invisible aux yeux des habitants – notamment temporaires – car les rechargements en sable s’opèrent tout au long de l’hiver. Cet entretien de la plage nécessite également des quantités astronomiques de sable: en 2003, deuxcent-quinze-mille mètres-cubes de sable ont été extraits du banc des Charpentiers. Aujourd’hui, il ne reste que vingt pourcents de ce sable... Les services techniques ont également apporté des enrochements sur la plage pour tenter de fixer le sable au niveau de la limite: La Baule / Pornichet.

1 // Dépôt de terre, de limon, de sable, de gravier, que la mer ou les cours d’eau accumulent sur leurs bords.

Figure 17 : Remblais et plage de La Baule.

A

AU PAYS DE L’OR BLANC

Mon intérêt pour ce littoral se porte essentiellement sur les marais salants. Y ayant travaillé, je me suis attaché au savoir-faire des paludiers 1 et au paysage aquatique que ces derniers ont conquis par la bêche et la sueur. Les marais sont la toile d’un paysage complexe et tortueux que le pinceau paysan a produit sur des siècles, en édifiant de « simples » infrastructures de glaises. Cette architecture de terre, constituée d’un ensemble de canaux et de bassins, forme au cœur du territoire, une mosaïque d’argile hors d’échelle. Au premier regard, c’est un paysage qui paraît rectiligne. Dans son cœur, le sentiment d’un espace infini domine. Seuls les clochers de Batz-sur-Mer et du Croisic, ainsi que le contour bien marqué du coteau de Guérande, percent la ligne de l’horizon. Ils sont d’ailleurs, les uniques repères lointains pour retrouver sa route au centre de cet écheveau complexe. En pénétrant dans ce plat pays, le vent galope dans une course folle – il souffle un parfum d’aventure qui nous dépayse du territoire périphérique. Lorsque l’on s’y promène, on est toujours captivé par les motifs et les reflets colorés que confère l’omniprésence de l’eau au

1 // Lat.palus, paludis, marais. Paludier signifie littéralement, l’homme du marais.

Figure 19 : Peinture, Vieux paludier du Bourg de Batz.

Figure 21 : Première de couverture du journal Le peuple Breton.

Figure 22 : Première de couverture du journal Le peuple Breton.

Figure 23 : Affiche de protestation.

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