NUMERO DOUBLE
JANVIER 2001
N 84-85
Bulletin de liaison de la Commission Plongée de la Fédération Française de Spéléologie Au sommaire de ce numéro : Page 2 : Editorial- Joëlle Locatelli 3 - Cul Froid - Bulles Maniacs 8 - Anglanat - Jean-Marc Lebel 11 - Deujeau - Challand - Jean-Marc Lebel 15 - Crégols - Jean-Marc Lebel 20 - Le 220 v en siphon - .Teff Leillot 22 - La Balme - Freddo-Laurent Tarazonna 24 - Matka 2000 - Frank Vasseur 31 - Les Goulettes - Philippe Radet d'après Arnold Haid
35 - SGCAF - Philippe Cabrejas 36 - Le trou du Mongol - Vincent Lignier 42 - Le papier miracle - Nathanaël Boinet 43 - Les 7 péchers capitaux du plongeur spéléo par Pierre Eric Deseigne 45 - La Dragonnière - Fred Bonnacossa 46 - Yuc 2000 - Fred Bonnacossa 46 - Quintina Roo 2000 - Fred Bonnacossa
gonrrVE a
HEUREUE ANNE 2001 p o u r Coutes et ~ o u s
D e belles
plongées, de
bonnes premières,
Dessin de Pierre Eric Deseigne
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Editorial : Joëlle locatelli En cette nouvelle année, je vous présente, à vous et à tous ceux que vous aimez, mes voeux les plus sincères, de bonheur, de santé et de réussite pour tout ce que vous entreprendrez et surtout de très belles plongées et de superbes premières. Depuis le comité directeur FFS d'octobre, la comission plongée a évoluée en « école française de plongée souterraine » ceci afin de répondre à notre mission d'enseignement. Je rassure ceux qui craignent que l'enseignement devienne la seule préoccupation de la commission. Nos missions restent strictement les mêmes : Prévention, accès aux cavités, secours avec le SSF, liaison entre les plongeurs à travers notre bulletin, renseignements et aides grâce à notre fichier et à nos archives. Nous conservons d'ailleurs le même logo, où apparaît nettement « commission plongée ». Celui-ci voisine avec notre nouvelle appellation, sans aucun problème. Les deux dénominations restent en vigueur. Peu de changement au sein du bureau : Nelly Boucher est présidente - adjointe, Philippe Moya secrétaire, en charge d'Info plongée et des relations avec l'étranger : Un nouveau trésorier nous a rejoint : Bruno Maurice en remplacement de Bernard Giraud, qui nous quitte après avoir consacré trois années à notre comptabilité. Merci à lui.
Je profite de cet éditorial pour faire des excuses publiques à Lulu (Christian Locatelli) - en effet, dans le précédent numéro j'ai annoncé qu'il se désengageait de la commission plongée pour laquelle il ne souhaitait plus travailler. Il s'agissait d'une mauvaise interprétation d'une indisponibilité passagère (tous ceux qui connaissent nos relations souvent « houleuses » comprendront), en bref, il m'a énervée, et comme d'habitude je n'ai pas été indulgente à son égard. Donc Christian s'investit toujours dans la commission. Il s'occupe d'info plongée en collaboration avec Philippe Moya - Il gère les archives et vous pouvez lui demander des renseignements en direct. A partir du mois de février il sera équipé d'un scanner qui simplifiera les opérations. Voilà, je crois vous avoir donné des nouvelles de notre (( commission / école ». Un coup de chapeau à Benjamin qui a réalisé le congrès secours. Malgré ce qu'écrivent certains, il a été une réussite. Nous nous sommes retrouvés entre spéléo et dommage pour ceux qui ne s'y sont pas reconnus. Je regrette de ne pas m'être plus investi personnellement dans cette manifestation, mais les circonstances n'étaient pas encore favorables (l'intérim a été parfois difficile). Encore merci Benjamin, tu es meilleur pour l'organisation des congrès secours que pour l'organisation des mariages...
Comme suite à cet éditorial, voici une toute petite partie du compte-rendu de la réunion du Comité directeur qui s'est tenue le 16 décembre au Pôle technique de Lyon. Ce compte rendu est disponible dans son intégralité et vous sera envoyé sur une simple demande. Etaient présents : Joëlle Locatelli, Nelly Boucher, Laurent Mestre, Marc Staticelli, Bruno Maurice, Jean - Michel Hautavoine, Marc Pernet, Alain Perré, Christophe Depin, Philippe Brunet, Philippe Moya. Absents excusés : Jean Marc Lebel - Jean Luc Carron - Christian Locatelli - Marc Beltrami Tout d'abord un tour de table a permis de faire connaissance et d'exprimer les ressentis de chacun sur notre activité et les problèmes locaux.
Mise en place du comité directeur : Remarque liminaire : Les membres du comité directeur sont des spéléos plongeurs dont l'engagement et l'investissement personnel au sein de la F.F.S. est incontestable. Le fait de posséder la carte de la F.F.S. n'est pas une condition suffisante. Sont membres de droit du Comité Directeur de la Commission Plongée Souterraine de la F.F.S. les représentants nommés par les Comités Régionaux (CSR) (1 par CSR), les membres du groupe de travail de l'enseignement de la Plongée Souterraine ainsi que le Président, vice-président, Secrétaire et Trésorier de la Commission. Les futurs membres du Comité Directeur seront cooptés par le Comité Directeur.
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FONTAINE DE CUL FROLD «Font Froide ou Fontaine du Rocher de la Dube ou Cul Froid ou Résurgence de la Dube (Le nom de Font Froide pourrait signifier que les autochtones ne se trempaient les pieds que l'été) En relation avec la Grotte ou Rivière souterraine de la Poirelle ou du Gué de l'Embûche ou de la Roche Noire. » Coordonnées Lambert X : 2183.25 Y : 492. 2 : 75 Carte IGN 1926 EST LE BLANC. Série Bleue. 1 :25 000
Voir Topo complête au centre du journal Contexte Wydrogéologique. (d'après une étude des LORENZ) La Fontaine de Cul Froid s'inscrit dans le réseau de la « Roche Noire )) où I'Anglin perd une partie de ses eaux et forme une rivièresouterraine qui se termine par un siphon. Le débit de la perte est inférieure à celui de la résurgence. Donc un autre (ou d'autres) apport alimente le flux. La roche est composée de calcaire à silex de I'oxfordien moyen. Un système de failles axées Nord Sud se remarque au niveau des Rochers de la Dube. (constitués de calcaires récifaux de I'oxfordien supérieur). Une faille plus prononcée, sud-est nord-ouest, traverse le lit de la rivière à cent métres en amont de la résurgence. Une fracture semble se superposer au parcours éventuel des eaux.Une des principales caractéristiques de cette résurgence est la relative grande stabilité et constance de son débit qui pourrait être expliqué par les éléments suivants : (Explications en très grandes parties liées au travail et à 1 'étude de la région par les Lorenz en 1984) Le conduit de la source a été volontairement obstrué au 19 ème siècle par des gros blocs qui peuvent avoir
contrariés la force de l'eau qui rongeait les champs en face. Le 2 janvier 1984 ils observent un champignon de 20 cm de haut à la sortie de la source. Le débit est de l'ordre de 100 à 120 llsec. (6 à 7 m3lmin) et donc très peu variable. La température de l'eau est à la fin de l'été de 13"2 alors que 1'Anglin est lui à 16'2. L'hiver l'eau est à 12'5 et 1'Anglin à 5". Une coloration effectuée en 1972 prouve que les eaux de 1'Anglin qui se perdent en partie dans la Grotte de la Roche Noire et ressortent à Cul Froid. Comme le montrent les différences de débit et de chimisme les eaux perdues sont mélangées avec d'autres provenant du drainage du plateau. Voici une première justification du débit, mais la grande surface de drainage peut aussi contredire cette affirmation. L'existence d'un apport souterrain des eaux par un drain provenant de la région de la vallée [sèche] d'Auphine à l'Est de Plaincourault est envisageable. L'alimentation par ce drain hypothétique pourrait expliquer en partie la régularité de l'écoulement, en cas de grosse crue le trop-plein se déverse en surface vers 1'Anglin ce qui contribue à l'alimentation de la perte. Un événement surprenant est sunrenu au siècle dernier. « Vers 1880, dans le lit de 1'Anglin couvert de sable, près du "gué de l'embûche" voisin, un effondrement accompagné d'un bruit sourd entraîna un jeune garçon qui marchait dans l'eau. A en juger par l'emploi des grappins et surtout "de tiges de fer soudées bout à bout" pour retrouver le corps, l'effondrement devait avoir créé un trou très profond dans le lit de la rivière. » Les afFaissements ne seraient pas rares dans la région. D'ailleurs lors de la réfection du pont enjambant lYAnglin à,'Mérigny, les travaux ont connu de grandes difficultés par la présence d'importants volumes creux sous les fondations de l'ouvrage d'art. Cet incident du 19 ème a provoqué un tarissement provisoire de la résurgence, donc, autre hypothèse : l'apport important d'alluviolis dans les conduits amènerait il une régularisation des écoulements ????? Depuis plus d'un siècle l'eau décolmate en partie les galeries ou elle emprunte d'autres conduits ou fractures. Des pertes comme celle de la Roche Noire pourraient jalonner I'Anglin et elles alimenteraient la rivière souterraine mais la faiblesse de leurs sections pourraient justifier de la régularité du débit des eaux de Cul Froid. Ces tâtonnements tentent de se rapprocher d'une réalité encore mal connue. Le discernement entre les écoulements souterrains et aériens restent difficile à établir.
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Voici un résumé hautement compressé de nos aventures dans le Berry. Nous n'avons pas changé nos habitudes, le samedi à la premiére heure, courses au marché du Blanc pour effectuer le plein en fromages de chévre. (à chacun son EPO). En décembre (1999), 1'Anglin est gonflé. Le niveau de l'eau est carrément monté de 2 ou 3 mètres. La différence de colloration entre les eaux propres de la source et les eaux boueuses de la rivière est très nette. Le débit de la résurgence retse constant sans différence marquée par rapport aux précédentes visites.
Cul Froid.. . une eau si claire .. . Première plongée, en bi 12 et relais 7 litres. Le passage de l'étroiture avec tout ce materiel est toujours aussi pénible, longue et fastidieuse. Le terminus est ateint rapidement. Le plongeur fixe le fil et se glisse sur le talus d'argile qui obstrue en grande partie la galerie de gauche. Je me glisse dans ce conduit comme un supositoire là ou vous savez. Je parviens à passer au trois quart de l'autre côté pour constater que la galerie est courte et rapidement colmatée par un éboulis. Je m'extirpe laborieusement de cette tombe, dans une visibilité nulle. Je me retrouve dans la salle et dépité de ne pas avoir trouvé la suite de ce côté ci, je m'avance vers le fond de la salle pour m'assurer de ne pas passer à côté de quelque chose ...Bien m'en a pris car la suite se trouve ici. Un ouverture encombrée de blocs se présente dans le plafond et le sol remonte d'une
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manière asez marquée. Il va falloir deblayer un bon coup pour passer. Pas de probléme pour pousser les cailloux, nous commençons par avoir de l'entrainement. Je deblaye autant que je le peux. Le passage se dégage rapidement, mais l'alarme symptomatique cérébrale des tiers vient de retentir. Ou lalala, il est grand temps de rentrer. Je fixe le dévidoir en urgence et m'en retourne en trombe vers la sortie. Pas la peine de parler de la visibilité comme d'habitude toujours d'aussi mauvaise qualité. Si le débit ne change pas, les conditions de vison au retour non plus. A la pointe suivante, nous récupérons le dévidoir, après avoir arraché le fil à la motte de vase, il ne semble pas en effet y avoir de suite dans la zone du sommet de la montagne. Dégringolade au pieds du monticule. Là une sorte de passage en forme de bouche entrouverte ou de fente de tirelire se présente dans le sol. Pas de quoi rigoler, un enfant avec un biberon aurait du mal à s'y glisser. Heureusement la roche est friable et elle se casse facilement. Mais les précieuses minutes défilent encore une fois dans ce travail de désobstruction et la progression s'en trouve encore ralentie. Le passage à travers le plancher est possible. On tombe dans une vaste galerie de 3 x 5 environ. L'eau est laiteuse mais la visibilité reste bonne et le courant est marqué. Bonne route ... ! Arrét sur autonomie à environ 250 mètres de l'entrée, la galerie remonte Iégérement. Retour rapide, récupération du relais 7 litres. Déco à I'oxy dans l'étroiture. Pour éviter une autre plongée, je ressors avec les 2 douze litres, le 7 litres et la bouteille d'oxy. Un peu chargé mais ça va le faire... .Au moins j'ai du gaz en réserve.. . J'arrive au passage pour sortir de ce fichu trou de souris. Je tente plusieurs fois de m'extrère de ce merdier, mais en vain. Je pose les blocs, les pousse un peu. Tout ça dans zéro visi. Je me dis que je suis réelement qu'une grosse merde de parisien incapable de gérer ce genre d'étroiture.. . . Non là y a pas de doute ça ne passe pas. Rien à faire, le passage est là, étroit, tellemnet que même une super ponture n'y arrivearit pas.. . .Je ne vois qu'une chose, le plaïond c'est effondré, obstruant partiellemnt le passage. Alors à ce moment là, tout s'accélére dans la caboche. L'éclair effroyable de se sentir coincé si près de la sortie illumine mon cerveau. Cette fois ça y est, j'y suis. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Je pense à ma femme et à mes mômes Et j'ai pas envie de rester là. Tout ça en quelques centièmes de secondes. Bon ça va je suis juste à 4 mètres de profondeur, j'ai 2 douze litres à 120 bars, et deux 7 litres, un 50 bar et l'autre à 70. Je peux tenir un siége.
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Je glisse sur la droite et enfïn trouve le passage. Quel con! Le plafond n'a pas bougé. C'est le fil qui s'est déplacé. En voulant assurer un meilleur amarrage je l'ai poussé sur la gauche sans me douter que j'allais le positionner dans la partie étroite du passage. Erreur de jeunesse ! Enfin, j'expulse les deux blocs et je m'arrache de là. Belle frailleure mais aussi c'est là que l'on se rend compte de l'importance vitale de toujours garder son Cul froid.. . . .. (j'ai pas pu m'empêclier.. . .) Première plongée de l'année dans la source. Et oui, dans l'Indre, on plonge toute l'année. (pas la peine de courir aux Baliamas.. .) Un bloc d'oxy est déposé pour les paliers. Un autre plongeur, valeureux topographe est parti relever les mensurations, parfois généreuses de la galerie. Un autre besogneux, armé d'un marteau et d'un burin (chacun ses symboles) entreprend l'élargissement et le ((nettoyage» de l'étroiture. Celle ci est inspectée dans toute sa largeur et sa très faible hauteur. Pas d'autres
départs. . . .. Le dimanche matin, après la fameuse et tout aussi célèbre bonne nuit reparatrice, une petite démangeaison titille certain. Le sjlndrome chronique
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du tirage de fil. Ne pouvant résister, poussé par la curiosité et par le désir impérieux d'aller plus loin, on va tirer un bout.. .C'est reparti, bi 18, relais 7 litres, ça avance. Dépassement du dernier terininus à 150 mètres. La galerie s'élargit et reinonte lentement. Arrêt à 220 mètres sur une pente ascendante, profondeur - 26 m. Coinine toujours et sans surprise, demi-tour dans la touille, retour à fond les ballons pour limiter au maxi les temps de paliers, et pour ne pas traîner dans ces eiidroits si peu fréquentables...La zone d'évolutioi~ est coniprise entre 36 et 26 mètres. Pas de quoi fouetter un plongeur mais suffisamment pour rester une bonne demi-heure à soinnoler sous la roche. Coiiiiile d'habitude, notre barbu topographe a continué sa noble tâche. L'explo avruice lentement mais comiiie on dit de l'autre côté des Alpes, qui va leiiteineiit, va sûrement.. . Après un mois de fevrier calme, nous voilà reparli pour de nouvelles aventures, et nous lie croyons pas si bien dire. Suréquipés et ambitieux au possible, celte fois oii va lui en mettre un coup.. Bi 18, relais, oxy, nitrox et tutiquanti .. . Elle va être belle la Pointe. .. C'est parti, nous descendons sous des trombes d'eau vers l'Indre. L'Evasion rempli, traîne une remorque bien garnie. ..A I 'abri assis dans Ies rnoelleux sièges du iiionospace, les blagues fusent et les discussions vont bon train.. .En voilà un de week end qui s'annonce bien.. .Et non 1 Le destin et surtout cette put.. . de remorque n'a pas imaginé l'liistoire coniiiie ça. Une roue de la carriole explose, pulvérisée, gomme, roulements, en vrac sur l'autoroute ! Bon ! Allez trouver une roue et des roulements à 10 lieures du soir ... Seule solution, transvaser.. . ça on sait faire. Avec force, méthode, le contenu de la remorque arrive dans la voiture. Croyezmoi, les constructeurs, ils doivent prendre des marges de sécurité sur les charges maximum.,. Bon ! les 19 blocs (dont un B50) le coiilpresseur, les sacs, la bo~ûîe etc.. . tout est entassé, coriipriiné dans la voiture.. . Nous parvenons à rallier la maison, toujours sous la pluie et en passant à travers la vigilance de nos services d'ordre.. . Ouf ! qu'il est bon le feu de bois dans la cheminée.. . Le jour se lève, le ciel est bleu, le soleil brille.. . Et ben voilà, tout va bien ! L'équipe des fromages est partie ... elle a juste rajouté à sa liste des roulements, un pneu et une chailibre.. . A nous le gonflage et les transvasements, Encore ! Pas
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de problème, ou presque. 40 minutes pour ajuster 30 bars dans un 10 litres . Il se passe quelque chose si l'on peut dire. Le premier étage du compresseur fuit.. .Super ! Ecrou cassé, joint déchiré ! Ah elle est belle l'histoire.. . Comme on est un peu con et qu'on a pris qu'un seul compresseur (et la redondance du con.. . !) On est mal ! Heureusement nos Mac Gyver parviennent à réparer la machine.. C'est reparti. Ouf!! ! Nous voilà enfin à la source. L'Anglin n'a jamais été aussi haut (tient, il a plu ...?) L'eau qui sort n'a jamais été aussi trouble (sans plongeurs dedans) j'entends bien ! Comme d'habitude, Mimi pose le 18 d'Oxy dans l'étroiture à 6 mètres, le barbu métré déroule son décamètre. Et la pointe est annulée, visibilité trop faible. Le pointeur se dégonfie et sans scrupule. Nous en profitons pour rééquiper correctement le réseau. Le fil a une fâcheuse habitude de se détendre en notre absence. OK ! nous ne sommes certainement pas des bêtes de l'équipement, mais quand même ! En fait les béquets rocheux cèdent les uns après les autres. Le fil pendouille.. . C'est l'idéal pour ce genre d'endroit.. . Donc les plongées seront dédiées à retendre et assurer les amarrages du fil. C'est plus beau maintenant.. . Nous grimpons à nouveau dans la belle voiture et retour à la maison ... Le week-end est fini ou presque. . .Ah non ! j 'oubliais la remorque . . . Explosion 2. Et oui le pneu de cette fichue remorque a encore explosé.. . GENIAL ! Allô dépannage ... Car bien sur nous n'avons pas trouvé de roue de secours.. .Tout compte fait c'était peut-être mieux de ne pas faire de pointe.. . Cul Froid en avril ! Seul. Pas par choix idéologique mais en milieu de semaine, les candidats à la touille sont rares. Deux plongées pour la topographie sont réalisées. La visibilité est excellente, 10 mètres environ, du jamais VU...
La roche reste toujours aussi friable, des blocs de 70 cm x 80 cm environ se décrochent sans prévenir. Je topote jusqu'au bout et observe quelque temps la salle du terminus actuel. Une butte d'argile ouvre sur le noir et la roche au-dessus de ma tête remonte à la verticale et se perd dans la nuit. Je reste perplexe devant la taille de cette salle. Il va falloir trouver la suite dans ce bazar. Voilà que maintenant Cul Froid ressemble à une cathédrale, on aura tout vu.. . 11 pleut des cailloux. Croyez moi, l'Indre n'est pas une région tout a fait comme les autres. Je surprends une écrevisse de belle taille en goguette, à plus de 100 mètres de l'entrée. Je vous assure c'est sympa. Bon je vous jure, il n'y en avait qu'une. Alors je l'ai laissée là. Pas assez pour se faire un festin. Enfin au petit jeu du double décamètre, vous avez gagné plusieurs salles grandes et généreuses.
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Confirmation de la bien nommée salle du toboggan. Plus de 14 mètres de long, de - 35 mètres à - 26 mètres. Une superbe faille sans issue Enfin, la prochaine fois, on boucle la topo et on tire un max.. . ... J'ai le dévidoir qui frétille, le kavatch qui se dilate. Et à Pâques ? Le plongeur et le plongeur spéléo en particulier vit une histoire intime avec l'eau. 11 la chérit plus que tout, elle est sa meilleure amie, pour elle, que ne ferait-il pas ? Des centaines, voir des milliers de kilomètres, abandonner le foyer familial, dépenser des fortunes, risquer sa vie même.. ..Mais comme l'eau est très capricieuse, elle lui rend parfois bien mal cet amour. Cul Froid se laisse désirer et I'Anglin, la rivière qu'elle surplombe de quelques centimètres, s'allie à elle pour entraver nos efforts. Ce week-end s'annonce pourtant prometteur. La première journée se passe bien, dépose d'un relais au terminus, découverte d'une salle imposante qui remonte jusqu'à -7 mètres, soit 19 mètres de haut, de mieux en mieux. Nouveau terminus, donc. Le bloc d'oxy est déposé. Le lendemain, en pleine forme et prêt à tous les exploits, nous découvrons avec stupéfaction que l'Anglin, est monté de plus de 2.5 mètres dans la nuit. Il recouvre la source, une crue balaise. Le chemin pour descendre à la résurgence est inondé à moitié ... Et pourtant, Cul Froid ne semble pas touchée par la brusque monté des eaux. La résurgence dort, la surface est lisse et plate comme une toile cirée à cet endroit.. . . Un plongeur s'équipe et se met à l'eau ou plus exactement dans le liquide maronnasse, infâme et innommable pour voir si malgré tout, c'est plongeable... ? IL glisse jusqu'à l'étroiture. Aucune amélioration ! Zéro visibilité, impossible de lire les instruments. Pour le courant, rien. Encore moins que d'habitude.. . L'Anglin semble plutôt se déverser dans la cavité, contrarier son flux et « polluer » ses eaux (si « limpides » en temps normal.. .) Donc dans ce contexte si enchanteur, demi-tour. Pointe, topo et toutiquanti annulés.. .. Le cceur brisé, nous partons prospecter d'autres objectifs pour des jours meilleurs.. .. Le lendemain, nous constatons l'amplification de la crue. Le niveau de la rivière a encore monté. Il atteint maintenant 3.10 mètres au-dessus du niveau normal Nous décidons d'abandonner tout le matériel dans la galerie et de rentrer chez nous. Pas la peine de risquer un carton pour quelques blocs.. .. Nous revenons à deux, deux jours plus tard pour sortir tous le matériel. Début Juillet, nous revêtons nos plus beaux habits spéléo et tel l'équipage de l'Enterprise, nous descendons dans la Grotte de la Roche Noire. Guidé
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par des spéléos accomplis, nous fourbissons nos premières armes sous terre. La mutation continue. Du scubaba nous sommes devenus spéléoplongeurs (bien que certains doutent encore de nos capacités et de notre engagement moral réel à la Sainte et Noble Cause.. .). Et de spéléoplongeurs, nous allons peut être enfin finir en spéléo tout court (il y a encore un peu de boulot.. .) Qui après cela peut encore émettre le moindre doute sur l'évolution des espèces... ? Bon, après le franchissement laborieux du fameux et célébrissime « Boyau Merdeux » (étroit, glaiseux, gluant, collant, superbe quoi..), Merci au spéléo du coin pour avoir désobstrué ce sphincter délirant ce qui nous permet enfin d'atteindre le siphon terminal. La perte de 1'Anglin se traduit par un filet d'eau mince et chétif. Quant a l'eau, elle ressemble exactement au liquide des stations d'épuration.. .C'est cool la plongée.. .Ici au moins nous sommes tranquilles, aucun risque de voir débouler un charter de plongeurs en goguette.
Allez .. . on y va . . Un héros selon certain ou un barjo complet pour d'autres va s'immerger dans cette lunette de chiotte remplie de boue liquide pour effectuer au moins vin@ centimètres de première.. . . Dans le noir total car la boue ne diffuse pas très bien la lumière. Vu les conditions précaires de cette entrée très intime, même à l'anglaise ça passe mal. Nous rebroussons chemin et nous reviendrons certainement une autre fois, mais avec un matériel plus adapté. 17 juillet 2000, 9h30 du matin, un parigo à la noix s'équipe au bord de la mondialement connu vasque de Cul Froid... Jour pour jour, heure pour heure, voici un an déjà que notre équipe de branquignoles spéléo tortille du Cul...afin d'explorer cette mythique exurgence... Cette plongée anniversaire, solitaire, (les potes bronzent recto verso leurs chairs blanches sur les plages..) aura tout de même permis de ramener 30 mètres de topo : quelle performance.. . . ! « Y a pas à dire, les jeunes, c'est plus ce que c'était.. . ))
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Néanmoins et nous nous contentons de peu, c'est toujours ça de pris et qui ne sera plus à faire... . Pour justifier, excuser, notre piètre performance, nous avançons ceci : La visibilité plus que médiocre (des tonnes d'argile au retour), à tel point que par moment, on ne peut même plus voir le bout de notre crayon, la morphologie compliquée du réseau, les étroitures, les problèmes d'oreille.. ... Ou plus objectivement peut être, notre nullité et ineff~cacitétout aussi légendaire. . . C'est pas demain que les pigeons viendront chier sur les statues dressées à notre gloire.. . .et c'est tant mieux car j'aime pas les pigeons.. . Si non, ou c'est y qu'on en est dans ce trou de chiotte universel.. . ? 308 mètres ! Quoi ! Seulement 308 mètres en un an ! Pfffff, quelle misère ! Ca, c'est ce que je me dis les matins gris ou tout va mal, ciel plombé, froid, pluie, les gosses qui pleurent, le chien qui bave sur le falsard tout propre, le bol de thé qui tombe par terre, le gamin qui rempli sa couche juste avant le départ, les portes du train qui se ferment sous ton nez. .. .. Mais en réfléchissant un shouilla, on peut voir les choses autrement (les matins ou tu échappes à la couche pleine de crotte...) : 308 mètres, c'est pas si mal.. (autosatisfaction avancée.. .) On s'est mis sérieusement à la topo (il était temps .) Le fil est pas trop mal posé (j'espère ...) On s'est mis au Nitrox (not certified. . .) L'équipe s'élargit, chacun avance à son rythme, enrichit ses techniques (surtout de piqué de tête dans la vase..) On se marre bien, à chaque fois, ils reviennent (en plus ils sont maso.. .) On commence même a sortir des images ( 10 secondes pour 3 heures de tournage.. .) Enfin si on mange tout d'un coup, qu' est ce que l'on va faire après ? On va s'emmerder pour un retrouver un aussi chouette.. . . De toute façon, on n'est pas payé au mètre, même pas payés du tout... Que dire d'autre ? Observation du milieu, faune, hydrologie et patati et patata.. Approfondissement des connaissances en chévrologie .. . Etude comparative, selon les différentes origines.. . En tous les cas, nous on s'en fiche des kilomètres de première, en bikini avec 3 biberons de 0.6 litres. On se fait péter les zygomatiques, le reste après tout ..... ! Pour nos évolutions gastérodiennes, nous perdons beaucoup de temps car nous ne parvenons pas encore à tirer du fil, amarrer, observer et topoter en même temps.. . .(«je ne suis pas un héros.. . ») Et au retour, c'est pas qu'on veut pas, mais va topoter dans du chocolat liquide.. . .
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Alors pour une plongée dite de pointe, il en faut 3 ou 4 pour ressortir la distance en topo.. .Ca permet de s'acclimater à la galerie.. . Notre équipe de pieds Nickelés s'est composée informellement de : Serge Cesarano, Michel Desenne, Marc Ferrante, Joël Raimbourg (et ses deux filles), Philippe Whorer Pierre-Eric Deseigne. Et en guest star, Jean Luc Rouy et Christophe Gault. Soutien moral de surface : Bulle, comme d'habitude. Enfin je vais jouer le Michel Drucker de service et lancer une volée de remerciements pour contenter tout le monde. Donc merci à : Nos mères pour nous avoir mis au monde ( bien que certains le regrettent certainement..) Nos pères pour nous avoir botté le Cul (Chaud , après...) Nos femmes et nos enfants qui supportent nos absences et errances spéléomaniaques ... . La FFESSM pour son aide matérielle.
Le club Latoniccia de Gif sur Yvette, pour les même raisons. M Tricoche, JL Rouy et F Mouriaux pour leurs précieuses info sur le passé glorieux de cette région. Les beaux-parents du « dictateur » de l'expédition pour le prêt de la maison. Les chèvres de Pieds Marteaux pour leurs fromages. Jacques Tati pour ses musiques de films que l'on écoute à l'aller comme au retour de plongée, histoire de se mettre en train. Et puis la Terre entière et l'univers même.. Comme ça je suis certain de n'avoir oublié personne.. . . Le bilan en chiffre après un an de travail : 13 sorties en un an. Temps cumulé passé sous l'eau: 52 heures soit environ 46 plongées. Température de l'eau : entre 9 et Il0. Quantité de gaz utilisé: 241 112 litres (air, nitrox, oxygéne) soit environ 96 bouteilles de 12 litrres gonflées à 200 bars. Soit environ 32 heures de gonflage.. ..
Compte rendu BULLES MANIAC. Octobre 2000.
C. REAL de poursuivre l'exploration jusqu'à 40 mètres dans le S4 après franchissement du S3 de 100 m (cf. [*] et [2]).
lllll.
(s
EXPLOÇ
Une topographie du S l jusqu'à 8 mètres dans le S4 (S5 sur notre topo) a été levée le 6 août 87 par Tom Pouce (Jacques BRASEY) et Mickey (Vincent DURAND), inédite ? En reprenant les explorations, nous avons constaté qu'un fil d'Ariane -anonyme- était en place jusqu'à la première étroiture dans le S7...
(ou ANGLANAC) - Sauliaclcélé (Lot)
Exutoire de crue en falaise, c'est probablement (?) le trop plein de la Fontaine du même nom à quelques mètres de la route de La Mecque (i.e. l'émergence du RESSEL). Les deux cent premiers mètres : la « rivière suspendue », succession de gours formant retenues d'eau, sont connus depuis sans doute fort longtemps. Une topographie de cette partie date de 1984 (Cf [l]). A l'extrémité, un ressaut donne accès à la zone siphonante, explorée par le GS Corrèze (M. VERLHAC ?) vers 1977 jusqu'à 30 mètres dans le S3. Un camp FFESSM permet à M. VEKHAC et
Lors d'une première visite de la cavité sans équipement de plongée, nous franchissons la Voûte Siphonante 1. En rive droite un siphon étroit annexe (VS2 bis) est franchi en apnée pour buter sur un autre siphon étroit. Ensuite, une deuxième voûte siphonante (VS1 bis) est également franchie en aval du premier siphon. (S. GUIGNARD, JM LEBEL) Le lendemain, Steff rééquipe jusqu'au terminus du fil dans le S7 (étroiture) et repère au retour un départ possible dans le S5, à désobstruer. Je m'y attelle le lendemain à la masse et burin, jusqu'à plus soif : touille absolue en tapant comme un sourd dans cet infâme agglomérat. Je plante le relais là et file vers le terminus pour lever la topo quand j'aperçois un beau départ. Frein des deux
argileuse (vue à +5m)
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Août 1999 : i? Blol; D. GRANDCOLAS, N. LASSON, A. PELLETIER, l? PRADLNES Plongeurs :S.GUIGNARD, L M LEBEL report, dessin : LM. LEBEL (topojusqu'à la VS 1 :d'après A. GODFROE M. CHEVRIER, R. DORDOGNIN - 1984)
Dév. : 8 15 m dont 370 noyés Dén. > 20 m (-6m siphon 5 /
+15m ch.teminale)
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palmes et faites chadFer le dévidoir ! Hélas, 25 mètres plus loin : une étroiture montante'") dans le gravier au sol. J'en entame la désobstruction autant que possible, c'est à dire jusqu'à l'obscurité ... Le passage sera au moins ouvert pour le suivant. C'est un aval, vu l'orientation des coups de gouges.
que nous avons déjà compris quand on discutera de nos trouvailles réciproques, Steff et moi- qu'il s'agit du même siphon que son aval : c'est le S7 bis).
Je reprends le chemin du terminus : effectivement c'est étroit, mais le conduit se divise en deux et l'une des branches (rive gauche) semble laisser un peu d'aisance derrière une étroiture ponctuelle dans la roche, sans argile.
Nouvelle pointe le 18 août. La veille, Steff et Damien m'ont préparé un 2x4 litres et deux relais 4 litres au départ du S1 (une otite en cours m'a épargné le portage.. .je devrai néanmoins rincer abondamment mes deux sherpas !). En % d'heure, je suis aux étroitures. La troisième est vraiment à négocier, relais d'abord, bonhomme et son scaphandre latéral ensuite. Gonflé, Steff. Arrivée dans la salle en sortie du S7, je vais vérifier illico que le S7 bis, à peine une voûte siphonante, communique bien avec la galerie du (( puits de la Planche ».
Au retour de cette zone étroite du S7, j'émerge un peu par hasard dans une cloche d'air (le fil cheminait sous l'eau). Il s'agit d'une haute cheminée (vue à +7), comportant de nombreuses lames d'érosion : à escalader absolument ! En effet, comme par hasard, le siphon 7 est beaucoup plus vaste jusqu'à cette cheminée pour se poursuivre ensuite en boyau. . . la voie royale vers l'amont pourrait donc être là-haut ? A la sortie aval du S4, Steff avait repéré un départ : minuscule puits noyé que j'explore vers l'amont (d'après les coups de gouges). A 55 mètres, je bute sur une étroiture sableuse descendante (b). Derrière : le brouillard.. . je l'avais déjà compris, je suis arrivé par l'aval du départ exploré précédemment, c'est le S5 bis. (V. BIOT, S. GUIGNARD, A. PELLETIER, F. PRADINES, N. LASSON, J.M. LEBEL) Le 16 août, Nadir nous donne un coup de main pour emmener le matériel jusqu'au S2. Steff ira revoir l'étroiture terminale du S7, pendant que j'escaladerai la cheminée entre S6 et S7. Steff franchit -non sans difficulté- trois étroitures entre les lames rocheuses. Ensuite le conduit reprend des dimensions plus raisonnables et sort dix mètres plus loin, dans une belle salle ! Steff parcourt une vingtaine de mètres en amont pour buter sur un nouveau siphon et en aval vers un autre siphon ... qu'il ne sait pas encore communiquer avec (( ma » cheminée. Les étroitures à franchir à nouveau lui soufflent de s'arrêter là pour le moment. De mon côté, j'ai transporté une planche de lm50 et une scie dans les siphons pour faire l'escalade (grand merci à Serge MSSENEUR !) entre le S6 et S7. E n effet, posée horizontalement sur deux corniches en vis à vis au dessus de l'eau, elle me permet de me déséquiper facilement et de prendre pied. De là l'escalade est aisée : cinq mètres plus haut, grosse galerie horizontale qui file vers l'inconnu.. . Marmite de géant à fond de sable, érosion intense, il me semble que la suite principale est là ! A 30 mètres pente de sable descendante et siphon (le report topo nous prouvera par la suite -ce
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(TPST 5 heures, S. GUIGNARD, N. LASSON, JM LEBEL)
Ensuite, direction l'amont. Je déroule sur quelques mètres et aperçois un départ rive gauche. Je poursuis en face et sors. La galerie exondée qui suit m'inspire moins que le départ entrevu avec une belle dune de sable. Je réenroule donc pour voir le départ : je dois déplacer un peu de sable pour me ménager un passage, même à l'anglaise. Sortie du S8 pour faire quelques pas, puis S9, quelques pas, et enfin Sl0. Le conduit est de dimension modeste, je (( sens )) que je peux déposer les bouteilles ? De plus, le CO2 n'a plus une teneur gênante, contrairement à toutes les zones exondées entre les siphons 1 et 10, où les difficultés respiratoires se font ressentir. Je bute bientôt sur une diaclase élargie en cheminées très érodées. Une escalade suivie d'une chatière dans une coulée de calcite me permet d'accéder à une galerie supérieure dont les deux extrémités butent sur des cheminées argileuses. Au retour, je retourne dans la galerie exondée rive droite, que j'ai négligé à l'aller dans le S8 : je replonge bientôt (le S8 bis) pour jonctionner dans la salle entre S7 et S8. Pour faciliter le retour dans les étroitures (des fois que j'aurais un peu forci), je repasse via le S7 bis, par la galerie du Puits de la Planche et redescend la corde emmenée pour l'escalade, relais et dévidoir. Retour sans histoire après 5 heures derrière les siphons, par contre beaucoup d'histoires et de bulles par la suite, sous les étoiles.. . (D. GRANCOLAS, S. GUIGNARD, N. LASSON, JM LEBEL) Nous n'avons pas observé de circulation pérenne dans la cavité. Il semblerait que l'extrême amont ne soit alimenté que par les cheminées en temps de crues ?
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La Fontaine dYAnglanatpourrait être alimentée en hautes eaux, au moins en partie, par les conduits étroits VSlbis etiou VS2bis. En forte crue, le débit ne pouvant être absorbé, « la rivière suspendue » se met en charge et peut même aller jusqu'à former un jet en « queue de cheval » à la grotte d'Anglanat. [*] Note : Les différences de longueurs des siphons entre les explos successives sont sans doute à mettre sur le compte des variations de niveau d'eau.
[Il Topographie du 29/7/84 - A. GODEFROY, M. CHEVRIER, R. DORDOGNIN - in « siphons du Lot » - Nadir LASSON. [2] PapetierIAnglanat - Bulletin du CDS 46 n07 1985 p42 (d'après Pierre LAUREAU, plus informations « historiques », merci à lui).
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spéléos non plongeurs mais néanmoins « aquatiques » était ouvert. Cependant cet accès ne servit guère, car bien vite une nouvelle entrée derrière les siphons fut ouverte. Seul le conseiller technique de l'époque, un certain D. G. voulut tout de même y démontrer que : franchir un siphon en apnée avec un kit longé à la ceinture est une épreuve « intéressante )). La deuxième daculté que nous avons rencontré lors des explorations post-siphon était la gêne éprouvée à passer de longues heures à marcher en combinaison néopréne humide classique : l'épaisseur de 7 mm, confortable dans les siphons, et le jersey intérieur provoquaient des plaies pénibles notamment au creux des genoux. Celles-ci avaient à peine le temps de cicatriser avant la fin de semaine suivante. Il aurait fallu disposer de combinaisons type pêche sous-marine, en néopréne tranché à l'intérieur. 2.
Plongées au DEUmAUfCHALAND Ou Les BAHAMAS
La difficulté majeure qui a freiné l'exploration de l'aval du Deujeau est l'étroiture dans le siphon 2. Pas tant par ses dimensions, que du cumul avec une visibilité généralement ou très rapidement nulle : argile et siphon aval. Le fil ancien étant dévié par rapport au seul passage pénétrable, celà explique le retard de presque 30 ans ... Des conditions très bonnes (eau claire, courant faible) et départ d'assez loin en déroulant un nouveau fil, permirent enfin de franchir le S2. Le S3 était très ponctuel et la suite fut la rivière du Chaland. Dès lors, les explorations et travaux divers se poursuivirent sans plus d'appréhension pour ce S2. En effet une à plat en permettait de franchir le fameux passage sans difficulté (technique mise au point indépendamment par Steff et moi-même, mais qui doit donc être la bonne ?) Par la suite, pour les nombreux aller-retour motivés par l'exploration, la topographie, la pose de balise de positionnement au Chaland, et afin d'économiser le portage des bouteilles « à 4 pattes », le S3 fut équipé . . d'une-corde spéléo. Son franchissement en apnée devenait possible et extrêmement intéressant, car la jonction avec Argiland était imminente. L'accès du Chaland aux
Rivière du Chaland
Dès lors que le percement du Purts des petites Chailles a été couronné de succès, les plongées de trois des inconnues du réseau peuvent reprendre, dans des conditions de portage aisées : - Le siphon aval de la rivière du Chaland, terminus actuel de l'actif et voie « royale » ? vers la Baume de Scey sur Saône, résurgence du système situé à 7 km de celui-ci. - Le siphon amont, origine de cette rivière du Chaland, lié aux pertes du ruisseau de surface d7Arbeceysituées à 800 m de là. - Le siphon amont de I'aftluent sable, d'importance équivalente au ruisseau du Deujeau, lui-même affluent de la rivière du Chaland. Siphon aval : Parallèlement à l'espoir d'une suite exondée après désobstruction à l'extrémité de la galerie fossile, voir par d'autres voies « détournées » : escalades, galeries annexes ... la suite active de la rivière du Chaland passe bel et bien par ce siphon. Cependant la taille des galeries actives, a partir de la diauence avec la galerie semi-fossile menant à la salle du bartabac, est nettement plus réduite, Ce ne sera pas forcément la voie si royale vers la suite.. ,
Le 16 octobre 1999 une double équipe se dirige vers l'aval : la première s'attaquera au siphon aval du Chaland, tandis que l'autre ira plonger celui de l'affluent sable. La galerie qui mène à la vasque de l'aval est très érodée, présentant de nombreuses lames d'érosion et coup de gouges. Le pataugeage de toute l'équipe dans la rivière du Chaland auparavant a inittoné une
-2m
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coupes
Siphons aval Rivière du Chaland
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J.ML / août 2000
Développement :330 m
INFO - PLONGEE NO84 - 85 belle baignoire de café au lait sombre en guise de vasque. . . Je m'immerge donc en aveugle et déroule mon fil en suivant tactilement la paroi rive droite. Une dizaine de mètres et j'émerge de l'autre côté. Je prend pied dans une galerie visiblement et à l'oreille, très active : elle prendra le nom de « rivière furieuse ». Espérant donc rester en exondé, je laisse là mes bouteilles 4 litres. Plusieurs cascatelles, voûte mouillante et à une centaine de mètres, le torrent se calme en une longue vasque d'eau calme, le deuxième siphon. Je vais récupérer mon scaphandre et déroule de nouveau en aveugle. Cependant, les dimensions du conduit ont sans doute augmentées et la vitesse du courant diminuée d'autant car, à une trentaine de mètres, je sors du nuage de turbidité. Le courant ralenti n'a pas eu le temps d'entraîner l'eau trouble plus avant : vision superbe que de quitter un sombre nuage d'argile pour évoluer maintenant dans un méandre en eau bleutée. Mon projecteur balaie à cinq mètres en avant vers un inconnu prometteur.. . presque les Bahamas. Virage à gauche sur un changement de diaclase, la galerie s'élargit bientôt en une salle. Je la scrute rapidement en progressant car on est en Haute-Saône, la belle visibilité ne durera pas ! Pas de suite évidente. Je tente dans différentes directions en évoluant « sur la pointe des palmes ». Je tente enfin une descente vers le fond, entre les blocs. Une sorte de puits de six mètres et je bute bientôt : profondeur -10 m. La visibilité est maintenant dégradée, demi-tour penaud. Le reste de l'équipe m'attend goguenard : ils ont trouvé un shunt évident permettant d'éviter le premier siphon et connaissent donc la rivière furieuse aussi bien que moi.. . S1- 10 m ; S2 : 60 m -10 topographié. Nouvelle tentative pour trouver la suite dans cette salle noyée le le' juillet 2000. Les conditions de visibilité sont excellentes. Je pars en plein phares 2 x 20W de scruter le conduit avec le maximum d'efficacité, tire quelques lignes de nylon à différent point de la salle, et sors même dans une cloche d'air de 5 m de long sur 1 m de large au sommet de diaclase sur laquelle est bâtie la salle noyée terminale. De guerre lasse, je repars jeter un coup d'cil à l'ancien terminus de la plongée précédente au bas de la salle. J'ai l'impression fugace que çà continue par là. Cependant, le temps que je raboute le fil de mon dévidoir à l'ancien, la visibilité est tombée. J'avance donc à l'aveuglette et bute bientôt. Marre : je réenroule et cette fois laisse le dévidoir, bloqué, mais prêt à partir pour le prochain essai. C'est pour la fin de semaine suivante : le 8 juillet. Cette fois je file directement au dévidoir. La visibilité cette fois n'a pas eu le temps de se dégrader
PAGE hi0 14 et je vois une suite possible sous un passage un peu délicat sous une lame. Je franchi le passage en amarrant derrière et poursuis, tous sens en éveil. J'atteins bientôt un laminoir dont la fin est peu engageante et pourtant celui-ci recoupe une large diaclase : gauche ou droite ? le compas m'indique de tenter plutôt vers la gauche. J'ai la place pour monter en même temps ; monter? mais c'est une idée, et bientôt je « sens » la surface. Emersion et, ouaouhhhhh ! siphon 2 franchi : j'entend ce doux bruit cascadant de notre « rivière furieuse » retrouvée ! Dépose des bouteilles avec jubilation et me voilà à gambader dans la suite active du Chaland, j'entends déjà les bouchons de bouteilles sauter.. . Je parcours une cinquantaine de mètres dans une belle galerie en moyenne de la taille de celle qui part du carrefour Chaland 1 Semi-fossile vers l'aval actif, logique. La rivière se calme en une vasque annonçant le siphon 3. Coup d'ail en apnée au masque. Apparemment sans problème, du moins au départ : belle galerie en méandre. De retour le 29 juillet 2000, le siphon 3 est effectivement une formalité : beau méandre noyé émergeant dans une petite salle. Le siphon 5 lui succède, sans présenter non plus de difficulté. La suite exondée est plus problématique : petit méandre en voûte mouillante aux dimensions nettement plus modeste qu'auparavant. Lorsque la galerie change de morphologie pour passer en interstrate bas, je décide de poser les bouteilles. En effet la circulation aval, sans être perdue, est insignifiante par rapport au débit de « la furieuse ». J'ai dû manquer un épisode, un départ dans le S4 ? Le départ du siphon 5 confirme : étroit méandre peu prometteur. Au retour, la visibilité est trop dégradée pour scruter le S4. Deux tentatives dans le bassin aval au départ de la petite salle entre S3 etS4, se soldent par des échecs. Copie à revoir.. . Octobre 1999 et Juillet 2000 : C. BASTEN, P. BETEILLE, B. et D. BUSSIERE, D. et J.P. GRANDCOLAS, B. HOUDEAU, J.M. JOSSO, 1. et J.M. LEBEL, L. OSVALD, F. PONCOT. Siphon de l'affluent sable :
Nous attendons toujours le Compte-rendu de Monsieur Stéphane GUIGNARD.. . (hem hem) Siphon amont : Le 18 mars 1999, l'équipe me lâche à la confluence Deujeau-Chaland. Equipé d'un 2x4 litres dorsal, je franchi la voûte mouillante et la voûte siphonante pour rejoindre le premier siphon de la branche Ouest. La galerie est de dimension réduite, la visibilité d'environ un mètre, passage assez étroit au point bas (-2m) mais j'émerge très
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vite : 4 m ! suit un S2 court mais assez étroit, à négocier en dorsal : 13 m -5, un S3 : 15 m -1 et enfin un S4 où, à dix mètres du départ, un talus d'argile-sable en pente, laisse un faible espace avec la voûte. Je m'y insinue, mais c'est trop étroit pour être franchi bouteilles sur le dos. Je reviendrai à l'anglaise. Le retour est à négocier sérieusement dans le S2 et le S1 en aveugle. Disposant encore de pas mal d'air, je me rend vers « l'aval D de l'amont du Chaland (si c'est pas clair, voyez la topographie !) : le S1 bis. En 18 mètres, il est franchi sans drfficulté, idem un S2 de 25 mètres. A une dizaine de mètres de sa sortie, un brusque changement de direction me ramène plein Nord : çà devient intéressant cette fois, car cette branche pourrait conduire vers l'amont. Nouveau siphon : S3 bis de 5 métres puis un long méandre exondé bute sur une diaclase transversale plongeante. Je n'ai plus de fil d'ariane et descend donc en libre pour avoir idée de l a suite, jusqu'à -6 mètres. A poursuivre.. . L'appel du 18 juin 2000 m'y ramène. Hélas à -5m dans la diaclase, mon dévidoir s'emmêle. J'amarre, coupe le fil et remonte pour démêler. Bien entendu la visibilité s'est dégradée avec mon premier passage et à -8 métres je bute sans y voir grand chose. Je refais une tentative en tirant un nouveau fil cette fois
suite en méandre avant que la visibilité ne s'annule. Je suis parti avec un stock d'air déjà bien entamé, l'étroiture est le seul passage dans un large laminoir, où je ne suis pas sûr que mon fil soit bien positionné. Aussi je préfère repasser l'étroiture maintenant plutôt que de risquer d'être limite en air au cas où il faudrait un peu chercher mon passage. Je déroule encore quelques mètres histoire d'avoir un peu plus de visibilité pour amarrer sur plomb larguable (En effet, il me semble préférable de fixer un amarrage précis sans avoir dévié de sa trajectoire, plutôt que de tenter de renrouler son fil : on risque alors de dévier sérieusement, le plongeur ne passe pas forcément où le fi1 passe. ..). Rien n'y fait : on n'y voit goutte. Je dois donc réaliser la manœuvre en aveugle. Bien entendu une fois le plomb lié au fil et le fil coupé du dévidoir, un autre plomb lié au dévidoir refuse de se séparer du premier. Et le tout dans le noir, il faut tenir d'une main le plomb récalcitrant et son élastique, de l'autre le fil conduisant vers la sortie et le sécateur dans la dernière. Je suis très content d'avoir coupé le bon.. .hem hem. Juillet 2000 : D. BILOQUE, V. BIOT, O. CASPE, D. DRUMETZ, D. GRANCOLAS, S. GUIGNARD, J.M. LEBEL, P. OBERLANDER, L. OSVALD, S. HASNER, A. PELLETIER.
* *
plus au départ de la diaclase, mais bute encore au fond sans voir ni sentir de passage pénétrable. Retour de fort mauvaise humeur contre ce satané (c'est ce qu'on écris !) dévidoir. Je m'en vais tenter ma chance dans la branche Est. Juste avant le S1, je suis par curiosité le chenal de voûte à droite.. . pour retomber derrière le S1 sans plonger, un shunt. Arrivé au S4 je peux, étant cette fois équipé à l'anglaise, mais non sans difficulté, franchir l'étroiture dans l'argile qui m'avait arrêtée le 18 mars 99. J'ai eu juste le temps d'apercevoir la
549,21- 239,90 - 130
- Lot :
Cette cavité située en rive gauche du Lot, malgré des « signes extérieurs de richesse )) évidents comme on le verra, n'était connue que sur une cinquantaine de mètres de conduits principalement noyés. Une coupe et un plan ont été publiés d'après le G.S.A et les explorations de F. Debras ? La galerie principale noyée y émergeait dans une salle d'éboulis à cinquante cinq mètres de l'entrée.
Les plongées au DeujeadChaland ne présentent pas de difficultés techniques de type plongée pure : profondeur faible, distances courtes. Les obstacles sont plutôt de nature spéléologique : faible visibilité due à l'argile, passages parfois délicats à trouver. L'obstination, une bonne expérience spéléo pour « lire le milieu », alliée à la topographie systématique permettent de progresser dans ce réseau qui se défend bien mais donne beaucoup. J.M.L f novembre 2000
La découverte de la suite a livré une centaine de mètres de galerie exondée spacieuse, se poursuivant par un splendide siphon. Celui-ci développe 450 mètres et comporte une zone d'un peu plus de 200 mètres à la profondeur de 48 mètres. Nous avons fait surface en amont dans une cloche d'air de moins d'un mètre de plafond. La galerie quasi-noyée se poursuit mais le passage est oblitéré par un enchevêtrement de dalles éboulées argileuses, humainement impénétrable.
Coupe déve dév. : 620m dont 500 noyés explos : M . Chocat, F. Gauthier, R. Gillet, S. Guignard, D. Henry, J.M. Lebel, D. Na% L. Osvald, F. Vasseur. : S.G. (exondé),
J.M.L. (S 1, SZ), F.V. (coupes).
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report.dessin : J.M.L.
1998
an projeté
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Emergence temporaire
d'air ĂŠboulis
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Le développement total de la cavité atteint 620 mètres dont 500 mètres noyés.
Alimentation : Deux colorations ont mis en évidence la relation entre les émergences de Crégols, la Gourgue avec le ruisseau souterrain de Lavayssière à Beauregard et avec les pertes de Saillac, situées à environ sept kilomètres au sud/sud-est. Enfin, sur le causse dominant la commune, s'ouvre l'Igue de Crégols. Il s'agit d'un vaste gouffre d'effondrement de soixante mètres de diamètre pour trente de profondeur. Au fond un titanesque chaos de blocs et de pierrailles a visiblement fait l'objet d'une tentative de désobstruction à l'endroit où l'air frais est très perceptible en saison estivale. Sa situation, à un kilomètre environ de l'émergence et à l'extrémité d'une vallée sèche remontant depuis le village de Crégols, rend tentante l'hypotlièse d'une liaison avec le système. La topographie reportée en surface semble aller dans ce sens. Emergences : Pérenne Une station de pompage située en bord de route audessus de l'émergence, capte l'eau à partir d'un busage dans les alluvions à une cinquantaine de mètres en aval de l'émergence temporaire, rive droite de l'ancien canal. Il s'agit de l'émergence pérenne, en pression, du système. Temporaires
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En période de crue, un ensemble de quatre points d'émergence proclies, alignés sur le inêine joiiit de strate, peuvent fournir un débit impressionnant. Le
pendage étant incliné de l'Est vers l'Ouest, l'émergence temporaire principale est l'availt dernier point à se mettre à débiter. La Gourgue La Gourgue de Crégols est une autre émergence temporaire du système, située dans la vallée du Bournac. Sa belle vasque d'eau limpide, pompée pour l'arrosage agricole, a attiré de nombreux plongeurs. Elle est connue sur une soixantaine de mètres de galeries noyées se divisant en deux et devenant étroites.
La Clef En août 94, Steff et moi commençons par désobstruer le point d'émergence le plus à l'ouest, c'est à dire le « premier » à se mettre à débiter en eaux moyennes. Le conduit est si étroit que l'on doit s'y insinuer les pieds en avant, inini-scapliandre à la main. Après environ quatre mètres, force est de renoncer car les bulles de nos détendeurs décrochent de jolies mais vicieuses volutes d'argile : alliées à l'étroitesse du conduit, l'exploration devient trop périlleuse. Ensuite nous décidons de tenter une escalade à l'extrémité exondée amoiit de l'élilergence principale. Je n'ai pas le teiiips de déballer le matériel d'escalade que Steff, en train de fureter à l'autre bout dans la trémie, m'interpelle : « déjà monté par là ? » puis « Hé 110, çà continue ! ». Je lâclie tout et grimpe à sa suite dans la trémie. Aucun obstacle.
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Steff m'attend en haut, goguenard, me montrant un passage horizontal entre les blocs. On s'y engage et peu à peu le sol se dérobe, le plafond s'éloigne : on se trouve en haut d'une vaste salle de décollement de dix mètres de large. Silencieux, on descend la pente de grosses dalles, n'osant y croire. De nombreuses pierres instables dégringolent sous nos pas, aucune trace. Nous sommes à coup sûr les premiers a fouler ces lieux. La « salle » se poursuit par une vaste galerie au plafond plat. On suit maintenant le surcreusement au sol, cupulé de « coups de gouge ». Il est exempt d'argile à la différence de la partie supérieure de la galerie, recouverte d'une fine pellicule d'argile de décantation. On a bien rejoint un actif amont, comme le confirme une cascatelle. Quelques concrétions agrémentent le parcours : « carottes » chevillées dans les fissures en plafond, petite « pile d'assiette » sur un bloc, « bâtons de berger » stalagmitiques, mais hélas, pas de ((vierge à l'enfant » . . . A une centaine de mètres de la trémie d'accès, le sol surcreusé et les dalles éboulées font place à I'eau : ((le lac ». Bientôt on perd pied, la progression se fait à la nage. Un immense bloc forme îlot, quelques draperies couvertes d'argile pendent au ras de l'eau et c'est le cul-de-sac : LE Siphon. Nous prenons pied sur l'îlot pour l'admirer, splendide vasque de cinq mètres de diamètre cernée par la roche et les berges argileuses, d'une eau limpide et profonde. Nos lampes distinguent l'ébauche d'un vaste puits en diaclase, bleuté, fascinant.
Ventre à terre on file récupérer un scaphandre 2x6 litres au premier siphon. Steff s'équipe et s'enfonce bientôt sous la surface, dévidoir en main. Je regrette vaguement de ne pas l'avoir un peu assommé.. . Mais le voilà déjà, insuffisamment lesté, il n'a pas réussi a descendre dans le puits qu'il qualifie de « FFantastique !». C'est le mot : on se trouve au dessus d'un vaste puits vertical en diaclase où I'eau est si limpide que l'on pourrait presque ressentir des sensations de vertige. En combinaison humide sans bouée d'équilibrage ni profondimètre, j'assure ma remontée en descendant par désescalade subaquatique. Les nombreuses lames d'érosion le permettent aisément. Après une descente évaluée à trente mètres (en fait vingt, je le vérifierai par la suite), je me pose sur une plage de fin gravier à la base du puits. Là s'amorce un laminoir d'environ huit mètres de large sur un de haut. Estimant avoir atteint la profondeur de quarante mètres (en fait trente), je rebrousse chemin. Tout en remontant au palier estimé de moins trois mètres, j'échafaude des plans.. .
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Les plongées vont en effet se succéder cette année là, puis chaque été pour progresser dans ce siphon de rêve. Progresser également en expérience (nous n'étions pas accoutumé à ce type de plongée) et en matériel.
Le 15 août 97 le matériel suivant est préparé au départ du siphon 2 : d'une part un scaphandre de 2x18 litres et un relais de surox 29% pour la progression, d'autre part une 4 litres de surox 70% fixée au bi-bouteille 18 litres pour la décompression à l'amont et une 15 litres d'oxygène pur pour les paliers au retour. L'émergence ne coule pratiquement plus le 16 août. A quelques décimètres près, le niveau au départ du siphon deux est redevenu celui d'étiage. Je dépose le relais à 150 mètres et parviens au pied de la diaclase en trente minutes, soit dix de plus que l'année passée, merci le courant ! Je respire le surox 70% depuis -15 mètres. En atteignant -10, surprise : cherchant un amarrage pour le fil d'Ariane, j'aperçois un beau conduit qui part à l'horizontale, la suite véritable à n'en pas douter. Je déroule 80 mètres de fil dans une belle galerie remontante en pente douce jusqu'à -4 mètres. Mon génie d'Aladin m'indique que ma décompression est terminée et la bouteille de surox 70% est vide lorsque j'aperçois le miroir de surface. J'émerge avec jubilation et scrute les alentours. Hélas, il s'agit d'une cloche borgne ne laissant que quelques décimètres d'air. La suite est dans le prolongement, sous I'eau et la galerie présente un enchevêtrement de dalles kboulées couvertes d'une mince pellicule d'argile. Malgré un examen minutieux, je ne vois aucun passage humainement pénétrable. Je rebrousse donc chemin, a cinquante minutes du départ de la plongée, en levant la topographie jusqu'au point 250 mètres. J'arrive au premier palier à 84 minutes et émerge à 120 minutes. Temps passé sous terre de 4 heures 30 minutes en ressortant le matériel. Une nouvelle surprise nous attend à la sortie : alors que nous sortons les dernières bouteilles dans l'entrée de la cavité, le niveau se met à remonter à vue d'œil et l'entrée siphone bientôt . Le courant devient sensible, l'eau est cette fois laiteuse (fin de vidange de l'eau claire du réseau). Il est quinze heures, la mise en charge accuse un temps de retard d'environ huit heures par rapport à l'orage qui a pris fin au lever du jour et dont on voyait les éclairs sans recevoir une seule goutte à Cabrerets. Nous avons fait un certain nombre de plongées de recherche minutieuses d'une autre suite : dans les plafonds, petites alcôves, remontées de diaclases. En 1999 nous avons tenté une désobstruction dans
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l'argile et en 2000 une escalade, le tout à l'aplomb du départ du S2. Tout cela sans succès, pour l'instant.. . Merci à Pierre LAUREAU et à Bibige pour leur précisions historiques. Pour plus de détails, voir spélunca n079. Pour mémoire.. . (pas Ad Memoriam !)
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1995 : « le prof. Maïf » Didier HENRY, (( le gros » et « papy )) Laurent OSVALD 1996 : le gros », « papy », le (( géant vert » Franck VASSEUR 1997 : François GAUTHlER « Fanfan », « le gros » 1998 : David « Dalaï-Lama, le docteur )) NAU, (( le gros », 1' « anarshag » Marc CHOCAT, 1' (( anarbelge » Roland GILLET. 1999: M. CHOCAT, S. GUIGNARD, Nadir LASSON, J.M. LEBEL 2000 : N. LASSON, J.M. LEBEL
1992193194 : « Steff » GUIGNARD, « le gros » Jean-Marc LEBEL
Les groupes électrogènes du commerce comportent un ensemble moteur thermique - alternateur suspendu dans un bâti métallique. L'alternateur possède une double isolation standard. Certains modéles comportent en outre des dispositifs de protection électrique. Il n'y a donc pas en principe à craindre une mise à la masse du circuit au niveau du groupe lui-même. Par précaution, nous ne nous fions pas trop à l'isolation supplémentaire fournie par les silent-blocs de suspension, et nous plaçons toujours le groupe dans un endroit dégagé et sec.
Par le G.S.D. Transmis par Jeff Leillot
Pour la ligne électrique et les points d'éclairage, nous souhaitons les réaliser avec un matériel très ordinaire: Simple fi1 à deux conducteurs sous PVC, douilles et ampoules bon marché.
Pour des travaux en plongée siphon, importants mais de courte durée, nous avons cherché un moyen d'éclairage puissant, bon marché, facilement disponible. Nous nous sommes intéressés au courant électrique 220V fourni par un groupe électrogène standard.
La difficulté vient de ce que ces éléments sont conçus pour un usage à l'air: Leur isolation n'est pas étanche. Il suffit qu'elle évite les courts-circuits par contact direct des conducteurs opposés, et supprime les risques d'électrocution par contact direct du corps avec ces conducteurs.
A priori, l'idée paraît déraisonnable, et tous ceux que nous avons consultés l'ont rejetée d'un avis unanime. Les objections sont toujours: a - Ca ne peut pas fonctionner; b - Les plongeurs seront électrocutés.
En cas d'immersion, un tel matériel n'est plus isolé électriquement. L'eau entre en contact avec les conducteurs par les défauts d'étanchéité. Si l'eau est salée, sa conductivité élevée provoque un courtcircuit permanent. Par contre en eau douce, la conductivité est faible: On peut espérer que le système fonctionne. Mais qu'en est-il des risques d'électrocution ?
L'accident de Claude François hante les mémoires lorsqu'on parle d'électricité dans l'eau.. . A notre époque frileuse, nous comprenons que personne ne veuille prendre la responsabilité d'un éventuel accident, même en participant simplement à la réflexion. Prenant le risque nous-mêmes, nous nous sentions en droit d'essayer. Si nous avions été subventionnés et riches, nous nous serions contentés d'acheter un matériel coûteux, et nous n'aurions rien appris. Mais la nécessité nous a forcés à réfléchir d'abord, et à expérimenter ensuite.
Nous avons voulu d'abord savoir ce qui se passerait avec un matériel ordinaire (fil, douille et ampoule) immergé dans l'eau et relié à une installation domestique monophasée. L'expérience est facile à réaliser. Si le récipient n'est pas isolé du sol, le disjoncteur de l'installation électrique remplit son rôle et coupe l'alimentation. Si au contraire le récipient est isolé du sol, l'installation fonctionne. Mais gare à celui qui entre à son contact sans
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précaution ! Cependant une personne elle aussi isolée du sol peut impunément toucher le récipient et même tremper sa main dans I'eau. L'électrocution ne se produit que par le sol, auquel le secteur public est relié. Avec un groupe électrogène isolé du sol, elle ne se produit plus. Il est donc possible de passer à la phase suivante de l'expérience, et nous installons notre groupe électrogène sur les graviers au bord d'une source dans laquelle nous poursuivons d'importants travaux de désobstruction. Nous immergeons une ligne simplifiée, composée d'une vingtaine de mètres de fil souple à deux conducteurs, d'une douille baïonnette en laiton et d'une ampoule 220V lOOW ordinaire, lestée d'un plomb pour la circonstance. Nous faisons démarrer le groupe électrogène et mettons le contact. Le fond de la vasque s'éclaire aussitôt. Le plongeur met timidement un doigt dans I'eau, d'abord à bonne distance, puis plus près. Rien ne se passe. 11 entre alors dans la vasque, s'approche de l'ampoule qui continue d'irradier, puis il saisit le fi1 et enfin la douille. Rien. Le plongeur revient vers la surface et brandit hors de I'eau l'ampoule toujours illuminée (Photo d'archives !). Dans un second temps, l'ampoule est maintenue au fond par le plongeur tandis qu'en surface, un assistant effectue des manceuvres d'interrupteur. Tout fonctionne. Dans une troisième phase, le plongeur emporte avec lui l'ampoule toujours éclairée vers la partie souterraine de la source, franchit avec elle une étroiture et, par 10m de profondeur, l'installe dans une salle confortable qui n'avait jamais reçu autant de lumière. Cela valait la peine d'essayer ! L'expérience terminée, la ligne est remontée et examinée. Les parties métalliques ont subi un début de corrosion au contact de l'eau. Cela n'est pas surprenant, mais la finesse des éléments rend l'attaque électrochimique redoutablement efficace. Le pire est la dégradation des fils souples: Grâce à la pression, l'eau a pénétré profondément dans la gaine PVC, remontant entre les minces fibres de cuivre depuis leur extrémité dénudée. Elle y est restée piégée, dans l'impossibilité de s'évaporer, et la corrosion des fils a continué bien après l'expérience. Le métal non protégé se dégradant rapidement; il ne faut pas compter laisser une telle installation en fixe au-delà de quelques jours, voire quelques heures en fonction de la pollution de l'eau, car certains polluants accélèrent la corrosion. Par contre une étanchéification sommaire (colle hot-melt par exemple) devrait suffire à protéger certains éléments, en particulier l'extrémité des fils.
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Les conclusions que nous avons tirées sont les suivantes: 1 - Une installation 220V très simple, alimentée par un groupe électrogène ordinaire, peut fonctionner dans l'eau douce. 2 - Même sans isolation spéciale, et pourvu que le groupe électrogène soit correctement isolé du sol, il n'y a ni fuite électrique ni électrocution malgré le préjugé commun (partagé par les professionnels). Bien entendu, pas plus qu'à l'air libre, il n'est pas question de toucher directement les conducteurs. Nous pouvons imaginer que les conséquences d'une électrocution sous l'eau seraient beaucoup plus graves qu'au sec. 3 - Au moins jusqu'à -10m, éteintes ou allumées, les ampoules standard résistent très bien à la pression. 4 - L'éclairage obtenu convient très bien pour un balisage même en eau chargée. En eau claire, on dispose d'un éclairage puissant et peu éblouissant, qui donne de la disposition des lieux un bien meilleur aperçu que les projecteurs habituels. La différence est la même si vous éclairez votre cave avec le plafonnier plutôt qu'à la lampe de poche ! 5 - La corrosion des parties métalliques dans l'eau constitue la limite naturelle de cet équipement. En définitive: Nous ne prétendons pas avoir réalisé une invention majeure, quoique le fait de dépasser un préjugé général soit le critère principal d'une démarche inventive. Nous avons seulement vérifié, pour notre propre usage, que nous pouvions utiliser un matériel bon marché, disponible immédiatement dans n'importe quelle quincaillerie, pour obtenir un éclairage puissant et quasiment illimité en plongée siphon, pour des usages ponctuels. Nous publions cet article parce que nous pensons que notre idée peut être reprise et améliorée par d'autres, car elle paraît ouvrir d'intéressantes possibilités pour l'exploration, la photo etc., et surtout pour les opérations de secours en siphon. 11 existe des normes qui régissent l'emploi de
l'électricité en milieu noyé. Nous invitons ceux qui le désireraient à se fournir ces normes afin de connaître les matériels homologués pour un tel usage.
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PAGE no 22 pluvieux va provoquer de nombreuses et importantes montées d'eau nous barrant l'accès au réseau en da nt alus d'un mois.
(Frédéric POGGIA, Laurent TARAZONA) L'objectif de cette campagne est de retourner à l'extrême amont du réseau. 16 ans auparavant, lors d'une pointe en solitaire, Fredo s'était mêté dans un méandre au pied d'une escalade qu'il n'avait pu franchir. Pour arriver à ce point, il nous faudra franchir 5 siphons et parcourir quelques centaines de mètres de galeries exondées présentant parfois une large rivière calme, parfois des méandres plus ou moins larges ponctués par de brefs passages en escalade. Les opérations débutent le 5 janvier par une plongée de reconnaissance pour se remettre le premier siphon (Sl) en mémoire et surtout vérifier le précieux fil d ' h a n e qui aurait pu être endommagé par des crues. Suite à cette première plongée, nous passerons le mois de janvier à transporter notre matériel derrière le SI. En effet, ce genre d'exploration nécessite une préparation sans faille. Ainsi, devons nous acheminer les bouteilles pour franchir les derniers siphons le jour de l'exploration, de la nourriture, du carbure pour l'éclairage, du matériel pour l'escalade.. .
fond le départ de la galerie des Pachantons Ce n'est qu'au mois de mars que le temps redevient stable et nous permet de plonger le 19 mars 2000 soit, a trois jours près, 16 ans après la dernière exploration de Frédo dans les amonts de la grotte. Afin de s'économiser le jour de la « pointe D, nous portons notre matériel la veille. Dimanche 19 mars 2000 : le temps est stable et la météo favorable. Un dernier café nous permet de regarder encore la topographie du réseau pour bien se la mettre en mémoire, puis nous pénétrons dans la grotte. Arrivés au lac, nous nous préparons avec des gestes automatiques et lents puis nous immergeons vers 12H00. Enfin libérés de nos angoisses, nous palmons sur le lac pour rejoindre le départ du S 1. Au bout de 150 m de nage, nous arrivons au départ du S1. La plongée commence, les 100 premiers mètres sont spacieux, mais encombrés de matériels &vers (câbles, morceaux de bois.. .) ayant du servir aux premières explorations. Après une première cloche d'air, nous replongeons, cette fois pour parcourir les 800 derniers inètres du SI. D'abord avec un propulseur puis a la palme, nous refaisons ce parcours désormais familier, passons la zone « profonde » (- 24 m), puis ressortons à l'air libre au bout de trois quarts d'heure.
Audric dans le S I Fin janvier, malgré quelques crues qui nous ont fait prendre un peu de retard, tout le matériel est en place et l'exploration finale peut avoir lieu. Malheureusement, un mois de février extrêmement
La sortie du S1 s'effectue dans une faille relativement malcommode avec 50 kilos sur le dos. Par contre, de suite après, une salle spacieuse (10 m de diamètre et 20 m de haut) avec un lac nous accueille. Au bout de cette salle, quelques ressauts ascendants où cascade la rivière nous amènent au Siphon 2.
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INFO - PLONGEE NO84 85 Après avoir échanger nos volumineuses bouteilles de 18 litres pour un équipement plus léger (bouteilles de 6 et 3 litres chacun), nous entamons le S2. Celui-ci est long de 120 mètres pour une profondeur maxi de 20 m, il est clair et agréable, ne présentant pas de difficulté particulière.
Laurent Tarazona - photo Freddo La sortie s'effectue dans un superbe lac, et en remontant une dizaine de mètres, nous nous retrouvons dans une superbe galerie de section régulière (4" m) où s'écoule paisiblement la rivière. En la parcourant, nous prenons quelques photos, puis arrivons devant le siphon 3. Celui-ci est très court (30m) et fait immédiatement place au S4 qui est du même type. Encore 100 m de rivière calme et nous voilà devant le 85. A cet endroit, le réseau se sépare en deux branches (gauche et droite). La branche de gauche ayant été explorée par Fredo et s'arrêtant dans une salle exondée 100 m plus loin, nous empruntons celle de droite. Le S5 est long de 120 mètres, mais contrairement aux précédents, il n'est pas très accueillant. A chaque coup de palme, nous soulevons d'importantes quantités d'argile ce qui nous promet un retour sans aucune visibilité. De plus, il est ponctué par deux étroitures que l'on doit franchir en se « tapissant » au sol (donc dans l'argile). A la sortie du S5, la galerie spacieuse a cédé la place à un méandre plus ou moins large avec beaucoup d'argile au sol. Visiblement, cette partie de la grotte n'est pas l'actif principal mais un aMuent ou un trop plein du réseau principal. La suite du réseau ne présentant plus de siphon, nous laissons définitivement notre matériel de plongée et mettons celui de spéléo.
PAGE na 23 La suite est un méandre remontant, ponctué par une étroiture et une marmite de géant (6 m de profondeur et des formes d'érosion d'une régularité exceptionnelle) qui nous oblige pour des raisons de sécurité à mettre une corde en place pour s'assurer. Après ce passage, le méandre redescend et recoupe la rivière principale du réseau. Nous partons en premier en aval où Fredo s'était arrêté sur un bassin de boue. Arrivé à cet ancien terminus, nous continuons la rivière sur 50 m et sommes arrêtés sur un siphon boueux. Selon toute probabilité, ce siphon doit jonctionner avec le S5 mais où ? ? ? Cette partie du réseau ne présentant plus de continuation possible, nous revenons sur nos pas et filons en amont de la rivière vers le terminus de 1984. Ici, la progression s'effectue dans l'eau, le méandre est large et très haut, mais ponctué parfois par des passages étroits. Au fur et à mesure que nous remontons la rivière, ces passages étroits se font de plus en plus fréquents et longs et nous obligent finalement à quitter le fond du méandre pour continuer en opposition à mi hauteur, là où le méandre est nettement plus large. Nous voici au terminus de 1984, effectivement, le fond du méandre est trop étroit, et à cet endroit, les parois lisses ne permettent pas de remonter. Par contre, en revenant un peu sur nos pas, rious trouvons un passage nous permettant de monter en escalade libre en haut du méandre et de dépasser le terminus. L'inconnu s'offre donc à nous. Nous sommes en haut du méandre dans une large galerie ne présentant aucune difficulté. Cette galerie est surcreusée par le méandre au fond duquel court la rivière. Au bout de 50 m, nous voilà de nouveau dans la rivière. Certainement à la faveur d'un changement géologique, le méandre se transforme en une galerie qui s'abaisse petit à petit et bute 50 rn plus loin sur un nouveau siphon (S6). N'ayant pas prévu cet obstacle, nous arrêtons là l'exploration et décidons de ressortir. Le retour s'effectuera sans problème malgré le manque total de visibilité dans les siphons. h v é s au SI, nous profitons de (( l'hospitalité )) des lieux pour reprendre quelques forces et boire une soupe tiède, puis, reprenant nos bouteilles de 18 litres, nous replongeons dans le siphon 1 dont nous sortons 1 heure plus tard. On est lundi, il est deux heures du matin et voilà maintenant 14 heures que nous sommes rentrés dans le trou. Nous remettons des vêtements secs ( pour changer un peu), et commençons les portages pour sortir le matériel.
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Bilan de l'exploration : cette campagne nous a permis de progresser d'une centaine de métres dans les amonts du réseau. Au terminus actuel, on note le changement de morphologie ( galerie avec argile au sol) qui doit être du à un changement de faille ou de couche géologique. Nous sommes toujours dans la rivière principale, celle-ci sortant du S6. Selon toute probabilité et vu la configuration des lieux (extrême amont du réseau), le S6 devrait être un verrou assez court. Sa plongée sera l'objectif de nos prochaines explorations.
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e n république de Macédoine Expédition nationale de la CNPSFFESSM parrainée par la FFS. Par Frank VASSEUR « Dans cette p t i t e r m l i q u e de l'exY ~ u g ~ s l a v i e ,une m t i o n M g a r e a exploré, chuant L'autanne 1995, l e canyon Miitka pyoche de l a capitale Skopje. Cinq spéléos bulgaes (dont t r o i s plongeurs) e t de la société quelques m-ens Spél&lcrjique « Peany » y ont travaillé ensemble$@ autre ht de 1'expkkition é t a i t chi karst de l a plorxgk & l a rés-ce Vrelo, alimentant l e lac a r t i f i c i e l de mtka (capacité 2 m 3 /s) . Deux bulgares l'ont explo* sur 200 m, atteignant une p m f c m d e ~de ~ @O m, sans atteindre l'autre extrémité du siphm. >>
Ce compte-rendu laconique, publié dans une revue spéléologique, ne m'avait pas laissé indifférent. Le souvenir d'une traversée-éclair de ce qui était encore un état de Yougoslavie avait fait le reste...
Ce petit état, continentai et montagneux, le seul de « l'ex-Yougoslavie » a avoir pacifiquement obtenu son indépendance, n'était pas réputé pour son potentiel souterrain Et pourtant... Août 2000 À une dizaine de kilomètres du centre de la capitaie Skopje, les hautes murailles calcaires du canyon Matka répercutent à l'infini joyeuses exclamations et éclats de rire. La pâle clarté lunaire reflète ces puissantes masses sombres, qui dom~nentle lac de plus de 300m. Pourtant la « Matka house », piiissante bâtisse recyclée en gîte-restaurant, accolée A une basilique orthodoxe et baignée par le lac, inciterait plutôt au recueillement. Il y a là les spéléologues macédoniens de Skopje et leurs invités : Gordan, le traducteur croate formé à la plongée souterraine lors de nos précédentes expéditions en Croatie, trois plongeurs belges et cinq plongeurs français. Tous amateurs des pays balkaniques, tant pour la convivialité des habitants que pour les sources qui y foisonnent. Ce soir, à la veille du retour, les yeux brillent d'un éclat particulier. Les paysages souterrains, révélés à la lueur des phares et fraîchement imprimés dans les mémoires, reviennent inlassablement dans les yeux fatigués. Assurément, nous n'oublierons pas de sitôt cette expédition en Macédoine.
L'objectif principal, Matka Vrelo (la source de Matka), est située au fond d'un lac artificiel, encadré d'abruptes falaises, à 5 km de navigation du gîte. Une barque, quotidiennement mise à contribution, assurera les navettes avec ses parasols écarlates et sa coque rouillée et cabossée. Elle s'acquittera pourtant fort bien sa mission, portant souvint au-delà du poids maximum autorisé.
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Sous le cloaque, l'onde pure Seule ombre au tableau, I'eau du lac. L'été, le débit est faible et l'eau s'eutrophise. En remontant vers la source, sa teinte verte se dégrade au marron opaque. Martial, arrivé par avion deux jours avant l'équipe, est le plus frais. Il part pour la première reconnaissance. Du bateau, il bascule dans I'eau glauque. Moment de doute et d'angoisse. Si l'objectif principal de l'expédition est trouble, le plaisir, voire les résultats, ne seront pas de la partie. Nous avons bien d'autres objectifs mais ...un bruit de bulles chasse les idées noires. Il revient, porteur de bonnes nouvelles. À -2 m, la couche opaque se dissipe, et à -7 m, une gueule triangulaire de 4 m de côté exhale plus d'l m3/s d'eau douce et claire. Il a parcouru 40 m dans une large galerie el repéré une amorce de conduit latéral plus modeste. Avant de pousser plus loin, nous allons nettoyer le fil d'Ariane bulgare, endommagé par les crues, et installer le notre. Nous l'avons déca métré et marqué chaque 5 m pour servir de support au relevé topographique. Les explorations et relevés topographiques vont alors s'enchaîner durant tout le séjour, chacun prenant part à la découverte, en alternance avec des « pointes » dans d'autres rivières souterraines, plus éloignées de notre camp de base. La der des der
30" à l'ombre. Le soleil n'est même pas au zénith. Assis sur la berge, 2 m au-dessus du cloaque, je me laisse équiper par les copains. Les sensations ne sont pas désagréables, c'est fou ce qu'on prend vite de mauvaises habitudes ! Bouger le moins possible pour éviter de trop transpirer. Élan, pesanteur, flottaison... L'eau grasse perle sur le masque. 50 m de palmage en surface, voilà l'amarrage de la corde. Vite, je file à la verticale, retrouver l'eau fraîche, et propre. Derniers ajustements, ultimes vérifications quasirituelles sans lesquelles je ne peux concevoir de m'engager plus avant. À-6, les bouteilles d'oxygène (principe de redondance oblige), ondulent sous l'effet du courant. Quelques gorgées, pour rétablir les pertes hydriques, largage des « gueuses » à -7 et -15. Un dernier coup d'œil vers l'entrée, le triangle presque parfait se découpe en contre-jour. Superbe ! Mais j'awai tout le loisir d'en profiter tout à l'heure, le temps des paliers venu.
Dans les 120 premiers mètres, un violent courant rend la progression « physique » malgré une section d'environ 30 m2. Après un point bas à -15, on
PAGE no 27,remonte sensiblement, survolant les blocs calcaires effondrés couchés sur lit de sable gris. Une imposante dune de sable, masse grisâtre, scintillant de débris rocheux insolubles, annonce la fin de la « galerie salamandar 1). Un dernier coup de jarrets, un point haut à -10 et voilà la salle Peoni. C'est un endroit unique, couronné de deux cloches d'air. Les dimensions sont colossales: 52 m de haut (dont 5 m hors de l'eau avec départ de galerie exondée), 50 m de long et 20 à 30 m de large ! Des stalactites agrémentent le siphon jusqu'à -11 m sous la surface, suite à une remontée des eaux de 8 à 10 m, due à la construction d'un barrage hydroélectrique vers 1945. Le courant devient imperceptible. Et le sol se dérobe progressivement. Des blocs anguleux de plusieurs tonnes sont enchevêtrés là. Une fine pellicule de limon les recouvre. Perdu dans l'immensité de ce vide aquatique intérieur, la main se fait tendre et délicate sur le fil d'Ariane, alors que le regard suit les faisceaux lumineux des phares, dans le noir. -35 : le plafond s'abaisse, le sol apparaît, ridé de « ripples marks », ces stries sculptées par le courant. Pour faciliter la progression et surtout « lisser » le profil de plongée, je ne passerai pas par le point bas, à -48. Nous avons trouvé une autre galerie, le « by-pass )) qui, après le point bas de -35 remonte à -12. Nous faisons ainsi l'économie d'un « yo-yo » dont l'organisme se passe volontiers. Le fil vient jouxter le plafond, sous les palmes, 12 m plus bas, l'autre fil fuit dans l'espace lointain. Le puits « céouladon », superbe cheminée de section ovoïde, ramène aux réalités de la caverne. Le courant « pousse » à nouveau, bien qu'à moitié du débit de la source - le débit se divise en deux lors de son passage dans les galeries superposées du shunt et du point bas -. A l'inverse de la méthode habituelle, il faut « inflater » le volume pour attaquer la remontée sans trop d'efforts. C'est une des particularités de la plongée souterraine. Sous terre, c'est la cavité qui impose le profil de plongée, ses particularités qui dictent les adaptations techniques nécessaires. En pianotant sur les purges, je remonte jusqu'à -12, à 200 m de l'entrée. Retour à l'horizontale dans le ((by-pass ». Les dimensions plus modestes (4 m de large pour 7 de haut) ont tendance à fausser la perception de la vitesse de progression. Les parois, sculptées dans un calcaire à la chaude couleur ocrée, sont hérissées de lames d'érosion, bienvenues pour l'amarrage régulier du fil d'Ariane.
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IWO - PLONGEE NO84 85 J'y dépose ma bouteille relais, consommée au tiers, gagnant ainsi en hydrodynamisme. A la cote 250 ni, le sol de la galerie s'éventre. Un puits dégringole à -48, ce fameux point bas que nous prenons soin d'éviter. Ici commence la galerie « Greencard », baptisée ainsi en souvenir d'une aventure croustillante lors d'un passage de frontiére. Plus large que la précédente, elle est parcourue par l'intégralité de l'écoulement. La tentation est grande d'appuyer sur les jarrets, tombant ainsi dans le piège de l'essoufflement. Je m'astreins à un rythme de croisière dans l'attente de la suite.
PAGE no 28 le faisceau vers le point bas de la salle. Je sais qu'à la côte 390 m, à -49 m, le fil s'arrête. À nouveau, je m'astreins à un palmage régulier. Ne pas céder à cette frénésie, garder son calme malgré l'excitation de l'exploration. Voilà la lucarne, ce « rétrécissement » de 8 x 6 m. Sur la droite, le fil s'arrête, amarré au niveau de l'étiquette 390 m. Roger et Pierre étaient formels : « après le terminus, on aperçoit un nouveau puits ». En effet, ça plonge dans le noir. Raccord du dévidoir, les gestes sont un peu fébriles, l'exploration va commencer.
Expédition Matka 2000 en république de Macédoine. Dans la galerie « salamandar » de Matka Vrelo. Photo : Roger COSSEMYNS et Marc VANDERMEULEN.
Ça y est : l'étiquette 300 m. Le conduit s'agrandit encore d'un cran. Un puits, prolongé par une galene en « trou de serrure » vient trépaner la « twilight zone ». A -25, on recoupe cette salle oblongue, inclinée sur une pente d'éboulis. Le sol est à -40, la paroi d'en face à plus de 20 m. Plus on remonte cette rivière, la Patiska souterraine, plus les conduits prennent de l'ampleur. Cette source est exceptionnelle de beauté, de variété des paysages, de démesure. Tel le bon vieux film où l'on découvre un détail nouveau à chaque rediffusion, chaque plongée dans Matka Vrelo est un émerveillement. Muni du phare à main de Marc, dont la portée excéde 20 rn dans une eau de cette clarté, je dirige
Mes éclairages de casque (35 W) sont insuffisants pour apprécier l'intégralité de ce puits. Le dévidoir dans une main, le phare dans l'autre, je décolle pour l'inconnu. Fantastique sensation de découvrir la caverne, de la sortir progressivement du néant, d'être là où personne n'a jamais été, de voir ce qui n'a jamais été vu. Bercé par le doux ronronnement du dévidoir en action, j'avance sur la pointe des palmes. Fichtre c'est que c'est grand ! Que c'est beau ! Sur la droite, un large palier est encombré de blocs. Je descends lentement dessus, en pleine eau. Premier amarrage : -61 ; je sais que je n'irai pas beaucoup plus loin, n'étant pas du genre à trop défier « Narké ». De plus, ce palier n'est qu'un répit, l'antichambre d'une descente abyssale.
I W O - PLONGEE NO84 - 85 En effet, le cylindre se verticalise radicalement. Un coup de phare révèle un vide circulaire de 10 à 15 m de diamètre. Je progresse encore en plafond jusqu'à l'aplomb de ce puits titanesque. La raison refrénant la passion, j'amarre mon précieux fil-guide sur une grosse arête, au plafond, à 425 m de l'entrée. Je suis resté accroché là, balayant le faisceau vers le fond. Les yeux écarquillés, scrutant les abysses, m'imprégnant au maximum de ces visions sublimes. La verlicale est absolue jusqu'à -85 m environ. Les parois se rapprochent ensuite et une puissante fracture s'enfonce au-delà de -90. La visibilité est supérieure à trente mètres. Griserie. Je suis resté là, immobile, les yeux dans le vert céladon, plus de quatre minutes. La contrepartie se paiera en temps de palier supplémentaire. Nous n'avons pas baptisé ce puits, laissant ce soin à
PAGE no 29 de jouer, du moins avec les moyens dont nous disposons cette année. Nos hôtes macédoniens sont aux anges. L'exploration a donné des résultats dépassant toutes leurs espérances. La topographie que nous avons scrupuleusement levé leur permet d'avoir une vision précise de la cavité, d'orienter leurs prospections futures en surface. Une salamandre cavernicole et des « niphargus » - petites crevettes dé pigmentées - ont été observées dans la source (c'est la première fois que des animaux cavernicoles aquatiques sont collectés dans le pays). L'analyse des prélèvements d'eau augure des perspectives d'exploitation en vue d'alimenter la capitale du pays en eau potable. Nous terminerons l'expédition en jetant notre
Expédition Matka 2000 en république de Macédoine. Début du shunt au point bas de -35 dans Matka Vrelo. Photo : Roger COSSEMYNS et Marc VANDERMEULEN. ceux qui auront le privilège de le descendre. Retour en topographiant les 35 m explorés aujourd'hui. Puis les paysages s'enchaînent en sens inverse, en accéléré, avec le courant dans le dos.
dévolu sur d'autres sources, riches également de découvertes. À tel point que, sur invitation pressante de nos copains macédoniens, nous retournerons poursuivre ces explorations en 2002.
Attablé au premier palier, à -15, le jour m'apparaît par l'encadrement pyramidal du porche d'entrée. La décompression a un arrière-goût de nostalgie. Pierre qui vient aux nouvelles, sait également que le jouet est cassé, que nous ne sommes plus en mesure
Izvor Babuna Cette source, située à 1300 m d'altitude sous un sommet de 2500 m (Solunska Glava), sera l'objectif principal d'une expédition future, en 2002.
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Quarante-cinq minutes de marche d'approche à flanc de versant, puis une courte escalade et un puits de 20 m dans une petite grotte sont les préliminaires incontoumables à la plongée. Un joli ruisseau souterrain provient d'un court siphon (20 m de long, 4 de profondeur). Passé le verrou liquide et glacial (6') nous remontons l'écoulement via de véritables « champs élysées » hypogés jusqu'à un grand lac siphonnant. Durant 271 m, le ruisseau cascade dans de vastes salles ébouleuses. La mélopée des cascatelles se répercute a l'idini, sous les voûtes qui s'élèvent parfois à plus de 20 m. Dans une zone d'eau plus calme, un groupe de niphargus, petites crevettes dé pigmentées, agglutiné sur un rocher a été remarqué. D'après Gordan POLIC, le spécialiste de la faune cavernicole, ce comportement peu commun correspondrait peut-être à une période de reproduction.
Pestera Vrelo (Canyon Matka): Cavité aménagée avec siohon à 65m. de l'entrée reconnu par l'exoé. ~ u l g a r e de 95 (65 m. ;-23). AU-dela de leur terminus, une fracture étroite remonte jusqu'à -1 1. Siphon (78m. $5) Un autre lac, à la base des escaliers d'accès, a été exploré sur une vingtaine de mètres, arrêt à -1 1. TO=10°c.
Nous traversons à la nage le petit lac, et après une série d'étroitures et de passages presque noyés, nous découvrons de vastes galeries richement ornées de stalactites et stalagmites. Un petit quart d'heure d'élargissement au marteauburin ouvrira le passage aux copains macédoniens avec qui nous poursuivrons l'exploration jusqu'à plus d'un kilomètre de l'entrée. La, plusieurs possibilités se présentent. La rivière sort d'un siphon, reconnu en apnée jusqu'à -4. Des escalades dans les voûtes augurent également un autre champ d'exploration dans des galeries fossiles supérieures.
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(Tresonce) : grotte de 500m. de long présentant des siphons en amont et en aval. Elle n'a pu être plongée pour cause de météo défavorable le jour où nous nous y sommes rendus. La résurgence de cette cavité bute également sur siphon à 200m. de l'entrée.
Matka Vrelo (Canyon Matka)i résurgence souslacustre explorée sur 180m en 1995 par une équipe bulgare. Nous avons poursuivi jusqu'à 425m, arrêt à -67 avec vue à -90 environ ! Développement total porté à 550m. Récouverte de deux énormes salles immergées dont une, la salle « PEONI » aux dimensions colossales: hauteur 52m (dont 5 m hors de l'eau avec départ de galerie exondée) longueur : 50m, et largeur de 10 à 30 m ! Présence de concrétions sous la surface suite à une remontée des eaux de 8 à 10 m due à la construction d'un barrage hydroélectrique vers 1945. TO=13Oc.
Outre l'exploration, nous avons également été à la disposition de nos hôtes pour : e initier des spéléologues macédoniens à la plongée en surface libre (1 1 participants) tout en les sensibilisant aux spécificités de la plongée souterraine ; r perfectionner leurs techniques de progression spéléologique en rivière souterraine et sur corde, e prélever des spécimen de faune dans les cavités explorées (en cours de détermination par les spéléologues macédoniens et l'association de biospéléologie croate) ; e effectuer des prélèvements d'eau dans les siphons du canyon Matka (analysés par la compagnie des eaux de Skopje. Cette eau serait propre à la consommation et nos hôtes ont récemment été reçus par le ministère de l'environnement en vue d'une étude approfondie) ; e réaliser des prises de vues photographiques et vidéo en siphon et galeries post-siphon explorées ; r donner des interviews pour la presse télévisée, radiophonique et écrite macédonienne.
Pestera GONOVICA Cette rivière souterraine avait déjà été remontée sur 320 m, jusqu'à une impressionnante cascade. Les spéléologues macédoniens l'avaient escaladée sur 6 m pour buter sur un plan d'eau translucide. Leurs efforts pour abaisser le seuil de déversement de la vasque restèrent vains.
Participants: r Élodie DARDENNE, Ghislaine NOAILLES, Pierre SCIULARA, Gilles VAREILHES, Frank VASSEUR pour la France. e Roger COSSEMYNS,Marc VANDERMEULEN, Martial WUYTSpour la Belgique. e Gordan POLICpour la Croatie. e Aleksandar et Nikola ANGELOV,Maria et Hristina ARGIROVSKA, Cele BOGESKI,Elena
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Pestera Krishtalna (Canyon Matka): Petite grotte dont le siphon n'a rien livré de plus (30m.-6) mais qui exhale un puissant courant d'air.
IWO - PLONGEE NO84 - 85 BUZAROVSKA,Keti DIMITROVSKA, Oliver Sanja GICEVSKI,Hristijan GROZDANOVSKI, Slobodan JOVANOVSKI, Octavian GJORGJEVIC, Mihail KIVIJA,Aleksandar MITREVSKI, Tania NESTOROSKA,Kosta NIKOLOVSKI,Biljana PETRESKA,Sead SADRIK,Ali SAMET,Ivan ZEZOVSKI, Max ZORANpour la Macédoine. Merci à la société FENWICK (Nîmes) et aux CDS 26 et 30 pour leur soutien financier, aux magasins « DIVINGSURFINGMARINE », « CONCEPTEXPO »,
Carte IGN Vermenton 5-6 X=706.905 Y=288.605 Z=125.50 Présentation : Le S du méandre d'ARCY SUR CURE et de ST MORE est bien connu des archéologues et des spéléos. En effet, la cure en cherchant son chemin s'est frayé plusieurs passages souterrains à travers le plateau. Cependant, mis a part la Grande Grotte qui est exploitée à des fins touristiques depuis plus de deux siècles, les bords de la Cure regorgent de cavités et de réseaux de moindre importance au premier abord car la progression dans ce genre de-trous est vite stoppée par l'eau qui forme les siphons.
Les Goulettes et Barbe Bleue ont deux siphons qui jusque là sont restés infranchis La Cure qui prend sa source sur le plateau du Morvan, draine des sédiments tout au long de son parcours, ce qui lui donne une couleur brune toute l'année. Les pertes de la Cure qui traversent le plateau pour former la rivière des Goulettes ressortent un bon kilomètre plus loin à Barbe Bleue. Le niveau souvent élevé de l'eau suffit à noyer entièrement ou presque les galeries. Les explorations d'après Arnold HAID. La première visite aux Goulettes : dans les cavités, les trois premiers mètres en goulet livrent accès a 300m de galeries spacieuses. La traversée des Goulettes est plaisante et la rencontre avec le S1 est envoûtante, inquiétante, mais aussi attirante. Equipé d'un bi 2x3.5 et d'un éclairage puissant il est impossible de lire les manomètres en raison
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« MARES», « WORLDTRAVEL BELGIUM)), à Serge DELABY,à nos amis du CSARI,de ~'ESC, du GIPS,à la s.s.Namur au GEK-Celadon, au GUS pour leur soutien matériel, à la F.F.E.S.S.M.(c.N.P.s.), à la F.F.s.(c.R.E.L)et à I'ADEPS pour leur parrainage et leur contribution financière. Une attention toute particulière va à nos amis macédoniens de la Société spéiéologique PEONI, pour leur accueil et leur collaboration exemplaires.
d'une eau très opaque. Je me glisse dans le plan d'eau et cherche pendant plusieurs minutes l'accès au départ du siphon. Après un premier échec je replonge et trouve l'entrée a un mètre de profondeur, le diamètre ne dépasse pas un mètre ; ce n'est guère engageant. Dès le début de l'équipement en fil d'Ariane je cherche à tâtons dans ce boyau de glaise. Mon corps tout entier est engagé, je suis en position semi-horizontale et sur le dos, je progresse très lentement et j'arrive en palpant à imaginé une diaclase assez large. 15m de fil a étés tirés depuis mon départ et aucun becquet ne permet de le fixer. Retour après 20mn sur autonomie mais je retrouve sans aucun problème la sortie. Je sais déjà que je reviendrai aux Goulettes. Deuxième visite : c'est les hivers. Cette fois ci bi 2x10. Je me faufile dans le siphon et décide de rester au plafond, je déroule du fil d'une main et de l'autre j'ai l'impression de toucher de la roche et le plafond ce relève après 10m environ. Un orifice de 0,80m cette présente a moi je suis à -3m au bout de quelques mètres je m'aperçoit que je suis dans un cul de sac. Après avoir fais demi-tour je découvre un autre accès, la galerie se coude à 90 degrés et mon gros bi refuse de passer. Fin de plongée. Nous sommes maintenant en 1993 et plusieurs années ont passé depuis le début des explorations et me revoilà une fois de plus aux Goulettes. J'arrive à mon terminus et y retrouve le dévidoir, la visibilité est de 50cm et remarque que les particules se déplacent lorsque je suis immobile et décide donc de les suivres. Je me retrouve à la cote -9m a plat ventre dans le touille sans aucune visibilité j'ignore si je peu faire demi-tour. La voûte est arrondie et redevient une faille provisoire avec deux passages délicats. Ca y est je suis passé, l'émotion est vive et l'impression étrange. Mes oreilles me laissent penser que je remonte, mon casque heurte la roche et j'ai peur d'être obligé une fois de plus de faire demi-tour. Enfin je perce la surface, je suis dans une petite cloche de 5m2. J'accroche mon fi1 aux quelques rognons présent après avoir enfin franchit le S 1.
(sa!qdu么odo$ LU 008 tuop) LU 00i:1 $ueua$u!euxqduio3 $ne4I! 'analg aqleg e sagalno3 saa s.iooia~-auuo~ anb!么olo?lads adnoi3 :,us3 JeJed anb!~ots!iiaidla anb!么oloaiads adno13 : d d s 3 .ia6!1 apnl.13-ueay :73y auuoi(,i a a 'I~N JS!H$33s '30s lins :ANHSSB ( L L1) ~ .,auuoh,l SP sa~44no6la SaU'J-I3,, : A 3 3 ~ 0 1.6aauue,l ap xneAeJt 's!.inosiuoyy ap aj!o$ehlasqo,lap saieuuv :uuv
SlPNONS ET VOUTES MOUILLANTES DANS LE MASSIF D'ARCY mise à jour du 19/10/2000 Gilles Souchet, Jean-Claude Liger, Arnold Haid, Philippe Radet
(branche s-n ou Fées
("): dernière tentative effectuée le 16/9/2000 (**): franchi réellement (corps entier) par Philippe Radet le 14!10!2000, au-dessous de I'étroiture
GGY:Grottes et gouffres de I'Yonne 1977 b: bilan du GROS 1990 AS€: Association spéléologique de I'est ("Sous le plancher) Ech: "L'échelle" du Spéléo-Club aubois k 020, mars 99)
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Je songe a faire demi-tour mais l'attirance de la dĂŠcouverte prend le dessus et dĂŠcide de continuer la
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progression. Le fil est fixé à deux endroits, je cherche la suite qui ne se laisse pas deviner. Je m'immerge et me glisse dans un passage mais je suis vite coincé. Je me faufile dans un second boyau qui cette fois ci sera le bon. Je progresse de 3m et débouche dans une voûte mouillante de 50cm de haut et d'une dizaine de mètres de long et me retrouve devant une nouvelle difficulté : mon dévidoir refuse de faire son boulot il est bloqué, je repars dans le sens de la sortie. Trois semaine plus tard, me revoilà devant le SI, je passe le premier siphon et ne donne qu'un petit coup d'œil a la cloche et me retrouve rapidement au début du $2. 90M sont parcourus dans le style sanglier des Ardennes et en reptation lorsqu'il y a assez d'eau. Il n'y a pas un endroit ou l'on peut se mettre debout. Le troisième siphon se trouve devant moi lorsque c'est maintenant mon éclairage qui décide de faire grève, retour sur éclairage de sécurité. Nouvelle plongée : pour la deuxième fois je suis au départ du S3, la suite paraît évidente, le siphon plonge sur 2m dans la continuité de la galerie et ne mesure qu'une dizaine de mètres. Les bouteilles dans mon kit ne font que 3.5L car les étroites ne supporteraient pas plus gros. Derrière le S3, je découvre une galerie de 160m sur 3m de large qui m'oblige à la traverser à genou. Le S4 est devant moi et mis reprend à deux fois pour le franchir. Le passage est à droite, je progresse de 10m par 2m de profondeur et sort a l'air libre une fois de plus .Cette fois la galerie change d'aspect. Et je n'ai que la tête qui sort de l'eau. Elle mesure 5a6m de large sur 40m de long J'ai pieds d'un bout a l'autre mais le boyau change rapidement pour se transformer en sifflet . Je plonge de nouveau et me retrouve dans un incroyable touille sous 2a3m d'eau ou je perds rapidement le sens de l'orientation .Sans plombs largables et sans aucune aspérité, il n'y a rien pour accrocher mon fil, je fais une fois de plus demiArcy sur cure ou plutôt St Moré m'attire de plus en
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du Ph CABmJAS
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plus, mais pas seulement le 5eme siphon. A force de fréquenter le site et au fil des années on y cotoit des personnages plus que sympathiques tel que Jean Claude LIGER ,Danielle.... A tel point que j en oublie certaine fois le 5eme siphon des goulettes ,mais revenons à ce dernier. En 1999 Philippe RADET mon ami et équipier de plongée m'accompagnent et m'aident dans ma progression jusqu'au départ du S1. C'est en nourrissant sans doute quelques regrets que Philippe me regarde partir mais par respect me laisse poursuivre mon explo. Les 4 siphons se passent sans problème , je suis au départ du S5 pour la seconde fois, j'attache mon fil avec un peu de difficulté et me laisse guider au petit bonheur ;je fais 10 a 15m mais l'impression n'est pas bonne et je reviens sur mes pas (ou palmes) .Cette fois ci je décide d'aller un peu plus vers la droite et la ,au bout de quelques mètres j'ai comme un léger sentiment d'avancer sans bouger , le sol est moins glaiseux (un peu plus dur ) je crois glisser doucement dessus car il y a de la pente . A peine le temps de me faire à cette idée que je touche le plafond qui est venu à ma rencontre car je n ai pas remonté. A tâtons, je suis la voûte doucement, elle remonte, je cherche à attacher mon fil mais sur quoi ? Des petits plombs largables que j'avais pris la précaution d'emporter feront difflcilement l'affaire ,ils sont un trop légers et mon fil continue à ce promener de gauche a droite. Est ce une excuse suffisante pour stopper ma progression, ou bien la trouille ou touille inais je décide de faire une fois de plus demi-tour alors que j'allais peut-être sortir de bourbier de Seme siphon. Je préfère que la sécurité soit primeur, il est bien connu que seul les héros ont un monument au-dessus de leurs têtes. La date du 16 septembre est fixée pour savoir si la voûte remonte belle et bien, d'ici la, j'aurais le temps de préparés des piquets pour tenir le fil d'Ariane dans la glaise. Philippe R A D E I d'après Arnold HAlD ......à suivre
1. Parmelan (Haute Savoie) Beaudouin Lismonde m'a proposé de plonger dans un des premiers siphons de la Diau avec comme objectif de faire une jonction entre la Diau et le Souffleur de Narval Une première tentative avec plein de porteurs, et deux plongeurs a avorté le 5 juillet 1998. Une nouvelle tentative, plus ligth s'est déroulée le 15 novembre 1998, l'équipe de porteurs était constituée de Baudouin, Frédénc Aitken et Philippe. 95 mètres de fil ont été déroulés pour une profondeur rnax de -1 1 m, dans une eau froide et à visibilité réduite. Deux virages à épingle m'ont amené à percer le siphon, quelle chance pour une
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I W O - PLONGEE NO84 85 première première (en siphon). De là, me croyant dans le réseau du Souffleur de Narval, je quitte les palmes et commence à chercher la suite. Mais arrêt rapide sur étroitesse. Demi tour, direction la sortie. Le courant de la riviére (assez fort) m'a fait une blague, il a coincé une palme. Philosophe, je monopalme, puis à regret je fais demi-tour. La palme est décoincée, ce qui me permettra d'avoir plus d'aisance pour la topo. A la sortie, je décris ma trouvaille, pas de chance, j'ai rejoint le cours actif de la Diau, l'intérêt spéléo est donc modeste, mais les émotions personnelles immenses. Pas de topo, car j'ai perdu les données.. .Une future plongée sera organisée pour fouiller le siphon et refaire la topo. 2. Trou Qui Souffle (Isère) Hiver 2000, le club reprend les exploralions du réseau des Rasoirs. Environ 400 mètres de nouvelles galeries (il serait plus correct de dire boyaux) sont découvertes. La plongée du siphon est programmée. Elle a lieu le 11 mars 2000 avec un niveau d'eau très haut par rapport aux premières visites dans le secteur. Mais il n'est pas simple de trouver des porteurs. Malgré le niveau haut, et pour cause de programme chargé (un raid à ski dans les pays froid programmé en avril, des explo en
19« Opération Monika »
Vincent Lignier (Groupe Ulysse Spéleo) Historique des explorations : L'épopée des Mongols commence dès le début des années 80. Un traçage à la fluorescéine confirme alors la liaison hydrologique entre les pertes de la Brune et la résurgence de la Burbanche. Devant la difficulté de la tâche par l'amont, une tentative
PAGE n 9 6 Chartreuse en été et une plongée au long portage en septembre), je décide de plonger. Le terme est bien approprié, car la galerie plonge aussi et conserve son fort pendage. Arrêt à -38 au sommet d'un ressaut. La galerie large de 5 mètres, a son plancher jalonné de ressauts, et a un toit relativement plan. Arrêt sur rien, une plongée sera peut-être organisée à l'étiage, l'hiver prochain. Pour plus de précision sur la description de l'ensemble du réseau, il faudra se reporter au futur Scialet n029. 3. Navaja Barbera (Cantabrique - Espagne). Un peu d'exotisme : Noël 1998, premiére plongée par Jean Draye, le siphon fait -3 pour 9 mètres de long (et pas très large), arrêt sur le puits il saura le faire ». Noël 1999, nous sommes 3 plongeurs pour le camp (Jean, Lucienne Golenvaux et Philippe). Le trou est exploré : le réseau actif (type canyon) recoupe une galerie fossile aux dimensions imposantes (6 par 10 par endroit) soit 450 mètres de nouvelles galeries découvertes post siphon avec une nouvelle profondeur a 170 m. Févier 2000 Delphine Fabbri et Philippe fouillent le fond : quelques mètres de première, mais pas de suite évidente. Pour plus d'info, il faut consulter le Scialet n027 et 28.
depuis la résurgence, par plongée puis pompage, s'arrête sur comblement infranchissable pour les plongeurs et sur un niveau d'eau stable pour les spéléos terrestres. Après plus de onze ans de désobstructions acharnées dans une doline - perte de la Brune sur le plateau d'lnnimont, le trou des Mongols livre enfin sa première en novembre 1996. Au bout de quelques centaines de mètres, un premier siphon (ex-§,) stoppe les explorations. Au bénéfice d'une période d'étiage, il est franchi par J.M. Vallon en janvier 1997 (-2 m, 10 m) qui reconnaît 150 m de galerie. Au cours du mois de février de la même année, C. Bagarre permet à cinq spéléologues non-plongeurs de franchir ce siphon ; ils explorent alors plus de 400 m de galerie. Le sort de ce premier siphon est réglé au mois de mars, par une désobstruction au plafond de la vasque d'entrée, permettant de le shunter. L'exploration du drain principal ("la Voie Royale") est a nouveau stoppée par un second siphon à plus d'un kilomètre de l'entrée et -1 lO m de profondeur. Les explorations se reportent alors sur les affluents du réseau qui amènent le développement de la cavité à près de 4 km. Au cours des mois de septembre et octobre 1997, le siphon terminal (SI) est plongé. Malgré les tentatives de B. Delprat (1 1 m, -1 m) et de J.M. Vallon (20 m, -1 m), la suite du collecteur n'est pas découverte. En novembre 1997 un petit siphon amont (&bis) (-1.5 m, 6 m) dans l'affluent des Marmites est plongé par V. Lignier qui reconnaît une cinquantaine de mètres de galerie, de
IWO - PLONGEE NO84 - 85 plus en plus petite, se terminant sur un nouveau siphon impénétrable. Mais la suite du réseau se trouve de toute évidence au-delà de "la Voie Royale", derrière le Si... L'ensemble de ces explorations, le contexte de la cavité et la topographie sont détaillés dans la revue Spélunca N068, par Charvenet et al. (1997). L' « Opération Monika », phase pompage..,
Suites aux échecs des plongées devant ce qui semble plus ressembler à un cloaque qu'à un beau siphon bleu, l'impatience et la soif de découverte des spéléos les conduisent à préparer un pompage du S1. Près d'un an de préparation et au final plus de 50 participants, d'une dizaine de clubs permettront la réalisation de 1' « Opération Monika » en août 1999. Plus d'un kilomètre de câble 220x7, trois pompes, et une organisation digne d'un spéléo - secours permettent après quelques caprices retardateurs des groupes électrogènes de pomper le SI. Enrôlé dans une équipe topographique pour dérouler les kilomètres de topofil derrière le SI, j'avais (par précaution ou prémonition ?) tout de même préparé quelques bouteilles et autre fil... Le S1 (21m, -3m) vidé en quelques heures ne livre en effet que quelques mètres de première qui bute à nouveau sur un deuxième siphon. Mais les pompes transférées dans ce dernier n'abaissent son niveau que de quelques dizaines de centimètres... C'est la déception après tant d'efforts.
...Phase plongée ;26 août 1999. On me propose alors de plonger pour reconnaître la suite de la galerie et évaluer la pertinence d'une poursuite du pompage. Après une journée de repos, nécessaire pour la plupart, qui me permet de préparer mon matériel, la plongée est prévue pour le 26 août. « Tu verras, ça a l'air profond, ... ça c'est du vrai siphon, bien bleu et tout et tout ... ». Je prévois donc un bi-7litres dorsal et une 6litres relais, deux souris et une combinaison humide 3,5mm, en équipement « fond de trou » et de quoi faire de la topographe. Sylvaine Martel (SCS), Gilles Bost (GUS), Christophe Feny (Vulcain), Pierre Crançon (GUS), Alain Epron (APaRS), Nathalie Boussard (APaRS), et José Leroy
PAGE no 37 (APaRS) acceptent de m'aider à trimballer mon matériel au fond du trou. Au bord de la vasque du S3, l'eau est laiteuse... En accord avec les autres spéléos, je prévois un retour dans l'heure en cas de non - sortie du siphon et dans les 4 heures en cas de sortie post-siphon, afin de repérer l'éventuelle suite ; 5 heures sera la limite de déclenchement du secours (photo 1). Le bord du siphon est relié au PC surface par le téléphone. L'entrée dans la vasque (blocs et glaise) réduit ma visibilité à néant, malgré les précautions. Je cherche un passage pendant près de dix minutes, entre blocs et banquettes de glaise et décide de laisser ma bouteille relais, vu la coniiguration de la galerie. Je repars et parviens à trouver un passage entre la voûte et les blocs... La progression se fait toujours à tâtons, car la visibilité réduite à 20 cm devient nulle sitôt que l'on s'arrête pour chercher un amarrage. Mais le fond et le plafond sont souvent lisses et les bords glaiseux... Je progresse dans la galerie en aveugle, mon casque contre le plafond, mes genoux et coudes au sol et mes palmes écartées pour sonder les bords, et mes protections de robinetteries qui cognent constamment. La galerie fait probablement moins d'un mètre de haut et entre deux à trois mètres de large au maximum. Difficile d'évaluer le temps d'autant que mon ordinateur et mon profondimètre ne se sont pas déclenchés. La profondeur est en effet très faible comme le confirment mes manomètres qui n'ont quasiment pas bougé. Je bute sur ce qui semble être une nouvelle trémie et après quelques tâtonnements, je sors enfin du S:! (20m, -1 à -2m). M n de limiter l'encombrement et suite aux descriptions initiales des découvreurs de l'entrée du Sz (« du bleu et profond ! »), je n'avais pas pris de montre, me restreignant au profondimètre - timer et à l'ordinateur. Manque de bol, ni l'un ni l'autre ne se sont déclenchés dans la traversée du S2... 11 me faut donc continuer en estimant à chaque action, le temps écoulé. Je décide de rajouter à chaque fois une majoration de sécurité. Je dispose alors d'un peu plus de 4h00 devant moi, au maximum.
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Photo 1 : préparatifs avec l'aide de Gilles Bost avant la mise à l'eau dans le S2 La suite de la galerie reste dans les mêmes dimensions, exondée sur une cinquantaine de mètres. L'argile fraîche qui enduit l'ensemble du conduit témoigne de sa mise en charge fréquente. Je choisis alors d'équiper aussi en fil d ' k a n n e , la galerie n'est exondée que de quelques dizaines de centimètres audessus du niveau du siphon 2. Ne sait-on jamais, si les groupes électrogènes tombent en panne ou que le temps se gâte subitement... Il me faut pouvoir revenir. La progression sur les blocs glaiseux, tantôt à croupis tantôt à quatre pattes, nécessite quelques aller - retour et pauses pour transporter le matériel jusqu'au bord de la vasque suivante. Celle-ci s'étend sur un peu moins d'une dizaine de mètres de longueur, et file en voûte mouillante sur le côté gauche (revanche de l0cm de haut par 20 de large). J'équipe tout de même au fond, traverse aisément cette portion de galerie quasi noyée sur une trentaine de mètres et sors de ce 3'"" siphon voûte mouillante (Grande V.M.).
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La galerie se rehausse alors, et remonte sur plusieurs mètres au-dessus du niveau noyé, dans des éboulis d'effondrement de voûte. Elle redescend ensuite sur une nou\~ellevasque, ultime obstacle potentiel au pompage. Dans le S4, la visibilité n'est toujours pas meilleure, mais la profondeur augmente cette fois-ci, mes insîruments se déclenchent. Je déroule toujours à
tâtons, une quarantaine de mètres de fil. La galerie devient plus grande, je tiens debout ! Mais elle devient également un peu plus profonde, puisque je bute à nouveau sur des blocs et de la glaise à 4,5 m de profondeur. La fatigue et le froid (7"c d'après l'Aladin Pro) commencent à se faire ressentir, le temps passe sans doute plus vite que je ne l'estime (photo 2). J'arrive sur ma pression de retour et mon fil s'emmêle dans le dévidoir.., Je n'insiste guère sur la recherche de continuation et de vérification de la loi de Mwphy,... la réponse au pompage est de toute façon obtenue... basta ! Je relève la topographie de la galerie depuis la vasque du S4 vers la sortie et ne dois pas traîner, car d'après mes estimations, il ne me reste plus beaucoup de temps, avant le déclenchement du secours. Mais vue la configuration post-S,, on n'est pas près de revenir faire la topo ... si précieuse pourtant. Je laisse le fil équipé jusqu'à la sortie du S3 (Grande V.M..). Enfin me revoici dans le S2.La visibilité étant quasi nulle dès l'arrivée sur un amarrage, il me faut faire la visée d'azimut très rapidement. Je compte ensuite dans la touille, les longueurs de bras le long du fil.. . Le plus dur est de tout garder en mémoire sans mélanger les données, puisqu'il m'est difficilement possible d'écrire et que je suis à priori très juste en temps. Je débouche enfin dans la vasque du S2, ils sont tous là. Je les interromps de suite afin de noter immédiatement les données de la topo, qui se bousculent déjà dans mes neurones (photo 3).
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Photo 2 : l'attente des spéléos (Christophe Ferry et Pierre Crançon) de l'autre côté du S2.. . Conclusions et perspectives :
du SZ. Mes coéquipiers enfin soulagés : « Tu nous as foutu la trouille, dans deux minutes on déclenchait le secours ! ». Après un peu de repos, nous sommes remontés en surface dans la soirée. L'Opération Monika, s'est achevée après plusieurs jours de démontage et de rangement.
Le pompage et la plongée de 1' « Opération Monika » ont rapporté plus de 250m de découverte. Mais le collecteur semble désormais se développer quasiment horizontalement dans la surface structurale synclinale, peu inclinée vers le nord ouest (Kerrien et al., 1991), probablement entre les calcaires pseudo-lithographiques et les calcaires lités à intercalations marneuses de ltOxfordien Supérieur. La galerie entre les siphons SI et S4 semble ponctuée d'effondrement de voûte, en partie responsable des zones noyées. Plus de 3 km de distance et 400m de dénivelée sépare encore le terminus des explorations avec la Grotte de la Burbanche. D'après la carte géologique (Kerrien et al., 1991), la flexure structurale favorable, en direction de la résurgence de la Burbanche, reste encore à plus d'un kilomètre à vol d'oiseau. Audelà de cette limite, l'inclinaison des couches géologiques vers le Nord-Est semblerait plus propice à un développement vertical des drains
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karstiques, nécessaires à un moment ou un autre pour franchir les 400m de dénivelés qui séparent encore le Trou des Mongols de son exutoire de la Burbanche. II reste cependant probablement plus
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d'un kilomètre de drain quasi horizontal jusqu'à cette zone moins favorable aux siphons... Qui plongera verra (au moins la touille !)...
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Pour de futures plongées : Le fil d'Ariane est resté équipé jusqu'à la sortie du S3 (sauf si crue violente...). Mieux vaut prendre de petites bouteilles et une combinaison peu engonçante pour les traversées entre siphons. La pointe dans le S4, bénéficiant d'un plongeur d'appoint pour transporter les bouteilles entre les siphons, serait sans doute plus efficace. Morale et autres conclusions... 1) Ne pas se fier aveuglément aux dires, mais vérifier la vasque avant... 2) Une montre est toujours utile... 3) Les siphons des Mongols c'est du cloaque... 4) Mais la suite file toujours vers la Burbanche...
5) « Un pompeur vaut mieux que deux tu plongeras )) ou (( un plongeur vaut mieux que deux tu pomperas »... De toute façon, l'aventure continuera... Bibliographie
Charvenet H., Delore J., Martelat A., Robin Y., 1997. Le trou des Mongols, Innimond, Ain. Spélunca , Bull. de la Fédération Française de Spéléologie, Paris, n068, décembre 1997, pl 1-25. Kenien Y., Monjuvent G. 1990. Carte géologique de la France, feuille de Belley, n0700, au 1150000. édit. BRGM, Orléans. Remerciements à mes compagnons de portages pour leur soutien et les photos, ainsi qu'à Yvan Robin pour sa collaboration topographique et ses compléments de relecture.
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Nathanaël Boinet vous informe :
Le papier miracle Je vous livre ici une information qui, je pense, intéressera plus d'un plongeur. Il s'agit d'un papier blanc opaque imperméable sur lequel on peut écrire au crayon ou au bic et qui est prévu pour passer en photocopieur et imprimante laser. Voici en effet plus d'un an que je me suis lancé dans cette quête du "Graal". C'est grâce à Philippe BIGEARD ( qui tient lui-même I'info d'un ami ) que j'ai pu enfin avoir les références de ce papier miracle. Aussi afin d'éviter toute recherches inutiles aux intéressés, je vous livre ici tout les contacts et les références nécessaires à l'acquisition de ce papier. Fabricant OCE : OCE - France SA 32 avenue du Pavé Neuf 93 882 Noisy le Grand Accueil client - Média : Tel : 01 45 92 40 40 Fax : 01 43 05 66 38 1 01 49 31 01 60 Revendeur OCE : Sté MEISTRE 26 rue de Village 13 447 MARSEILLE 04 91 18 53 03 La société OCE envoi gratuitement sur simple demande son catalogue et des échantillons pour peu qu'ils aient l'impression d'avoir un interlocuteur intéressant (entreprise, grosse commande ...) Le papier est disponible en format : A4 - Ref. MC 500 / 99 93 83 54 (276 F ht la boite de 100 feuilles) A3 - Ref. MC 501 / 99 93 83 53 (555 F ht la boite de 100 feuilles) Ce dernier peut vous servir pour imprimer :
- la feuille du SSF indiquant la conduite à tenir en cas d'accident spéléo et destinée à être en permanence dans le casque) ; - la topo d'un trou aquatique ou boueux avant une explo ; - un tableau pour noter vos mesures topo en siphon ou cavité aquatique etlou boueuse ; - la fiche médicale Fond surface du spéléosecours et d'une manière générale tout ce qui doit être qui a besoin de descendre sous terre ou de résister aux soirées arrosées ... Ce papier est indéchirable et une fois imprimée, l'encre ne s'estompe pas, ne s'écaille pas. En bref un document imprimé sur ce papier est inaltérable,
PAGE no42 l'essayer c'est l'adopter ! II existe également des films thermostabilisés adhésif opaque blanc (non testé) qui devraient parfaitement convenir pour coller des tables de décompression sur une planchette PVC.
A4 - Ref. Applic Lux / 59 47 14 54 (451 F ht la boite de 100 feuilles) conçu pour copieur N&B A4 - Ref. CC F I 1 / 90 00 43 09 (804 F ht la boite de 100 feuilles) conçu pour copieur couleur Pour une commande directe à OCE - France, il faut inclure 185 F de frais de port pour un montant inférieur à 850 F de commande. Si vous connaissez d'autre papiers de ce type à des prix plus avantageux n'hésitez pas à me contacter ou à le faire savoir cela rendra service à beaucoup de monde. Nathanael BOlNET (CLPA - 34) Parc de la Guirlande Bat. D3 104 Imp. Jean BRULLER 34 070 MONTPELLIER Tel : 04 67 92 76 05
- HUMOUR -
LES
IPECHERS CAPITAUX
PLONGEUR SPELEO
Qui a dit cluc j'interdisais l'accès à mon trou ? Personne ! ? Ah bon ! !
III
Je vais enfin lui exploser son terminus à 1'1 Jltiniate Fahiilniis Diver ! D e ~ u i sle temils ! !
Qui c'est ce merdeux de Parisien à venir tirer A . . C I ,in,,
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GOURMANDISE
Avec les six tampons du club, gonflés à 400 bars, j e devrais avoir assez pour Vaucluse ! ! !
La presse relate les exploits extrêmes du Super Pointeur. La renommée se trouve au bout du fil.. ...
PARESSE
Super Pointeur est le Roi. Le gardien du Temple. 11 veille à maintenir son nom et la renommé de son royaume au fimameilt. Il défend la Sainte Chapelle spéléo des hérétiques.. .
Moi, on m'a toujours dit qu'il ne fallait pas faire d'effort après la plongée et encore moins avant.. . . !
IWO - PLONGEE no 84 - 85 SOURCE DE LA DRAGONNIEm EXPLORATION 2000 PRESENTATION : La source de la Dragonnière (ou Dragonnière de Labastide) s'ouvre en rive droite et à 12 mètres au dessus de l'Ardèche, au départ du méandre de Gaud (actuel bivouac de la réserve). La route donnant accès au domaine de Gaud est interdite et réservée au personnel de la réserve et aux services de sécurité.
La source est située dans la réserve naturelle des gorges de l'Ardèche et est soumise à autorisation et préavis d'exploration. La source résurge à travers des fissures impénétrables directement dans le lit de l'Ardèche. Cependant une grotte située environ 5 mètres au dessus du niveau d'étiage permet d'atteindre après une centaine de mètres, un lac qui siphonne peu après. Cette source est connue depuis très longtemps, citée dans l'inventaire des grottes de l'Ardèche par Balazuc. Il y indique la présence d'animaux cavernicoles spécifiques : Spherornides Raymondi. Olivier Issler aurait entamé l'exploration de cette source jusqu'à - 50 m. Plus récemment, Francis Leguen dans le cadre de planète bleue replonge la source, redécouvre ces animaux et publie sa plongée dans l'eau du tertiaire. La topographie de la source qui n'avait pas à notre connaissance été levée jusqu'à maintenant, a été réalisée en 1999jusqu'à - 70 mètres. OBJECTIFS 2000 : Il était prévu en 2000, de poursuivre l'exploration de la source au delà du terminus de 1999, en efîectuant la topographie et l'étude géomorphologique du conduit. L'utilisation systématique de mélange par les plongeurs de l'équipe et la situation du siphon en fond de trou, imposent la présence d'une équipe de soutien importante.
La localisation de la source dans la réserve complique son exploration par la limitation de circulation imposée aux visiteurs même si l'équipe a obtenu préalablement l'autorisation d'utiliser les routes de la réserve dans le cadre de ce projet. RESULTATS 2000 Les objectifs prévus dans le projet 2000 ont été atteint : nous avons porté le développement topographié de la Dragonière à 880 mètres, le siphon principal faisant 390 m de longueur pour une profondeur maximale de - 88 m. Un siphon aval actif, accessible à travers une trémie exondée a été approché. Son accès a été topographié, mais la plongée n'a pas été faite compte tenu du danger représenté par la trémie et l'étroitesse des passages entre les blocs.
Les explorations ont été réalisées sur 2 périodes entre juin et juillet. Le regroupement des plongées facilite le travail en optimisant l'utilisation (ou plutôt la non utilisation) des bouteilles de sécurité. Par contre, les nombreux aller et retours destinés à préparer la plongée de pointe (nettoyage des fils dessablés depuis la dernière pointe, mise en place des relais et des blocs de décompression,.. .) ou durant celle ci (visites des plongeurs d'assistance) altèrent profondément la visibilité. L'équilibre n'a pas été trouvé , sachant qu'il n'est pas possible d'abandonner le matériel dans cette
PAGE No 45 grotte trop proche des touristes en canoé, et que le transport de l'équipement des plongeurs et de leurs bouteilles se fait pour une grande part pédestrement dans le sable puis les galets avant de traverser l'Ardèche.. . comme on peut ! ! Au niveau organisation, nous avions systématiquement 2 plongeurs d'assistance prêt à intervenir. Enfin, les paliers réalisés profonds et l'absence d'utilisation d'air pour la décompression ont permis une excellente décompression et une absence de fatigue étonnante malgré la longueur des paliers (4 heures). L'ensemble des informations sur les plongées ont été communiquées à Philippe Bigeard afin d'enrichir la base de donnée sur la plongée aux mélanges ternaires. DESCRIPTION DE LA DRAGONIERE : La grotte s'ouvre par un vaste porche se prolongeant principalement par une galerie de 4 à 6 mètres de large pour une hauteur identique. Cette galerie, globalement orientée au Sud-Ouest, est sinueuse durant les 80 premiers mètres.
Une courte escalade de + 5 mètres puis une descente régulière mènent à un lac de 35 mètres de longueur et de 3 à 6 mètres de large, pour une profondeur de 3 mètres maximum. En fait, la grotte un vériîable labyrinthe comprenant un accès supérieur (en retrait et au dessus de l'entrée principale) et de nombreuses sorties basses. Certains de ces conduits, très étroits n'ont pu être totalement parcourus. D'autres débouchent sous le porche principal, directement au niveau de l'eau. Le siphon amont débute par un seuil sableux puis descend très régulièrement dans une fracture majestueuse de 4 mètres de large. Un rétrécissement vers les - 12 mètres oblige à passer dans une fenêtre rocheuse de 1 m de haut pour 0,5 m de large. Vers - 40 mètres, la galerie se transforme et devient laminante. La sortie du laminoir se fait vers les - 52 mètres dans une belle galerie quadrangulaire. C'est ici le terminus classiques des anciens visiteurs, ou un becquet providentiel au plafond est solidement lié par 5 ou 6 fils. La galerie poursuit sa descente régulièrement puis se stabilise vers les - 75 mètres. Deux brusques changement de direction conduisent à 81 m. La galerie reprend alors la même direction jusqu'à -90 mètres (point 350 m), point bas actuel encombré de gros blocs. Le changement est alors complet, le conduit devient très ascendant avec une pente de 45 O, entrecoupé de légers replats qui laissent espérer une suite horizontale. Nous avons stoppé à 6l(point 390m), profondeur de nos premiers paliers. Les très nombreux fils en place, de la surface jusqu'à 50, ont été presque tous nettoyés. 500 mètres de fils de toutes sorte (du kevlar au fil de pèche, en passant par du fil d'Ariane de 1,4 mm et du 3 mm) ont été ressortis de la grotte. Les derniers fils volants (et piégeant) se trouvent dans la zone des 40 à 50 mètres. PROJET 2001 En 2001, il est prévu de poursuivre l'exploration de la source tant dans sa partie profonde amont que dans son aval étroit. La profondeur et le profil de l'amont implique la poursuite de l'uulisaeion
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de mélange gazeux. De plus , il est nécessaire d'installer une cloche de décompression compte tenu de l'allongement de la durée des paliers (5 heures en 2000).
1200 m (1995). Une bonne partie des explorations s'est portée sur la réserve de San Kia'an où nous avons obtenu le droit de conduire les explorations spéléologiques
L'aménagement d'une partie de la cavité sera sans doute nécessaire pour faciliter le portage du matériel. La fin du nettoyage des fils de la partie profonde (environ 50 mètres) est impérative. A l'aval, il sera nécessaire de stabiliser la trémie dans laquelle s'écoule la rivière. Les plongées s'effectueront avec des blocs de petite à très petite capacité.
Une reconnaissance terrestre a été réalisée autour de la base avancée de Santa Térésa. Six reconnaissances en barque à partir de la lagune de Muyl ont permis de répertorier et d'explorer les sorties d'eau de la partie Nord de la réserve. Les grottes de Boca Palla, de Caapechen et de Manati sont les principales sorties d'eau. Elles s'ouvrent au milieu des lagunes à des profondeurs de quelques mètres. Nous avons exploré 1500 m de siphon dans ces cavités. L'exploration est difficile en raison d'un fort courant et d'une très mauvaise visibilité. Sur le plan scientifique nous avons poursuivi les campagnes de mesure des débits et des qualités des eaux, ainsi que les captures d'animaux cavernicoles. La rencontre de l'école russe de langue maya ainsi que les longues discussions avec le gardien (lettré) maya de Santa Térésa ont contribué à notre connaissance du monde maya et de ses relations au sous-sol. Enfin, une conférence sur la spéléologie de la péninsule a été donnée au centre de conférence de XelHa.
EXPLOltCliTEUPiS ET REMERCLEMENTS : Ces recherches ont été menées par plusieurs plongeurs Franciliens issus de nombreux clubs FFESSM. Philippe Imbert (responsable du projet), Frédéric Bonacossa, Philippe Brunet, Laurent Rouchon, Nicolas Brucher, Philippe Cabrejas, Chnstophe Depin, Anne Dutheillet, Sylvie Fontaine, Pierre Boudinet, Christophe Sohier. Nous remercions Charly responsable des bivouacs de la réserve et François responsable de Gaud pour leur aide, Emmanuel Buis, Directeur de la réserve pour ses autorisations, Annie Flahaut pour son accueil et son aide toujours aussi efficace ainsi que tous nos amis ardéchois qui nous soutiennent régulièrement. Nous remercions également la FFESSM qui a aidée financièrement l'expédition. L'EQUIPE Plongeurs pointes : Philippe IMBERT (responsable du projet) Christophe DEPIN Philippe BRUNET Plongeurs soutien fond : (plongeurs nitrox) Pierre Boudinet Frédéric Bonacossa Laurent Rouchon Chnstophe Sohier Plongeurs assistances (gentils sherpas) Philippe Cabrejas Anne Dutheillet Nicolas Brucher Contacts AVENS: Philippe Brunet 21, rue Louis Fablet 94200 Ivry sur Seine ph.brunet@free.fr Expédition n04-2000 YUC 2000 Pays : Mexique Région : Yucatan Club : Interclub Responsable : Christian Thomas 27, cours de Vincennes 75020, Paris Participants : F. Bonacosa, Ph. Brunet, C. et A. Depin, B. Delprat, G. Carmines, B. Glon, J. Neves, M. Rotzinger et Ch. Thomas. Dates : 20 janvier au 11 février. L'expédition, qui s'est déroulée du 20 janvier au 11 février, était la sixième expédition française dans la péninsule Yucatèque. Elle regroupait 10 plongeurs français, portugais et mexicains. Au total, nous avons topographié 12 km de galeries et réalisé 8 km de première dont 5 en siphon. Nous avons effectué trois repérages par avion qui ont permis de localiser 250 phénomènes karstiques pour l'essentiel dans la zone de San Kia'an et dans la zone de Conil. La découverte du réseau du Tigre (Aktun Balam) située près de X-Caret a converti les plongeurs en spéléologues terrestres. La cavité atteint 4200 m de développement et se poursuit. Une autre petite cavité sèche a été explorée dans le terrain de Don Cuatemoc (le ranch Allegro) sur 850 m. En siphon, la poursuite de l'exploration de Pitch a permis d'atteindre la distance de 2700 m à partir de l'entrée (plongeur Ph. Brunet) pour un développement topographié de 5200 mètres. Nous avons repris la topographie de la cavité Xunan-Ha située à l'aval de Pitch et déjà explorée par les plongeurs américains sur
Expédition no 26-2000 QUINTANA ROO 2000 Pays : Mexique Région : Yucatan Club : SCX, Vulcain, SDN0 Responsable : Christian Thomas 27, cours de Vincennes 75020, Paris Participants : Christian Thomas, Yan Thomas, Bernard Lips, Josiane Lips, Christian Locatelli (Lulu) Dates : 30 juillet au 23 août
Cette expédition fait suite à celle qui s'est déroulée en février 2000. Il s'agit de la septième expédition française dans le Yucatan. Le mois d'août correspond à une saison des pluies très chaude et riche en moustiques. Si la chaleur et les lnoustiques étaient effectivement au rendez-vous, la pluie est restée très discrète. Nous n'avons eu que 2 ou 3 jours vraiment arrosés et quelques très courts orages. Bien que le Yucatan soit le paradis des grottes noyées, nous avons essentiellement consacré notre temps à explorer et à topographier des cavités exondées. Nous avons exploré quatre réseaux. Le réseau du Tigre avait été découvert en février et topographié sur 4 240 m de développement. Il nous a livré 4 130 m de nouvelles galeries. Le développement total atteint 8 370 m, ce qui en fait la cavité exondée la plus longue du Quintana Roo et même de la péninsule du Yucatan. 11 s'agit d'une grotte très labyrintique, riche en concrétions. De nombreux bassins de 50 à 150 cm de profondeur rendent l'exploration assez agréable. La cavité se développe très près de la suface et les entrés sont nombreuses. Nous avons consacré 7 journées à cette exploration. 0 Le réseau de ? ?. Il s'agit en fait d'un ensemble de quatre petites cavités respectivement de 20 m, 43 m, 363 m et 756 m de développement, probables vestiges d'un réseau plus important se développant au sud du réseau du Tigre.
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o No-Chken Akhim : cette cavité nous a été signalée au début de notre séjour. Nous y avons consacré cinq jours en formant a chaque fois trois équipes, explorant 7146 m de galeries. La partie amont (3283 m de développement) et la partie aval (3863 m de développement) ne sont pas reliées bien que les extrémités ne soient distantes que de 50 m. Une partie de la cavité amont est noyée et a été explorée en plongée (sur enviaon 1200 m). L'ensemble de la cavité est très aquatique (grandes salles basses avec 50 à 150 cm d'eau). Les entrées sont nombreuses.
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W C 2000, en février, en avait repris la topographie. Christian a poursuivi cette topographie en trois plongées, sur près de 1500 m, en majeure partie dans des conduits inexplorés. L'ensemble de l'expédition ramène 14 km de topographie dont près de 2700 m en plongée. Nous avons consacré quelques journées de « repos » à visiter trois ruines mayas, l'écoparc de Xcaret (sur invitation d'une des propriétaires), à observer la ponte des tortues la nuit sur une plage et à trois courtes plongées dans des cénotes connus (Cuzul, Taj Mahal et Kantun Chi).
Xunan-Ela : Une belle vasque d'entrée donne accès a un réseau de galeries noyées partiellement explorées par les équipes américaines. L'expédition
Répartition géographique cies C.P.P.R. /
Jenir-Luc CARRON. (D)(I3-28-52-3J-94
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Les «adjoints» des C P B n'apparaissent plus dans le dernier listing national, car ils deviennent leur collaborateur. La fréquence des accidents en plongée souterraine, heureusement assez faible, ne justifie pas de multiplier les responsables. En l'absence d'un CPIR sur une région le SSF fera appel à un autre CPIR épaulé si besoin par le C m Tplongée. La répartition géographique n'est pas figée. Les CPIR peuvent intervenir sur d'autres départements que ceux qui leur sont attribués.