Revue d'ArchéoPortail n°8

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L'ÉDITO' Nouvelle mouture de la Revue d'ArchéoPortail, ce numéro est consacré à l'un des événements les plus importants que Paris ait connu et qui a conforté sa renommée mondiale : l'Exposition Universelle de 1900. Véritable symbole de la Belle­Époque à la gloire d'un siècle nouveau où le Progrès remplaçait presque le Divin, cette manifestation consacrait définitive­ ment la capitale française de "Ville Lumière" : des monuments grandioses étaient élevés à l'occasion d'une grande fête d'apparence populaire mais qui ser­ vait en réalité les intérêts de la France à travers une politique d'émerveillement vis­à­vis des autres nations présentes. L'objectif fut atteint si l'on en juge le nombre de visiteurs : près de 51 mil­ lions. Certains venaient même de très loin pour assister à ce "festival de la dé­ mesure". Jamais une exposition n'engendra tant d'engouement. Sa réussite ne sera d'ailleurs jamais égalée. Elle demeure aujourd'hui encore comme l'image d'un monde révolu, où tous les rêves paraissaient réalisables grâce aux avancées scientifiques et au développement technologique. Les hommes étaient ivres d'une euphorie géné­ rale qui semblait faire tomber les barrières sociales. Mais le temps perdu ne revient point, ne se rattrape pas, ne se répare jamais. Vraiment ? Pas si sûr. L'Homme a trouvé le moyen de suspendre l'écoule­ ment de la Clepsydre de Chronos et ce, d'une manière assez singulière : en re­ créant le passé virtuellement. Indubitablement pris de passion pour cette phénoménale exposition dans laquelle il aurait aimé flâner, l'infographiste 3d Laurent "Lemog" Antoine s'est lan­ cé le défi de la restituer dans son intégralité. Le dossier de ce numéro lui est consacré. La patience dont Laurent Antoine fait preuve sera de toute façon récompensée. En effet, un proverbe chinois ne dit­il pas : "A qui sait attendre, le temps ouvre ses portes" ? >>> Frédérick ANQUETIL

président d'ArchéoPortail


SOMMAIRE >>> L'ÉDITO'

>>> 01

>>> ACTUALITÉS INTERNATIONALES

>>> 03

­ Le mur de Berlin en numérique

­ Livre stéréoscopique, it's a kind of magic

­ Internet protecteur des arts : la base de données d'INTERPOL sur les oeuvres d'art volées devient plus accessible ­ Le langage de l'art

>>> ACTUALITÉS NATIONALES ­ Plongée virtuelle au coeur de Lascaux ­ L'hyperlivre, un média discutable

­ Le plus grand chantier archéologique d'Europe

­ "Lanterne magique et film peint ­ 400 ans de cinéma". Fantasmagories et enchantements aux origines du cinéma

>>> DOSSIER

Exposition Universelle de Paris 1900 : Lemog vous offre un ticket a remonter le Temps - L'Exposition originale - L'Exposition virtuelle

>>> L'ANNUAIRE DES ADHÉRENTS

>> 03 >> 04 >> 05 >> 07

>>> 08 >> 08 >> 11 >> 12 >> 14

>>> 16

>> 16 >> 17 >> 20

>>> 26


ACTUALITÉ INTERNATIONALE

LE MUR DE BERLIN EN NUMÉRIQUE A moins de ne pas consulter le moindre mé­ dia, il est impossible de ne pas savoir que, cette année, le monde occiden­ tal fête les vingt ans de la chute du mur de Berlin dans la nuit du 9 au 10 no­ vembre 1989, événement qui marqua le début de l'effondrement de l'URSS.

(c) Le Monde

Cet anniversaire suscite le plus grand intérêt de notre communauté intellectuelle, et notamment des journalistes, en tout cas pour ce qui concerne la France. Le journal Le Mon­ de est dans la tendance et a publié sur son si­ te Internet un webdocumentaire intitulé "Berlin 1989 : souvenirs du monde d'hier", qui revient sur les 28 années d'existence du mur dit "Mur de la Honte" via une série de séquences docu­ mentaires audio et audiovisuelles sorties tout droit des archives de L'Institut National de l'Au­ diovisuel, de documents écrits, le plus sou­ vent des articles de presse, et de nombreux témoignages. L'arborescence de la page est très sim­ ple. Elle propose d'abord une chronologie in­ teractive qui s'étend sur une période allant du 13 août 1961 ­ date à laquelle la République Démocratique d'Allemagne commença à cons­ truire le mur afin de stopper le fort exode de ses habitants vers la République Fédérale d'Allemagne ­ au 3 octobre 1990, date de la réunification des deux Allemagnes. A chaque date sont proposées en lien les archives qui lui correspondent, et permettent d'éclaircir la complexité politique de cette période de Guer­ re Froide qui mit le monde sous tension ex­ trême.

La deuxième partie du webdocumen­ taire est composée d'une série de témoigna­ ges de contemporains du mur de Berlin, de penseurs comme l'historien Marc Ferro, de journalistes ou de politiciens comme Edou­ ard Chevardradze, Ministre des Affaires Etrangères de Gorbatchev, Joachim Bitter­ lich, conseiller du Chancelier allemand Hel­ mut Kohl dans les années 90, Hubert Védri­ ne, Porte­Parole de l'Elysée et conseiller de François Mitterrand en 1989 ou encore Simo­ ne Veil, femme politique française. Ce webdocumentaire permet d'accé­ der à des archives rares qu'il serait difficile de consulter autrement et qui illustrent et éclairent cette période alambiquée pour les non­spécialistes des grands conflits politi­ ques mondiaux du 20ème siècle. Sa mise en ligne est éphémère, aussi, mieux vaut se dé­ pêcher d'aller la consulter ! Pour accéder à ce média : http://www.lemonde.fr/europe/visuel/2009/11/ 05/berlin­1989­souvenirs­du­monde­d­ hier_1263388_3214.html >>> Clémence AYRAULT Source : www.lemonde.fr


ACTUALITÉ INTERNATIONALE

LIVRE STEREOSCOPIQUE, IT'S A KIND OF MAGIC On savait tous que Brian May était un excellent guitariste au sein du mythi­ que groupe Queen, mais on le savait moins passionné par une énigme qu'il vient de résoudre après des années de re­ cherches acharnées.

(c) London Stereoscopic Company

Depuis son enfance, Brian May est fasciné par des images sortant de l'ordinaire : "très tôt, j'ai été captivé par les images 3d [...]. Pour moi, c'était de la magie. Je me deman­ dais pourquoi les gens ne prenaient pas tou­ jours des images 3d. J'ai commencé à collec­ tionner les cartes en 3d et j'ai réalisé qu'on pouvait avoir des cartes qui datent des tout débuts de la photographie". Lorsqu'il met la main sur une série de 59 clichés du photographe Thomas Richard Williams(1) datant des années 1850, le mystè­ re commence. En effet, les photographies sté­ réoscopiques(2) réhaussées de couleurs pein­ tes à la main, révèlent la vie quotidienne d'un mystérieux village anglais. Mystérieux, car Wil­ liams n'a jamais dévoilé le nom du lieu.

Cette énigme va poursuivre Brian May une bonne partie de sa vie. Il va multi­ plier les zones de recherches, explorer tou­ tes les pistes et va même lancer un appel sur internet. Trente ans plus tard, à force de persévérance, le voilà récompensé. Le villa­ ge en question s'appelle Hinton Waldrist, dans l'Oxfordshire. Rien (ou presque) ne semble avoir changé depuis 150 ans dans cette petite paroisse de 300 habitants : la mê­ me église du XIIIème siècle que sur les cli­ chés stéréoscopiques, les mêmes chau­ mières, ... C'est pour faire partager sa passion et permettre de découvrir Hinton Waldrist à tra­ vers les photographies de Williams que Brian May a écrit en collaboration avec Elena Vi­ dal, historienne espagnole de la photogra­ phie, un ouvrage intitulé "A Village Lost And Found". Livré avec des lunettes spéciales permettant de faire surgir du livre ces images du passé, ce livre représente pour Brian "l'accomplissement d'un rêve : ramener dans son village natal ce que nous estimons être une oeuvre d'art inestimable et la montrer à un nouveau public, du 21ème siècle". Comme quoi, les "nouvelles technolo­ gies" ne datent pas d'hier ! Pour accéder à ce média : http://www.londonstereo.com/book.html >>> Frédérick ANQUETIL Source : http://nextorigine.liberation.fr/article/le­guitariste­de­ queen­recree­en­3d­un­village­anglais­de­1850

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(1) 1824 – 1871, l'un des pionniers de la stéroscopie. (2) technique basée sur le fait que la perception hu­ maine du relief se forme dans le cerveau lorsqu'il re­ constitue une seule image à partir de la perception des deux images planes et différentes provenant de chaque oeil.


ACTUALITÉ INTERNATIONALE

INTERNET PROTECTEUR DES ARTS : LA BASE DE DONNÉES D'INTERPOL SUR LES OEUVRES D'ART VOLÉES DEVIENT PLUS ACCESSIBLE Norvège : Le 8 mars 2009, des cam­ brioleurs ont pénétré par effraction dans l’église de Larvik et ont pris une toile de maître d’une valeur estimée entre 1,7 et 2,2 millions d’euros. France : Entre le 8 et 9 juin, un car­ net original de Pablo Picasso daté de 1917 à 1924 et contenant 33 croquis dessinés au crayon a été volé dans le musée du mê­ me nom à Paris. Belgique : Le 24 septembre, deux hommes sont entrés dans le musée Ma­ gritte à Jette et sont repartis avec "Olym­ pia", une peinture à l’huile peint par René Magritte. Les œuvres d'art ont toujours été la proie des voleurs. Tableaux, statues, sculp­ tures et objets religieux... toutes les formes d'art sont concernées. Les voleurs agissent principalement sur des collections particu­ lières, mais les musées et les lieux de cultes sont aussi visés et c'est en France et en Italie que l'on recense le plus de vols. A ce jour, par­ mi les tableaux les plus recherchées, se trou­ vent des toiles de Salvador Dali, Gabriele Munter et Jan Brueghel. Rien que pour l’année 2009, les quel­ ques méfaits relatés précédemment montrent l’ampleur du trafic d’œuvres d’art auquel nous assistons, souvent impuissants. Le commerce illicite de biens culturels est considéré actuel­ lement comme le troisième trafic le plus impor­ tant au monde après celui de la drogue et ce­ lui des armes. Pour le combattre, INTERPOL joue un rôle particulièrement actif. Facilitant jusqu’à présent la coopération policière entre les pays, l’organisation a participé également à l’évolution constante de ses techniques de recherche et a su se doter d'un système d'in­ formation extrêmement efficace, composé no­

tamment d'une base de données accessible à tous les pays membres d'INTERPOL et du CD­ROM "INTERPOL ­ Œuvres d'art vo­ lées". Y figurent entre autre les œuvres d’art récemment volées, celles découvertes par la police au cours d’enquêtes et dont les pro­ priétaires n’ont pas été identifiés, les biens retrouvés et déjà enregistrés ou encore les dernières affiches concernant les œuvres les plus recherchées. Cet inventaire né en 1947 puis numérisé en 1995, est une véritable ca­ verne des 40 voleurs. Jusqu’ici réservée aux organismes de répression des fraudes, la base de données est depuis le mois d’août dernier accessible sur Internet aux or­ ganismes culturels et professionnels concer­ nés (Ministère de la Culture, musées, salles des ventes, …) et à tous ceux qui en font la demande. En le visitant, ce catalogue pour­ rait presque devenir un musée virtuel où s’entremêlent des œuvres recherchées de­ puis des décennies et d’autres depuis quel­ ques mois voire quelques jours.

(c) Interpol


C’est un outil où chaque bien est réco­ lé de manière méthodique et minutieuse. En effet, chaque fiche est détaillée selon les nor­ mes établies par l’UNESCO : tous les biens répertoriés disposent d’une photo et d’une description des circonstances de leur vol (les faits, la date et le lieu). Viennent ensuite la description complète de l’œuvre avec sa fiche technique puis, cas échéant, le suivi de l’en­ quête lorsque celle­ci apporte de nouveaux éléments. La formule utilisée par INTERPOL pour convaincre les 187 pays membres et élargir son influence est "collaborer pour amoindrir l’influence des trafics patrimoniaux" qui aujour­ d’hui prennent une place de plus en plus im­ portante. Si le but est d’élargir le champ d’ac­ tion de l’organisation tout en sensibilisant le grand public, cette avancée devrait rendre plus difficile l’écoulement de chaque œuvre d’art dérobée. Comme le souligne Karl Heinze Kind, coordinateur du service d’INTERPOL chargé des œuvres d’art : "Il sera par ailleurs beaucoup plus difficile pour un vendeur ou un acheteur d’affirmer qu’il n’avait pas la possibili­ té de vérifier si un objet a été enregistré com­ me volé"(1). Par ailleurs, cette initiative devrait aussi augmenter l'enregistrement de biens culturels volés et faciliter ainsi l'élaboration de statistiques puisqu’il reste difficile d'estimer avec certitude le volume exact de biens tou­ chés par ce phénomène. Alors, quels sont les résultats et cet ou­ til est­il réellement efficace contre le trafic d’œuvres d’art ? Au premier abord, nous som­ mes tentés de répondre positivement. En 2003, cela avait permis à des policiers autri­ chiens, tombés par hasard sur une toile rou­ lée lors d’une perquisition chez un drogué, de découvrir qu’il s’agissait d’un tableau de Jean Marie Vien, volé à l’église Saint Roch à Paris, quelques mois auparavant. Cependant, quand on y regarde de plus près, quelques bé­ mols sont à signaler. Tout d’abord, les pays sont les seuls à choisir quelles œuvres seront signalées à INTERPOL et la France et l’Italie qui comptent le plus d’objets volés au monde, ne déclarent que les principaux. Cela impli­

que que plusieurs centaines de biens ne sont toujours pas répertoriés et ne le seront certainement jamais. Le trafic, s’il s’amoin­ drie, ne sera jamais totalement vaincu et con­ tinuera à prospérer notamment à cause de ce facteur. Quant aux pays qui peuvent dé­ clarer l’ensemble de leur patrimoine volé, cer­ tains sont confrontés à des problèmes techni­ ques. En Amérique latine par exemple, les biens culturels ne sont pas ou peu invento­ riés et les enquêteurs ne disposent souvent pas de photos des biens ce qui rend la re­ cherche très difficile. Enfin, si certaines œu­ vres sont retrouvées quelques mois après, d’autres, comme "la Nativité du Caravage" dérobée en Italie en 1969, sont par contre re­ cherchées depuis des décennies, et cela sans résultats.

(c) Interpol

Une des nombreuses oeuvres volées : ­ Livre d'Heures ­ manuscrit enluminé ­ France, vers 1480 Dossier INTERPOL : 2009/35483­1.1 Pour accéder à ce média : http://www.interpol.int/Public/WorkOfArt/Defau ltFr.asp Source : www.interpol.int

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>>> Laurie COPPIN

(1) "Interpol dévoile ses œuvres d’art" (in :) L’Express, Claire Lannaud, le 17/08/2009.


ACTUALITÉ INTERNATIONALE

LE LANGAGE DE L'ART Quelle oeuvre d'origine italienne, ré­ sidant aujourd'hui à Paris, parlant le mada­ rin et recréée en 3d par des ingénieurs co­ réens accueille d'un amical signe de main virtuelle les visiteurs ébahis de l'exposi­ tion d'arts interactifs "World Classic Inter­ active Arts" de Pékin, fin août 2009 ? "Bonjour, je m'appelle Mona Lisa. En­ chantée de vous rencontrer". Après 500 ans d'un long silence et beaucoup d'interrogations à son égard, "la Joconde" de Léonard de Vin­ ci dévoile enfin ses secrets. Et pour ce faire, elle a entièrement été modélisée en 3d. Attrac­ tion phare de l'exposition, il est possible de lui poser, armé d'un micro, une centaine de ques­ tions parmi lesquelles "êtes­vous mariée et avez­vous une vie heureuse ?", à laquelle elle vous répondra avec son charmant sourire "oui je suis mariée et mon mari m'adore". Certes, la discussion n'est guère développée, mais il s'agit d'une véritable prouesse technologique.

(c) www.artron.net

Une autre oeuvre de Léonard de Vinci a eu droit à un traitement de faveur 3d : "La Cène". Les visiteurs sont invités à assister au dernier repas du Christ et à découvrir ­ peut­être ­ qui est le véritable traître, alors qu'ailleurs Michel­Ange s'évertue à expliquer de quelle manière il a créé la fresque du "Jugement Dernier". Outre la peinture, la sculpture est aus­ si à l'honneur : des hologrammes d'Apollon, de la Victoire de Samothrace ou encore de la Vénus de Milo, discutent des canons de la beauté. Loin de rester de marbre, la Vénus défend ses arguments en se déhanchant de tout son corps puisque la Belle retrouve ses deux bras le temps d'un instant. Au total, ce sont 400 ingénieurs et ar­ tistes qui ont travaillé pendant 2 années pour réaliser ce grand musée virtuel. "C'est la pre­ mière fois au monde que la 3d, l'hologramme et la reconnaissance vocale sont combinés pour interpréter une oeuvre d'art. C'est une approche totalement nouvelle" selon Wang Hui, l'organisateur de l'événement. Pour accéder à ce média : http://ma­ tvideo.france2.fr/video/iLyROoafMovF.html >>> Frédérick ANQUETIL

(c) Reuters

Source : http://actualite.portail.free.fr/insolite/27­08­2009/mona­ lisa­prend­vie­grace­a­la­technologie­de­la­3d/


ACTUALITÉ NATIONALE

PLONGÉE VIRTUELLE AU COEUR DE LASCAUX

(c) Ministère Culture & Com.

Les peintures et gravures pariétales paléolithiques de la grotte de Lascaux sont le premier chef­d'œuvre de l'Humanité con­ nu à ce jour. Elles doivent aussi leur célé­ brité à leur très grande fragilité qui a entraî­ né depuis plusieurs décennies de nom­ breux programmes de conservation, mais aussi des projets et réalisations pédagogi­ ques de mise en valeur de ce joyau du pa­ trimoine mondial. La dernière réalisation est une époustouflante visite virtuelle de la cavité qui mérite toute notre attention. Elle est le résultat des multiples études scientifiques dont la grotte de Lascaux a fait l'objet jusqu'à ce jour, et sur lesquelles il convient de revenir avant de s'intéresser en détail au nouveau petit bijou 3d qui per­ met de découvrir les fresques pariétales. Découverte et stabilisation de la grotte de Lascaux(1) Lorsqu'elles furent découvertes, en 1940, dans le Périgord Noir, les fresques de Lascaux, datées de 18 000 à 15 000 ans, sus­ citèrent l'intérêt immédiat de la communauté scientifique qui se posa la double question de sa conservation et de sa valorisation. Une par­ tie des scientifiques considérait qu'un tel joyau avait un rôle pédagogique à jouer et devait

donc être accessible à tous. L'autre partie craignait que l'ouverture de la grotte au pu­ blic n'entraîne une irrémédiable altération des fresques. En effet, les aménagements réalisés pour l'accueil des touristes, et les flux importants de visiteurs, perturbèrent con­ sidérablement l'équilibre biologique et clima­ tique de la grotte et l'on constata l'apparition de champignons sur les fresques. En 1963, André Malraux décida la fermeture définitive du site aux visiteurs. Une première commis­ sion scientifique fut créée, qui décida la mise en place d'un traitement des maladies et la régulation hydro­thermique de la grotte. Ces mesures permirent la stabilisation de la cavi­ té et des foyers de champignons. Mais, en 2002, on remarque l'appari­ tion d'une nouvelle invasion de moisissures blanches qui menace une fois encore les fresques pariétales. Un nouveau comité sci­ entifique est créé, présidé par Marc Gau­ thier, Inspecteur général honoraire de l'ar­ chéologie, qui coordonne les actions de sau­ vetage. Outre des mesures d'urgences pri­ ses par le Laboratoire de recherche des Mo­ numents Historiques pour freiner le proces­ sus, et afin de comprendre concrètement les mécanismes responsables de l'équilibre dy­


namique de la grotte, un programme de modé­ lisation est lancé en 2005, qui s'appuie sur des relevés en 3d entrepris avec l'aide d'EDF Recherche et Développement. Selon les spé­ cialistes, ce programme vise à mesurer les phénomènes thermoaérauliques et à com­ prendre l’équilibre hygrothermique de la grotte de Lascaux en interaction avec son envi­ ronnement. De manière globale, les résultats permettront de développer une recherche ap­ pliquée en conservation préventive qui sera porteuse d'enseignements pour Lascaux et d'autres sites. Ils seront également utilisés pour mesurer l'impact qu'aurait sur la grotte une éventuelle réouverture à un public res­ treint, le soucis permanent étant, non seule­ ment la conservation de ce patrimoine, mais aussi une valorisation à visée pédagogique. Valoriser Lascaux malgré sa fermeture : un cheval de bataille Depuis la fermeture de la grotte en 1963, les scientifiques n'ont eu de cesse de se poser la question, comme leurs aînés a­ vant eux, de la valorisation auprès du grand public du site de Lascaux. Car certes, si les clichés qui ont été pris dans la grotte permet­ tent de connaître les fresques et leurs interpré­ tations, la disposition des différentes salles de la grotte, la situation des peintures et gravu­ res dans ces salles, l'environnement naturel et géographique de la cavité, sont des don­ nées également essentielles pour la compré­ hension de Lascaux.

Ainsi est né le programme de création d'une réplique identique d'une partie de Las­ caux : sa petite sœur Lascaux II, située à 200 m seulement de son aînée. Dès la fin des années 60, un relevé stéréo­photogram­ métrique de la totalité des zones ornées est réalisé par l'Institut géographique national. A partir de relevés de l'IGN, une double coque en béton dont l'intérieur reproduit fidèlement la grotte originale est réalisée, sur les parois de laquelle une équipe menée par Monique Peytral, peintre, reproduit les oeuvres. Las­ caux II a pu ouvrir ses portes au public en 1983. Mais faute d'entretien depuis 1996, ses fresques sont aujourd’hui encrassées par le passage des 270 000 visiteurs qui la découvrent chaque année. Elle devra donc fermer quelques mois par an pendant sept ans afin que des équipes puissent procéder à son nettoyage et à la restauration des fres­ ques. Mais qu'on se rassure, la relève est d'ores et déjà assurée ! En effet, les relevés 3d réalisés grâce aux logiciels EDF ont per­ mis la réalisation d'un support de découverte en trois dimensions de la grotte de Lascaux absolument somptueux, complété par de nombreux documents et textes pédagogi­ ques qui permettent une immersion totale et instructive au cœur de celle que l'on appelle la " Chapelle Sixtine de la Préhistoire ". Lascaux comme si vous y étiez... Un premier site Internet proposé par le Ministère de la Culture et de la Communi­ cation toujours consultable(2), permettait déjà une visite de la grotte et propose des docu­ ments pédagogiques riches en informations. Mais, avec la nouvelle version de ce site, mise officiellement en ligne le 30 juin 2009, on entre dans une nouvelle dimension : tridimensionnelle, interactive et Internationa­ le puisqu'il est consultable en français, an­ glais, espagnol et allemand, et adapté aux handicapés auditifs et visuels. Comme son prédécesseur, ce site pro­ pose plus de 300 documents, inédits pour la plupart d'entre eux, dont des commentaires détaillés sur chacune des fresques ornées

(c) Ministère Culture & Com.


de la grotte et des photos en haute définition. Le clou de ce site est évidemment la visite nu­ mérique en trois dimensions de la cavité qui permet d'apprécier l'extraordinaire qualité du travail réalisé par ses prestidigitateurs. Cette visite virtuelle de la cavité permet à l'internau­ te de se déplacer de salle en salle avec la ré­ elle sensation de l'espace, la perception très fi­ ne des volumes et la découverte progressive des fresques ­ peintures et gravures ­ sur les parois. Un plan permet au visiteur de savoir en temps réel dans quel salle de la grotte il se trouve. La visite est interactive : des séquen­ ces, aides à la lecture, schémas, révèlent la ri­ chesse formelle et symbolique de cet art parié­ tal et sont consultables selon la volonté de l'in­ ternaute en même temps qu'il progresse dans sa visite virtuelle de la grotte. En parallèle, le visiteur dispose de ru­ briques consacrées aux nombreuses thémati­ ques qui structurent les recherches sur Las­ caux et donnent des clés de lecture pour com­ prendre le contexte global de la création des fresques. Ces rubriques abordent notamment des questions telles que la compréhension de l'art pariétal à travers les techniques mises en œuvre et les thématiques représentées, les ressources disponibles pour enrichir ses con­ naissances, la datation des œuvres et le con­ texte historique et chronologique de leur créa­ tion, les nombreuses réflexions et recherches sur la conservation de la grotte de sa décou­ verte à aujourd'hui et plus tard, et l'environne­ ment archéologique et géologique de la cavité. L'internaute qui a pris le temps de s'at­ tarder sur l'ensemble des rubriques qui com­ posent le site ­ en plus d'avoir accédé à une interprétation des fresques et de la grotte ­ comprend que l'environnement naturel de cel­ le­ci est une composante essentielle pour comprendre Lascaux et contribue à sa conser­ vation. Sanctuariser le site de Lascaux L'environnement de Lascaux est d'ail­ leurs un des enjeux des travaux menés par le Comité scientifique International. Les récents

rapports démontrent que la trop forte fréquen­ tation du site qui environne Lascaux II, et par conséquent Lascaux, est en partie responsa­ ble de la prolifération des champignons noirs qui continuent d'altérer les peintures préhisto­ riques. Il n'est pas d'autre alternative que de sanctuariser la colline de Lascaux. Le proces­ sus est en cours. D'ici peu, l'accès à Lascaux ne pourra plus se faire qu'en navette élec­ trique. Le parking réservé au public sera trans­ féré plus bas dans la plaine. A cet endroit, un centre d'interprétation sera créé, qui ouvrira ses portes au public en 2014. A terme, Las­ caux II y sera aussi déplacée. Le site, sur­ nommé le "grand malade de Dordogne" par les experts, sera ainsi isolé de toutes les agressions externes qui résultent du trop grand intérêt qu'on lui porte depuis qu'il fut mis au jour. Il bénéficiera des soins et atten­ tions des plus grands spécialistes qui res­ teront à son chevet le temps qu'il faudra.

(c) Ministère Culture & Com.

Pour accéder à ce média : http://www.lascaux.culture.fr/#/fr/00.xml >>> Clémence AYRAULT Source : www.lascaux.culture.fr

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(1) cf. La Revue d'ArchéoPortail n°2, article " la stabili­ sation et la conservation de la Grotte de Lascaux ". (2) http://www.culture.gouv.fr/fr/arcnat/lascaux/fr/


ACTUALITÉ NATIONALE

L'HYPERLIVRE, UN MÉDIA DISCUTABLE Le 14 septembre 2009 est paru chez les libraires un ouvrage d'un genre nou­ veau. Son titre : Le Sens des Choses. Sa particularité : être le premier hyperlivre. Dé­ cryptage. Ce livre, écrit par Jacques Attali en col­ laboration avec 32 auteurs dont Boutros Bou­ tros­Ghali, Max Gallo, Jean­Claude Trichet ou encore Erik Orsenna, a été tiré à 50 000 exemplaires par les éditions Robert Laffont. A première vue, il se présente sous la forme d'un banal ouvrage de papier, composé d'envi­ ron 300 pages. Mais au grès de sa lecture, on constate la présence, en bas de certaines pa­ ges, d'étranges glyphes. On les appelle flash­ codes. Ce système de code­barres permet en réalité d'avoir accès à du contenu multimédia additionnel. Pour ce faire, il suffit soit de scan­ ner le flashcode à l'aide d'un téléphone porta­ ble, permettant de visualiser l'information di­ rectement sur l'écran, soit d'envoyer un SMS en indiquant le numéro de page, ou enfin de se connecter sur le site de l'hyperlivre(1). Ce principe est donc novateur, mais connaît néanmoins ses limites. Tout d'abord, le service de téléphonie mobile Orange a la primauté du système d'hébergement des con­ tenus multimédias. Les téléphones compati­ bles avec l'application de transfert des conte­ nus ne représentent à l'heure actuelle que "26% du parc de mobiles français" selon le PDG de France­Télécom Didier Lombard. Il ne faut donc pas posséder un téléphone trop ancien. Quant aux contenus multimédias, cer­ tains auraient très bien pu avoir place dans le livre même (tableaux, images) alors que d'au­ tres sont déjà disponibles sur des sites d'hé­ bergement de vidéos. Ajoutons pour finir qu'il n'est guère aisé de jongler entre les pages du livre et son téléphone portable. Par ailleurs, si l'hyperlivre s'avère être un succès dans un futur proche, les éditions

Robert Laffont n'hésiteront pas à lancer sur le marchés des hyperlivres aux contenus plus variés ­ encyclopédies ou dictionnaires ­ et par la même occasion augmenter les prix de vente. En résumé, la chose est presque ten­ tante mais demeure en définitive tout à fait discutable. A travers l'hyperlivre, la Culture semble malheureusement avoir un certain coût d'accessibilité. C'est la raison pour la­ quelle Bibale(2), un service de partage et d'échange de produits culturels sous diffé­ rents formats (textes, musiques, vidéos, ...) se propose de mettre prochainement en li­ gne les contenus multimédias se référant aux flashcodes du Sens des Choses. En conclusion, je ne peux m'empê­ cher d'ajouter cette anecdote amusante vue sur un site Internet(3) : "Il ne faut pas man­ quer la réponse filmée de Jacques Attali à son propre questionnaire… A la question : “Si nous entrions dans une période de rareté énergétique imposant une grande frugalité, de quoi seriez vous prêt à vous priver ?” Ré­ ponse : “de mobile”. De mobile ? Plus de mo­ bile ! Plus d’hyperlivre ! CQFD ! »". Sans commentaire ! Pour accéder à ce média : www.hyperlivre­lesensdeschoses.com >>> Frédérick ANQUETIL Source : http://www.clubic.com/actualite­298626­hyperlivre­ orange­livre­augmente.html

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(1) www.hyperlivre­lesensdeschoses.com (2) www.bibale.com/hypelivre (3)http://tacheau.wordpress.com/2009/09/26/hyperlivre ­le­non­sens­des­choses/


ACTUALITÉ NATIONALE

LE PLUS GRAND CHANTIER ARCHEOLOGIQUE D'EUROPE dages mécanisés sur environ 10 % des surfa­ ces permettent de détecter et de dater les sites archéologiques. L'opération archéologique sur le canal Seine­Nord Europe est exceptionnelle par son ampleur, et inclut le tracé principal du ca­ nal, les bassins réservoirs, les plateformes multimodales et les zones de dépôt. (c) Inrap

(Communiqué officiel de l'Inrap, publié le 24 septembre 2009 et mis à jour le 8 octobre 2009).

"En préalable à la construction du canal Seine­Nord Europe, sous maîtrise d'ouvrage de Voies navigables de France, sur prescription des services de l'Etat (Drac), l'Inrap conduit le plus grand chan­ tier de diagnostics archéologiques actuel­ lement entrepris en Europe. Ces recher­ ches mobilisent des moyens humains et matériels exceptionnels et donnent des ré­ sultats remarquables sur les 900 premiers hectares sondés. Le canal Seine­Nord Europe Entre Compiègne et Aubencheul­au­ Bac, cet ouvrage permettra la circulation des péniches à grand gabarit de la Seine à l'Es­ caut en traversant 66 communes de l'Oise, de la Somme, du Pas­de­Calais et du Nord. Long de 106 km, le canal aura une em­ prise d'environ 2 500 hectares, soit en moyen­ ne 25 hectares au km, permettant l'identifica­ tion de sites archéologiques dans toute leur amplitude. Il comportera 7 écluses, 3 ponts­ canaux, 59 ponts routiers et ferroviaires. 2 500 hectares de diagnostics Les diagnostics archéologiques sont ré­ alisés en amont du chantier afin d'identifier les traces d'occupations humaines. Ces son­

Des moyens exceptionnels Actuellement 7 équipes d'archéolo­ gues travaillent sur les 1 350 hectares de la section courante et ont déjà sondé 900 hecta­ res. Le chantier mobilisera plus de 50 archéo­ logues pendant 28 mois, jusqu'à fin 2010, pour un total de 15 000 journées de travail et un budget prévisionnel estimé à 10 millions d'euros, principalement financé par la rede­ vance d'archéologie préventive acquittée par Voies navigables de France. Ce chantier recourra à d'importants moyens opération­ nels (pour 4,1 millions d'euros, dont 3,1 mil­ lions d'euros pour les moyens mécaniques). Une méthodologie particulière Pour découvrir les vestiges faiblement enfouis (30 à 50 cm de profondeur) des pel­ les hydrauliques de 180 chevaux équipées de godets lisses de 3 m de large réalisent de longues tranchées sous la direction de res­ ponsables d'opération assistés de techni­ ciens. Le rythme de progression est d'envi­ ron un hectare par jour et par engin. Les son­ dages sont rebouchés au fur et à mesure des relevés. Afin d'atteindre les gisements très an­ ciens enfouis jusqu'à 14 m de profondeur dans les accumulations de lœss, ces limons éoliens qui caractérisent les plateaux du Nord de la France, des sondages en puits sont pratiqués. Mise en place sur le canal Seine­Nord Europe, cette méthode recourt à des "pelles girafes" à bras rallongés pour dé­


couvrir des sites paléolithiques. Pour cela l'In­ rap a conçu un système de sécurité constitué d'un balcon­passerelle, permettant l'observa­ tion et le relevé sécurisé de la stratigraphie, et d'un couvercle­triptyque qui protège en fin de journée l'ouverture du puits. Leur utilisation conjuguée est une innovation méthodologique qui facilite et accélère le diagnostic de ma­ nière importante. Enfin, les fonds de vallons et le lit ma­ jeur de l'Oise seront également expertisés par des géomorphologues, des archéologues et leurs pelles mécaniques, ce type de substrat pouvant contenir des éléments organiques bien conservés dans les milieux humides. Un centre de recherches archéologi­ ques a été aménagé dans un ancien corps de ferme à Croix­Moligneaux (Somme). Situé au centre du tracé, il accueille les personnels de la coordination et les équipes d'archéologues de terrain. Les premiers résultats Les observations et recherches ancien­ nes établissaient un potentiel archéologique important. Aujourd'hui, alors qu'un tiers des parcelles a été diagnostiqué, plus de cent si­ tes sont découverts et couvrent des périodes allant du Paléolithique moyen au Moyen Âge. Par exemple, sur les 150 hectares de la future zone portuaire de Marquion, les ar­ chéologues de l'Inrap ont identifié plusieurs habitats très bien conservés de la fin de la pé­ riode néolithique (IIIème millénaire avant no­ tre ère). L'âge du Bronze s'illustre à Marquion par plusieurs monuments funéraires, des en­ clos circulaires à tumulus, dont le plus grand présente un diamètre de plus de 40 m. Là en­ core, des vestiges d'habitats contemporains pour cette période ont été recensés en de nombreux endroits.

Plusieurs bâtiments agricoles, un mo­ nument funéraire aristocratique, des nécropo­ les et des chemins sont datés de l'âge du Fer. Une villa gallo­romaine de plus de 200 m de long et 100 m de large, avec ses thermes a été mise au jour. Le projet recoupe à plusieurs reprises les zones de combats de la Première Guerre mondiale. Face à un tel risque, des mesures particulières ont été mises en place avec le concours de la Sécurité Civile. Fin août, sur 850 hectares diagnostiqués, 45 interventions ont été effectuées par les services de démi­ nage de la Sécurité Civile suite à la décou­ verte de 385 obus, 1 mine, 3 fusées, 47 gre­ nades et 1 caisse de cartouches, représen­ tant plus de 6 tonnes de munitions. Les attentes scientifiques Dans une seconde phase, des fouilles seront prescrites par le préfet de région afin d'approfondir les premiers résultats. Ces fouilles seront financées par VNF. Là où au­ cune fouille ne sera prescrite, les données des diagnostics seront les seules informa­ tions collectées sur les sites. Les recherches sur ces grandes sur­ faces amènent des découvertes fondamenta­ les et des données inédites sur les occupa­ tions humaines et l'évolution du paysage et pourraient révéler la présence d'habitats de l'homme de Néandertal". Pour accéder à ce média : http://www.inrap.fr/archeologie­ preventive/Actualites/Communiques­de­ presse/Les­derniers­communiques/2009/p­ 8456­Les­diagnostics­archeologiques­du­ canal­Seine­Nord.htm >>> Emmanuelle COLLADO Source : communiqué officiel de l'INRAP daté du 24 septem­ bre 2009 et mis à jour le 8 octobre 2009.


ACTUALITÉ NATIONALE

"LANTERNE MAGIQUE ET FILM PEINT ­ 400 ANS DE CINÉMA"

FANTASMAGORIES ET ENCHANTEMENTS AUX ORIGINES DU CINÉMA Cette nouvelle exposition, coréali­ sée par la Cinémathèque Française de Pa­ ris et le Musée national du Cinéma de Tu­ rin, nous ouvre les portes de "Lanterne magique et film peint ­ 400 ans de ciné­ ma". Présente à Paris du 14 octobre au 28 mars 2009, le visiteur découvre les objets qui ont anticipé et participé à la naissance du cinéma. La lanterne magique composée d’un jeu de lentilles et d’une lampe à pétrole(1), aussi nommée "Lanterne de peur", est un ap­ pareil d’optique inventé en 1659 aux Pays­ Bas probablement par l’astronome hollandais Christiaan Huygens. Cette dernière permet la projection, sur un écran blanc, à l’intérieur d’une salle obscure, d’images fixes ou ani­ mées(2). La Cinémathèque Française possè­ de l'une des plus belles collections de pla­ ques de lanterne magique : quelques 17 000 pièces, datant du 18ème siècle aux années 1920. On y trouve les créations de presque tous les grands pays producteurs (France, Grande­Bretagne, Allemagne, Etats­Unis) et toutes les techniques de peinture et d'impres­ sion y figurent (peinture à l'eau, à l'aniline, en série, chromolithographie, photographie, etc). Beaucoup de plaques sont finement mécani­ sées et munies de dispositifs d'animation par­ fois complexes. Ce fonds exceptionnel a été rassemblé depuis 1936 par les différents res­ ponsables et conservateurs de la Cinémathè­ que, et aussi par différents collectionneurs, dont Will Day, l'un des premiers historiens du cinéma. Cette collection est encore aujour­ d'hui enrichie, grâce aux dons, aux achats et au mécénat de la Fondation de l’Electricité de France. Ces œuvres fragiles, peintes sur ver­ re, sont difficiles d'accès pour les chercheurs et pour le grand public. Il a donc été décidé d'une part de les restaurer, et d'autre part de les numériser. Pour cette dernière opération,

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la Cinémathèque Française a reçu le soutien de la Mission de la Recherche et de la Tech­ nologie et du Ministère de la Culture et de la Communication. Aussi, que ce soit à travers une visite libre ou guidée, la scénographie de l’exposi­ tion(3) permet de valoriser des dizaines d’ob­ jets qui animent cette riche collection de pla­ ques destinées aux lanternes magiques. Un voyage onirique, scientifique et divertissant défile alors sous nos yeux et offre aux spec­ tateurs une palette d’images où une multitu­ de de thèmes sont abordés (voyages, vie quotidienne, scènes de cour, fééries, contes et légendes, fantômes et diables,… : des per­ sonnages fantasmagoriques aux vues poéti­ ques rappelant les paysagistes anglais et flamands(4)). Le visiteur découvre comment ces images peintes sur verre ont influencé les premiers metteurs en scène (Lumière, Mé­


minique Willoughby, des extraits de films ra­ res et réanimés pour la première fois...(6) liès, Zecca, Chómon), émerveillé les cinéas­ tes classiques (Truffaut, Bergman, Fellini), mais ont aussi conduit les cinéastes expéri­ mentaux d’hier et aujourd’hui (Emile Rey­ naud, Len Lye, McLaren, Sistiaga) à peindre sur pellicule, image par image(5). Par ailleurs, l’exposition est accompa­ gnée d’une programmation de films originaux, peints directement sur pellicule, de conféren­ ces et d’un service pédagogique. On y voit par exemple le film "Fantômes", dans lequel sont montrés les tout premiers trucages qui ont permis de faire croire à l’existence de ces êtres surnaturels tout en découvrant comment les apparitions, disparitions et objets qui se déplacent tout seul sont autant de procédés utilisés avant même l’apparition du septième Art. Enfin, pour mieux comprendre l’exposi­ tion, la Cinémathèque Française a crée, via son site Internet, une visite libre et guidée vir­ tuelle très complète sur le sujet. Bien construi­ tes, elles abordent point par point les différen­ tes thématiques dégagées lors de l’exposi­ tion. La visite guidée virtuelle propose notam­ ment un "Zoom sur Le théâtre optique d'Emile Reynaud". Ce procédé, coproduit par le Mu­ sée National du Cinéma de Turin, permet ain­ si de réanimer l'invention et de partir à la dé­ couverte des praxinoscopes.

On y voit comment, à la fin du 19ème siècle, nombre d'inventeurs, scientifiques et artistes cherchent à reproduire le mouvement en images. Émile Reynaud, professeur de physique et de sciences naturelles, réussit à maîtriser la technique de la projection animée, grâce à son incroyable Théâtre optique cons­ truit pour l'Exposition universelle de 1889 et inauguré au Musée Grévin en octobre 1892. C'est l'histoire de ce créateur et de son Théâ­ tre optique que ce Zoom met en lumière, avec un texte de Laurent Mannoni, des animations 3d, des photographies, des archives, un entre­ tien inédit avec l'historien du cinéma Do­

Aussi, qu'elle soit réalisée sur le site ou de chez soi, la visite de l’exposition de­ meure une déambulation et une invitation à parcourir un trésor caché, peuplé d’images qui n’ont pour la plupart jamais revu la lu­ mière depuis trois cents ans(7). Elle nous plonge enfin et surtout au cœur d’une esca­ pade temporelle, dans un autre monde, celui de ces ancêtres qui ont créé et influencé le cinéma de ses origines à nos jours. Pour accéder à ce média : http://www.cinematheque.fr/fr/expositions­ cinema/lanterne­magique/index.html >>> Laurie COPPIN

Source : www.cinematheque.fr _____

(1) Cinémathèque Française de Paris, Lanterne magi­ que et film peint : 400 ans de cinéma, La Martinière, 2009, 336p. Présentation générale. (2)http://www.cinematheque.fr/data/document/2009­ 09­29­expo­lanterne­magique.pdf (3) scénographie muséale signée Massimo Quendolo http://www.froggydelight.com/article­7583­ La_lanterne_magique_et_le_film_peint_400_ans_d.ht ml (4)http://www.cinematheque.fr/fr/expositions­ cinema/lanterne­magique (5)http://www.jeunecineaste.net/Exposition­Lanterne­ magique­et.html (6) présentation de l’Association Française de cinéma­ tographie. 2009. (7)http://www.nouveau­paris­ile­de­ france.fr/evenements­paris/expositions/civilisations­ histoire­et­science/lanterne­magique­et­film­peint.­ quatre­siecles­de­cinema­225624.html


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L ' E xp o s i t i o n o r i g i na l e Le 14 avril 1900 s'ouvrait à Paris la neuvième Exposition Universelle ­ la pre­ mière ayant été inaugurée en 1851 à Lon­ dres. Il s'agissait de la cinquième édition organisée par la capitale française, sous la présidence d'Emile Loubet, et fut sans au­ cun doute la plus extraordinaire de toutes.

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29, était située Place de la Concorde. Oeu­ vre de l'architecte René Binet, cette porte mo­ numentale, composée de 32 guichets dis­ posés en arc de cercle, était coiffée d'une al­ légorie de Paris, réalisée par le sculpteur Paul Moreau­Vauthier.

En ce début de 20ème Siècle, le Pro­ grès était considéré comme annonciateur d'un avenir plein de promesses et d'égalité so­ ciales. C'est donc dans une ambiance pleine d'optimisme que la France s'est vue confier l'organisation de l'Exposition Universelle du nouveau centenaire. De toute évidence, elle voulait délibéremment montrer aux nations présentes l'image d'une France fastueuse et puissante, tant dans le domaine économique qu'industriel. L'Exposition s'étendait sur une superfi­ cie de 1,12 km² et a coûté 2 millions de francs à L'Etat. Elle couvrait les Champs Elysées, l'esplanade des Invalides, les quais, le Troca­ déro et le Champ de Mars. Le ticket d'entrée valait 1 franc (le salaire horaire moyen d'un ouvrier était de 70 centimes), ce qui en faisait une manifestation ouvertes à toutes les classes sociales. On pouvait y accéder en passant par l'une des 36 portes construites à cet effet, dont la plus importante, la numéro

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Plan d'ensemble de l'Exposition Universelle


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La Porte monumentale de Binet Afin de drainer les flux de visiteurs et éviter les engorgements, on multiplia et di­ versifia les transports en commun : construc­ tion de nouvelles gares (Orsay, Invalides et Gare de Lyon), ouverture pour l'occasion de la première ligne (Porte de Vincennes ­ Porte Maillot) du Métropolitain et édification d'un trottoir roulant à deux vitesses dénom­ mée "Rue de l'Avenir", situé à 7 m de haut, sur une passerelle longue de 3km reliant le quai Branly à l'Ecole militaire. De nouveaux ponts et passerelles fu­ rent jetés entre les deux rives de la Seine, notamment le large pont Alexandre III, re­ liant l'esplanade des Invalides à l'avenue Ni­ colas II (aujourd'hui avenue Churchill) où ont été édifiés deux bâtiments qui subsis­ tent encore aujourd'hui : le Grand et le Petit Palais.

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Le trottoir roulant et le pavillon de l'Italie

Paris méritait vraiment son surnom de "Ville Lumière" : les monuments les plus magnifiques étincelaient de mille ampoules aux couleurs variées à la nuit tombée. La fée électricité, mise à l'honneur dans un palais bâti sur le Champ de Mars, permit également l'apparition de la technologie de l'image : les frères Lumière firent des projections publi­ ques de leurs films sur écran géant et l'on présenta le Cinéorama, système de ciné­ matographie à 360° fonctionnant avec une dizaine de projecteurs synchronisés. C'est même durant cette exposition que l'on men­ tionna pour la première fois le mot "télé­ vision".

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Le palais de l'Électricité La colline du Trocadéro prenait volon­ tairement des airs exotiques. Se déployait en effet entre les ailes du premier palais de Chaillot, édifié pour l'Exposition Universelle de 1878, l'Exposition coloniale, véritable pro­ pagande expansionniste du rayonnement de la France dans le monde entier. Une ma­ nière de se placer au même rang que l'im­ mense empire britannique de l'époque. Les visiteurs découvraient alors avec curiosité des architectures indigènes ainsi que des peuples aux coutumes "barbares" et des ani­ maux étranges, comme des dromadaires qui déambulaient dans les larges allées. Le cos­ mopolitisme prenait ici tout son sens.


L'exposition était également agrémen­ tée d'attractions telles la Grande Roue de l'avenue de Suffren ­ cette roue ne fut démolie qu'en 1937 ­, d'une course de ballons dirigea­ bles à Vincennes ou encore du Banquet des Maires où 22 000 convives étaient invités. Quant à la Tour Eiffel, elle eut un temps un compagnon tout aussi démesuré qu'elle : un gigantesque globe céleste où étaient diffu­ sées des images du système solaire.

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La Rue des Nations

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Le Vieux Paris (c) Le Panorama

La Tour Eiffel et le Globe Céleste Néanmoins, les deux plus beaux sites de l'exposition se trouvaient le long des rives de la Seine : rive gauche, entre le pont des Invalides et le pont de l'Alma, lieu dénommé "Rue des Nations" , on avait construit une vingtaine de pavillons nationaux, aux archi­ tectures toutes plus belles les unes que les autres, à la gloire des pays qui y étaient représentés. Rive droite était situé un quar­ tier du Vieux Paris. Création du dessinateur et visionnaire Albert Robida, on pénétrait dans un univers médiéval quelque peu idéalisé.

L'Exposition Universelle s'acheva le 12 novembre 1900. Elle attira près de 51 millions de personnes et rapporta 6 millions de francs de bénéfices. Vidéo d'époque de l'Expo : http://www.dailymotion.com/video/x485d5_pari s­en­1900­exposition­universell_shortfilms Réservation pour la visite conféren­ ce sur l'Expo les 24 et 27 novembre 2009 : http://www.billetreduc.com/33059/evt.htm Sources : http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations 2000/paris.htm http://www.jetons­monnaie.net/p/eu1.html http://fr.wikipedia.org/wiki/Exposition_universelle_de_19 00


L ' E xp o s i t i o n v i r t ue l l e (c) Lemog

Véritablement passionné par cette grande manifestation internationale sans précédent, Laurent Antoine, dit Lemog, s'est fixé un objectif tout aussi démesuré que ne l'était elle­même l'Exposition Uni­ verselle de 1900 : reproduire cette dernière virtuellement grâce à de puissants logi­ ciels, et surtout énormément de patience. Contacté par ArchéoPortail, cet "informagi­ cien" a eu la gentillesse de lâcher sa sou­ ris un instant pour nous accorder un peu de son précieux temps. Entretien.

ArchéoPortail : Bonjour, comment dois­je vous appeler, Lemog ou Laurent ? Laurent ANTOINE : Laurent, c'est très bien, Lemog est surtout connu comme pseudo dans le monde de la 3d... il est quand même resté associé à ma nouvelle activité. Laurent, pouvez­vous tout d’abord vous présenter brièvement ? LA : Pour faire court, je suis avant tout un pas­ sionné de 44 ans, qui aime se lancer des dé­ fis et se plonger corps et âme dans des pro­ jets un peu fous ! Quelle est votre formation ? LA : Comme elle n'a pas vraiment de rapport avec mon activité actuelle, je ne m'étendrai

pas sur le sujet. En revanche, j'ai une expé­ rience de plus de vingt ans dans le monde de l'édition. L'image de synthèse 3d est arri­ vée en milieu de parcours, tout d'abord com­ me hobby, puis elle s'est rapidement impo­ sée il y a maintenant près de dix ans, dans la société d'édition pour qui je travaillais. A titre personnel, je commençais à dévelop­ per mes premiers projets liés aux restitutions de monuments disparus. Quel est votre statut actuel (Freelance, salarié, … ) ? LA : Comme pour beaucoup de monde ac­ tuellement, après de nombreuses années de bons et loyaux services passés au sein d'une même entreprise, j'ai fait partie des premiè­ res personnes dont on s'est débarrassé. Dans un premier temps, il y eut un véritable sentiment d'amertume, par rapport à tous ces investissements personnels au sein de l'entreprise, que j'avais accompagnée dans ses différents développements, et surtout, dans laquelle j'avais pu exercer de nombreux métiers, et acquérir beaucoup d'expériences dans des domaines très variés. Ensuite, j'ai pensé que c'était certainement une chance qui s'offrait à moi. Cela faisait déjà plusieurs années qu'une activité parallè­ le couvait, et qui occupait déjà une grande partie de mes nuits !


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Mon statut est donc tout nouveau tout beau : artiste libre... pour le moment ! Comment vous est venue l’idée de restituer l’Exposition Universelle de 1900 ? LA : Cette idée m'est venue par différents biais. Depuis 2002, j'ai eu l'occasion de déve­ lopper plusieurs projets de restitutions en 3d : temples égyptiens de la Vallée du Nil, site de Palenque au Mexique, donjon du château de Coucy... uniquement à titre personnel, même si ce dernier projet a eu l'opportunité d'être diffusé dans une émission très connue. Ces projets ne faisaient partie que d'une passion globale pour l'image et la 3d, dans des domai­ nes historiques qui me passionnent depuis l'enfance. Parallèlement, je continuais à réaliser des ima­ ges en 3d, souvent dans le cadre de "Chal­ lenges" organisés par des sites ou des fo­ rums en ligne spécialisés dans l'image de synthèse. Une première expérience allait me rapprocher de cette période "1900". C'était en 2001, à l'occasion d'un de mes premiers concours sur la toile à l'initiative d'un site français, 3DVF. Le sujet était "Imaginez l'ordinateur de 1900". Je réalisais avec un incroyable bonheur un assemblage hétéroclite de véritables élé­ ments existant en 1900, cette image remporta le concours... j'avais mis un premier pied dans cette époque ! La seconde allait me rapprocher encore plus de mon sujet actuel, toujours dans le cadre

d'un concours, en 2005, par le site CgSocie­ ty. Le thème était "Grand Space Opera". Je me dirigeais vers une réalisation de science fiction certes, mais à la manière des vision­ naires de la seconde moitié du 19ème siècle, avec leur façon de voir la conquête de l'air et de l'espace. De toutes les périodes de l'histoire que j'apprécie, celle­ci jusqu'à la seconde moitié du 20ème siècle, est certainement celle qui me fascine le plus ! Là, j'allai y mêler une au­ tre de mes passions, les engins volants et l'histoire de l'aviation. J'imaginai donc pour cette illustration un cer­ tain nombre d'engins : Moonship, Omniship, Dragon Rapid' et SpaceStation... à la sauce 19ème ! L'image ainsi réalisée rencontra également

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beaucoup de succès, et fut primée. Ayant pris énormément de plaisir à la réaliser, je décidai quelques mois après de lui donner une suite : le retour sur terre de la station spa­ tiale, au cœur d'un événement marquant... j'avais choisi le Champ­de­Mars à Paris, pen­ dant l'Exposition Universelle de 1900. Une solide documentation étant la base de bon nombre de mes projets, je commençai à faire quelques recherches concernant cet évé­ nement. Et là, ce que j'allai découvrir transforma litté­ ralement ma vie. Je connaissais ces exposi­ tions comme tout le monde, je savais la taille et la richesse de celle de 1900, mais j'étais loin de m'imaginer le nombre incroyable de réalisations extraordinaires, ces pavillons tous plus merveilleux les uns que les autres, où la technique rivalise avec l'art, où toutes les attractions font preuve d'une imagination sans limite... J'étais abasourdi, et en même temps dépité... que n'aurais­je fait pour me retrouver en 1900, à visiter cette exposition ? Une solution s'offrait immédiatement à moi. Adepte des challenges personnel et fort de ma pratique de la 3d, j'avais la possibilité de recréer cet événement, et de pouvoir un jour m'y promener... même virtuellement ! Je me donnais trois mois pour commencer à collecter un début de documentation, et sur­ tout voir si c'était faisable ! Car si en ce qui concerne les pavillons français d'exposition, l'iconographie est très riche, c'est beaucoup

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moins vrai pour les pavillons étrangers, ainsi que tous ceux réalisés par des entrepre­ neurs privés. En février 2006, je décidais de me lancer "à fond" dans ce projet, avec l'aide de mes pre­ miers précieux documents, sur une des part­ ies les mieux documentées de l'exposition, la Rue des Nations. Parallèlement, je conti­ nuais à chercher de nouveaux documents, pour les futures parties... et je continue tou­ jours ! Quelles sources avez­vous utilisées pour parvenir à restituer l’Exposition Univer­ selle ? LA : Des sources diverses et variées... pour moi, tout est bon à prendre. Dans le cadre


(c) Albert Robida

de restitution en 3d, il faut tout recréer, ce sont des modèles en volume, il faut donc un maximum de documentation, de chaque pavillon, sous "toutes ses coutures" ! Ce sont principalement les livres édités à l'occasion de l'exposition, contenant de très nombreuses photographies, quelques rares plans et monographies d'architecture, des car­ tes postales, et pour déceler le petit détail manquant, les photographies d'amateurs. Pleines de défaut, et souvent mal cadrées, elle permettent d'avoir des angles de vue sou­ vent inédits, qui me renseignent sur des élé­ ments invisibles dans les photographies sou­ vent similaires des photographes profession­ nels ou officiels. Ce sont aussi très souvent des instantanés pleins de vie, j'ai d'ailleurs en projet une expo­ sition de photographies amateurs de l'Exposi­ tion Universelle de 1900... quand j'aurais un peu plus de temps ! Des informations complémentaires, notam­ ment au sujet des couleurs, me sont souvent

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apportées par les textes, où l'on peut trouver des précisions sur les teintes et les maté­ riaux. Sans images, ces descriptions sont souvent plus précises que les quelques chromos éditées à l'occasion de l'exposition. Comment s’organise votre travail et quels logiciels utilisez­vous ? LA : L'organisation est très simple. Tout com­ mence bien évidemment par le travail sur la documentation. J'essaie au préalable de réu­ nir un maximum de photographies, dessins et gravures, dont je prépare les fichiers pour une consultation aisée et rapide en cours de création afin que tout "tombe sous la main". La seconde étape est dans certains cas la réalisation d'un plan, mais le plus souvent j'attaque directement la modélisation, le plan se reconstituant simultanément dans ma tête. Cette modélisation, de même que la mise en texture ou les rendus sont principalement ef­ fectués à l'aide du logiciel Maya.


Quelle limite vous êtes­vous fixée dans la restitution ? LA : Comme pour tout projet un peu délirant, il n'y a pas de limite. Idéalement, je souhaite­ rais pouvoir reconstituer cette exposition dans sa totalité. Mais la faisabilité n'est pas acquise. J'ai donc décidé de progresser de manière na­ turelle, en rapport avec la documentation dis­ ponible. Dans certaines parties de l'exposi­ tion, il reste de nombreuses zones d'ombre, des pavillons pour lesquels il n'existe même pas une petite photographie ou gravure ! Dans ces conditions, difficile d'envisager la re­ constitution de ces parties, ou alors partiel­ lement. Où en êtes­vous dans votre travail de restitution ? LA : J'ai au préalable découpé l'Exposition Universelle de 1900 en sept grandes parties. Fin août 2009, je terminais la seconde : Le Vieux Paris d'Albert Robida, qui était situé le long de la Seine entre le Pont de l'Alma et la

passerelle DeBilly. Au départ de ce projet, j'avais envisagé au moins six années de travail, mais en fait, c'était sans compter sur les arrêts forcés pour cause d'autres projets, encore plus vrai depuis mon changement de statut profes­ sionnel. Il me faut maintenant répondre à d'autres demandes, et faire passer le projet Expo1900 après. Pour l'instant, la troisième partie n'est pas en­ core planifiée, ni même choisie. Plusieurs lieux de l'exposition sont possibles. Le jour venu, le choix se fera de manière évidente, de par l'intérêt des lieux choisis, mais aussi dans le cas où des événements pourront y être associés. Quelle est la finalité du projet ? LA : La première finalité serait de mieux faire connaître à tous cette exposition de 1900. Ensuite, de nombreux "produits" seront envi­ sagés. Dans un premier temps, il y a l'utilisation des


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films réalisés dans des expositions thémati­ ques, comme celle de la Conciergerie sur "Pa­ ris et ses Expositions Universelles, architectu­ res, 1855­1937" ou celle de la Mairie du 7e, "mémoires d'une capitale" pour le film sur la Rue des Nations de 1900. Ou celle de l'exposition de Saint­Cloud pré­ sentant les vestiges Clodoaldiens des Exposi­ tions Universelles, où était diffusé un film 3d sur le Palais de l'Industrie de l'Exposition Uni­ verselle de 1855 à Paris. Ou à l'exposition de Compiègne "De jadis à demain, l’imaginaire du dessinateur Albert Ro­ bida (1848­1926)" où était présenté le premier film sur le Vieux Paris. Un DVD sur le Vieux Paris est en cours de réalisation et devrait être disponible début 2010. En prévision, il y a un livre accompagné d'un DVD sur la Rue des Nations de 1900, ainsi qu'un livre sur le Vieux Paris. Des conféren­ ces et expositions sont également prévues. Comme je développe en parallèle d'autres projets, je vais mettre à profit ce petit éloigne­ ment de l'Exposition Universelle de 1900 pour exploiter ce qui a déjà été reconstitué dans ces deux premières parties.

Avez­vous d’autres projets en cours ou à venir ? LA : Oui, et c'est pour cette raison que l'Expo1900 est au point mort. Je réalise ac­ tuellement un film en 3d sur le Parc Egyptien de l'Exposition Universelle de Paris en 1867, qui sera diffusé à partir de fin mars 2010 dans une exposition aux Archives Nationa­ les, ainsi qu'une nouvelle version de la Rue des Nations et de ses vingt­trois pavillons. Aussi un film sur le pavillon du Luxembourg à l'exposition de 1900, pour un autre projet d'exposition. J'ai également un projet de film en cours de réalisation, sur la présence de "la Chine dans les Expositions Universelles de Paris, 1867 – 1878 – 1889 ­ 1900"... un clin d'œil pré­Expo Shanghaï 2010. Et un dernier projet, qui commence à peine, en collaboration avec le BIE (Bureau Interna­ tional des Expositions), et qui portera sur les principales Expositions Universelles dans le monde depuis 1931, date de création du BIE. Comme on peut le constater, ce sont tous des projets qui "tournent autour" d'un seul et même sujet, les Expositions Universelles. Mais il y a de nombreux autres domaines et époques qui me passionnent. J'ai déjà eu l'occasion de réaliser des projets médiévaux ou antiques, époques qui me comblent d'aise également et sur lesquelles je reviendrai certainement un jour ! Merci Laurent de nous avoir consacré un peu de votre temps et surtout nous avoir fait partager votre passion ! LA : Ce fut un plaisir pour moi, tout en souhaitant un long et brillant avenir à Archéoportail !

Pour apprécier mieux encore les travaux de Laurent Antoine et poursuivre son aventure, n'hésitez pas à vous rendre sur son site : http://lemog.fr/

>>> Dossier réalisé par Frédérick Anquetil


L'ANNUAIRE DES ADHÉRENTS membre statut courriel ville profession

: Virginie Allard : correspondante locale : virg.allard@yahoo.fr : Evreux (27) : attachée de conservation du pat., Musée des instruments à vent, la Couture­Boussey.

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: Frédérick Anquetil : président ; infographiste ; correspondant local : frederick_anquetil@yahoo.fr : Evreux (27) : guide­conférencier / vacataire Scène Nationale Evreux­.

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: Laurent Antoine : non actif : lemog3d@gmail.com : Bezannes (51) : infographiste 3d.

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: Christian Ayrault : infographiste : christian.ayrault@numeo.fr : Colombiers Rochelle (17) : artiste peintre / sculpteur / infographiste.

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: Clémence Ayrault : trésorière ; infographiste ; correspondante locale : clemence.ayrault@voila.fr : La Rochelle (17) : enseignante.

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: Marie­Laure Billodeau : correspondante locale : marie_billodeau@yahoo.fr : Matha (17) : agent d'accueil office de tourisme pays de Matha.

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: Michel Billodeau : non actif : aucun : Fontaine­Chalendray (17) : agriculteur céréalier en retraite.

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: Anne Chapelet : correspondante locale : anne.chapelet@laposte.net : Rochefort (17) : agent d'accueil accompagnatrice.

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: Audrey Charrier : correspondante locale : audrey_boucard@yahoo.fr : Saintes (17) : professeure des écoles.

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: Jean­Michel Charrier : correspondant local : charrierjean­michel@orange.fr : Saintes (17) : professeur des écoles.

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: Emmanuelle Collado : infographiste : emmacollado@free.fr : Villenave d'Ornon (33) : fouilleuse archéo. Inrap.

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: Laurie Coppin : correspondante locale : coppinlaurie@yahoo.fr : Paris (75) : archiviste ­ documentaliste.

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: Georges Durand : non actif : durand.g@free.fr : Lagord (17) : secrétaire adj. association Archéaunis.

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: Julie Gaborit : correspondante locale : julie.gaborit@orange.fr : Angliers (17) : enseignante.

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: Alexis Grolaud : non actif : agrolaud75@gmail.fr : Paris (75) : ingénieur informatique.


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: Julien Lagarde : secrétaire ; infographiste ; correspondant local : lagardejulien@hotmail.com : Toronto (Canada) : enseignant.

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: Jean­Paul Pichard : correspondant local : aucun : Saintes (17) : Professeur de Lettres et critique musical.

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: Emilie Lefebvre : non actif : micraspalax@yahoo.fr : Hyères (83) : adjointe du patrimoine.

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: Anne Renard­Ayrault : correspondante locale : annick.ayrault@free.fr : Colombiers (17) : documentariste / écrivaine.

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: Anne Nadeau­Dupont : correspondante locale : anadupont@orange.fr : Escalquens (31) : assistante d'édition électronique, INHA.

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: Arel Tallon : correspondant local : arel.tallon@laposte.net : Rochefort (17) : assistant d'exploitation.

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: Marina Pellerin : correspondante locale : pellerinmar@yahoo.fr : Rochefort (17) : adjointe à l'archiviste.

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: Jean­Guy Vigier : non actif : jean­guy.vigier@orange.fr : Pouffonds (79) : exploitant apiculteur.


www.archeoportail.weebly.com archeoportail@online.fr

ArchéoPortail 11 rue de Panama apt. 20 27000 Evreux Président Frédérick Anquetil Trésorière Clémence Ayrault Secrétaire Julien Lagarde

Comité de rédaction Frédérick Anquetil Clémence Ayrault Julien Lagarde Rédacteur en chef Frédérick Anquetil

Ont collaboré à ce numéro Frédérick Anquetil Laurent Antoine Clémence Ayrault Emmanuelle Collado Laurie Coppin

Conception graphique Frédérick Anquetil Graphisme couverture frédérick Anquetil

association W172002331


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