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grand reportage
tanzanie safari au cœur du pays massaï
aller retour N°16 — mars / avril 2013
entretien
pénélope bagieu
Ses voyages sont tout à fait fascinants
portfolio
inde explosion de
couleurs à la fête de holi évasion
corée du sud vivez l’expérience d’un temple zen
france
mayotte lagon à l’agonie haute-provence la tête en l’air marseille cuisine du soleil
carnet / A/R magazine voyageur — 3
Directeur de la publication Michel Fonovich mfonovich@ar-mag.fr Rédactrice en chef Sandrine Mercier smercier@ar-mag.fr
l’édito Michel Fonovich
Directeur artistique Albéric d’Hardivilliers alberic@ar-mag.fr grand Reporter Christophe Migeon cmigeon@ar-mag.fr Stagiaire Véronique Le Saux Diffusion MLP Service des ventes (réservé aux professionnels) Vive la Presse 09 61 47 78 49 Publicité A/R publicité pub@ar-mag.fr Régie publicitaire M*I*N*T 125, rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris Fabrice Régy / Philippe Leroy / Lauréline Jouanneau 01 45 61 23 04 laureline@mint-regie.com Imprimeur Corelio Printing – Belgique
Un serpent ne fait pas l’année A/R magazine voyageur 1 rue du Plâtre — 75004 Paris 06 87 83 22 56 / www.ar-mag.fr Publication bimestrielle Prix de vente : 5,90 € Édité par les éditions du Plâtre SAS au capital de 10 000 € Siège social : 1 rue du plâtre — 75004 Paris R.C.S : 523 032 381 / ISSN : 2108-3347 CPPAP : 1015K90544 © A/R magazine voyageur La reproduction, même partielle, des articles et illustrations publiées dans ce magazine est interdite. Photo : Christophe Migeon Image de couverture : © Nigel Pavitt/ John Warburton-Lee Photography Ltd / Corbis
Et voilà, on vient d’entrer dans l’année du serpent ! D’aucuns auraient aimé bête moins dégoûtante, un lapin, par exemple, c’est mignon un lapin. Ou un chien, c’est fidèle un chien, au point quelquefois d’en devenir écœurant. Certes, on ne mérite pas toujours son chien. En attendant, c’est le serpent qui se pointe à sa manière, en rampant, en se tortillant et cela n’annoncerait rien de bon. Les années du serpent couvent des grands chambardements : révolution russe en 1917, grande Dépression en 1929 et plus près de nous, chute du mur de Berlin, massacre de la place Tiananmen en 1989 et le 11 septembre en 2001. Alors, tous aux abris ? Si cela peut vous rassurer, le comité central des grands astrologues chinois ne parvient pas à se mettre d’accord. Tout peut arriver le pire comme le meilleur disent-ils. Le pire, c’est ce numéro 16 qui s’est fait un peu attendre, le meilleur c’est ce numéro 16 qui ne se fait plus attendre et qui aura très bientôt un petit frère en version interactive sur tablettes. Au programme : Haute-Provence, Mayotte, Tanzanie, Inde, Corée du Sud … À ce propos, en 1977, autre année du serpent, naissait à Séoul, Park Jae-Sang, chanteur universellement connu aujourd’hui sous son nom de scène : Psy. Gangnam Style, c’est lui. Décidément, les années du serpent sont capables de tout même à retardement. Je vous embrasse, Michel
n°16 / mars — avril 2013
4 — A/R magazine voyageur / carnet
au sommaire dans ce numéro
Abo en page 08 et 70
#16 — mars / avril 2013
Regards Concours photo AFD
006
Durable
010
Actus Petites distances, grands plaisirs Des vacances pour apprendre Parc National Parc naturel marin de Mayotte Passage à l’acte Le Danube en roue libre
Carnet L’entretien Pénélope Bagieu Actus Nos adresses Bric-à-brac Culture Livres / Cinéma Zoom Maldives / J’ai testé une île-hôtel
014 016 018 020
Corée du Sud : Zen Express (P.46)
Miam-miam Marseille Sur les trace de … Georges Simenon Le guide du queutard Deux ou trois maris sinon rien Carnettiste Agathe Troussel Carte Postale Veni, Vidi, Fidji
022
026 032
038
084
090 094 095 096 098
Contributeurs : Julien Blanc-Gras / Vanessa Chambard / Laurent Delmas / Antonio Fischetti / Jean-François Mallet / Guillaume Reynard / Grégory Rohart / Camille Rustici / Lætitia Santos / Marc Seiler / Josette Sicsic / Agathe Troussel / Chloé Vollmer-Lo / Albert Zadar /
046 056
Tanzanie :
Safari au cœur du pays Massaï (P.56)
mars — avril 2013/ n°16
076
Bazar
Partir Haute-Provence La tête en l’air Riga / Lettonie Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Riga et les filles Inde Explosion de couleurs à la fête de Holi Corée du Sud Zen Express Tanzanie Safari au cœur du pays Massaï
072 074
Mayotte : Lagon à l’agonie (P.76)
10 — A/R magazine voyageur / carnet
l’entretien
Pénélope Bagieu Ses voyages sont tout à fait fascinants Pénélope, voilà un prénom qui n’évoque pas vraiment le voyage. Et pourtant depuis qu’elle peut voyager sans demander de l’argent à sa mère, Pénélope s’en donne à cœur joie. Sur son blog Ma vie est tout à fait fascinante, cette illustratrice raconte ses voyages avec malice. En mars sort le guide Cartoville Londres avec ses dessins et bons plans. Yummy !
Entretien : michel fonovich Photo : chloé vollmer-Lo
Depuis quand dessinez-vous ?
Depuis que je sais tenir un crayon. Et l’idée d’en faire un métier, c’est récent ?
Non. Quand j’étais petite, je disais à mère : « Quand je serai grande je mettrai une table dans la rue et je ferai des dessins pour les revendre. » C’est plus ou moins ce que je fais en ce moment. Parlons de votre carrière, il y a eu Joséphine, Cadavre Exquis, et aussi La Page Blanche, les trois BD vont être adaptés au cinéma. C’est la gloire qui vont tombe dessus.
Oui c’est chouette, on ne pense pas du tout à cela quand on réalise une BD. C’était complètement inespéré. Vous publiez un Cartoville Londres, un Cartoville très spécial puisqu’on y mars — avril 2013/ n°16
trouve vos dessins et vos bons plans. Qu’est-ce que vous ressentez dans cette capitale ?
l’Est un peu excentré derrière Shoreditch, Hackney. Pour le coup, c’est vraiment dépaysant. Quand on est dans la ferme d’Hackney, que l’on mange avec des cochons et des canards et que l’on se trouve en même temps dans le centre de Londres, c’est assez fou. Quand on traverse le canal, ce ne sont que des petites maisons. C’est peut-être un cliché carte postale mais je connais des copains qui y vivent et pour eux c’est la campagne dans Londres.
J’ai découvert Londres comme étudiante Erasmus. Au début j’étais terrifiée par son côté ogre. Je me disais que cette capitale était beaucoup trop grande, que je n’arriverais jamais à la comprendre, à avoir mes quartiers. Je pensais que je serais toujours une paysanne à Londres. Finalement à force d’y venir on finit par l’apprivoiser, on finit par avoir ses habitudes. Londres, c’est une géographie particulière. Il n’y a pas le principe de C’est difficile d’écrire centre et de banlieue. On peut se trouver et dessiner un guide ? à Londres et être à une heure et demie C’était le défi de l’année. Assez sportif, du Centre. en effet, parce que les Cartoville ont la particularité de ne négliger aucun quarY a-t-il un quartier qui vous plaît tier. On ne peut faire aucune impasse. particulièrement à Londres ? Concernant les quartiers avec lesquels J’aime plutôt l’Est de Londres, même on n’a pas d’affinités, ça a été un vrai
n°16 / mars — avril 2013
Holi
Couleurs sacrées Texte & images : Marc Seiler
——— Tous les ans, durant les jours de pleine lune du mois de Phalgouna – une période située entre février et mars – , l’Inde fait le plein de couleurs avec sa fête la plus exubérante : Holi. Partout dans le pays, on célèbre l’arrivée du printemps ou les amours du dieu Krishna et la déesse Rhada. Dans une débauche d’eau et de pigments colorés, la Holi va enflammer tout le pays. L’occasion pour tout un peuple de s’affranchir des codes intransigeants des « jâti » (castes). ———
46 — A/R magazine voyageur / partir
Corée du sud
corée — du sud — Zen Express
Séoul saoule vite, c’est bien connu. Trop électrique. Forcément, on aspire à la détente. Un séjour dans un temple bouddhiste apparaît comme la solution idéale. Au programme, méditation assise ou en marchant, cérémonie du thé … Soyons zen ou plutôt zeon comme on dit en Corée.
Vanessa Chambard — Textes & photos
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partir / A/R magazine voyageur — 47
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A
près trois jours passés à Séoul, voici enfin venue l’heure du départ. Je monte avec quelques autres dans un bus aux vitres fumées qui nous protègeront du soleil tout en préservant notre incognito qui n’en demandait pas tant. On s’apprête à traverser le pays plein sud jusqu’à la province de Jeollanam-do. Le périple durera seulement quelques jours et inclut un séjour express dans le temple Mihwangsa. Selon la légende, le temple en question aurait été construit au VIIIe siècle sous la houlette du Grand Maître Euijo Hwasang. Ce dernier après avoir découvert des statues et soutras bouddhistes dans un bateau de pierre qui avait mystérieusement accosté au port, fit le soir même un rêve dans lequel il recevait l’ordre de construire un temple pour y héberger ses trouvailles. Suivant les consignes, il chargea sur le dos d’une vache noire tous les trésors et se mit à gravir la montagne Dharma. À l’endroit
où la bête s’écroula pour ne plus relever, il posa la première pierre. Incendié en 1597 par les Japonais,le temple fut tout de suite reconstruit et ça tombe bien, car après de longues heures de route nous sommes sur le point d’arriver. On se gare dans un grand parking où sont déjà garés d’autres bus pareils au nôtre. Puis on emprunte en file indienne, un petit chemin qui mène jusqu’au temple.
Dans la peau d’un moine
À l’accueil, on reçoit un « habit de séjour », soit un pantalon et une chemise de coton gris en taille XXL et un large chapeau de paille. Un petit bâtiment typiquement coréen nous sert d’hébergement. Il est constitué d’une enfilade de pièces identiques, séparées par des cloisons de papier. Au moment de se coucher, il suffit de sortir du placard un tapis de sol, un oreiller et une couette. Pour la New Yorkaise Cathy, rien ne va plus … la perspective de dormir par terre à côté
01. 02.
Au son du gong marche-méditation Un moine méditant devant la pousse des champignons
d’autres personnes la stresse, mais on n’a pas le temps de s’apitoyer sur son sort. En effet, le séjour est limité à 18 heures et déjà un moine rondouillard et souriant nous attend pour le thé. Assis en tailleur sur son coussin, il ressemble aux bouddhas des porte-clefs, vendus à l’entrée du temple. Après la cérémonie, il entame une marche méditative autour du temple. Certains le suivent, d’autres préfèrent se balader dans le potager, assister aux prières ou encore faire une petite sieste. Un jeune Coréen me lâche « c’est un lieu si paisible ». Il n’est pas pratiquant, cependant il vient ici chaque année, avec deux amis. Il habite à Séoul n°16 / mars — avril 2013
partir / A/R magazine voyageur — 57
tanzanie safari au cœur du pays massaï
Lieu du rendez-vous : le Ngorongoro, un immense cratère au nord-est de la Tanzanie. Il y a plus secret mais certainement pas plus sublime. Objet du rendez-vous : rencontres fortuites et sauvages avec de drôles de zigues à poils, à plumes et en cuir. Ça promet d’être chaud en dépit d’un petit air frais porté par l’altitude. Albert Zadar — Textes Grégory Rohart — Photographies
L
a première fois, ça surprend, la deuxième et la troisième fois aussi d’ailleurs. Puis on s’habitue, c’est comme tout. La première fois, on fait stopper brutalement le Toyota Land Cruiser sur le bord de la route asphaltée pour s’élancer dans la verte prairie toute piquetée d’acacias où batifolent des girafes. Les troupeaux de zèbres déclenchent les mêmes réactions hystériques au début. Freinage d’urgence et galop dans les herbes pour s’approcher des bêtes. Il n’y a pas une heure que l’on a quitté Arusha au nord de la Tanzanie, pas une heure que l’on a quitté la grande ville où siège pour encore quelque temps ce qui reste du Tribunal Pénal International du Rwanda et déjà on se frotte les yeux. Par la portière, au lieu des bonnes vaches de par chez nous, on voit défiler quelques animaux de la grande faune africaine à commencer par le plus haut d’entre tous et certainement l’un des plus bizarres d’un strict point de vue morphologique et dirons nous vestimentaire. Non seulement la girafe a quelque chose d’un chameau qui
culminerait à 5,80 m, mais sa robe tachetée n’est pas sans rappeler celle du léopard ce qui lui a valu depuis l’antiquité jusqu’au Moyen Âge d’être désignée par le vocable camelopardalis (chameau-léopard) lequel ne figure pas et c’est regrettable dans une tirade de Cyrano. Il faut dire que la place était prise par le fabuleux hippocampéléphantocamélos qui ne vit plus qu’au Kenya voisin. Cela ne saute pas aux yeux, mais la girafe pour irriguer son corps si élevé audessus du sol, compte sur un cœur de 10 kg capable de pulser jusqu’à 76 litres de sang à la minute en doublant la pression sanguine par rapport aux autres mammifères. Étrange animal décidément ! On roule donc en tournant le dos au Kilimandjaro pour rejoindre le cratère du Ngorongoro considéré par certains comme la huitième merveille du monde.
Hakuna matata
Des zèbres, des girafes, des zèbres, des girafes, tiens ! des gazelles ! Et puis, divaguant dans la savane alors que le soleil se fait déjà la malle, deux jeunes Massaï n°16 / mars — avril 2013
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carnettiste Coups d’œil, de crayon et de pinceau
agathe troussel Agathe Troussel a vu le jour le nez dans les pinceaux de sa mère. C’est donc tout naturellement que le dessin est devenu une passion, le graphisme, un métier. Son diplôme en poche, la jeune femme décide de prendre son envol pour un tour du monde de plus d’un an. Charmée par le bordel, la couleur, la foule et les paysages de l’Inde, elle prend le temps d’y affiner son coup de crayon. Au bord du Gange, les idées grouillaient de même que les petites têtes brunes autour d’elle lorsqu’elle dessinait. Agathe Troussel aurait, paraît-il, un tic : dessiner des carrés. À vous de juger !
mars — avril 2013/ n°16
bazar
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n°16 / mars — avril 2013
98 — A/R magazine voyageur / bazar
carte postale des fidji
Veni, vidi, Fidji Signée Julien Blanc-Gras
Journaliste de profession et voyageur par vocation, il a publié Touriste au Diable Vauvert.
Cher A/R, ville dans laquelle on n’a même pas l’impression d’être au milieu de l’Océanie (il y a des écrans géants sur les buildings). Entre les deux, ce pays est une contrefaçon de l’île Maurice. On y retrouve les tonalités vertes, les vans Toyota, les plan-
« J’ai atterri à Nadi, le hub touristique très commode, où l’on trouve un Hard Rock Café dans une marina flambant. » loin et moins cher. Les Fidji, c’est dans l’océan Pacifique et il faut deux jours pour y aller, ce qui grèvera ton temps utile. Ensuite, le fait de montrer des réserves sur une destination prouve que toute la presse n’est pas achetée par les offices du tourisme, ce qui valorise ton choix de lecture comme mon intégrité de rédacteur. Enfin, je ne vais pas te mentir, je n’ai fait que passer aux Fidji. Trois jours à l’aller, deux jours au retour, sur la route qui me menait aux îles Kiribati sur lesquelles j’écris un livre que tu vas t’empresser d’acheter si tu veux qu’on reste amis (s’il te plaît). J’ai atterri à Nadi, le hub touristique très commode, où l’on trouve un Hard Rock Café dans une marina flambant neuve spécialement conçue pour que tu t’amuses bien. J’ai eu le temps de traverser l’île principale de Viti Levu pour visiter Suva, la capitale. C’est une vraie mars — avril 2013/ n°16
tations de canne à sucre, les commerçants indiens et la relative prospérité tropicale de l’ancienne île de France. Ils ont simplement rajouté des mecs qui marchent sur le feu pour épater les touristes avec leurs traditions bien burnées.
utilisée de façon coutumière ou religieuse ; autant dire que c’est l’occasion rêvée pour te défoncer la tête avec un alibi anthropologique. ça te permettra aussi de voyager en toute sécurité, car le dicton local dit bien qu’on « ne peut pas tuer quelqu’un avec qui on vient de boire le kava ». N’abuse pas pour autant : à fortes doses, ça grignote le foie. Je rajouterai que les Fidjiens ne rigolent pas avec le rugby, ils sont capables de jouer pieds nus par 35 degrés sur des terrains transformés en mares par les averses tropicales. Dernière chose : c’est une dictature militaire. Tu vas peut-être penser que cette carte postale est un peu décousue et tu auras raison. Mais tu crois quoi ? Que la vie est toujours bien organisée, idyllique et légère, comme sur les brochures ensoleillées ? Non, la vie, comme le voyage, c’est le
« Ils ont simplement rajouté des mecs qui marchent sur le feu pour épater les touristes avec leurs traditions bien burnées. » Alors bien sûr, il faudrait aller dans les montagnes pour rencontrer la culture mélanésienne ancestrale, ou sur les petites îles pour plonger sur la barrière de corail. Je suis sûr que c’est super, mais que veuxtu, je n’ai pas eu le temps. Quoi d’autre ? Tu peux essayer le kava, une plante de la famille du poivrier aux vertus « relaxantes »
règne de l’inattendu. La preuve, je suis allé aux Fidji et je ne me suis même pas baigné. Je te fais des bises avec du vrai amour dedans, parce que finalement, que seraisje sans toi, mon cher lecteur ? Julien
Illustrations : Le Duo
Je rentre des Fidji, c’est très joli, mais je ne vais pas nécessairement te conseiller d’aller là-bas. Premièrement, si tu veux passer des vacances entre farniente dans un lieu paradisiaque et découverte culturelle, tu peux trouver aussi bien moins