Mémoire de fin d’études de Laval Arnaud
LE PRÉVERDISSEMENT, PLANTER LES FORÊTS URBAINES DE DEMAIN
LE PRÉVERDISSEMENT, PLANTER LES FORÊTS URBAINES DE DEMAIN LAVAL ARNAUD
Travail de fin d’études en vue de l’obtention du diplôme de Master projet de paysage, aménagement et urbanisme
Année académique 2019-2020
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RÉSUMÉ Aujourd’hui, l’accélération des crises environnementales, sociales et économiques, permet de dégager une certitude : notre système urbain est voué à l’échec. Face à ce constat, nos villes se doivent d’être résiliantes pour soulager ses habitants. Sur la base, de nombreuses études, la forêt urbaine semble être un de nos meilleurs alliés. Cependant, comment faire pousser des forêts dans nos espaces urbanisés ? Réponse : par le préverdissement. Ce document tente de renouer le lecteur avec le temps de l’arbre, de sa plantation à son ancrage dans nos territoires urbains. Et de répondre à la question, tellement importante : « à quoi pourraient ressembler nos paysages urbains de demain, suite au préverdissement de forêt urbaine ? » Mots-clés : préverdissement, forêt urbaine, paysage, arbre, temps, processus, écosystème, changement climatique, approche écosystémique, dessin, scénario.
Merci à Jean Noël et Benoit de m’avoir soufflé la méthode du « préverdissement », pour leur aide précieuse et de leur suivi attentif. Merci à Nicolas de Brabandère et Olivier Papin pour leur conseil, qui on permit d’enrichir davantage mon mémoire. Merci à Justine de m’avoir conforté dans mes idées. Merci enfin à tous ceux et celles qui ont lu, commenté, conseillé, encouragé.
SOMMAIRE INTRODUCTION
Intérêt et appropriation du sujet Méthodologie, ambition et limites du sujet
CHAPITRE 1 : LE PRÉVERDISSEMENT ?
1.1 Origines et signification 1.2 Histoire des formes et des mouvements du préverdissement
1.3 Le préverdissement, en pratique 1.4 Le temps de l’arbre, le temps de la création d’un paysage 1.5 Visite de terrain, à la recherche du « préverdissement »
RIVERSIDE, F. LAW OLSMTED, CHICAGO, USA, 1868-1869 LA GRANDE-MOTTE, JEAN BALLADUR, LITTORAL LANGUEDOCIEN, FRANCE, 1965-1970
PARC DE SAINT-SUSPI, MIRAMAS, FRANCE, LE 18 FÉVRIER 2020
CHAPITRE 2 : LA RENCONTRE DE DEUX MILIEUX QUE TOUT OPPOSE, LA FORÊT ET L’URBAIN
2.1 Des forêts bénéfiques et structurantes de l’espace urbain 2.2 Vers un mouvement, « Arbre en ville » ! 2.3 Le sol forestier, résultat d’une reconquête des espaces délaissés
CHAPITRE 3 : FAIRE POUSSER DES FORÊTS URBAINES
3.1 L’idée de planter des forêts urbaines, quand l’utopie devient réalité 3.2 La méthode de Miyawaki, participer à la restauration d’un écosystème
AGENCE URBAN FORETS, LES FORÊTS MIYAWAKI, BELGIQUE, JAPON, PAYS-BAS… 1980-2020
BOÎTE À OUTILS
3.3 La fabrique de la forêt urbaine
CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE Pour aller plus loin Références ANNEXES Carte d’identité de la forêt urbaine Photothèque GLOSSAIRE TABLE DES FIGURES
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« J’ai l’impression que le temps n’a pas de prise, c’est ça la forêt, cette espèce de maîtrise du temps, cette souveraineté sur le temps »
Qu’est que vous aimez, vous, chez l’arbre ? « Ça réfléchit sans faire de bruit. C’est beau. Bon ça, c’est subjectif, moi je le trouve beau, je pense que tout le monde est d’accord. C’est extrêmement utile. C’est totalement auto-suffisant, personne ne s’occupe de ce chêne, moins on s’en occupe, mieux il se porte. C’est totalement non-violent ! Bon, enfin, ça suffit, ça fait déjà beaucoup de qualité que l’humain peut lui envier. Quand on se retourne auprès de l’humain, après. Pff ! C’est un peu la déception. » Ça vous déprime ? « Non, mais je suis obligé de constater que c’est moins bien, voilà. Où est l’intelligence ? De quel côté est l’intelligence dans tous ça ? »
FRANCIS HALLÉ, BOTANISTE INTERVIEW FRANCE CULTURE, LE 01/07/2020, DES ARBRES ET DES HOMMES, L’ARBRE SENSIBLE
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INTRODUCTION Intérêt et appropriation du sujet
1. Mon premier mémoire « Les principes de conception d’un projet de lotissement de qualité », 1ère année de Master Urbanisme et Aménagement, à Strasbourg, 2019
En commençant la rédaction de ce mémoire, je me souviens que l’interrogation que je porte sur cette pratique qui précède l’aménagement d’un terrain, sous le nom de « préverdissement », dont j’ignorais le terme, n’est pas d’aujourd’hui. Ce mémoire est la continuité, d’une réflexion personnelle, observée sur mes premiers projets professionnels, dans une agence d’architecture-urbanisme, rédigée dans mon premier mémoire1. Ma mission consistait à concevoir des plans de lotissements, sur des terrains vagues, au sein de petites localités urbaines. La forme du lotissement étant considérée comme la signature officielle de l’étalement urbain, est questionnée sur ces pratiques et ces valeurs « du laisser faire » et de « l’opportunisme ». Pendant que je conçois ces formes urbaines, hormis la problématique de l’étalement urbain, je m’interoge sur la mise en attente de ces friches, de ces terrains, qui vont se soumettre à mon projet. Je remarque qu’il n’y a aucune gestion en amont pour ces futurs sites à aménager et que le sol fait figure de feuille blanche, précédant l’opération. Je ne voie qu’une rencontre brutale, entre le paysage et la construction. Un avant et un après, mais aucune forme de latence pour préparer ce changement. Ainsi, apparaît « Le préverdissement », un outil bien concret, une solution, le fil conducteur du « déjà-là » vers le projet urbain. Cependant, mon mémoire ne pouvait pas s’arrêter à simplement décrire cette pratique. Celle-ci qui consiste non pas à planter des arbres, mais une communauté d’arbre, une forêt à venir dans des espaces urbanisés. Naturellement, je me tourne vers la forêt urbaine. Planter avant, pour faire forêt urbaine plus tard, l’idée me plaît ! Pourquoi avoir choisi le préverdissement comme sujet ? Le préverdissement me semble être une bonne alternative, sur la fabrication de nos territoires de demain. Une pratique qui restitue l’essence même de la profession de paysagiste, celle de donner ce sens de l’inachevé du projet, que l’on devrait plutôt nommer « état de maturité ». Un paysage ne peut faire paysage, sans être vivant, pour ce faire, il doit être temporel. « Ils ont introduit le temps dans leurs stratégies spatiales : le temps historique de la mémoire des lieux, mais aussi le temps à venir ; ce qui définit le projet de paysage comme un processus explicable et modifiable »
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Introduction
PIERRE DONADIEU, AGRONOME, ÉCOLOGUE , GÉOGRAPHE ENTRE URBANITÉ ET RURALITÉ, LA MÉDIATION PAYSAGISTE
Méthodologie, ambition et limites du sujet Le présent mémoire est un travail qui se compose en deux temps, deux finalités que le préverdissement peut convoiter, et un entre-deux pour établir le lien. Le fil conducteur du travail est le suivant :
• Chapitre 1. Planter pour construire notre urbanité Le préverdissement comme processus paysager, ayant la capacité de requalifier un site et/ou d’accueillir une forme urbaine par la suite. Recherche historique, arpentage, analyse photographique et cartographique
• Chapitre 2. Rencontre de deux milieux, la forêt et l’urbain Comprendre l’importance de la forêt dans les espaces urbanisés, ces bénéfices, mais aussi les contraintes qui la cantonnent dans des espaces délimités, voire l’exclu de notre système urbain. Recherche scientifique, entretien, analyse photographique et cartographique
• Chapitre 3. Planter pour faire forêt urbaine Le préverdissement comme processus paysager, ayant la perspective d’une restauration d’un écosystème naturel autonome et indépendant, la conduite d’une forêt au sein d’un milieu urbain. Recherche scientifique, entretien, Boîte à Outils
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Conclusion. La voie à suivre
Transcription schématique du fil conducteur de ce travail
Production Laval Arnaud
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Le peu de corpus qui fait éloge du préverdissement, est révélateur du manque de connaissances de cette pratique. Et pourtant, en poursuivant mes travaux de recherche, je remarque que le préverdissement est toujours employé, mais son vocabulaire a changé au cours du temps, voir a été oublié pour certains. De plus, les travaux scientifiques et textes sont souvent limités à un public précis (paysagiste, urbaniste, architecte, ingénieur, agronome, botaniste…). Un manque à gagner qui en fait un objectif majeur de mon mémoire, révéler le préverdissement, aux yeux de tous. 2. Citation d’ Augusto López, écrivain
Demain, nous aurons le plus grand besoin du végétal au sein de notre système urbain, c’est une évidence. Nous nous pressions pour construire d’énormes ensembles urbains, fait de béton et d’acier. Nous avons appris « à boire du gris »2. Nous choisissons d’habiter la ville de l’ombre, la ville bruyante, la ville polluante, la ville étendue, au détriment de notre santé. Cependant, au regard des conséquences qu’elle procure, la croissance ne s’arrête pas, elle change juste de direction. La course pour la ville durable, la ville verte, la ville respirable, la ville forêt, est lancée. La volonté du verdissement des villes est de plus en plus grande. Ainsi, ce document a pour vocation de partager et d’imager mes recherches, mes connaissances, des travaux réalisés et/ ou en cours d’élaboration, des solutions et des outils qui participent à l’élaboration de ces forêts urbaines. À l’heure où nous avons plus que jamais besoin d’anticiper et de rêver de positivité. Imaginer une forêt urbaine est bien sûr un défi de taille, qui fait appel à de nombreuses questions et à une gestion du temps progressive. Contrairement à un arbre, notre rapport au temps est dérisoire, consommateur de l’instantané, d’un temps « T ». Cette boîte à outils peut s’apparenter à un puzzle d’accessoire, qui vise à reconsidérer et reconstituer l’arbre au sein du projet urbain. En effet, il est difficile de transposer le cycle de vie d’une forêt, à notre échelle humaine et de plus sa mise en œuvre sur l’ensemble des territoires urbanisés, tant la disparité de ceux-ci est grande. Ainsi, la Boîte à Outils, sera dessinée et pédagogique, adapté à toute échelle de temps et d’espaces afin que l’ensemble des lecteurs puissent s’en saisir facilement. Il me semble important de creuser la problématique de la conduite d’une forêt urbaine pérenne, de sa résilience et de ces moyens de mise en œuvre. Peuton concilier le temps de l’arbre, au sein d’un projet urbain ? Quels espaces nous restent-ils pour faire « forêt » ? Pouvons-nous prendre le temps de planter des forêts urbaines ? Autant de questions, qui suscitent ma curiosité dans l’élaboration de ce mémoire.
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Introduction
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CHAPITRE 1 LE PRÉVERDISSEMENT ?
Notre point de départ est un bref état des lieux de cette pratique appelée « préverdissement », de son émergence, à nos jours. Ce chapitre s’appuie sur la synthèse de nombreux travaux de recherche de la science du paysage et horticole, qui font l’éloge de ce mouvement méconnu. Une première phase qui énonce plusieurs interrogations au fil de ce chapitre, à travers plusieurs cas d’études observées. Quelle est l’origine du préverdissement ? Comment il se pratique concrètement sur le terrain ? Pourquoi utiliser cette technique ? Quels résultats obtenus ? Pour plus de précisions, il est utile de revenir à ces ouvrages et ces références.
Le préverdissement ?
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1.1 Origines et signification Avant de débuter la rédaction de ce mémoire, je ne connaissais pas encore, la technique du « préverdissement ». Un sujet de mémoire ça s’interroge et ça se forme, à travers de multiples recherches et réflexions. La première esquisse de mon sujet de mémoire était « l’élaboration de forêt urbaine temporaire en attente de projet ». En citant, cette ébauche à mes professeurs, il était évident et en toute logique selon eux, qu’il s’agissait du « préverdissement ». Eurêka ! Mon idée de départ avait un nom, celui du « préverdissement ». En tapant, l’intitulé sur la barre de recherche de mon ordinateur, plusieurs références de travaux paysagers sont apparus. Cependant, en analysant les pages suivantes, l’approche paysagère du préverdissement se fait de plus en plus discrète et fait place à des noms différents, selon les domaines et les circonscriptions géographiques : « Préverdurisation » « Reverdissement », « arborisation », « prévégétalisation », « pré-paysage », « reboisement », « reforestation »… 1. Dictionnaire de biogéographie végétale, Georges Métaillié, Antoine Da Lage, 2015
Le préverdissement se définit comme une méthode d’aménagement paysager d’un terrain, consistant à végétaliser, préalablement à son urbanisation programmée. C’est une sorte d’avant-projet, planter une végétation pour créer un futur paysage, sur lequel pourra s’intégrer un aménagement. Le préverdissement vise à anticiper la ville1.
Il s’agit « d’envisager des tracés qui sont de l’ordre du paysage avant d’être des rapports de composition de monument à monument ou de façade à façade. » PIERRE DONADIEU, AGRONOME, ÉCOLOGUE , GÉOGRAPHE ENTRE URBANITÉ ET RURALITÉ, LA MÉDIATION PAYSAGISTE
C’est une technique déjà pratiquée au XVIIe siècle, qui a servi notamment à bâtir les fameux Champs-Élysées, érigé par le Nôtre. En effet, à l’époque le préverdissement permettait de requalifier l’intégralité d’un espace nonaccessible pour l’homme, comme les zones marécageuses, en un espace constructible.
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C’est en fait « une végétalisation d’attente », « Il ne s’agit pas de créer des espaces verts ou des boisements destinés à rester en l’état mais de changer l’aspect du terrain, de supprimer son caractère rebutant pour le rendre susceptible d’accueillir de nouvelles activités » JEAN CLAUDE HARDY, PAYSAGISTE ET PROFESSEURS E.N.S.P VERSAILLES ENTRE URBANITÉ ET RURALITÉ, LA MÉDIATION PAYSAGISTE
« Préverdir, c’est mettre en valeur les potentialités d’un site. Il ne peut en résulter qu’une amélioration qualitative des opérations d’urbanisme » GUIDAUNEAU CLAUDE, INGENIEUR HORTICOLE PLANTER AUJOURD’HUI, BÂTIR DEMAIN, LE PRÉVERDISSEMENT ÉDITÉ EN 1987 2. Friches à rafraîchir, Libération, Christian Simenc, 1995
Ainsi, dans une dynamique de construction et d’étalement urbain d’aprèsguerre, le préverdissement est remis en vogue dans les années 1980. Fort de son succès, de par son faible coûts, l’apport de végétal pour rendre plus attractif le foncier et l’imaginatif créatif d’une nouvelle œuvre urbaine à travers la végétation plantée pour se diriger un peu plus vers une ville nature, le préverdissement est le symbole du renouveau2.
Le préverdissement des futurs Champs-Elysées Dessin d’Israël Silvestre, 2nde moitié XVIIe
Le préverdissement ?
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1.2 Histoire des formes et des mouvements du préverdissement Besoin de planter pour bâtir, durant des décennies, de nombreux projets urbanistiques ont eu recours au préverdissement et développés cette approche paysagère. L’une des réalisations les plus anciennes et les plus connues est la création du quartier de Riverside dans la banlieue Ouest de Chicago, ou encore en France avec la station balnéaire de la Grande Motte, sur le littoral Languedocien.
RIVERSIDE DE FREDERICK LAW OLMSTED
Riverside est un village de banlieue conçu entre 1868 et 1869 par le grand architecte paysagiste F.L.Olmsted, pionnier des grands 3. « Géographie systèmes de parcs dans les villes américaines à l’exemple de Central Park amplifiée » méthode fondée par F.L.Olmsted ou encore le Emerald Necklace à Boston. Avant d’être un magnifique quartier et actualisé par le résidentiel, Riverside n’était qu’une simple prairie inondable, située le long paysagiste Michel de la rivière des Plaines. L’une des particularités du paysagiste, était de Devignes, qui a permis requalifier des territoires relativement pauvres, non-accessibles, marqués par de guider le projet des marais, où la nature était peu présente sinon sous la forme de contrainte. d’ aménagement du Olmted a beaucoup regardé les géographies qui préexistaient autour des cluster scientifique sur villes et qui servirent de point de départ à la conception du futur quartier. le plateau de Saclay Un repérage des structures géographiques était effectuées, les vallons, les affluents des vallées principales, des talwegs, dont Olmsted amplifie la présence. On parle de « géographie amplifiée » 3 ou de nature amplifiée. Ainsi, Olmsted plantait abondamment les coteaux et les vallons afin de préparer le terrain, c’est à cet instant que le préverdissement entre en jeu. Le lotissement de Riverside à été précédé de la plantation de près de 102 000 arbres et arbustes dont 32 000 caduques et 70 000 conifères. Ensuite, est venue la viabilisation du site et notamment les voies de circulation du quartier s’insérant entre les arbres déjà développés. Ces rues curvilignes, qui cassent les codes des grandes rues rectilignes de Chicago, ont permis de diffuser le paysage rural dans la banlieue. Olmsted a conçu de grands espaces publics, visant à préserver les caractéristiques naturelles du site et assurant un bien-être commun au sein de la communauté. L’envie de reconstituer un cadre naturel, est une éthique qui inspire bon nombre de paysagistes d’aujourd’hui.
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Plan général de Riverside réalisé par Olmsted, Vaux & Co Source : Archive de la Société Olmsted
Des rues curvilignes et plantées abondamment Source : Archive de la Société Olmsted
Une géographie amplifiée qui structure le quartier de Riverside Production Laval Arnaud
Salt Creek
La rivière Des Plaines
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LA GRANDE MOTTE DE JEAN BALLADUR
En France, la construction de la Grande Motte, dessinée par l’architecte en chef, Jean Balladur, a été possible uniquement par la mise en place, en amont, d’un préverdissement. Cette opération d’urbanisme de grande ampleur réalisée entre 1965 et 1970, sincère à l’époque dans une stratégie d’aménagement du développement et de la maîtrise touristique du littorale Languedocien, la mission Racine qui voit le jour en 1963. Avant que la Grande Motte ne sort de terre, ou plutôt du sable, le tourisme se développait sur les littoraux de façon spontané, un étalement d’habitations précaires et de campings sauvages. L’objectif de la mission était de développer des pôles touristiques, des villes nouvelles sur le littoral, afin de fixer les touristes et de sanctuariser ces grands espaces naturels. 4. Article de Brice Dacheux-Auzière, La grande Motte et Sophia Antipolis : deux projets de paysage pour deux socioécosystèmes forestiers méditerranéens, 2016
Ainsi, pour créer cette ville de toute pièce, il a fallu restructurer l’ensemble du terrain pour construire, une zone à l’époque qualifiée « d’hostile », par Pierre Pillet paysagiste du projet4. Un paysage de sable, balayé par les vents et les éléments salés, de véritables contraintes pour le projet. Pour créer les conditions d’installations de cette nouvelle formation végétale, un travail de nivellement a été rudement mené. Rehaussement du sol, équilibre des déblais et remblais, apport de terre végétale et un brassage du sol a été réalisé, pour faciliter l’échange d’humidité dans le sol pour les plantations. L’irrigation par le canal du bas Rhône, disponible à volonté a été capitale. Le préverdissement a été entrepris bien en amont des constructions. P. Pillet a choisi une palette végétale rustique et locale plus amène à résister au sol, au vent et à l’ensoleillement, afin de perdurer dans le temps. Une stratégie de plantation déclinée selon trois lignes par rapport au front de mer : Tamaris et olivier de Bohême en première ligne, en seconde ligne ou cœur de la ville, l’essence dominante est le pin pignon, puis l’aulne, le peuplier noir d’Italie, le peuplier Simonii, le peuplier blanc argenté, le cyprès Lambert, le platane et le pin d’Alep, puis une troisième ligne permettant à des végétaux plus fragiles de se développer. En densifiant en hauteur, les pyramides permettent à leurs tours, de libérer de l’espace au sol et de bloquer les vents, pour la végétation à l’arrière.
5. La Grande Motte cité, des dunes, CAUE de l’Hérault, 2010
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Aujourd’hui, il existe à la Grande Motte 112,7 ha de plantations, 20 ha de boisements, 67 ha de terrain de golf, soit en tous 199,7 ha de verdures5. L’image de la Grande-Motte provient de la symbiose entre son architecture emblématique et son écrin de verdure, les pyramides enclavées dans une végétation omniprésente. Un succès qui attire un grand nombre de touristes chaque année.
L’implantion du bâti et du végétal de la Grande Motte face à la mer Source : CAUE de l’Hérault
La construction des pyramides, avec comme arrière-plan, le préverdissement Source : Le moniteur
La Grande Motte enclavée dans une végétation omniprésente Production Laval Arnaud
Etang de l’Or
Etang du Ponant
Pinède
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Golfe d’Airgues-Mortes
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1.3 Le préverdissement, en pratique Comme nous avons pu le voir précédemment, le préverdissement a pour unique objectif de reconquérir un espace non-fonctionnel en un espace aménageable. Cependant, pour le concrétiser, il me semble indispensable, d’avoir au préalable de l’aménagement du site, une bonne connaissance de l’histoire et de la géographie des lieux et d’effectuer une analyse des caractéristiques propres au site. Un diagnostic paysager qui comporte les caractéristiques suivantes : - L’orientation au soleil, aux vents et les indications microclimatiques particulières (brouillard, épaisseurs de la couverture neigeuse) - Les structures paysagères, ouvertures, points de référence dans le paysage ( relief, cours d’eau, forêts, structure urbaine…) - Les mouvements de terrain - Les caractéristiques du sol ( géologie, pédologie, teneurs en eau…) - Type de circulation des eaux en surface - Nature et végétation existante dans ces différentes strates - Présence de point singuliers sur le site du préverdisement (point d’eau, réseaux aérien et souterrains, chemins…) Cette identification de ces éléments, dont notamment le sol et le climat qui sont à eux deux un support essentiel du préverdissement, permettra de déterminer une palette végétale adaptée et pérenne dans le temps. Ainsi, ce sous-chapitre s’énonce sous la forme d’un guide méthodique afin de comprendre au mieux l’ensemble des phases qui constituent l’opération du préverdissement sur le site. Un processus à long terme qui se divise en 5 étapes, dont je me suis inspiré de l’ouvrage ci-dessous : GUIDAUNEAU CLAUDE, INGENIEUR HORTICOLE PLANTER AUJOURD’HUI, BÂTIR DEMAIN, LE PRÉVERDISSEMENT 6. Voir Guinaudeau Claude, Planter aujourd’hui, bâtir demain, le préverdissement, 1987, p 40 à 180
Le préverdissement est une technique de plantation de végétalisation issue des pratiques forestières et agricoles. En raison des incertitudes sur la réalisation de l’opération finale, les coûts du paysagement sont réduits au minimum. Il en convient de planter des sujets très jeunes, des essences locales, adaptées au sol et au climat. À noter que cette technique proposée n’est pertinente que s’il existe un délai suffisamment important entre les plantations et l’opération d’aménagement6. ÉTAPE 1 : PRÉPARATION DU TERRAIN AVANT PLANTATION
Le sol est primordial, il assure l’ancrage des végétaux, et doit permettre une bonne alimentation en eau. Pour qu’ils puissent exploiter pleinement tous ces rôles essentiels, il doit être profond, bien aéré et décompacté sur toute sa hauteur. Ainsi, la préparation du terrain, décrit ci-dessous, concerne des sols perturbés, des sols pollués, sur des friches agricoles ou industrielles. Dans les autres cas, la fabrication du sol est à proscrire, elle viendrait au contraire, déstabiliser toute une microfaune qui participe à l’oxygénation du sol et au développement des peuplements.
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Il en convient dans ce scénario de « sol perturbé », de réaliser une analyse sur la hauteur de terre végétale à décaper. Le plus souvent entre 15 et 30 cm. Cette opération est a réaliser en sol sec. Le nombre d’opérations de manutention doit être réduit afin de préserver la nature du sol. Lorsque l’ensemble des travaux de terrassement est terminé, il faut éclater le fond de forme. Cette opération est un sous-solage réalisé à une profondeur de 40 cm. Ensuite vient, l’apport de la terre végétale au chantier. ÉTAPE 2 : MISE EN PLACE DES PLANTS
Étape cruciale du projet, la plantation se déroule de novembre à mars. L’ouverture des trous de plantation sera en fonction du volume racinaire du sujet. Avant la mise en place des jeunes plants, les racines peuvent être rafraîchis aux extrémités si besoin. Il est essentiel de conserver un abondant chevelue racinaire et la plus grande longueur possible de pivot. Enfin, le sujet peut être planté et la terre remblayée au niveau du collet. ÉTAPE 3 : LE PAILLAGE
L’utilisation du paillage permet de limiter au maximum les entretiens ultérieurs tout en disposant le plant dans de bonnes conditions de croissance. Il évite la concurrence herbacée durant les premières phases de croissances, de maintenir l’humidité et la fraîcheur durant les grandes chaleurs et de préserver toute une microfaune. Il est important de travailler avec des matériaux localement disponibles pour ne pas perturber la composition du sol existant. ÉTAPE 4 : LE TUTEURAGE ET L’ARROSAGE
Le tuteurage concerne uniquement pour des plantations dans des zones très ventées et les grands sujets. Dans notre cas ou le préverdissement s’applique que sur des jeunes plants, le tuteur n’est pas conseillé. Le tuteur habitue l’arbre à une « assistance ». C’est réciproque pour l’arrosage, il ne doit pas être envisagé. Pour rappelle la palette végétale a été choisi en fonction des conditions climatiques, et de ce fait en fonction des possibilités d’alimentation en eau du sol. ÉTAPE 5 : LES PROTECTIONS ET SUIVI DANS LE TEMPS
Les protections sont nécessaires pour assurer la survie des végétaux durant les premières phases de croissance. Face au petit gibier, un grillage métallique peut être mis en place autour du jeune plant. Durant les trois premières années suivant la plantation, un désherbage manuel est à envisager, de même que l’enrichissement en « paillage ». Des tailles de formation du houppier peuvent être effectuées selon l’objectif recherché. Au fur et à mesure du temps, une sélection des arbres se dessine sur la parcelle.
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1.4 Le temps de l’arbre, le temps de la création d’un paysage Notre rapport à l’arbre en terme de temps, est dérisoire. Je remarque au sein de nombreux projets et en marchant simplement dans la ville, que ce dernier est consommé uniquement que sous sa forme « adulte ». J’évoque ici un arbre avec un tronc et d’un houppier déjà formé. Un arbre qui nous surpasse à notre échelle humaine, et qui nous apporte cette ombre suffisante en ville. L’arbre est pourtant le marqueur du temps le plus évidents dans l’aménagement, c’est l’être vivant, celui qui né, qui pousse et qui grandit avec le projet. Il porte les marques du temps sur sa silhouette, les marques d’intentions ou d’inattention que nous lui subissons. À travers notre regard, les saisons qui le fait vivre marque son temps. Il fait évoluer le paysage, plus que ça, il apporte une véritable identité au lieu. Par le passé, l’arbre produisait du bois pour nous chauffer et construire, il nous protégeait et nous nourrissait.
« L’arbre productif était alors encore marqueur de temps. En effet, l’arbre tel qu’il apparaît dans les projets d’aménagement a aujourd’hui perdu une de ces fonctions fondamentales, la production. De charpente du territoire, l’arbre est devenu ornement, un produit de consommation paysagère, dénué de toute notion de temps. » SIMON LACOURT ET YVES PETIT-BERGHEM, PAYSAGISTE ET GÉOGRAPHE L’ARBRE DANS LE PROJET, OPENFIELD 2018
La plupart des opérations d’aménagement, on recourt à des arbres transplantés, ou « sans âges ». Il est rare de voir un projet livré autrement que définitif, un paysage déjà « terminé ». En cas de mauvaise reprise, le sujet est systématiquement remplacé, un arbre dénué de toute temporalité. Déjà très tôt dans la phase de conception, l’image du projet offre déjà une vision définitive, la mesure du temps de l’être vivant est rejeté. Une fois l’arbre adulte planté et devenu sénescent, que reste-t-il ? À part une nouvelle transplantation ? Je me rencontre que la durée de vie de nos paysages est deux fois plus courte qu’elle ne devrait l’être. 7. Voir Peter Wohllleben, La vie secrète des arbres ce qu’ils ressentent comment ils communiquent, p184
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Planter des arbres trop vieux, transplanté, reste une des principales causes des échecs de plantation. S’il n’a pas grandi dans les mêmes conditions écologiques de leur site de culture à leur emplacement définitif, les répercussions peuvent être désastreuses. Chaque automne, leurs racines et leurs houppiers sont cernés. Les mottes sont perfusées à l’eau, le temps qu’un n’acquéreur les choisissent. Les arbres plantés semblent indifférents aux traitements, baignés de soleil, ils croient sans aucune restriction. Durant les premières années, ils sont choyés et arrosés au moindre signe de soif. Ils poussent, jusqu’à ce qu’un jour, où celui-ci arrive à une certaine hauteur, le privilège de l’enfance s’arrête. L’investissement est trop coûteux, et les soins suspendus. Les premiers temps, les arbres ne s’en aperçoivent pas. Puis à long terme, face aux nombreux aléas de la ville, la chaleur, la pollution, l’environnement bétonné, leur restriction de croissance et les conséquences du réchauffement climatique, l’arbre devient affaibli et vulnérable. Si ce n’est pas le vent qui le fera tomber, pour cause de son faible ancrage racinaire, ce sera une attaque parasitaire. Au bout du compte, l’arbre est abattu. Quelques mois plus tard, un autre le remplace et la désolante histoire recommence7.
L’arbre transplanté
Les différents stades de croissance d’un arbre en pépinière
Photo Laval Arnaud
8. Les paysagistes.com, borderaux général des prix de plantation
Production Laval Arnaud
Ainsi, le préverdissement semble être un choix plus judicieux, sur des questions de pérennité et de résilience. La plantation de jeunes plants en masse, dispose d’une force d’adaptation et d’une qualité sur le long terme bien supérieur. De plus, elle présente un coûts dérisoire, si on compare à des sujets transplantés. Le prix moyen HT d’un jeune plant est de seulement 4,00€ tandis qu’un arbre déjà adulte est de 150€, les prix grimpent en fonction de la force du sujet ( allant jusqu’à 780€ pour un 30/35)8. À noter que bien sûr, le prix varie selon les espèces choisies et le lieu d’approvisionnement. Cependant, cette approche est souvent en désaccord avec les décideurs et le grand public. En effet, les riverains ont du mal à croire qu’un jour, un minuscule plant deviendra un grand arbre.
Le préverdissement, le temps de créer un paysage
Production Laval Arnaud
Temps 0 Plantation des essences qui se font discrètes dans le paysage Autoconstitution du boisement
Temps + 2 ans Conduite, sélection et entretien Réalisation d’éclaircies dans le peuplement Contrôle des invasives potentielles
Temps + 10 ans Le jardin est constitué Insertion d’un sentier pour le découvrir
Temps + 20 ans Un couvert forestier en ville Création d’un plan de gestion adapté au jardin
Le préverdissement ?
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1.5 Visite de terrain, à la recherche du « préverdissement » Afin de connaître la finalité du préverdissement, de savoir quels sont les résultats obtenus sur cette pratique, j’ai décidé d’aller à la rencontre d’un cas d’étude. La visite de terrain présentée ci-dessous, a été réalisée à Miramas, au parc de Saint-Suspi le 18 février 2020. J’ai découvert que le site a été préfiguré d’un préverdissement, via la lecture de l’ouvrage « Planter aujourd’hui, bâtir demain, le préverdissement ». Situé non loin de mon domicile, je décide d’arpenter la zone. Récit d’une découverte, les interrogations sur cet ancien projet se bousculent. Vais-je trouver les arbres issus du préverdissement ? La zone concernée se situe aux abords du plan d’eau de Saint-Suspi, le long de l’avenue du Levant, en bordure des grands ensembles immobiliers. Anciennement, le site était recouvert d’une végétation naturelle, la garrigue, composé de chênes kermes, d’ajoncs, de quelques chênes verts et de pins d’Alep. Ainsi, la municipalité décida de revaloriser les sols pauvres et de préverdir 1ha de la zone d’aménagement9, dont la destination à terme est le parc urbain d’aujourd’hui. Arrivée sur le site, je suis satisfait, puisque les sujets sont bien présents. Cet îlot de verdure que fait référence C. Guinaudeau dans son livre, est réel et joue bien son rôle dans le paysage. La masse boisée marque l’entrée du parc et fait la transition entre les opérations urbaines à l’ouest et le plan d’eau à l’est. Cependant, je suis surpris par la taille du peuplement, bien moins supérieur à ce que je m’imaginais. En effet, les arbres sont entourés de logements, la ville s’est étalée. Les gens se promènent, plusieurs chemins sillonnent la zone. La densité des plants est importante, l’ombre domine sachant que je me promène en plein hiver, imaginez leur importance en été. Je tourne la tête à droite puis à gauche, certains espaces ont étés aménagés pour s’asseoir ou faire du sport. Une fenêtre paysagère donne sur le plan d’eau, je m’y rend. En me retournant, je remarque que ces arbres masquent l’ensemble de la structure urbaine, immeuble, lotissement, voirie, parking et voiture. Sans cette végétation, le plan d’eau de Saint-Suspi ne serait sans doute pas le même.
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Le préverdissement, marqueur d’une transition paysagère Production Laval Arnaud
1975 Un paysage agricole
1993 Le parc et son plan d’eau
Le préverdissement ?
1986 Apparition du préverdissement
Aujourd’hui Un paysage urbanisé
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Recueil photographique du préverdisement au parc de Saint-Suspi Photo Laval Arnaud
L’entrée du parc
Un bois dense
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Des arbres vigoureux
Le plan d’eau de Saint-Suspi
Si à l’époque le préverdissement était une simple technique de plantation destinée à redonner de la valeur aux espaces qui n’en ont plus, parce qu’ils sont devenus des friches, afin d’aboutir un jour, à une nouvelle opération urbaine. Aujourd’hui, l’objectif de croissance de la ville est remis en question, par son impact trop important sur l’environnement. Notre manière de consommer l’espace est désastreuse, l’imperméabilité des sols dans les milieux urbains rend peu à peu notre quotidien de vie irrespirable. À mon sens, la méthode du préverdissement est un bon point de départ. Mais je pense que l’on peut aller plus loin dans l’idée. Je souhaiterais planter non pas pour bâtir, mais pour voir un jour la forêt qui en résulte. Pourquoi-pas ? En effet, faire évoluer ce processus dans le temps jusqu’à la formation d’une véritable forêt urbaine, n’est-il pas un sujet d’actualité. Réinjecter de la nature, des forêts synonymes d’ « oasis » en ville, semble être la direction que va prendre la suite de mon mémoire. Cette réflexion qui peut paraître utopique encore pour certains, me réjouis et me donne l’envie d’y croire.
Le préverdissement ?
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CHAPITRE 2 LA RENCONTRE DE DEUX MILIEUX QUE TOUT OPPOSE, LA FORÊT ET L’URBAIN
Face aux enjeux du développement durable urbain et du réchauffement climatique, le concept de forêt urbaine connaît un récent essor au sein de nos actualités quotidiennes, dans les publications scientifiques et politiques. Définir la forêt urbaine implique en premier lieu de rechercher une définition pour le terme de forêt. Lorsqu’on imagine la forêt à quoi, pense-ton ? Une promenade en forêt bien naturellement. Dans un premier temps, ce sont des arbres, puis un sol, le craquement des branches et des feuilles sous notre semelle, le manque de lumière, une fraîcheur, un silence, un sentiment de liberté et tous les éléments vivants qui la constituent (champignon, Pour mieux s’imaginer et comprendre la forme oiseau, la mousse, les insectes, les grands mammifères.…). Parmi toutes les de la forêt, il est utile se définitions que j’ai pu lire sur la forêt, peu de ces critères sont pris en compte. référer directement à la Si je synthétise, la forêt est désignée comme « un vaste ensemble couvert photothèque (Annexe), d’arbres spontanés ou plantés »1. Une addition d’arbres sur une surface plutôt première planche grande réalisée par la nature elle-même ou par l’homme dont l’objectif final est d’être exploité. Ces définitions qui là défini plus comme un champ de culture plutôt qu’un espace naturel, s’explique du fait que pendant longtemps, le domaine de la forêt a été géré par des organismes qui s’occupent de l’agriculture et de l’alimentation. Cependant, je me rencontre que la forêt, c’est bien plus que ça. C’est un écosystème entier, constitué d’une communauté d’arbres et de toutes ses connexions qui interagissent avec elle, selon P. Wohllenben. Visiblement, c’est un système naturel autonome.
1. Paul Arnould, Au plaisir des forêts, Promenade sous les feuillages du monde, Edition Fayard, 2014
Le terme de la « forêt urbaine » est en lui-même un oxymore, deux milieux au sein d’un concept que tout oppose. En effet à l’époque, ces deux systèmes étaient très éloignés l’un de l’autre, géographiquement et socialement, mais aujourd’hui le monde a changé. Par le passé, le terme « urbain » pouvait s’apparenter aux grandes villes, mais aujourd’hui sa définition est bien plus vaste. Ce milieu de vie où les gens habitent, travaillent et consomment, c’est étalé au risque de rencontrer la forêt.
La rencontre de deux milieux que tout oppose, la forêt et l’urbain
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« Je pense qu’il y a eu un changement très important dans notre génération. On partait de l’idée que la ville était une sorte d’organisme compact entouré par la nature. Une nature sans fin, illimitée dont on avait le droit de faire ce que l’on voulait parce qu’elle était illimitée. On s’est rendu compte récemment que la terre est finie, limitée et que nos villes médiévales, sont devenus des métropoles. Finalement, au lieu de dire que la nature est à l’extérieur, il faut qu’on arrive à dessiner cette nature à l’intérieur de nos métropoles. On peut parler de métropoles climatiques, il faut essayer de définir des zones naturelles, paysager, qui vont aider à rendre la métropole vivable. Parce qu’il n’y a plus de nature à l’extérieur, parce qu’il y a plus d’extérieurs, c’est ça le grand changement ! »
BAS SMETS, ARCHITECTE PAYSAGISTE INTERVIEW FRANCE CULTURE, 01/07/2020 DES ARBRES ET DES HOMMES, UN ARBRE EN VILLE
Une certitude, tous les discours sur les forêts vont dans le même sens, selon la FAO, l’organisation des nations unis pour l’alimentation et l’agriculture, « le monde va continuer à s’urbaniser, les forêts dans les villes seront cruciales pour la santé et le bien-être de la planète et de ses habitants » de même que pour Francis Hallée, botaniste, « la forêt est notre meilleur alliée face au changement climatique ». Ce second chapitre vise en tout point, à percevoir et comprendre la forêt dans tous ses aspects, sa structure, ces bénéfices et son rôle, au sein de notre urbanité grandissante.
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2.1 Des forêts bénéfiques et structurantes de l’espace urbain 2. Franz Schmithüsen, Percevoir la forêt et la gestion forestière, Annales de géographie, 1999, p479 à 508
Les forêts sont des témoins des évolutions du passé, elles ont toujours représenté une ressource locale à la disposition des populations. C’était un espace en complément à la production agricole, qui apportait d’importants revenus. Dans un contexte, où l’approvisionnement en bois de chauffage et de construction était exponentiel à l’époque, il était difficile pour les habitants des villages et des villes de distinguer clairement les zones forestières, des espaces utilisés à d’autres fins, comme nous les percevons à présents2. Notre vision de la forêt a longtemps été associée à un imaginaire collectif. Synonyme de danger et d’espace non civilisé, elle a été expulsée aux portes de nos villes. Aujourd’hui, elle se caractérise souvent comme une forme de conscience des limites de la ville, d’autres termes apparaissent pour la définir, comme la forêt périurbaine ou la ceinture verte. Et pourtant, si on oppose souvent la forêt à la ville, on constate qu’elles sont liées. Elle n’est pas une « nature » indépendante des dynamiques urbaines, au contraire elle est une composante majeure qui agit comme barrière contre l’avancée de l’urbanisation. À diverses échelles urbaines, de la grande agglomération à nos villages, la forêt participe et constitue l’une de ces structures. Il s’agit davantage de dénoncer la dégradation qu’elle encourt ou de militer pour la protection de « ce rempart naturel », et de se rendre compte de son rôle dans l’évolution d’un tissu urbain fortement étalé. La forêt qui participe à la structure de nos villes Production Laval Arnaud
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Une petite ville : Vierzon
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Une grande ville : Orléans
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Une mĂŠgalopole : Paris
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3. Jeanne Pourias, Un aperçu des problématiques d’actualité en foresterie urbaine : l’exemple des forêts urbaines Nantaises, 2009
Aujourd’hui, la forêt symbolise un désir de détente dans la nature, pour une population toujours plus urbaine. Elle est un lieu de méditation, de réflexion et de liberté pour certains. Quoi de mieux que la forêt pour s’aérer la tête et les poumons, après une semaine en ville. Les enquêtes confirment cette prestation sociale. Les Français habitant en ville, fréquentent plus les forêts que les espaces verts au cœur des villes. La principale explication est que celle-ci offre des services que ne proposent pas les jardins ou les parcs urbains. Les pratiques ne sont pas les mêmes et le sentiment de liberté y est bien plus grand. De plus, cette fréquentation est due aussi à des espaces non aménagés, là où la présence de l’homme est la moins perceptible3.
4. Voir le document de la FAO, Unasylva, forêts et villes durables, 2018, p 54
Plus que son aspect social, la forêt est primordiale dans la réduction des risques. Cette infrastructure verte permet de stimuler la résilience au regard des catastrophes et de minimiser l’intensité de leurs impacts. En effet, elle agit comme barrière contre les vents chauds et froids, réduit le volume des eaux pluviales et le risque d’inondation, accroît l’infiltration des eaux et la recharge des nappes souterraines, augmente la stabilité des pentes en réduisant le ruissellement de surface et l’érosion, limite la propagation des espèces envahissantes, capture les particules et les polluants gazeux4. Cependant, ces facteurs importants que génère la forêt ne sont pas perçus comme une valeur marchande, hormis le produit bois. « On va le voir avec le changement climatique, on va avoir besoin des arbres qui retiennent l’eau, l’air de qualité, fixent le carbone… Et tout ça, ce n’est pas payé. Le seul produit que le propriétaire récupère de sa forêt, c’est le produit bois. Donc, je pense un moment,qu’il faudrait bien que l’État réalise, ce qu’on appelle les valeurs non-marchandes, ont quand même une valeur, ne serait ce que le risque noncatastrophe. Quand une forêt nous empêchera d’avoir des inondations cruelles, dangereuses comme on a pu le voir, il faudrait être capable de le chiffrer. Si on regarde que le produit bois, forcement, on va se retrouver confronter au même problème que l’agriculture. On va faire de la forêt intensive, ce ne sera plus de la forêt, mais de la culture d’arbre. » JEANNINE BOURRELY, PROPRIÉTAIRE FORESTIÈRE INTERVIEW FRANCE CULTURE, 01/07/2020 DES ARBRES ET DES HOMMES, L’HOMME DE LA FORÊT
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2.2 Vers un mouvement, « Arbre en ville » ! Afin d’agir contre le changement climatique, nos sociétés se veulent résiliantes et durables. Le GIEC, groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, a annoncé des pics de canicule à 50° d’ici à 2050. Pour que les villes deviennent vivables, des stratégies doivent être mises en places. L’une d’entre elles, est l’arbre en milieu urbain. Sa place n’a jamais été aussi importante qu’aujourd’hui dans nos vies urbaines. Avant de comprendre les éléments qui motivent ce phénomène, voici deux réponses à deux questions simplistes, pour introduire cette sous-partie : qu’est-ce qu’un arbre ? Pourquoi la forêt urbaine est elle a privilégié, contrairement à des arbres isoler en milieu urbain ? QU’EST-CE QU’UN ARBRE ?
Le dictionnaire définit l’arbre comme un végétal ligneux possédant un tronc d’où partent les branches. La tige principale doit être dominante et présenter une croissance en hauteur constante. À défaut de tronc unique, le végétal n’est pas un arbre, mais un arbrisseau et ce qui ressemble à plusieurs petits troncs partant d’une souche commune sont en réalité de petites branches. Les botanistes définissent l’arbre par la croissance secondaire en épaisseur de leur tronc et des couches similaires, ce qui favorise leur développement en hauteur. POURQUOI LA FORÊT URBAINE EST ELLE À PRIVILÉGIER, CONTRAIREMENT À DES ARBRES ISOLÉS EN MILIEU URBAIN ? 5. Voir Peter Wohllleben, La vie secrète des arbres ce qu’ils ressentent comment ils communiquent, p15
Pour les mêmes raisons que dans la société humaine, à plusieurs, la vie est plus facile. Un arbre n’est pas une forêt, il ne peut à lui seul créer des conditions climatiques équilibrées. Il est livré sans défense au vent et à la pluie. À plusieurs, en revanche, les arbres forment un écosystème qui modère les températures extrêmes, froides ou chaudes, emmagasine de grandes quantités d’eau et augmente l’humidité atmosphérique. Dans un tel environnement, les arbres peuvent vivre en sécurité et connaître une grande longévité. Pour maintenir cet idéal, la communauté doit à tout prix perdurer. Si chaque individu ne s’occupait que de lui-même, nombre d’entre eux n’atteindrait jamais un grand âge5.
6. Voir le document de la FAO, Directives sur la foresterie urbaine et périurbaine, 2017, p 4
Selon l’article « Directives sur la foresterie urbaine et périurbaine » fourni par la FAO, « Le rôle que pourraient jouer les forêts urbaines dans l’amélioration de la qualité de vie des habitants urbains et périurbains est loin d’avoir été pleinement atteint ». Puisque ces espaces sont plus appréciés par leur valeur esthétique, que pour leurs fonctions écosystémiques6.
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Les bénéfices des arbres en ville sont multiples, tant environnementaux que économiques. Un grand nombre d’études atteste leur importance, et renforce encore plus leur usage. Ils permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution de l’air. L’air est effectivement beaucoup plus pur sous les arbres, car ils sont d’excellents filtres. Les feuilles et les aiguilles captent un grand nombre de particules en suspension dans l’air. Le volume qu’elles interceptent peut s’élever à 7 000 tonnes de co2 par an au km27. Face aux 8. Unasylva, forêts et villes pics de chaleurs que nos villes vont de plus en plus subir, leurs surfaces durables, FAO, 2018, ombragées sont une aubaine. Elles permettent une augmentation de 11 à 25° p6 plus fraiches que les températures maximales des matériaux non-ombragés8. Une ombre qui par conséquente prolonge la durée vie de la chaussée de 10 ans, réduisant ainsi le fort coût des opérations de rénovation des routes. 7. Etude Allemande, Harmuth, Frank, et al.., Der sächsische Wald im Dienst der Allgemeinheit, Staatsbetrieb Sachsensforts, 2003
La palette de bénéfice fournit par l’arbre au quotidien, semble illimitée et compliquée à comprendre pour le grand public. L’idée est de faire progresser la vison des arbres, sur leurs fonctions hormis celle de l’ornementale. « Il y a vraiment un travail pédagogique. C’est de leur faire comprendre que ces arbres offrent des services écosystémiques, qu’on peut valoriser, qu’on peut quantifier, atténuant les effets extrêmes sur leur territoire qui est de plus en plus fréquents, par exemple la sécheresse ou la pollution » OLIVER PAPIN, INGÉNIEUR EN ÉNERGIE ET ENVIRONNEMENT RESPONSABLE INNOVATION E6 ENTREVUE, 06/2020
9. Outil « Arbre en ville » créer en 2003, sous la direction d’Oliver Papin, voir le travail accompli sur le guide du rôle de l’arbre en milieu urbain, acteur du climat, en région Haut de France
On peut classer ces bénéfices sous sept catégories selon l’outil « Arbre en ville »9 : • • • • • • •
Améliorer le climat urbain Améliorer la gestion des eaux pluviales Produire localement des biomatériaux et une énergie renouvelable Renforcer l’économie locale Créer de la valeur économique et sociale Contribuer au cadre de vie Favoriser la biodiversité en ville
Malgré, l’envie de favoriser son introduction en ville pour notre santé, l’arbre est vue comme une dépense et une contrainte pour les collectivités, une nuisance à leur porte-feuille. L’arbre requiert trop d’espace et trop d’entretien. Cependant, des études affirment le contraire, le bénéfice écologique de l’arbre calculé à long terme, deviendrait rentable. C’est la ville de New York qui le dit « 1$ investit dans un arbre, rapporte 5,6$ de services à la ville ».
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Ces bénéfices que sont la retenue des eaux pluviales, de l’énergie conservée, des polluants atmosphériques éliminés et de la réduction du dioxyde de carbone, deviennent des valeurs économiques. La valeur pour chaque arbre diffère, selon leur emplacement, leur développement et leur impact sur le territoire urbain. Des espèces seront forcement privilégiées, non pas pour la beauté de leur feuillage ou de leur tronc, mais pour leurs capacités à améliorer notre environnement urbain. L’un d’entre eux sera peu être plus efficace près d’une école ou d’un centre commercial. Cette étude est une grande avancée, dans le choix des critères de sélection des arbres, permettant ainsi d’aboutir à de nouveaux projets et de nouveaux objectifs.
« L’arbre a bien son importance évidemment partout, et ici dans la ville. Il joue un rôle considérable sur les questions qui sont celles de la température, de l’accueil de la diversité, des choses dit comme ça, qui sont associés à une espèce de lecture scientifi que de l’environnement. Mais, c’est beaucoup plus fort que ça ! Les végétaux, quand ils n’existent pas dans une ville, ils sont demandés par les habitants. Parce qu’en fait, ils ne peuvent pas s’en passer, même s’ils ne savent pas pourquoi. Quelques fois, c’est juste pour les regarder, c’est juste se mettre à l’ombre. Ce n’est pas grand chose, mais c’est tellement vitale. C’est se protéger d’un mal-être. C’est juste vitale !» GILLES CLÉMENT, JARDINIER INTERVIEW FRANCE CULTURE, 01/07/2020 DES ARBRES ET DES HOMMES, UN ARBRE EN VILLE
Les atouts de l’arbre pour la gestion des eaux de surfaces
Source : Federal Interagency Stream Restoration Working Group, 1998
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2.3 Le sol forestier, résultat d’une reconquête des espaces délaissés 10. La forêt des délaissés ou Tiers paysage, terme employé par Patrick Bouchan et Gilles Cléments pour définir l’ensemble des terrains abandonnés devenus des friches.
Pour entreprendre la plantation d’une forêt urbaine, la question reste toujours la même. Où ? En effet, trouver un sol, une entité foncière suffisante en ville pour recevoir ce futur écrin de verdure n’est pas simple. Les espaces de notre milieu urbain sont pour la plupart déjà tous occupés. Ils ont déjà une fonction attribuée. Cependant, à travers le temps, pour des raisons diverses et variées de notre vie, la parcelle n’est plus entretenue, elle n’est plus gérée par nos soins. Elle est abandonnée par son propriétaire, sans fonctions, sans activités, elle est devenue une friche. L’ensemble de ces espaces délaissés a fait l’objet d’une étude de Patrick Bouchan, Vincent Renard et Gilles Cléments. Elle se nomme la « Forêt des délaissés », plus littéraire, c’est « le Tiers Paysage10 ». « Fragment indécidé du jardin planétaire, le Tiers paysage est constitué de l’ensemble des lieux délaissés par l’homme. Ces marges assemblent une diversité biologique qui n’est pas à ce jour répertoriée comme richesse » « Tiers paysage renvoie à tiers - état (et non à Tiers - monde). Espace n’exprimant ni le pouvoir ni la soumission au pouvoir. Il se réfère au pamphlet de Siesyes en 1789 : « Qu’est - ce que le tiers-état ? - Tout. Qu’a – t - il fait jusqu’à présent ? - Rien. Qu’aspire – t – il à devenir ? - Quelque chose. » GILLES CLÉMENT, JARDINIER MANIFESTE DU TIERS PAYSAGE, 2004
Ces espaces délaissés par notre société, concernent tous les espaces qu’elle exploite et qu’elle consomme. Tout aménagement génère un délaissé. Ces espaces qualifiés de « reste », ont pourtant un véritable potentiel écologique. Non désiré par l’homme, vu d’un mauvais œil, ces espaces visent à être restauré. Ce nouveau visage que nous lui donnons à cette friche, se caractérise généralement à travers des terrains vagues assez importants dont nous comprenons leurs limites et leurs histoires. On parle de « renaturation » d’un lieu, fondé sur les principes de l’écologie urbaine. Notre époque est-elle 11. Cédric Ansart, marquée par une fascination pour la reconquête du végétal sur les œuvres paysagiste et Urbaniste, humaines ? Plusieurs projets semblent aller dans ce sens, créant une véritable Revue Openfield, 2018, mise en scène des forces de la nature à réinvestir des territoires à l’abandon p4 : Sites industriels, parkings, quartiers ouvriers, grand ensemble, autoroute… Cela se traduit par des aménagements dans lesquels les infrastructures grises sont volontairement laissées en place pour montrer les capacités de la nature à réinvestir l’espace11.
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Des lieux délaissés sur notre territoire Production Laval Arnaud
Un délaissé généré par un axe routier
Une friche industrielle
Une friche agricole
Certaines de ces friches présentent un sol gravement pollué, je parle 12. La phytoremédaition, Les défis du CEA, 2016 notamment des friches industrielles. Afin de récupérer un sol sain, la
méthode de la phytoremédiation est employée. Il s’agit de l’ensemble des technologies utilisant les plantes pour accumuler, transformer, dégrader, concentrer, stabiliser ou volatiliser des polluants (molécules organiques et inorganiques, métaux et radioéléments) contenus dans des sols ou des eaux contaminés12. Par son système racinaire performant, le végétale absorbe les métaux lourds contenu dans les sols. Lors de l’objectif atteint, lorsque le sol est devenu vivant, riche et autonome, n’est il pas la représentation exacte d’un sol forestier. Sans doute, cependant, les délais sont longs à attendre et ne rentrent pas dans notre échelle de temps. Nous manifestons peu d’intérêt pour le monde souterrain et ces organismes qui y vivent, malgré leur rôle important pour les arbres. Cette exploration pour la vie souterraine mérite sûrement son propre mémoire. Le sol forestier pleinement aboutit dans les projets urbains, reste encore une conception très lointaine de cet idéal.
La rencontre de deux milieux que tout oppose, la forêt et l’urbain
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Le rêve lointain de la forêt urbaine devient peu à peu une réalité. Depuis quelques années, le statut des arbres dans la ville à radicalement changé. Terminer le temps où les arbres étaient réduits au statut de décoration ou de mobilier urbain. Ce n’est plus un simple élément du paysage urbain, mais un allié de la vie urbaine. Ce petit paysage miniature, destiné à être un milieu vivant, fait sens dans les villes denses. Les projets de forêt urbaine sont ainsi lancés. De nombreux programmes de plantation de ligneux ont été mis en place par de nombreuses villes. À chacun sa forêt, cependant la manière de planter les arbres en ville déterminera la faisabilité du concept.
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La rencontre de deux milieux que tout oppose, la forêt et l’urbain
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CHAPITRE 3 FAIRE POUSSER DES FORÊTS URBAINES
Comment faire pousser des forêts urbaines ? L’objectif du chapitre est d’apporter l’ensemble des outils qui permettront de répondre à cette question. Le préverdissement dont nous avons parlé dans le premier chapitre, apportait déjà des premiers éléments de méthodologie. Cependant, la finalité était différente, sa fonction était destinée à préparer en amont le terrain pour de futur aménagement urbain. Ici, il en est autrement, le préverdissement n’est plus un travail de préparation, mais le véritable projet qui édifiera la forêt en ville. Ainsi, ce chapitre se veut aussi être un outil de communication pour le grand public et de permettre pour chacun de mieux appréhender la forêt urbaine. Je pense qu’il est important de préparer les consciences à la perspective d’un changement de notre société. Depuis quelques années, les projections et les cris d’alarme sur la perspective d’un effondrement se multiplient. L’espace urbain aura triplé en 2030, disparition de la banquise et monté des eaux en 2040, des températures record et une population mondiale estimer à 10 milliards en 2050, la moitié de la biodiversité mondiale menacée d’ici 2080, ces dates clé deviennent peu à peu notre quotidien de vie. Ainsi, au prisme des dynamiques urbaines à l’œuvre d’aujourd’hui sur nos territoires, je conçois que nous avons le plus besoin de rêver, pour lutter contre cette morosité. « Nous sommes tous des rêveurs, si nous rêvions pas nous mourions » DANIEL PENNAC, ÉCRIVAIN LA LOI DU RÊVEUR JANVIER 2020
Dans un premier temps, il convient de comprendre la situation actuelle des projets de forêt urbaine. J’aborderai ensuite la méthode de Miyawaki, une solution innovante et écologique. Puis, je dessinerai ma propre interprétation de « la fabrique de la forêt urbaine » s’inspirant de nombreux cas d’études observés au cours de mon mémoire. Une « Boîte à Outils » définissant la méthodologie à mettre en place et les possibles destinés de cet espace arboré.
Faire pousser des forêts urbaines
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3.1 L’idée de planter des forêts urbaines, quand l’utopie devient réalité 1. Expression de l’architecte futuriste Luc Schuiten
Longtemps, la forêt urbaine n’était qu’un simple dessin conçu par notre imagination sans limite. Une utopie de nos villes à venir, des « cités végétales1» destinés à nous faire rêver. Cette image futuriste ou la ville ne fait qu’un avec la nature devient peu à peu l’objectif à atteindre.
L’utopie des cités archiborescentes Source : Luc Schuiten
Ce lointain souvenir est devenu réalité. Ces tours végétales prennent forme dans plusieurs villes du monde. Le cas de Milan, en Italie, avec son Bosco Vertivale réalisé par l’architecte Stephano Boeri. Des immeubles qui sont recouverts de quelque 20 000 arbres et arbustes. Ou encore la première « Forest-City » qui est maintenant en construction à Liuzhou, dans la province du Guangxi, en Chine. 40 000 arbres plantés, « Une ville bâtie pour lutter contre la pollution », dit-ont. L’arbre aurait-il remplacé le béton ? Des projets tous aussi méga-conceptuel les uns des autres, encore faut-il que cette forêt aérienne soit appréhendée comme un élément vivant et non un outil marketing. En effet, à ma connaissance la structure d’un bâtiment ne remplacera jamais les apports et les bénéfices d’un véritable sol, permettant un bon développement à l’arbre.
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Le Bosco Verticale à Milan et la « Forest-City » à Liuzhou Source : Stephano Boeri architetti
Aujourd’hui, le nouvel enjeu des programmes municipaux a bien changé, autrefois il s’agissait de construire un stade, une école, une piscine, un centre commercial pour l’emporter. Créer des forêts urbaines pour offrir un cadre de vie apaisé et une atmosphère respirable au sein des villes semble être l’intérêt majeur. La course à la ville la plus arborée est lancée. À l’exemple de la ville de Paris qui prévoit la réalisation de petits îlots de forêt pour rafraîchir ces habitants. Avant et après le projet des micro-forêts urbaines à Paris
Source : L’atelier parisien d’urbanisme (Apur), photo Laval Arnaud Derrière l’opéra Garnier
Parvis nord de la gare de Lyon
Place de l’hôtel de ville
Cette prise de décision suscite des questions et des polémiques pour beaucoup. En effet, difficile d’imaginer de faire pousser des arbres dans un univers quasi-artificiel, encombré entre les tuyaux, le métro et les parkings souterrains. De plus, le choix de l’emplacement de ces forêts urbaines suscite plus un bienfait imagé pour une capitale « écolo », le départ d’un effet de mode peut-être. Ce modèle s’inviterait-il pas mieux dans des quartiers du XXème siècles, en périphérie de Paris, ou l’espace public a été traité d’une manière un peu pauvre et où la pleine terre est encore présente.
Faire pousser des forêts urbaines
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3.2 La méthode de Miyawaki, participer à la restauration d’un écosystème Pour de nombreuses raisons, cette technique m’a semblé bien plus appropriée dans l’élaboration d’une forêt urbaine, contrairement à l’ensemble des projets observés dans le dernier sous-chapitre « L’idée de planter des forêts urbaines, quand l’utopie devient réalité ». En effet, cette méthode reprend les principes d’aménagement énoncés par le préverdisement. La description qui suit sur la méthode de Miyawaki, s’appuie sur la base d’un entretien personnel réalisé avec Nicolas de Brabandère, biologiste et naturaliste, fondateur de l’agence Urban Forests et d’études scientifiques, qui relatent cette solution innovante. « Ce qui plaît je crois, c’est que les forêts passionnent beaucoup de gens. Les gens entendent beaucoup ces problèmes de changement climatiques, de dégradation de la biodiversité et que beaucoup ne savent pas quoi faire enfaîte. Il y a un espèce de fatalisme. Et la tout d’un coup, on apporte un outil bien concret, qui de plus résout les problèmes de biodiversité, crée un milieu naturel de proximité, on fait participer les gens, des résultats assez rapide… » NICOLAS DE BRABANDÈRE, BIOLOGISTE ET NATURALISTE URBAN FORESTS, MAI 2020 QUI EST MIYAWAKI ?
Docteur Akira Miyawaki, né le 29 janvier 1928, est un botaniste japonais expert en écologie végétale, spécialiste des graines, de l’étude de la naturalité des forêts et de la restauration d’une végétation naturelle sur des sols dégradés. En 1980, il a développé une méthode de génie écologique aujourd’hui connue sous le nom de « méthode Miyawaki », permettant de restaurer des forêts indigènes à partir d’arbres natifs sur des sols sans humus, très dégradés ou déforestés. A. Miyawaki a été honoré d’une dizaine de prix, dont le prix 2006 « Blue Planet » pour son implication en matière de protection de la nature. DESCRIPTION DE LA MÉTHODE 2. Voir le rapport de Urban Forests, qui publie les études scientifiques de la méthode Miyawaki, 10 mai 2020
Une forêt Miyawaki est une opportunitée de participer à la restauration d’un écosystème. En effet, la méthode tient compte des successions écologiques et permet de démarrer la forêt à un stade avancé par le choix des communautés de plantes les plus adaptées, il s’agit du potentiel naturel de végétation. La coopération entre les arbres permet un développement rapide et une grande résilience de la micro-forêt2. Succession écologique : « Dans le cycle naturel de la forêt, les plantes annuelles sur sol nu sont succédées par les graminées vivaces, les buissons tolérant le soleil, les arbres pionniers héliophiles à croissance rapide, et finalement les forêts naturelles. Chaque étape peut durer des décennies, et la végétation climax se forme après deux siècles ou plus » (Miyawaki, 2004).
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La méthode Miyawaki, un processus de plantation accéléré Production Laval Arnaud
200 ans pour laisser une forêt se reconstituer d’elle-même, avec la méthode Miyawaki un résultat similaire est atteint en 20 ans.
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Comment fonctionne la méthode Miyawaki ? « Tout d’abord, c’est tout un récit qu’il faut expliquer aux personnes, il y a un travail de pédagogie et de sensibilisation sur cette future forêt. Puis techniquement, on commence l’analyse du sol ( analyse ph, texture, matière organique…) et enfin, on trouve la communauté d’espèce la plus adaptée au site (recréer la forêt spontanée telle qu’elle serait sur le site où on se trouve). Ce choix d’espèce va s’établir en deux étapes. Un premier cortège d’espèce se dessine par le potentiel de végétation naturelle. Puis, on va affiner la liste par des observations de terrain, la végétation existante autour du site »
Quels sont les facteurs qui permettent que ces forêts deviennent autonomes en seulement trois ans ? « Tout d’abord, on plante des arbres de 50 cm plus ou moins. En fin de deuxième année, ils arrivent à une taille humaine, ils poussent plus ou moins d’1 mètre par an. C’est vraiment très rapide. C’est une moyenne pour toute les espèces dans la forêt. En trois ans, on a déjà des arbres de trois mètres de haut. Et on estime que dans 20 à 30 ans, on arrive à reconstituer l’équivalent de la complexité d’un écosystème naturel de 200 ans. » « Pourquoi ça va si vite ? Parce qu’on accélère ce processus, en plantant dès le début les bonnes espèces ensemble. Il n’y a pas cette lente colonisation du site par les espèces qui viennent petit à petit. Donc, ceci est un premier élément de réponse. Le second facteur, c’est qu’on vient aussi préparer le sol, on l’ameublit pour faciliter le développement des racines, pour avoir de la matière organique, de la bonne rétention d’eau… On crée des conditions optimales pour faciliter la croissance des arbres. Troisième facteur, suite à la plantation, on recouvre de paille le terrain pour protéger le sol en hiver et en été quand il fait très chaud. Ceci va attirer toute une micro-faune qui va réactiver le sol. Finalement, c’est l’ensemble des connexions entre les espèces qui vont instaurer un micro-climat idéal (compétition pour accéder à la lumière, protection du vent, des chaleurs…). »
Suite aux nombreux projets de plantations que vous avez-réalisez, avez-vous observé des changement radicaux de la biodiversité, notamment sur la faune du sol ? 3. Claude Bourguignon, ingénieur agronome, fondateur de LAMS, pionniers de la permaculture et de ceux qui ont alertés sur la dégradation des sols
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« Oui, c’est ça qui est exceptionnel. Par exemple, on remarque dans une forêt de deux ans, une impression que le sol est déjà celui d’une ancienne forêt. Il y a un humus qui s’est décomposé. On passe les mains dedans, on voit toutes ces feuilles mortes, tous ces insectes qui sont déjà présents. J’ai même fait un tour avec Claude Bourguignons3, et lui-même m’a dit qu’il n’a jamais vu ça. Il a jamais vue une régénération du sol aussi rapide. » NICOLAS DE BRABANDÈRE, BIOLOGISTE ET NATURALISTE URBAN FORESTS, MAI 2020
UNE MÉTHODE QUI A MONTRÉ SES PREUVES DANS LE MONDE
En résumer, la forêt Miyawaki c’est : • • • • • • • 4. Rapport Urban Forests, Alterra, Animal ecology, 2018
Une densité de plantation : 2 à 7 arbres par m2 Une surface foliaire : 30 fois plus qu’une prairie Un Taux de survie (Sélections naturelle) : 15 à 90% Une vitesse de croissance : 1,5m/an (forêt tropicale humide), 1 m/an (forêt tempérée) 0,3m/an (forêt méditerranéenne) Une Stabilisation de la croissance : À partir de 15 à 20 ans (zones tempérées) 30 à 40 ans (zones tropicales) Une taille moyenne finale : 20m (strate supérieure), 4m (strate inférieure) Une densité après stabilisation : 0,5 à 2,5m arbres par m2
À Zaanstad, aux Pays-Bas, deux micro-forêts Miyawaki ont vu le jour en 2015. En 2017, une étude a été réalisée sur une année complète, afin de comparer la biodiversité dans ces forêts avec celle des bois environnants (forêts témoins)4. Les micro-forêts Miyawaki, bien que très récentes, sont beaucoup plus riches en biodiversité, de 2 à 162 fois plus, en moyenne 18 fois plus.
Comparaison de la biodiversité (faune) entre une forêt Miyawaki et une forêt témoin Source : Rapport Altera, Animal ecology 2018
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L’évolution de micro-forêts Miyawaki, qui certifie et démontre la réussite de cette méthode.
Ormeignies, Belgique, plantation réalisé en novembre 2016, 300 arbres plantés, surface de plantation 100m2, 20 espèces Source : Urban Forests
1ère année
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3ème année
Bois de Fa, Grez-Doiceau, Belgique, plantation réalisé en novembre 2017, 4515 arbres plantés, surface de plantation 1 505m2, 28 espèces Source : Urban Forests
1ère année
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3ème année
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3.3 La fabrique de la forêt urbaine Ce chapitre est selon moi, une version synthétique du mémoire, de l’ensemble des cas d’études observées et le point culminant d’une forêt urbaine approprié par tous. Jusqu’ici, ce mouvement de « renaturation » de l’urbanisation, dont la forêt urbaine semble être la colonne vertébrale, a longtemps été un discours établi par les scientifiques, les professionnels de l’aménagement et les politiciens. Un élément fédérateur destiné à faire éveiller les consciences. Je pense que le temps de la sensibilisation est terminé et que le temps de la pratique est venu. Jusque-là peu illustrée, il me semble important de simplifier la lecture du préverdisement et de la forêt urbaine. Tout est l’enjeu de ce sous-chapitre, dessiner cette pratique et établir une méthode suffisamment ouverte pour être appropriable. La conception de cette Boîte à Outils a pour objectif de réconcilier l’individu avec le temps d’un projet de plantation aboutissant à la formation d’un paysage. Le choix de l’itinéraire se limite simplement à l’aire géographique du climat de l’Europe de l’Ouest, prenant en compte une diversité de milieux plus ou moins urbanisés et à une temporalité à l’horizon 2050. LA BOÎTE À OUTILS
L’étude présente des solutions apportées à des cas spécifiques, pouvant constituer de potentielles réponses dans d’autres situations similaires. La Boîte à Outils vise à synthétiser les outils opérationnels du préverdissement pour concevoir la forêt urbaine. C’est dans cette optique qu’elle constitue une grande partie de la réponse apportée. En effet, elle compile les différents moyens urbanistiques, architecturaux et paysagers utiles pour accompagner le développement d’un territoire urbanisé. La lecture de cette Boîte à Outil se traduit par le dessin, qui pour beaucoup d’entre nous est synonyme de compréhension et qui je l’espère permettra d’émerger pour certains tant une imagination qu’une réalité. La Boîte à Outils se définit donc comme un instrument permettant aux différents acteurs du territoire, de même qu’à ses usagers, de participer à sa fabrication.
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Les fondamentaux
Une parcelle disponible
Une pépinière locale
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Une équipe solidaire
Des matériaux locaux (terre, paille, bois...)
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En complément, la forêt urbaine peut être :
Un espace productif
Un potager partagé
Un verger partagé
Un poulailler partagé
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Un espace de biodiversité et pédagogique
Une marre
Des supports d’information
Un observatoire de la forêt
Un espace climatique en ville
Une boîte à Outil adaptée à toute échelle d’espace et de temps.
Un sentier
Un lieu de rencontre et de détente
Des équipements sportifs
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Annexes
CONCLUSION
Aujourd’hui, la forêt urbaine est un concept en plein essor, de nombreuses études scientifiques attestent son importance au sein de nos espaces urbanisés. Cependant, sa plantation n’est pas évidente puisque les décideurs se réfèrent souvent à l’idée que la ville se fait uniquement de minérale, une ville fonctionnelle dépourvue de « vivant ». Une ville dénuée d’émotion, que pourtant ses habitants y sont fortement sensibles. De plus, le temps de l’arbre est une mesure qui nous échappe complètement, dans un système où notre société se veut de plus en plus accéléré. Voilà le rôle du paysagiste de demain, apprivoiser le temps long, imaginer l’avenir et convaincre les sociétés qu’ils existent des alternatives concrètes, dans lesquelles la forêt agit plutôt comme un mécanisme du territoire (favoriser la biodiversité, améliorer de la qualité de l’air, absorber les eaux de pluie…) et non comme un décor. Cependant, le défi semble compliqué à relever, à mesure que l’on se rapproche des centres-villes. Je constate que la technique du préverdissement reste ancré dans une pratique agricole destinée à de grandes parcelles, pour des raisons budgétaires. De plus, le rythme imposé par la ville et ses habitants, semble bien trop intense. La lenteur de la plante n’est pas désirée, dès lors que « l’instantané » n’est pas au rendez-vous des exigences voulues. Les projets de forêts urbaines restent, selon moi une illusion, un paysage en gestation dépourvue de confiance. Face aux aléas de la ville, la faciliter l’emporte. Le travail fini d’un espace naturel reste illusoire, déséquilibrer par le trop-plein d’images stéréotypées. Du temps, il en faudra, pour que le végétal puisse trouver sa véritable place et son sens dans le processus urbain.
Conclusion
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BIBLIOGRAPHIE
Pour aller plus loin SUR LE PRÉVERDISSEMENT
• • • •
Entre Urbanité et ruralité. la médiation paysagiste, M. Pierre Donadieu Friches à rafraîchir, Libération, Christian Simenc La Grande Motte cité, des dunes, CAUE de l’Hérault, 2010 La grande Motte et Sophia Antipolis : deux projets de paysage pour deux socio-écosystèmes forestiers méditerranéens, Article de Brice DacheuxAuzière • New Urban Scenarios: Sustainability Tools and Components for the NotGrowing Cities, Guido Granello, Politecnico di Milano SUR LES FORÊTS URBAINES
• La forêt urbaine, numero 11, 2018, Openfeld • Directives sur la foresterie urbaine et périurbaine, 2017, FAO • Percevoir la forêt et la gestion forestière, Annales de géographie, 1999, Franz Schmithüsen • Quand la forêt la ville envahira la ville, 2020, Les Echos • Unasylva, forêts et villes durables, 2018, FAO MES PRÉFÉRÉS
• La vie secrète des arbres ce qu’ils ressentent comment ils communiquent, Peter Wohllleben • Le jardin en mouvement, Gille Clément • L’urbanisme végétale, Caroline Stefulesco • Manifeste du Tiers Paysage, Gille Clément • Nature intermédiaire, Les paysages, Michel Desvignes • Nature en ville : Désir et contreverses, Lise Bourdeau-Lepage • Planter aujourd’hui, bâtir demain, le préverdissement, Guinaudeau Claude • Un livre Blanc, récit avec carte, Philippe Vasset
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Bibliographie
Références LES PROJETS
• Agence Codex paysage, Zac Clause Bois Badeau, Brétégny sur Orge • Jean Balladur, La grande Motte • Lams, Laboratoire du sol • Luc Shuiten, cité végétale • Michel Desvignes Paysagistes, Greenwich Peninsula Londres • Olmsted, Vaux & CO, Riverside • Stephano Boeri, Le Bosco Verticale • Urban Forests, les micro-forêts Miyawaki SUR LE NET
• L’arbre en ville, le guide du rôle de l’arbre en milieu urbain, acteur du climat, en région Haut de France • Potcast, série des arbres et des hommes, France culture • Treepedia, Exploring the Green Canopy in cities around the world
Conclusion
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ANNEXES
Carte d’identité de la forêt urbaine
Rafraîchissement de l’air : -2°C minimum, localement Amélioration de la qualité de l’air : absorbe 15% des particules fines, les feuilles et les troncs interceptent les poussières Diminution du bruit : -10 dB Impact positif sur la santé et le bien-être : réduction du stress, anxiété, solitude, maladies cardio-vasculaires et respiratoires Régulation de la biodiversité: 18 fois plus de biodiversité en moyenne, concentration plus faible en certaines espèces parasites, assure les transferts et l’augmentation de la biodiversité en milieu urbain Stabilité des sols : retient les sols par un système matricepilier formé par l’intrication des racines Attractivité de la nature pour l’immobilier : les terrains arborés peuvent voir leur prix augmenter de quelques milliers d’euros
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Annexes
Photothèque La forêt est un paysage où les arbres se comptent par dizaines de milliers et leurs présences puissantes, sont aux services des espaces à constituer, à l’échelle de nos territoires urbanisés à transformer. Cette photothèque présentée sous la forme de « planches-contacts » correspond à une multitude d’image d’espaces forestiers observés. La première planche vise à entrevoir la véritable forme de la forêt, des boisements photographiés dans le Berry et la Sologne, où j’ai grandi. La seconde est l’identité et l’espace de la forêt urbaine, telle qu’on lui donne, à travers plusieurs projets à Paris.
Micro-forêt urbaine, Ministère de la culture Réalisation par Michel Desvignes
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Les forĂŞts du Berry mai 2020
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Annexes
Les forĂŞts de la Sologne mai 2020
Le jardin-Forêt du site François Miterrand Juillet 2020
Square des Bouleaux Juillet 2020
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Exemple du Projet de Greenwich Peninsula Park Ă Londres 1998-2000
Michel Desvignes Paysagistes Paysage en gestation
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Annexes
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GLOSSAIRE
Bien commun paysager : caractère ou ensemble de caractères d’un paysage ou d’un lieu, reconnus et partageables par ceux qui le perçoivent, et susceptibles de contribuer (d’être utiles) à leur bien-être commun. Ex : une vue sur la mer, ses rivages et ses profondeurs, sur la campagne et la montagne, sur la planète Terre. Climax : état théorique dans lequel un sol ou une communauté végétale a atteint un état d’équilibre stable et durable avec les facteurs édaphiques et climatiques du milieu. Toute perturbation du milieu, naturelle ou anthropique, détruit cet état climacique. Collet : partie de la plante qui est comprise entre la tige et les racines. Déblai : terres, décombres qu‘on retire d’un endroit où l’on creuse. Écologie du paysage : étude scientifique de la dynamique des populations végétales et animales à l’échelle géographique du paysage. Fonction écosystémique : Force du sujet : circonférence du tronc de l’arbre à un mètre du sol. Guarrigue : association buissonnante discontinue des plateaux calcaires méditerranéens résultant d’une régression de la forêt sous l’influence du feu ou du pâturage intensif. Héliophile : végétaux qui aiment la lumière et qui se développe dans des biotopes ensoleillés. Houppier : partie d’un arbre constituée d’un ensemble structuré des branches situées au sommet du tronc. Ingénierie écologique : ciences et techniques de conservation, de restauration et de gestion de la biodiversité des milieux écologiques naturels et artificiels. Lieu : portion d’espace accessible aux cinq sens humains qui permettent de le caractériser. Oxymore : figure de rhétorique qui associe deux termes apparemment contradictoires et permet d’en dépasser l’incompatibilité.
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Paysage : « Partie de territoire telle que perçue par les populations et dont le caractère résulte de facteurs naturels et/ou culturels et de leurs interrelations ». Concept relationnel supposant un rapport, un lien entre un espace perçu et un sujet le percevant, et qui permet de décrire et de comprendre ce lien dans toutes les sociétés. Le paysage est à la fois l’empreinte perceptible des valeurs et des règles d’une culture, et la matrice de sa transformation mimétique ou inventive. Il est distinct de l’environnement qui est, pour les scientifiques, une notion systémique (comme celle d’écosystème), mais l’englobe. Potentiel naturel de végétation : assemblage d’ espèces qui se formerai dans les conditions actuelles de l’environnement, si l’homme cessait toute intervention et si la végétation avait le temp de se développer jusqu’a son état final. Processus : ensemble de faits ou de phénomènes organisés au cours du temps (process). La production des paysages matériels et immatériels est un processus concernant des faits paysagers à la fois géographiques (localisés) et historiques (dans la longue durée). Racine en pivot : type racinaire caractérisé par la présence d’une racine principale d’où émergent des racines latérales secondaires. Ramblai : opération de terrassement consistant à rapporter des terres pour faire une levée ou combler une cavité. Senescent : en syvilculture, bois dont l’âge est dépassé pour son exploitation. Sous-solage : technique agricole de travail du sol en profondeur, permettant de lui redonner de la perméabilité en améliorant le drainage naturel et la circulation capillaire horizontale de l’eau sur les sols labourés. Il permet de lutter contre les semelles de labour. Talweg : ligne imaginaire qui joint les points les plus bas d’une vallée et suivant laquelle s’écoulent les eaux. Vallons : petite dépression allongée entre deux collines, deux coteaux.
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TABLE DES FIGURES CHAPITRE 1
Figure 1 : Transcription schématique du fil conducteur de ce travail Production Laval Arnaud Figure 2 : Le préverdissement des futurs Champs-Elysées Dessin d’Israël Silvestre, 2nde moitié XVIIe Figure 3 : Plan général de Riverside réalisé par Olmsted, Vaux & Co Source : Archive de la Société Olmsted Figure 4 : Des rues curvilignes et plantées abondamment Source : Archive de la Société Olmsted Figure 5 : Une géographie amplifiée qui structure le quartier de Riverside Production Laval Arnaud Figure 6 : L’implantion du bâti et du végétal de la Grande Motte face à la mer Source : CAUE de l’Hérault Figure 7 : La construction des pyramides, avec comme arrière-plan, le préverdissement Source : Le moniteur Figure 8 : La Grande Motte enclavée dans une végétation omniprésente Production Laval Arnaud Figure 9 : L’arbre transplanté Photo Laval Arnaud Figure 10 : Les différents stades de croissance d’un arbre en pépinière Production Laval Arnaud Figure 11 : Le préverdissement, le temps de créer un paysage Production Laval Arnaud Figure 12 : Le préverdissement, marqueur d’une transition paysagère Production Laval Arnaud CHAPITRE 2
Figure 13 : La forêt qui participe à la structure de nos villes Production Laval Arnaud Une mégalopole : Paris Une grande ville : Orléans Une petite ville : Vierzon
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Figure 14 : Les atouts de l’arbre pour la gestion des eaux de surfaces Source : Federal Interagency Stream Restoration Working Group, 1998 Figure 15 : Des lieux délaissés sur notre territoires Production Laval Arnaud Une friche agricole Un délaissé généré par un axe routier Une friche industrielle CHAPITRE 3
Figure 16 : L’utopie des cités archiborescentes Source : Luc Schuiten Figure 17 : Le Bosco Verticale à Milan Source : Stephano Boeri architetti Figure 18 : La « Forest-City » à Liuzhou Source : Stephano Boeri architetti Figure 19 : Avant et après le projet des micro-forêts urbaines à Paris Source : L’atelier parisien d’urbanisme (Apur) Photo : Laval Arnaud Le parvis nord de la gare de Lyon La place de l’hôtel de ville de Paris Dernière l’opéra Garnier Figure 20 : La méthode Miyawaki, un processus de plantation accéléré Production Laval Arnaud Figure 21 : Comparaison de la biodiversité (faune) entre une forêt Miyawaki et une forêt témoin Source : Rapport Altera, Animal ecology 2018 Figure 22 : Ormeignies, Belgique, plantation réalisé en novembre 2016, 300 arbres plantés, surface de plantation 100m2, 20 espèces Source : Photo de Urban Forests Figure 23 : Bois de Fa, Grez-Doiceau, Belgique, plantation réalisé en novembre 2017, 4515 arbres plantés, surface de plantation 1 505m2, 28 espèces Source : Photo de Urban Forests Figure 24 : La boîte à Outils Production Laval Arnaud
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