1 minute read

Retour sur Nwar Atlantique par Dawud Bumaye

Politique de l a m a r ge e t de l'horizon

PAR DAWUD BUMAYE

Advertisement

etour sur « Nwar-Atlantique : politique

Rdelamarge et del’horizon», rencontre littéraire et politique qui s’est tenue le 10 mars 2020 à Paris (La Colonie). Je propose, sur la base d’une analyse comparative des ouvrages NoirEs sous surveillance de Robyn Maynard 1 , Afro-communautaire de Fania Noël 2 et Le Triangle et l’Hexagone de Maboula Soumahoro 3 , une réflexion critique ayant pour objectif de comprendre ce qui unit les NoirEs du Nord et à travers le monde. L’expression « Nwar-atlantique 4 » est reprise du concept développé par Paul Gilroy

Black Atlantic mais inscrite dans le contexte afro en France. La communauté noire en France est composée principalement de personnes issues de l’immigration postcoloniale, etlesterritoires colonisés dont elleest issue ont subi l’esclavage. Lacritique reposera sur lesNoir·e·s dans les différents espaces du Nord, les ouvrages analysés portant sur les Noir·e·s en France, au Canada et aux États-Unis. Néanmoins, il paraît inconcevable dene pas faire lelien avecl’Afrique puisque lecontinent africain est le point de départ de l’Histoire des Noir·e·s dans cetAtlantique.

En effet, comme le souligne Maboula Soumahoro dans Le Triangle et l’Hexagone, le point de départ des diasporas noires dans le monde débute par la pratique de l’esclavage. Au xvii e siècle, les empires européens mettent en place le commerce triangulaire et l’esclavage. Les Africain·e·s sont racialisé·e·s comme Noir·e·s, par opposition à la race blanche des Européen·e·s. Iels se retrouvent déshumanisé·e·s, objectifié·e·s, capturé·e·s, vendu·e·s et mis·es en esclavage sur les territoires des Amériques et des Caraïbes. Ainsi, toute une organisation est mise en œuvre pour soutenir ce système. D’abord, en 1661, le Code des esclaves de Barbade est instauré pour réglementer le statut d’esclave sur l’île de Barbade. Ce texte a inspiré la loi virginienne de 1662 ainsi que d’autres textes légaux quivont légiférer l’esclavage dans les colonies d’Amérique du Nord, tout comme le Code noir (1685) qui réglemente l’esclavage dans les colonies françaises.

Le xix e siècle marquera l’abolition de l’esclavage dans les empires européens et les États d’Amérique du Nord, mais laissera place à d’autres systèmes fondés sur l’inégalité entre les Noir·e·s et les Blanc·he·s. La France ne peut s’enorgueillir d’avoir ouvert la voie de l’abolition de l’esclavage en 1794 puisqu’elle rétablit presque aussitôt ce système. Il faudra attendre 1848 pour que l’esclavage soit définitivement aboli dans les colonies françaises. Presque 40 ans après, la France participe au Traité de Berlin (1885) et se répartit avec les autres empires européens les territoires africains qui prendront désormais la forme de leurs colonies. Le Canada, qui abolit l’esclavage en 1833, ne démérite pas. Comme Nous l’apprend Robyn Maynard dans NoirEs sous surveillance, une ségrégation raciale plus insidieuse est mise en œuvre sur les sols canadiens. Aux États-Unis, laguerre deSécession qui prend fin en 1865 a pour conséquence la mise en œuvre d’un système de ségrégation raciale organisée par les États du Sud (lois Jim Crow) etqui perdura un siècle.

De nos jours, bien que les États européens et d’Amérique du Nord en ont, du point de vue du droit, officiellement terminé avec la colonisation et laségrégation raciale, lesdiscriminations etlesviolences que subissent les NoirEs à travers le monde subsistent. Le néo-colonialisme, qui enferme l’Afrique dans une position de subalterne vis-à-vis des anciens empires coloniaux, est dénoncé conjointement par les Africain·e·s, les Afrodescendant·es et les diasporas noires. L’enjeu est de comprendre ce qui unit les Noir·e·s du Nord et à travers le monde. Assimiler les origines et les fondements de l’Histoire des Noir·e·s, définir qui Nous sommes etaller ensemble vers un même horizon.

I – Notre passé : esclavage etcolonisation

Tout comme Maboula Soumahoro dans Le Triangle et l’Hexagone, Robyn Maynard s’interroge sur l’origine des Noir·e·s dans ce fameux Atlantique, pour comprendre pourquoi aujourd’hui, les Noir·e·s sont sujet·te·s à tant de discriminations dans l’espace public, au travail, au logement, à l’école, etc. Qu’estce qui explique qu’après tant de siècles passés au Canada, les Noir·e·s occupent les positions les plus humiliantes, dégradantes et précaires de la société canadienne ? NoirEs sous surveillance retrace l’Histoire des Noir·e·s au Canada, qui débute par l’esclavage des Africain·e·s, déporté·e·s contre leur gré et dans la plus ignoble des violences sur les sols américains et des Caraïbes. Aujourd’hui, les Noir·e·s qui peuplent le Canada sont les descendant·e·s de ces esclaves, mais aussi les descendant·e·s des loyalistes noir·e·s, qui ont marchandé leur affranchissement contre

1 Robyn Maynard, NoirEs sous surveillance. Esclavage, répression et violence d’État au Canada, Éditions Mémoire d’encrier, 2018. 2 Fania Noël, Afro-communautaire Appartenir à nous-mêmes, Éditions Syllepse, 2019. 3 Maboula Soumahoro, Le Triangle et l’Hexagone. Réflexions sur une identité noire, Éditions La Découverte, 2020. 4 Intitulé de larencontre proposé par Fania Noël. Cela fait écho au fait que Fania Noël soit haïtienne, donc elle fait partie de la continuité historique de cetAtlantique.

leur allégeance à la couronne britannique durant la guerre d’indépendance des États-Unis. Le xx e siècle marque également l’immigration des Jamaïcain·e·s, Haïtien·ne·s mais aussi des Africain·e·s du continent qui fuient la guerre ou la misère économique (Somalie, Cameroun, etc.). En France, lesNoir·e·s sont également les descendant·e·s d’esclaves déporté·e·s d’Afrique vers les colonies des Caraïbes (Guadeloupe, Martinique, Guyane) etde laRéunion. Encore de nos jours occupée par la France, les colonies départementalisées ont vu leurs ressortissant·e·s immigrer massivement vers la métropole au cours du xx e siècle. Le BUMIDOM aorganisé lavenue dedizaines demilliers detravailleurs vers la métropole. C’est aussi le cas des Africain·e·s ducontinent, qui ont d’abord lestatut desujets coloniaux puis, après l’indépendance deleurs pays auxannées 1960, émigrent vers la France pour des raisons économiques ou en qualité deréfugié·e·s politiques. Dans lesdeux cas, l’immigration de ces personnes se fait pour échapper àleurs territoires appauvris par laFrance.

L’esclavage, c’est l’exploitation d’une main d’œuvre dans un circuit appelé le commerce triangulaire. La personne mise en esclavage est vendue contre des marchandises et des produits pour travailler danslesplantations et/ou dans lamaison du maître afin d’effectuer les tâches domestiques. L’esclave ne perçoit aucun salaire, est dépourvu·e de tous droits sociaux et également du droit de vie. L’omission de ce dernier droit est due au statut d’esclave. Ainsi, l’esclavage s’inscrit en plein dans un système capitaliste et raciste puisque l’exploitation de ces hommes et de ces femmes est racialisée. Toute une pensée racialiste a été mise en œuvre pour justifier l’esclavage des Noir·e·s. Après la période de la traite négrière et de l’esclavage, l’exploitation de ces descendant·e·s d’esclaves perdure dans les colonies des Caraïbes et d’Afrique. Bien que le droit de vie leur ait officiellement reconnu lors des abolitions de l’esclavage, dans les faits, les Noir·e·s représentent une main d’œuvre bon marché dont les salaires restent bien inférieurs à ceux des Blanc·he·s. De plus, les colonies, soumises à de fortes taxes et à une absence de redistribution des richesses, restent sous développées en comparaison à la métropole. Cesécarts économiques etlesinégalités qui en découlent entre les Noir·e·s et les Blanc·he·s s’inscrivent dans le continuum de l’esclavage. Ceci explique pourquoi aujourd’hui, nous ne pouvons parler de race sans parler de capitalisme. Le commerce triangulaire et l’esclavage ont été racialisés. La colonisation allait de pair avec l’exploitation desterres et desindividus etc’est ainsi que nousdisons aujourd’hui que lesystème capitaliste est bel etbien raciste.

Nous avons subi des siècles d’esclavage, de génocide, de colonialisme parce que nous sommes Noir·e·s. Pourtant, malgré cela, notre amour de nous-mêmes et des nôtres nous a permis de survivre. Nous ne devons notre réussite d’aujourd’hui qu’à nous-mêmes.

II – Notre présent: exploitation économique, instabilité politique etimmigration

L’indépendance des pays africains entraîne de fortes instabilités politiques à l’origine delamisère économique qui sévit sur le continent. Comment expliquer que le continent africain, alors grenier de la planète, riche en ressources et en matières premières est aujourd’hui le continent le plus pauvre ? Qu’est-ce qui explique que, malgré des siècles d’exploitation des sols riches d’Afrique, les PIB de leurs États soient les plus bas ?

On constate, à l’indépendance des pays africains, qu’un programme d’instabilité politique, appelé la Françafrique, a été mis en place par l’ancien État colonial. L’idée est d’abord de placer les anciens ministres africains del’administration coloniale française au pouvoir afin de mieux mater la rébellion portée par lesAfricain·e·s et lesrevendications anticoloniales. C’est ainsi que la Côte d’Ivoire voit à sa tête l’ancien député et ministre français Félix Houphouët-Boigny proclamé père del’indépendance. Au Sénégal, c’est l’ancien député et ministre français Léopold Sédar Senghor qui est placé. Au Cameroun, c’est l’ancien député territorial Ahamadou Ahidjo qui est fait Président. En parallèle, tous les révolutionnaires anticoloniaux font l’objet de mystérieux coups d’État avant d’être assassinés : Kwame Nkrumah pour le Ghana, Amilcar Cabral pour laGuinée-Bissau, Ali Soilihi pour lesComores ou encore Thomas Sankara pour le Burkina-Faso. Justice n’ayant toujours pas eu lieu ou alors de manière contestable, les militant·e·s panafricanistes s’accordent à dire que ce sont bien les anciennes puissances coloniales qui sont àl’origine de ses mystérieux putsch etassassinats contre des dirigeants révolutionnaires unpeu trop dérangeants pour les intérêts européens.

Les instabilités politiques pour mettre en place des pions des autorités françaises permettent à l’ancienne puissance coloniale d’avoir la main mise sur l’économie africaine. La France, à travers sesmultinationales(Total, groupe Bolloré, etc.), continue de faire la pluie etle beau temps en Afrique en spoliant

ses terres. Malgré les mobilisations pour l’abolition les mouvements pro-Noir dénoncent d’une même voix du Franc CFA, la monnaie coloniale continue d’être laprécarité qui lestouche mais aussi ladéshumanisation utilisée par la plupart des pays anciennement colonisés constante dont iels sont lesciblesetqui a pour corollaire par la France. En 2019, l’annonce par la France laviolence étatique qui leur est infligée. de son remplacement par l’ECO n’a pas convaincu. Ainsi, les États africains sont à la merci des autorités Ainsi en 2013, lorsque le mouvement Black Lives françaises et la corruption gangrène les pays, poussant Matter naît, c’est tout le Nord qui est touché par les cris les Africain·e·s à émigrer vers les pays européens d’alerte et de résistance des Africain·e·s-américain·e·s. etnord-américains qui sont plus stables etsolvables. Fondé par trois femmes et queers noires états-uniennes,

Les différentes vagues d’immigration qui ont frappe majoritairement les hommes noirs, y compris marqué le xx e siècle ont été entreprises, principalement, adolescents. La France, qui n’a pas de mal à indexer pour des raisons économiques. Au sortir des guerres lesÉtats-Unis pour ses crimes racistes, se fait l›écho dece mondiales dans lesquels les sujets coloniaux africains mouvement dans l›espace médiatique. Cela permet ont été impliqués contre leur gré, les hommes africains aux activistes antiracistes et des violences policières émigrent notamment vers laFrance pour travailler dans de visibiliser le combat en dehors des sphères militantes les usines et les chemins de fer. Ces ouvriers, occupant spécialisées sur cette question. Ainsi, les histoires des métiers précaires que les « Français ne voulaient d’Adama Traoré et de Théo Luhaka sont racontées au plus faire », font venir leurs familles par le biais grand public. Idem au Canada, le mouvement Black de la politique du regroupement familial et s’installent Lives Matter permet à l’opinion publique de se saisir en France dans des conditions exécrables : foyers pour du débat sur les violences policières suite à l’assassinat travailleurs, bidonvillespuis cités-dortoirs etbarres HLM du somalien Abdirahman Abdi en 2016. insalubres. Cette précarité que les revendications des Noir·e·s du Nord soient similaires. En France, au Canada et aux États-Unis, le mouvement dénonce les crimes policiers qui qui s’observe autant dans le domaine du travail que C’est pourquoi ces minorités En France, le mouvement contre les violences policières dans les conditions de vie rappellent que l’émancipation est portée par des femmes, est transmise de génération en génération. Comme de la communauté ne se fera pas au souvent les sœurs des victimes. C’est le cas notamment de Assa le dénoncent les mouvements détriment des droits des minorités Traoré, grande sœur d’Adama, antiracistes, plusieurs enquêtes prouvent que les personnes sexuelles et de genre. La victoire ne ou encore deRamata Dieng, qui se bat depuis plusieurs années noires et non-blanches font se fera pas sans nous, ni contre nous. pour obtenir vérité et justice l’objet de discriminations pour son petit frère Lamine. Aux systémiques au logement, à l’école, au travail, dans côtés des hommes, les femmes mais aussi les minorités l’administration et dans l’espace public (contrôles sexuelleset degenre sont partie prenante à lalutte, alors abusifs et violences policières). Ainsi, la militante Fania même que les hommes sont les principales victimes Noël, dans Afro-communautaire, préconise que le plancher de ces crimes. Cette place qu’occupent les personnes collant, celui de la précarité, l’exploitation, l’exclusion, queers et trans dans ces luttes revêt de son l’enfermement et laprivation, doit être lepoint dedépart importance dans la mesure où cette population desmobilisations politiques. «C’est en faisant partir nos est souvent invisibilisée quand elle n’est pas exclue analyses et nos luttes des marges que nous arriverons de la communauté. C’est pourquoi ces minorités aux mobilisations des masses remettant réellement en rappellent que l’émancipation de la communauté ne se question le système et que nous ouvrirons la voie à un fera pas au détriment des droits des minorités sexuelles changement radical de société ». et de genre 1 . La victoire ne se fera pas sans nous, ni contre nous. Alors que lemouvement antiraciste fermait III – Notre futur: Afroféminisme, les yeux sur cette frange de la communauté, Ramata panafricanisme ethotepies révolutionnaires Dieng etAssa Traoré ont pris le parti de saluer le travail

Si nous avons compris que ce plancher collant tire les violences policières sur le média du collectif panson fondement de l’esclavage, iln’est donc pas étonnant afro-révolutionnaire Cases Rebelles 2 . des militant·e·s queers et trans dans les luttes contre

1 2 Dawud Bumaye, L’apport des féministes postcoloniales et des queers racisés aux mouvements antiracistes en France, Université Paris 8, 14 mars 2018. « Quand les combats s’articulent: Ramata Dieng et Assa Traoré à propos de la place des personnes et groupes queer et trans dans la

Illustration : Lina Abazine

Lors de la Queer Week 2018, la militante afroféministe et panafricaine Fania Noël explique : « notre organisation afroféministe est une organisation dans le mouvement noir et non pas une organisation noire dans le mouvement féministe ». Cette pensée est partagée par bon nombre de militantes noires qui assument la double casquette afroféministe et panafricaniste. À la rencontre du 10 mars, Fania Noël en dit plus sur le panafricanisme : « c’est le rêve de la diaspora, celui du retour au pays ». Elle conclut la rencontre par ces mots : « ça ne peut pas être la fin du monde, car notre monde n’est pas encore advenu ». Lepanafricanisme représente donc lerêve d’unretour au pays natal, sur cesterres où lesNoir·e·s sont majoritaires dans leurs espaces et où leurs États sont indépendants et unis. Le panafricanisme est la réponse apportée à la domination coloniale et à la négrophobie globale. Seules une unité et une organisation noire permettront aux Noir·e·s de s’émanciper.

Ce retour doit être organisé vers desÉtats libres etréellement indépendants, émancipés du colonialisme, de l’impérialisme et du capitalisme. L’hotepie 1 ne peut être que révolutionnaire. Révolutionnaire dans son programme politique mais également dans son énergie collective. Cette même énergie qui nous transcende depuis des siècles pour nous maintenir vivant·e·s et uni·e·s où que nous soyons dans le monde. Il faut toujours se rappeler que latraite des Noir·e·s a divisé une même population du même espace géographique, l’Atlantique sépare les Africain·e·s et les Afrodescendant·e·s. L’esclavage a disloqué des familles, l’esclave propriété dumaître pouvait être vendu à tout moment à d’autres propriétaires. La colonisation a redistribué des territoires, encore divisé des peuples avec des frontières créées de toute pièce par les colons, et réécrit notre Histoire. Malgré cela, nous n’avons jamais oublié qui noussommes etd’où nousvenons. N’est-ce pas Harriet Tubman qui, guidée par son amour et son humanité, après avoir gagné sa liberté, a pris le risque de revenir sur ses pas pour libérer les siens ?

Si nous nous sentons concerné·e·s par ce qui touche n’importe quel Noir·e au bout du monde, c’est parce que nous sommes lié·e·s par unehistoire commune. Nous avons subi dessiècles d’esclavage, de génocide, de colonialisme parce que nous sommes Noir·e·s. Pourtant, malgré cela, notre amour de nous-mêmes et des nôtres nous a permis de survivre. Nous ne devons notre réussite d’aujourd’hui qu’à nous-mêmes. Et celles de demain se feront ensemble, vers un même horizon.

lutte », juillet 2019. URL: https://www.cases-rebelles.org/quand-les-combats-s-articulent-ramata-dieng-et-assa-traore-a-propos-de-laplace-des-soutiens-queer-et-trans/ 1 Hotepie est un néologisme composé des mots hotep et utopie. Hotep est une expression qui peut être traduite par « être en paix». J’ai créé ce néologisme à l’occasion de ce numéro d’AssiégéEs afin de marquer lacouleur d’une utopie panafricaniste. C’est aussi une manière de dire à la communauté noire, « soyez en paix, notre idéal se réalisera».

This article is from: