Opus 1

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Opus 1 : Le Risque Alpha On entend beaucoup de chose sur le risque alpha, néanmoins le sentiment général qui en ressort est que ce risque génère beaucoup de confusion, et les commentaires qui sont fait sur ce sujet bien particulier n'apportent que très peu d'éclairage utile au commun des mortels. Le discours est très convenu, et reste d'un formalisme, évidemment non vulgarisé, qui n'a d'autre vertu que de tenir à l'écart les curieux devant la complexité du sujet. Complexité ne veut pas dire inaccessibilité pour un néophyte, cela demande juste quelques prérequis, pour en comprendre la véritable substance, et les énormes conséquences que ce sujet impliquent. Je me propose donc, de développer ce thème de la manière la plus simple possible, pour apporter un éclairage compréhensible, afin que le plus grand nombre puisse l'apprécier à sa juste mesure. C'est dans cette mesure, qu'un certain nombre de questions mériteront d'être posées, et d'expérience je peux vous dire que ce sont des questions qui fâchent, et pour lesquels le lobby de l'atome et son réseau institutionnel est prêt à mettre des moyens considérables pour imposer un véto. Afin que ce sujet ne soit pas trop lourd à digérer, je vais le développer en plusieurs opus assez court.

D'où provient le risque alpha. Toute manipulation du combustible nucléaire sous quelque forme que ce soit génère potentiellement un risque alpha. En centrale nucléaire, essentiellement, le risque alpha est la conséquence des ruptures de gaines de combustible, qui entraîne une contamination de tout ce qui est en contact avec le circuit primaire, pour peu qu'il n'y ait pas de porosité entre le circuit primaire et le circuit secondaire. Toute personne intervenant sur le circuit primaire est donc susceptible d'être exposé à une contamination alpha. Pourquoi, alors que de nombreux échantillons montrent des traces de contaminations alpha, si peu d’échantillons n’influent pas sur la dosimétrie du personnel ? Pour comprendre cette question, il faut comprendre tout d’abord le pourquoi d’une analyse alpha, son principe, et le développement dosimétrique post analyse.

Le pourquoi d’une analyse alpha. Contrairement à l’idée que le public peut se faire de la question, il faut savoir que plus une particule à un pouvoir ionisant fort, moins son rayonnement ne parcoure de distance. Une particule alpha émet un rayonnement très énergisant ce qui lui permet d’interagir avec toute autre particule à proximité. La désintégration alpha émet un rayonnement de très courte distance dans l’air et encore moins dans la matière. Une simple épaisseur de feuille de papier ou la peau suffit pour arrêter le rayonnement alpha. Il est donc très facile de se protéger de son pouvoir ionisant. La peau étant constituée de cellules mortes, le rayonnement n’a pas d’impact significatif sur celle-ci, par contre, lorsque cette particule est inhalée ou ingérée il n’en n’est pas de même. Pour arriver à visualiser l’impact d’une particule alpha dans l’organisme, le meilleur moyen est d’imaginer un minuscule point chaud brûlant qui se déplace dans l’organisme et brule tout ce quoi avec qui il entre en contact. Une particularité des particules alpha est qu’elles ont des périodes radioactives (temps nécessaire pour que l’activité diminue de moitié) qui dépassent de très loin l’espérance de vie humaine, donc si elles viennent à se fixer sur un organe elles génèreront des incidences radiologiques à vie, mais aussi toxicologiques car l’uranium, en particulier, peut impacter dangereusement le bon fonctionnement des reins. C’est pourquoi il est tout particulièrement important que soit identifié un chantier à risque alpha dans les installations et que les modalités des suivis médicaux des travailleurs soient adaptés et rigoureux. Si le risque alpha n’est pas envisagé, les précautions pour l’identifier ne pourront pas être mises en œuvre, la contamination ne sera pas détectée rapidement, ou alors détectée par effet de prélèvement différé trop en aval de la date de contamination, ce qui en soit n’est plus vraiment représentatif des conditions de réelles de la contamination initiale et peut fausser considérablement l’approche dosimétrique.


Pourquoi ? Si une personne se contamine en alpha et qu’il n’est pas détecté à temps, les fines particules vont se loger dans le corps, le poumon étant l'organe le plus exposé, elles y resteront bloquées continuant ainsi à irradier les cellules, ces particules étant particulièrement insolubles en milieu neutre, leur évacuation métabolique est lente, quand celle-ci est possible. Mais comme la mesure alpha ne peut être détectée par une mesure directe in vivo (portique, dosimètre, ou anthropogammamétrie) du fait de son rayonnement de très courte distance, elle ne pourra être détectée qu’à postériori et uniquement dans le cas où le médecin prescrit une analyse radiotoxicologique sur des échantillons biologiques. Encore faut-il regarder de près ce que le médecin considère comme indicateurs légitimes motivant une recherche alpha, et que l’interprétation du résultat soit pertinente. Si la contamination n’est pas détectée, non seulement les particules radioactives continuent d’irradier les poumons, mais cela signifie que la personne peut travailler sur un chantier où le risque alpha est non identifié, ainsi l’intervenant jour après jour peut continuer à se contaminer et ainsi cumuler au cours du temps une dose significative qui ne pourra jamais être détectée par les appareils de mesures des installations nucléaires. Le détriment causé par une irradiation répétée à faible dose ne provoque pas une maladie immédiate, un cancer peut mettre plusieurs années avant de se déclencher, donc la relation de cause à effet n’est pas évidente et est un argument largement utilisé pour critiquer des positionnements qualifiés d’alarmistes. C’est un peu comme les dosimètres passifs qui sont relevés tous les mois où le film ne témoigne pas d’irradiation, mais est-ce que cela veut dire pour autant qu’il n’y a rien ? Il est apparu que des dosimètres actifs ont été oubliés dans des zones réputées propres, ceux-ci ont été relevés après deux mois, et là surprise, le film témoigne d’une activité. Cela est simplement dû à la sensibilité du film, il faut un certain cumul de rayonnement pour que celui-ci devienne interprétable, un film non insolé, ne veut pas dire qu’il n’y a rien, c’est juste qu’un mois, c’est trop court pour atteindre le seuil de sensibilité du film. Par contre au bout de deux mois, le cumul d’activité est devenu assez conséquent pour que celui-ci devienne apparent sur le film. Il apparaît que parfois des faibles activités ne sont pas appréciées à leurs justes valeurs, simplement du fait d’une contrainte administrative. Le manque de preuve devient ainsi une preuve de manque. Aux vues de ce que je vous ai expliqué plus en amont, vous comprendrez que ce sujet, mérite autre chose qu’un rapide survole pour le cas des alphas, vu la dangerosité qu’ils représentent en cas de contaminations. Si dans le cas des rayonnements béta et gamma, l’on peut s’en protéger en réduisant le temps d’exposition, ou en plaçant des écrans de protection, dans le cas des alphas une fois intégrés à l’organisme, on ne peut plus rien faire, et les très faibles activités au cours du temps se transforment en doses significatives, encore faut-il savoir les apprécier. Il apparaît très vite que, pour parer à ce problème, les effets de « com » et certaines mesures administratives interfèrent pour se substituer à une approche scientifique et médicale.

A suivre .....


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