juin 2014 Le guide gratuit des sorties Ă La RĂŠunion
ÉDITO Langues pendues, langues perdues «L’être humain a perdu la valeur sacrée du langage.» Stéphane Gilles ne mâche pas ses mots. Artiste réunionnais, il appartient à ces explorateurs de mythologies qui, comme Kid Kréol & Boogie, tentent de raconter l’histoire des âmes silencieuses qui peuplent notre île. Il considère qu’une image, une parole, ont le pouvoir de créer un monde pour de vrai. À ce titre, c’est un sorcier, puisque la magie n’est rien d’autre, depuis l’invention du monde, que la faculté de manipuler le réel, de révéler l’invisible avec des mots et des histoires. Ce numéro est donc peuplé de sorciers. Sergio Grondin, qui nous conte chaque mois avec fougue La Réunion d’aujourd’hui ; Stéphane Gilles qui en observe les fantômes ; ou Sébastien Barrier, qui lors du dernier Tempo a fait irruption dans notre quotidien avec sa gouaille imprudente, en mettant ses grosses pattes dans nos petites histoires, avec la maladresse d’un apprenti magicien irréfléchi ne soupçonnant pas la puissance de ses formules quand il invoque les spectres de nos identités. Des mots, des fictions, des images, par définition, nous ne sommes que ça. Imprimés chaque mois dans l’espoir qu’ils soient lus, regardés, et qu’ils fassent naître en vous des envies, des idées, des rires ou de belles ires. Des mots que nous ajoutons religieusement à un rythme mensuel au grand bavardage qui vous entoure, et qui souvent vous saoûle, mais dans lesquels nous prenons soin de mettre toujours un petit supplément d’âme. A priori c’est pas sorcier, mais dans un contexte où la presse traine la patte et peine à survivre, il faut plus d’un tour dans son sac pour accomplir ce prodige ! Vous allez me dire, on se paye de mots. Vous n’aurez pas tout à fait tort. Nous vous souhaitons encore une fois autant de plaisir à lire ce magazine que nous en prenons à le fabriquer. Et si c’est le cas, alors le tour sera joué.
C’est le nombre de personnes qui ont assisté au Sakifo cette année. On en était. P.10
C’est l’âge qu’aura bientôt le premier album de Renaud, prétexte à une avalanche d’hommages. Le plus joli peut-être, le plus désintéressé sûrement, est né à La Réunion. P.6
C’est le nombre de chansons gravées sur le premier EP de Saodaj’. P.8
Abracadabra : bisou ! L’Azenda N°97 de juin 2014
Mensuel culturel gratuit. Liste des points de distribution du magazine disponible sur www.azenda.re
L’EQUIPE
Directeur de la publication : Sandrick ROMY Chargée de clientèle : Davina Robert Rédacteur en chef : François GAERTNER Directeur artistique : Freddy LECLERC Rédacteurs : Isabelle Kichenin, Nicolas MILLET, Aurore LE BOURDON, François Manificat Relecture : Big Bémol et Zookie Illustrations : Freddy Leclerc, CleIII Striano Comptabilité : Isabelle MALENS Impression : Scanner
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L’éditeur décline toute responsabilité quant aux erreurs éventuelles. Contactez les lieux avant de vous y rendre pour confirmer que l’information annoncée est toujours bonne. Quel que soit le procédé, toute reproduction intégrale ou partielle des pages, informations, visuels, publiés tant dans la présente publication que sur le site internet www.azenda.re, est interdite.
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«Ça fait 20 ans qu’il nous emmerde à gueuler partout qu’il faut faire la révolution mais la révolution au bout de 20 ans tu l’as faite ou t’en parles plus.»
©DR
Sébastien Barrier parle beaucoup, de tout, et notamment de vin dans un spectacle-dégustation intitulé Savoir enfin qui nous buvons. Rencontre grisée avec un ex-clown volubile. p.32
WHAT’S UP DOCK ?
Karl Hungus, brasseur de grooves analogiques le plus couru de La Réunion, lance au Kabardock une nouvelle soirée semestrielle dédiée à toute la black music. P.26
6 Actus / 14 Le Débrief / 16 Conteur à zéro / 18 Le Guide Micheline / 20 Sur le web / 21 Rendez-vous / 22 Musiques / 32 Théâtre / 46 Arts plastiques / 50 Nou Sa Va ! / 52 Agenda / 64 Expos / 66 À La Niche !
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VIGIPIRATE Le festival punk underground Rock à la Buse sort de l’ombre et envahit le Palaxa avec des ambitions nouvelles.
CORRIGÉ Joël Pommerat transpose l’œuvre de Collodi dans le présent dans une réécriture flippante de Pinocchio.
HANTÉ ! Stéphane Gilles cherche les traces des esclaves dans la maison Deybassins pour la Nuit d’Art de Pleine Lune.
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rapide tour d’horizon de l’actualité du mois
© DR
ACTU
TATATSSIN ! La célèbre onomatopée du chanteur énervant, effet de dramaturgie dans sa géniale odyssée marine (Dès que le vent soufflera), sert désormais de titre à un hommage libre et en ligne à l’œuvre du maître. Loubardement fomenté depuis La Réunion par un petit prince blond fan d’épopées mobylettes planqué sous le pseudonyme de Gérard Lambert, ce gentil siphonage rassemble une vingtaine d’artistes de la bonne chanson francophone, 6
à qui l’on a demandé de reprendre au débotté une perle du répertoire rénaldien. La Grande Sophie, Ludéal, les locaux Rit et Shoer’Eze et leurs camarades ont volontiers noué derrière leur nuque le fameux bandana rouge et se sont enfermés quelques heures dans leur home studio pour donner leur version personnelle, fidèle ou inventive. La Grande Sophie déroule les franglicismes marrants d’It is not because you are dans une version post-punk
naïve très 80’s ; le brillant Ludéal trempe son P’tit dèj blues dans un bol de classe mélancolie ; le Germain Peter Kröner donne d’En cloque une interprétation enrouée merveilleuse ; le grand Rit (photo) engouffre son banjo et ses ambiances western dans les désillusions de Triviale Poursuite avec une justesse qui flingue sur place ; et le rappeur Shor’éze flanqué de sa complice Aska accomplit l’exploit de trouver une formulation rap au monument de tendresse qu’est Chanson pour Pierrot. Alors que s’approche le 40e anniversaire d’Amoureux de Paname, premier album de Renaud, Gérard Lambert dégaine le premier d’un coup de clé à molette amoureux et éclate d’avance les hommages commerciaux qui ne tarderont pas à tenter de râcler de la thune au fond du catalogue avec des disques prétextes. Merci !
© Marie Trouvé
Téléscope Speeder Man La Réunion dispose décidément d’un vivier métalleux à la fois appliqué et motivé, qui continue d’enregistrer et sortir des disques régulièrement malgré l’absence de débouchés et l’indifférence totale de la plupart des programmateurs locaux. Ainsi, récemment, le trio Aeon Patronist a sorti Through the paths of delusion, LP solide et impitoyable dans les règles de l’art. Plus tôt dans l’année, le quatuor familial Black Babouk a réconcilié les riffs rageurs de la discipline vieille école (ça sonne très Metallica) avec la tradition locale du cassage le kui et les mots du créole, et le résultat est à la fois redoutablement carré, drôle et délicieusement endémique. Si vous ne les connaissez pas encore, allez donc jeter une oreille au travail valeureux de ces deux groupes sur Facebook : «Aeon Patronist» & «Black Babouk».
illustration : CLEIII Striano - Constellation
L’actualité de la galaxie Constellation.
Vacances constellées
Constellation propose une nouvelle semaine de vacances du 04 au 07 juillet. Au centre-ville de Saint-Denis, le centre de loisirs est ouvert aux 6-12 ans. 5 jours à jouer, à bricoler, à nager, à imaginer, à lire ou à créer. Tarifs et inscriptions à ici@constellation.re
FIN DE LA RÉCRÉ La cloche a sonné pour les Recréateurs ! Seul véritable rade à brigands du chef-lieu, l’immense bar de l’ancienne gare routière va fermer ses portes ce mois-ci, pour de bon semble-t-il : les propriétaires s’envoleront bientôt pour pour un trip discrétos en minivan sur les petites routes mal surveillées de la lointaine Europe. Pour l’heure, difficile de dire ce qu’il adviendra du bâtiment, mais il paraît certain qu’on n’y retrouvera plus ce mélange de je-m’en-foutisme rugueux et d’ouverture décontractée qui faisait tout le charme de l’établissement, pour le meilleur et pour le pire.
Néon
Promenades nocturnes et sonores avec Alfred Spirli. Musicien insolite et rare, Alfred ponctue les sons de la ville dans les rues de Saint-Denis. Rendez-vous au 48 Rue Sainte-Marie. Mardi 04 Juin et Mercredi 05 Juin à 20h30. 7
ACTU
rapide tour d’horizon de l’actualité du mois
Saodaj’ nous taquine l’âme Révélation de la scène maloya fusion actuelle, le quintette Saodaj’ sort un premier EP plein de bifurcations et de jolies promesses.
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n’goni et d’un tama, défriche des territoires Au tout début, ils jouaient tard dans jusque-là inconnus en terre musicale créole. la nuit dans le mythique Kabar Boissy. On avait des frissons. Puis ils ont fait la tournée Démarrant par l’efficace et enivrant Out’ des bars. Ils ont retourné la plupart d’entre po, où le didgeridoo d’Anthony Séry fait eux. Ensuite, le Séchoir les a invités à faire des merveilles, l’album se poursuit par une résidence. Le son s’affine, Laurence L’amour oublié dans lequel le chant Courounadin-Mouny arrive au chant, on rediphonique est remarquable et frissonne. Et l’an passé, ils créent 5/8, qui commence comme Breizh Kabar avec Firmin Viry une ballade maloyenne et la Kevrenn Alré, un curieux l’album propose pour s’achever dans mélange alliant maloya un fort enracinement un maloya pur et dur. et musique bretonne. La chanson Vwayazèr Aujourd’hui, la bande de dans le maloya en lui a, quant à elle, des Marie Lanfroy sort son donnant pourtant un accents qu’on imagine premier EP. On attendait indéniable renouveau d’Inde ou médiévaux. Les cela depuis longtemps. Et voix masculines ne sont nous n’avons pas été déçus. pas absentes de l’opus puisque l’excellent Jonathan Itéma propose, avec Présenté lors d’un concert de lancement au Fièrté, un vrai maloya qui fait danser, puis Zinzin, l’album éponyme a reçu un accueil pleurer... Le dernier morceau de l’EP, L’or particulièrement chaleureux de la part de la riant, fait enfin, en sept splendides minutes, centaine de spectateurs présents. Inspiré, des incursions vers une transe presque le quintet a proposé un set impeccable, électro. Au final, quarante minutes de plaisir aux arrangements percussifs splendides, parfait pour les oreilles et l’âme. soutenant la voix de Marie Lanfroy, charismatique. à l’écoute, le premier EP de Saodaj’ retranscrit parfaitement cette belle énergie. Enregistré sous la houlette du studio Box Records, après une recherche de fonds sur un site de financement collaboratif, l’album propose un fort enracinement dans le maloya en lui donnant pourtant un indéniable renouveau. Métissé, voyageur, et aérien, le maloya nomade de Saodaj’, en se nourrissant – en plus des instruments réunionnais traditionnels – d’un didgeridoo, d’un kamele Texte & Photo : Nicolas Millet
musique
SAKIFO 2014
L’Odyssée, la viande et les frissons Trois jours de festival, le vent, la pluie, les orages électroniques et le tonnerre rock, ça laisse des traces, sous forme de cernes, de souvenirs et de mots. En voici quelques-uns pour vous raconter notre Sakifo.
vendredi
L’Odyssée
annoncera l’annulation de la soirée. C’était trop beau pour être vrai : pour la première fois depuis sa création, le Sakifo était assuré de parvenir à l’équilibre financier sur la base des préventes en billetterie et des recettes de bar escomptées.
Les animateurs, chez NRJ, sont choisis pour leur enthousiasme, pas pour leur clairvoyance. Rien n’entame leur optimisme : «Venez, ça va être une belle soirée !», lancent-ils du haut de leur plate-forme Mais il en va ainsi des voyages homériques, surélevée tandis que les bourrasques le caprice d’un dieu vient toujours contrarier commencent à faire trembler les plans sereins du héros malmené. dangereusement les structures Ulysse croyant tenir son cap vers Venez, des stands partenaires, où le Ithaque doit forcément essuyer millier de personnes qui a déjà une tempête qui l’échoue sur ça va être franchi les portes est venu se des rivages incertains et pleins une belle mettre à l’abri de la pluie. de pièges, où son astuce sera soirée ! mise à l’épreuve. Et comme Jérôme Galabert, solitaire, fend Ulysse, Jérôme Galabert sort l’averse vêtu de noir trempé, le menton toujours de l’adversité avec malice et planté dans la poitrine, les cheveux plaqués un certain panache. Il galvanise l’équipage, en arrière. Il traverse le site en entier, rapide. convainc M de prolonger son séjour pour Il a sans doute déjà pris sa décision. Dans sauver la fête : le concert aura bien lieu, le quelques minutes, pour éviter l’accident, il surlendemain. 10
© Cedric Mezino
samedi
La Viande Serré contre les épaules de voisins qui comme nous se tiennent sur la pointe des pieds, la nuque en extension, à des dizaines de mètres d’une scène lointaine, nous nous demandons pourquoi, au fond, des milliers de personnes se déplacent pour voir des musiciens dans un festival. Pour sentir des corps. Pour apercevoir au loin le filiforme Stromae en vrai, en chair et en os. Et c’est ça qui est passionnant dans les concerts : la viande. Sa masse effrayante dans le public, et sur scène sa sueur, ses cris, sa danse, sa sexualité formidable.
Lassés d’être trop loin pour palper cette merveilleuse bidoche, nous quittons la grandmesse pour les à-côtés. Bonne idée : sur la petite scène montée sur la plage, le Canadien Rich Aucoin donne à notre théorie un cas d’étude concret. Entre le prédicateur fou et le G.O. du Club Med, en nage, à portée de paluche, il harangue le dancefloor, cherche sans cesse le contact, saute dans le public, vous embrasse, monte sur l’un, bouscule l’autre, rassemble tout le monde pour des mêlées sportives invraisemblables, et donne au Sakifo l’un des plus beaux moments de communion.
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musique
SAKIFO 2014
monte jusqu’au final énorme d’un concert Surprise aussi de découvrir la réalité volontiers hédoniste, tandis que sur la scène sensuelle Nasser, en contradiction totale avec Filaos, l’Indienne Shair excite des l’image froide d’un groupe électropremiers rangs fiévreux. Ici, le rock très mode, minimaliste et austère. Le batteur-chanteur il harangue le ventre est plat et nu, montre sa perfection jusqu’à stylé qui pose toujours sur dancefloor, cherche la limite des seins, les photos figé comme sans cesse le contact, simplement couverts une icône mince du d’un t-shirt transformé graphisme suisse offre saute dans le public, en brassière aguicheuse en live une enveloppe vous embrasse, monte par la magie d’un rapide dodue ficelée par des sur l’un, bouscule coup de ciseaux. Mallarmé bretelles qui contiennent l’autre... avait peut-être lu tous les mal sa grande carcasse livres, mais s’il avait vu tous ces d’ogre jouisseur. Et vas-y que ça lives, il n’aurait jamais écrit que la chair est s’envoie des lampées de Jack Daniel’s entre triste - et la Shair encore moins. les morceaux, que ça ouvre les bras en grand pour faire l’amour à la foule dont la passion
dimanche
© Cedric Mezino
Les Frissons
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Ils traversent la moelle épinière et s’agitent jusqu’au bout de chaque membre, les frissons, comme une ligne de poudre. Quand, par exemple, Warfield et Lindigo arrivent sur scène et qu’ils balancent leur métaloya puissant, que les caissons de basse font vibrer la cage thoracique jusqu’à la chair de poule. Que ça tape dans la tête ou que ça tape dans le cœur. Boum, boum, swizz. Le swizz, c’est le frisson qui suit la descente de kayamb de Lindigo après la ligne de basse abrasive de Warfied. Boum, boum, swizz. La Poudrière porte bien son nom.
© Cedric Mezino
Et puis il y a eu M, l’immense M, dont La veille, Success l’avait enflammée grâce à l’élégance à décaler son concert et à sauver la puissance scénique de son leader. Alors la fête remue les tripes. D’autant que plus forcément, le dimanche, on en veut encore. de deux heures durant, il a offert un On veut que ça picote, que ça pète show épatant, gorgé jusqu’à la dans les synapses. On veut faire plaisir à l’épiderme. Le faire un show épatant, gueule d’effets électroniques d’une technicité folle vivre, parce qu’on n’a eu gorgé jusqu’à la et grisante. Rarement que deux petits jours. Alors gueule d’effets trio aura donné autant on file au reggae roots de d’énergie, dans un set Ti Rat, qui sait mieux que électroniques d’une où l’on vit, pêle-mêle, une personne régler le frisson technicité folle et petite fille de quatre ans et de ses contemporains. grisante demi, deux faux artistes et un Métronome rastafari. Tandis vrai, une guitare sans corde, une qu’au loin Kassav galvanise la basse qui fait synthé, et un sens inouï de foule avec son zouk médicament. Les poils la scène. Et surtout, comme disait le grand se redressent, parce que ces gens, à Miami Hugo, Mathieu Chédid a tiré dimanche soir l’avant-veille et à Paris la veille, ont presque « des frissons de la chair et des rêves de parcouru la moitié de la Terre pour venir l’âme ». nous voir.
FG & NM 13
le débrief
on y était, on vous raconte
Danse Péi Printemps pourri Y a plus de saison
ELECTROPICALES Saturday night fever
«Oté ! Bé kosa sa ?» La dame qui pensait traverser tranquille le petit parc de la mairie de Saint-Paul hallucine. Attirée par le bruit, elle s’est approchée du bâtiment, et c’est là qu’elle les a vues. Blanches, plates : les fesses de Gaëtan Bulourde. Attifé en parodie de sachem, son corps peint de motifs fluo, il fait de petits pas de danse maladroits tandis qu’une voix monocorde déroule une description sur le ton mou d’un documentaire ethnographique. C’est absurde. Je ne sais toujours pas si c’est de la danse, et je ne suis pas sûr d’avoir compris le lien avec Le Sacre du Printemps, que l’on tente ici de relire, n’était-ce dans l’iconoclastie. Toujours estil que j’ai beaucoup ri, et salue l’audace de Danse Péi : présenter, en plein jour, cette farce sur les marches de l’hôtel de ville…. parenthèse sourire dans un festival très réussi qu’il serait injuste de résumer à ce postérieur et où, il faut le dire, les propositions brillent le plus souvent par leur force poétique.
N’ayant plus 20 ans, j’ai rassemblé mes forces pour une seule soirée aux Électropicales, et c’est le samedi qui a gagné, la faute à Spitzer et Vitalic. Je ne m’attendais donc pas à sentir mon oreille frétiller dès mon arrivée au son de Do-Moon, que je ne prévoyais pas d’écouter particulièrement. Grossière erreur, car les deux DJs ont ambiancé le stade Champ Fleuri avec justesse. Et alors que la soirée s’annonçait merveilleuse, Cream Cracker est arrivé. Redescente vertigineuse : c’est monotone et je m’ennuie sévère. Heureusement, c’est bientôt le tour des Spitzer. A l’image de leur album The Call, leur style n’est certes pas le plus gai de la soirée, mais il est pointu, envoûtant, rockeux pour certains morceaux : je valide à 300%. Le très attendu Vitalic a pour sa part envoyé un live très dansant, idéal en festoche, totalement raccord avec l’humeur globale du public, pas hyper nombreux mais très en forme. Je n’ai pas vu les deux dernières heures passer, et c’est la techno un peu véner de Scan X qui me ramène à la réalité : il est temps pour moi de rentrer !
Samedi 17 mai / Mairie de Saint-Paul
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françois G.
Samedi 17 mai / Champ Fleuri
aurore
WWW.KABARDOCK.COM
sergio grondin fait des histoires
illustration : CLEIII Striano - Constellation
CONTEUR À ZÉRO
Glair Épais
Un anarchiste en Super 5, des voitures-sono, une étincelle et flambe la joie !
Il arrive qu’on ait des idées, voire des idéaux, il arrive même que l’on ait des convictions, il arrive pourtant que l’on ne sache jamais dans quelle urne les glisser, ou dans quel discours ça irait. Aussi il arrive souvent que l’on n’ait aucune envie d’être un tribun, un convaincu, un forcené de la cause, un communiste, un va-t’en-guerre, un cravateux, un cravaché, bref ça arrive. Mais ce qui arrive encore, et bien plus souvent qu’on ne le croit, c’est que tapi dans notre petite zone d’idéologie temporaire, les pieds posés sur le confortable coussin de nos certitudes, on vienne quand même se faire emmerder. 16
Marc-André n’est pas de bonne humeur ce matin, il est à peine 7h et voilà déjà la fanfare municipale qui hurle à sa fenêtre. Voilà bientôt trois semaines que s’est installé le grand Cirque des Elections et depuis les clownsboucan paradent incessamment : « Votez Mariosamoussa po in lavnir plis pimanté», « Avec Zanklod Hiét la pi besoin ké ti inkiét ». Les voitures-sono crachent sans discontinuer la logorrhée municipale, les nez sont rouges et les ballons peuvent tourner. Et Marc-André, l’anarchiste, le seul de la circonscription, n’en peut plus. La semaine dernière, déjà harassé,
Il est 8h du soir, la sono du stade d’en face il avait contre-attaqué bien décidé à contrer vient de voler à Marc-André le reste du l’indigeste bile verbale qui se déversait sur le temps de tympan encore disponible dont il quartier. Sur sa R5 noire, repeinte juste pour disposait. De sa fenêtre, il peut apercevoir l’occasion, il avait accroché sa vieille paire le ventripotent candidat de la liste centriste d’enceintes Pioneer, héritée de son père, qui semble s’époumoner et souffrir d’une et s’était lancé dans la joute électorale, en toux bien grasse. « Qu’il crève » maugrée candidat libre. « Si les élections pouvaient Marc-André « et avec lui tous les cons du changer la vie, elles seraient interdites, et je centre et des alentours ». L’aurait-il entendu vous rappelle que Michel Onfray disait… » ? En tout les cas la véhémence du propos la R5 avait à peine dépassé le portail semble traverser le stade et frapper en qu’elle avait crevé, des quatre roues. « Des pleine poitrine le bedonnant candidat. Une broquettes, des broquettes » hurlait Marcquinte de toux soudaine éjecte alors un André « et nous voilà revenu au temps des glaireux argument, qui poussé par un vent Debré, des sinimagrées... Rien n’arrêtera ascendant, commun par temps d’élection, l’anarchie, je vous le promets, aussi sûr que vient frapper Marc-André en plein lobe dieu et dieu font trois ! » Et Marc-André était frontal. « Par Bakounine » peste Marc-André rentré le poing levé, pétaradant, pendant « il faut tout brûler ». Et le voilà qui récupère que l’opposition - laquelle ? on ne le sut les clés de la R5, peut-être démarrera jamais - enflammait la vieille R5 restée sans t-elle encore, bien décidé à pourfendre surveillance. Acte qui n’eut pour réel effet, l’imposture politique d’un vigoureux coup hormis la fonte du goudron municipal de pare-choc salutaire. Et contre depuis gracieusement gravillonné toute attente, semblant prendre par la mairie, que de raviver conscience de l’importance en lui le feu déjà brûlant de Votez de sa mission, voilà la l’anarchie. Mariosamoussa Bakounine-car qui retrouve po in lavnir l’étincelle révolutionnaire. Les idées des autres ont plis pimanté Etincelle qui rencontre une ceci de particulier qu’elles traînée d’essence volatile et qui leur appartiennent, et que file, bras-dessus bras-dessous, vivre souvent ils feraient tout aussi bien une histoire enflammée dans le réservoir. de se les garder. Fussent-ils remplis de Réservoir qui devant tant de passion se générosité. Le principal problème des porteurs sent littéralement exploser d’émotion. Et « d’idéaux sous cellophane », comme celui que flambent les certitudes, les lois, les des vendeurs de « cause à défendre prêtes à arguments, les dogmes. Et Marc-André, cuire et emballées » c’est la pugnacité. Il n’est brûlé-vif. jamais aisé de s’en défaire et aucun de ces convaincus-de-vous-convaincre ne se laissera Marc-André qui s’éteint, deux heures après jamais fermer la porte au nez. Un seul conseil sa mort. valable en ce cas : ouvrez et frappez ! 17
Les lieux où aller, par Micheline Le Bonbec
illustration : CLEIII Striano - Constellation
Le guide Micheline
Pour dîner heureux, dînons cachés…
Au Saut de la Puce Un peu planqué, c’est le nouveau spot à ne pas louper pour un déj’ rapide et efficace (comprendre : bon et pas cher) ou pour une soirée en petit comité. Le Saut de la Puce, un nom qui va comme un gant à ce mini-restaurant tout vert, à la déco bistrot originale et à l’ambiance cosy. On apprécie les plats du jour simples toujours sympas : burger végé, steak de thon, filet mignon… et surtout les moules frites du jeudi soir (pensez à réserver car il n’y en a pas pour tout le monde !). Quant aux petites faims de l’apéro, elles seront mises KO avec la planche de charcuterie venue d’Espagne (patanegra, siouplé) ou les tartines - un peu trop petites pour s’en faire un véritable dîner. 16 rue Monseigneur de Beaumont à Saint-Denis. 02 62 31 27 23 Du lundi au vendredi - 11h30 à 14h30 et 18h à 22h. Facebook : «Le Saut De La Puce» 18
The place to déj’…
La Terrasse Les nutritionnistes sont unanimes : la pause du midi doit être un vrai moment de détente, sous peine de digestion douloureuse et autres symptômes d’endormissement. C’est pourquoi il est vivement conseillé d’aller déjeuner à La Terrasse. Déjà parce que le cadre est agréable, en extérieur et au milieu des cchamps de canne, et que l’on mange sur des sets en forme de vinyles.. Ensuite parce que la carte est très abordable et réussie (burger incontournable, croque-chèvre crémeux à souhait). Enfin, parce que Gérémy, le gérant, est un peu fou, et qu’il aura forcément une blague à vous faire entre deux conseils avisés sur les plats du jour. Et la bonne nouvelle, c’est qu’à partir de juin, La Terrasse ouvre aussi le vendredi soir en mode grillades et frites bonne franquette. 14 chemin de Ligne, Village Bienvenue, à Sainte-Marie. 06 92 64 22 02 Du lundi au vendredi - 8h à 18h. Facebook : «La Terrasse»
Idéal pour les gros estomacs…
Le Macaroni Vous avez fait la fête hier soir, et aujourd’hui ça pique ? Vous cherchez de quoi remplir votre estomac tout faible, sans pour autant céder à la tentation facile de Ronald, le clown maléfique ? Direction Villèle et la jolie terrasse ombragée du Macaroni. Au menu, une carte que l’on pourrait trouver fourre-tout, mais sur laquelle il est intéressant de se concentrer sur deux choses : l’escalope milanaise, certifiée par une copine italienne, et les pâtes aux cèpes et au foie gras, certifiées par moi-même. Alors que vous vous sentez défaillir, on vous apporte une assiette digne de Gargantua. C’est énorme et c’est surtout très miam. Petits appétits s’abstenir. Pour les autres, foncez ! 11 chemin des roses à Villèle (150 m après la chapelle pointue) 02 62 59 64 32 Du lundi au samedi midi et soir
sur le web
WWW.AZENDA.RE L’actu culturelle à La Réunion, en continu
Vous n’en avez pas marre à la fin des histoires de requins ? Dans le cadre de la semaine de la pop philosophie, l’artiste Jean-Baptiste Farkas a présenté en mai une conférence sur la figure du requin dans le cinéma de genre, et proposé une manière originale d’aborder le sujet que nous remâchons constamment depuis le début de la «crise». Entretien.
Pourquoi Findlay est-elle une rock star en puissance ? La jeune Anglaise et son rock moite étaient l’une des plus belles découvertes du dernier Sakifo. Nous l’avons rencontrée pour vous avant qu’elle ne devienne trop célèbre pour accepter une interview.
MAQ kézako ? Les casinos ne sont pas que des lieux où l’on vient jouer son salaire pour l’espoir d’un banco. Via le dispositif Manifestation Artistique de Qualité, ils sont aussi l’une des plus grosses sources de financement des festivals réunionnais. Explications. 20
Krapo Lazer, sérieux mais c’est quoi ce nom ? Sympathisant anonyme mais remarquable du mouvement rock péi, comédien à ses heures, esthète métalleux, Krapo Lazer est l’une des plus fines plumes de notre belle île. Nous l’envoyons couvrir le festival Rock à la Buse fin juin pour ce qui sera sans nul doute un grand moment de poésie en prose.
Les réponses aux vraies questions sont sur www.azenda.re
Quel thème pour le nouvel Opus Pocus ? Le festival musical thématique met les cuivres à l’honneur pour une édition qui promet d’être festive : les légendaires Skatalites et l’incroyable Fred Wesley, compère tromboniste de James Brown, en sont les têtes d’affiche. Programmation complète et billetterie en ligne.
Rendez-vous
Rencontre au long cours, par Nicolas Millet
Elsa Dahmani Caméra au coeur
© Stephanie Cornfield
Vous l’avez peut-être croisée dans une soirée rythmée. Elsa Dahmani signe le premier clip de Christine Salem et danse souvent au premier rang des concerts de maloya. La réalisatrice tisse depuis quelques années des liens privilégiés avec La Réunion, l’île de sa grand-mère maternelle, qui lui inspire un premier long métrage en cours d’écriture. Rencontre chez elle, à Paris, à quelques jours du festival de Cannes où elle assistait à la projection du film de son père, Tony Gatlif, et poursuivait sa quête de producteur. à lire sur www.azenda.re
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À L’ABORDAGE ! Alerte vigipirate : le festival punk Rock à La Buse sort de l’underground avec le médiator entre les dents en prend d’assaut le Palaxa pour deux nuits d’émeute conviviale. Bienvenue dans la joyeuse galère du Do It Yourself péi.
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musique 27 & 28 juin 20h
Ro ck à l a Buse St-Denis
Palaxa
8€/12€ - Pass 2 jours : 15€
sans soutien des salles et des institutions Sur la page d’information Facebook en dépit de sollicitations régulières. Jusqu’à de Black Math, juvénile trio de garagistes cette année, où le Palaxa a répondu présent issus du turbulent underground de Durban, en proposant de coréaliser l’évènement. à la mention «Record label», on peut lire : Une prise de position qui coïncide avec une «hahaha». Ce rire désinvolte en dit long sur volonté de voir enfin la scène locale et ses l’état d’esprit d’une jeune mouvance rock évènements phares sortir des souterrains. qui sait très bien ne rien pouvoir attendre Gaël Mallet : «Ça fait quelque temps qu’on d’une industrie vampire, et qui s’en fout pas aimerait donner plus d’ampleur à ce festival, mal. Un rire qui préfère trouver sa place entre qui existe avec les moyens du bord depuis un vieil ampli et une grosse flaque de bière plusieurs années, on aimerait même parvenir sur une estrade de bar plutôt qu’au fond du à terme à faire venir des artistes de catalogue-cimetière d’une maison de Maurice et d’ailleurs pour monter disque. Un rire qui sera chez lui un vrai festival rock dans entre les murs du Palaxa lors c’est beaucoup l’Océan Indien.» de la prochaine édition du festival Rock à la Buse, moins cher de faire Pour l’heure, cette monté par un collectif venir des artistes nouvelle édition, sur d’associations réuniond’Afrique du Sud que deux soirs, avec 10 naises au premier rang de Métropole, et puis il groupes à l’affiche, doit desquelles la Ravine y a là-bas un vivier de encore fonctionner avec des Sables. des bouts de ficelles sur groupes incroyable un mode informel et bénévole Au gouvernail (avec : «On est d’abord une bande de d’autres) de cet esquif pirate et potes, on se croise au bar. Et le premier bordélique, Gaël Mallet, prof de francritère de sélection des groupes - qui sont çais-histoire géo, parle lui aussi de cet état tous d’un très bon niveau, hein - est qu’ils d’esprit Do It Yourself, mélange de farouche doivent accepter de jouer sans cachet garanindépendance et de pur pragmatisme : ti, parce que nous prenons des risques sans «Bien sûr, on veut garder le contrôle sur ce savoir si nous allons rentrer dans nos frais.» qu’on fait, on refuse de se vendre. Mais cet esprit vient aussi du fait que de toute façon, Mais avec des bouts de ficelles, on peut tout personne ne nous aide, donc si on veut faire de même tisser de belles choses, à commenavancer les choses, on est bien obligés d’y cer par ces liens qui se nouent doucement aller nous-mêmes…» avec la brûlante scène sud-africaine - d’où surgissent, donc, les tapageurs Black Math. Et ils y vont : depuis 8 ans, le festival rasAprès avoir fait tourner le trio de riot grrrrls semble le public rock réunionnais quasiment 23
Ro ck à l a Buse
© Zphotographe
musique
Premier export prévu, le quatuor noise KilKil allumées de Cortina Whiplash un peu partout partira en Afrique du Sud pour une tournée dans l’île au mois d’avril, La Ravine des et se payera même le luxe d’une escale sur Sables s’appuie sur le réseau sud-af de ces folles demoiselles pour prolonger l’énorme festival Oppikoppi en août prochain, accomplisdes échanges qui semblent désormais naturels : «On va sement inédit et riche en le premier promesses. En attendant, continuer de faire venir des ils seront en première groupes de là-bas, et pour critère de sélection plusieurs raisons. D’abord, des groupes est qu’ils ligne pour casser les amplis en toute c’est beaucoup moins cher doivent accepter de furieuse indépendance de faire venir des artistes jouer sans cachet d’Afrique du Sud que de sur la scène du Palaxa, garanti et tenter de prouver qu’un Métropole, et puis il y a là-bas festival 100% rock tendance un vivier de groupes incroyable punk, local et fabriqué d’une qu’on a découvert progressivement main tandis que l’autre tient bon la pinte, au gré de nos voyages personnels. Et puis le but aussi, c’est de pouvoir faire tourner des peut intéresser au-delà des fidèles piliers de comptoirs. groupes réunionnais chez eux.» FG
Programme
Vendredi 27 : Rocksteady Sporting Club / K.O.H / Riske Zéro / Pluto Crevé / Virus Eye Samedi 28 : Planck / Circle A / Warfield / KilKil / Black Math 24
RÉSERVATIONS À PARTIR DU 10 JUIN www.regionreunion.com
2014 / PHOTO © PRZEMEK DZIENIS / DESIGN GRAPHIQUE RÉMI ENGEL
SAISON AOÛT – DÉCEMBRE 2014
Š Freddy Leclerc
musique 13 juin 21h > 3h
What’s Up D o ck #1 Le Port
Kabardock
5€
Il est partout. Avec ses sets à base de perles analogiques de brocanteur, Karl Hugus est devenu en 3 ans le DJ tout terrain préféré des programmateurs de l’île. Avec quelques compagnons fouisseurs de black music, il lance au Kabardock un nouveau rendez-vous : les soirées What’s Up Dock ? Rencontre.
Il faut dire que ce trentenaire barbu et sym«Quand tu galères, quand l’ambiance pathique pratique la technique aristocratique ne prend pas, que les gens ne viennent pas du rare groove : parvenir à faire cramer la sur le dancefloor, il y en a un sur qui tu peux piste en exhumant des oubliettes de la black toujours compter, c’est James Brown.» Karl music de vieux morceaux méconnus que les Hungus a ses moments de faiblesse comme vrais, ceux qui ne trichent pas, vont tout le monde, et quand rien ne va, il chercher à la mano dans la poussait qu’il peut toujours compter sière qui s’accumule au fond sur l’increvable JB. Mais il y en a un des bacs de brocante. De la quand tout se déroule selon pépite introuvable de tonton le plan, il y a des chances sur qui tu peux que vous dansiez comme toujours compter, obsédé qui engloutit des mois de salaire pour remplir un furieux toute la soirée c’est James Brown des étagères de 45 et 33 avec votre smartphone en tours serrés comme les fesses mode Shazam levé devant vos Nicolas Sarkozy quand elles yeux comme un compteur geiger voient s’approcher les vilains dossiers pour tenter de capter les titres des qui leur collent à la peau. Et à ce jeu-là, à La mystérieuses bombes radioactives qu’il baRéunion, c’est lui le patron. lance avec son grand sourire secoué d’avant en arrière sur le rythme du beat. Et le plus souvent, Shazam ne connaît pas non plus. 27
J’ai toujours eu beaucoup de chance…
Résident de la Funky Terrasse des Récréateurs jusqu’à leur fermeture ce mois-ci, invité régulièrement dans tous les bars de l’île, il a aussi ramassé le budget Sakifo, où il squatte à la fois la scène sur la plage et le salon VIP, envahi à plusieurs reprises le Palaxa et plus récemment, il a noyauté le Kabardock, où il a fait la première partie de Wax Tailor, où il est désormais résident. «J’ai toujours eu beaucoup de chance…», dit-il simplement en rougissant un peu quand on lui fait remarquer que depuis son arrivée à La Réunion, il y a trois ans, il pique tous les boulots dans la place. «Rhô non faut pas dire ça ! Mais oui, disons ça se passe bien.»
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Et à partir de ce mois-ci, il organisera en plus dans la SMAC portoise une fête semestrielle baptisée What’s Up Dock ?, dédiée aux musiques noires, avec quatre copains et à chaque fois un invité de marque : «Ce qu’on voudrait réussir à faire, c’est proposer un univers complet, musical et visuel, cohérent. Le sous-titre de la soirée, c’est : ‘Musik noires krazé pilé’, et l’idée c’est de couvrir tout le spectre de la black music, funk, reggae, disco, afrobeat, Caraïbes, la totale. Les autres DJs sont Black Ben et Kwalud, et il y a un VJ, Pierre Moulin. Chaque fois, il y aura aussi un graffeur qui aura carte blanche pour faire ce qu’il veut et un invité spécial venu de l’extérieur. Pour la première, ce sera DJ Soulist, le
© Freddy Leclerc
créateur de la plus grosse soirée dédiée aux et de tourne-disques portables Ficher Price, pochettes de 45 tours collées aux murs, grooves noirs, funk, hip-hop et disco à Paris, la What The Funk. Ça fait plus de 10 matos ruineux, il passe vite d’un objet à un autre avec une ferveur qui ans qu’elle existe, ce qui pour ne fait que monter, et zappe ce genre de soirée est juste l’idée c’est inimaginable !» les morceaux toutes les de couvrir tout le 30 secondes : chaque Karl Hungus souffre son en amène un autre, spectre de la black chaque jaquette est plus clairement du syndrome music, funk, reggae, phénoménale, chaque du DJ. Quand il nous disco, afrobeat, raconte tout ça avec rareté plus précieuse. Caraïbes, la totale l’emportement caractéristique des passions dévorantes, Break impensable sur un vieux il est debout devant ses platines 45 tours de séga-disco, intro groove imparable sur une bande originale de film, dans la pièce qu’il a, chez lui, consacrée à la musique. Étagères chargées de galettes reprise méconnaissable de Summertime par 29
musique
What’s Up D o ck #1
un combo latino sorti de nulle part, voix soyeuse d’un obscur crooner du rocksteady, ambiance futuriste sur une collection de gimmicks enregistrée en 81 pour habiller des émissions de TV, rythme électro précurseur sur une BO de porno vintage : les pistes fusent dans le désordre au fil des associations d’idées, et il faut un moment pour voir qu’il y a, dans l’apparent désordre de l’accumulation, un fil directeur : plus c’est lointain, plus c’est inattendu, mieux c’est. «Le feeling, quand tu arrives à faire danser des gens sur une musique qu’ils ne connaissent pas, c’est hyper gratifiant !» C’est la quête sans fin du collectionneur, une besogne monstrueuse qui exige un dévouement total. Brasseur de métier, Karl Hungus passe 35 heures par semaine à faire couler la bière, et quand il débauche, il entame son 30
© Freddy Leclerc
Le feeling, quand tu arrives à faire danser des gens sur une musique qu’ils ne connaissent pas, c’est hyper gratifiant !
2e turbin : jusqu’à 35 heures de plus à trier des disques, construire des sets, et composer les instrus qu’il signe sous autre pseudonyme, Uli Kunkel. «Paid the cost to be the boss» : en son temps, dans un tube intitulé The Boss, James Brown chantait déjà qu’on ne devient pas le patron sans en payer le prix, celui du travail. Comme quoi, quand un journaliste a des moments de faiblesse, comme tout le monde, il peut toujours compter sur James Brown pour trouver une chute à son papier. FG
bénévoles, artenaires, p s, te is rt rs... rs, a Festivalie ociations, amateu de St-Leu ss a le il s, V technicien ival a retourné la e. st ll e fe b o t p e m se Leu Te e inten ne semain ôtés pendant u tous d’être à nos c istique ! us art Merci à vo nture humaine et e ave dans cett
Photo : La Meute sur Leu Tempo 2014 - crédit Jean noël eniLorAc
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théâtre Du 4 au 7 juin 19h
Savoir enfin qui nous buvons - Le Séchoir Piton St Leu
Le Séchoir
30€
Mr Vertigo Ex-clown logorrhéique, improvisateur brûlé de l’intérieur, infernal attachant : Sébastien Barrier est un trublion des arts de la rue et de la parole. C’est en plus l’un des meilleurs experts français des vertiges de l’ivresse, dont il parle dans un spectacle fleuve qui est aussi une dégustation de vins : Savoir enfin qui nous buvons. Pour comprendre d’abord avec qui nous allons boire, nous avons fait avec lui une rencontre dont voici le récit.
Une rencontre avec Sébastien Barrier est toujours une valse improvisée. Ou plutôt une bourrée. Enfin une danse à plusieurs vous voyez, une chose populaire et un peu bordélique où on s’attrape, on tourne, on se perd, on croise d’autres gens, on est contents de se retrouver, on rigole, on se retourne une seconde et on se reperd. Un peu comme dans la vie mais en plus rapide, comme si le temps essayait de rentrer tout entier dans un godet, comme si on versait toute la bouteille d’un coup à grand flot sans regarder. Quand ça s’arrête, le verre est vide, la bouteille est vide, il y a des taches rouges et furieuses comme dessinées par un calligraphe parkinsonien partout sur la table et on a le crâne rempli de désordre - pas vraiment de désordre non ; de fragments. Je le rencontre un soir au Tempo, où il est venu pour la première fois sans son costume 32
de clown. Terminé le ciré jaune et la boite de sardine sur la tête, enterré l’alias clownesque du Breton populo, ce Ronan Tablantec naïf et intempestif qui raconte sa vie et celle des autres en piochant au hasard dans sa valise les souvenirs accumulés au cours de ses années de bourlingue gitane, avec son barda fourré dans le coffre d’un vieux break Mercedes rafistolé comme un radeau de pirate à la dérive sur les routes départementales. Il arrive tel qu’il a joué l’après-midi même, sur la place de la mairie, avec son short informe d’où pointent longilignes ces guiboles d’albâtre imberbe qui signalent infailliblement le touriste, et ses bras grands braqués sur le guidon d’une vieille moto de postier qu’il a louée la veille et que, bien sûr, il conduit sans casque. Peut-être fume-t-il, même. En tout cas, sitôt garé l’engin, il s’en allume une. Et il me dit, sans ponctuation ou presque : «Ah c’est toi François d’accord super écoute tu
En l’attendant, saisi d’un doute, je révise mentalement ma géographie de Saint-Leu, constate qu’elle n’inclue pas de parc animalier, et quand il reparaît tout frais lavé, désormais vêtu d’une veste décontractée et d’une paire de discrets pantalons mais toujours sans casque et clope au bec, je demande : le zoo ? «C’est comme ça que j’appelle l’endroit où se retrouvent les artistes et le staff pour manger - comme ça aussi je pourrai manger j’ai faim - t’as mangé toi ?» Il est 20h30. Je lui réponds que non, mais que j’ai ramené une bouteille de vin et deux verres, parce que je voudrais qu’on parle du spectacle qu’il reviendra présenter en juin au Séchoir, Savoir enfin qui nous buvons, une dégustation commentée et largement improvisée qui peut durer, les grands soirs, plus de cinq heures. Il me coupe : «Ah mais tu sais je ne bois plus du tout de vin quand je ne sais pas qui l’a fait c’est justement tout le sujet du spectacle où je parle des petits producteurs de vin naturel sans ajouts de produits chimiques et c’est aussi tout l’enjeu du titre qui parle de QUI nous buvons et pas de CE QUE nous buvons mais dis donc c’est gentil ça de ramener
du vin tiens c’est la première fois qu’on me fait ça donc je vais quand même le goûter ton vin François - qu’est-ce que tu fais dans la vie François ?» Nous marchons en direction du zoo. Il croise des copains bretons - ils sont partout les Bretons, un peu comme les virus, et ils se reconnaissent à l’amour inconditionnel et paradoxal qu’ils portent à leur grand isthme ; paradoxal parce qu’on peine à comprendre qu’ils soient si nombreux à le fuir s’ils y sont si bien - il s’arrête pour dire bonjour, interpelle un passant, plaisante avec l’agent
© Freddy Leclerc
as deux minutes il faut que je dépose ma guitare chez moi et que je prenne une douche si tu veux bien m’attendre ici après comme ça au moins on pourra aller boire un verre il faut que je voie mon producteur enfin pas vraiment mon producteur mais un type qui se fait passer pour un producteur et qui me doit de l’argent enfin il m’en doit pas vraiment mais il faut que je mette les choses au clair donc j’aimerais bien passer au zoo…»
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Savoir enfin qui nous buvons - Le Séchoir
de sécurité chauve (dont le visage rigide pourrait avoir été sculpté au couteau dans une batte) posté à l’entrée du village du festival, propose de cadenasser sa moto à la barrière qu’il garde avec gravité, et quand batte man lève un sourcil, il finit par l’accrocher juste à côté en rigolant, puis se félicite d’avoir accompli sa mission sans gommer son linge de cambouis parce que c’est pas toutes les fois. Trois mètres plus loin, deux gamins jouent dans des graviers au bord du chemin, il leur lance sans s’arrêter : «C’est bien les enfants vous les rangez ? Faut bien les ranger hein surtout». Nous avons fait 30 mètres en 10 minutes. Sébastien Barrier n’est pas homme à porter un badge, il a donc pris soin d’égarer le sien. Arrivé à l’entrée, il doit expliquer qu’il est un artiste et qu’à ce titre il est bien normal qu’on l’autorise à pénétrer le zoo, où sa présence est naturelle. «De toute façon j’y viens jamais je préfère manger dehors». Il dit bonjour à plein de gens, récupère son repas, boude la viande, opte pour l’espadon, demande à être bien servi et prend une paire de couverts supplémentaire. «Tu vas voir François t’en fais pas on va partager t’aimes le poisson ?» Nous prenons place au bout d’une table occupée par d’autres spécimens d’homo saltimbancus, les compères jongleurs de la compagnie Toi d’abord. «Bon allez sors ta bouteille on va le goûter ton vin François vas-y 34
verse mais ne me montre pas l’étiquette attention je suis très fort en étiquettes et là je vais essayer de deviner ce que c’est juste en le goûtant.» Il observe la robe foncée, tente avec peine de faire tourner sans débord le breuvage dans son petit ballon, récipient de bistrot conçu pour jeter d’un geste sec des blancs matinaux derrière les cravates d’ivrognes mais inadapté aux longues manipulations rituelles qu’exige la dégustation rigoureuse. Il y plonge tant bien que mal ce nez qu’il a costaud et grimace : «Tout de suite tu vois on sent les sulfites et toutes les saloperies qu’ils mettent dedans.» Il descend une gorgée et grimace derechef :
© Freddy Leclerc
théâtre
«Ouh ça lourd comme il est et bien fort là et là j’ai rencontré des gens qui font du vin ça doit être une de connerie de Bordeaux autrement des gens qui font ce qu’on appelle ça non ?» Non.«Ou alors un vin du sud ? Du du vin naturel c’est-à-dire sans procédés sud de la France ?» Pas du tout. «Argentine ? chimiques et pendant plusieurs jours j’ai fait Chili ?» Non plus. «Ah attends peut-être la des bringues incroyables des bringues très Californie ?» Encore raté. «Merde attends belles avec des fulgurances et des grandes je vois pas ou alors puisque c’est pas loin discussions et des emportements et puis peut-être l’Afrique du Sud ?» Toujours pas. Il des moments fragiles aussi des moments propose même l’Italie et les Balkans avant, de calme et d’émotions profondes et j’ai par éliminations successives et avec le découvert que quand tu bois ces vins-là ben précieux concours des attablés, de tomber t’as pas mal le lendemain t’es vraiment bien sur l’Espagne. Je confirme et il proclame d’un et c’est une ivresse qui est exaltante et du air vainqueur : «Rioja !» J’objecte qu’une coup ces gens sont devenus mes copains et fois qu’on a dit Espagne, c’est pas bien après j’en ai rencontré d’autres et on s’est compliqué de deviner Rioja : vin + Espagne revus et depuis je ne bois plus de vin quand = Rioja est un axiome de culture générale il n’est pas naturel et Savoir enfin qui nous approximative aussi bien appris que cousine buvons c’est surtout l’histoire de ces gens + mariage = handicapé. Je lui dis dans le spectacle je parle surtout qu’il n’y a pas lieu de trop d’eux et puis je parle avec les faire son malin, il concède gens qui sont là aussi parce Sébastien Barrier que l’idée au fond c’est en riant. qu’on passe tous un bon n’est pas homme à «Je suis nul en dégusmoment…» porter un badge, tation ! Enfin j’apprend il a donc pris soin par la force des choses L’un de nos compagnons d’égarer le sien. depuis le temps parce que de table, à qui nous avons ce qui s’est passé - je vais te servi un verre amical de notre raconter mon histoire François piquette ibérique, intervient. «Moi - ce qui s’est passé c’est qu’il y a six ans je l’ai vu il y a longtemps et c’est vrai que au cours de mon périple avec Tablantec où quand c’est fini, on a envie de rester avec toi d’habitude j’évite d’aller sur les festivals et et de goûter du vin jusqu’à pas d’heure. - Ah les trucs comme ici parce que ça me fait mais pourquoi t’es pas resté fallait rester chier mais ici je suis venu parce que je me c’est dommage c’est comme ça qu’on fait suis dit ce sera chouette il y aura la mer et les gens restent après et on discute et on puis surtout je suis venu pour Jean parce que boit du vin c’est ça qui est bien !» c’est quelqu’un avec qui il y a une vraie relation de confiance mais d’habitude je préfère Sébastien Barrier bouge beaucoup ses mains, jouer dans d’autres contextes - donc il y a de grandes araignées aux doigts maigres six ans j’ai joué sur un salon des vignerons dont certains sont habillés de bagues lourdes 35
théâtre
Savoir enfin qui nous buvons - Le Séchoir
d’argent qui les décorent de dandysme rock. j’ai 16 ans et je chante même des fois des Il les regarde la tête penchée posées sur chansons je chante mal c’est pourri mais je ses jambes croisées tenir les cigarettes qu’il m’en fous des fois par provocation un peu allume vite, 25 par jour. Il reboit. «Et puis je je le dis quand je joue que je m’en fous du bois beaucoup moi oui je bois depuis que j’ai public je leur dis si vous aimez pas c’est pas 16 ans régulièrement pas mal je picole je le grave je le fais pas pour vous...» dis aussi j’ai besoin de picoler donc je parle beaucoup d’addiction je fais d’ailleurs dans Barrier est à la vie ce que le broyeur est au le spectacle toute une longue suite de mots papier. On y insère des gens, des rencontres, en «sion» vinification macération composition des expériences et il en ressort des phrases élaboration transmission acculturation bifurlongues et fragiles qui tombent en copeaux, cation parce que beaucoup d’entre eux qui s’enroulent, s’entremêlent et s’acne sont pas vignerons au départ cumulent dans un désordre en mais ils le sont devenus perpétuelle inflation. Dans parce qu’à un moment ces chutes de mots qui Parfois il perd ils ont voulu changer de tiennent autant de la son fil, s’arrête, baisse vie changer de route et broussaille que de la une tête concentrée ça m’intéresse beaudentelle, il n’est plus et marmonne en coup la bifurcation possible de distinguer et puis appellation et le réel et la fiction, de remontant le flot de ses spoliation aussi parce démêler l’improvisé pensées avec son doigt que c’est des gens à qui du méticuleux, le trivial qui rembobine dans on retire leur appellation du profond, le rigolo du le vide et ça je l’explique dans le douloureux. Parfois il perd spectacle mais je vais pas tout son fil, s’arrête, baisse une tête te raconter maintenant non plus parce que concentrée et marmonne en remontant le flot sinon les gens ne viendront pas…» de ses pensées avec son doigt qui rembobine dans le vide, puis parvient à retrouver la ligne Je suggère le mot imagination. «Imagination de départ qu’il avait perdue en digressions. non parce que tout est vrai je n’invente rien il Parfois il échoue et dit : «Bon on s’en fout !». n’y a pas d’ajouts ma matière première c’est Alors il repart d’un autre moment, rentre une les gens ceux qui sont devant moi et ceux nouvelle page dans sa machine mentale, et que j’ai rencontrés je n’écris pas d’histoires c’est reparti. qu’on ne m’a pas transmises donc je n’ai pas imaginé ce que je raconte en revanche «Quand j’étais gamin on m’a expliqué que il y a de la forme là oui j’apporte une façon ma pensée était structurée qu’elle était de dire et de montrer il y a de la poésie des organisée et qu’elle suivait un chemineobservations ou de la guitare électrique ment bien calculé mais en grandissant j’ai parce que je joue de la guitare depuis que compris que c’était pas vrai que c’est très 36
Français ça en Norvège par contre - je parle de la Norvège mais j’y suis jamais allé - en Norvège ils expliquent à l’école que la pensée c’est plutôt comme un grand réservoir au dessus de nous et qu’on y pioche des choses un peu dans le désordre ou quand on en a besoin ou qui descendent toutes seules et moi je pense que c’est ça c’est comme ça que je fonctionne d’où ma tendance à parler dans tous les sens. Je me souviens le premier papier national que j’ai eu c’était dans Libé une grande pleine page en plus et le journaliste avait parlé à propos du spectacle de l’art théâtral de la digression et oui c’est un peu ça je digresse sans cesse.»
sol, sauf que son BMX à lui, c’est le langage, que la ligne mince sur laquelle il avance en équilibre précaire est la frontière ténue qui sépare le spectaculaire de l’anodin, le miracle et le naufrage, et avec au dessous de lui, immense, un bide vertigineux. «Ah t’as vu ça oui c’est bien que t’aies vu ça parce que c’est important pour moi ce que je recherche c’est ça c’est le vertige.» La veille sur la place de la mairie, il en parlait déjà, mais à propos d’alcool : «Ma mère me demande souvent mais Sébastien pourquoi
© Freddy Leclerc
Je suis fasciné par sa faculté d’abolir les frontières entre la réalité et la fiction, et encore plus depuis qu’il a supprimé son personnage fétiche pour se produire devant le public tel qu’en lui-même, avec juste sa grande bouche et son regard futé, avec son envie de plaire, son impertinence et son goût du risque quasi suicidaire : tenir les gens en haleine avec les mots, les histoires, les vannes ou les idées que lui inspire l’auditoire sur le moment, en refusant l’efficacité des effets dramaturgiques de base comme par exemple le rire, dont il récuse la tyrannie. Je lui dis que ça ressemble à un numéro de cirque où un surhomme roule en BMX sur un fil tendu à 40 mètres au dessus du 37
Savoir enfin qui nous buvons - Le Séchoir
tu bois autant pourquoi tu te fais du mal ? Et je lui dis mais maman c’est parce que la vue n’est jamais aussi belle que quand on est tout au bord du précipice.» Emporté à mon tour par l’ivresse, entraîné dans son sillage comme un pilote de mobylette mangé par l’aspiration d’un camion, je commence à parler plus vite, à courir après mon cerveau, qui m’échappe. Je prétends qu’il pratique un art paradoxal, que ce qu’il fait, c’est formidable parce que c’est presque du non-spectacle, que sa vie quotidienne et son art ont fusionné totalement au point de devenir indistinguables comme quand le ciel et la terre se mélangent à l’horizon, si on pousse l’idée très loin, on pourrait dire que la prochaine étape naturelle après avoir assassiné Ronan Tablantec serait qu’il cesse tout simplement de se produire devant un public, qu’il continue de vivre sa vie comme il le fait, de bringues en bourlingues en logorrhées impromptues, mais gratuitement, pour la beauté du geste, pour le panache. Ce serait beau, du théâtre invisible qui se diluerait complètement dans le quotidien, sans spectateur et sans artiste. Quand Sébastien Barrier sourit, sur son visage se superposent un clochard et un enfant. Il y a une joie brute et franche dans ses yeux, et un espace entre ses incisives qui lui donne un air dadais désarmant, mais sa couenne est marquée par la bibine, par le tabac et brûlée par le boucan qui lui crame l’intérieur. «Merde mais t’as raison François voilà je suis pas 38
assez radical ! Tiens coucou Léone je te présente François il est journaliste il dit que je devrais arrêter de faire des spectacles il est sympa hein. Tu vois François ça c’est Léone Louis elle est dans la compagnie Baba Sifon et hier on a eu une conversation super intéressante sur la créolité l’identité et le langage mais on raconte que le Directeur des Affaires Culturelles à La Réunion il dit que les artistes ici l’emmerdent avec leurs histoires d’identité c’est marrant ça pour un DAC de dire ce genre de choses…» Notre conversation est régulièrement interrompue par les autres animaux du zoo, qui
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théâtre
aiment bien Sébastien Barrier. Ils s’arrêtent pour le saluer, il échange avec chacun quelques mots sincères, vérifie qu’ils ont entendu le moment dans son intervention du jour où il a parlé d’eux, les charrie un peu, puis se retourne vers moi. «Sans rire merde tu vas me faire gamberger toute la nuit avec tes histoires je vais en faire des cauchemars mais non je m’arrêterai jamais de parler dans un micro depuis que je suis tout petit j’ai envie qu’on m’aime et qu’on me remarque et au fond c’est peut-être ça le truc et je veux que les gens soient impressionnés par la vitesse à laquelle j’arrive à parler mais après bon je suis pas tout le temps comme ça il y a des périodes où je vais mal où je suis pas bien et là je reste chez moi tout seul et je dis plus rien je fais chier personne.» Chez lui, c’est un appartement sur un petit port breton très calme. Il raconte avec tendresse qu’il voit la mer depuis toutes ses fenêtres, mais pas souvent, vu qu’il passe la majeure partie de son temps sur la route. Pas évident d’avoir une vie personnelle dans ces conditions, mais en même temps, il n’en a pas vraiment. En instance de divorce avec Carmen, la fiévreuse Sud-Américaine qui est l’un de ses personnages récurrents, il dit avec la voix douce de l’écolier et sur le ton gentil des confidences enfantines qu’il y a tout de même cette fille très chouette en Métropole dont il est en train de tomber amoureux, peut-être. Puis il se redresse et déploie son envergure d’échalas et son large sourire en balayant le zoo du regard : «Mais ça ne m’empêchera pas de faire l’amour à une femme ce soir !» D’ailleurs depuis un moment je remarque qu’il jette des regards amusés par-dessus mon épaule. «Il faut que quelqu’un aille secourir cette femme c’est pas possible elle est amoureuse de ce vieux con de Berthelot elle est trop belle pour lui là elle le regarde avec des yeux mouillés elle boit ses paroles c’est un escroc il faut que quelqu’un lui dise. Tu connais Pierre Berthelot François ? C’est le chef de meute de Générik Vapeur ça fait 20 ans qu’il nous emmerde à gueuler partout qu’il faut faire la révolution mais la révolution au bout de 20 ans tu l’as faite ou t’en parles plus mais lui non il continue sa rengaine avec
Langues pendues Hasard du calendrier, les amateurs de soli verbaux débridés pourront goûter ce mois-ci, outre les ivresses de Sébastien Barrier, au flow poétique d’un autre olibrius langagier : Stéphane Kéruel. Et donc je m’acharne est une entreprise de bouleversification de la langue, un puissant effort d’oralité, une tentative de faire entrer la poésie dans le présent, un jeu intellectuel aiguisé. Appuyé sur le texte Passionnément de l’auteur roumain Ghérasim Luca, Kéruel joue avec les sons des syllabes, se lance dans des phrases accidentées parsemées d’astuces, cherche une façon de parler qui pourrait donner lieu à une communication véritable, et finalement se demande à quoi sert le poète aujourd’hui - une question qui fait écho à la vie même de Luca, puisque ce dernier a mis fin à ses jours en 94, expliquant dans sa lettre d’adieu «qu’il n’y a plus de place pour les poètes dans ce monde».
Et donc je m’acharne
3 & 6 juin > St-Benoît > Les Bambous > 2€/13€
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théâtre
Savoir enfin qui nous buvons - Le Séchoir
le poing en l’air (il mime le balourd militant et pousse un beuglement gras) - et elle la pauvre elle se fait complètement envoûter». C’est le moment que Pierrot Berthelot, cheveux gris, épais, pagaille, pattes fines soignées, voix de marin charriant son haleine de tabac à rouler dans la garrigue d’un accent méridional, choisit pour ramener son indignation tempêtueuse et sûre d’elle-même dans notre direction. À son arrivée, le chant des grillons retentit et Barrier se délecte de demander au Marseillais s’il ramène toujours avec lui ses propres cigales dans ses voyages. Et puis, sans se démonter : «J’étais justement en train de dire à François comme tu m’emmerdes à faire du bruit.» S’ensuit une conversation amicale où les désaccords n’empêchent pas l’accolade dont Berthelot, bon camarade, doit user pour donner des gages de fraternité à tout le bon peuple bénévole qu’il emploie gratis dans ses parades géantes. Ça parle de spectacle de rue, et puis de La Réunion. Berthelot est convaincu, 15 ans après avoir parcouru la côte est avec sa compagnie, d’avoir identifié le vrai problème de l’île grâce à au maître concept de la sociologie locale approximative : le ladilafé. Même qu’il a une preuve : cette radio ignoble et populiste pleine de dénonciations dont il a oublié le nom et dont je suspecte qu’il ne l’a jamais vraiment écoutée. Agacé, je riposte : une antenne ouverte à tous les vents voit forcément s’amonceler à ses pieds l’immondice, et ce aussi bien ailleurs qu’ici, mais aussi les fulgurances, et que la question est plutôt de savoir combien de fulgurances il faut pour racheter l’immondice. Nous ne tombons pas 40
vraiment d’accord mais Berthelot n’est pas du genre à se départir de sa cordialité de compadre à la moindre contradiction, donc il me flatte l’épaule d’une main ferme en partant : «Au plaisir !» J’ai perdu Sébastien. Il est toujours à côté de moi mais a déjà bondi vers une autre conversation avec un homme assis à une table voisine. Il s’agit du «producteur enfin pas vraiment qui lui doit de l’argent enfin pas vraiment» dont il me parlait au début, et dont je découvrirai plus tard qu’il s’occupe de gérer la grande tournée de Savoir enfin qui nous buvons en France ; il aura d’ailleurs cette phrase inquiète et édifiante : «Tout le problème est de savoir s’il va continuer de faire le spectacle sur lequel on s’est mis d’accord». Déjà largement remboursé de mon investissement bouteille en agréable conversation, c’est le moment que je choisis pour me lever de table. Il est 22h45 la bouteille est vide les verres sont vides la nappe est tachée l’assiette est toujours à moitié pleine et presque trois heures sont passées sans que je comprenne comment sans même parler de pourquoi parce que la vraie question dans la vie ça n’est pas pourquoi mais toujours pourquoi pas ? Et si à ce stade vous n’avez toujours pas compris à quoi sert ce papier et que vous ne vous dites pas «pourquoi pas aller boire du vin avec Sébastien Barrier» alors je ne peux plus rien pour vous et de toute façon ce papier je m’en fous s’il vous plaît pas je l’ai pas écrit pour vous je l’ai écrit pour moi. FG
LES
BAMBOUS COMPLÈTEMENT À L’EST !
ET DONC JE M’ACHARNE
de Stéphane Keruel, Gherasim Luca, Richard Dubelski cie Le Chant de la Carpe
MARDI 3 JUIN 19H30 VENDREDI 6 JUIN 20H30 Tarifs : 2 à 13 €. Tout public - durée : 1h00
FESTHÉA
Festival national de théâtre amateur sélection régionale
VEN 13, SAM 14 JUIN
Tarifs : 4 à 6 €. Tout public.
LES POUSSES DE BAMBOUS scène ouverte aux élèves acteurs.
Visuel Et donc je m’acharne cie Le Chant de la Carpe © DR
[17 JUIN ~ 5 JUILLET] Tarifs : 2 à 4 €. Tout public
COMITÉ DES FÊTES PRÉSENTE
L’AMBIANCE MAURICIENNE Invités : Gérard Louis, Sandra Mayotte, Bruno Malcom, Natty-Jah et Lin
SAMEDI 21 JUIN
20H30
Tarif unique : 13 €.
avec la participation de la Région Réunion, la DAC OI, le Département de la Réunion, la Ville de Saint-Benoît
direction : Robin Frédéric 2, rue jean moulin - 97470 st-benoît billetterie@lesbambous.com
www.lesbambous.com INFOS 0262 50 38 63
théâtre 11 juin 14h 13 & 14 juin 20h
Pino c chio St-Denis St-Denis
Téat Champ Fleuri Téat Champ Fleuri
24€ 24€
Noire Jeunesse Joël Pommerat transporte Pinocchio dans le ventre d’une modernité menaçante, et désaxe l’œuvre classique de Collodi pour en faire un conte contemporain plein de dangers nouveaux, et même un peu flippant.
C’est donc sans complexe que Pommerat approche l’œuvre classique de Collodi, dans une adaptation délestée de la pesante fidélité qui marque la plupart des versions présentées encore aujourd’hui régulièrement partout dans le monde. Avec audace, le metteur en scène lyonnais ramène la marionnette dans le présent en retravaillant directement la matière première de la pièce : son texte. Dans cette relecture moderne, le menuisier est rebaptisé Daniel Dubois, et doit faire face à l’insolence capricieuse d’un enfant d’aujourd’hui ; le criquet devient maître de cérémonie cynique et volubile, face au public, et donne le rythme d’une histoire déplacée 42
© Elisabeth Carrecchio
Il faut du toupet pour s’attaquer aux mythes. Ça tombe bien, Joël Pommerat n’en manque pas, lui qui se moque doucement des usages consacrés au théâtre, en refusant par exemple de se considérer comme un artiste. Il préfère se dire artisan, travailleur appliqué comme l’était le vieil ébéniste Gepetto, qui d’un tronc d’arbre fît naître l’un des personnages les plus célèbres de la littérature, Pinocchio. dans un contexte contemporain sombre, troué de lasers et de dangers nouveaux, plongé dans un univers sonore massif qui évoque l’ambiance immersive des salles de cinéma. Les créatures de Collodi se muent en danseuses sexy, en financiers crapuleux, dans un jeu de symboles nouveau qui recompose intégralement le décor du conte. Menaçant, parfois même effrayant, ce Pinocchio n’est plus l’histoire qu’on lit aux enfants pour les endormir dans le confort d’une morale éducative, mais une œuvre trouble, flippante et poétique qui s’adresse à un public plus solide, d’où cette mise en garde : si vos enfants n’ont pas encore 8 ans, venez le voir sans eux.
théâtre 13 & 14 juin
Festhéa St-Benoît
Les Bambous
Cette année encore, Les Bambous accueillent la sélection réunionnaise du festival national de théâtre amateur de Saint-Cyr-Sur-Loire. L’une des huit compagnies présélectionnées qui se produiront au cours du week-end avec la pièce de leur choix sera choisie pour y représenter La Réunion en octobre. L’occasion de se faire une idée de la qualité de la très active scène amateure locale.
théâtre 26 juin 20h 27 juin 20h
6€/4€
Programme complet : VENDREDI 13 JUIN
16h Koméraz Dan’ Tent’ - cie Somanke-Ismaelia 18h La Poudre aux yeux - cie Un pas vers les étoiles 20h L’Assemblée des femmes - cie Sous pied de bois 21h30 Comment élever un ado d’appartement – cie Cultur’péi SAMEDI 14 JUIN
14h Combattant(s) de tunnel - cie Inventaire 15h30 Les histoires d’A - cie Attitudes 17h30 L’Atelier - cie Les veilleurs 19h45 L’Enfant aile - cie L’arbre du voyageur 21h30 Les Numéros - cie ArtPictus
Didier Porte St-Paul Léspas Le Tampon Th. Luc Donat
20€/15€ 25€/20€
© DR
A-t-il senti le vent politique tourner, qui pousse vers nos marines d’étranges odeurs de vieux fumier ? Le gauchiste le plus férocement drôle de France, le ronchon flingueur qu’une verve indomptable avait fait virer de France Inter, celui dont on pensait qu’il était incorruptible, Didier Porte a retourné sa veste ! Enfin presque. Dans un nouveau spectacle solo du crachoir, le fléau du ridicule UMPiste a choisi de se glisser dans le discours de la droite contemporaine et donc aussi joliment surannée, très années folles - pour en révéler le grotesque. : «Vive le darwinisme social dans la bonne humeur, la xénophobie joyeuse et la brutalité policière souriante !» proclame le trublion désormais bien coiffé d’une raie sur le côté, affichant le radieux sourire du délateur content de sa lettre. Un effort puissant d’ironie qui devrait ravir les convaincus et précipiter à peu près tous les autres dans une fulmination terrible. Bien fait ! 43
exposition 14 juin 19h - 2h
Nuit d’Art de Pleine Lune Villèle
Musée Historique
Gratuit
La marche des fantômes Pour la Nuit d’Art de Pleine Lune au Musée de Villèle, le plasticien Stéphane Gilles retrace dans la maison de madame Desbassayns le parcours de ses esclaves. Entre Histoire et fiction, rencontre avec un observateur de l’invisible.
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© Pascal Quiquempoix
Dans les creux de l’histoire, dans les zones d’ombre, dans les espaces que la science n’a pas encore remplis de certitudes, dans ces doutes et dans ces vides, sous les arbres de la forêt primaire, Stéphane Gilles crée des histoires réunionnaises qui deviennent des croyances. Il appelle ça de la recherche par l’imaginaire. Artiste influencé par l’œuvre du poète réunionnais Jules Hermann (lire encadré), il poursuit à sa manière un travail d’invention mythologique du passé lointain dans une île où la présence de l’homme est encore récente. Il fait de l’incertitude inquiétante de toute chose une force libératrice. Il dit que si on ne peut pas savoir, alors on est libre d’inventer, et de croire ce qu’on invente. Il crée une archéologie de fictions, fait parler l’invisible, donne vie à des fantômes, des esprits. Dans la grande maison de madame Deybassins devenue musée, pour la Nuit d’Art de Pleine Lune, il a choisi de vous faire marcher sur les traces oubliées de ceux qui hantent les lieux par leur absence : les domestiques en esclavage. Une installation conceptuelle étrange à base de patins, de poumons et de poésie. Entretien. Peux-tu nous raconter l’origine de cet intrigant projet ? Stéphane Gilles : Quand tu visites le musée de Villèle, quand tu marches sur ce parquet
La présence des esclaves est invisible. Mais tu sais qu’ils ont marché ici. C’était le point de départ de mon intervention précieux entouré de ces meubles conservés, le guide te parle de l’esclavage, il te met dans une ambiance où l’histoire est présente. Mais tout ce que tu vois, ce sont des traces de la vie des maîtres. Il y a l’arbre généalogique de la famille Desbassayns, ses velours et ses tableaux. Les esclaves, eux, n’ont rien laissé. Leur présence est invisible. Mais tu sais que là où tu te tiens, il y a eu des passages, tu sais qu’ils ont marché ici. C’était le point de départ de mon intervention, où d’une certaine manière je voulais retrouver leurs pas, leurs trajets. Et tu choisis de représenter ces pas par des patins, ces pièces de feutres sur lesquelles on glisse pour ne pas abîmer les parquets. Ça peut paraître cocasse. Pourquoi ce choix ? Stéphane Gilles : Les patins, c’est un souvenir d’enfance. Quand j’étais gamin, à Saint-Benoît, la chanteuse Françoise Guimbert était femme de ménage chez Melle Prudent, où j’allais prendre des cours de piano. Elle avait hérité d’une vieille maison créole avec un beau parquet ancien. Et dans sa case, c’était patins de rigueur. Il y avait un rituel avant chaque cours. J’étais déjà grand, j’avais 7 ou 8 ans, mais elle me faisait entrer, 47
exposition
Nuit d’Art et de Pleine Lune
traverser le salon sur des patins jusqu’à la cuisine, puis me lavait les mains au savon, et me les essuyait consciencieusement, doigt après doigt, elle-même, après quoi nous allions au salon, toujours sur les patins. Je me souviens que c’est à cette époque que le premier 45 tours de Françoise Guimbert est sorti, et qu’elle me l’avait montré. Elle devait avoir une vingtaine d’années et travaillait donc chez cette dame bourgeoise, obsédée par la propreté de sa case.
Jules Hermann & la Lémurie Notaire saint-pierrois né en 1845, Jules Hermann fut aussi homme politique, scientifique et poète, auteur d’un ouvrage intitulé Les Révélations du Grand Océan. Dans ce livre posthume devenu culte, il situe les origines de l’humanité à Madagascar et La Réunion, et voit dans reliefs spectaculaires de l’île l’œuvre de mystérieux sculpteurs géants, personnages d’une mythologie nouvelle qui interprète les théories alors émergentes de la dérive des continents. Son travail a beaucoup influencé les artistes réunionnais, notamment Kid Kréol & Boogie et Stéphane Gilles. 48
Il y a tout de même une différence très nette entre une femme de ménage et un esclave… Stéphane Gilles : Les patins, c’est une image du domestique, qui préserve le patrimoine des propriétaires. Mais c’est aussi l’image des esclaves : on les prend, et quand ils sont usés, on les jette. On marche dessus, on les empêche d’être libres, on les empêche de respirer. Donc dans la maison des Deybassins, je place une cinquantaine de patins, sur lesquels j’ai imprimé des bronches. Et c’est marrant parce que quand on imprime des poumons sur des patins, les gens hésitent à poser le pied dessus, parce qu’il y a cette idée qu’on va écraser quelque chose de fragile, une respiration. À fin du parcours, on sort de la maison par une porte qui fait face à l’arbre généalogique de la famille Deybassins. Et devant cette porte, à l’air libre, je place un panneau sur lequel on retrouve ce motif, éclairé, de l’arbre bronchique. C’est une façon de confronter la trace visible de la vie des maîtres à celle, invisible, des esclaves. C’est une façon aussi de dire que l’histoire
Quand tu lis un livre, tu n’est pas constamment en train de te dire : c’est pas vrai tout ça. moi c’est pareil. Juste à une échelle différente.
continue. Quand on sort de la maison, les esclaves continuent d’être là, autour de nous, ils ont continué de vivre, ils ont eu des enfants, qui sont devenus libres. Je suis dans un rêve d’éternité, où quand on regarde bien les choses, nous venons tous du même endroit. On en vient à un propos plus général, qui se rapporte à ta démarche d’invention d’un passé réunionnais, où l’Île serait le berceau de l’humanité. C’est assez déstabilisant parce qu’on ne sait jamais si tu crois vraiment ce que tu racontes, ou si tu t’en amuses... Stéphane Gilles : L’art conceptuel réactive le pouvoir sacré de la parole. Quand Duchamp pose une pissottière et proclame que c’est une œuvre d’art, c’est fait : c’est une œuvre d’art. Parce qu’il l’a dit. Si par exemple je décide que sur cette chaise, là, s’est assise une personne célèbre, et que je te le raconte, tu ne sais pas si c’est vrai ou faux. Et comme on ne peut pas savoir avec certitude, je suis libre de choisir de le croire. Et si tu as besoin d’une preuve, je peux t’en inventer une. L’histoire est pleine de trous, incomplète, et la science est mouvante, elle se contredit tout le temps, les savoirs qu’on croit établis sont remis en question, temporaires. Alors, pourquoi ne pas mener ses recherches par l’imaginaire autant que par la science ou l’histoire ? Si je dis qu’une chose est vraie, que La Réunion est le berceau de l’humanité, qu’elle est peuplée d’esprits invisibles, alors quoi ? Alors je te réponds que tu délires, que c’est une fiction, qu’on pourrait te prendre pour un fou. Stéphane Gilles : Oui mais quand tu vas au ciné, t’es parti non ? Quand tu lis un livre, tu n’est pas constamment en train de te dire quand tu tournes les pages : c’est pas vrai tout ça. Eh bien alors? - moi c’est pareil. Juste à une échelle différente.
Nuit d’Art de Pleine Lune Pour la 8e année, l’association Cheminements investit le site historique de Villèle avec 15 projets d’installations inédites, pour créer un lien entre patrimoine et création contemporaine. Outre celui de Stéphane Gilles, on pourra y retrouver celui de la danseuse Stéphanie Hoareau ou de Yohan Quëland de Saint-Pern et Tiéri Rivière.
à lire sur www.azenda.re
Entretien : FG
Plus d’infos et programme complet 49
nou sa va !
Lékip l’Azenda livre sa sélection p our le mois à venir
Du 4 au 7 juin
Savoir enfin qui nous buvons
Dimanche 1er juin
Dimanche 8 juin
Le Séchoir Piton
La Rondavelle - St Leu
Parce que boire du vin et manger avec Sébastien Barrier est une ivresse à nulle autre pareille, et que si oui, c’est cher, on en a pour son argent.
Parce qu’il me tarde de secouer mes derniers cheveux sur les riffs de ces dinosaures -toujours frais- du hard rock péi.
La Rondavelle - St-Leu
Nazca
Grèn Sémé
Parce qu’un des meilleurs groupes réunionnais sur un des spots les plus sympas de l’île, ça se refuse difficilement !
Vendredi 13 juin
What’s Up Dock ? Kabardock Café
Parce que même un vendredi 13, je ne me fie jamais au hasard : je me drogue aux grooves irrésistibles de la black music d’antan, et les 4 DJs aux manettes sont en la matière les valeurs les plus sûres.
Parce que, au lendemain d’européennes pas drôles, je suis certain de mieux me Porte(r) en riant.
Samedi 14 juin
Samedi 14 juin
Pinocchio
Téat Champ Fleuri
50
Jeudi 26 juin
Didier Porte Léspas
Nuit d’art de pleine lune
Parce que sans mentir, ma parole, j’ai du nez pour flairer le chef-d’œuvre, et que la réécriture de Pinocchio par Joël Pommerat promet d’en être un.
Parce que se promener le nez au vent et les yeux dans l’art le week-end, c’est mieux que de comater dans un canap’.
françois G.
Sandrick
Musée de Villèle
Samedi 21 juin
Fête de la Musique Coco Beach
Parce qu’avec Mothra Slapping Orchestra, Zon & Le Bacar, on tient à coup sûr la meilleure prog de cette soirée riche en concerts.
27 & 28 juin
Rock à la Buse Le Palaxa
Parce que la Ravine des Roques nous a encore dégotté un joyau de la pétillante scène sud-africaine, acoquiné à la crème des rockeurs/ métalleux/keupons locaux.
françois M.
agenda
juin 2014
SAMEDI 31/05 15h 16h 18h 18h30 18h30 19h 19h30 19h30 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 21h 20h 21h 22h 22h30
Ste-Marie Parc Bois Madame St-Denis Café Edouard St-Denis Ciné Lacaze St-Leu Rondavelle St-Leu Leu 46 Boucan C. Hôtel St-Alexis La Saline Eglise Boucan C. Hôtel Boucan Canot Le Tampon Théâtre R L’Etang Salé Th. des Sables L’Ermitage Hotel Novotel St-Gilles Le Mex St-Paul La Cerise St-Denis Téat Champ Fleuri St-Denis Les Pot’irons St-Denis Les Récréateurs St-Denis KTDral St-Denis Palaxa St-Pierre Ô Pub à Tapas St-Pierre Long Board Café
DIMANCHE 1/06
16h St-Louis MADOI 16h30 St-Joseph Auditorium 16h30 Boucan C. Hôtel Boucan Canot 17h Saline les B. Chap. Stella Maris 17h L’Ermitage Coco Beach 18h L’Ermitage Coco Beach 18h30 St-Leu Rondavelle 18h30 Boucan C. Ti Boucan 18h30 L’Ermitage Ronda. Cobis 21h St-Leu Le Zinc
Kultur L’Amour + Melo Man (reggae) • gratuit Lost, l’enfer, etc… (conférence) • gratuit Je veux ma part de terre • gratuit Nayah (house) • gratuit Maloyakoustik (maloya) • gratuit Joël Manglou (maloya) • gratuit L’âme du gospel et du negro spiritual • 4/8€ Nirina Sulette (jazz) • gratuit Le golem (Cie Furiosa) • 5/8€ Ziskakan (maloya, rock) • 22/25€ DJ Kdance • gratuit DJ Planet • gratuit Tony Tso & Ranoblah (hip-hop) • gratuit Carmina Burana par l’orchestre du CRR • 10€ Mister Eleganz (Success, DJ set) • gratuit Nø Comment (rock) + Les Amis Dépressifs (chanson) • gratuit Courts-métrages • gratuit Metal Run Fest : Loudblast + Rebirth • 10-15€ Astèr (pop, world) • gratuit DJ Manu • gratuit
Eric Pounouss’ (séga) • 5€ Jazzcroisés (jazz) • gratuit Sunset : Nayah & friends (lounge) • gratuit L’âme du gospel et du negro spiritual • 4/8€ DJ Titi • gratuit Soirée salsa avec DJ Greg • gratuit Nazca (hard rock) • gratuit Maloyakoustik (maloya) • gratuit The Burning Lions (reggae) + Sund’Ri Feeling (poetic jazz) • gratuit Don’t disturb ze DJs : Jon Kommodor vs. Alex (techno) • gratuit
LUNDI 2/06 17h
St-Denis
KTDral Afterwork • gratuit
MARDI 3/06
15h St-Joseph Chez Zot 17h30 St-Denis Les Récréateurs 19h30 St-Leu Soluna Kafé 19h30 La Possession Le Luxor 19h30 St-Benoît Les Bambous 52
Après-midi jeux • gratuit Soirée jeux • gratuit Dawar (maloya) • gratuit Café-philo des Mascareignes • 20€ (repas inclus) Et donc je m’acharne (Cie Le chant de la carpe) • 2-13€
agenda
20h 20h 20h30
juin 2014
CONCERT
THÉÂTRE
DANSE
projection
Le Tampon Th. Luc Donat Les chorales académiques (élèves du secondaire) • gratuit St-Paul La Cerise Saby Morales (danse contemporaine) • gratuit St-Denis 48, rue Ste-Marie Néon (promenade sonore et nocturne) • au dé
MERCREDI 4/06
14h30 St-Denis Th. Grand Marché 18h L’Ermitage Coco Beach 19h Piton St-Leu Le Séchoir 19h L’Ermitage Hotel Novotel 19h St-Denis Les Récréateurs 19h St-Denis Café Edouard 20h St-Pierre Les Sal’ Gosses 20h St-Paul La Cerise 20h St-Denis Les Pot’irons 20h30 St-Denis 48, rue Ste-Marie
Monsieur, Blanchette et le loup • 8/12€ Soirée kizomba avec DJ Greg • gratuit Savoir enfin qui nous buvons • 25/30€ voir p.32 Art Bis (variété) • gratuit Funky Terrasse : Karl Hungus (rare grooves, soul, funk) • gratuit Batucada • gratuit Jean-Claude T’ & Annick (variété) • gratuit Tournoi de tarot • 2€ Narbomix (electro) • gratuit Néon (promenade sonore et nocturne) • au dé
JEUDI 5/06 15h 19h
St-Joseph Chez Zot Le goût des livres (rencontre littéraire) • gratuit Piton St-Leu Le Séchoir Savoir enfin qui nous buvons • 25/30€ voir p.32
Situé au cœur de la forêt de Mare Longue, le Jardin des Parfums et des Épices est un véritable trésor écologique où l’on peut découvrir plus de 1 500 espèces végétales et plusieurs spécimens uniques sur la planète.
Venez vous promener entre les arbres centenaires qui jalonnent 3 hectares d’une intense végétation primaire, découvrir la richesse d’une nature primordiale et préservée au contact d’un guide péi ou du propriétaire Patrick Fontaine de cet écrin magique.
Terminez votre visite par une halte dans une authentique boutique créole où cohabitent toutes les saveurs traditionnelles de La Réunion.
visite guidée et commentée tous les jours de 10h30 à 12h00 & de 14h30 à 16h00 6€10 adultes • 3€05 enfants • 5€50 visite libre • groupes : nous consulter 7, chemin Forestier / Mare Longue à St-Philippe 0692 66 09 01 / 0262 37 06 36 / www.jardin-parfums-epices.com 53
agenda
19h St-Denis 20h St-Gilles 20h St-Paul 20h St-Denis 21h St-Denis
juin 2014
Café Edouard Le Raisin de Mer La Cerise Les Pot’irons Les Récréateurs
VENDREDI 6/06 18h 18h 18h30 19h 19h 19h 19h30 19h30 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h30 20h30 20h30 21h 21h 21h 21h 22h 22h30
St-Pierre Médiathèque St-Pierre O’Zambrocal St-Leu Rondavelle Piton St-Leu Le Séchoir L’Ermitage Coco Beach St-Denis Th. Grand Marché St-Pierre Little Italy Boucan C. Hôtel Boucan Canot St-Leu Le 211 L’Ermitage Hotel Novotel St-Gilles Téat Plein Air St-Gilles Le Mex Boucan C. Dom. Mascareignes St-Paul Léspas St-Paul La Cerise St-Denis Les Pot’irons St-Denis KTDral St-Denis ND de la Source St-Leu Le Zinc St-Benoît Les Bambous Le Tampon El Latino St-Leu Soluna Kafé Le Port Kabardock St-Denis Palaxa St-Denis Les Récréateurs St-Pierre Ô Pub à Tapas St-Pierre Long Board Café
SAMEDI 7/06
15h St-Denis Libr. Autrement 17h L’Ermitage Coco Beach 18h St-Joseph Chez Zot 18h30 St-Leu Rondavelle 18h30 St-Leu Leu 46 18h30 St-Denis Café Edouard 19h Piton St-Leu Le Séchoir 19h Boucan C. Hôtel St-Alexis 19h St-Paul Parc Expobat 54
Saïfah (soul, reggae) • gratuit Gautier chante Théophile (chanson) • gratuit Zazou et les cordes sensibles (concert dessiné) • gratuit DJ Tom + DJ Matt (deep house) • gratuit Soirée rock & métal • gratuit
Inde, voix dissonantes vers l’indépendance (conférence) • gratuit Reggae vibes dann’ sud (sound systems & open mic) • gratuit Jam session • gratuit Savoir enfin qui nous buvons • 25/30€€ voir p.32 Robin (afro-folk) • gratuit Monsieur, Blanchette et le loup • 8/12€ Arnold (chanson) • gratuit Trio des Îles • gratuit Tiloun (maloya) • gratuit Hat’mosphère (reprises) • gratuit Alice & Thierry : Sakinn un bout’ (humour) • 22,50€ DJ Planet • gratuit Djiomeli (variété) • gratuit Transe mêlée (Cie Maloya Métiss) • 8-15€ In Xtremis (rock, chanson) • gratuit DJ Bertel «Rock the casbah» (pop, indie rock) • gratuit Run Soul (soul) • gratuit Chorale de Quartier Français (variété) • gratuit Dance on a zinc : Brainstorm vs. Jon Kommodor (techno) • gratuit Et donc je m’acharne (Cie Le chant de la carpe) • 2-13€ Meltins Potes • gratuit No Mad (reprises pop, rock) • gratuit Racine des Îles (séga, reggae) • 12€ Danyèl Waro (maloya) • 8-12€ Clandestine (house, minimal) • 5€ Baba Shine (reggae) + gagnant Son du Bahut • gratuit Soul Full (funk) • gratuit
Julie Legrand en dédicace DJ Schiffer (deep house) • gratuit Dîner-concert avec Waloo Quartet Nayah (house) • gratuit Ad Libitum (jazz) • gratuit Pierre-Louis Rivière en dédicace Savoir enfin qui nous buvons • 25/30€€ voir p.32 Joël Manglou (maloya) • gratuit Awax birthday : Kaf Malbar + Kalash +… (dancehall) • 25/30€
agenda
19h 19h30 19h30 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h30 20h30 21h 21h 22h
juin 2014
St-Denis Th. Grand Marché St-Pierre L’Envers Boucan C. Hôtel Boucan Canot Le Tampon Théâtre R L’Etang Salé Th. des Sables L’Ermitage Hotel Novotel St-Gilles Téat Plein Air St-Gilles Le Mex Boucan C. Dom. Mascareignes St-Paul Park Oméga St-Gilles Casino St-Paul La Cerise St-Denis Les Pot’irons St-Denis KTDral Le Port Th. Sous les Arbres St-Denis Ô Bar Le Port Kabardock Café St-Denis Les Récréateurs St-Pierre Ô Pub à Tapas
CONCERT
THÉÂTRE
DANSE
projection
Monsieur, Blanchette et le loup • 8/12€ Duo Tempo (swing, blues) Kazz à Swing (jazz manouche) • gratuit Le golem (Cie Furiosa) • 5/8€ Gala de l’école Michèle Serrure • 15€ DJ Kdance • gratuit Alice & Thierry : Sakinn un bout’ (humour) • 22,50€ DJ Planet • gratuit Jean-Claude T’ & Annick (variété) • gratuit Johny Guichard «25 ans de carrière» (humour) • 20€ Free Jam (world) • gratuit Nazca (hard rock) • gratuit Saodaj’ (maloya, world) + Kwalud (electro) • 5€ voir p.8 Light ryderz (performance photo live) • gratuit Charivari dans la Grèce Antique (par les ateliers du TSA) • gratuit Sund’Ri Feeling (poetic jazz) • gratuit Zanmari Baré (maloya) • 10/13€ Dubstep Run (dubstep) • 5€ Rit (hip-hop, chanson) • gratuit
Visitez • Ouvert tous les jours* de 10h à 18h • Visites guidées à 10h, 11h, 14h,15h et 16h *Fermeture annuelle du 9 au 30 juin inclus Chemin Frédeline 97410 Saint-Pierre
0262 35 81 90 www.sagadurhum.fr 55
agenda
juin 2014
DIMANCHE 8/06 9h 16h 18h 18h 18h 18h30 18h30 18h30 21h 21h
L’Ermitage K’banon Le Tampon Médiathèque L’Ermitage Coco Beach Saline les B. La Bodega 974 St-Paul Ciné Cambaie St-Leu Rondavelle L’Ermitage Ronda. Cobis Le Port Th. Sous les Arbres St-Leu Le Zinc St-Denis Les Récréateurs
Journée mondiale des Océans • gratuit Les larmes de l’assassin (BD-concert) • gratuit Soirée salsa avec DJ Greg • gratuit Free Jam (world) • gratuit La Cenerentola (Metropolitan Opera de New York) • 22/25€ Grèn Sémé (maloya évolutif) • gratuit Jazz Club de la Réunion (jazz) • gratuit Charivari dans la Grèce Antique (par les ateliers du TSA) • gratuit Don’t disturb ze DJs : Ziloub vs. Jon Kommodor (techno) • gratuit Soirée rock • gratuit
LUNDI 9/06 17h
St-Denis
KTDral Afterwork • gratuit
MARDI 10/06 15h 17h30 18h30 19h 20h
St-Joseph Chez Zot St-Denis Les Récréateurs St-Leu Rondavelle St-Paul Léspas St-Paul La Cerise
MERCREDI 11/06 14h 19h 20h 20h 20h 20h
St-Denis Téat Champ Fleuri St-Denis Les Récréateurs St-Pierre Les Sal’ Gosses L’Ermitage Hotel Novotel St-Paul La Cerise St-Denis Les Pot’irons
JEUDI 12/06 15h 17h30 19h 20h 20h 20h 21h
St-Joseph Chez Zot Saline les B. La Bodega 974 L’Ermitage La Marmite St-Paul La Cerise St-Denis Les Pot’irons St-Denis Bar A Cas St-Gilles Le Cubana
Après-midi jeux • gratuit Soirée jeux • gratuit Kin’Oté! (vos courts-métrages) • gratuit Funky pakret + Chemin la misère • 8-15€ Les mardis de l’impro • 2€
Pinocchio (Cie Louis Brouillard) • 12-24€€ voir p.42 Funky Terrasse : Karl Hungus (rare grooves, soul, funk) • gratuit Jungle Clusters • gratuit Lyzea (variété) • gratuit Soirée diaporama • gratuit Da Skill (soul, R’n’B, hip-hop) • gratuit
Le goût des livres (rencontre littéraire) • gratuit Tomahawk «sunset session» (deep house) • gratuit Dîner-concert avec Tapok (séga) Rendez-vous jazz avec Luc Joly et ses invités • gratuit DJ Vague (house) • gratuit Jean-Claude T’ & Annick (variété) • gratuit Tumbao (salsa, latin jazz) • gratuit
VENDREDI 13/06 16h 18h30 19h 56
St-Benoît Les Bambous Festhéa : compagnies de théâtre amateur • 4/6€ St-Leu Rondavelle Concert jazz • gratuit St-Leu Le Zinc Weloveclassics (mix rock 90’s) • gratuit
voir p.43
agenda
juin 2014
19h L’Ermitage Coco Beach 19h Boucan C. Hôtel St-Alexis 19h30 St-Pierre L’Envers 19h30 St-Pierre Little Italy 19h30 Boucan C. Hôtel Boucan Canot 20h St-Leu Le 211 20h L’Ermitage Hotel Novotel 20h St-Gilles Maison H. Lafay 20h St-Gilles Le Mex 20h Boucan C. Dom. Mascareignes 20h St-Paul La Cerise 20h St-Denis Téat Champ Fleuri 20h St-Denis Les Pot’irons 20h St-Denis KTDral 20h30 Le Tampon El Latino 21h St-Leu Soluna Kafé 21h Le Port Kabardock Café 22h St-Pierre Ô Pub à Tapas 22h30 St-Pierre Long Board Café
SAMEDI 14/06
14h St-Benoît Les Bambous 17 & 20h Piton St-Leu Le Séchoir 18h Piton St-Leu Mon Ti Piton 18h30 St-Leu Leu 46 19h St-Gilles les H. Musée de Villèle 19h Boucan C. Hôtel St-Alexis 19h30 Boucan C. Hôtel Boucan Canot 20h Le Tampon Théâtre R 20h Les Avirons Le Vétyver 20h L’Ermitage Hotel Novotel 20h St-Gilles Téat Plein Air 20h St-Gilles Maison H. Lafay
CONCERT
THÉÂTRE
DANSE
projection
Zanlik ek Lespri (maloya) • gratuit Kazz À Swing (jazz manouche) • gratuit Ritmo Caliente (latino) Sarahysha (bossa, samba) • gratuit Trio des Îles • gratuit Saodaj’ (maloya, world) • gratuit voir p.8 JC & Koreen (variété) • gratuit Embarquement immédiat (asso Digdig le mot) • 5€ DJ Planet • gratuit Djiomeli (variété) • gratuit Mamiso & Mevah (variété franco-malgache) • gratuit Pinocchio (Cie Louis Brouillard) • 12-24€€ voir p.42 Flow Di + Micky Mi Seh «Kiss my bass» (bass music) • gratuit Groovin Factory • gratuit Tampon All Stars • gratuit Rassiga (pop, rock) • gratuit What’s up dock ? : DJ Soulist + K. Hungus +… 5€€ voir p.26 Run Soul (soul) • gratuit Free Jam (world) • gratuit
Festhéa : compagnies de théâtre amateur • 4/6€ voir p.43 L’EMA Réunion invite Danyèl Waro • 10€ Sound system connexion pt.4 (reggae, ragga) • 1/2€ Miguy ek Badoumpok (maloya) • gratuit Nuit d’art de pleine lune • gratuit€ voir p.46 JC & Koreen (variété) • gratuit Affair Affair (reprises) • gratuit Le festin des idées noires (rock à textes) • 5/8€ Mamiso & Mevah (variété franco-malgache) • gratuit DJ Kdance • gratuit Allons bouger ségamalogué : Naessayé + Benjam +… • 15-20€ Embarquement immédiat (asso Digdig le mot) • 5€
18 Petit boulevard de la Plage St-Pierre > 0692 82 09 95
du lundi au vendredi de 9h à 2h - samedi & dimanche de 17h à 2h > restauration jusqu’à 1h15 tous les soirs
Programme JuiN 2014 soirées - concerts à partir de 21h00 - 22h30 vend. 6: soul full (funk) vend. 20 & sam. 21 : concerts surprise vend. 13: free jam (funk) vend. 27 & sam. 28 : soirée Belge moules frites à volonté & concert hat’mosphère
tous les samedis : dj manu à partir de 21h00 tous les dimanches et mardis : soirée KaraoKé à partir de 21h00 tous les jeudis : “soirée surprise” à partir de 21h00
57
agenda
juin 2014
20h St-Gilles Casino 20h Boucan C. Dom. Mascareignes 20h St-Paul La Cerise 20h St-Denis Téat Champ Fleuri 20h St-Denis Les Pot’irons 20h Ste-Marie Eglise 20h30 Le Port Th. Sous les Arbres 21h St-Denis Ô Bar 22h St-Pierre Ô Pub à Tapas
DIMANCHE 15/06 15h30 16h30 16h30 17h 18h 18h 18h30 18h30 18h30 21h
St-Benoît Conservatoire Boucan C. Hôtel Boucan Canot Boucan C. Hôtel St-Alexis Riv. St-Louis Eglise L’Ermitage Coco Beach St-Pierre Café de la Gare St-Leu Rondavelle L’Ermitage Ronda. Cobis Le Port Th. Sous les Arbres St-Leu Le Zinc
V.I.P Girls : concert + cocktail dinatoire + défilés... • 25/30€ Donato (variété) • gratuit La guitare dans tous ses états / Le jardin des sons • gratuit Pinocchio (Cie Louis Brouillard) • 12-24€€ voir p.42 Dièsepora (world) + DJ • 5€ Musiques argentines • 10€ Charivari dans la Grèce Antique (par les ateliers du TSA) • gratuit Free Jam (world) • gratuit Saodaj’ (maloya, world) • gratuit voir p.8
Folklore, contes et légendes (élèves du CRR) • gratuit Sunset : Nayah & friends (lounge) • gratuit Sweet Daddy : DJ Ago + défilé, expo & dégustation whisky • gratuit Musiques argentines • 10€ Soirée salsa avec DJ Greg • gratuit Free Jam (world) • gratuit Why Note Blues (blues) • gratuit Ziskakan (maloya, rock) • gratuit Charivari dans la Grèce Antique (par les ateliers du TSA) • gratuit Don’t disturb ze DJs : Jon Kommodor vs. St Kro (techno) • gratuit
LUNDI 16/06 17h
St-Denis
KTDral Afterwork • gratuit
MARDI 17/06 15h 18h 19h30 20h
St-Joseph St-Denis St-Leu St-Paul
Chez Zot Café Edouard Soluna Kafé La Cerise
MERCREDI 18/06 18h 18h30 20h 20h 20h
L’Ermitage Coco Beach St-Denis Bibl. A. Lorraine L’Ermitage Hotel Novotel St-Paul La Cerise St-Denis Les Pot’irons
JEUDI 19/06 15h 19h 19h 20h 58
St-Joseph St-Joseph St-Denis Ste-Marie
Chez Zot Chez Zot La Ligne 3 Brasseurs
Après-midi jeux • gratuit Soirée jeux • gratuit Le festin des idées noires (rock à textes) • gratuit Kwalud (bass music) • gratuit
Soirée kizomba avec DJ Greg • gratuit Tizarboutan + Patrice Treuthard + Marie Lanfroy… (maloya) • gratuit Art Bis (variété) • gratuit Tournoi de couinche • 3€/équipe Surprise ! (funk, groove) • gratuit
Le goût des livres (rencontre littéraire) • gratuit Dégustation de vins bio • 30€ Restitution de résidence Tampon non solo • gratuit Free Jam (world) • gratuit
agenda
20h 20h 20h 20h
St-Pierre St-Paul St-Denis St-Denis
juin 2014
Les Sal’ Gosses La Cerise A.P. Zarathoustra Les Pot’irons
VENDREDI 20/06
18h St-Leu Leu 46 18h30 St-Leu Rondavelle 19h St-Leu Le Zinc 19h Boucan C. Hôtel St-Alexis 19h30 St-Pierre Little Italy 19h30 Boucan C. Hôtel Boucan Canot 20h St-Pierre Centre L. Langenier 20h St-Leu Le 211 20h L’Ermitage Hotel Novotel 20h St-Gilles Le Mex 20h Boucan C. Dom. Mascareignes 20h St-Paul La Cerise 21h St-Denis Les Récréateurs 20h St-Denis KTDral 21h St-Leu Soluna Kafé 22h St-Pierre Ô Pub à Tapas 22h30 St-Pierre Long Board Café
SAMEDI 21/06
18h Bras Panon MJC 18h30 St-Leu Rondavelle 18h30 St-Leu Leu 46 18h30 St-Gilles Pl. Roches Noires 19h L’Etang Salé Th. des Sables 19h L’Ermitage Coco Beach 19h Boucan C. Hôtel St-Alexis 19h30 La Saline Ravine Daniel 19h30 Boucan C. Hôtel Boucan Canot 19h30 St-Denis L’Artocarpe 20h St-Benoît Conservatoire 20h St-Leu Le Zinc 20h L’Ermitage Hotel Novotel 20h St-Gilles Le Mex 20h Boucan C. Dom. Mascareignes 20h St-Paul La Cerise 20h La Possession Le Coup de Bol 20h St-Denis Les Pot’irons 20h St-Denis KTDral 20h30 Le Tampon El Latino 60
David Doré (world) • gratuit Soirée arabisante (danse, musique) • gratuit Grèn Sémé (maloya évolutif) • gratuit Agrume + Sal Paradise (house, techno) • gratuit
David Doré & Fatroby (world) • gratuit Mangloo (pop, rock) • gratuit Weloveclassics (mix rock 90’s) • gratuit Affair Affair (reprises) • gratuit Saodaj’ (maloya, world) • gratuit voir p.8 Trio des Îles • gratuit Les petits spect’acteurs (élèves de primaire) • gratuit Sauvage (electropical) • gratuit Degadezo (blues) • gratuit DJ Planet • gratuit Djiomeli (variété) • gratuit Saïfah (soul, reggae) • gratuit El Hijo Diabolico (cumbia) • gratuit Korek • gratuit Tumbao (salsa, latin jazz) • gratuit Miguy ek Badoumpok (maloya) • gratuit Concert surprise • gratuit
Run Soul (soul) + Rit (hip-hop) + Zool (rock) + expo • gratuit Concert surprise • gratuit Koté Manouche (swing, jazz) • gratuit Tumbao (salsa, latin jazz) • gratuit Avenue des artistes (association Tri’Arts) • 7-13€ Mothra Slapping Orchestra + Le Bacar + Zon (rock) • gratuit JC & Koreen (variété) • gratuit Sakyroots (reggae) • gratuit Hat’mosphère (reprises) • gratuit La Biscotte de la Mer (pop, rock, soul) • gratuit Zambavil (maloya, jazz) • gratuit Lézarsonic + The Bootykers (rock) + DJ Lord2K • gratuit DJ Kdance • gratuit DJ Planet • gratuit Free Jam (world) • gratuit Christine Salem (maloya) + Sauvage (electropical) • gratuit Django (pop, rock) Fête de la musique • gratuit DJ Scoubi + El Mojito + Bart + Narbomix (electro) • gratuit Skoloband (jazz) • gratuit
agenda
20h30 22h 22h30
St-Benoît St-Pierre St-Pierre
juin 2014
Les Bambous Ô Pub à Tapas Long Board Café
DIMANCHE 22/06
10h St-Louis Etang du Gol 14h St-Gilles Centre-ville 17h L’Etang Salé Th. des Sables 18h Saline les B. La Bodega 974 18h30 St-Leu Rondavelle 18h30 L’Ermitage Ronda. Cobis 21h St-Leu Le Zinc
CONCERT
THÉÂTRE
DANSE
projection
L’ambiance mauricienne : Gérard Louis + Sandra Mayotte… • 13€ Ak Fisa (percussions) + scène ouverte • gratuit Concert surprise • gratuit
Les rencontre alternatives (expo-vente de créateurs péi) • gratuit Grand Boucan • gratuit Avenue des artistes (association Tri’Arts) • 7-13€ La Tipica Del 974 (latino) • gratuit Gilbert Barcaville (variété) • gratuit Sarahysha (bossa, samba) • gratuit Don’t disturb ze DJs : Klem vs. Jon Kommodor (techno) • gratuit
LUNDI 23/06 17h
St-Denis
KTDral Afterwork • gratuit
MARDI 24/06 15h 17h
St-Joseph St-Pierre
Chez Zot Après-midi jeux • gratuit Ravine Blanche Mizik O’ Marmay : Pat’ Jaune + chorale • participation libre
61
agenda
18h 19h30 20h
St-Denis St-Leu St-Paul
juin 2014
Café Edouard Soirée jeux • gratuit Soluna Kafé Blind test musical • gratuit La Cerise Venise zigouillée • gratuit
MERCREDI 25/06 10h 18h 20h 20h 20h 20h
St-Pierre Ravine Blanche L’Ermitage Coco Beach St-Pierre Les Sal’ Gosses L’Ermitage Hotel Novotel St-Paul La Cerise St-Denis Les Pot’irons
JEUDI 26/06 15h 18h 20h 20h 20h 20h
St-Joseph St-Leu St-Paul St-Paul St-Denis St-Denis
Chez Zot Hôtel des Postes Léspas La Cerise A.P. Zarathoustra Les Pot’irons
VENDREDI 27/06 17h 18h 18h30 19h 19h 19h30 19h30 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 21h 21h30 22h
St-Pierre Ravine Blanche Boucan C. Ti Boucan St-Leu Rondavelle St-Leu Le Zinc Boucan C. Hôtel St-Alexis Boucan C. Hôtel Boucan Canot Le Port Le Dodo Palmé St-Pierre Long Board Café Le Tampon Th. Luc Donat L’Ermitage Hotel Novotel St-Gilles Le Mex Boucan C. Dom. Mascareignes St-Paul La Cerise St-Denis Palaxa St-Denis Les Pot’irons St-Denis KTDral St-Leu Soluna Kafé St-Pierre 3 Brasseurs St-Pierre Ô Pub à Tapas
SAMEDI 28/06 10h 17h 62
Mizik O’ Marmay : Primo tempo + Mugabo... • participation libre Soirée kizomba avec DJ Greg • gratuit Jimmy Robert (blues, rock) • gratuit Lyzea (variété) • gratuit Café repaire • gratuit Nayah (house, funk) • gratuit
Le goût des livres (rencontre littéraire) • gratuit Street art, la place de l’art urbain à la Réunion (conf) • gratuit Didier Porte «À droite !» (humour) • 10-20€ voir p.43 Pierre Desproges au Théâtre Grévin 1984 • gratuit Duo Tempo (swing, blues) • gratuit Alex Rolland (deep house, techno) • gratuit
Mizik O’ Marmay : Mirage + chorale + projection • participation libre Brasil Kabar (latin jazz) • gratuit Fabio Marouvin (afro-jazz) • gratuit Weloveclassics (mix rock 90’s) • gratuit Ziia (folk, soul, world) • gratuit Jean-Claude T’ & Annick (variété) • gratuit Ad Libitum (jazz, chanson) • gratuit Hat’mosphère (reprises) + soirée belge • gratuit Didier Porte «À droite !» (humour) • 20/25€ voir p.43 JC & Koreen (variété) • gratuit DJ Planet • gratuit Djiomeli (variété) • gratuit Airzik (rock) • gratuit Rock à la Buse : Virus Eye + Pluto Crevé +… • 8-12€€ voir p.22 Ker Faya Sound System (reggae) • gratuit Sund’Ri Feeling (poetic jazz) • gratuit Ouistitisax Groove Machine (jazz, funk) • gratuit Affair Affair (reprises) • gratuit Dubstep Run : DJ Ago & dalons (dubstep) • gratuit
St-Pierre Ravine Blanche Mizik O’ Marmay : Yaëlle Trulès + New Gravity... • participation libre L’Ermitage Coco Beach DJ I Will + DJ Neush (deep house) • gratuit
agenda
18h30 18h30 19h 19h30 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 20h 22h
CONCERT
St-Leu Rondavelle St-Leu Leu 46 Boucan C. Hôtel St-Alexis Boucan C. Hôtel Boucan Canot St-Pierre Long Board Café St-Pierre Centre L. Langenier L’Ermitage Hotel Novotel L’Ermitage Métis Café St-Gilles Le Mex St-Paul La Cerise St-Denis Palaxa St-Denis Les Pot’irons St-Pierre Ô Pub à Tapas
DIMANCHE 29/06 12h 18h30 18h30 19h 19h
Bourg Murat La Diligence St-Leu Rondavelle L’Ermitage Ronda. Cobis St-Pierre Ravine Blanche L’Ermitage Coco Beach
THÉÂTRE
DANSE
projection
Concert surprise • gratuit Zadig 2.0 (electro, dub) • gratuit Joël Manglou (maloya) • gratuit Affair Affair (reprises) • gratuit Soirée belge • gratuit Le golem (Cie Furiosa) • 6/10€ DJ Kdance • gratuit La Tipica Del 974 (latino) • gratuit DJ Planet • gratuit Soirée Galaktika (jeux musicaux, boum) • gratuit Rock à la Buse : Black Math + Kilkil +… • 8-12€€ voir p.22 Patrik Manent (maloya) + DJ La Poussière (mizik lontan) • 5€ Concert de fin d’année de l’EMA Réunion • gratuit
Déjeuner-concert avec Mickaël Pouvin • 20/35€ La Tipica Del 974 (latino) • gratuit Kokobass avec Jacky Moutoussamy • gratuit La krwazé des suds : T. Mena + T. Hazolahy + Konsians • gratuit Saodaj’ (maloya, world) • gratuit voir p.8
JUIN
Cie Furiosa (Comédia Dell’arte)
Johny Guichard (Humour)
63
expositions
1
2
Du Bleu et Pourquoi pas J-M. Cathelain
St-Paul - Là-bas Ter Là
Peintures et collages autour de la couleur bleue. Jusqu’au 13 juin 1 Souvenance RWV145 Richard Vildeman Trois Bassins - Le Goëllo
Travail au pochoir, sur des images et paysages de La Réunion. Jusqu’au 13 juin 4 Sentiers lumineux Lionel Lauret St-Denis - Vapiano
Les noms de la liberté St-Denis - Archives départementales
37 registres ayant servi à attribuer des noms complets aux anciens esclaves et constituant le premier recensement exhaustif de l’ancienne population esclave à La Réunion. Jusqu’au 31 décembre 3
Océanique St-Denis - Téat Champ Fleuri
Le FRAC expose les acquisitions faites en 2012 et 2013 pour dessiner un paysage insulaire contemporain. Jusqu’au 14 juin
Tampono Non Solo
Souvenirs de papiers, érections nucléaires, alphabets termites, miroirs qui pensent, bruits de jardins, champignons numériques, images filantes : créations graphiques où se rencontrent l’esprit du jeu, du rêve et de la poésie. Jusqu’au 30 juin
C. Frappier & G. Manglou
BLOP
Les tamarins exposent leurs Gouzous
St-Leu - Hôtel des postes
Cette exposition collective rassemble les artistes les mieux connus du street art péi : Gorg One, Pandakroo, Jace, Kid Kréol & Boogie. Jusqu’au 2 août 64
St-Denis - La Ligne
Résidence laboratoire et participative autour de la technique du tampon et de la démultiplication d’images. Vernissage le 5 juin - Restitution du 19 au 29 juin
St-Pierre - Médiathèque
Des élèves de collège exposent leur travail autour du célèbre personnage de Jace. Jusqu’au 14 juin
3
4
Allo Maman Doudou Sigrid Huet
St-Pierre - Kaz Fée Mazine
Peinture sur le thème des liens maternels Tout le mois de juin
Mes Louloutes
Catherine Ferandin St-Leu - Il était une fois
Toiles - Mes Louloutes représentent la Femme, ronde, généreuse, sensuelle, féminine. Jusqu’au 20 juillet
Femmes au bain ou complicité de Hamman Antoine Mellado
Le Port - La Cantine
Toiles - Commande de la ville de St-Pierre dans le cadre de la Semaine de l’Afrique du Nord. Jusqu’au 26 juillet
Bulles de rêve Genathema
St-Denis - L’Artothèque
Encres et Photographies - Fantasmagories, esprit et angoisses adoucies de poésie. Jusqu’au 15 juin
Patrick Vongxay Étang-Salé-les-Bains - Le Bambou
Peintures - Abstrait Jusqu’au 25 juin
Portraits
Florence Lafleur St-Pierre - l’Art i show
Peinture - Personnages animaliers. Jusqu’au 14 juin
Che’s Box
André Béton St-Denis - KTDral
Collages - Sous-titrée «La révolution de papier», cette exposition détourne des emballages de carton pour tourner en dérision l’héritage du révolutionnaire devenu icône du marketing. Jusqu’au 14 juin 2 Paul & Virginie, du roman aux images St-Denis - Musée Léon Dierx
A l’occasion du bicentenaire de la mort de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, le Musée expose plus de 300 gravures, sculptures et éditions d’époque se rapportant à l’univers des amants maudits de l’Océan Indien. Jusqu’au 5 octobre
Portraits d’ici et d’ailleurs Pascale Robert
Le Tampon - Campus Universitaire
Peintures - Portraits Jusqu’au 17 juin 65
à LA NICHE!
l’encyclopédie des genres obscurs, par françois manificat
Pays ravagé par quarante ans de guerre, d’indépendance vis-à-vis du Portugal (acquise en 1975), puis civile jusqu’en 2002, l’Angola, principalement connu pour ses richesse minières et pétrolières, est également le berceau du kuduro, sorte de techno à la sauce locale. Apparu dans les musseques (bidonvilles) de la capitale Luanda autour de 1990, le kuduro, littéralement «cul dur», est une musique de transe. À l’instar du kwaito sud-africain ou du baile funk brésilien, il constitue une forme de réappropriation de l’électro par les artistes du Sud, le but initial étant de recréer les rythmes traditionnels des musiques de carnaval à l’aide de machines. Mélange des musiques folkloriques angolaises (semba, kizomba ou kilapanga) et de beats électroniques massifs et cadencés à 140 bpm, le kuduro est indissociable de la danse enfiévrée et convulsive qui l’accompagne. À mi-chemin entre hip-hop et danses traditionnelles, les chorégraphies sont souvent très théâtrales : les danseurs s’écroulent subitement sur le sol, simulant une mort par balles, boitent, ou imitent une marche militaire, comme pour mieux se moquer de leur douloureux passé. Originellement boycotté par des media qui le soutiennent désormais massivement, le kuduro s’est répandu grâce à sa large diffusion dans les candongueiros (minibus faisant office de taxis collectifs), transformés en soundsystems 66
Retrouvez la playlist sur www.azenda.re
ambulants, directement approvisionnés par les producteurs. Les autorités locales, d’abord très méfiantes envers ce qu’elles considéraient comme une musique de délinquants, sollicitent désormais les kuduristas (MCs) afin d’inciter les jeunes à aller voter ou de les sensibiliser aux risques liés aux MST. Une scène d’envergure s’est développée simultanément au Portugal, notamment à Lisbonne où vit une importante communauté angolaise, et le kuduro cartonne aujourd’hui dans l’ensemble des pays lusophones, mais aussi dans les clubs du monde entier grâce au succès de Buraka Som Sistema et à l’intérêt d’artistes renommés tels MIA ou Diplo.
illustration : Freddy Leclerc
kuduro
mARdI 10/ 06
vEndREdI 6/ 06
19H00•spectacles 15-10€
transe mêlée
FuNky pAkReT • cheMIN lA MISèRe
20H00•danse 15-10€
jEUdI 26/ 06
20H00•one man sHow 20-18€
didier porte
gramounes party vEndREdI 4/ 07
19H00•soirée de cloture 20-15-12€
lékol la fini !
RéFlex • Alex SORRèS • FRANcky lAuReT
cONFéReNceS mERCREdI 11/06 18H15• une réforme fiscale révolutionnaire... mERCREdI 25/06 18H15• tamatave au temps lontan
pROjecTION mARdI 10/06 18H•gRATUIT le jardin des finzi-contini
5, rue eugène dayot - saint-paul INFORMATIONS : www.leSpAS.Re • 0262 59 39 66 BILLETS & RÉSAS : SUR PLACE • 0892 707 974 • ww.monTICkET.RE
Samedi 14 juin
le Musée de Villèle
Villèle
14 projets d’artistes une expérience artistique unique
de 19h à 2h du matin l’art contemporain à
installations
autrement
performances P a t r i m o i n e & a t e l i e r s restitutions de résidences
artsvisuels
www.cheminements.org