“D
N°41
> ÉTÉ
14
ÉDITO
A
Chronique dévoreur
Trimestriel d’information de la Bibliothèque Départementale de la Sarthe
ACTUALITÉ
l’heure où la réforme engagée sur les rythmes scolaires se met en œuvre progressivement, les bibliothèques
apparaissent comme des interlocuteurs privilégiés permettant le développement de collaborations fructueuses entre les établissements scolaires et elles. Le jeune public représente un enjeu majeur pour les bibliothèques. S’il constitue une catégorie d’âge traditionnellement présente et adepte de ces lieux, il est important de maintenir un effort particulier pour préserver un haut niveau de fréquentation et d’emprunts. Les jeunes lecteurs d’aujourd’hui représentent les futurs citoyens de demain. Face à un public en évolution, ce sont les bibliothèques qui doivent adapter leurs services pour maintenir une offre adaptée aux besoins et aux envies des jeunes générations. Elles doivent bien entendu continuer à répondre aux différents enjeux en matière d’accès à l’information et à la documentation, aux besoins en matière de culture et de loisirs. La relation entre internet et les bibliothèques continuant à s’écrire, c’est bien aujourd’hui aux acteurs de la lecture publique d’être force de proposition pour maintenir ce lien. Jean-Marie GEVEAUX Président du Conseil général de la Sarthe
LE CONGRÈS MONDIAL DES BIBLIOTHÉCAIRES EN FRANCE EN 2014 ! Le prochain congrès de la Fédération Internationale des Associations de Bibliothécaires et des bibliothèques (IFLA) se déroulera en France du 16 au 22 août 2014. Le 80è congrès de l’IFLA sera organisé à Lyon et rassemblera plus de 3 000 personnes issues de 150 pays. Il sera consacré au thème suivant : « Bibliothèques, citoyenneté, société : une confluence vers la connaissance ». Créée en 1927, L’IFLA représente, à l’échelle internationale, les associations de bibliothèques, les institutions et les bibliothécaires qui oeuvrent à travers le monde au service de leurs communautés d’utilisateurs. Elle constitue le porte-parole reconnu de la communauté des bibliothèques et milite pour un accès équitable à l’information et au savoir pour tous. Elle mène de nombreux travaux de réflexion et de recherche, travaille activement pour la mise en réseau des différents acteurs de la lecture publique, propose des actions de lobbying pour défendre les intérêts des bibliothèques et publie régulièrement des guides, manifestes et directives à l’échelle internationale. Chaque année, le congrès annuel représente le point d’orgue du travail de l’association.
Il permet aux bibliothécaires du monde entier de se rencontrer pour échanger sur leurs expériences professionnelles, promouvoir et mutualiser des innovations techniques et enrichir leurs connaissances. Le dernier congrès IFLA organisé en France date déjà puisque c’est Paris qui l’accueillait il y a 25 ans. Près de 400 communications sont prévues dans de nombreux domaines (conférences, rencontres, salon professionnel…). L’actualité du congrès IFLA 2014 est à suivre sur le site du Comité français international bibliothèque et documentation (Cfibd) à cette adresse : www.cfibd.fr ou sur http://conference.ifla.org/ifla80 Le congrès de l’association des bibliothécaires de France (ABF) s’est déroulé à Paris du 19 au 21 juin 2014. Il porterait sur le thème des « Bibliothèques, nouveaux métiers, nouvelles compétences ».
“C „ EN RÉSEAU OUVERTURE DE LA MÉDIATHÈQUE DE LA FERTÉ-BERNARD
CHRONIQUE DU DÉVOREUR
2
La Médiathèque Jean-d’Ormesson de la FertéBernard a été officiellement inaugurée le 21 décembre dernier. Les usagers, anciens et nouveaux, ont depuis pris possession d’un bâtiment résolument contemporain. Signée par l’architecte Philippe Fichet, cette nouvelle médiathèque ne passe pas inaperçue dans le paysage fertois, notamment en raison de son habillage extérieur ! A l’intérieur, une ambiance sobre et élégante accueille le public. La partie médiathèque occupe le rez-dechaussée tandis que l’étage est occupé par la ludothèque, un espace de jeux extérieur
et les bureaux du personnel. Les collections patrimoniales bénéficient désormais d’un traitement particulier et sont conservées dans un local permettant de les préserver de la chaleur et de la lumière. L’ensemble de l’équipe de la Ferté-Bernard et sa responsable Roselyne Dreux ont travaillé d’arrache-pied pour organiser le transfert des documents dans le nouveau bâtiment. L’ancienne bibliothèque, située dans un hôtel particulier en centre ville (Courtin de Torsay) ne répondait plus aux
exigences d’un tel équipement. C’est donc avec une grande satisfaction qu’ils ont pu s’installer dans ce nouveau lieu. Le catalogue de la médiathèque est accessible en ligne à cette adresse : http://web.afi-sa.net/lafertebernard.fr/ Cette réalisation a été soutenue par le Conseil général de la Sarthe au titre du Plan lecture publique à hauteur de 395 579 c.
RÉOUVERTURE DE LA BIBLIOTHÈQUE DE BRETTE-LES-PINS A la suite d’un sinistre intervenu au mois d’août 2013, la bibliothèque de Brette-lesPins avait été contrainte de fermer. Après plusieurs mois de travail, elle a pu rouvrir dans un nouveau local, plus spacieux et plus fonctionnel. Le catalogue de la bibliothèque est accessible à cette adresse : www.abiblio.com/manceauopac
ACCENT SUR LA RÉFORME DES RYTHMES SCOLAIRES ET LES BIBLIOTHÈQUES Les 27 et 28 mars derniers, la BDS accueillait la formation « Un nouveau rythme pour le travail avec le public scolaire » à laquelle 21 stagiaires ont participé, pour près du double d’inscriptions sollicitées… Preuve que la réorganisation des rythmes scolaires et du temps périscolaire, suite à la réforme mise en place en 2013 est une source de préoccupation majeure chez beaucoup de bibliothécaires du réseau. Quelles animations mettre en place avec les enfants ? Quelle différence faire avec les accueils de classes ? Comment développer un partenariat équilibré avec l’école ? … Beaucoup de questions qui agitent les bibliothécaires sarthois, à l’heure où la réforme doit être appliquée dans toutes les communes à la rentrée 2014.
LA RÉFORME DES RYTHMES SCOLAIRES … C’EST QUOI EN RÉALITÉ ? Cette réforme concerne les enfants inscrits à l’école primaire (de la maternelle au CM2) et s’inscrit dans un projet plus global de « refondation de l’école », qui « vise à réduire les inégalités et à favoriser la réussite de tous » (source : site du Ministère de l’Education nationale). Concrètement, le temps passé à l’école est réduit au profit du temps consacré à des activités périscolaires, qui doivent rester ludiques. Ainsi les communes sont invitées à solliciter les partenaires locaux susceptibles d’assurer ce lien. C’est là qu’interviennent les bibliothèques. Services municipaux ou associations chargées du service public de lecture, elles sont, quelle que soit leur taille, parmi les premières à être contactées par la tutelle pour accompagner la mise en œuvre de la réforme à l’échelle de la commune.
UN CADRE RÉGLEMENTAIRE Afin d’organiser au mieux les fameux temps d’activités périscolaires (TAP), la commune est encouragée dans la réalisation d’un projet éducatif de territoire. Sans constituer une stricte obligation légale, ce PEDT rassemble, à l’initiative de la collectivité territoriale, l’ensemble des acteurs intervenant directement ou indirectement dans le domaine de l’éducation : le ministère de l’éducation nationale par la voix des écoles, les structures d’accueils de loisir ou les centres socioculturels, des associations, des institutions culturelles et sportives, les représentants des parents d’élèves… et les bibliothèques. Le projet, qui a pour but de proposer un parcours éducatif cohérent à l’enfant, est souvent piloté par une personne chargée de sa coordination. Le rôle de ce coordonnateur est donc notamment de mobiliser chacun des acteurs (dont les bibliothèques) et d’être à leur écoute afin que les activités programmées prennent sens dans la journée de l’enfant.
UN BOULEVERSEMENT DE L’ACTIVITÉ DES BIBLIOTHÈQUES Venant « empiéter » a priori sur la fonction traditionnelle d’accueil des publics scolaires par les bibliothèques, la réforme incite ces dernières à revoir leurs pratiques. Des questions se posent quant à la prise en charge des enfants, la pertinence des horaires d’ouverture habituels, la disponibilité ou non des personnels pour cette surcharge d’activité… Il convient ainsi de dialoguer avec la tutelle pour ensemble se positionner globalement sur l’accueil des publics scolaires. Et en fonction des possibilités, une décision sera prise de poursuivre, modifier, voire revisiter complètement ce service au vu des nouvelles contraintes. Il est ainsi important de garder en tête les objectifs de l’offre proposée. Ne s’agissant pas d’un temps scolaire, il faudra veiller à ne pas reproduire les accueils de classes traditionnels… et à impliquer les personnels de la bibliothèque en fonction des
compétences propres de chacun.Dans tous les cas, il est important de systématiquement questionner les objectifs de l’offre proposée aux enfants scolarisés et d’impliquer les personnels de la bibliothèque en fonction de leurs compétences afin de ne mettre personne en situation de difficulté. Par ailleurs, la réflexion sur les TAP peut s’avérer une opportunité de créer du lien avec les animateurs et autres services de la commune ainsi qu’avec les familles (considérer un travail avec des enfants plutôt qu’avec des élèves).
DES OUTILS POUR NOURRIR LA RÉFLEXION… Si l’objet de cette chronique n’est sûrement pas de fournir une boîte à outils toute prête à l’utilisation, de nombreuses publications et informations circulent pour vous guider dans l’application concrète de la réforme. En voici un aperçu non exhaustif… Des ressources professionnelles sur internet : Le vademecum de l’ABF : réalisé par l’Association des Bibliothécaires de France, ce texte d’une quinzaine de pages reprend les pointsclés de la réforme et donne des indices aux professionnels et bénévoles pour la mise en application. Ce qu’il faut savoir, ce que l’on peut faire, avec qui travailler… Instructif ! : abf.asso.fr/ rubrique ressources Inspection générale des bibliothèques : un rapport de l’IGB sur le lien entre bibliothèques et établissements scolaires et l’influence de la réforme sur leur relation. Site internet de l’IGB, page d’accueil. L’application des PEDT en Sarthe sur le site de la préfecture : www.sarthe.gouv.fr rubrique : le projet éducatif territorial Sur les forums : - Sujet Rythmes scolaires sur Agorabib.fr, le forum des bibliothécaires - Sujet TAP sur le forum de la BDS
LA CHRONIQUE DU DÉVOREUR - N°41 - Trimestriel d’information de la BDS
3
“C „ CHRONIQUE DU DÉVOREUR
4
ENCART LES JEUX ET LA BIBLIOTHÈQUE : UN MARIAGE HEUREUX… ET QUI DURE ! Jeux de société, développement des ludothèques, livres-jeux et maintenant jeux vidéo et autres déclinaisons numériques, la question du jeu en relation avec les bibliothèques ne date pas d’aujourd’hui. Mais, à l’heure où l’on insiste beaucoup sur l’importance de voir la bibliothèque comme un lieu de convivialité et d’échange, cette question se pose sous de nouvelles formes liées à la diversité des supports et des approches disponibles ; convoquant par conséquent des publics tout aussi variés ! Un service à la population En tant qu’équipements culturels et de loisirs, les bibliothèques proposent des services et des collections variés qui se sont largement étoffés ces dernières années. Autant de nouveaux supports et nouveaux services largement appréciés des usagers, et qui participent d’une modernité portée par la notion de 3ème lieu ou la bibliothèque comme «living-room». Dans la lignée de cet élargissement des services, de plus en plus de bibliothèques proposent des collections de jeux vidéo et/ou l’accès à des espaces ludothèques. Les jeux, quel que soit le support, sont des outils stimulants pour apprendre et se divertir. Ils ont donc toute légitimité à trouver leur place dans les bibliothèques, lieu de sociabilité par excellence. Collections dédiées au prêt, consultation sur place ou en ligne, temps d’animation et partenariats avec les acteurs locaux tournés vers le jeu : la place du jeu en bibliothèque est multiforme.
Les jeux vidéo… S’il subsiste des réticences à leur propos ce n’est plus du côté des usagers que cela coince parfois… En prêt ou en consultation, l’offre proposée sous le contrôle des bibliothécaires inspire confiance aux parents. De plus, les joueurs de tous âges sont de plus en plus nombreux à mesure que les jeux et les façons de jouer se diversifient. Il s’agit d’un loisir coûteux et, en proposant des jeux sur différents supports, les bibliothèques en démocratisent l’accès, tout comme elles le font pour le livre. Côté bibliothécaires, le frein tient en général au manque d’expérience et à une certaine appréhension pour un support méconnu. (La notion de droit d’auteur dans le jeu vidéo étant très floue, il n’est juridiquement ni interdit ni permis de prêter un jeu.) … mais pas seulement : Les réflexions sur le jeu vidéo en bibliothèque relèguent quelque peu à l’arrière-plan l’utilisation de la forme plus simplifiée et plus accessible du jeu. Pourtant les jeux de société suscitent à nouveau l’intérêt, en particulier auprès des jeunes adultes. Au point que, vous l’aurez sans doute remarqué, ces jeux occupent une place de plus en plus importante dans les librairies.
Citons l’exemple, un peu lointain certes mais fort intéressant tout de même, des bibliothèques publiques de Montréal qui ont largement développé leur offre de jeux (en ligne, vidéo, de société...) et proposent un site dédié qui mérite le détour : http://arene.bibliomontreal.com/
Une démarche originale : la création collective d’un jeu entre bibliothécaires
L’EXPÉRIENCE DE PARIGNÉ L’ÉVÊQUE QUEL IMPACT ?
A l’occasion de la série d’animations « Haut Les Mots », en cours dans tout le département, les bibliothécaires de Noyen-sur-Sarthe, Laignéen-Belin et Mamers se sont prêtés au jeu (sic) de créer ensemble une animation ludique à partir de textes destinés à être lus à haute voix. Où comment transformer la bibliothèque en terrain de jeu ! Piloté par une professionnelle de la ludothèque Planet’Jeux, le groupe a imaginé une véritable règle du jeu qui permet de découvrir le lieu et ses trésors. Des défis de toutes sortes ont été proposés pour amener les joueurs à retrouver les livres égarés parmi les rayonnages : jeux de mots, jeux de dessins, rébus, énigmes, défis de lecture… Une fois ces défis relevés, les participants déverrouillent des cadenas qui permettent d’ouvrir un coffre comprenant le codebarre d’un livre recherché. Une façon amusante de s’approprier la bibliothèque et une expérience de création collective enrichissante où les professionnels s’attachent à la création de leurs propres outils d’animations.
À Parigné l’Évêque l’idée a commencé à germer au retour de Festi’malles à Liré (festival sur les pratiques d’animations autour du livre et de l’écrit). Puis le vrai déclic a eu lieu lors de la rencontre avec Mathilde de Planet’ Jeux au cours de la formation proposée par la BDS sur le jeu en bibliothèque. Quelques semaines après, première animation jeux et depuis les bibliothécaires parignéennes sont accros !
Parfois indépendantes, parfois liées étroitement à la bibliothèque de leur commune, les ludothèques sont nombreuses dans le département. Vous les trouverez à Allonnes, Château du Loir, La Ferté-Bernard, La Flèche, Le Mans, Mamers, Marigné-Laillé, La Suze-sur-Sarthe, Connerré, Coulaines, Sablé-sur-Sarthe, Le Lude, La Bazoge, Mézières-sous-Lavardin. Ces établissements, qu’ils soient associatifs ou municipaux, proposent très souvent un service de prêt et des conseils avisés portés par les professionnels ludothécaires.
QUELS PARTENAIRES ?
LEURS OBJECTIFS ?
• Planet’ jeux au Mans. Pour Carine (Parigné l’Évêque) « Ce sont de vrais professionnels, compétents qui sont d’excellent conseil ».
Pour Carine à Parigné l’Évêque, le but est avant tout d’ajouter de la convivialité au lieu médiathèque. Le jeu sociabilise, les gens se parlent, échangent, se posent, rient. « C’est extrêmement agréable et gratifiant de pouvoir créer ce genre d’ambiance dans un lieu que beaucoup croient encore austère ou élitiste ».
• À Parigné l’Évêque toujours, l’école de musique a été un partenaire essentiel sur le Carnaval des animaux. Les élèves de l’école ont pris plaisir à venir et à aborder l’oeuvre de Saint-Saens par d’autres biais, plus ludiques et visuels.
COMMENT ?
Un réseau de partenaires privilégiés : les ludothèques
À Parigné l’Évêque, « les lecteurs ont trouvé ça naturel ». Certains ont même demandé si l’emprunt était possible. Ces temps de jeux ont également attiré des «non habitués». Des personnes qui ne venaient pas ou plus ont trouvé un autre intérêt à franchir les portes de la bibliothèque. Et « contrairement à une idée reçue, on s’est aperçu que les enfants et les ados ne se battaient pas pour occuper les écrans ; ils apprécient aussi énormément le lien très particulier qui se crée autour d’un jeu de plateau ou de cartes le temps d’une partie. Encore faut-il que l’occasion leur en soit donnée...
La plupart du temps le jeu est intégré à une thématique plus large. Concrètement cela se traduit par la création de mémory, loto, jeux d’observation en lien ou non avec les livres, mais aussi jeu sur Wii dans le cadre d’animations musique. Dans l’heure du conte ou plus souvent lors d’accueils de classes, le jeu permet d’introduire ou de prolonger la lecture d’un album.
• La BDS pour le prêt de tablettes et la mise en place d’animations tel le Quizz musical dans le cadre de «Sarthe Session».
ET POUR LA SUITE ? Un projet de ludothèque est en cours sur la commune de Parigné. Et les bibliothéca avec les livres, mais aussi jeu sur Wii dans le cadre d’animations musique. Dans le cadre de certaines heures du conte ou plus souvent d’accueils de classes, le jeu permet d’introduire ou de prolonger la lecture d’un album.
A noter également la mission de «lieu ressources ludiques» assurée par la ludothèque Planet’Jeux du Mans. A ce titre, les salariés de la ludothèque sont chargés d’animer et coordonner le réseau d’établissements, de développer des projets d’animations ludiques et de favoriser la pratique du jeu en milieu rural sur l’ensemble de la Sarthe. Un partenaire tout trouvé pour les bibliothèques désireuses d’organiser des temps de jeu dans le cadre de leur programme d’animations. http://ludothequeplanetjeux.free.fr
LA CHRONIQUE DU DÉVOREUR - N°41 - Trimestriel d’information de la BDS
5
À DÉVORER ÇA VOUS DÉRANGE ?... Des mots simples et quelques jolis dessins… Peu de choses en apparence. Et pourtant quand il s’agit de parler aux enfants, gare à l’album qui prend des libertés avec la norme, gare au livre trop audacieux. Un pas de côté et blam ! Tribune dans les journaux, polémique, et bientôt retour de la censure ?! Petite sélection de livres qui ont fait du bruit…
MAX ET LES MAXIMONSTRES Maurice Sendak ; Ecole des Loisirs, 1967
Vous le connaissez tous… Il vous a parfois accompagné enfant et c’est vous qui le faites partager aux jeunes lecteurs aujourd’hui. Et pourtant quand paraissent les aventures de Max en 1963 en Angleterre et 4 ans plus tard en France, c’est un scandale ! Un libraire de l’époque donnait même ce conseil : « Ne laissez pas ce livre le soir à portée de main d’un enfant sensible. » Max effraie certains adultes qui voient en lui le porte-drapeau d’une rébellion des enfants contre leurs parents. Un tel encouragement à la subversion est-il tolérable dans un livre à destination de la jeunesse ? Et puis avec toutes ces créatures sauvages, n’y a-t-il pas un risque que les petits en fassent des cauchemars …? 50 ans plus tard, Max n’en finit pas de traumatiser des millions d’enfants… pour le bonheur de tous.
CHRONIQUE DU DÉVOREUR
6
JE MOURRAI PAS GIBIER
Guillaume Guéraud.- Ed. du Rouergue, 2006.- (DoAdo noir). Alfred.
Mortagne, du bois et de la vigne, c’est là que vit Martial. L’adolescent en CAP au lycée professionnel a «pété les plombs». Cinq morts, deux personnes dans un état grave ! Et un blessé léger. Le garçon raconte… Véritable claque que ce récit, brutal, cru et d’une extrême violence, écrit dans un style percutant : des phrases courtes, des mots simples. Paru en 2006 dans la toute nouvelle collection « doAdo » du Rouergue, le livre choque et dérange dans une littérature jeunesse ronronnante. Quelques mois plus tard les Editions Sarbacanes lanceront leur collection « Exprim’ » qui alimentera des polémiques au gré des parutions. Une nouvelle ère du roman pour ado commence, d’aucun lui reproche son réalisme et sa trop grande noirceur. Plus simplement, n’est-il que le miroir des évolutions de notre société ?
TITEUF
Zep : Glénat, 2010
Souvenez-vous... c’était au XXè siècle... Un sale gosse à la mèche jaune dressée sur un crâne d’œuf prend le pouvoir dans vos bacs à BD... Titeuf ! Premier héros de la BD jeunesse à coller à la réalité, la dure réalité des cours d’école, Titeuf exprime les doutes des « 7-13 ans » et aborde les sujets de société (chômage, sida, sexualité...). En vrai agitateur, il transgresse de nombreux interdits : il dit tout haut ce que les enfants osent à peine penser tout bas, et il le dit dans un langage bien à lui, un langage peu châtié mais non sans une certaine poésie. Subversif ? Insolent ? Ah, oui ? Vraiment ?
POURQUOI LES PETITS GARÇONS ONT-ILS TOUJOURS PEUR …
Vincent Ravalec ; Anne-Marie Adda.- Paris : Seuil jeunesse, 2000.
Que se passe-t-il dans la tête d’un petit garçon quand sa maman s’en va ? « Ne t’inquiète pas, disait maman. Sois sage et je reviendrai te voir.» Elle ferma la porte et . . .» Tel des oiseaux de mauvaise augure quatre crânes jouent les troubles fêtes et susurrent que maman est une menteuse, qu’elle ne reviendra jamais, et «pourquoi as-tu peur? Pourquoi trembles-tu ?» demandent les crânes au petit garçon, n’en finissant pas de lui rappeler les fois où elle l’a abandonné pour aller au cinéma ou a laissé la veilleuse éteinte. L’angoisse monte au milieu de ces illustrations au pastel de jouets anciens et de crânes hilares, pour laisser finalement place au dénouement heureux. Car les mamans finissent toujours par revenir, «c’est évident»... Vous l’aurez compris le trouble que provoque cet album pourrait en faire fuir plus d’un. Sauf que les enfants adorent jouer avec leurs peurs. Certains enfants de grande section ont même classé ce livre dans la catégorie «histoire pour s’endormir» ! Attention donc à ne pas se fier à nos projections d’adultes pour juger de la pertinence d’un livre jeunesse.
LES CHATOUILLES
Christian Bruel et Anne Bozellec Le Sourire qui mord, 1981 Thierry Magnier, 2012
Une petite fille entre discrètement dans la chambre d’un garçon de son âge, tire une plume de la couette et commence à le chatouiller. Quand le garçon se réveille commence une terrible partie de chatouilles, des pieds à l’oreille en passant par le ventre, le nez… Les pyjamas sont enlevés, pour mieux profiter du contact avec la peau et des sensations qui y sont liées. Une plongée dans l’univers enfantin, qui n’a d’autre but que de prendre du plaisir, d’explorer et de découvrir de nouvelles émotions. En 1981 ce livre a beaucoup choqué les adultes (et encore parfois aujourd’hui…) mais il faut bien dissocier la sexualité infantile de celle des adultes. Ces deux enfants sont en effet dans la phase de découverte de la sexualité, dans cette période où ils ont besoin d’entrer en contact avec les autres pour mieux se découvrir eux-mêmes. Rien d’anormal donc, ni de malsain, mais au contraire une bonne occasion d’échanger avec les enfants dans cet album que chacun peut interpréter à sa guise et selon les besoins de son âge. Allez lire aussi « Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon »
CONNAÎTRE BIENVENUE À BRAINS-SUR-GÉE
En 1997 ouvrait le point-lecture de Brains, situé à l’étage de la mairie, fonctionnant avec deux bibliothécaires bénévoles : Sylviane Morin, responsable, et Christiane Leborgne. La commune comptait alors 430 habitants, (actuellement 696). En 2008, la municipalité décide de construire une nouvelle structure de 90 m2 avec du nouveau mobilier et gestion informatisée. Elle est inaugurée en septembre 2009 et devient bibliothèque relais. La gestion est confiée à une équipe de bibliothécaires bénévoles. Christiane Leborgne assure depuis 2010 le poste de responsable. Christiane, comment se passe le travail avec votre équipe ? L’équipe compte 10 personnes, rien que des filles ! Nous sommes organisées en différents pôles selon les goûts et les disponibilités de chacun. Par exemple Jocelyne, Annick, Katia et moi-même travaillons à la préparation des renouvellements à la BDS, nous faisons les accueils de classe. Le pôle peut être constitué d’une seule personne. Isabelle par exemple, a en charge les achats de bandes dessinées, Jocelyne s’occupe de la décoration et de l’agencement des étagères ou Sophie de la page blog-internet. Toutes nous préparons les navettes et assurons les permanences. Je suis contente de la bonne coordination de l’équipe, toujours disponible pour un imprévu.
Certaines d’entre nous ont suivi une formation, je souhaiterais que le reste de l’équipe puisse se former pour prendre la mesure de l’importance de nos missions. A part l’accueil des classes, avez-vous d’autres actions ou animations ? Nous faisons de la lecture de contes aux enfants. Chantal se rend régulièrement à la maison de retraite de Rouillon pour lire et il y a un projet avec l’établissement de Coulans-sur-Gée. J’en profite pour signaler que quasiment 50% de nos usagers habitent les communes avoisinantes. Nous aimerions faire mieux en animation, mais déjà la gestion au quotidien nous «mange» beaucoup de temps. Récemment un événement a perturbé votre bon fonctionnement…
“C „ Des projets ? Nous pensons ouvrir une section musique, cela étofferait notre offre et dynamiserait notre développement. Il faudra le proposer à la mairie, car il s’agit d’un investissement non négligeable.
Christiane, un mot pour conclure ? J’adore ce que je fais ! Voir la mine des enfants lors des lectures ou quand ils empruntent, partager mes coups de cœur avec les lecteurs, les conseiller ou les guider dans leurs recherches, voir la bibliothèque pleine de monde. Je voudrais ajouter que nous travaillons toujours avec plaisir avec la BDS, dont le soutien nous est indispensable. Entre autres services, le passage de la navette est très apprécié par nos lecteurs.
Oui, suite à la mise en place des nouveaux rythmes scolaires dès la rentrée dernière, nous avons constaté une baisse significative de la fréquentation. Passée la phase de découragement, nous avons réagi en changeant les plages horaires des classes et aussi en ouvrant un mercredi soir par mois de 17h30 à 19h. Les effets s’en font déjà sentir, la chute est enrayée et depuis janvier 55 nouveaux inscrits fréquentent notre bel établissement.
LA CHRONIQUE DU DÉVOREUR - N°41 - Trimestriel d’information de la BDS
7
BRÈVES MOBILIS : UNE NOUVELLE ASSOCIATION DES PROFESSIONNELS ET AMIS DU LIVRE EN RÉGION !
Mardi 24 juin 2014 l Abbaye de l’Epau
Ressources et services numériques
Conseil général de la Sarthe 41, rue de Bellevue 72000 Le Mans
CHRONIQUE DU DÉVOREUR
8
PROGRAMME Animations culturelles
Bibliothèque départementale de la Sarthe
Diversité des publics
Coopération entre bibliothèques
Lecture publique EN SARTHE
Conception : L. Chapron CG72
Auteur, éditeur, libraire, bibliothécaire ou : 02 43 54 11 70 médiateurTélwww.bds.cg72.fr : quelle que soit sa fonction, chaque acteur professionnel formant un des Direction Régionale des Affaires Culturelles maillons de ladechaîne du livre est amené à des Pays la Loire 1 rue Stanislas Baudry 63518 collaborerBP44035 régulièrement avec les autres. Nantes cedex 1 Tél : 022014 40 14 23 00 marquait la naissance du Le 18 mars www.culturecommunication.gouv.fr Pôle régional de coopération du livre et de la lecture, sous la forme d’une association. MOBILIS,Lecture c’est son nom, aura une double mission : EN SARTHE publique • Une mission transversale d’information, de formation, de mutualisation et de mise en réseau au bénéfice des acteurs de la lecture publique et du patrimoine écrit, de l’économie du livre, de la création et de la vie littéraire. • Une mission de structuration des maillons de la chaîne du livre qui ne disposent pas actuellement d’organisation à l’échelle régionale (principalement les auteurs, les acteurs de la lecture publique et les organismes œuvrant auprès de publics spécifiques. Présidée par Philippe Forest, écrivain et enseignant de l’Université de Nantes, à MOBILIS représente toutes les approches du livre et de la lecture en région. Un relais interprofessionnel essentiel à l’image des centres régionaux du livre présents dans la quasi-totalité des régions de France.
LE PRIX DES LECTEURS 2014
Journée départementale de la Lecture Publique en Sarthe
www.cg72.fr
JOURNÉE DÉPARTEMENTALE DE LA LECTURE PUBLIQUE Le mardi 24 juin dernier a eu lieu la journée départementale de la lecture publique en Sarthe à l’Abbaye de l’Epau, événement organisé en partenariat avec la DRAC Pays de la Loire. Plus de cent bibliothécaires, élus et acteurs culturels étaient présents pour réflechir sur le rôle des bibliothèques et leur avenir. Entre la présentation du nouveau schéma départemental et des
Directeur de publication : Jean-Marie Geveaux Bulletin trimestriel d’information pensé et rédigé par les agents de La Bibliothèque Départementale de la Sarthe en lien avec les bibliothécaires du réseau de la lecture publique
LA BDS DANS LE POSTE La Bibliothèque départementale propose des coups de coeur dans l’émission «Tout le monde dehors» sur France Bleu Maine. Depuis quelques semaines déjà Sophie Jouanneau, animatrice, nous donne la parole en studio pour présenter des « bons bouquins » aux auditeurs. Les chroniques sont à (ré)écouter sur le site de la radio ou en direct sur Le Mans 96.0, La Flèche 91.7 et Sablé-sur-Sarthe 105.7.
FESTI’MALLES 2014
EVÉNEMENT BD À L’EPAU : EN GARDE ! Le dimanche 16 novembre prochain, on se retrouve à l’Epau pour le prochain événement BD. A l’occasion de la sortie conjointe du nouveau tome du « Scorpion », d’Enrico Marini et Stephen Desberg et d’un tirage spécial des « 7 vies de l’Epervier », d’André Juillard et Patrick Cothias, une rencontre est organisée autour du genre de cape et d’épée dans la bande dessinée. Ce genre de la littérature populaire, incarné par les deux classiques que sont le « Scorpion » et les « 7 vies », croise de nombreuses formes artistiques. Littérature bien sûr, mais aussi cinéma, théâtre, chorégraphie… Réservez dès à présent votre dimanche pour ce rendez-vous « De cape et d’Epau » qui réserve de nombreuses surprises…
And the winner is… Florence Hinckel pour son roman «Théa pour l’éternité» Ed. Syros (Soon). Mercredi 21 mai dernier, l’auteur a reçu le Prix des Lecteurs du Mans et de la Sarthe à l’Espal. Ce prix est organisé dans les collèges, les bibliothèques et lycées professionnels du département par la ville du Mans, l’association «La 25è heure du livre» et le Conseil général de la Sarthe. La remise du prix a eu lieu après la présentation du spectacle « Lys Martagon » de la compagnie grenobloise Les Veilleurs. Plus de 300 jeunes étaient présents dans la salle. S’en est suivie une dédicace au cours de laquelle Florence Hinckel a pu rencontrer le public de jeunes lecteurs enthousiastes qui l’a plébiscitée cette année. prixdeslecteurs.wordpress.com
Rendez-vous incontournable pour tous ceux qui souhaitent découvrir des ressources et outils d’animations, cette grande fête de médiation du livre entièrement gratuite aura lieu du 1er au 3 octobre prochain à Liré dans le Maine-et-Loire. interventions décoiffantes de Claude Poissenot et Amandine Jacquet-Triboulet, la journée a permis d’aborder de nombreuses questions qui agitent les professionnels de la lecture publique. A commencer par les évolutions que connaissent les lieux bibliothèques et la diversité des publics qui les fréquentent. Un moment riche d’échanges et de convivialité… une certaine idée des bibliothèques !
41 rue de Bellevue - 72000 Le Mans Tél. 02 43 54 11 70 - Fax. 02 43 54 11 79 www.bds.cg72.fr Email : bds@cg72.fr Graphisme et mise en page : Agence Cj.com Le Mans 02 43 52 12 00 - www.cj.com.fr RC B412 623 109
À l’heure de la réforme des rythmes scolaires, vous êtes nombreux en attente de ressources, d’idées à destination des publics jeunes. Nul doute que ces journées d’ateliers et le forum associatif pourront apporter de l’eau à votre moulin. Les inscriptions sont ouvertes. Rendez-vous sur le site de Festi’Malles pour le choix des ateliers. Et puisqu’on vous y conduit en bus, n’oubliez pas de contacter le secrétariat de la BDS pour réserver votre place. www.bds.cg72.fr Imprimé par Imprimerie ITF - Rue Pierre Mendès France - Z.A Mulsanne - Tél.02 43 42 00 38