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Les capsules historiques de Candy Côte d’Ivoire

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Kalakuta Républik

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Marie-Noëlle du blog Candy Côte d’Ivoire adore l’Histoire de notre pays ! La grande Histoire, celle que l’on apprend dans les livres d’école et les « petits épisodes », moins connus, mais tout aussi importants qui l’ont jalonnée. Dans ses capsules, elle nous en révèle quelques-uns : des évènements et anecdotes que vous ne connaissez peut-être pas, mais qui ont eu des influences primordiales sur la construction, l’engagement et l’identité de la Côte d’Ivoire. Ce mois-ci, elle vous propose de découvrir l’histoire de la guerre du Biafra et comment la Côte d’Ivoire y a activement participé en finançant et soutenant l’État du Biafra.

Côte d’Ivoire et guerre du Biafra

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Le 30 mai 1967, la République du Biafra est proclamée. Cet état sécessionniste, dont la capitale est Enugu, se situe au sud-est du Nigéria dans l’une des régions les plus riches en ressources agricoles, minières et pétrolières. Un affront et des conséquences en termes de pertes économiques que le gouvernement nigérian ne saurait tolérer. Débute alors l’une des guerres les plus horribles et sanglantes du 20ème siècle provoquant des millions de morts.

Le 1er octobre 1960, le Nigéria accède à l’indépendance. Le pays est constitué de plus de 200 ethnies. Cependant, les ethnies Yoruba (à l’Ouest), Hausa (au Nord) et Igbo (à l’Est) sont majoritaires, sans pour autant s’entendre. C’est dans ce climat tendu, que le 15 janvier 1966, le général igbo Aguyi Ironsi s’empare du pouvoir. Le 29 juillet 1966, il est assassiné lors d’un coup d’État mené par le général Yakubu Gowon et le peuple igbo traqué dans tout le pays. 30 000 d’entre eux seront tués.

Le Général Odumegwu Ojukwu se présente alors comme défenseur de son peuple, les Igbos, et proclame alors le 30 mai 1967, la République du Biafra. Cette république occupe moins de 10% du territoire nigérian, mais regroupe 14 millions d’habitants (soit 25% de la population totale) et surtout la majeure partie des richesses du pays.

Le 6 juillet 1967, le Général Yakuba Gowon lance alors une offensive générale qui marque le début de la Guerre du Biafra. Le pouvoir fédéral nigérian est soutenu par le Royaume-Uni, l’URSS et les États-Unis, mais la France soutient le Biafra. En effet, Paris y voit une occasion de mettre la main sur le pétrole biafrais, d’affaiblir le géant anglophone nigérian et de mener une guerre interposée à son grand rival de toujours, le Royaume-Uni. En Afrique, seuls la Tanzanie, la Zambie, le Gabon et la Côte d’Ivoire reconnaissent le Biafra comme un état.

La France s’organise alors avec ses anciennes colonies pour apporter son soutien au Biafra. Depuis Paris, des avions transportent des miliciens français et des armes, transitent à Libreville puis atterrissent au Biafra. Même les avions des organismes humanitaires censés apporter médicaments et vivres sont mis à contribution pour acheminer des armes. De son côté, le président Houphouët Boigny finance l’armement du Biafra et sera remboursé par la France après la guerre. Toutes ces opérations sont orchestrées par Jacques Foccart, surnommé “Monsieur Afrique” et secrétaire général de l’Élysée aux affaires africaines et malgaches sous les présidents de Gaulle et Pompidou.

Dans un premier temps, l’armée biafraise a le dessus, mais elle se retrouve très vite à bout de souffle, notamment lorsque Enugu est repris par l’armée fédérale. En 1968, des clichés d’enfants biafrais atteints par la famine font la une des journaux internationaux. Jacques Foccart en profite alors pour faire du lobbying auprès des médias internationaux qui se rangent progressivement du côté biafrais.

Après des combats d’une rare violence, la guerre du Biafra s’arrête officiellement le 15 janvier 1970 par un traité signé entre le viceprésident biafrais, Philip Effiong et le président nigérian Yakubu Gowon. Le général Ojuku, à l’origine de la guerre, s’est exilé en Côte d’Ivoire, quelques jours plus tôt. Il est accueilli par le président Houphouët et séjournera à Yamoussoukro pendant 6 ans puis à Abidjan. Ce n’est que quelques années plus tard que les Ivoiriens auront vent de sa présence sur le territoire. Pourtant, même si la Guerre du Biafra reste un événement douloureux dans la mémoire collective nigériane, en Côte d’Ivoire, rares seront ceux qui en entendront parler et seront au courant l’implication de notre pays.

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