Ravage - Pathfinder le jeu de cartes - dec 2014

Page 1

Un jeu de cartes peut-il transporter le joueur dans une aventure immersive ? C’est en tout cas ce que tente de faire Pathfinder le Jeu de Cartes avec son édition L’éveil des Seigneurs des Runes.

Dungeon Deck Crawling

ACTUALITÉ

Du jeu de rôle au jeu de cartes

64

Si le jeu de figurines est pour beaucoup le petit frère du Jeu de Rôle, la filiation n’est pas aussi évidente avec le jeu de cartes. Quelques jeux tentent de proposer une aventure qui reproduit les aléas d’un jeu de plateau ou, plus ambitieux encore, les péripéties d’un Jeu de Rôle. Pathfinder le Jeu de Cartes est de cette trempe-là puisqu’il vous propose de jouer seul ou en groupe (4 joueurs avec la boîte de base et jusqu’à 6 grâce aux extensions) pour vivre des aventures au travers de scénarios établis.

Pathfinder, pour ceux qui ne le sauraient pas, c’est avant tout un système de Jeu PATHFINDER, LE JEU DE RÔLE Pathfinder, c’est avant tout un système de jeu pour rôlistes fait par des rôlistes. Le parfait prolongement du « plus célèbre JdR au monde » dans sa version 3.5. De projet de fans, Pathfinder s’est rapidement mué en un véritable produit professionnel (sorti en 2009), il est aujourd’hui édité par Paizo Publishing et traduit par Blackbook Editions. Pathfinder désigne d’ailleurs une gamme de produits pour JdR qui comprend règles, scénarios, tuiles de décors, figurines et, désormais, des jeux sous la même licence.

de Rôle (voir encart). L’éveil des Seigneurs des Runes fut la première campagne sortie pour ce système. Pour fêter les 5 ans de cette édition, Paizo nous propose donc le Jeu de Cartes qui reprend l’aventure du JdR, ses héros Valeros, Merisiel et consorts, ses lieux, comme le village de Pointe Sable où tout débute et bien sûr ses grands méchants et son bestiaire d’affreux. Mais qui dit jeu de cartes dit bien sûr système de jeu complètement différent. Ici pas question de se laisser guider par un Maître du jeu, les joueurs autour de la table vont collaborer pour venir à bout des épreuves imposées par l’aventure. Avant de plonger il va falloir choisir son héros, puis créer son deck de cartes en respectant les indications de la fiche du personnage. Le choix de votre héros est, comme dans tout Donjon Crawler, lié à votre style de jeu. Guerrier ou voleur, sorcier ou soigneur, à vous de prendre le personnage qui vous plait, aucune indication ne vous interdit de privilégier un héros plus qu’un autre même si la complémentarité d’un groupe sera souvent un vrai plus pour parvenir à ses fins. Chaque personnage possède des compétences en Force, Dextérité, Constitution, Intelligence, Sagesse et Charisme. Elles indiquent le nombre et le type de dés que vous lancez pour les tests les réclamant.

LA BOÎTE DE JEU Qui dit jeu de cartes dit rangement et l’imposante boîte de Pathfinder est un modèle du genre. On peut ainsi classer toutes les cartes dans un thermoformage adapté et ranger les decks de nos personnages en cours de campagne. On notera juste qu’il devient assez compliqué de gérer plusieurs groupes de joueurs si besoin puisque les decks évoluent et surtout que les cartes de chaque type s’enrichissent de monstres et objets de plus en plus puissant au fur et à mesure que l’aventure progresse. La logique de progression est d’ailleurs bien équilibrée puisqu’on enrichit au fur et à mesure des aventures les cartes de la pioche puis on retire progressivement les cartes du départ pour garantir une montée en puissance des monstres mais aussi des aubaines (armes, sorts, etc.)

Armure, Objet, Allié et enfin Bénédiction. Pour reprendre notre comparaison, si Valeros peut compter sur 5 armes dans son deck, Séonie s’en contente d’une seule. Normal pour une lanceuse de sorts qui en compte 3 dans son deck quand aucun n’apparaît dans celui de Valéros. Un deck est toujours constitué de 15 cartes et sa composition sera fixe tout au long de votre aventure. N’allez pas croire que les cartes ne vont pas changer mais votre deck devra toujours respecter le nombre de

cartes de chaque type indiqué. En clair, vous allez progressivement remplacer les cartes basiques du départ par d’autres plus performantes. Cette phase d’amélioration se déroule pendant l’aventure selon vos rencontres mais c’est bien entre chaque scénario que les joueurs vont troquer leurs cartes pour optimiser les decks de chacun.

Une mécanique agréable Une aventure de Pathfinder l’éveil des Seigneurs des Runes se déroule toujours de la même manière. Elle demande la mise place précise des decks de région que vous allez devoir visiter. Chaque aventure vous indique un objectif (souvent trouver et tuer un boss) et les régions que vous allez visiter. On dispose sur la table et selon le nombre de joueurs un certain nombre de régions à visiter. Chaque région possède son propre deck dont la composition vous est indiquée sur sa carte. Le boss, et ses sbires, sont ajoutés aléatoirement à ces decks. Monstre, Obstacle, mais aussi arme, armure et autres sorts pour renforcer votre deck seront votre lot de rencontres. Chaque région doit être fermée (pour interdire au boss de s’y réfugier) et possède une règle spéciale qui influencera le choix d’y envoyer tel ou tel type de héros. Impossible de terminer un scénario par un coup de chance, il faudra toujours se battre contre le décompte implacable des tours de jeu. Le déroulement d’un tour est finalement extrêmement simple et la densité du livre de règles est donc trompeuse : on explique en quelques minutes comment ça marche, surtout si au préalable on se réfère au deck de personnage proposé par défaut (idéal pour se lancer dans l’aventure). On regrettera d’ailleurs une mise en page

presque fainéante où les pavés de textes se succèdent et nuisent au plaisir de la lecture. Dommage, d’autant plus que les cartes, à l’inverse, sont très lisibles et bénéficient d’illustrations convaincantes. Même si l’on pourra noter une mis en page des cartes finalement assez austères. Mais l’abondance de mots clés et de petites règles spécifiques se paient à ce prix.

Un pour tous et tout le reste pour moi Chacun leur tour, les héros du groupe vont donc pouvoir partir à l’exploration d’une région. Mais auparavant il faudra penser à tirer une carte de bénédiction, un paquet spécifique qui indique le

ACTUALITÉ

François Moreau

Un donjon, un dragon, un trésor

On voit donc très vite la différence entre Valeros le guerrier qui lance D10+ 3 en mêlée et Séonie l’ensorceleuse qui se contente d’1D4. Mais la différence ne s’arrête pas aux compétences « brutes » et se précise avec le deck de chacun des héros et même le nombre de cartes que vous pouvez avoir en main. Sur la carte de références de votre héros, vous découvrez ainsi la composition du deck de cartes qui composent votre réserve d’action mais aussi vos points de vie. Ces cartes sont réparties en différentes catégories qui accentuent l’identité de votre héros : Arme, Sort,

65


ACTUALITÉ

temps restant pour réussir le scénario. De votre côté, une fois placé devant le deck d’une région il vous suffit d’en retourner la première carte. S’il s’agit d’une aubaine (arme, armure, allié, etc.) vous pouvez tenter de l’acquérir en réussissant le test adéquat. S’il s’agit d’un ennemi ou d’un obstacle il faudra là encore réussir un test avec des conséquences plus graves en cas de défaite (perte de points de vie qui se traduit par une perte de cartes). C’est à la fois simple et mécanique mais la variété des cartes et des effets va vous obliger constamment à discuter de la meilleure façon de progresser. Le but de la majorité des aventures étant de vaincre le boss, il faut au préalable verrouiller les autres régions (en remplissant les conditions) sous peine de le voir s’y réfugier. Et de subir la double peine d’avoir affronté un personnage puissant et d’avoir perdu du temps alors que celui-ci vous est compté. Cet aspect du jeu est d’ailleurs assez aléatoire et, au delà de la difficulté des ennemis à vaincre, c’est souvent leur place (aléatoire donc) dans le deck des régions qui déterminera vos chances de vaincre. À vous d’optimiser l’exploration et de faire tourner les cartes des deck de région, quitte à perdre un précieux artefact. Contrairement à d’autres jeux récupérer un artefact ne se fera jamais en récompense d’un combat mais uniquement si vous

66

tombez dessus en exploration. Certains person- nages sont des solitaires, alors que d’autres excellent en groupe. Mais, plus important, lors d’un combat les membres du groupe peuvent vous aider en consommant des cartes de bénédiction pour renforcer votre jet de dés. On retrouve alors ce côté Gros Bill, si cher à certains Rôlistes, où vous faites fébrilement le décompte de vos dés (D4, D6, D8, D10 et même D12) pour tenter de vaincre le score demandé. Le système du jeu est donc d’une fluidité et d’une simplicité irréprochable même si, au fur et à mesure que l’on enchaîne les aventures, le côté mécanique inhérent aux jeux coopératifs devient très présent. Heureusement l’importance de la discussion l’emporte et finalement Pathfinder le Jeu de Cartes parvient à retranscrire l’un des éléments essentiels d’une bonne partie de JdR, la négociation entre amis. Car quand il faut savoir si le meilleur choix est de courir au plus vite vers le boss ou bien de prendre le temps de chercher une aubaine qui renforcera votre deck, les choix

PATHFINDER BATTLES – L’ÉVEIL DU SEIGNEUR DES RUNES En partenariat avec Wizkids, Paizo propose également une gamme de figurines en plastique pré-peint. Le tout est conditionné dans des boosters aléatoires (ce qui ne sied pas vraiment avec l’esprit JdR soit dit en passant) et permet de donner plus de vie aux parties du JdR ou même à celles du jeu de cartes. À l’occasion de l’anniversaire de la campagne l’éveil des Seigneurs des Runes, c’est donc une collection de 65 figurines qui fera le bonheur des passionnés. Les moins chanceux, et tout ceux qui ne veulent pas vendre un rein, se contenteront du set (fixe) de héros qui permet de récupérer Kyra, Valeros, Merisiel et Ezren.

seront toujours difficiles car vous n’aurez jamais l’opportunité de contenter tous les joueurs entre le temps qui s’écoule et la volonté cupide d’améliorer son deck pour la suite.

Notre Verdict Sur le papier les jeux coopératifs souffrent tous d’un aspect mécanique trop prononcé. Le thème du jeu est souvent en retrait. Si Pathfinder n’évite pas le premier aspect, il retranscrit en revanche à merveille l’impression de vivre une aventure avec une bande de héros. Certes, la comparaison avec un vrai JdR n’est pas à l’avantage du jeu de cartes pour l’aspect narratif mais ce dernier jouit en revanche d’une simplicité de mise en œuvre et de parties très rapides. Et la boîte de base propose déjà de nombreuses aventures qui garantissent autant de soirées. Et si jamais la recette vous passionne, sachez que des extensions s’ajoutent et que la campagne dans son intégralité pourra vous retenir de longues semaines et même plus. Pour le coup cette grosse durée de vie permet de faire un peu mieux passer la facture, assez salée pour un jeu de cartes, surtout en y ajoutant les fameuses extensions.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.