Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
LA VISION DU BARILLA CENTER FOR FOOD & NUTRITION Le Barilla Center for Food & Nutrition (BCFN) est un centre d’analyse et d’élaboration de projets, caractérisé par une méthode pluridisciplinaire, qui poursuit le but d’approfondir les grandes questions du débat global concernant l’alimentation et la nutrition. Né en 2009, le BCFN s’est donné la mission de se pencher sur les exigences actuelles et émergentes de la société, en recueillant des expériences et des compétences de niveau mondial et en favorisant un dialogue constant et ouvert. Du fait de la compléxité des phénomènes pris en compte, il nous a semblé nécessaire d’adopter une méthodologie permettant de dépasser les fontières de différentes disciplines et nous avons créé quatre sections d’études : Food for Sustainable Growth, Food for Health, Food for All, Food for Culture. Ces quatre sections d’étude concernent la science, l’environnement, la culture et l’économie, dont le BCFN examine en profondeur les sujets clés, en suggérant des propositions pour relever les défis alimentaires du futur.
www.barillacfn.com info@barillacfn.com Advisory Board Barbara Buchner, Claude Fischler, Ellen Gustafson, John Reilly, Gabriele Riccardi, Camillo Ricordi, Umberto Veronesi En collaboration avec the European House-Ambrosetti Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société (juillet 2012) Coordination éditoriale et redaction Codice Edizioni Project graphique et mise en page adfarmandchicas Infographique (pp. II, 14, 25, 29) centimetri.it Images National Geographic Image Collection Corbis Images Image de couverture Karen Kasmauski/National Geographic Image Collection
INDEX
Synthèse
9
1. L’épidémie d’obésité : scénario et impacts socio-économiques 1.1 Le scénario mondial et sa portée 1.1.1 États-Unis 1.1.2 Europe 1.1.3 Autres Pays 1.1.4 Surpoids et obésité chez les enfants dans les différentes zones géographiques 1.2 Les impacts du surpoids et de l’obésité sur la santé et la longévité 1.2.1 Obésité et espérance de vie 1.2.2 Obésité et invalidité 1.3 Les coûts socio-économiques de l’obésité 1.3.1 Les diverses typologies de coûts liés à l’obésité 1.3.2 Le montant des coûts directs et indirects aux États-Unis, en Europe et dans les pays en voie de développement BOX L’impact économique de l’obésité aux États-Unis : une valeur globale des coûts BOX L’impact économique de l’obésité en Italie : l’incidence sur les dépenses de santé prévue pour 2050
17 18 21 22 24
2. La dimension sociale, environnementale et culturelle de l’obésité 2.1 L’obésité dans les divers groupes socio-économiques 2.1.1 Obésité chez les hommes et chez les femmes 2.1.2 Obésité dans les diverses tranches d’âge 2.1.3 Obésité et conditions socio-économiques 2.1.4 Obésité et instruction 2.1.5 Obésité dans les divers groupes ethniques 2.2 L’obésité infantile 2.2.1 Les causes de l’obésité chez l’enfant et chez l’adolescent 2.2.2 Les effets de l’obésité chez l’enfant et chez l’adolescent 2.3 Les coûts de l’obésité dans le monde du travail 2.4 L’impact de l’obésité sur la durabilité environnementale BOX L’étude O.N.I.C.E. : l’obésité racontée par les personnes concernées
39 40 40 40 41 44 46 49 49 54 56 59 60
24 27 27 28 30 30 31
3. Lutte contre l’obesité: rôle des gouvernements et du secteur privé, et résultats des politiques de prévention 3.1 Politiques publiques affrontant le problème 3.1.1 Les lignes directrices de l’OMS 3.1.2 Le rôle des gouvernements dans le processus de décision des consommateurs 3.1.3 Conclusion 3.2 Utilisation du levier fiscal pour décourager la consommation de certains aliments 3.2.1 Introduction 3.2.2 Taxes sur la « malbouffe » (junk food) 3.2.3 Avantages et inconvénients de la taxation sur la « malbouffe » 3.3 Rôle de l’industrie et perspectives du marché BOX Le programme EPODE BOX Le programme Actionsanté 3.4 Évaluation des interventions de prévention possibles
71 72 72 73 75 77 77 78 79 82 83 85 88
33 4. Les recommandations du BCFN
93
Notes et références bibliografiques
98
35
C
her lecteur, L’obésité est un phénomène en forte croissance dans le monde entier et ses effets négatifs tant sur la santé des personnes que sur la durabilité des systèmes de santé actuels et futurs sont préoccupants. Le problème touche non seulement les pays occidentaux, mais également certaines tranches de la population dans les pays émergents.
Jim Brandenburg/National Geographic Stock
Il suffit de quelques chiffres pour comprendre la gravité de la situation : selon les prévisions de l’Organisation Mondiale de la Santé, en 2015, environ 2,5 milliards d’adultes seront en surpoids et 700 millions seront obèses. Plus inquiétante encore est l’expansion actuelle du phénomène chez les enfants : en effet aujourd’hui 1 enfant d’âge scolaire sur 10 dans le monde est obèse ou en surpoids, soit 155 millions d’enfants, dont 30 à 45 millions sont classés comme étant obèses. Ce sont des personnes qui vivent dans des conditions défavorables du point de vue de la qualité de vie et qui sont exposées au risque de pathologies chroniques conduisant à une forte probabilité de réduction de l’espérance de vie. L’importance et l’urgence du problème nous ont incités à effectuer une enquête approfondie sur les causes du phénomène, aussi bien celles liées au régime alimentaire et au style de vie que celles déterminées par divers facteurs qui concourent à la création de la situation critique actuelle et de ses conséquences. Nous avons pris en considération l’importance du milieu dans lequel nous vivons, les caractéristiques du contexte familial et des environnements de travail, les responsabilités de l’école, les politiques des gouvernements et le rôle de l’industrie et de la distribution alimentaires afin de réaliser une étude détaillée. Ce travail contribue à la compréhension de ce phénomène complexe et propose des interventions spécifiques. Je tiens toutefois à souligner un aspect plus général. Quand il s’agit de traiter des questions d’une telle ampleur, il n’existe pas de solution simple et unique : pour enrayer et inverser l’évolution de l’épidémie, il faut augmenter résolument la prise de conscience de tout un chacun sur les impacts individuels et sociaux du phénomène et mettre en oeuvre des plans à moyen et long terme qui impliquent plusieurs parties prenantes - les institutions, les acteurs de la filière alimentaire et chaque personne - dans des actions conjointes destinées à modifier, de façon significative et durable, les choix et les comportements des gens. Le parcours sera long et difficile, mais si chacun y met du sien, la perspective d’une vie meilleure et en bonne santé sera envisageable pour tous. Bonne lecture!
Guido Barilla Presidente BCFN
Michael & Jennifer Lewis/National Geographic Stock
SYNTHĂˆSE
Michael & Jennifer Lewis/National Geographic Stock
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DANS LE MONDE, 1,5 MILLIARD DE PERSONNES SONT EN SURPOIDS, DONT UN DEMI MILLIARD D’OBÈSES
L’OBÉSITÉ COÛTE ENTRE 2 ET 8 % DE LA DÉPENSE SANITAIRE
L’
Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a reconnu l’obésité comme une épidémie mondiale. Il a été démontré que le surpoids et l’obésité représentent des facteurs de risque déterminants dans l’apparition de différentes maladies chroniques, responsables de 60 % des décès au niveau mondial. Ceci a amené l’European Association for the Study of Diabetes (EASD) à reconnaître la prévention et le traitement de l’obésité comme « le problème de santé publique le plus important du monde ». Environ 1,5 milliard d’adultes sont en surpoids dans le monde, dont 200 millions d’hommes et environ 300 millions de femmes obèses (OMS). Ces valeurs ont doublé depuis 1980 et selon les prévisions, d’ici 2015, environ 2,5 milliards d’adultes seront en surpoids et 700 millions seront obèses. Ce phénomène a des impacts significatifs sur la collectivité concernant les coûts liés au traitement de la maladie et de ses complications (assistance médicale personnelle, assistance hospitalière, services sanitaires et médicaments). Les coûts directs liés à l’obésité représentent une part comprise entre 2 et 8 % du total des coûts sanitaires au niveau mondial (OMS) ; la dépense sanitaire assumée par une personne obèse est en moyenne 25 % plus élevée que celle d’une personne de poids normal (Withrow et Alter, 2010). Une autre part importante des coûts, dits indirects, est liée à la perte de productivité. Les causes qui ont provoqué l’explosion du phénomène de l’obésité et les différences qui existent quant à la prédominance de cette condition parmi les divers groupes sociaux sont non seulement de nature culturelle et économique, mais aussi biologique et épidémiologique. Les facteurs tels que le niveau d’instruction, le revenu et la position sociale semblent représenter des aspects déterminants dans la probabilité d’un individu à devenir obèse. L’obésité infantile, en particulier dans les pays occidentaux, représente un problème croissant et d’une importance sanitaire et sociale considérable. La littérature scientifique a, en effet, mis en évidence l’existence d’un lien solide entre une situation de surpoids/obésité au cours de l’enfance et à l’âge adulte (Sandhu et al., 2006 ; Dietz et al., 1998). Pour cette raison, l’obésité infantile devient critique du fait de la persistance du phénomène pendant toute la vie de l’individu, avec des conséquences importantes sur l’augmentation de la probabilité de contracter, une fois adulte, des maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension, des pathologies cardiovasculaires et des cancers. Surpoids et obésité ont également des implications importantes dans le cadre du travail, en générant un impact négatif tant pour les travailleurs que pour les employeurs. Différentes études montrent, en effet, que les personnes en surpoids ou obèses perçoivent en moyenne un revenu plus bas, sont écartées d’une certaine catégorie d’emploi (comme par exemple de représentation ou de relation client) et qu’elles sont victimes de discrimination au travail. D’autre part, les entreprises assument des frais liés à l’absentéisme (Finkels-
tein, Fiebelkorn et Wang 2005 ; Ricci et Chee, 2005), à la productivité moins importante au travail en raison des problèmes de santé, c’est-à-dire du « présentéisme » (Ricci et Chee, 2005), et au handicap (Sturm, Ringel et Andreyeva, 2004). Selon une étude récente (Finkelstein et al., 2010), le coût annuel imputable à l’obésité parmi les employés à temps plein aux États-Unis s’élèverait à environ 73,1 milliards de dollars. Quant aux impacts environnementaux, une consommation alimentaire constamment supérieure aux besoins caloriques recommandés de la part d’un nombre croissant de personnes, en particulier dans les pays occidentaux, représente non seulement un risque pour la santé mais exerce également une forte pression sur les ressources naturelles et sur l’environnement. À cet égard, la littérature scientifique classe la suralimentation au rang de gaspillage alimentaire (Smil, 2004). Avant toute chose, il est de la responsabilité des gouvernements (nationaux et internationaux) d’intervenir pour réduire le problème de l’obésité. Voici les outils dont ils disposent : - mettre en oeuvre différents moyens d’information, d’éducation, de persuasion pour rendre les individus plus conscients de leur comportement (alimentaire ou non) et de leur rectitude ; - favoriser la disponibilité d’alternatives de consommation plus saines (ou facilitant l’accès à des solutions existantes plus saines) et créer les conditions pour combattre la sédentarité ; - imposer des règles ou utiliser des mesures fiscales de dissuasion de consommer certains produits. Récemment, des interventions concernant l’imposition de certaines catégories de produits ont été entreprises dans différents pays (et sont encore en phase d’étude) ; l’utilisation d’un impôt dans ce contexte reste toutefois un thème très discuté. Il s’agit d’une intervention « directe » et du point de vue des coûts, cela représente l’une des mesures les plus avantageuses, mais cela peut entraîner des problèmes d’équité, de difficultés dans le choix des aliments à prendre en compte, et des effets incertains sur les habitudes de consommation à long terme. Quoi qu’il en soit, sans la mise en oeuvre contextuelle d’interventions qui favorisent le choix d’alternatives plus saines et leur accessibilité concrète pour le consommateur, cette mesure ne semble pas être à même d’avoir une incidence significative sur les comportements. Afin de réaliser entièrement les programmes gouvernementaux, l’implication et l’engagement de l’industrie alimentaire et de la distribution sont nécessaires, étant donné le rôle important de ces dernières dans la définition de l’offre des produits et leur capacité de communication, permettant d’influencer la demande finale et la composition des consommations alimentaires. Ces dernières années, en cohésion avec les progrès de la science nutritionnelle et avec leur rôle social, les entreprises ont commencé à mettre en place des politiques de positionnement, de développement de gamme, de marketing et de promotion d’activité d’éducation alimentaire et de sponsorisation d’activités sportives et motrices destinées à soutenir l’implication des gouvernements dans la lutte contre le surpoids et l’obésité. À partir de l’analyse des mesures adoptées par certains pays de l’OCDE pour prévenir l’obésité et ses conséquences, on peut identifier quelques facteurs majeurs (Sassi, 2010) : - combinaison d’interventions multiples mises en place par des acteurs importants, ayant des effets dans des laps de temps différents ; - participation élevée de la part de la population intéressée par des interventions isolées ; - durabilité des effets des interventions sur les comportements des personnes à long terme. Par ailleurs, il est fondamental que les différentes interventions soient associées à une stratégie de prévention à moyen-long terme (pour éviter le risque de suspension ou ralentisse-
TOUT D’ABORD, CE SONT LES GOUVERNEMENTS QUI DOIVENT INTERVENIR
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
SYNTHÈSE
13
L’IMPLICATION DIRECTE DE L’INDUSTRIE ET DE LA DISTRIBUTION ALIMENTAIRES
ment dû à l’apparition de nécessités contingentes ou à l’alternance politique), qui couvre différentes tranches d’âge et différents groupes à risque et qui représente une solution efficace à coûts durables, et garantissant un bénéfice de santé supérieur par rapport à des interventions isolées (à évaluer avec des systèmes de mesures adaptés).
14
Compte tenu de tous ces éléments, le BCFN a identifié sept recommandations prioritaires pour affronter l’épidémie d’obésité. 11 Informer et mobiliser l’opinion publique. Rendre l’opinion publique plus consciente et réactive sur les conséquences pour la santé, sur l’impact social et sur les risques économiques et environnementaux de l’obésité. 2 Programmer un engagement conjoint des gouvernements et du secteur privé. Mettre en marche des plans intégrés et coordonnés à moyen-long terme pour la lutte contre l’obésité, qui impliquent tous les acteurs principaux intéressés. 3 Répandre la culture de la prévention. Éduquer les personnes au concept de limite et transmettre la culture de la prévention afin que les comportements sains deviennent de plus en plus un choix conscient. 4 Enseigner les habitudes saines dès l’enfance. Renforcer les principes d’éducation et d’information des jeunes. 5 Utiliser un moyen équilibré de hausse des prix. Évaluer avec attention le pour et le contre de l’introduction de mesures fiscales de dissuasion comme les impôts sur la nourriture industrielle. 6 Encourager l’engagement de l’industrie et de la distribution. Impliquer l’industrie alimentaire et la distribution dans les initiatives de santé publique organisées et dirigées par les gouvernements. 7 Lutter contre l’environnement obésogène. Combattre les facteurs qui conduisent à adopter des modes de vie et à faire des choix alimentaires incorrects et qui rendent difficiles les choix salutaires.
© Corbis
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
LES 7 RECOMMANDATIONS DU BCFN
OBÉSITÉ : IMPACTS SUR LA SANTÉ
PUBLIQUE ET SUR LA SOCIÉTÉ
LES CAUSES
LE COÛT DE L’OBÉSITÉ
Vaste offre d’aliments à des prix abordables avec un apport énergétique élevé et un apport nutritionnel faible
LES DIMENSIONS DU PHÉNOMÈNE
En % sur le total de la dépense sanitaire
En moyenne, la dépense sanitaire soutenue par une personne obèse est
AUJOURD’HUI
25%
1,5
Baisse progressive des prix de la nourriture et des boissons dans un contexte d‘augmentation du revenu par habitant et de hausse du pouvoir d’achat au niveau mondial C
plus élevée que
milliard
En surpoids
1
Obèses
500 millions
milliard
1,5-4,6
6
6,7
5-10
8
2-8
FRANCE
GRANDEBRETAGNE
ITALIE
ÉTATS-UNIS
EUROPE
MONDE
LES RECOMMANDATIONS 4. Enseigner des habitudes saines dès la petite enfance en facilitant l’accès à des structures et espaces adaptés
M
2015
Y
CM
MY
CY
CMY
K
Conditions de travail : tertiarisation croissante provoquant de longues journées de travail et une très forte sédentarité
2,5
milliards Forte urbanisation avec longs et nombreux déplacements en voiture En surpoids
1,8
milliard
Obèses
700 millions
À l’obésité sont associés : Styles de vie : peu de temps dédié à la préparation et à la consommation des plats, activité motrice faible, niveau d’éducation alimentaire faible
Une mortalité plus élevée due à l’apparition de pathologies chroniques Des impacts sur l’environnement et des émissions de gaz à effet de serre plus importants Des impacts négatifs en termes de rendement scolaire et de productivité professionnelle
Sources : OMS, 2012 ; OCDE, Health at a glance 2011; The economic burden of obesity worldwide: a systematic review of the direct costs of obesity. Withrow D, Alter DA. 2011; Écolesupérieure Sant’Anna, 2009; Cost obesity in France. Emery, Dinet, Lafuma, Sermet, Khoshnood, Fagnani.2007; Tackling obesities: future choices, rapport de projet. Foresight, 2010; Direct medical cost of overweight and obesity in the USA: a quantitative systemic review. Tsai, Williamson, Glick. 2010
celle des personnes sans problème de poids
1. Informer et mobiliser
l’opinion publique afin qu’elle soit plus consciente et réactive sur les conséquences économiques, sociales et environnementales de l’obésité
5. Utiliser de façon équilibrée le levier du prix, en évaluant soigneusement les pour et les contre de l’introduction de facteurs fiscaux décourageants tels que les taxes sur la malbouffe
2. Programmer un
6. Encourager
engagement commun aux gouvernements et aux entreprises du secteur privé, activer des plans intégrés de moyen et long termes
l’engagement de l’industrie alimentaire et de la distribution dans des initiatives de santé publique promues et menées par les gouvernements
3. Divulguer la culture
7. Lutter contre l’obésité,
de la prévention afin que les comportements salutaires deviennent toujours plus un choix conscient dès la gestation
se battre contre les facteurs qui incitent à adopter des styles de vie et des choix alimentaires incorrects et empêchent de faire des choix salutaires
George Steinmetz /National Geographic Stock
1. L’ÉPIDÉMIE D’OBÉSITÉ : SCÉNARIO ET IMPACTS SOCIO-ÉCONOMIQUES
E
n 1997, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu l’obésité comme étant une épidémie mondiale et a de nouveau lancé l’alarme en 2002, en s’adressant particulièrement à l’Europe1. En effet, au cours des dernières années, les taux d’obésité ont augmenté dans le monde entier, aussi bien dans les pays développés que dans ceux en voie de développement, bien qu’avec des différences parfois très nettes et à l’exception de l’Afrique sub-saharienne. Avant d’analyser les données relatives au phénomène dans les diverses régions géographiques, il convient de définir ce qu’on entend par surpoids et obésité. L’OMS les considère comme des états d’accumulation excessive de masses grasses - adiposité - pouvant avoir des effets néfastes pour la santé. Le degré d’adiposité d’un individu ne peut être mesuré directement ; il existe, toutefois, des données de remplacement se référant à des caractéristiques anthropométriques qu’il est facile de quantifier et qui sont reconnues au niveau international. Notamment, l’indice de masse corporelle (Indice de masse corporelle, IMC), obtenu par le rapport entre le poids (exprimé en kg) et la taille (exprimée en m2), est l’indicateur le plus utilisé. Le National Institute of Health2 (NIH) a commencé à définir la condition d’obésité en termes d’IMC dans les années 80 et en 1998 il a été établi qu’une valeur d’IMC supérieure à 25 kg/m2 correspond au seuil de surpoids et qu’une valeur supérieure ou égale à 30 kg/m2 est attribuable à l’obésité. Poids (livres) 90
110 130
IMC de sous-poids <18,5
150 170 190 210 230 250 270 IMC de poid IMC de surpoids normal 18,5-25 25-30
FACTEURS DE RISQUE INTERMÉDIAIRES
FACTEURS DE RISQUE DÉTERMINANTS
PATHOLOGIES
Tension Hypertension
Cancer
Cholestérol Hypercholestérol
AVC
Glycémie Diabète
Accidents ischémiques
Fibres Ingestion non adéquate de fibres
IMC d’obèse >30
1,9
6’3
1,8
5’23
1,7
5’7
1,6
5’3
Matières grasses Ingestion élevée de matières grasses
IMC Pré-obésité Obésité
Activité physique Activité physique insuffisante 1,5
4’11 40
50
60
70
Source : National Institute of Health (NIH).
80
90
100 110
Poids (kilogrammes)
120
21
290 310 330 350 6’6
Taille (pieds et pouces)
2
L’OBÉSITÉ EST UNE PATHOLOGIE PLURIFACTORIELLE TRÈS COMPLEXE
Figure 1.2. Le modèle Chronic Disease Prevention (CDP) FACTEURS DE RISQUE DISTAUX*
Figure 1.1. Poids, taille et indice de masse corporelle
Taille (mètres)
20
L’OBÉSITÉ EST CONSIDÉRÉE UNE ÉPIDÉMIE MONDIALE
L’obésité est une pathologie aux aspects complexes et dépendant de plusieurs facteurs, mais au niveau individuel la cause généralement considérée comme étant la principale responsable de la majeure partie des cas d’obésité est une combinaison d’apport calorique excessif et d’activité physique limitée : en d’autres termes, l’absorption d’une quantité de calories supérieure à celles consommées au cours d’un exercice physique ou au cours des activités quotidiennes normales. Un petit nombre de cas relève de facteurs génétiques, de problèmes de santé ou de maladies psychiatriques. Toutefois, au niveau collectif, on rapporte les causes de l’obésité principalement aux caractéristiques du milieu socio-économique. En effet, l’expression « environnement obésogénique » a été forgée dans les années 90, quand la recherche des facteurs de risque environnementaux provoquant l’épidémie naissante d’obésité a commencé, et elle a été définie comme étant : « la somme des influences, des occasions ou des conditions de vie qui ont favorisé l’apparition de l’obésité »3. L’expression englobe toute une gamme de facteurs sociaux, culturels, économiques et infrastructurels qui conditionnent la possibilité pour un individu de mener une vie saine. Pensons, par exemple, à l’engagement physique limité de l’être humain dans ses activités quotidiennes, en raison du progrès technologique4, ou bien à quelques aspects spécifiques du contexte urbain qui déterminent l’accès à certains aliments, leur disponibilité et leur consommation ou la pratique d’une activité physique, restreignant les choix des personnes. La préoccupation au sujet de la croissance exponentielle des taux de surpoids et d’obésité à laquelle nous assistons tient essentiellement à la constatation que ces conditions représentent des facteurs de risque déterminants pour le déclenchement de nombreuses pathologies chroniques, à l’origine de 60 % des décès au niveau mondial (et de 86 % en Europe)5. La European Association for the Study of Diabetes (EASD) a ainsi été amenée à reconnaître la prévention et le traitement de l’obésité comme « le plus important problème de santé publique dans le monde entier ». La figure 1.2. présente le résultat de quelques études6 effectuées pour établir les liens de cause à effet entre les facteurs de risque et l’apparition de maladies chroniques. Le modèle prend en considération trois catégories de pathologies : cancer, AVC et accidents
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
1.1 LE SCÉNARIO MONDIAL ET SA PORTÉE
130
140
150
160
*Les « facteurs de risque distaux » sont les facteurs qui ne peuvent pas causer directement l’émergence de la pathologie.
Source : documents BCFN élaborés à partir de données de l’OCDE et de l’OMS, 2010.
Figure 1.4. Surpoids (A) et obésité (B) dans quelques pays (% dans la population adulte, 2008)*
17% 15%
Inde
33% 25%
47% 54%
Brésil
Chine
47% 52%
Russie
29% 21%
43% 34%
France
18%
1% 1%
Inde
2% 2%
Chine
3% 3%
Japon
Corée
Brésil
Russie
France
Suède
Italie
Allemagne
Grèce
4% 4%
9%
24% 10%
10% 12%
10% 10%
11% 9%
16% 16%
18% 19%
19% 16%
B
Espagne
Mexique
Angleterre
80%
Japon
52% 36%
Suède
36% 27%
55% 36%
Italie
Femmes
35% 24%
24% 25%
32% 36%
Hommes
Corée
60% 45%
Allemagne
65% 53%
Grèce
63% 45%
67% 72%
Mexique
Espagne
66% 57%
Angleterre
États-Unis
72% 64%
A
États-Unis
Figure 1.3. Evolution et estimation de la proportion d’obèses et du surpoids dans la population des certaines pays de l’OCDE
22
* Les données de surpoids se réfèrent à tous les individus ayant un IMC >25 kg/m2, tandis que celles de l’obésité se rapportent uniquement aux individus ayant un IMC > 30 kg/m2.
70%
Source : documents BCFN élaborés à partir de données de l’OCDE, 2010.
1.1.1 États-Unis
60% États -Unis 50%
Canada
Angleterre Espagne
40%
Italie France
30%
Source : document BCFN élaborè à partir de donnés de l’OCDE, 2010.
2021
2020
2019
2018
2017
2016
2015
2014
2013
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1993
1992
1991
1990
1989
1988
1987
20% 1994
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Bien que le surpoids et l’obésité existent dans le monde entier, d’importantes différences entre les diverses zones géographiques se manifestent dans leur mode de développement et l’étendue de leur diffusion.
Les États-Unis constituent sans aucun doute un cas exemplaire de par le pourcentage de la population obèse et en surpoids. Environ 68 % des Américains sont jugés comme étant en surpoids et 34 % de la population adulte (soit plus de 61 millions de personnes) semble correspondre aux critères identifiés pour définir les conditions d’obésité. Le NIH (Institut National de la Santé américain) estime, en outre, qu’il est possible d’identifier un pourcentage de 4,7 % de la population adulte américaine pouvant appartenir aux cas dits d’ « extrême obésité » (IMC>40). La figure 1.5 indique la tendance à la croissance de la prévalence de l’obésité entre 1990 et 2010 dans la population adulte américaine. En 1990, 10 États avaient un taux d’obésité inférieur à 10 % de la population adulte des deux sexes et aucun État ne dépassait les 15 %. En 2000, aucun État américain ne présentait une prévalence inférieure à 10 %, alors que 23 États affichaient très nettement des valeurs autour de 24 %, sans aller, toutefois, au-delà du seuil de 25 %. En 2010, la situation a dramatiquement empiré : 36 États ont dépassé le seuil des 25 % et 12 d’entre eux (Alabama, Arkansas, Kentucky, Louisiane, Michigan, Mississippi, Missouri, Oklahoma, Caroline du Sud, Tennessee, Texas et Virginie-Occidentale) celui des 30 %.
68 % DES AMÉRICAINS SONT EN SURPOIDS, 34 % SONT OBÈSES
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
LE NOMBRE DE PERSONNES OBÈSES ET EN SURPOIDS DANS LE MONDE A DOUBLÉ DEPUIS 1980
ischémiques. Les facteurs de risque déterminants sont ceux qui comportent un effet direct sur la probabilité de contracter les trois maladies indiquées, tandis que les facteurs distaux (faible consommation de fruits et légumes, ingestion élevée de lipides et activité physique insuffisante) agissent indirectement. L’effet indirect est partiellement compensé par l’IMC qui agit directement sur les facteurs de risque déterminants et sur l’émergence des pathologies et qui est à son tour influencée par les facteurs de risque distaux. Le modèle met donc en évidence l’importance du niveau de l’IMC et de l’interaction entre les divers facteurs de risque indirects et directs (liés au style de vie et aux conséquences d’un régime alimentaire déséquilibré) dans la prévention des principales maladies chroniques. Après avoir expliqué les diverses définitions fournies et montré l’importance du problème, nous analyserons les principales tendances observées dans différentes zones géographiques de la planète. L’OMS estime qu’environ 1,5 milliard de personnes adultes sont en situation de surpoids, et parmi elles, 200 millions d’hommes et environ 300 millions de femmes sont obèses, dans le monde entier. Ces valeurs ont doublé depuis 1980 et selon les prévisions, d’ici 2015, environ 2,5 milliards d’adultes seront en surpoids et 700 millions d’entre eux seront obèses. Aujourd’hui 65 % de la population mondiale vivent dans des pays où l’obésité et le surpoids sont responsables d’un nombre plus grand de décès que celui dû à la sous-alimentation ou à la famine. À partir des années 70, on a observé une augmentation généralisée de l’IMC dans tous les pays de l’OCDE : avant 1980, en fait, le taux d’obésité dans ces pays s’était toujours maintenu au-dessous du seuil des 10 %, puis il s’est élevé jusqu’à doubler de valeur et dans certains cas à tripler en trente ans.
23
Figure 1.5. Évolution de la croissance de l’obésité (IMC >30 kg/m2) dans la population adulte des États-Unis (1990-2010) 1990
2000
Figure 1.6. Variation en pourcentage de la prévalence de l’obésité ces vingt-cinq dernières années en Europe Hommes
Femmes ISLANDE
ISLANDE
FINLANDE NORVÈGE
NORVÈGE
ESTONIE
SUÈDE
GRANDEBRETAGNE
LETTONIE LITUANIE
HOLLANDE
2010 BELGIQUE
ALLEMAGNE
LUXEMBOURG FRANCE
SWISSE
IRLANDE
RÉP.TCHÈQUE
BELGIQUE
HONGRIE FRANCE
ROUMANIE
POLOGNE
ALLEMAGNE
LUXEMBOURG
AUTRICHE
SWISSE
RÉP.TCHÈQUE
HONGRIE
AUTRICHE ROUMANIE
CROATIE
BULGARIE
ESPAGNE
LETTONIE LITUANIE
HOLLANDE
POLOGNE
CROATIE
ESTONIE
SUÈDE
GRANDEBRETAGNE
BULGARIE
ESPAGNE
GRÈCE
GRÈCE
ITALIE
ITALIE
PORTUGAL
PORTUGAL CHYPRE
CHYPRE
% obèses (IMC *30) 10,1-15
! 10 aucune donnée
<10%
10-14%
15-19%
20-24%
25-29%
% obèses (IMC *30) 15,1-20
20,1-25
>25
Aucune donnée
! 10
10,1-15
15,1-20
20,1-25
Aucune donnée
! 30% Source: Berghöfer A. et al., Obesity prevalence from a European perspective: a systematic review, in «BMC Public Health», 2008.
25
Figure 1.7. Évolution et projection à 2020 de la prévalence de l’obésité et du surpoids dans la population adulte (15-74 ans) en Italie 80 70 60 50
+
30
+
40
+
20 10 0 1995
2000
2005
2010
2015
Année Surpoids + obésité (standard) Source : documents BCFN élaborés à partir de données de l’OCDE, 2010.
+
En Europe aussi le phénomène est en forte croissance. Les statistiques produites par l’OCDE indiquent que le pourcentage de la population adulte obèse est passé de 6,6 % en 1978 à 13,4 % en 2010 (environ 66 millions de personnes). L’IMC moyen européen est d’environ 26,5kg/m2, soit l’un des taux les plus élevés dans le monde, mais des différences notables existent entre les pays. La prévalence de l’obésité, ces dix dernières années, a en effet augmenté de 10 à 40 % avec des taux plus élevés en Europe orientale qu’en Europe occidentale. Aujourd’hui les pays européens les plus touchés sont : l’Angleterre (24,5 %), la Hongrie (19,5 %), la Grèce (18,1%), l’Espagne (17,5 %), l’Allemagne (14,7 %) et la France (11,2 %). Mais ces vingt-cinq dernières années, les taux de croissance les plus élevés (supérieurs à 25 %) ont été relevés en Espagne, en Italie, en Pologne et en République Tchèque. Une analyse de la situation italienne, en particulier, montre que 58,3 % de la population adulte sont de poids normal, 29,6 % sont en surpoids, 10,5 % sont obèses et 2,6 % ont un poids inférieur à la moyenne. Toutefois, la répartition de ces quatre catégories d’individus sur le territoire italien fait apparaître une remarquable différence entre le Nord et le Sud : en effet, toutes les régions de l’Italie méridionale et insulaire, à l’exception du Molise, présentent un pourcentage de surpoids et d’obésité au-dessus de la moyenne nationale7. Quant au futur, les données de l’OCDE signalent une tendance à la croissance dans les dix prochaines années : d’ici 2020, la population adulte (15-74 ans) en surpoids et obèse représentera 45 % du total. En France aussi, le phénomène de l’obésité est en forte augmentation, malgré un taux de prévalence parmi les plus bas d’Europe. Environ une personne sur dix est obèse et si on inclut les personnes en surpoids, on parvient au chiffre de 40 % de la population. Les
+
13,4 % DES EUROPÉENS SONT OBÈSES, MAIS IL Y A D’ÉNORMES DIFFÉRENCES ENTRE LES ÉTATS
+
1.1.2 Europe
projections effectuées par l’OCDE indiquent que d’ici 2020 cette valeur passera à 45 %. En Grande-Bretagne – le deuxième pays le plus atteint par le surpoids et l’obésité après les États-Unis (figure 2.4.) –, une étude de la Health Survey8 a publié des estimations sur la future répartition de la population masculine et féminine selon leur IMC en Angleterre. Selon ses prévisions, en 2050, 60 % des hommes et 50 % des femmes pourraient être obèses. À l’inverse, le taux de la population masculine anglaise ayant un IMC entre 18,5 et 25kg/m2 (poids normal) baissera en 2050, passant des 30 % actuels à moins de 10 %.
+
24
Pourcentage
Source : Behavioral Risk Factor Surveillance System, Center for Desease Control and Prevention (CDC), 2010.
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
IRLANDE
FINLANDE
Surpoids (standard)
2020
1.1.3 Autres pays
26
Dans les pays asiatiques, bien que le phénomène y soit également en expansion, les taux de prévalence sont nettement plus maîtrisés qu’aux États-Unis et en Europe (3 % de la population adulte obèse au Japon et 4 % en Corée du Sud). Toutefois, en Chine, la rapide augmentation du phénomène est préoccupante : en 2004, 60 millions de Chinois étaient obèses et 200 millions en surpoids, mais en 2009 ces chiffres sont passés à 100 millions d’obèses et 310 millions en surpoids. Un autre pays émergent, le Brésil, est déjà confronté à un problème de surpoids et d’obésité dans un pourcentage élevé de la population, avec des taux similaires à ceux de l’Europe, la prévalence de l’obésité étant concentrée principalement dans la population féminine.
L'obésité infantile, en particulier dans les pays occidentaux, est un problème croissant et d’importance significative sur le plan sanitaire et social. La persistance du phénomène au cours de la vie d’un individu influe sur l’augmentation de la probabilité, en âge adulte, d’être atteint par des maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension, les pathologies cardiovasculaires et les tumeurs.
Dans le monde, 1 enfant en âge scolaire sur 10 est obèse ou en surpoids. ENFANTS
UN ENFANT SUR 10 DANS LE MONDE EST OBÈSE
14,0
38,4
19,9
52,4
31,6
45,2
24,7
61,4
FRANCE
1.1.4 Surpoids et obésité chez les enfants dans les différentes zones géographiques Dans ce contexte mondial, on peut remarquer que tous les pays occidentaux connaissent également une croissance exponentielle du phénomène de l’obésité et du surpoids infantiles. Il est évident que surpoids et obésité dans l’enfance et dans l’adolescence ont un impact extrêmement lourd, tant sur les budgets des États en termes de coûts négatifs pour le système de santé que sur le développement physique et cognitif des enfants et des adolescents. Selon les données recueillies par l’International Obesity Task Force (IOTF), 155 millions d’enfants d’âge scolaire sont obèses ou en surpoids dans le monde, soit 1 sur 10. 30 à 45 millions d’entre eux sont classés parmi les obèses, ce qui représente 2 à 3 % de la population âgée de 5 à 17 ans. L’étendue du phénomène de surpoids et d’obésité dans les tranches les plus jeunes de la population est attestée – selon de nouvelles données américaines alarmantes – par le nombre de cas de surpoids ayant triplé chez les jeunes depuis 1970 jusqu’à nos jours : une récente étude du Trust for America’s Health et de la Robert Wood Johnson Foundation9 montre qu’un tiers des enfants et des adolescents américains est en surpoids ou obèse. Notamment, selon le NIH, 16 % des enfants entre 6 et 19 ans sont actuellement obèses, et 15 % sont exposés à un grand risque de le devenir. En Europe aussi, le problème de l’obésité infantile est de plus en plus répandu : dans les États membres de l’Union européenne, environ 400 000 enfants sont considérés comme étant en surpoids et plus de 85 000 obèses10. Quant à la seule obésité des jeunes, la prévalence en Europe est actuellement dix fois supérieure à son niveau des années 7011. En Italie, grâce à une enquête menée par le Ministère de la Santé en collaboration avec HBSC12 (Health Behaviour in School-aged Children), à laquelle plus de 42 000 élèves de CE2 et 44 000 parents ont participé, des niveaux préoccupants de mauvaises habitudes alimentaires, de styles de vie sédentaires et d’excès pondéral sont apparus : 22,9 % des enfants examinés se sont révélés en surpoids et 11,1 % en situation d’obésité. Les disparités sont néanmoins très nettes entre les régions, les pourcentages étant généralement plus bas en Italie septentrionale et plus élevés en Italie méridionale. Il ressort également de l’étude que les parents n’ont pas toujours une perception correcte de la situation pondérale de leur propre enfant : parmi les mères d’enfants en surpoids ou obèses, 36 % ne pensent pas que leur enfant soit dans une situation de surcharge pondérale et seulement 29 % estiment que la quantité de nourriture qu’il absorbe est excessive. En France, les chiffres de l’obésité infantile ont été, au contraire, bas et relativement stables au cours des vingt dernières années. Les projections de l’OCDE estiment néanmoins le risque de surpoids infantile en forte augmentation.
ADULTES
Données en % sur la population totale
ALLEMAGNE
ITALIE
GRANDE-BRETAGNE
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
LA CHINE ET LE BRÉSIL CONNAISSENT ÉGALEMENT UNE RAPIDE CROISSANCE DE L’OBÉSITÉ
L’OBÉSITÉ INFANTILE
27
35,5
68,0
22,1
50,6
19,5
16,0
5,2
29,1
15,3
24,9
22,1
51,4
ÉTATS-UNIS
BRÉSIL
INDE
CHINE
JAPON *Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chili, Corée du Sud, Danemark, Espagne, Estonie, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Israël, Italie, Japon, Luxembourg, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Rép. Tchèque, Grande-Bretagne, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie
MOYENNE DES PAYS DE L’OCDE* Source : OCDE, Health at a Glance 2011
1.2 LES IMPACTS DU SURPOIDS ET DE L’OBÉSITÉ SUR LA SANTÉ ET LA LONGÉVITÉ
Lynn Johnson/National Geographic Stock
U
ne des études les plus importantes, effectuée sur un échantillon d’1 million de personnes adultes représentatives de l’Europe et de l’Amérique du Nord dans le but de mettre au jour la relation entre obésité et mortalité13, a conclu que le taux de mortalité augmente plus rapidement quand les individus dépassent le seuil de 25 kg/m2. L’espérance de vie d’une personne obèse ayant un IMC entre 30 et 35 kg/m2, est en effet de quatre ou cinq ans inférieure à celle d’une personne de poids normal ; cet écart s’accentue jusqu’à atteindre dix ans quand l’IMC est compris entre 40 et 45 kg/m2 (obésité de troisième degré). Cette relation ne semble s’affaiblir que lorsqu’un individu a plus de 70 ans, un phénomène connu comme étant le paradoxe de l’obésité, où le taux de mortalité semble être plus bas chez les personnes en surpoids par rapport à celles de poids normal (cet effet est dû essentiellement à la diminution de la masse corporelle à la suite de maladies chroniques). La figure 1.8. présente les résultats d’une étude publiée dans la revue « Annals of Internal Medicine »14 qui a été effectuée sur un échantillon de 3 457 personnes, observées pendant une période d’environ quarante ans. L’objectif de l’étude était de mettre en évidence la corrélation entre les potentielles années de vie perdues et l’IMC classé en différents groupes. Les années de vie potentiellement perdues sont calculées à partir du nombre de décès enregistrés sur l’échantillon de la population au cours de toute la période prise en compte. Les groupes examinés sont les suivants : - premier groupe : IMC compris entre 18,5 et 24,9 kg/m2 ; - deuxième groupe : IMC compris entre 25 et 29,9 kg/m2 (surpoids) ; - troisième groupe : IMC égal ou supérieur à 30 kg/m2 (état d’obésité ou d’hyperobésité). L’âge moyen des individus échantillonnés est de 40 ans et la population a été subdivisée par sexe et en distinguant les fumeurs des non-fumeurs. Dans la catégorie des non-fumeurs, les données semblent explicites. Chez les femmes du second groupe (IMC 25-29,9 kg/m2), on constate une réduction de l’espérance de vie à 40 ans d’environ 3 ans par rapport à celles du premier groupe, tandis que chez les femmes du troisième groupe (IMC !30 kg/m2), cette réduction est d’environ 7 ans. Chez les hommes, par contre, la proportion est la même, malgré une espérance de vie moyennement plus basse. Malgré l’abondance d’études menées sur ce sujet, il est difficile d’isoler et de comprendre l’impact général de l’épidémie d’obésité sur l’espérance moyenne de vie, de même qu’il est ardu d’en prévoir les futurs effets. D’importantes institutions telles que le Ministère de la santé publique anglais affirment que si le taux de prévalence continue à croître au rythme actuel, l’espérance de vie moyenne sera revue à la baisse d’au moins 5 ans, d’ici 2050.
LE TAUX DE MORTALITÉ S’ACCROÎT RAPIDEMENT UNE FOIS LE SEUIL DU SURPOIDS DÉPASSÉ
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
1.2.1 Obésité et espérance de vie
29
AVEC DES TAUX ACTUELS DE CROISSANCE DE L’OBÉSITÉ, ON RISQUE UNE BAISSE DE 5 ANS DE L’ESPÉRANCE DE VIE MONDIALE D’ICI À 2050
Mais d’autres études offrent une vision moins pessimiste, comme par exemple celle de Foresight15 qui évalue - dans le cas où les taux de croissance actuels se confirment, quant à la prévalence de l’obésité - la réduction de l’espérance de vie moyenne à environ 6 mois seulement.
30
Pourcentage de survies
1,0
1,0
0,8
0,8
0,6
0,6
0,4
0,4
0,2
0,2
0
AUJOURD’HUI DANS LE MONDE
10
20
30
40
Suivi des femmes non fumeuses
10
20
30
40
IMC 18,5-24,9 kg/m2 IMC 25-29,9 kg/m2 IMC *30 kg/m2
0,8
0,8
0,6
0,6
0,4
0,4
0,2
24,5 51,4 16,5
ALLEMAGNE
10
20
30
40
Suivi des hommes non-fumeurs
FRANCE
11,5
45,2
ITALIE
10,0 34,0 JAPON ÉTATS-UNIS
0
10
20
30
29,1
INDE
Suivi des hommes fumeurs
BRÉSIL
50,6
16,0 2,0 1,0
1.2.2 Obésité et invalidité Le lien de cause à effet entre obésité et invalidité est, en revanche, plus net. En Europe, le pourcentage d’invalidité enregistré dans la population obèse, mesuré avec l’index AVQ (les restrictions dans les activités de la vie quotidienne), est environ le double par rapport à celui relatif à la population de poids normal. Aux États-Unis, une personne obèse de 70 ans peut s’attendre à passer 40 % du reste de sa vie avec le diabète, 80 % avec de l’hypertension et 85 % avec certaines formes d’ostéoarthrite, tandis que les valeurs pour un poids normal seront respectivement d’environ 17 %, 60 % et 68 %16. L’American Medical Association17 a effectué une évaluation sur 5 724 participants appartenant aux trois catégories de poids décrites précédemment, leur demandant de faire six tests physiques différents afin de mesurer le degré d’incapacité par rapport à l’IMC. La dite « incapacité fonctionnelle » (pourcentage de personnes interrogées qui présentent des difficultés ou même une incapacité à accomplir des exercices physiques spécifiques18) est double chez les personnes obèses par rapport à celles ayant un IMC normal.
24,9
CHINE
40
Source : Peeters A. et al., Obesity in Adulthood and Its Consequences for Life Expectancy, 2003.
LE LIEN ENTRE OBÉSITÉ ET HANDICAP EST TRÈS ÉLEVÉ
16,0
38,4
0 0
52,4
GRANDEBRETAGNE
68,0
0,2
0
MOYENNE DES PAYS DE L’OCDE Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chili, Corée du Sud, Danemark, Espagne, Estonie, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Israël, Italie, Japon, Luxembourg, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Grande-Bretagne, Rép.Tchèque, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie
Suivi des femmes fumeuses
1,0
Dont obèses
En surpoids
0
1,0
Source : OCDE, Health at a Glance 2011
61,4
Données en % sur la population totale
0 0
Pourcentage de survies
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Figure 1.8. Pourcentage de survie pour la population en fonction de l’IMC
13,6
1
3,0
1.3 LES COÛTS SOCIO-ÉCONOMIQUES DE L’OBÉSITÉ
mique, d’autant plus que les niveaux d’obésité des enfants et des adolescents augmentent. Enfin, certains coûts indirects se rattachent à la sphère psycho-sociale (dépression, etc.) des sujets en surpoids et/ou obèses, mais cette catégorie de coûts a jusqu’à présent été peu explorée, notamment en termes d’impacts économiques sur la société.
32
1.3.1 Les diverses typologies de coûts liés à l’obésité
L’
L’OBÉSITÉ EST LA CAUSE DE COÛTS SANITAIRES IMPORTANTS EN RAISON DES PATHOLOGIES QUI LUI SONT LIÉES
LES COÛTS INDIRECTS LIÉS À LA PERTE DE LA PRODUCTIVITÉ SONT TOUT AUSSI IMPORTANTS
obésité est un phénomène qui non seulement a des répercussions négatives sur la santé de l’individu, mais qui comporte également des coûts économiques importants pesant sur toute la collectivité, et évidemment sur l’individu lui-même et ses proches. Reconnue comme une maladie par l’OMS (2000), l’obésité est en outre un facteur de risque majeur pour plusieurs maladies chroniques non transmissibles, avec des répercussions aussi bien sur les coûts médicaux (directs) que sur ceux liés à la perte de productivité (indirects), dus à l’émergence des maladies. Les coûts directs se réfèrent aux frais médicaux pour le traitement de la maladie et de ses complications (aide médicale personnelle, assistance hospitalière, services médicaux et médicaments). Il est en effet notoire que l’obésité est responsable de certaines pathologies telles que l’hypertension, le diabète de type 2, l’hypercholestérolémie, les maladies coronariennes, l’AVC, l’asthme et l’arthrite. Selon diverses recherches scientifiques, étant donné l’augmentation des niveaux d’obésité, les frais médicaux liés aux diagnostics et au traitement de ces pathologies seront destinés à s’accroître dans les prochaines années. Des estimations rétrospectives et prévisionnelles du degré d’incidence de l’obésité sur les pathologies mentionnées précédemment et de l’ampleur des coûts des soins de santé directs accompagnant le phénomène ont été publiées. Il existe différentes méthodologies pour calculer l’impact de ces coûts : études de cas, modèles dynamiques, sondages représentatifs au niveau national, analyses régressives et simulations prévisionnelles. Outre les coûts directs, une autre catégorie de coûts, définis comme étant indirects, constitue une part également importante de l’impact socio-économique de l’obésité ; dans cette catégorie, ceux qui se répercutent sur la productivité jouent le rôle le plus important. Dans les coûts indirects, on peut identifier des sous-catégories19 concernant la productivité au travail : - l’absentéisme : journées de travail perdues à cause de l’absence des travailleurs de leur poste pour des raisons de santé liées à l’obésité ; - le présentéisme : diminution de la productivité des travailleurs obèses ou en surpoids sur le poste de travail ; - la mortalité prématurée ou les années de vie en bonne santé perdues (QALY20) à cause de pathologies liées à l’obésité ; - l’augmentation des primes d’assurance en cas d’invalidité liée à l’obésité. D’autres coûts indirects que ceux liés à la productivité sont associés au développement du capital humain. Les effets de l’obésité et du surpoids peuvent en effet peser sur les rendements scolaires (de la même manière que sur la productivité au poste de travail). C’est un aspect crucial du problème en raison de l’importance de son potentiel écono-
Selon une récente étude21, on estime que les coûts directs liés à l’obésité représentent environ 2 à 8 % des coûts totaux pour les soins de santé au niveau mondial et que les dépenses de santé à la charge d’une personne obèse sont en moyenne 25 % plus élevées que celles d’un sujet de poids normal. Ces valeurs peuvent être considérées comme une sous-estimation et les chiffres réels pourraient donc être bien plus élevés. Il a été malheureusement impossible jusqu’à présent de trouver des publications qui quantifient de façon plus précise les coûts liés au surpoids et à l’obésité au niveau mondial. De nombreuses données sont, cependant, disponibles en ce qui concerne les pays les plus développés. Considérant en premier lieu la situation aux États-Unis, le pays ayant le pourcentage de population obèse le plus élevé dans le monde et pour lequel diverses études à ce sujet sont disponibles, on a assisté, au cours des dernières années, à une augmentation exponentielle des coûts des soins médicaux liés à l’obésité et aux maladies qui lui sont liées (coûts directs). On estime qu’aux États-Unis ces coûts s’élèvent à environ 5 à 10 % des dépenses de santé totales22 et à environ 1 % du PIB23. Des études ont montré qu’en 2008 ils ont atteint 147 milliards de dollars pour les adultes24 et 14,3 milliards pour les enfants25, alors qu’il y a seulement dix ans ils étaient de 78,5 milliards de dollars, la moitié étant financée par les programmes Medicare et Medicaid26. En 2006, l’écart entre les coûts supportés par une personne obèse et par une personne de poids normal était de 1 429 dollars pour les frais médicaux, par rapport aux 930 dollars relevés en 1998, correspondant à environ 42 % de plus. La même année, l’augmentation en pourcentage par personne des coûts annuels imputables à l’obésité a été estimée à 36 % pour le programme Medicare, à 47 % pour le programme Medicaid27 et à 58 % pour les souscripteurs d’assurances privées. Selon une autre étude28, l’écart entre les dépenses de santé par personne supportées par une personne obèse par rapport à celles d’une personne de poids normal en 1987 se situait autour de 8 %, alors qu’en 2007 ce chiffre était passé à 38 %. Quant à la catégorie des coûts indirects29, on estime que leur impact se chiffrerait à environ 66 milliards de dollars30. En conséquence, en additionnant les coûts directs et indirects, les coûts économiques liés à l’obésité aux États-Unis s’élèveraient à environ 227 milliards de dollars. D’autres études tentent d’établir l’impact que pourront avoir les coûts directs dans les prochaines années si la tendance à la hausse du phénomène continue sur les niveaux relevés entre 1970 et 200431. En 2030 ces coûts devraient être compris entre 860,70 et 956,9 milliards de dollars, ce qui représenterait 16 à 18 % des coûts totaux des soins de santé aux États-Unis. Par ailleurs, on estime qu’en 2030 il y aura 11 millions de personnes obèses en plus aux États-Unis par rapport à aujourd’hui et, en conséquence, que les coûts des dépenses médicales liées aux pathologies connexes à l’obésité augmenteront d’environ 48 à 66 milliards de dollars tous les ans d’ici 203032. En ce qui concerne les dépenses de santé par personne, une étude (CBO, septembre 2010) propose trois scénarios qui pourraient se réaliser d’ici 2020 : 1 si le pourcentage de personnes obèses restait le même qu’en 2007 (28 %), les dépenses de santé par personne augmenteraient de 65 % (passant de 4 550 dollars en 2007 à 7 500 dollars en 2020) ;
LA DÉPENSE SANITAIRE D’UN OBÈSE EST D’ENVIRON 25 % SUPÉRIEURE À LA MOYENNE
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
1.3.2 Le montant des coûts directs et indirects aux États-Unis, en Europe et dans les pays en voie de développement
33
34
et 2007, en 2020 il serait de 37 % et les dépenses de santé par personne seraient supérieures de 3 points de pourcentage à celles du premier scénario (7 760 dollars) ; 3 si le pourcentage de personnes obèses retombait aux niveaux de 1987, il se situerait autour de 20 % et les dépenses de santé par personne seraient de 7 230 dollars, soit environ 4 % de moins par rapport à celles projetées dans le premier scénario. Comme il est facile d’imaginer, la documentation sur la situation des États-Unis est très vaste, et les données disponibles, notamment relatives aux prévisions, peuvent donc varier. Le tableau présenté dans la figure 1.9. récapitule les catégories de coûts liés à l’obésité et les coûts afférents33. Quant à la situation en Europe, selon la Charte européenne sur la lutte contre l’obésité (Conférence ministérielle européenne de l’OMS, Istanbul, novembre 2006), l’obésité et le surpoids chez les adultes seraient responsables de jusqu’à 8 % des dépenses de santé. Selon les dernières estimations effectuées par la Commission européenne, le total des coûts directs liés à l’obésité soutenus par les États membres de l’Union européenne en 2006 s’élevait à environ 59 milliards d’euros par an, mais la même étude envisageait un impact économique global bien supérieur (un chiffre qui pourrait osciller entre 118 et 236 milliards Figure 1.9. Les principales catégories de coûts liés au surpoids et à l’obésité et leur impact économique aux États-Unis CATÉGORIE DE COÛT
SOUS CATÉGORIE
FRAIS MÉDICAUX DIRECTS
Absentéisme
COÛTS LIÉS À LA PRODUCTIVITÉ
Présentéisme
COÛTS CONNEXES
Coûts médicaux liés au surpoids (par rapport à un sujet de poids normal) Coûts médicaux liés à l’obésité (par rapport à un sujet de poids normal) Coûts annuels directs liés à l’obésité Coûts totaux des soins de santé imputables au surpoids et à l’obésité
10-20 % en plus 36-100 % en plus
Journées de travail perdues à cause de ’obésité par rapport à un sujet de poids normal (en une année) Risque d’un pourcentage d’absentéisme plus élevé Coûts annuels au niveau national dus à l’absentéisme et imputables à l’obésité Baisse de la productivité due à l’obésité
Invalidité
Probabilité de recevoir une aide pour invalidité
Mort prématurée
Années de vie perdues à cause de l’obésité (par rapport à l’espérance de vie) QALY perdus à cause de l’obésité
Coûts du carburant
Carburant en excès utilisé par les avions à cause de l’obésité Carburant en excès utilisé tous les ans par les véhicules non commerciaux sur les autoroutes à cause de l’obésité
COÛTS DE TRANSPORT Coûts environnementaux
LOREM IPSUM DOLOR COÛTS SIT AMET, CONSECTETUR LIÉS AU ADIPISCING ELIT. DÉVELOP-
PEMENT DU CAPITAL HUMAIN
PRINCIPAUX EFFETS
COÛTS TOTAUX
Journées d’absence à l’école (tous les ans)
Aux États-Unis, on calcule que pour chaque point d‘IMC supérieur à 30, les dépenses annuelles totales (publiques et privée) de santé par personne augmentent de 8 % (soit environ 300 dollars de plus pour chaque point de l’IMC). Par rapport à des dépenses médicales annuelles par personne di 3 950 dollars (pour un sujet de poids normal ayant un IMC inférieur à 25), une personne ayant un indice compris entre 30 et 34 supporte des dépenses médicales annuelles de 4 675 dollars (+ 18 % par rapport à celles d’une personne de poids normal). L’écart s’accroît de façon plus que proportionnelle avec l’augmentation du
coefficient IMC : les dépenses s’élèvent à 6 120 dollars (+ 55 %) avec un indice compris entre 35 et 39 et à 7 555 dollars, soit presque le double (+ 91 %), avec un indice supérieur à 40. Étant donné certains coûts jusqu’à présent négligés (tels que les vêtements de taille plus grande, les sièges au théâtre et dans les stades plus spacieux, etc.), selon certaines recherches, les coûts totaux (directs et indirects) liés à l’obésité s’élèveraient à environ 450 milliards de dollars chaque année. Un graphique illustrant la répartition des coûts par catégorie est présenté ci-dessous.
35
14,3 miliards de $ 86-147 miliards de $ (total)
Figure 1.10. Répartition des coûts liés à l’obésité aux États-Unis (milliards des dollars) Coûts médicaux directs
1.024,72 jours 1,24-1,53 fois plus
1,5% en plus
Dépenses alimentaires additionnelles COÛTS À CHARGE DE L’INDIVIDU
3,38-6,38 miliards de $ ou 79-132 $ par personne obèse
5.64-6,92 points de pourcentage en plus
742 millions (2010 USD) 2,53-2,7 miliards (2010 USD)
350millions de gallons 938 millions 1 milliard de gallons 10 millions de tonnes (NDT: un gallon = environ 4,5 l)
0,1-0,3 lniveau en moins 1,2-2,1 jours en plus d’absence à l’école
Source : Hammond et Levine, The Economic Impact of obesity in the United States, 2010.
Vêtements de taille plus grande
COÛTS À CHARGE DU TIERS-PAYANT
30
Programmes pour perdre du poids
Medicare/Medicaid
20 20 60
Tiers-payant Absentéisme
COÛTS À CHARGE DES TRAVAILLEURS
Coûts indirects
90
Dépenses pour des soins de santé non remboursables 1-13 ans par personne obèse 9,93 millions d’années de vie perdues totales aux États-Unis en 2004
Emissions de CO2 dérivant du transport et autre par personne (dans le cadre de l’ OCDE) Niveaux atteints (en termes de classe)
SOMME TOTALE (PAS EN DOLLARS)
L’impact économique de l’obésité aux États-Unis : une valeur globale des coûts
Obésité : les impacts sur la santé publique et surIndex la société BCFN 2011
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
2 si le pourcentage de personnes obèses augmentait au même rythme relevé entre 2001
Diminution de la productivité Invalidité de courte durée
80 30 70 30
Divers (carburant, électricité, etc.)
20
Total
450
Source : documents BCFN élaborés à partir de données de Centers for Disease Control and Prevention, 2006 National Health Expenditure Accounts ; Euromonitor.
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
L’impact économique de l’obésité en Italie : l’incidence sur les dépenses de santé prévue pour 2050
La dynamique des dépenses de santé publique dans les prochaines années suit l’évolution et l’interaction de certains facteurs : - démographiques : nombre et structure par sexe et par âge de la population ; - économiques : tendance identifiable dans toutes les économies avancées à une croissance des dépenses de santé globale plus que proportionnelle à la croissance du PIB ; - épidémiologiques : prévalence des maladies principales, notamment chroniques ; - exogènes : découvertes scientifiques, évolutions technologiques, leur impact sur l’efficacité et sur les coûts des prestations du secteur sanitaire, politiques de restriction des dépenses de santé, etc. Afin de mettre en évidence la part de chaque facteur, le modèle prévisionnel proposé utilise une approche modulaire articulée sur l’interaction des variables suivantes : - la croissance des dépenses de santé par rapport au PIB ; - l’évolution du nombre de la population concernée ; - les disparités de la composition démographique ; - les fluctuations des dépenses de santé par tête selon les variations du revenu disponible. Ce modèle se base sur la révision des estimations pour 2010 de la population italienne résidente, des dépenses de santé publique et du PIB. Relativement aux prévisions pour la période 2011-2050, on a utilisé : - pour les estimations de croissance des variables démographiques, l’hypothèse centrale des prévisions élaborées par l’ISTAT dans « Prévisions nationales de la population par âge et par sexe 2007-2051 » ;
- pour l’évolution du revenu disponible, les projections des taux de croissance sur une base décennale du PIB réel, fournies par la Ragioneria Generale dello Stato (Ministère de l’économie et des finances). Le point de départ est constitué par les dépenses de santé publique en 2010, qui s’élevaient à 113,5 milliards d’euros, soit l’équivalent de 7,3 % du PIB national. La projection des dépenses de santé publique en 2050 s’est concentrée sur l’estimation de l’impact des composantes démographique et économique. Les disparités démographiques et la croissance du revenu disponible ont pesé pour plus de 168 milliards d’euros sur les comptes du système sanitaire par rapport à 2010. À la fin de la période, les dépenses de santé publique se situent à une valeur proche de 281,5 milliards d’euros, soit 9,7 % du PIB en 2050. La croissance du rapport ne se répartit pas de façon homogène au fil des ans : la majeure partie de la croissance a lieu dans les premières décennies de la période étudiée, alors que le rapport tend à se stabiliser dans la dernière décennie. L’évolution du rapport des dépenses de santé publique sur le PIB est représentée dans la figure 1.11. Ce modèle s’appuie sur l’hypothèse que le cadre épidémiologique actuel reste constant. On peut néanmoins introduire dans le modèle prévisionnel l’hypothèse d’une variation du cadre épidémiologique associée à l’augmentation du facteur de risque de plusieurs pathologies (maladies cardiovasculaires, diabète, certaines tumeurs, etc.) telles que l’obésité. Les principales hypothèses sont les suivantes : - dans notre pays, les enfants obèses représentent 11 % de la population ; - on estime que le nombre de personnes
Obésité : les impacts sur la santé publique et surIndex la société BCFN 2011
36
ON ESTIME QU’UN ADOLESCENT OBÈSE DE 18 ANS COÛTERA AU SERVICE SANITAIRE ITALIEN 100 MILLE EUROS DE PLUS QU’UN AUTRE CONSCRIT SANS PROBLÈME DE POIDS AU COURS DE SA VIE
d’euros par an). D’autres études ont indiqué qu’en 2002 la somme totale des coûts directs et indirects s’élevait à environ 33 milliards d’euros par an34. À travers l’analyse des dernières données de l’OMS (2006), on peut remarquer qu’en Suède, par exemple, les coûts directs ont été estimés à 45 dollars par personne et par an, et les coûts indirects de 157 dollars par personne et par an ; en Allemagne, les coûts directs ont été estimés à 35 dollars par personne et par an ; aux Pays-Bas, ils ne se situent pas très loin (32 dollars). Au cours des dernières années, dans des pays comme la GrandeBretagne, ces coûts ont augmenté à un rythme surprenant : ils sont passés de 13 dollars par personne par an en 1998 à 25-31 dollars par personne par an en 2002. Et toujours en Grande-Bretagne, on estime qu’en 2015 ces coûts pourraient être 70 % plus élevés par rapport à ceux enregistrés en 200735. Dans d’autres pays européens analysés, comme par exemple la France, en 2002 les coûts directs oscillaient entre 2,1 et 6,2 milliards d’euros et représentaient entre 1,5 et 4,6 % du total des dépenses de santé 36. En Italie, il a été calculé qu’en 2005 les coûts directs et indirects annuels pour les conditions de surpoids et/ou d’obésité s’élevaient à 22,8 milliards d’euros par an, dont 64 % se rapportaient aux hospitalisations (Studio SPESA, Università degli Studi di Milano)37. Tout ceci confirme que l’obésité est la réelle responsable d’une série de graves maladies cardiovasculaires, métaboliques, ostéoarticulaires, tumorales et respiratoires qui impliquent une réduction de l’espérance de vie et un considérable fardeau pour le « Servizio Sanitario Nazionale » (l’équivalent de la Sécurité sociale en France). En 2009, la Scuola Superiore Sant’Anna a évalué l’impact du coût social de l’obésité en Italie à 8,3 milliards d’euros, soit l’équivalent d’environ 6,7 % des dépenses de santé publique. En supposant que l’espérance de vie moyenne de la personne obèse est de 75 ans, cette étude a estimé à 100 000 euros supplémentaires le coût social total d’une personne de 18 ans obèse par rapport à une personne du même âge de poids normal sur toute la durée de sa vie. Comme on pouvait s’y attendre, depuis quelques années le phénomène de l’obésité se répand aussi dans les pays en voie de développement, où des données scientifiques commencent à quantifier les impacts économiques sur la société. Une donnée scientifique qui peut aider à comprendre la portée du phénomène également dans ces pays est le rapport des coûts liés à l’obésité au PIB : en 2001, le pourcentage relevé en Chine était égal à 2,1 %, alors qu’en Inde il était de 1,1 %38. Une étude indique qu’en Chine, uniquement en matière d’obésité, les dépenses de santé ont été égales à presque 50 milliards de dollars en 2000 et on prévoit que cette donnée passera à environ 112 milliards de dollars à l’horizon 202539. Au Brésil, autre économie émergente, les coûts globaux liés au surpoids et à l’obésité ont représenté environ 3 % des coûts totaux d’hospitalisation pour les hommes et 5,8 % pour les femmes, ce qui correspond à 6,8 % et à 9,3 % de toutes les admissions à l’hôpital40. Bien qu’on ne puisse pas comparer directement la dépense de santé de ces pays avec celle des pays occidentaux, on peut supposer que les maladies associées au surpoids et à l’obésité ont un impact considérable sur les hospitalisations et, plus généralement, sur les dépenses de santé des pays en voie de développement, avec des pourcentages qui se rapprochent de ceux des pays développés.
37
LO SCENARIO GLOBALE DELL’ACQUA IN PILLOLE
Figure 1.11. Évolution du rapport des dépenses de santé sur le PIB dans la période 1992-2010 et projections pour 2050 Estimations pour 2050
10% 9,5%
9,7%
*LOREM IPSUM DOLOR SIT AMET
9%
DIAM AT ORCI DAPIBUS AC COMMODO URNA ELEIFEND. IN EU LECTUS RISUS, NEC VENENATIS ERAT. AENEAN CONVALLIS ORNARE 8,5% EUISMOD. MAECENAS TRISTIQUE , LACUS AT DIGNISSIM BLANDIT Rapport dépenses de santé/PIB réel, LECTUS FELIS FRINGILLA LIGULA, ID ADIPISCING SEM AUGUE ET LIBERO . CURABITUR EU MOLESTIE LIBERO . PELLENTESQUE VOLUTPAT SEM ID AUGUE VENENATIS POSUERE. VIVAMUS VARIUS METUS 8% 7,3%
BCFN Index Obésité : les impacts 2011 sur la santé publique et sur la société
VITAE NISL LACINIA PORTA. SUSPENDISSE NON ELIT NEC NISL BLANDIT ORNARE. SED VEL MAGNA VITAE NISI RUTRUM ELEIFEND.
PELLENTESQUE METUS FELIS, CONSEQUAT FAUCIBUS PULVINAR IN, PLACERAT AC LECTUS. DONEC SED DUI NULLA, ID VULPUTATE 7,5%
7%
LEO. NUNC SEMPER URNA AC MAURIS MATTIS ID ELEMENTUM NISI CONDIMENTUM. IN PULVINAR NULLA ET NIBH ULTRICIES
SUSCIPIT.
6,5% 6% 5,5%
A
LOREM IPSUM. dolor sit amet, Tendance historique Projection consectetur adisciping elit, vivamus varius metus vitae nisl lacinia porta. Suspendisse non elit nec nisl blandit ornare.
5% Source : The European House-Ambrosetti, 2011.
A
B
38
D
E
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adisciping elit.
G
B
C
adultes obèses augmentera de 2,4 % en moyenne par an jusqu’en 2025 et de 2,8 % en moyenne par an de 2025 à 2050, en tenant compte du fait que 70 % des enfants obèses aujourd’hui resteront obèses à l’âge adulte et qu’en F moyenne un tiers des adultes obèses l’était déjà pendant l’enfance ; - on assume que le coût des soins de santé pour une personne adulte obèse est en
LOREM IPSUM. dolor sit amet, consectetur adisciping elit, vivamus varius metus vitae nisl lacinia porta suspendisse non elit nec nisl blandit ornare.
moyenne de 1400 euros en plus du coût LOREM IPSUM. sit amet, moyen des soinsdolor de santé par personne consectetur adisciping elit. Vivamus varius. et que c‘est la conséquence des patholoLOREM IPSUM.elle dolorest sit plus amet, souvent exD gies auxquelles consectetur adisciping elit, vivamus varius posée qu’une personne de poids normal. metus vitae nisl lacinia porta. Suspendisse non elit nec nisl blandit ornare vel maLa modification des donnéessedépidémiologna vitae nisi rutrum eleifend. Pellentesque giques sur in, l’obésité pulvinar placerat associées ac lectus. à celles sur la composition démographique porte le LOREM IPSUM. dolor sit amet, E nombre d’obèses à presque 14 millions consectetur adisciping elit, vivamus varius en metus nisl lacinia porta suspendisse 2050 (parvitae rapport à environ 5 millions si les C
non elit nec nisl blandit ornare. Pellentesque pulvinar in, placerat ac lectus.
Figure 1.12. Évolution du nombre d’obèsesF enLOREM Italie (en millions) IPSUM. dolor sit amet, H
consectetur adisciping elit, vivamus varius.
13,98
10%
39
Figure 1.13. Évolution du rapport dépenses de santé/PIB dans le cas de base et dans l’hypothèse de variations du cadre épidémiologique sur l’obésité 11%
10,6
9,7
10%
9%
MILIONI
8,5%
MILIAR8% DI 7%
cas de base du modèle, d’environ 24,3 milliards d’euros, qui s’accompagnent d’une incidence des dépenses de santé sur le PIB équivalentes à environ 10,6 % (par rapport à 9,7 % du cas de base du modèle prévisionnel). Le coût global induit par le cadre épidémiologique simulé pour la période 2010-2050 est de 347,5 milliards d’euros.
10,5%
9,5%
7,5%
hypothèses de base restaient constantes). En recoupant les données relatives au coût des soins de santé par personne pour chaque personne obèse avec celles de la croissance du nombre de personnes obèses, il est possible d’estimer le plus grand impact sur les dépenses de santé. Dans le cadre d’une prévision à l’horizon 2050, cette simulation aboutit à des dépenses plus élevées, par rapport au
800
5,7
MILIONI
Acqua pulita
Estimation fondée sur la Lorem ipsum. Dolorcroissance sit amet, épidémiologique MILIARDI consectetur adisciping elit. de l’obésité Vivamus varius.
5,7
800
Impianti igienico sanitari Lorem ipsum. Dolor sit amet, consectetur adisciping elit. Vivamus varius.
6,5%
CRAS 6% GRAVIDA TURPIS UT QUAM MATTIS QUIS SUSCIPIT IPSUM COMMODO. ALIQUAM VOLUTPAT DIAM TURPIS. VESTIBULUM SODALES DIAM AT ORCI DAPIBUS AC COMMODO URNA ELEIFEND. IN EU LECTUS RISUS , NECd’obèses VENENATIS ERAT. AENEAN CONVALLIS Nombre à prévalence inchangée
5,5% prévisionnel cas de base) ORNARE EUISMOD. MAECENAS TRISTIQUE, LACUS AT DIGNISSIM BLANDIT, LECTUS (modèle FELIS FRINGILLA LIGULAd’un , ID ADIPISCING SEM 5,11 AUGUE 5% ET LIBERO. CURABITUR EU MOLESTIE LIBERO. PELLENTESQUE VOLUTPAT SEM ID AUGUE VENENATIS POSUERE. VIVAMUS VARIUS METUS VITAE NISL LACINIA PORTA . SUSPENDISSE ELITdes NEC NISL de BLANDIT ORNARE . SED VEL MAGNA VITAE NISI Source : documents élaborésNON à partir données The European House-Ambrosetti, 2011.
RUTRUM ELEIFEND. PELLENTESQUE METUS FELIS, CONSEQUAT FAUCIBUS PULVINAR IN, PLACERAT AC LECTUS. DONEC SED DUI NULLA, ID VULPUTATE LEO.
9,5% 9% 8,5%
Cas de base
8%
Cas d’augmentation d’obésité
7,5% 7% 2010
2015
2020
2025
Source : documents élaborés par The European House-Ambrosetti, 2011.
2030
2035
Obésité : les impacts sur la santé publique et surIndex la société BCFN 2011
Karen Kasmauski/National Geographic Stock
CRAS GRAVIDA TURPIS UT QUAM MATTIS QUIS SUSCIPIT IPSUM COMMODO. ALIQUAM VOLUTPAT DIAM TURPIS. VESTIBULUM SODALES
2040
2045
2050
Charles Kogod/National Geographic Stock
2. LA DIMENSION SOCIALE, ENVIRONNEMENTALE ET CULTURELLE DE L’OBÉSITÉ
2.1 L’OBÉSITÉ DANS LES DIVERS GROUPES SOCIO-ÉCONOMIQUES
Figure 2.1. Prévalence de l’obésité dans les diverses tranches d’âge (2010) 35
États-Units
30 Angleterre
Taux d’obésité
L
es causes de l’explosion du phénomène de l’obésité et des différences dans la prévalence de cette condition constatées entre les divers groupes sociaux ne sont pas uniquement de nature purement biologique et épidémiologique, mais relèvent également de facteurs culturels et économiques. Le niveau d’instruction, le revenu et le statut social semblent être déterminants sur la probabilité pour un individu de devenir obèse. On fera état ci-après des données qui mettent en évidence les relations existant entre le taux d’obésité et certaines variables qui définissent le statut socio-économique des individus. Mais, tout d’abord, il est nécessaire d’appréhender les différences dans la manifestation du phénomène selon le sexe et l’âge.
20
Canada
15 Italie
France
10 5
Corée 0 15
20
25
30
35
40
45
50
55
60
Age
Source : documents BCFN élaborés à partir de données de l’OCDE, 2010.
42
43
2.1.1 Obésité chez les hommes et chez les femmes L’OBÉSITÉ EST GÉNÉRALEMENT PLUS RÉPANDUE CHEZ LES FEMMES QUE CHEZ LES HOMMES
Le taux d’obésité au niveau mondial tend à être plus élevé dans la population féminine que dans la population masculine1 (figure 1.4.). Diverses explications de cet aspect ont été proposées. Une étude américaine2, par exemple, montre qu’aux États-Unis, à partir des années 70, les femmes ont subi une réduction progressive du revenu réel tandis que le nombre d’heures consacrées au travail a augmenté, et que cela est étroitement lié à la hausse du taux d’obésité. Par ailleurs, il est apparu que les femmes qui ont connu des déséquilibres nutritionnels (phénomènes généralement plus répandus chez les femmes que chez les hommes), au cours de l’adolescence, sont plus prédisposées à développer l’obésité à l’âge adulte. Comme on le verra par la suite, les différences dans la prévalence de l’obésité entre les hommes et les femmes sont en étroite corrélation avec d’autres caractéristiques individuelles, telles que la situation socio-économique, le groupe ethnique, certains facteurs psychologiques, métaboliques et endocrinologiques (rôle des hormones) et le degré d’activité physique.
2.1.2 Obésité dans les diverses tranches d’âge LES TAUX D’OBÉSITÉ ET DE SURPOIDS AUGMENTENT D’ANNÉE EN ANNÉE JUSQU’À L’ÂGE DE 50 ANS ENVIRON, PUIS REDESCENDENT
Les données statistiques recueillies dans certains pays montrent que la relation entre poids corporel et tranche d’âge suit une courbe en « U inversé ». Le poids tend à augmenter lentement avec l’âge jusqu’à atteindre un pic autour de 50 ans, puis diminue à mesure que l’individu vieillit, en raison de la présence de maladies chroniques, dont la plupart provoquent une perte de poids corporel. Ce phénomène doit être rattaché aux différents styles de vie généralement adoptés par un individu au cours de toute son existence. Pendant les premières années de la vie et
65
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
25
l’adolescence, une activité physique en principe plus intense et régulière et une alimentation mieux contrôlée permettent de maintenir un niveau adéquat d’IMC (compte tenu toutefois des différences et des exceptions intrinsèques entre les différents pays) ; au fil des ans, toutefois, et lorsque l’individu commence à travailler, on note une croissance généralisée de la prévalence de l’obésité dans les pays observés. Ceci est dû, par exemple, à la forte tertiarisation du monde du travail dans les pays à revenu élevé, ce qui implique des tâches essentiellement sédentaires. Après 50 ans, on observe, cependant, une lente inversion de la tendance, causée par l’apparition des premiers symptômes des maladies chroniques et par les mesures de prévention et de surveillance adoptées, telles que des régimes alimentaires à faible contenu de cholestérol ou de glucides.
2.1.3 Obésité et conditions socio-économiques Une étude publiée dans le « Journal of Epidemiology Community Health »3 a analysé la relation entre la prévalence de l’obésité et la répartition du bien-être (mesurée par l’écart entre le revenu des personnes les plus riches et celui des personnes les plus pauvres). Bien que ce facteur ne soit pas suffisant pour expliquer à lui seul les différences entre les taux d’obésité des divers pays observés, les résultats montrent qu’un niveau d’inégalité élevé dans la répartition du revenu correspond généralement à une plus grande prévalence de l’obésité dans la population. Le graphique reporté dans la figure 2.2 met en évidence un groupe de pays aux taux d’obésité similaires, plutôt bas, et présentant une inégalité sociale limitée (les pays au centre du plan) : à mesure que les valeurs sur les abscisses croissent, on remarque une augmentation assez rapide de la prévalence de l’obésité, notamment aux États-Unis et en Grèce.
NOUS AVONS TENDANCE À ASSOCIER DE PLUS IMPORTANTS TAUX D’OBÉSITÉ À UNE PLUS GRANDE INÉGALITÉ SOCIALE
Figure 2.2. Relation entre le taux d’obésité des hommes (A) et des femmes (B) et la disparité de revenu (mesurée par le rapport entre les deux extrêmes de l’échelle des revenus) dans 21 pays riches (2005)
Figure 2.3. Disparités de l’obésité (A) et du surpoids (B) en fonction de l’appartenance à une classe sociale/de revenus pour les hommes et les femmes (2010)
A
30
5
Grèce
A
États-Unis
1.3
1.3
1.2
1.1
1
États-Unis
Hongrie
Australie
Italie
Suède
0.9
0.9
Femmes
45
5
B
Grèce Grande-Bretagne
3
2.6
1.3
1.3
Angleterre
0.9
0.9
0.9
0.8
0.8
Hommes
Femmes
Note : les valeurs des histogrammes se réfèrent à la probabilité qu’a un individu appartenant à une classe sociale/de revenus plus basse d’être obèse (A) ou en surpoids (B) par rapport à un individu appartenant à une classe sociale/de revenus plus élevée. Par exemple, en France, les hommes appartenant à la classe sociale/de revenus plus basse sont obèses avec une prévalence 2,4 fois plus élevée par rapport à ceux appartenant à la classe sociale/de revenus plus élevée. Source : documents BCFN élaborés à partir de données de l’OCDE, 2010.
Coreée
Hongrie
Suède
Autriche
Italie
Espagne
France
L’OCDE donne une autre mesure de la disparité sociale en relation avec l’obésité, équivalente à la probabilité d’être obèse dans la classe la moins aisée par rapport à la plus riche (figure 2.3.). Cette analyse confirme que le niveau de disparité sociale produit une probabilité d’être en surpoids ou obèse plus grande chez les femmes que chez les hommes. Les femmes appartenant à la classe plus riche présentent, en effet, des taux d’obésité considérablement inférieurs aux femmes appartenant à des classes sociales moins aisées, alors que cette donnée est moins évidente chez les hommes.
1.4
0 Angleterre
Source : document BCFN elaboré à partir des données Pickett K. E. et al., 2005.
1.4
États-Unis
10
Corée
1
1.5
1.0
Canada
1.1
États-Unis
1.1
Italie
4 6 8 Rapport entre un revenu maximal et un revenu minimal de 20 %
1.1
Hongrie
1.2
1.6
Australie
1.7
France
2
1.9
1.5
Suisse Japon
2.0
Canada
2.1 2
Australie
Nouvelle-Zélande Australie Francia Irlande Espagne Canada Hollande Italie
Espagne
Suède Norvège
10
Autriche Danemark Belgique
Suède
Finlande
Autriche
20
4
Portugal Allemagne Indice relatif de disparité
Pourcentage d’hommes obèses
1.7
1.0
Hommes
30
0
Angleterre
États-Unis
Espagne
B
0
10
Autriche
4 6 8 Rapport entre un revenu maximal et un revenu minimal de 20 %
France
2
1.8
Angleterre
1.3
Canada
1.4
1.8
États-Unis
1.7
Australie
2.0
2
Japon 0
2.7
2.4
Coreée
Italie
2.8
Hongrie
Portugal
2.8
Suède
Nouvelle-Zélande
3.0
3
Autriche
Allemagne
Italie
10
Australie
Espagne
Danemark Belgique Norvège France Canada Autriche Hollande Espagne Suède
3.5
Grande-Bretagne
France
Irlande
Corée
Finlande
Canada
20
Indice relatif de disparité
Pourcentage d’hommes obèses
4
Suisse
44
4.2
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
4.2
Plusieurs études effectuées démontrent la relation existant entre le nombre d’années consacrées à l’éducation et le style de vie4. Ceux qui ont consacré plus de temps à leur formation, en général, consomment moins de tabac ou d’alcool, n’usent pas de stupéfiants et présentent une prévalence d’obésité ou de surpoids inférieure à la moyenne5.
20
Figure 2.4. Obésité et niveau d’éducation chez les hommes (A) et chez les femmes (B) dans certains pays de l’OCDE
15
6.8
5
10
15
2.2
2.0
1.9
1.9
1.6
Australie
États-Unis
1.4
2.9
Angleterre
1.5
Autriche
3.3 1.6
Canada
1.8
1.0
Hommes
20
Hongrie
Suède
France
Italie
Corée
Australie
Canada
0.8
Hongrie
Corée 0
2.2
1 0
0%
46
2.2
Italie
5%
2.3
Espagne
10%
2.8
Espagne
Angleterre
3.2
Autriche
Australie
4.8
Corée
5
15%
États-Unis
Canada
Suède
20%
10
France
Pourcentage d’obésité
25%
16.9
Angleterre
A
18.4
A
Indice relatif de disparité
30%
Figure 2.5. Disparités de l’obésité (A) et du surpoids (B) en fonction du niveau d’éducation pour les hommes et les femmes (2010)
Femmes
47
6
Années d’éducation
B 5.0
5
30% B Indice relatif de disparité
20% Canada Angleterre
3.5 3.0
3
1.6
10%
1.4
1.4
1.3
1.2
1.2
1.1
1.1
1
0.9
Hommes
Source : documents BCFN élaborés à partir de données de l’OCDE, 2010.
1.4
1.4
1.3
États-Unis
Australie
Angleterre
Autriche
Canada
Hongrie
Suède
France
Corée
Italie
Femmes
Note: les valeurs reportées dans les histogrammes se réfèrent à la probabilité d’un individu peu instruit d’être obèse (A) ou en surpoids (B) par rapport à un individu instruit. Source : documents BCFN élaborés à partir de données de l’OCDE, 2010.
1.7
0.7
Corée
États-Unis
Angleterre
Australie
Canada
Hongrie
Italie
20
Espagne
Années d’éducation
15
Autriche
10
Suède
5
1.8
0
0% 0
1.8
1.0
5% Corée
2.8
2.2 2
Espagne
Australie 15%
4
France
Pourcentage d’obésité
25%
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
2.1.4 Obésité et instruction
13,4
48
13,7
80%
Pourcentage
67%
65%
60%
58%
19%
19% 17%
0%
Hommes obèses
Hommes en surpoids Blancs
Noirs
Asiatiques
Figure 2.8. Prévalence de l’obésité dans divers groupes ethniques aux ÉtatsUnis (2007)
49
80%
60%
3,6 2,2
Femmes
Femmes en surpoids
La figure 2.8 montre qu’aux États-Unis également la population féminine appartenant à l’ethnie afro-américaine présente des taux de surpoids et d’obésité nettement au-dessus de la moyenne.
Certificat d’études élémentaires
2.1.5 Obésité dans les divers groupes ethniques Les ethnies et les dynamiques migratoires sont des contextes à l’intérieur desquels divers styles de vie et comportements alimentaires sont créés. Les minorités ethniques appartiennent souvent aux classes sociales les plus basses, tendent à être marginalisées et constituent un terrain fertile pour l’apparition des phénomènes analysés précédemment (dans les classes sociales moins aisées, avec un niveau d’instruction et un revenu plus bas, le taux de surpoids et d’obésité tend à être plus élevé). En Angleterre, par exemple, la population féminine présente des développements différents de la maladie selon les ethnies, avec un pic de la prévalence de l’obésité enregistré chez les femmes de couleur, tandis que les données pour les hommes semblent plus linéaires, comme l’indique la figure 2.7.
60%
20%
0%
54%
46%
29% 28%
26%
29%
24%
Hommes obèses Blancs non hispaniques
67%
62%
40%
Hommes
Source : documents BCFN élaborés à partir de données de l’ISTAT, 2010.
74%
69%
68%
Brevet
Femmes obèses
Source : documents BCFN élaborés à partir de données de l’OCDE, 2010.
6,4
Baccalauréat
17%
11%
7,9
Licence
50%
32%
10,1
5,7
52%
51%
40%
20%
Pourcentage
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Figure 2.6. Personnes d’âge compris entre 25 et 44 ans (sur 100 personnes) ayant un IMC >30 classées par sexe et par diplôme (2010)
Figure 2.7. Prévalence de l’obésité dans divers groupes ethniques en Angleterre (2007)
Hommes en surpoids Blancs non hispaniques
53%
35% 24%
Femmes obèses
Femmes en surpoids
Américano-mexicains
Autres ethnies
Source : documents BCFN élaborés à partir de données de l’OCDE, 2010.
L’environnement obésogénique – comme dans le cas des États-Unis – joue également un rôle très important, déterminant l’augmentation de la prévalence de l’obésité chez les immigrants, souvent habitués à des styles de vie et des modèles alimentaires radicalement différents des américains. Au cours de la période comprise entre 1991 et 2008, le taux moyen de l’obésité dans la popu-
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
EN ITALIE, SUR UN ÉCHANTILLON D’INDIVIDUS DE 25 À 44 ANS, L’ÉTUDE MONTRE QUE LA PRÉVALENCE DE L’OBÉSITÉ DIMINUE AVEC L’AUGMENTATION DU NIVEAU D’INSTRUCTION
La figure 2.4. montre les résultats d’une étude effectuée dans quatre pays de l’OCDE6 qui permettent de déduire que la prévalence de l’obésité diminue parallèlement à l’augmentation des années de formation, et qui soulignent que le rapport inverse entre taux d’obésité et niveau d’instruction est plus significatif chez les femmes que chez les hommes. En fait, il ne semble y avoir aucune relation entre niveau d’instruction et obésité chez les hommes, sauf en Corée, où toutefois le taux d’obésité est très bas. L’indice de disparité est applicable également au niveau de l’instruction, permettant d’évaluer la différence des taux d’obésité entre les individus moins instruits et les plus instruits (le niveau d’instruction est calculé en fonction du nombre d’années consacrées à la formation). La figure 2.5 permet de constater qu’en ce qui concerne l’instruction, le niveau de disparité est plus élevé dans la population obèse que dans celle en surpoids. En outre, l’incidence de l’instruction sur l’obésité et sur le surpoids est nettement plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Il ressort du graphique, par exemple, qu’une femme espagnole peu instruite présente une probabilité d’être obèse environ 18 fois plus élevée qu’une femme instruite, tandis que pour les hommes ce rapport est de 2,2. En Italie, une analyse effectuée sur un échantillon d’individus adultes âgés de 25 à 44 ans, montre clairement que la prévalence de l’obésité se réduit progressivement avec l’augmentation du niveau d’instruction (défini par le diplôme obtenu) aussi bien chez les femmes que chez les hommes (figure 2.6).
LES EFFETS D’UN ENVIRONNEMENT OBÈSE SUR LE TAUX D’OBÉSITÉ DES IMMIGRÉS AUX ÉTATS-UNIS
lation ée aux États-Unis est passé de 13,9 % à 28,7 %, tandis que celui des immigrés est passé de 9,5 % à 20,7 %. Une étude publiée dans le « Journal of Community Health »7 observe qu’au départ, le taux moyen d’obésité et de surpoids parmi les immigrés est inférieur à celui des citoyens américains de naissance, mais que le risque d’obésité et de surpoids s’accroît chez les immigrés proportionnellement à la durée de leur séjour aux États-Unis (figure 2.9.).
2.2 L’OBÉSITÉ INFANTILE
27% 22%
11% 8%
6% >1
50
8%
8%
1-4
16%
16%
15%
13% 10%
4-9
10-14 1992-1995
15+
Nés aux États-Unis
2003-2008
Source : documents BCFN élaborés à partir de données du « Journal of Community Health », 2011.
L’
obésité infantile, notamment dans les pays occidentaux, est un problème croissant et d’une portée considérable en termes de soins de santé et de société. La littérature scientifique internationale fournit les preuves d’un lien bien établi entre une situation de surpoids/obésité dans l’enfance et de surpoids/obésité à l’âge adulte8: il apparaît, en effet, que l’obésité infantile est une étape décisive pour la persistance du phénomène durant la vie entière de l’individu, entraînant de graves répercussions sur les probabilités de contracter, à l’âge adulte, des maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension, des problèmes cardiovasculaires et des tumeurs. Le surpoids et l’obésité peuvent avoir pour les enfants des conséquences psychologiques et physiques (malaise dû au surpoids, difficultés motrices, anxiété, asthme, début de problèmespsychologiques impliquant une mauvaise estime de soi et isolement social) qui peuvent se manifester dès l’enfance (conséquences précoces), en plus des problèmes souvent plus graves qui apparaissent plus facilement à l’âge adulte (conséquences tardives). Généralement, l’obésité infantile se produit principalement si l’environnement familial y est propice (un enfant de parents obèses a 70 % à 80 % plus de probabilités de développer un surpoids qu’un enfant ayant des parents de poids normal), si les habitudes alimentaires sont mauvaises et si l’enfant ne pratique pas suffisamment d’activité physique.
SURPOIDS ET OBÉSITÉ DANS L’ENFANCE REPRÉSENTENT UN GRAVE FACTEUR DE RISQUE POUR LA SANTÉ EN ÂGE ADULTE
51
2.2.1 Les causes de l’obésité chez l’enfant et chez l’adolescent L’origine et les causes de l’obésité sont multiples et complexes : peu de cas sont dus à des facteurs génétiques; en majorité, ce sont les styles de vie de l’enfant et de la famille qui conditionnent l’apparition et la persistance de la maladie.
© Corbis
Alimentation Comme déjà mentionné, l’une des causes de l’obésité chez les enfants et les adolescents est liée à une absorption chronique et prolongée d’une quantité de calories supérieure à ce qu’il faudrait consommer. Plus souvent les parents sont inquiets si leur enfant mange peu au cours de l’enfance ou de l’adolescence, rarement quand celui-ci mange trop. Si, dans un sens, les préoccupations des parents peuvent être justifiées, dans la mesure où une alimentation insuffisante crée un déficit de divers types susceptible de compromettre la croissance, de l’autre, un apport calorique excessif détermine d’abord une condition de surpoids chez l’enfant, et ensuite une véritable obésité proprement dite9. En dehors de la quantité totale de calories, la composition même de l’alimentation peut ontri-
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Figure 2.9. Taux d’obésité moyen sur un échantillon d’environ 450 mille immigrants provenant de 30 pays en fonction de leur durée de séjour aux États-Unis et comparaison avec la population née aux États-Unis (2008)
APPORT CALORIQUE EXCESSIF
UN RÉGIME DÉSÉQUILIBRÉMÈNE À L’INGESTION DE GRAISSES
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
L’IMPORTANCE DE CORRIGER LES HABITUDES LIMENTAIRES INCORRECTES DURANT L’ÂGE ÉVOLUTIF
Caractéristiques de l’offre alimentaire AUGMENTATION DE LA CONSOMMATION ET DE L’OFFRE DE BOISSONS SUCRÉES ET ENCAS
La communauté médico-scientifique s’accorde généralement sur la corrélation entre obésité et surpoids chez les adolescents et les types d’aliments offerts/accessibles sur le marché. L’analyse des modifications dans l’offre12 alimentaire aux États-Unis13 révèle que: - Ces études révèlent que la consommation de sodas a explosé à partir de la seconde moitié des années 80, poursuivant une augmentation plus modérée mais constante au cours de la seconde moitié des années 90. Ce type de consommation est en étroite corrélation avec
l’obésité chez les adolescents, parce que les boissons gazeuses et sucrées (soft drinks) ont une incidence considérable sur leurs niveaux d’obésité ; - cette explosion a été favorisée par l’énorme présence de sodas dans la distribution et, notamment, dans les campagnes publicitaires pour ces soft drinks, pour lesquels les dépenses - rien qu’aux États-Unis - ont doublé, passant de 541 millions de dollars en 1995 à presque 800 millions de dollars en 199914 (dans la même période, les dépenses publicitaires pour la nourriture et les aliments ont été réduites de 20 %, passant de 11,6 à 9,8 milliards de dollars) ; - l’augmentation de la consommation de boissons gazeuses et sucrées a été accompagnée par celle des aliments consommés en dehors de la maison (dans les restaurants, les pubs, les fast food), souvent servis en portions comportant des pourcentages de nutriments supérieurs15 à un repas normal16. Par ailleurs, l’habitude de consommer des encas entre les repas est de plus en plus répandue ; la cause principale de l’augmentation de la consommation de calories enregistrée aux États-Unis au cours des 20 dernières années semblerait s’apparenter davantageau grignotage qu’aux calories assimiléesdurant les repas principaux17. Aux États-Unis encore, un facteur ultérieur qui a déterminé la progression de l’obésité et du surpoids chez les enfants et les adolescents, et plus généralement dans la population, est la baisse (en termes réels) des prix moyens des aliments. Cela a provoqué une augmentation des aliments achetés et consommés et une préférence accrue pour les aliments à forte densité calorique (encas, chocolat, chips) qui, dans le cadre de la diminution moyenne des prix, ont enregistré les plus forts tassements, tendant à coûter moins que ceux à faible densité calorique (fruits, légumes, céréales)18. Le mode de création et de développement de l’offre alimentaire actuelle, dans de nombreux pays du monde entier, a représenté un facteur de l’expansion du surpoids et de l’obésité chez les enfants et chez les adolescents, renforcée par les facteurs liés au style de vie.
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
52
buer au développement et au maintien des conditions de surpoids et d’obésité : en effet, un régime riche en matières grasses favorise l’accumulation de lipides à travers10 : - Densité calorique : les matières grasses donnent une plus grande densité calorique aux aliments ; en conséquence, à volume égal ingéré, la quantité d’énergie absorbée est supérieure. Comme la sensation de satiété est influencée par le volume et la composition des aliments (rapport protéines/matières grasses et glucides) et puisque les aliments à faible densité calorique sont plus volumineux que ceux à forte densité, ces derniers tendent à rassasier moins que les premiers; - Palatabilité : les matières grasses donnent un goût plus agréable à l’aliment (consistance, fraîcheur, etc.) et en stimulent donc la consommation, augmentant l’apport total d’énergie ; - Caractéristiques thermogéniques : il s’agit des caractéristiques propres au métabolisme lipidique assurant que l’absorption de matières grasses se transforme en un dépôt efficace de triglycérides. Le coût énergétique de la digestion, de l’absorption, de la métabolisation et du stockage des lipides est en effet compris entre 2 % et 4 % du contenu énergétique des lipides consommés, ce qui est de très loin inférieur à celui des glucides (5-24 %) et des protéines (25-30 %). Une corrélation significative entre le degré d’adiposité, exprimé en pourcentage du poids corporel total, et le contenu lipidique de l’alimentation, exprimé en pourcentage des apports caloriques totaux, a été clairement démontrée chez l’enfant obèse11. Les fibres contenues dans les aliments sont également importantes : une petite quantité de fibres contribue à réduire le volume du repas et à accélérer l’absorption des nutriments. En conséquence, une hyperalimentation peut provoquer une augmentation du volume des cellules adipeuses (hypertrophie) et de leur nombre (hyperplasie). Ce phénomène se produit principalement dans les deux premières années de la vie et pendant la puberté, et est associé à une prédisposition particulière à l’obésité à l’âge adulte, ainsi qu’à une difficulté à perdre du poids ou à le maintenir dans les limites normales, en raison de l’incapacité à éliminer les adipocytes mûrs, une fois achevée leur différenciation. Intervenir pendant les années de développement est donc d’une importance cruciale, parce que cela peut aboutir à de meilleurs résultats, plus durables que ceux qu’on peut obtenir à l’âge adulte. Les parents devraient être les premiers à se rendre compte de l’augmentation excessive du poids de l’enfant et à informer le pédiatre, qui est certainement la personne la plus à même de les aider. Mais, souvent, un gros appétit est interprété comme un signe de bien-être et on tend au contraire à le stimuler plus qu’à le limiter, en espérant que les kilos en trop disparaîtront au cours du développement de l’enfant. À l’apport calorique élevé (par rapport à la dépense énergétique) s’ajoutent l’alimentation de l’enfant souvent irrégulièrement répartie au long de la journée et une exposition prolongée à une offre de produits alimentaires facilement accessibles, non contrôlée par les adultes. Tout cela favorise une consommation continue et, par-dessus tout, pas toujours correcte en termes de couverture des besoins journaliers de macronutriments, de vitamines et de sels minéraux : en fait, non seulement l’enfant « mange trop », mais également son mode d’alimentation est déséquilibré, trop fréquent et malsain.
53
Transformations urbaines C’est un fait désormais établi qu’un style de vie qui prévoit une activité physique adéquate est un des facteurs qui réduit le plus la probabilité de surpoids et d’obésité. Historiquement, l’exercice physique était une activité qui ne devait pas nécessairement être programmée dans l’emploi du temps de la journée ou de la semaine, puisqu’il faisait partie intégrante de la vie quotidienne et du travail. Si d’une part l’allongement des distances parcourues19 pour se rendre au lieu de travail/d’études a réduit la mobilité physique des personnes, puisque les déplacements s’effectuent principalement en véhicules privés ou en moyens de transport publics, d’autre part les avancées technologiques ont rendu le travail plus sédentaire. Dans un tel contexte, les modifications des lieux et des espaces urbains où les enfants et les adolescents grandissent (ou ont grandi) ont des répercussions sur leur niveau d’activité motrice. Plus précisément, la naissance des « villes diffuses » et l’accroissement des kilomètres parcourus en automobile ont eu un impact significatif sur le niveau d’activité physique des enfants et des adolescents, qui désormais marchent rarement ou tout au plus utilisent la bicyclette pour aller à l’école ou aux lieux de loisirs20. En 1977, aux États-Unis, 15,8% des trajets accomplis par les enfants et les adolescents d’âge compris entre 5 et 15 ans étaient effectués à pied ou à bicyclette, en 1990 ce pourcentage se situait à 14,1 % et en 1995 à 9,9 % ; aujourd’hui on estime qu’il est inférieur à 4 %. Une telle réduction s’explique par la volonté croissante des parents d’accompagner leurs enfants à l’école ou aux lieux de loisirs, à cause de la distance entre ces destinations et le lieu de résidence trop grande pour être couverte à pied ou en vélo et à cause du manque de disponibilité de voies réservées ou de parcours piétonniers et sans danger. Toutefois, puisque cette situation semble constituer une variable exogène, il serait bon de
L’ÉVOLUTION DES EMPLACEMENTS ET DES ESPACES URBAINS A RÉDUIT LA PROPENSION À L’ACTIVITÉ PHYSIQUE
favoriser des politiques qui encouragent et facilitent les activités sportives. La perte des occasions de pratiquer une activité motrice telle qu’aller à l’école ou jouer avec des amis a, en fait, étendu l’impact sur la propension déjà réduite à faire de l’exercice physique même dans d’autres contextes (activités sportives de groupe, etc.)21, et constitue un autre facteur de diminution de l’intérêt à adopter un style de vie actif à l’âge adulte.
Diffusion de styles de vie sédentaire TÉLÉVISION ET ORDINATEUR ONT RÉDUIT LE TEMPS DÉDIÉÀ L’ACTIVITÉ PHYSIQUE
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Changements à l’école Ce n’est pas seulement la façon d’aller à l’école des enfants et des adolescents qui a changé, mais également le milieu scolaire. Ces dernières années, par exemple, on a noté une évolution radicale des aliments servis à l’école et de ceux qui sont disponibles dans les distributeurs automatiques29. Comme mentionné précédemment, la consommation de boissons gazeuses et sucrées a augmenté de façon exponentielle entre la fin des années 1970 et la fin des années 1980, en partie parce qu’elles sont disponibles dans les distributeurs automatiques placés dans les écoles. Aux États-Unis, la diffusion des distributeurs automatiques a été favorisée par les politiques adoptées par leurs gestionnaires qui ont versé de plus en plus de redevances aux écoles, lesquelles à leur tour ont été ainsi induites à favoriser leur implantation dans le but d’accroître les revenus de leur budget scolaire. Par ailleurs, toujours aux États-Unis, de nombreuses écoles ont autorisé les sociétés de distributeurs automatiques à faire la publicité des produits qu’elles vendaient. Dans ces écoles, la possibilité d’acquérir facilement et continuellement certains produits (chips, encas, boissons gazeuses et sucrées, etc.) fournies, par exemple, par des distributeurs automatiques, est sans aucun doute en corrélation avec le surpoids et l’obésité.
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Le style de vie sédentaire est un autre facteur de risque22 pour le surpoids et l’obésité. La diffusion de styles de vie sédentaire, dès l’enfance, est souvent renforcée par l’évolution des exigences familiales et sociales qui laissent peu de place, sinon aucune, à la pratique d’activités motrices élémentaires. Les enfants, par exemple, passent plusieurs heures devant la télévision ou l’ordinateur23 puisque les parents tendent à travailler jusqu’à tard le soir. L’augmentation constante du temps passé par les jeunes devant l’ordinateur, la télévision ou des appareils électroniques est confirmée par une étude américaine24 qui a calculé que le temps moyen passé par les jeunes gens d’âge compris entre 8 et 18 ans25 devant des appareils électroniques était de 7 heures et 38 minutes, par jour, en 2009. Par rapport à cinq années auparavant (2004), on a enregistré une augmentation d’1 heure et 17 minutes. Les tendances actuelles indiquent, également, que les enfants et les adolescents sortent de moins en moins de la maison, puisque les parents sont plus appréhensifs au sujet de leur sécurité26, et qu’ils participent moins souvent aux activités d’éducation physique (notamment les adolescentes27). Les études effectuées par divers pays sont nombreuses à associer ces comportements à une croissance de la prévalence de l’obésité infantile28. L’exercice physique, en dehors du fait qu’il permet d’éviter l’augmentation excessive du poids corporel, est d’une importance fondamentale pour la croissance de l’enfant, dans la mesure où il aide à modifier le rapport entre la masse maigre (tissu musculaire) et la masse grasse (tissu adipeux). Il serait donc suffisant d’exercer une activité aérobique d’intensité modérée, sans fatiguer excessivement l’organisme, comme par exemple une marche à pied où les muscles seront soumis à un effort peu intense mais constant, qui permet de puiser de l’énergie dans le réservoir de matières grasses.
ENCAS ET BOISSONS SUCRÉES DISPONIBLES DANS LES ÉCOLES À TRAVERS LES DISTRIBUTEURS AUTOMATIQUES
Il a été estimé que 10 points de pourcentage d’augmentation de la disponibilité de ces produits à l’école produisent un accroissement d’1 point de l’IMC des enfants et des adolescents30.
L’IMPORTANCE DE L’ATTITUDE ET DU COMPORTEMENT DES PARENTS
56
Comme nous l’avons mentionné, le comportement des parents à l’égard de leurs enfants, dicté souvent par leur anxiété concernant leur santé et leur sécurité et par les exigences de leur travail, favorise l’acquisition chez les enfants et les adolescents d’habitudes marquées par la sédentarité. Une enquête italienne à plusieurs sujets réalisée par l’ISTAT, en 2000, a révélé que 25 % des enfants et des adolescents en surpoids ont un parent obèse ou en surpoids, et que ce pourcentage s’élève à 34 % quand les deux parents sont obèses ou en surpoids. Ceci met en relief l’importance des facteurs familiaux pour le développement de l’obésité : l’exemple donné par la famille est fondamental et on ne peut exiger que l’enfant adopte de bonnes habitudes nutritionnelles si les parents en premier lieu ne suivent pas un régime alimentaire équilibré. Cependant, l’influence que les parents peuvent avoir dans le développement du surpoids et de l’obésité de leurs enfants relève également de l’aspect génétique. Bien que la prédisposition génétique n’explique pas à elle seule le surpoids et l’obésité, elle peut représenter un élément d’une plus grande sensibilité à des situations de déséquilibre énergétique. On peut donc conclure que les causes « sociales » telles que les transformations urbaines, les changements à l’école et la structure de l’offre alimentaire modifient le type de consommation calorique journalière des enfants et des adolescents, induisant l’obésité et le surpoids, notamment chez les sujets plus vulnérables du point de vue génétique. Une récente étude publiée dans la revue « Nature »31 et réalisée par une équipe de chercheurs de l’Université de Cambridge a analysé le génome de 300 enfants atteints d’obésité grave, et a trouvé une corrélation entre la perte d’une partie de l’ADN et la situation d’obésité grave. Le gène disparu chez les enfants obèses appartiendrait au chromosome 16, qui régule la faim et les niveaux de glucide dans le sang. Les résultats de cette étude innovatrice dans le cadre de la recherche scientifique sur la relation entre caractéristiques génétiques et obésité doivent encore être approfondis et examinés, mais ils mettent d’ores et déjà en valeur l’existence d’une composante génétique qui rend certains individus plus sensibles aux situations de surpoids et d’obésité. Évidemment, l’étude rapportée ici traitait d’une condition très rare parmi la population et il est donc trop tôt pour prévoir l’impact de cette ou des autres anomalies génétiquement transmises sur l’épidémie d’obésité actuelle. En conclusion, l’enfant peut hériter une prédisposition à l’obésité provenant des gènes des parents, mais ce sont ces derniers qui lui servent de modèles, dès la naissance, pour les habitudes motrices et nutritionnelles, qui, si elles sont correctes, lui permettent d’équilibrer au mieux l’apport et la consommation de calories tout au long de sa vie.
2.2.2 Les effets de l’obésité chez l’enfant et chez l’adolescent L’OBÉSITÉ INFANTILE EST UN FACTEUR DE RISQUE IMPORTANT POUR LA SANTÉ EN ÂGE ADULTE
L’obésité infantile est reconnue comme étant l’un des principaux problèmes de santé publique, aussi bien pour les dommages qu’elle cause à la santé des enfants, que pour ceux qu’elle causera à l’adulte (étant donné le niveau élevé de situations d’obésité et de surpoids qui perdurent à l’âge adulte32). Les principales conséquences sur la santé peuvent être regroupées en problèmes d’ordre métabolique (résistance à l’insuline, intolérance au glucose, hypertension artérielle) et d’ordre on métabolique, telles que les pathologies ostéo-articulaires (valgus des membres inférieurs,
EN PLUS DES PROBLÈMES DE SANTÉ, IL EXISTE DES CONSÉQUENCES ÉMOTIONNELLES, SOCIALES ET PSYCHOLOGIQUES
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Facteurs familiaux et génétiques
douleurs articulaires, mobilité réduite, pieds plats), cutanées (vergetures pourpres, acanthosis nigricans), hépatiques (foie graisseux) et respiratoires (désaturation et apnée nocturne). Par ailleurs, une personne exposée au surpoids ou à l’obésité dans sa jeunesse est plus sujette à des pathologies cardio-circulatoires (hypertension artérielle, coronaropathies), musculairessquelettiques (apparition précoce d’arthroses due à l’augmentation de sollicitations statiquesdynamiques sur les articulations de la colonne vertébrale et des membres inférieurs, plus soumises à la charge), métaboliques (diabète mellite, hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie etc.), jusqu’au développement de tumeurs dans le tractus gastro-intestinal33. Les augmentations du poids corporel et des autres indices d’obésité dans la jeunesse (mais pas seulement) peuvent se traduire par la suite en des élévations de la pression artérielle. Une étude apparue récemment dans la revue « New England Journal of Medicine »34 a suivi environ 5 000 enfants américains nés entre 1945 et 1984, et a abouti à la conclusion que l’obésité infantile comporte plus qu’une double probabilité de décès avant 55 ans, en raison de l’augmentation du risque de souffrir de pathologies liées au métabolisme, de coronaropathies et d’hypertension. En plus des effets sur la santé, les enfants obèses et en surpoids manifestent des conséquences émotionnelles, sociales et psychologiques35. Une grave retombée négative sur les enfants souffrant d’obésité et de surpoids est la piètre estime qu’ils ont d’eux-mêmes36, qui souvent les fait sentir inadéquats dans le milieu social de référence, par rapport au groupe d’enfants du même âge, et qui peut avoir des manifestations plus prononcées telles que la dépression, la solitude, l’anxiété, l’isolement et la marginalisation par les compagnons de jeu et à l’école. Les enfants prennent en grande partie conscience d’eux-mêmes et de leur propre identité en percevant comment les autres se comportent à leur égard : l’estime qu’un enfant ou un adolescent a de lui-même, en effet, augmente ou diminue en fonction des réactions venant de son contexte de référence. Dans la majeure partie des cas, l’obésité et le surpoids sont un sujet de moquerie et il s’ensuit que les enfants obèses ou en surpoids souffrent d’une faible estime d’eux-mêmes. La dépression est une autre conséquence possible de l’obésité qui touche les enfants en surpoids et obèses. Dans certains cas, ces enfants tendent à manquer de confiance en eux et à se sentir inférieurs aux autres, et réagissent en s’isolant et en tombant dans la dépression, mais dans d’autres cas, ils cherchent plutôt à se montrer plus sympathiques pour se faire accepter et peuvent même devenir le « boute-en-train » du groupe. Comme dans les cas de surpoids et d’obésité, la dépression chez les enfants et chez les adolescents persiste à un degré élevé à l’âge adulte, avec des répercussions sur l’espérance de vie, sur le statut socioéconomique et sur les probabilités de se marier et de former une famille. Obésité et surpoids sont perçus par les enfants eux-mêmes comme des situations indésirables, et c’est ainsi que de véritables phénomènes de discrimination peuvent naître chez les enfants, dus à ces conditions. Dans certaines études, il est apparu que les enfants mis en face de photographies d’enfants obèses les ont décrits comme des gens paresseux, oisifs et indésirables en tant qu’amis, mais le résultat vraiment intéressant est que même les enfants en surpoids ont décrit les autres enfants en surpoids dans les mêmes termes. Cette situation se détériore lors du passage à l’adolescence : les adolescents obèses sont en fait l’objet de railleries, ridiculisés, et isolés. De plus, les situations d’obésité grave et chronique tendent à exacerber des comportements agressifs et provocants, dans la mesure où l’adolescent doit « se battre » davantage pour être accepté. Enfin, à cause du faible niveau d’auto-estime et d’une plus grande exposition à la dépression, à l’anxiété et à l’isolement, les adolescents obèses sont plus enclins à assumer des comportements négatifs pour leur santé, comme par exemple consommer de l’alcool et fumer des cigarettes37.
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ON ASSOCIE À L’OBÉSITÉ DES NIVEAUX DE RÉTRIBUTION MOYENNEMENT PLUS BAS, SURTOUT POUR LES FEMMES
58
LES COÛTS DE SURPOIDS ET D’OBÉSITÉ POUR LES ENTREPRISES SONT LIÉS À L’ABSENTÉISME, À UNE MOINDRE PRODUCTIVITÉ AU TRAVAIL EN RAISON DE PROBLÈMES DE SANTÉ ET DE HANDICAP
L
es taux croissants d’obésité et de surpoids ont d’importantes implications sur les dynamiques du marché du travail et sur les travailleurs des secteurs public et privé. Diverses études indiquent que les personnes en surpoids ou obèses perçoivent en moyenne une rémunération plus basse, sont exclues de certains types de fonction (par exemple, celles de représentation ou de relation avec le client) et sont victimes de discrimination sur leur lieu de travail. Notamment, une étude effectuée pour comprendre l’impact de l’obésité sur les rémunérations38, révèle que les femmes sont les plus désavantagées, sans distinction de groupe ethnique : en fait, aussi bien l’indice de masse corporelle que le poids semblent avoir des effets négatifs sur la rétribution. Les données les plus mauvaises sont relevées parmi les femmes blanches, pour lesquelles on estime qu’un surpoids d’environ 29 kg entraîne une réduction de salaire de 9 %, l’équivalent d’un an et demi d’instruction ou 3 ans d’expérience professionnelle. On observe souvent des comportements discriminatoires à l’égard des sujets en surpoids ou obèses également dans la phase d’accès au marché du travail ou sur le lieu de travail39. Ainsi, en Grande-Bretagne, les personnes obèses en âge de travailler ont 15 à 20 % de chances en moins d’être embauchées40. Des attitudes discriminatoires similaires ont été notées en Finlande, notamment à l’égard des femmes obèses41. Enfin, en Australie également, les personnes obèses en âge de travailler sont la catégorie la plus exclue du marché du travail : 8 % de plus que les personnes de poids normal de même âge, et si elles sont âgées, cette probabilité d’exclusion s’élève à 20 %42. Comme indiqué dans le chapitre 1, les coûts du surpoids et de l’obésité pour les entreprises sont liés à l’absentéisme (Finkelstein, Fiebelkorn et Wang, 2005; Ricci et Chee, 2005), à l’abaissement de la productivité au travail en raison de problèmes de santé, à savoir le « présentéisme43 » (Ricci et Chee, 2005), et à l’invalidité (Sturm, Ringel et Andreyeva, 2004). La majeure partie des estimations relatives à ces coûts se réfère aux États-Unis, le pays où on enregistre le pourcentage le plus élevé d’adultes obèses. En ce qui concerne les coûts directs, une étude44 estime qu’aux États-Unis, les entreprises dépensent chaque année environ 45 milliards de dollars pour les soins médicaux de leurs employés obèses et en surpoids. Les coûts indirects dérivant des journées d’absence en raison de l’obésité sont, quant à eux, de 730 dollars pour chaque employé homme et de 1 063 dollars pour les femmes45. Cette étude indique également qu’en moyenne, les travailleurs obèses perdent chaque année deux jours de travail de plus que leurs collègues de poids normal. Une étude plus récente46 reporte une donnée encore plus élevée : 5,9 jours de travail perdus de plus par an. Selon une autre étude récente47, le coût annuel imputable à l’obésité chez les employés à temps plein aux États-Unis s’élèverait à environ 73,1 milliards de dollars, dont environ 82 % sont liés aux frais médicaux et au présentéisme, tandis que les 18 % restants le sont à l’absentéisme. Aux États-Unis, les coûts par personne relatifs à l’obésité soutenus par les entreprises s’élè-
George Steinmetz/National Geographic Stock
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
2.3 LES COÛTS DE L’OBÉSITÉ DANS LE MONDE DU TRAVAIL
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Figure 2.10. Estimation annuelle des coûts liés à la productivité perdue et à l’absentéisme, répartie par catégories de poids entre travailleurs à temps plein aux États-Unis
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POURCENTAGE DE TRAVAILLEURS AMÉRICAINS EMPLOYÉS À TEMPS PLEIN
NOMBRE DE JOURS « EN MAUVAISE SANTÉ » PAR MOIS
ESTIMATIONS DES JOURNÉES DE TRAVAIL PERDUES POUR LES TRAVAILLEURS À TEMPS PLEIN (*)
ESTIMATION ANNUELLE DES COÛTS POUR UNE PERTE DE PRODUCTIVITÉ DÉRIVANT DE L’ABSENTÉISME (**)
Sujets normopoids et sans maladies chroniques
13,9%
0,34
base
base
Sujets obèses ou en surpoids sans maladies chroniques
17,9%
0,36
1.505.995
$513.544.375
Sujets obèses ou en surpoids avec une ou deux maladies chroniques
30,2%
1,08
94.301.528
$32.156.821.142
Sujets obèses ou en surpoids avec trois maladies chroniques
17,8%
3,51
238.457.008
$81.313.839.758
Sujets normopoids avec une ou deux maladies chroniques
14,8%
1,07
45.639.781
$15.563.165.458
Sujets normopoids avec trois ou plus maladies chroniques
15,3%
3,48
69.943.339
$23.850.678.489
449.847.652
$153.398.049.221
GROUPE
Total
Période d’observation : 2 janvier - 2 octobre 2011. Échantillon observé : 109 874 employés à temps plein (États-Unis). * On suppose 112 590 754 employés à temps plein ; le rapport entre jours « en mauvaise santé » et journées perdues sur le poste de travail est de 0,132. ** 341 dollars par jour de travail perdu ; cette estimation (en prix réels) se base sur une recherche effectuée par Goetschel et al. (2003). Source : documents BCFN élaborés à partir de données de Gallup, Healthways Being Index, 2011.
2.4 L’IMPACT DE L’OBÉSITÉ SUR LA DURABILITÉ ENVIRONNEMENTALE
L
a croissance économique, les changements sociaux et la recherche constante d’un niveau de vie plus élevé ont fait apparaître la tendance à consommer plus souvent et en plus grande quantité des aliments autrefois considérés comme rares et de luxe. Si la possibilité de se nourrir avec une plus grande variété d’aliments riches a procuré sans aucun doute des bienfaits, tels que la disparition ou l’atténuation des carences nutritionnelles dans les pays développés, la tendance à manger plus qu’il n’est nécessaire jointe à la réduction de l’activité physique dérivant des nouvelles typologies de travail, accompagnées souvent de déséquilibres entre les divers nutriments du régime, ont exposé les personnes à de graves risques tels que l’obésité, l’hypertension, le diabète, etc. Une consommation alimentaire par un nombre croissant de personnes, constamment supérieure au besoin calorique recommandé, surtout dans les pays occidentaux, ne représente pas seulement un risque pour la santé, mais exerce également une pression élevée sur les ressources naturelles et sur l’environnement. À cet égard, la littérature scientifique inclut la suralimentation dans le gaspillage alimentaire (Smil, 2004)57. Si on fait référence aux gaspillages alimentaires générés dans la dernière phase de la chaîne alimentaire (gaspillages domestiques et de la restauration, qui dans les pays occidentaux représentent le pourcentage majeur des gaspillages tout au long de la chaîne alimentaire), une partie importante est due à l’excès des portions servies et des quantités de nourriture préparées et, de manière plus générale, à la tendance à manger plus qu’il ne faut. Tout ceci se traduit évidemment en un plus grave impact sur l’environnement et en une surconsommation des ressources naturelles pour la production d’aliments qui ne sont pas strictement nécessaires à la subsistance de l’organisme. Pour une estimation des impacts environnementaux du gaspillage alimentaire en termes de consommation des ressources (empreinte écologique), de l’eau (empreinte eau) et des émissions de gaz à effet de serre (empreinte carbone), on renvoie à la récente étude publiée par le BCFN sur ce sujet58. Plus généralement, diverses études ont démontré que la surconsommation de nourriture implique indirectement un impact sur le réchauffement global. Une étude de la London School of Hygiene and Tropical Medicine59 a montré que les taux d’obésité élevés des pays les plus développés sont la cause de 1 milliard de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre par an (sur un total de 31,6 milliards60). En conclusion, si on compare une population de personnes obèses avec une population de personnes de poids normal, il apparaît que la population obèse consomme environ 20 % en plus de nourriture (et donc de ressources naturelles)61.
UNE ALIMENTATION SUPÉRIEURE AUX BESOINS CALORIQUES EST CONSIDÉRÉE UN GASPILLAGE ALIMENTAIRE ET UN DOMMAGE POUR L’ENVIRONNEMENT
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
veraient globalement à 16 900 dollars pour les femmes obèses ayant un IMC supérieur à 40 et à 15 500 dollars pour les hommes de la même catégorie d’IMC. Une étude conduite par le gouvernement australien estime que les travailleurs obèses s’absentent 17 % plus souvent que leurs collègues de poids normal et plus longtemps, soit en moyenne 3,8 jours par an par rapport aux 3 jours des personnes de constitution normale48. D’autres études indiquent un troisième effet dérivant de l’obésité qui consiste en une plus grande exposition aux accidents de travail49: les travailleurs en surpoids seraient, en effet, exposés à un risque d’invalidité supérieur de 26 % à leurs collègues, pourcentage qui s’élèverait à 76 % pour les travailleurs obèses50. Il a été démontré que pour l’employeur, les coûts directs et indirects augmentent proportionnellement avec la hausse de l’IMC des travailleurs51. Dans le cas d’obésité de troisième niveau, les dépenses de santé sont supérieures de 81 % par rapport à celles soutenues pour les sujets normopoids52, avec un coût annuel en termes de jours de travail perdus qui s’élève à une somme comprise entre 460 et 2 485 dollars par personne53. Compte tenu de la prévalence de l’obésité dans le personnel, la perte d’une entreprise américaine de 1000 employés est estimée être d’environ 285 000 dollars par an54. Selon une étude effectuée par Gallup aux États-Unis en 2011, en valeur agrégée, les travailleurs en surpoids ou obèses s’absentent 450 millions de jours de plus par an55 que leurs collègues de poids normal, ce qui se traduit en une perte de productivité égale à 153 milliards de dollars par an. En plus des pertes en termes de productivité, les entreprises encourent des frais médicaux 42 % plus élevés pour les employés obèses ou en surpoids que pour les autres. Enfin, on a constaté – ce qui n’est assurément pas une information de moindre importance – que l’obésité représente l’un des principaux facteurs de risque d’abandon précoce du travail56.
61
L’étude O.N.I.C.E. : l’obésité racontée par les personnes concernées
62
La maladie ne se limite pas à l’organe malade et à ses symptômes, appelés en anglais diseases ; c’est le continuum inséparable entre la vie de la personne et sa maladie, qui perd à ce stade le nom de disease, lié à l’approche mécaniste, pour se transformer en illness, s’unissant ainsi au monde existentiel de la personne. La médecine narrative traite de la façon dont l’homme vit sa propre maladie en tant qu’état existentiel et du sens que le malade donne au parcours de soins entamé avec son propre thérapeute ou avec l’équipe médicale. Selon Rita Charon de l’Université de Columbia, l’un des instituts fondateurs de la médecine narrative, « la médecine narrative renforce la pratique clinique dans la mesure où elle permet de reconnaître, d’absorber, de métaboliser, d’interpréter et d’être touché par les histoires des personnes vivant avec la maladie : cela aide médecins, infirmiers, travailleurs sociaux et thérapeutes à améliorer l’efficacité des traitements et l’affiliation avec les patients et les collègues. Notre recherche et notre mission de sensibilisation ont pour objectif de conceptualiser, d’évaluer et de diffuser ces idées et pratiques afin qu’elles soient utilisées dans tous les pays ». L’Université de Columbia a lancé un programme de formation en médecine narrative, intitulé « Science de la médecine narrative », la hissant ainsi au même niveau que la médecine fondée sur les preuves. Le Center for Humanities du King’s Cross College de Londres affirme aussi qu’il s’agit d’une méthode scientifique qui n’est pas bénéfique qu’à un seul cas, mais à l’organisation sanitaire dans son ensemble. En effet, grâce à un meilleur traitement des cas individuels et des cas collectifs racontés à travers
les histoires, l’écoute écrite ou verbale est une pratique qui se diffuse également pour la compréhension d’autres cas cliniques, améliorant le niveau des soins de santé. En Italie, la Fondazione ISTUD a favorisé le projet O.N.I.C.E., dans le cadre duquel ont été recueillies 149 histoires de personnes obèses sur le site Web de l’Associazione Amici Obesi (Association des amis obèses), sur une période de deux mois, de mars à mai 2011. La recherche s’est basée sur des récits qui non seulement passaient en revue les aspects médicaux, mais qui se faisaient également l’écho de la vie de ces personnes, dans l’objectif de souligner ce que signifie vivre concrètement avec la maladie ; dans un deuxième temps, les récits recueillis ont été analysés avec la méthodologie de la médecine narrative. Parmi ces 149 histoires, 92 % ont été racontées par des femmes et seulement 8 % par des hommes, la tranche d’âge la plus représentée étant celle des 30-39 ans, ce qui correspond à 41 % des participants. Il ressort des histoires de ces personnes que l’obésité ne représente pas seulement un coût pour la santé, mais aussi un réel coût social, monétaire, psychologique et relationnel tant pour l’individu que pour la société. Pour ceux qui souffrent de cette maladie chronique, il est fondamental de retrouver la capacité de s’aimer de manière sensée et appropriée à travers des thérapies et en luttant contre le sentiment typique et ancien de culpabilité et d’insuffisance, qui conduit ces personnes à se refermer sur elles-mêmes lorsqu’elles sont en contact avec le milieu extérieur. Nous avons rapporté ci-dessous quelques extraits de ces histoires, dont on a délibérément conservé le langage utilisé par les participants du projet, les retouchant uni-
Obésité : les impacts sur la santé publique et surIndex la société BCFN 2011
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Pourquoi la médecine narrative ?
quement en cas d’erreurs de syntaxe, ou narrateurs considèrent comme junk food d’utilisation de dialecte ou d’argot. ou malbouffe sont les aliments emballés et destinés à être consommés principalement L’enfance et l’adolescence en dehors des repas comme les boissons, de l’enfant devenu obèse, les encas, les chips et les goûters. et ses habitudes familiales Il est surprenant de constater cependant que la nourriture qui était posée sur les L’enfance des futurs obèses peut se dérou- tables des futurs obèses était rarement ler soit dans un contexte familial rassurant, considérée comme de mauvaise qualité ; dénotant la fierté d’appartenir à sa propre dans presque la moitié des cas, l’alimentafamille, soit dans des lieux qui ont suscité la tion de la famille était décrite comme équidouleur et qu’on voudrait pouvoir oublier. librée, variée et riche en fruits et légumes. C’est un fait intéressant si on le recoupe Il était une fois un garçon qui s’appelait Anto- avec les descriptions successives qui dénio et qui vivait avec sa maman, son papa et peignent la nourriture familiale comme sa petite soeur dans une maison dans une servie en grande quantité, ou bien grasse ville très laide où on ne pense qu’à travailler car frite ou très assaisonnée : il apparaît et où on ne profite pas des belles choses qui alors évident que le problème ne vient pas sont autour de nous, où vivre en apparte- toujours du type d’aliments consommés, ment signifie ne pas connaître jusqu’à son mais de la façon dont ils sont préparés et voisin, où on cache la tristesse de diverses dans quelles quantités ils sont servis. façons, de l’alcool à la drogue, et où tous On comprend que dès son plus jeune âge, sont bienveillants mais ont quelque chose à l’enfant obèse a la possibilité d’accéder à cacher. Cette ville est vraiment laide [...]. des critères d’alimentation moins sains que ceux adoptés par la famille, à travers Il était une fois une petite fille qui s’appelait une alimentation autonome gérée entre Serena et qui habitait avec sa maman, son autres en utilisant des cachettes pour y papa, son petit frère Daniele et sa grand- stocker des aliments dérobés, ou demanmère paternelle jamais mariée, Isolina, dans dés et reçus en quantité excessive. une maison en ville, mais dans un quartier plein de verdure et d’espace pour jouer. À la maison on préparait des repas sains, équilibrés, riches en fruits et légumes, jaIl était une fois une petite fille qui s’appelait mais en quantités exagérées. Isabella et qui habitait avec sa maman, son papa jusqu’à ses 8 ans, ses 7 soeurs, 700 Le frigo était plein de choses naturelles, trop moutons, 6 chiens, 13 chats, quelques poules, même [...], et le garde-manger était rem5 chèvres, 3 ânes et quelques cochons dans pli de choses tout aussi naturelles. Il y avait une maison à la campagne, bien sûr [...] une peut-être aussi des endroits secrets où on maison coloniale sans toilettes, sans eau po- cachait la nourriture : oh ouiiiiiii, on attendait table (on avait un puits), mais tellement ver- d’aller à la douche pour pouvoir se remplir de doyant, et figurez-vous qu’on payait le loyer nourriture (achetée en cachette !). avec le fumier des moutons que le propriétaire utilisait comme engrais pour ses champs. Le frigo était plein de tous types d’aliments, et le garde-manger était plein de tout sauf En ce qui concerne le milieu familial et les d’encas que l’on retrouve partout aujourd’hui. habitudes qui en découlent, on déduit de ces histoires que le réfrigérateur contenait une À la maison on cuisinait des aliments variés certaine quantité d’« aliments malsains », et en abondance, avec beaucoup de sauces bien que la plupart d’entre eux se trouvent grasses mais aussi beaucoup de légumes ; dans le garde-manger : les aliments que les la nourriture qu’on préférait était sûrement,
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À la maison, on préparait des plats gras quand c’était la grand-mère qui cuisinait, plus sains quand c’était maman qui cuisinait, mais malheureusement elle ne pouvait pas le faire souvent [...] et le dimanche c’était jour de fête et on s’empiffrait. Il arrivait souvent qu’on mange à l’extérieur, à l’insu de tout le monde et sans apprécier ce qu’on mangeait, engloutissant tout de peur d’être vus.
grer à un groupe, ce qui constitue pourtant un facteur fondamental de croissance qui se concrétise à travers l’identification et la comparaison avec ses compagnons. Par conséquent, on peut affirmer que c’est précisément à ce moment-là que la personne qui était considérée auparavant comme grosse ou potelée devient obèse, tant dans son esprit que dans celui des autres. Ce sont souvent les parents qui transmettent cette prise de conscience, surtout les mères, bien que nombreux soient ceux qui prennent conscience de façon autonome de leur condition physique. En grandissant, la petite fille devint de plus en plus grande, mesurant jusqu’à 1,40 m, et toujours plus grosse, jusqu’à atteindre 69 kg à 12 ans. Cela ne faisait pas de doute : elle était devenue obèse. Les premières choses qui le lui firent constater furent le miroir et le pèse-personne [...] en plus de la maman, qui avec ses critiques constantes lui disait qu’elle était en train de « se défigurer ».
Des récits se dégagent aussi nettement certains aspects de l’approche à la nourriture, qui soulignent que, depuis leur enfance, les sujets obèses identifient la nourriture comme une forme de transgression, une consolation, un plaisir ou même une En grandissant, la jeune fille devint de plus obsession : on peut déjà la considérer en plus grande, mesurant jusqu’à 1,65 m, comme « dépendance ». et toujours plus grosse, jusqu’à atteindre 80 kg à 22 ans. Cela ne faisait pas de doute : Pour cet enfant, la nourriture était un ren- elle était devenue obèse. Ils le lui faisaient dez-vous qu’il ne pouvait manquer et il l’uti- tous remarquer. lisait pour calmer sa faim et se faire plaisir. La famille commença à dire que l’important, c’est d’avoir la santé, lui montrant son soutien. Pour cet enfant, la nourriture effaçait sa tristesse et il mangeait par tristesse, mais au fil du On commence à s’orienter vers les aspirations temps c’est aussi devenu de la gourmandise. familiales et les stéréotypes sociaux d’une beauté qui est directement proportionnelle à Pour cette enfant, la nourriture repré- la minceur. Par conséquent, la première présentait quelque chose, mais je ne sais occupation qui touche les adolescents obèses pas comment le définir [...] peut-être que est liée à l’esthétique, et non à la fonctionc’était une gratification [...] Serena était nalité corporelle réduite, contrairement à sûrement une enfant gourmande [...] et l’enfance, où l’attention était concentrée sur elle mangeait pour n’importe quelle raison l’incapacité de jouer et de se déplacer comme qui lui venait à l’esprit. les compagnons de poids normal. À l’adolescence, on commence à prendre conscience d’être gros, obèse et donc différent des autres qui se moquent de manière encore plus cruelle et ne permettent pas au garçon ou à la fille obèse de s’inté-
Je ne me demandais pas pourquoi, je passais seulement mon temps à envier les personnes plus belles et minces que moi et à me sentir mourir à l’intérieur, un peu plus à chaque fois, mais inexorablement.
Pourquoi moi ? Pourquoi je suis aussi grosse ? Pourquoi je ne peux pas acheter des vêtements comme toutes mes amies ? Entendre parler de taille 38... 36... 34 ! Et elle n’a jamais révélé sa taille à personne. Qui n’aurait pas eu honte de faire du 48 ?
combien cette prise de conscience est particulièrement dramatique. La première personne à le remarquer, ce fut moi. Un jour, je me suis vue telle que j’étais, ce que j’étais devenue sans le vouloir.
Le rapport avec le corps
J’ai compris moi-même que je devais changer, mais ça a été vraiment dur d’admettre que Souvent, un adulte est bien conscient et j’étais obèse [...] je le savais depuis toujours. objectif lorsqu’il descrit son propre corps et les raisons qui l’ont amené à en avoir une Le miroir ? Le pèse-personne ? Je ne me bonne perception. souviens pas du moment exact, de la personne ou de la chose qui a pu me faire reJ’ai toujours été potelé quand j’étais enfant marquer que j’étais répugnant ! Ou plutôt, et adolescent, bien qu’ensuite grâce à la maintenant que j’écris, je pense que le fait pratique de l’haltérophilie, j’aie développé de ne plus trouver quoi que ce soit à me une structure plutôt « carrée » et, quand mettre m’a vraiment fait me rendre compte je mangeais, je le faisais avec goût, parfois que j’avais de gros problèmes ! uniquement par gourmandise, d’autres fois juste par habitude, d’autres encore parce En moyenne, les jeunes obèses atteignent que j’avais bel et bien faim. leur poids maximum à l’âge de 34 ans environ et à ce moment-là, leurs fonctions corNormale. J’aime me définir comme ça. porelles sont désormais considérablement Dans le sens que je n’étais ni trop maigre réduites : ils se plaignent d’être fatigués, ni avec quelques kilos de trop. Normale. peinent, ont des douleurs, une impression Comme ça jusqu’à mes 20 ans. de lourdeur, des difficultés de mouvement et des gonflements. Dans d’autres cas, au contraire, on cherche La capacité de mouvement réduite rend difà confirmer une certaine positivité dans sa ficile la réalisation de nombreuses activités propre apparence ou on devient très cri- quotidiennes gratifiantes comme faire une tique du fait d’être gros : promenade ou monter des escaliers, et par conséquent, les protagonistes des histoires Très potelé mais très rassurant. sont frustrés, déprimés et tourmentés par le sentiment de culpabilité, augmentant la Depuis toute petite j’ai été potelée, j’ai toujours propre perception de maladie et de handicap. été dodue, mais pas grosse, disons jolie. Le corps était sans formes. Mes os me Moi au contraire, je suis la grassouillette typique. faisaient mal. Les genoux étaient pleins de liquide, les hanches étaient détruites et Son corps était vraiment répugnant. on devait faire des prothèses. Le cerveau était détruit et le sentiment de culpabilité La conscience d’être obèse peut surgir alternait avec l’envie de disparaître. avec l’intervention de la famille ou d’une personne de référence dans son éduca- Toujours fatigué et essoufflé, avec de fortes tion, mais il faut garder en tête que c’est douleurs dans les genoux et les chevilles. souvent l’individu lui-même qui réalise Même une simple promenade était un effort qu’il est obèse à travers un objet comme le ÉNORME, puis : Le corps était laid et gras, miroir, le pèse-personne ou un vêtement j’avais du mal à monter les escaliers, à faire qui ne pourra jamais être porté. On voit du vélo [...] à jouer par terre avec mes enfants.
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ou plutôt est, le fromage de tous types et qualités, englouti en quantités industrielles. Le frigo était plein de tout ce qu’on pouvait rêver, tandis que le garde-manger était rempli de pâtes, de conserves, d’huile, etc. Papa ne manquait aucune offre promotionnelle et allait faire les courses pour remplir les placards.
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raillées par les autres, ces individus de poids normal qui n’ont pas la moindre idée de leur souffrance et se moquent d’eux à cause de leur apparence sans s’imaginer leur détresse : ils évitent la foule et essaient de s’isoler et de se cacher le plus possible du regard des autres. Rares sont les obèses rebelles qui font de leur condition une provocation, car la tendance est plutôt de subir en silence la discrimination comme des enfants sans défense : l’interaction avec autrui est toujours À ce stade-là, on ne s’inquiète plus seu- décrite en termes négatifs et avec beaucoup lement de sa condition physique pour des de défense de la part de l’obèse. raisons esthétiques ou liées à l’acceptation sociale. C’est la fonctionnalité même de Quand elle sortait de chez elle, vêtue de coul’organisme qui est compromise, parce que leur majoritairement noire, pour se rendre le corps est maintenant tellement mis à quelque part, elle prenait la voiture. La foule l’épreuve qu’il n’est plus en mesure de sup- la regardait et elle pensait qu’on se moquait porter l’individu lors de ses activités : l’obésité d’elle à chaque fois qu’elle voyait quelqu’un est alors évidente en tant que maladie, avec rire ou attarder un peu plus sur elle le retout son potentiel invalidant. C’est une mala- gard, mais cela arrivait aussi au travail ; il die sournoise, non identifiée, qui entraîne la arrivait que lorsqu’elle voyait ses collègues personne obèse dans une spirale de culpa- parler, elle pensait qu’ils disaient du mal bilité dérivant d’une faiblesse et donc vécue d’elle [...] Quand elle était parmi eux, elle était comme une « punition justifiée ». souriante et gentille, c’était sa spécialité. Je me demandais pourquoi je n’avais jamais la volonté nécessaire pour contrôler l’envie de manger des « saletés » et je pensais que quelque chose ne fonctionnait pas dans ma tête.Je me sentais malade. J’étais désormais handicapée. Handicapée [...] le terme approprié. Elle se traînait avec difficulté chaque matin au travail, en essayant de résister à la fatigue qu’elle ressentait chaque jour, dès les premières minutes du réveil. Déprimée et frustrée par un énième échec.
Le rapport avec la mobilité dans le monde extérieur Il ressort une gêne évidente des personnes obèses dans leur rapport avec le monde extérieur : leurs vêtements sont de couleur noire ou toute autre couleur foncée et ils ne se déplacent jamais en utilisant les transports publics. Ce sont des personnes qui vivent en essayant de se cacher du monde, de ne pas être vues, de ne pas être jugées et
James P. Blair/National Geographic Stock
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Quand il quittait la maison, vêtu de couleur noire, pour se rendre quelque part, il prenait la voiture. La foule le regardait et il avait l’impression d’être dégoûtant. Il était toujours souriant, au fil du temps sa sympathie devint un bouclier, ou : Les émotions étaient différentes selon les personnes, parfois il souriait trop, ressentant presque du plaisir à s’annuler, parfois il n’avait même pas envie de mettre le pied dehors pour ne pas être vu, puis : Il fait semblant que tout va bien mais il meurt à l’intérieur [...] en silence et avec le sourire aux lèvres.
Le rapport avec le travail Les adultes obèses ne semblent pas avoir de difficultés à trouver un emploi et sont donc des personnes comblées au niveau professionnel, mais non satisfaites car même dans ce cas-là, le résultat positif est annulé par le poids de leur corps. Ce dernier
peut en effet avoir créé des limitations sur trois niveaux dans leur recherche d’emploi : au niveau fonctionnel, parce qu’un obèse peut paraître non adapté pour réaliser certaines tâches qui exigent de la vitesse ; au niveau esthétique, parce que le fait d’être gros ramène le problème de la relation avec les autres, dans la mesure où ils sont exposés aux préjugés de leurs collègues ; au niveau interne, parce que tous ces aspects se transforment en un sentiment d’insuffisance qui affecte beaucoup l’obèse et sa qualité de vie.
que son corps lourd pourrait être un obstacle, mais seulement ces derniers temps, maintenant qu’elle voyait que le poids commençait à lui faire sentir « son poids ». Il cherchait un emploi et en trouva un à 22 ans, mais avec son corps lourd il était toujours mal à l’aise. Il cherchait un emploi et il le trouva de suite.
Les relations sociales (famille et amis)
Elle cherchait un emploi et en a trouvé beau- La vie des adolescents obèses change pecoup, mais jamais de stable [...] et elle pensait tit à petit et commence à suivre un par-
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À l’âge de 36 ans, j’ai atteint mon poids le plus élevé : 198,9 kg [...] Je pensais mourir d’un moment à l’autre. Et en plus, mourir malheureux. Mon corps était fatigué, peinait, était faible, je respirais mal, je faisais de l’apnée du sommeil et des épisodes de narcolepsie même au volant (j’ai eu deux accidents), j’avais les pieds gonflés, pas de moral ni d’estime de moi, le désir de mourir alimenté par la certitude de devoir mourir bientôt.
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basés sur les amphétamines, et sur le Mais son poids remonta à nouveau après grand nombre de personnes non qualifiées avoir été stable un certain temps, jusqu’à qui prétendent guérir l’obésité, provoquant atteindre environ 80 kg. au contraire souvent beaucoup de dégâts. Il arrive ensuite que, à travers Internet, la L’aiguille n’arrêtait pas de monter et des- télévision ou d’autres moyens de commucendre [...], ou Et à chaque fois que j’essaie, nication de masse, les protagonistes découc’est toujours plus difficile [...], puis : Au fil du vrent l’existence de la chirurgie bariatrique temps, les régimes étaient de plus en plus et commencent à recueillir des informations draconiens et les résultats de plus en plus détaillées, même en dehors des explications faibles et moins durables. La plus grande provenant de professionnels de la santé. perte de poids a été obtenue uniquement C’est une longue réflexion qui mène le avec les médicaments, mais même dans ce protagoniste à faire le choix douloureux de cas la reprise de poids survenait inexora- subir une opération, et dans tous les cas blement et sans jamais s’arrêter. c’est uniquement l’adulte qui peut vraiment décider. Si l’individu opte pour l’intervenÀ partir de ce moment commença une série tion, encore plus d’obstacles se dressent de tentatives pour faire descendre l’aiguille sur son chemin, car il faut choisir un hôpide la balance, suite à la décision de maman tal, faire confiance à un médecin, affronter qui m’emmena chez un diététicien conseillé l’intervention et, surtout, le résultat final. par des connaissances, lequel me fit prendre des pilules dont j’appris ensuite que c’étaient J’entends parler de la chirurgie bariatrique, des dérivés amphétaminiques. En plus, ça j’ai voulu parler avec ceux qui y avaient eu n’a même pas fonctionné, je n’ai perdu que recours et en accord avec les médecins, nous peu de poids et je me sentais mal. avons opté pour une dérivation gastrique avec anse de Roux. Je me suis aussi un peu Au fil du temps, elle commença différents renseignée sur Internet, lisant ce qu’on en dit régimes, y compris des régimes seulement à en bien et en mal. Mais moi je veux essayer, base de soupes, des régimes dissociés, avec je ne peux plus vivre comme ça. Je suis renou sans adjuvants végétaux (ou présumés). trée à la maison et j’en ai parlé en famille, Elle alla aussi voir un certain nombre de mais je n’aurais jamais dû le faire ; tous me différents « experts » en régimes : des dié- disent que je suis bête, que c’est risqué, etc... téticiens qui lui mirent des électrodes sur jusqu’à ce que je me fâche surtout avec ma les doigts pour déterminer ses intolérances, fille et que je lui dise que s’ils continuaient des homéopathes, des médecins du sport, de m’en dissuader je me ferais opérer sans dont elle ne saurait pas dire maintenant rien dire à personne, parce que je sentais s’ils étaient de vrais médecins. que je pouvais le surmonter, parce que j’ai le Jusqu’au médecin de famille qui, en plus don, après avoir subi plusieurs interventions, d’un régime, lui donna certaines directives de récupérer rapidement et d’être toujours pour s’alimenter correctement, etc. courageuse. L’intervention chirurgicale pour le contrôle du poids était le dernier recours. Il semblait qu’elle avait atteint le résultat La personne décida qu’il était opportun d’afsouhaité. Sur les conseils d’un nutrition- fronter la salle d’opération. niste endocrinologue, elle avait commencé à Au bout d’un certain temps, le choix de associer au régime hypocalorique la sibutra- l’opération s’est révélé utile. Après 17 mois mine et un peu d’exercice. Son poids était stables à 55/56 kg, le poids atteint 6 mois descendu à 72 kg en 6 mois. Elle se sentait après l’intervention, si je reprends un kilo, je bien, très belle et désirable, en paix avec le me rationne tout de suite, notamment parce monde et n’avait plus peur de rien. Ses jour- que la chirurgie bariatrique est une aide qui nées devinrent radieuses et agréables. apporte immédiatement des résultats, mais
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cours autonome ; il arrive parfois même très unis dans lesquels la personne obèse qu’il y ait une rupture des rapports avec est soutenue dans son parcours de soin. la famille d’origine. Sa compagne réagissait à l’obésité en Pendant ce temps, mon mariage et mes disant : « Trouve une solution. » Lorsque deux enfants changeaient ma vie qui, avec le le poids diminuait, après une thérapie fatitravail, devenait de plus en plus stressante, gante, la compagne était heureuse. De entre autres parce que j’avais perdu les même, ses enfants, s’il en avait, disaient : « quelques bonnes habitudes que j’avais. Le Pourquoi tu es grassouillet ? ». Son comprotagoniste se sentait peu sûr de lui. J’ai pagnon réagissait à l’obésité en le lui disant arrêté de fumer et j’ai pris encore du poids. d’abord et en la laissant ensuite, lui expliquant que c’était une belle personne à l’inLa vie de ceux qui ont raconté leur histoire térieur, mais que physiquement non, elle ne présente un parcours de changements très lui plaisait plus. Lorsque le poids diminuait, significatifs et la réalisation d’objectifs im- après une thérapie fatigante, la réponse du portants, mais très souvent les narrateurs compagnon était qu’elle avait été très couexpriment leur insatisfaction et semblent rageuse et qu’elle devenait belle. beaucoup plus axés sur la quantité de poids qu’ils réussissent à perdre que sur les raisons Le parcours de soins d’être heureux, comme fonder une famille. La première consultation médicale a lieu Puis j’ai rencontré mon âme soeur, l’autre habituellement durant l’adolescence, c’estmoitié de la pomme, et j’ai senti immédia- à-dire quand le problème esthétique surtement que C’ÉTAIT LUI [...] LUI qui me dit git et, surtout, quand les mères se rendent en plaisantant : « pourquoi on ne vivrait pas compte que leur enfant ne perdra pas de ensemble, toi et moi ?! », LUI qui ensuite poids en grandissant et en se développant. m’a prise par la main et m’a amenée devant Les premiers régimes conduisent à une l’autel, LUI avec qui, bras dessus bras des- perte de poids notable dans 84 % des cas, sous, je suis entrée dans le département mais ils ne démontrent aucune durée dans d’insémination artificielle, LUI qui a pleuré le temps et, au contraire, déclenchent l’efquand il a vu notre bébé pour la première fet « yo-yo », la tendance à prendre du fois après deux ICSI (injections intra-cyto- poids et à en perdre successivement. plasmiques de spermatozoïdes) ratées [...] Le parcours des soins est subjectif à bien et LUI qui a toujours été et est encore ici des égards, en commençant par la durée près de moi [...] La protagoniste était heu- qui peut varier de 2 à 42 ans, et lors de ces reuse, très heureuse... mais incomplète. pérégrinations à la recherche du bon chemin à suivre, les personnes obèses renEn ce qui concerne la vie de couple, l’obé- contrent de nombreux spécialistes, experts sité est très souvent considérée par le et arnaqueurs qui marquent beaucoup compagnon comme un événement négatif, leur personnalité. dans la mesure où elle abat l’estime de soi C’est un parcours qui se déroule comme une et augmente le sentiment de culpabilité du spirale, plutôt que comme un simple cercle protagoniste obèse, qui se sent coupable vicieux, car à la fin d’un régime, les individus de la vie isolée de son compagnon, en plus impliqués pèsent souvent encore plus qu’à de la sienne. leur départ. De plus, comme si la prise de Il arrive aussi que l’inverse se produise, poids ne suffisait pas, à leur état viennent à savoir que les compagnons confirment s’ajouter progressivement des signaux de l’obésité du protagoniste, compromettant douleur qui leur sont envoyés par leur corps. ainsi son parcours de recherche de santé, Il est nécessaire de proposer une réflexion tout comme il y a également des couples sur ces régimes dangereux, tels que ceux
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Être obèse n’est pas un état individuel, c’est de poids obtenue grâce à la thérapie. au contraire une situation familiale liée de- - Les soins, du régime à la chirurgie bapuis l’enfance au rapport à la nourriture. riatrique, ne fonctionnent que s’ils sont En outre, il apparaît que de nombreuses personnalisés et qu’ils tiennent compte années passent sans que le sujet obèse de l’individu : il serait souhaitable de voir ne suive de traitement scientifiquement naître un parcours de soins bien défini ou valable pour perdre du poids, enchaînant un objet de communication médiatique qui des tentatives maladroites auprès de perlimite la propagande d’espoirs aléatoires. sonnel non qualifié. En outre, il est nécessaire que les soins et Toutefois, le mythe de la préoccupation esthéles outils de prévention soient accessibles tique comme véritable moteur de décision sur l’ensemble du territoire national grâce pour se soigner est démystifié, car la véritable à un système de protection sociale généperception de la maladie naît quand le corps ralisé et garanti par une synergie entre envoie des symptômes de déficience grave l’État, les régions et ses organismes sanipour la santé, et c’est justement pour des raitaires et sociaux alliés les uns aux autres. sons liées à la souffrance physique que l’indi- - Il est nécessaire d’éduquer les familles vidu prend la décision de suivre un parcours à une alimentation correcte et à reconde soins, se tournant vers des experts. naître les premiers signes de l’obésité à Contrairement au stéréotype présenté par travers une contribution active de l’école les médias, c’est-à-dire « gros, on est beau et des pédiatres : en effet, une synergie et heureux », on rencontre une forte solitude pour la diffusion d’une culture axée sur et tristesse, capable même de masquer des une éducation alimentaire saine et un événements importants et heureux comme style de vie actif doit être créée. Malheule mariage, la naissance d’un enfant, et la reusement, aujourd’hui, les messages réussite professionnelle ou scolaire. transmis dans les écoles sont contraEn outre, à l’inverse du cliché qui présente dictoires : d’une part, les enseignants comme peu fiables sur le plan professionnel conseillent aux enfants de manger des ceux qui souffrent d’une maladie, les perfruits et des légumes crus, d’autre part, sonnes obèses sont très sérieuses et resdans les couloirs de l’école, des distribuponsables : contrairement à d’autres études teurs prodiguent des produits pas chers qui ont démontré des difficultés dans l’accès incohérents avec les recommandations. au marché du travail, tous les participants - Si jusqu’à présent les médias n’ont traité au projet déclarent avoir une situation prole problème de l’obésité que de façon sufessionnelle solide dans laquelle, cependant, perficielle et liée l’esthétique, aujourd’hui les relations avec les collègues sont plutôt ils doivent lancer des campagnes de formelles et méfiantes. sensibilisation de la population sur la question de l’obésité comme maladie à Hypothèses futures à prendre en soigner et non pas seulement comme un compte problème esthétique à corriger. La prévention de l’obésité conduira à des Bien qu’il s’agisse d’une maladie chroéconomies objectives aussi bien pour nique, il a été démontré que l’obésité peut le système de santé (par rapport aux être soignée. maladies comme le diabète et d’autres - Il est impensable que la personne atteinte maladies métaboliques, troubles caraffronte seule le parcours de soins : à diovasculaires, syndromes vasculaires travers la médecine narrative, il semble cérébraux et ostéo-articulaires), que en effet nécessaire qu’un guide accompour les sujets qui participent aux soins, pagne et motive celui qui entreprend un et elle peut donc être considérée comme tel parcours afin d’atteindre la maîtrise de un investissement social pour la santé soi indispensable pour renforcer la perte publique dans tous les pays.
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qu’il faut faire attention car ce n’est pas 100 000 lires tous les deux mois, sur une pour autant une baguette magique. année environ (1 200 000 lires = environ 630 euros), puis dix autres mois quelques Le rapport avec l’argent dépensé années plus tard (1 000 000 lires = envipour se soigner ron 516 euros). Depuis que je suis suivie à la (xy), je dépense environ 25 euros tous Le parcours thérapeutique de presque les 3-4 mois (parfois même moins, étant tous les obèses est jonché de nombreuses donné que souvent les contrôles sont tous consultations médicales. En effet, une les 5-6 mois). La première année, j’ai fait étude O.N.I.C.E. montre que les personnes en tout quatre consultations, cette année, consultent plus de dix experts et finissent une seule (pour un total de 125 euros). par payer une somme « faramineuse ». Les traitements commencent habituelle- L’année dernière, je suis allée chez un nument à l’adolescence, quand apparaît une tritionniste. Il m’a demandé 100 euros sans fois pour toutes la conscience d’être obèse, facture et 120 euros avec facture pour me et ils continuent pendant de nombreuses prescrire un régime dingue et des comannées, jusqu’à la prise de décision de re- pléments à base de lécithine de soja, très courir à la chirurgie bariatrique et au-delà. chers, ainsi qu’un diurétique léger, lui aussi On considère que s’il y avait plus d’écoute et à un prix exorbitant. J’ai passé la porte et je de coordination entre les professionnels et la ne l’ai jamais revu, bien que je lui aie laissé famille dès l’enfance, on pourrait prévenir à les 120 euros. Le traitement coûtait environ la fois la pathologie et les grosses dépenses 13,50 euros par semaine (pendant trois auxquelles doivent faire face les individus ans), mais ils ne m’ont jamais administré concernés. Il ressort des récits que ces per- de compléments ou autre et chaque sesonnes considèrent l’argent dépensé pour maine, il y avait une animatrice qui dirigeait ces soins médicaux comme gaspillé quand le les réunions, donc ils t’offraient au moins traitement ne fonctionne pas : ils sont beau- un service (ce n’était pas juste un rendezcoup plus disposés à accepter de dépenser vous et on se voit dans six mois pour la de l’argent pour un traitement efficace. visite de contrôle). Avec le Régime du juste D’après d’autres récits recueillis en février milieu, le docteur m’avait coûté environ 100 2012, le coût annuel des consultations, sou- euros, en plus je prenais des barres pour vent inutiles, chez les diététiciens, médecins, les collations, 1,60 euro par jour (même psychothérapeutes et autres professionnels s’ils ne me disaient pas de manger leurs qui prétendent être en mesure de faire mai- barres ; je pouvais aussi préparer la collagrir, oscille entre 120 et 2 892 euros : tion moi-même, mais pour pouvoir manger un biscuit, c’est bien connu, une droguée Chez les diététiciens j’ai dépensé un pa- au sucre ferait n’importe quoi !) […] Puis j’ai quet à 17 ans : en plus de me donner des dépensé 180 euros l’année dernière pour amphétamines, ils me faisaient aussi des un contrôle chez l’ORL qui m’a dit que, injections localisées à l’intérieur de la cuisse bien qu’ayant la forte impression de ne pas pour en réduire la taille (une douleur insup- entendre, je n’avais aucun problème aux portable et ça n’a servi à rien). À l’époque, oreilles, mais qu’il me conseillait vivement cela avait coûté près de 700 000 lires par de maigrir [...] lui aussi dans les dépenses. mois (c’est mon grand-père qui payait...). Je l’ai fait pendant, disons, huit mois, pour Conclusions un total de 5 600 000 lires (2 892 euros). Ensuite, les dépenses ont été relativement Dans chacune des 149 histoires, recueillies faibles : un diététicien privé, toujours des dans le cadre de l’étude O.N.I.C.E. en Italie, amphétamines, et j’ai dépensé au total entre il ressort des moments de discrimination les consultations et les comprimés environ sociale liés à l’obésité et à sa perception.
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3. LUTTE CONTRE L’OBÉSITÉ : RÔLE DES GOUVERNEMENTS ET DU SECTEUR PRIVÉ, ET RÉSULTATS DES POLITIQUES DE PRÉVENTION
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3.1.1 Les lignes directrices de l’OMS
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e nos jours, les maladies non transmissibles comme le cancer, les maladies chroniques du système respiratoire, les maladies cardio-vasculaires et le diabète représentent la première menace pour la santé de l’homme. Ces quatre maladies provoquent 35 millions de décès par an, soit environ 60 % du nombre total de décès au niveau mondial et 80 % de ceux enregistrés dans les pays aux revenus bas à moyens1. Plus de 80 % des maladies cardiaques, des AVC, des diabètes de type 2 et un tiers des cancers peuvent être évités en éliminant les facteurs de risque qui les génèrent, comme la consommation de produits à base de tabac, les régimes alimentaires non équilibrés, la sédentarité et la consommation excessive d’alcool. Toutefois, sans un engagement important et une entente de la part des gouvernements, des industries et des principales parties prenantes au niveau mondial, le taux de mortalité dû à ces maladies continuera d’augmenter. En effet, on estime qu’au cours des 10 prochaines années, les décès dus à des maladies non transmissibles augmenteront de 17 % à l’échelle mondiale et, fait encore plus préoccupant, l’augmentation se concentrera dans la région de l’Afrique subsaharienne (+27 %) et du Moyen-Orient (+25 %)2. La lutte contre les maladies non transmissibles et leurs facteurs de risque doit donc figurer en tête des ordres du jour politiques mondiaux, et il est nécessaire de signer des accords sur les thèmes de la santé publique pour lesquels des mesures à moyen et long terme sont requises. Dans la résolution rédigée au terme du High level Meeting of the General Assembly on the Prevention and Control of Non-communicable Diseases, tenu en septembre 2011, l’OMS fournit plusieurs lignes directrices importantes pour l’adoption de politiques visant à combattre la morbidité et la mortalité liées aux maladies non transmissibles. Elle indique notamment la « nécessité de reconnaître que l’accroissement de la prédominance, de la morbidité et de la mortalité des maladies non transmissibles peut être largement atténué grâce à l’adoption d’actions partagées et multisectorielles émanant des États membres et des autres parties prenantes au niveau national, régional et mondial. La réduction du niveau d’exposition des personnes et des collectivités aux facteurs de risque connus et le renforcement des actions visant à faire prendre conscience de l’importance des choix de vie personnels sont des facteurs déterminants pour garantir le succès de ces stratégies ». L’OMS consacre toute une section de son Action Plan for the Global Strategy for the Prevention and Control of Non-communicable Diseases 2008-2013 aux politiques applicables visant à réduire l’influence des facteurs de risque. L’objectif principal est d’inciter les personnes à faire volontairement des choix plus sains au quotidien. Pour y parvenir, il est nécessaire
d’impliquer aussi bien le secteur public que privé dans différents domaines, notamment au niveau agricole, financier, commercial, urbain, éducatif et sportif, et ce dans différents contextes, notamment scolaire, professionnel, familial et associatif. Parmi les facteurs de risque sur lesquels l’OMS s’est penchée pour élaborer des stratégies d’atténuation, on retrouve bien entendu le surpoids et l’obésité, dont l’ampleur et l’évolution prennent de plus en plus la forme d’une épidémie mondiale. En 2004, l’OMS a publié un document qui recense et illustre certaines stratégies à suivre afin de limiter l’expansion de ce phénomène, reportées ci-dessous3. Promouvoir et conseiller l’allaitement maternel pendant les 6 premières années de l’enfant et développer des programmes alimentaires spécifiques pour l’enfance. Développer un programme national sur la nutrition qui se focalise sur la prévention des maladies non transmissibles. Établir et mettre en oeuvre des lignes directrices pour une alimentation saine et favoriser une composition mieux équilibrée des plats grâce à : - la réduction de la teneur en sel ; - l’élimination des acides gras trans ; - la réduction des acides gras saturés ; - la réduction de la teneur en sucres. Fournir des informations précises aux consommateurs afin de les encourager à faire des choix éclairés. Mettre en place un programme qui incite les principaux producteurs de produits alimentaires et de boissons non alcoolisées à réaliser des campagnes de marketing plus responsables, adressées avant tout aux enfants.
LES STRATÉGIES DE L’OMS CONTRE LE SURPOIDS ET L’OBÉSITÉ
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
3.1 POLITIQUES PUBLIQUES AFFRONTANT LE PROBLÈME
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3.1.2 Le rôle des gouvernements dans le processus de décision des consommateurs La lutte contre l’obésité, tout comme celle contre le tabagisme ou l’alcoolisme, est étroitement liée à l’action des gouvernements. À travers la réglementation, la création de taxes, la mise en oeuvre de campagnes d’information et de sensibilisation, ou l’ensemble de toutes ces mesures, les gouvernements peuvent jouer un rôle fondamental en influençant le processus de décision des consommateurs. La mesure dans laquelle l’État décide d’intervenir sur les choix des consommateurs et l’approche – plus ou moins paternaliste – qu’il adopte, ont des effets critiques liés à l’éventuelle distorsion de la consommation. Il est donc essentiel que les décideurs évaluent le niveau d’interférence qu’il convient d’exercer sur les choix des individus en fonction des objectifs préfixés et des résultats espérés. Les programmes gouvernementaux peuvent relever de quatre typologies différentes4 : actions visant à élargir les choix possibles pour les consommateurs ; actions visant à modifier les préférences des consommateurs sans influer sur le prix final ; actions visant à augmenter le prix final de certains produits ou services ; actions visant à interdire la consommation de certains produits.
Élargissement des choix possibles pour les consommateurs L’élargissement des choix possibles est la mesure la moins envahissante qui puisse être prise puisque, de fait, elle ne limite pas la liberté des consommateurs. Par exemple, l’offre de nouvelles solutions de transport urbain, conçue pour limiter l’utilisation des transports pri-
LES ACTIONS POSSIBLES DE LA PART DES GOUVERNEMENTS
Modification des préférences des consommateurs CAMPAGNES D’INFORMATION ET D’ÉDUCATION DESTINÉES AUX ENFANTS OUTILS DE SENSIBILISATION POUR LES ADULTES
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TAXATION DES PRODUITS CONSIDÉRÉS MAUVAIS POUR LA SANTÉ
Ce type d’action est très vaste en raison des différents niveaux d’interposition qui existent dans le processus de décision des consommateurs. Au moins deux types d’intervention rentrent dans cette catégorie. La première approche vise à éduquer dès le plus jeune âge les goûts et les préférences des consommateurs à travers des campagnes de sensibilisation et d’information dans les écoles et les principaux lieux de rencontre des jeunes. Une stratégie de ce type présente l’avantage d’établir des habitudes alimentaires correctes qui perdurent tout au long de la vie des individus. La seconde approche inclut les actions visant à modifier le style de vie et les préférences déjà consolidées à l’âge adulte, à travers la diffusion d’informations spécifiques sur les risques liés à certains choix de consommation. La diffusion d’informations représente l’une des méthodes les plus efficaces et les plus souvent utilisées lorsqu’on enregistre un écart d’informations constant entre les producteurs et les consommateurs, et, si elle est bien menée, elle permet de modifier les choix de consommation de manière significative. Afin de transmettre des informations qui puissent être facilement comprises, il est nécessaire de coordonner les politiques d’informations publiques (campagnes et programmes de développement) et privées (politiques industrielles et de marketing). Les gouvernements peuvent ainsi décider de réglementer la diffusion de certains messages provenant des entreprises alimentaires. Le coût de ces mesures tend à être moins élevé que celui imputable aux mécanismes d’élargissement des choix décrits plus haut. Cependant, le coût d’une communication efficace est directement proportionnel à la complexité du thème traité et à la nécessité de réitérer le message, dont l’objectif est d’atteindre une cible donnée de consommateurs.
Augmentation du prix final Les gouvernements peuvent influencer les choix des consommateurs en agissant sur le levier du prix final des produits. Un exemple classique de ce type d’intervention est le recours à la mise en place de taxes, notamment de taxes indirectes sur les produits considérés comme mauvais pour la santé. L’augmentation du prix agit sur la « propension à payer » (Willingness to pay, WTP) des consommateurs, dont la réaction attendue est une consommation réduite de certains produits ayant subi une hausse de prix au moyen de taxes. Toutefois, le bien-fondé d’une augmentation du prix final de certains produits en vue d’en décourager la consommation dépend du niveau d’élasticité de la demande par rapport au prix. Dans le cas d’une demande élastique, une augmentation du prix conduit à une diminution plus que proportionnelle de la quantité ; dans le cas d’une demande inélastique, même si le prix augmente de manière
significative, la quantité de la demande pour les produits en question reste stable ou diminue de manière moins que proportionnelle. Comme on le verra dans le paragraphe suivant, ce type d’intervention comporte des points critiques et des incertitudes quant aux résultats réellement obtenus.
Interdiction de la consommation de certains produits Les actions qui impliquent le niveau le plus élevé d’interférence de l’État dans le libre arbitre des consommateurs sont celles qui ont pour objet d’interdire certains choix. Ces interdictions doivent se justifier par la présence d’un risque élevé pour la santé des individus ou par la présence d’externalités négatives fortes liées à des comportements contraires : un exemple typique de ces externalités est l’exposition au tabagisme passif. Les interdictions représentent les mesures de réglementation les moins coûteuses à adopter, car elles impliquent de faibles coûts de mise en oeuvre et de suivi. Cependant, en cas de forte demande pour des biens faisant l’objet d’interdictions, de telles manoeuvres risquent de développer des canaux illégaux de distribution gérés par la criminalité organisée, comme pour la drogue. Dans ces cas-là, les coûts indirects liés à l’intervention prennent des proportions énormes.
3.1.3 Conclusion En conclusion, les gouvernements peuvent favoriser les changements dans le style de vie des citoyens, en leur offrant de nouvelles alternatives de consommation plus saines ou en facilitant l’accès à ces alternatives si elles existent déjà. En outre, ils peuvent utiliser diverses formes de persuasion, d’éducation et d’information pour rendre les options saines plus attractives et faire en sorte que les personnes les choisissent en connaissance de cause. Cette approche « discrète » peut être coûteuse et difficile à réaliser. En effet, une approche plus directe, basée sur la mise en place de règles ou de mesures fiscales concernant directement les produits, peut se révéler plus facilement applicable dans l’immédiat et moins coûteuse d’un point de vue économique, mais elle frappe indifféremment tous les consommateurs et a des coûts politiques et sociaux élevés ainsi que des effets régressifs. Une enquête sur les politiques adoptées au niveau national indique que les pays de l’OCDE et de l’UE5 intensifient actuellement leurs efforts pour encourager une alimentation saine et un style de vie actif. La plupart des pays favorisent des initiatives prenant pour cible les enfants d’âge scolaire, telles que l’introduction d’aliments sains dans les menus des cantines et les distributeurs automatiques, la mise en oeuvre de programmes d’éducation à la santé ou l’amélioration des structures permettant de pratiquer des activités physiques. En outre, de nombreux gouvernements diffusent des conseils nutritionnels et des messages de promotion de la santé, en encourageant l’utilisation du vélo et les déplacements à pied, même pendant le temps libre. En revanche, les gouvernements tendent à rejeter l’utilisation de moyens légaux ou fiscaux, en raison de leur complexité, mais surtout par crainte d’entrer en conflit avec les plus grandes industries, notamment les industries alimentaires, ce qui compromettrait l’atteinte des objectifs de santé publique. Au cours des dernières années, on a toutefois assisté à l’augmentation des initiatives entraînant la taxation de certaines catégories de produits. Regrouper plusieurs types d’intervention au sein d’une stratégie de prévention qui vise différentes tranches d’âge et divers groupes à risque, peut constituer une solution efficace à des coûts moindres, tout en garantissant un regain de santé nettement supérieur par rapport aux interventions isolées.
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vés et éviter la formation de trafic routier et la pollution, est une mesure d’élargissement de l’offre de transports publics pour les consommateurs. La limite de ces mesures peu envahissantes réside dans leurs coûts de réalisation et dans l’incertitude quant à leur réussite : en effet, une gamme de possibilités plus vaste est mise à la disposition des consommateurs, sans aucune garantie qu’elle soit exploitée. Dans le cas de la lutte contre l’obésité, des mesures pourraient être mises en place pour inciter les producteurs de produits alimentaires plus sains à les commercialiser à des prix inférieurs, augmentant ainsi le panier de produits disponibles à un prix donné pour les consommateurs.
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3.2 UTILISATION DU LEVIER FISCAL POUR DÉCOURAGER LA CONSOMMATION DE CERTAINS ALIMENTS Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
L’IMPORTANCE D’ADOPTER DES PLANS DE MOYEN ET LONG TERMES ET DE MESURER LES RÉSULTATS OBTENUS
Selon des calculs, une telle stratégie coûterait moins de 9 euros par habitant au Mexique, 15 euros au Japon et en Angleterre, 17 euros en Italie et 24 euros au Canada, soit une portion infime, presque imperceptible, des dépenses sanitaires de ces pays, qui compterait pour une très faible part des 3 % de dépenses sanitaires que les pays de l’OCDE déboursent en moyenne pour la prévention6. Si elle était mise en place, cette stratégie permettrait d’éviter chaque année 155 000 décès par maladie chronique au Japon, 75 000 en Italie, 70 000 en Angleterre, 55 000 au Mexique et 40 000 au Canada, dans la mesure où l’incidence des maladies chroniques diminuerait, réduisant les handicaps et améliorant la qualité de vie. Il va de soi que les améliorations de la santé de ces individus ne peuvent être mesurées que sur le moyen et le long terme, dans des délais qui dépassent la durée habituelle des gouvernements nationaux. La mise en oeuvre de ces projets implique souvent des périodes de réalisation longues et des investissements qui doivent être réitérés dans le temps. Pour atteindre concrètement les résultats escomptés, il est donc nécessaire d’insérer les initiatives dans des projets à moyen et long terme, dans le but d’éviter les risques de suspension ou de ralentissement dictés par l’émergence de nécessités plus urgentes, notamment dans un contexte de limite des ressources publiques disponibles, comme c’est le cas actuellement. Un autre élément de taille tendant à garantir l’atteinte des objectifs dans de tels projets consiste dans la mise au point de systèmes fiables d’évaluation des résultats afin d’évaluer l’efficacité réelle des actions entreprises, en prenant pour référence aussi bien les avancées à court terme qu’à long terme. C’est seulement de cette manière qu’on pourra vérifier avec des données fiables le bien-fondé des actions entreprises et leur efficacité, non seulement d’un point de vue socioculturel, mais aussi d’un point de vue économique et sanitaire.
3.2.1 Introduction
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ans le paragraphe précédent, nous avons analysé les diverses actions pouvant être mises en oeuvre et les politiques à adopter afin de réduire l’épidémie de l’obésité. Au cours des dernières années, l’OCDE a apporté une contribution importante au développement de cette problématique en publiant des études, en formulant des propositions et en analysant divers plans d’action possibles pour les jeunes, les collectivités et les institutions internationales. Les analyses révèlent clairement que les programmes visant à favoriser l’activité physique et l’adoption d’un régime alimentaire sain et équilibré dans la population, non seulement ont un plus fort impact économique et sanitaire, mais représentent aussi une action de prévention vaste et coordonnée, alors que les interventions spécifiques isolées, bien qu’utiles, peuvent se révéler moins incisives et relativement peu efficaces à long terme. En d’autres mots, un ensemble d’interventions de prévention coordonnées serait plus efficace, moins coûteux et plus durable dans le temps par rapport aux interventions isolées. Les gouvernements ont plusieurs cordes à leur arc pour encourager les citoyens à adopter un style de vie et un modèle alimentaire plus sains et équilibrés : afin de faire prendre davantage conscience aux individus de leurs comportements alimentaires (bons ou mauvais), ils peuvent utiliser l’éducation et l’information, tout comme ils peuvent avoir recours à des leviers fiscaux ou introduire des réglementations restrictives pour favoriser ou décourager la consommation de certains aliments. L’utilisation du levier fiscal ou d’une réglementation plus restrictive est une approche « transparente » car elle indique clairement les résultats visés et rend le message explicite, mais elle crée en même temps des problèmes d’équité dans la mesure où elle touche tous les consommateurs indifféremment, y compris les personnes non obèses ou celles ayant un style de vie sain, et a des conséquences diverses d’un point de vue économique sur les différentes tranches de la population. De cette manière, il est possible d’engendrer des effets régressifs globaux sur certaines typologies de consommation et certains types de consommateurs. Au vu des effets collatéraux et potentiellement négatifs de l’utilisation des outils fiscaux, il y a quelques années encore, les pays de l’OCDE focalisaient leurs efforts en termes de lutte contre l’obésité sur l’éducation et l’information visant principalement les enfants d’âge scolaire, en contrôlant les repas servis dans les cantines scolaires et les aliments vendus dans les distributeurs automatiques situés dans les écoles et les lieux de pratique sportive, et en diffusant de temps à autre des informations de santé à travers des conseils sur l’alimentation et l’activité physique. En revanche, ces trois dernières années, on a enregistré un pic des taxations des produits alimentaires destinés à la consommation dans le but de combattre l’épidémie de l’obésité. Simultanément, de nombreux pays européens (par exemple la France7, l’Espagne et l’Italie) ont intensifié leurs activités visant à promouvoir un style de vie et un modèle alimentaire sains, no-
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CES DERNIÈRES ANNÉES, LE RECOURS À LA TAXATION A AUGMENTÉ
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
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estimation concernant la réduction escomptée de la consommation des aliments visés. - Finlande. En 2011, une taxe de 0,75 euro par kg de produit sucré a été introduite et, simultanément, la taxe sur les boissons sucrées a connu une augmentation de 3 centimes d’euro par litre (passant de 4,5 à 7,5 centimes d’euros par litre). - France. En janvier 2012, une taxe a été introduite à la fois sur les boissons sucrées et les boissons contenant des édulcorants. La taxe se monte à 7,16 euros pour 100 litres de boisson sucrée ou contenant des sucres ajoutés, ce qui équivaut à environ 7,2 centimes d’euros par litre, soit environ 2,4 centimes d’euros par cannette. Figure 3.1. Pays qui ont introduit des taxes sur la « malbouffe » PAYS
ANNÉE
LES EFFETS ATTENDUS DE L’UTILISATION DU LEVIER FISCAL
RECETTES ESTIMÉES
2010
Augmentation de 25 % de la taxe sur le chocolat, les glaces, les boissons sucrées et les aliments riches en sucres
A.D.
2011
2,15 € par kg de graisse saturée, sur les aliments contenant un taux de graisses saturées> 2,3 % Réduction espérée de 4 % de la consommation annuelle de graisses saturées Augmentation de prix moyen enregistrée de l’ordre de 30 % par plaquette de beurre, de 8 % par paquet de chips et de 7 % par litre d’huile d’olive
200 millions €/an
2011
Taxes majorées de 5 à 20 % sur les aliments et les boissons qui contiennent de fortes doses de sucre, de caféine et de glucides 1,6 € pour 100 litres de boisson sucrée comportant moins de 25 %de fruits 3,5 € pour 10 kg de sucreries pré-emballées, 6,67 € pour 10 kilos d’arômes alimentaires et d’encas salés
70 millions €/an
3.2.2 Taxes sur la « malbouffe » (junk food) Entre la fin de l’année 2010 et le début de l’année 2011, dans le but de réduire l’obésité dans la population, de nombreux pays de l’OCDE ont introduit des taxes sur les aliments et les boissons considérés et/ou définis comme mauvais pour la santé ou non équilibrés d’un point de vue calorique, communément appelés « malbouffe » ou junk food. L’idée d’avoir recours au levier fiscal, associé à d’autres mesures, pour combattre l’obésité reposesur la relation économique consolidée qui existe entre le prix et la quantité d’un bien. En d’autres termes, l’augmentation du prix d’un bien entraîne une diminution de la quantité vendue/consommée. L’utilisation du levier fiscal a ainsi deux conséquences : la première conséquence (potentielle) est la modification des styles alimentaires et la réduction de la consommation d’aliments mauvais pour lasanté ; la seconde conséquence (certaine) est l’augmentation des recettes fiscales dans les caisses de l’État. Les pays de l’OCDE qui ont récemment eu recours au levier fiscal incluent notamment : - Danemark. En 2010, les taxes sur certains produits de pâtisserie et gâteaux, sur le chocolat, surles glaces et sur les boissons sucrées ont été augmentées de 25 %. En octobre de l’année suivante, une surtaxe a été introduite, de l’ordre de 16 couronnes danoises (2,15 euros) par kilo de produit, sur les aliments présentant une concentration de graisses saturées supérieure à 2,3 %. L’objectif déclaré vise la protection de la santé publique et la réduction des dépenses sanitaires connexes, mais aussi la hausse des recettes fiscales de l’État. En effet, les estimations parlent d’une hausse des recettes totalisant au moins 200 millions d’euros par an. Les aliments faisant l’objet de cette taxe sont le beurre, l’huile et, de manière générale, les produits laitiers. Les estimations réalisées par le gouvernement danois indiquent une réduction escomptée de 4 % de la consommation annuelle degraisses saturées. Sur le plan de l’offre, les prix enregistrés au cours des mois suivant l’introduction de la surtaxe mettent en évidence une hausse de 30 % pour une plaquette de beurre, de 8 % pour un paquet de chips et de 7 % pour un litre d’huile d’olive. - Hongrie. En 2011, la « chips tax » a été introduite avec l’objectif de mettre un frein aux problèmes de poids et d’obésité, et en même temps de destiner des ressources supplémentaires au système de sécurité sociale. La taxe est appliquée à certains aliments contenant trop de sucres, de sel, de caféine et de glucides. Les taux utilisés pour ces aliments sont majorés d’un pourcentage qui varie entre 5 et 20 %. La taxe équivaut à 1,6 euro pour 100 litres de boisson sucrée comportant moins de 25 % de fruits, 3,35 euros pour 10 kg de sucreries pré-emballées et 6,67 euros pour 10 kg d’arômes alimentaires et d’encas salés. Les recettes supplémentaires pour l’État sont estimées à 70 millions d’euros par an. En revanche, on ne dispose d’aucune
TYPE DE TAXE
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2011
0,75 € par kilo de produit sucré Augmentation de la taxe de l’ordre de 3 cent. d’€ par litre (de 4,5 cent/l à 7,5 cent/l)
A.D.
2012 (janvier)
7,16 € pour 100 litres de boisson sucrée ou contenant des sucres ajoutés (2,4 cent. d’€ par cannette)
280 millions €/an
Source : documents BCFN élaborés à partir de communiqués des Ministères du Danemark, de Hongrie, de Finlande et de France.
D’autres pays évaluent la possibilité d’introduire des taxes sur la « malbouffe » comme outil pour atteindre les objectifs de réduction de l’obésité, parmi lesquels l’Italie, la Belgique, l’Irlande, la Roumanie et la Grande-Bretagne.
3.2.3 Avantages et inconvénients de la taxation sur la « malbouffe » L’idée de taxer certains aliments plutôt que d’autres, dans le but d’inciter le consommateur à en réduire la consommation dans la mesure où ils sont mauvais pour la santé, est un thème relativement controversé. Les divergences de position (pour et contre) portent sur deux problématiques différentes : la première est liée aux modalités d’identification des aliments à taxer ; et la seconde est liée au bien-fondé et à la typologie des taxes à appliquer pour en réduire la consommation. Pour ce qui est de la première problématique et de la façon dont on peut l’aborder sur la base des cas précédents, il n’existe pas de méthodologie unique et reconnue de manière universelle pour identifier sans équivoque quels sont les aliments à prendre en compte et de quelle manière. Il est bien connu que ce n’est pas la typologie en soi des aliments consommés, mais bien la quantité et la fréquence de leur consommation qui peuvent créer des problèmes, dus au déséquilibre nutrition-
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
tamment à travers des initiatives locales développant des programmes coordonnés de grande ampleur comme aux États-Unis (Let’s Move8), en Grande-Bretagne (Change4life9) et en Suisse (Actionsanté10). Ces programmes sont innovants dans la mesure où ils attribuent un poids conséquent au rôle de l’industrie alimentaire et de la distribution dans la lutte contre l’obésité. Ainsi, en partenariat avec les industries alimentaires, des actions ont été mises en oeuvre pour reformuler l’offre en essayant de réduire à l’intérieur des aliments la présence de certains ingrédients considérés comme potentiellement dangereux pour la santé (en modifiant la teneur en matières grasses, en graisses saturées et en sel des recettes, en réduisant la taille moyenne des portions vendues et en proposant des alternatives plus saines par rapport aux produits actuels tout en limitant la publicité de ces derniers, en particulier celle qui vise les enfants, plus vulnérables). Dans un tel contexte, comme il a été vu précédemment, la principale nouveauté, qui a provoqué des réactions contradictoires chez les différentes parties impliquées, réside dans l’utilisation du levier fiscal (imposition de taxes spécifiques) pour limiter la consommation d’aliments dont la composition est considérée comme mauvaise pour la santé.
DIFFICULTÉS DANS LA DÉFINITION DES ALIMENTS À TAXER
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POSSIBLES EFFETS INATTENDUS DE LA TAXATION DE CERTAINS ALIMENTS
Chobot Marty/National Geographic Stock
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
INCERTITUDE SUR LA MODIFICATION EFFECTIVE DES HABITUDES DE CONSOMMATION DES ALIMENTS TAXÉS
nel et calorique de ceux-ci, en plus d’un mode de vie sédentaire. Les lipides, tout comme les graisses et le sel sont essentiels à la vie, mais ils peuvent produire des effets négatifs sur la santé humaine s’ils sont consommés en quantités importantes ou excessives et/ou durant des périodes prolongées. Les lignes directrices émanant de tous les pays donnent des indications précises sur les niveaux de consommation conseillés pour chaque aliment dans le cadre d’un régime alimentaire journalier global : dépasser systématiquement ces valeurs de référence augmente la probabilité d’effets négatifs sur la santé. Puisqu’à ce jour, il n’existe pas de méthodologie objective et reconnue qui indique les valeurs seuils des divers aliments au-delà desquelles ceux-ci sont considérés comme mauvais pour la santé, différents schémas de taxation ont été appliqués et touchent uniquement certaines catégories d’aliments et/ou de nutriments, par ailleurs différents d’un pays à l’autre. En revanche, pour ce qui est de la deuxième problématique, certains soutiennent que la taxation des aliments non équilibrés d’un point de vue calorique est nécessaire afin de protéger la santé publique et la durabilité des systèmes de santé, alors que d’autres affirment que la taxation d’une de ces catégories d’aliments n’entraîne aucun changement notable dans les habitudes alimentaires, et risque même de provoquer des effets collatéraux imprévus. Si on observe les estimations faites par les différents pays concernant la réduction de la consommation de la « malbouffe » suite à l’introduction de taxes spécifiques, il apparaît que la variable utilisée est liée à l’élasticité de la consommation par rapport au prix. Cependant, il est difficile d’estimer de manière précise quelle sera la réaction globale des consommateurs face à l’augmentation des prix suite à la taxation, au vu de la seule élasticité de la consommation par rapport au prix. Étant donné que les individus choisissent leurs aliments en fonction de leur environnement socioculturel, de leurs préférences gustatives et – phénomène de plus en plus marquant – de la disponibilité et de l’accessibilité concrète des aliments (compte tenu, par exemple, qu’il n’est pas toujours possible de consommer des fruits et des légumes frais pendant la journée de travail), le fait d’utiliser uniquement le facteur prix pour inciter des changements dans le style de consommation se révèle réducteur. Dans un tel contexte, la taxation de la « malbouffe » peut également entraîner des effets collatéraux qui, de fait, peuvent annuler ou limiter fortement l’action mise en oeuvre au moyen du levier fiscal. Par exemple, il se peut que certains consommateurs réduisent leur consommation de produits sains pour compenser le prix plus élevé des aliments non équilibrés sur le plan calorique. D’autres consommateurs pourraient reporter leur choix sur des aliments de substitution, lesquels peuvent être considérés comme de la « malbouffe » au même titre que les aliments qu’ils remplacent tout simplement en raison des divers critères de classification utilisés. D’autres encore pourraient subir l’augmentation des prix et conserver telles quelles leurs habitudes de consommation. En outre, se pose la question des effets régressifs et en partie discriminatoires que produit la taxation sur les aliments non équilibrés d’un point de vue calorique. Puisque les citoyens à faible revenu dépensent une plus grande part de leur revenu pour l’achat de nourriture par rapport aux citoyens à plus haut revenu, la taxe pèse davantage sur les plus bas revenus. Par ailleurs, il faut rappeler que ce sont précisément les citoyens avec un revenu plus bas à être majoritairement exposés au risque de l’obésité. En conclusion, en cas de recours au levier fiscal, l’intervention devrait être de grande ampleur (les augmentations contenues étant peu visibles et ne comportant aucun changement sur les habitudes des consommateurs) et étendue aux produits de substitution, aux produits alternatifs mauvais pour la santé, etc. Si on observe les cas analysés, il apparaît évident qu’il n’existe pas d’application vaste commune qui inclue, par exemple, les produits de substitution. La taxation des boissons sucrées, considérées comme responsables de l’augmentation de l’obésité, comme le confirment des études médicoscientifiques, pourrait ne pas avoir les effets espérés sur la réduction de la consommation si elle est appliquée de manière isolée uniquement à cette catégorie de produits, en utilisant le seul levier fiscal sans l’accompagner d’une campagne d’information et d’éducation appropriée.
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C L’IMPORTANCE DE L’IMPLICATION DE TOUS LES ACTEURS DE LA FILIÈRE DANS LES PROGRAMMES DES GOUVERNEMENTS
omme indiqué dans les chapitres précédents et autres documents publiés par le BCFN11, nombreux sont les acteurs qui peuvent et doivent jouer un rôle actif et proactif afin de réduire de manière significative l’ampleur des problèmes liés à l’obésité. Au vu de l’importance croissante de cette maladie et des problèmes de santé publique liés, les gouvernements, en tant que principaux responsables du secteur, ont commencé à mettre en place des programmes de prévention et de lutte contre le phénomène (paragraphes 3.1 et 3.2). Afin de rendre les programmes gouvernementaux plus efficaces, il est nécessaire d’impliquer et de solliciter l’étroite collaboration des sociétés de fabrication et de distribution qui opèrent dans toute la filière alimentaire, étant donné le rôle majeur que celles-ci jouent dans la création de l’offre de produits et leur capacité de communication susceptible d’influencer la demande finale et les habitudes de consommation alimentaire. Au cours des dernières années, l’industrie alimentaire a lancé un processus décisif et progressif de variation et d’élargissement de l’offre consistant dans la reformulation de produits déjà présents sur le marché, dans le but d’obtenir des profils nutritionnels de plus en plus alignés sur les principales lignes directrices internationales et sur le lancement de nouvelles lignes de produits conçues pour obtenir des caractéristiques nutritionnelles prédéfinies (voir par exemple les produits vantant des qualités nutritionnelles et bonnes pour la santé). Parallèlement à ces actions, la communication finale visant le public s’est enrichie d’informations spécifiques sur le rôle qu’un produit donné peut jouer dans le cadre d’une alimentation correcte (système GDA12), de suggestions pour une bonne consommation, et a vu l’introduction de codes d’autoréglementation pour la communication dirigée aux cibles sensibles. On trouvera ci-dessous deux exemples détaillés à suivre pour la mise en place de programmes de lutte contre l’obésité qui impliquent activement les principaux acteurs de la filière alimentaire : le programme français EPODE et le programme suisse Actionsanté.
Le programme EPODE
En 2003, 8 villes françaises13 ont vu le lancement, avec le soutien des Ministères de la Famille, de la Jeunesse, de l’Éducation, de l’Agriculture et de l’Alimentation, du projet EPODE (Ensemble, Prévenons l’Obésité Des Enfants) qui regroupe diverses initiatives visant à combattre et à prévenir l’obésité infantile14. Le projet EPODE se fixe notamment les objectifs suivants : - intégrer dans les cours scolaires des campagnes de formation sur le thème de l’éducation alimentaire ; - promouvoir une vie active et non sédentaire ; - adapter l’offre alimentaire dans les cantines scolaires afin d’habituer les enfants à une alimentation saine et diversifiée ; - impliquer les parents dans la croissance saine de leurs enfants. Le projet propose de développer deux pro-
grammes réalisés à deux niveaux, national et local. Au niveau national, il établit des lignes directrices grâce à l’interaction de trois parties prenantes (un groupe d’experts nutritionnistes indépendants, les ministères concernés et certaines multinationales actives dans le secteur alimentaire), alors qu’au niveau local, la mise en oeuvre et la coordination des diverses politiques sont confiées à un chef de projet qui requiert la collaboration des autorités locales et des principales parties prenantes. L’originalité du projet réside dans la participation de toutes les parties prenantes locales (écoles, médias, associations, magasins de vente au détail, supermarchés, etc.) à la mise en oeuvre d’une stratégie à long terme visant à modifier le milieu urbain pour favoriser des styles de vie et des habitudes alimentaires correctes dans les familles, et plus particulièrement chez les enfants.
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
3.3 RÔLE DE L’INDUSTRIE ET PERSPECTIVES DU MARCHÉ
85
Figure 3.2. Les parties prenantes locales impliquées dans le projet EPODE INITIATIVES NATIONALES PROJETS LOCAUX
Écoles Professionnels de la santé
Autres parties prenantes locales
LA VILLE AU COEUR DU SYSTÈME Médias
Entreprises
Famille
Professionnels extrascolaires
Professionnels de la petite enfance
Magasins, supermarchés Restauration
Source : EPODE, 2012.
Réseaux associatifs COORDINATION NATIONALE EPODE
• Encourager les dynamiques émanant de l’action coordonnée de diverses parties prenantes • Modifier les pratiques professionnelles pour changer le milieu familial
INFORMATION FORMATION OUTILS DE COMMUNICATION SUIVI
BCFN Index Obésité : les impacts 2011 sur la santé publique et sur la société
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- l’organisation d’activités spécifiques tous les mois ; - la participation à des rencontres nationales de mise en commun avec les autres villes adhérentes ; - le financement d’1,5 euro par an et par habitant sur une période de cinq ans. Ces initiatives connaissent un succès notable au vu de la forte participation des parties prenantes locales enregistrée dans les 8 villes pilotes françaises : de 2003 à 2008, on a constaté une baisse encourageante de l’IMC moyen des enfants16. Entre 2008 et 2011, en collaboration avec la Direction Générale de la Santé et des Consommateurs de la Commission Européenne, un plan européen, l’EEN (EPODE European Network)17 a été réalisé dans l’objectif d’étendre à d’autres pays le projet EPODE ou d’y mettre en oeuvre des programmes similaires. Aujourd’hui, le projet EEN implique environ 4 millions de personnes dans 226 villes françaises, 38 villes espagnoles, 16 villes belges et 13 villes grecques.
Le programme Actionsanté
Reconnaissant la nécessité de créer un sous forme d’un code de conduite pour le réseau de coopération pour les promarketing et la publicité, afin de réduire grammes gouvernementaux incluant le l’exposition des aliments caloriques au plus possible les différentes phases de la profit des catégories d’aliments sains ; filière, ce projet fait participer les entre- - composition et offre alimentaire : des prises actives aussi bien dans la producaliments facilement repérables et des tion alimentaire que dans la distribution. boissons non alcoolisées avec une teneur Les partenaires d’Actionsanté peuvent déréduite en graisses, sel et sucres afin de cider de lancer une action volontaire dans le favoriser une alimentation équilibrée ; cadre des quatre champs d’action suivants : - promotion d’un milieu favorisant l’acti- informations aux consommateurs : la difvité physique : la promotion d’espaces fusion d’informations complètes et comfavorisant l’activité physique et la réapréhensibles sur les produits afin de facililisation des infrastructures nécessaires ter le choix d’une alimentation équilibrée ; pour encourager la pratique quoti- marketing et publicité : des normes claires dienne d’une activité physique. Figure 3.3. Évolution du nombre de partenaires adhérents et d’actions mises en oeuvre de 2009 à 2011 (A) ; et nombre d’actions accomplies à ce jour dans le cadre d’Actionsanté (B) par catégories et par enterprises commanditaires18 2009 2010 2011
23
A
16
15 10 5 2 Partenaires
Actions
10
B
Unilever+ Unilever Food Solutions Migros
4
Mars
© Corbis
Coop
3
Traitafina
3
Migros
Mars
Selecta
Coop
Coop
Nestlé
Sel
Nestlé
Sucres
Graisses
Source : Actionsanté, rapport d’activité, 2011.
1
2 Swiss Pledge
Mars
Taille des portions
Migros
Offre
Mars
Marketing et publicité
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Parmi les différentes initiatives, l’utilisation des canaux publicitaires apparaît comme l’un des moyens les plus efficaces pour sensibiliser les enfants et leurs familles à l’importance d’une alimentation saine, à travers des messages à visée sociale qui attirent l’attention sur l’importance de consommer des fruits et des légumes, de diversifier son alimentation et de pratiquer une activité sportive. Un bon nombre de partenaires parmi les sociétés de fabrication multinationales15 et certaines entreprises locales sont impliqués dans le programme. Dans une optique de partenariat public-privé, les entreprises paient une contribution annuelle (pour une durée de cinq ans minimum) égale à 1 euro pour chaque habitant des villes qui adhèrent à l’initiative. La contribution privée s’ajoute aux subventions publiques qui varient de 1,5 à 3 euros par an et par habitant. Les villes qui participent au projet EPODE doivent être en mesure de garantir : - l’embauche d’un chef de projet local à plein temps en qualité de responsable du projet ;
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BCFN Index Obésité : les impacts 2011 sur la santé publique et sur la société
Karen Kausmaski/National Geographic Stock
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années. En outre, on observe que les actions se focalisent sur la réduction de la teneur moyenne en sel et en graisses. Bien que ce ne soient pas les caractéristiques nutritionnelles d’un produit donné qui produisent des effets négatifs sur le métabolisme des personnes, mais la quantité consommée et la fréquence de consommation, les exemples reportés plus haut démontrent que, ces dernières années, conformément aux progrès de la science nutritionnelle et à leur rôle social, les entreprises ont mis en oeuvre des politiques de positionnement, de développement de gammes, de marketing et de promotion des activités d’éducation alimentaire et des activités sportives et motrices visant à renforcer l’effort des gouvernement dans la lutte contre le surpoids et l’obésité.
Pour résumer brièvement ce qui a été dit dans le paragraphe précédent, et comme le démontre l’analyse des bilans de durabilité de certaines grandes sociétés alimentaires19, les entreprises de production et de distribution alimentaire mettent en place des actions ayant pour but de : - promouvoir des styles de vie et des habitudes alimentaires corrects dès les premières années de la vie, à travers des stratégies de production et de communication en ligne avec les indications émanant des études scientifiques les plus fiables en termes de rapport entre alimentation, style de vie et santé ; - accroître les connaissances scientifiques disponibles grâce à des investissements dans la recherche appliquée et la création de groupes mixtes composés d’universités et d’entreprises, dont l’objectif est d’améliorer la compréhension des rapports entre l’obésité et un ensemble de variables externes (environnement, école, campagnes de communication, etc.) ; - améliorer les processus de communication sur le thème du rapport entre alimentation, style de vie et santé chez les jeunes, en communiquant de manière simple et transparente les valeurs nutritionnelles et les règles d’une alimentation correcte par le biais des divers canaux de communication existants (Internet, publicité, emballages, etc.). Notamment, quatre principaux champs d’intervention ont été identifiés pour les entreprises de production et de distribution alimentaire. 1 Le rôle social de l’industrie alimentaire : - collaborer activement avec les institutions publiques pour promouvoir et réaliser des plans d’action visant à limiter et réduire l’augmentation de l’obésité dans la population ; - promouvoir et réaliser des activités de communication visant à augmenter la prise de conscience des personnes dans leurs choix personnels ; - continuer à porter le plus grand soin aux campagnes de communication visant les cibles sensibles. 2 La stratégie de produit : - poursuivre l’activité de reformulation des produits existants au vu des nouvelles capacités technologiques ; - développer de nouveaux produits qui permettent d’offrir un plus grand choix en fonction des exigences nutritionnelles. 3 Les informations fournies aux consommateurs : - faciliter l’accès aux informations nutritionnelles et leur compréhension (étiquettes nutritionnelles, conseils au quotidien) ; - mettre en place des campagnes de communication qui répondent à des codes précis d’autoréglementation et à des modalités indépendantes de contrôle de l’efficacité ; - mettre en place des campagnes de marketing afin de promouvoir la consommation de produits pouvant contribuer de manière significative à une bonne alimentation, et afin d’informer les personnes sur les allégations de santé. 4 L’information et le dialogue avec les parties prenantes : - contrôler les résultats obtenus au moyen d’indicateurs spécifiques et améliorer progressivement les objectifs à atteindre, en mettant en oeuvre des stratégies et des actions qui visent l’amélioration perpétuelle de l’offre de produits. En conclusion, la mise en oeuvre d’actions coordonnées entre les gouvernements et le secteur industriel agroalimentaire représente sans aucun doute l’une des stratégies les plus importantes pour la réalisation de projets efficaces permettant de faciliter l’adoption de comportements alimentaires sains et de styles de vie corrects dans la population.
LES ACTIONS MISES EN PLACE PAR L’INDUSTRIE ET LA DISTRIBUTION ALIMENTAIRES
LES 4 ZONES D’INTERVENTION SUR LESQUELLES NOUS DEVONS ENCORE NOUS CONCENTRER
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Cette initiative a notamment abouti aux résultats suivants : - sel : réduction de la teneur en sel des aliments ; - sucres : réduction de la teneur en sucre des aliments ; - graisses : remplacement des graisses saturées par les graisses insaturées ; - taille des portions : ajustement des portions en fonction du nombre de calories des produits ; - offre : offre alimentaire équilibrée dans les écoles ; - marketing et publicité : abandon de la publicité pour les produits ciblant les enfants de moins de 12 ans. Dans la figure 3.3., on constate que le nombre des partenaires et des actions mises en oeuvre a augmenté de manière significative au cours des trois dernières
89
90
CATÉGORIE D’INTERVENTION
TYPE D’INTERVENTION
EFFETS DE L’INTERVENTION SUR LES SUJETS CONCERNÉS
COÛT DE L’INTERVENTION
Éducation en matière de santé et promotion de comportements alimentaires sains
Campagnes médiatiques
Hausse de la consommation de fruits et légumes égale à 18 grammes par jour Augmentation de la population qui pratique une activité physique de l’ordre de 2,35 %
Environ 0,5-2 USD PPA par personne
Interventions dans les écoles
Hausse de la consommation de fruits et légumes égale à 38 grammes par jour Diminution de la proportion des graisses consommées d’environ 2 % Réduction de l’IMC d’environ 0,2 point
Environ 1-2 USD PPA par personne
Interventions sur les lieux de travail
Hausse de la consommation de fruits et légumes égale à 46 grammes par jour Augmentation des travailleurs qui pratiquent une activité physique de l’ordre de 12 % Diminution de la proportion des graisses consommées d’environ 2 %
Environ 2,5-5,5 USD PPA par personne
Mesures fiscales visant à abaisser le prix des fruits et des légumes et à augmenter celui des aliments gras
Hausse de la consommation de fruits et légumes d’entre 4 et 11 grammes par jour Diminution de la proportion des graisses consommées de 0,58 % à 0,76 %
Environ 0,03-0,13 USD PPA par personne
Réglementation publique ou autoréglementation de la part des entreprises du secteur alimentaire concernant la publicité des aliments pour les enfants
Réduction de l’IMC d’environ 0,13 à 0,34 point
Réglementation publique : environ 0,14 à 0,55 USD PPA par personne Autoréglementation du secteur : environ 0,01 à 0,14 USD PPA par personne
Étiquetage obligatoire pour les aliments
Hausse de la consommation de fruits et légumes égale à 10 grammes par jour Diminution de la proportion des graisses consommées d’environ 0,42 % Réduction de l’IMC d’environ 0,02 point
C
es dernières années, les gouvernements des pays de l’OCDE ont adopté une série de mesures ayant pour objectif d’améliorer l’alimentation de leurs citoyens, d’encourager la pratique d’une activité physique et, ainsi, de prévenir l’obésité et ses conséquences. Les interventions mises en place peuvent être regroupées en trois catégories : 1 Éducation en matière de santé et promotion de comportements alimentaires sains : - campagnes médiatiques ; - interventions dans les écoles ; - interventions sur les lieux de travail. 2 Réglementation et mesures fiscales : - mesures fiscales visant à abaisser le prix des fruits et des légumes et à augmenter celui des aliments gras ; - réglementation publique ou autoréglementation de la part des entreprises du secteur alimentaire concernant la publicité des aliments pour les enfants ; - étiquetage obligatoire pour les aliments. 3 Interventions relatives aux soins de santé : - consultation médicale pour les sujets à risque ; - consultation médicale et soins nutritionnels intensifs pour les sujets à risque. Le tableau ci-dessous résume les effets obtenus sur les sujets concernés et les coûts de chaque intervention. L’analyse se base sur une étude réalisée par l’OCDE20 et se focalise sur les pays suivants : Canada, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Mexique21. L’analyse prend en compte uniquement les coûts financés par le secteur public, et non ceux financés par le secteur privé. Tous les coûts sont indiqués selon la méthode de parité du pouvoir d’achat en dollars américains PPA (USD PPA), avec 2005 pour année de référence. Cette étude révèle quelques messages intéressants, et notamment ceux-ci : - Combiner diverses interventions dans une stratégie de prévention qui cible différentes tranches d’âge et groupes à risque peut représenter une solution efficace à des coûts relativement modérés, tout en garantissant un regain de santé nettement supérieur par rapport à celui observé dans le cadre d’interventions isolées. - Les interventions visant les tranches d’âge les plus jeunes exigent plus de temps avant de montrer les premiers effets positifs significatifs et d’atteindre un bon rapport coût-efficacité, si on les compare à d’autres types d’intervention. - On estime que chacune des interventions présentées pourrait, chaque année, sauver entre 25 000 et 75 000 années de vie dans l’ensemble des cinq pays analysés, par rapport à une situation qui exclut tout type de prévention et où les maladies chroniques liées à l’obésité (cardiopathie ischémique, AVC, cancer, etc.) sont soignées seulement lorsqu’elles sont détectées. Il a été calculé que l’intervention présentant le plus fort im-
Réglementation et mesures fiscales
Interventions relatives aux soins de santé
Consultation médicale pour les sujets à risque Consultation médicale et soins nutritionnels intensifs pour les sujets à risque
Environ 0,33 à 1,1 USD PPA par personne
Environ 4,5 à 9,5 USD PPA par personne Diminution de la proportion des graisses consommées d’environ 10 % Réduction de l’IMC d’environ 2,32 points
pact en termes d’années de vie sauvées (et donc la plus grande économie en termes de dépenses de santé) est celle qui prévoit une consultation médicale et un diététicien pour les sujets à risque (240 000 années de vie sauvées dans l’ensemble des cinq pays) ; il s’agit également de la solution la plus coûteuse en termes d’investissements. - Les impacts des interventions sur les dépenses sanitaires sont relativement faibles (de l’ordre de 1 % des dépenses pour les maladies chroniques directement liées au phénomène de l’obésité), et les coûts directs de la mise en oeuvre des interventions dépassent les économies réalisées par la sécurité sociale pour la plupart des types d’intervention. - Les interventions présentant les coûts les plus élevés par rapport aux économies espérées sont relatives à l’éducation en matière de santé et aux comportements alimen-
Environ 9 à 20 USD PPA par personne
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
3.4 ÉVALUATION DES INTERVENTIONS DE PRÉVENTION POSSIBLES
91
Figure 3.4. Années de vie sauvées grâce aux interventions de prévention (moyenne annuelle)
550
450 Coûts (milliards de dollar PPA)
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
92
Figure 3.5. Coûts des interventions et économies de la sécurité sociale (en milliards de dollars PPA)
350
250
150
50
-50
Autoréglementation de la part des entreprises du secteur alimentaire quant à la publicité des aliments
Mesures fiscales
Réglemen- Campagnes tation médiatiques publique quant à la publicité des aliments
Coûts des interventions
Japon
Italie
Mexique
Angleterre
Canada
Étique- Interventage des tions dans aliments les écoles
Interventions sur les lieux de travail
93
Dépense sanitaire
réussite des interventions de prévention, on note dans ces pays des dynamiques similaires à celles rencontrées dans les pays de l’OCDE ayant fait l’objet de l’étude de l’OCDE Fit not Fat. Notamment, les mesures ayant pour objectif d’influencer les prix et les mesures fiscales sont les interventions qui font réaliser à la sécurité sociale les plus fortes économies à court terme. Cependant, il est nécessaire de mettre en place des systèmes qui évaluent l’efficacité des interventions non seulement d’un point de vue strictement économique, c’est-à-dire qui tiendrait compte des coûts liés à la mise en place desdites interventions, mais également du point de vue des effets à moyen et long terme, qui considèrerait ces interventions comme de réels investissements produisant des effets sur le long terme.
Interventions dans les écoles Campagnes médiatiques Autoréglementation de la part des entreprises du secteur alimentaire concernant la publicité des aliments Étiquetage des aliments Interventions sur les lieux de travail Réglementation publique concernant la publicité des aliments Consultation médicale Mesures fiscales Consultation médicale et diététicien
100
Milliers
200
Source : Sassi F., Obesity and the Economics of Prevention. Fit non fat, OCDE, 2010.
Consultation médicale et diététicien
Source : OCDE, 2012.
Panel B - Années de vie
0
Consultation médicale
300
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
taires, tandis que celles présentant le rapport le plus favorable sont les interventions fiscales, l’unique cas où les économies de la sécurité sociale dépassent les coûts encourus pour la mise en oeuvre de la mesure. - Les effets des interventions de prévention sur les divers groupes socioéconomiques sont pour la plupart déterminés par : - les différences en termes de morbidité et de mortalité : les groupes socioéconomiques présentant un profil de risque moins favorable et un niveau plus élevé de diffusion de maladies chroniques tireront un plus grand bénéfice des initiatives de prévention, par rapport aux groupes socioéconomiques présentant une situation de départ plus favorable ; - les différences entre les groupes socioéconomiques : les classes sociales présentant un niveau d’éducation plus élevé prêtent davantage attention à l’éducation en matière de santé alimentaire, tandis que les classes sociales moins éduquées sont plus sensibles à la variation du prix des aliments. - Les facteurs clés de réussite de ces interventions de prévention semblent être les suivants : - une forte participation de la population concernée par les diverses interventions ; - la durabilité à long terme des effets des interventions sur les comportements des personnes ; - la combinaison de multiples interventions qui produisent chacune des effets à différentes échéances. Une autre étude22 analyse les stratégies sanitaires publiques auxquelles ont eu recours certains pays n’appartenant pas à l’OCDE (Brésil, Chine, Inde, Mexique, Russie et Afrique du Sud) afin de tenter de limiter le risque d’apparition de maladies chroniques en lien direct avec l’obésité. La Grande-Bretagne a également été incluse dans l’échantillon des pays analysés pour servir d’outil de comparaison. Si l’on observe à la fois les effets et les coûts des diverses interventions, et les facteurs clés de
IL EST IMPORTANT D’ÉVALUER L’EFFICACITÉ DES INTERVENTIONS DANS LES MOYEN ET LONG TERMES
Annie Griffiths Belt/National Geographic Stock
4. LES RECOMMANDATIONS DU BCFN
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e BCFN a retenu sept recommandations prioritaires pour faire face à l’épidémie d’obésité. 1) Informer et mobiliser l’opinion publique. Rendre l’opinion publique plus consciente des conséquences sur la santé, de l’impact social et des coûts économiques et environnementaux de l’obésité, et l’aider à être plus réactive. 2) Planifier un engagement commun des gouvernements et du secteur privé. Mettre en place des plans intégrés et coordonnés à moyen et à long terme pour la lutte contre l’obésité, impliquant tous les principaux acteurs concernés. 3) Diffuser la culture de la prévention. Éduquer les personnes au concept de limite et transmettre la culture de la prévention afin que les comportements sains deviennent de plus en plus un choix en connaissance de cause. 4) Enseigner de saines habitudes dès l’enfance. Soutenir les personnes chargées de l’éducation et de l’information des jeunes. 5) Utiliser de manière judicieuse le levier du prix. Évaluer attentivement les avantages et les inconvénients de l’introduction de mesures fiscales décourageantes telles que les taxes sur la malbouffe. 6) Encourager l’engagement de l’industrie et de la distribution. Impliquer l’industrie alimentaire et la distribution dans les initiatives de santé publique favorisées et dirigées par les gouvernements. 7) Lutter contre le milieu obésogénique. Combattre les facteurs qui induisent à adopter des styles de vie et des choix alimentaires incorrects et qui rendent difficile de prendre des décisions bonnes pour la santé.
Notamment, ce type de plan doit prévoir une échéance et un engagement sur une période de moyenne à longue durée, parce que les résultats des actions de prévention ne se manifesteront qu’au bout de plusieurs années après leur mise en place, et également afin de limiter les ralentissements et/ou les suspensions des activités lors des changements de gouvernement. 3
Styles de vie et choix alimentaires sains ne devraient pas être imposés par de nouvelles formes de « prohibition », mais ils devraient être le résultat de choix délibérés, favorisés par une éducation judicieuse et une information précise sur les conséquences négatives d’habitudes inadéquates sur la santé. Dans le cas spécifique de l’alimentation, ce qui provoque principalement le surpoids et l’obésité n’est pas tant la consommation de certains aliments en particulier, mais la quantité (portions) et la fréquence de leur consommation, en plus évidemment du style de vie. Par exemple, il faudrait enseigner aux personnes à suivre régulièrement des comportements vertueux au lieu d’actions ponctuelles, dictées par les modes du moment (comme les régimes dont la presse fait la publicité), à prêter attention à de simples solutions qui peuvent aider, tous les jours, à combattre la sédentarité, etc. Éduquer ex ante semble plus efficace qu’interdire ex post ; il faudrait donc trouver des cas qui démontrent de façon convaincante que la prévention est la stratégie principale pour combattre l’obésité, comme il a été fait pour d’autres maladies (comme les campagnes de dépistage sur certains types de tumeurs). 4
1 RENDRE L’OPINION PUBLIQUE PLUS CONSCIENTE DES CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ, DE L’IMPACT SOCIAL ET DES COÛTS ÉCONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTAUX DE L’OBÉSITÉ, ET L’AIDER À ÊTRE PLUS RÉACTIVE
Informer et mobiliser l’opinion publique
La véritable épidémie d’obésité proprement dite qui touche les pays occidentaux – et de plus en plus les pays émergents – a de graves conséquences sur la santé des personnes qui en sont atteintes, de lourdes répercussions sur leur sphère sociale et professionnelle et un important impact économique et environnemental sur toute la société. Fait encore plus inquiétant, ce phénomène affecte de plus en plus les enfants. Néanmoins, ce problème est examiné principalement au niveau de l’individu et il est souvent considéré comme étant lié à l’aspect esthétique plus qu’à la santé, à la différence du tabagisme et de la pollution qui concernent toute la collectivité. On constate donc l’absence d’une connaissance réelle du problème et de ses conséquences socioéconomiques dans l’opinion publique. Notamment, au niveau institutionnel, on ne perçoit pas ce sentiment d’urgence nécessaire pour traiter de façon systématique le problème de l’obésité. Il faudrait donc diffuser des informations qui soient en mesure de susciter une réelle réaction de l’opinion publique pour exiger des interventions de prévention à tous les niveaux (social, environnemental, alimentaire, etc.).
METTRE EN PLACE DES PLANS INTÉGRÉS ET COORDONNÉS À MOYEN ET À LONG TERME POUR LA LUTTE CONTRE L’OBÉSITÉ, IMPLIQUANT TOUS LES PRINCIPAUX ACTEURS CONCERNÉS
Planifier un engagement commun des gouvernements et du secteur privé
Pour affronter efficacement un phénomène dépendant de plusieurs facteurs tel que l’obésité, il est essentiel d’agir de façon coordonnée dans différents secteurs et d’impliquer simultanément les institutions, les entreprises, les consommateurs et les organes d’information, en utilisant divers instruments et initiatives au sein d’un programme global. On présume que ce seront les institutions gouvernementales (au niveau national ou supranational) qui concevront et guideront les plans d’action, mais elles feront participer activement tous les acteurs de façon concrète et entreprenante et mettront en place des systèmes d’évaluation fiables pour mesurer l’efficacité réelle des actions menées à la fois à court terme, et surtout à moyen et à long terme.
ÉDUQUER LES PERSONNES AU CONCEPT DE LIMITE ET TRANSMETTRE LA CULTURE DE LA PRÉVENTION AFIN QUE LES COMPORTEMENTS SAINS DEVIENNENT DE PLUS EN PLUS UN CHOIX EN CONNAISSANCE DE CAUSE
Enseigner de saines habitudes dès l’enfance
La lutte contre l’obésité devrait commencer avant tout par l’éducation et l’information des plus jeunes, dans la mesure où les habitudes, les styles de vie et les modèles alimentaires s’apprennent au cours de l’adolescence et du développement de l’enfant, et qu’il est scientifiquement prouvé qu’un enfant et/ou un adolescent obèse a une probabilité élevée de le rester à l’âge adulte. La diffusion de modèles alimentaires corrects et de l’éducation physique chez les enfants et les adolescents devrait impérativement être le fruit d’un effort conjugué, le produit de la contribution de plusieurs acteurs (école, famille, pédiatres, associations sportives, etc.) qui, à divers moments de la journée, représentent le point de référence de l’enfant. Famille et école, spécialement, sont les acteurs principaux d’une formation efficace à une alimentation correcte. C’est dans la famille que l’enfant « apprend » à manger et intériorise les comportements alimentaires qu’il sera ensuite naturellement amené à adopter. D’autre part, l’école pourrait et devrait jouer un rôle réellement actif pour la promotion de modèles alimentaires équilibrés. 5
2
Diffuser la culture de la prévention
SOUTENIR LES PERSONNES CHARGÉES DE L’ÉDUCATION ET DE L’INFORMATION DES JEUNES
Utiliser de manière judicieuse le levier du prix
Si d’une part, le résultat attendu de l’application desdites «taxes sur la malbouffe» est de réduire la consommation d’aliments jugés responsables de surpoids et d’obésité, l’introduction de taxes sur certains aliments, en plus de l’incertitude du choix des aliments à prendre en compte, peut générer des effets inattendus capables de limiter la réalisation de l’objectif que le législateur s’est fixé. Par exemple, il peut arriver que certaines personnes réduisent leur consommation des aliments les plus sains pour compenser l’augmentation de leurs dépenses sur les aliments taxés ; que d’autres réorientent leurs préférences vers des aliments de substitution pareillement nocifs ; et enfin, qu’un certain nombre de personnes (au revenu moyen-haut) réussissent à absorber facilement la hausse du prix, sans modifier leurs habitudes, tandis que
ÉVALUER ATTENTIVEMENT LES AVANTAGES ET LES INCONVÉNIENTS DE L’INTRODUCTION DE MESURES FISCALES DÉCOURAGEANTES TELLES QUE LES TAXES SUR LA MALBOUFFE
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
RECOMMANDATIONS POUR FAIRE FACE À L’ÉPIDÉMIE DE L’OBÉSITÉ
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6 IMPLIQUER L’INDUSTRIE ALIMENTAIRE ET LA DISTRIBUTION DANS LES INITIATIVES DE SANTÉ PUBLIQUE FAVORISÉES ET DIRIGÉES PAR LES GOUVERNEMENTS
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Afin de rendre plus efficaces les programmes gouvernementaux, l’implication et la collaboration des sociétés de fabrication et de distribution opérant tout au long de la chaîne alimentaire sont nécessaires, étant donné le rôle important qu’elles ont dans la création de l’offre de produits et leur capacité de communication en mesure d’influencer la demande finale et la composition des produits alimentaires. Ces dernières années, en cohérence avec les progrès de la science nutritionnelle et leur rôle social, les entreprises ont mis en oeuvre des mesures de positionnement, de développement de gammes de produits, de marketing et de promotion d’activités d’éducation alimentaire et de sponsorisation d’activités sportives et physiques destinées à soutenir l’engagement des gouvernements dans la lutte contre le surpoids et l’obésité. Les opérateurs privés doivent en conséquence poursuivre leur engagement social par la promotion et la réalisation d’activités de communication pour aider les personnes à choisir de plus en plus judicieusement ; et en même temps, ils doivent continuer à soigner leurs campagnes publicitaires qui ciblent des sujets vulnérables. Il est nécessaire de faciliter la disponibilité et la compréhension des informations concernant le produit avec des étiquettes nutritionnelles et en fournissant des conseils et des directives quotidiennes ; il faut également aider à comprendre les health claims (allégations relatives à la santé) et organiser des campagnes de marketing pour promouvoir la consommation des produits contribuant à une alimentation correcte. On espère, par ailleurs, que la mise en place de codes d’autoréglementation et de modalités de contrôle indépendantes continue. En ce qui concerne spécifiquement l’industrie alimentaire, il faut poursuivre l’activité de reformulation des produits existants en se basant sur les progrès technologiques et développer de nouveaux produits pour répondre aux besoins particuliers de certaines personnes avec une offre plus étendue. 7
COMBATTRE LES FACTEURS QUI INDUISENT À ADOPTER DES STYLES DE VIE ET DES CHOIX ALIMENTAIRES INCORRECTS ET QUI RENDENT DIFFICILE DE PRENDRE DES DÉCISIONS BONNES POUR LA SANTÉ
Encourager l’engagement de l’industrie et de la distribution
Lutter contre le milieu obésogénique
La vaste disponibilité et l’accessibilité aisée des aliments à forte densité calorique ajoutées à un style de vie de plus en plus sédentaire sont les deux principaux facteurs sur lesquels s’établit un milieu qui favorise le surpoids et l’obésité (le soi-disant « milieu obésogénique »). Chaque individu peut assez facilement adopter des comportements qui pourront limiter ces aspects. Par exemple, en matière d’alimentation, il est conseillé tout d’abord de suivre les directives pour une alimentation correcte que l’on trouve facilement sur les sites Web des instituts et organismes officiels1, de préférer les méthodes les plus saines pour la préparation des aliments (cuisson à la vapeur, au gril, au four, etc.), d’en répandre l’habitude dans la famille, d’éviter de consommer des encas à fort contenu calorique entre les repas, etc. Quant à la sédentarité, il est important d’essayer de marcher tous les jours, d’éviter d’utiliser la voiture pour les courts déplacements et pour aller en centre-ville ou de la garer un peu plus loin de la destination, de choisir de monter les escaliers au lieu de prendre l’as-
censeur, de jouer avec ses enfants, etc. Il faut toutefois préciser qu’on doit être en condition de pouvoir effectuer ces choix et d’adopter ces comportements. Pour ce faire, divers acteurs publics et privés doivent entreprendre les actions appropriées : on se réfère ici notamment aux écoles et aux employeurs, quant à la disponibilité d’aliments conformes aux directives nutritionnelles dans les distributeurs automatiques et dans les cantines ; aux administrations publiques locales, en matière de politiques urbaines et logistiques qui déterminent la mise en place de moyens de transport publics, de pistes cyclables et piétonnières sûres, etc. ; aux médias pour fournir une information correcte et sensée en se faisant la voix des institutions médicales et scientifiques, au lieu de mettre en avant les régimes alimentaires qui apparaissent régulièrement comme des modes. Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
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d’autres (ayant un bas revenu) subissent une baisse importante de leur pouvoir d’achat. En dehors des activités d’information déjà citées, des initiatives pour rééquilibrer les effets mentionnés précédemment sont nécessaires, financées (du moins en partie) par les nouvelles recettes fiscales. Par exemple, conjointement à la taxe qui touche certains types d’aliments, on pourrait prévoir des incitatifs ou des instruments de type voucher pour permettre à des catégories déterminées de consommateurs d’acheter des fruits et des légumes. L’utilisation du levier du prix sur certains aliments, sans une mise en place d’interventions qui favorisent le choix d’alternatives plus saines et plus accessibles par le consommateur, ne semble pas avoir une incidence significative sur les comportements.
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Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
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Obésité : les impacts sur la santé publique et sur la société
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Report, Health Research Council of New Zealand Partnership Programme.
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Double Pyramide 2011 : alimentation saine pour tous et durable pour l’environnement
Mesure de la durabilité des modèles appliqués dans les différents pays, et par conséquent évaluation de la possibilité de garder ou de modifier son propre niveau de bien-être à l’avenir
Développement et évolution du modèle de la double pyramide alimentaire environnementale concentré sur l’enfance et l’adolescence, pour inciter à adopter de bonnes habitudes alimentaires dès les premières années de la vie
Á l’échelle mondiale, confrontation des différentes positions et écoles de pensée sur le thème de la durabilité de l’ingénierie génétique et des nouvelles biotechnologies appliquées à l’alimentation Le coût de la nourriture et la volatilité des marchés agricoles : les variables impliquées
Le coût de la nourriture et la volatilité des marchés agricoles : les variables impliquées
PUBLICATIONS | 2012
La mesure du bien-être et de sa durabilité : le BCFN Index 2011
Au delà des OGM. Les biotechnologies dans le domaine agroalimentaire
Le coût de la nourriture et la volatilité des marchés agricoles : les variables impliquées
ntribution photographique de :
PUBLICATIONS | 2011
Proposition d’un modèle interprétatif offrant une vision systémique des éléments qui déterminent la tendance des prix des denrées alimentaires
Alimentation et bien- être pour une vie saine
Pertes et gaspillages alimentaires: causes, impacts et propositions concrètes
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Une étude des liens entre santé, habitudes alimentaires et mode de vie à chaque étape de la vie
Pertes et gaspillages alimentaires: causes, impacts et propositions concrètes
Une présentation du phénomène et de ses principales causes, solutions et des possibilités pour combattre les pertes et les gaspillages alimentaires qui arrivent pendant la transformation industrielle, la distribution et la consommation finale
Longevité et bien-être : le rôle de l’alimentation Étant donné le vieillissement constant de la population mondiale, évaluation du rôle d’un mode de vie plus sain et de bonnes habitudes alimentaires afin de garantir un allongement de la durée de vie dans de meilleures conditions de santé Nouveaux modèles pour une agriculture durable
Enquête sur les nouveaux modèles agricoles qui permettent de supporter l’impact des changements climatiques et de la croissance démographique tout en assurant une productivité suffisante pour tous
Obesité et malnutrition : le paradoxe alimetaire pour nos enfants
Approfondissement du paradoxe qui voit augmenter aussi bien le nombre de personnes sous-alimentées que celui des personnes en surpoids, en particulier chez les enfants
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