Bazart mag' 21 été 2010

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NUMÉRO 21 - BAZART mag’ été 2010

DOSSIER

ACTU

Le tourisme alternatif

Les festivals de l’été Les couv’ Bazart : Authouart

+ Votre

agenda été



“Meeting” de Daniel Authouart Portrait en page 4

ÉDITO UN MATIN COMME LES AUTRES Un matin comme les autres ? Non, c’est l’été, les congés et mon temps m’appartient. Ma promenade me conduit sur une place où un groupe de curieux s’est attroupé. Je m’approche, ma curiosité émoustillée. Je me faufile au milieu de cette petite foule et découvre ce qui les a arrêtés... Les jambes et le torse moulés d’un collant noir, la face grimée de blanc, l’artiste évolue en silence, une flûte aux lèvres, ses longs doigts s’appliquant à jouer un air... Que nul n’entend ! Oui ! Moi je l’entends cet air et je pourrai rester ainsi des heures car cette musique n’appartient qu’à moi. Certains curieux s’écartent, lassés de ne rien entendre. La flûte s’écarte des lèvres du musicien, il salue, un sourire fendant sa face lunaire. Le charme est rompu. La musique s’est tue commesiréellementellesortaitdel’instrumentqui en fait n’est qu’un simple barreau de chaise. Je re c u l e à m o n t o u r. O ù va i s - j e a l l e r maintenant ? Peu importe, c’est l’été, et mon temps m’appartient…

Association ADNi 16 rue Louis Blanc - 76620 Le Havre Tél : 02 35 43 62 79 - Fax : 02 35 22 64 38 info@normandie-web.com D i r e c t r i c e d e p u b l i c a t i o n : Chantal Legrand Rédaction : Valérie Berthoule, Myriam Wenesoui, Antoine Vulliez, Marie Lemé, Chantal Legrand, Christophe Michel - Publicité : Christophe Michel Graphik : Nadyou - Impression : Rotimpres. La rédaction décline toute responsabilité pour les omissions et/ou erreurs qui se seraient glissées malencontreusement dans le magazine. La rédaction n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes, fichiers ou photos qui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans le magazine est interdite. Bazart mag ‘ votre magazine de Normandie - ISSN 1957-5211. Dépôt légal à parution.

SO MMA IR E JUILLET / AOÛT / SEPTEMBRE 2010 - N°21

ACTU La Une de Bazart : Authouart L’actualité de votre région Papillons de nuit : un anniversaire bien arrosé Jam Potatoes : Luneray, la petite Louisiane Le Havre sous les graffs Les festivals de l'été

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DOSSIER : TOURISME ALTERNATIF Préambule Jacques Dubreuil Le Pôle touristique et solidaire Les Territoires provisoires Accueil paysan Andina Chili Les Chemins du vent Savoir-faire et découverte Réflexions et perspectives

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EXPOSITION Agenda des expositions

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+ encarté dans ce numéro : VOTRE AGENDA ÉTÉ 2010

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ACTU CARTE BLANCHE À DANIEL AUTHOUART - COUV’ BAZART

Un Français à New-York Artiste reconnu dans le monde entier, Daniel Authouart est l’une des valeurs sûres de la peinture contemporaine dont le travail est prisé depuis quelques décennies maintenant. A l’occasion de l’exposition de nouvelles lithographies, l’artiste normand nous a ouvert les portes de son atelier...

n Génie, un Maître... Tels sont les qualificatifs régulièrement associés au nom Authouart. Ajoutée à cela la dose de mystère entourant l’homme, les principaux ingrédients sont réunis pour construire une légende. Le genre de choses qui sacralisent autant qu’elles déshumanisent… Alors, quand est venue l’opportunité de rencontrer le célèbre peintre dans son atelier de la région rouennaise, j’ai volontairement oublié tout cela. L’entretien, ou plus exactement la conversation, avec Daniel Authouart et son épouse Geneviève, a commencé par une visite de l’atelier. Le laboratoire du peintre nous plonge dans sa matière à faire et à penser : souvenirs ramenés d’Amérique, livres, étagères et valises re m p l i e s d e c a rn e t s d e croquis… Mais aucun tableau à l’horizon, excepté celui en cours de création. “J’ai la chance que les gens attendent pour avoir un tableau !”, dit-il sans crânerie. Habitué au grand format, l’artiste normand réalise en moyenne un tableau par an, passant jusqu’à 1400 heures sur une toile.

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La “méthode” Authouart De l’œuvre d’Authouart, on en connaît l’imagerie : les icônes et les mythes US, les décors des rues new-yorkaises, les vieilles cylindrées, les avions... Pourtant, contrairement

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Daniel AUTHOUART travaillant sur son tableau I have a dream.

à ce que pensent certains, une seule chose l’intéresse dans les sujets qu’il traite : les gens. “Si je veux parler par exemple de l’homme d’aujourd’hui, c’est quelqu’un qui est baigné dans la lumière, élément qui domine notre époque. C’est la raison pour laquelle cela me plaît beaucoup de mettre mes personnages dans des villes comme New-York.” L’histoire que le tableau raconte à chacun prévaut sur le reste. “Je cherche à ce que les gens, une fois entrés dans mes tableaux, s’y baignent comme on se baignerait dans un bon livre (…) Quand on lit un très bon livre, il arrive qu’on se retrouve dans ce que vit un personnage (...) J’essaie de faire en sorte qu’il en soit de même avec mes tableaux.” Ce rapprochement avec le travail de l’écrivain apparaît à nouveau lorsque Daniel Authouart explique sa propre méthode. Lui se promène avec des carnets, se pose dans les rues qui l’intéressent et dessine les sujets devant lesquels il “tombe en arrêt” : un homme se baladant torse nu, un travesti, une dame en train de prêcher, etc. Le dessinateur prend des notes en quelque sorte. Il évoque alors l’écrivain Georges Pérec, qui observait les passants et énumérait des détails, banals en apparence, mais qui régissent le quotidien. “La juxtaposition de certaines images apparaît quand on passe des heures et des heures à regarder les passants.” Puis il vient à détailler ses étapes de travail, techniques (comme celle du papier préparé : ce papier composé d’un fond abstrait et de collages de


Un travail fou ! Les œuvres que l’on pourra découvrir dans les trois galeries normandes, Meeting et Love Story, sont des estampes. Il s’agit d’une interprétation du tableau initial par un travail de décomposition des couleurs. Pour parvenir à la fabrication d’une lithographie, Daniel Authouart dessine indépendamment chacune des couleurs qui lui semblent nécessaires sur une planche différente (20 couleurs pour Meeting ) et les imprime les unes sur les autres à l’aide de presses datant du XIXe siècle, les mêmes qu’utilisait Toulouse-Lautrec. Les épreuves sont tirées en nombre limité. C’est autre chose que la reproduction infinie par jet d’encre ! A New World

matières sur lequel il peindra) et axes actuels (comme la reproduction, sous la surface peinte, d’une page de BD dont l’histoire est en relation avec celle du sujet de la toile).

faire un clin d’œil à Toussaint Louverture qui, à ce moment-là, prenait la tête des insurgés à Haïti. Dans mon tableau, l’espoir prend les traits d’Obama.”

Tableau prémonitoire La vibration d’une époque De la technique, le récit, captivant et didactique, dérive tout naturellement vers les réflexions, politiques ou sociétales, que le peintre instille dans ses œuvres. “J’essaie de faire en sorte que mon tableau soit une surface de lecture vue par un individu, moi en l’occurrence, sur une période donnée, qu’il soit la vibration d’une époque.” Nous nous arrêtons plus longuement sur l’une de ses dernières réalisations, A New World. “J’avais été bluffé par le fait que la démocratie ait mis Obama au pouvoir. J’ai fait un tableau sur la campagne intitulé I Have a Dream. Puis j’en ai fait un autre, A New World, dans lequel je me suis amusé à faire un parallèle avec Le Radeau de la Méduse . Parce qu’en regardant bien l’œuvre de Géricault, on découvre avec stupéfaction que le personnage qui représente l’espoir en agitant un chiffon blanc est noir. Le peintre dénonçait le fait que La Méduse avait été confiée à un incompétent pistonné, et voulait

En juin, Daniel Authouart allait retrouver la Grande Pomme où il se rend une fois par an. Qu’y trouvera-t-il cette fois ? Des stigmates de la crise mondiale, la folie de Wall Street… ? Dans A New World, un personnage laisse l’argent s’envoler d’un sac Bank of America. Prémonitoire ?... Dans Fin de Siècle , peint en 1999, l’artiste avait imaginé l’attaque des tours, suite à une réflexion sur les conséquences de la première Guerre du Golfe. Deux ans plus tard, il allait en faire des cauchemars. La matinée s’est écoulée. Mes hôtes doivent partir. Pourtant, j’avais encore bon nombre de sujets à aborder avec eux. Qu’importe, la conversation fut riche, passionnante… Et à présent, me voilà rassurée : non, Monsieur Authouart n’est pas une légende ! >> Meeting (couv’ mag) et Love Story (couv’ agenda juin) sont visibles et disponibles dans les lieux suivants :

Galerie Hamon, 44 place de l’Hôtel de Ville, Le Havre Galerie Rollin, 31 rue Ecuyère, Rouen Galerie J.C. Robert, 25 rue du Dauphin, Honfleur C/0 : authouart.fr

Daniel AUTHOUART dans la 42ème rue à New York.

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La Ville de Beaumont-en-Auge accueille le Festival de l'art imaginaire et du fantastique les samedi 7 et dimanche 8 août à partir de 10h à la salle des fêtes. L'invité d'honneur, Jaap de Boer, spécialiste de la bande dessinée historique et mythologique germano-scandinave, mais aussi de contes de fées, présentera son dernier album La vengeance d'Answela. Plus d'une trentaine d'artistes autour du monde merveilleux et féérique seront présents (peintres, illustrateurs, sculpteurs, créateurs de marionnettes, de robots etc.). Dépaysement total le samedi à 20h45, Patrick Navaï fera la lecture de contes persans accompagné musicalement par Ivan Navaï. Entrée gratuite. C/O : 02 31 64 67 72

La Compagnie Lézard, compagnie de théâtre de Granville, vous accompagne en théâtre et en musique à bord du TER "Ligne Baie" les 13, 20, 27 et 29 juillet et les 4, 11 et 18 août dans le sens Granville-St Malo. La "Ligne Baie" est une ligne de transport public en Train Express Régional initiée par les régions Basse-Normandie et Bretagne pour desservir la Baie du Mont-Saint-Michel tout en la sillonnant. Une belle promenade animée en perspective ! C/O : associationlezard.blogspot.com - lignebaie.fr

Impressionné ?! La ville de Rouen vous invite à (re)découvrir son patrimoine du 3 juillet au 29 août au rythme de l'impressionnisme... c o n t e m p o ra i n . L e s artistes contemporains Arne Quinze, Shigeko Hirakawa, Olivier Darné, “Les cubes de Lumière” Jérôme Toq’r Jérôme Toq'r, François Cavelier et le groupe Echelle Inconnue vont investir différents lieux extérieurs rouennais tel que le pont Boieldieu, le Jardin des plantes, les Galeries Lafayette, la place de l'Hôtel de ville etc. et éveiller votre curiosité. C/O : rouenimpressionnee.fr

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En TER...

La vache & le caribou Source : Association Adbstar-France

Fantasy !

Source : La Compagnie Lézard

ACTU

A Verneuil-sur-Avre, rendez-vous avec la première édition de ce festival francoquébécois. Organisé p a r l ' a s s o c i at i o n Adbstar-France et avec le soutien des Saint-Arnaud, famille du Québec descendante d'un Vernolien, ce festival invite des artistes du Québec à vous faire danser, chanter et rire du 13 au 17 août : tour de chant avec Benoît Clément, grand bal québécois avec le quatuor de Pierre Chartrand, concert des groupes normands An Las et Trimarrant, spectacle des Québecois Eric Michaud et Mathieu Lavoie etc. C/O : 02 32 32 17 17


Explorez, respirez Le Parc Eana situé à Gruchet-le-Valasse en Seine-Maritime vous propose depuis cette année d'explorer la richesse de notre terre à travers quatre parcours de découvertes : “Découvrez nos origines” avec le spectacle des origines et le jardin de l’âge de pierre, “Découvrez la nature” où les jardins dévoilent la diversité des milieux naturels normands, “Explorez l'histoire” dans l'Abbaye cistercienne du Valasse riche de 850 ans d'histoire, et enfin, “Explorez le futur” pour imaginer notre monde en 2050. Des découvertes riches de sens à savourer en famille ! Tarifs : 7,50/9€ C/O : eana.fr

© Carina Tornatoris

Parcours croisés Pour cette 6ème édition, le départ de cette ra n d o n n é e d ' a r t contemporain organisée par l'association L’Etre enchanté de Cambremer est situé à la Roque B a i g n a rd d a n s l e Calvados. Un point i n f o r m a t i o n vo u s accueillera du 10 juillet au 29 août. Vous pourrez y découvrir le profil d’artistes aux univers différents (Catherine Libmann, Vincent Brodin, Frédérik Mazoir, Eizo Sakata et Michel Leclerc). Et au fil de la randonnée, vous pourrez découvrir leur œuvre... Vernissage le 10 juillet suivi d'un concert jazz manouche dans l'église de la Roque Baignard. C/O : parcours-croises.net

Concours de sens La Fête des Sens organisée par l'association Quartier Nature se déroulera les 18 et 19 septembre prochains à la ferme du Petit Changeons. Dans cet écrin de verdure surplombant la Baie du Mont-Saint-Michel, vos sens seront mis en éveil. Au programme : land art, concerts, expositions de plasticiens, initiations nature, marché des sens etc. Un concours pour proposer l’affiche annonçant cette manifestation est ouvert à tous. Les projets doivent être envoyés avant le 31 juillet à Emeric Leprovost – Association Quartier Nature – Ferme du Petit Changeons - 50 300 Avranches. C/O : changeons.e-monsite.com – 06 31 16 10 26

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© Antoine Vulliez

ACTU RETOUR SUR ACTU : PAPILLONS DE NUIT

Jil is Lucky

Kasabian

Comme le papillon ce festival annonce l'arrivée des beaux jours, comme le papillon il est multicolore, mais à l'inverse du papillon il est loin d'être éphémère, 2010 marquant sa dixième édition ! Retour sur ces trois jours.

Festival en Normandie, festivalier aguerri !

omment Saint-Laurent-deCuves, petit village du Sud Manche de 500 habitants, peut-il multiplier sa population par 120 ? La réponse est simple : Papillons de Nuit ! Né en 2001 du regroupement de 4 associations afin de créer de l’animation en milieu rural, le festival a depuis bien grandi. Passant de 9 000 à 60 000 entrées, il est désormais complet bien avant l’ouverture des portes, mais tient à conserver une

Certes la pluie a calmé un peu la ferveur des moins prévoyants, mais il fallait plus que quelques gouttes d’eau et beaucoup de boue pour gâcher la fête. Rock, pop, reggae, electro, chanson française et hip-hop, une programmation éclectique de 35 concerts permettant de voir ses artistes préférés, mais surtout d'en découvrir d’autres. Ainsi, on a pu butiner entre les deux grandes scènes où la foule était compacte pour les têtes d’affiche comme Cœur de Pirates, Alpha Blondy, le retour de Madness, le

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dimension humaine. “Rester à 20 000 personnes par jour sur un site assez grand permet de garder cet esprit de convivialité, de bonne entente entre les festivaliers multigénérationnels” précise Patrice Hamelin, directeur du festival. “Beaucoup de gens viennent pour la programmation, mais aussi pour l’ambiance. La possibilité de rester sur place avec le camping permet une ambiance off tout aussi sympathique”.

rock us de Gossip et britannique de Kasabian, le déjanté Émir Kusturica & The No Smoking Band, Renan Luce ou encore Jacques Dutronc en clôture avant le feu d'artifice final. Côté découvertes, Féfé, Jil is Lucky, Danakil et Hindi Zahra, bien que cantonnés à la petite scène, ont remporté un franc succès. N’oublions pas la sélection régionale, réalisée en amont lors de “L’Effet Papillon”, avec Chocolate Donuts, Oswando, Fady Mélo et la pop de The Shellys. Un bémol : la prestation “parcmètre” de certains artistes (VV Brown notamment, pour ne pas la nommer), respectant les horaires à la minute près, sans le rappel de rigueur pourtant réclamé… À noter, la concrétisation pour cette édition de la charte “écofestival” avec des toilettes sèches, des poubelles de tri sélectif et des gobelets consignés (ou souvenir à conserver), le tout chapeauté par quelque 800 bénévoles. Finalement, il ne manquait que le soleil... Antoine Vulliez

C/0 : papillonsdenuit.com

© Antoine Vulliez

© Antoine Vulliez

Un anniversaire bien arrosé

© Antoine Vulliez

Hindi Zahra


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photos : © VB

RETOUR SUR : LE FESTIVAL JAM POTATOES

Luneray, la petite Louisiane Quarante et une éditions au compteur et le festival de jazz Jam Potatoes de Luneray garde sa fraîcheur. Les raisons ? Une programmation inspirée et un accueil de proximité. videmment, Luneray n’est ni Vienne, ni Marciac, ni même Coutances, pour citer un exemple normand. Le petit festival indépendant de la région dieppoise créé en 1969 ne peut rivaliser avec ces grands rendez-vous du jazz. A défaut d’avoir une grosse structure et les moyens derrière, lui joue ses deux atouts, à savoir la proximité et la programmation. Et cela, on a pu le constater lors de la première soirée de ce week-end des 12 et 13 juin consacré au jazz. Déjà, la première chose qui vous interpelle quand vous découvrez le cadre du festival c’est son côté à la fois classe et champêtre. Il est plutôt amusant de voir des formations de jazz, de pointure nationale et internationale, jouer sous un hangar habituellement destiné à accueillir des véhicules de transport ! Parmi les éléments du décor, un rideau en toile de jute, rappelant les sacs à patates, a été accroché en fond de scène. Sûrement un clin d’œil à l’histoire du festival dont la jam session se déroulait à l’époque dans un silo... à patates ! A ce décor qui sent bon la campagne, s’ajoute la bonne humeur qui règne entre les bénévoles, le public et les musiciens. Tout ce petit monde se mélange dans les allées, en coulisses pour les musiciens, ou autour d’une “saucisse-frites” aux stands installés dans le fond du hangar. Les bénévoles de la JAM association et le chef d’orchestre de la soirée, Jean-Bernard Leroy, n’arrêtent jamais, mais gardent

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Julien Brun

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Les Oignon

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toujours le sourire. Les musiciens, eux, se dépannent et n’hésitent pas à se recruter mutuellement. Quant au public, plutôt familial, il circule à sa guise entre les stands et l’espace spectateurs. A observer tout cela, on se dit que le Jam Potatoes est un festival qui ne se conçoit qu’à échelle humaine !

La déferlante Brunetaud Pour cette première soirée du Jam Potatoes 2010, la programmation fut une belle découverte. Ne pas être spécialiste en matière de jazz était loin d’être un frein pour apprécier les concerts. Les six formations rappelaient, chacune à leur façon, que le jazz a vu le jour en Louisiane. Le trompettiste Wendell Brunious le premier, lui qui vient de la Nouvelle-Orléans. Parmi toutes les pointures qui se sont succédé sur scène, on retiendra la superbe voix blues de la chanteuse de Jambalaya et l’énergie de sa section cuivre ainsi que l’esprit fantaisiste des Oignons avec leur impressionnante danseuse de claquettes/ acrobate. Mais la claque de la soirée viendra du pianiste Julien Brunetaud. Accompagné de son trio, le musicien s’est promené, avec énergie et talent, dans plusieurs styles (ragtime, blues, jazz rock). Le grand gagnant à l’applaudimètre de cette très belle soirée. On en redemande pour la 42e ! Valérie Berthoule

C/0 : jampotatoes.net


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ACTU RETOUR SUR ACTU : LE HAVRE SOUS LES GRAFFS

Le graff décomplexé Samedi 12 juin 2010, les graffeurs ont investi les jardins de l’Hôtel de ville du Havre à l’occasion du “Havre sous les graffs”, un concours organisé par la galerie Hamon et la municipalité. Retour sur une journée haute en couleurs. l est 11h place de l’hôtel de ville du Havre. Depuis une heure, les 32 participants du concours s’activent, masques sur le nez et croquis en main. Tous munis d’une planche de 4m2 et d’un lot de bombes, ils ont jusqu’à 17h pour réaliser un graff en rapport avec le thème donné “le patrimoine Perret dans le cadre du Havre, patrimoine mondial de l’UNESCO”. À l’issue de cette journée, les œuvres seront exposées avenue Foch puis au Forum de l’Hôtel de ville.

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2ème prix : Benjy

photos : © ML

Un pari risqué “Cela faisait longtemps que je cherchais une manière de faire intervenir les graffeurs” explique Chantal Ernoult, adjoint au maire chargée de la culture et à l’origine du projet. “Les gens les assimilent trop souvent à des vandales, alors que ce sont de vrais artistes !”. Elle en parle donc à Fiona Hamon qui lance l’idée du concours. “C’était un

pari risqué mais c’est une grande réussite !”. Et après de longs mois de travail, “Le Havre sous les graffs” voit enfin le jour. “C’est un bel effort qu’a fait la ville du Havre” souligne Jace, graffeur professionnel et invité d’honneur de la manifestation.

Une belle vitrine pour les graffeurs Plus ou moins emballés par le thème du concours, les participants se prêtent pourtant tous au jeu. “Nous ne sommes pas habitués à avoir un sujet imposé, alors on s’adapte et on prend ça comme un challenge !” commente un graffeur. “C’est une vraie récompense de pouvoir graffer en public et d’être ensuite exposé !” s’exclame Junkie, étudiante à l’école des Beaux-Arts. L’ambiance est bon enfant et la compétition ne se sent pas : pour la plupart d’entre eux, les participants se connaissent déjà.

conseillé par Jace, donne son palmarès. Le 1er prix revient à Arthur et Oscar, deux frères, pour leur mise en perspective de l’architecture Perret. Le 2nd prix est donné à Benjy, pour son œuvre mêlant graff et calligraphie. Enfin, c’est Pares qui remporte le 3e prix, pour son portrait multicolore d’Auguste Perret. “En espérant que ça continue en 2011 en plus grand et avec de la musique…” conclut Fiona Hamon. À l’année prochaine ! Marie Lemé

C/0 : galerie.hamon.free.fr

Un public conquis Enfants, jeunes parents, ados, retraités, curieux, connaisseurs, photographes… Tous sont venus admirer les artistes. Et malgré son hétérogénéité, le public est unanime : “le graff’, c’est vraiment un art à part entière !”. Pour ce bel après-midi de juin, les gens ont laissé de côté leurs préjugés et l’énergie des graffeurs est entourée d’une foule de sourires. Déjà 18h, l’heure des résultats. Après avoir fait le tour des œuvres, le jury, 1er prix : Arthur et Oscar

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prix : Pares (visuel de fond)


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Cet été, nous vous proposons de voyager autrement à la découverte de séjours écologiques, équitables et solidaires. Rencontre avec des acteurs normands qui ont su créer un projet différent, original et innovant.

Dossier réalisé par Valérie Berthoule en collaboration avec Myriam Wenezoui Maquette : Nadia Younsi

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PRÉAMBULE : ENTRE TOURISME DE MASSE ET PRISE DE CONSCIENCE

À l’heure où certains bouclent leurs valises et branchent leur GPS, et d’autres s’interrogent encore sur leur destination estivale, ce dossier a pour objectif de montrer que des alternatives au tourisme traditionnel existent. e tourisme est la première activité économique mondiale ave c 7 0 0 m i l l i o n s d e p e rs o n n e s q u i voyage n t chaque année. Elle représente 12% du PIB mondial, crée 8% d’emplois et prévoit 1,1 milliard de voyageurs cette année et 1,6 milliard en 2020 (source : Organisation Mondiale du Tourisme). Face à cette montée en puissance, on peut s’interroger sur les problématiques engendrées à l’échelle planétaire… L’hyperconcentration des infrastructures touristiques qui détériorent leur e nv i ro n n e m e n t e t fo rc e n t d e s populations à quitter leurs terres, la disparition des espèces animales et végétales, la pollution provoquée par l’important trafic aérien, la surconsommation d’eau, la mauvaise redistribution des richesses entre les pays émetteurs de touristes, majoritairement au Nord, et les pays “exotiques” qui les accueillent, majoritairement au Sud, la flambée de la mendicité infantile ainsi que de la prostitution… Voilà une toute petite partie des maux causés par le tourisme de masse qui peuvent inciter à s’orienter vers des alternatives.

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Attention aux dérives… Phénomène encourageant : la prise en compte par un nombre croissant de voyageurs de l’impact à long terme que l’attitude du touriste peut avoir sur les populations et le développement économique du pays visité. D’où l’émergence depuis quelques années d’un tourisme dit “plus responsable” et durable. Qu’il soit éthique, équitable, écologique, solidaire ou socioculturel, ce tourisme repose sur l’aide au développement local ainsi que le re s p e c t d e s p o p u l at i o n s e t d e l’environnement du territoire d’accueil. Cependant, comme tout phénomène “de mode”, celui-ci fait parfois l’objet d’une récupération à des fins commerciales. Parmi toutes ces pratiques émergentes, il est parfois difficile de s’y retrouver et de séparer ce qui relève vraiment d’une démarche “écotouriste” de ce que certains nomment un “greenwashing” permettant à l’industrie du tourisme de s’assurer un vernis écologique à bon c o m p t e. I d e m p o u r l e t o u ri s m e s o l i d a i re. S i l ’ o n a j o u t e à c e l a , l’absence d’un label officiel, l’affaire se complique !

Particuliers et associations à l’initiative Pour préparer ce dossier, nous avons d o n c fa i t ap p e l a u x c o n s e i l s d’organismes reconnus pour leur intégrité et leur expertise dans leurs domaines respectifs, comme l’ATES* sur le plan national, ou l’ARDES* en région, afin de trouver en Normandie d e s i n i t i at ive s m e n é e s p a r d e s structures associatives ou de simples particuliers, sur le territoire normand ou à l’étranger. Les rencontres allaient se montrer à la hauteur de nos espérances : nous allions trouver des gens passionnés, investis et des projets qui font sens. Avis à tous ceux qui sont en quête d’un autre voyage…

*ATES : Association pour le tourisme équitable et solidaire *ARDES : Association régionale pour le développement de l'économie solidaire en Basse-Normandie

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JACQUES DUBREUIL : ORGANISATEUR I

Source : Jacqu

es Dubreuil

Source : Jacques Du breuil

En transit entre le Pays de Bray et l’Afrique de l’Ouest, Jacques Dubreuil monte des voyages en freelance et accompagne ses petits groupes dans une région de l’Afrique qu’il connaît très bien. Quand voyage rime avec rencontres et humilité.

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Je pense que le touriste devrait toujours avoir de grandes oreilles, de grands yeux et une petite bouche !


NDÉPENDANT DE VOYAGES

mesure que l’on écoute Jacques Dubreuil parler de s e s s é j o u rs, o n v i e n t à comprendre que faire dans la simplicité a tout d’une affaire compliquée ! “Il est beaucoup plus facile d’avoir tout, il n’y a qu’à ouvrir une brochure d’agence de voyages !” Installé à Mauquenchy dans le Pays de Bray, le travailleur indépendant monte des séjours en Afrique de l’Ouest francophone dans une démarche équitable et d’échanges culturels. Ce n’est pas son métier mais une activité menée en parallèle. “Une agence de voyages ne ferait pas ce que je fais. Nous ne sommes pas en concurrence dans la mesure où les produits que je monte ne leur rapporteraient quasiment rien !” Ses séjours s’adressent à des collectivités territoriales, des comités d’entreprises, des associations et des groupes de particuliers, en Normandie notamment. Un réseau de clients qu’il tisse et consolide depuis une vingtaine d’années, entre autres grâce à son activité professionnelle (la location d’hébergements) et une ferme de loisirs qu’il a montée chez lui dans le Pays de Bray.

Source : Ja

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Mettre en place des acteurs locaux Le Normand a appris à découvrir et à connaître une partie du continent africain depuis son service militaire effectué au Tchad. Tombé amoureux des cultures africaines et de ses hommes, il n’a cessé d’y retourner. En se lançant dans cette aventure, il voulait monter un projet

touristique qui mette en place des acteurs locaux et s’appuie sur un rapport de proximité. L’un de ses premiers contacts sur le sol africain fut Issa à Sokone, une commune du delta du Saloum, dans le sud du Sénégal. Issa avait le projet de construire un petit campement. “Je lui ai juste mis le pied à l’étrier en voyant avec lui ce qu’on pouvait faire en termes d’équipements pour accueillir mes clients. Depuis il a pris son envol, a crée une vingtaine d’emplois et travaille neuf mois dans l’année. Et son activité fonctionne toujours à petite échelle, loin des usines à gaz !” De fil en aiguille, Jacques Dubreuil a rencontré d’autres porteurs de projets et d’autres organisateurs de voyages, comme lui en freelance. Aujourd’hui, il monte des séjours au Sénégal, en Mauritanie, au Bénin, au Maroc, et peutêtre bientôt au Mali où il se rend régulièrement pour développer des contacts. Les activités proposées durant le séjour ont pour objectif de faire découvrir la richesse du patrimoine des populations et des territoires visités dans l’idée de revaloriser les pratiques culturelles, en prenant bien garde d’éviter le folklore. “En tant qu’accompagnateur, j’essaie de pousser plus loin la discussion avec les guides sur des sujets que n’osent pas forcément aborder les étrangers, comme les initiations par exemple. Jamais pour juger, mais pour comprendre les raisons philosophiques, spirituelles, etc. de ces traditions. Je pense que le touriste devrait toujours avoir de grandes oreilles, de grands yeux et une petite bouche !”

Réfléchir sur tout avant d’agir Et au cœur de ces séjours, il y a les rencontres. Faire se rencontrer des vies, des cultures, des idées, des expériences : voilà sa vision d’un tourisme qu’il veut humaniste. “J’organise par exemple des réunions avec les chefs de village et les instituteurs afin qu’ils exposent leurs idées, que les habitants parlent de leur façon de vivre et de leur quotidien au groupe de voyageurs. On a tellement à ap p re n d re d ’ e u x ! ” Q u a n d l e s échanges débouchent sur d’éventuelles participations à des projets de solidarité, Jacques Dubreuil n’hésite pas à rediscuter avec les membres de son petit groupe pour leur éviter de s’engager dans des projets contre-productifs. Il en va de même pour les dons. “Il faut faire très attention, réfléchir sur tout. Sans ça, on peut foutre en l’air une économie locale.” Participative, humaine et exigeante en tous points : c’est bien une expérience à part que propose Jacques Dubreuil… Quand on vous disait que faire simple c’était compliqué !

C/0 : voyages-insolites.fr

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PÔLE TOURISTIQUE SOLIDAIRE : À LA (RE)DÉCOUVERTE DU VÉLO DANS L’EURE

A Pont-Authou, dans la vallée de la Risle, le Pôle Touristique et Solidaire s’est spécialisé dans la location de vélos et les animations autour de cette pratique. Par cela, l’association innove et veut redynamiser un territoire rural en fédérant autour d’elle. ous sommes à Pont-Authou, p e t i t v i l l a ge vo i s i n d u Bec-Hellouin. Le chalet du Pôle Touristique et Solidaire partage le terrain avec un camping. Le cadre est charmant. De l’autre côté de la route, il y a le point de départ de la voie verte, qui s’étend sur 43km jusqu’à Evreux. Une implantation géographique idéale pour le pôle qui a pu profiter de cette proximité pour développer ses activités. L’infrastructure est spécialisée dans la location de vélos et l’animation cyclotouristique. S’appuyant sur un parc de 70 vélos, l’équipe animatrice organise des balades à thèmes ou combinées (avec du kayak, du cheval…) et met en place des ateliers ludiques et évolutifs autour de la pratique du vélo : (sécurité,

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mécanique, bonne pratique, maniabilité, etc.) Si elle prend en charge les ateliers et l’accompagnement sur la voie verte, elle collabore avec des structures pour certaines animations. A côté de cela, le PTS propose également aux randonneurs des paniers pique-nique ou goûter avec des spécialités locales. Son chalet abrite ainsi une petite boutique de produits du terroir et d’artisanat issu du commerce équitable.

Une double approche : sociale et touristique Pour développer l’ensemble de ses activités, l’association du PTS s’appuie sur un réseau de structures locales : associations, MJC, écoles, base de loisirs, petits producteurs, office de tourisme, etc. “On n’a rien inventé, mais on arrive ici en complément de l’existant”, explique Elise Le Roy, la créatrice du PTS. “Et mieux vaut agir à plusieurs que seul dans son coin.” Le projet a pour but de relancer une dynamique dans cette partie de l’Eure. Et ce territoire, Elise Le Roy le connaît bien. Forte de ses expériences passées, elle a vu son initiative être soutenue par l’ADRESS* en 2006 suite à un appel à projets. Et celui du Pôle Touristique et Solidaire se décline en deux approches : l’une sociale avec la proposition d’activités à des prix accessibles pour tous et l’autre touristique. “Notre objectif est de mixer les usagers locaux et les touristes. On

tient à ce que tout le monde ait accès aux mêmes services, sans discrimination.” Mais dans les faits, atteindre ce noble objectif n’est pas chose facile. D’une part, il y a la réaction des publics. “J’ai entendu des familles me dire à propos des activités touristiques que ce n’était pas pour elles. Il y a un frein financier et culturel. Mais on tient à cette partie d’animation sociale pour recréer du lien dans certaines familles autour du vélo.” D’autre part, il y a le positionnement vis-à-vis des financeurs politiques et des organismes touristiques, certains craignant que leurs aides n’aillent sur l’autre volet...

Parcours du combattant Pour l’instigatrice du projet, installer une activité cyclotouristisque sur ce territoire ressemble à un parcours du combattant ! De l’étude commencée en octobre 2006 jusqu’à aujourd’hui, le projet s’est construit en plusieurs phases. Ouvert en juillet 2008, le PTS ne fera une année d’exploitation complète qu’à partir de l’année suivante. Freins politiques, lenteurs administratives, financements avortés, crise, etc. ont été autant de handicaps sur son parcours. Et à ce jour, les difficultés financières que rencontre l’association pour développer la partie sociale sont toujours présentes. Il faut dire que la structure innove sur le territoire. Mais à cela, Elise la battante réagit avec


humour, citant Confucius : “Lorsque tu fais quelque chose, sache que tu auras contre toi ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voulaient le contraire et l'immense majorité de ceux qui ne voulaient rien faire.” Avec une personne comme Elise Le Roy, qui mène son projet avec force et conviction, et sait son utilité, on se dit que le Pôle Touristique et Solidaire ne peut que s’inscrire durablement dans le paysage de la vallée de la Risle. *Agence pour le développement régional de l'économie sociale et solidaire

>> Animations estivales : dégustation des produits du terroir, randonnées à vélo thématiques (histoire, nature), randonnées combinées vélo/kayak et vélo/cheval et rallye vélo.

C/0 : Ouvert tlj, 9h30-12h30 et 14h-18h, jusqu’à fin sept. Camping les marronniers, Pont-Authou (27) normandie-detente.fr 02 32 42 93 80

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LES TERRITOIRES PROVISOIRES : SÉJOURS EN PAYS DE BRAY

L’association Territoires Provisoires a imaginé une offre de séjours dans le Pays de Bray. Au cœur de ce projet expérimental : un terrain aménagé et des activités qui s’appuient sur la découverte de modes de vie alternatifs.

éatrice Boucharenc et son é q u i p e d e s Te r r i t o i re s Provisoires espèrent pouvoir mettre sur pied leur première maison dans les prochains mois. Cette installation inaugurera la matérialisation de leur projet initié il y a bientôt deux ans. L’idée étant, à terme, de gérer un terrain aménagé d’une quinzaine de petites habitations dans la campagne du Pays de Bray, en Haute-Normandie. Mais avant de voir cette initiative se concrétiser, il faut trouver des fonds, publics comme privés, pour financer les constructions, et l’association rouennaise travaille sur ce point. Le projet entre dans le cadre du développement de l’économie sociale et solidaire. Il a été retenu par l’ADRESS* après un appel à projets, ce qui a permis à l’association d’obtenir une subvention pour sa phase de faisabilité.

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© Marie-Hélène Labat

Mmob

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Béatrice Boucharenc

L’originalité du projet repose sur le concept des habitations. Il s’agit de prototypes de maisons en bois modulables et démontables imaginées par le concepteur et designer JeanBaptiste Trystram. Conçues dans une approche écologique, les “mmob” fonctionneront entre autres à l’énergie éolienne et solaire. Les

équipements alentours (toilettes sèches, douches solaires, cuisine collective) seront également basés sur le principe de l’économie d’énergie. Ce projet innovant s’accompagne d’un questionnement autour des modes de vie de nos sociétés. “On veut permettre aux gens de s’interroger sur leurs modes de vie, leur en faire découvrir ou redécouvrir d’autres”, explique Béatrice Boucharenc. En filigrane, l’association souhaite favoriser les échanges et créer de la familiarité entre la ville et la campagne. “Rouen est une ville très dense dont on n’échappe pas. De plus, les gens, jeunes comme adultes, n’ont plus vraiment de famille à la campagne donc ils ne sortent pas de leur ville.”

Des activités et un réseau associatif Pour inciter à la découverte de ces modes de vie alternatifs, Les Territoires Provisoires développent déjà des activités autour de la nature et du développement personnel en partenariat avec des associations du Pays de Bray comme Trésor de Jardin ou Du Coq à l’Ane. En tissant ce réseau associatif local, l’objectif est aussi de mutualiser les moyens pour faire avancer le projet. “C’est un projet basé sur l’entraide. J’aime bien l’idée que l’on retrouve dans


Mmob 3x3 vue extérieure

l’économie sociale et solidaire de profiter des compétences de chacun sur un territoire plutôt que de faire venir des gens exprès.” R é g u l i è re m e n t , l ’ a s s o c i at i o n programme des ateliers de cuisine bio et végétarienne, des randonnées sur plusieurs jours, des ateliers dessin... Si goûter à d’autres modes de vie avec Les Territoires Provisoires vous tente, l’association programme plusieurs activités et séjours durant l’été. En reva n c h e, à d é fa u t d e p o u vo i r expérimenter les maisons mobiles, il y a la tente… en attendant ! *Agence pour le développement régional de l'économie sociale et solidaire

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térieure

>> Ateliers cuisine santé le 13/07 Sorties de plein air du dimanche : atelier percussions les 18/07 et 29/08, sorties péniches à partir de sept. Stage de langue japonaise (+cuisine et camping), les 24 et 25/07 Randonnée buissonnière de l’été, du 21 au 28/08

C/0 : territoiresprovisoires.org 02 32 08 69 23

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ACCUEIL PAYSAN : FERME ET GÎTE DANS LA MANCHE

Une petite mise au vert à la ferme, ça vous dirait ? Le réseau Accueil Paysan propose une découverte de la vie paysanne loin des clichés. Rencontre avec la famille RochardLecrosnier, défenseur d’une agriculture respectueuse de l’homme et de l’environnement.

endroit est beau, paisible et préservé. La Ferme de la Motte se trouve dans le sud de la Manche, à la lisière de l’Orne. Ludovic Lecrosnier et Chrystelle Rochard gèrent une petite exploitation familiale de production laitière et cidricole en pratiquant une agriculture biologique. Plus qu’un mode de production et d’alimentation, il s’agit pour eux d’un mode de vie. Membre du réseau Accueil Paysan, le couple a ouvert il y a trois ans un gîte pouvant accueillir jusqu’à 8 personnes à l’intérieur de sa propre maison, une impressionnante demeure au passé seigneurial. La famille propose une véritable immersion dans son quotidien. Une façon de découvrir un monde paysan encore méconnu par certains et peu ou mal représenté, il faut le dire, dans les médias. Ne comptez pas sur eux, en effet, pour faire une animation “de terroir”, ici c’est du “vivant” que les accueillants souhaitent partager.

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Cuisine saine et équilibrée Suivant les opportunités et les saisons, les visiteurs peuvent ainsi suivre Ludovic pour la mise en bouteille du poiré, voir une vache mettre bas, écouter le couple et ses quatre enfants vous raconter autour d’un repas les anecdotes qui ont ponctué l’histoire de leur maison. Chrystelle fait également partager son goût pour la cuisine bio en organisant des ateliers thématiques (cuisiner les algues, les épices, les fleurs, des recettes “tout cru”, etc.). “L’idée c’est de passer un moment ensemble et d’échanger des façons de faire” explique l’animatrice en cuisine diététique. “Les gens s’en font souvent une montagne, mais j’essaie de leur montrer que cela peut être quelque chose de simple et d’agréable à faire au quotidien.”

Maîtres de la filière Comme le précise l’un des points de la charte éthique du réseau, Accueil Paysan est organisé et animé par ceux qui en vivent. Et c’est ce qui plaît

Solidarité rurale et internationale

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Depuis plus de 20 ans, Accueil Paysan propose plusieurs formules d’accueil à la ferme pour le développement d’un tourisme durable et social. Cela comprend : le soutien pour le maintien de l’activité paysanne et d’une vie décente, la revalorisation des savoir-faire paysans, la pratique d’une agriculture respectueuse de l’environnement. Ce groupement d’agriculteurs et d’acteurs ruraux a construit son réseau sur tout le territoire français, métropole et outre-mer, et développe des coopérations à l’international pour soutenir les paysans à travers le monde. Il est ainsi présent dans 24 pays, en Europe, en Afrique et en Amérique.


e de la Motte Source : Ferm Motte Source : Ferme de la

p a r t i c u l i è re m e n t a u c o u p l e d’agriculteurs. “On est totalement maître de la filière”, souligne ainsi Chrystelle. Issus des réseaux alternatifs, les Rochard-Lecrosnier sont des gens passionnés et convaincus, sans pour autant vouloir vous rallier à leur cause. Leur moteur reste la rencontre. A la Ferme de la Motte, vous l’aurez compris, on ne cherche pas à faire dans le spectaculaire. Mais toujours est-il que l’on en repart avec un je-ne-sais-

quoi en plus… Il y a des gens comme ça que l’on croise et qui vous marquent.

C/0 : La Motte, Saint-Cyr-du-Bailleul (50) 02 33 49 64 62 rochard.lecrosnier@orange.fr accueil-paysan.com

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Cela fait quatre ans maintenant qu’il s’est lancé, corps et âme, dans son projet de séjours touristiques. Quatre années qu’il partage sa vie entre la région caennaise et la région du Maule au Chili. Son approche tout aussi personnelle que professionnelle propose une immersion dans la culture de son pays et un véritable partage “à la chilienne”.

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s Source : Guillermo Riva

ANDINA CHILI : UN PROJET DE VOYAGE ÉQUITABLE PRÈS DE CAEN

Guillermo Rivas

raîchement revenu du Chili, Guillermo Rivas nous raconte avec enthousiasme son dernier séjour. Il est de retour chez lui, à Ifs, près de Caen après quatre mois passés dans sa région du Maule, au centre du pays. Nouveaux contacts, travaux d’aménagement, achats d’équipements… le projet avance. Le président de l’association Andina Chili part chaque année dans son pays natal. “Travailler son réseau de contacts prend du temps. Je me mets notamment en lien avec des gens qui oeuvrent dans le commerce équitable : artisans, agriculteurs, vignerons, apiculteurs, fructiculteurs, etc.” Le point d’ancrage de ses séjours, destinés à des petits groupes de

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touristes français et chiliens, n’est autre que la propriété familiale des Rivas, située dans une grande exploitation agricole. Elle sera le camp de base du groupe et le lieu où découvrir les traditions familiales, ainsi que la vie des paysans travaillant sur l’exploitation et les fermes des environs. L’exploitation des Rivas comprend des activités d’élevage, d’apiculture, de viticulture et d’oléiculture. “Les agriculteurs d’ici travaillent dans un mélange de modernité et de rusticité : ils utilisent encore des moyens artisanaux tout en pratiquant une agriculture biologique.” Le séjour sera également axé autour de la randonnée pour partir à la découverte de la richesse du patrimoine naturel de la région et à la rencontre de


Source : Guillermo Rivas

Dressage d’un jeune cheval de

ses populations. “On fera des haltes dans des petites auberges chez des paysans et on organisera des rencontres avec des artisans et des pêcheurs indiens, dans le Maule et à Araucanía, la région des indiens mapuches.”

Une mauvaise expérience, un élément catalyseur Le Chilien, installé en France depuis trente ans, a monté son association en 2006. Depuis le début, il est épaulé par Hervé Bernard de l’association caennaise du CITIM*. Intéressé depuis longtemps par le tourisme au Chili, Guillermo a travaillé dans un premier temps comme guide pour le compte d’un tour opérateur. Une expérience dont il garde un goût amer, mais qui déclenchera son envie de se tourner vers le tourisme équitable. “On voyageait en car et on allait passer la journée avec des indiens. On était loin de la réalité. Ce n’était pas du toutmavisiondelarencontre.Etjeneparle

pas des conditions de rémunération : l’argent était très mal rétribué. L’approche, fausse et irrespectueuse, m’a choqué.” Le président d’Andina Chili aménage progressivement la propriété avec l’aide administrative et logistique de la commune de Cauquenes, et le coup de main de ses proches. Mais voilà, l’apport en fonds personnels et l’entraide seuls, ne suffisent pas pour pérenniser le projet. C’est pourquoi son concepteur compte sur des financements de projets soutenus par l’état chilien et des entreprises, mais aussi sur les recettes générées par un autre volet de son projet de voyages, plus rapidement rentable lui. L’ancien coach sportif monte ainsi un produit autour du golf pour une clientèle aisée. “Pour avoir de la trésorerie, il faut également proposer des voyages davantage orientés vers le luxe, donc plus chers. D’où l’idée du golf.”

la ferme

Contraintes et progrès Les contraintes de temps et d’argent, la crise économique, le tremblement de terre, la frilosité des autres acteurs du tourisme, les longues et multiples démarches pour convaincre les interlocuteurs sont autant d’embûches rencontrées sur son chemin. “D’un autre côté, je me dis que les choses progressent en termes d’accueil.” Et elles avancent également au niveau des partenariats : pour la prise en charge des billets d’avion, Andina Chili devrait travailler avec Culture au cœur, une petite agence de voyages culturels. “Le but pour moi est d’arriver à faire partir un premier petit groupe l’année prochaine. Ce serait alors la concrétisation d’un rêve…” ¡ Entonces, ánimo y suerte ! C/0 : andinachili.com *coordination information tiers-monde, membre du réseau Ritimo (réseau des centres de documentation et d’information pour le développement durable et la solidarité internationale)

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© Alain Latapie-Bayro

LES CHEMINS DU VENT : ASSOCIATION DE RANDONNEE DU CALVADOS

Si l’on associe souvent la randonnée au respect de la nature, pour certains, il est tout aussi important de prendre en compte l’environnement humain. C’est le cas de l’association Les Chemins du Vent qui essaie de conjuguer marche avec solidarité. es randonneurs des Chemins du Vent disent se sentir plus voyageurs que touristes. Quand ils s’arrêtent au cours de leurs itinéraires, c’est davantage pour aller à la rencontre de l’autre que pour faire une séance photo. Située à Ifs, en périphérie de Caen, l’association affiliée à la Fédération de randonnée pédestre compte près de 75 adhérents. En dehors des randonnées programmées à la journée dans la région normande, elle organise environ 8 séjours par an en France ou à l’étranger en petit groupe. Cette année, les marcheurs ont entre autres sillonné le pays Diola au Sénégal et la région de l’Aubrac en France avant de prendre la direction du Cotentin, du Haut-Atlas marocain et de la région de l’Annapurna au Népal au second semestre 2010. Puis ce sera au tour de la Tunisie et du Cambodge l’an prochain et probablement de la région du Ladakh en Inde en 2012.

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Si à ses débuts, la structure associait simplement marche et bien-être, l’aspect solidaire est très vite venu s’y ajouter. Les populations locales sont ainsi au cœur du processus d’accueil dans la démarche. “Il nous a semblé évident que l’argent que l’on apportait en tant que voyageurs, profite aux acteurs locaux : les paysans qui nous hébergent, les cuisiniers, les guides, les artisans, les petits producteurs, etc.”, souligne Alain Latapie-Bayro, président de la structure.

Echange de services Pour organiser ses voyages à l’étranger, l’association fait appel à un guide local afin qu’il lui propose une prestation et un itinéraire. “On est dans l’échange de services, pas dans le don. Au Népal, notre prestataire finance un dispensaire et des bourses pour des écoliers. On a eu une discussion avec lui à ce sujet : il ne souhaitait pas que l’on parraine ses actions, mais plutôt que l’on apporte du

travail aux personnes qu’il emploie à l’occasion de notre séjour.” L’association favorise également l’économie locale dans le cadre de ses séjours dans l’Hexagone, privilégiant ainsi les hébergements en milieu rural. Plus généralement, quelque soit le lieu où le petit groupe de voyageurs est accueilli, dès lors qu’il ne dort pas à la belle étoile ou sous une tente, il vit comme ses hôtes, “dans le confort local” ! Derrière cela, il y a aussi l’idée de se retrouver en immersion complète dans le mode de vie et la culture des accueillants.

Micro-projets de développement Fréquemment, les marcheurs des Chemins du Vent se questionnent sur la manière d’aider sans assister, d’aider en minimisant le plus possible l’impact


Voyage "Nouvel

An 2010..." dans

la région de Do

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mbre 2009

al) en nove

© Alain Lata

sur les équilibres locaux, qu’ils soient économiques, sociaux ou environnementaux. Leurs visites régulières dans les villages du Haut-Atlas, par exemple, leur ont permis de créer des liens avec le tissu local et de s’intéresser à des micro-projets de développement. Pour l’instant, ils poursuivent leurs réflexions afin d’en étudier les tenants et les aboutissants. “On se doit d’être vigilants avec les projets de micro-crédits. Il faut veiller, par exemple, à ne pas mettre tous les œufs dans le panier du tourisme, au risque de créer une grave dépendance.” Actuellement, Les Chemins du Vent participent au financement de classes de la seconde

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dans la cam

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Rencontres

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chance au Niger en partenariat avec une autre association normande, Freddie La Vie au Niger. Sur le sentier de la solidarité, le parcours est peut-être long et délicat mais s’avère tout aussi riche et passionnant !

C/0 : chemins.du.vent.free.fr lescheminsduvent.14@wanadoo.fr 06 88 09 10 03

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SAVOIR-FAIRE & DÉCOUVERTE : STAGES ET SÉJOURS EN MILIEU RURAL

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Un réseau national “Le principe de ces stages, c’est que l’on est là pour apprendre quelque chose et le faire par soimême”, explique Nadia Nadak, chargée de communication au sein de la structure. Avec, en filigrane, la revalorisation des activités professionnelles et le soutien de l’économie en milieu rural. “On se retrouve plongé dans le quotidien du professionnel. Ces stages permettent de faire connaître les savoir-faire et les produits locaux. Tous les artisans, paysans et producteurs s’engagent pour cela à utiliser des produits naturels.” En Basse-Normandie, Savoir-faire et Découverte travaille avec une quarantaine de professionnels, rétribués à hauteur de 70% sur le tarif du stage. Aujourd’hui, la structure est implantée dans une dizaine de régions animées par des correspondants dans chacune d’elles. Une gestion à l’échelle nationale assurée depuis La Carneille, un paisible village de quelques centaines d’âmes du bocage ornais… Et à part ça, il ne se passe rien dans nos campagnes ?!

C/0 : La Caillière, La Carneille (61) lesavoirfaire.fr – 02 33 66 74 67

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adak

est une pratique qui fait un véritable retour en force : l’apprentissage de savoirfaire anciens ou oubliés autour de l’écologie et des produits naturels. C’est aussi le créneau de Savoir-faire et Découverte depuis plus de dix ans. L’association basée dans l’Orne programme des stages tout au long de l’année chez les artisans et producteurs à la campagne. On peut ainsi apprendre à construire un mur en torchis ou une yourte, fabriquer son propre four à pain, réaliser des enduits à base de chaux ou de terre, concevoir des objets en mosaïque ou papier mâché, faire du pain et des viennoiseries, fabriquer des cosmétiques naturels et huiles essentielles, éduquer son cheval ou son âne… Les stages se déroulent à la journée ou sur plusieurs jours. Dans le cas d’un séjour, les participants sont alors hébergés par le maître de stage ou orientés par l’association vers des campings, gîtes ou chambres d’hôtes situés à proximité.

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Envie de passer quelques jours à la campagne auprès d’un petit producteur ou d’un artisan pour acquérir son savoir-faire et ses techniques ? L’association Savoir-faire et Découverte organise des stages dans le bâti écologique, la fabrication de produits de bien-être naturels, la cuisine ou la connaissance de la nature et des animaux.


© Nadia Nada k

3 formatrices, 3 savoir-faire, un même souci éthique Notre visite chez Savoir-faire et Découverte à La Carneille a été l’occasion d’aller rencontrer les professionnels du réseau installés dans les villages aux alentours.

Première étape chez Laurence Féron. Dans son atelier-boutique de douceurs végétales, l’épicière-productrice initie les stagiaires à la fabrication de confitures, gelées, pâtes de fruits, compotes, fruits confits et autres dérivés à base de fruits. Au programme : cueillette des fruits (non traités, évidemment !), fabrication au four à bois et entre temps, passage à table pour un déjeuner en compagnie de l’affable épicière !

Seconde étape dans un centre d’éducation éthologique, chez Sophie Szirmay. L’éducatrice de chevaux, personnage atypique et méthode à l’avenant, travaille avec les stagiaires sur la relation de confiance entre le cavalier et le cheval et le respect de l’animal. Sa méthode est en partie basée sur le mental avec un jeu de regards, de postures et de gestes, sans jamais avoir recours à la force ni à la soumission. On obtiendrait, in fine, de meilleurs résultats qu’avec la méthode traditionnelle.

Cécile Mingot est apicultrice. C’est dans sa petite exploitation implantée dans la vallée de l’Orne, un sanctuaire pour la faune, que nous faisons une ultime halte. L’apiculture qui y est pratiquée est sédentaire et bio. L’objectif de ces deux jours de stage est de savoir monter ou développer un rucher familial. Outre la partie théorie, côté pratique on peut ouvrir les ruches (s’il fait beau) et faire de l’extraction l’été. Pendant ce mini-séjour, les participants sont hébergés sous une yourte et ont le droit à un petit-déjeuner avec miel et pollen... Miam !

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RÉFLEXIONS ET PERSPECTIVES

Label, financement, rôle du consommateur… Passage en revue des enjeux nécessaires au développement du tourisme alternatif aux côtés de Julien Buot, coordinateur de l’ATES*.

près lecture des initiatives présentées dans ce dossier, plusieurs questions apparaissent : de quelles manières ce genre d’offres peut-il se développer pour participer à l’essor d’un tourisme responsable ? Où se renseigner pour en trouver ? Comment s’assurer de leur éthique ? Si ces initiatives sont sérieuses et dynamiques, certaines d’entre elles n’en sont pas moins limitées dans leur portée et parfois encore fragiles économiquement. Leur pérennité et leur développement sont en question. On pense en premier lieu à l’action politique et le soutien financier des collectivités territoriales sur des programmes relevant, par exemple, de l’économie sociale et solidaire. Mais est-il possible d’attendre des aides au-delà de leur lancement,

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qui plus est dans une conjoncture économique défavorable ? Difficile de miser là-dessus. Dans ce cas, comment alors peuvent-elles agir, à leur niveau ? Julien Buot, coordinateur de l’ATES, souligne deux enjeux pour ces offres : d’une part, la nécessité de développer des outils de communication pour se faire connaître; d’autre part, la structuration, en mutualisant et fédérant en réseau les initiatives sur le territoire. “De notre côté, on fédère déjà une vingtaine d’associations de voyages en regroupant des offres mu l t i p l e s . S e s t r u c t u re r p e u t permettre à certains de continuer à se professionnaliser et de se valoriser auprès des comités de tourisme ou des guides de référence comme celui du Routard.”

Vision caricaturale Mais la nature du tourisme alternatif n’est-elle pas justement de rester confidentielle, de fonctionner à petite échelle, afin de se démarquer du tourisme de masse et d’en éviter les écueils ? Pour le représentant de l’ATES, la problématique se trouve plutôt dans la bonne répartition des flux touristiques. “Idéalement, il faudrait voir s’implanter plein de petits projets ici et là au lieu d’une concentration en pôles.” Pourtant la demande pour un tourisme plus éthique va croissante. L’ATES en fait le

constat. “On reçoit beaucoup de sollicitations de la part de comités d’entreprise par exemple. Cela dit, même si un organisme comme le nôtre est de plus en plus visible, l’offre a l t e rn at ive n e l ’ e s t p a s e n c o re suffisamment et son image fait encore trop souvent l’objet de caricatures. C’est associatif, alternatif ou militant donc c’est bénévole ou amateur : non !” Le développement encore limité du tourisme responsable s’explique aussi par l’absence de label officiel, à la différence d’autres secteurs du développement durable comme l’agriculture biologique. En théorie, la création d’un label pourrait ainsi “faire le ménage” en dissociant les bonnes des mauvaises pratiques et en contraignant certains grands voyagistes à se responsabiliser pour des questions d’image. Dans la pratique cependant, la mise en place d’un label se complique, rien qu’en termes de coûts. En effet, il paraît difficilement concevable d’évaluer les engagements pris par les voyagistes en envoyant des experts dans l’ensemble des agences et des lieux de destination. Toutefois, à défaut d’un label commun, il reste des organismes de référence à l’image des Parcs Naturels Régionaux en matière d’écotourisme. Dans le domaine du tourisme solidaire, l’ATES, elle, met en place un système d’évaluation de ses associations membres. “On


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commence à obtenir des résultats. L’idée, c’est de tirer les pratiques vers le haut. La transparence constitue un point essentiel dans ce travail, savoir où va exactement l’argent du voyageur est un enjeu primordial.”

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Mais au-delà de ces réflexions, l’avenir du tourisme responsable semble dépendre avant tout de l’évolution des habitudes de consommation, d’où un travail nécessaire à entreprendre en termes d’ “éducation”. Et là revient un terme-clef dans la notion de développement durable, celui de “consommacteur”. Julien Buot : “Dans la parole, les gens expriment leur envie d’une offre alternative, plus éthique. Dans les faits, c’est plus complexe… Mais il y a un travail à faire pour que le consommateur devienne acteur.” Et c’est là le rôle de prescripteurs comme l’ATES, les médias, les comités d’entreprise, l’Éducation nationale, la famille... L’avenir du tourisme responsable est entre nos mains. Nous voulons un tourisme plus respectueux ? Dont acte ! C/0 : tourismesolidaire.org

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*ATES : Association pour le tourisme équitable et solidaire

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Exposition Idées de lumière - Jacques Le Chevallier Décorateur, peintre, graveur, maître verrier, Jacques Le Chevallier a exercé ses dons d'artiste dans de nombreux domaines. Egalement au Musée d'art et d'histoire à Avranches et à l'Abbaye de Hambye.

© Succession H. Matisse _ Photo Philip Bernard

> peinture/dessin - jusqu'au 31/09

Autoportrait au béret © DR (collection privée)

Granville (50) Musée d'art moderne Richard Anacréon

Matisse et le livre illustré Avranches (50) Scriptorial d'Avranches “Le livre ne doit pas avoir besoin d'être complété par une illustration imitatrice [...] Le dessin doit être un équivalent plastique du poème.” Henri Matisse.

> peinture/écriture - jusqu'au 12/09 Charles d’Orléans, Poèmes Poèmes manuscrits et illustrés par Henri Matisse Frontispice et page de titre Paris, Tériade, 1950 _ Donation Alice Tériade en 2000 Musée Départemental Matisse, Le Cateau-Cambrésis

Violet de Bayeux Neuf artistes exposeront des œuvres inédites avec une seule “contrainte” : l'utilisation de la couleur violette. Avec Stéphane Bordarier, Joël Hubaut, Jean Le Gac, Catherine Lopes Curval, Jean-Michel Othoniel, Claude Rutault, Sarkis, Claude Viallat et Jacques Villegle.

> exposition collective - jusqu'au 19/09

Anonyme, Les marchands de musique ambulants, huile sur bois, coll. Musée municipal d'Avranches

Bayeux (14) Le Radar

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© Jacques Villeglé

Chanter, jouer, danser... Vire (14) Musée de Vire Traditions musicales en Normandie (XVIIIe-XXe siècles)

> traditions - jusqu'au 31/10


Et aussi...

Rouen (76) Musée de la Céramique

Honfleur (14) Musée Eugène Boudin

La céramique impressionniste.

Dans le cadre de Normandie Impressionniste.

Vase gourde, Paysage fluvial et fleurs de pavot

Emaux atmosphériques

Honfleur entre tradition et modernité 1820-1900

> céramique - jusqu'au 26/09

> peinture - jusqu'au 06/09

L'Estampe impressionniste Caen (14) Musée des Beaux-Arts Avec Manet, Pissaro, Degas. Dans le cadre de Normandie Impressionniste.

> estampe - jusqu'au 05/09

Le concombre géant Coucou St-Nicolas d'Aliermont (76) Musée de l'Horlogerie

© Coucou, dessin original de Marc Mifune

Des premiers mécanismes à la bande dessinée.

> bande dessinée du 09/07 au 31/12

> photo jusqu'au 31/10

> installation - jusqu'au 27/12

St-Martin-des-Besaces (14) Musée de la Percée du Bocage Mois de la photographie en Bocage normand.

> photo - jusqu'au 30/09

(Lumière) - Pierre-Yves Paris St Laurent de Terregatte (50) L'Autre café

Olivier Mériel - Étretat, les barques, mai 2009 tirage par contact © Olivier Mériel

A travers 40 photos, Olivier Mériel a retrouvé les lumières des paysages impressionnistes normands. Dialogue de la couleur et du noir et blanc avec une même rencontre, la lumière.

Chaque semaine, tous les lundis, découvrez 3 nouvelles œuvres d'un artiste avec des interventions éphémères et des surprises.

Mur de l'Atlantique, le hors-champ de l'histoire Alain Jarocinski

Lumière argentique Olivier Mériel Giverny (27) Musée des impressionnismes

Cherbourg-Octeville (50) Le Grand Musée du petit parapluie

Installation évolutive qui vous invite aux rêves au fil des manifestations de ce café galerie brocante situé près du Lac de la roche qui boit.

> installation - jusqu'au 30/09

Une ville pour l'impressionnisme Rouen (76) Musée des Beaux-Arts Avec des œuvres de Monet, Pissarro et Gauguin.

> peinture - jusqu'au 26/09

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1939-1945 : Les Valeriquais se souviennent St-Valéry-en-Caux (76) Maison Henri IV En juin 1940, le ville de St-Valéry-en-Caux fut le théâtre d'une tragique défaite des forces alliées face aux armées allemandes. Photos, objets et documents témoignent de cette époque.

Vue de l’installation “Champignon pour pieds de meubles” de Michel Blazy, 2010. Kombucha, canapé, chaise, plante verte et lampe. Production Frac Basse-Normandie.

> histoire - jusqu'au 19/09

Le dit général Rommel et le major général Fortune

Exposition

Champignon pour pieds de meubles Michel Blazy Caen (14) FRAC BN Cette exposition se déroule en deux temps afin que ses expériences à base d'aliments et de champignons arrivent à maturation. Cette seconde période s'inscrit dans le cycle de vie : naissance, croissance puis décomposition.

> installation - jusqu'au 15/08

Dans un jardin © Yves Klein Monochrome bleu avec feuilles d’or - 30 x 24 centimètres © Studio Photsea, Port la Nouvelle Collection privée Piet Moget en dépôt longue durée au L.A.C. © adagp, Paris 2010

Sotteville-lès-Rouen (76) FRAC Haute-Normandie Un hommage au Déjeuner sur l'herbe et au jardin de Monet à Giverny par une vingtaine d'artistes contemporains français ou étrangers ayant travaillé sur le thème du pique-nique et des loisirs ou sur celui du jardin ou de Giverny.

© Jean-Claude Bélégou “Le Déjeuner sur l’herbe”, 2001/2004

> photo/vidéo - jusqu'au 10/10

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Les Elixirs de Panacée Fécamp (76) Palais Bénédictine Ces artistes contemporains travaillent les questions de la transformation des matériaux, de leur préciosité et de la quête du savoir.

> matériaux - jusqu'au 17/10


Et encore...

Les héritiers de l’impressionnisme aujourd’hui

Une campagne photographique dans l'Eure

Montivilliers (76) Réfectoire de l’abbaye et Gare

Evreux (27) Musée d'Evreux Au temps de l'impressionnisme, écho contemporain avec Daniel Quesney.

Dans le cadre de Normandie Impressionniste 2010.

> peinture - du 03/07 au 12/09

> photo - jusqu'au 26/09

La lumière en écho Rouen (76) Jardins de l'Hôtel du Département > impressionnisme et art vidéo jusqu'au 30/09

Peindre en Normandie

© Apex

Evreux (27) Maison des Arts Plus d'une centaine d'œuvres d'artistes connus et moins connus autour de la représentation de la Normandie à la fin du XIXe et au début du XXe siècle dans le courant de l'impressionnisme et du fauvisme.

Entrée de l’exposition Très toucher, “l’entrée des mains” ou “le tunnel caressant”

Chauves-souris et Très Toucher & Touche atout

> peinture - jusqu'au 11/07

Le Havre (76) Muséum d'Histoire Naturelle Venez percer les mystères du monde des chauves-souris et redécouvrez en tâtonnant des mains ou des pieds le sens du toucher. Visite commentée les samedis à 15h, ateliers enfants les mercredis à 15h30 et les dimanches à 14h30, contes jeune public les 07/07, 04/08 et 01/09 à 15h.

Dentelles au jardin Alençon (61) Musée des Beaux-Arts

Rémanence Christine Maigne Caen (14) Arthothèque Christine Maigne développe un monde organique sous la forme de pilosité noire sauvage qui, telle une végétation, envahit l'espace. Ces pilosités ne sont peut-être que des rémanences, des traces d'anciennes présences, humaines ou artificielles, qui nous laissent songeurs...

> installation - jusqu'au 28/08

Rémanence, installation 2010, vues d’atelier, © Christine Maigne

> découverte - jusqu'au 24/10

Les trésors du Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle d'Alençon revisités par une artiste contemporaine Annie Bascoul.

> installation - jusqu'au 03/10

Océans Cherbourg Octeville (50) La Cité de la Mer L'exposition raconte l'épopée et les moments forts du tournage du film Océans de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud.

> nature - jusqu'au 12/09

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Exposition

Wildlife Photographer of the year Rouen (76) Muséum © Lorenz Andreas Fischer, Suisse

Chaque auteur décrit les conditions environnementales et techniques de la photographie traitant de la nature qu'il présente.

> photo - du 03/07 au 26/09

© Abside de l'église Saint-Pierre de Caen. 1852 (Musée de Normandie)

La Pierre de Caen Caen (14) Musée de Normandie Des dinosaures aux cathédrales : le parcours hors normes de la pierre de Caen et sur le travail difficile des carriers et tailleurs de pierre qui l'ont extraite du sous-sol ou mise en œuvre.

> architecture - jusqu'au 31/10

Partage - Gérard Remigereau et Brigitte Dam

© Hervé Brebant , cg27

Boscherville (76) Abbaye Saint-Georges > peinture/sculpture jusqu'au 10/10

Ex Argilla Gisacum (27) Site archéologique > céramique contemporaine - jusqu'au 12/09

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