Prisme magazine stéfani rocher veaute lacout

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L

e tricotage est une longue histoire. C’est au IV et Vème siècle que sont retrouvées les premières pièces de tricot. Les arabes importent par la suite cette pratique en Europe, où elle se développe et s’impose comme la technique pour se vêtir. Mais désormais considéré comme un loisir créatif, le tricot fait un retour en force remarqué. L’explosion ces dernières années du « Do It Yourself » ont participé à l’augmentation de cette pratique et pas seulement auprès des femmes « mûres » qui souhaitent réaliser des écharpes et bonnets à leurs petits enfants. Aujourd’hui, les « jeunes branchés » s’emparent de cette tendance en la modernisant par de nouveaux concepts.

Dark Knight Club

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ENQUETE

&

Tous à vos aiguilles ! Deux fois par mois, un petit groupe de femme se réunit afin de tricoter ensemble. Héléne Marty, fondatrice du collectif « Dark Knit Club » nous explique tout sur l’art de tricoter. C’est en décembre 2012 qu’est créé ce collectif. L’objectif ? « Passer un bon moment, rencontrer des gens, faire d’une activité individuelle une activité collective ». Ces femmes folles de tricot se regroupent dans le salon de thé « Cécile et aimé » ou dans le bistrot « Le coq de la place » autour d’un plat ou d’une boisson chaude. Les stéréotypes restent cependant bien ancrés dans l’esprit masculin. Hélène Marty affirme en rigolant que certains hommes sont « choqués » en voyant l’âge des tricoteuses « elles sont jeunes et elles tricotent ».

Dark Knight Club

Le club aveyronnais a même fait l’objet d’un article sur le webzine spécialiste des arts de la laine « In the loop ». Dark prisme

Knit Club a été le troisième « café-tricot » de France recensé par ce site. Ce collectif n’attend maintenant plus que le sexe fort, « le premier homme qui tricote aura un verre offert ». La gente masculine sait désormais ce qui lui reste à faire…

Focus créateur C’est en 1994 que Catherine André, prodige en matière de maille, décide de créer ses propres modèles après une longue carrière au côté de grands stylistes. Implantée à Millau, son activité connaît d’emblée un énorme succès. Elle est désormais une référence dans ce milieu. 4


ENQUETE

Yarn bombing : la nouvelle tendance

bain de tricot : panneaux de signalisation, monuments, bancs mais aussi des éléments de paysage naturel comme les jardins, les troncs d’arbre.

En mai 2012, la ville d’Angers voit déferlait une armée de tricoteurs dans le cadre de son festival d’art urbain Artag. A cette occasion, Magda Sayeg, grande prêtresse du mouvement Yarn bombing, recouvre de tricot le pont Confluences. Le Yarn bombing ou tricot-graffiti est une forme d’art urbain qui utilise le tricot.

A l’instar des graffeurs, les tricoteuses embellissent les villes de leurs œuvres molletonnées.Ce phénomène envahit également la capitale. Et plus particulièrement, Montmartre et les Tuileries où les arbres ce sont vu rhabillés par le « Collectif France Tricot ». Ce gang de tricoteuses est l’un des précurseurs en France, organisant des actions qui attirent Cette pratique consiste à toujours plus la curiosité du envahir la rue en utilisant et public. en recouvrant le mobilier urprisme

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Entre peinture & cuisine

RENCONTRE

tion, quand une idée me passe par la tête, elle

Reconnu pour sa cuisine locale et de peut déboucher sur un plat et être le début de qualité, Jean Luc Fau est chef au restau- quelque chose. Après il faut veiller à travailler. rant gastronomique Goûts & Couleurs à Rodez. Egalement peintre, nous avons «Je suis finalement très voulu en savoir plus sur ce personnage sensible à l’intuition, quand qui exerce à la croisée de deux champs une idée me passe par la artistiques.

→En quoi l’art et la cuisine se complètent t’ils ?

Ce sont deux activités où on peut s’exprimer. Il y en a une qui porte sur l’éphémère, puisque la cuisine se consomme et reste seulement dans le souvenir. Et la peinture, où il y a une pérennité des tableaux, qui fait que cela se conserve. Ceci dit, que ce soit sur la cuisine ou la peinture, c’est le souvenir qui reste. En principe, on ne passe pas sa vie devant un tableau.

tête, elle peut déboucher sur un plat et être le début de quelque chose.»

Vous inspirez-vous de votre peinture pour dresser vos plats ? Forcément il y a un lien. Ceci dit, un beau plat n’est pas seulement un plat qui est beau à regarder. C’est tout un ensemble et il faut aussi que le goût fonctionne. Donc c’est quand même les saveurs qui prédominent et qui sont Où puisez-vous votre inspiration, aussi bien les premières dans le processus. pour la cuisine que pour la réalisation de vos tableaux ? Est-ce la même inspiration exploitée pour les deux arts ? Quel plat le plus « décalé » avez-vous réalisé ? J’ai plusieurs inspirations en peinture. Une qui Cela pourrait être le calamar « Pierre Soulages s’inspire de la cuisine et éventuellement des ». Au départ, je suis parti d’un calamar à l’encre recettes. Et une inspiration végétale qui pré- de sèche car à l’évocation du noir, on pense à domine sur mon travail. Quant à la cuisine, Soulages. Ensuite, il est servi avec un riz noir à c’est principalement une cuisine que j’ai envie l’espagnol. On peut donc y trouver de l’anis vert, de manger (rires). Les voyages sont aussi très de l’essence de violette dans une écume, qui importants pour l’inspiration, ce n’est jamais la elle aussi est toute noire, et du risotto à l’encre. reproduction de plats. La gastronomie est un Cela donne une assiette toute noire, où les couart que j’ai découvert assez tard, parce que je leurs sont inclues dans les goûts. Le peintre en n’avais pas l’occasion d’aller au restaurant plus a mangé 2 fois, à la première il a cru à une plaijeune. Je suis finalement très sensible à l’intui- santerie. A priori, il a aimé. prisme

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DétouR nement d’Hatt

ARTS PLASTIQUES

C’est au « Café de la Paix » à Rodez, dans une ambiance feutrée et détendue que l’artiste Cyril Hatt s’est confié.

S

on travail est unique : muni d’un simple appareil photo compact et d’une agrafeuse, il réalise un travail plastique de sculpture à base de fichiers numérisés sur des formats 10/15. Une reproduction mécanique des choses. Même échelle. Même couleur. Et une préparation PAO très faible pour garder le sujet le plus brut possible. Son inspiration, c’est dans la société de consommation, le quotidien et son dialogue avec les autres qu’il la trouve, « Ça vient quand ça vient... ».

change et c’est l’œuvre qui se métamorphose. L’artiste assume totalement ses créations périssables. Il accepte que dans cent ans il n’y aura plus rien ou que ses œuvres ne correspondent plus à ce qu’elles ressemblaient à leur production.

Un travail surprenant Ses œuvres se distinguent par une approche personnelle. La plastique joue un rôle déterminant, avec un aspect physique par rapport au papier. Cyril Hatt cherche à questionner un support qui véhicule des images fortes. Les choses que l’on ne maitrise pas, la photo parvient à les immortaliser. Ses photos transpirent des idées, évoluent avec le temps et se modifient selon son envie. Une présentation particulière, un temps d’exposition qui

Des sujets bruts Les choses qui nous entourent sont vouées à disparaitre. Et c’est ce phénomène précisément qui le fait vibrer au quotidien. Les thèmes de la société de consommation, de la vanité se reflètent dans son travail. La photo, qui saisit l’instant, s’impose à l’artiste. Avec le temps, il s’intéresse à d’autres champs avec une approche plus naturaliste. Des sujets qui ne sont pas passés par le procédé industriel, qui sont là, tel quel, dans la nature.

prisme

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focus sur julien coquentin

PHOTOGRAPHIE

Julien Coquentin

Julien Coquentin

Julien Coquentin

Julien Coquentin

J Julien Coquentin

Editeur IUT de Rodez Directeur de la publication Benjamin Veaute 50 avenue de Bordeaux 12000 Rodez N°ISSN : 2876-5510

Julien Coquentin

ulien Coquentin est un jeune photographe français. C’est à partir de 2007 qu’il se passionne pour cet art. Avec une exposition par an, Julien Coquentin produit des séries aux thèmes variés : l’enfance, la mémoire, la ville et le territoire. Utilisant des techniques combinant l’univers de l’argentique et du numérique, ses clichés se révèlent uniques. Parmi les plus célèbres séries, « Green Wall » qui s’intéresse à la forêt vierge de Malaisie et au problème de la déforestation, ou encore « Early Sunday Morning » qui décrit l’atmosphère particulière des matins d’hiver de Montréal. Le street art a d’ailleurs une place importante dans son travail. Utilisant les peintures murales comme décors, toutes ses photographies sont longuement étudiées afin de réaliser une mise en scène. Artiste en vogue, il a souvent été exposé à l’étranger mais aussi en France. Aveyronnais d’origine, il a consacré une série sur l’Aubrac. Un artiste plein d’ambition à découvrir au plus vite ! prisme

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