Belle ville atelier d'architecture la flexibilité programmatique

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La flexibilitĂŠ progammatique

2012 - 2013


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Plan du mémoire :

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1. Introduction

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2. Théories – Concepts

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2.1. Le Corbusier : Plan-libre et système Dom-ino 2.2. Mies Van der Rohe : Espace universel et structure potentielle 2.3. Archigram : Structure matricielle et détails techniques pour la transformabilité 2.4. Archizoom : Ville non discontinue et homogène, vers une structure sans limite 2.5. Otto Steidle : « Structure for living » 2.6. Kempe et Thill : « Specific neutrality » 2.7. Rem Koolhaas : Théorème de 1909 et instabilité définitive 2.8. « Megafloor », La théorie japonaise du 100m x 100m 2.9. Synthèse : arborescence des concepts

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3. Etude du Corpus

4. Synthèse

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3.1. 1931, « Downtown Athletic Club », Starett et Van Vleck 3.2. 1952, « Price tower », Frank Llyod Wright 3.3. 2002, « OAB, office/appartments balmes », Carlos Ferrater, OAB 3.4. 2003, « Megafloor », Hitoshi Ahe, Masashige Motoe, Yasuaki Onoda, Manabu Chiba, Masahi Sugabe, 3.5. 2007, « St Jakob Turm » Herzog et De Meuron 3.6. 2008, « Voksiboks, Mutifonctionnal Stackable Module », A-Lab 3.7. 2009, « Metacity Rotterdam (Stadskantoor) », OMA 3.8. 2013, « Sky Village », MVRDV & Adept

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4.1. Surface 4.2. Structure 4.3. Trame 4.4. Hauteur 4.5. Eléments fixes 4.6. Ordre et (des)ordres : Programmé – Programmable 4.7. Economie et flexibilité programmatique 5. Conclusion

Synthèse / Points positifs / Critiques du modèle / Ouverture possible 6 . Bibliographie

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« Concevoir une architecture adaptable, c’est reconnaître que l’avenir n’est pas défini, que le changement est inévitable, mais qu’un cadre est un élément pour permettre à ce changement d’avenir. - Les édifices adaptables sont destinés à répondre facilement à différentes fonctions, à différents modes d’usages et aux exigences des usagers. - Cette adaptabilité signifie donc aussi pour l’investisseur des profits plus durables et plus sûrs, car le changement futur peut être facilement appliqué à l’intérieur de l’enveloppe fixe du bâtiment. » Robert Kronenburg, « Flexible, une architecture pour répondre au changement », Norma éditions, 2007, p. 115.

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1. Introduction

Dans le champ des problématiques du logement abordable et de l’économie dans le projet, nous posons les questions de la flexibilité programmatique et, en corollaire, de la mutabilité des édifices, comme réponses possibles à la recherche du moindre coût : la flexibilité programmatique est-elle un facteur d’économie sur le long terme ? En quoi permet-elle la mise en place d’un système plus économique ?

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À l’origine de cette étude, il y a le constat de l’augmentation constante des prix du foncier et de l’immobilier, à Paris et dans les grandes agglomérations, ce qui a pour conséquence une réduction des surfaces des logements pour des coûts en constante évolution. S’y ajoute une inégalité de développement entre bureaux et logements : depuis dix ans, le parc francilien a crû de près de 1,9% par an pour les bureaux et de 7% pour les entrepôts, contre 0,9% seulement pour les logements1 , et l’on sait que la Région Ile-de-France reproche à la Ville de Paris de privilégier la construction de bureaux au détriment des logements2 . L’excédent de bureaux à un an s’inscrit entre 1,8 et 2,5 millions de m2 par an depuis 2003 et les mises en chantiers sont bien supérieures à ce qui est nécessaire compte tenu de la croissance économique de l’Ile-de-France, d’autant plus que, entre 1981 et aujourd’hui, le parc de locaux d’activités en Ile-de-France a bondi de 20 à 53 millions de mètres carrés, sous l’effet de l’explosion de l’emploi tertiaire et des mutations des terrains industriels, en Seine-Saint-Denis notamment.

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Contre un tel déséquilibre, il nous a paru utile d’étudier comment des structures architecturales stables peuvent, et pourront être l’objet d’une reprogrammation continue de manière à suivre l’évolution des besoins et des usages. Il suffirait de reprogrammer l’ensemble pour offrir à la ville, à la commune, à la société, à l’individu, ce que dont chacun a besoin à un moment donné, selon des allers retours entre bureaux, logements ou équipements.

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La flexibilité programmatique induit donc une notion de temporalité, qui va de pair avec une forte hiérarchisation entre les éléments du projet. La structure fixe et pérenne devient un élément immobile qui s’inscrit dans une logique de long terme, alors que le second œuvre devient flexible et accompagne le côté versatile de la programmation et de l’organisation spatiale. Autrement dit, le gros œuvre est pérenne, le second œuvre est flexible.

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Après les notions de réactivité et d’adaptabilité, celle de temporalité a été enrichie par Hartmut Rosa3 par celle d’ « d’accélération » : dans la société actuelle, l’individu est soumis à la suprématie du court terme, au sens où tout ce que pratique l’individu se réalise plus rapidement – transport, emploi, loisir, consommation. Ce qui ouvre à la question du besoin, celui-ci étant et soumis lui aussi à la loi du court terme. Le bâtiment ne peut offrir la mobilité à une société où les besoins évoluent, où les populations deviennent mobiles, où le travail lui-même induit la mobilité.

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D’où l’introduction de la notion de « mutabilité » ou de « flexibilité programmatique » en réponse au besoin de changement permanent. Il s’agit donc de répondre à ces questions par un bâtiment capable de s’adapter, par une structure pérenne mais capable de soutenir la transformation de la société et de ses besoins, de l’individu jusqu’à la grande échelle de la société, en considérant les programmes et l’architecture du second œuvre comme des consommables.

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Le facteur économique est engagé à travers cette conception de l’édifice, dans la mesure où une même structure permet de générer des édifices différents, avec des coûts diminués car les temps de chantiers sont très réduits, puisqu’il s’agit d’aménagements de second œuvre. L’économie est donc celle de la matière (même structure), du temps (chantiers plus court et durée de vie de la structure poussée à son maximum), ce qui conduit à une économie financière au travers.

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La première partie de ce mémoire consiste en une analyse théorique et conceptuelle, de manière à saisir la notion dans son ensemble et à poser les bases de l’analyse technique, spatiale et structurelle qui fait l’objet de la deuxième partie. Après Le Corbusier et son système Dom-Ino, qui représente l’origine de la libération et de la structure universelle, l’approche conceptuelle se poursuit avec les principes de structure et d’espace universel de Mies Van Der Rohe, posant ainsi la question de l’aspect constructif et de l’évolution du projet et de ses programmes dans le temps. Puis l’étude de l’œuvre d’Archigram mettra en avant la notion de structure matricielle, d’Archizoom pour la question des espaces et structures infinis et de l’espace artificiel. L’analyse portera aussi sur les approches développées par Otto Steidle (structures évolutives ayant pour but de répondre aux besoins des usagers et habitant dans le temps), puis par Kempe et Thill (notion de « neutralité » définie comme inhérente au concept de flexibilité). La notion « d’architecture processuelle » et de « mutabilité » s’appuiera également sur l’approche de la flexibilité programmatique et la vision sociétale par Rem Koolhaas. Enfin, le projet théorique du 100m x100m, au travers du projet du Megafloor, conclura l’analyse chronologique et théorique. Ce projet représente les principes d’Archizoom et de Rem Koolhaas en tentant de mettre en place un édifice flexible par sa surface et pouvant offrir une cohabitation de nombreux programmes en leur permettant de se reprogrammer de manière indépendante.

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La troisième partie sera constituée par l’analyse d’un corpus de projets, réalisés ces dix dernières années et situés en Europe, à l’exception de deux exemples manifestes datant de 1931 (Downtown Athletic Club, réalisé à New York par Srarret et Van Vleck) et 1952 (Price Tower, construite dans l’Oklahoma par Frank Llyod Wright), qui illustreront le concept de flexibilité programmatique, en offrant une vision de la notion ayant eu la possibilité d’évoluer dans le temps. Les projets tels que les bureaux et logements de la calle Balmes, réalisés par Carlos Ferrater et la St Jakob Turm par Herzog et De Meuron nous permettront d’étudier la réversibilité entre l’espace du bureau et du logement.

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Ensuite, des projets tel que le Voksiboks réalisé par A-Lab, le Standskantoor par la OMA et le Sky Village de MVRDV et Adept nous permettront d’étudier les systèmes modulaires et leur impact sur le développement de la flexibilité programmatique. Tous ces projets seront soumis à une analyse en cinq points : - Surface - Rapport structure / trame - Hauteur - Éléments fixes - Espaces programmé –programmable

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Ainsi il sera possible de déterminer ce qui permet ou non la mise en place d’un système flexible en termes de programmes. Une analyse structurelle, technique et spatiale pour saisir dans son ensemble la notion de flexibilité programmatique.

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1 - Jean Michel Ciuch, Directeur du cabinet Immogroup Consulting, http://lexpansion.lexpress.fr/immobilier/construit-on-trop-de-bureaux-en-ile-defrance_255286.html 2 - Newletter de l’IAU Ile-de-France, février 2013.

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3 -http://lexpansion.lexpress.fr/immobilier/construit-on-trop-de-bureaux-en-ilede-france_255286.html

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2. Théories – Concepts

2.1. Le Corbusier : Plan libre et système Dom-ino

2.2. Mies Van der Rohe : Espace universel et structure potentielle

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2.3. Archigram : Structure matricielle et détails techniques pour la transformabilité

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2.4. Archizoom : Ville non discontinue et homogène, vers une structure sans limite

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2.5. Otto Steidle : « Structure for living »

2.6. Kempe et Thill : « Specific neutrality »

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2.7. Rem Koolhaas : Théorème de 1909 et instabilité définitive

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2.8. « Megafloor », La théorie japonaise du 100m x 100m

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2.9. Synthèse : arborescences des concepts

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Image tiré de composition non composition, « le plan paralysé », p 372

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2.1 Le Corbusier : Plan libre et système Dom-ino

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Pour pouvoir traiter des questions de flexibilité, d’organisation et de composition, il est nécessaire de revenir sur la pensée et les oeuvres de Le Corbusier. En effet, le plan libre, comme le définit Le Corbusier, est l’origine contemporaine de la liberté d’organisation et par conséquent de la flexibilité. Le Corbusier oppose le « plan libre » au plan qu’il nomme « plan paralysé », c’est-à-dire un plan dicté par la structure maçonnée lourde des refends. Pour ce faire, Le Corbusier pose un point fondamental, la dissociation de la structure et des parois légères. Il préfigure l’élément amovible et le second œuvre flexible. Cette liberté lui est offerte par la structure qui, pour lui, offre le plus de potentialité, l’ossature. Le Corbusier met donc en place la notion d’indifférenciation de l’espace, une structure potentielle qui offre un espace « brut », capable, et donc libre d’une infinité d’aménagement.

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« Les plafonds sont donc lisses dessous sans aucune nervure apparente. Ce dispositif permet de construire à chaque étage des cloisonnements entièrement libres sans être superposés les uns aux autres : principe du plan libre » 1

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Le Corbusier commence donc à introduire la notion d’ordre. Notion fondamentale, qui encore aujourd’hui prend tout son sens lorsque la question de la flexibilité se pose. L’ordre défini par Le Corbusier se base sur la séparation de la structure et des cloisons, définissant une nouvelle notion pour la composition du plan, celle « d’organe ».

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« Le plan libre : les poteaux, les gaines, les parois courbes, l’escalier sont autant d’organes indépendants les uns des autres» 2

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Le Corbusier définit ces organes comme des éléments pouvant correspondre à une nécessité fonctionnelle spécifique. Notion qu’il vient compléter par sa définition correspondante de « l’élément-type » qui devient un élément qui a principalement à voir avec le système de structure et ses caractéristiques constructives. L’organe devient donc un élément de composition, d’organisation et même de programmation du plan. Le Corbusier, pour représenter son propos, utilise une métaphore souvent reprise lorsqu’il s’agit de définir des concepts de liberté d’espace, de flexibilité et d’ordre dans la composition du plan: la comparaison à l’automobile. « Un jour nous avons remarqué que la maison pouvait être comme l’auto : une enveloppe simple contenant à l’état de liberté des organes libres infiniment multiples » 3

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La maison Dom-Ino Le Corbusier et Pierre Jeanneret, OEuvre complète 1910-1929)

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Dans sa redéfinition du plan et des éléments de conception du projet architectural, Le Corbusier définit un nouveau règlement en cinq points : 1) Les pilotis 2) Le toit-terrasse 3) Le plan libre 4) La fenêtre en longueur 5) La façade libre

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« Les cinq points d’une architecture nouvelle » sont le questionnement sur la méthode de bâtir traditionnelle. Mais ils remettent aussi en cause la manière traditionnelle de concevoir. Cette opposition n’est pas seulement théorique. Comme on l’a dit précédemment, l’opposition au « plan paralysé » s’effectue par l’adoption de la structure en ossature et par l’étude sur la fonction fondamentale de chaque élément. Cette dernière amène à la notion d’organe, définie précédemment par Le Corbusier.

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On assiste donc ici à l’avènement d’un point extrêmement important sur les questions de flexibilité, car on définit ce qui devient mobile, fixe, libre, pérenne, transformable, ré-organisable ou même reprogrammable. On retrouve une fois de plus la notion « d’ordre » et l’importance qu’elle endosse lorsque l’on cherche, comme dans le cas présent, à offrir la plus grande potentialité ou même le plus de performances possibles. La libération du plan passe donc par le remplacement des murs porteurs à refend fixes et « paralysés / paralysants », par le poteau et la dalle, donc la structure en ossature.

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Le Corbusier nous offre donc la représentation première de ce système structurel qu’il nomme « le système Dom-ino », venant des mots domus (signifiant maison en latin) et innovation. Ce système fonctionne par assemblage d’éléments pour constituer le squelette du bâtiment.

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Les poteaux, une fois assemblés aux dalles de planchers, deviennent une trame structurelle régulière qui traverse la totalité de l’édifice, depuis les fondations jusqu’aux derniers étages. Ainsi le plan et la façade sont totalement dissociés de la structure porteuse.

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La clarté structurelle offerte par le système Dom-ino offre une potentialité totale en ce qui concerne le plan et la façade. On a la possibilité d’un nombre infini d’aménagements différents. On sort donc du plan paralysé pour obtenir le plan libre. D’où le besoin de la définition de la notion d’organe, car dans ce nouvel ordre mis en place par Le Corbusier, les circulations, les gaines, les services prennent un tout nouveau rôle. Ils deviennent des éléments primordiaux du projet, car ils endossent le rôle d’éléments de composition et d’organisation de l’espace.

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Ils deviennent générateurs de programme et du rôle ou de la fonction de chaque espace qu’offre le plan libre. Ils ordonnent le plan et son potentiel aménagement. Le Corbusier a donc définit un point primordial qui nous intéresse même encore aujourd’hui dans l’étude des bâtiments flexibles en termes de programme. Car il pose les bases de la flexibilité, de la liberté de composition et d’organisation, il définit la notion d’ordre, capitale à la gestion de ces projets, en nous montrant ce qui devient et reste pérenne, c’est à dire la structure (dans son cas, en ossature) et ce qui devient flexible et amovible, c’est-à-dire le second-œuvre, qu’il définit comme les organes (cloisons, escaliers, gaines, services…).

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Cette liberté de plan vient de sa clarté structurelle et permet à Le Corbusier d’avoir une base de projet qu’il peut développer et déformer dans tout programme.

1 : Dans « l’architecture vivante », printemps et été 1929, p.32, issu de « composition, noncomposition », Jacques Lucan, p.369 2 : « Le Corbusier et Pierre Jeanneret. Œuvre complète 1929-1934, p.85 3 : « Composition, non-composition », Jacques Lucan, p.373

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2.2 Mies Van der Rohe : Espace universel et structure potentielle

Mies Van der Rohe a une approche similaire à celle de Le Corbusier sur plusieurs points. Premièrement : l’utilisation d’une structure en ossature pour permettre la libération du plan soit la dissociation fondamentale pour Le Corbusier de la cloison et de la structure porteuse. On retrouve l’idée de clarté structurelle permettant la libération de l’espace et du plan sauf qu’on parlera pour Le Corbusier de plan libre alors que la notion que Mies développe est celle de plan ouvert ou d’espace universel.

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Mies développe sa notion d’espace universel, comme un espace continu, ininterrompu entre intérieur et extérieur et pouvant s’étendre vers une étendue illimitée.

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« Mies Van der Rohe prend la mesure d’un espace universel, continu et ininterrompu entre intérieur et extérieur » 1 (Bruno Zevi reprenant les mots de Theo Van Doesburg) 1

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Malgré une approche qui diffère de celle de Le Corbusier, des solutions communes émergent. Par exemple, pour le cas du pavillon de l’Allemagne (1928-1929) à l’exposition internationale de Barcelone de 1929, Mies utilise une paroi qui se plie deux fois à 90° (car il lui faut bien clore l’espace,contrairement à la représentation théorique d’un espace universel se répandant sur une étendue infinie), pour l’associer à une structure porteuse de poteaux. A l’intérieur de cette structure, Mies dispose librement des plan verticaux disant avoir découvert à cette occasion le principe des parois « free-standing » (2). On observe clairement ici le lien avec Le Corbusier. La notion d’ordre qui hiérarchise les éléments et leur rôle. Pour Mies au service de l’espace universel et pour Le Corbusier au service du plan libre. Car la structure ici se dissocie de l’élément qui sépare ou oriente l’espace, la cloison. On se trouve dans un espace capable, flexible que l’on peut aménager d’une infinité de manières. Une fois de plus la clarté structurelle offre cette potentialité.

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En 1943, dans la publication de The Architectural Forum, n°5, 1943, Mies Van der Rohe propose son projet de Musée pour une petite ville, conçu selon les principes du « plan ouvert » (open-plan). Il précise pour ce plan-ouvert que :

« L’espace architectural, ainsi réalisé, devient un espace qui définit plutôt qu’il ne le confine » 3

Lucan traduit cette déclaration par la définition d’un espace « qui n’est ni clos et qui, de plus, n’est pas commandé par un élément central.

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Un espace dans lequel tous les éléments sont différents mais équivalents, inscrits qu’ils sont dans une grille de points porteurs définissant la figure générale d’un rectangle.» (4). On voit donc ici se développer une notion de hiérarchie entre les éléments ainsi qu’une dissociation des éléments avec la structure nommée ici comme une grille de points porteurs. Cette approche permet d’offrir au plan une certaine adaptabilité ainsi qu’une flexibilité d’organisation induite.

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En revanche, Le Corbusier revendique une approche plus plastique que celle de Mies. Il isole la qualité fondamentale de chaque élément pour pouvoir composer et obtenir une plus grande liberté. Mies quant à lui possède une approche plus globale et plus objective. Mies recherche une réponse presque plus philosophique, une réponse ultime pour ne pas dire unique, une réponse compréhensible et transmissible, à la manière d’un nouveau langage.

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« What I am driving at is to develop a common language, not particularly individual ideas » 4

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« Ce que je tends à développer est la définition d’un langage commun, et non pas particulièrement des idées individuelles. » 4

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C’est donc ainsi que l’on retrouve dans son approche qu’il définit comme « Less is more » (moins pour plus) la recherche d’une méthode plus raisonnable et évince les éléments inutiles pour pouvoir offrir le maximum. Il recherche une manière « correcte » de réaliser un projet, en assemblant et en réunissant matériaux et éléments de la meilleure manière qui soit. Ce qui amène au travail constant et extrêmement précis du détail chez Mies Van der Rohe. Travail qui est là pour mener à la réunion pérenne de plusieurs éléments ou différents matériaux. D’où son approche vers une structure totalement pérenne et souvent génératrice du projet.

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Par exemple pour la maison d’Edith Farnsworth, sortir les poteaux à l’extérieur fut la clé du projet en libérant l’espace totalement et son organisation autour de son bloc de service. Grâce à cette solution Mies offrait un espace universel d’une fluidité totale, s’étendant sans limite entre l’intérieur et l’extérieur.

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Au Weissenhof aussi, le projet est la structure. La recherche de flexibilité que Mies réalise dans ce projet lui est permise par la structure en ossature qu’il met en place. Ainsi il développe un projet où la flexibilité d’aménagement de l’espace est possible, où l’habitant peut faire évoluer lui-même son habitat. Mies met en avant donc la notion d’évolutivité, de flexibilité et questionne même la notion fondamentale de « l’habiter ». Il vient de plus asseoir sa vision d’une structure potentielle qui régit et organise et devient génératrice du projet.

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« We had to build school buildings, and we didn’t often know what they would be used for. So we had to find a system that made it possible to use these buildings as classrooms, as workshops or as laboratories. » 5 « Nous devions construire des bâtiments d’écoles, et nous ne savions pas la plupart du temps dans quel but ils allaient être utilisés. Nous avons donc dû trouver un système qui rendait possible l’utilisation de ces bâtiments comme salles de classe, ateliers, ou laboratoires. »5

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On voit au travers de cette citation l’engagement de Mies par rapport à l’usager ou à l’habitant, ce qui amène à sa recherche d’une structure pérenne (issue d’un détail travaillé, et donc de la réunion pérenne de différents éléments et matériaux). Mies donne donc à sa structure une notion d’adaptabilité. Sa structure, base du projet, doit aussi répondre aux besoins de la société qui évoluent et changent. Ce qui introduit la notion d’obsolescence, notion qui est toujours d’une importance capitale aujourd’hui puisque dans notre époque contemporaine, l’obsolescence est même devenue un outil de projection : on parle d’obsolescence programmée. Mais c’est ici qu’on voit l’engagement et la perspicacité de Mies en ayant préfiguré et en cherchant une réponse universelle au problème de l’obsolescence.

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On retrouve dans cette approche la notion d’ordre, commune à la pensée de Le Corbusier. C’est-à-dire que les éléments du projet sont hiérarchisés, même dans la dimension temporelle. La une structure pérenne perdure dans le temps et s’adapte aux différents besoins, différents programmes, différents espaces. Le second œuvre au contraire se modifie, se transforme, un second œuvre flexible qui s’adapte aux différents besoins d’espace ou de programme. Second œuvre qui a quant à lui une durée de vie plus limitée dans le temps car il devient transformable et adaptable.

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Au travers de sa recherche d’une réponse totale, Mies offre des notions encore développées aujourd’hui, comme celle de la flexibilité et de l’adaptabilité. L’étude de Mies reste d’actualité car il recherche une certaine transmissibilité, lisible dans la clarté structurelle de ses projets et par son travail sur le détail. Il laisse donc une image de la structure emprise d’une notion de potentialité. Transmise comme les bases d’un langage universel.

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On a vu dans la citation précédente l’importance que la transmission a pour Mies, sa pensée s’inscrit dans une logique qui profite aux générations futures, avec des logiques d’adaptabilité, de flexibilité d’usage, au travers de sa pensée s’organisant autour de l’espace universel. Son approche poussée du détail est aussi inscrite dans cette logique, c’est la transmission d’un savoir-faire.

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Pour conclure, on retiendra l’importance de la notion d’ordre qui est présente dans la majeure partie des approches traitées ici. Il s’agit d’une notion que l’on peut interpréter sous différents aspects, mais celui qui nous intéresse ici est celui de l’ordre temporel.

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En effet, les oeuvres de Mies sont gérées de manière temporelle. La structure par sa clarté et par but de transmission, par son détail qui au travers de son savoir-faire devient outil de transmissibilité, peut y être lue jusque dans les échelles les plus réduites la notion d’ordre temporel.

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On peut lire dans le détail de Mies la pérennité de sa structure et toute son importance. Car l’ordre règle la durée de vie des éléments et leurs rôles fondamentaux. Ce qui est une question primordiale lorsque l’on veut traiter la question de la flexibilité.

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1 « Composition, non-composition », Jacques Lucan, Lausanne : Presses polytechniques et universitaires romandes, 2009, p.392 2 notion par Mies Van der Rohe, issue de « 6 students talk with Mies » (13 février 1952), Master builder, publication de la school of design, North Carolina State College, vol 2, n°3, primptemps 1952, p.28 : « un soir comme je travaillais tard sur le bâtiment » 3 « Composition, non-composition », Jacques Lucan, Lausanne : Presses polytechniques et universitaires romandes, 2009, p.394 4 « Conversations with Mies van der Rohe », ed. Moisés-Puente, p.57 5 « Conversations with Mies van der Rohe », ed. Moisés-Puente, p.34

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2- Coupe de la «Plug-in City», Peter cook, 1964 «Archigram, catalogue d’exposition», aux éditions du Centre Pompidou, p.90-91 1 - Axonométrie de la «Plug-in City», Peter cook, 1964 «Archigram, catalogue d’exposition», aux éditions du Centre Pompidou, p.89

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2.3. Archigram : Structure matricielle et détails techniques pour la transformabilité

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Nous examinons ici l’approche d’Archigram et en quoi son œuvre critique ouvre de nombreux débats sur la question de la reprogrammation et de la flexibilité programmatique, mises en exergue par la définition d’une structure matricielle génératrice du projet et de son fonctionnement. Non-réalisés mais néanmoins « héroïques »,les deux projets choisis sont celui de « Plug-in city » (1964, par Warren Chalk, Peter Cook et Dennis Crompton) et le « Fun-Palace » de Cedric Price (Londres, 1961).

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« La nature de Plug-in-city qui suppose le remplacement d’une fonction par une autre (sur un même emplacement), et de jeter un regard plus précis sur le détail probable des chambres, des ascenseurs tubulaires, des murs, et même des gardecorps. » (1)

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Nous commencerons par la pensée développée par le projet de Plug-in City, bien qu’ultérieur à celui du Fun-Palace de Cedric Price car son approche basée sur l’échelle de la ville, est plus globale. On y voit une tentative de redéfinition de la ville jusque dans ses bases les plus fondamentales. Comme la citation précédente de Peter Cook le montre, l’idée de la définition d’une structure commune et unitaire pour la ville apparaît, en mettant en avant le fait de pouvoir la reprogrammer sur un même emplacement. Il s’agît donc d’une structure offrant une matrice adaptable à tous les programmes.

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« Cela nous amène à suggérer que la ville toute entière pourrait être contenue dans un seul bâtiment » (2)

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Le propos ici est clair, on parle d’une structure commune à tous les programmes, une structure évolutive qui offre une potentialité totale d’aménagement programmatique. Mais ce qui est extrêmement important dans les points que développent les Archigram aux travers de Plug-in City est la redéfinition sur plusieurs échelles du fonctionnement de la ville. Ils développent l’échelle globale, celle de la ville comme structure unitaire et celle de l’habitant dans le fonctionnement et dans l’aménagement de celle-ci et donc, dans la répartition de ses espaces et programmes. Et même celle du détail, mise en avant dans l’article de Reyner Banham « Fun et flexibilité », qui définit l’approche du détail par Archigram comme le moment clef où la définition d’une structure aménageable ou mégastructure acquiert une réalité, une légitimité, et de ce fait, devient une vraie proposition offrant un enseignement critique.

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Tout comme Mies Van der Rohe et sa quête de la «réponse correcte» menant à un travail grandement poussé du détail. La structure à toutes ces échelles devient donc la source d’une flexibilité et d’une potentialité d’aménagement inscrite dans une temporalité bien précise.

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C’est dans l’éditorial d’Archigram 5 que la ville est redéfinie en termes de structure unitaire. On parle de rassembler les usages, les fonctions et les programmes d’une structure équivalente pour tous. On retrouve des notions presque Miesiennes même à cette échelle, car les Archigram se rendent compte que le bâtiment est une notion qui devient périssable. Et de ce fait, est posée la question de l’obsolescence, déjà observée par Mies. Dès l’éditorial d’Archigram 3, ils se posent la question de savoir ce qui se passerait si tout l’environnement urbain était programmé et structuré pour évoluer sans cesse. Leur réponse est la Plug-in City. Une structure pérenne, fixe, sur laquelle il est possible de venir disposer, fixer, des éléments interchangeables. On retrouve déjà la notion d’ordre mise en place par Mies Van der Rohe et Le Corbusier. La distinction entre une structure (gros œuvre) pérenne et des éléments amovibles (second-œuvre) mais à une autre échelle. Quand Mies et Le Corbusier parlent de cloison comme l’élément amovible, les Archigram parlent du module, ou de la capsule représentant un programme (ex : capsule de logement, de bureaux, scolaire…).

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Pour répondre à cette question de la périssabilité du bâtiment, les Archigram mettent en place la Plug-in city de la sorte : une grille structurelle de plan carré, orientée 45° par rapport à une voie monorail qui devrait relier différentes villes entre elles. Cette grille devient le support de tous les services, des circulations et de toutes les zones techniques. Sur cette grille, au sommet viennent se fixer des grues. Eléments majeurs de la Plug-in city car elles permettent le transport et la pose des éléments industrialisés, les capsules. Les capsules, représentant les différents programmes, étant les autres éléments majeurs de la Plug-in city ; « les plugs », les éléments que l’on vient brancher sur cette structure matricielle.

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La notion d’élément préfabriqué et industrialisé vient assoir la notion d’ordre mise en avant au préalable. Car on parle d’interchangeabilité des éléments sur une structure qui elle, ne bouge pas. Le point encore plus important est que ce changement peut s’opérer sur un même emplacement, la structure est donc vraiment flexible en termes de programmes,offre une reprogrammabilité totale, une évolutivité et une adaptabilité totale aux besoins changeants au fur et à mesure du temps qui passe. Cet exploit n’est possible que si le détail montre comment ces éléments peuvent venir se brancher et se débrancher sur la structure. C’est pourquoi nous reviendrons ensuite sur l’importance de la notion du détail pour Archigram, explicitée par Reyner Banhman dans « Fun et Flexibilité ».

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Coupe de la «Plug-in City», Peter cook, 1964 «Archigram, catalogue d’exposition», aux éditions du Centre Pompidou, p.87

Schéma de l’infrastrucuturede la «Plug-in City» en coupe, Peter Cook, 1964

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Montrant la mise en avant de la structure en grille comme élément de base du fonctionnement de tout le système.

«Archigram, catalogue d’exposition», aux éditions du Centre Pompidou, p.88

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La deuxième échelle mise en avant par Archigram est celle du rôle de l’habitant par rapport à cet aménagement en constant changement. Il est définit clairement dans l’article de Warren Chalk « L’architecture comme produit de consommation ». « L’obsolescence planifiée a trait à la durée de vie et à la consumabilité hiérarchisée des composants du logement » (3)

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Chalk illustre bien la pensée globale développée pour l’habitant. Dans des logiques d’obsolescence du bâtiment et même dans ce cas des parties du logement, il définit lui aussi la notion d’éléments interchangeables sur une trame flexible pour l’aménagement du logement et de la ville.

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La structure doit devenir un élément aménageable par tous. L’industrialisation sousjacente permet quant à elle la production d’éléments à durée de vie programmée, remplaçables sur un même emplacement pour une infinité de combinaisons et donc une potentialité totale. Il faut être apte à répondre au changement des besoins. La réponse est pour lui ce qu’il nomme dans son article « La structure matricielle ». Car la structure offre toutes les possibilités d’aménagement et devient un objet réactif en cas de besoin. C’est pourquoi, pour lui, la Plug-in City devient le lieu de l’offre du choix personnel offert aux consommateurs (d’architecture) où l’évolution libre est possible.

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C’est ainsi que l’on retrouve la notion d’ordre posée par Mies, combinée à des questionnements sur le côté périssable de l’élément architectural ainsi que sur son « obsolescence planifiée » comme le dit Warren Chalk. L’ordre est clairement défini, on retrouve une clarté structurelle dans la structure de la ville. La structure est pérenne, et les éléments interchangeables, libres de manipulation par l’usager, ont des durées de vie bien définies. Par exemple : Salle de bains, cuisine, planchers des salles de séjours : 3 ans. Salles de séjours, chambres : 5 à 8 ans. Emplacement de l’unité d’habitation : 15 ans. Surface de vente dans les magasins : 6 mois. Emplacement des magasins : 3 à 6 ans. Lieux de travail, ordinateurs, etc. : 4 ans. Parking et route : 20 ans. Mégastructure : 40 ans. (Durée de vie des éléments de la Plug-in City).

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On retrouve ici les propos fondamentaux de Mies quant à la transmission aux générations suivantes. Une fois l’obsolescence maîtrisée car planifiée, on peut offrir une structure apte à répondre aux changements de besoins pour les 40 ans à venir.

Le message d’Archigram est donc clair : la structure est la matrice d’un environnement totalement flexible et reprogrammable. Son évolution doit rendre à l’usager son droit d’intervenir sur son environnement bâti et sur son habitat.

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Ceci est permis par la maîtrise de l’obsolescence dans les éléments architecturaux et la programmation de leur durée de vie, par l’utilisation de la technologie comme élément de vie (grues pour manœuvrer les éléments, inscrites dans la structure), par une industrialisation gérée de la production d’éléments architecturaux et surtout grâce à une structure matricielle, regroupant toutes les fonctions techniques et de service de la ville, offrant une capacité totale d’aménagement en devenant le réceptacle de ces éléments industrialisés. C’est Reyner Banham, dans son article « Fun et Flexibilité » qui met en avant la troisième échelle qui définit la pensée d’Archigram. Il s’agit de l’échelle du détail.

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En effet, Banham montre que la démarche d’Archigram s’inscrit dans celle des « grands maîtres » de l’architecture moderne tel que Mies Van der Rohe et Auguste Perret. Leurs démarches respectives s’orientent toutes vers une recherche de « l’intégrité de la structure », une réponse correcte, transmissible, car son dessin le plus précis, c’est-à-dire le détail, est maitrisé.

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Banham liste les grands mouvements mégastructuralistes tels que les métabolistes japonais, les mégastructuralistes italiens et pointe le fait qu’aucun d’entre eux ne met à disposition de détails techniques. Ce qui est pourtant le point primordial de la mise en place d’une structure et pour la compréhension de son fonctionnement. Ainsi que le soutient Mies Van der Rohe. Car, de plus, le détail technique est la représentation de l’assemblage de deux éléments ou matériaux différents, parfois pour l’éternité. Ce qui pour Mies représente l’élément de transmissibilité (dans sa recherche de mise en place d’un langage universel).

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Banham utilise la notion de « refuge dans le pragmatisme » (4). Car le détail est pour lui tout comme pour Mies la source de compréhension d’une structure et le seul élément qui permet de la légitimer. Dans le cas de Plug-in City, on comprend comment viennent se brancher les éléments capsules sur la grille structurelle, on comprend comment ils se fixent, comment ils se font transporter. Les travaux d’Archigram amènent à un engouement pour les mégastructures de plus en plus détaillées mais relancent aussi le débat sur la philosophie de l’infini. Ce que l’on retrouvera dans le travail de John Weeks et ses travaux sur « l’architecture indéterminée », à la fois extensible et adaptable (développée majoritairement dans ses projets d’hôpitaux).

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C’est avec le projet de Cedric Price, le « Fun-Palace » (non-réalisé, Londres, 1961) que Banham illustre la notion de flexibilité. Il en parle lui-même comme d’un « volume flexible », réaménageable à volonté avec un minimum de contraintes dans chacune de ses trois dimensions. Banham définit le projet comme « un équipement plus qu’un bâtiment, un service, un spatiomobile, un jouet géant ». Car ce projet est en effet totalement reprogrammable, son but est de pouvoir répondre aux besoins changeants et constants de l’usager dans le domaine du divertissement.

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Coupe perspective du Fun Palace http://unamaquinalectoradecontexto.files.wordpress.com/2011/08/cedric-price.jpg

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Schéma d’aménageabilité programmatique de la structure http://unamaquinalectoradecontexto.files.wordpress.com/2011/08/cedric-price-fun-palace-3.jpg

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Cette flexibilité tridimensionnelle totale est mise en place grâce à l’organisation du projet et à la quantification de tous les éléments du projet ainsi que de son détail maîtrisé à la perfection. Sa structure est semblable à celle d’un chantier naval, une charpente ouverte de large dimension décrite par rangées de tours en treillis métalliques, chacune reliées à leur tête par des voies porteuses de grues à portique, pouvant transporter matériel et équipement. C’est donc un système très proche de la Plug-in City de Peter Cook, car il représente l’inspiration au projet de Cook. On retrouve ici l’importance de la structure et des potentialités qu’elle met en place, une structure pérenne offrant l’infrastructure pour la gestion d’une flexibilité totale.

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Ce projet fait lui aussi ressortir la notion d’ordre traitée auparavant, car on observe une structure claire et pérenne sur laquelle viennent se greffer des éléments dessinés jusque dans le détail et quantifiés, dans leur durée de vie, nombre et fonctions. Car même si ce projet n’a pas été réalisé, il est le fruit d’études constructives extrêmement précises (jusqu’au respect des normes anti-incendie des pompiers de Londres, normes connues pour être inflexibles et quasi immuables). Archigram se retrouve dans ce mode de fonctionnement, c’est d’ailleurs ce projet qui va conférer à Cedric Price le rôle de « gourou » au sein d’Archigram pour reprendre le terme de Reyner Banham.

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Le projet du Fun-Palace ajoute une nouvelle notion à la flexibilité : la temporalité. On a vu que cette notion se développe depuis le Corbusier ou Mies, par la mise en place d’un Ordre entre structure et éléments architecturaux. Mais comme les Archigram l’ont développé ensuite avec l’idée d’obsolescence programmée, Cedric Price avec le Fun-Palace introduit la temporalité, dans une logique de durée de vie des éléments et de consumabilité.

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Price, estime à 10 ans la durée de vie de sa structure d’hébergement, alors qu’on observe chez les métabolistes japonais des structures prévues pour des centaines d’années. Price possède une vision plus pragmatique car son œuvre s’inscrit dans une logique constructive et non pas seulement dans un cadre théorique. Price veut que son projet soit démontable et montable en une seule journée, ce qui est permis par la maitrise du détail technique.Price avait déjà cerné l’importance de la maitrise de la construction pour diminuer les temps de chantier et donc offrir une économie par la gestion du projet. De plus, avec cette notion d’économie, Price dérive vers des notions de récupérabilité qui se greffent à ses recherches sur la flexibilité. Il propose pour se faire que les structures éphémères mises en place dans son projet, les structures qui doivent répondre aux besoins des usagers et qui deviennent les éléments qui programment le projet, soient construites à partir de matériaux récupérables. Lorsqu’ils ne sont pas utilisés ou que l’on ne construit pas d’espaces fonctionnels avec eux, ils sont stockés dans la structure qui offre des zones non utilisées, pouvant donc servir de zones de stockage.

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C’est ainsi une nouvelle notion d’économie qui apparait ici. Banham parle « d’équation auto-équilibrante », moins on assemble de volumes fonctionnels, plus il y aurait d’espaces résiduels pour stocker les éléments. La structure devient donc l’élément majeur du projet car elle permet la mise en place d’un système flexible et lui offre un mode de fonctionnement soutenable car il est maitrisé jusque dans ses aspects les plus complexes.

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On retombe donc bien sur la notion évoquée précédemment de « structure matricielle » mise en avant par le groupe Archigram et le projet de Plug-in city.

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La structure du Fun-Palace devient une matrice capable, offrant une grande potentialité d’aménagement et donc de programmations diverses. La structure devient même la base d’un système autogérant et totalement flexible dans ses trois dimensions. De plus, par la maitrise de l’aspect technique, l’obsolescence des éléments est totalement gérée car comprise dans l’organisation et le fonctionnement même du projet. On retrouve donc bien dans ce projet les origines de la Plug-in City mais aussi et surtout cette recherche presque Miesienne de transmissibilité par l’aspect pragmatique et maitrisé de la construction et du détail. Il s’agit d’une démarche qui s’adresse avant tout à l’usager et par conséquent à l’humain.

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« Plug-in City : La recherche d’une structure de ville qui réponde aux souhaits de l’individu de manière plus flexible que par le passé et dont la forme esthétique exprime cette flexibilité » (5)

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Cette citation illustre donc le propos précédent. De plus, même si les représentations de la Plug-in City suggèrent souvent une grande variabilité, c’est dans sa coupe que l’on retrouve le discours de Banham sur la science technique d’Archigram, s’inscrivant dans la pensée de Perret, Mies et Price pour son projet du FunPalace. C’est dans la coupe que l’on peut lire le détail des éléments, la manière dont se fixent et se meuvent les éléments architecturaux (représentants les différents programmes). Comme Banham le met en avant, pour la première fois il s’agit de plans de mégastructures dont on peut tirer une « maquette opérationnelle ».

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« A partir de 1964, tout projet sérieux devra être étudié dans le détail des coins de fenêtres aux joints d’articulations. » (6)

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On retrouve ici les notions mise en avant par Mies, un détail maitrisé dans toute sa mesure. Le projet doit être géré à toutes les échelles, la structure détaillée car elle devient un élément fondateur du projet et surtout de son fonctionnement. Ce qui devient un élément primordial dans des projets de ce type voués à évoluer et à se transformer. Le fonctionnement et donc l’évolution, doit être encadré, ou du moins prévu de manière constructive pour que le projet puisse « vivre » et remplir son rôle de machine capable de répondre aux besoins changeants des utilisateurs.

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Le projet peut ainsi devenir outil de transmission comme le souhaitait Mies Van der Rohe, une fois sa structure et son détail maitrisés.

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Aujourd’hui encore, le Fun-Palace de C.Price et la Plug-in City d’Archigram, à deux échelles différentes, nous éclairent sur des questions de flexibilité, transformabilité, adaptabilité, tout en nous rappelant que ces notions s’accompagnent de questionnements tels que l’obsolescence, la consumabilité et son accélération, que ce soit dans le milieu de l’architecture ou bien dans la société en général.

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Leur impact est toujours tel, car ces projets sont tous deux des propositions d’organisation et de fonctionnement d’ordre « héroïque », mais surtout parce qu’ils sont dessinés de manière complète depuis la structure jusqu’à son détail.

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1 « Catalogue d’exposition Archigram, centre Pompidou 1994 », p.93 : « plug-in university node : 1965, Peter Cook » 2 «op. cit.» p.86 : « Archigram 5 Editorial : La Métropole » 3 «op. cit.» p.109 : « L’architecture comme produit de consommation, par Warren Chalk » 4 «op. cit.» p.207 : « Fun et Flexibilité », Article par Reyner Banham 5 «op. cit.» p.210 : « Fun et Flexibilité », Article par Reyner Banham 6 «op. cit.» p.210 : « Fun et Flexibilité », Article par Reyner Banham

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«Ville non discontinue et homogène, ou Ville future» Points de circulations verticales et de micro-climatisation

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«Ville non discontinue et homogène, ou Ville future» Vue aérienne de la structure urbaine Monomorphe

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«Ville non discontinue et homogène, ou Ville future» Axonométrie schématique, éléments de circulation verticale.

«Ville non discontinue et homogène, ou Ville future» Schémas graphiques publiés dans «Casabella», XXXIV, juillet-août 1970, n°350-351. Issus de « Archizoom Associati: de la vague pop à la surface neutre», Roberto Gargiani Milano Ed: Electa, 2007, p 176 - 177

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«Ville non discontinue et homogène, ou Ville future» Coupe transversale schématique


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2.4. Archizoom : Ville non discontinue et homogène, Vers une structure sans limite

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Avec Archizoom et sa théorie bâtie autour du concept de « ville non discontinue et homogène », nous allons pouvoir observer un retour au plan et à l’organisation miesienne mais à une échelle sans limite. Une libération totale qui nous intéresse dans sa mise en œuvre et dans sa source d’inspiration qui n’est autre que le « Welltempered environment » de Reyner Bahman. En effet, le groupe Archizoom met en place un système de ville représentée par une structure sans limites, infinie, qui devient la source d’un aménagement flexible totale. On parle de « mobilier » comme d’un élément qui vient s’inscrire dans cette grille pour définir le programme et programmer l’espace flexible brut.

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Pour arriver à cette flexibilité d’espace les Archizoom passent par deux points importants. Une structure élémentaire en poteaux-planchers, qui est une réinterprétation du système de Le Corbusier, le système Dom-ino. Le Second est l’enseignement que le groupe tire de l’ouvrage de Reyner Banham, « The Well-tempered environment ». C’est-à-dire l’usage de l’ascenseur, de l’éclairage artificiel et des éléments de climatisation pour pouvoir imaginer des systèmes de villes sans limites, se basant sur le modèle d’une structure continue, constante, sans prédéfinitions, que le groupe nomme «espace creux».

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« Grille structurelle, schéma de voirie homogène, grille d’installation de micro climatisation et de communication verticale et plan supérieur d’affleurement parachèvent les schémas graphiques fondamentaux de la ville. » (1)

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Ce qui est important, est plus ce à quoi ce système fait écho aujourd’hui que sa mise en œuvre à l’époque du groupe Archizoom. Car à l’inverse d’Archigram, Archizoom tourne plus sa production graphique vers le diagramme que vers le détail constructif. Leur héritage est donc une base de comparaison théorique et de mode d’organisation plus que d’une base de données constructive comme le permet le travail d’Archigram.

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Il est intéressant d’examiner en quoi le système d’Archizoom est incorporé ou réinterprété dans les théories contemporaines. Premièrement, la pensé d’Archizoom s’inscrit dans celle de Mies Van der Rohe et dans celle de Le Corbusier, dans leur tentative héroïque d’une libération de l’espace totale sur une surface infinie et dans leur usage de la structure à ossature comme matrice à cette liberté ou flexibilité.

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Ce qui induit à nouveau la notion d’ordre, évoquée dans les chapitres précédents. Entre ce qui est pérenne et fixe et ce qui est flexible et à durée de vie plus courte. Mais nous reviendrons sur cette notion plus tard.

« La structure élémentaire, en piliers-planchers, n’est pas très différente du schéma de l’ossature Dom-ino » (2)

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Deuxièmement, La pensée d’Archizoom devient nourricière de la pensée de Rem Koolhaas pour sa théorie de la « ville générique » ainsi que de son étude sur le « Junkspace ». On retrouve aussi dans la pensée théorique japonaise du « Mégafloor » (bâtiment de 100x100m qui se comporte comme une ville) l’enseignement d’Archizoom. Ce qui est commun à ces deux théories c’est l’importance donnée aux éléments utilisés par Archizoom pour projeter leur ville homogènes, c’est-à-dire les éléments que Banham met en évidence dans son ouvrage le « Well-tempered environment », l’ascenseur, la climatisation et l’éclairage artificiel ou ce que Banham nomme le « flexible ceiling ».

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La climatisation a donné naissance au bâtiment sans fin. Si l’architecture sépare les bâtiments, la climatisation les unit. La climatisation a imposé des régimes mutants d’organisation et de coexistence, qui dépassent l’architecture. (3)

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Koohlaas, avec son essai « Junkspace » met en avant le fait que la climatisation devient l’élément qui produit une architecture sans limite, créant un réseau sans fin et sans limites qui fusionne tous les bâtiments entre eux. Créant ainsi une masse homogène sans limites. Ce que l’on observe directement chez Archizoom avec leurs diagrammes d’organisation de la Ville non-discontinue. En effet on observe sur ces diagrammes, avant de voir une organisation de logement ou bien même la définition quelconque d’un programme, en premier lieu, la structure en ossature et son organisation en grille, et tout de suite après, la répartition et organisation en plan de la grille des équipements de micro-climatisation et des communication verticales. Vient ensuite le dessin de la voirie et circulation sur les plateaux. Ce n’est que dans les diagrammes suivant que le groupe nomme « Diagrammes d’habitabilité homogène » que l’on commence à voir se dessiner des organisations de logements au sein de cette grille technique et structurelle. Cette structure vierge prend le même rôle que pour Archigram, elle devient une structure matricielle, offrant un nombre quasi-infini de possibilité en mettant en place un réseau structurel et technique fixe dans lequel viennent se fixer des éléments pour définir les programmes. 1à4 «Ville non discontinue et homogène, ou Ville future», Schémas graphiques publiés dans «Casabella», XXXIV, juillet-août 1970, n°350-351. Issus de « Archizoom Associati: de la vague pop à la surfaceneutre», Roberto Gargiani Milano Ed: Electa, 2007, p 176 - 177

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Vue de ville, 1970 environ. Roberto Gargiani ,« Archizoom Associati: de la vague pop à la surfaceneutre», Milano Ed: Electa, 2007, p. 182

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On retrouve ensuite chez Archizoom, des similitudes avec la théorie contemporaine du « Megafloor », par exemple avec le principe de « flexible ceiling » américain, système de plancher épais permettant de gérer passage de fluide et ventilation, arrive à projeter une vision de ville-structure sans limite. Ce que l’on retrouve directement dans ces projets japonais étant définis par des planchers de 2 mètres d’épaisseur et par des plateaux de 100 m x 100m en plan.

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On voit dans cette représentation de ville par Archizoom l’importance donné à l’épaisseur du plancher comme élément technique et structurel pour offrir un plateau vierge et continu propice à une flexibilité sans limite. L’approche d’Archizoom reste certes peu définie de manière constructive mais on retrouve de manière très détaillée dans le projet du Megafloor ces systèmes de planchers épais qui libèrent l’espace en plan, mais aussi en hauteur. Car comme on pourra l’observer à partir de nombreux exemples, la hauteur est un élément majeur permettant la flexibilité programmatique. Une fois l’espace en plan libéré comme Mies et Le Corbusier ont pu le faire, il reste aussi la question de la hauteur, car la notion de flexibilité, doit être possible dans l’espace en trois dimensions.

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« La ville devient ce que les Archizoom définissent par la suite comme un « espace creux » avec des objets d’ameublement » (4)

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Les objets d’ameublement deviennent les sources génératrice de programme et spécifie donc des fonctions pour des espaces précis et délimités. n retrouve ce principe dans le Mégafloor, qui devient un bâtiment qui fonctionne comme une ville.

De la même manière qu’Archigram l’avais stipulé, « Cela nous amène a suggéré que la ville toute entière pourrait être contenue dans un seul bâtiment » (5).

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Les éléments flexibles, donc le second œuvre allant de la cloison au meuble mis en place représentent le programme et la fonction de l’espace. Ils définissent ce en quoi les plateaux libre se transforment. La liberté d’aménagement est donc permise par les éléments cités précédemment, que ce soit dans les projets d’Archizoom ou dans le Megafloor : les éléments pérennes et fixes, c’est-à-dire, la structure (ossature combinée à des planchers épais, libérant ainsi de la contrainte de la portée et permettant de devenir un espace technique de passage des gaines), les circulations verticales, gaines de fluides, Ventilation et climatisation.

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On en revient donc à la notion d’Ordre établie dans les précédents chapitres, entre structure, éléments fixes et les éléments flexibles, démontables, transformables, qui tiennent du second-œuvre pour devenir quant à eux les éléments d’expression du programme. Eléments transformables pour s’adapter aux besoins en constant changement et donc pouvoir offrir une alternative économique sur le long terme pour une même structure qui devient une matrice adaptable ne nécessitant pas de transformation elle-même.

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Le dernier point mis en avant par Archizoom rejoint Koohlaas et la pensée qu’il développe dans le « Junkspace », mais est aussi applicable au Megafloor car il est la représentation constructible du propos d’Archizoom sur l’étalement quasi-infini permis par la climatisation et l’éclairage artificiel. Le fait est que les Archizoom lance eux même une mise en garde quant à l’utilisation de l’éclairage artificiel. En effet, grâce à celui-ci, le bâtiment devient extensible à l’infini car les sources lumineuse n’ont plus besoin d’être naturelle et peuvent venir se placer n’importe où. Mais la mise en garde vient en rapport au côté aliénant de cet éclairage, ne remplaçant jamais un éclairage naturel et n’offrant donc pas une qualité de vie ou d’usage optimal et non adaptée à tous les programmes. On y retrouve la pensée du Junkspace que Koohlaas illustre en critiquant la fin de l’architecture par l’utilisation de la climatisation et de l’éclairage artificiel qui unissent tous les bâtiments dans une infinité sans contenu alors que l’architecture était là pour les séparer. On en vient donc directement à questionner le système des Mégafloor japonais qui justifie leur étalement sur une surface de 100m par 100m par une utilisation poussé à l’extrême de l’éclairage artificiel. Le problème est que le Mégafloor devient la représentation d’un ville artificielle, éclairée presque totalement artificiellement, mais qui néanmoins propose une capacité à se reprogrammer totale grâce à ses caractéristiques techniques, structurelles et spatiales.

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On arrive donc ici à partir de la théorie mise en place par Archizoom et des éléments structurels et technique qu’ils isolent à comparer une théorie de composition de ville ou de bâtiment à son usage direct et à son effet sur l’humain. Le projet de Mégafloor devient donc ici iconique car il permet une critique complète de son fonctionnement, mais à la manière du Fun-palace de Cedric Price. Une critique basée sur la construction et le détail.

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1 « De la vague pop à surface neutre, Archizoom associati : 1966 – 1974 » Ed. Electra, Robert Gargiani. P.184 2 ibidem. P 184 3 « Junkspace » Rem Koolhaas, édition : Payot. P.83 – 94 4 « De la vague pop à surface neutre, Archizoom associati : 1966 – 1974 » Ed. Electra, Robert Gargiani. P.184 5 « Catalogue d’exposition Archigram, centre Pompidou 1994 », p.86 : « Archigram 5 Edito-

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2.5 : Otto Steidle, « Structure for living » :

« Structure, as opposed to planning and prescription can be possible answer to our social and cultural development, and not solely in architecture. » (1) « La structure, opposée à la planification et à la prescription peut être une possible réponse à notre développement social et culturel, et pas seulement pour l’architecture. » (1 bis traduction)

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Tout au long de sa carrière, Otto Steidle a orienté ses travaux vers un objectif la flexibilité d’organisation des projets qu’il développe, par l’usager, peu importe le programme demandé il s’efforce d’offrir une réponse qui offre de grandes qualités et une grande potentialité pour répondre aux besoins de chacun, tous changeants avec le temps. On retrouve chez Steidle, une ligne de conduite très Miesienne, qui passe par une maîtrise totale du détail et de l’aspect constructif du projet pour en faire un élément de transmission, une structure pérenne qui continue d’évoluer en fonction des besoins de ses usagers. Et qui devient de fait un héritage transmissible. Steidle émet l’idée que la programmation fixe, « la planification et la prescription », ne sont pas la solution pour un développement pérenne architectural et sociétal. Il propose comme solution la Structure elle-même comme élément de réponse adaptable, capable d’évoluer pour toujours remplir son rôle quel qu’il soit et peu importe la manière dont il évolue, et pour le remplir de la meilleure manière. Pour lui, la réponse à la question du développement, d’économie et de transformation sociétale réside dans la mise en place d’un élément capable de s’y adapter pour être en accord permanent avec ces principes en constantes évolutions et changements, c’est-à-dire la Structure.

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« If we wish to avoid fixing and limiting these needs for all time, then the basic principle of a structure that can be « filled out » is an appropriate architectural response » (2)

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« Si nous voulons éviter de fixer et de limiter ces besoins une fois pour toutes, le principe de base d’une structure qui peut être « remplie » est une réponse architecturale appropriée » (2bis traduction)

Ce discours est très proche de celui de Mies, qui voulait mettre en place une structure maîtrisée jusque dans ses moindres détails pour qu’elle offre un maximum de potentialité, ne sachant pas lui-même quelle utilité future elle pourra endosser. Steidle développe lui aussi le même principe. Après avoir observé Archigram mettre en place un système de « structure matricielle

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» à l’échelle d’une ville, (structure où les éléments définissants les programmes viennent se fixer et ont la capacité de se remplacer les uns les autres sur cette même structure et emplacement), on voit que Steidle continue de développer cette idée d’une structure matricielle, qui offre la potentialité d’un aménagement futur, ou même d’une programmation future.

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C’est pour lui la solution pour pouvoir suivre l’évolution constante des besoins et même, dans un sens, favoriser le changement des besoins. Car si la structure en place peut suivre l’évolution des besoins, il n’y a donc pas de raison pour qu’ils n’évoluent pas plus vite, car cette fois l’infrastructure pour leur développement est déjà mise en place.

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C’est donc le principe d’une structure que l’on « rempli » que Steidle tente de développer. Ce qui nous ramène une fois de plus à la question primordiale que nous avons évoquée dans les chapitres précédents, la notion d’Ordre. C’est même la notion qui définit directement le travail de Steidle. Il met en place une séparation distincte entre gros œuvre, c’est-à-dire la Structure, les circulations verticales et les gaines techniques face au second œuvre représenté par les cloisons, éléments de façades etc… C’est seulement une fois que cette clarté de projet et d’organisation est donnée, que Steidle peut proposer des espaces aménageables par les usagers eux même et réaménageables en fonction de l’évolution de leurs besoins, sans que la structure ne soit altérée.

« Built structures are by no means purely technical in nature, but represent instead an attempt to interpret social and cultural concerns in a built form » (3)

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« Les structures construites ne sont nullement de nature purement technique, mais représentent plutôt une tentative d’interpréter les préoccupations sociales et culturelles dans une forme bâtie» (3bis : traduction)

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On voit au travers de cette citation, que la flexibilité d’aménagement ou programmatique mise en place par Steidle vient d’une préoccupation sociale. Son engagement social envers l’usager devient le moteur de sa pensée structurelle et architecturale. On pense pour l’habitant et à son logement, et pas pour un logement dans lequel on intègre un habitant, on pense à l’usager pour définir son bureau et non pas l’inverse. Steidle ramène donc la dimension sociale dans le cadre de la flexibilité et redonne une légitimité à la flexibilité programmatique. Car être capable d’ajuster les programmes veut dire s’adapter aux besoins changeants de la société et donc des individus.

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« Many everyday examples, especially in rural architecture, have these pre-structured, uniform areas which can be interpreted in a number of ways. One particularly successful example of such a differentiated structure which has been « filled out » to suit the life and needs of its local community is « La Mandria », an estate for rural workers near Turin. The basic frame in the form of a neo-gothic arcade contains everything: living areas, barn, guesthouse, administration and « scuola elementare ». The architectural and fonctional basis can be interpreted and used in a variety of ways. » (4)

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« De nombreux exemples quotidiens, en particulier dans l’architecture rurale, ont ces zones « pré-structurées », homogènes qui peuvent être interprétées de diverses manières. Un exemple particulièrement réussi d’une telle structure différenciée qui a été « remplie » en fonction de la durée de vie et les besoins de sa communauté locale est « La Mandria », un édifice pour les travailleurs ruraux près de Turin. Le cadre de base prend la forme d’une galerie néo-gothique qui contient tout : des espaces de vie, grange, maisons d’hôtes, l’administration et «scuola elementare». La base architecturale et fonctionnelle peut être interprétée et utilisée de diverses façons. » (4bis : traduction)

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Steidle justifie sa démarche vers la flexibilité programmatique en se fondant sur des exemples ruraux voire vernaculaires, en particulier, celui de « La Mandria ». Structure néo-gothique située près de Turin, aujourd’hui totalement reconfigurée pour recevoir un nombre très ouvert de programmes. Comme le dit Otto Steidle, les programmes s’étendent des espaces de vie aux lieux administratifs jusqu’au programme scolaire et même agricole. Steidle est donc persuadé que ces structures réaménageables, reprogrammables fonctionnent et qu’elles sont une solution au développement économique sur le long terme.

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«La Mandria», images issues de «Otto Steidle, Frameworks for living» Ed: Artemis, p.54

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« This then is also my vision of a building or, to express it another way, structuring: anarchitectural and fonctional framework which defines yet can be interpreted and used in many different ways. » (5) « C’est donc aussi ma vision d’un bâtiment ou, pour le dire d’une autre façon, de structurer: cadre non-architectural et fonctionnel qui définit, et qui pourtant peut être interprété et utilisé de différentes façons. »(5bis traduction)

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Un des points intéressants dans l’approche de Steidle est que, malgré le fait qu’il définisse un ordre très distinct entre structure pérenne et second œuvre flexible, il induit une ambivalence dans ces espaces qui fait la force de ses projets. En effet, Steidle propose une structure qui définit mais qui pourtant peut être réinterprétée et utilisée de nombreuses façons différentes. On retrouve son besoin d’inscrire ses projets dans une logique d’adaptabilité, sans pour autant leur faire perdre toute détermination mais en les laissant assez flexibles pour pouvoir totalement s’adapter.

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On peut prendre le cas de deux exemples manifestes de Steidle pour illustrer sa pensée, Le « Genter Strasse Housing (Munich, 1969 – 1975) pour le logement, et le IVG Bridge (Munich, 2010). Avec le Genter Strasse housing à Munich, Steidle développe un logement flexible totalement adaptable aux besoins et envies de l’habitant. Seuls les escaliers et les zones de services sont placés de manière fixe au centre du volume pour permettre un aménagement libre futur par l’usager. On retrouve la notion d’Ordre mise en place dans ce projet et de manière très forte. La dissociation est faite clairement entre structure et aménagement. De plus, Steidle offre une potentialité totale en donnant tout de même une orientation d’organisation en plaçant l’escalier et les zones techniques immuables au centre du volume. De ce fait il libère le volume restant du logement et libère l’espace de la façade pour une plus grande liberté d’expression.

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« Although the structure-defining elements, the columns, have strong sculptural forms, the Genter Strasse as a whole has no form, it is simply structure. This « lack of form » facilitates alterations and extensions. No unified whole is being destroyed, it is simply changed and further developed » (6) (Otto Steidle à propos du Genter Strasse housing à Munich)

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« Bien que les éléments de structure définissants, les colonnes, ont de fortes formes sculpturales, le Genter Strasse dans son ensemble n’a pas de forme, il est tout simplement la structure. Ce «manque de forme» facilite les modifications et les extensions. Nous n’assistons pas à la destruction d’un ensemble, il a tout simplement changé et développé à posteriori » (6bis : traduction)

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1 - Plan de logement du Genter Strasse Housing «Otto Steidle - Frameworks for living», Edition Artemis, p. 62

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2 - Coupe / Structure du Genter Strasse Housing «Otto Steidle - Frameworks for living», Edition Artemis, p. 61

3 - Vue extérieur du Genter Strasse Housing «Otto Steidle - Frameworks for living», Edition Artemis, p. 57

4 - façade et entrée du Genter Strasse Housing «Otto Steidle - Frameworks for living», Edition Artemis, p. 63

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Steidle met en place le même système dans son projet de L’IVG Bridge, plus récent certes et destiné à un programme de bureau. Des plateaux libres maintenus par une structure en périphérie du bâtiment et par des blocs de circulation verticale servant de noyaux porteurs, dans lesquels se noient les zones techniques et de service. Steidle reprend un plan de type loft pour permettre une flexibilité d’usage et d’aménagement aux futurs usagers de ces bureaux. Il met aussi en avant un point important : le dimensionnement des espaces du projet en donnant ne hauteur de 3.80 mètres sous plafond. Car comme cela a déjà été abordé précédemment, la hauteur est une condition de la flexibilité, dans la mesure où l’espace doit être flexible dans ses trois dimensions et donc en volume.

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Il est donc intéressant de constater que pour des programmes totalement différents, Steidle offre une réponse similaire, usant des mêmes principes d’organisation et structuraux. On retrouve encore ici l’approche Miesienne que Steidle a de ses projets, il cherche une réponse claire et « juste » qu’il souhaite mettre en place pour offrir des structures capables de répondre à des besoins d’aménagement flexible autant qu’à des besoins et désirs primaires de leurs usagers. Steidle inscrit ses structures dans une même logique sociale pour l’humain tout comme Mies. Il est d’ailleurs intéressant de constater qu’il sont tous deux de grands maitres de la construction et maîtrisent le détail parfaitement pour pouvoir donner une réalité construite à leur idées. « Usable built structures permitting the survival of existing life forms and the creation of the new ones, both planned and unplanned. » (7)

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« Des structures bâties utilisables permettant la survie de formes de vie existantes et la création de nouvelles, à la fois planifiées et non planifiées. » (7bis: traduction)

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1 Otto Steidle « Benvohnbare Bauten, Structure for living », Edition: Artemis, « Framework for living » p.55 2 Ibidem p.55 3 Ibidem p.55 4 Ibidem p.56 5 Ibidem p.56 6 Otto Steidle « Benvohnbare Bauten, Structure for living », Edition: Artemis, « Genter Strasse Housing » p.57 7 Otto Steidle « Benvohnbare Bauten, Structure for living », Edition: Artemis, « building structures » p.41

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1 - Plan d’étage courant IVG Media Bridge http://www.steidle-architekten.de/projekte/ivg/2.htm

12 - Coupe transversale IVG Media Brige http://www.steidle-architekten.de/projekte/ivg/3.htm

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2.6 : Kempe et Thill, « Specific Neutrality »

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Dans leur étude « Specific Neutrality, A manifesto for new collective housing » (Neutralité Spécifique, Un manifeste pour un nouvel habitat collectif), l’atelier allemand Kempe et Thill décrit les nouveaux effets du logement collectif de masse avec l’intention de donner de nouveaux outils de conception à l’habitat collectif et donc de nouvelles approches et solutions possibles. Le terme « specific neutrality » vient introduire une notion d’espace flexible neutre, qui permet l’aménagement libre et la programmation flexible des espaces pour une production de logements collectifs et d’amélioration qualitative des villes.

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Leur approche part de la constatation que le logement collectif depuis les années soixante est devenu un modèle à tendance strictement utilitaire qui a pour but de produire de l’habitat de mauvaise qualité et à bas prix pour les masses. Il est devenu la stigmatisation de l’habitat pour les pauvres. Mais ils associent à cette constatation l’annonce d’un changement de paradigme en approche pour le logement collectif. Ils estiment que le collectif va se libérer de sa condition pour s’orienter vers une architecture plus tournée vers son usager, flexible et individuelle. On retrouve dans le fondement de leur pensée, une ressemblance forte avec les propos tenu par Otto Steidle, entre autre dans ses écrits parus dans « structure for living ». On retrouve aussi des bribes de pensée d’Archigram et l’importance que doit reprendre l’usager dans l’aménagement de son propre espace de vie.

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Kempe et Thill justifient l’approche d’une architecture flexible comme réponse aux préoccupations du logement collectif par plusieurs points. Premièrement, comme Mies, ils pensent que la flexibilité est nécessaire car on ne sait plus aujourd’hui pour qui nous allons construire et que les styles de vie et schémas sociaux ne sont pas définis de manière stricte et sont donc susceptibles d’évoluer.

« Builiding in the future must be flexible in two ways: On the one hand, flexible during the design process (…) On the other hand, flexible over the years of use. » (1)

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« Construire dans les années futures devra être un acte flexible de deux manières : D’une part, flexible pendant le processus même de projection (…) D’autre part, flexible au fur et à mesure des années d’utilisation. » (1 bis : traduction)

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La flexibilité, comme Kempe Thill en font la définition, est donc ambivalente. Elle doit exister dans la phase de conception du projet, car comme ils l’expliquent, l’économie globale change à grande vitesse et la relative longue durée de conception d’un projet d’habitat collectif (5 ans pour le cas de Hollande en moyenne) rend susceptible la confrontation du projet à une situation économique dans laquelle il n’est plus adéquat. Le projet vient toujours se heurter à de nouvelles situations économiques dans sa phase de conception et son design dessin devrait lui permettre de répondre de manière réactive à ces changements rapides.

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La seconde facette de cette flexibilité consiste à dire que c’est le projet une fois construit qui devient flexible. Avec la possibilité de modifier les cloisons, les toilettes et les salles de bains par exemple mais aussi de pouvoir changer de programme. Toujours dans cette logique d’adaptation, ils mettent en avant l’utilisation d’un grand espace neutre capable de se transformer.

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« The possibility to change partition walls, toilets and bathroom units and to change de program (from housing to office) will become an important design item for every collective housing project. (…) A big neutral space can perfectly cover almost all spatial wishes. » (2)

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« La possibilité de pouvoir changer la répartition des cloisons et des unités de salles de bain, et de pouvoir changer de programme (du logement vers le bureau) deviendra un important outil de conception pour tous les projets de logements collectifs. (…) Un grand espace neutre couvre parfaitement presque tous les désirs/besoins spatiaux » (2 bis traduction)

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Cette notion de flexibilité, définie entre autre, par un espace neutre aménageable, semblable à la notion de structure matricielle développée par Archigram et amenée à l’origine par Mies Van der Rohe, se base aussi sur une constatation que Cedric Price, Warren Chalk et le groupe Archigram ont réalisés eux aussi des années auparavant. Cette constatation est que l’architecture est devenue un produit de consommation et qu’il s’agit donc d’une notion soumise à des contraintes d’obsolescence. Kempe et Thill développent donc une autre approche de cette obsolescence en la définissant comme la résultante d’un mode de vie contemporain et économique. Ils définissent le logement comme un élément spéculatif de carrière économique de l’individu.

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Car les populations deviennent de plus en plus dynamiques et les personnes sont plus souvent amenées à changer de profession et d’environnement de vie et de travail. Ce qui pour eux amenuise les liens entre l’habitat et son habitant. Et le rend donc plus rapidement consommable et plus facilement obsolète. « The time to live in one house goes down towards 3-5 years. People no longer have strong relations with the place and the neigbourhood they live in. » (3)

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« La durée d’habitation dans une maison tend aujourd’hui vers 3 à 5 ans. Les individus n’ont plus de fortes relations avec leur lieu de vie et leur environnement. » (3 bis traduction) Pour réaliser constructivement leur notion de flexibilité, Kempe et Thill se basent sur la réversibilité spatiale permise entre le programme de logement et de bureau. L’étude constructive et spatiale du bureau met en avant ses qualités d’espace neutre et vaste, qui permettent un aménagement du second œuvre flexible et totalement modifiable.

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« This change towards flexibility and neutrality makes new construction methods necessary. Load bearing outside walls can offer total freedom inside.» (4)

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« Ce changement en direction de la flexibilité et de la neutralité amène la nécessité de nouvelles méthodes constructives. Une enveloppe extérieure porteuse peut offrir une liberté intérieure totale. » (4 bis traduction)

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Dans ce but, Kempe et Thill mettent en avant la liberté en plan qu’offrent les ossatures acier et bois et donc plus utiles que les systèmes constructifs basés sur les murs à refends (ce qui représente la plupart des cas construits français). L’accent est aussi mis sur les systèmes de planchers qui deviennent des éléments très importants de la flexibilité. On retrouve cette pensée chez Steidle mais aussi plus tard dans la pensée et le projet théorique du Megafloor où le plancher devient un élément épais permettant l’insertion même de pièces de service humides (toilettes, salles de bain) à n’importe quel emplacement pour permettre une flexibilité totale. Les planchers sandwich permettent par exemple l’intégration des gaines dans la totalité du plancher ce qui permet de venir fixer un élément, à la manière d’un « plug » là où nous le souhaitons.

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Le fait de penser le logement collectif comme s’il était du bureau devient un nouveau modèle. Le fait est que bureaux et logements deviennent, de manière inéluctable, plus ou moins similaires. Cette ressemblance qui s’accroît est aussi soutenue par la redéfinition du lieu de travail, par l’outil informatique et donc le télétravail. Aujourd’hui pour travailler chez soi, il suffit de posséder un ordinateur et une connexion internet. Le salon peut donc se transformer à n’importe quel moment de la journée en bureau. Si bien que les typologies de bureau et logements se rapprochent.

« The effect is that house scan be offices, which has a lot to do with realities of work in the future and has positive effect on the urban environment. » (5)

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« Les conséquences sont que le logement devient de plus en plus comme le bureau, ce qui a beaucoup à voir avec les réalités du travail et a des effets positifs sur l’environnement urbain. » (5 bis traduction)

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Avec cette approche constructive Kempe Thill se rapprochent de l’approche de Mies, ils prônent la structure comme élément générateur du projet et mettent en place un ordre très clairement défini. A la manière de Mies, Steidle, Archigram, ils définissent la structure et les potentialités qui lui sont propre pour pouvoir répondre aux différents besoins, qui évoluent avec le temps, en remettant l’accent sur la notion d’économie. Car leur étude tend à prouver qu’une structure flexible et adaptable aux besoins changeants, que ce soit par l’aménagement flexible ou par la reprogrammation, est une source d’économie dans le projet. Et que sur le long terme ces structures représentent des outils d’adaptation sociétale et donc, de transmission d’un savoir-faire et d’une science constructive et de conception.

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C’est pourquoi leur approche se retrouve très proche de celle de Mies. Une structure forte et fixe, un espace vaste pour un aménagement flexible, un Ordre clairement établi entre structure et aménagement.

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« Mies is the futur. The logical consequence is to design a solid structure with a good flexible façade and a large empty space that is independent from the exterior. » (6)

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« Mies est le futur. La conséquence logique est de concevoir une structure avec une bonne façade flexible et un large espace vide, indépendant de l’espace extérieur. » (6 bis traduction)

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Pour illustrer leur propos sur un large espace vide aménageable, Kempe et Thill se penchent sur la typologie du loft. En effet, ils le définissent comme le descendant du choc causé par la découverte de la maison Farnsworth de Mies Van der Rohe, en faisant de lui la nouvelle typologie du XXI siècle. Ils le décrivent plus comme un espace extérieur enclos plutôt qu’un espace de type classique. Kempe et Thill rejoignent Otto Steidle sur un autre point, c’est celui de dire que l’habitant redevient le propre constructeur de son espace. Et parle à plus grande échelle du concept Ikea qui s’étend à l’ensemble de l’espace intérieur du logement. Mais il est intéressant de voir que la notion de structure comme élément fondateur du projet, comme élément matriciel, renvoie à cette notion d’aménagement ultérieur, flexible, et au regain du rôle de concepteur de son propre environnement pour l’habitant. Archigram avait auparavant préfiguré ce retour du rôle de l’habitant, en voulant lui redonner une légitimité et du crédit aux capacités de tout un chacun.

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Dans le loft on trouve aussi une notion importante que Kempe et Thill développent, celle de la réversibilité de l’espace, c’est-à-dire un même espace offrant des potentialités, capable en se réorganisant de devenir soit du logement soit du bureau ou voire même les deux. Le loft illustre donc bien ce cas car il est et représente un espace large et spacieux enclos par une structure fixe qui offre une grande potentialité d’aménagements et de programmations différentes. Le loft devient donc un modèle de flexibilité programmatique.

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« The Loft is a mix of public and private: it can be home, office or both, in former times people went on the street now they prefer to stay at home. »(7)

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« Le loft est un mix entre public et privé : il peut être un logement, un bureau ou bien même les deux, auparavant les gens descendaient dans la rue, aujourd’hui ils préfèrent rester chez eux. » (7 bis traduction)

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«The building is just a structure» «specific neutrality» A+T n°20, 2002, p.7

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Autre point important abordé par le Kempe et Thill est celui du volume, point qui a déjà été abordé sous l’angle de la hauteur, car elle est le facteur qui permet de rendre l’espace flexible dans les trois dimensions et donc en volume et non plus seulement dans le plan. Il s’agit de comptabiliser les espaces non plus en m² mais en m3, car en France (ainsi qu’aux Pays-Bas comme le nottent Kempe et Thill) la comptabilisation se fait toujours en surface donc en m² et non pas en m 3. Ce qui fait d’ailleurs partie des faiblesses des promoteurs car leur vision du logement, archaïque, n’intègrent pas à leur approche commerciale des nouveaux modèles de logements qui sont au final, plus économiques que les modèles traditionnels et usés.

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Le volume, est pour Kempe et Thill, la promesse de potentialité plus que l’annonce des qualités fixes et immuables, certainement adaptées lors de la sortie de terre du projet, mais qui se retrouvent souvent vite obsolètes. La flexibilité induite permet donc une réponse rapide et successive aux changements de besoins.

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« This decribes more about the possibilities and potential of a house, rather the offered qualities of a house » (8)

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« Cela décrit plus des possibilités et une potentialité, que cela ne décrit les qualités offertes (présentes) d’une maison. » (8 bis traduction).

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Par cette approche, Kempe et Thill posent le fait que, si l’on offre une potentialité et des possibilités, les usagers peuvent mettre en place et aménager leur propre espace. Si l’on donne l’enveloppe, chacun peut créer son propre environnement intérieur. Un phénomène qui pour eux est applicable au collectif car il permet de ramener de l’individualité au sein du collectif. Ce qui n’est possible que si l’ordre entre « structure et remplissage » (Cf. : Kempe et Thill) est très clairement posé. On peut ainsi obtenir une variation quasi infinie de typologie et de changement de programmes dans une structure basique.

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« Le living hôtel », est un concept que Kempe et Thill rapprochent de la vision constructiviste russe. En effet, l’approche qui est donnée à ce point est que, si la structure permet l’incorporation de différents programmes et leur permutabilité, ils peuvent devenir des éléments d’un nouveau modèle de fonctionnement pour le collectif.

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C’est-à-dire que les programmes installés dans la structure commune aux logements sont pris en charge financièrement par une communauté, la communauté habitante de l’ensemble collectif. Ce qui veut dire que tout un chacun a accès à de nombreux services qui sont parfois impossibles de se payer seul. Tous les habitants peuvent profiter d’une qualité de vie plus élevée car ils partagent ensemble le coût de ces programmes qui viennent s’insérer dans le tissu du logement. Ce qui est évidement permis par une structure qui développe un espace flexible en termes de programmation.

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On peut donc imaginer installer un caninet de médecin, un bar, des services de nettoyage, un club de fitness… C’est pour cela que l’hôtel est choisi comme modèle. On retrouve d’ailleurs une similitude avec le projet du « Dowtown Athletic Club » de Starret et Van Vleck, qui activait déjà tous ces principes. Certes le projet s’orientait pour une population de riches célibataires new yorkais et de ce fait était très difficilement accessible, mais sa structure a posé les bases d’un tel fonctionnement. Aujourd’hui, le projet a d’ailleurs été majoritairement reprogrammé en logement, car sa structure flexible permettait la reprogrammation du bâtiment.

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Pour synthétiser la pensée de Kempe et Thill développée dans leur étude « Specific Neutrality », la flexibilité, qu’elle soit programmatique ou spatiale, suppose la neutralité. Cette neutralité descend d’une structure pérenne et fixe, mise en place de manière dissociée du second œuvre. On parle donc d’un ordre clair mis en place entre gros œuvre et second œuvre. Leur idée de flexibilité programmatique est soutenue par la capacité de réversibilité existante entre l’espace du logement et celui du bureau. Entrainant ainsi une transformation de la typologie du logement pour la faire ressembler de plus en plus à celle du bureau.

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De ce fait, la mise en place de systèmes structurels tendant à libérer l’espace intérieur, sont de mise. Ce qui les amène à développer la typologie du loft, comme étant un élément de neutralité permettant la permutabilité des programmes. Car il est, selon Kempe et Thill, un volume vaste et libre qui permet à chaque usager de créer et d’aménager son propre espace de vie ou de travail. Ce qui met en avant deux autres points de leur pensée, le fait de comptabiliser non plus en m² mais en m3 les lieux de vie et travail, car le volume est source de flexibilité plus que le plan. Le deuxième point étant le fait de redonner à l’usager son rôle dans le processus d’aménagement de son propre espace de vie.

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Le but de Kempe et Thill est de mettre en avant ces systèmes flexibles et modes de pensée du collectif pour redonner un sens et une nouvelle vie à la ville, donner de nouvelles qualités à l’espace bâti et au bloc collectif. Le message est aussi un message adressé à l’architecte, sur les besoins d’une étude approfondie sur la mise en place de systèmes flexibles comme une réponse aux questions posées sur le développement futur du logement. Des systèmes flexibles offrants les qualités d’adaptation nécessaires dans une société en constante transformation et où les besoins sont en perpétuelle mutation.

« The question for the future is to create flexible, neutral structures that can resist and allow continuous changes » (9) « La question pour le futur est de pouvoir créer des structures, flexibles, neutres, qui peuvent résister et permettre les changements perpétuels. » (9 bis traduction)

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1 «Density / Densidad II » édition A+T: « A specific neutrality – Kempe Thill » p.6 2 Ibidem p.6 3 Ibidem p.6 4 Ibidem p.6 5 Ibidem p.6 6 Ibidem p.7 7 Ibidem p.9 8 Ibidem p.10 9 Ibidem p.13

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«Théorème de 1909» publié dans «life magazine», illstrutation issue de «New York Delire». Rem Koolhaas, p.83

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2.7. Rem Koolhaas : Théorème de 1909 et instabilité définitive

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Rem koolhaas, et la pensée qu’il développe dans les ouvrages Delirious New York et Junkspace , nous apporte aussi des éléments de compréhension sur la question de la flexibilité programmatique. Nous allons étudier ce que Koohlaas nomme « le théorème de 1909 », c’est-à-dire l’origine du gratte-ciel manhattanien, ainsi que la notion « d’instabilité définitive » qu’il illustre par le projet du Downtown Athletic Club, comme une indétermination programmée qui peut faire écho à la notion de neutralité mise en avant par le studio Kempe et Thill.

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Selon Rem Koolhaas, le gratte-ciel américain est né par étapes entre 1900 et 1910. Il est le fruit de la rencontre de trois innovations urbanistiques : 1. La reproduction du monde ; 2. L’annexion de la tour ; 3. Le bloc seul. Ces trois innovations représentant pour Koolhaas les promesses et les potentialités du gratte-ciel.

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Au début des années 1880, on assiste à la rencontre de l’ossature métallique et de l’ascenseur. Les portées changent, les capacités à supporter changent, et la limite verticale vient d’être abolie ainsi que le rapport entre les différents niveaux qui peuvent fonctionner de manière indépendante. On peut désormais prendre n’importe quel site et le multiplier à l’infini pour aboutir à une prolifération de plans verticaux appelée gratte-ciel.

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Ce pont est important pour la question de la flexibilité, car le fait de pouvoir multiplier un sol et de pouvoir dissocier les différents niveaux entre eux alors qu’ils font tous partis d’un même ensemble, est un des points capitaux de la mise en place d’un système flexible en termes de programme. Cette approche est illustrée par la caricature du théorème de 1909 parue dans le magazine Life, que Rem Koolhaas analyse dans son ouvrage Delirious New York. On y voit une structure s’élevant dans les airs offrant des « paysages », des parcelles de territoire, des sites vierges, indépendants les uns des autres mais faisant partis d’un élément uni. Ce qui fait leur unité n’est autre que la structure. On retrouve d’une certaine manière la notion de Structure matricielle mise en place par Archigram à une autre échelle. Mais une fois de plus on voit que la structure se dissocie du second œuvre et donc du programme pour devenir une matrice vierge, capable de supporter des changements continus. « Il est impossible de connaître à l’avance l’utilisation de ces plates-formes. Des Villas peuvent pousser et s’effondrer, céder la place à d’autres installations. En termes d’urbanisme, cette indétermination signifie qu’il n’est plus possible d’attribuer à un site une destination unique et fixée à l’avance. » (1)

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« Il est devenu impossible de « planifier » la culture. » (2)

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Koolhaas reconnaît donc la qualité « indéterminée » du gratte-ciel, mais ce principe ne s’applique pas seulement à la tour de grande dimension, c’est un principe générique. C’est une question de processus et d’évolution. Un bâtiment figé ne peut répondre qu’au programme pour lequel il a été pensé. Alors que comme le montre la représentation du « gratte-ciel » parfait paru dans Life Magazine, c’est la structure qui peut évoluer, s’adapter. Elle devient instable car elle prend modèle sur la société (Koolhaas parle de l’impossibilité de planifier la culture), instable et changeante elle aussi, pour devenir un outil de réponse efficace et réactif. Rem Koolhaas le définit très clairement en affirmant le fait qu’il n’est plus possible de programmer ou de définir une destination unique et définitive à un site. C’est pourquoi nous sommes en droit de nous poser la question : pourquoi un bâtiment devrait-il être fixé et défini en termes de programme ? C’est pourquoi la flexibilité programmatique devient une source d’économie et une réponse à une société changeante. Pour appuyer son propos, Koolhaas décrit même ce qu’il appelle un « scénario », le travail de l’architecte s’apparente à celui du monteur de cinéma. On met en place une séquence d’événements sur une trame (structure) constante. On ne peut pas prévoir tout ce qui peut arriver. C’est d’ailleurs le propos qu’il met en avant lorsqu’il dit qu’il est impossible de connaître à l’avance comment ces platesformes (en parlant des plates-formes du gratte-ciel du théorème de 1909) vont être utilisées / programmées.

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Pour lui l’instabilité programmatique est fascinante car elle devient l’apothéose d’une théorie urbaine. La fin de l’architecture, mais une réponse totale à la question de la congestion urbaine. « En dépit de sa solidité physique, le gratte-ciel apparaît comme un grand déstabilisateur métropolitain ; il promet une perpétuelle instabilité programmatique » (3)

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Pour illustrer son propos sur l’instabilité programmatique, Koolhaas utilise l’exemple du Downtown Athletic Club, réalisé en 1931 et conçu par les architectes Starett et Van Vleck (projet faisant partie du corpus d’étude). Le DAC se dresse sur les rives de l’Hudson, près de Battery Park, à la pointe sud de Manhattan.

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Photo du Downtown Athletic Club p.153 New York Delire. Il est pour Koolhaas la représentation du concept « d’instabilité définitive ». Abritant plus d’une quinzaine de programmes différents liés ostensiblement au corps humain (allant des installations médicales, en passant par les terrains de handball, golf, logements, jusqu’au bar à huitres…), il représente, selon Koolhaas, une machine sociale pour jeune riche célibataire New Yorkais.

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Vue extérieure du Downtwon Athletic publié dans «Life magazine», illstrutation issue de «New York Delire». Ed: Parenthèses Rem Koolhaas, p.153

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plan du Downtwon athletic Club R + 9, Echelle 1:500e issu de op. cit. p.154

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plan du Downtwon athletic Club R + 9, Echelle 1:500e issu de op. cit. p.156

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Ce qui est intéressant avec ce projet est le fait qu’aujourd’hui il a subi une reconversion majeure en logement sans subir de travaux de gros œuvre. Car sa structure, comme Koolhaas le fait remarquer, offre une grande flexibilité de programmation. Le Downtown Athletic Club est l’illustration parfaite du théorème de 1909.

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C’est en coupe qu’il est possible de lire la superposition des programmes, et à la manière du théorème de 1909 de « nier » ou du moins de briser la relation programmatique entre chaque niveau définis comme des sites vierges, des morceaux de ville. Cette mise en avant de la mort du lien de manière verticale est aussi mis en avant par Koolhaas dans son ouvrage « Junkspace », ou il déclare nul et non avenue cette relation depuis l’invention de l’ascenseur et de l’escalator.

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« Un empilement d’étages qui sont autant de parcelles diversement occupées, sur lesquelles surviennent des événements et activités n’interférant pas d’une parcelle à l’autre, et pouvant à tout moment changer sans affecter l’ensemble, promettant ainsi « une perpétuelle instabilité programmatique ». (4)

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C’est, par contre, en plan que l’on comprend en quoi le système mis en place permet une telle instabilité, une telle flexibilité en termes de programmes. Le bâtiment est une série de 38 plates-formes superposées (qui répètent chacune plus ou moins le site d’origine), reliées entre elles par une batterie de treize ascenseurs constituant le mur nord de la structure. Cette bande technique nord devient une bande structurelle du bâtiment, une fois les façades porteuses additionnées, nous obtenons la structure complète. On retrouve dans l’organisation de ce bâtiment l’organisation spatiale à laquelle font référence Kempe et Thill pour définir leur espace neutre, c’est-à-dire un noyau structurel associé à des façades porteuses, pour rendre l’espace neutre et donc flexible.

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Grâce à une telle organisation, la capacité de programmation de l’édifice est quasiment illimitée. L’Ordre est clair, la hiérarchisation entre gros œuvre / structure et second œuvre / programme est clairement déterminée. Le plan prend une importance primordiale. Car comme le définit Raymond Hood, il est le sol sur lequel s’accomplissent toutes les activités des occupants humains. Dans le Downtown Athletic Club, chaque plan est un assemblage abstrait d’activités définissant, sur chacune des plates-formes synthétiques, une « attraction » différente, qui n’est qu’un fragment du spectacle global de la métropole. L’édifice devient donc le reflet de la ville, donc de la société, et de ce fait il se comporte comme elle, il se transforme, il évolue. Jacques Lucan dans son ouvrage « Composition, Non-composition » met en avant la notion d’architecture processuelle pour illustrer les propos tenus par Koolhaas sur le Downtown Athletic Club.

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En faisant ressortir le fait que ce type de bâtiment correspond à une typologie d’édifices non conçus, mais générés. Koolhaas définit cette notion comme une architecture pour laquelle il n’y pas besoin de prise de décision formelle, et il oppose cette génération (type américaine) au design (de type européen). On abandonne donc la composition, la programmation rigide et fixée, on développe une flexibilité non plus seulement spatiale mais programmatique. Une flexibilité qui va plus loin que le simple usage de l’usager mais qui devient un miroir de la ville et de la société. Koolhaas utilise le terme de « bâtiments mutants ».

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« Des bâtiments mutants », qui n’étaient pas conçus (designed), mais générés (generated), en dupliquant les sites entiers tels que trouvés (as found). » (5)

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Néanmoins, même si Koolhaas met en avant une flexibilité quasi-totale allant de la mise en place de logement ou de la création d’un paysage artificiel au sein d’une même structure, il montre tout de même la relation singulière qui se met en place entre « zones stables » et « zones indéterminées ». En effet, comme on peut le voir dans de nombreux projets tentant de développer cette notion de flexibilité programmatique, la mise en place de ce système nécessite un certain nombre d’éléments fixes. Le principal, est bien entendu la structure, servant de matrice à la génération des programmes, mais entrent en compte aussi tous les éléments de services, tels que les ascenseurs, les descentes de gaines… Tous les éléments techniques deviennent des éléments fixes qui encadrent, mais qui permettent aussi la mise en place de la flexibilité. On retrouve aussi des éléments de programme qui sont définis d’une certaine manière mais qui ne peuvent pas se transformer, par exemple un hall d’entrée. Même si cela reste un espace plus ou moins neutre, sa fonction de base est nécessaire au fonctionnement de l’édifice et ne peut donc pas par ce fait être supprimée ou reprogrammée.

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L’architecture processuelle est donc un savant mélange entre zones stables et indéterminées. Une osmose entre une structure/infrastructure permettant une liberté quasi-totale tout en l’inscrivant dans certaines limites.

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« Cette méthode qui peut être encore qualifiée de processuelle, intègre une part d’indétermination dans la définition des programmes et leur évolution. » (6)

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Pour saisir de manière plus globale la pensée de Koolhaas sur la mise en place d’une flexibilité programmatique il faut se tourner vers l’ouvrage Junkspace . Certes il est possible d’interpréter de diverses manières les essais présents dans cet ouvrage mais nous allons en isoler certains points, car ils aident à avoir une vision plus claire. Le premier point fait écho à la théorie mise en place par le groupe Archigram, c’està-dire que le détail n’existe plus pour réunir deux éléments de manière pérenne mais pour permettre son interchangeabilité.

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Les besoins ayant un caractère changeant (à grande vitesse), les méthodes de construction doivent donc elles aussi permettre le changement. Elément clef de la flexibilité, car la conception seule ne suffit pas à mettre en place une telle notion dans un projet, il faut que sa technicité le permette. « Jadis le travail des détails contribuait à la réunion, peut être perpétuelle, d’éléments disparates, il opère désormais un assemblage transitoire, attendant d’être défait, dévissé, une union temporaire avec une forte probabilité de séparation. » (7) « La construction a acquis une nouvelle souplesse, inspirée par la couture… » (8)

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Le deuxième point mis en avant par Koolhaas fait référence à Archizoom et à leur interprétation du « Well-tempered environment » écrit par Reyner Banham. Il met en avant le rôle de l’élément de climatisation, car, comme l’éclairage artificiel, il est un point majeur de l’extensibilité d’une structure ou d’un bâtiment de manière quasiinfini. La climatisation / ventilation et l’éclairage artificiel représentent ensemble les éléments nécessaires à la mise en place d’un environnement artificiel. Ces éléments installent une neutralité ou une indéfinition de l’espace car il devient artificiel et séparé de l’environnement naturel. De la même manière que Archizoom a représenté, une structure infinie et non déterminée, est régie par l’organisation de sa structure, de ses circulations verticales et par son système d’éclairage artificiel et de climatisation. La flexibilité programmatique peut donc passer par l’artificialisation de l’espace.

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« La climatisation a donné naissance au bâtiment sans fin. Si l’architecture sépare les bâtiments, la climatisation les unit. La climatisation a imposé des régimes mutants d’organisation et de coexistence, qui dépassent l’architecture.» (9)

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Le troisième point développé est celui de la réversibilité entre l’espace de travail type bureau et l’espace du logement. Cette notion fait directement écho à la notion développée par Kempe et Thill qui proposent d’installer une certaine neutralité de l’espace pour le rendre flexible, tout en suivant l’évolution constante des modes de vie et de travail, et par conséquent l’évolution du télétravail et la relation ambigüe qui se crée entre ces deux programmes montrant ainsi une transformation du logement pour ressembler de plus en plus à celle du bureau.

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En effet, cette dernière représente un modèle plus flexible et plus facilement aménageable dans le temps qu’un logement traditionnel. Koolhaas dans son essai la ville générique, lorsqu’il traite de la notion du programme met en avant ce changement de mode de vie et met lui aussi en avant cette réversibilité spatiale entre logements et bureaux. Inscrivant sa pensée dans une logique contemporaine car en prenant le cas de la France, de nombreux m² de bureaux restent inoccupés, consomment des fonds pour être entretenus alors que l’on assiste à une crise du logement.

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Les structures actuellement en place, qu’elles soient politiques ou architecturales, ne répondent pas à ce besoin qui évolue de manière rapide. Si nos bureaux étaient pensés à la base pour pouvoir se transformer en logement lorsque le besoin se fait sentir, nous n’aurions pas un tel problème de logement aujourd’hui. De ce fait Koolhaas questionne la pensée même sur le logement car avant de pouvoir penser le logement contemporain économique, il faut encore être capable de comprendre les enjeux qu’il représente aujourd’hui.

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« Dans 5 à 10 ans, tout le monde travaillera à domicile. Mais nous aurons alors besoin de domiciles plus grands, assez grands pour accueillir des réunions. Les bureaux devront être reconvertis en logements. » (10)

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1 Rem Koolhaas : « New York Délire, un manifeste rétroactif pour Manhattan », édition : Parenthèse. P.85 2 Ibidem p .85 3 Ibidem p .87 4 Jacques Lucan : « Composition, non-composition, théories architecturales, XIXème XXème », édition : presse polytechniques et universitaires romandes, p .548 5 Ibidem p .547 6 Ibidem p .550 7 Rem Koolhaas : « Junkspace », édition Payot & Rivages, p .90 8 Ibidem p .90 9 Ibidem p .83 10 Ibidem p .67

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2.8 Megafloor : la théorie japonaise du 100 X 100 :

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Le « Megafloor » est un mouvement de pensée élaboré dans le début des années 2000 au Japon. Représenté par un projet théorique, mais dessiné jusque dans ces moindres détails à la manière d’Archigram. Un projet théorique mais critiquable jusque dans sa dimension construite et donc dans son fonctionnement. Le Mégafloor est le produit d’une collaboration entre de nombreux participants. L’équipe de base se constitue de Hitoshi Abe, Masashige Motoe, Manabu Chiba, Masashi Sogabe, Yasuaki Onoda, pour le dessin et la conception du projet, avec la participation de Bruce Mau sur des phases plus analytiques et théoriques du projet.

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Le Megafloor est défini selon 5 points majeurs qui décrivent son fonctionnement et son rôle. Le projet faisant partie intégrante du corpus étudié, nous allons nous pencher, dans cette partie, sur la théorie qui le définit afin d’analyser plus en détails, par la suite, son fonctionnement structurel et de manière plus descriptive sa composition.

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Le Megafloor fait référence à des concepts et des théories évoqués dans les parties précédentes. Par exemple, il renvoi de manière directe à la pensée d’Archizoom et à leur notion de structure infinie, mais aussi dans des dimensions plus détaillées telles que, l’usage de la micro-climatisation, l’importance et la limite de l’éclairage artificiel (emprise de 100 par 100 mètres). Ces deux derniers points font aussi écho à la pensée que Koolhaas développe dans son essai « Junkspace » où il montre que l’espace infini et indéterminé vient de l’usage répété de la climatisation et de l’éclairage artificiel. On retrouve aussi la notion d’ « instabilité définitive » mise en avant toujours par Rem Koolhaas dans son ouvrage New York Délire. Cet espace indéfini tient plus d’une architecture générée que conçue. Le bâtiment est prévu pour offrir un potentiel et pour s’adapter et subir différents stades d’évolution. Il est donc un exemple « d’architecture processuelle ». Une structure que l’on peut remplir pour s’adapter à différents besoins et sur des périodes de temps différentes. On retrouve donc, de ce fait, la notion développée par Kempe et Thill de flexibilité par la neutralité avec un rapprochement entre la typologie du logement et du bureau. Car le Megafloor fonctionne à l’image d’une ville, se programme de manière aléatoire et libre amenant donc à la cohabitation directe de programmes variés et donc l’accroissement des similitudes entre les différentes typologies.

« The Megafloor contains space wich is wide, tall, varied, flexible and stimulating. » (1) « Le Mégafloor est le récipient d’un espace large, haut, varié, flexible et stimulant. » (1 traduction)

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1. « Flat » (Plat) 2. « Tall » (Hauteur) 3. « Stout » (Massif, large, Emprise) 4. « Invert » (Inverser) 5. « Surrond » (Environnement)

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Les 5 points du Mégafloor sont donc :

« The Japan Architect N°50, summer 2003, p.31 schéma « Flat »

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1. « Flat » : Plat

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Le Mégafloor possède donc une étendue de 100m x 100m, et parait plat en comparaison des autres bâtiments de collectif et de bureau qui ont tendance à s’élever de manière importante au Japon. Son emprise au sol est équivalente à celle d’un terrain de football. C’est par cette emprise que le Mégafloor veut développer des notions d’adaptabilité et de liberté de fonctions / programmes et ainsi maximiser les possibilités d’organisation spatiale.

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Par cette échelle qui dépasse largement celle de la « flexibilité » ou du « plateau libre » mise en œuvre dans des bâtiments de bureaux ou de logements collectifs, l’espace intérieur devient un lieu complexe de relations, faisant varier les frontières et limites entre les différents « départements », éléments ou programmes. Ouvrant ainsi de nombreuses possibilités de communication entre les différents espaces et programmes, le plateau devient un lieu d’émulation. Un lieu programmable à volonté.

« The Japan Architect N°50, summer 2003, p.46 schéma « Organisation»

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2. « Tall » : Hauteur

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« The Japan Architect N°50, summer 2003, p.31 schéma « Tall »

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La hauteur est un des points clés du Megafloor et de la flexibilité de manière plus générale. La hauteur de plafond dans le Megafloor est de 4.50 mètres sous plafond (avec une épaisseur de plancher de 2 mètres pour résoudre les problèmes de portées). Cette hauteur est équivalente à celle d’un centre commercial, ce qui ouvre des possibilités généralement non prises en considération dans les logements collectifs à tendance flexible ou même dans les édifices dédiés au bureau. La hauteur répond à la limite de l’éclairage artificiel, la façade vitrée et la hauteur sous plafond permettent à la lumière de pénétrer plus loin dans l’édifice, et même au centre la hauteur vient jouer comme un élément de libération car selon les concepteurs, on ne se sent pas oppressé ou confiné grâce au volume permis par la hauteur sous plafond. Celle-ci fait disparaître les types d’organisation traditionnels en offrant un volume libre et capable, aménageable à volonté. Le tout en offrant un rapport différent à la façade car elle n’est plus un élément contraignant de l’organisation de l’édifice. De plus, le volume est abordé d’avantage comme un « climat » confortable avec ses fluctuations naturelles que comme un environnement statique et confiné.

« The Japan Architect N°50, summer 2003, p.64-65 schema « Variation »

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3. « Stout » : Large, massif, épais

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Le Mégafloor dispose d’un corps / d’une structure robuste. Sa structure est pensée comme un élément épais. Les grandes portées minimisent le nombre de colonnes porteuses, tout en augmentant le degré de liberté en termes de divisions spatiales du plan. Le dimensionnement des poutres qui tend à augmenter (2m d’épaisseur de plancher) devient un facteur d’organisation générale du bâtiment et de mise en place du modèle flexible. En effet, le plancher épais de 2 mètres devient une zone capable qui permet l’utilisation potentielle d’une épaisseur technique offrant une gestion technique très libre et à n’importe quel endroit du plateau. Poussant le principe de libération de l’espace jusqu’à son paroxysme car même l’épaisseur du sol devient un élément de libération du volume développé par le plateau et la hauteur.

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L’idée mise en avant est qu’un bâtiment doit pouvoir offrir une certaine ténacité face à l’évolution des besoins pour conserver son rôle au niveau social et économique, cette ténacité combinée à une structure forte et épaisse doit pouvoir offrir une marge de flexibilité pour permettre des évolutions de l’espace intérieur, que ce soit en termes d’aménagements ou de programmes.

« The Japan Architect N°50, summer 2003, p.31 schema « Stout »

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4. « Invert » : inverser

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La démarche d’inversement est une tentative de redéfinition de l’espace par l’inversement spatial du noyau technique et de circulation depuis le centre du bâtiment vers les façades. En effet, cette démarche permet d’exploser et donc de réduire l’espace qu’occupe le volume sur le plateau. Plutôt que d’obstruer tout le centre de l’édifice, on réparti en plusieurs éléments de dimensions plus réduites au niveau de la façade. Cette organisation rappelle celle qui avait été proposée par Yves Lion pour son projet nommé « la bande active » (1984).

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Le fait d’inverser accroît grandement les possibilités d’aménagements car on offre un plus grand espace neutre. Il représente la même surface mais répartie de manière plus intelligente. Les mouvements au niveau du plateau, que permet cette organisation, sont bien plus libres que ceux qui se mettent en place autour d’un noyau.

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L’espace libéré au centre du plateau et l’espace fragmenté utilisés par les zones de circulation ou zones techniques en façade, permettent une plus grande libération de l’espace et une plus grande neutralité de ce même espace. On permet donc une plus grande flexibilité en termes de programmation ou d’aménagement du second œuvre.

« The Japan Architect N°50, summer 2003, p.31 schéma « Invert »

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5. « Surround » : Environnement

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Le Megafloor dans son aspect théorique questionne la ville mais aussi le fonctionnement d’un édifice dans et par rapport à la ville. Le Megafloor redéfinit d’une manière assez novatrice la relation d’un édifice à son environnement. Plutôt que confiner les zones d’interaction avec la ville aux halls d’immeuble ou aux toitures terrasses, le Mégafloor devient une métaphore de la ville et se revêt d’un « manteau » programmatique correspondant aux actions offertes par la ville. C’est-à-dire que la façade devient un lieu de cohabitation entre usagers, habitants et lieu de vie urbaine. C’est une toute autre relation à la ville, car la ville s’immisce dans le bâtiment pour venir s’enrouler autour de lui. Montrant une nouvelle fois que l’organisation spatiale et structurelle du Megafloor permet une très grande flexibilité programmatique et spatiale.

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Bien sûr, le Megafloor reste critiquable, car malgré ses dimensions constructives et théoriques développées pour qu’il puisse être construit et donc analysé, il reste un projet sur papier et il est donc difficile de se positionner de manière assumée par rapport à son fonctionnement. Néanmoins, cette théorie née au travers de ce projet amène de grandes richesses par rapport aux éléments de compréhension de la flexibilité spatiale et programmatique ainsi qu’au niveau de la compréhension de la ville et de son interaction avec les édifices qui la compose. De plus la méthode de définition du Megafloor nous intéresse car elle est très similaire aux points d’analyse du corpus de ce mémoire. D’où l’importance d’une étude plus théorique et d’une étude de cas de ce projet.

« The Japan Architect N°50, summer 2003, p.31 schéma « Surround »

1 « The japan Architect: N°50 – OfficeUrbanisme. Summer 2003 » p.34

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« The Japan Architect N°50, summer 2003, p.34 schéma de diversité programmatique sur le plateau »

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3 . Etude du corpus

3.1. 1931, « Downtown Athletic Club », Starett et Van Vleck

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3.2. 1952, « Price tower », Frank Llyod Wright

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3.3. 2002, « OAB, office/appartments balmes », Carlos Ferrater OAB

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3.4. 2003, « Megafloor », Hitoshi Ahe, Masashige Motoe, Yasuaki Onoda, Manabu Chiba, Masahi Sugabe,

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3.5. 2007, « St Jakob Turm » Herzog et De Meuron

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3.6. 2008, « Voksiboks, Mutifonctionnal Stackable Module », A-Lab

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3.7. 2009, « Metacity Rotterdam (Stadskantoor) », OMA

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3.8. 2013, « Sky Village », MVRDV & Adept

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3 . Etude du corpus

Structure Périphérique

Noyau Structurel Central Noyau Technique/ CirculationCentral

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Structure ossature

Eléments fixes

Bande Technique/ Circulation Latérale

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Surface / Emprise au sol

Assemblage de modules

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Ordre : Programmé Programmable 91


3. Etude du Corpus 0. Introduction :

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1. Emprise / Surface :

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Cet élément d’analyse représente la partie descriptive, quelques lignes pour mettre en avant, les intentions qui ont générées le projet, le mode de fonctionnement du projet, la situation du projet (Bâti, en construction, théorique…) et un bref rappel de son contexte.

Surface / Emprise au sol

2. Structure :

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Cet outil d’analyse a pour but de mettre en évidence la relation entre l’espace qui se développe en surface et la mise en place de flexibilité programmatique dans le bâtiment. La question est donc de savoir si l’augmentation de la surface permet de développer un espace plus flexible.

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Le but de cette analyse est d’examiner les types de structures et les potentialités qu’elles développent. Le but est de différencier les structures de différents types, structure en ossature, structure périphérique porteuse, Noyau structurel porteur, structure tramée. C’est quatre types de structure sont les structures étudiées dans le corpus, l’intérêt va donc être de voir laquelle offre le plus de potentialité, ou quel types d’espace flexible mettentelles en place, quel type offre la plus grande liberté d’organisation. Il s’agit donc d’un outil d’analyse visant à mettre en avant les potentiels inhérents à chaque structure.

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Structure ossature

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3. Hauteur (Espace Vs Volume) :

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L’étude de la hauteur comme élément d’analyse du projet consiste à soulever la relation entre flexibilité d’usage et de programmation par la libération du volume et par conséquent l’augmentation de la hauteur. La hauteur étant un élément rigide est déterminé par le programme, son étude devient primordiale car elle nous montre le réel fonctionnement d’un bâtiment « mutant », flexible en termes de programmes.


4. Eléments Fixes et Noyaux:

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L’analyse des éléments fixes et noyau, c’est-à-dire, Les zones de circulation, services et techniques, revient à étudier la position des éléments fixes du projet et voir en quoi ils interagissent avec l’espace à tendance flexible. Leur rôle est très important car une fois jumelés à la structure ils représentent le cadre fixe qui définit et organise la flexibilité.

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Eléments fixes

5. Ordre : Programmé / Programmable :

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Le dernier outil d’analyse est utilisé pour montrer de manière claire la dissociation et la hiérarchisation entre les éléments pouvant se reprogrammer et ceux qui sont prévus pour rester fixe. Il s’agit de mettre en évidence les éléments de programme qui sont faits pour ne pas se transformer de manière à laisser libre court à une organisation flexible concernant le reste de l’édifice.

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Ordre : Programmé Programmable

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Classement géographique et chronologique du Corpus : U.S.A 1931 - STARRET ET VAN VLECK, «Downtown Athletic Club» - New York. 1952 - FRANK LLYOD WRIGHT - «Price Tower» - Barlesville, Oklahoma.

2002 - CARLOS FERRATER / OAB - «Office/Appartments Balmes» - Barcelone

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1952

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ESPAGNE

1931

2002 2003

JAPON 2003 - HITOSHI AHE, MASASHIGE MOTOE - «Megafloor» Pas de site défini précisement

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SUISSE

2007

2007- HERZOG ET DE MEURON - « St Jakob Turm» - Bâle

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NORVEGE

2008 - A-LAB - «Voksiboks, Multifonctionnal stackable modules» - Sandkiva

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PAYS-BAS

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2009 - OMA / REM KOOLHAAS - «Stadskantoor, Metacity Rotterdam» - Rotterdam DANEMARK

2009

2013

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2013 - MVRDV + Adept - «Sky Village» - Rodrove

2008

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Introduction :

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3.1 STARRETT ET VAN VLECK Downtown Athletic Club, New York , USA 1931

Le Downtown Athletic Club est un gratte-ciel art-déco, qui fut construit à New-York en 1931 par les architectes Strarrett et Van Vleck. Il se situe à la pointe de Manhattan le long de l’Hudson River. Son emplacement a eu une importance cruciale dans le projet car à cause du prix élevé du foncier, la décision a été prise de faire monter le Downtown Athletic Club le plus haut possible.

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Vue du Downtown Athletic club NY, http://img.photobucket.com/albums/v109/nyctowers/dac2.jpg

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Cette décision impacte directement la volumétrie et l’organisation du bâtiment. En effet, sa volumétrie reflète le respect à la lettre du prospect urbain new yorkais. Ce qui induit une déformation de la structure, et donc, la trame structurelle n’est pas constante car elle se place aux points stratégiques de retombé de charge des façades en retrait de l’alignement sur rue.

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Le Downrown Athletic Club est un projet devenu célèbre depuis la parution de Delirious New York de Rem Koolhaas, qui voit en ce bâtiment l’apothéose de ce qu’il nomme « la congestion urbaine ». Il en vient à mettre au point la notion « d’instabilité définitive », ouvrant les voies d’une étude sur la flexibilité programmatique.

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En effet, ce bâtiment possède une dimension fondamentale pour la question de la flexibilité programmatique car au moment de sa conception et de sa réalisation, il est pensé pour un très nombre nombres de programmes. Cela va du logement à la chambre d’hôtel, en passant par les équipements sportifs (salles de sport, boxe, squash, handball, un gymnase, une piscine),des équipements médicaux, des spas, des bars à huitres adossés à des salles de musculation, des restaurants et même du paysage artificiel car un des étages est dédié au Golf (un golf artificiel dans les hauteurs de Manhattan).

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Vue du Downtown Athletic club NY, et plan de situation Rem Koolhaas «New York Delire», p 153

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Koolhaas met donc en avant la potentialité et l’indétermination constante de ce bâtiment qui est fait pour se transformer. Il développe d’ailleurs la notion de « bâtiment mutant » à partir de cet exemple. Koolhaas avait vu juste car ce bâtiment à l’origine pensé par une population d’élite pour un groupe d’élite, c’est-à-dire de jeunes millionnaires new yorkais en quête de suprématie et d’avant-gardisme sur les modes de vie, est aujourd’hui devenu un édifice majoritairement composé de logements. Le bâtiment a été reconverti par Avinash K. Malhotra en 2007 et représente aujourd’hui un ensemble de 298 logements sans que la volumétrie n’ait été altérée.


3.1 STARRETT ET VAN VLECK Downtown Athletic Club, New York , USA 1931

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Les plans ici présents représentent une partie des programmes présents dans le Downtown Athletic Club. Chaque niveau représente une fonction différente. Le plan fonctionne comme une matrice constante qui ne change pas alors que les programmes évoluent, de même que les aménagements du second œuvre qui représentent la spécificité de chaque programme.

Plan du Downtown Athletic Club, 500e «Composition, non composition». Jacques Lucan p 547

Plan du Downtown Athletic Club, 500e «Composition, non composition». Jacques Lucan p 547

Plan du Downtown Athletic Club, 500e «Composition, non composition». Jacques Lucan p 547

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Plan du Downtown Athletic Club, 500e «New York Delire». Rem Koolhaas,p.156

Plan du Downtown Athletic Club, 500e «Composition, non composition». Jacques Lucan p 547

Plan du Downtown Athletic Club, 500e «Composition, non composition». Jacques Lucan p 547

Plan du Downtown Athletic Club, 500e «Composition, non composition». Jacques Lucan p 547

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Plan du Downtown Athletic Club, 500e «New York Delire». Rem Koolhaas,p.154

Echelle 1:500 97


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3.1 STARRETT ET VAN VLECK Downtown Athletic Club, New York , USA 1931

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3.1.1Surface

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L’étude des surfaces sur ce projet met en évidence la relation entre programme et espace en plan. En effet, nous constatons que le logement a tendance à se loger dans les étages à surfaces plus réduites, pour des questions d’apport de lumière naturelle ou de ventilation, alors que les surfaces plus généreuses sont offertes aux programmes de type sportif comme le gymnase, le golf. Pourtant, le facteur de surface n’est pas, dans ce projet, un élément qui contraint ou limite la programmation flexible. Car aujourd’hui le logement est présent à tous les niveaux.

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3.1. 2 Structure Le schéma structurel est clair. Ce qui est un des principes de base à mettre en place pour pouvoir développer la flexibilité programmatique dans un projet. La structure est donc de type périphérique porteuse. On observe des points porteurs dessinant une trame irrégulière et une travée de poteaux venant se placer en réponse au mur de la façade nord pour délimiter les espaces de service. Grâce à ce schéma simple, la hiérarchie entre gros œuvre et second œuvre flexible s’effectue sans difficulté. Grâce aux points porteurs à moitié noyés dans la façade cela permet une découpe des baies de manière réglée sur la façade.

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1 - Schéma de surface, Echelle 1:500e Redessin Personnel

Echelle 1:500 98

2 - Schéma de structure, Echelle 1:500e Redessin Personnel


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3.1. 3 Trame

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3.1 STARRETT ET VAN VLECK Downtown Athletic Club, New York , USA 1931

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Les points porteurs en façade sont répartis sur une trame irrégulière. Sur les faces Est et Ouest la trame est régulière, c’est un quadrillage de 6.20m x 6.20m qui est associé à une bande de 3.0m en façade qui vient briser cette régularité.

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Sur les façades Nord (aveugle) et Sud (qui sont les plus vastes), on observe là aussi la mise en place d’une trame irrégulière. On passe d’une portée de 5.20m à 6.0m jusqu’à 6.8m divisés en deux zones de 4.4m et 2.4m pour terminer par une travée réglée à 4.7 mètres.

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L’explication de cette irrégularité vient de la volonté de la volumétrie de respecter à la lettre la réglementation New Yorkaise sur les gabarits pour pouvoir monter le plus haut possible et donc rentabiliser le plus possible le prix du foncier. Celui-ci étant à la base très élevé. La structure se base donc sur la réglementation pour pouvoir porter de manière directe les blocs du volume qui se retrouve en retrait de l’alignement, du fait que les façades sont les éléments porteurs.

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3

Echelle 1:500

3 - Schéma de tramage Echelle 1:500e Redessin Personnel

99


3.1 STARRETT ET VAN VLECK Downtown Athletic Club, New York , USA 1931 5.3m

8.8m

Salle de Handball Squash + balcon 4ème étage

3.7m

Piscine + balcon 12ème étage

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3.1. 4 Hauteur Les schémas en coupe mettent en évidence les différents programmes combinés et qui se superposent dans la coupe.

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Terrain de Golf 7ème étage

7.2m

Gymnase 8ème étage

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Restaurant 15ème étage

3.0m

Chambres 20 ème étage

4.15m 3.0m

Bains médicaux 10ème étage

Schémas de hauteur, 1:200 Redessin Personnel

5.8m

4.15m

Ainsi que les différentes hauteurs associées à chaque fonction, s’accompagnant d’une épaisseur de plancher se basant sur la position de l’étage et du programme qu’il abrite.

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7.2m

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3.5m

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3.5m

Echelle 1:200

Logements 25ème/30ème/35 ème étage


3.1 STARRETT ET VAN VLECK Downtown Athletic Club, New York , USA 1931

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3.1.3 Hauteur

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La variation de la hauteur élément primordial de tout système de programmes flexibles. On voit dans le projet que les hauteurs varient en fonction des programmes présents aux différents niveaux de l’édifice. Les hauteurs sont importantes dans des programmes tels que des salles de handball et dans le gymnase (8.8 mètres et 7.2 mètres.). Il est donc clair que la hauteur et donc la libération du volume permettent la mise en place de la flexibilité programmatique. Car l’emprise sur les plateaux tend plus à diminuer qu’à augmenter. On voit donc ici que la flexibilité s’installe plus par le biais de la hauteur que par le biais de la surface au sol. 1

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C’est bien grâce à ces variations de hauteur de planchers et les grandes hauteurs sous plafond développées, le projet a pu être reconverti en logements de manière aisée. Il est devenu un des tout premiers exemples emblématiques de flexibilité programmatique au XXè siècle, et même le plus célèbre.

1 - Coupe Nord Echelle 1:1000e Rem Koolhaas, «New York Délire» p.154

101


3.1 STARRETT ET VAN VLECK Downtown Athletic Club, New York , USA 1931

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3.1. 5 Eléments fixes : Bande de service

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Les éléments fixes représentent dans ce projet tous les éléments de services, techniques et de circulation. IOn peut parler de bande de service ou de bande technique. Cette zone est d’ailleurs une zone majoritairement utilisée par le personnel travaillant dans l’édifice. On compte donc 9 ascenseurs (dont un de service), 2 escaliers (dont un de service) plus deux placards techniques dans lesquels viennent se regrouper toutes les gaines. La centralisation des éléments techniques et de service est destinée à libérer l’espace et rendre flexible la zone se développant à partir de la façade Sud. La façade Nord a été choisie de manière évidente car elle est mitoyenne avec un autre gratte-ciel, la rendant complétement aveugle. Les gaines se trouvent regroupées en seulement 2 points car l’épaisseur des planchers permet de les ramener facilement jusqu’aux mêmes points, sans avoir d’élément qui court le long des cloisons, libérant ainsi l’espace de contraintes techniques pour le rendre flexible et programmable.

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1

Structure

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Gaines Escaliers

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Ascenseurs

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3.1. 6 Zones programmées / Zones programmables

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La question d’ordre est formulée dans le sens où l’on veut mettre en lumière l’organisation propre du bâtiment et son mode de fonctionnement pour comprendre quel est le rapport entre l’espace programmé et l’espace programmable.

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Ici on voit clairement la distinction entre zone flexible et zone fixe. Celle-ci est définie au préalable par les éléments fixes techniques et de services observés précédemment, ainsi que par une travée interne de poteaux. Cette travée a donc un but structurel mais aussi elle met en place une limite claire et nette entre l’espace flexible / programmable et l’espace fixe, c’est-à-dire de service, qui devient de ce fait le support au bon fonctionnement d’un système flexible. Sans regroupement des services et de la technique, l’espace principal serait encombré et très complexe à aménager.

Structure

Eléments fixes

Zone programmé Espace technique fixe

Zone programmable Espace libre et aménageable 102

1 - Schéma Eléments fixes Echelle 1:500e Redessin Personnel 2 - Schéma Programmé - programmable Echelle 1:500e Redessin Personnel


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3.2 FRANK LLYOD WRIGHT Price Tower for the H.C Price Cie, Bartlesville, Oklahoma, USA 1952

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Introduction :

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La Price Tower est l’accomplissement du concept que Frank Lloyd Wright développe à propos du gratte-ciel américain et qu’il a développé avec La St. Mark Tower en 1929. Cette idée, réutilisée lors de la conception de la Price Tower, est de mettre en place un noyau structurel central, similaire à un arbre et dont les fondations rappellent un système de racines. Ces fondations et le noyau central servent de support à tous les étages et permettent une descente des charges jusque dans le sol.

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A l’image d’un arbre, le tronc central se déploie et porte tous les planchers en porte-à-faux, telles des branches. De ce fait, l’enveloppe du bâtiment devient libre de toutes contraintes structurelles. Les murs deviennent des écrans de verre et de métal.

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Cependant tout gratte-ciel qui se définit par une simple façade vitrée totalitaire est un édifice extrêmement couteux lorsqu’il s’agit de le refroidir ou de le chauffer. Il faut rappeler que ce projet date de 1952 à un moment où le verre ne connaissait pas les caractéristiques techniques et technologiques qui lui sont propres aujourd’hui.

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Vue de la Price Tower «Frank Llyod Wright Monograph 1951 - 1959» p.65

C’est pour cela que Franck Lloyd Wright conçoit un système de plaque de cuivre qu’il répand sur la façade en leur conférant le rôle de persiennes et de pare-soleils. Reprenant ainsi la métaphore de l’arbre et des feuilles.

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Vue de la Price Tower «Frank Llyod Wright and the living city» p274

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Lorsque la famille Price (Harold, Mary Lou et leur deux fils Harold Jr. Et Joe) arrivent dans le Wisconsin en 1952 pour passer commande auprès de Frank Lloyd Wright d’un projet de bureau pour leur compagnie de Pipeline, leurs exigences se limitaient à un modeste édifice de deux niveaux et un espace de parking pour camions et voitures.

Le site qu’ils avaient à disposition était un ilot dans la partie de la ville qui n’était pas encore totalement urbanisée. Une partie de ville semblable à une périphérie, une zone arborée qui allait développer son urbanité dans les années à venir.

Une fois de retour à Taliesin pour découvrir les esquisses de F.L Wright sur leur projet, la famille Price découvre le projet d’un gratteciel de 22 étages de haut incorporant des parkings au sous-sol remplaçant l’édifice de deux niveaux entourant la tour et délimitant ainsi l’emprise du site.


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3.2 FRANK LLYOD WRIGHT Price Tower for the H.C Price Company, Bartlesville, Oklahoma, USA 1952

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Le projet de la Price est donc une nouvelle version de la St. Mark Tower, sauf que le projet de la St. Mark Tower était conçu dans le seul but d’accueillir du logement alors que la Price Tower offre un espace flexible alliant bureaux, logements, avec la possibilité d’une programmation plus large (exemple : cabinet médicaux…). Le principe était de mettre à disposition les derniers étages de la tour pour la Price Company et de mettre en location les étages restants. Ce projet n’était pas ce que les Price attendaient mais ils furent pourtant séduits par cette proposition. Une fois construite, la tour fût peu à peu investie par la famille et l’entreprise Price qui en sont venus jusqu’à occuper 19 étages sur les 22.

3 1 - Plan d’étage courant de la Price tower «Frank Llyod Wright Monograph 1951 - 1959» p.66 2 - Plan de mezzanine, logement duplex, Price tower «Frank Llyod Wright Monograph 1951 - 1959» p.66 3 - Plan d’étage courant abritant une programmation diverse. http://newamericanvillage.blogspot.fr/2009/08/franklloyd-wrights-price-tower.html

Echelle1:200 105


3.2 FRANK LLYOD WRIGHT Price Tower for the H.C Price Cie, Bartlesville, Oklahoma, USA 1952

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3.2.1Surface

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L’étude de la surface offerte par plancher met en évidence dans ce projet la réversibilité de l’espace entre le programme du bureau et du logement. En effet, le plateau de 240 m² est un espace relativement restreint, mais offre la possibilité de passer librement du logement au bureau dans un même espace défini. Tous les niveaux, sauf le dernier étage, disposent de la même surface, le dernier étage étant le bureau personnel de Mr Price. La surface se réduit donc pour affirmer la seule partie de l’édifice dont le programme est fixe.

240 m²

Il y a donc une corrélation directe entre surface et programme. L’avantage de cette surface réduite se dessine en termes de qualité d’espace, car, une fois partitionnée en quatre par la structure, l’espace devient facilement éclairable de manière naturelle et met en place des espaces se trouvant toujours dans une situation d’angle. Ce qui améliore grandement les qualités des espaces internes.

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1

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3.2. 2 Structure

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La structure, comme expliqué précédemment, reprend la métaphore d’un tronc d’arbre. Elle se divise en quatre murs porteurs s’épaississant vers le cœur de l’édifice.

L’épaisseur développée aux extrémités intérieures de la structure permet de faire passer des conduits de cheminées et sert d’attentes aux cages d’ascenseur venant se greffer au centre de l’édifice, définissant ainsi, l’organisation toute entière du projet. Ces murs porteurs se répartissent de manière polaire, en tournant autour du centre de l’édifice offrant ainsi une clarté structurelle qui permet une partition claire de l’espace.

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m 15

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2

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Cet élargissement a une fonction structurelle car il permet de définir un noyau central porteur qui reprend et porte les charges des planchers tous en porte-à-faux. De plus, ce dessin particulier de la structure offre d’autres éléments au projet.

6m

5m

6m

3 Echelle 1:500e 106

3.2. 3 Trame Le tramage du projet s’inscrit dans la logique de clarté structurelle et d’évidence dans l’organisation du plan. La périphérie du bâtiment se définit par un carré de 15m x 15m ainsi que par l’intersection d’un même carré ayant pivoté sur l’axe central du bâtiment avec un angle de 45°. La structure quant à elle, se base sur une trame de 6m – 5m – 6m. Ce dimensionnement permet une découpe claire de l’espace mais aussi la hiérarchisation entre les espaces. Les murs porteurs de 6m viennent enclore les espaces programmables alors que le carré central de 5m x 5m vient quant à lui définir l’espace programmé de circulation et de distribution de l’édifice. On distingue donc de manière claire l’espace de service inclus dans le noyau central et les espaces programmables ou aménageables.


3.2.4 Hauteur 3m

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3.2 FRANK LLYOD WRIGHT Price Tower for the H.C Price Cie, Bartlesville, Oklahoma, USA 1952

F.L. Wright décide de fixer à 3 mètres la hauteur commune à tous les programmes. Il ne faut pas oublier qu’en 1952, les normes concernant les hauteurs ne sont pas celles auxquelles nous sommes habitués. Mais le fait de mettre en place une valeur commune entre deux programmes différents affirme la réversibilité de l’espace entre le logement et le bureau.

3m

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3m

4

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Nous étions déjà capable de lire cette relation entre ces deux programmes grâce au découpage structurel et à l’espace mis à disposition en plan, mais la vision d’une hauteur commune pour ces deux programmes vient confirmer cette interdépendance en termes d’espace pour ces deux programmes.

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De plus, en fixant l’entre-axe à 3 mètres, Wright se donne la possibilité de mettre en place des espaces en duplex une fois deux niveaux combinés entre eux, pour permettre l’aménagement de logement plus spacieux et offrir une nouvelle flexibilité d’aménagement. On peut même lire sur les plans que cette dimension permet aussi la mise en place de programmes plus variés tels que des cabinets médicaux et autres services.

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On est donc bien aux antipodes de l’organisation étudiée dans le Downtown Athletic Club de Starret et Van Vleck, où diversité de programme rime avec variation de hauteur. Ici c’est la valeur commune de hauteur qui permet la flexibilité programmatique.

1 - Schéma de surface, Echelle 1:500e Redessin Personnel 2 - Schéma de structure, Echelle 1:500e Redessin Personnel 3 - Schéma de tramage Echelle 1:500e Redessin Personnel 4 - Coupe schématique, hauteur et entre-axe Echelle 1:200e, Redessin personnel

5

5 - Coupe générale Echelle 1:5000e «Key Urban Housing of the twentieth century», Hilary French, édition Laurence King Publishing Ltd. p.99

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3.2 FRANK LLYOD WRIGHT Price Tower for the H.C Price Cie, Bartlesville, Oklahoma, USA 1952

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3.2.5 Eléments fixes : Noyau Central

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Les éléments fixes tiennent toujours un rôle primordial dans les systèmes flexibles en termes de programme car ils représentent les éléments techniques permettant le bon fonctionnement du système. On observe donc dans le projet de la Price Tower que la structure sert d’appui à tous ces éléments techniques. Premièrement, l’élargissement de la structure vers le cœur de l’édifice permet la fixation des éléments de circulations verticales, les quatre cages d’ascenseurs viennent se greffer dans l’épaisseur de la structure au bout des murs porteurs. De ce fait, la circulation contribue elle aussi à souligner l’ordre et la hiérarchisation de l’espace dessiné par la structure.

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Structure

Deux escaliers sont placés de manière plus libre mais toujours adossés aux murs porteurs. Ces deux éléments semblent détachés du système mis en place mais on observe pourtant qu’ils jouent tous deux des rôles importants. L’escalier de plus petite dimension permet d’établir les circulations verticales entre les espaces en mezzanine et les étages inférieurs alors que l’escalier de dimensions importantes permet une circulation verticale tout le long de d’édifice.

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Gaines Escaliers

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Ascenseurs

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Vient ensuite la question des gaines. Ces éléments sont toujours placés le long de la structure, soit proche des bow-windows qui se dessinent sur la façade car c’est ici que Wright propose d’installer les éléments de services humides tels que les cuisines et salles de bains permettant ainsi de regrouper avec ces espaces de services, les toilettes. Le tout dessinant, le long de la structure, une bande technique permettant une plus libre organisation de l’espace et donc une programmation plus flexible car les espaces de services et les espaces techniques se développent le long de la structure et au cœur de l’édifice, dans le noyau central.

Structure

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Eléments fixes

Zone programmé

Zone programmable Espace libre et aménageable

1 - Schéma des éléments fixes, Echelle 1:500e Redessin Personnel 2 - Schéma programmé / prgrammable, Echelle 1:500e Redessin Personnel

Echelle 1:500e 108

3.2.6 Zones programmées / Zones programmables La séparation entre espace programmé et espace programmable est définie de manière très claire dans ce projet. L’espace central dessiné et enclos par la structure devient la seule partie de l’édifice vraiment programmée et à programmation fixe. Il s’agit de la zone de circulation et de distribution centrale. Elle ne peut pas être reprogrammée car elle représente un des éléments de fonctionnement du projet et fait le lien entre les différents espaces programmables en les distribuant tous depuis le même palier. Ceci permettant ainsi une organisation de l’espace plus souple pour le reste de l’espace. La structure et les éléments fixes deviennent les supports techniques, constructifs et organisationnels de l’espace reprogrammable. Sans leur regroupement et la hiérarchisation qu’ils mettent en place au niveau du plan, l’espace programmable ne pourrait pas se développer dans ce projet.


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3.3 CARLOS FERRATER - OAB Office/Appartments Balmes Barcelone, Espagne 2002

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Ce projet dessiné par Carlos Ferrater au sein de l’agence OAB (Office of Architecture in Barcelona) en 2000 et réalisé en 2002 est le siège de l’agence de Carlos Ferrater ainsi que son lieu de vie. Le bâtiment est un édifice mitoyen venant s’insérer dans un îlot typique du plan de Cerdà. Sa façade mesure 11,6 mètres de long et sa profondeur est de 25,6 mètres. L’édifice est composé de 7 niveaux différents. Le rez-de-chaussée ainsi que le premier niveau en mezzanine sont dédiés à l’agence de Carlos Ferrater, OAB. La première moitié du second niveau est, elle aussi, un espace fixe destiné à accueillir les bureaux de l’agence OAB. Le reste du bâtiment abrite, dans une trame constante, logement et bureau. La force et l’intérêt de l’étude de ce projet tient dans le fait que la trame constante tout au long de l’édifice permet la reprogrammation et l’aménagement flexible de l’espace pour en faire, soit un espace de bureau, soit un espace de logement. Le projet montre d’ailleurs en plan des espaces vides et non aménagés. Les seuls éléments constants de ce projet sont les circulations, la structure mitoyenne et les gaines. Et c’est grâce à l’organisation et à la bonne conception de ces éléments que Ferrater arrive à réalise un édifice flexible en termes de programme. Nous préciserons tout de même que ce projet fait l’objet d’un dessin très fin et fait preuve d’un esthétisme très raffiné. La façade en est un élément clef et devient par sa conception un élément de lien entre l’extérieur et l’espace intérieur.

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Introduction :

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La façade respecte le prospect fixé par Cerdà concernant la proportion de plein et de vide de 50%. Elle est composée de quatre matériaux traditionnels, la pierre des murs, le fer pour les balcons, le bois pour les volets et le verre des verrières. La façade est organisée en quatre épaisseurs successives à l’image d’un oignon : un mur-rideau de verre intérieur, avec un module de 0,90m et 2,80m sur toute la hauteur, des volets aux moulures de bois exotiques de Nyangon glissant sur des guides, une balustrade courante avec de fines platines d’acier, et des cadres qui supportent de la pierre de quartzite d’argent d’Inde placés en lames horizontales de 90x30 centimètres qui coïncident avec les parties vides des volets.

La façade forme en un seul plan pour n’offrir aucun corps saillant sur la rue. En conjuguant les pièces fixes et les pièces mobiles, elle produit un certain dynamisme. Par ailleurs, l’espace intérieur joue avec les ouvertures de lumière qui tamisent le bruit et la lumière venant de la rue. La façade agît comme un filtre et établie la relation à l’extérieur. 1 - Photo du bâtiment dans la rue, «2G Carlos Ferrater» N°32, février 2005 p.92 2 - Photo de façade, «OAB ferrater and partners» edition ACTAR, p 145 3 - Photo de detail de façade, «2G Carlos Ferrater» N°32, février 2005 p.98

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3.3 CARLOS FERRATER - OAB Office/Appartments Balmes Barcelone, Espagne 2002

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Les trois plans (1, 2, 3) présentés ici à droite, nous montrent l’organisation des trois premiers niveaux de l’édifice. Les deux premiers (1 et 2) représentent l’espace programmé du projet et donc les seuls plans où l’organisation varie par rapport au reste du projet.

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L’élévation quant à elle (4), permet une lecture de la façade, ainsi que de la hauteur mise à disposition à chaque niveau. Il faut aussi préciser que le plan de RDC diffère du plan de mezzanine car il montre l’accès parking depuis la rue.

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Le troisième plan (3) représente quand à lui le plan d’étage courant qui définit le reste des niveaux de l’édifice. C’est dans cette trame continue que se met en place l’espace flexible en termes d’aménagement et de programme du projet.

3 1 - Plan de RDC, Studio OAB «2G Carlos Ferrater» N°32, février 2005 p.94 2 - Plan du Mezzanine,Studio OAB «2G Carlos Ferrater» N°32, février 2005 p.95 3 - Plan du premier étage - étage courant, «2G Carlos Ferrater» N°32, février 2005 p.97 3 - Elevation sur rue, «2G Carlos Ferrater» N°32, février 2005 p.92

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Echelle1:500 111


3.3.1Surface 1

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3.3 CARLOS FERRATER - OAB Office/Appartments Balmes Barcelone, Espagne 2002

L’analyse de la surface dans ce projet met en avant une similitude avec le projet de la Price Tower par Frank Lloyd Wright. En effet, les surfaces développées par planchers sont assez similaires, 250m² et 290m². Dans ces surfaces de dimensions modestes, on voit se mettre en place un système équivalent de réversibilité de l’espace entre le programme du logement et celui du bureau.

290 m²

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Certes, dans le projet de Carlos Ferrater la surface est la résultante d’une situation bâtie très contraignante. On parle d’une parcelle mitoyenne sur ses deux plus grands côtés en milieux urbain dense et bâti. Mais la géométrie allongée de celle-ci lui permet de diviser l’espace du projet en deux entités articulées par un espace de circulation et distribution. Ce qui lui permet de poser les bases d’un système flexible permettant la reconversion d’un espace sans en affecter un autre.

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3.3. 2 Structure

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La structure du bâtiment est assez simple : il s’agit d’une structure périphérique porteuse qui soutient l’ensemble du projet.

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25,6m

Cette structure se dessine naturellement en suivant les guides imposés par la situation en mitoyenneté de la parcelle. Le fait que la structure porteuse soit périphérique et sur seulement deux des côtés permet la libération des deux façades pour pouvoir gérer pleinement la relation à l’extérieur (ce qui est plus le cas de la façade sur rue, car la structure se retourne sur la moitié de la façade sur cour). Cette structure périphérique est jumelée à un noyau de distribution verticale et de circulation au cœur du projet, qui crée une partition entre les espaces du projet, permettant leur transformation et reprogrammation de manière indépendante. De plus, la parcelle étant étroite, la structure permet de porter les planchers sans qu’il y ait besoin de poteau ou refend au cœur de l’espace. Ferrater arrive donc à mettre en place un espace neutre, qui devient ainsi reprogrammable.

25,7

11,6m 11,1

112

La structure varie légèrement entre le rez-de-chaussée et le deuxième niveau comme le montre les schémas, car l’accès parking se fait par le rez-de-chaussée depuis la rue, ce qui implique que l’élément de circulation verticale s’allonge pour suivre le mur de refend qui sert de soutien à l’entrée du parking souterrain.


3.3 CARLOS FERRATER - OAB Office/Appartments Balmes Barcelone, Espagne 2002

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3.3.3 Hauteur

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Carlos Ferrater nous l’exemple avec ce projet de la combinaison des contraintes de différents programmes pour obtenir l’amélioration des qualités spatiales mutuelles.

3,5 m

4

En effet, la norme pour la hauteur règlementaire dans les bureaux est fixée à 3,50 mètres alors qu’elle n’est que de 2,50 mètres pour le logement. En voulant créer un espace flexible en termes de programme qui permet le passage du bureau au logement sans toucher au gros œuvre ou aux éléments techniques, Ferrater se doit d’aligner son projet sur la norme la plus contraignante, le bureau ne pouvant avoir une hauteur inférieur à 3,50 mètres. La question de la hauteur prend une autre dimension car elle devient un facteur d’uniformisation de l’espace (à l’image de la notion de neutralité selon Kempe et Thill) et permet une amélioration des qualités spatiales pour des coûts similaires, tout en permettant une réversibilité totale entre deux programmes différents. La hauteur devient donc source d’économie à court terme ainsi qu’à long terme.

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200e

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1000e

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3.3.4 Eléments fixes

Structure Gaines Escaliers

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Dans ce projet, les éléments fixes sont un des points clés de la mise en place du système flexible en termes de programme. En effet, les gaines viennent se situer majoritairement en périphérie de l’espace et se greffent sur la structure, offrant ainsi une grande liberté d’aménagement de l’espace et une grande flexibilité quant à l’emplacement des services humides. On peut donc lire une première bande technique qui se greffe en double épaisseur sur la structure porteuse périphérique. On observe aussi la position de gaines venant se placer au centre de l’espace. On pourrait penser que leur emplacement deviendrait une contrainte pour l’organisation de l’espace mais c’est tout le contraire. On observe que la gaine placée à l’angle de vide sur cour ne gêne en rien la flexibilité d’aménagement car sa position d’angle lui permet de se noyer dans divers éléments comme des placards. Elle devient donc génératrice de diverses situations spatiales tout en augmentant la flexibilité en offrant un autre point d’accroche pour les services humides. Il en va de même pour les gaines se trouvant au milieu du plateau en retrait de la façade sur rue. Elle permet de nouvelles combinaisons d’organisation tout en disparaissant le long de la structure porteuse au premier niveau et au rez-de-chaussée.

Ascenseurs 113


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3.3 CARLOS FERRATER - OAB Office/Appartments Balmes Barcelone, Espagne 2002

L’escalier principal exprime de manière directe et formelle son rôle. En effet, il prend une position centrale dans les étages défini comme flexible pour partitionner l’espace et rendre possible sa transformation et sa reprogrammation de manière indépendante. Alors qu’il s’étend et devient un élément longiligne organisateur d’espace dans le premier niveau et au rez-de-chaussée, là où l’espace est programmé. En résumé, il vient lier les espaces en profondeur lorsque le programme est fixe et vient jouer un rôle de séparateur lorsque l’espace est flexible programmatiquement parlant.

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Le deuxième escalier quant à lui joue seulement un rôle d’élément de circulation entre le rez-de-chaussée et l’espace mezzanine de l’agence.

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3.3.5 Zones programmées / Zones programmables

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Les éléments permettant la mise en place d’une hiérarchie entre espace programmé et programmable ont été étudiés dans les chapitres précédents. Nous avons donc listé la structure périphérique porteuse, la surface de l’édifice et sa faible largeur, le système de gaine se greffant sur la structure ou se positionnant à des points stratégiques spatiaux, l’escalier (joint à l’ascenseur) devenant élément de lien ou de séparation pour une indépendance ou interdépendance des espaces.

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Eléments fixes

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Structure

Zone programmé

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Zone programmable Espace libre et aménageable 1 - Schéma de surface, Echelle 1:1000e Redessin Personel

2 - Schéma de structure 1, Echelle 1:1000e Redessin Personel 3 - Schéma de structure 2, Echelle 1:1000e Redessin Personel

4 - Coupe schématique, hauteur, Echelle 1:200e Redessin Personel 5 - Schéma éléments fixes 1, Echelle 1:1000e Redessin Personel 6 - Schéma éléments fixes 2, Echelle 1:1000e Redessin Personel 7- Schéma programmé / Programmable 1, Echelle 1:1000e, Redessin Personel 8 - Schéma programmé / Programmable 2, Echelle 1:1000e, Redessin Personel

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Il devient donc aisé de lire de manière claire les zones du projet qui sont ou non programmables. Le parti pris de Carlos Ferrater est de programmer l’espace des deux premiers niveaux pour y installer son agence. C’est une programmation pérenne qui représente la majeure partie des éléments programmés du projet.

La seule autre zone du projet qui est programmée est la zone de circulation et distribution jointe à l’escalier principal et à l’ascenseur. En effet, la zone tampon venant se greffer aux circulations verticales devient un élément distributif permettant de définir une séparation claire du projet en deux parties. De ce fait, il devient possible de reprogrammer un espace sans avoir à modifier l’espace adjacent. Il s’agit donc d’un élément primordial, car le fait de morceler le projet en des espaces indépendants les uns des autres permet donc ainsi une plus grande flexibilité programmatique et spatiale.


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3.4 HITOSHI AHE, MASASHIGE MOTOE MEGAFLOOR Japon (pas de site),2003 Projet théorique

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Introduction :

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1

Le projet nommé « Megafloor » est un projet théorique développé par une équipe nombreuse composée de Hitoshi Ahe, Masashige Motoe, Yasuaki Onoda, Bruce Mau, Satoru Yamashiro, Keiichi Nishio, Hideyuki Morita, Kazuo Matsunari, Mototsugu Nakatsu et Asao Tokolo. Ce projet vise à redéfinir un modèle d’édifice flexible en élaborant une nouvelle théorie mais, à la manière d’Archigram de le rendre critiquable en lui donnant une réalité constructive. Ce qui justifie le dessin très détaillé du projet jusque dans les moindres détails et à toutes les échelles. Le principe de base du projet est d’offrir un espace de 100m x 100m, un lieu où la flexibilité programmatique règne de manière totale. La théorie du Megafloor se définit en 5 points déjà évoqués. Ils sont présentés dans cet ordre : 1 : Flat (Plat), 2 : Tall (Hauteur), 3 : Stout (Epais), 4 : Invert (Inverser), 5 : Surrond (Environnement).

Tall : La hauteur est un des points primordiaux du Megafloor, car la hauteur sous plafond est de 4,50 mètres. C’est grâce à ce volume hors norme que la flexibilité permet un réaménagement continu de l’espace et des programmes.

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2

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Flat : Fait référence à la qualité étendue du bâtiment, à ses plateaux de 100 m par 100m visant à amener les programmes et les usages à se côtoyer dans un même plan horizontal plutôt que de s’empiler les uns sur les autres sans qu’aucun lien ne se crée.

EV

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Stout : L’épaisseur est traitée ici en relation avec la question de la structure. En effet, la structure est considérée ici comme une épaisseur bâtie technique venant solutionner le problème des gaines, de la ventilation, de l’éclairage artificiel et des grandes portées. On observe que les planchers atteignent 2 mètres d’épaisseur pour permettre le passage et le déploiement infini de toutes les gaines et des systèmes de ventilation qui peuvent cohabiter avec les systèmes d’éclairage artificiel sans se gêner. L’épaisseur de la structure est aussi nécessaire pour gérer des portées de 20m x 20m, car la structure s’écarte de la façade pour former un carré porteur de 80 m x 80m subdivisé en 9 quadruples poteaux porteurs au centre et une structure triangulée avec un entre-axe de 10m pour délimiter le carré de 80m par 80m.

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3

1 - Photomontage, incrustation sur site potentiel «The Japan Architect» N°50 : officeUrbanisme, summer 2003 p.119 2 - Photomontage, incrustation sur site potentiel «The Japan Architect» N°50 : officeUrbanisme, summer 2003 p.116

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3 - Photomontage, incrustation sur site potentiel «The Japan Architect» N°50 : officeUrbanisme, summer 2003 p.116 4 -2 - Photo maquette générale «The Japan Architect» N°50 : officeUrbanisme, summer 2003 p.14-15

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re rch ite ctu d'a 1

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Surrond : La question de l’environnement vient se définir comme la nouvelle relation entre l’édifice et le milieu urbain. L’épaisseur développée au niveau de la façade devient un lieu de passage et de rencontre, un espace libre programmable et aménageable visant à créer une interpénétration de l’espace urbain et de l‘espace intérieur de l’édifice.

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Invert : La notion d’inversion vient expliquer l’acte de pousser les services en façade à la manière de Yves Lion dans son projet théorique « la bande active ». L’espace central devient ainsi libre de toutes contraintes et le dimensionnement de la façade permet la translation des services vers l’extérieur car ils ne représentent qu’une infime partie de l’espace occupé en façade. Le but est donc de libérer l’espace pour le rendre plus flexible tout en développant une nouvelle relation avec la façade et pour lui conférer un nouveau rôle.

3.4 HITOSHI AHE, MASASHIGE MOTOE MEGAFLOOR Japon (pas de site),2003 Projet théorique

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Ainsi, la façade devient un élément libre des contraintes structurelles en termes d’organisation et de ce fait devient vraiment un espace flexible.

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Le projet reste théorique dans le sens où il n’est pas construit et est pensé de manière à pouvoir s’implanter dans toutes les grandes agglomérations asiatiques. Mais il n’en est pas moins héroïque et concret par sa démarche digne des projets d’Archigram en faisant preuve d’une grande connaissance constructive et d’un dessin extrêmement détaillé.

Les plans ici présents permettent une lecture globale du projet et de l’espace capable mis en œuvre. On observe même sur la toiture terrasse le dessin d’une piste de course dans ses dimensions réelles. Il devient donc possible de lire toute la potentialité programmatique et spatiale de cet édifice.

1 - Plan d’étage courant 1, Echelle 1:1000e «The Japan Architect» N°50 : officeUrbanisme, summer 2003 p.123

2 - Plan d’étage courant 2, Echelle 1:2000e «The Japan Architect» N°50 : officeUrbanisme, summer 2003 p.123

3 - Plan d’étage courant 3, Echelle 1:2000e «The Japan Architect» N°50 : officeUrbanisme, summer 2003 p.123

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4 - Plan de toiture, Echelle 1:2000e «The Japan Architect» N°50 : officeUrbanisme, summer 2003 p.124

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3.4 HITOSHI AHE, MASASHIGE MOTOE MEGAFLOOR Japon (pas de site) 2003 / Projet théorique

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3.4.1Surface

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La surface mise à disposition est considérable, 10 000m² d’espace aménageable et transformable. La corrélation entre flexibilité programmatique est surface est un des points majeur du projet. On a vu dans certains projets une certaine limite dans les programmes par rapport à une surface plus modeste mais ici l’espace mis à disposition en plan est un facteur de flexibilité programmatique. Car le programme se plaçant en tant que métaphore de la ville, la surface se doit donc de pouvoir répondre à toutes les différentes demandes de programmation.

10 000 m²

3.4. 2 Structure

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1

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La structure est constituée de 9 poteaux, formés eux même par l’association de 4 colonnes les unes avec les autres. Jumelée à ce noyau central, la structure triangulée mettant en place des chevrons à un intervalle de 5 mètres et séparés par un entre-axe de 10 mètres. Cette structure périphérique permet de reprendre les charges des grandes portées mises en place dans le bâtiment et permet la libération de la façade. La position de ce bloc structurel n’est pas centrée au cœur du projet. On observe un léger décalage, qui a pour but de mettre en place la génération de situations différentes au niveau de l’espace se trouvant entre structure périphérique et façade. Ce qui met en place une hiérarchie entre deux types d’espace, large et plus fin.

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Le rôle fondamental de cette structure massive est surtout de pouvoir libérer l’espace en plan pour une flexibilité totale. Ainsi, de grandes portées peuvent être facilement atteintes sans pour autant contraindre l’espace avec un nombre trop important de points porteurs.

100

20

5

5

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20

10

Echelle1:2000e

De ce fait, la structure devient elle aussi un élément fondateur du projet et primordial dans la mise en place de cette notion de flexibilité spatiale et programmatique.

3

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80

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20

20 100

3.4.3 Trame La trame reprend ici les thèmes développés par la question de la surface et de la structure. La trame est aérée car la structure est massive et permet d’atteindre de grandes portées. Ainsi l’espace n’est pas contraint et devient flexible. On note donc trois dimensionnements successifs : l’enveloppe de 100m par 100m, la structure périphérique interne de 80m par 80m et le cœur de la structure basé sur 9 quadruples colonnes définissant un carré structurel de 60m par 60m.

1 - Schéma de Surface Echelle 1:2000e Redessin personnel

2 - Schéma de Structure Echelle 1:2000e Redessin personnel

3 - Schéma de Tramage Echelle 1:2000e Redessin personnel


3.4 HITOSHI AHE, MASASHIGE MOTOE MEGAFLOOR Japon (pas de site) 2003 / Projet théorique

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La trame se déforme pour s’adapter aux différents éléments de structure, lorsque l’on observe les éléments de structure centraux massifs la trame se base sur un module de 20m x 20m car la structure le permet. Lorsque la structure s’affine pour définir la structure périphérique de 80m par 80m on passe à un entre-axe de 10 mètres avec des éléments triangulés qui se divisent en deux branches pour fixer les points porteurs supérieurs à 5 mètres d’écart les uns des autres. La trame vient donc se jumeler à la structure pour affirmer son rôle d’élément libérateur d’espace et ainsi jouer en faveur d’un espace totalement flexible.

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3.4.4 Hauteur

Pour la hauteur mise en place entre chaque plancher de l’édifice, le terme de colossal est aussi de mise. On se trouve dans le même ordre d’échelle que dans les structures de supermarchés. La hauteur de 4,50 mètres sous plafond permet la mise en place d’un volume qui vient compléter le fait d’offrir de l’espace en plan. Une fois le plan horizontal libéré, on libère le plan vertical pour mettre en place un volume flexible dans toutes ses dimensions. La hauteur est, comme dans les autres projets étudiés, un des éléments majeurs du système flexible car elle permet la pleine expression de tous les programmes et permet de dépasser la question de la norme des hauteurs sous plafond. Car, tous les programmes peuvent, plus ou moins, se développer sous 4,50 mètres de hauteur sous plafond.

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2,0m

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4,5m 8,5m

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2,0m

1 Echelle1:200e

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De plus, la hauteur prend un rôle de « régulateur de climat ». En effet, un espace de 100m par 100m représente une dimension gigantesque pour la mise en place d’un environnement artificiel. C’est pourquoi avec une telle hauteur sous-plafond, la sensation d’oppression vient à disparaître, du moins en théorie. Le fonctionnement climatique et la circulation de l’air reprend aussi une tendance plus naturelle, permettant d’éviter la surchauffe de l’air ambiant ainsi qu’un renouvellement de l’air plus efficace.

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2

De plus, on voit que l’équipe fondatrice du projet connait bien la mise en garde faite par Archizoom à propos de leur projet et d’un espace artificiel quasi-infini. L’espace devient aliénant et ses limites sont l’éclairage artificiel et la micro-ventilation. La hauteur est donc la réponse proposée à ce problème par l’équipe du Megafloor.

1 - Schéma de Hauteur Coupes chématique Echelle 1:2000e Redessin personnel

Echelle1:2000e

2 - Coupe transversale, Echelle 1:2000e «The Japan Architect» N°50 : «officeUrbanisme», summer 2003 p.125

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3.4 HITOSHI AHE, MASASHIGE MOTOE MEGAFLOOR Japon (pas de site) 2003 / Projet théorique

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La hauteur est aussi une notion qui s’applique à la définition des planchers. Car le plancher, en plus d’être un élément structurel majeur, devient un élément technique déterminant. En effet, avec ses 2 mètres d’épaisseur, le plancher permet d’élaborer un système de grandes portées mais permet aussi de développer un réseau quasi infini de gaines et de systèmes techniques. Ainsi même les services humides ou techniques deviennent mobiles et déplaçables. Tous les éléments du projet visent donc à mettre en place un système flexible sous tous les angles.

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3.4.5 Eléments fixes

1

Gaines Escaliers

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Echelle1:2000e

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Ascenseurs

On retrouve aussi en façade des sortes de placards techniques permettant le regroupement des gaines pour permettre leur plombage et ainsi faciliter la descente des fluides. Car même si le plancher permet de mettre en place un vaste système de gaines dans le sol ou le plafond, il est tout de même nécessaire de les regrouper en des points fixes pour pouvoir gérer le réseau technique de manière verticale dans le bâtiment.

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Structure

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Les éléments fixes se basent sur la théorie évoquée précédemment, « l’inversion ». En effet, comme il est définit par le point « Invert », les services et zones techniques se retrouvent plaqués en façade pour libérer de manière totale l’espace de l’édifice. Les points fixes consistent donc juste en des points de circulation verticale tels que les ascenseurs et les escaliers, jumelés sur seulement deux faces de l’édifice. Les deux autres faces ne mettent à disposition que des ascenseurs. Les escaliers rajoutés étant considérés comme des éléments mobiles. Les escaliers deviennent des éléments mobiles car la structure de l’édifice permet le découpage de trémies à n’importe quel emplacement du plancher, ce qui rend obsolète la vision d’un escalier comme un élément fixe.

Le dernier élément fixe est une cage d’escalier jumelée à une cage d’ascenseur au centre du bâtiment, qui permet d’avoir un point fixe d’évacuation au centre du bâtiment (car les distances à parcourir en cas d’évacuation sont très grandes) et aussi un point de distribution quasi équidistant de tous les autres points de circulation. La position des éléments fixes vient donc, elle aussi, compléter le système flexible mis en place en respectant la théorie de l’inversion mise en place par ce projet. On cherche à libérer l’espace par tous les moyens et donc on assiste ainsi à la mise en place d’une bande active de service en façade, flexible et perforée n’agissant pas comme un élément contraignant mais comme un facteur de libération de la contrainte. 1 - Schéma éléments fixes Echelle 1:2000e Redessin personnel 2 - Schéma Programmé / Programmable Echelle 1:2000e Redessin personnel

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3.4 HITOSHI AHE, MASASHIGE MOTOE MEGAFLOOR Japon (pas de site) 2003 / Projet théorique

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3.4.6 Zones programmées / Zones programmables

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Dans ce projet la hiérarchie entre espace programmé et programmable est extrêmement claire. En effet, la seule partie programmée de l’édifice est représentée par les éléments fixes et la structure. Il devient donc facile d’observer en schéma toute la potentialité mise en place par le plan. Le Megafloor concrétise toutes les tentatives d’Archizoom en allant encore plus loin car la lacune inhérente au travail du groupe florentin venait du fait que leur projet ne revêtait quasiment aucune notion constructive. Ici l’espace programmable est réellement programmable et l’espace programmé vient agir comme une ossature, un système de soutien, qui permet le fonctionnement d’un tel espace flexible.

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Dans un projet d’une telle envergure il est nécessaire que l’espace technique et de service soit extrêmement bien géré. Ici on assiste à la mise en place d’un système novateur qui vient parfaitement remplir son rôle technique mais qui arrive aussi à assurer le soutien d’un espace flexible et permet son fonctionnement. Avec la disposition des éléments fixes dans l’édifice, le système arrive à pousser la flexibilité jusqu’à son paroxysme.

Structure Eléments fixes Zone programmé

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Echelle1:2000e

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1 - Schéma Programmé / Programmable Echelle 1:2000e Redessin personnel

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Zone programmable Espace libre et aménageable

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3.5 HERZOG ET DE MEURON ST JAKOB TURM Bâle, Suisse 2007

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Introduction :

En 2001, la Ville de Bâle mit en place un plan d’action pour éviter la dispersion des populations vers les zones rurales. La démarche consistait à construire 5000 nouvelles unités de logement avant 2010. Ce faisant, la ville entre en action pour stopper l’exode dont elle était victime depuis les années 1970 où les populations commencèrent à se diriger vers les banlieues et zones rurales.

Ce projet réalisé par Herzog et De Meuron a été réalisé dans le cadre de cette politique mise en place par la ville de Bâle. L’accent est mis sur des zones encore indéfinies telles que les entrées de ville ou zones ferroviaires. Ce que représente parfaitement ce projet qui vient s’inscrire aux portes de la ville, le long de la voie de chemin de fer. Ce qui a fait le succès de ce type de projet à Bâle au cours des quinze dernières années est le fait qu’il représente la plupart du temps un bloc mixte, hybride, offrant une valeur ajoutée au logement, car offrant des programmes supplémentaires.

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Ce projet est une tour flexible de 16 niveaux, juxtaposée au stade de la ville et utilisant le même socle (stade réalisé aussi par Herzog et De Meuron). La St Jakob Turm est un édifice flexible conçu pour accueillir bureaux et logements dans un espace similaire pour en permettre la redéfinition constante. En effet, de par sa position géographique et sa situation urbaine, c’est-à-dire inscrite dans une nouvelle zone attrayante de la ville et juxtaposée à des infrastructures sportives et de transport, l’édifice peut être amené à faire l’objet de reconversion programmatique pour répondre à différents besoins et investissements potentiels.

La tour prend la forme d’un prisme pour asseoir son image de point marquant l’entrée de la ville. La simplicité du volume extérieur se lit aussi dans l’organisation de la tour. En effet, pour avoir un espace réversible entre bureaux et logements, la tour se dote d’un noyau central de service, technique, circulatoire et structurel prenant une position centrale dans le projet pour pouvoir libérer l’espace.

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1 - Photo extérieur, «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.121 2 - Photo d’inscription dans le site, «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.116-117

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Echelle1:2000e 122

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3 - Plan de situation, «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.119


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3.5 HERZOG ET DE MEURON ST JAKOB TURM Bâle, Suisse 2007

Ce noyau est joint à une structure légère placée en périphérie de l’espace intérieur de l’édifice et en retrait de la façade. La position périphérique des poteaux libère l’espace des planchers et offre une qualité de neutralité à l’espace.

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La neutralité étant un des éléments clés de la flexibilité selon la pensée développée par l’atelier Kempe et Thill dans son étude « Specific neutrality » (Voir la première partie du mémoire).

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1 - Plan R+1, échelle 1:500 «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.120 2 - Plan R+3, échelle 1:500 «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.120

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3 - Plan R+12, échelle 1:500 «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.120

Echelle1:500e 123


3.5 HERZOG ET DE MEURON ST JAKOB TURM Bâle, Suisse 2007

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3.5.1Surface

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Ici la surface se rapproche du gabarit du Downtown Athletic Club par Starret et Van Vleck. A surface de plancher équivalente, les deux édifices suivent le même schéma volumétrique. La St Jakob Turm reprennant la forme typique des maisons baloises Alors que le DAC exprime le volume d’un gratte-ciel newyorkais typique. Il faut tout de même préciser que dans le cas du Downtown Athletic Club, il s’agissait seulement d’une volonté de respecter le prospect new-yorkais concernant la construction en hauteur pour pouvoir rentabiliser au maximum le foncier et son prix élevé.

888 m²

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On constate néanmoins à l’inverse du projet de Starret et Van Vleck, que, malgré des surfaces similaires, le projet d’Herzog et De Meuron se contente de permettre la réversibilité entre logement et bureau alors que le Downtown Athletic Club voulait acceuillir le plus grand nombre de programmes.

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La surface ici devient un élément de flexibilité programmatique car elle permet la mise en place d’une structure simple, respectant des portées raisonnables, induisant ainsi une clarté structurelle totale et une neutralité et liberté de l’espace en plan.

La structure se compose de deux éléments majeurs. Premièrement, un noyau central en maçonnerie qui prend le rôle de noyau distributif, noyau technique et permet la hiérarchisation des espaces les uns avec les autres. Il est jumelé à une série de poteaux placés en retrait de la façade. Cette structure combinant ossature et noyau structurel permet la libération de l’espace. En combinant ces deux éléments, Herzog et De Meuron arrivent à mettre en place un espace très hiérarchisé mais pourtant neutre. Le Projet se dessinant ainsi en trois bandes successives : une bande d’espace neutre, la bande de service centrale et une autre bande d’espace neutre. Le noyau permet de spécifier la qualité de chaque espace, les deux bandes laissées libres par le noyau deviennent de l’espace programmable, car le noyau devient l’élément distributif de tout le plancher. Sa position centrale permet l’aménagement de tous les espaces qui l’entourent. De ce fait, même l’espace plus exigüe se trouvant entre le noyau et les poteaux est libéré et peut devenir aménageable de manière libre.

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2

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3.5. 2 Structure

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9m 9m

9m 9m

8m 8m

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1 - Schéma de Surface Echelle 1:1000e Redessin personnel 2 - Schéma de Structure Echelle 1:1000e Redessin personnel 3 - Schéma de Tramage Echelle 1:1000e Redessin personnel

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Echelle1:1000e

La structure périphérique permet quant à elle de reprendre les descentes de charge en façade sans pour autant la contraindre. Ainsi la structure sort du registre vertical pour devenir oblique et permettre à la tour d’exprimer sa volumétrie en toute liberté. Ainsi, en combinant noyau fixe et ossature, Herzog et De Meuron conçoivent un système structurel permettant la mise en place d’un espace neutre tout en respectant les qualités sculpturales et esthétiques de leur projet.


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3.5 HERZOG ET DE MEURON ST JAKOB TURM Bâle, Suisse 2007

3,50m

4,0m Echelle1:200e

La trame illustre la relation des trois bandes évoquées précédemment et leur rapport au site. En effet, pour respecter les prospects locaux et la proche relation au stade, la structure vient se déformer et ne se base pas sur une trame constante. Il est tout de même possible de lire une bande de 9 mètres de large mise en place pour devenir de l’espace neutre, ainsi qu’une autre bande de 9 mètres de large qui enferme le noyau central et des espaces latéraux à ce même noyau. La dernière bande offre un espace large de 8 mètres, la structure en ossature vient se placer à 1 mètre en retrait de plus de la façade que sur l’autre face du bâtiment, ce qui permet à Herzog et De Meuron de pouvoir développer plus librement des espaces de balcons et terrasse en façade. L’ossature permet donc à la façade d’évoluer et de se déformer pour pouvoir créer des espaces extérieurs en relation avec l’espace intérieur de la tour.

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3.5. 3 Trame

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La trame déformable, permise par l’association de l’ossature avec un noyau structurel fixe, permet à la tour d’assurer un espace intérieur neutre tout en mettant en place une possibilité de développement d’espace extérieur. Le tout en permettant l’expression plastique de la tour comme objet.

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3.5. 4 Hauteur

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Une fois de plus on constate une relation entre hauteur et flexibilité programmatique. Le parti-pris d’Herzog et De Meuron est de mettre en place des hauteurs différentes dans le projet. Une à 4,0 mètres d’entre-axe entre plancher et l’autre avec un entre-axe fixé à 3,50 mètres. La hauteur de 4,0 mètres est destinée aux premiers niveaux du projet avec une tendance à mettre davantage en place du bureau dans les volumes qui sont développés. En effet, le bureau requière une plus haute hauteur sous plafond mais l’intérêt est d’en faire aussi profiter le logement. L’économie reprend sa place dans l’étude avec la question de la hauteur car lorsque l’on combine les programmes, on combine les contraintes, et il faut donc se baser sur la plus exigeante. Dans le cas de la St Jakob Turm, Herzog et De Meuron fixent l’entreaxe de la majeure partie des planchers à 3,50 mètres, ce qui est la norme minimale pour du bureau. L’avantage est que l’espace étant aussi destiné à être du logement, celui-ci profite aussi d’une hauteur à 3,50 m alors que la norme est fixée à 2,50 mètres. Une fois de plus on note la relation entre bureau et logement et la réversibilité spatiale qui se passe entre ces deux programmes, mais on note que cette réversibilité se joue aussi en volume et donc en hauteur. La hauteur une fois de plus devient un facteur primordial de flexibilité programmatique.

Echelle1:500e

1 - Schéma de Hauteur Echelle 1:200e Redessin personnel

2 - Coupe générale Echelle 1:500e «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.120

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3.5. 5 Eléments fixes

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3.5 HERZOG ET DE MEURON ST JAKOB TURM Bâle, Suisse 2007

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C’est dans l’étude des éléments fixes que le noyau structurel central prend tout son sens. En effet, en plus d’être l’élément qui hiérarchise les espaces en plan, il devient une véritable épaisseur technique et distributive. Toutes les circulations verticales sont centralisées au cœur du noyau qui élément fixe par excellence, devient lui aussi évolutif, car il se réduit et se transforme pour suivre la déformation de la volumétrie de la tour et donc la réduction de la surface en plan. Ainsi, les cages d’ascenseur disparaissent les unes après les autres venant se placer dans des espaces de rangement laissés vides aux étages inférieurs mais qui devient circulation verticale lorsque le besoin se fait sentir. Le noyau devient donc un élément qui évolue avec la volumétrie de l’édifice et qui permet toujours la distribution des étages tout en mettant en place un système de sas, permettant ainsi la séparation entre les programmes et espaces pour permettre leur cohabitation.

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1

De plus, le noyau permet la centralisation des gaines dans les nombreuses épaisseurs qu’il met en place. Ainsi le plombage des gaines est assuré, soit par des placards techniques placés en périphérie du noyau ou bien par une épaisseur noyée dans l’épaisseur des cages d’escalier. La hiérarchisation et l’organisation des espaces sont alors induites par le plan du noyau central. Les pièces de services humides type salle de bain, cuisine ou même toilette, sont placées près du noyau pour laisser l’espace périphérique libre.

Structure

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Gaines Escaliers

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Ascenseurs

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Encore une fois la gestion des éléments fixes, vient agir comme élément permettant la mise en place du système flexible en termes de programme. Ils représentent en quelque sorte, l’infrastructure de l’espace. Un espace technique nécessaire au fonctionnement du système.

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Structure

Eléments fixes

Zone programmé

Zone programmable Espace libre et aménageable

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3.5. 6 Programmé / programmable Dans ce projet, l’espace programmé reprend la thématique des éléments fixes. Le noyau est l’élément programmé. Il est l’élément faisant toute la clarté du projet qu’elle soit structurelle, technique ou même d’organisation. En effet, le fait de programmer le noyau permet la mise en place d’un espace programmable tout autour de lui. Aussi même quand le noyau diminue ainsi que la surface, il conserve ses qualités distributives ou d’élément organisant l’espace en plan. L’avantage d’avoir partitionné le noyau en trois bandes, à l’image du plan complet du projet, permet la mise en place d’un système de distribution enclos dans le noyau, permettant ainsi une distribution cloisonnée. Ce qui permet la création d’un système de programmes mixtes juxtaposés qui peuvent cohabiter sans se gêner.

1 - Schéma des éléments fixes Echelle 1:1000e Redessin personnel

2 - Schéma Programmé programmable Echelle 1:1000e Redessin personnel


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« Voksiboks » est un projet proposé par l’équipe norvégienne A-Lab. Il en est encore au stade théorique car il est le fruit d’un concours remporté par l’agence en 2008 mais n’a pas encore vu le jour. Le projet est conçu pour la zone périphérique à la ville de Sandvika, entre zone pavillonnaire et espace quasi rural. Le projet vient s’insérer le long d’une voie de chemin de fer à la manière de la St Jakob Turm par Herzog et De Meuron à Bâle. On retrouve donc une typologie de projet flexible qui vient redynamiser les espaces d’entrée de ville ou de proche périphérie, par sa capacité de reprogrammation et donc d’objet transformable et adaptable.

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Introduction :

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3.6 A-LAB VOKSIBOKS, «Multiple stackable modules», Sandvika, Norvège 2008

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Le principe du projet est de proposer une composition flexible entre bureau, hôtel, logement, espaces commerciaux, le tout en s’harmonisant avec le milieu bâti environnant. Pour se faire, A-Lab propose un système modulaire évolutif, basé sur un module de base de 12m x 12m x 12m. Un module reprogrammable et entièrement aménageable qui permet une flexibilité spatiale et programmatique totale.

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La dimension du module vient de sa capacité à s’identifier en terme de volume à de l’habitat pavillonnaire à R+1 voire R+2 ou l’habitat suburbain collectif à R+3, définissant la zone environnante du projet. Ainsi, l’édifice peut évoluer depuis une entité de 10 000m² construite sur un niveau de module et s’apparentant en hauteur à la skyline crée par le tissu pavillonnaire ou bien, s’élever à une quinzaine d’étages et se densifier jusqu’à 30 000m² pour devenir un complexe flexible répondant à tous les besoins environnants en termes de programme. Le principe est donc de pouvoir combiner un même module, module complétement reprogrammable, pour répondre aux différents besoins programmatiques et pouvoir s’y adapter en cas de besoin, ou de pouvoir se densifier et augmenter la capacité de réactivité de l’édifice en lui donnant la capacité de contenir plus de logements, plus de bureaux, etc…

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2

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Ainsi A-Lab propose une structure évolutive, basée sur le principe de la capacité à répondre aux changements des besoins et à leur évolution constante. Un modèle de flexibilité programmatique, qui reste cependant un projet théorique et dont il est difficile d’anticiper le mode de fonctionnement.

1 - Perspective, Vue d’oiseau «NEXT» (Density Series), édition :A+T, 2010, p.175

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2 - Perspective, «NEXT» (Density Series), édition :A+T, 2010, p.177

3 - Perspective par A-lab http://www.a-lab.no/


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3.6 A-LAB VOKSIBOKS, «Multiple stackable modules», Sandvika, Norvège 2008

1 Coupe schématique longitudinale 1 «NEXT» (Density Series), édition :A+T,2010, p.178

2 «NEXT» (Density Series), édition :A+T,2010, p.179

3 «NEXT» (Density Series), édition :A+T,2010, p.179

3 Plan schématique R+3-5, 1:1000e

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2 Plan schématique R+2, 1:1000e

4 Plan schématique R+6-8, 1:1000e

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Echelle1:1000e

4 «NEXT» (Density Series), édition :A+T,2010, p.180

129


1 Bureaux

3.6 A-LAB VOKSIBOKS, «Multiple stackable modules», Sandvika, Norvège 2008

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Hotel

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Restaurant

Les schémas présentés ici sont l’œuvre de l’équipe de A-Lab et servent à représenter le fonctionnement en terme d’assemblage de programme du projet.

Logements

Dans un même module il est possible de programmer soit du logement, du bureau, des cellules d’hôtels ou des restaurants. En réalité la programmation de l’édifice est bien plus vaste car les modules permettent d’envisager des espaces collectifs, des terrasses, de zones de divertissement et autres.

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2

Monofonctionnel

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A-Lab pense son projet comme un édifice capable de s’adapter au changement perpétuel des besoins. Pour ce faire il prévoit plusieurs fonctionnements à cet édifice. Il peut être appréhendé comme un bloc monofonctionnel, de bureau ou de logement, en fonction de la demande et du besoin à un instant défini. Le module prend donc seulement une valeur d’éléments assemblables car la programmation devient fixe et unitaire. Mais la notion reste toujours inhérente au module lui-même car sa conception lui permet d’être aménagé à volonté dans son espace intérieur.

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Zoning

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L’édifice peut aussi être assemblé selon un principe de zonage qui vise à séparer les fonctions en les juxtaposant mais sans créer de relation profonde entre les programmes. Là encore la flexibilité du système permet une adaptabilité totale aux désirs de l’aménageur ou une réponse concrète à un besoin donné. On commence tout de même à lire les qualités de mixité programmatique inhérente au bâtiment.

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Hybrid

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3

Possibilité de combinaison en fonction des différents besoins 1 - Schéma A-lab : le module flexible «NEXT» (Density Series), édition :A+T, 2010, p.176 2 - Schéma A-lab, Assemblage 1 «NEXT» (Density Series), édition :A+T, 2010, p.176 3 - Schéma A-lab, Assemblage 2 «NEXT» (Density Series), édition :A+T,2010, p.176

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Le bâtiment peut aussi être abordé comme une entité totalement hybride. Cette version de l’édifice met en avant toutes ses qualités quant à la question du programme. En effet, le fait de mélanger tous les programmes et de permettre leur interchangeabilité est la véritable source d’intérêt du projet. Le fait de prévoir un module constant de 12m x 12m x12m et de le rendre reprogrammable pour pouvoir s’adapter est le point clé qui définit ce projet et qui en fait un modèle de flexibilité programmatique. Ainsi, on peut lire sur le schéma le fonctionnement d’un assemblage de programmes sur une trame constante, le tout encadré par un module fixe qui définit l’enveloppe de chaque programme.

Le dernier schéma axonométrique montre la capacité à mixer les programmes dans toutes les dimensions, la cohabitation des programmes se fait de manière verticale et horizontale. L’espace devient flexible dans toutes ses directions et l’approche de l’ensemble en tant que volume permet une nouvelle définition de l’espace flexible.


3.6 A-LAB VOKSIBOKS, «Multiple stackable modules», Sandvika, Norvège 2008

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3.6.1Surface

1

A l’inverse de projets offrant des surfaces plus modestes et développant en général une réversibilité entre logement et bureau, ici le principe est d’offrir un maximum de surface pour un maximum de flexibilité spatiale et programmatique.

10 000m²- 30 000m²

L’élément important est aussi de voir que la surface est développée elle aussi comme un élément évolutif. C’est-àdire que la surface totale mise à disposition, ou la surface offerte à l’usager par plateau, peut varier en augmentant ou en se réduisant pour suivre l’évolution des besoins ou les changements qui se présentent au fur et à mesure de la vie de l’édifice. Les modules pouvant s’assembler de manière verticale et horizontale, la surface totale et par plancher deviennent deux éléments distincts qui jouent, chacun à leur manière, un rôle dans la mise en place d’un système flexible. La flexibilité se passe donc en trois dimensions.

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2

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70 modules = 30 000 m²

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Malgré des surfaces de planchers assez vastes, le dessin pixélisé de l’édifice permet un grand nombre de découpes dans le volume pour réduire la profondeur de l’édifice et permettre un meilleur éclairage, une meilleur ventilation et la création d’espaces extérieurs en terrasse sur le toit des modules.

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ILL

46 modules = 20 000m²

Le volume et la surface de chaque volume est quantifiable et permet le contrôle de l’évolution de l’édifice. Le volume étant de 12m x 12m et offrant 3 planchers utilisables (le dernier servant de toiture terrasse), on peut isoler la surface développée par chaque module à 430 m². Le fait de pouvoir quantifier chaque addition ou soustraction par élément dans l’édifice permet de pouvoir répondre, de manière précise, à chaque besoin en particulier. La surface mise à disposition est connue, donc elle devient un élément utilisable pour gérer la flexibilité programmatique de l’ensemble.

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23 modules = 10 000 m²

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12

12

12

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12

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3.6.2 Trame

3

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60 m 60m

La trame, quant à elle, se base sur un quadrillage de 12m x 12m défini naturellement par le module. L’édifice se développe dans des dimensions considérables, l’emprise au sol du rectangle qu’il occupe est de 60m x 168m. Même si le bâtiment ne recouvre pas toute la surface au sol, grâce à son organisation imitant celle d’un pixel, l’édifice répand sa trame de 12m par 12m sur tout le site pour pouvoir se développer de manière encadrée et réglée.

12

168168mm Echelle1:2000e

1 - Schéma de Surface Redessin Personnel Echelle 1:2000e

2 - Schéma A-lab, Densification «NEXT» (Density Series), édition :A+T, 2010, p.176

3 - Schéma de tramage Redessin Personnel Echelle 1:2000e

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3.6 A-LAB VOKSIBOKS, «Multiple stackable modules», Sandvika, Norvège, 2008

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Les seules exceptions que l’on constate sont des demimodules de 6m x 12m venant se greffer sur les modules de base dans le but d’offrir de nouveaux espaces à l’ensemble.

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3.6. 3 Structure

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Les schémas dessinés ici représentent une supposition quant à la structure de l’édifice. En effet, le projet, n’étant que théorique, rien n’est encore défini sur les plans au niveau constructif et technique. En effet, la structure n’est même pas représentée sur les plans. Ce qui nous ramène à l’opposition entre Archigram et Archizoom, où le groupe florentin Archizoom propose des projets héroïques au graphisme fort mais sans réelles notions constructives, ce qui rend l’étude de leur projet plus faible que ceux d’Archigram qui proposent eux aussi des visions nouvelles de la ville, des visions héroïques certes mais dessinées jusqu’au détail. Ce qui permet de comprendre le système de fonctionnement immédiatement.

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3 3m

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3m 3m

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La supposition de la structure est basée ici sur la représentation en coupe du projet, en plan et en vue perspective. En effet, sur aucun de ces documents on ne peut lire de poteaux, de refends ou d’éléments venant interférer avec l’espace intérieur du module. On voit de plus, en coupe et en perspective, le dessin d’éléments structurels diagonaux placés en façade pour venir supporter les planchers et le module dans son ensemble.

L’hypothèse semble correspondre à une possibilité pour le projet car elle met en avant la corrélation entre l’espace mis à disposition et l’utilisation de la structure comme élément libérateur de cet espace. En effet, pour ne pas contraindre l’espace intérieur et le rendre neutre et donc reprogrammable et flexible, on pousse la structure porteuse vers l’extérieur et ainsi développer un espace totalement libre. On retrouve la notion de neutralité mise en avant par l’atelier Kempe et Thill, qui eux aussi proposent de pousser la structure en façade pour libérer l’espace et de ce fait instaurer la neutralité pour l’espace intérieur et donc le rendre flexible.

1 - Schéma de structure 1 Redessin Personnel

3 - Schéma de structure 3 Redessin Personne

2 -Schéma de structure 2 Redessin Personnel

4, Assemblage Redessin Personnel


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3.6. 4 Hauteur

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3.6 A-LAB VOKSIBOKS, «Multiple stackable modules», Sandvika, Norvège 2008

La dimension du module définit l’entre-axe entre chacun des planchers. Le module étant basé sur un carré de 12m x 12m x 12m, une fois divisé en trois niveaux l’entre-axe entre chaque plancher passe à 4m.

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La hauteur de 4 mètres mis en place à chaque étage permet une programmation vaste et flexible du volume. En effet sous 4 mètres de hauteur, on peut insérer à peu près n’importe quel programme. De plus l’équipe d’A-Lab a déjà programmé les différentes possibilités que le module peut recevoir. On parle d’hôtel, de logement, de bureau, de restaurant, d’espace collectif… Ainsi chacun des programmes peut s’exprimer et peut se mettre en place sans subir la contrainte de la hauteur.

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Une fois encore on assiste à une tentative combiné de libération de l’espace en plan et hauteur. Permettant ainsi de définir un volume capable et non plus un espace capable. De ce fait les possibilités d’aménagement et de programmation sont plus grandes ainsi que la capacité de réponse de la structure envers différents besoins.

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Echelle1:200e

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1

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La hauteur garde donc son rôle primordial dans un système flexible en termes de programme et malgré les différentes variations observé au travers des projets, elle représente le seule véritable élément qui permet la mise en place d’un volume capable et qui permet l’amélioration des qualités spatiale de l’espace intérieur. En effet, comme il l’a déjà été évoqué, si l’on fixe la hauteur à 4mètres pour le programme de bureau et que l’espace doit pouvoir se reconvertir pour accueillir du logement, on se retrouve alors avec du logement à 4mètres de hauteur sous plafond, ce qui représente un gain en qualité spatiale pour une unité de logement. On obtient un espace de vie plus vivable, plus facilement aménageable, mieux éclairé, mieux ventilé et offrant un volume capable bien supérieur à celui d’un logement traditionnel.

1 - Schéma hauteur, coupe schématique au 1:200e - Redessin Personnel 2 - Coupe transversale - 1:1000e «NEXT» (Density Series), édition :A+T, 2010, p.181

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3.6 A-LAB VOKSIBOKS, «Multiple stackable modules», Sandvika, Norvège, 2008 3.6. 5 Eléments fixes

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1

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Pour la question des éléments fixes nous ne disposons pas de tous les éléments pour étudier pleinement ce champ.

Tout de même, il est déjà tout à fait possible de lire le fonctionnement prévu pour cet édifice flexible en termes de programme. Le module permet l’insertion d’un bloc de circulation verticale qui se répète tout au long de l’édifice. Il s’agît d’un élément combinant une cage d’escalier et deux ascenseurs. Grâce à la dimension du module de base de l’édifice, le bloc circulatoire ne vient pas bloquer l’espace mais on peut déceler dans sa position les contraintes qu’il pose.

Echelle1:2000e 2

Dans le corps de bâtiment le plus large, le bloc de circulation vient se placer au centre de l’édifice, de ce fait il permet d’occuper l’espace le plus sombre et de pousser l’espace utilisable vers les façades. On voit par contre un système de disposition du bloc opposée à celle-ci dans les parties plus étroites et moins spacieuses du projet. En effet, les blocs de circulation viennent se placer en façade pour plusieurs raisons. Premièrement, l’espace etant plus étroit, le placer au cœur du plateau atrophierai l’espace tout autour de lui le rendant moins généreux et plus contraignant, donc moins flexible. Deuxièmement car la façade sur laquelle le bloc de circulation s’implante, est celle qui fait face de manière directe à la voie de chemin de fer et donc à la pollution sonore qu’elle génère. Le bloc de service vient donc se placer comme barrière, comme filtre avec l’extérieur.

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Echelle1:500e

Structure

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Gaines Escaliers

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Ascenseurs

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Echelle1:2000e

Les éléments fixes gardent toujours leur rôle de support à l’espace flexible et permettent le bon fonctionnement du système. Ici ils sont aussi utilisés pour assoir la relation à l’espace extérieur de l’édifice. Mais il nous manque un élément crucial de comparaison qui est représenté par les gaines. N’étant pas représentées sur le projet, on peut tout de même émettre l’hypothèse que le système est similaire au Stadskantoor réalisé par Rem Koolhaas au sein de la OMA, qui est de faire passer les gaines dans la structure car il s’agit du seul élément continu du projet.

Echelle1:500e

1 - Schéma Eléments fixes 1:2000e - Redessin Personnel

Structure

Eléments fixes Zone programmé Zone programmable Espace libre et aménageable 134

2 - Schéma Module et éléments fixes 1:500e - Redessin Personnel 3 - Schéma Programmé/programmable 1:2000e - Redessin Personnel 4 - Schéma Module Programmé/programmable au 1:500e Redessin Personnel

3.6. 6 Programmé / Programmable En ce qui concerne l’espace programmé et programmable, ici la lecture est immédiate et claire. Les zones de circulation et l’emprise des paliers distributifs représentent les seules zones programmées. Tout le reste de l’édifice, basé sur l’idée de son module reprogrammable est totalement flexible en terme de programme.


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3.7 OMA / REM KOOLHAAS STADSKANTOOR, «Metacity Rotterdam» Rotterdam, Pays-Bas 2009

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Introduction :

1

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Le projet nommé « Metacity Rotterdam, Stadskantoor » réalisé par Rem Koolhaas au sein de la OMA est un concours remporté par celui-ci en 2009. Le projet suit son cours et devrait voir le jour dans les années à venir. Il vient se greffer sur le « Stadstimmerhuis » (un bâtiment municipal de 1953), et vient s’implanter le long de Coolsingel, qui est l’une des artères principales de la ville.

Pour atteindre un tel but, Koolhaas met en place au sein de son ouvrage un système structurel innovant. En effet, ce système n’est pas sans rappeler le « Square-L type system » développé par Van den Broek et Bakema. Ce système est représenté par une structure composée par des modules d’une dimension commune qui, une fois assemblés, fonctionnent comme une poutre Vierendeel tridimensionnelle. Le principe est de pouvoir, grâce à cette structure, générer un maximum d’efficacité et de polyvalence à la fois dans la construction et dans les programmes.

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2

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Le postulat de base de l’édifice est d’en faire un élément flexible en termes d’espace et de programme dans le but de créer une entité capable de redynamiser l’espace urbain et la ville, en offrant un objet capable de s’adapter et d’évoluer en fonction du changement de besoin.

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En effet, les unités peuvent être ajoutées ou retirées pendant et après la construction en fonction des besoins et de leur évolution (on retrouve ici la pensée de Kempe et Thill qui affirment qu’un bâtiment doit être flexible pendant sa phase de conception, de réalisation et sa vie en tant qu’édifice), et elles peuvent, de plus, s’adapter par la suite au programme du bureau, du logement, de l’équipement, etc… Le but est donc de produire un édifice adaptable, capable de s’adapter à l’évolution et au changement des besoins, un ouvrage flexible en termes d’espace et de programme. Ce bâtiment représente donc pleinement le sujet de cette étude et les enjeux qui lui sont propre. De plus, ce système modulaire, reprenant lui aussi une volumétrie pixélisée, permet de jouer avec les différentes nuances de hauteur dans la volumétrie pour se servir du toit de chacun des modules pour créer des espaces verts en hauteur. Ainsi l’édifice offre la possibilité de s’installer dans un logement avec jardin en plein de la ville et en hauteur. Ou bien même de fournir des espaces collectifs extérieurs

1 - Perspective, Vue depuis la rue. http://artboom.info/architecture/oma-wins-the-competition-for-the-stadskantoorbuilding-rotterdam.html/attachment/oma-stadskantoor-building-rotterdam-8 2 - Perspective, Vue depuis la rue. http://www.flickr.com/photos/architectureoflife/5913370393/lightbox/ 3 - Coupe perspective. «NEXT» (Density Series), édition :A+T, 2010, p.285 4 - Perspective, Vue d’oiseau http://inhabitat.com/omas-pixelated-standskantoor-skyscraper-scores-breeamexcellent/stadskantoor-8/

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3.7 OMA / REM KOOLHAAS STADSKANTOOR, «Metacity Rotterdam» Rotterdam, Pays-Bas 2009

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aux zones de bureau. Par ailleurs, la structure et sa similitude à une poutre Vierendeel permet de mettre en place des portées assez conséquentes et, de ce fait, libère l’espace au sol du site pour permettre une interpénétration de l’espace urbain dans le bâtiment (ici on retrouve la théorie développée par le projet du Megafloor et sa relation à l’espace urbain). L’édifice devient donc vraiment un élément actif pour la ville, en étant capable de s’adapter aux besoins et en revitalisant l’espace urbain public en l’incorporant dans son programme. De plus, nous pouvons préciser à titre informatif que les conditions du concours stipulaient que le bâtiment se devait d’être le bâtiment le plus « soutenable » (sustainable) de tous les Pays-Bas. C’est pour cela que la OMA associe à son projet d’édifice flexible un système de deux atriums fonctionnant comme des poumons tout au long de l’année, permettant le stockage d’air chaud et froid ainsi que la génération d’énergie pour pouvoir les réutiliser à des fins de régulation thermique lorsque cela est nécessaire. De plus, l’édifice se dote d’un vitrage doublé d’une isolation transparente permettant d’atteindre des performances d’isolation et une efficacité thermique hors du commun.

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Ce projet reflète donc parfaitement les questions posées par cette étude et vient se placer en parfait exemple d’étude.

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1 - Vue de maquette 1 http://ad009cdnb.archdaily.net/wp-content/uploads/2009/09/1251990694-stadskantoor-model-frame.jpg 2 - Vue de maquette 2 http://assets.inhabitat.com/wp-content/blogs.dir/1/files/2011/06/STADSKANTOOR-7.jpg 3 -Perspective, vue depuis la rue. http://ad009cdnb.archdaily.net/wp-content/uploads/2009/09/1251990627-omastadskantoor-collage--coolsingel.jpg

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1 - Plan R+7, Echelle 1:1000e «NEXT» (Density Series), édition :A+T, 2010, p.293 2 - Plan R+6, Echelle 1:1000e «NEXT» (Density Series), édition :A+T, 2010, p.292 3 - Plan R+5, Echelle 1:1000e «NEXT» (Density Series), édition :A+T, 2010, p.291 4 - Plan R+3, Echelle 1:1000e «NEXT» (Density Series), édition :A+T, 2010, p.291

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3.7. 1 Surface

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Dans ce projet, on entre une fois de plus dans une échelle de surface conséquente. On constate donc une fois encore la relation entre l’espace donné en plan et la multiplicité d’aménagements programmatiques possibles. L’assemblage des modules en plan permet le dessin d’une surface soit profonde ou assez étroite. En effet, chaque programme nécessite une certaine profondeur pour pouvoir s’exprimer. Par exemple, le logement nécessite un espace plus étroit que le bureau pour permettre son éclairage et sa ventilation naturelle, alors que le bureau peut s’installer dans des espaces plus larges et plus profonds, car c’est un espace à tendance plus artificielle et régi par des lois d’éclairage artificiel et non naturel.

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De ce fait, le dessin de la surface faisant référence au pixel, due à l’utilisation d’un module unique assemblé pour créer chaque plancher, on obtient un édifice anguleux. Ceci permet la multiplication des angles, ce qui augmente le développé de façade et donc les entrées de lumière naturelle ainsi que les accès à la ventilation naturelle. Tout en donnant la possibilité d’élargir l’espace en plan lorsque le besoin se fait sentir pour aménager des types de programmes différents.

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De plus, les atriums perforant le bâtiment permettent de contraindre la surface et d’offrir un rapport à l’extérieur plus direct pour les zones larges du plan.

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Le dessein de Rem Koolhaas étant d’offrir un édifice capable de se reprogrammer et d’accueillir une multitude de programmes différents, vient déjà se traduire par la question de la surface, de sa dimension et de par la gestion des percements effectués au niveau du sol.

2450 m² 1

Echelle1:1000e 1 - Schéma de surface, Echelle 1:1000e Redessin personnel

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3.7. 2 Structure

La structure est à l’image d’une poutre Vierendeel comme le dit lui-même Koolhaas. Il s’agit de l’association de modules identiques composés par une structure carré tridimensionnelle, représentée par des poteaux et des poutres épaisses de 70 centimètres d’épaisseur. Cette épaisseur permet d’atteindre la portée raisonnable de 7,20m.

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Cette structure épaisse permet la mise en place d’un réseau structurel en trois dimensions mais aussi le passage dans son épaisseur de toutes les gaines libérant ainsi le plan de la contrainte des points fixes de descente de gaines.

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La structure représente aussi l’élément clé du projet dans sa capacité à être démonté, remonté ou même déplacé. En effet, le fait de penser le module comme un élément indépendant, qui génère du programme une fois assemblé, offre des capacités de transformation très importante. La structure continue de fonctionner même si l’on déplace les éléments pour les installer ailleurs ou tout simplement s’ils sont retirés. De plus, le fait d’utiliser un module identique permet aussi le rajout de ce même module sans poser de problème pour la structure car les descentes de charges se font naturellement, du fait que tous les éléments structuraux coïncident.

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La structure devient donc l’élément majeur du projet car elle permet la mise en place du système flexible de base et offre un grand nombre de possibilités quant à la transformabilité de l’édifice.

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Echelle1:1000e

1 - Schéma de structure, Echelle 1:1000e Redessin personnel

2 - Schéma Perspectif de structure http://www.google.fr/imgres?um=1&hl=fr&sa=N&tbo=d&biw=192 0&bih=947&tbm=isch&tbnid=lkq5vhQyRLZ-cM:&imgrefurl=http:// www.pietersbouwtechniek.nl/project/191/woningen/stadskantoor__ rotterdam/&docid=H-fkdWeO1bFIrM&imgurl=http://www.pietersbouwtechniek.nl/photo/project/191/4/stadskantoor__rotterdam_100000.jpg&w= 690&h=470&ei=r9sOUeXIMsHJ0AWKzIDQAg&zoom=1&iact=hc&vpx=5 34&vpy=573&dur=9237&hovh=185&hovw=272&tx=163&ty=104&sig=10 9215016676886778365&page=2&tbnh=129&tbnw=189&start=49&ndsp =71&ved=1t:429,r:64,s:0,i:280

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3.7. 3Trame

La trame de l’édifice elle aussi est un élément intéressant. En effet, basée sur un carré de 7,20m par 7,20m, elle offre un dimensionnement très savant. L’entre-axe de 7,20 mètres de large permet en effet une réversibilité d’espace très performante entre les programmes. C’est une trame qui s’applique au logement, qui permet l’installation de bureaux, ou même de chambres d’hôtel et de circulations. Sachant qu’une fois les modules combinés, on peut retrouver des épaisseurs standards de bâtiment de logement collectif, de bureaux, etc…

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La trame structurelle du projet induit elle-même la notion de flexibilité et vient souligner l’importance du dimensionnement de tous les éléments du projet. Car une trame trop serrée induit l’association obligatoire de modules pour pouvoir y installer un programme et nuit ainsi à la notion de flexibilité programmatique. Car les unités ne peuvent plus se reprogrammer seules, cela entraîne une réaction de liaison permanente entre les unités. Ce qui va à l’encontre du principe mis en place ici.

93,6m

1 7,2

7,2

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7,2

7,2

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A l’inverse, une trame trop large entraîne un gaspillage d’espace et donc une erreur économique sur le projet, et plus la trame augmente, plus la question de la structure devient problématique. Atteindre de grandes portées est faisable, mais cela induit une structure plus omniprésente qui contraint davantage l’espace. On se retrouve donc avec de l’espace plus cher et plus contraint. Il s’agit donc d’un échec de conception et de gestion du budget.

Echelle1:1000e 1 - Schéma de tramage, Echelle 1:1000e Redessin personnel

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7,2

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43,2m 43,2m


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3.7. 4 Hauteur

Pour ce qui est de la hauteur, Koolhaas utilise un entre-axe entre plancher de 4,0 mètres de haut. Une telle dimension permet, une fois de plus, d’assoir les fondations du système flexible en termes de programme mis en place par la structure et la surface développée au sol.

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4

Il ne faut pas oublier non plus l’apport spatial et l’augmentation des qualités de l’espace générés par le fait d’augmenter la hauteur sous plafond. Le projet devant accueillir différents programmes, il faut se baser sur la norme la plus contraignante pour pouvoir mettre en place un système qui convient à tous les programmes. Si le logement ne nécessite que ses 2,50 mètres de hauteur sous plafond, le bureau possède une norme à 3,50 mètres. De ce fait on obtient pour les mêmes coûts un logement à 3,50m. Et même si la surface reste la même, les qualités spatiales et de vie sont, quant à elles, nettement améliorées. On effectue donc une économie, car pour le même coût on obtient un élément de meilleure qualité spatiale.

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Echelle1:200e

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Echelle1:1000e

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De ce fait, on constate que la hauteur joue une fois de plus un rôle primordial dans la libération du volume. On sort de la dimension simplement planaire pour mettre à disposition un volume capable, adaptable se traduisant par une hauteur sous plafond supérieur à la norme. La mise en place de la flexibilité passe donc aussi et surtout par la relation des différents programmes à une hauteur sous plafond commune. Le plan n’est pas un élément suffisant pour mettre en place un système flexible. Il reste certes un élément primordial, mais insuffisant dans le cas de la flexibilité programmatique. Ce projet permet de réellement mettre en lumière l’importance du facteur hauteur dans un projet flexible en termes de programme.

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En effet, comme nous l’avons déjà observé dans d’autres projets, un entre-axe entre plancher fixé à 4,0 mètres permet la mise en place d’approximativement tous les programmes. Ainsi le module, et l’espace en général devient totalement reprogrammable.

1

1 - Schéma de hauteur Coupe schématique, Echelle 1:200e Redessin personnel 2- Coupe transversale, Echelle 1:1000e «NEXT» (Density Series), édition :A+T, 2010, p.293

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Les éléments fixes dans ce projet font partie, comme dans la plupart des projets étudiés, des éléments permettant la mise en place d’un système flexible en termes de programme. En effet, si l’on commence par les deux blocs de circulation verticale, ils représentent les deux points vraiment fixes du plan, ils traversent le bâtiment sur toute sa hauteur et permettent le lien entre la rue et les derniers étages de l’édifice. Ils sont placés en position centrale, au cœur de l’édifice et proches des deux grands atriums. Ils ne gênent donc pas l’espace libre du plan car ils se placent dans les parties épaisses du projet et en relation avec l’espace vide du projet. De plus, en se plaçant sur une même ligne dans le plan, cela permet de définir une bande servant en cœur de projet et permet ainsi de hiérarchiser l’espace de manière efficace.

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Echelle1:1000e

Structure

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Escaliers

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Ascenseurs

1 - Schéma des éléments fixes , Echelle 1:1000e Redessin personnel 2 - Plan schématique du module Gaines noyées dans la structure, Echelle 1:200e Redessin personnel

Echelle1:200e

3 - Schéma axonométrique Les gaines noyées dans la structure Redessin personnel

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En effet, la structure est d’avantage qu’un simple élément structurel, elle devient une épaisseur servante. Le module étant constitué d’une ossature de 7,20m x 7,20m x 4,0 m, pour une épaisseur de poutre de 70 centimètres. Ces 70 centimètres renferment une partition en quatre compartiments permettant de conserver les qualités structurelles de l’élément mais aussi de pouvoir mettre en place des zones creuses au sein des poutres et poteaux pour permettent le passage de gaines. Ainsi le module et sa structure permettent la mise en place d’un réseau tridimensionnel de gaines pour libérer le plan de la contrainte du plombage des gaines. La structure étant continue entre chaque module, les gaines peuvent ainsi parcourir l’ensemble de l’édifice sur le plan horizontal et vertical sans créer de gêne au niveau du plan avec la multiplication de points fixes.

2

Gaines

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La partie vraiment intéressante en ce qui concerne l’étude des éléments fixes dans le projet, se trouve dans l’étude du système présent dans l’édifice pour gérer la question des gaines.

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3.7. 5 Eléments fixes

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3.7 OMA / REM KOOLHAAS STADSKANTOOR, «Metacity Rotterdam» Rotterdam, Pays-Bas 2009

Le projet étant de grande envergure il devient compliqué et contraignant de mettre en place un système de gaines uniques qui plombent au travers de tout l’édifice sans contraindre l’espace. 144

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3.7 OMA / REM KOOLHAAS STADSKANTOOR, «Metacity Rotterdam» Rotterdam, Pays-Bas, 2009

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La solution proposée par Rem Koolhaas est donc en accord avec son principe de flexibilité programmatique, car il arrive à libérer l’espace de ses contraintes pour le rendre complètement flexible. De plus, son système de structure épaisse combiné au réseau de gaines permet de mettre en place dans chaque module une très grande flexibilité d’aménagement. En effet, tous les services humides peuvent se placer à peu près n’importe où dans le module, du moment qu’ils restent près de la structure. Tous les poteaux et toutes les poutres deviennent donc des raccords potentiels au réseau de gaines.

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Ainsi la gestion des éléments fixes du projet, combinée à l’approche structurelle de l’édifice, permet réellement la mise en place d’un système flexible en termes de programme.

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3.7. 6 Programmé / Programmable

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Ici la distinction entre espace programmé et programmable est très claire, car les deux modules consacrés à la circulation verticale et leurs paliers distributifs représentent les seuls espaces programmés de l’édifice.

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Se basant sur un principe de flexibilité programmatique totale, il est naturel que tout l’espace soit flexible et reprogrammable à volonté. Les seules parties qui ne sont pas modifiables sont aussi les deux grands vides creusés dans l’édifice sur toute la hauteur de l’édifice, leur rôle étant d’aider à la régulation thermique de l’ensemble du bâtiment. Le bâtiment propose donc un espace complètement reprogrammable et aménageable sur toute sa surface et le volume qu’il développe. Koolhaas arrive donc à mettre en place son système en passant par le questionnement fonctionnel et organisationnel des éléments traditionnels du projet, telles que la structure et les gaines, pour les réquisitionner et en faire des éléments de libération de l’espace et de flexibilité programmatique.

1

Structure

Eléments fixes

Zone programmé

Zone programmable Espace libre et aménageable

Echelle1:1000e 1 - Schéma Programmé / Programmable , Echelle 1:1000e Redessin personnel

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3.7 OMA / REM KOOLHAAS STADSKANTOOR, «Metacity Rotterdam» Rotterdam, Pays-Bas 2009

Le module, adapté en logement reprend le principe développé par Koolhaas et sa structure épaisse permettant le passage des gaines. C’est pour cela que l’on constate un alignement de la cuisine, de la salle de bain et des toilettes en périphérie du logement pour pouvoir se greffer sur les poutres définissant le module et ainsi se raccorder au réseau tridimensionnel de gainage.

1

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Logement

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1 Logement

De plus, on constate la qualité d’espace proposée par la trame de 7,20 mètres à l’entre-axe, la trame permet une capacité d’adaptation au programme du logement en lui donnant un dimensionnement correct.

2 Espace collectif / dortoir Dortoir

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Une fois de plus la trame de 7,20 mètres permet l’aménagement de nombreux programmes. Ici on peut observer une salle collective reliée à l’espace du dortoir. L’espace offert en plan permet un aménagement libre et sans contraintes.

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On observe aussi la capacité du module, et le dessin pixélisé qu’il génère dans l’ensemble à créer des angles au niveau de la façade. Ainsi l’espace d’éclairage et de ventilation naturelle est décuplé.

Bureau

La trame de 7,20m s’applique aussi au programme du bureau permettant l’insertion de deux unités de bureau dans sa largeur. Koohlaas les dessine ici sur une largeur de 3,60m sur une profondeur de 7,20m. Le module est donc reprogrammable.

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3 Bureau

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4 Sanitaires collectives

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Sanitaires collectifs 4 Bureau

En ce qui concerne les sanitaires, on voit que Koolhaas met en place une épaisseur au centre du module pour permettre de tirer les gaines jusqu’aux épaisseurs mises en place au niveau des cloisonnements pour pouvoir rejoindre le système tridimensionnel de gaines noyé dans la structure. Une fois de plus, on peut vérifier l’importance du système structuro-technique mis en place dans l’édifice.

5 Salle de réunion Un autre exemple pour pouvoir mettre en évidence le potentiel d’aménagement est la flexibilité mise en place par la trame de 7,20m. Ici Koolhaas met en place une salle de réunion et peut aussi inscrire une circulation dans l’espace offert par le module.

1 - Plan de logement, Echelle 1:200e Redessin personnel

Salle de réunion

5

2 - Plan du dortoir - espace collectif, 4 - Plan de sanitaires colletives (bureau) Echelle 1:200e - Redessin personnel Echelle 1:200e - Redessin personnel

Echelle1:200e 146

3 - Plan de bureau, Echelle 1:200e Redessin personnel

5 - Plan de salle de réunion, Echelle 1:200e Redessin personnel


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3.8 MVRDV + Adept SKY VILLAGE, Rødovre, Danemark, 2013

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Introduction :

La réponse proposée par MVRDV n’est pas sans rappeler le projet de Koolhaas, mais en jouant la carte de la hauteur. Le principe est donc de proposer une tour basée sur une structure tramée rappelant le motif du pixel.

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Après plusieurs années de forte expansion, l’économie danoise récente fait face à un développement de l’immobilier relativement instable et incertain. À l’heure actuelle, le marché immobilier ralentit, et les politiques d’aménagement se concentrent davantage vers la création d’espaces de bureau. Ce que nécessite en particulier des lieux comme Rødovre, situé à une dizaine de Km à l’Ouest de Copenhague, est un nouveau concept pour les bâtiments à venir. Un édifice qui fait preuve de souplesse. Lorsque des bureaux peuvent facilement être transformés en logements et vice-versa. Lorsque des unités plus petites peuvent être transformées en de plus grandes et vice-versa. Comment atteindre cette flexibilité spatiale et programmatique ?

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Le principe est d’assembler des unités, conçues comme des modules identiques de 7,8m x 7,8m x 4,0m. Le dimensionnement des unités se base sur la mise en commun des dimensionnements de places de parking, d’espaces de bureau et de cellules de logements. Ainsi en partant sur un module comme modèle commun, MVRDV tente d’offrir une cellule reprogrammable et flexible en terme d’aménagement.

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L’unité représente une surface de 60m² ou 240m3, ce qui permet d’accueillir une grande variété de locataires, d’habitants ou d’usagers. En effet, on peut imaginer que la cellule peut s’adresser à de jeunes actifs qui veulent pouvoir venir s’installer en proximité de la ville, ou même pour de jeunes entreprises qui cherchent des locaux évolutifs à de plus bas coûts qu’en centre-ville mais malgré tout proche de la ville, du bouillonnement économique qui en découle. On imagine tout aussi bien un attrait pour les travailleurs à domicile avec la mise en place d’une typologie de cellules combinant habitat et lieux de travail. MVRDV qualifie son édifice comme un SOHO vertical. De plus, une fois les unités combinées, elles peuvent permettre la formation d’espaces plus vastes rendant possible le dessin de plus grands appartements, de chambres d’hôtel ou d’espaces de bureau plus vastes.

1 - Perspective d’ensemble «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.109

2 - Perspective «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.113

3 - Perspective aérienne «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.111

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3.8 MVRDV + Adept SKY VILLAGE, Rødovre, Danemark, 2013

1 Les quatres noyaux distributifs

La démarche est donc de mettre en place une structure durable et pérenne qui permet le fonctionnement d’un bâtiment hybride en se basant sur un système flexible en termes de programme. L’organisation du projet est assez simple, les modules viennent se greffer sur un noyau structurel central en maçonnerie, subdivisé en 4 sous espaces de distribution et circulation. Ainsi, les programmes peuvent cohabiter, se juxtaposer et se transformer de manière indépendante les uns des autres.

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Les modules se répandent sur une ou deux bandes dessinées par la trame, pour générer soit de l’espace profond, soit de l’espace plus fin permettant ainsi d’offrir une variété très grande d’espaces pour répondre à tous les besoins programmatiques et spatiaux. Lorsque l’espace se dilate il devient alors possible de générer de nouveaux programmes qui réclament plus d’espace, tels qu’une bibliothèque, des salles de conférence, etc…

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Programme proposé

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Le résultat est un édifice de 46.5m x 46.5m sur 48 mètres de haut, découpé et creusé par un motif pixélisé, ce qui permet de découper des espaces extérieurs, créer des terrassements, et augmenter le nombre d’espaces en angle et donc les apports en lumière naturelle.

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3 Besoin de Logements

Le groupe MVRDV tente donc avec cet édifice d’offrir un « village vivant » capable de répondre à son environnement économique et bâti. Pour ce faire il se base sur une approche similaire à celle de Rem Koolhaas pour le projet « Metacity Rotterdam, Stadskantoor » et nous dévoile un édifice pixélisé basé sur un module reprogrammable, flexible et assemblable pour être capable de répondre aux changements et à l’évolution des besoins dans le temps. Une structure pérenne et durable pour un espace aménageable et un programme flexible.

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Besoin de Bureaux

5 Besoins commerciaux 150

1 - Schéma axonométrique «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.111

3 - Schéma axonométrique «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.111

2 - Schéma axonométrique «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.111

4 - Schéma axonométrique «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.111

5 - Schéma axonométrique «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.111


3.8 MVRDV + Adept SKY VILLAGE, Rødovre, Danemark, 2013

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3 - 1 - Perspective d’ensemble «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.113

2 - 1 - Perspective d’ensemble «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.112

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1 - Plan R+14 «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.112

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3.8 MVRDV + Adept SKY VILLAGE, Rødovre, Danemark, 2013

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3.8. 1 Surface

Dans l’analyse de la surface, on commence par voir que le projet se place dans une catégorie équivalente à celle du Stadskantoor réalisé par OMA avec à peu près 2200 m² de surface maximale mise à disposition en plan. Une fois de plus, on observe un rapport direct entre diversité de programmes et surface libre en plan. En effet, comme le précise l’équipe de MVRDV, le système modulaire évolue dans une trame, permettant ainsi de générer des espaces de qualité, variés et différents. On peut obtenir un espace étroit plus adapté au logement, de l’espace profond qui correspond mieux à l’équipement ou à l’hôtel et des espaces qui se répandent en plan permettant l’incorporation de bureaux à l’édifice.

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2210 m² Max

Le but étant de ne pas contraindre l’espace, la surface mise à disposition devient un élément permettant l’indétermination du programme et offrant ainsi la possibilité de l’aménager à volonté dans une structure fixe.

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1

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3.8. 2 Structure

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La structure est composée de l’assemblage entre un noyau structurel maçonné de 15,6 mètres de côté et d’une multitude de modules identiques qui viennent se greffer les uns aux autres sur le noyau central. Le noyau central endosse le rôle de cœur de structure alors que les modules permettent d’étendre l’espace de manière horizontale.

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1 - Schéma de surface, Echelle 1:1000e Redessin personnel 2 - Schéma de structure, Echelle 1:1000e Redessin personnel

Le noyau se subdivise en 4 parties pour permettre la distribution effective de l’édifice, dans le sens où chaque programme peut bénéficier de son accès propre et sa propre circulation. De ce fait les programmes arrivent à devenir indépendants et l’espace devient flexible en termes de programme. Les modules quant à eux, et leur système structurel en ossature, permettent la superposition des éléments structurels. En effet, le module étant un élément unique, son assemblage permet à tous les poteaux de retomber les uns sur les autres et d’aligner toutes les poutres sur le plan horizontal. De cette manière les descentes de charge s’effectuent naturellement et les porte-à-faux sont repris par le noyau structurel maçonné. De plus, le côté indépendant en terme de structure concernant les modules permet de contrôler la position des poteaux en plan et de les régler en fonction d’une trame. L’espace est ainsi réglé et on ne trouve des éléments structuraux que tous les 7,80m ce qui met à disposition un espace assez généreux avec une dimension se prêtant à la flexibilité. L’association de modules offre aussi la capacité de pouvoir gérer

Echelle1:1000e 152


3.8 MVRDV + Adept SKY VILLAGE, Rødovre, Danemark, 2013

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l’épaisseur et la profondeur de l’espace. Ainsi, on peut alterner entre une épaisseur de 7,8m et 15,6m de profondeur entre le noyau et la façade, on reste ainsi dans des gabarits permettant l’aménagement de logements, de bureaux et même d’hôtel. En assemblant les modules de manière parallèle, et non pas perpendiculaire au noyau, on peut obtenir des espaces allant jusqu’à 47 mètres par 15 mètres, offrant ainsi la possibilité d’incorporer des programmes à tendance plus publique tels que des bibliothèques, des salles de conférence ou même tout simplement des zones de bureaux plus larges, ou des espaces extérieurs en terrasse pour les logements.

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La structure, une fois de plus, se présente comme un des éléments fondateur du projet, qui pose dans l’édifice les bases de la flexibilité programmatique.

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1 - Schéma axonométrique de structure, Echelle 1:1000e Redessin personnel 2 - Schéma axonométrique de structure, Echelle 1:1000e Redessin personnel

3 - Schéma axonométrique de structure, Assemblage - Echelle 1:1000e Redessin personnel

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3.8 MVRDV + Adept SKY VILLAGE, Rødovre, Danemark, 2013

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3.8. 3 Trame

La trame représente le dimensionnement donné à un élément dans un but précis. Ici le parti-pris de MVRDV est de pouvoir mettre en place un module unique pouvant contenir toutes sortes de programme. Le dimensionnement de cet élément devient donc très important car il influe directement sur la capacité d’adaptabilité du module.

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46,5 7,75

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46,5 7,75

7,75

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A cela s’ajoute le fait de pouvoir combiner ces modules et offrir, une fois encore, une plus grande flexibilité programmatique et spatiale. En effet, en assemblant les modules, on atteint très vite des surfaces plus généreuses permettant l’aménagement de programmes qui tiennent plus de l’équipement, tels qu’une bibliothèque, des espaces collectifs de divertissement, etc… La combinaison des modules offre donc un agrandissement de la surface rapide, on passe de 60m² à 120m², 180m², 240m², 300m², etc… Ainsi chaque programme peut trouver sa place et l’espace dont il a besoin, car la trame permet dans son dessin initial l’incorporation de nombreux et différents programmes.

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7,75

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La trame mise en place dans le projet est une grille de 7,80 mètres x 7,80 mètres. Elle est choisie car dans cette dimension il est possible d’y faire tenir un logement classique, voire un duplex car la dimension du module permet d’insérer un escalier domestique sans pour autant consommer tout l’espace. Il est aussi possible d’installer dans cette trame des unités de bureaux qui respectent une trame plus rigoureuse compte tenu du dimensionnement des éléments de bureautique. Il est possible d’y installer des espaces collectifs ou des services collectifs, et même de combiner ces éléments avec leurs circulations respectives au sein d’un même module. De plus, lorsque le module devient un élément extérieur, soit pour une terrasse soit pour un jardin planté, il offre la surface généreuse de 60m².

3 - Schéma de tramage Echelle 1:1000e Redessin personnel

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De plus, les modules pouvant s’ouvrir sur toutes leurs faces (sur les côtés, en haut et en bas), la méthode d’assemblage offre des combinaisons infinies. Une fois de plus, on constate que la détermination de la trame est un élément très important du projet, car une erreur de son dimensionnement entraînerait un effet de contrainte sur l’espace. On se retrouverait avec un espace programmé car la trame structurelle ne permettrait pas une interchangeabilité des programmes. On retrouve dans ce projet et dans celui du Stadskantoor de Rem Koolhaas (ainsi que dans le Voksibks de A-Lab), une tentative d’uniformisation de l’espace en passant par l’usage d’un module offrant un espace capable indéterminé. Cette indétermination de l’espace renvoie directement à la notion mise en avant par l’atelier Kempe Thill de « Neutralité de l’espace », notion développée dans leur étude « Specific Neutrality » et qui vise à mettre en avant la nécessité d’introduire la notion de flexibilité par la neutralité dans un édifice en tant que facteur économique majeur.


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3.8 MVRDV + Adept SKY VILLAGE, Rødovre, Danemark, 2013

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Echelle1:200e

Une hauteur de 4,00m d’entre-axe, revient dans ce projet où les planchers mesurent 50cm d’épaisseur, à mettre en place une hauteur sous plafond de 3,50m. Comme nous l’avions évoqué précédemment, pour mettre en place un système flexible en termes de programme, il faut que la contrainte de la hauteur se base sur la norme la plus contraignante (sans prendre en compte le fait que le plancher est démontable, car ce facteur s’applique seulement en cas d’implantation de programmes exceptionnels). De ce fait, de toutes les normes concernant la hauteur sous plafond, la plus contraignante de tous les programmes ici présents, est celle du bureau.

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La hauteur mise en place à l’entre-axe de chaque dalle est de 4,00m. Le but étant d’offrir un espace dirigé par la notion de flexibilité programmatique, il est donc nécessaire de mettre en place un espace qui est capable d’accueillir n’importe quel type de programme.

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Dans le projet du Sky Village, on retrouve le même postulat concernant la hauteur sous plafond que Rem Koolhaas met en place dans le Stadskantoor. En effet, la hauteur vient tenir le rôle de libération de l’espace sur le plan vertical et nous amène donc la lecture d’un volume capable et non plus seulement d’un plan.

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3.8. 4 Hauteur

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En effet, le bureau nécessite une hauteur sous plafond de 3,50m alors que le logement ou l’hôtel ne nécessite que 2,50m. La hauteur ne peut donc descendre en dessous de 3,50m sinon l’édifice perd sa capacité à se reprogrammer et donc sa réactivité aux changements des besoins et à leur évolution. Le module lui aussi perdrait sa qualité d’indétermination qui lui permet d’être le pilier fondateur du système flexible mis en place ici. Car le fait de baisser la hauteur sous plafond limiterait les programmes pouvant être installés dans l’édifice, en contraignant l’espace à seulement certains programmes. La hauteur occupe une fois encore un rôle primordial dans la mise en place d’un système flexible en ce qui concerne les programmes. Elle devient un élément clé à ne pas négliger car sans elle, même si le plan est pensé comme une entité flexible, il reste insuffisant pour permettre d’instaurer à lui seul la flexibilité programmatique.

1 - Schéma Hauteur, Coupe schématique Echelle 1:200e Redessin personnel 2 - Coupe transversale Echelle 1:1000e «A+T Hybrids III» N°33-34, Spring-automn 2009, p.112 -113

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3.7. 5 Eléments fixes

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3.8 MVRDV + Adept SKY VILLAGE, Rødovre, Danemark, 2013

En ce qui concerne les éléments fixes, leur gestion est plutôt simple. On se retrouve dans un système qui centralise tous les services. Le bloc structurel central maçonné devient aussi le lieu de toutes les circulations verticales et distributions horizontales. Ainsi ce bloc de 15,6m par 15,6m se divise en quatre cages d’escaliers distinctes. Le schéma de base est d’associer un escalier à une batterie de trois ascenseurs. On obtient donc au final 4 escaliers centraux plus un total de 12 ascenseurs.

1 Structure

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Le fait de partitionner le noyau central vient du fait que si l’on souhaite rendre les programmes indépendants et permettre leur constante évolution et mutation, il est nécessaire de les rendre indépendants dans leur organisation. En effet, cela peut devenir contraignant si les clients de l’hôtel sont obligés d’utiliser les circulations des personnes habitants dans l’édifice ou de devoir passer dans des zones utilisées par des sociétés ayant implanté leurs bureaux dans l’édifice. La gestion et l’organisation deviennent des éléments extrêmement importants, sinon le système n’est pas viable et son fonctionnement correct ne peut pas être assuré. C’est pourquoi le fait de partitionner les services distributifs, tout en les regroupant dans le même noyau, constitue un point important du système et nécessite donc d’être mis en lumière.

Gaines Escaliers

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Ascenseurs

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Les gaines sont probablement un des points faibles du projet car les éléments montrant comment le système fonctionne, sont indisponibles. On peut tout de même lire sur le plan que sont jumelés aux quatre noyaux distributifs, des espaces creux techniques servant à la centralisation des gaines et à leur plombage. On peut donc émettre l’hypothèse que les gaines peuvent, comme dans le projet du Stadskantoor de Rem Koolhaas, suivre la structure, voire fusionner avec elle pour permettre une liberté d’accroche en plan des services humides pour ensuite venir se retrouver toutes au même point, c’està-dire au cœur de l’édifice. Il est possible de lire en plan la volonté de ne pas contraindre l’espace par des éléments mis en place pour la descente des gaines mais il est impossible de décrire précisément le système mis en place au sein de l’édifice.

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Structure

Eléments fixes

Zone programmé

Zone programmable Espace libre et aménageable

1 - Schéma éléments fixes Echelle 1:1000e Redessin personnel 2 - Schéma programmé / programmable Echelle 1:1000e Redessin personnel

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3.7. 6 Programmé / Programmable Concernant la différenciation entre espace programmé et programmable, la lecture est ici très claire. Le système souhaite offrir un espace totalement flexible au regard des programmes et c’est le cas. La seule partie programmée est représentée par le noyau central. Noyau qui renferme toutes les distributions des planchers et les circulations verticales. La hiérarchie entre programmé et programmable est évidente et c’est ce qui permet de mettre en évidence les qualités de flexibilité de l’édifice.


3.8 MVRDV + Adept SKY VILLAGE, Rødovre, Danemark, 2013

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1 - 2 Logement en duplex Le dessin de ce duplex sur deux niveaux nous donne à voir ce que la trame de 7,80m par 7,80m permet en terme d’aménagement spatial. L’espace de vie est assez généreux, en laissant même une partie indéterminée, qui laisse place à une évolutivité du logement, permettant le rajout de chambre ou d’atelier ou même de lieux de travail dans le logement. De plus, on constate que des doubles hauteurs peuvent être mise en place grâce à la capacité du module à s’ouvrir sur toutes ses faces. On constate par la même occasion que, dans une trame de cette dimension, il est possible d’incorporer un escalier domestique sans contraindre l’espace afin de permettre le développement du logement sur plusieurs niveaux.

1

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Logement duplex R+0

2 Logement duplex R+1

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2 Espace extérieur - terrasse

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Ce dessin nous donne à voir la dimension que peut offrir le module en tant que générateur d’espace extérieur, avec ici une terrasse mitoyenne entre bureau et logement en plan. Ceci montre la capacité du module à générer, avec chacune de ses faces, un espace particulier et d’offrir des espaces extérieurs à tous les programmes, espaces extérieurs en hauteur qui plus est.

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3 Espace extérieur - Terrasse

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3 WC + Espace commun - Bureau

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Ici on peut lire l’organisation spatiale que permet le dimensionnement du module dans les programmes tel que le bureau. En effet, ici on peut observer le dessin de WC commun et d’un espace collectif de bureau. La dimension de l’unité lui permet de combiner les éléments de service du programme de bureau sans avoir besoin de s’étendre sur plusieurs modules. On constate donc l’efficacité de la trame à 7,80m.

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4 WC + Espace commun - Bureau

4 Modules de bureaux Avec cet extrait de plan, il nous est possible de voir en quoi la combinaison de plusieurs modules peut permettre la génération de programme, ici de bureaux. En combinant les éléments, il est possible de mettre en place en plan des surfaces conséquentes dédiées à un programme en particulier. Dans ce cas, on assiste à l’organisation d’une zone de bureaux, aménagement avec du mobilier de dimension conséquente. Ce dessin permet de mettre en avant la capacité de génération d’espace et de programme que le module offre une fois combiné.

1 - Plan de logement duplex R+0 3 - Espace extérieur - terrasse , Echelle 1:200e - Redessin personnel , Echelle 1:200e - Redessin personnel 2 - Plan de logement duplex R+1 4 - WC et expace commun - Bureau , Echelle 1:200e - Redessin personnel , Echelle 1:200e - Redessin personnel

Modules de bureaux

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5 - Modules assemblés de bureau Echelle 1:200e Redessin personnel

Echelle1:200e 157


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4.1. Surface

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4 . Synthèse

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4.2. Structure

4.3. Trame

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4.4. Hauteur

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4.5. Eléments fixes

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4.6. Ordre et (des)ordres : Programmé – Programmable

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4.7. Economie et flexibilité programmatique

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1. Surface

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4 . Synthèse

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2. Structure

3. Hauteur

160


rch ite ctu

re

4 . Synthèse

Ea

tel

ier

d'a

4. Eléments fixes

BE LL

EV

ILL

5. Programmé Programmable

$$$ 6. Economie et flexibilité programmatique

161


4.1 Surface

2

re

1

rch ite ctu

240 m²

3

10 000 m²

290 m²

d'a

5

tel

4

ier

888 m²

Ea

8

2450 m²

BE LL

EV

2210 m² Max

ILL

7

Echelle 1:1000 162

6


4.1 Surface

re

Etude comparative

1 - Dowtown Athletic Club Starett et Van Vleck Scéma de surface Echelle 1:1000e Redessin personnel

rch ite ctu

L’analyse du corpus a permis d’établir une relation entre la surface mise à disposition par plancher dans les édifices et leur qualité à se reprogrammer. De manière plus précise, il est possible de diviser en deux familles les projets étudiés. a . Emprises réduites

Cette famille de projets comprend : le Dowtown Athletic Club (Starret et Van Vleck), la Price Tower (Frank Lloyd Wright), le office/appartements calle Balmes (OAB – Carlos Ferrater) et la St Jakob Turm (Herzog et De Meuron).

2 - Price Tower Franck Llyod Wright Scéma de surface Echelle 1:1000e Redessin personnel

d'a

Dans ces édifices la surface par plancher varie entre 240m² et 888m². Ces projets (mis à part le Downtown Athletic Club qui représente un cas particulier) mettent en place une relation entre les espaces dédiés au bureau et ceux du logement. La surface réduite offre une certaine limite dans la variété possible de programme .

3 - Office/Housing Balmes OAB - Carlos ferrater Scéma de surface Echelle 1:1000e Redessin personnel

ier

On parle donc toujours d’un espace flexible programmatiquement, mais qui propose une réversibilité de programme plus ciblée entre logement et bureau. b . Grandes surfaces

4 - Megafloor Hitoshie Ahe - Masashige Motoe Scéma de surface Echelle 1:1000e Redessin personnel

tel Ea ILL

BE LL

6 - Voksiboks A-Lab Scéma de surface Echelle 1:1000e Redessin personnel

Le point mis en avant par ces édifices est la relation directe entre surface offerte en plan et diversité des programmes. En effet, on constate dans ces surfaces allant de 2 200m² à 10 000m² par niveau, qu’elles offrent une capacité de reprogrammation quasiment sans limite, la contrainte de reprogrammation entre logement et bureau disparaît. Ici les surfaces sont prévues pour accueillir le plus grand nombre de programmes possible.

EV

5 - St Jakob Turm Herzog et De Meuron Scéma de surface Echelle 1:1000e Redessin personnel

La deuxième famille, quant à elle met en avant des projets offrant des surfaces aménageables par niveau très conséquentes. Les édifices qui représentent cette famille sont : le Megafloor (Hitoshie Ahe - Masashige Motoe), le Voksiboks (A-Lab), le Stadskantoor (OMA – Rem Koolhaas) et le Sky Village (MVRDV).

La surface apparaît donc comme une condition importante pour un système flexible en termes de programme. Malgré tout elle n’est pas un élément déterminant, car insuffisante à elle seule. En effet, elle pose les bases du fonctionnement du système en proposant une direction dans le phénomène de reprogrammation en mettant, ou non, à disposition un espace suffisant convenant à tous les programmes.

7 - Stadskantoor OMA - Rem Koolhaas Scéma de surface Echelle 1:1000e Redessin personnel

8 - Sky Village MVRDV Scéma de surface Echelle 1:1000e Redessin personnel

163


4.2 Structure

2

rch ite ctu

re

1

3

ier

d'a

5

tel

4

Ea

7

BE LL

EV

ILL

6

Echelle 1:1000 164


4.2 Structure Etude comparative

re

Dans le cas de la structure en tant qu’outil d’analyse, il est plus difficile de dégager un système de famille. En effet, chaque projet utilise un système particulier. Les seuls projets présentant réellement des similitudes au niveau structurel sont le Stadskantoor réalisé par la OMA et le Sky Village de MVRDV (ainsi que le Voksiboks mais son système structurel n’est pas réellement dessiné…) qui utilisent tous les deux un système de modules autoportants assemblés les uns aux autres, fusionnant à un quadruple noyau maçonné pour le Sky Village.

rch ite ctu

1 - Dowtown Athletic Club Starett et Van Vleck Scéma de structure Echelle 1:1000e Redessin personnel

2 - Price Tower Franck Llyod Wright Scéma de structure Echelle 1:1000e Redessin personnel

d'a

L’important est de considérer que la structure représente l’élément primordial de la flexibilité programmatique, en permettant à ces édifices de libérer l’espace et d’en faire disparaître une partie des contraintes, à la manière de Le Corbusier et de son système Dom-Ino est deviendra l’outil de génération de la majorité de ces projets.

En effet, dans certains cas, c’est par les performances structurelles et les portées développées par les éléments de structure que la libération du plan se fait, parfois c’est grâce à un système unitaire et tramé qui permet une évolution contrôlée des programmes, ou bien même par la mise en place d’un espace neutre et reprogrammable, poussant la structure vers l’extérieur pour libérer physiquement le plan.

tel

ier

3 - Office/Housing Balmes OAB - Carlos ferrater Scéma de structure Echelle 1:1000e Redessin personnel

En plus de venir définir l’espace et ses qualités,la structure vient aussi induire un mode de fonctionnement de l’édifice. Par exemple dans le projet du Stadskantoor de Rem Koolhaas où la structure est définie par des modules qui s’assemblent pour donner un cadre de reprogrammation à chaque élément.

ILL EV

BE LL

5 - St Jakob Turm Herzog et De Meuron Scéma de structure Echelle 1:1000e Redessin personnel

Ea

4 - Megafloor Hitoshie Ahe - Masashige Motoe Scéma de structure Echelle 1:1000e Redessin personnel

6 - Stadskantoor OMA - Rem Koolhaas Scéma de structure Echelle 1:1000e Redessin personnel

Mais, la structure est aussi un élément jouant un rôle plus large que la simple tâche de faire tenir l’édifice. En s’épaississant la structure peut devenir le squelette des réseaux d’irrigations du bâtiment, c’est-à-dire qu’elle peut fusionner avec les systèmes de gaines, de ventilation et d’éclairage pour devenir un élément indispensable et facilitateur de la flexibilité programmatique.

La structure à elle seule représente une grande partie de la réponse aux questions inhérentes à la flexibilité programmatique. Elle est l’élément pérenne du projet, celui qui permet d’induire la notion de temporalité et la dissociation entre gros-œuvre et second-œuvre, entre pérenne et reprogrammable (flexible). La structure résiste au temps et permet l’évolution spatiale et programmatique dans la durée.

7- Sky Village MVRDV Scéma de structure Echelle 1:1000e Redessin personnel

165


4.3 Trame 100 80 20

m 15

1

5

2

rch ite ctu

6m

5m

6m

25,6m 25,7

3 11,6m

d'a

11,1

5

9m 9m

20

10

5

re

5

9m 9m

ier

8m 8m

4

7,75

7,75

7,75

7,2

8

46,5

7,2

7,2

7,2

7,2

7,2

7,2

7,2

7,2

7,2

43,2m m2,34

7,2

ILL

7,75

7,2

Ea

7,75

7,2

7

7,75

7,75

7,2

7,2

7,75

7,2

7,75

7,2

7,75

tel

46,5

7,2

7,75

EV

7,2

7,75

6

BE LL

12

12

12 60 m

12

12

12

12

12

12

12

12

12

12 168 m

166

12

12

12

12

12

12

Echelle 1:1000


4.3 Trame Etude comparative

La trame permet de mettre en lumière les qualités générées par l’assemblage de la structure et de la surface mise à disposition par plancher.

rch ite ctu

re

1 - Dowtown Athletic Club Starett et Van Vleck Scéma de tramage Echelle 1:1000e Redessin personnel

En effet, le dimensionnement des travées est un des éléments qui conditionne la capacité de l’édifice à être flexible, spatialement et programmatiquement. 2 - Price Tower Franck Llyod Wright Scéma de tramage Echelle 1:1000e Redessin personnel

Dans certains exemples, tel que le Downtown Athletic Club, la trame se déforme seulement pour des besoins structuraux et volumétriques en veillant à respecter les prospects et règlements du site. Dans les cas du Megafloor, du Stadskantoor, du Voksiboks ou du Sky village, la trame est un paramètre inhérent à la capacité de l’édifice à générer et contenir des programmes de différente nature.

d'a

3 - Office/Housing Balmes OAB - Carlos ferrater Scéma de tramage Echelle 1:1000e Redessin personnel

ier

Le dimensionnement des travées est donc un paramètre très important car c’est à partir de cette valeur qu’il est possible de vérifier ou d’invalider le fonctionnement supposé du programme.

Dans le projet du Megafloor, la trame de grande dimension se justifie par le postulat de libération de l’espace et donc de l’impacter le moins possible pour pouvoir le rendre plus flexible. Ce qui montre de manière assez directe la relation entre dimensionnement et capacité à supporter différents programmes.

Ea ILL

BE LL

6 - Voksiboks A-Lab Scéma de tramage Echelle 1:1000e Redessin personnel

Dans les projets tels que le Sky village, le Voksiboks et le Stadskatoor, le tramage recherche la mise en place d’une dimension qui, si isolée de l’ensemble permet la programmation de différents programmes au sein d’un même module, et une fois assemblée de pouvoir toujours offrir un dimensionnement correct et donc un espace viable et adapté à toutes sortes de programmes.

EV

5 - St Jakob Turm Herzog et De Meuron Scéma de tramage Echelle 1:1000e Redessin personnel

tel

4 - Megafloor Hitoshie Ahe - Masashige Motoe Scéma de tramage Echelle 1:1000e Redessin personnel

7 - Stadskantoor OMA - Rem Koolhaas Scéma de tramage Echelle 1:1000e Redessin personnel

Le dimensionnement de la trame est donc un élément auquel il faut prêter une grande attention car si l’entre-axe structurel ne convient pas, alors la flexibilité programmatique ne peut pas être développée dans l’édifice. En revanche, un bon dimensionnement de la trame permet une reprogrammabilité des espaces, sans pour autant gaspiller de l’espace en surdimensionnant la trame et augmenter les coûts de l’édifice sans réel besoin. La trame est un outil de contrôle, une vérification de l’efficacité du système mis en place dans l’édifice.

8 - Sky Village MVRDV Scéma de tramage Echelle 1:1000e Redessin personnel

167


4.4 Hauteur

re

Etude comparative

5.3m

rch ite ctu

3.5m 8.8m

7.2m

3.5m

3.7m

Salle de Handball Squash + balcon 4ème étage

d'a

Piscine + balcon 12ème étage

tel Ea

ILL

Terrain de Golf 7ème étage

5.8m

ier

4.15m

Restaurant 15ème étage

1

BE LL

EV

7.2m

Gymnase 8ème étage

Echelle 1:200 168

Bains médicaux 10ème étage

4.15m

3.0m

Chambres 20 ème étage

3.0m

Logements 25ème/30ème/35


4.4 Hauteur Etude comparative Megafloor

Office Balmes 2

3

3m

2,0m

rch ite ctu

3,5 m

4

re

Price tower

3m

4,5m 8,5m

2,0m

4 - Coupe schématique, hauteur, Echelle 1:200e Redessin Personel

3m

4 - Coupe schématique, hauteur et entre-axe Echelle 1:200e, Redessin personnel

6

St Jakob Turm

4

tel

4

1 - Schéma hauteur, coupe schématique au 1:200e - Redessin Personnel

EV

1 - Schéma de Hauteur Echelle 1:200e Redessin personnel

ILL

4,0m

BE LL

Stadskantoor

1 - Schéma de hauteur Coupe schématique, Echelle 1:200e Redessin personnel

4

Ea

3,50m

7

Voksiboks

ier

5

d'a

1 - Schéma de Hauteur Coupes chématique Echelle 1:2000e Redessin personnel

8

Sky Village

4

4 0,5

0,7

4

4

4

4

1 - Schéma Hauteur, Coupe schématique Echelle 1:200e Redessin personnel

Echelle 1:200 169


re rch ite ctu 5 - St Jakob Turm Herzog et De Meuron Scéma de hauteur Echelle 1:1000e Redessin personnel

d'a

1 - Dowtown Athletic Club Starett et Van Vleck Scéma de hauteur Echelle 1:1000e Redessin personnel

6 - Voksiboks A-Lab Scéma de hauteur Echelle 1:1000e Redessin personnel

tel

Ea

3 - Office/Housing Balmes OAB - Carlos ferrater Scéma de hauteur Echelle 1:1000e Redessin personnel

ier

2 - Price Tower Franck Llyod Wright Scéma de hauteur Echelle 1:1000e Redessin personnel

BE LL

EV

ILL

4 - Megafloor Hitoshie Ahe - Masashige Motoe Scéma de hauteur Echelle 1:1000e Redessin personnel

170

7 - Stadskantoor OMA - Rem Koolhaas Scéma de hauteur Echelle 1:1000e Redessin personnel

8 - Sky Village MVRDV Scéma de hauteur Echelle 1:1000e Redessin personnel


4.4 Hauteur

re

Etude comparative

rch ite ctu

Avec la structure la hauteur est l’un des éléments les plus importants pour la mise en œuvre de la flexibilité programmatique, tout d’abord parce qu’elle représente un des seuls éléments commun à tous les programmes, ce qui permet donc de manière immédiate de pouvoir décider si un édifice peut ou non se reprogrammer.

Les concepteurs des projets étudiés ont la plupart du temps fixé la hauteur à 3,50m et 4,00m, et jusqu’à4,50m dans le Megafloor.

d'a

Chaque programme nécessite en effet une hauteur minimum pour fonctionner. De plus, cette dimension est normée, elle fait partie de règles inflexibles lors de la conception du projet. Elle devient donc un réel outil d’analyse car elle permet de comprendre le système des normes, et le détournement qui en est fait, pour permettre à un bâtiment de devenir flexible en termes de programme.

Ea

tel

ier

Il devient donc nécessaire de se baser sur la norme la plus contraignante au regard des programmes que l’on veut potentiellement aménager dans l’espace. De ce fait, on en vient à créer des volumes capables, permettant à des programmes de bénéficier d’un volume plus généreux que celui auquel il est généralement contraint. Par exemple, si l’on examine le cas du logement collectif, avec une hauteur sous-plafond normée à 2,50m, elle passe à 3,50m si l’on veut que le programme puisse varier dans le même espace.

ILL

La hauteur permet donc de mettre en avant l’importance du volume et l’insuffisance du plan (même s’il reste un élément très important) dans la recherche de la mise en œuvre de la flexibilité programmatique.

BE LL

EV

Elle réintroduit aussi la notion d’économie car elle permet, pour des coûts similaires, d’améliorer les qualités spatiales sans pour autant nécessiter un remaniement ou élargissement du plan.

Ainsi, on peut donc approcher l’édifice en termes de m3 et non plus seulement en termes de m². En se rapprochant ainsi de la vision scandinave ou même de la théorie mise en place par Kempe et Thill qui préconisent l’approche de l’espace en volume et pas seulement en plan, pour la mise en place d’une économie dans le projet par la flexibilité.

171


2

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1

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4.5 Eléménts fixes

d'a

3

tel

ier

5

Ea

4

8

BE LL

EV

ILL

7

Structure Gaines

Escaliers Ascenseurs Echelle 1:1000 172

6


4.5 Eléménts fixes

re

Etude comparative

1 - Dowtown Athletic Club Starett et Van Vleck Scéma des éléments fixes Echelle 1:1000e Redessin personnel

rch ite ctu

Les éléments fixes représentés par les réseaux de gaines, de ventilation et de circulations verticales (escaliers et ascenseurs), sont un des points de la flexibilité programmatique. En effet, ils représentent ce que l’on pourrait nommer le système d’irrigation de l’édifice, tous les espaces servants et techniques sans lesquels l’édifice ne peut fonctionner. Pour analyser un édifice de manière technique et pour dépasser le stade d’une analyse spatiale et structurelle qui ne permet pas d’étudier le fonctionnement réel du bâtiment et sa dimension concrète, nous avons besoin d’étudier la position et le système mis en place pour la gestion des gaines et des éléments fixes.

2 - Price Tower Franck Llyod Wright Scéma des éléments fixes Echelle 1:1000e Redessin personnel

d'a

Les circulations verticales et leurs paliers distributifs nous renseignent sur la gestion de la cohabitation des programmes et la manière dont ils gagnent leur indépendance. La position des circulations varie en fonction de l’emprise de l’édifice. Elles ont tendance à se centraliser dans une surface modeste alors qu’elles s’éparpillent dans des surfaces plus conséquentes. Toujours dans le but de rendre les programmes indépendants les uns des autres, pour installer la flexibilité programmatique dans l’édifice.

ier

3 - Office/Housing Balmes OAB - Carlos ferrater Scéma des éléments fixes Echelle 1:1000e Redessin personnel

Mais le point réellement important réside dans l’étude des gaines et des réseaux qui sont les éléments les plus complexes à placer et à déplacer dans le plan.

7 - Stadskantoor OMA - Rem Koolhaas Scéma des éléments fixes Echelle 1:1000e Redessin personnel

Ea

On note aussi dans les projets plus vastes une multiplication des points de plombage des gaines ce qui permet une totale flexibilité d’organisation de l’espace. On peut ainsi, de ce fait, brancher n’importe quel service humide à n’importe quel emplacement dans l’édifice. Ceci permet la reprogrammation perpétuelle de l’espace car les espaces ne se destinent pas à un aménagement particulier.

ILL

BE LL

6 - Voksiboks A-Lab Scéma des éléments fixes Echelle 1:1000e Redessin personnel

Dans la majeure partie des cas, des placards techniques regroupent les gaines en des points précis pour réduire leur multiplication et, de ce fait, réduire les coûts liés à l’extension des gaines dans l’édifice et donner une hiérarchie à l’espace. Car, quand l’organisation spatiale devient claire, on peut réellement mettre en place un espace flexible libèré des contraintes techniques traditionnelles.

EV

5 - St Jakob Turm Herzog et De Meuron Scéma des éléments fixes Echelle 1:1000e Redessin personnel

tel

4 - Megafloor Hitoshie Ahe - Masashige Motoe Scéma des éléments fixes Echelle 1:1000e Redessin personnel

Il est aussi primordial de mettre en évidence la relation entre structures et gaines qui vont, la plupart du temps, de pair. En effet, l’épaisseur de la structure permet de noyer les gaines pour les faire disparaître ou alors la structure peut venir servir d’adossement à gaines et minimiser leur impact sur le plan. Et donc diminuer les contraintes que les espaces techniques posent sur l’espace flexible.

La flexibilité programmatique, passant par la libération de l’espace, implique que cette liberté de l’espace ne soit pas simplement définie par des qualités spatiales mais aussi par une gestion technique et organisationnelle très stricte.

8 - Sky Village MVRDV Scéma des éléments fixes Echelle 1:1000e Redessin personnel

173


2

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1

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4.6 Programmé - Programmable

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3

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5

7

BE LL

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Ea

8

tel

4

Structure

Eléments fixes Zone programmé Zone programmable Espace libre et aménageable 174

6


4.6 Programmé - Programmable

re

Etude comparative

Cette étape de l’analyse nous permet de conclure, en mettant en avant l’espace qui peut se reprogrammer et l’espace qui est à programmation fixe. Le but est de pouvoir établir clairement la relation entre le programmé et le programmable, leur relation et l’interdépendance qui se met en place entre ces deux éléments.

2 - Price Tower Franck Llyod Wright Scéma Programmé/ Programmable Echelle 1:1000e Redessin personnel

Nous avons premièrement pu constater qu’une hiérarchie très forte s’installe entre le programmé et le programmable. Le but est de pouvoir les séparer pour que chacun de ces espaces puissent remplir leurs fonctions de manière indépendante.

rch ite ctu

1 - Dowtown Athletic Club Starett et Van Vleck Scéma Programmé/ Programmable Echelle 1:1000e Redessin personnel

d'a

Pour atteindre ce but différentes stratégies sont utilisables. La première vise à regrouper tous les éléments servants et techniques dans une bande de service pour permettre une irrigation complète de l’édifice, que ce soit en termes de flux d’individus ou en réseau technique.

3 - Office/Housing Balmes OAB - Carlos ferrater Scéma Programmé/ Programmable Echelle 1:1000e Redessin personnel

ier

La deuxième consiste à centraliser au cœur de l’édifice tous ces éléments pour pouvoir générer un espace neutre autour d’un noyau de service et ainsi offrir un espace flexible et reprogrammable. La troisième, à l’inverse des deux premières possibilités (appliquées à des édifices de surface modeste), offre un modèle où l’on vient exploser la répartition des services pour les incorporer à l’espace flexible et le rendre continu. L’impact des éléments de services une fois séparés a un impact moindre sur l’espace en plan. Cette diminution des contraintes tient aussi et surtout, au fait que cette stratégie s’applique à des édifices de surfaces conséquentes, ce qui permet la minimisation de l’impact des éléments de services à chaque niveau de plancher.

Ea

BE LL

6 - Voksiboks A-Lab Scéma Programmé/ Programmable Echelle 1:1000e Redessin personnel

7 - Stadskantoor OMA - Rem Koolhaas Scéma Programmé/ Programmable Echelle 1:1000e Redessin personnel

L’espace flexible en termes de programmes est donc la finalité d’une hiérarchisation très stricte de l’espace, où tous les réseaux d’irrigation de l’édifice ont un rôle à jouer. On parle donc d’une organisation du fonctionnement de l’édifice qui permet à chaque espace de devenir indépendant des autres espaces par lesquels il est entouré. Cette indépendance donc est permise par la gestion des éléments techniques de l’édifice, par la conception de sa structure, par l’organisation de ses circulations et distribution, par le dessin d’une trame bien réglée. Ces éléments généralement générateurs de contraintes, peuvent devenir la source de la flexibilité programmatique. Une fois gérés de manière correcte, ils deviennent d’ailleurs les seuls éléments permettant de mettre en place un espace flexible en termes de programmes, car l’espace aménageable ne donne pas de contraintes, il est donc dépendant des éléments qui définissent eux-mêmes leurs propres contraintes.

ILL

EV

5 - St Jakob Turm Herzog et De Meuron Scéma Programmé/ Programmable Echelle 1:1000e Redessin personnel

tel

4 - Megafloor Hitoshie Ahe - Masashige Motoe Scéma Programmé/ Programmable Echelle 1:1000e Redessin personnel

8 - Sky Village MVRDV Scéma Programmé/ Programmable Echelle 1:1000e Redessin personnel

175


+

+

tel

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+

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re

4.7 Economie et flexibilitĂŠ programmatique

BE LL

EV

ILL

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$$$

176

?

+


4.7 Economie et flexibilité programmatique

re

La question finale posée par cette étude est donc de savoir si la mise en place de la flexibilité programmatique au sein d’un édifice va de pair avec la notion d’économie ou non.

rch ite ctu

La réponse est encore difficile à donner. En effet, pour l’instant, c’est un modèle économique plus théorique que concret. Le fait est, que l’économie dans le projet, recherchée par la flexibilité programmatique, est une économie sur le long terme. Elle en est encore au stade d’hypothèse. On offre un édifice à la structure pérenne et au second œuvre flexible, amenant à la capacité à se reprogrammer pour s’adapter aux besoins des habitants, de la ville, et de la société à plus grande échelle.

d'a

La plupart des édifices étudiés sont des projets encore en cours de développement (Stadskantoor, Voksiboks, Sky Village) ou à portée théorique (Megafloor). Il n’est pas encore possible d’étudier l’amortissement de ces édifices et leur réelle capacité de réponse à l’évolution des besoins et donc leur propension à devenir des facteurs d’économie dans le temps.

tel

ier

La flexibilité programmatique induit la notion de temporalité, et nous n’avons donc pas, aujourd’hui, encore assez de recul pour pouvoir prononcer une réponse claire quant à l’économie générée par ces édifices.

Ea

De plus, dans les projets manifestes réalisés il y a plusieurs décennies, par exemple la Price Tower ou le Downtwn Athletic Club, il est très difficile d’utiliser les données économiques des projets, quasi-inexistantes ou indisponibles. La capacité d’adaptabilité remarquable pose les fondamentaux d’un système flexible en termes de programmes, mais ne nous permet de donner une réponse.

BE LL

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Le bon sens voudrait que l’on imagine qu’un édifice flexible programmatiquement soit générateur d’économies grâce à sa capacité à s’adapter dans le temps et dans différents contextes économiques, mais aujourd’hui, il est encore trop tôt pour pouvoir dire si ce système est soutenable en termes d’économie ou non.

Néanmoins, cette étude nous permettent de constater une évolution du mode de pensée architecturale où la direction donnée à un édifice n’est plus rectiligne, mais prend en compte le fait que les sociétés et les besoins évoluent à des vitesses colossales et qu’il devient une nécessité d’offrir des édifices capables eux, de suivre et de répondre à ces changements. Que ce soit de manière spatiale, programmatique, dans la manière d’habiter, etc… La remise en question globale du rôle d’un édifice au sein d’une société mutante pour les définir comme des entités mutables eux aussi, relève sûrement d’une démarche économique et soutenable générale et nécessaire.

177


178

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tel

Ea

ILL

EV

BE LL

re

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d'a


ier

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5 . Conclusion

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EV

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5 . Conclusion

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re

Notre étude s’intéressant à un autre modèle de logement abordable, basé sur des principes d’adaptabilité et de réactivité à une société changeante, nous avons regardé les conditions de flexibilité programmatique dans un édifice au gros œuvre prédéterminé. Cette flexibilité a été l’objet de théorisations, elle existe comme modèle, mais son passage à l’acte est seulement en cours : les projets représentant pleinement cette notion datent d’une dizaine d’années seulement, ils sont toujours en cours de réalisation, si bien que toute la démarche ne relève actuellement que d’hypothèses de fonctionnement et d’économies. La flexibilité programmatique étant généralement réalisée dans un cadre locatif, seul le temps pourra renseigner sur l’évolution de ces espaces et leur durée de vie en tant qu’élément flexible et reprogrammable.

ier

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Néanmoins, la question d’une hiérarchie entre espaces mis en vente et destinés à la location deviendra certainement une question cruciale impliquant la flexibilité programmatique, car il est clair que cette notion est à l’image de la société et des besoins, tous deux en constante évolution. Il faut distinguer deux échelles de temporalité et de flexibilité : à l’intérieur du logement selon le cycle de vie d’un même groupe domestique, et à l’intérieur du bâtiment, selon l’évolution du programme souhaité : logement, bureau ou équipement. Dans ces conditions, le statut locatif est bien entendu plus favorable à la flexibilité du programme que la copropriété.

ILL

Ea

tel

Il faut souligner combien une telle flexibilité peut être un nouvel outil d’assouplissement de la normalisation ou du moins un outil de composition. Elle permet l’assemblage de toutes les normes concernant différents programmes pour amener à une connaissance complète de ces normes et donc pour les utiliser de manière à améliorer l’espace plutôt que de le contraindre. Par exemple, lorsque les logements sont combinés à des bureaux, le premier profite de la hauteur sous-plafond du second, ce qui permet de développer de nouveaux types de logements plus généreux.

EV

Par ailleurs, la structure pérenne et le second œuvre modulable induisent une durée de vie de la structure poussée à son maximum car elle n’a pas besoin d’être démolie pour accueillir de nouveaux programmes. De ce fait, les travaux de reconversion que l’on peut nommer « travaux de reprogrammation » exigent moins de temps, mais le temps et le coût de construction eux aussi sont réduits : c’est ce qu’énoncent Kempe et Thill, lorsqu’ils rappellent que, pour être économique, un édifice doit pouvoir être flexible au moment de sa conception et de sa réalisation 1.

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La critique du modèle de flexibilité programmatique est encore difficile. Notre étude en appelle d’autres, elle ne peut être qu’une hypothèse sur les capacités de la flexibilité programmatique à proposer une vision globale et constructive d’un bâtiment. La réponse sera apportée dans les années à venir, lorsqu’il sera possible de comparer les coûts engendrés par ces édifices, ou lorsqu’il sera possible de vérifier l’hypothèse de la reprogrammation constante des édifices comme facteur d’économie globale et durable.

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Collet, Marseille : Parenthèses, 2002

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Périodiques :

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Sites internet :

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http://www.ferrater.com/_proyectos/proyectosFrags/fragProyectosDatos.php?id=38&idioma=2

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http://oma.com/projects/2009/stadskantoor

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http://rp.urbanisme.equipement.gouv.fr/puca/edito/Batex_transversal.pdf http://www.nyc.gov/html/lpc/downloads/pdf/reports/dac.pdf http://www.immogroupconsulting.fr/images/criselogimmo.pdf

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http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/20120510trib000697923/on-manque-delogements-habitez-dans-un-bureau.html http://lexpansion.lexpress.fr/immobilier/reconvertir-les-bureaux-une-solution-a-la-crise-du-logement_255464.html

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http://lexpansion.lexpress.fr/immobilier/construit-on-trop-de-bureaux-en-ile-de-france_255286.html http://www.akmarch.com/downtown-club/

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