Journal exposition Amélie Bertrand

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CENTRE D’ART CONTEMPORAIN DE LA MATMUT

Daniel Havis

EXPO GRATUITE

3 JUIN > 3 SEPTEMBRE 2023

Amélie Bertrand, peintre née en 1985 repérée dès sa sortie de l’école des Beaux-Arts de Marseille, conçoit des lieux artificiels, comme hors de tout espace-temps, mais qui pour autant paraissent familiers. L’artiste rend compte de son obsession pour le faux. Elle mêle l’imagerie festive (motifs lumineux comme des enseignes clinquantes de boîtes de nuit, piscines, palmiers et couchers de soleil) à d’autres fantaisies : chaînes suspendues comme des breloques (Charms) ou nénuphars en lévitation. Le tout dans une palette de couleurs psychédéliques très maîtrisée.

Tout d’abord, Amélie Bertrand compose son œuvre sur ordinateur. Elle collecte une profusion d’images sur Internet ou pioche des formes dans des magazines de bricolage. Puis elle produit une esquisse numérique, en superposant parfois une soixantaine de calques sur des logiciels. Après

Toutes les visites accompagnées sont gratuites et sur réservation sur matmutpourlesarts.fr

Visites commentées (1 h)

Samedis 24 juin, 22 juillet, 19 août à 15 h

Visite focus (30 min.) : sur la thématique

« Ambiance rétro »

Samedis 24 juin, 22 juillet, 19 août à 16 h

avoir transposé sur la toile cette esquisse découpée sous forme de pochoirs, la touche finale démontre sa maîtrise de la peinture à l’huile puisque seulement une couche de peinture est appliquée pour former le tableau. Ce procédé radical façonne la singularité de son œuvre. Si les images produites, parfaitement lisses et régulières, semblent être numériques, ce n’est pas le cas. Amélie Bertrand réalise des compositions froides et étranges, réminiscences de sa Côte d’Azur natale, permettant de saisir l’essentiel en un seul coup d’œil quand bien même son processus artistique est d’une rigoureuse complexité.

Alors que les usages numériques bouleversent la production et la diffusion des arts plastiques, Amélie Bertrand se les approprie par son travail obstinément visuel. L’artiste parvient à rendre évidente la beauté du trivial.

Visites en famille (1 h)

Samedis 10 juin, 8 juillet, 5 août, 2 septembre 16 h 30

Rencontre/visite de l’exposition avec Amélie Bertrand et

signature du catalogue :

Samedi 29 juillet 2023 à 15 h

internet : Galerie Sémiose © ADAGP, 2023
@matmutpourlesarts_centredart #matmutpourlesarts @amelie_bertrand Site
Journal d’exposition
SAINT-PIERRE-DE-VARENGEVILLE

Peinture ou numérique ?

Amélie Bertrand est peintre, même si les images qu’elle crée semblent être numériques. L’artiste conçoit sur ordinateur et réalise sur toile des compositions complexes avec rigueur et minutie. Dans un premier temps, elle collecte des images sur des banques en ligne : internet est sa mine d’or. Amélie Bertrand possède une multitude de dossiers numériques qu’elle utilise comme un catalogue. Des centaines d’images y sont rangées : des briques, chaînes, parpaings côtoient des piscines, des fontaines à eau et des plantes, palmiers ou tout autres végétaux. Ensuite, elle utilise des logiciels de montage pour composer numériquement son tableau. Comme un puzzle, elle détoure, assemble, transforme, duplique, grossit, isole et utilise les formes comme des calques jusqu’à construire son esquisse numérique finale. Grâce à une machine, un Plotter de découpe, Amélie Bertrand transforme cette esquisse numérique en pochoir venant finement délimiter les formes qu’elle peint finalement en une seule couche de peinture à l’huile aux couleurs acidulées.

Ambiance rétro

Amélie Bertrand s’inspire des codes de la culture visuelle populaire : des ambiances de boîtes de nuit, de restaurants américains (les diners) avec leurs enseignes tapageuses, ou de couchers de soleil. L’univers ludique de l’artiste nous plonge dans une salle d’arcade aux machines lumineuses ou parfois dans une série Z (dans Morning Mind Trap les nénuphars en lévitation ressemblent à des vaisseaux spatiaux).

Le défi créatif d’Amélie Bertrand : retranscrire l’aspect rétroéclairé de l’écran d’ordinateur sur la toile. C’est pour cela qu’en 2018, Amélie Bertrand intègre pour la première fois le motif du néon : des lignes de couleurs si intenses et saturées qu’elles nimbent l’ensemble de la toile (Mother me, I’ll smother you). Naturellement, la présence de néons roses dans les espaces nous fait voyager dans une ambiance rétro des années 80.

« Photoshop me permet à la fois d’ouvrir le champ des possibles et d’un autre côté de me le fausser complètement. »
Amélie Bertrand
Mother me, I’ll smother you, 2022 © ADAGP 2023 Morning Mind Trap, 2022 © ADAGP 2023

Motifs vibrants

Amélie Bertrand

Les peintures d’Amélie Bertrand donnent à voir des espaces familiers mais d’où se dégage pourtant une sensation de faux. Ces lieux peints ne représentent pas d’endroits réels, bien qu’ils soient construits avec des éléments familiers. Pour obtenir cet effet, Amélie Bertrand effectue un travail de recherche documentaire pour trouver des motifs identifiables, comme les chaînes, piscines, les nénuphars ou autres végétaux décoratifs, qui donnent au tableau son aspect crédible et tangible. Amélie Bertrand analyse formes et contrastes, et puise dans son environnement des points de vue, des lignes, des informations scénographiques. L’artiste cherche à créer des motifs génériques, sans marque de contexte de lieu ou de temps. Cette phase est primordiale, elle permet la réalisation de l’esquisse numérique. Tout se décide ici, rien n’est laissé au hasard.

C’est ensuite qu’Amélie Bertrand démontre sa maîtrise de la peinture à l’huile, puisqu’elle applique minutieusement, en seulement une seule couche, les dégradés qui viennent former l’image finale. Elle ne dilue pas sa peinture pour peindre les ombres, l’illusion se joue grâce à l’utilisation d’une palette chromatique très riche et l’assemblage intuitif de couleurs vibrantes. Amélie Bertrand n’est donc pas en quête de réalisme, mais dans la recherche d’une atmosphère, une ambiance particulière. Et c’est par sa rigueur, ses combinaisons de couleurs et de formes, qu’elle interroge la notion de paysage.

Explorer de nouveaux supports

Amélie Bertrand saisit de nombreuses opportunités artistiques pour explorer de nouveaux médiums, découvrir de nouvelles techniques et transposer son œuvre sur des supports inhabituels.

La tapisserie est la troisième œuvre de la série « Carré d’Aubusson » de la Cité internationale de la tapisserie située à Aubusson (Creuse). Cette collection commencée en 2019 a l’ambition d’initier et de produire une série de tapisseries contemporaines, à l’échelle de l’habitat et du décoratif, c’est-à-dire d’une surface carrée d’environ 3,5 m2 (1,84 m x 1,84 m). Une dimension plus petite face aux projets monumentaux que la Cité de la tapisserie réalise par ailleurs. La collection grandit au fil des années dans une volonté d’allier la force décorative à l’usage plus traditionnel de la tapisserie. Il a fallu 8 mois pour tisser Cuban Linx, réalisée par l’atelier Guillot.

À travers cette création, l’œuvre d’Amélie Bertrand adopte un nouveau format, plus immersif. Un travail d’une autre envergure mais qui pour autant a des similitudes avec son travail habituel : la palette de couleurs acidulées, le jeu de dégradés qui renvoie à l’aspect rétroéclairé de l’ordinateur, les motifs tropicaux, le mélange des motifs hétéroclites. Ici, les fruits renvoient aux natures mortes, un sujet artistique plus ancien, qui est associé à l’univers hip-hop, urbain, avec la chaîne épaisse appelée à juste titre « cuban linx ».

Autre exemple, en 2021, Amélie Bertrand réalise Fluting Undulating : des peintures sur sculptures. Ce trio d’œuvres est réalisé à l’aide de pistolets aérographes, similaires à ceux utilisés pour peindre des carrosseries de voitures. Cette technique permet à Amélie Bertrand d’avoir une nouvelle approche de son travail. L’utilisation du pistolet requiert une certaine distance à l’œuvre. En référence/citation, ces colonnes presque antiques se retrouvent dans certaines œuvres. Nous pouvons également remarquer des motifs de vague, d’eau : éléments récurrents dans le travail de l’artiste.

« Ces images renvoient à des souvenirs, des expériences précises ou fantasmées.»
We all scream for ice cream, 2022 © ADAGP 2023

Espaces factices

même si tout est faux. Il n’y a pas de sens caché dans les motifs, les objets ou leur disposition. Le regard du spectateur s’attache alors au tableau, tel qu’il le voit au premier coup d’œil.

En accumulant ces motifs familiers et en extrayant seulement leurs formes, qu’elle positionne selon des perspectives peu naturelles et disproportionnées, Amélie Bertrand recompose des scènes à la fois contemporaines dans leur ensemble et curieuses quand on y regarde de plus près. Ses toiles provoquent alors une sensation de déjà-vu aigre-douce. L’artiste réfléchit purement en termes de plan, d’espace, de lumière et d’ombres dans le but de créer un lieu crédible. C’est cette structure familière qui sert de porte d’entrée pour le spectateur et qui permet à l’atmosphère propre au tableau d’émerger. Les compositions sont élégantes, sans faille, pourtant notre regard se retrouve comme enfermé dans une réalité autre, coincé dans un coin d’un monde virtuel (ou dans une boîte de nuit abandonnée). La narration n’a plus sa place dans cet univers. C’est en cela que le travail d’Amélie Bertrand est résolument visuel. Son unique objectif est de savoir si la peinture a l’air crédible,

Expositions
venir • Anaïs Lelièvre, installation dans la charreterie du parc : 8 juillet
1er octobre 2023 •
Olinet : 16 septembre
décembre 2023
à
-
Vincent
- 3
• Joanie Lemercier : 16 décembre 2023 - 24 mars 2024
« Je n’entreprends jamais de créer des espaces réels, uniquement des espaces peints, supprimant toute unité de temps comme de lieu. »
We all scream for iceacream II, 2023 © ADAGP 2023
Luminy’s Dreams, 2022 © ADAGP 2023 The valley below, 2023 © ADAGP 2023

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