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75 ANS D’ENSEIGNEMENT DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE (1945-2020) Une exposition Munaé
LA RECHERCHE HISTORIQUE SUR LA SECONDE GUERRE MONDIALE
De 1945 aux années 1970, deux thèmes prédominants : Résistance et déportation
De 1945 jusqu’aux années 1970, l’historiographie révèle une forte adhésion à l’idée d’une France « héroïque » qui aurait résisté à l’occupant, dans les rangs des mouvements gaulliste ou communiste, entraînant une importante répression et la déportation vers les camps de concentration ou les centres de mise à mort. Ce dernier sujet est présenté dans sa globalité, sans spécifier les différentes catégories de victimes, les Juifs notamment. Par ailleurs, le régime de Vichy est fortement occulté, à l’initiative de De Gaulle lui-même, qui est présenté comme l’incarnation, depuis Londres, d’une République qui « n’aurait jamais cessé d’être ».
Après 1970, un discours nouveau sur une France loin d’avoir activement résisté
À l’inverse, à partir de 1970, l’opinion publique évolue peu à peu vers une vision « pessimiste » d’une France occupée attentiste, voire complice du régime de Vichy et de l’occupant. Cette vision est nourrie par de nouveaux travaux d’historiens menés dans le sillage de Robert Paxton ou des représentations comme celles développées dans le film Le Chagrin et la Pitié, de Marcel Ophüls (1971).
Travaux d’élèves : Scène de l’exode de 1940 à Vierzon (inv. n° 1979.09324.13), Queue devant une charcuterie (inv. n° 1979.09331.9), Cours complémentaire, école de jeunes filles, Paris 13e, vers 1940 ; Bombardement aérien à Saint-Pierre-des-Corps (inv. n° 1979.09324.61), Cours complémentaire, Paris, vers 1940.
La découverte de l’ampleur du génocide des Juifs à partir des années 1980 Parallèlement, l’histoire et la mémoire du génocide des Juifs reviennent progressivement au premier plan, en réaction aux prises de position négationniste dans les médias notamment. Cette évolution aboutit à une intense production de travaux historiques qui complètent ou renouvellent la connaissance des faits. La Seconde Guerre mondiale entre aussi très largement dans l’actualité ; l’opinion publique s’empare désormais du sujet, particulièrement sous les présidences de François Mitterrand et de Jacques Chirac.
Une analyse renouvelée au début des années 2010 Dans son ouvrage, Le Chagrin et le Venin. La France sous l’Occupation, mémoire et idées reçues, paru en 2011, l’historien Pierre Laborie démontre que le discours officiel souffre d’une trop grande schématisation et qu’il doit être nuancé, la complexité des comportements collectifs des Français lors de l’Occupation ne pouvant se satisfaire d’une simple analyse binaire « positive/négative ». Il importe également de tenir compte des différents contextes dans lesquels cette réflexion a été élaborée après 1945. Parallèlement, plusieurs études ont démontré que le processus génocidaire dont furent victimes les Juifs ne fut jamais totalement méconnu, occupant même une certaine place dans l’actualité, sans pour autant que l’opinion publique, soucieuse de sérénité, ne s’y intéresse.