Une architecture vernaculaire Dans l’œuvre de Jacques Dupuis ?
Ce mémoire consistera, dans un premier temps, à analyser le concept d’architecture vernaculaire puis le travail de Jacques Dupuis afin de voir s’il existe des corrélations entre les deux. Il permettra enfin de voir si l’architecture vernaculaire peut apporter de la qualité au travail d’un architecte et dans quelle mesure.
«Sans perdre de vue la grand-route tracée par les modernistes des années vingt et trente, l’architecture de Jacques Dupuis semble suivre un chemin de campagne; attentive aux plus infimes détails du paysage dont elle semble faire partie de toute éternité, elle est une méditation poétique d’une rare intensité. Ancrée dans le sol et aérienne tout à la fois, elle paraît inviter le spectateur à découvrir son mystère. Totalement neuve dans ses formes et ses paysages intérieurs, elle paraît cependant issue d’une longue tradition qui puiserait ses racines dans l’architecture rurale de Flandre et de Wallonie».1
1
PUTTEMANS Pierre. «Jacques Dupuis ou le bonheur de l’architecture», in Cat. exp. Madeleine Sabau-Dupuis et Jean-Jacques Warzée. Université de Mons, Centre socioculturel «Maison du cerf Blanc». 1987. P. 49.
«Ce qui frappe dans ses maisons familiales, ce sont, d’une part, la souplesse et la variété de la composition organique et, de l’autre, une soumission presque filiale au site d’implantation et à l’architecture rurale hennuyère : volumes articulés de briques blanchies sous leurs toits d’ardoises, dialogue poétique avec la nature avoisinante, raffinements des détails de rives confèrent aux toitures finesse et légèreté. Comme le faisait Asplund ou Aalto, dont il est le digne émule chez nous, il insère son projet au sein du terrain, profitant de chaque anfractuosité; il le développe avec souplesse entre les arbres; bref, il accepte fraternellement le respect du site comme guide d’une inspiration féconde. Telle est la leçon qui nous vient de Jaques Dupuis : accrocher la construction au site, sans brutalité, comme pour en souligner l’harmonie. L’œuvre de Jacques Dupuis détient encore bien d’autres secrets. Elle reste là, prête à les livrer à tous ceux qui auront la sagesse de l’interroger.»2
2 BARTHELEMY Jean, dans M. Sabau-Dupuis et J.-J. Warzée, cat. exp. «Jacques Dupuis». Centre socioculturel Maison du Cerf Blanc, Université de Mons, 1987, p. 62.
Table des matières I. Introduction..................................................................................................................................17 a) Définition du sujet ................................................................................................................19 b) Identification d’une problématique ....................................................................................19 c) Hypothèses .............................................................................................................................20 d) Méthodologie et plan...........................................................................................................20 II. Développement.............................................................................................................................23 a) L’architecture vernaculaire...............................................................................................25 1. Essai de définition..................................................................................................................25 2. L’architecture vernaculaire contemporaine............................................................................27 A) Le centre Jean-Marie Tjibaou.............................................................................................29 B) Les thermes de Vals de Peter Zumthor................................................................................30 b) Jacques Dupuis.......................................................................................................................31 1. Brève biographie....................................................................................................................34 A) Chronologie.........................................................................................................................35 B) Inventaire (Mons & cœur du Hainaut)................................................................................55 2. L’architecte.............................................................................................................................66 A) Jacques Dupuis et le rôle de l’architecte.............................................................................66 B) Jacques Dupuis et sa position par rapport au Modernisme.................................................66 C) L’anti global - Dupuis et son horreur du plan type..............................................................73 D) Ses influences......................................................................................................................75 I. Jean-Jules Eggericx.............................................................................................................78 II. Victor Bourgeois................................................................................................................81 III. Jean de Ligne....................................................................................................................82 IV. Alvar Aalto........................................................................................................................83 a) Parallèle entre le Pavillon Finlandais et la maison Michaux...........................................84 V. Gunar Asplung...................................................................................................................85 3. L’artiste...................................................................................................................................85 c) Grille d’analyse....................................................................................................................87 III. Conclusion..................................................................................................................................95
a) Dupuis - Sauvegarde et Avenir de ce patrimoine (entretien/protection) ?.....................97 1. Les Chapelles de Bertrix........................................................................................................99 2. La Maison Jottrand à Mons..................................................................................................102 3. Le Stade Communal de Quaregnon.....................................................................................109 b) Ouverture - Avenir : Apport du vernaculaire dans l’architecture contemporaine... 113
IV. Bibliographie. ........................................................................................................................... 117 V. Iconographie...............................................................................................................................123 VI. Annexes......................................................................................................................................129
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
Merci à Ornella pour son amour inépuisable, Merci à mes parents pour leur confiance, Merci à Anne Deprez pour son apport de connaissances intarissable, Merci à Jean-Michel pour ses conseils, Merci à Robert Carlier pour ses confidences, Merci à Marc Mawet pour son expertise.
I. Introduction Ce mémoire consistera, dans un premier temps, à analyser le concept d’architecture vernaculaire puis le travail de Jacques Dupuis, afin de voir s’il existe des corrélations entre les deux. Il tentera de cerner les bases même de l’architecture vernaculaire. Il permettra également de voir si l’architecture vernaculaire peut apporter de la qualité au travail d’un architecte et dans quelles mesures. En effet, savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va peut souvent être très intéressant.
a) Définition du sujet Existe-t-il une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ?
b) Identification d’une problématique : tendance générique De nos jours, il faut savoir qu’en terme d’esthétique et de pratique, le monde de l’architecture est de plus en plus standardisé, généralisé, à tel point qu’un terme existe dorénavant : l’architecture générique. Il s’agit en fait d’une architecture « passe-partout» la plupart du temps réalisée par des starchitectes qui n’ont bien souvent même jamais mis les pieds dans le pays où ils construisent. Ce type d’architecture est donc aux antipodes de l’architecture faite par et pour l’Homme : l’architecture vernaculaire !
Dès lors, il m’a semblé opportun de parler d’un architecte de notre région ayant marqué à l’échelle nationale le XXème siècle : Jacques Dupuis. En effet, bien que son style soit à la limite entre le modernisme et le contemporain, cet architecte apportait énormément d’importance à l’Homme et à sa façon d’habiter son environnement. Quelles sont les caractéristiques de l’architecture vernaculaire ? A l’heure de l’architecture générique, standardisée, que peut nous apporter l’architecture vernaculaire ? De quelle manière Jacques Dupuis a utilisé ces concepts dans son œuvre ? Est-ce que son architecture est vernaculaire et/ou contextuelle ? Jacques Dupuis est un architecte qualifié de moderniste. Ce mouvement peut-il être en adéquation avec le principe d’architecture vernaculaire ? Une architecture contemporaine de qualité peut-elle être réalisée aujourd’hui par des architectes et conserver un caractère vernaculaire ? L’architecture ne devrait-elle pas être toujours vernaculaire ? Ne devrions-nous pas considérer que tous les architectes sont en quelque sorte influencés par le milieu dans lequel ils construisent ? Par l’éducation qu’ils ont eu ? En effet, qui peut affirmer qu’il construit sans tenir compte de son environnement ? Autant de questions auxquelles ce mémoire tentera de répondre.
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I. Introduction c) Hypothèses Ce mémoire tentera donc de prouver qu’il existe bel et bien des traces de vernaculaire dans l’architecture de Jacques Dupuis. Au-delà de ça, il tentera également d’aborder différentes interrogations plus larges : à l’heure du générique, revenir sur les principes même du vernaculaire et les adapter dans un langage, une architecture actuelle, contemporain, ne pourrait être que bénéfique. Ainsi, le métier d’architecte prendrait tout son sens : créer quelque chose d’adapté au mieux à l’Homme. En effet, à l’heure de l’architecture générique, il serait bon de revenir à cette architecture souvent banalisée comme « sans architectes ». Dès lors, une question pourrait apparaître : « L’architecture sans architecte ne serait-elle pas finalement celle la plus adaptée à l’Homme ? ».
d) Méthodologie et plan Le terrain d’enquête de ce mémoire a été le plus large possible. N’ayant que très peu de ressources et afin de cerner le plus possible les émotions que l’on pouvait ressentir à l’intérieur des maisons de Dupuis, j’ai contacté un maximum de propriétaires afin de leur demander un entretien et une visite de leur habitation. Régulièrement, je me suis trouvé confronté à leur refus, peut-être ne voulaient-ils tout simplement pas cette intrusion dans leur vie privée, mais j’ai tout de même reçu 5 réponses positives de personnes que j’ai pu interviewer car il me semblait intéressant de savoir comment vivait-on dans une maison de Jacques Dupuis. J’ai épluché les revues spécialisées traitant du sujet de Jacques Dupuis, mais aussi du vernaculaire afin de cerner l’ensemble de la problématique. Je n’ai pas négligé les autres disciplines afin d’avoir leur idée sur le paradigme en faisant des recherches anthropologiques afin de cerner les habitudes de vie des hommes à l’intérieur d’une maison. Je me suis également intéressé à l’histoire de la région en faisant des recherches sur l’architecture régionale et plus particulièrement dans le Hainaut, afin d’essayer de comprendre la démarche de l’architecte et de son processus créatif. J’ai également rencontré Marc Mawet, du bureau d’architecture Matador, qui possède toute l’expertise requise sur Jacques Dupuis. Enfin, j’ai pu rencontrer un des derniers associés de Jacques Dupuis encore en vie, dans sa maison de vacances dans le sud de la France, Robert Carlier, qui m’a aimablement accueilli et répondu à mes questions en me faisant quelques confidences que vous retrouverez en annexe de ce mémoire. En parallèle de ces différents entretiens, une vidéo reprenant des scènes et des parcours des différentes œuvres visitées dans le cadre de ce mémoire sera présentée lors de la défense orale de celui-ci.
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
I. Introduction Explication de la méthode Je suis parti du schéma du système hypothético-déductif afin de réaliser ce travail. Tout d’abord, l’objet de la recherche est l’architecture vernaculaire. Je l’ai circonscrit à l’œuvre de Jacques Dupuis après en avoir étudié les bases. En effet, m’intéresser à un architecte de la région afin de parler des rapports qu’il pouvait y avoir entre le vernaculaire et l’architecture me semblait le plus opportun. J’ai construit l’objet de la recherche en analysant d’un côté les principes du vernaculaire appliqués dans le cadre de l’architecture contemporaine et d’un autre la vie et l’œuvre de Jacques Dupuis afin de savoir comment l’un et l’autre s’entremêlaient et avec quelle importance. L’hypothèse formulée est que l’architecture vernaculaire est présente, mais pas seulement : elle apporte tout le caractère humain et exceptionnel à l’œuvre de Jacques Dupuis et peut également l’apporter à l’architecture contemporaine en général. J. Dupuis Analyse de sa vie, de son contexte
Vernaculaire Essais de définition, théorie
et de ses œuvres
DÉCONTEXTUALISATION
A travers le vécu, avis
RECONTEXTUALISATION
Conclusion => hypothèse
1
CONTEXTUALISATION
Illustration personnelle
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement a) L’architecture vernaculaire 1. Essais de définition Tout d’abord, il me parait opportun de définir le mot vernaculaire. Bien trop souvent ignoré, ce terme signifie en fait «être propre à un pays, à ses habitants»3. Ce mot serait dérivé du latin «vernaculus» : « esclaves nés dans la maison »4. L’architecture vernaculaire, parfois appelée locale ou régionale, est une expression trouvant son origine à la fin du XXe siècle, sous l’influence de l’anglais «vernacular architecture»5.
Il s’agit donc d’une architecture utilisée en un temps, en un endroit ou par un groupe de personnes.
Dans l’encyclopédie de l’architecture vernaculaire du monde, elle est donc définie comme étant : «l’architecture des gens, l’architecture sans architecte, faisant appel aux matériaux disponibles sur place et mettant en œuvre des techniques traditionnelles (par opposition à l’architecture pour les gens, l’architecture d’architecte)».6 L’encyclopédie parle également de «l’influence des traits culturels, l’impact des milieux physiques, le rôle des matériaux Ci-dessous : 2 Habitat troglodyte à Loyang (Nord de la Chine) - Architecture Without Architects - Bernard Rudofsky
et des techniques, les étapes de la construction, les détails d’aménagement, l’importance des éléments symboliques et décoratifs, les méthodes de classification typologique, la variété des usages et des fonctions».7
Bernard Rudofsky dans son ouvrage «architecture sans architectes» définit l’architecture vernaculaire comme étant une architecture spontanée, en dehors des canons de la mode et qui répond parfaitement à son objet. Selon lui, nous avons beaucoup à apprendre de ces architectures vernaculaires déjà à la pointe de nombreuses avancées technologiques (préfabrication, standardisation des 3 La Grande Encyclopédie, Paris, Larousse, t. 16, 1973, p. 3255, col. 1. 4 Ibidem. 5 Ibidem. 6 OLIVER, Paul, Compte rendu, Encyclopedia of Vernacular Architecture of the World, éditions Cambridge University Press in L’architecture vernaculaire, tome 21, 1997 7 Ibidem Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement éléments composants, structures flexibles et mobiles, chauffage par le sol, climatisation, régulation de l’éclairage, ascenseurs, ...).8 Dans les années 1980, une revue éditée par le Centre d’études et de recherches sur l’architecture vernaculaire (CERAV) a tenté d’en donner une définition plus concrète : «Un bâtiment vernaculaire appartient à un ensemble de bâtiments surgis lors d’un même mouvement de construction ou de reconstruction. Ce mouvement affecte une ou plusieurs régions (voire des aires géographiques plus vastes) et s’inscrit dans une période variant d’une région à une autre selon des décalages de quelques décennies à un siècle et plus. Reflet de changements économiques, un type de bâtiment vernaculaire est caractéristique non seulement d’une époque donnée, mais aussi de la classe sociale qui l’a fait construire et l’a utilisé. Il ne peut se comprendre que dans la mesure où l’origine sociale du constructeur-utilisateur est cernée. Concernant de vastes aires géographiques, l’architecture vernaculaire est soumise à la diffusion de plans, de techniques de construction et de décors stylistiques transcendant le cadre de la région, voire les limites nationales»9. Enfin, j’aimerais citer Raymond Balau et sa vision très réaliste du vernaculaire aujourd’hui dans nos régions : «La notion de vernaculaire dans le champ de l’architecture est une notion «fourre-tout» plutôt paradoxale. Si on se réfère aux dictionnaires, c’est-à-dire en considérant l’antagonique «véhiculaire», cela pose de manière étrange la question de ce qui est ou pas vernaculaire, c’est-à-dire local et dans certaines conditions. D’un certain point de vue, la vernaculaire d’aujourd’hui en Wallonie, c’est Thomas & Piron, mais avec l’effet pervers d’un urbanisme d’état codifié par le CWATUPe, véritable manifeste de la «désarchitecture». D’un autre, le vernaculaire est l’incorporation de schèmes généraux à la mode locale : on trouve un petit cube noir dans tous les villages flamands. Le Las Vegas strip est du vernaculaire et il ne s’agit pourtant que de 8 9
RUDOFSKY, Bernard. Architecture sans architecture. Édition Chêne, 1977, 122p. LASSURE Christian. « L’« architecture vernaculaire » : essai de définition » in L’architecture vernaculaire, sup. No 3, 1983, p. 114.
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement décor. Cette boutade conduit à quelques questions plus cruciales, comme celle de l’adhésion à une tradition, celle de la notion de citation architecturale, ou encore celle de la manipulation d’archétypes plus ou moins revisités»10.
2. L’architecture vernaculaire contemporaine L’architecture vernaculaire est souvent vue comme employant des matériaux, des techniques et une esthétique proche du site d’implantation. On dit aussi que c’est une architecture s’inspirant des anciennes constructions environnantes. À cela, on peut associer deux principes d’écologie : l’emploi de matériaux naturels de la région (et donc moins d’émissions de CO2 durant le transport),et celui de techniques anciennes. Cela ne veut pas dire que toute architecture contemporaine dite vernaculaire est écologique. En effet, on peut utiliser des matériaux naturels avec des techniques modernes polluantes ou reprendre des formes architecturales locales avec des matériaux industriels. L’ « aspect » vernaculaire rentre donc plutôt dans une démarche de respect des traditions environnantes et d’implantation naturelle aux bâtis existants, même avec des formes contemporaines et modernes. L’architecture vernaculaire est donc le contraire d’une architecture standardisée et de bâtiments grandiloquents signés de « starchitectes ». Il faut également signaler qu’à l’heure actuelle, le vernaculaire revient sur le devant de la scène internationale. En effet, le Pritker a été décerné en 2012 à un architecte chinois (Wang Shu) n’ayant jamais construit à l’étranger et utilisant les codes du vernaculaire (savoir-faire traditionnel, matériaux locaux, …). L’architecte Vladimir Doray nous apporte une vision particulière du vernaculaire : « Depuis des centaines d’années, les populations adaptent leur habitat au milieu dans lequel elles vivent : je pense notamment aux maisons à patio des villes marocaines, qui préservent la fraîcheur et l’intimité, et à ces incroyables habitations creusées à même le sol dans le désert au nord de la Chine ». L’architecte Pierre Frey apporte une vision plus sociale du vernaculaire : « (…) 10
Entretien avec Raymond Balau
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement ont conforté mon intuition d’apporter une réponse plus sociale à la prolifération du pavillonnaire et de lutter ainsi contre le délitement du vivre ensemble. C’est l’autre force de l’architecture vernaculaire : elle induit des conséquences économiques et sociales, et se révèle donc très pragmatique ». Au final, nous pouvons donc dire que l’architecture vernaculaire permet également de réintroduire des circuits courts, de faire travailler des artisans locaux. Dans nos régions, elle permet également de répondre à l’engouement récent des personnes pour le «made it yourself». « Les gens aiment agir sur leur habitat. Et cette architecture non standardisée le permet », analyse le sociologue Olivier Chadoin. Encore très peu étendu, le vernaculaire ne peut que s’étendre. Par exemple, des personnalités comme le Colombien Simon Vélez et ses habitations en bambou ou encore Studio Mumbai, un studio composé d’architectes, d’ingénieurs, mais aussi et surtout de menuisiers, de maçons qui se sont spécialisés dans la constructions traditionnelles. Ces architectes régénèrent le métier d’architecte par une nouvelle approche paradoxalement plus traditonelle, un retour aux sources, en somme. Une sorte de «low-architecture» face à la mode de la «fastarchitecture», une humanité retrouvée.
Aujourd’hui, le vernaculaire est dans l’air du temps. En effet, de plus en plus d’architectes apportent de l’importance à l’aspect vernaculaire dans leur réalisation. L’idée est de tenir compte du climat, de la géographie, des habitudes constructives ainsi que des matériaux locaux. Citons par exemple Renzo Piano ayant réalisé à Nouméa, en Nouvelle Calédonie, le centre Tjibaou, qui est dédié à la culture Kanak et aux cultures du pacifique sud ainsi que Peter Zumthor ayant réalisé les thermes de Valls dans le canton des grisons en Suisse.
Voici donc ces deux exemples d’architecture contemporaine utilisant les bases du vernaculaire : Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement
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Centre Jean-Marie Tjibaou - Renzo Piano - Source : www.uia.archi
A) Le centre Jean-Marie Tjibaou Ce centre, réalisé par l’architecte Renzo Piano, à Nouméa en Nouvelle Calédonie, est un bâtiment contemporain dédié aux cultures du pacifique sud et particulièrement à la culture Kanak et à ses constructions traditionnelles. C’est en ce sens une architecture vernaculaire. Cependant, les matériaux et les techniques d’assemblages sont modernes. Le centre peut être associé à une architecture vernaculaire par sa grande utilisation du bois et de couleurs naturelles faites d’essences présentes alentours. Cependant, le bois utilisé ne vient pas de Nouvelle Calédonie et la technique du lamellé collé est une technique moderne et industrielle. On remarque aussi que l’architecte a conçu son bâtiment en reprenant les techniques de résistance aux efforts des habitations kanaks et que cette structure a un aspect formel. On peut donc en conclure que dans l’architecture vernaculaire, la forme peut découler de la technique.
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement
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Les Thermes de Vals - Peter Zumthor - Source : http://www.wbarchitectures.be
5
Les Thermes de Vals - Peter Zumthor - Source :http://artchidesign.fr/
B) Les thermes de Vals de Peter Zumthor Peter Zumthor a conçu ces thermes de 1986 à 1996. Ce bâtiment peut être associé aux notions vernaculaires car l’architecte a employé une pierre issue d’une carrière de la vallée. Du point de vue esthétique, l’emploi de ces pierres plates superposées rappelle l’aspect des murs de soutènement des vieilles routes de montagnes, ce qui entraîne une intégration naturelle et historique du site. Cette pierre est également utilisée dans les architectures locales pour la construction des toitures. En revanche, la conception ne reprend aucune technique locale et vient dans une démarche totalement contemporaine de l’architectonique. L’architecte conserve l’aspect naturel du lieu en utilisant des toitures végétales. Le site est aussi idéal pour ce projet vernaculaire puisqu’il en découle des ressources naturelles du lieu. Enfin, ce magnifique projet répond d’une manière totalement contemporaine et novatrice à la notion de vernaculaire.
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement b) Jacques Dupuis « Mieux que nul autre, Dupuis sait conjuguer clarté fonctionnelle et méandres baroques dans une architecture totalement subjective, sous-tendue d’une vitalité aristocratique porteuse d’innocence et de liberté ».11
Selon Albert Bontridder, son principal assistant : Portrait de Jacques Dupuis par Roger Bastin - Source : Fonds d’archives Jacques Dupuis
6
«L’œuvre de Jacques Dupuis [...] résulte d’une tension d’écriture sensible dans le tracé des plans, dans le profil des coupes. Cette tension révèle un jeu d’oppositions entre l’accordé et le désaccordé, le sonnant et le dissonant, l’accueil et le refus, l’ouvert et le fermé. Elle déroule son parcours en tout point à la fois fidèle à son propos et cependant surprenante. Sa liberté n’est soumise ni à des lois ni à des hasards, mais réinvente à son propre usage, et paradoxalement, une nécessité profonde et apaisante. Le secret de cette démarche, de cette modernité au sens fort du terme, est la simple liberté, instinctive, juste, iconoclaste au besoin, mais jamais agressive. Une liberté qui ne s’instaure même pas en exigence, en principe. Jacques Dupuis ne refuse pas les principes, il ne les aime pas, il n’y croit pas, il n’en a pas besoin, il en perçoit les effets pervers. Il se méfie de l’esprit de système, des impératifs de la raison et de la fonction, de la dictature de l’équilibre et de la symétrie. On peut tenter de circonscrire et de codifier les moyens mis en oeuvre dans l’élaboration de cette architecture, déduire des effets du plan et du volume les causes formelles et les motivations rationnelles. Mais un tel effort d’explication n’épuise pas la question. Car l’oeuvre de Jacques Dupuis est toute entière dans le mouvement, pareille à une source, à un jaillissement, à la surprise d’une rencontre inattendue.»12. Dans les extraits suivants, nous pourrons avoir un aperçu de la relation ambiguë qui existait entre Roger Bastin et Jacques Dupuis. 11
COHEN, Maurizio et Jan THOMAES. Jacques Dupuis l’architecte. Edition La Lettre volée, Communauté
française de Belgique, 2000, 367p.
12 Ibidem
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement Il s’agit de plusieurs échanges au sujet de l’Eglise de Sainte-Alène (1938-1951), située à Saint-Gilles (Bruxelles). Le projet initial a été confié à Roger Bastin, qui travailla des années pour le réaliser, devant faire face à la Seconde Guerre Mondiale entre temps. « Roger (Vastin), inquiet de l’ampleur des questions posées par Sainte-Alène, par la façade surtout […] fait appel à Jacques pour mettre au point les plans avec lui »13.
« Viens vite avec ton Sainte-Alène. Quand je dis viens, viens, c’est-à-dire reste. Il est inutile de renouveler ces séances où vaguement on essaie de savoir ce qu’il faut faire. Il y a une décision à prendre? Prenons la une fois pour toutes. Je répète, atmosphère d’examen. Tu me comprends. Seulement je ne me déplace plus, les déplacements me distraient et me coûtent cher. Comme je n’ai rien, ou plutôt je n’ai plus que ma bouilloire où je vis et souffre quand même. Il faudra s’adapter. Plus de temps perdu, plus de train, plus de gares. […] Fais moi signe et n’hésite pas à me donner des ordres concrets. Je suis le meilleur employé quand je sais ce que l’on veut. Et surtout je veux chasser de ta tête ces vilains… qui te donnent de si futiles soucis (soucis de forme, allons donc). Voir Sainte-Alène. »14
Dupuis sera ici plutôt le dessinateur exécutif de Bastin, du moins au début. Car plus le projet avance, plus Dupuis s’affirme et définira carrément l’aspect final du projet. Il réalisera la décoration intérieure, notamment la nef latérale droite ainsi qu’une série d’objets de culte et d’autres éléments. On peut voir dans les différents échanges que Bastin était un éternel inquiet, chose qui s’est avérée juste selon les différents échanges que j’ai pu avoir Robert Carlier, qui fut également son collaborateur. Au final, Dupuis a autant besoin de Bastin que Bastin de Dupuis. Ils se stabilisent. 13 André Lanotte. « Roger Bastin », dans Annuaire, Académie Royale de Belgique, Palais des Académies, 1993. Bruxelles. pp. 175-176. 14 Lettre de JD à RB datée été 1941. (Archives Bastin). Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement « Mon cher Roger, Je remercie le ciel d’avoir trouvé en toi un si authentique ami. L’ami des mauvais jours, le seul, l’excellent thérapeute des maladies difficiles. Je t’ai attendu vendredi jusque très tard le soir, avec une géométrale inédite du flanc droit de Sainte-Alène; une coupe dans le chapelle avec son nouveau toit, et une tourelle/tonnelle à cloches, je crois assez constructive et fonctionnelle. Il n’y manquait que ton avis. Pour me sauver ! Mme Gilbert m’a m… pour deux consultations, c’est pressant, me semble-t-il, puis-je avoir immédiatement le nécessaire, le plus tôt sera le mieux. Pour me sauver ! Avertis-moi quand tu viens à Bruxelles, donne-moi des ordres concernant Ste Alène et mes rapports sur la question avec S…& Francken»15.
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Lettre sans en-tête avec la seule indication du jour : lundi. (Archives Roger Bastin).
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1. Brève biographie
frère appelée « Le Parador ».
Né à Quaregnon en 1914. Jacques Dupuis est un
L’Exposition Universelle de Bruxelles en 1958
des principaux architectes franco-belges de l’après-
marqua à jamais sa carrière. En effet, lui fit confié
guerre. La majeur partie de son œuvre se situe dans
l’aménagement de 7 pavillons et l’habillage du
le Hainaut mais aussi en Flandres et à Bruxelles.
Grand Palais numéro 5.
Lors de son enfance à Quaregnon, bien qu’étant
Lors de sa carrière, Dupuis fera également équipe
dans une famille privilégiée, il fût confronté à la
avec Simone Guillissen-Hoa, Lou Bertot, Robert
misère régnant dans le Borinage. Dès lors, il fût
Carlier que j’ai pu rencontrer dans sa maison de
très vite sensible à la démarche sociale, notamment
vacances (voir interview en annexe) mais surtout
par la création de logements sociaux présentant des
Albert Bontridder qui fut pour lui un élément
qualités urbaines et paysagères afin d’améliorer
stabilisateur important dans sa carrière d’architecte.
le quotidien de ces populations désavantagées,
De par ses idées novatrices, mais aussi grâce à son
permettant à chacun un épanouissement personnel
profond respect pour l’Homme et ses traditions,
dans des conditions d’intimité les plus optimales.
il a réalisé un nouveau type d’habitat en totale
Sa création compte également des écoles primaires
symbiose avec l’environnement naturel, alliant ainsi
et maternelles, des dispensaires, des ateliers
romantisme et modernité.
pour personnes handicapées, preuve du profond
Ses habitations sont des synthèses d’une totale
humanisme de Dupuis. Il a suivi ses études à l’Ecole
liberté des innovations des maîtres nordiques de
nationale supérieure d’architecture de La Cambre.
l’architecture contemporaine, intégrées dans un style
Son directeur fut Victor Bourgeois. Durant ses études,
visionnaire, baroque et rigoureux. Sa carrière se
il s’est très vite lié d’amitié avec Roger Bastin avec
termina à la fin de sa vie, en 1984.
lequel il collaborera au début de sa carrière. Celle-
Malheureusement aujourd’hui, contrairement à
ci commença en 1937. La collaboration avec Bastin
la Flandre et à Bruxelles, aucune de ses œuvres
a été très importante dans la carrière de Dupuis,
n’est protégée en Wallonie... J’ai donc choisi de
notamment pour des cités, des bâtiments d’entreprise
m’intéresser à son œuvre encore bien trop méconnue.
mais aussi des bâtiments religieux. C’est durant cette collaboration que l’architecture de Dupuis se voudra audacieuse, tout en restant très attachée aux traditions et au local. C’est aussi durant cette période, et plus exactement en 1946, qu’il réalisa la maison pour son Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement Dans l’inventaire qui suit, Dupuis a eu 250 projets
1938 - Poste touristique modèle pour la région
mais n’en a réalisé que 120 environ (toujours en
ardennaise
association avec un ou une autre architecte, Simone
Projet (datation incertaine)
Guilissen-Hoa jusqu’en 1953, Albert Bontridder
Haute-Ardenne
jusqu’en 1976, Lou Bertot pour la déco...). 1941 - Eglise Sainte-Alène
A) Chronologie*1 :
En association avec Roger Bastin
Existantes
Disparues ou transformées
Projets non réalisés
Réalisation : 1941 - 1946, 1951 (Roger Bastin commence le projet en 1938 et fait appel à Dupuis en 1941) Avenue des Villas, 49/53 - 1060 Bruxelles
1937 - Projet de bibliothèque publique Projet d’école. Cours d’architecture de La Cambre
1941 - Aménagement du centre civique Éghezée
(Prof. Ch. Van Nueten)
Projet (datation incertaine) 5310 Éghezée (Namur)
1938 - Chapelle de la clinique Saint-Alphonse Détruite
1942 - Reconstruction d’une école
7390 Quaregnon (Hainaut)
En association avec Roger Bastin Projet non réalisé
1938 - Stade de Quaregnon «Louis Piérard»
6927 Resteigne (Luxembourg)
En association avec Maurice Lhoir et Jean Van Larthem. Réalisation : 1952
1943 - École de Ciney
Rue Brenez, rue de l’Égalité - 7390 Quaregnon
Concours : 2e prix. Projet non réalisé
(Hainaut)
5590 Ciney (Namur)
1938 - Tour Belvédère
1943 - Plan de la commune d’Éghezée
Projet (datation incertaine)
5310 Éghezée (Namur)
Haute-Ardenne
* Basée sur COHEN, Maurizio et Jan THOMAES. Jacques Dupuis l’architecte. Édition La Lettre volée, Communauté française de Belgique, 2000, 367p. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1945 - Restauration de la chapelle Notre-Dame de
1946 - Maison Paul-Victor Dupuis «Le Parador»
la Brouffe
Réalisation 1947-1948. Extension 1953-1954
En association avec Roger Bastin
Rue Louis Jasmin 297, 1150 Bruxelles
Peintures de G. Boulmant et Z. Busine Cimetière, avenue du Roi Soleil
1946 - Marché couvert
5660 Mariembourg (Namur)
Projets de concours (plusieurs versions). Deuxième phase 1947.
1945 - Atelier et habitation Élisabeth De Saedeleer
En association avec Roger Bastin. Projet non réalisé.
Transformé
5000 Namur
Rue de l’Équateur, 28 - 1180 Bruxelles 1947 - Magasin A. Colfs & Cie T’Sloefke 1946 - Siège du Port autonome de Liège
Aménagement d’un magasin de chaussures.
En association avec Roger Bastin
En Association avec Roger Bastin. Démoli.
Concours : 1er prix. Réalisation : 1947/1949
Offerandestraat 56, 2000 Anvers
Quai de Maastricht, 14 - 4000 Liège 1947 - Complexe du théâtre de Namur 1946 - Exposition internationale «Arts Religieux
Concours 2e prix. Projet non réalisé.
Modernes»
5000 Namur
En association avec Roger Bastin Réalisation : septembre 1947
1947 - École gardienne
Palais des Beaux-Arts, rue Royale - 1000 Bruxelles
En association avec Roger Bastin. Réalisation 1950. 6791 Athus (Luxembourg)
1946 - Atelier et habitation du peintre Gaston Bertrand
1947 - Mise en valeur de la statuette de Saint-
Réalisation : 1949-1950. Transformé en 1986
Victor
Avenue des Aubépines, 151 - 1180 Bruxelles
Chapelle de Auvelais, 5060 Auvelais (Namur)
1947 - Groupes d’habitations Cours Saint-Quirin En association avec Roger Bastin. Réalisation 19481949. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1948 - Chapelle Notre-Dame du Maquis
Cours Saint-Quirin 12-18 - 4960 Malmedy (Liège)
En association avec Roger Bastin. Réalisation 19481947 - Exposition Artisanat ardennais
1949.
6870 Saint-Hubert (Luxembourg)
Route de Couvin à Cul-des-Sarts, 5660 Bruly-dePesche (Namur)
1947 - Eglise Saint-Étienne de Waha 1948 - Centre Social de l’ESMA
En association avec Roger Bastin. Projet
d’aménagement
1947-1950.
Projet
de
Centrales électriques de l’Entre-Sambre et Meuse et
réaménagement 1959, par Roger Bastin.
de la région de Malmédy. En association avec Roger Bastin. Réalisation 1950-
1947 - Urbanisation de Jambes
1952.
Concours 3e prix. En association avec Roger Bastin.
Cours Saint-Quirin, Carré Saint-Gérard et Carré
Projet non réalisé.
Saint-Géréon - 4960 Malmédy (Liège)
5100 Jambes (Namur) 1948 - Chapelle Notre-Dame de la Foi 1947 - Bâtiment de l’ORAF Bâtiment du Service
En association avec Roger Bastin. Réalisation 1948-
Social de l’Armée.
1949.
En association avec Roger Bastin. Démoli.
Rue des Fanges, Burhaimont, 6880 Bertrix
Rue d’Arlon 69 - 1000 Bruxelles
(Luxembourg)
1947 - Eglise de Jehonville
1948 - Mémorial américain
En association avec Roger Bastin. Projet non exécuté
En association avec Roger Bastin. Réalisation 1948-
selon les plans originaux.
1949.
Réalisation de Roger Bastin et Guy Van Oost en
Route de Waimes et Route de Saint-Vith, Hameaux
1958.
Germont - 4960 Malmédy (Liège)
Modifications par Roger Bastin en 1960, 1965 et 1972. Place Paul Verlaine - 6880 Jehonville (Luxembourg)
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1948 - Potale Notre-Dame du Rosaire
1948 - Hôtel des Bains d’Alfred Solheid Del
En association avec Roger Bastin. Réalisé par R.
Favero
Petre. Daté 15/08/1948.
Agrandissements et transformations.
Rue Culot-Haut, angle rue Augile - 5660 Petigny
En association avec Roger Bastin. Transformé.
(Namur)
Pont de Haeln, route Nationale - 4950 Robertville (Liège)
1948 - Cité HBM En collaboration avec Léon Bauduin.
1949 - Potale Vierge au Pied-Noir
Cité de la Croix Rouge - 7340 Wasmes (Hainaut)
En association avec Roger Bastin. La statue a été remplacée.
1948 - Complexe Saint-Josse-Ten-Noode
5000 Namur
Concours 2e prix. Projet non exécuté. 1949 - Exposition Luxembourg, terre de
1210 Bruxelles
vacances, section artisanale 1948 - Maison Evrard
Stand, décoration et mobilier.
En association avec Roger Bastin. Projet d’extension
En association avec Roger Bastin.
non réalisé.
6700 Arlon (Luxembourg)
Bd. Du Centenaire - 5600 Philippeville (Namur) 1949 - Aménagement de la Chapelle d’hiver du 1948 - Chapelle de l’Évêché de Namur
Petit Séminaire
En association avec Roger Bastin. Démoli.
En association avec Roger Bastin. Démoli.
Rue de l’Évêché - 5000 (Namur)
Séminaire de Floreffe - 5150 Floreffe (Namur)
1948 - Hospice de Couvin
1949 - Chapelle Notre-Dame de la Grâce
En association avec Roger Bastin. Le projet est signé
En association avec Roger Bastin. Réalisation
seulement par R. Bastin.
1950.
Route de Rocroi - 5660 Couvin (Namur)
Route d’Auby, Renaumont - 6880 Bertrix (Luxembourg)
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1949 - Atelier et habitation du peintre Georges
1949 - Maison Capitaine Guidard
Boulmant
En association avec Roger Bastin. Projet de Grille
Projet non exécuté.
décorative du 15/04/1950. Transformée.
7000 Mons (Hainaut)
Avenue Coloniale 27 - 1170 Bruxelles
1949 - Stand de l’Exposition d’Art religieux
1949 - Petite Propriété terrienne ardennaise
Construction et décoration. En association avec
Projet de Maisons jumelles. En association avec Roger
Roger Bastin.
Bastin. Projet non exécuté.
6700 Arlon (Luxembourg)
Quartier - Jardin de la route Bastogne - Marche - 6600 Bastogne (Luxembourg)
1949 - Centre scolaire et sportif En association avec René Panis et Maurice Lhoir.
1949 - Maison Delcampe
Projet non exécuté.
Réalisation 1950-1952 (date incertaine). Quelques
7321 Blaton (Hainaut)
transformations. Rue Désirée Maroille 10 - 7080 Frameries (Hainaut)
1949 - Foyer Social de l’ESMA Centre Social UNERG, propriété Electrabel.
1949 - Maison de chasse
En association avec Roger Bastin. Réalisation
Projet non exécuté.
1953.
Pays de Busanza, Parc national Albert (Congo)
Parc Petie, rue du Voisin 68 - 5060 Auvelais 1949 - Anneau pastoral et croix pectorale
(Namur)
Réalisations pour Mgr Himmer, Evêque de Tournai. 1949 - Transformation d’une auberge
Réalisation 1949. L’anneau est détruit.
Projet pour Emile Cavenaile.
Tournai
Gruissan, Narbonne (France) 1949 - Eglise de la Plante Aménagement et 1949 - Façade de la Banque Bruxelles-Lambert
décoration.
En collaboration avec André Simon. Transformée.
En association avec Roger Bastin.
Place Albert 1e - 4960 Malmédy (Liège)
Quai de la Plante - 5000 Namur
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1949 - Magasin de vins et habitation Blaise
1950 - Café L’Arlequin Pour la s.a. Cavenaile.
Reconstruction et aménagement. En association avec
Démoli.
Roger Bastin. Réalisation 1950. Transformé.
Route de Mons à Valenciennes, 7012 Jemappes
Place Albert 1 - 4960 Malmédy (Liège)
(Mons)
1949 - Cité pour vieux travailleurs
1950 - Institut Provincial pour Aveugles et
En association avec Roger Bastin. Projet non exécuté.
Amblyopes
Rue du Mail -7390 Quaregnon (Hainaut)
Avant-projet non réalisé. Rue de Mons à Baudour, Château de la Barrière, 7011 Ghlin (Hainaut)
1949 - Bon Pasteur asbl Extension et modification des bâtiments existants. Collaboration au projet de Roger Bastin. Réalisation
1950 - Maison Robaux
1949-1952.
Construction selon les normes de la Loi de Taeye.
Rue du Séminaire - 5000 Namur
En association avec Roger Bastin. Projet non identifié. 1435 Mont-Saint-Guibert (Brabant wallon)
1949 - Mémorial de Mardasson Projet de concours. En collaboration avec Roger Bastin.
1950 - Hôtel de ville
Projet non exécuté (datation incertaine).
Transformation et extension. Collaboration avec
Bastogne (Luxembourg)
René Panis, Chef de projet. Projet non exécuté. 7080 Frameries (Hainaut)
1950 - Aménagement de l’atelier Hades Démoli.
1950 - Centre de Physique Nucléaire
7370 Dour (Hainaut)
En collaboration avec René Panis. 7000 Mons (Hainaut)
1950 - Théâtre de Tournai Concours 3e prix. Projet non exécuté. En association avec Roger Bastin. 7500 Tournai (Hainaut)
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
40
« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1950 - Vitraux de la chapelle Notre-Dame de la
1952 - Maison de vacances Jean Wittman
Lorette
En association avec Simone Guillissen-Hoa et Emile
6800 Remagne (Luxembourg)
Fays. Réalisation 1953. Extension 1958. Démolition 1992.
1951 - Eglise de Mageret
Avenue des Genets 29, 1640 Rhode-Saint-Genèse
En collaboration avec Adolphe Miest.
(Brabant Flamand)
Route de Bisory, 6600 Mageret (Luxembourg) 1952 - Maisonnettes pour vieux conjoints pour la 1951 - Fonts baptismaux
société HBM
Eglise de Harlue, Harlue (Namur)
En association avec Simone Guillissen-Hoa. Projet novembre 1952.
1952 - Cinéma Normandie Transformation.
Rue E. Leburton, près de la rue du Mail, 7390
Transformé en cinéma Clichy. Détruit.
Quaregnon (Hainaut)
7000 Mons (Hainaut) 1952 - Laboratoire de recherche 1952 - Maisons unifamiliales avec étage
Sans indications. Projet non identifié.
En collaboration avec Léon Bauduin. 1952 - Présentation de la statue de Saint-Gangufle
Rue de Condé, 7390 Quaregnon (Hainaut)
Eglise de Florennes. 1952 - École gardienne
Rue du Chapitre, 5620 Florennes (Namur)
Projet non exécuté. 1952 - Salle de gymnastique de Quaregnon
Rue Dufrasne, 7080 Frameries (Hainaut)
En association avec Maurice Lhoir et Jean Van 1952 - Étude de Lotissement
Laethem. Projet non réalisé.
En association avec Simone Guillissen-Hoa. Projet
7390 Quaregnon (Hainaut)
octobre 1952. Non exécuté. Avenue du Long Chêne, Wezembeek-Oppem
1953 - Maison Durieu
(Brabant flamand)
Réalisation 1952-1954. Rue de la Fraîcheur 26, 1080 Bruxelles
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
41
« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1953 - Maison Conreur
Cité de la Croix Rouge, 7340 Wasmes (Hainaut)
Réalisation 1953-1954. 1953 - Ecole gardienne
Rue Mattéotti 52, 7134 Leval-Trahegnies (Hainaut)
En association avec Emile Fays et Simone Guillissen1953 - Bijouterie De Greef En
association
avec
Simone
Hoa. Sculpture de Hupez. Guillissen-Hoa.
Réalisation 1956-1957. Prix de la Biennale de
Réalisation 1953-1954.
Venise.
Rue au Beurre 24-26, 1000 Bruxelles
Place Calmette 1, 7080 Frameries (Hainaut)
1953 - Calice en argent
1953 - Institut Provincial pour Aveugles et
Réalisation pour l’abbé Goffin. 6700 Arlon
Amblyopes Ateliers de vannerie et de menuiserie.
(Luxembourg)
En association avec Simone Guillissen-Hoa. Projet juillet 1953. Réalisation 1952-1954.
1953 - Chapelle Notre-Dame de la Charité (du
Château de la Barrière, route de Mons 115, 7011
Culot)
Ghlin (Hainaut)
En association avec Roger Bastin. Réalisation de Roger Bastin.
1953 - Maison Madelaine Everaert
Rue du Culot, 6880 Bertrix (Luxembourg)
Réalisation 1954. Avenue de Sumatra 8, 1180 Bruxelles
1953 - Maison Vosch En association avec Simone Guillissen-Hoa. Projet
1953 - Maison Steenhout
janvier 1953. Non exécuté.
En association avec Simone Guillissen-Hoa. Projet
Avenue du Cor de Chasse, Bruxelles
mars 1953. Réalisation 1953-1957. Avenue Napoléon 57, 1180 Bruxelles
1953 - Burettes et plateau de l’église de Bertrix 1953 - Plaine de sports et de jeux Bois du Prince
6880 Bertrix (Luxembourg)
En association avec Depelsenaire, Architecte 1953 - Groupe d’habitations sociales
coordinateur du Centre. Projet non exécuté.
En collaboration avec Léon Bauduin.
6001 Marcinelle (Hainaut)
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
42
« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1953 - Pavillon de chasse Alphonse Servais
6791 Athus (Luxembourg)
Transformé. Route de Mons à Ath, Bois du Risory, 7050 Masnuy-
1954 - Monument pour Mgr Heylen Cathédrale
Saint-Jean (Hainaut)
de Saint-Aubin En association avec Roger Bastin.
1954 - Institut Provincial pour Aveugles et
Réalisation 1954-1956. Sculpture de Ch. Leplae,
Amblyopes Ecole des garçons.
inscription de B. Heyerick-Lambrecht.
En association avec Simone Guillissen-Hoa.
Place Saint-Aubin, 5000 Namur
Château de la Barrière, route de Mons 115, 7011 1954 - Fonts baptismaux Eglise de Saint-Martin
Ghlin (Hainaut)
En association avec G. Boulmant et Z. Buzine. 1954 - Etude pour une maison de repos
Rue de Breux, 6824 Chassepierre (Luxembourg)
En association avec Simone Guillissen-Hoa. Projet février 1954.
1954 - Pavillon belge à la Feria Internacional de
Non réalisé et non localisé.
Bogota 1956 Projet primé et réalisé après concours restreint.
1954 - Ecole
Démoli. Bogota (Colombie)
En association avec Simone Guillissen-Hoa. Projet de concours primé. Non réalisé.
1954 - Exposition Internationale du Textile,
Rue de la Rhétorique et rue Steins, 1060 Bruxelles
Pavillon du Prestige Avant-projet avec Simone Guillissen-Hoa.
1954 - Maison Jacques Cavenaile
Réalisation et décoration avec Lou Bertot en 1955.
En collaboration avec Léon Bauduin. Transformée.
Parc des Expositions, Heysel, 1020 Bruxelles
Boulevard Fulgence Masson 3a, 7000 Mons 1955 - Chaire de Vérité
(Hainaut)
En collaboration avec les peintres G. Boulmant et Z. 1954 - Vitraux de la Vierge et de saint Etienne,
Busine.
Eglise de Athus
Eglise de Laneuville, 6800 Libramont Chevigny
En association avec G. Boulmant et Z. Buzine.
(Luxembourg)
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
43
« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1956 - Immeuble d’appartements.
1956 - Transformation d’une maison pour Eudore
Projet non exécuté. Avenue de la folle Chanson,
Busine
1050 Bruxelles
En association avec Albert Bontridder. Place de Hymiée 42, 6280 Hymiée (Fraction de Gerpinnes,
1956 - Immeuble d’appartements Bosquet
Hainaut)
En association avec Albert Bontridder. Projet non 1956 - Aménagement de la maison Davis-
exécuté. Avenue
de
Gravelle
10,
Toussaint
Charenton-le-Pont,
Vincennes (France)
Projet non identifié. Avenue des Mimosas, 1030 Bruxelles
1956 - Bassin de natation 1er projet en association avec Emile Fays. Projet non
1956 - Maison Robert Dumont
exécuté.
En association avec Albert Bontridder. 2e projet
2e projet 1961, en association avec Albert Bontridder.
1964. Réalisation 1965.
Projet non exécuté.
Rue des Etats-Unis 31, 7090 Braine-le-Compte
3e projet 1963, extension, en association avec Albert
(Hainaut)
Bontridder. Projet non exécuté. Rue Brenez et rue du Mail, 7390 Quaregnon
1956 - Participation des collectivités «Cuirs et
(Hainaut)
Peaux», «Luxe, Parure et Fantaisie» et «Sports et
Jeux»,
Expo’58
Exposition
universelle
1956 - La cité de l’enfance Le Ropieur
de Bruxelles. En association avec Lou Bertot.
En association avec Léon Bauduin. Réalisation
Réalisation 1957-1958. Démoli. Plateau du Heysel,
1963-1972.
1020 Bruxelles
Projet pour trois pavillons supplémentaires 19741980.
1956 - Habillage de la façade du Palais 5, Expo’58
En association avec Albert Bontridder. Projet
Exposition universelle de Bruxelles. En association
d’extension non exécuté.
avec Albert Bontridder. Réalisation 1957-1958.
Chaussée de Beaumont, 7000 Mons (Hainaut)
Démoli. Plateau du Heysel, 1020 Bruxelles
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
44
« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1956 - Décoration extérieure et aménagement du
et Lou Bertot (décoration).
Pavillon de l’Energie électrique, Expo’58
Réalisation 1957-1958. Démoli.
Exposition universelle de Bruxelles.
Plateau du Heysel, 1020 Bruxelles
En association avec Lou Bertot. Pavillon de Jean Petit et G. Denayer. Réalisation 1957-1958. Démoli.
1957 - Aménagement et décoration de la section
Plateau du Heysel, 1020 Bruxelles
du Sucre et des Dérivés, Expo’58 Pavillon des Industries alimentaires.
1956 - Double pavillon Robert Mestdagh
Exposition Universelle de Bruxelles. En association
En collaboration avec Emile Fays. Transformé 1996-
avec Lou Bertot. Réalisation 1957-1958. Démoli.
1997.
Plateau du Heysel, 1020 Bruxelles
Avenue Léquime 4-6, 1640 Rhode-Saint-Genèse (Brabant flamand) 1957 - Maison Bedoret
1957 - Section des Arts traditionnels, Expo’58
En collaboration avec Emile Fays. Réalisation 1958.
Palais gouvernemental du Congo et du Ruanda-
Avenue Adolphe Dupuich 40, 1180 Bruxelles
Urundi. Exposition universelle de Bruxelles. En association
1957 - Pavillon Artois, Expo’58 Exposition
avec Lou Bertot. Réalisation 1957-1958. Démoli.
universelle de Bruxelles.
Plateau du Heysel, 1020 Bruxelles
Projet non exécuté. 1958 - Dépôt de bière et habitation Michaux En
Plateau du Heysel, 1020 Bruxelles
association avec Albert Bontridder. Réalisation 1957 - Chapelle du Centre folklorique, Expo’58
1959. 5e prix du Concours national du Bois, 1960.
Exposition universelle de Bruxelles. Projet non
Chaussée du Roi Baudouin 252 (anc. Chaussée de
exécuté.
Binche), 7030 Saint-Symphorien (Hainaut)
Plateau du Heysel, 1020 Bruxelles 1958 - Réalisation de l’Exposition d’Urbanisme 1957 - Pavillon du Logement social et Santé,
et d’Habitation
Expo’58
Sur l’initiative de l’Institut national du Logement.
Exposition universelle de Bruxelles.
En association avec Lou Bertot. Démoli.
En association avec Albert Bontridder (architecture)
4000 Liège
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
45
« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1958 - Centre médical
1959 - Transformation de l’atelier du peintre Jo
En collaboration avec Henri Guchez. Réalisation
Delahaut
1960. Transformé.
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
Rue de Mons 63, 7301 Hornu (Hainaut)
1960. Rue du Père Damien 13, 1140 Bruxelles
1959 - Exposition d’Urbanisme et d’Habitation Initiative de l’Institut national du Logement. En
1959 - Maison Levis
association avec Lou Bertot. Démoli.
En association avec Albert Bontridder. Transformée.
9000 Gent (Flandre orientale)
Avenue Fond des Cloches 32 (anc. Avenue des Fougères), Domaine de Chèremont, 1300 Wavre (Brabant wallon)
1959 - Eglise de la Bouverie En collaboration avec Léon Baudouin. Projet
1959 - Immeuble à deux appartements Jean et
d’exécution 1962. En collaboration avec Albert
Marcel Wittmann
Bontridder. Projet non exécuté.
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
Rue de la Régence, 7080 La Bouverie (Hainaut)
1961. Transformations et extensions 1991-1994. Avenue de l’Observatoire 78, 1180 Bruxelles
1959 - Institut provincial pour Aveugles et Amblyopes Institut médico-psychologique.
1959 - Maison de vacances Mestdagh
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
1961.
1968. Transformée.
Château de la Barrière, Rue de Mons 115, 7011
Oleffelaan
Ghlin (Hainaut)
Occidentale)
1959 - Maison van der Vaeren
1959 - Maison Huarez
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
Projet
1960-1961.
(Hainaut)
non
13,
8620
exécuté.
Nieuwpoort
7030
(Flandre
Saint-Symphorien
Acacalaan 52, 3020 Herent (Brabant flamand)
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1959 - Institut Saint-Charles
Avenue des Myrtilles, 1180 Bruxelles
Projet non exécuté. Rue des Forges de Vassens (Chauny)
1960 - Aménagement de l’appartement Van Neck Aménagement des combles.
1959 - Usine de l’Union chimique belge
Rue Amaryllis 31, 1083 Bruxelles
En association avec Albert Bontridder. Projet non exécuté.
1960 - Maison de Jacqueline Delaby-Verheye
1620 Drogenbos (Brabant flamand)
En association avec Albert Bontridder. 1er avantprojet pour H.M. Verheye, juin 1960.
1960 - Institut médico-psycho-pédagogique Ma
2e avant-projet pour Madame Delaby-Verheye,
Grande Famille
novembre 1960.
En association avec Albert Bontridder. Projet non
3e avant-projet pour Madame Delaby-Verheye,
exécuté.
1961. Projet non exécuté.
Rue de Jemappes 39, 7011 Ghlin (Hainaut)
Avenue du Maréchal, Drève des Gendarmes, 1180 Bruxelles
1960 - Aménagement du Salon de l’Automobile
1960 - Hôtel de Ville d’Amsterdam
1961
En association avec Jean Petit. Concours primé.
En association avec Jean Petit. Démoli.
Projet non exécuté.
Parc des Expositions, Palais 5 et Patio, Plateau de l’Heysel, 1020 Bruxelles
1960 - Maison internationale de la Musique En association avec Henri Rousseaux et Francis
1960 - Atelier et habitation du peintre Medard
Turbil.
Tytgat
Projet non exécuté. Paris
En association avec Albert Bontridder. Projet non exécuté.
1960 - Maison Paul-Henri Franeau
8340 Damme (Flandre occidentale)
En association avec Albert Bontridder. Réalisation 1962. Extensions 1966 et 1970.
1960 - Maison Fridt
Route de Ath 322, Nimy-Erbisoeul (Hainaut)
En association avec Albert Bontridder. Projet non exécuté. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1960 - Atelier et habitation du peintre Gustave
1961 - Maisons unifamiliales
Camus
En association avec Albert Bontridder. Projet non
En association avec Albert Bontridder. Assistant
exécuté.
Jacques Moreau.
Vivaise, Aisne (France)
Réalisation
1960-1961.
Extension
1966. 1961 - Maison Roger de Looze
Transformations intérieures. Arch Dehon
Aménagement intérieur. En association avec Albert 1960 - Salle pour train Sendzimir et salle de
Bontridder. Projet non exécuté.
rectification
7000 Mons (Hainaut)
En association avec Albert Bontridder. Forges et Laminoirs de Jemappes 7012 Jemappes
1962 - Atelier et habitation du peintre Charles
(Hainaut)
Spinette En association avec Albert Bontridder. Chaussée du Roi Baudouin 272 (anc. chaussée de
1961 - Maison De Landsheere
Binche), 7030 Saint-Symphorien (Hainaut)
En association avec Albert Bontridder. Réalisation 1963.
1962 - Institut Provincial pour Aveugles et
Gaverlandstraat 69, 9031 Drongen-Baarle (Flandre
Amblyopes Ecole des filles.
orientale)
En association avec Albert Bontridder. Réalisation 1963.
1961 - Maison Marcel Wittmann
Château de la Barrière, Rue de Mons 115, 7011
En association avec Albert Bontridder. Assistant P.
Ghlin (Hainaut)
Calame-Rosset. Légèrement transformée. 1962 - Centre culturel d’Avionpuits
Bruinborrelaan 25, 1860 Meise (Brabant flamand)
En association avec Albert Bontridder. Projet non 1961 - Maison Paul Wittmann
exécuté.
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
4130 Esneux (Liège)
1962. Transformée en 1997. Bruinborrelaan 27, 1962 - Maison Adamantidis
1860 Meise (Brabant flamand)
En association avec Albert Bontridder. Démolie. Avenue Blucher 57, 1180 Bruxelles Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
48
« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1962 - Maison van den Schrieck
1963 - Raffinerie Tirlemontoise
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
Aménagement intérieur. En association avec Albert
1964-1970.
Bontridder. Projet non exécuté.
Grote Molenweg 73, 3020 Herent (Brabant flamand)
3300 Tienen (Brabant flamand)
1962 - Maison Wisschoff
1963 - Maison Piscador et usine
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
1962-1963. Transformée.
1963-1973.
Avenue des Dix Arpents 36, 1200 Bruxelles
Bijlokestraat 165, 9070 Destelbergen (Flandre
Modifiée
par
les
propriétaires.
orientale) 1962 - Etude d’un encadrement de porte en PVC Etude pour Solvay & Cie. Projet non exécuté.
1963 - Maison Joseph Mellaerts En association avec Albert Bontridder. Avant-projet
1962 - Maison Pierre Hirsch
1963. Projet définitif 1964. Non exécuté.
En association avec Albert Bontridder. Projet
Grote Molenweg, 3020 Herent (Brabant flamand)
définitif 1966. Réalisation 1966-1968. Modifications
1963 - Maison Paul Van Brusselen
successives par A. Bontridder.
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
Avenue Hamoir 14b, 1180 Bruxelles
1963-1964. Modifié. Avenue des Hannetons 33, 1170 Bruxelles
1962 - Exposition L’Or du Pérou En association avec Lou Bertot. Démoli.
1963 - Agrandissement de la maison Giron
Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, Rue Royale,
En association avec Albert Bontridder. 1e projet
1000 Bruxelles
décembre 1963. 2e projet et exécution mai 1964. Champ du Vert Chasseur 68, 1180 Bruxelles
1962 - Immeuble de bureau Dupuis et Fils
1963 - Aménagement du magasin du tailleur
En association avec Albert Bontridder. Projet non
Verstandig
exécuté.
En association avec Albert Bontridder. Projet non
Place Stéphanie, 1050 Bruxelles
exécuté. Avenue Lepoutre 1050 Bruxelles
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1963 - Maison Jaspar
(Brabant Wallon)
En association avec Albert Bontridder. Projet non identifié.
1964 - Maison André Huart
Avenue du Parc 132, 1332 Genval (Brabant wallon)
En association avec Albert Bontridder. Réalisation 1964-1966.
1963 - Maison Robert Wéry
Rue du Bois d’Havré 52, 7000 Mons (Hainaut)
En association avec Albert Bontridder. Réalisation 1964-1965.
1964 - Maison Charles de Racker
Avenue Sainte-Anne 146, 1640 Rhode-Saint-Genèse
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
(Brabant flamand)
1964-1965. Rue de la Baronne 35, (anc. Chaussée de Nivelles
1963 - Siège social de Glaverbel
10c), 7181 Feluy (Hainaut)
Projet de concours. En association avec Jean Petit. Projet non réalisé.
1964 - Maison Cyrille Crappe
Chaussée de La Hulpe 166, 1170 Bruxelles
En association avec Albert Bontridder. Réalisation 1965. Sentier Mesquine 22, 7181 Feluy (Hainaut)
1964 - Maison Zeeegel En collaboration avec Paul Rousseau.
1965 - Maison Pierre Anselin
Mager Schorrelaan, 54, 8300 Knokke (Flandre
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
occidentale)
1965-1968. Intérieur transformé. Chemin du Boutenier, Rue Piémont 1, 7387 Roisin
1964 - Maison Jan Wauters
(Hainaut)
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
1965 - Maison Hugues Vehenne / Van Neck
1964-1965. Modifications 1986.
En association avec Albert Bontridder. Avant-projet
Rue Gèruzet 7, 1160 Bruxelles
septembre 1965. Projet définitif mai 1966. Non
1964 - Agrandissement de la maison Ansiaux
exécuté.
Transformation d’une oeuvre de l’architecte Nyst.
4790 Reuland (Liège)
En association avec Albert Bontridder. Réalisation 1967. Transformée.
1965 - Maison Kharkevitch En association avec
Rue du Ruisseau 2, 1435 Mont-Saint-Guibert
Albert Bontridder. Projet non exécuté.
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
50
« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1990 Hoeilaart (Brabant flamand)
Mons (Hainaut)
1965 - Agence et appartements pour le Crédit
1966 - Maison Abraham En association avec
communal de Belgique
Albert Bontridder. Projet non exécuté. 1640
Restauration de l’immeuble du XVIe siècle Heilige
Rhode-Saint-Genèse (Brabant flamand)
Geest. En association avec Albert Bontridder. Réalisation
1966 - Maison Heilporn
1965-1968.
En association avec Albert Bontridder.
Grote Markt 1, 3700 Tongeren (Limbourg)
1170 Bruxelles
1966 - Maison De Bruycker En association avec
1966 - Transformation d’un garage pour
Albert Bontridder. 1e projet janvier 1966. 2e projet
Marcel Wittmann
et réalisation février 1966-1968. Zonnelaan 73, 9870
En association avec Albert Bontridder. Avenue de
Zulte (Flandre orientale)
la Porte 37-38, 1060 Bruxelles
1966 - Maison Hilaire Mertens En association avec
1967 - Maison du Marquis de Villefranche
Albert Bontridder. 1e avant-projet février 1966. 1e
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
projet mai 1966. 2e projet et réalisation 1967-1968.
1967-1971.
Avenue Van Becelaere 113a (Chemin des Ortolans),
Avenue Prince Baudouin 89, 1150 Bruxelles
1170 Bruxelles 1967 - Monument en souvenir de Victor 1966 - Agence Mutsaert du Crédit communal de
Bourgeois
Belgique En association avec Albert Bontridder.
En association avec Albert Bontridder. Projet non
Réalisation 1966-1971. Rue Dewand 139-141, 1020
exécuté.
Bruxelles
Parc Astrid, 6000 Charleroi (Hainaut)
1966 - Siège de la Société générale de Banque En
1968 - Maison Van De Ven
association avec Albert Bontridder (avant-projet)
En association avec Albert Bontridder. Projet non
et Henri Guchez (exécution). Concours 1e prix.
exécuté.
Réalisation 1966-1969. Boulevard Dolez, 7000
Domaine du Bercuit, 1390 Grez-Doiceau (Brabant
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1970 - Concours pour l’aménagement du campus
wallon)
ULB/VUB 1968 - Maison Narmon
En association avec Albert Bontridder. Concours
En association avec Albert Bontridder. Projet non
non primé. Projet non exécuté.
exécuté. Avenue Huldergem 12, 1020 Bruxelles
Campus de la Plaine, 1050 Bruxelles
1968 - Maison André Vliers
1971 - Maison Luc Lambotte
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
En association avec Albert Bontridder. 9 avant-
1970-1971.
projets de septembre 1971 à janvier 1972. Projet
Chemin des Maréchaux 41 (anc. Rue du Grand
définitif et réalisation 1972-1974.
Masnil), 1300 Limal (Brabant wallon)
Emile Claeslaan 12, 3080 Tervuren (Brabant
1969 - Aménagement de la salle de rédaction du
flamand)
journal Le Soir, agence Rossel En association avec Albert Bontridder. Réalisation
1971 - Maison Cornet
1970.
En association avec Albert Bontridder. Projet non
Rue Royale, 1000 Bruxelles
exécuté. Chemin de l’Espinette, 7133 Buvrinnes (Hainaut)
1969 - Station terrienne de télécommunications spatiales
1971 - Concours du Centre Georges Pompidou
En association avec Henri Guchez et Gilbert
Architectes conseils de l’équipe Baudon, Emmery,
Capouillez. Réalisation 1969-1972.
Hayot et Gillet. Concours 3e prix.
Rue de l’Antenne
Projet non exécuté. Plateau Beaubourg (Paris)
1970 - Appartement Hugues Van Neck
1972 - Maison van der Schueren
En association avec Albert Bontridder. Projet juin-
En association avec Albert Bontridder. Réalisation
décembre 1970. Non exécuté.
1973-1974.
Place du Béguinage, 1000 Bruxelles
Avenue Centrale 8, 1950 Kraainem (Brabant Flamand)
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
52
« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1974 - Maison Dermarbre
1976 - Home pour le troisième âge Coron du bois
En collaboration avec Bernard Jacques.
En collaboration avec Pierre Leclercq. Projet non
Rue Frameries 61, 7040 Quévy-le-petit (Hainaut)
exécuté. Rue Louis Cathy, angle rue de la Station, 7331
1975 - Maison de Callatay
Baudour (Hainaut)
En association avec Albert Bontridder. Projet non exécuté, voir 1978.
1976 - Transformation du café-restaurant La
Avenue Montgolfier 14, 1150 Bruxelles
Closière En collaboration avec Pierre Leclercq. Partiellement
1975 - Maison Herskovic
transformé (actuellement restaurant Mykonos).
En association avec Albert Bontridder. 9 avant-
Chaussée du Roi Baudouin 61 (anc. chaussée de
projets septembre à décembre 1975.
Binche), 7030 Saint-Symphorien (Hainaut)
Projet 1976. Non exécuté. Clos du Cheval d’Argent, 1050 Bruxelles
1976 - Maison Etienne Couturier En association avec Albert Bontridder. Projet non
1975 - Habitations mitoyennes pour les filles
exécuté.
Michaux, Dhams/Verbruggen
Cypressenlaan, 3080 Tervuren (Brabant flamand)
En collaboration avec Jean Hennaut. Chaussée du Roi Baudouin 248-250 (anc. Chaussée
1977 - Maison Durieu
de Binche), 7030 Saint-Symphorien (Hainaut)
En collaboration avec Pierre Leclercq. Projet non exécuté.
1976 - Maison Bury
7190 Ecaussines d’Enghien (Hainaut)
En collaboration avec Pierre Leclercq. Projet non exécuté.
1977 - Aménagement de l’appartement Piscador
7134 Epinois (Hainaut)
Projet non exécuté. 8300 Knokke (Flandre orientale)
1976 - Module d’habitat En collaboration avec Pierre Leclercq. Projet non exécuté.
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 1977 - Immeuble d’appartements et appartement
1979 - Ecole n° 7
Albert Niels
Projet non exécuté.
En association avec Robert Carlier. Projet non
6001 Marcinelle (Hainaut)
exécuté. 1979 - Cité Socolo Rénovation du quartier David
Rue du Grand Hospice, 1000 Bruxelles
En collaboration avec Jules Malaise. Projet non 1977
-
Réhabilitation
et
restauration
des
exécuté.
Casemates
Rue de l’Huame, rue David et rue du Fort Mahon,
En association avec Robert Carlier. Projet non
7012 Epinlieu (Hainaut)
exécuté. 1979 - Cité Enclos Vincent Van Gogh
Place Nervienne, 7000 Mons (Hainaut)
En association avec Albert Bontridder. Projet non 1977 - Maison Lannoy
exécuté.
En collaboration avec Dominique de Surgères.
Rue du Chemin de Fer, 7033 Cuesmes (Hainaut)
Datation incertaine. Rue Moulin 21, 6120 Montignies-le-Tilleul (Hainaut)
1977 - Bâtiment commercial Lotissement Bulty Projet non réalisé. 7034 Obourg (Hainaut)
1978 - Maison de Callatay En association avec Dominique de Surgères. 2e projet. Avenue Montgolfier 14, 1150 Bruxelles
1979 - Maison Bieswal En association avec Dominique de Surgères. Projet non exécuté. Avenue Challer, 1160 Bruxelles Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement B) Inventaire (Mons & Cœur du Hainaut) Dans la partie suivante, vous trouverez un inventaire des œuvres de Jacques Dupuis dans la région de Mons et le cœur du Hainaut. J’ai voulu rester dans la région proche de son lieu de naissance afin de vérifier le caractère régional de ses œuvres. De plus, celles-ci sont bien trop souvent méconnues à l’inverse de la Flandre et de Bruxelles où il commence à être reconnu à sa juste valeur et où certaines de ses habitations sont même classées. Les descriptions des œuvres sont basées sur mon vécu personnel pour celles que j’ai eu la chance de visiter et sur le «Guide d’architecture moderne et contemporaine 1885-2015 Mons & Coeur du Hainaut» pour les autres. Les œuvres reprises dans cet inventaire seront classées comme suit :
Habitation privée
Logement public
Équipement Voici la carte de l’inventaire des œuvres de Jacques Dupuis à Mons & Cœur du Hainaut :
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Carte personnelle - Inventaire des œuvres de Jacques Dupuis en Cœur du Hainaut
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
1. Maison Cavenaile TYPE : Habitation privée ADRESSE : Boulevard Fulgence Masson, 3a - 7000 MONS DATE : 1954 MAÎTRE D’ŒUVRE : Jacques Cavenaile DESCRIPTION : Cette maison possède 3 niveaux pour une largeur de 9m. Elle fût construite en même temps que la maison Jottrand (voir ci-dessous). A l’intérieur, la profession du MO exigeait une séparation entre la partie privée (à l’arrière) et la partie public (à l’avant de la maison). Des escaliers aux somptueux dessinés par Dupuis permettent les accès à ces différentes parties à partir du rez-de-chaussée. Les espaces intérieurs sont soignés et généreux, notamment grâce à une hauteur sous-plafond importante apportant luminosité et respiration au séjour. Sa façade possède un contraste intéressant grâce à sa couverture en plaques de grès en léger recul et entourée de murs refends en briques de ton sombre. Un auvent termine d’encercler la façade en protégeant du soleil les fenêtres de l’étage (chambres). Enfin, l’entrée est mise en scène grâce à un auvent sculpté en béton de manière organique par un artiste local : George Boulmant qui souligne la porte et le bow-window. (+ Voir entretien en annexe). 8
9
Maison Cavenaile - Cda
Maison Jottrand (avant transformations) - Alexis - Fonds d’archives Jacques Dupuis
2. Maison JOTTRAND TYPE : Habitation privée ADRESSE : Boulevard Fulgence Masson, 3 7000 MONS DATE : 1954 MAÎTRE D’ŒUVRE : M. Pierre Jottrand DESCRIPTION : Tout comme la maison Cavenaile, il s’agit d’une des premières réalisations modernistes des boulevards montois. Cette habitation possède deux niveaux pour une largeur de 16m, contrairement au parcellaire montois qui est de 6m dans l’intra-muros. La façade principale possède une certaine dimension sculpturale grâce à son entrée inscrite dans un petit volume en retrait par rapport au reste de l’habitation ainsi que par un auvent ajouré recouvrant un escalier recouvert de pierre bleue en opus incertum qui mène au rez-de-chaussée. Tout au-dessus de la façade principale se trouvait un auvent détaché du reste de l’habitation qui conférait à l’ensemble stabilité et dynamisme. Elle est complètement transformée par son propriétaire actuel. (+ Voir entretien en annexe) Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
3. Maison Anselin TYPE : Habitation privée ADRESSE : Chemin de Boutenier, rue du Piémont, 1 - 7837 ROISIN (HONNELLES) DATE : 1965 - 1968 COLLABORATEUR : Albert Bontridder DESCRIPTION : L’habitation est entourée par un paysage rural, loin des zones urbanisées. Elle se déploie sur le paysage en affirmant sa position par rapport au terrain. Contrairement à l’ensemble de son œuvre, Dupuis privilégie ici l’orthogonalité des murs sans aucune oblique ni pli hormis le muret près de l’entrée, marquant une fois encore le désir de mise en scène de l’entrée de Dupuis. Le typologie du volume fait penser aux maisons de campagne mais avec la terrasse de la chambre des parents perçant la toiture. La cuisine est ici au centre de l’habitation, chose plutôt rare à l’époque. Le séjour et le coin feu bénéficient de magnifiques vues sur le paysage grâce à de larges baies, marquant une fois de plus le désir de Dupuis d’inscrire ses habitations dans le paysage en créant des tableaux visuels. Maison Anselin - Guide d’architecture moderne et contemporaine 1885-2015 Mons & Coeur du Hainaut 10
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Maison Huart - Marie-Françoise Plissart
4. Maison Huart TYPE : Habitation privée ADRESSE : Rue du Bois d’Havré, 52 7000 MONS DATE : 1964 - 1966 COLLABORATEUR : Albert Bontridder DESCRIPTION : Cette maison est inscrite dans un très grand terrain de 32 m de large (16m à l’arrière) pour 85 m de long. Dupuis a réalisé une recherche plastique importante entre le sol et la couverture pour ce projet. Les toitures forment des plis grâce à des pentes différentes qui marquent les pièces de jour et celles de nuit. Dupuis a réussi à créer des trompes l’œil grâce à des toitures dont les faîtes ne sont pas horizontaux. Un auvent marque une fois de plus l’entrée. À l’intérieur, les niveaux sont également différents, notamment le sol du salon qui est 60 cm plus bas. Au niveau du plan, on remarque encore une fois l’aisance de Dupuis à maîtriser l’oblique et de provoquer une mise en scène spatiale grâce à des fuyantes judicieusement conçues., Créant ainsi de véritables tableaux ! Un plan d’eau et des murets également obliques finissent de poser l’habitation dans son environnement. Enfin, il est intéressant de noter que l’artiste Georges Boulmant a réalisé le vitrail du coin salon et une fresque près de la cheminée. (+ Voir entretien M. Mawet en annexe) Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
5. Habitation et atelier Camus «Ker Michel» TYPE : Habitation privée ADRESSE : Chaussée de Binche, 163 - 7000 MONS DATE : 1960-1961 (projet initial), 1966 (extension) COLLABORATEUR : Albert Bontridder, Jacques Moreau, Jacques Dehon DESCRIPTION : Il s’agit ici de l’habitationatelier personnels de Gustave Camus, un artiste très important à Mons qui était également un ami proche de Dupuis. La maison est située très en retrait par rapport à la route et dans une pente. Le goût de Dupuis pour le cheminement vers l’entrée est une fois encore de rigueur ici. En effet, il faut longer le salon et le garage en passant à sous une fine toiture en béton avant d’arriver dans une cour fermée par un mur qui met en scène l’entrée. Ce procédé permet de privatiser l’entrée tout en gardant l’apport de lumière (sud-ouest), comme si Dupuis voulait que les habitants soient protégés de l’extérieur en créant un îlot de sérénité. Tout comme la maison Anselin (voir page précédente), il y a très peu de murs obliques dans cette maison mais énormément d’appels de lumières surprenants. Une verrière située au nord permet d’apporter énormément de lumière à l’atelier et d’accentuer sa relation avec le paysage. Enfin, les toitures forment une pente douce à l’instar du terrain.
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Maison Camus - Marie-Françoise Plissart
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Maison Spinette - Cda
6. Maison et atelier Spinette TYPE : Habitation privée et atelier d’artiste ADRESSE : Chaussée Roi Baudouin, 272 7030 Saint-Symphorien DATE : 1962 - 1963 COLLABORATEUR : Albert Bontridder DESCRIPTION : Cette maison s’implante sur le terrain sous la forme d’un L ouvert, comme de nombreuses autres maisons conçues par Dupuis. Il est également intéressant de noter l’influence du suédois Erik Gunnar Asplund dans ce projet. Dupuis a refermé le coté rue (Nord) grâce au garage et à un muret oblique afin de protéger une fois encore la porte d’entrée et de créer un cheminement comme une sorte de parcours initiatique du public au privé (l’intime), mais aussi grâce à des matériaux de sols différents et au tracé irrégulier, forçant l’usager à ralentir, se détourner, admirer, respirer. Au contraire, la maison est très ouverte au sud afin de permettre une vue stupéfiante sur son paysage. La maison est en fait couverte de deux toitures dont les pentes s’opposent, la première part du point bas au-dessus du garage pour remonter à l’étage, la seconde couvre le rez-de-chaussée en couvrant la porte d’entrée. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
7. Maison et dépôt de bières Michaux TYPE : Habitation privée et entrepôt ADRESSE : Chaussée du Roi Baudouin, 252 - 7030 SAINT-SYMPHORIEN (MONS) DATE : 1958 - 1959 COLLABORATEUR : Albert Bontridder DESCRIPTION : Il s’agit ici d’un bel exemple d’influence sans conteste du pavillon de la Finlande de l’Exposition de 1937 réalisé par Alvar Aalto (notamment en ce qui concerne la paroi-façade enveloppante en lattis vertical en afzelia aux angles arrondis permettant la continuité plastique de l’enveloppe). L’entrepôt est semi-encastré par rapport à la rue, de 22 m x 14 m, sous la maison de plain-pied de 180m2. Le socle (entrepôt) est recouvert de pierre de taille brutes avec des joints profonds (chers à Dupuis). Un mur en légère pente termine de planter la maison dans son environnement en longeant l’allée. Sur les plans d’origine, Dupuis revenant d’un voyage au Japon, on devait passer sur un petit pont de pierre surmontant un étang avant d’arriver à l’entrée. Suite à un budget limité, aucun filtre n’existe entre l’entrée et la route. De plus, l’aspect est très sculptural tout en étant représentatif. De la rue, deux volumes se distinguent : un premier très ouvert et en porte-à-faux avec de larges baies et une cheminée sur dimensionnée, un second abritant les chambres est presque entièrement fermé. Sur la parcelle attenante à l’ouest et en collaboration avec Jean Hennaut, Dupuis construit pour les filles Michaux une double maison. + Voir entretien en annexe. 15 14
Maison Michaux - Cda
Maison De Racker - Guide d’architecture moderne et contemporaine 1885-2015 Mons & Cœur du Hainaut
8. Maison De Racker TYPE : Habitation privée ADRESSE : Rue de la Baronne, 35 7181 FELUY (SENEFFE) DATE : 1964 - 1965 COLLABORATEUR : Albert Bontridder DESCRIPTION : La maison se situe en face d’une ancienne carrière réhabilitée en étang. Elle épouse la courbe de la rive et est parfaitement intégrée au paysage. Une fois encore, Dupuis utilise les obliques dans son plan des fentes verticales et de larges baies vitrées afin de dilater l’espace et élargir les perçantes. A L’arrière, les façades sont largement ouvertes afin de bénéficier des vues sur l’ancienne carrière. Le paysage et l’habitation ne font plus qu’un. Les toitures d’un seul versant sont légèrement inclinées et sont en avancées par rapport à la façade exposée au sud afin de la protéger du soleil en été. Enfin, Dupuis utilise encore de larges murs blancs aveugles et le garage pour privatiser l’espace de la rue. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
9. Maison Crappe TYPE : Habitation privée ADRESSE : Sentier Mesquine, 22 7181 FELUY (SENEFFE) DATE : 1964 - 1965 COLLABORATEUR : Albert Bontridder DESCRIPTION : Il s’agit ici de l’habitation personnelle de Cyrille Crappe, une personnalité influente de l’urbanisme belge. Elle se situe en-dehors des zones urbaines. Une fois de plus, Dupuis favorise de par son architecture des vues sur le paysage et des apports de lumière naturelle grâce au décalage de ses parois. Les matériaux extérieurs sont simples : bois et briques peintes en blanc ainsi que des pierres bleues en opus incertum qui recouvrent les murets. Ces derniers assurent une fois encore le cheminement et l’intimité chers à Dupuis.
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Maison Franeau «La Roncière» - Cda
Maison Crappe - Guide d’architecture moderne et contemporaine 1885-2015 Mons & Coeur du Hainaut 16
10. La Roncière
TYPE : Habitation privée ADRESSE : Route d’Ath, 322 7050 ERBISOEUL (JURBISE) DATE : 1960 - 1968 COLLABORATEUR : Albert Bontridder DESCRIPTION : Aussi appelée la maison Franeau, il s’agit d’une des plus belles réalisations du duo DupuisBontridder. Cette maison est pleine d’expériences sensorielles et émotionnelle. Dupuis a pu Réunir ici l’ensemble de ses principes architecturaux. De plus, elle est située dans un cadre verdoyant exceptionnel de plus de trois hectares en légère pente. La façade sud est largement ouverte sur le paysage. Tandis que la nord est plus fermée assurant la privatisation. La mise en scène de l’entrée est assurée depuis la route grâce à un cheminement tout en courbe de 50 m de long entre les arbres. Des murets en briques peintes en blanc et la pente du terrain finissent de qui mettre en scène la maison dans son environnement. Une fois encore, Dupuis a su diriger le regard du visiteur sur l’ensemble de sa Maison Grâce notamment a la cheminée qui ancre un peu plus la maison dans le paysage en accentuant son horizontalité. Les toitures sont en légères pentes afin de s’intégrer au mieux au site. L’immense rotonde de la salle à manger finit le cheminement visuel en enroulant le paysage autour d’elle et en accrochant la maison au sol. Telle un point sur le i, telle une tour de garde, elle finit le cheminement visuel.
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
11. Maison Dumont TYPE : Habitation privée ADRESSE : Rue des États-Unis, 31 7090 Braine-le-Comte DATE : 1956 - 1965 COLLABORATEUR : Albert Bontridder DESCRIPTION : Il s’agit ici d’une maison mitoyenne d’une largeur de 12 m dans un cadre urbain. Sa façade est monumentale et expressive. Elle est incurvée et en recul de 1 m et est presque aveugle et recouverte de marbre gris. Comme dans d’autres maisons, Dupuis utilise les murs de refends et le toit en saillie pour protéger les baies de l’étage du soleil. La porte d’entrée est découpée dans la masse du mur aveugle, rappelant l’entrée de la maison Michaux, creusée elle aussi dans la façade. Les baies vitrées de l’étage donnent l’impression d’être encore plus en retrait grâce à des colonnes métalliques qui se trouvent devant les montants verticaux des châssis. Enfin, la profondeur visuelle et le cadrage sont une fois encore mis en avant grâce à certains murs obliques qui apportent également une meilleure orientation sur ce terrain assez mal orienté. 18
Maison Dumont - Maurizio Cohen
Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
12. Cité de l’enfance «le ropieur» TYPE : Aide à la jeunesse ADRESSE : Chaussée de Beaumont, 21 7000 MONS DATE : 1956 - 1971 (Phase 1) 1974 - 1980 (Phase 2) COLLABORATEUR : Léon Bauduin, Albert Bontridder DESCRIPTION : Il s’agit d’un centre pour enfants orphelins ou privés de leurs parents par la justice. Il est situé dans un environnement rural et est composé de 7 pavillons dispersés dans de vastes espaces verts : salle de fêtes, auditorium, siège administratif, ... Nous pouvons clairement observer l’influence scandinave de Dupuis dans ce projet. Les volumes sont traités afin de les rendre encore plus reconnaissables : briques émaillées (ton brun ou ocre foncé) en relief formant un motif ou placées de façon plus traditionnelle. Le auvent cher à Dupuis est une fois encore utilisé pour l’entrée principale. Grâce à un équilibre des proportions et avec beaucoup d’élégance, Dupuis a réussi a créer un endroit accueillant malgré un langage plutôt sévère. 19 Cité de l’enfance «Le Ropieur» - Guide d’architecture moderne et contemporaine 1885-2015 Mons & Cœur du Hainaut
Maisonnettes pour vieux conjoints - Cda
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13. Maisonnettes pour vieux conjoints TYPE : Logement public ADRESSE : Rue Edmond Leburton, 1-34 7390 QUAREGNON DATE : 1952 - 1953 COLLABORATEUR : Simone Guillissen-Hoa DESCRIPTION : Il s’agit ici de 33 habitations disposée le long d’une rue. Son implantation met en avant des espaces publics généreux ainsi qu’une diversité au niveau des jardins en mettant une fois encore la singularité en avant par rapport à la standardisation en vogue à cette période tout en restant dans une typologie modeste. Le rappel aux cités jardins est ici très fort (déclivité, larges pelouses, plantations,...). Hormis le décalage entre les maisons, Dupuis utilise un contraste entre les pignons et les murs de refends (en briques) et les façades (à l’origine peintes en couleurs différentes). Les avancées de toitures terminent le cadrage provoqué par les murs de refends tout en garantissant une protection contre le soleil en été. Le tout formant un ensemble aux qualités graphiques et spatiales intéressantes. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
14. Cité de Quaregnon TYPE : Logement public ADRESSE : Rues de l’Amitié, 1-23, de Condé, 1-12 et 13-36, Edmond Leburton, 1-34 et avenue du Travail, 50-110 et 109-125 7390 QUAREGNON DATE : 1948 - 1952 COLLABORATEUR : Léon Bauduin DESCRIPTION : Dupuis montre ici sa maîtrise de l’espace et son intégration au paysage en effectuant une recherche architecturale de qualité. En effet, les maisons se situent à proximité des terrils. Bien qu’il y ait énormément d’habitations, Dupuis les a dispersé en nombres de quelques logements eux-mêmes décalés entre eux mais tout de même orientés dans l’axe Nord-Sud. Grâce à cette implantation, Dupuis offre des perspectives une fois encore enrichissantes pour le paysage et les habitants en créant un rythme intéressant. Une fois encore, la singularité prime sur la standardisation. En effet, lors de leur création, chaque habitation possédait une identité propre grâce à la variation des matériaux et une variété formelle montrant une fois encore toute caractère très humaniste de Dupuis. 21
Cité de Quaregnon - Cda 22
Cité d’habitations à bon marché - Guide d’architecture moderne et contemporaine 1885-2015 - Mons & Cœur du Hainaut
15. Cité d’habitations à bon marché (HBM) TYPE : Logement public ADRESSE : Cité de la Croix Rouge 7340 WASMES DATE : 1948 - 1953 COLLABORATEUR : Léon Bauduin DESCRIPTION : Il s’agit d’une petite cité d’habitations à bon marché. Elle se rapproche pour une partie du dessin des maisonnettes pour vieux conjoints à Quaregnon (voir page précédente). Elle est également composée de maisons uni-familiales avec un étage. Jacques Dupuis a pu exprimer sa créativité dans l’implantation des maisons en proposant des espaces verts et collectifs de qualité. Le traitement des façade est assez simple, privilégiant les contrastes entre les briques et enduits. On remarque également ici les murs de refends et avancées de toitures chers à Dupuis. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
16. Siège de la société générale de banque TYPE : Banque ADRESSE : Boulevard Dolez, Avenue Frère Orban, Rues des Archers et du Chanoine Puissant - 7000 MONS DATE : 1966 - 1969 COLLABORATEURS : Albert Bontridder (conception), Henri Guchez (exécution) MAÎTRE D’ŒUVRE : Société générale de Banque DESCRIPTION : La banque fut construite à l’emplacement des Brasseries Caulier suite à un concours d’architecture. Le bâtiment fait environ 10 000 m2 répartis sur dix niveaux dont deux enterrés. Il s’agit d’une exception dans le style architectural de Dupuis et se rapproche d’un style plus internationalisant : un volume vitré englobé dans une structure en béton rythmée telle une résille. La structure externe permet de libérer de larges plateaux fonctionnels en exploitant la standardisation et la préfabrication. La banque est placée sur un socle qui le met en valeur mais aussi pour des raisons de stabilité (nappe aquifère très haute à Mons). Enfin, un auvent oblique au porte à faux impressionnant couvre l’entrée. 23
Siège de la société générale de banque - Cda Institut provincial pour aveugles et amblyopes - Alexis, fonds d’archives Jacques Dupuis
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17. Institut provincial pour aveugles et amblyopes TYPE : École primaire et secondaire spécialisée ADRESSE : Rue du Temple, 2 - 7011 GHLIN (Mons) DATE : 1950 - 1963 COLLABORATEURS : Simone Guillissen-Hoa, Albert Bontridder DESCRIPTION : Le complexe forme un village pour aveugles composé d’habitations, de deux écoles, de locaux médicaux et administratifs, d’une salle de jeux et de gymnastique, d’un potager, d’une plaine de sports et d’une salle des fêtes. Dupuis a pu exprimer toute sa créativité en dépassant la simple logique fonctionnelle. De par son jeune âge et par l’époque de la construction, Dupuis fait preuve d’une grande imagination en étant même précurseur sur le plan international de par la créativité de ce projet. Malheureusement, le projet final dut faire face à des restrictions budgétaires et ne put être totalement abouti tel que Dupuis l’avait imaginé. Le schéma général suit néanmoins une logique fonctionnelle tout en étant organique grâce à une déstructuration géométrique formant des échappées visuelles et des appels de lumière. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
18. École gardienne de Frameries TYPE : École Maternelle ADRESSE : Placette Calmette, 1 7080 FRAMERIES DATE : 1953 - 1957 COLLABORATEURS : René Panis, Simone Guillissen-Hoa, Émile Fays DESCRIPTION : L’école est conçue de façon ludique par Dupuis comme si c’était un jouet en tenant compte des exigences physiques et psychologiques liés à l’enfance. De par sa particularisation, il est en rupture avec la tendance du moment qui visait à la standardisation. De fait, chaque espace possède sa propre personnalité qui est très facile à reconnaître pour les enfants grâce à différentes astuces (polychromie, volumétries différentes, ...). Albert Bontridder dira que Dupuis a su se transformer en Merlin l’enchanteur afin de transformer l’espace en un monde de rêve et de jeux. Ainsi, l’architecture intègre des objets fixes tels des repères spatiaux. De plus, la salle polyvalente possède une forme qui fait penser à un chapiteau de cirque ou aux terrils (mémoire régionale). Le jardin est également dessiné en osmose totale avec l’univers merveilleux voulu par Dupuis mais a aujourd’hui disparu. 25
École gardienne de Frameries - Alexis - Fonds d’archives Jacques Dupuis
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Stade Communal Louis Piérard - Cda
19. Stade communal Louis Piérard TYPE : Stade et plaine de jeu ADRESSE : Rue Alphonse Brenez - 7390 QUAREGNON DATE : 1938 (conception) 1952-1955 (réalisation) COLLABORATEUR : Maurice Lhoir, Jean Van Laethem DESCRIPTION : Il s’agit d’un des tout premiers projets du Dupuis qui n’a que 24 ans à l’époque. Néanmoins, la réalisation fut bloquée durant la guerre et relancée en 1946 mais ne fut réellement commencé qu’en 1952. Le projet initial comprenait notamment une plus grande plaine de jeux. Le tribune est couverte d’un auvent en béton armé tandis que la façade côté rue est recouverte de briques alternant tons rouges et blancs entourant de larges baies vitrées. Enfin, Dupuis collabore une fois de plus avec l’artiste local Georges Boulmant pour une sculpture située à l’entrée du stade. Malheureusement, aujourd’hui le stade est dans un triste état. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement 2. L’architecte A) Jacques Dupuis et le rôle de l’architecte «Je crois que les premiers urbanistes doivent être les hommes politiques et les économistes car ils connaissent bien les besoins des hommes et savent ce qu’il faut faire. [...] Je souhaite qu’on revienne au Moyen Âge, à l’anonymat des bâtiments. L’architecte est un serviteur et il doit se persuader que seule l’humilité lui permettra de se renouveler sans cesse, sans quoi son travail tombe dans le système et la banalité».16 Dans cette intervention de Dupuis, on peut lire sa crainte concernant la future globalisation de l’architecture. En effet, son œuvre est caractérisée par un besoin de se démarquer des conventions pour donner vie à une architecture riche de sens, de nuances, parfaitement intégrée et qui perdrait tout son sens si elle était placée ailleurs.
B) Jacques Dupuis et sa position par rapport au Modernisme «C.D. : Vous avez une conception de l’architecture qui, peut-être, a pu être révolutionnaire, en tout cas qui a révolutionné certaines choses ! J.D. :Oui, c’est-à-dire que je suis arrivé après l’époque, disons, qu’on appelle post-cubiste et cette architecture ne m’a pas plu, celle de le Corbusier, la machine à habiter, ça me semblait inadéquat au climat de ce pays, alors... C.D. : Déjà rien qu’à cause de la météorologie ? J.D. : Rien qu’à cause de la météorologie ! Vous le savez, la Belgique est un pays où il y a du vent, où la température change ... Il faut donc se protéger du vent, la pluie n’est pas verticale, elle est horizontale et au surplus...»17 Il faut se rappeler que Dupuis a suivi ses études d’architectures à la Cambre, dont le directeur-fondateur n’est autre que le «Maître» Henri Van de Velde, pour qui la Cambre était une «citadelle avancée du modernisme», un bastion éducatif du socialisme et qui accueilli Dupuis. «Jacques Dupuis appartient à 16 Propos recueillis par Maurice Haurez. «L’architecte Jacques Dupuis, prix de l’Académie Picard», in Le Peuple, 27 mai 1952, pp. 1-2. 17 Extrait de l’entretien dans Hainaut Soir Mons-Borinage par Colette Deschamps à l’occasion de la remise du Prix Horta, 1982. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement la première génération d’architectes belges éduqués hors du respect absolu de l’histoire, au sein d’une école qui s’apparentait plus, de par son cadre monastique, sa population restreinte et sa différence doctrinale déclarée, à une communauté de production qu’à un établissement scolaire»18. Ses trois principaux professeurs étaient trois des principaux propagandistes belges du Mouvement Moderne !
«En ce milieu des années 30, le Mouvement moderne est devenu, en Belgique, une doctrine architecturale légitime. Ses idées orientées par le principe de la Raison, enseignées, depuis bientôt dix ans, à l’Institut des Arts Décoratifs de la Cambre, avait alors déjà plein droit de cité dans le débat architectural. Nombreux étaient les architectes qui reconnaissaient la valeur des idées nouvelles, du moins leur apport critique salutaire, mais néanmoins conjoncturel, sans pour autant en accepter les conclusions les plus radicales.»19
Tout d’abord, nous pouvons observer que le Mouvement Moderne a influencé l’œuvre de Dupuis, notamment en ce qui concerne ses préoccupations pour l’amélioration de la qualité de vie des habitants (salubrité comme priorité morale). Néanmoins, Dupuis s’en éloignera très vite. Contrairement à la boite à habiter du Corbu, Dupuis développe donc une boite à émouvoir en voulant «décongestionner le fonctionnalisme»20. «Il sort tout de même de la Cambre où il a eu Victor Bourgeois, mais lui ne veut pas faire de toitures plates. Il fait des toitures en pente et utilise de la pierre bleue, de l’ardoise,… Donc en effet, il y a forcément des emprunts à une culture locale. Qu’aurait-il fait s’il avait construit en Provence ? Est-ce qu’il aurait travaillé avec des pierres de là-bas ? Probablement. Par contre, la 18 «Jacques Dupuis ou le bonheur de l’architecture», in Cat. exp. Madeleine SabauDupuis et Jean-Jacques Warzée. Université de Mons, Centre socioculturel «Maison du cerf Blanc». 1987. Pp. 9 19 Ibidem 20 ARON Jacques dans «La Cambre et l’architecture - Un regard sur le Bauhaus belge» p.134 Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement manière d’organiser les formes restait très organique. Là, ça reste une attitude très moderne. Il est libéré des contingences techniques et articule les choses. Cette vocation à maîtriser le monde, y compris le territoire, le paysage qui est inscrit dans la parcelle, c’est très dessiné.»21
Enfin, j’aimerais citer Raymond Balaud qui a encore une fois une vision très juste de la position de Dupuis : «Il faut considérer la question de la doctrine à La Cambre (Van de Velde), et ce qu’elle est devenue pendant l’occupation WWII sous l’égide du CGRP, où Jacques Dupuis a assuré quelques prestations, de même que Roger Bastin et pas mal d’architectes issus de l’ISAD La Cambre. Dans ce contexte, il faut aussi prendre en compte l’idéologie qui a prévalu pour des initiatives comme Le renaissance des Ardennes, sur toile de fond de destructions traumatisantes mettant à mal les références les plus avancées, et poussant à renouer avec des éléments de tradition à la fois en alternative à l’ex-contrôle esthétique et en recherche de typologies susceptibles de réparer les tissus urbains dévastés [...] Il faut aussi, pour essayer de débrouiller la dialectique de la modernité et de la tradition, se pencher sur le cas du chanoine André Lanotte, qui a confié à Bastin et Dupuis de nombreuses occasions de s’essayer à l’exercice de renouer avec un passé immémorial tout en avançant à pas comptés, mais fermes dans la direction d’un renouveau. Il faut aussi compter avec l’opportunisme circonstanciel, qui fait passer d’un modèle à un autre selon d’où vient le vent ; je ne parle bien entendu pas ici de Bastin ni de Dupuis, mais d’une ambiante générale.».22 «Les années 45-55 ont vu ressurgir beaucoup de schèmes historiaux stylisés pour leur donner un look modernisé, selon une éthique de la tradition remise au goût du jour eu égard à la rupture de fait qu’a constitué la guerre. Ce qui s’est joué là n’était pas uniquement une angoisse face au côté désincarné du moderniste fonctionnaliste érigé en raison d’état, ou pire, face au côté «machine de guerre» des avant-gardes, mais - cf. Alvar Aalto - un scrupule face 21 Propos recueillis lors de mon entretien du 19/07/16 avec Marc Mawet au sujet de Jacques Dupuis et du Modernisme, voir copie en annexe 22 Entretien avec Raymond Balau Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement à l’héritage constitué par ce qu’ont peu avoir d’humain toutes les trouvailles des architectes, parfois dans les courants ou des situations parfaitement inconciliables. C’est précisément là qu’une part du génie de Jacques Dupuis a pu s’exprimer.» 23
Au final, je pense que ce caractère si particulier de Dupuis vient de plusieurs choses : un retour à une sorte d’artisanat (dans la construction nottament) durant l’après-guerre, la fantaisie et la fantasmagorie de Dupuis et les notions de décor (qui n’a jamais été vu négativement par Dupuis et qu’il savait manipuler comme personne, mettant encore une fois son art de la mise en scène, entremêlant ainsi réalité et fiction ... Certainement une façon pour lui de s’évader, de se créer un monde de rêve.
Ornement et Crime Dans son ouvrage majeur «Ornement et Crime», l’architecte Adolf Loos posa les bases du Modernisme en Architecture. Il déclare avoir « [...] libéré l’humanité de l’ornement superflu»9. Une architecture dépouillée privilégiant la qualité des matériaux et la simplicité de la forme. A l’époque, cette pensée était à l’opposé de l’éclectisme en place. Ainsi, la simplicité, la géométrie et la cohérence structurelles étaient privilégiées. La forme doit exprimer la fonction du bâtiment, sans ornements superflus. Pour illustrer cela, il utilise l’exemple d’un verre d’eau très simple et très clair en ce qui concerne forme et fonction : «Si je prends un verre d’eau, c’est pour boire, […] Le verre doit être ainsi fait pour que la boisson m’y semble la meilleure, […] la boisson doit aussi être absorbée dans de bonne condition.»9. Sans l’ornement et avec des formes et des volumes simples, fonctionnels et pratiques, on évite les tendances à la mode dont on se lasse très vite. Cela évite également un gaspillage de matériaux, de temps et d’argent. «Matériaux et travail ont le droit de ne pas être dépréciés tous les ans par de 23
Entretien avec Raymond Balau
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement nouveaux courants de la mode».24 Enfin, j’aimerais citer Jacques Aron à propos du projet de Dupuis et Bastin du Port Autonome de Liège : «Les jeunes architectes sont parfaitement capables de composer avec le souci de respecter une tradition de formes, et de concevoir une architecture ‘ornée’ en un temps où l’on s’emploie à dépouiller toute construction de ses agréments»25.
Less is more Célèbre pour ses fameuses devises «Less is more» (Moins c’est plus) et «Gott steckt im Detail» (Dieu se cache dans les détails), Mies van der Rohe a voulu faire passer le message d’une architecture épurée basée sur l’honnêteté des matériaux et l’intégrité structurale permettant de créer des espaces neutres et contemplatifs. De plus, nous pouvons voir dans son architecture un intérêt particulier pour le rapport intérieur-extérieur. L’extérieur est dès lors le prolongement de l’espace intérieur.
Less is less ? La «Starisation» de certains architectes apportant des solutions simples (parfois trop simples) à des problèmes architecturaux, autorisant une production rapide et se prêtant à l’exportation de projets par-delà les frontières, n’était pas du goût de Jacques Dupuis. Cette simplicité, cet appauvrissement architectural si superficiel, sans sens profond, manquant de présence et d’expression, sans richesse spatiale, sans concept est peut-être un refus d’aborder la complexité de l’architecture ? L’abstraction n’est efficace que si elle permet de mettre en avant un contenu sous-jacent … Mais si celui-ci est absent, less is less … A l’inverse, Jacques Dupuis avait la volonté de faire de son œuvre une architecture propre à un site, à un lieu, non standardisée. Il voyait la standardisation comme suit : «Le caractère inhumain de la standardisation outrancière, des meubles 24 LOOS, Adolf. Ornement et crime, 1908, 224 p 25 ARON Jacques dans «La Cambre et l’architecture - Un regard sur le Bauhaus belge» p.128 - Repris d’un article de la revue «Rythme» en 1950 Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement incassables et à crédit, des châssis qui suintent, des portes en toc, hourdis insonores. Mensonge moderne surtout ; l’Esprit grégaire. Le mal est physique et moral. Aux Architectes, il faut la compétence, à l’architecture un sens.»26
Régionalisme critique Nous pouvons placer Jacques Dupuis dans un courant qui a suivi le Modernisme : le régionalisme critique. Il s’agit d’une approche architecturale s’efforçant de palier l’indifférence de l’architecture Moderne à l’égard d’un site, d’un endroit, d’un lieu, d’un passé, en s’appuyant sur le contexte pour apporter des solutions architecturales. Le terme de régionalisme critique27 apparut pour la première fois en 1981 dans l’ouvrage d’Alexander Tzonis et de Liane Lefaivre «The grid and the pathway», puis plus tard par l’historien et critique d’architecture Kenneth Frampton dans son livre « Towards a Critical Regionalism: Six points of an architecture of resistance »28.
Selon Tzonis et Lefaivre : «le régionalisme critique n’a pas besoin de sortir directement du contexte, mais plutôt des éléments peuvent être isolés dans leur contexte et utilisés d’une façon inédite. Le but serait alors de rendre conscientes la perturbation et la perte du site qui sont déjà un fait accompli, par la réflexion et l’auto-évaluation»29.
Dans le livre « Towards a Critical Regionalism: Six points of an architecture of resistance », Frampton cite le philosophe français Paul Ricoeur (1913 2005): «comment être moderne et retourner aux sources, comment raviver une vieille civilisation endormie et prendre part dans la civilisation universelle ?» 26
ROCK, Jack (pseudonyme de Jacques Dupuis), Le Mensonge moderne et l’architecte in La Parole universitaire, 1937, pp. 1062-63.
27
Tzonis Alexander et Lefaivre Liane, The grid and the pathway. An introduction to the work of Dimitris and Susana Antonakakis, Architecture in Greece (1981) 15, Athènes.
28 Frampton Kenneth, «Towards a Critical Regionalism: Six Points for an Architecture of Resistance», in The Anti-Aesthetic. Essays on Postmodern Culture (1983) édité chez Hal Foster, Bay Press, Port Townsen. 29 Tzonis Alexander et Lefaivre Liane, The grid and the pathway. An introduction to the work of Dimitris and Susana Antonakakis, Architecture in Greece (1981) 15, Athènes. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement Selon Frampton : «le régionalisme critique devrait adopter de façon critique l’architecture Moderne pour ses qualités progressistes universelles, mais en même temps elle devrait envisager des formulations attentives au contexte. L’accent devrait être portée sur la topographie, le climat, la lumière, sur les formes tectoniques plutôt que la scénographie et sur le sens tactile plutôt que visuel». 30 Il utilise également la phénoménologie développée par Ricoeur pour appuyer ses arguments.
Frampton cite l’exemple de deux architectes : Jørn Utzon et d’Alvar Aalto. Selon lui, «l’église Bagsvaerd d’Utzon (1973–1976) près de Copenhague est une timide synthèse entre la civilisation universelle et une culture ethnique. Ceci est révélé par la coque extérieure rationnelle, modulaire, neutre et économique, en partie pré-fabriquée en béton (c’est-à-dire en référence avec une civilisation universelle), par rapport à la coque intérieure en béton armé, conçue sur mesure, sans souci d’économie et organique, signifiant, avec sa maîtrise de la lumière, un espace sacré et de multiples références trans-culturelles»31. Selon lui, la référence de ce projet ne viendrait pas de la culture occidentale pour cet exemple, mais viendrait plutôt dans les toits des pagodes chinoises. Utzon ferait donc référence à une autre culture ethnique afin d’enrichir son architecture.
En ce qui concerne Aalto, toujours selon Frampton : «la mairie de Säynätsalo (1952) en briques rouges qu’on peut, selon lui, assimiler à une résistance à la domination technologique universelle, mais aussi on peut y voir un jeu sur les qualités tactiles qu’offrent les matériaux ; par exemple en ressentant la friction entre le sol des escaliers en briques et le parquet en bois de la salle du conseil»32. Comme nous le verront plus loin, Jacques Dupuis sera énormément 30 Frampton Kenneth, «Towards a Critical Regionalism: Six Points for an Architecture of Resistance», in The Anti-Aesthetic. Essays on Postmodern Culture (1983) édité chez Hal Foster, Bay Press, Port Townsen. 31 Ibidem 32 Frampton Kenneth, «Towards a Critical Regionalism: Six Points for an Architecture Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement influencé par le travail d’Alvar Aalto, notamment dans la maison Michaux. Il n’est donc pas étonnant que cette caractéristique de son architecture ait également marqué le travail de Jacques Dupuis.
Contrairement au régionalisme critique, le régionalisme essaie de singer, de façon mimétique, l’architecture vernaculaire consciemment sans prendre part au caractère universel de l’architecture. Le régionalisme critique est donc une réponse et une pensée philosophique post-moderne surtout évoquée dans les pays développés, qu’il ne faut tout de même pas confondre avec le style architectural Postmodernisme.
Parmi les architectes dont l’idéologie se rapproche du régionalisme critique, nous pouvons citer : Alvar Aalto, Mario Botta (tous deux déjà cités comme référence incontestables de Dupuis par Robert Carlier dans l’entretien que j’ai eu avec lui, en copie à la fin de ce mémoire), mais aussi Tadao Ando, Geoffrey Bawa, Charles Correa, B.V. Doshi, Merrill Elam, Studio Granda, Tan Hock Beng, Tay Kheng Soon, William S.W. Lim, Philippe Madec, Rafael Moneo, Glenn Murcutt, Juhani Pallasmaa, Raj Rewal, Mack Scogin, Alvaro Siza, Eduardo Souto de Moura, Studio Mumbai, Jørn Utzon, Simón Vélez et Ken Yeang.
C) L’anti global - Dupuis et son horreur du plan type Une diversité des formes et matériaux restant dans le même esprit, ne peut amener que du positif. Sous prétexte d’harmoniser la ville, de l’embellir, de la rendre plus compétitive vis-à-vis des autres, l’architecture actuelle de plus en plus standardisée et sans réel soucis de diversification ne fait qu’appauvrir le paysage urbain. «Dupuis ne consent pas à une architecture servile. Tous les aspects de la facilité lui déplaisent. Une symétrie non justifiée lui fait horreur. Par nature il of Resistance», in The Anti-Aesthetic. Essays on Postmodern Culture (1983) édité chez Hal Foster, Bay Press, Port Townsen. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
II. Développement est ennemi de la série et du plan-type. Construire, au sens le plus matériel du terme, n’est pas pour lui un besoin physique.»33
En reprenant l’étymologie même du mot vernaculaire, nous pouvons nous demander si à l’heure actuelle, l’esclave né dans la maison deviendrait-il dès lors esclave de sa propre maison ? L’homme du futur, quel que soit son pays, doit-il absolument vivre dans une boîte à chaussures ?
Jacques Dupuis, par son œuvre, dénonce cette standardisation et cette globalisation en adoptant une position allant en rupture par rapport à ce qui existait à l’époque. Ainsi, il utilise l’oblique, ce qui était tout à fait révolutionnaire à l’époque. Dans son œuvre, il aime provoquer la rupture grâce à une oblique qui permet à l’humain de se perdre dans le paysage. Ainsi, l’habitation ne forme plus qu’un avec celui-ci. Il crée des différences de niveaux, joue avec la lumière, remet le foyer au cœur de l’habitation rendant ainsi tout son sens au lieu de vie. De plus, il ne se limite pas à créer du bâti, mais façonne également le paysage autour de celui-ci afin que les deux entités ne fassent plus qu’une. L’habitation est ainsi intégrée au mieux à son environnement. Foulé aux pieds par l’architecture moderniste, le vernaculaire retrouve dans l’œuvre de Dupuis sa raison d’être par son respect des traditions. «Il ne fait pas de doute que l’architecture belge s’est soudain reconnue dans les maisons de Dupuis, comme elle s’était reconnue, en 1893, dans la première maison «Art Nouveau» de Horta; elle a dû y reconnaître à la fois l’individualisme - car une maison de Dupuis ne s’imite ni ne se reproduit - et le respect - l’amour devrais-je dire - de la vie privée et de la nature.»34
33 34
PL. FLOUQUET, Pl. in La maison, n°2, 1960, p. 48.
PUTTEMANS, Pierre in Neuf, n°110, 1984, p. 24 Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement D) Ses influences Jacques Dupuis était connu comme étant une personne intelligente et cultivée. Il héritera de la sensibilité et le talent de sa mère et du sens de la précision de son père. Tout comme son père, il sait jouer du piano et est sensible à la musique classique. Il adore le cinéma d’avant-garde, ainsi que le théâtre et la littérature. Dupuis s’inspire énormément de ses lectures, on disait qu’il avait une énorme bibliothèque. Mais il s’inspire aussi énormément de ses voyages. En effet, déjà très jeune, il a fait des voyages encyclopédiques avec son père, qui lui ont été bénéfiques durant toute sa carrière. Jacques Dupuis avait une capacité à métisser, à rassembler dans une même habitation des éléments issus d’une époque ancienne, contemporaine ou d’avant garde. Il sera très influencé par l’art romain, le moyen âge (gothique) et le baroque français. En effet, l’Antiquité apparait nettement dans les projets de Dupuis, surtout dans certains détails de ses projets avant les années cinquante. Pour lui, il n’était pas question d’imiter un style du passé, mais plutôt de s’en inspirer pour trouver des solutions de composition et de propositions pour l’architecture actuelle. Ses voyages le porteront à faire le tour du monde, mais il fût très souvent dans le Sud de la France et en Espagne. « … il découvre, à l’occasion de ces voyages, un urbanisme spontané issu des topographies et non des codes. Les moeurs des habitants ainsi que leur façon d’occuper l’espace sont reçus comme un leçon importante.»35 Dans l’extrait suivant, on remarque l’intérêt que portait Dupuis à ses voyages et à ce qu’il pouvait en rapporter en Belgique afin d’améliorer notre quotidien. Pour lui, nulle question de garnitures, pour lui l’architecture devait avant tout être utile ! Le reste étant ce qu’il nomme « Bourgeois ». Pour lui, l’Homme devrait donc arriver à se libérer de l’architecture et donc revenir à un aspect plus vernaculaire, plus libre, plus humaine ! « Mes voyages m’ont donné le sentiment de notre petitesse et m’ont fait rêver, 35 Jacques Dupuis l’architecte, p. 56 Maurizio Cohen & Jan Thomas - Ed. La Lettre volée Communauté française de Belgique. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement avec les yeux ouverts, évidemment, avec les pieds sur terre, de ce l’on pourrait faire en Belgique si on le voulait réellement et sincèrement. Nous sommes en architecture indiscutablement bourgeois et les victimes sont partout. J’appelle bourgeois ce qui est médiocre, satisfaisant, servile, enclin à l’inutile, à la vanité, à la prétention, au porte-à-faux, à la volonté de paraître».36 Malgré le fait qu’il a énormément voyagé, Jacques Dupuis reste très attaché à sa région. Dès lors, on peut voir qu’il essaie d’emprunter ce qu’il y a de mieux ailleurs pour l’apporter chez lui. « J’ai voyagé beaucoup, je crois que j’ai fait le tour du monde une fois et demi, là où les hommes ont laissé quelque chose, c’est l’enseignement que je voudrais bien laisser au prochain grand maître de l’architecture parce que sans l’exemple des autres on ne voit rien et ce fut le bénéfice de mes honoraires. Je souhaiterais, moi, qu’un jour, une compagnie comme la Sabena dont les avions sont quelques fois vides, mette dans le fond, dans la queue ou quelque part, des architectes pour qu’ils voient le monde et la Belgiue qui est un carrefour […] Voir le pays d’en haut, c’est le connaître et l’apprécier : voir d’en ba, c’est le connaitre un petit peu, les meurs des hommes et en faire profiter à la fois ceux pour lesquels on construit, les inventeur, éventuellement les autres. […] Je dis de Mons ceci, je suis né à 6 mètres d’altitude (je peux le dire) je suis monté à 37 mètres, c’est la hauteur du bas du Beffroi, c’est une escalade et je suis resté à Mons à la suite d’une idée, d’abord ma nouvelle épouse, et puis en faisant le voyage d’Helsinki à Capri, sur l’autoroute, j’ai vu ce plan d’eau et ce merveilleux bijou qu’est la ville de Mons comme une pierre précieuse installée derrière le plan d’eau […] ».37
Hormis quelques amis et professeurs (Eggericx, Bourgeois), Dupuis ne s’intéresse que très peu aux architectes belges. Il mentionne régulièrement les architectes scandinaves : Östberg, Asplund, Lewerentz, Aalto, Jacobsen 36 Maurice Haurez, « L’architecte Jacques Dupuis, prix de l’Académie Picard », in Le Peuple, 27 mai 1952, pp.1-2. 37 Colette Deschamps, Interview de Jacques Dupuis, in Hainaut Soir Mons-Borinage, 1982. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement (l’architecture scandinave porte une attention particulière au contexte et aux conditions climatiques). Il nommera encore Gaudi (dont la mère vient de Tournai) et Hankar, un architecte Borain. «Lors de ses études à la Cambre, Dupuis eut comme professeurs trois des principaux propagandistes belges du Mouvement moderne : l’architecte des principales cités-jardins construites en Belgique au lendemain de la Première Guerre mondiale, Jean J. Eggericx, «c’est excellent technicien» -comme le qualifiait A. Bontridder dans l’essai qu’il a écrit comme introduction au numéro spécial d’Architecture 61, un texte qui garde encore, aujourd’hui, toute sa pertinence de par sa double fonction de témoignage et de déclaration de principes-, le vice-président des Congrès Internationaux d’Architecture Moderne (CIAM), Victor Bourgeois, «ce causeur brillant», et l’architecte Jean De Ligne, nommé depuis peu à la Cambre, sans oublier le chef de l’atelier de céramique, auprès duquel Dupuis compléterait sa formation artistique, une fois ses études d’architecte terminées. Du premier, son chef d’atelier d’architecture, Dupuis apprend la primauté du plan dans la mise en forme, et donc de l’usage, mais aussi la valeur exemplaire de l’architecture vernaculaire. Le second l’entretient, s’il ne le convainc de la signification sociale de l’architecture et des vertus de l’indigence matérielle. Ces années d’études sont aussi celles des amitiés essentielles : Jacques Dupuis était dès lors très lié à Roger Bastin ainsi qu’à Eugène Delatte, leur aîné et, en quelque sorte, leur protecteur. Leur origine provinciale commune les rapprochaient sans doute tout comme leur éducation catholique».38
Enfin, on peut également citer dans les influences de Dupuis, Hans Scharoun qui fût un des représentants de l’architecture organique.
38 «Jacques Dupuis ou le bonheur de l’architecture», in Cat. exp. Madeleine SabauDupuis et Jean-Jacques Warzée. Université de Mons, Centre socioculturel «Maison du cerf Blanc». 1987. p. 9. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement I. Jean-Jules Eggericx, né en 1884 à Anderlecht, était un architecte belge luimême très influencé par le travail de l’urbaniste britannique Ebenezer Howard et son concept de cité-jardin, lors de son exil en Angleterre pendant la 1ère guerre mondiale et plus exactement dans les rues de Letchworth Garden-City (prototype de la cité-jardin imaginée par Howard). Alors que celui-ci était stagiaire chez Victor Horta, il rejeta les principes de l’Art Nouveau afin de privilégier le Modernisme. Fils d’un jardinier, Eggericx avait une sensibilité paysagère beaucoup plus importante que nombre de ses contemporains. Il reviendra de son exil en Angleterre avec une affinité particulière pour le rapport entre l’architecture et la nature. En analysant ses cités-jardins «Le Logis» et le «Floréal» de Watermael-Boitsfort, nous pouvons nous rendre compte à quel point ce dernier avait l’intention d’insérer la campagne dans la ville. Ainsi, il permet aux populations plus modestes de bénéficier d’un bien-être incomparable dans les années 20. Jacques Dupuis rencontra Jean-Jules Eggericx alors qu’il n’était encore qu’un étudiant à La Cambre. Eggericx lui enseigna une architecture se rapportant à une tradition existante où la modernité est essentiellement liée à l’amélioration des éléments technologiques et de construction de l’habitation. Grâce à lui, Dupuis apprend la valeur de la culture et de la tradition locale à travers l’utilisation des matériaux, la nécessité de respecter la topographie et le rapport avec l’environnement.39
«Eggericx : très consciencieux, se préoccupait surtout de nous apprendre à concevoir un bon plan. Pour lui, c’était la base d’une bonne architecture. L’esthétique des façades ne l’intéressait qu’accessoirement, car elle relevait directement de la sensibilité individuelle qui, elle, ne s’enseigne pas. Bourgeois, co-fondateur des CIAM, avec Le Corbusier, nous entretenait des grandes réalisations en matière à l’étranger et nous ouvrait l’esprit sur les activités de Le Corbusier, Lurçat, Gropius, Mies Van Der Rohe, May, Meyer, [...] qu’il connaissait personnellement. Il ne s’intéressait pas spécialement à l’esthétique 39 COLLECTIF. J.-J. Eggericx. Gentleman architecte. Créateur de cités-jardins. CFCEditions - Archives d’Architecture Moderne, 2012, 336p. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement urbaine, mais nous inculquait les grands principes de l’aménagement des espaces bâtis et insistait sur la nécessité de faire, préalablement à toute étude, une enquête approfondie sur les caractères démographiques, sociaux, économiques, topographiques, etc., de la zone considérée ».40
«J’en avais beaucoup entendu parler et je me disais : voilà l’architecte belge de la troisième génération des novateurs qui est à la fois le plus connu et le plus méconnu, le plus admiré et le plus combattu.
Dans un petit pays comme la Belgique, aux traditions académiques solidement établies, où l’architecture moderne doit encore lutter pour se faire connaître, le talent dérange évidemment les positions établies ou préétablies. De plus, il s’agit ici d’un très grand talent. Nous nous sommes rencontrés dans l’avion lors d’un voyage d’études qui nous conduisait à Moscou. De ce voyage, je me souviens que Jacques Dupuis rapporta une collection d’images surprenantes. Ce qui était frappant, c’est qu’il s’agissait presque toujours de photographies d’hommes, de femmes, d’enfants, de documents humains pris sur le vif. Il y avait aussi quelques silhouettes, quelques bâtiments ou détails de construction, mais la caractéristiques principale était un intérêt passionné pour l’humain, pour l’existence de l’homme sous tous ses aspects.
J’ai appris, par la suite, que mon ami Dupuis n’avait cessé de parcourir le monde à la recherche de l’Homme et que cette passion de l’humain animait toute son œuvre ! C’est peut-être là sa façon de concevoir l’architecture... Peutêtre aussi ne l’a-t-on pas assez compris et qu’il s’agissait d’une architecture expérimentale sur l’animal humain. Nul n’a jamais pu dire à quoi ressemblerait son prochain bâtiment, parce que tout ce que Dupuis entreprend semble né des circonstances particulières ayant présidé à la conception et ne dépend d’aucune autre chose. 40 DELATTE Eugène, 12 pages manuscrites signées, rédigées à la demande d’André Lanotte, 8 avril 1989. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement Aucune règle ou théorie préétablie ne le préoccupe vraiment et il possède une faculté étonnante de s’adapter aux contingences. Le registre étendu de ses possibilités, son génie apte à créer des formes d’une grande originalité et d’une beauté artistique raffinée, fait que son style n’est pas si facilement imitable que celui d’autres architectes qui attirent également l’attention de leurs confrères. Evidemment, je ne parle pas des épigones...».41 Dupuis s’inspirera du travail des
Ci-dessus : 26-27-28-29 Cité de Quaregnon - Jacques Dupuis - Cda
28 30
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27
cités jardins d’Eggericx dans les cités qu’il a pu créer, notamment à Quaregnon.
Enfin, j’aimerais citer Madame Bastin qui disait que Jean-Jules Eggericx «conseillait au jeune Roger Bastin de parcourir sa région à bicyclette pour s’imprégner des vertus de «l’architecture sans architecte» …»42. 41 EGGERICX, John, Pour les 50 ans de Jacques Dupuis in cat. exp. «Jacques Dupuis». Centre socioculturel Maison du Cerf Blanc, Université de Mons, 1987 42 Confidences de Madame Bastin à Raymond Balau
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II. Développement II. Victor Bourgeois Victor Bourgeois, architecte et urbaniste belge, est né le 28 août 1897 à Charleroi et mort le 24 juillet 1962 à Ixelles. Il fût à la tête du courant moderniste, et auteur d’une réflexion sur l’architecture et l’urbanisme. Il refuse toute ornementation et présente des volumes sobres aux angles droits et aux toits plats. Il enseignera à la Cambre de 1934 à 1962, où il donnera cours à Jacques Dupuis et lui apprendra les vertus de la sobriété. Egalement grand amateur de cinéma, Victor Bourgeois fera partie d’une revue, «7 arts», dans laquelle il écrira des articles.
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II. Développement III. Jean de Ligne
Né le 17 décembre 1890, décédé le 24 juin 1985 à Bruxelles. Ci-dessus : 31 Portrait de Jean de Ligne - Schubert
Jean De Ligne fit ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, en
A droite : 32 Jean de Ligne, Salle des fêtes et dispensaire des usines Remy à Wygmael, 1933 - Duquenne
mondiale, il réalisera plusieurs maisons. Après la guerre, il écrira un livre «La
architecture. Avant d’être fait prisonnier en Allemagne durant la première guerre
Formation et la Reconstruction d’Ypres» en 1918 ainsi que «Le Mécanisme urbain en 1939 et La Reconstruction de Tournai en 1945 à laquelle il participera en tant qu’architecte. De 1919 à 1921 il réalisera la cité-jardin de Zaventem, d’Auderghem et de Woluwé-Saint-Pierre. En 1933, il construit le dispensaire de la Ligue Belge contre la Tuberculose dans les Marolles à Bruxelles ainsi que l’usine Rémy à Wygmael. En 1935, il construit le pavillon Rémy à l’Exposition universelle de Bruxelles. Il a été un des rares architectes belges de l’entre-deux à s’intéresser à l’histoire et la théorie de l’architecture. De 1939 à 1968, il enseignera l’architecture et l’histoire des villes à l’Institut Supérieur des Arts Décoratifs - La Cambre où il fut un des professeurs de Dupuis.
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II. Développement IV. Alvar Aalto Dupuis nourrissait une certaine admiration pour l’architecture et les solutions urbanistiques scandinaves, ainsi que leur ingénuité à découvrir des solutions alternatives économiques et rationnelles basées sur la tradition. «Il fût frappé par la rigueur des maisons individuelles, par l’organisation de l’espace des villes et des périphéries, par le halo de simplicité et d’instantanéité que transmettent les architectures même les plus banales.» «Ils (Gunnar ASPLUND et Alvar AALTO) avaient réussi la synthèse entre modernisme et tradition. À l’architecture moderne, débarrassée de sa raideur, ils ont intégré de façon romantique, des éléments vernaculaires et des matériaux régionaux. Leur démarche organique les a poussés à intégrer la construction dans le paysage, à établir un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur, à ouvrir l’architecture à la nature. De plus, délaissant le moule de la forme rectangulaire, ils ont fait éclater le plan traditionnel de la maison, introduisent la courbe, l’angle ouvert. Ce programme, DUPUIS le radicalise dans ses maisons privées. Il déconstruit l’habitat imposé par l’habitude ou par le marché, dans ses formes et son principe en dépassant les clivages culturels, sociaux, historiques. Il refuse l’alignement imposé des immeubles par l’urbanisme routinier; il introduit dans le paysage, ce qu’il appelle une «césure» qu’accentuent les façades blanches.43
43 COHEN, Maurizio et Jan THOMAES. Jacques Dupuis l’architecte. Édition La Lettre volée, Communauté française de Belgique, 2000, p.49. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement a) Parallèle entre le Pavillon Finlandais et la maison Michaux
Roger Bastin et Jacques Dupuis ont découvert lors de l’Exposition internationale des Arts et Techniques dans la Vie moderne, à Paris, en 1937 Alvar Aalto et son pavillon finlandais dont l’Architecture d’Aujourd’hui loua «le rationalisme, parfois poussé jusqu’à l’utopie, assoupli par une imagination libre de tous préjugés, capable de balayer les plus élémentaires contingences». À propos de ce pavillon formé d’une succession de volumes clairement définis et articulés, le long de la pente, autour d’un patio ouvert, Aalto a écrit : «Un des Ci-dessus : 33 Maison Michaux - Jacques Dupuis - Cda À droite : 34 Alvar Aalto - Pavillon de la Finlande - 1937 Exposition internationale des Arts et techniques de la Vie Moderne - Paris - Baranger
problèmes architecturaux les plus difficiles est la réalisation de l’environnement d’un bâtiment à l’échelle humaine. Dans l’architecture moderne où la rationalité du cadre structurel et des masses construites menacent de dominer, il y a souvent un vide architectural dans les parties restantes du site. Il serait bon que, plutôt que de remplir ce vide avec des jardins décoratifs, le mouvement des gens puisse être intégré à la définition du site, afin de créer une relation intime entre l’homme et l’architecture. Ce problème a pu être résolu avec bonheur au pavillon de Paris»44
44 Paris 1937. Cinquantenaire. Paris : Institut Français d’Architecture : paris-Musées, 1987, pp. 160-161. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement V. Gunnar Asplund Gunnar Asplund est un architecte né le 22 septembre 1885 à Stockholm en Suède et est décédé le 20 octobre 1940. Son travail s’inscrit dans le courant néoclassique des années 20. A la fin de sa vie, il devint un pionnier du fonctionnalisme. Parmi ses principales réalisations, on peut citer la bibliothèque municipale de Stockholm et les principaux bâtiments du cimetière de Skogskyrkogården, classé au par l’UNESCO, et où il est enterré. Nous pouvons observer l’évolution de son style architectural dans l’extension du l’hôtel de ville de Göteborg, (1917-1937). Enfin, il fut à partir de 1930 professeur à l’Institut royal de technologie de Stockholm.
Parallèle avec la maison-atelier Spinette à Saint-Symphorien (Mons) La maison et atelier Spinette rappelle l’influence de Gunnar Asplund sur l’architecture de Dupuis. En effet, l’architecte suédois utilisait une disposition spatiale que Dupuis a repris très souvent dans l’écriture de ses villas : plan en forme de L, ouvert sur le paysage, fermée au nord du côté du public afin d’assurer l’intimité des habitants. Ouverte généreusement au sud afin de s’ouvrir vers le paysage.
3. L’artiste En plus d’être un architecte accompli et reconnu, Jacques Dupuis possédait une autre facette, trop méconnue, celle d’artiste ! Il aimait jouer du piano et peignait également énormément, notamment des aquarelles. Il fut d’ailleurs à plusieurs reprises exposé à Mons en 1976 et en 1980 dans la galerie «Les 3 portes» de Robert Carlier (voir interview en annexe). Il exposa également des peintures abstraites à Paris, dans la Ci-dessus : 35 Encre réalisée
galerie «AG» en 1960. De plus, une future exposition est en cours de préparation par par Jacques Dupuis -
Couverture de M. Sabau-
Maurizio Cohen sur une autre facette de Dupuis, la photographie, qu’il commença Dupuis et J.-J. Warzée, cat. exp. «Jacques Dupuis».
très tôt car nous retrouvons énormément de photos de ses voyages d’études dans ses Centre socioculturel
Maison du Cerf Blanc, Université de Mons, 1987
archives.
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II. Développement «Il prend de nombreuses photos, toujours avec son Rolleiflex. Il est exigeant quant à la qualité des reproductions photographiques de ses projets, dont il discute âprement avec Alexis. Il tient en partie son goût de l’héraldique, du littéraire et du fantastique de son enfance. Gabrielle Watteyne aimait en effet faire pyrograver des dictons sur les poutres et les meubles de la maison de Quaregnon. Les voyages captivants avec un père distant, l’adoration pour une mère qui n’est plus, l’éducation foncièrement catholique couplée au respect intransigeant de la tradition, l’instruction partagée et la littérature, l’intimité et l’entraide familiales au milieu de la grisaille de la région minière : autant de choses qui provoquent chez Jacques l’envie de se réfugier dans la narration, de raconter tout en voilant, de s’afficher sans complexe tout en trompant malicieusement son monde, bref, de tout mettre en œuvre pour ne pas s’ennuyer. Illustrer des revues est une activité qui lui plaît, et il n’hésite pas à injecter des éléments illustratifs dans son architecture. Il peut s’agir de citations explicites ou de symboles lourds de sens, dont la portée est proportionnelle à son zèle juvénile»45.
Jusqu’à la fin de sa vie, Dupuis peint, surtout après ses voyages, sur n’importe quel support : aquarelles, papier à dessin, carton de bière, carte de vœux, papier d’emballage.
Enfin, on remarque que dans énormément de ses créations architecturales, Dupuis insistait pour avoir une collaboration avec un artiste, de la région de préférence. On pense notamment à Georges Boulmant, artiste de Quaregnon, mais aussi à Zéphir Busine, tous deux affectionnés par Dupuis énormément. Dupuis a également réalisé l’habitation-atelier Spinette, ainsi que l’habitation-atelier du peintre Gaston Bertrand. Enfin, on pense aussi bien évidement à Gustave Camus, très lié d’amitié également avec Dupuis, pour qui il fera son atelier-habitation.
« Dupuis n’a pas cru à la faillite des arts décoratifs (modernes), pour avoir été
45
EGGERICX, John in La Maison n°12, Bruxelles, décembre 1965, p. 391
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II. Développement l’un des seuls à poursuivre — et atteindre — le rêve d’une architecture truffée de symboles, d’images, d’esprits et de fantasmes. L’architecture n’était jamais, pour lui, faite de lieux vides, mais faite d’innombrables plaisirs assouvis dans la géographie et l’histoire de chacune de ses maisons, toujours hantées par « ce qui habite », par « ce qui est » dans la fibre du bâti. » 46
c) Grille d’analyse Pour cette grille d’analyse, j’ai décidé de reprendre la maison Van Der Vaeren, car elle synthétise tel un aboutissement les principes fondamentaux de la recherche de Jacques Dupuis. De plus, cette maison a créé une polémique au moment de sa réalisation. «Ce projet architectural s’impose comme un jalon non seulement par ses qualités intrinsèques, mais aussi pour l’accueil qu’il reçut, à l’époque, dans le milieu architectural : mise hors concours du Prix Van de Ven 1961 pour atteinte à la moralité architecturale et influence néfaste sur la jeunesse, cette réalisation déclencha un procès de tendances», elle fut l’objet d’une violente polémique qui opposa les défenseurs convaincus du fonctionnalisme, pur et dur, (étroit et stérile), et les tenants d’une architecture moderne vivante.»47 Cette maison est classée. Elle a été réalisée en association avec Albert Bontridder en 1961. Elle est située à Acacalaan 52, 3020 Herent (Brabant flamand). Les thèmes de prédilection de Dupuis, selon Albert Bontridder sont les suivants : «Confrontation entre modernité et tradition, importance de l’implantation en rapport au site, au paysage qu’il soit une donnée géographique ou une création de l’art des jardins; au niveau du traitement de l’extérieur du bâtiment, l’opposition affirmée entre l’avant et l’arrière, le fermé et l’ouvert, le public et le privé; l’attention constante accordée à l’accès comme rituel plutôt que comme simple circulation; le tracé du jardin comme prolongement naturel du bâti, tout à la fois proche et lointain et changeant avec les saisons; en plan, la séparation établie entre les espaces de jour et de nuit, une distinction non seulement topologique, 46 BALAU Raymond, journée d’études du 25 avril 2015 « Art, Architecture et Espace public » 47 M. Sabau-Dupuis et J.-J. Warzée, cat. exp. «Jacques Dupuis». Centre socioculturel Maison du Cerf Blanc, Université de Mons, 1987, p. 7. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement mais encore d’ambiance; et enfin, le plaisir retrouvé dans la mise en œuvre des matériaux, dans leur choix comme texture et couleur. En un mot, au-delà de la précision froide de la «machine à habiter», la redécouverte de la maison comme enclos et ambiances, comme «machine à rêver».48 Le plan Si on analyse le plan (voir page 93 39), on observe que le dessin possède des lignes irrégulières qui suivent une forme convexe. La volonté de Dupuis était de capter un maximum la lumière et d’offrir une vue vers le sud. Il refuse aussi la symétrie et adore les obliques, les angles ouverts créant des perspectives visuelles intéressantes. On note enfin l’épurement graphique (voir plan page 93
39
foyer
cylindrique), héritage de sa formation moderniste ? On observe dans l’exemple de la maison Van Der Vaeren, «on observe cinq bandes parallèles qui se juxtaposent telles une séquence de coulisses théâtrales conduisant de l’entrée du terrain jusqu’au grand jardin et à l’immense paysage qui s’étend au-delà de celui-ci. La logique de l’implantation générale de la maison dépend de la topographie du terrain légèrement ondulé et dominant une vallée couverte de champs et de bois.»49 «Le tracé général du plan s’adapte à la forme du terrain. Notons que le caractère accidentel de cette forme s’impose au parti du plan. Cette soumission au parcellaire, dont il n’y a pas à discuter les défauts ou les hasards heureux, en raison de l’impossibilité de la changer, exclut de prime abord, et délibérément, l’adoption d’un plan à trame régulière, voire orthogonale. La seconde caractéristique du plan type est l’étalement du programme sur la presque totalité du terrain.»50 Les murs «enclos» La maison est protégée de l’extérieur par un système de murs-écrans. «L’importance que Dupuis accorde au rapport entre l’homme, l’architecture et la nature naît du souvenir du jardin de sa maison lorsqu’il était enfant, avec ses arbres et ses murs d’enceinte.»51 48 BONTRIDDER Albert dans M. Sabau-Dupuis et J.-J. Warzée, cat. exp. «Jacques Dupuis». Centre socioculturel Maison du Cerf Blanc, Université de Mons, 1987, p. 15. 49 COHEN Maurizio - www.jacquesdupuis.be 50 Ibidem, p. 6. 51 COHEN, Maurizio et Jan THOMAES. Jacques Dupuis l’architecte. Édition La Lettre Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement Ainsi, la nature est liée à la maison, mais sert aussi de lieu de fuite et d’épanouissement. Le rite de passage/La déambulation/Les chemins d’accès Malgré tout, on remarque que l’architecture de Jacques Dupuis reprend bon nombre de principes de l’architecture traditionnelle de l’environnement dans lequel il a lui-même grandi. De plus, Dupuis accorde une grande importance au rite de passage, à la découverte. Une mise en scène de l’entrée. Du public vers l’intime. Ainsi, dans nombre de ses habitations, l’entrée est rarement placée face à la rue et est généralement dissimulée par des murs et des replis afin de lui assurer une certaine protection, une découverte ... Comme si son architecture se méritait et ne s’exhibait pas vulgairement, une certaine pudeur et timidité propre au caractère de Dupuis. La déambulation à travers ses maisons est aussi très particulière, presque perturbante, pleine de surprises créant ainsi une expérience sensorielle. «[...] Je n’ai jamais aimé que l’architecture soit la représentation de la vie humaine, disons, l’enclos où on habite. Moi, je suis né dans une maison du XIXe avec un jardin cerné par des murs et j’ai voulu que les gens vivent de cette manière, aussi, je ne mets jamais à l’entrée que la porte, il n’y a pas de fenêtres pour montrer son luxe [...] je suis contre la vie de château, vous voyez ce que je veux dire, c’est l’enclos, un peu à la manière des Chinois, on rentre et, même en rentrant, il y a un petit obstacle pour qu’on ne touche pas vraiment à la vie que je considère comme particulière parce qu’elle est très rare»52. Les murets Les murets, en plus de jouer un rôle structurel et de créer de nouvelles perspectives, permettent une privatisation de l’espace. Ne pas directement arriver dans l’intime, mais créer un cheminement du public vers le privé (voir photo 38 page 92). Ils sont aussi souvent placé en oblique afin d’éviter au spectateur de se lasser du paysage.
volée, Communauté française de Belgique, 2000, 367p. 52 Extrait de l’entretien dans Hainaut Soir Mons-Borinage par Colette Deschamps à l’occasion de la remise du Prix Horta, 1982. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement Prolongement entre architecture intérieure et espace du lieu, de la parcelle maison inscrite dans le territoire Nous ne pouvons peut-être pas qualifier l’œuvre de Dupuis comme étant entièrement vernaculaire, mais il est certain que celle-ci était particulièrement adaptée à son environnement. L’horizontalité et l’emprise au sol est marqué. Dès lors, nous pouvons affirmer que l’architecture de Dupuis transcende l’architecture régionale. «Une maison sera belle quand, absorbée au sein d’un paysage, elle ne déclamera pas, se contentant de dialoguer avec la nature qui, et pour reprendre un mot de Le Corbusier, doit être inscrite dans le bail.»53 Celle-ci est bâtie sur une colline de la campagne vallonnée aux alentours de Louvain. La maison s’étend sur un très grand terrain et comme bon nombre de maison de Dupuis, profite de la vue sur les vignes et de l’ensoleillement du côté sud. La ligne/La coupe ou le culte de la technique «La coupe est conditionnée par le plan et d’une expression de fidélité organique aux impératifs de la construction, les saillies des toitures protègent les murs et les fenêtres exposées. Les lignes des corniches, des rives et des faîtes sont toujours ramenées au sol au moyen de piliers, colonnes ou maçonneries en saillies qui favorisent également la protection contre les intempéries, mais qui évitent surtout l’impression d’instabilité que dégage la conception de beaucoup de toitures. Ce principe accentue aussi la relation intime sol-construction. Le bâtiment épouse le sol et s’y accroche. Il se signale par un corps de cheminée, mais n’est jamais conçu comme un obstacle à la vue, comme une entité cherchant à s’imposer»54. Les matériaux Jacques Dupuis a principalement utilisé des matériaux régionaux dans ses œuvres. Ainsi, la pierre bleue, les ardoises et la brique étaient ses principales matières. En mélangeant sa plastique à des matériaux rustiques, Dupuis a intégré des éléments vernaculaires et des matériaux régionaux. En ce qui concerne les 53 Propos recueillis par Maurice HAUREZ. «L’architecte Jacques Dupuis, prix de l’Académie Picard» in Le Peuple, 27 mai 1952, pp.1-2. 54 M. Sabau-Dupuis et J.-J. Warzée, cat. exp. «Jacques Dupuis». Centre socioculturel Maison du Cerf Blanc, Université de Mons, 1987, p. 7. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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II. Développement briques, il aimait les peindre en blanc, peut-être était-ce une allusion aux fermes de sa région natale. Il aimait également laisser les matériaux sous leur forme brut (schiste avec joints rentrants par exemple). L’horizontalité La maison épouse la déclivité du terrain, les courbes de niveau. Dupuis ne recrée pas un niveau artificiel, mais vient s’insérer dans l’existant, ce qui l’inscrit entièrement dans le paysage, fait corps avec lui. L’horizontalité est brisée par les toitures et la tour, qui est en fait la cheminée et le coin feu et qui ancre la maison au sol. L’implantation de cette maison épouse la topographie du terrain légèrement ondulé et dominant une vallée. La tour/Le foyer Sur la photo 37 de la page suivante, on peut apercevoir une tour, qui ici est en fait le coin feu (voir photo 36) et abrite en son sein la cheminée. Le feu chez Dupuis est utilisé comme un refuge, généralement au centre de la maison autour duquel se trouvent l’intimité, une sorte de cocon. Un moment de pause, statique. Nous pouvons également citer Wright et Aalto qui utilisent le feu également comme Dupuis, en plaçant le foyer au centre de la maison, à l’intersection des axes de déplacements, le statique au milieu du dynamique. La tour a un rôle de pivot pour la maison. Ainsi, elle est au cœur de celle-ci et permet l’articulation de son plan. De plus, elle ancre la maison au sol en renforçant son horizontalité grâce à une ligne verticale importante. Elle vient clouer au sol la maison. Les meurtrières Sur la photo
38
ci-après, on voit nettement l’intention de Dupuis de créer des
lignes verticales qui viennent contrebalancer l’horizontalité de la maison, telle des meurtrières, elles apportent de la lumière et créent de nouvelles perspectives à l’intérieur de la maison. Ici encore on peut s’apercevoir du goût et de la maitrise de Dupuis pour la mise en scène.
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Maison Van Der Vaeren - Fonds Jacques Dupuis
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III. Conclusion a) Dupuis - Sauvegarde et avenir de ce patrimoine ?
Dans le tableau suivant, nous pouvons voir les bâtiments classés de Dupuis, classées par Régions : Bruxelles La maison Bedoret La maison Durieu La maison Everaert La maison Le Parador La maison Steenhout La bijouterie De Greef
Flandre Le pavillon Mestdagh La maison Van der Vaeren La maison du docteur De Landsheere La maison Marcel Wittmann La maison Van den Schrieck La maison Robert Wéry La maison «Zeeëgel» La maison Van der Schueren
Wallonie Néant
Alors que Dupuis est originaire de Mons, en Wallonie, on peut s’apercevoir qu’aucune de ses œuvres n’est classée. Ce manque de reconnaissance de sa région envers lui est très affligeant. Surtout quand on s’aperçoit que nombre de ses œuvres sont en train d’être transformées, ce qui est catastrophique quand on sait que les œuvres de Dupuis étaient conçues comme un tout et où le moindre muret à son importance ... Pire encore, certains propriétaires n’hésitent pas à raser complètement certaines maisons (maison de vacances de Jean Wittmann en 1992 ou encore la villa Adamantidis en 2003).
«Dans ces maisons conçues comme des lieux de paix et de recueillement, le temps semble se figer devant la succession des espaces. Pour lui, l’architecture vécue engendre un paysage mental. Elle se doit de protéger, mais aussi de lier l’habitant à son temps et de le rendre sensible aux formes d’art qui véhiculent un nouvel imaginaire. DUPUIS confère à ses intérieurs un esprit qu’il avait vécu dans les sanctuaires chrétiens, «un temps pur» à la Marcel Proust, fusion d’un passé revécu par éclair et d’un présent incertain. Il intègre des citations discrètes d’architecture ancienne ou mythique, il puise dans un fond commun visité dans la rêverie; le château, le couvent, l’usine. Il transfère l’imaginaire religieux et ses affects à un imaginaire contemporain et ouvert, basé sur la création artistique comme foyer de sens et comme mise en question des formes imposées par le marché et le conformisme. Son œuvre n’échappe pas à une contradiction peu contournable. Faire d’une maison une totalité culturelle, sorte de synthèse de l’esprit du temps, conduit parfois au drame. Changer un mur de Dupuis revient à tout détruire. Des nouveaux propriétaires ont saccagé plusieurs de ses immeubles, sans les comprendre, en les mettant au goût du jour. La flambée immobilière dans les banlieues chics de Bruxelles a entraîné la destruction de plusieurs bâtiments, sous-dimentionnés par rapport à la surface et Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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III. Conclusion à la valeur du terrain, à Uccle et Rhode-Saint-Genèse (maison de vacances Jean Wittmann, en 1992; villa Adamantidis, en 2003)».55
Ce qui est d’autant plus affligeant et qui m’a poussé à rédiger ce mémoire, c’est que Dupuis n’a pas laissé d’écrits théoriques et qu’il n’a donné que très peu d’interviews.
Il est néanmoins intéressant de constater qu’un éveil collectif est en train de se produire dans notre région. Le point de départ de cet éveil grandissant a été la parution de la monographie scientifique «Jacques Dupuis, l’architecte», aux éditions La Lettre volée, Bruxelles, 2000, consacrée par les deux architectes historiens, professeurs à La Cambre, Maurizio Cohen et Jan Thomaes. En effet, après cette parution, une double exposition consacrée à Dupuis s’est tenue au Grand Hornu en 2000 et au Singel à Anvers. Un film documentaire réalisé par André Dartevelle en coproduction Arte/Rtbf est sorti en 2001. Dès lors, de plus en plus d’étudiants et d’architectes commencent à se réintéresser à son œuvre et se rendent compte à quel point celle-ci semble intemporelle et a encore beaucoup à nous apprendre. Malheureusement, cet intérêt ne semble se limiter qu’à Bruxelles et en Flandres encore une fois. Afin de réveiller un certain engouement, la Faculté d’Architecture et d’Urbanisme de Mons a consacré une journée conférence Jacques Dupuis le samedi 25 avril 2015, une journée d’étude sur la question de l’art et de l’architecture. De plus, la fille de Jacques Dupuis, Emmanuelle, continue de faire vivre l’œuvre de son père en organisant des rencontres du grand public, mais aussi des propriétaires des maisons de Dupuis. Un site web qui regroupe ses principales œuvres de façon magistrale a également été mis en ligne : www.jacquesdupuis.be en collaboration avec la Cellule architecture de la Fédération WallonieBruxelles. Enfin, un guide d’architecture moderne et contemporaine 1885-2015 recensant les œuvres de Dupuis à Mons & Cœur du Hainaut est paru en 2015 en coproduction Mardaga & la cellule architecture de la Fédération Wallonie - Bruxelles.
Dans la partie qui suit, vous trouverez quelques exemples de ces œuvres «en voie d’extinction» en Wallonie.
55 http://www.jacquesdupuis.be/pg/biographie.html Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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III. Conclusion 1. Les Chapelles de Bertrix Les Chapelles ont été construites aux quatre points cardinaux de Bertrix, dans les Ardennes, entre 1948 et 1953 par Jacques Dupuis en collaboration avec Roger Bastin. Notre-Dame de la Foi (Burhaimont) en 1948; à l’ouest, Notre-Dame de la Grâce (Renaumont) en 1949; au sud, Notre-Dame de la Charité (Le Culot) en 1953; à l’est, Notre-Dame de l’Espérance (Saupont) en 1959 qui a été construite par Bastin en collaboration avec Guy Van Oost. Elles sont de tailles plus modestes que les constructions auxquelles le duo Bastin-Dupuis nous avait habitué.
Néanmoins, aujourd’hui encore, et malgré leur manque cruel d’entretien, elles entretiennent encore une relation profonde avec le paysage qui les accueille entourée par une atmosphère de paix et de recueillement. Les matériaux utilisés pour la construction de ces chapelles sont des matériaux locaux : moellons, ardoise, bois, plâtre blanc ou badigeonné de blanc, ) et en béton. Dupuis a également dessiné les objets du culte que Boulmant et Busine ont réalisé à l’aide du batteur de cuivre Deladrier.
Nous pouvons observer dans leur construction, qui s’est étalé sur 5 ans, l’évolution du style architectural du duo Dupuis-Bastin. Encore une fois, aucune Chapelle n’est classée et présentent de fortes détériorations (barres en béton apparentes, dégradations, ...).
Dans l’article sorti dans la Revue A+ 153 d’août-septembre 1998, Maurizio Cohen et Raymond Balau nous avertissaient déjà des dangers de cette indifférence.
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III. Conclusion
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III. Conclusion 2. La maison Jottrand à Mons Comme vous pourrez le lire dans l’interview que j’ai pu réaliser de l’actuel propriétaire de la maison Jottrand à Mons, celle-ci a fait la une des journaux au début des années 90 pour avoir été complètement transformée par ce même propriétaire, peu scrupuleux de la sauvegarde des maisons de Jacques Dupuis. Voici une copie de cette lettre ouverte de Marc Mawet et Olivier Bourez (Matador) ainsi que les articles en question qui ont
43
Défense d’une œuvre de Jacques Dupuis - Lettre ouverte aux autorités compétentes et à la presse, Mai 1991 Marc Mawet et Olivier Bourez
participé à une prise de conscience de la sauvegarde d’une architecture moderne et contemporaine.
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III. Conclusion
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Article dans le journal Le Soir - 8 août 1991
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III. Conclusion
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Article dans le journal Nord Eclair - 11 août 1991
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III. Conclusion
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Article dans le journal La Province - 30 août 1991
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III. Conclusion
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Article dans la Revue d’Architecture A+ - Septembre 1991
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III. Conclusion
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Article dans la Revue d’Architecture Archi & Life - Septembre 1991
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III. Conclusion
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Article dans le Journal La Libre Belgique - 12 septembre 1991
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III. Conclusion 3. Le stade communal de Quaregnon «Louis Piérard»
«Grâce à l’intérêt que Victor Bourgeois lui porte, Dupuis est mis en contact avec le maire socialiste de Quaregnon qui lui confie la réalisation du stade et de la plaine de jeux de la ville. Dupuis a seulement 24 ans, presque aucune expérience, et bientôt la guerre va ravager le pays. Contraint d’interrompre le projet à cause des circonstances, il le reprendra dans l’après-guerre pour le réaliser enfin en 1952, quand sa notoriété sera désormais consolidée. Pour son exécution, il s’associe à Maurice Lhoir et à Jean Van Laethem. Le résultat est le fruit des deux phases du projet : la tribune du stade, dessinée à la fin des années trente, se caractérise par l’utilisation de béton armé pour la structure et de briques apparentes pour le parement, et là où «le programme qui articule la volumétrie et la logique constructive sous-tend l’expression architecturale dépouillée.»56
Suite à ma visite sur place, j’ai pu observer que le stade communal de Quaregnon, créé par Dupuis était aujourd’hui dans un triste état d’abandon. Bien que le terrain soit encore utilisé, les locaux sont très dégradés, ici encore le béton laisse apparaître ses entrailles et on compte plus le nombre de dégradations (voir reportage photographique en annexe).
Dans l’article publié dans la Revue A+ 259 d’Avril/Mai 2016, Raymond Balau et Maurizio Cohen mettent en garde contre ces oublis du patrimoine.
50
Stade Communal de Quaregnon - Cda
56 Van Laethem France. «L’homme habite en poète», dans M. Sabau-Dupuis et J.-J. Warzée, cat. exp. «Jacques Dupuis». Centre socioculturel Maison du Cerf Blanc, Université de Mons, 1987, p. 6. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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Article dans la Revue d’Architecture A+, n° 259, avril-mai 2016 Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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III. Conclusion
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III. Conclusion
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Article dans la Revue d’Architecture A+, n° 259, avril-mai 2016 Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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III. Conclusion b) Ouverture - Avenir : Apport du vernaculaire dans l’architecture contemporaine Il peut paraître surprenant de choisir Jacques Dupuis pour parler de l’architecture vernaculaire. Néanmoins, le vernaculaire ne se borne pas à son côté «sans architecte», mais est beaucoup plus intéressant à analyser pour son adaptation in-situ grâce aux traces de la tradition dans l’architecture. En effet, Jacques Dupuis bénéficiant d’une notoriété publique incontestable, ce mémoire prouve que les architectes peuvent encore créer une architecture de qualité propre à un lieu, à une histoire, à une tradition et dialoguant avec son environnement et de dimension humaine.
Dans le monde belge de l’architecture, Dupuis peut être considéré comme un architecte rationaliste, adoptant certaines pratiques qui lui sont propres, comme la simplicité de matériaux de construction, l’attention accordée au contexte et à la tradition locale et le sentiment d’intégration au paysage. De plus, lors de ses nombreux voyages d’étude, Jacques Dupuis s’est toujours intéressé à la vie quotidienne ainsi qu’aux habitants des pays qu’il a visité.
«Nous nous sommes rencontrés dans l’avion lors d’un voyage d’étude qui nous conduisait à Moscou. De ce voyage, je me souviens que Jacques Dupuis rapporta une collection d’images surprenantes. Ce qui était frappant, c’est qu’il s’agissait presque toujours de photographies d’hommes, de femmes, d’enfants, de documents humains pris sur le vif. Il y avait aussi quelques silhouettes, quelques bâtiments ou détails de construction, mais la caractéristique principale était un intérêt passionné pour l’humain, pour l’existence de l’homme sous tous ses aspects.»57
L’œuvre de Jacques Dupuis est essentiellement composée de maisons bourgeoises. Néanmoins, on peut retrouver des traces de maisons de caractère plus populaires dans son œuvre, notamment par l’utilisation de matériaux propres au site : bois, pierre bleue, gravier, ardoises, maçonnerie et carrelage en opus incertum, briques.
Il serait trop rapide de baser cette ressemblance uniquement sur le critère du choix et l’emploi des matériaux de construction. En effet, ceux-ci semblent plutôt être déterminés par des facteurs socio-économiques et par la
57
EGGERICX, John in La Maison n°12, Bruxelles, décembre 1965, p. 391 Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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III. Conclusion concentration régionale des matières premières. Les matériaux de construction tels que les briques, la pierre naturelle, le torchis, le bois ont été employés aussi bien dans l’architecture populaire que dans l’architecture non-populaire.
L’architecture de Jacques Dupuis se distingue de ses contemporains modernistes car il a su utiliser des formes et des principes de l’architecture vernaculaire tout en adoptant les principes du modernisme.
L’architecture vernaculaire est une architecture faite par l’Homme POUR l’Homme.
Dès lors, au premier abord, il pourrait paraître surprenant d’avoir choisi l’architecte Jacques Dupuis, souvent référencé comme moderniste, pour parler d’architecture vernaculaire.
Néanmoins, en analysant son œuvre, nous pouvons remarquer une volonté exemplaire de ce dernier de toujours placer l’Homme au premier plan. Il faut craindre une école qui reproduirait à outrance des formes architecturales sans se soucier de sa contextualisation (comme le fait l’architecture générique). La diversité crée la richesse et l’humain est le premier architecte de sa ville. Dès lors, il ne faut pas avoir peur de s’intéresser aux raisons du pourquoi de l’architecture vernaculaire. Il faut craindre que l’enseignement architectural et la société ne généralise, tende à reproduire les mêmes formes au dépit de la qualité architecturale dans le sens de son intégration, de sa diversification. L’enseignement architectural devrait plus étudier la sociologie, l’économie, l’histoire et les traditions d’un lieu afin de permettre aux futurs architectes d’intégrer ces concepts de vernaculaire et d’offrir aux habitants l’environnement le plus riche culturellement. Il ne s’agit pas de copier les traditions du passé, mais plutôt de les voir comme une contributions à de nouvelles méthodes, solutions pour notre environnement futur. L’architecture de Dupuis est incontestablement influencée par son environnement. Dès lors, nous pourrions parler d’architecture contextuelle présentant des traces d’architecture vernaculaire. À la fois contemporaine avec des influences très fortes du territoire dans lequel elle est ancrée, l’architecture de Dupuis ne laisse pas indifférent. Nous ne pouvons donc pas affirmer que l’architecture de Dupuis est vernaculaire, car elle est réalisée par un architecte et non par des gens, mais on peut trouver dans celle-ci des traces du concept vernaculaire (propre à un lieu et à une époque), d’architecture populaire, rurale, dans des maisons pourtant aristocratiques, bourgeoises.
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III. Conclusion Jacques Dupuis a réussi à créer une architecture vernaculaire contextuelle régionaliste critique contemporaine très différente de ce que l’on connaissait jusqu’alors. Enfin, je pense que l’on peut finalement affirmer que Dupuis se trouve plus dans les régionalistes critiques que dans le vernaculaire.
Jacques Dupuis n’a pas enseigné ni laissé énormément de traces écrites ni donné de conférences ni eu d’élèves en son temps, dès lors, il était encore plus difficile et intéressant de s’intéresser à son œuvre afin d’en relever toutes les qualités, toutes les subtilités afin d’essayer de les appliquer à nos propres créations.
Ce mémoire m’a permis d’entrevoir les futures applications possibles d’une architecture régionale afin de continuer à questionner l’architecture en général afin de savoir quels sont les apports exacts du vernaculaire dans chaque partie du monde et dans chaque époque et ainsi d’en faire profiter dans mon travail de création architectural en général.
Enfin, j’aimerais finir avec une citation de Jean Barthélémy : «L’œuvre de Jacques Dupuis détient encore bien d’autres secrets. Elle reste là, prête à les livrer à tous ceux qui auront la sagesse de l’interroger.»58
58 1987
BARTHÉLÉMY, Jean in cat. exp. «Jacques Dupuis». Centre socioculturel Maison du Cerf Blanc, Université de Mons, Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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IV. Bibliographie 1. Livres ARON Jacques. La Cambre et l’architecture - Un regard sur le Bauhaus belge». Édition Mardaga, 1995, 195p. COHEN, Maurizio et Jan THOMAES. Jacques Dupuis l’architecte. Édition La Lettre volée, Communauté française de Belgique, 2000, 367p. COLLECTIF. Guide architecture moderne et contemporaine 1885-2015. Édition Mardaga & Cellule architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 2015, 335p. COLLECTIF. Roger Bastin Architecte 1913-1986. Édition Mardaga, 2001, 160p. COLLECTIF, le Parador : une maison de Jacques Dupuis in les carnets d’architecture contemporaine, n°4, CFC-Éditions, 116 p. COLLECTIF, Jacques Dupuis architecte, M. Sabau-Dupuis et J.-J. Warzée, cat. exp. «Jacques Dupuis». Centre socioculturel Maison du Cerf Blanc, Université de Mons, 1987 COLLECTIF. Savant, populaire. Les cahiers de la recherche architecturale et urbaine. Centre des monuments nationaux / Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2004, numéro 15/16, 273 p. COLLECTIF. J.-J. Eggericx. Gentleman architecte. Créateur de cités-jardins. CFC-Editions - Archives d’Architecture Moderne, 2012, 336p. COLLECTIF, Vernacular Architecture in the Twenty-First Century, Lindsay Asquith and Marcel Vellinga, 2006, 294 p. LOOS, Adolf. Ornement et crime, Édition Rivages, réédition, 2015, 221p. RUDOFSKY, Bernard. Architecture sans architecture. Édition Chêne, 1977, 122p.
2. Revues BALAU, Raymond, «Le Parador/Jacques Dupuis», in A+, n° 159, août-septembre, Bruxelles, p. 27. BALAU, Raymond, «Avis aux architectes: Jacques Dupuis, l’exposition / la monographie», in A+, n° 163, Avril-Mai 2000, CIAUD Bruxelles, pp. 38-39. BALAU, Raymond et COHEN, Maurizio, «Les 4 chapelles de Bertrix sont en danger!», in A+, n° 153, aoûtseptembre, Bruxelles, pp. 58-59. BALAU, Raymond et COHEN, Maurizio, «L’urgence de ne rien faire», in A+, n°259, avril-mai 2016, Bruxelles, pp.47-49 COHEN, Maurizio, «L’église de la Plante, Roger Bastin et Jacques Dupuis», in Les Nouvelles du Patrimoine, n° 87, Juillet-Août-Septembre 2000. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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IV. Bibliographie COHEN, Maurizio et PETRADRA, Anna, «Dupuis in Belgio», in Domus Itinéraire d’architecture, n° 144, Milan, n° 803, avril 1998. DESAIVE, Pierre-Yves, «L’apogée du modernisme», in Les Nouvelles du Patrimoine, n° 83, juillet-aoûtseptembre, Bruxelles, pp. 27-28. DESMOORT, Freddy, «Créateur d’une architecture à mesure humaine, le Montois Jacques Dupuis n’a pas fini d’étonner», in La Province, 11 mars 1982, p. 4. • «Prix et concours d’architecture», in A+, n° 75, mars-avril, pp. 3-7. EGGERICX, John in La Maison n°12, Bruxelles, décembre 1965, p. 391 EGGERICX, Laure, «Le Parador: une maison de Jacques Dupuis», in Les Nouvelles du Patrimoine, n° 83, juillet-août-septembre, Bruxelles, pp. 5-6. FLOUQUET, Pl. in La maison, n°2, 1960, p. 48. FREY Pierre, VON SCHAEWEN Deidi, Simon Velez architecte // La maitrise du bambou, Actes Sud, 2013, 256 p. LASSURE, Christian. « L’« architecture vernaculaire » : essai de définition » in L’architecture vernaculaire, sup. No 3, 1983, p. 114. NAMIAS, Olivier, « Construire local : révolution ou chimère ? » in D’Architectures, n° 192 de juin/juillet 2010, pp. 51-64. THIRY, François, «Une maison de Jacques Dupuis menacée», in A+, n° 180, février-mars 2003, p. 7. PUTTEMANS, Pierre, «Pour Jacques Dupuis», in Neuf, n° 110, mai-juin 1984, Bruxelles, pp. 23-24. PUTTEMANS, Pierre, «Le Parador: une maison de Jacques Dupuis», in A+, n° 159, août-septembre, Bruxelles, pp. 26-27. ROCK, Jack (pseudonyme de Jacques Dupuis), Le Mensonge moderne et l’architecte in La Parole universitaire, 1937, pp. 1062-63.
3. Site web Jacques Dupuis / Architecte belge / 1914 - 1984. [En ligne]. http://www.jacquesdupuis.be/ [01 mars 2015]
4. Divers DELATTE Eugène, 12 pages manuscrites signées, rédigées à la demande d’André Lanotte, 8 avril 1989. PUTTEMANS Pierre. «Jacques Dupuis ou le bonheur de l’architecture», in Cat. exp. Madeleine Sabau-Dupuis Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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IV. Bibliographie et Jean-Jacques Warzée. Université de Mons, Centre socioculturel «Maison du cerf Blanc». 1987. p. 49. Propos recueillis par Maurice Haurez. «L’architecte Jacques Dupuis, prix de l’Académie Picard», in Le Peuple, 27 mai 1952, pp. 1-2. Extrait de l’entretien dans Hainaut Soir Mons-Borinage par Colette Deschamps à l’occasion de la remise du Prix Horta, 1982. Conférence/Journée d’étude du 25 avril 2015 : JACQUES DUPUIS : COMPLICITÉS ARTISTIQUES
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V. Iconographie Couverture Chapelle de Bertrix - Détail - Cda
Quatrième de couverture Chapelle de Bertrix - Détail - Cda
Intercalaires Introduction : Maison Camus - Cda Développement : Maison Cavenaile - Cda Conclusion : Maison Cavenaile - Cda Bibliographie : Maison Franeau - Cda Iconographie : Chapelle Bertrix - Détail - Cda Annexes : Maison Michaux - Cda
Photo d’illustrations 1
Illustration personnelle
2
Habitat troglodyte à Loyang (Nord de la Chine) - Architecture Without Architects - Bernard Rudofsky. 1964
3
auteur inconnu in Jean-Marie Tjibaou Cultural Center by Renzo Piano. [en ligne],
http://www.uia.archi [03 juillet 2016] 4
auteur inconnu in Les Thermes de Vals Peter Zumthor / Vals - Suisse. [en ligne],
http://www.wbarchitectures.be [01 juillet 2015] 5
auteur inconnu in Les Thermes de Vals Peter Zumthor / Vals - Suisse. [en ligne],
http://artchidesign.fr [01 juillet 2015] 6
Portrait de Jacques Dupuis par Roger Bastin - Source : Fonds d’archives Jacques Dupuis
7
Carte personnelle - Inventaire des œuvres de Jacques Dupuis en Cœur du Hainaut
8
Maison Cavenaile - Cda
9
Maison Jottrand (Avant transformations) - Alexis - Fonds d’archives Jacques Dupuis
10
Maison Anselin - Guide d’architecture moderne et contemporaine 1885-2015 - Mons & Cœur du Hainaut
11
Maison Huart - Marie-Françoise Plissart
12
Maison Camus - Marie-Françoise Plissart Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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V. Iconographie 13
Maison Spinette - Cda
14
Maison Michaux - Cda
15
Maison De Racker - Guide d’architecture moderne et contemporaine 1885-2015 - Mons & Cœur du Hainaut
16
Maison Crappe - Guide d’architecture moderne et contemporaine 1885-2015 - Mons & Cœur du Hainaut
17
Maison Franeau «La Roncière» - Cda
18
Maison Dumont - Maurizio Cohen
19
Cité de l’enfance «Le Ropieur» - Guide d’architecture moderne et contemporaine 1885-2015 - Mons &
Cœur du Hainaut 20
Maisonnettes pour vieux conjoints - Cda
21
Cité de Quaregnon - Cda
22
Cité d’habitations à bon marché - Guide d’architecture moderne et contemporaine 1885-2015 - Mons &
Cœur du Hainaut 23
Siège de la société générale de banque - Cda
24
Institut provincial pour aveugles et amblyopes - Alexis - Fonds d’archives Jacques Dupuis
25
École gardienne de Frameries - Alexis - Fonds d’archives Jacques Dupuis
26
Stade Communal Louis Piérard - Cda
27-28-29-30
Cité de Quaregnon - Jacques Dupuis - Cda
31
Portrait de Jean de Ligne - Schubert
32
Jean de Ligne, Salle des fêtes et dispensaire des usines Remy à Wygmael, 1933 - Duquenne
33
Maison Michaux - Jacques Dupuis - Cda
34
Alvar Aalto - Pavillon de la Finlande - 1937 - Exposition internationale des Arts et techniques de la Vie
Moderne - Paris - Baranger 35
Encre réalisée par Jacques Dupuis - Couverture de M. Sabau-Dupuis et J.-J. Warzée, cat. exp. «Jacques
Dupuis». Centre socioculturel Maison du Cerf Blanc, Université de Mons, 1987 36-37-38
Maison Van Der Vaeren - Alexis - Fonds d’archives Jacques Dupuis
39
Maison Van Der Vaeren - Fonds d’archives Jacques Dupuis
40
Maison Van Der Vaeren - Alexis - Fonds d’archives Jacques Dupuis
41-42 43
Revue A+ 153 d’août-septembre 1998
Défense d’une œuvre de Jacques Dupuis - Lettre ouverte aux autorités compétentes et à la presse,
Mai 1991 - Marc Mawet et Olivier Bourez Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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V. Iconographie 44
Article dans le journal Le Soir - 8 août 1991
45
Article dans le journal Nord Eclair - 11 août 1991
46
Article dans le journal La Province - 30 août 1991
47
Article dans la Revue d’Architecture A+ - Septembre 1991
48
Article dans la Revue d’Architecture Archi & Life - Septembre 1991
49
Article dans le Journal La Libre Belgique - 12 septembre 1991
50
Stade Communal de Quaregnon - Cda
51-52-53 54
BALAU Raymond, COHEN Maurizio - Article dans la Revue d’Architecture A+, n° 259, avril-mai 2016
Maison Michaux - Laura Michaux
55-56
Maison Michaux - Cda
57
Maison Camus - Cda
58
Maison Huart - Cda
59-60-61
Maison Cavenaile - Cda
62-63-64
Maison Franeau - Cda
65-66
Chapelle Notre-Dame de la Grâce - Cda
67-68
Chapelle Notre-Dame de la Foi - Cda
69-70
Chapelle Notre-Dame de la Charité - Cda
71-76
Stade Communal de Quaregnon - Cda
n.b. : Cda = Cliché de l’auteur
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VI. Annexes Jacques Dupuis n’a pas laissé énormément d’écrits sur son œuvre, à part quelques Interview. De plus, il n’existe aujourd’hui que très peu de livres ou revues traitant du sujet. Il était également à signaler que le fonds d’archives Jacques Dupuis se trouve actuellement à la Cambre - Bruxelles et que l’école étant en travaux, il m’était impossible de le consulter directement. De plus, l’aspect sociologique et anthropologique m’intéressait dans ma recherche du «Comment vit-on une Dupuis ?». Afin de m’immerger dans le vie, dans l’œuvre et dans l’histoire de Jacques Dupuis, j’ai décidé de réaliser une série d’interviews de personnes ayant collaboré avec lui, d’habitants ou d’anciens habitants de ses maisons ainsi que d’habitants de maisons réalisées par ses collaborateurs. Vous trouverez une copie de ses interview dans les annexes suivantes.
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« Une architecture vernaculaire dans l’œuvre de Jacques Dupuis ? »
VI. Annexes QUESTIONNAIRE INTERVIEW EN VUE DE LA RÉALISATION D’UN MÉMOIRE SUR JACQUES DUPUIS Date de la visite : 23/06/2016 Maison : Cavenaile (1954) Adresse : Boulevard Fulgence Masson, 5 - 7000 MONS Nom des personnes interrogées : M. et Mme Brouillard Numéro de contact : 0479/39.57.95 1. Depuis quand habitez-vous cette maison ? Nous habitons ici depuis 1986 mais la maison a été construite en 53-54. La maison Cavenaile et la maison voisine, la maison Jottrand ont été construites en même temps, c’étaient deux amis. 2. Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette maison ? Jacques Cavenaile, qui était le maître d’œuvre était célibataire et sans enfant; Au moment où il est décédé la maison est revenue à son neveu Jean-Claude Cavenaile, avocat, et qui lui a mis en vente la maison avant qu’on l’achète. Nous ne connaissions pas Jacques Dupuis mais quand je passais devant cette maison et je me disais que si un jour je venais habiter à Mons ça soit dans cette maison … Et le hasard a fait que ! Mais ce qui nous a séduit tout de suite et qui continue à nous séduire c’est l’espace, la luminosité, la ligne, principalement ! 3. Existe-t-il un défaut majeur dans la vie de tous les jours dans votre habitation ? Au niveau de la construction de la maison, il semblerait que la maison n’ait pas été suffisamment isolée au niveau des fondations … Ce qui pose problème au niveau de la remontée des eaux dans certains murs. Néanmoins, c’est une maison qui a un certain âge et à cette époque on ne faisait pas aussi attention qu’aujourd’hui à l’étanchéité et l’isolation. Sinon le garage n’a pas de communication avec l’habitation. Même chose pour le jardin, il n’y a pas de passage vers l’extérieur (coupe d’herbe transit par la cuisine). Mais ce n’est pas dramatique. Nos voisins, par contre, ont un accès direct à la maison. 4. Aucune maison de Dupuis en Wallonie n’est classée ? Qu’en pensez-vous ? C’est dommage pour lui qu’il n’y ait pas eu de reconnaissance de son travail. Néanmoins maintenant on sait que lorsqu’elles sont classées ça impose énormément de contraintes et de désagréments au point de vue des modifications à apporter. Il y avait des châssis métalliques partout, ça veut dire des ponts thermiques. On a eu des soucis. Surtout dans la cuisine, elle est plein nord, il y avait des châssis qui laissaient passer l’air, donc le froid, donc perte d’énergie, etc. A un certain moment il faut se demander qu’est-ce qu’on fait ? L’original c’est celui qui est dans l’entrée, le Bow-window. Là c’est tout fin, effectivement. Maintenant on ne retrouve plus en châssis des choses aussi fines. Donc, que doit-on faire ? Il y a d’un côté l’écologie et de l’autre le patrimoine. Un autre exemple, la porte du garage, il y avait une porte en bois à lamelles, comme le dessin que vous avez dans le hall d’entrée en bois et qui coulissait sur un rail mais ce rail, parce que le terrain aussi s’est détérioré, la porte gonfle et se rétracte en fonction du temps et donc pour moi impossible de l’ouvrir. Et donc on ne va pas rajeunir donc à Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes un certain moment il va y avoir un problème. Donc on a modifié et on a mis une porte basculante en essayent d’être le plus neutre possible. Et donc là c’est des choix qui si on avait été classé ça n’auraient pas été possible. Tout dépend du degré de sévérité des classeurs… 5. Que pensez-vous de l’apport de la lumière et des ambiance que la lumière procure dans cette maison ? Elle est partout en fait, ici dans le living c’est manifeste, pareil à la cuisine, en haut il y a la mezzanine. Il y a un puits de lumière qui éclaire le hall de nuit et l’escalier. La lumière vient de partout. En fonction des différents moments de la journée, il y a différentes ambiance qui se produisent dans la maison, constamment. Au fur et à mesure que le soleil tourne, tous les volumes et les atmosphères changent, c’est remarquable ! Le soleil se lève sur la façade rue et se couche à l’arrière. Elle nous accompagne ! Emmanuel Dupuis disait que son père construisait des façades fermées et au fur et à mesure qu’on avançait dans le bâtiment, on avançait vers la lumière. 6. Que pensez-vous du concept du rite de passage de Jacques Dupuis ? En effet, je pense que c’est très important pour lui car plus on avance dans cette maison et plus on aperçoit différentes choses : la façade à rue est presque aveugle tandis plus on avance, plus la lumière apparait, la nature, le jardin. 7. Avez-vous apporté des changements majeurs à cette maison ? Non. On a modifié les châssis devant et derrière, pas la mezzanine. Au niveau des lambris nous avons tout conservé. On a essayé d’y toucher le moins possible. Sauf le chauffage qui au départ était un système de chauffage par le sol, très confortable. Mais un jour il y a eu une fuite quelque part. Impossible de savoir où. Du coup on a du refaire une installation apparente en restant dans le style de la maison. 8. Pensez-vous qu’il existe des traces de vernaculaire ou d’architecture régionale dans cette habitation ? Aussi bien au niveau des matériaux et de la conception que dans la façon de vivre, d’habiter cette maison ? Il est important de signaler que Jacques Dupuis avait un soucis du détail très important. Ainsi, dans cette maison, au-delà du dessin par Dupuis de la rampe d’escalier et des lambris, il avait fait appel à Georges Boulmant (artiste de Quaregnon) pour réaliser le luminaire de le hall d’entrée. Un cylindre avec des lamelles métalliques collées. Mais malheureusement, on ne l’a plus car il menaçait de tomber. Donc, à l’occasion de travaux, nous l’avons enlevé. C’est le même artiste de la région qui a fait la vague au-dessus de la porte d’entrée. C’est intéressant de remarquer cet auvent qui fait apparaître une vague, une forme organique qui peut être étrange comparé au reste de la maison qui est très minéral, très droit. Enfin, nous pouvons signaler l’utilisation de pierres pour le sol ou les murets du jardin, le marbre noir de la cheminée. 9. Avez-vous des contacts avec d’autres propriétaires ou d’autres personnes voulant mettre en avant Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes l’architecture de Jacques Dupuis ? À l’initiative d’Emmanuelle Dupuis et de Julie Brunel qui est un peu la cheville ouvrière, nous avons visité le long de la chaussée de Binche, la maison Spinette, la roncière à Ath. Nous sommes allé à Bruxelles (Kraainem) ainsi que la maison Gustave Camus. Et d’autres propriétaires sont venu ici. Jan Thomas est venu il y à quelques mois en compagnie d’autres architectes, ils faisaient un tour des maisons Dupuis.
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VI. Annexes QUESTIONNAIRE INTERVIEW EN VUE DE LA RÉALISATION D’UN MÉMOIRE SUR JACQUES DUPUIS Date de la visite : 28/06/2016 Maison : Jottrand (1954) Adresse : Boulevard Fulgence Masson, 3 - 7000 MONS Nom de la personne interrogée : Monsieur Faehres, membre fondateur des Montois Cayaux, ancien bijoutier. Numéro de contact : 065/34.00.67 1. Depuis quand habitez-vous cette maison ? Depuis 1984 mais la maison a été construite en 1954. 2. Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette maison ? Ça correspondait à ce que je voulais en terme de volumes et d’espace intérieur. Elle est très confortable au niveau du chauffage par radiation. Le jardin va jusqu’à la maison folie, il n’y a pas de mur comme chez les voisins qui gâchent la vue, la circulation et la lecture du plan sont faciles, ce n’est pas imbriqué comme chez les voisins ! Les pièces sont grandes et vont de la façade avant jusqu’à la façade arrière (chambre). J’ai acheté cette maison à un très bon prix en vente publique, personne n’a enchérit à part moi. Je ne connaissais pas Dupuis. 3. Existe-t-il un défaut majeur dans la vie de tous les jours dans votre habitation ? Dupuis est un très bon dessinateur mais ne tient pas compte de la géologie, du climat, de l’orientation. Il sait faire des volumes cubiques, brut sans tenir compte de la technique ! 4. Aucune maison de Dupuis en Wallonie n’est classée ? Qu’en pensez-vous ? C’est mieux ! Je ne suis pas d’accord pour que l’on classe ses maisons ! On a dit de mois que je faisais un sacrilège lorsque j’ai voulu la rénover en 1990... Je n’aurais rien pu faire si elle était classée mais c’est une habitation, son affectation change en fonction de son habitant : un médecin n’a pas les mêmes besoins (salle d’attente) qu’un banquier par exemple. Je ne suis pas contre la préservation d’un patrimoine mais de quelle façon ? On peut conserver mais pas obliger ! 5. Que pensez-vous de l’apport de la lumière et des ambiance que la lumière procure dans cette maison ? C’est très lumineux ! La lumière est partout mais cela pose problème au niveau de la chaleur. 40°C dans la chambre ! Ce n’est pas le cas chez les voisins car il y a un auvent en façade et les fenêtres sont reculées. 6. Avez-vous apporté des changements majeurs à cette maison ? Dupuis ne voulait pas rejointoyer, il ne voulait pas de casses goûtes afin qu’au niveau de l’esthétique, tout soit droit ! J’ai fait rejointoyer car il n’y a pas de débordement sur les murets et les escaliers, il y avait donc des infiltrations, les joints pétaient. La terrasse en façade avant de 12 m n’est pas utilisée, Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes pas d’évacuation des eaux, la pente est mauvaise car tout passe par l’escalier. J’ai fait remettre un zinc et un silicone sur le couvre-mur mitoyen car le «Roofing» ne remontait pas jusqu’à la rive. En toiture c’était une toiture plate avec du cuivre dont les joints debout étaient trop courts ! Au niveau de l’auvent de la porte d’entrée, la pente allait vers la maison. J’ai fait refaire la pente. C’est moins cubique aujourd’hui car j’ai rajouté une rive. Le fer rouille, se dilate. Dupuis ne le savait pas ? Les poteaux de l’abri de jardin étaient directement mis en terre. Au niveau de la balustrade et de la terrasse : elle est en porte à faux : ça pose problème également ! Les pierres de la terrasse débordent et ne reposent que sur la partie légère, je recherche toujours quelqu’un pour la refaire. Je retirerai le calepinage en pierre pour mettre du gré Ceram, on va encore dire que je détruit Dupuis mais bon ... ! La rampe extérieure est en bronze et les tenants en fer. La dilatation est donc différentes entre les deux métaux et ça craque ... Il n’y avait pas de dilatateur sur 12m ! J’ai également rajouté des tenants à la balustrade car il n’y en avait pas assez, un ferronnier l’a renforcée par le dessous. J’ai également rajouté un étage en toiture, ce qui m’a valu les foudres de Matador à l’époque (début 90) dans la presse (La Libre, Le Soir) qui titrait : «Pour la Sauvegarde de l’architecture contemporaine» ! On a titré que je faisais un sacrilège ! Je devais refaire le toit et pour le même prix, j’avais le choix : le refaire à l’identique (plat) ou alors rajouter une toiture traditionnelle (en pente) isolée et gagner une surface habitable non négligeable ! Le choix était vite fait ... De plus, avec le building d’appartements à côté, ça rattrape le déséquilibre ! J’ai essayé d’être le plus délicat possible dans l’intervention : de la façade avant c’est une pente douce, il faut aller de l’autre côté du boulevard pour voir qu’il y a un étage. J’ai essayé de retrouver les mêmes pierres françaises de Bretignies ainsi que les mêmes briques. J’ai utilisé des ardoises naturelles pour la toiture ! Au niveau du chauffage, c’est très confortable car c’est par radiation (sol et plafond) mais au plafond rien n’était isolé en toiture donc je chauffais l’extérieur. Tout ce qu’il y avait de nouveau, il (Dupuis) sautait dessus ! En ce qui concerne le chauffage par radiation, on le faisait à l’époque pour de petits volumes, Dupuis l’a fait partout dans la maison ! J’ai rajouté une porte au bureau car tout était ouvert, j’ai également fait refaire la circulation au niveau du hall entre le séjour et la cuisine (cloisons, portes). J’ai également remarqué lors des travaux qu’il n’y avait pas de vide dans les murs creux ! J’ai condamné le bow-window de la porte d’entrée en le murant et ne laissant qu’une porte (non vitrée) et j’ai fait refermer une fenêtre en façade avant et rajouter des barreaux aux fenêtre près de la porte d’entrée. J’ai également fait reboucher une «meurtrière» en façade arrière pour isoler la façade exposée à la pluie ! J’ai fait reboucher un jardinet qui était contre la façade arrière. Il n’y avait pas de drain dans les fondations qui n’étaient pas goudronnées ... J’ai également enlevé une plante qui s’étalait et qui était dans la cour arrière. Et j’ai refait faire un pavage à l’arrière en enlevant le calepinage de pierre bleue pour un dessin que j’ai moi-même dessiné en utilisant le modulor. J’ai utilisé des pierres bleues également mais avec une trame plus régulière qui s’aligne à la façade arrière. Au final, j’ai entendu que le prix des maisons de Dupuis était le double du devis initial car il avait la Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes folie des grandeurs ! 7. Pensez-vous qu’il existe des traces de vernaculaire ou d’architecture régionale dans cette habitation ? Aussi bien au niveau des matériaux et de la conception que dans la façon de vivre, d’habiter cette maison ? Je sais que Dupuis passait avec son doigt après les maçons pour enlever le mortier qui dépassait des briques car il voulait un effet «brut». Néanmoins je trouve qu’il était trop avant-gardiste car certaines de ses techniques posent problème ... Il voulait un effet brut qu’importe les conséquences (infiltrations). Il y a également l’escalier que Dupuis a dessiné ainsi très organique ainsi que la salamandre autour de la cheminée qui a été dessinée par un artiste local. Enfin, il utilisait beaucoup la pierre de Soignies et discutait beaucoup avec le maître d’ouvrage (directeur de banque du Hainaut). 8. Avez-vous des contacts avec d’autres propriétaires ou d’autres personnes voulant mettre en avant l’architecture de Jacques Dupuis ? Non.
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VI. Annexes QUESTIONNAIRE INTERVIEW EN VUE DE LA RÉALISATION D’UN MÉMOIRE SUR JACQUES DUPUIS Date de la visite : 06/07/2016 Maison : Roucour (1957) Architecte : Guchez Adresse : Sentier Cavenaile, 16 - 7000 MONS Nom de la personne interrogée : Monsieur Francart Numéro de contact : 0475/80.10.34 1. Depuis quand habitez-vous cette maison ? Depuis 1986. Le premier propriétaire s’appelait Roucour. Je les connaissais très bien, j’ai joué gamin ici. La particularité c’est que c’était frère et sœur avec les voisins. Madame Roucour est née Delarge et nos voisins s’appelaient Delarge. On a d’ailleurs du dans notre acte d’achat renoncer à se plaindre des vues. Il n’y a pas de clôtures. Guchez n’a pas fait énormément de maisons privées car il était très politisé, il a donc fait énormément de bâtiments publics, il s’est investi dans le réaménagement du Grand Hornu de façon assez positive mais la cité Hadès a été un fameux échec. Pour moi Dupuis est un cran au-dessus de Guchez. 2. Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette maison ? C’est ce que j’appelle une maison Spirou, en effet on en voyait des similaires dans la BD. Sinon l’emplacement m’a tout de suite charmé. On a une vue imprenable, on est en face d’une réserve ornithologique et la maison avait un style qui nous plaisait bien. Mon épouse voulait habiter la campagne et moi la ville donc on a trouvé un compromis. Et le style moderne me plaisait bien. Ici je trouve que l’équilibre entre la porte d’entrée et le garage est bien respecté contrairement à beaucoup d’autres maisons ! Ce qui est très gai c’est que si vous êtes assis dans le salon vous avez une vue sur le jardin et sur la réserve à l’avant, ce qui est très agréable ! Pour moi, ma maison est mieux que celle du voisin dans le sens que je peux mieux profiter de la vue, notamment au niveau du salon où je peux profiter de la vue sur le Bois Là-haut. La maison est située sur le Mont-Panisel. 3. Existe-t-il un défaut majeur dans la vie de tous les jours dans votre habitation ? Il y a des problèmes dans la qualité des matériaux, c’est peut-être l’époque qui veut ça mais la cuisine est ridicule, les chambres sont trop petites, le hall est disproportionné et beaucoup trop grand. Il y a un mur qui nous coupe un peu la vue quand on est dans le jardin. Il y avait des problèmes d’humidité. De notre chambre on a une vue sur la toiture en «Derbigum» du hall qui est beaucoup trop grand. C’est des maisons qui sont beaucoup moins isolées qu’on ne le ferait maintenant. On a eu beaucoup de frais car il y a toute une série de tuyaux qui ont commencés à sauter à droite et à gauche donc il faut faire des trous à chaque fois. L’insonorisation n’est pas bonne. Et dans le couloir, l’architecte en était à ses débuts, il avait oublié de dessiner un lavabo devant Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes le WC. Il y a des problèmes énormes mais c’est ce qui en fait le charme aussi peut-être ? Beaucoup de déperditions thermiques au niveau des radiateurs qui étaient en plus recouverts de bois. Au niveau de la pierre du hall d’entrée, il y a une maladie donc des petites tâches apparaissent. Les tuyaux de chauffage du sol n’étaient pas gaînés et donc ça coulait et beaucoup de problèmes de déperditions. Au niveau du mur extérieur du hall d’entrée, j’ai du faire pas mal de travaux pour étanchéiffier. Il n’y a pas de rangements intégrés contrairement aux maisons de Dupuis. 4. Est-ce que cette maison est classée ? Qu’en pensez-vous ? Non, je crois que ça entraine des frais, beaucoup d’obligations à charge du propriétaire, c’est négatif pour moi. Néanmoins j’essaie de respecter le style d’origine de la maison.
5. Que pensez-vous de l’apport de la lumière et des ambiance que la lumière procure dans cette maison ? C’est un des gros atout positif. Avec comme inconvénient qu’on ne sait pas mettre beaucoup de meubles. Ce qui est très agréable c’est qu’on a tout le temps des vues sur le jardin et on a des vues très différentes. C’est dégagé devant, c’est plus intime ailleurs. La maison est orientée avec le sud en façade avant. Le terrain est plus grand qu’à côté donc ils ont pu mettre la maison plus en recul afin de profiter plus du jardin. 6. Avez-vous apporté des changements majeurs à cette maison ? J’ai bien entendu réalisé quelques travaux de maintenance dus à l’age de la maison, en essayant de maintenir le style de la maison et de respecter son architecte. Le salon est devenu une salle à manger. La salle à manger est devenue une salle de jeu qui est devenu une nouvelle chambre car on en avait besoin. On a également rebouché un passe plat qui existait dans la cuisine. Enfin, Guchez était surtout vu comme un artiste. Les poteaux de l’auvent étaient de couleurs différentes : bleu - jaune - vert - rouge. 7. Que pensez-vous du rite de passage dans cette maison ? Existe-t-il ? Quand on arrive près de la porte d’entrée on aperçoit dans une faille le jardin à l’arrière. 8. Pensez-vous qu’il existe des traces de vernaculaire ou d’architecture régionale dans cette habitation ? Aussi bien au niveau des matériaux et de la conception que dans la façon de vivre, d’habiter cette maison ? Il utilisait la pierre de Soignies, à l’époque on n’achetait pas en Chine. Il utilisait la brique de la région. Un détail intéressant est que les pierres en opus incertum de l’entrée extérieure se prolongent vers l’intérieur de la maison.
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VI. Annexes QUESTIONNAIRE INTERVIEW EN VUE DE LA RÉALISATION D’UN MÉMOIRE SUR JACQUES DUPUIS Date de la visite : 30/06/2016 Maison : Michaux (1959) Adresse : Chaussée Roi Baudouin, 252 - 7030 Saint-Symphorien Nom des personnes interrogées : Laura Michaux (petite-fille de la première propriétaire) Numéro de contact : 0497/20.94.12 - laura_michaux@hotmail.com 1. Depuis quand habitez-vous cette maison ? Depuis un an mais j’y ai déjà vécu durant mon enfance et mon adolescence. 2. Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette maison ? J’adore l’architecture, je suis passionnée ! Ce qui m’a plus ici c’est le côté historique et familiale, ma grand-mère a construit cette maison seule car elle était veuve à cette époque. Il y avait un entrepôt en-dessous car on était marchand de bières. C’est une maison que j’ai toujours connu. Au niveau de l’agencement des pièces, je n’ai rien à dire. C’est une maison qui est très agréable à vivre. Je l’ai toujours senti, aussi bien lors de mon adolescence que maintenant. Le plain-pieds est très pratique. Elle est très lumineuse ! J’aime beaucoup les matériaux qui sont utilisés, le bois est un matériau noble très chaleureux qui craque beaucoup, c’est une maison qui a beaucoup de bruits propres à elle-même, on s’y habitue et on finit par la reconnaître. Les chauffages sont également encastrés dans des caissons en bois. C’est une maison qui est bien pensée, je n’ai pas besoin de beaucoup de meubles car il y a aussi énormément de rangements intégrés à la maison, dans la cuisine, le séjour, dans les chambres. Je pense aussi que la maison n’a pas besoin de beaucoup de meubles car lorsque vous la voyez vide, elle est déjà habillée. C’est une maison où il fait bon circuler donc il ne faut pas l’encombrer. Dans la cuisine c’est très pratique car ce sont des armoires passe-plat et donc on y a accès dans la salle à manger également. C’est très pratique ! Ce que j’adore aussi dans cette maison, c’est qu’il n’y a rien de droit, beaucoup d’obliques et les angles ne sont jamais à 90 degrés et tous les coins sont arrondis, comme l’enveloppe extérieure de la maison ! Les hauteurs de plafonds varient également, ce qui donne un dynamisme à la maison et offre une sensation d’espaces grâce à des hauteurs importantes à certains endroits ! La circulation est aussi facile et très fluide, du hall d’entrée on peut accéder directement à la cuisine ou à la cave. Les proportions des pièces sont agréables. La construction des faux plafonds qui donnent une structure et une atmosphère différente, il fallait y penser, il n’y avait que lui pour y penser ! Ça apporte une structure entre les arrondis et les murs qui ne sont pas parallèles, on ne pourrait pas les enlever ! Ce qui me plaît aussi c’est les lambris qui recouvrent le mur de l’entrée, de la cuisine et même la porte, ce qui fait que lorsque l’on referme la porte on a un mur complet de bois. Dupuis était devenu un ami de la famille, il passait régulièrement rendre visite à ma grand-mère. Ce qui me plaît aussi c’est les deux atmosphère entre le coté rue très fermé et très ouvert et blanc du côté du jardin. Elle a un côté arrondi et un côté strict aussi, le blanc, le noir, le contraste ! Ce que j’aime beaucoup c’est qu’il a réussi à scinder la partie jour et la partie nuit, notamment grâce à une porte coulissante qui cache le couloir de nuit et structure et privatise l’espace ! Lorsque l’on ne connaît pas la maison, on ne s’y attend pas du tout ! C’est une maison que Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes j’imaginerai très bien sur une colline en bord de mer ! L’environnement boisé est aussi une énorme qualité. 3. Existe-t-il un défaut majeur dans la vie de tous les jours dans votre habitation ? Les escaliers pour accéder à la pièce de vie dans l’entrée c’est un peu compliqué lorsque l’on fait des courses. De plus, il n’y a pas assez de recul pour refermer la porte et accueillir les gens, on ouvre la porte et on est tout de suite sur l’escalier. Je pense qu’il y a une erreur de conception à ce niveau là mais je pense aussi qu’au départ il avait fait les plans beaucoup plus grand mais il a du réduire pour cause de budget réduit. Déjà comme ça elle a couté beaucoup plus cher que prévu. Il manque peut-être quelques mètres carrés dans la salle de bain et dans l’une des chambre. Mais je pense que c’est du à l’évolution de nos modes de vie. Avant la salle de bain était plus une pièce technique alors qu’aujourd’hui on y vit plus ! Sinon ce sont plus des aspects liés au fait que c’est une ancienne construction, liés à l’usure aussi ! Je me suis habituée très vite aux différences de niveaux (estrades, etc.). Ma fille a appris à marcher ici, elle s’est très vite adaptée aussi. 4. Aucune maison de Dupuis en Wallonie est classée ? Qu’en pensez-vous ? Je n’ai pas vraiment d’avis, je pense que c’est à chacun de décider si il a envie de classer son bien ou pas. On avait été contacté dans le but de classer la maison, on s’était renseigné et finalement on n’a plus jamais eu de nouvelles. Je pense que ce qui me fait un peu peur c’est le côté restrictif. Maintenant le fait qu’elle ne soit pas classée n’empêche pas que j’ai régulièrement des demandes de visite. Un jour je suis rentré de mon travail et j’avais un groupe de 20 élèves devant qui venaient de Londres pour visiter. Donc je ne sais pas si c’est un plus qu’elle soit classée. De plus, j’essaie de la respecter au maximum, de revenir un maximum aux plans d’origine pour respecter ce que l’architecte avait décidé mais aussi pour honorer ma grand-mère et Dupuis. 5. Que pensez-vous de l’apport de la lumière et des ambiance que la lumière procure dans cette maison ? C’est aussi une maison qui est très lumineuse. Les grandes baies vitrées, c’est magnifique. En plus, vu le climat de la Belgique il fait plus souvent gris qu’ensoleillé. Il y a un apport de lumière très important et je trouve que c’est important dans la vie de tous les jours. Dès qu’il y a un rayon de soleil c’est d’autant plus agréable. Elle est exposée plein sud donc évidement c’est très positif. Néanmoins en hiver ça chauffe rapidement mais en été ça chauffe rapidement aussi, il faut donc penser à aménager des tentures avec une toile isolante. Il y a une différence aussi entre l’été et l’hiver car la toiture de la terrasse est inclinée de façon à laisser rentrer les rayons du soleil en hiver et pas en été. On l’apprécie donc différemment selon les saisons. De plus, la couleur du bois évolue aussi selon les saisons. Il y a aussi un puits de lumière dans le séjour qui apporte de la lumière aussi bien dans le séjour que dans la partie nuit.. Il y a aussi des lumières indirectes dans les plafonds que l’on peut dimer qui donnent une ambiance particulière. Il y a aussi des parties vitrées en oblique au dessus du bar qui donnent dans le hall d’entrée ainsi qu’un miroir en face des escaliers de l’entrée qui ouvre une perspective et apporte de la lumière également. Durant les travaux on l’a cassé, on a du le changer donc on a du rester un moment sans et je peux vous assurer que le hall d’entrée sans le miroir c’est plus du tout le même ! Dans les deux maisons à côté (filles Michaux), Dupuis a dessiné également de grandes baies vitrées ouvertes sur le jardin et de grandes hauteurs sous plafond. Autre anecdote, à la base il ne devait pas Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes y avoir la grande baie vitrée sur la façade rue mais ma grand-mère n’a pas voulu vivre façe à un mur plein dont elle a fait faire cette grande baie en façade qui apporte également beaucoup de lumière ! 6. Avez-vous apporté des changements majeurs à cette maison ? Lorsque l’on a fait les rénovations, mon souhait était de respecter un maximum ce qui était d’origine. On a remplacé certains châssis en alu mais j’ai tenu à ce qu’on garde l’architecture des châssis. J’ai voulu les garder en noir, comme les portes et le faux-plafond. J’ai changé le revêtement de sol. Dernièrement c’était du linoléum mais avant ça, ma grand-mère avait mis du tapis mais elle a développé de l’asthme donc elle a changé pour le lino. Ici j’ai voulu une uniformité comme le lino donc j’ai mis du polyuréthane. C’est très joli mais c’est une catastrophe à l’entretien. A refaire, je ne referai pas ce choix. On a refait la chape aussi. On a refait l’électricité car il n’y avait pas de mise à la terre. On a également refait le plafonnage. Nouveaux radiateurs. On a gardé les lambris des murs intérieurs, ils n’ont jamais été traité et sont encore nickel ! On a refait la cuisine mais j’ai voulu respecter la cuisine que j’ai connue, très sobre, très épuré, blanc, sans poignée, comme c’était. J’ai également refait la salle de bain. Au niveau de la structure on a du consolider les pilotis. Car on s’est rendu compte qu’il y avait de la corrosion. On a du déterrer et mettre un produit et les renforcer. On doit encore remettre les plinthes qui sont particulières, elles sont trapézoïdales et le dessus est en noir laqué et le dessous blanc ! Il y avait aussi du cuivre au niveau du plafond du séjour mais ma grand-mère a décidé de l’enlever car ça s’abîmait. Je pense aussi que c’était Dupuis qui avait choisi la décoration intérieur, les tentures étaient arlequins et les murs étaient en bleu-vert. Une chose que j’aimerai modifier et encore, je ne suis pas sûr, c’est d’ouvrir le feu ouvert sur le côté salon... Mais c’est pas sûr ! Je compte aussi mettre une cassette car les cheminée traditionnelles ce n’est pas pratique ! Je compte aussi refaire une bibliothèque en restant dans l’esprit de Dupuis car il n’y en a plus aujourd’hui près de la cheminée. C’est une maison qui a été louée pendant des années et il n’y a rien à faire, les locataires ne prennent pas soin comme les propriétaires. Donc quand il a été question que je vienne habiter ici, c’est là que j’ai commencé à faire les travaux. C’est pareil pour les aménagements extérieurs, quand je vois ce saule, je sais que c’est ma grand-mère qui l’a fait planter donc je trouve ça beau, je me dis «waouw c’est juste magnifique !». Donc voilà, j’essaie de rattraper des années où ça n’a pas été entretenu. J’aspire à ce que ça soit terminé ! 7. Pensez-vous qu’il existe des traces de vernaculaire ou d’architecture régionale dans cette habitation ? Aussi bien au niveau des matériaux et de la conception que dans la façon de vivre, d’habiter cette maison ? Un détail intéressant, la hauteur des poignées de portes : Dupuis revenait du Japon quand il construit cette maison et donc là-bas les poignées de portes sont très basses, il a voulu garder cet esprit ! A la base, il devait y avoir un étang avec un pont à l’entrée également. Il s’inspirait beaucoup de ses voyages pour ramener des détails de l’architecture traditionnelle je pense ! Il utilise aussi beaucoup de matériaux régionaux, comme le schiste de la cheminée. A l’origine sur la terrasse c’était de la pierre bleue en opus incertum. On a du aménager une terrasse sur plots car il y avait des problèmes d’infiltration. Il y a aussi une petite intervention d’un artiste au niveau de la poignée de la porte. On remarque aussi que les murs de l’entrepôt et le muret extérieurs sont recouverts de pierres dont les joints ne sont pas remplis pour garder un aspect très brut ! Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes INTERVIEW EN VUE DE LA RÉALISATION D’UN MÉMOIRE SUR JACQUES DUPUIS Date de l’interview : 28/07/2016 Architecte : Robert Carlier Nous avions un projet Jacques et moi. Il avait un client, Niels, qu’il connaissait très très bien. Le Saint-Martin à Bruxelles appartient à sa famille et le père était échevin à la ville de Bruxelles. Niels vin, une des affaires de la famille, était en face et c’était un très beau magasin qui maintenant n’existe plus et a été transformé. Comme toujours, les belles choses on les transforme et on en voit plus rien ! Pour Niels, nous avions fait un projet car il était implanté aussi à la place Sainte-Catherine où se trouve un restaurant de poisson, tout en jaune. L’établissement, le Saint-Martin, avait été fait par Guévaerts, qui est un excellent décorateur sorti de la Cambre. Jacques Dupuis et lui se connaissaient et Niels voulait absolument avoir une œuvre de Dupuis. Il avait racheté 2-3 maisons près du restaurant en question et dans cette rue, il y avait une maison pour laquelle il voulait faire Niels Vin et donc y réimplanter le commerce. Dans une autre rue, il voulait y faire ses bureaux et son habitation personnelle. Etant grand sportif, il avait demandé également une salle de sport. C’était un grand projet ! Mais à peine celui-ci terminé,... il est mort ! Donc finalement rien ne s’est fait ! Mais dans la vie d’un architecte, ces choses-là sont courantes. C’est vraiment dommage... J’ai collaboré avec JD les dernières années de sa vie, à partir des casemates militaires, c’est-à-dire vers 1977. On se connaissait depuis très très longtemps. Durant mes études, j’étais fan de toutes les maisons de Dupuis, je les connaissais quasi toutes ! A Bruxelles, la 1e maison que j’ai était voir était celle de monsieur Wittmann à Rhode-Saint-Genèse (elle est à présent démolie). Voilà, pour moi, ça c’était Dupuis ! Un architecte belge qui se dégageait de tout ce qu’on pouvait faire à l’époque. Il avait une architecture très personnelle et inventive. Il reprenait certains canons de l’architecture traditionnelle tout en restant moderne, puisqu’il admirait les petites fermes blanches. D’ailleurs, on le voit dans ses constructions qui sont aussi blanches. Il avait une façon de travailler les maçonneries en brique parce qu’il aplatissait le joint qui revenait sur la brique. Il ne voulait pas que ce dernier soit trop marqué en débordant sur la brique, de façon à ce que ça reste bien plat et vu que c’était peint en blanc après, on ne voyait plus qu’une surface. Un peu comme ce que l’on fait maintenant avec les briques jointes à la colle, finalement. On essaye d’avoir l’effet de masse. Et bien JD l’avait comme ça. Il aimait la plastique, la forme cubique, élémentaire, etc. Il accentuait également les bords avec du noir ainsi que les descentes d’eau. Il avait d’ailleurs une composition spéciale pour cela. Il a aussi énormément employé la pierre bleue, avec un opus incertum. Il utilisait un matériau pas trop cher. Ce qui était finalement cher dans ses constructions, c’était la conception elle-même, les retraits, l’espace, toutes sortes de détails qui faisaient hurler les entrepreneurs ! Mais il arrivait à leur faire imposer ses choix : il était infernal ! Ou alors ça ne collait pas donc,... on ne continuait pas, carrément ! Durant l’élaboration, il corrigeait, changeait de nombreuses fois le projet. D’ailleurs, les clients ont dû en avoir un peu marre ! Petite anecdote sur la maison Franeau : la table de la salle à manger cylindrique avait été dessinée, exécutée puis il a décrété que finalement, les proportions n’étaient pas bonnes... On recommence ! Il fallait tout de même des clients qui admettent ce genre de choses ! Ca, c’était lui. Ce qui est important, c’est qu’au fond il a toujours travaillé avec un collaborateur. Toutes les esquisses étaient Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes bien sûr de Dupuis mais il a par exemple travaillé avec Bontridder, qui était quelqu’un de remarquable. Sûrement la meilleure collaboration que JD ait eu. Il a eu également Simone Guillissen-Hoa (maison de la culture à Tournai), Georges Boulmant, Roger Bastin,... D’ailleurs, j’ai fini mes études en 1956 et à l’époque, ma fiancée avait une sœur, cousine de Bastin. J’ai alors demandé s’il était possible d’aller travailler chez lui ! Car Bastin et Dupuis, c’était ce qu’il y avait de meilleur en Belgique à ce moment-là. J’ai donc réussi à travailler 6 mois avec lui en attendant mon service militaire. Dupuis et Bastin venait de se séparer. Avec ce dernier, j’ai été voir l’ESMA, qui était un centre de repos fait par Bastin et Dupuis, à Auvelais. Je voyais parfois Dupuis venir au bureau et dessiner, mais ça ne durait qu’un petit moment. Il ne faisait pas de projet dans son entièreté. Je ne sais pas comment il travaillait au Grand Hornu. En effet, la banque, la société générale à Mons, c’est lui qui en à fait les dessins, tout comme la station météo dans les Ardennes et la cité de l’enfance, sur la route de Beaumont. Je ne sais pas comment la collaboration avec Bastin se passait. C’était également un bon architecte mais beaucoup plus rationnel. Dupuis, c’était par moment la fantaisie et donc, ça ne pouvait pas continuer entre eux ! Bastin s’accrochait avec lui car il voulait des choses plus précises. Il a fait de très bonnes choses mais était quelque peu rigide et extrêmement indécis. Dupuis, lui, rebondissait sur tout. Il changeait, s’adaptait, n’était pas inquiet. J’ai dessiné chez Bastin la façade d’une habitation d’un de ses clients. J’en ai fait au moins 6 ou 7 ! Il était toujours indécis. Le client nous harcelait pour avoir absolument le dessin de la façade ! Du coup, au bout de 7 à 8 essais, Vanoost (un des collaborateurs de Bastin) a pris tous mes croquis, en a dessiné un nouveau en se basant sur ce que j’avais fait et en disant « c’est ça » ! Il est ensuite parti sur le chantier pour le donner et Bastin n’est plus rien dit… Dupuis, ce n’était pas du tout le même genre. Autre anecdote : Kroll, qui a aussi travaillé étant jeune avec Bastin, avait réalisé avec lui un centre près du Lac de Robertville. Bastin décide d’aller voir le projet, mais il est revenu catastrophé : « il est fou (en parlant de Kroll) ! Il a mis de grands vitrages mais avec des verticales ! On ne voit plus le paysage, tout est haché ! C’est vraiment raté ! ». Bref, il en a parlé toute la journée. Il était très rigoureux, mais il a fait de grands projets, dont l’université de Namur. Une grande caractéristique qui me séduisait dans les plans de Dupuis, c’était la notion de l’oblique. Je crois que c’était le premier architecte en Belgique à créer ce genre d’architecture. Cela renforce les perspectives, je trouve. Beaucoup ont essayé de l’imiter après, mais les obliques ne sont pas toujours maitrisées. Les angles n’étaient pas corrects, par exemple. Lui, il faisait en sorte qu’il n’y ait pas d’angles inutilisables. Son but était d’émouvoir. Il avait un profond humanisme, à créer des maisons à habiter pleines de charme. Il variait le regard. Par exemple, il ne faisait jamais plusieurs fenêtres d’un côté et aucune de l’autre, ménageait au bout d’un couloir une vue qui était différente, dessinait des rangements de bibliothèque dans une cheminée… Tout ça, c’est du raffinement, ça a une personnalité. C’est magnifique ! J’étais vraiment en contact direct avec JD quand j’ai fait la fameuse Galerie des Trois Portes à la rue des Clercs. Il pensait qu’une galerie d’art contemporain à Mons était une bonne chose. Mais une fois que la galerie a cessé d’exister, il continuait à venir me rendre visite et buvait un petit verre… après avoir passé du temps à l’Excelsior le matin ! Il y lisait ses journées puis passait chez moi. C’était un grand humaniste. Il parlait de beaucoup d’événements historiques et avait beaucoup voyagé. Il Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes disait qu’il tirait entre autre son architecture du nord. Il se réclamait de Gunnar Asplund, un architecte suédois très minimaliste dans ses œuvres. La manière dont on rentre dans les maisons de Dupuis, la déambulation, est aussi incroyable. Il y avait tout un rite de passage. Il ne voulait pas que la porte d’entrée soit directement visible de la rue, il la cachait, créait des murets, des parcours pour y accéder. Sûrement un emprunt à l’architecture japonaise. D’ailleurs, pour les portes d’entrées dans l’architecture japonaise, vous devez toujours vous baisser pour y accéder, avec les poignées très basses. Dupuis s’en était inspiré pour faire la maison Michaux. Je pense que Dupuis empruntait l’architecture régionale pour ses projets. Il y a une forme de simplicité dans tout ça. Je parlais tout à l’heure des petites fermes qui s’étaient implantées et qu’il admirait. C’était spontané, pas voulu mais il s’en est beaucoup inspiré. Il transposait après dans quelque chose de plus contemporain, comme les nordiques. C’est simple. Il a un peu épousé les mêmes idées qu’Alvar Aalto. Aalto était un moderniste mais n’était pas asservi par Le Corbusier. C’est extrêmement personnel, une vraie architecture organique, comme Hans Scharoun qu’il aimait aussi. Dupuis était de cette famille-là. Un dessin que Dupuis m’avait fait a servi d’affiche pour une exposition sur lui au Noir Lévrier. Il s’amusait beaucoup à dessiner. Il croquait même sur des cartons de bière ! Quand il venait à la maison, il demandait si j’avais du papier pour pouvoir y poser ses idées. Il en avait toujours. Il fallait aimer son architecture, embrayer tout de suite. Un étudiant actuel n’aurait pas forcément compris ses croquis ! Quand il est allé en Chine, il y a fait aussi des aquarelles. Une chose très importante également, c’est qu’on n’a toujours pas réussi à faire classer ses maisons. C’est honteux ! Ca fait plus de 5-6 ans que j’ai participé à une réunion à Mons où on réclamait cela, mais rien n’a bougé. Que faut-il faire pour que cela change ? Dupuis jouait aussi très bien du piano. C’était un artiste complet ! Il avait un appartement à Uccle ou j’y avais été. C’était un simple appartement mais qu’il avait cloisonné pour rappeler cette idée de parcours qui lui était chère. Tout était en noir, avec des miroirs qui nous happaient pour aller dans son salon. JD a dessiné le Grand Hornu avec Guchez. La conciergerie avait était faite par Jacques. Ils ont également créé ensemble la station terrienne de télécommunications spatiales de Lessive. Elle pouvait être visitée à l’époque. Il y avait également un restaurant, c’était un beau lieu de villégiature. Dupuis n’a pas été invité à l’inauguration, par contre… En effet, il arrivait parfois avec une bouteille de whisky et la buvait avant d’aller à Lessive… La Petite Ecole de Frameries dont il ne reste plus rien à présent, était basée totalement sur un modèle nordique. La Cité de Quaregnon avait des façades noires et blanches qui formaient tout un jeu de contraste. Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes Malheureusement, les gens ont tout peint en blanc. C’est comme les portes vitrées : les habitants mettaient des panneaux sur le bas de la porte. Les baignoires, elles servaient… de réserves à charbon pour les mineurs ! Mais c’est peut-être mieux habité maintenant… Egalement avec Bastin, il a réalisé dans le quartier de Saint-Gilles à Bruxelles l’église Sainte-Alène. Il s’était inspiré de Gottfried Böhm, un excellent architecte allemand de l’après-guerre. Au niveau de la lumière, JD s’arrangeait toujours pour avoir des points de vue différents. Il ouvrait vers le Sud et protégeait toujours par un auvent ou autre. Les entrées étaient noires, mais plus on avançait dans la maison, plus cela devenait clair. Il y avait aussi dans ses œuvres des perspectives avec des obliques qui envoyaient le regard je ne sais où ! Pour les maisons de Dupuis, il faut des gens qui ont une certaine sensibilité, car c’est terrible, les habitants modifient tout ! Finalement, l’architecture de Dupuis est régionaliste. Par exemple Botta, c’est aussi si on veut un régionaliste : ses maisons sont parfois des coups de poing que les gens n’encaissent pas, mais tout cela est basé sur une tradition romaine. Les gens ne font pas la liaison. Mais je ne pense pas que JD aimait Botta et son architecture géométrique…
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VI. Annexes INTERVIEW EN VUE DE LA RÉALISATION D’UN MÉMOIRE SUR JACQUES DUPUIS Date de l’interview : 19/07/2016 Architecte : Marc Mawet 1) Comment avez-vous connu Jacques Dupuis ? Je suis le cousin de monsieur et madame Huart, qui ont fait construire la maison du même nom, à Havré. J’étais donc confronté à JD déjà enfant. La première expérience n’a pas été d’ordre disciplinaire ou intellectuelle mais plutôt pédagogique. En temps qu’enfant, cette maison était fascinante. J’en avais déjà la perception même si j’avais 6-7 ans. Les fêtes de famille qui s’y déroulaient m’étourdissaient au niveau des spatialités. Ensuite, quand je suis arrivé à la Cambre, la figure de Dupuis était déjà évoqué, même si elle n’était pas véritablement analysée puisqu’il n’avait pas cette reconnaissance que l’on connaît maintenant. 2) Qu’est-ce qui vous a séduit dans son œuvre ? Est-ce que des éléments vous marquent plus que d’autres ? En tant qu’architecte ? Sa capacité de considérer à la fois l’architecture et à pouvoir maîtriser une architecture de forme. C’est un homme très adroit et habile dans l’articulation et la composition des formes. Et en même temps, il est très adroit dans la construction de la structure spatiale. Je trouve que rares sont les architectes qui arrivent à associer de manière aussi cohérente la forme et la structure spatiale. C’est une des choses que je trouve fascinante chez lui. Une autre chose que j’apprécie chez Dupuis, c’est le travail, qui vient après les modernistes type Le Corbusier ou autre, sur l’explosion de la boîte. La dilution entre l’extérieur et l’intérieur, ou tout au moins ce que j’appellerais une architecture inclusive, c’est-à-dire qu’elle intègre le paysage, elle en fait une des matières de ses spatialités et il le réussit très bien. J’ai l’impression que dès qu’il reçoit une parcelle, il déploie son projet architectural de manière à gérer l’intégralité de la parcelle, y compris du paysage. Là aussi, je dirais qu’il parvient à cette grande cohérence entre son architecture, la manière dont elle s’inscrit dans le paysage et la manière dont elle le dessine. Et inversement, la manière dont le paysage lui-même nourrit le projet d’architecture. Ses collaborations avec des peintres comme Georges Boulmant ont donné naissance à des murs-peintures, comme par exemple dans la maison Huart. Il y a un mur complet à côté du feu de cheminée qui est une toile de Boulmant, mais cela reste un mur. Boulmant dessine des vitraux qualifiant les effets lumineux dans la maison, notamment le système d’entrée chez les Huart qui est en or mais travaillé avec des gris et bleus (des couleurs froides). Côté salon, là il a travaillé avec des couleurs terriblement chatoyantes. J’apprécie aussi sa recherche de collaboration, notamment avec Boulmant, qu’il vit intimement comme une nécessité, lui-même étant un brillant aquarelliste et un très grand photographe. Il a aussi une capacité à travailler les matières et leurs articulations, à les associer, sans pour autant faire une architecture bavarde, que ce soit dans la Renoncière, la maison Huart, l’Espinette,… Il y a aussi une grande utilisation des matières. Chez les Huart, il y avait par exemple du marbre blanc, du marbre noir, du bois, du papier peint « japonisant » très à la mode dans les années 60, de la brique blanche, de faux plafonds laqués noirs,… Donc il y avait à la fois une multitude de matières, de finitions (matte, brillante, etc.) et il arrive à Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes associer tout cela sans que cela soit indigeste ou grandiloquent. Et ça, ce sont des choses qui m’époustoufle. Je trouve qu’il n’a pas été suffisamment mis en avant ou valorisé, même s’il commence à l’être. 3) Que pensez-vous de son apport de la lumière dans ses œuvres ? À mon sens, je rendrais complémentaire la question de la lumière et celle des tableaux visuels. Je crois que ces deux choses participent à ce dialogue intérieur-extérieur, tout comme le déhanchement, avec ces architectures un peu déhanchées qui font qu’à chaque fois, il ouvre l’espace sur l’extérieur. Je dirais que la lumière est complémentaire aux tableaux pour créer ce que j’appellerais la promenade architecturale, c’est-à-dire faite de compression et de dilatation. Quand il utilise par exemple des faux plafonds rabaissés avec des matières sombres, on est dans un système de compression (spatiale et de pénombre). Puis, cette compression anticipe celui de dilatation, avec par exemple le déhanchement avec, par exemple, une ouverture sur un bassin ou un jardin, avec à la fois un appel de lumière et un appel perspectif. Je trouve que c’est un homme qui articule très bien les tableaux et la lumière. Donc à titre personnel, je ne dissocierais pas les deux. Je relevais tout à l’heure sa capacité à articuler la structure spatiale, la lumière, au même titre que la composition du plan, joue énormément de cela et de la qualification des espaces, tantôt ouverts sur l’extérieur et donc évidemment lumineux, tantôt introvertis avec de temps en temps une pointe de lumière. Chez lui, on a véritablement des séquences. 4) Quelle est votre œuvre préférée de Dupuis ? Je n’ai pas d’œuvre préférée de JD. Autant la brasserie, je trouve qu’il est dans l’emprunt total d’Alvar Aalto. Par contre, toutes ses autres œuvres sont moins dans la transition. Par contre, je suis toujours fasciné par la qualification de ses systèmes d’entrée. 5) Pour lui, cela semblait important de dissimuler l’entrée au public, avec ce système de déambulation. Oui, c’est hallucinant ! Voici un croquis de la maison Huart. Il y a un système d’entrée avec une première séquence, un premier seuil qui rappelle ce rituel du protocole. Tout est travaillé pour qu’il y ait une dynamisation du système de progression. On a un premier rapport qui est frontal avec la porte de garage noire. Il y a un appel visuel vers le auvent pour chercher les grandes longueurs. Quand on a franchi la porte, on se retrouve devant le bassin. Il avait cette capacité à hiérarchiser les choses, c’est-à-dire que plutôt d’envoyer directement dans le séjour, il renvoie vers l’extérieur. Il latéralise le grand dressing, les chambres qui sont très spartiates. Cette distribution secondaire très domestique et privée des chambres est complètement évacuée car il y a la fascination du tableau et en même temps, il y a une grande baie transparente qui permet d’aller chercher un autre paysage beaucoup plus loin. C’est une progression de tableaux qui est assez hallucinante. À propos de ce rite de passage, comme par exemple la maison de Camus (cf. autre croquis), il y a un système d’auvent, on passe dans un patio, puis on est face à un mur de marbre noir. C’est en effet une architecture articulée dans laquelle les séquences de passage sont très importantes et sont composées à la fois par un travail du sol, avec des emmarchements, dans la recherche de la grande longueur. Un peu plus bas en contrebas, avec la pente du toit et avec les escaliers on a un premier tableau, un second et on vient de quelque chose qui est aussi un tableau. Un vrai rite de passage… Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes 6) Selon vous, y’a-t-il des défauts dans les maisons de Dupuis ? Non, moi je ne trouve pas ! Sincèrement… Pour parler d’une autre maison, celle de Bedoret… Il va chercher le hall d’entrée et ce qui est assez séduisant et subtil, c’est que pour cela, il désaxe le chemin et il fait un auvent qui projette une ombre, avec également ce système de tubes qu’on retrouve de temps en temps, très à la mode dans les années 60 qui, en même temps, installe une distance. Tout ça est d’une grande subtilité. Et donc, est-ce qu’il y a des défauts ? Non, mais certains diront qu’il y avait des problèmes techniques. Mais personnellement, je ne vois pas de défauts. C’est peut-être aussi lié à une fascination ! 7) Que pensez-vous du fait que certaines de ses maisons sont classées en Flandre et non en Wallonie ? Là évidemment, vous touchez un point sensible ! Le rapport de la Wallonie avec l’architecture moderne en général donne l’impression que pour eux, elle ne fait pas partie du patrimoine… Tout au moins peut-être le Wallon reconnaît-il encore comme patrimonial le modern style, l’art déco,… Ceci dit, on a tout de même démoli à Quaregnon la maison très similaire à la maison culturelle, juste à côté, qui était de type art déco. Elle a été démolie sans vergogne pour mettre un hublot à la place, il y a de cela 20-30 ans. Je crois donc que le patrimoine pour le Wallon s’arrête au XIXe. Maintenant ça va plus loin : j’intègre l’architecture art déco et modern style, probablement reconnu. L’architecture d’après-guerre ? Il y a forcément la cellule d’architecture de Chantal Dassonville qui fait beaucoup pour la reconnaissance de l’architecture avec de nombreux bouquins qui sortent, dont celui écrit par Isabelle De Smet. On essaye de sensibiliser mais sa dernière expo date de 2000 ! Pourtant, c’est un homme qui sort de la Cambre en 36, qui survit à la guerre, puis expose durant l’après-guerre, est présent à l’Expo 58 et pourtant, il n’est pas reconnu et ses maisons ne sont pas classées. On peut transformer sans vergogne une maison de JD en disant que la pente de toit de 22% est insuffisante, par exemple… J’hallucine ! 8) Par rapport à cette reconnaissance de JD, ne trouvez-vous pas qu’il y a un manque d’intérêt pour lui ? Bien qu’il y ait heureusement des gens qui tentent de sauver cela. Oui, il y a pas mal de personnes habilitées pour cela : la fille de JD, Maurizio Cohen, Lamya Ben Djaffar et Ludovic Recchia (qui sont historiens),… Ils font tous partie de ce groupe de protection de l’œuvre de Dupuis. 9) Pensez-vous que Dupuis utilisait une architecture vernaculaire ? Oui. À l’époque des années 50-60, quelqu’un décrète qu’à tel mois, tel jour, le modernisme est mort. Il y avait un mouvement, le régionalisme critique, qui se battait contre les propensions universalisantes du modernisme. Ce dernier prônait par Le Corbusier des réponses universelles, indifférentes aux paysages et aux caractéristiques locales. C’était une nouvelle manière d’habiter pour répondre à un homme nouveau. Pour eux, que ça soit à Rio, à Alger, en France ou en Belgique, toutes les réponses pouvaient être uniformes. Un certains nombre d’architectes modernes dans les années 50 se demandaient pourquoi il fallait nécessairement laisser tomber les matériaux locaux pour favoriser le blanc, l’abstrait ? Ne peut-on pas revenir à quelque chose de vernaculaire ? Est-ce que la structure doit nécessairement être un objet ou au contraire ne pas être indifférente au territoire et contexte dans laquelle elle s’inscrit ? Et au contraire, y être réceptif et à la fois Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes configuré ou devrait-elle devenir comme une « boîte » ? Donc forcément, Dupuis est complètement dans cette optique-là. C’était un mouvement très important du modernisme qui a balayé les fondements fondateurs, qui se moque par exemple de la charte d’Athènes. 10) Il avait l’air d’avoir été formé par Jean Eggericx à cette vision du régionalisme. Oui. De l’époque et de gens qui se sont forts inspirés de son travail, il y a Jacques Aron, architecte sorti de la Cambre et qui a été professeur de théorie là-bas puis membre du bureau Urbat. Il n’a pas construit beaucoup mais c’était une architecture très organique. Nous, nous ne sommes jamais que des regardants mais Urbat était en plein dedans quand Dupuis explose. Donc là, ce sont des gens qui pourraient en parler. 11) Connaissez-vous des personnes qui auraient pu être élèves ou stagiaires de Dupuis ? Il y a Guchez, un fan de JD. Liliane Huart, ma cousine, a également eu affaire à Dupuis en temps que cliente. Son fils, Stéphane, a également des échanges de courriers avec les clients.
12) Pensez-vous que Dupuis peut-être considéré comme un moderniste ou plutôt un post-moderniste ? Ce n’est pas un post-moderniste mais pour moi, c’est à la fois un organiste et un régionaliste critique. Il reste dans un langage strictement abstrait sans être minimaliste. J’ai même envie de dire que ce n’est pas un précurseur du post-modernisme. Mais c’est un avis personnel. Je le mettrais plutôt dans les modernistes, c’est-à-dire qu’il est emprunt de Franck Lloyd Wright, dans le travail des articulations et du rapport au paysage, des tableaux, des séquences, des promenades architecturales, des rites de passages,… Je pense par exemple qu’on ne prend jamais une maison de Wright de manière frontale. Il s’arrange toujours pour qu’on puisse percevoir ses maisons en diagonale, du moins dans la première approche. Je le mets donc dans le moderniste mais dans la version de régionaliste critique, mais sûrement pas post-moderne. 13) Dans une des rares interviews de Dupuis, il disait avoir été marqué par la maison de son enfance, une maison du XIXe à Quaregnon, avec de grands murets qui structuraient tout : l’enclos à humains, il utilise même le terme « animal-homme ». Qu’en pensez-vous ? Là on est dans le régionalisme critique, donc la machine à habiter, où un certain moment Le Corbusier est dans une architecture où il s’enthousiasme finalement devant l’intelligence et l’efficacité de l’ingénieur. Non pas pour dire « il faut faire une architecture d’ingénieur » mais pour dire « nous devrions avoir la même intelligence et la même capacité. Ce mot, « machine à habiter », a souvent été détourné. On a fait dire à Le Corbusier en reprenant littéralement ce terme qu’il voulait faire habiter les gens dans des machines. Ce n’est pas ce qu’il a voulu dire. Il a plutôt dit « l’ingénieur a la possibilité de mettre son intelligence au profit d’un outil efficace, nous devrions faire preuve d’autant d’efficacité pour l’habitat ». Je prends comme exemple la charte d’Athènes, qui stipule qu’il faut énormément de lumière, qu’elle arrive correctement, qu’on se serve des vents, dominants, etc… C’est donc véritablement faire quelque chose qui a une forme d’efficacité, cellelà même étant au service du bien-être, c’est-à-dire les « 3x8 » : 8h pour travailler, 8h pour se reposer et 8h pour se ressourcer. Tout cela est écrit dans les Corbus, la charte d’Athènes, etc. On dit souvent que c’est une architecture froide, neutre, standardisée car à partir du moment où l’on a trouvé le bon algorithme pour faire Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes une architecture dont les standards sont compris, objectivés, où il n’y a plus qu’à les reproduire pour faire une structure efficace, et bien on peut créer la même chose partout. Est-ce que c’est une architecture qui pour autant n’est pas dans l’émotion ? Personnellement, ce que j’ai visité de Le Corbusier, j’en suis resté bouche baie à chaque fois, ça serait donc dommageable de dire qu’il n’est pas quelqu’un qui émeut. Il faut aussi voir de quelle période on parle. Sa période brutaliste (Chandigarh, la Tourette) ? Ou bien sa période avant-guerre ? Il y a même quelques unes de ses œuvres qui sont plus minimalistes. Dupuis n’est donc sûrement pas dans ce créneau d’avoir des recettes ou presque une ligne à suivre pour répondre à des critères. Le régionalisme critique, c’est ça : « nous refusons le dictat d’une architecture universalisante ». Donc oui, il est dans l’émotion. C’est un aquarelliste extraordinaire, c’est aussi paraît-il un photographe,… Bref, je crois que tout ce qu’il touchait, il le faisait bien. Il était aussi du style nordique (contrairement à Le Corbusier qui semblait être du type italien). 14) Croyez-vous que le régionalisme a encore sa place aujourd’hui dans l’architecture contemporaine et que peut-elle apporter ? Oui, mais tout dépend de ce qu’on entend par « régionalisme ». C’est une doctrine wallonne dans laquelle tous les règlements qui imposent des toitures en pente, du respect des briques, des couleurs, etc. revendique une certaine typologie. C’est ce qui tue l’architecture. Le régionalisme pourrait être contemporain. Mais il faudrait pouvoir le définir. Au delà de cette question, il faut en connaître son authenticité. Qu’est-ce qu’un régionalisme et par quoi est-il nourri ? Je crois que dans les maisons comme Thomas & Piron, cela répond au règlement, c’est-à-dire avoir rapidement son permis et donc pas de dérogation. Ils répondent au dogme rédigé par la région, qui dit qu’il faut respecter les matériaux locaux, nobles, les typologies, etc. Tout cela est codifié, mais un code ne fait pas l’architecture. Pour moi, Thomas & Piron est dans la reproduction de l’image et non dans de l’architecture. C’est de l’iconographie. Ce régionalisme là, moi je dis non. Par contre, est-ce qu’il faudrait parler de contextualisme ? Régionaliste, c’est dire qu’on est attaché à un terroir, mais qu’estce que ça veut dire ? Qu’est-ce que c’est que de construire une région ? Ici, on est dans un humanisme idiot avec les lotissements des années 70. Que veut dire faire du régionalisme dans un lotissement ? Ca n’a pas de sens ! Or, le 4 façades, avec toitures en pente etc, c’est comme si le lotissement existait au XVIIe siècle. C’est débile ! Comme si la maison (et dans ce sens que c’est une icône) devait être une petite ferme, réduite, comme si on prenait la toiture en pente de l’architecture traditionnelle ou vernaculaire, on la réduit et on en fait une maison. Quel sens ça a dans un lotissement ? Les structures ne répondent pas aux conditions de ces époqueslà, donc techniquement, ça n’a pas de sens. Si on faisait les toitures en pente à un certain moment, c’est parce qu’on n’avait pas d’autres moyens d’évacuer l’eau. Maintenant, on a fait des progrès. Est-ce qu’on devrait s’interdire de faire des toitures plates pour des raisons strictement identitaires ? Pourquoi le XIXe siècle ne pourrait pas s’identifier dans les toitures plates ? Et en même temps, pourquoi devrait-elle nécessairement s’identifier dans les toitures plates ? Il faut être contemporain. Et contemporain, c’est pouvoir aller chercher ce qui ne peut nourrir une attitude personnelle, donc à la fois de la modernité du XIXe siècle, à la fois peutêtre du vernaculaire dans les matériaux. Par exemple, il interdit de faire une façade aveugle. Or, il suffit de se promener dans le paysage rural pour voir qu’il y a des tas de façades aveugles, qui sont magnifiques, comme de grandes granges avec ces façades. C’est d’une puissance phénoménale ! Pourquoi ne pourrait-on Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes pas appliquer cela ? Là soudainement, ça ne devient plus applicable. Et donc, je ne dirais pas que Dupuis est un régionaliste. Sauf si on accroche à cette notion de régionalisme critique. Il faudrait voir si c’est vraiment ce qu’il va chercher. Je ne suis pas certain de ça. Vous pouvez difficilement lui faire dire qu’il s’inspire de la grange. Est-ce que sa brique peinte est la transcription du mur Chaulez, dont les soubassements ont été badigeonnés à outrance ? Je crois d’ailleurs qu’un certain nombre de corons du Grand Hornu étaient comme cela. Est-ce que lui ce revendique de cela ? Je n’en sais rien. Par contre, les matériaux comme l’ardoise, le schiste, cela vient d’ici et il les a utilisés. Il sort tout de même de la Cambre où il a eu Victor Bourgeois mais lui ne veut pas faire de toitures plates. Il fait des toitures en pente et utilise de la pierre bleue, de l’ardoise,… Donc en effet, il y a forcément des emprunts à une culture locale. Qu’aurait-il fait s’il avait construit en Provence ? Est-ce qu’il aurait travaillé avec des pierres de là-bas ? Probablement. Par contre, la manière d’organiser les formes restait très organique. Là, ça reste une attitude très moderne. Il est libéré des contingences techniques et articule les choses. Cette vocation à maîtriser le monde, y compris le territoire, le paysage qui est inscrit dans la parcelle, c’est très dessiné. Si vous regardez le siècle des Lumières, quand on construit Versailles, après on construit le paysage qu’il y a derrière. On ne se laisse pas aller à garder le paysage tel qu’il est : on appelle Le Nôtre et on fait des jardins gigantesques qui participent à la même géométrie et dans lesquels l’un et l’autre se mettent en valeur. C’est une attitude moderne. La modernité remonte au siècle des Lumières. Mais je pense donc que le régionalisme a plein de sens. C’est un peu comme quand on dit « il faut s’intégrer ». Mais qu’est-ce que ça veut dire, au final ? Vous êtes italien. Est-ce qu’on a demandé à votre papa d’avoir la peau moins bronzée pour s’intégrer ? Ca ne veut rien dire « s’intégrer » ! Or certains auraient envie de dire « tu vas laisser tomber ta culture pour t’intégrer ». Donc, cela veut dire perdre ses propres racines pour être enfin intégré. Est-ce qu’une société est capable d’intégrer ? C’est-à-dire accepter l’autre de manière à ellemême évoluer ? S’intégrer, cela veut dire trouver des relations contextuelles. J’ai du mal avec le terme « régionalisme », sauf pour le régionalisme critique, dans lequel Dupuis s’inscrit et donc on peut dire que là, il est régionaliste. Le terme « critique », lui, a été posé parce que le mouvement mettait des claques au modernisme de l’avant-guerre. C’est vraiment fondamental. Je pense que JD est un éminent compositeur dans la structure spatiale. Le diagramme comme figure. Ce qui est époustouflant, c’est qu’il n’y a pas à opposer la structure spatiale des figures et des formes qu’il produit. Je dis toujours que l’architecture, on peut l’apprendre comme plein de choses et JD réussit la synthèse de ces 3 choses : la première, c’est de la prendre comme une forme dans laquelle on se trouve et que l’on admire, contemple et apprécie pour ses qualités d’articulations, de rapport de proportions,… C’est la regarder et là, on est plutôt dans un caractère sculptural, dans la figure. La seconde, c’est qu’on peut la prendre comme une matrice. J’entends par matrice comme une productrice d’espaces. Là, ce n’est plus la matière que l’on apprécie mais plutôt le vide, sa capacité à accueillir la lumière. Elle est là comme une coque, son objectif n’est pas d’être regardée comme matière mais plutôt comme quelque chose qui attise l’espace. On est plutôt dans la structure. La troisième chose, c’est qu’elle là aussi pour accueillir les existences. C’est la dimension anthropologique de l’architecture, avec les rituels de passage, une architecture de formes et de spatialités. Cela serait plutôt de l’ordre de l’humain. Je crois que les architectes qui rentrent dans l’histoire, ce sont ceux qui arrivent à faire la synthèse entre ces 3 dimensions-là. JD y arrivait. On peut s’arrêter devant une Master 2 - Mémoire - Benjamin Pegoraro
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VI. Annexes maison de lui et être très impressionné. On a l’impression d’être devant une toile de constructivisme. On peut l’apprécier comme cela et partir sans y rentrer. La jouissance est déjà suffisante. On peut aussi se dire « je ferme les yeux, je ne la regarde pas, je sonne, je rentre et puis je suis ébloui par les lumières, par les tableaux, par les matières, par les articulations spatiales ». Ensuite, on peut se dire que l’on veut y vivre, y faire la fête. Dans la maison Huart, au niveau du séjour, on est plutôt dans le sombre et le grégaire, puisque l’objectif, c’est le foyer, le feu autour duquel on se rassemble. Il y a une lumière qui y arrive mais on est dans le renfermement, l’espace fermé. Le système d’entrée recherche une grande profondeur, avec une grande baie qui donnait sur une terrasse extérieure et les vitraux de Boulmant avec ses couleurs rouges chatoyantes, écarlates qui devait sûrement projeter la lumière du matin et donc forcément la chaleur. Donc les existences qui se déposent làdedans, ici on est dans un protocole très bourgeois avec le chef de famille au bout de la table en marbre, un autre protocole codifié avec le rassemblement autour du feu et ainsi de suite. Il y avait aussi un bar que Dupuis avait dessiné dans lequel on avait les verres à whisky, etc… Et donc, à travers la lecture de ce plan, on peut voir comme vivait une famille bourgeoise des années 70. André Huart était directeur technique dans une cimenterie d’Obourg, c’était donc une famille riche, avec des fêtes à l’échelle très grande, avec plein de gens, un certain protocole. Quand ce n’était pas pour inviter à manger mais juste boire un verre, mettre de la musique, écouter du jazz, on pouvait passer à côté de cette salle à manger sans problème. On voit d’abord le tableau puis on se dirige dans cet espace d’accueil qui est monumentalisé par de grandes marches. On peut donc apprécier la maison Huart pour chaque pièce, mais le bonheur fait qu’on peut, quand on est attentif aux 3, se dire que Dupuis était fort !
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VI. Annexes Enfin, lors de l’élaboration de ce travail, je me suis interrogé sur la vision que pouvaient avoir les personnes lambda sur l’architecture vernaculaire. J’ai donc entamé une petite enquête sociologique. Je me suis vite rendu compte qu’elles n’étaient pas du tout au courant de la signification de ce terme. Au contraire, les étudiants en architecture et les architectes en connaissaient la signification. Lors de nos études en architecture, une des premières choses que nous apprenons est que l’architecture doit être adaptée au mieux à son contexte. Dès lors, quoi de mieux que l’architecture vernaculaire ? En ce qui concerne l’intérêt porté par les gens pour le vernaculaire, il s’agit d’une architecture difficile à caractériser car elle ne possède pas de style propre mais toute une panoplie car elle change de région en région. C’est pour cela aussi que les gens ne la connaissent pas : il s’agit plus d’un concept que d’un style réel. De plus, très peu de revues (sauf spécialisées) en parlent, surtout en Belgique. Voici deux interviews que j’ai pu réaliser dans le cadre de ce travail : IZZO Jean-Michel, architecte, entretien réalisé le 18 juillet 2015
Connaissez-vous le terme vernaculaire ? Oui, je pense qu’il s’agit de quelque chose propre à un endroit, à ses habitants.
Que pensez-vous de l’architecture vernaculaire ? Pour moi, l’architecture vernaculaire est une architecture réalisée pour l’habitant, avec les techniques de constructions propres à une époque et les matériaux propres à sa région. Aujourd’hui, il s’agit en fait d’architecture 100% écologique et économique ! Autrefois, les gens construisaient la maison dont ils avaient besoin sans architectes mais aujourd’hui, de plus en plus d’architectes utilisent ces concepts dans leurs constructions afin de répondre aux besoins actuels.
Connaissez-vous Jacques Dupuis ? Oui, il s’agit d’un architecte de la Région de Mons du XXème siècle.. Je m’intéresse beaucoup à ses maisons car j’en ai étudié plusieurs dans le cadre de mes études.
Pensez-vous que les maisons de Jacques Dupuis sont vernaculaires ? Oui, car Jacques Dupuis utilisait des matériaux de constructions propres à notre région et chacune de ses
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VI. Annexes maisons est différentes des autres. À chacun de ses terrains correspond la maison qu’il a implanté dessus en tenant compte d’une multitude de facteurs : ensoleillement, orientation, déclivité, parcours initiatique, …
Si vous deviez construire, adopteriez-vous les bases de l’architecture vernaculaires dans votre maison ? Si oui, pourquoi ? Oui, car je pense réellement que l’architecture vernaculaire est en fait une réponse positive aux défis climatiques auxquels la planète doit faire face aujourd’hui. Construire local avec des matériaux locaux, 100% écologique et 100% adaptés à l’utilisation de la société.
PRESTIGIACOMO Ornella, infographiste, entretien réalisé le 01 août 2015 Connaissez-vous le terme vernaculaire ? J’ai appris à le connaître grâce à mon petit ami. Auparavant, je n’en avais jamais entendu parler.
Que pensez-vous de l’architecture vernaculaire ? Je pense que c’est un réel retour aux sources. Le fait de créer un bâtiment en respectant les techniques anciennes avec des matériaux bruts de la région montre qu’il n’est pas indispensable d’utiliser la technologie pour avoir un toit au dessus de la tête ! Nos ancêtres en sont la preuve.
Connaissez-vous Jacques Dupuis ? Oui, c’est un architecte que j’apprécie beaucoup. Je trouve que ses œuvres peuvent traverser les âges sans jamais paraître archaïques. Au contraire, je les trouve toujours modernes. Pensez-vous que les maisons de Jacques Dupuis sont vernaculaires ? Oui, car le simple fait que ses maisons n’ont pas dépassé le stade régional me paraît être une bonne raison pour dire que Dupuis a fait (en grande partie) du vernaculaire.
Si vous deviez construire, adopteriez-vous les bases de l’architecture vernaculaires dans votre maison ? Si oui, pourquoi ? Pourquoi pas? À partir du moment où l’on peut faire du passif en faisant en plus vivre les artisans de la région, je pense qu’on a beaucoup à gagner en créant ce genre de construction.
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VI. Annexes Reportages photographiques Au premier abord, l’architecture de Dupuis pourrait paraitre d’une autre époque. Néanmoins, après quelques recherches en bibliothèque, je fut conquis par l’art de Dupuis. Dès lors, il m’a semblé évident d’aller voir de moi-même ses oeuvres dans leur contexte ! 1. Maison Michaux
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Maison Michaux - Cda
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Maison Michaux - Cda
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Maison Michaux - Laura Michaux
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Maison Camus - Cda
2. Habitation-Atelier Camus
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Maison Huart - Cda
3. Maison Huart
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Maison Cavenaile - Cda
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4. Maison Cavenaile
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Maison Franeau - Cda
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Maison Franeau - Cda
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Maison Franeau - Cda
5. Maison Franeau
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Chapelle Notre-Dame de la Charité - Cda
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Chapelle Notre-Dame de la Foi - Cda
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Chapelle Notre-Dame de la Grâce - Cda
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VI. Annexes
6. Les Chapelles de Bertrix
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Stade Communal de Quaregnon - Cda
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Stade Communal de Quaregnon - Cda
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Stade Communal de Quaregnon - Cda
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VI. Annexes
7. Le Stade Communal de Quaregnon
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