Puck N° 60

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Puck

n°60

novembre - décembre 2008

Puck est un bulletin d’informations et de commentaires pédagogiques de la Direction

Zoom sur... «Moteur», Echéance des 1ères année page 11

Daniel AUTEUIL chez nous

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Le Prix Olga HOR S TIG

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Rencontre avec Daniel AUTEUIL

par Xavier FLORENT

Plateau Max Ophüls, le 22 octobre 2008

Trac

A

u commencement il y eu échange de trac. D’abord pour Daniel Auteuil quand son professeur est venu le voir jouer Arnolphe dans L’école des femmes. Ensuite pour François Florent recevant dans son école l’élève devenu maître. C’est avec le trac que cette rencontre s’est préparée. C’est avec l’obligation d’écrire au-delà de ce qu’on est que j’ai le trac maintenant. C’est la différence de talent ; eux l’ont eû avant que cela commence.

Présent

I

l fallait être présent quoiqu’il arrive durant ces deux heures plongées dans le présent. Daniel Auteuil n’est pas arrivé ; il était là. Il était présent au sens étymologique du mot, de praesens, praesentis, de praeesse, « être en avant », pour faire comme les docteurs de Molière. Il était dans le lieu où il se trouvait et nous a fait nous parler. En grand sensible François Florent orienta tout de suite la rencontre sur ce présent. Loin du « people » et de « l’actualité ». Toujours le regard inquiet, amusé et surpris dans ce même temps ; le présent, « Daniel » se préoccupe des questions, des inquiétudes et des espérances des élèves quand « François » lui pose la première question : « Quand tu tournes face à lui, qu’est-ce que tu attends d’un jeune acteur, d’une jeune actrice ?...Comment t’inspires-tu ?... ». Pendant que la question se formule, le regard inquiet amusé et surpris toujours présent ici est loin maintenant, là-bas au-dedans de lui. Il écoute tellement qu’il n’y a pas de changement dans son regard au moment de la réponse : « C’est lui qui m’inspire… ». Et de présent il devient le présent ; l’action de donner ; ce qui est donné : le cadeau. Comme à l’écran, il s’offre avec la clarté d’un plan large et la profondeur d’un plan serré alternant humour et sérieux avec évidence et simplicité. François Florent et Daniel Auteuil

Simple

Q

ui agit selon ses sentiments, avec une honnêteté naturelle et une droiture spontanée, nous dit le petit Robert. Comment le dictionnaire peut-il être au courant de ce qui c’est passé le 22 Octobre dernier ? Sans compter que les racines de ce mot sont les mêmes que sincère ! Simple c’est aussi ce qui n’est pas composé, qu’il est impossible d’analyser. Alors il fallait être présent et simple pour sentir et ressentir la leçon d’écoute, regarder l’écoute dans ce simple de tennis où le lunaire Daniel échangeait des balles avec le solaire Auteuil. Simple comme les plantes médicinales qui soignent ou empoisonnent les personnages qu’il porte. Simple comme le plaisir de l’instant. Simple comme le plaisir de jouer et d’arracher le truc. Simple comme habité par ce qu’on raconte. Simple comme un trait de peintre. Simple comme lire une partition. Simple comme des ambitions atteignables. Simple comme classique (mais pas académique !). Simple comme impossible à faire. Simple comme il faut le faire. Simple comme tout… sauf attendre.

Honnête

A

la question « est-ce que vous pouvez donner deux adjectifs qui définissent les qualités d’un bon acteur ? » tout de suite « ponctuel » tombe (il fallait être présent) puis il avoue… honnête. Pour se conformer aux principes de la probité, du devoir, de la vertu, il faut des nerfs et être en forme. Ce qui est avouable il le déclina tout le temps de cette rencontre pour répondre aux questions, inquiétudes et espérances des élèves. Que de jouer c’est de ressentir ce qu’on est, soi, avec les mots des autres, de se laisser aller à ses sensations, que les matériaux ne sont que les grands textes et que c’est se construire avec les grands classiques, qu’il ne faut pas attendre le désir des autres. Que la première chance c’est de partager la même envie ensemble et de travailler avec les mêmes espérances. Essayant de faire comprendre son chemin de travail sombre et profond avec l’amusement d’un gamin, il nous donnait l’envie d’aller répéter tout de suite. Tant de choses présentes, simples, honnêtes ; classique quoi ! Daniel Auteuil c’est présent, Daniel Auteuil c’est simple, Daniel Auteuil c’est honnête, Daniel Auteuil c’est classique, Daniel Auteuil c’est sans fin…

SOM M A IR E

• Masterclass Daniel AUTEUIL

• Edito

• Le Prix Olga HORSTIG

• Anoter... • A lire...

• Vie florentine...

• La petite chronique théâtrale • In memoriam : Héléna BOSSIS

• Fenêtre sur... Jérôme LEGUILLIER • L’esprit Olympique, avenue Jean Jaurès

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Xavier Florent, François Florent, Daniel Auteuil et Frédérique Farina

• La page du BREP Entraînement au casting Interview avec ... Frédéric LEONARD

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• L’inaccessible étoile • Zoom sur... Moteur

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• La masterclass Mantegna

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• Lire en Fête • Les ateliers jeunesse de 1ère année

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• Actualité littéraire Actualité des chargés de cours

paris 13


Edito 48°52’56’’N 2°22’55’’E

3

L’arrivée de a été comme la pose d’un paratonnerre dans ce coin du XIXe ; elle aura permis que les exactions n’aient été que rares et ponctuelles. Ma fréquentation quasi-quotidienne de la rue Mathis depuis vingt-cinq ans me fournit maint et maint exemple de notre présence salutaire. Pourvu que l’ouverture du Cent-quatre agisse de la même façon. L’un des directeurs, Frédéric Fisbach, ancien de chez , ne peut pas ne pas connaître les embûches : être présent sans être envahissant, être utile sans paraître indispensable. ³ Quoique « privé » aurons-nous droit de cité au Cent-quatre, notre voisin proche ; nous permettra-t-on de le faire bénéficier de notre expérience pédagogique et sociétale ? Oui, dégueulasses ces reportages qui ne présentent qu’une portion d’une face du XIXe, ces papiers vicelards qui prennent plaisir à ameuter, à amalgamer, à aboyer alors que le XIXe est aussi un formidable chaudron d’aventures culturelles depuis une dizaine d’années. Le XIXe a plus d’habitants que Rouen, le double d’Amiens, peut-on vraiment croire qu’on y joue à Tarantino à tous les becs de gaz ? Depuis mon adresse au maire en juillet 2001, il s’en est produit des changements comme dans peu d’arrondissements de Paris. Je me rappelle la dangereuse station Jaurès d’où partaient les cars bondés vers l’Espagne et le Mahgreb, où tous les trafics s’additionnaient, sous le métro aérien, à l’écluse, autour de la rotonde ; ces messieurs/damesjournalistes du Monde et du Figaro ne parlent pas comme il faut de la réhabilitation des quais de Seine et de Loire, de la transformation radicale des anciens Magasins généraux, de l’arrivée bienfaisante des MK2. Je me rappelle la lugubre avenue Jean Jaurès qui se perdait dans un no man’s land orphelin de ses bestiaux alors qu’aujourd’hui elle conduit du square paysagé du Cours au bel ensemble de la Porte de Pantin voué à la musique et à la polyphonie des forums politiques. Ces messieurs/dames du Monde et du Figaro ne savent peut-être même pas – ou feignent de ne pas savoir - que la Cité de la Musique, le Zenith, le Conservatoire national supérieur de Musique, la Fondation Rothschild, La Grande Halle, le siège du Parti communiste (Espace Oscar Niemeyer) se situent dans le XIXe… Savent-ils que le parc des Buttes Chaumont est le deuxième plus grand espace vert de Paris ? A coup sûr, ils ne savent pas qu’en 2012, la Philharmonie de Paris de Jean Nouvel sera l’un des lieux culturels les plus courus en Europe… Je dédie à ces messieurs/dames, pour leur contrition, ces mots de Jean Jaurès qui nous guident dans notre XIXe :

Que s’est-il passé dans le XIXe depuis ?

« L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir ». F.F.

L

es Talents des Buttes n’auront dansé que deux ou trois étés, dommage. Mais Florent, plus que jamais, alors qu’on intente au XIXe un procès en sorcellerie, qu’on le traite de pelé, de galeux d’où vient tout le mal, veut participer au premier rang à l’engagement combatif de celles et ceux pour qui « l’arrondissement le plus pauvre, le plus multiethnique, le plus jeune de la capitale » ¹ n’est pas pour autant l’arrondissement sans perspectives qui fait honte à la Ville Lumière. Sa turbulence d’aujourd’hui en fera sans doute son dynamisme de demain. A court terme, met toute son énergie à célébrer en 2009 le cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Jean Jaurès. Le « Jaurès Project », élaboré par Benoît Guibert, chargé de cours de Troisième Année, se veut, au premier chef, au bénéfice du XIXe dont l’artère centrale porte le nom ² . Nous opposera-t-on une nouvelle fois le « c’est à la puissance publique, pas aux privés d’avoir de telles initiatives » ! , qui se refuse contre vents et marées à être affligé du sobriquet « cours privé » - je me suis souvent expliqué là-dessus - a contribué au démarrage de la transformation des quartiers de la Villette et du Pont-de-Flandres en venant s’installer dès 1985 dans le XIX e et plus précisément dans ce sous-quartier 73 qui vient de voir s’ouvrir le Cent-quatre.

Maquette du projet Philarmonie par Jean Nouvel - Vue du parvis haut

¹ Intertitre du méga-reportage de Cécilia Gabizon, paru dans Le Figaro du 27/10/08 (elle habite quel arrondissement Melle Gabizon ?) ² Lettre tenue à MM. Bertrand Delanoë et Roger Madec ³ Je n’ai eu aucune demande de rendez-vous avec Mme Eve Plenel chargée - Le Monde du 11/10/08 dixit - « de labourer le terrain depuis deux ans, du conseil de quartier à la fête de la propreté, recrutée par le Cent-quatre en tant que responsable de l’insertion et de la prévention ».


Fac simile de la lettre de la lettre de François FLORENT envoyée le 22 mai 2008

François Florent Chevalier de la Légion d’Honneur Officier de l’Ordre national du Mérite

37 / 39 avenue Jean Jaurès 75019 Paris

Cent - cinquantenaire de la naissance de Jean Jaurès (1859 – 1914) Monsieur le Maire de la Ville de Paris, Monsieur le Maire du XIXe arrondissement,

De part sa fonction et son adresse, notre école entend prendre une part active dans la célébration du cent cinquantième anniversaire de la naissance de Jean Jaurès en 2009. Nous avons au 37/39, avenue Jean Jaurès, particulière vocation à rendre la parole au grand tribun et la Mairie de Paris ne pouvait trouver meilleur lieu que notre square pour installer LE BALCON ROUGE.

LE BALCON ROUGE Œuvre du collectif d’artistes Inges Idée, commande publique de la Mairie de Paris. Cette œuvre fait référence sous la forme d’un balcon symbolique à la tribune du discours politique et rend ainsi hommage au grand orateur que fut Jean Jaurès. 2007

Du symbole nous entendons passer à l’incarnation. se donne pour mission pédagogique prioritaire en 2009 d’honorer l’évolution du style et de la pensée de Jean Jaurès. J’ai chargé une équipe de notre maison de mettre sur pied un programme de manifestations (notamment d’éloquence oratoire), qui se dérouleraient en plein air, face au BALCON ROUGE, en été 2009. Ci-joint dossier. Je vous serais très reconnaissant s’il vous agréait de participer à ce projet que je ne serais évidemment pas en mesure de porter économiquement et médiatiquement tout seul. Dans l’immense espoir que vous considérerez comme un fer de lance des célébrations du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de l’homme de Carmaux, je vous prie d’accepter, Monsieur le Maire de la Ville de Paris, Monsieur le Maire du XIXe arrondissement, l’expression de mes profonds sentiments de respect et de gratitude. Paris, 22 mai 2008


Le prix Olga Horstig Pour la 7 année, le Prix Olga Horstig (soirée au cours de laquelle des élèves comédiens sélectionnés sont présentés à une centaine de professionnels) s’est déroulé sur le plateau Max Ophüls le 29 septembre 2008. ème

Jérôme Leguillier en a conçu la mise en espace. Il nous livre quelques notes de répétitions. Premier rendez-vous avec les acteurs le 25 août 2008 Présentation du projet. Tout est déjà très « écrit » « Vous allez défiler sur un podium, tels des mannequins » Consternation générale. Ils ne savent pas encore que j’ai prévu un défilé en maillots de bain. Découverte de l’espace scénique, le podium est déjà monté. Pour moi, il symbolise davantage une route, un chemin qui s’achève devant le public, donc devant les professionnels. « Vous voulez les voir, vous allez les voir ». Voilà c’est dit.

5

2ème semaine de répétitions. Quelques notes : Lorella/Maxime : Soyez physiques, mais restez sur vos chaises. Gray : Ton entrée dure une heure de trop Lucile : J’aimerais tant comprendre ce que tu racontes Jean-Toine et Justine : Ca vous dirait de vous écouter ?

11 septembre 2008 Essais de « défilés » Ca y est, l’annonce du défilé-maillot est faite. Réplique d’anthologie d’Hortense : « Tu sais ce que c’est, la cellulite ??!! » Mais tout le monde jouera le jeu. Hortense défilera en bikini.

Premier filage le 14 septembre 2008 à 20h Plutôt un bout à bout avec arrêt entre chaque scène. Tout le monde est stressé. Certains perdent leur texte, d’autres réinventent la mise en scène. Marie, qui doit rester plantée dans le sol toute la durée de son texte se met à se promener de long en large Bref, tout va bien. Il suffira de leur dire que ce n’est pas ça du tout.

3ème semaine de répétitions Le rythme s’intensifie. Journées de 10h à 22h. Johanna et moi tenons le rythme, s’échangent les scènes et les textos de soutien (« C’est la cata : rapplique au plus vite » ou « Je crois qu’on tient le bon bout ») Filage du 21 septembre à 20h

2008 8 août

tti. Franze Maxime treint, se bat. c e v a s é r le corp s’étire, s’ ant. Travail su nde s’échauffe, rès inspir T o l. e m su le n se s Tout rè T s drôle. C’est trè

26-27-2

Je suis très content. Un petit souci, me rappelle Johanna, vraiment minime : le filage a fait 2h15. C’est vrai que je m’étais engagé à ne pas dépasser 1h40 -« François Florent va me tuer » Suzanne Marrot nous donne quelques précieux conseils-beauté. Projection des images de Maxime Pecheteau. Rires des élèves. Emotion pour moi.

29 août 2008 Lecture des scènes distribuées le premier jour. Tout le monde a travaillé. Djibril est rentré de vacances. C’est parti ! L’ordre des scènes est déjà défini, les musiques choisies et toutes les transitions sont dans ma tête.

Dernière semaine Création lumières. Pose du fameux tapis de sol. Essai vidéo. Mon cauchemar commence. Il ne durera que quelques jours. Jérôme Dupleix sauve ma bande-son. Sept filages sont prévus du 25 au 28 septembre. Il n’y en aura que six.Nous sommes à la fois épuisés et prêts. Ce prix Olga HORSTIG ressemble à mon rêve de départ.

Nous répéterons pendant 3 semaines environ 10h par jour.

Il commence par l’histoire de deux filles qui veulent quitter leur boulot à l’heure, se termine par celle d’un chevalier pour qui on se meurt d’amour avec une conclusion bien tranchante, prononcée -défilé obligepar Adeline en robe de mariée :

Johanna, mon ultra-dévouée-assistante, est au taquet. Une semaine avec moi, puis répétitions en binôme pendant quinze jours. Pendant ce temps, Maxime Pecheteau a commencé à filmer les images qui seront projetées tout au long de la soirée : moments de vie quotidienne, les acteurs en vrai, les acteurs qui rient, qui mangent, qui dorment…

1ère semaine de répétitions. Quelques notes

« Vous faites quoi les gens dont c’est le boulot, vous pouvez pas me donner un peu d’avenir, un bel avenir »

Olivier : Je ne comprends pas un mot de ce que tu dis… Yasmine : N’aie pas peur de lui ! Fanny : Pourquoi te tapes-tu les cuisses tout le temps ? Mathurin : Tu pourrais parler normalement ? Maeva : L’accent du Sud, ça va pas le faire ... Mohamed : Pourquoi si triste ? C’est une comédie

9 septembre 2008 Nouvelle séance avec Maxime Franzetti Tout le monde est dissipé. « Conduisez-vous en pro » Petite remise des pendules à l’heure.

Insolence, émotion, glamour et sens du rythme : une course de fond et toujours ces quatre règles fixées dès le départ ; On a tenu la barre. Et on est content. Très content. Et on le dit. Voilà.


A noter... Les Librairies théâtrales Retrouvez ci-dessous les principales librairies théâtrales, leur coordonnées et les réductions auxquelles vous pouvez prétendre sur la présentation de votre carte d’élève

Librairie Théâtrale 3 rue Marivaux - 75002 PARIS 01 42 96 89 42 - 5% sur présentation de la carte d’élève, à chaque achat

Coup de Théâtre

Avant-Scène Cinéma

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A lire...

Recommandations de Frédérique FARINA Auteur : Constantin Stanislavski Titre :

La formation de l’acteur

Antoine Vitez

Écrits sur le théâtre, 1

L’École

Edition : Petite bibliothèque Payot

Auteur : Antoine Vitez Titre :

L’Ecole

Edition : P.O.L. P.O.L 33, rue Saint-André-des-Arts, Paris 6e

Auteur : Declan Donnellan

Auteur : Michel Bouquet

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L’acteur et sa cible

La leçon de comédie

Edition : L’entretemps

Edition : Belles Lettres

Auteur : F. Regnault/J.C. Milner

Auteur : Peter Brook

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Dire le vers

L’espace vide

Edition : Seuil

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Le jeu verbal

Le comédien désincarné

Edition : Aube

Edition : Gallimard

Auteur : Yoshi Oida

Auteur : Michael Chekhov

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L’acteur flottant

Edition : Actes Sud

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être acteur

Edition : Pygmalion


Vie Florentine...

7 Dans le cadre du Mois de la Photo OFF,

Agenda

accueille à Jaurès,

Représentations TFE Primés 2007/2008 Semaine du 24 novembre 2008 «Histoire de Roberta» Mats BESNARDEAU et Guillaume DELVINGT Semaine du 2 décembre 2008 «Ca n’arrive qu’aux mortels» Emma BARCAROLI Semaine du 8 décembre 2008 «Noussou, la dernière victime» Enam EHE

le projet de Sylviane MASSON. «Dans la série Aparté, de jeunes comédiens, par la seule expression du regard et sans les artifices habituels du plateau, tentent de retenir l’attention. Ces grands portraits exposés in situ sur les vitrines de l’école dessinent le désir et la vanité de chacun d’exister pour l’autre, d’être l’interlocuteur privilégié»

Echéances

Publications

1ère année : «Moteur» du 17 novembre au 18 décembre 2008 2ème année : «Contraste» du 15 au 23 décembre 2008

Spectacle de Chant - Charles Trenet

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Les 3, 4 et 5 décembre 2008 à 20h Plateau Max Ophüls

Spectacle Dancin’ «Avenue Q» * 9, 10 et 11 décembre 2008 à 19h00 et à 21h00 durée : 1h15 Plateau Max Ophüls

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Mathieu Beurton,

professeur d’Atelier Jeunesse 1ère année, vient de faire paraître aux éditions Les Xérographes, son T.F.E. primé pour l’année 2007/2008 «Dans un village de pêcheurs, Jenny, Kevin et Joe se rendent compte qu’ils se sont trompés de voie et changent de cap... Sombrer dans sa vie, brûler ses repères, mettre un pied à terre et prendre son envol... C’est le début d’une lutte contre soi-même, contre le regard des autres, contre sa famille...»

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«Cats» * 8 décembre 2008 à 17h00, 19h00 et 21h00 * 9, 10 et 11 décembre 2008 à 17h00 durée : 1h15

Bertrand Degremont,

professeur de 1ère année du Cursus de Formation vient de faire paraître aux Editions Alma une pièce dont il est l’auteur «Juste pour commencer» mise en scène en 2005 et jouée avec la collaboration de Pascal Greggory. Lecture le 12 décembre à 20h à la Librairie du Rideau (71 rue riquet - 75019 PARIS) «En un long poème monologué, « Juste pour commencer » dit la quête de l’amour et le souci de la trace, tandis que s’accomplit ce qui s’apparente à une descente en spirale des cercles de l’enfer de Dante.»

Spectacle de la Classe Libre Promotion XXIX Autour de Tableau d’une exécution d’Howard Barker et Shakespeare, Tchekov, Pasolini, Garcia du 16 au 23 décembre 2008 - Salle Isabelle ADJANI

Concours de la Classe Libre Inscriptions ouvertes juqu’au 16 janvier 2009 1er tour : Paris : janvier/février 2009 Bruxelles : 31janvier 2009 - 1er février 2009 2ème tour : uniquement à Paris à partir du 19 février 2009 3

ème

tour : uniquement à Paris du 4 au 9 mai 2009

Programme et bulletin d’inscription disponible sur à Archereau, Jaurès et Mathis.

Alma Brami,

brevetée 2007 a écrit son premier roman, paru aux Editions Mercure de France «Quand Solène est morte, Maman a arrêté de me coiffer le matin, elle n’avait plus le temps et plus l’envie. Solène est morte, et moi, j’ai grandi d’un coup. Je suis devenue grande avec un cœur rempli de plein de trucs, de plein de trucs dont je me serais bien passé. Léa a dix ans. Brutalement confrontée au monde des adultes, elle n’a, pour se défendre, que ses mots à elle. Elle est comme Alice au pays des merveilles projetée dans un monde d’ombre et d’inconnu. Pourtant, grâce à son innocence et à sa volonté, elle saura retrouver le chemin de la lumière.»

Précisions sur les Auditions libres Désormais, pour toute personne souhaitant intégrer directement le Cursus de Formation, il faudra justifier d’une expérience théâtrale ou d’une formation au sein d’une école d‘art dramatique d’un an minimum. Il sera demandé de façon impérative une copie du diplôme ou une attestation de formation de l’établissement suivi. Cette audition consiste à présenter une scène classique ou contemporaine extraite d’une pièce de théâtre française ou étrangère ainsi qu’un article de journal d’un magazine ou d’un quotidien devant un jury composé de la Directrice déléguée à la Pédagogie Frédérique FARINA ainsi qu’un Chargé de Cours de 2ème et 3ème années. Les résultats sont communiqués le lendemain par téléphone et confirmés par courrier. Une audition est programmée chaque mois. Nous attirons votre attention sur le fait que ces auditions sont réservées aux personnes extérieures au Cursus de Formation.

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! Important !

FLORENT comm unique de plus en plus par email et SM S. Pour ne rien man quer des événements de l’école (nouveaux cour s en option, Masterclasses , castings...), tenez-nous info rmés de vos ch angements d’emai l ou de numéro sur contact@co ursflorent.fr ou directemen t auprès de votre secret ariat.


La petite chronique théâtrale... Equus, de Peter Shaffer

Assister aux grands débuts d’un ancien élève dans un rôle important, quasi mythique, c’est une expérience plus que touchante. Entrer dans un des plus beaux théâtres de Paris, le Marigny, sur les Champs-Elysées, s’apprêter à revoir une pièce jouée il y a trente ans et qui avait marqué les esprits – et le mien en particulier-, savoir que Daniel Radcliffe a triomphé la saison dernière à Londres dans le même rôle, tout cela aiguise l’appétit.

Philippe Canalès*, dans un écrin poétique à la Jacques Tati,… tous entourent avec ferveur Alexandre Steiger, le « suicidé », qui force l’admiration par le déferlement tonique de son hébétude et le champ grotesque de son jeu. Frères humains qui après nous vivez… ■ Théâtre 13 (jusqu’au 14 décembre)

Grease, de Jim Jacobs et Warren Casey Julien Alluguette et Bruno Wolkowitch

Pourquoi, pendant la nuit, un jeune homme sans histoire de 17 ans crève-t-il les yeux de six chevaux ? Cette question, un psychiatre va essayer d’y répondre en remontant le fil des événements, en questionnant les parents, Christiane Cohendy, émouvante et Didier Flamand, très juste. Il recueille aussi les témoignages de la juge en charge du dossier, Delphine Rich, aigüe et sensible. Bruno Wolkowitch apporte au rôle une humanité tendre et le marque d’une convaincante intensité. La mise en scène de Didier Long, assisté de Joffrey Bourdenet, dans un décor minimaliste et des lumières nerveuses, éclaire avec intelligence l’itinéraire de ce garçon cabossé, en proie aux vertiges et aux déséquilibres d’une adolescence perturbée. Julien Alluguette* s’y montre bouleversant de tension, d’arrogance et de fragilité. Il atteint la vérité du rôle en l’incarnant avec maîtrise. On lui souhaite un avenir à la hauteur de son engagement. ■ Théâtre Marigny (en exploitation)

Je tremble (1 et 2), de Joël Pommerat Dans le décor naturel des Bouffes du Nord, on installe un cabaret. Un fatras pléthorique où, tour à tour, défilent des figures humaines. Elles racontent des fragments de leur vie, réelles ou inventées, fantasmées ou avérées, on ne sait pas. Un meneur de jeu conduit cette galerie de « monstres ». Il s’agit de cela, Joël Pommerat met à nu l’homme dans ce qu’il a de cruel, de dérisoire, d’extravagant, de pitoyablement ordinaire. Un rideau pailleté, du noir et de la lumière, il use de tous les artifices du théâtre, comme un magicien pour mieux révéler son propos.

Tout le monde connaît le « musical de toute une génération », les aventures amoureuses de Danny et Sandy, immortalisés par Hollywood grâce aux plastiques avantageuses de John Travolta et d’Olivia Newton-John. Chacun peut égrener les notes de « Summer Nights » et de « We Go Together », qui mieux est en se trémoussant et en s’identifiant à nos jeunes tourtereaux. Que cela fait du bien ! C’est le même bonheur qu’on éprouve au Théâtre Comédia dans l’adaptation réussie de Stéphane Laporte. La mise en scène de Jeanne Deschaux et d’Olivier Benezech brille par sa fidélité au sujet. Les décors et les costumes facilitent les mouvements et la chorégraphie. La troupe réunie pour l’occasion montre, si on doutait encore, qu’il y a en France des jeunes artistes capables de danser, chanter et jouer la comédie. A commencer par Djamel Menahne*, brillant disciple de Michel Durand qui ne pâlit pas dans l’ombre de Travolta, mais qui au contraire s’abandonne à corps perdu et à voix éclatée dans la panoplie, entre gomina et Converse, du beau Danny. Cécilia Cara (Sandy) jouit d’une voix suave et d’une jolie présence. David Ban (Kenickie) force l’admiration par sa liberté de jeu. Nos charmantes florentines, Clémence Mérot du Barré (Frenchy) et Vanessa Cailhol ( Jan) rivalisent de séduction et d’impétuosité. Enfin, une révélation (pour moi, en tout cas) : Amélie Munier, dans le rôle de Rizzo, foudroyante d’efficacité. ■ Djamel MENAHNE

Théâtre Comédia (en exploitation)

P.S. Je n’aurais garde d’oublier Adrien Melin* qui endosse le royal costume de Louis XIV dans « Le Diable rouge », d’Antoine Rault au Théâtre Montparnasse. Il est encadré par deux « monstres » du théâtre français, Geneviève Casile et Claude Rich. J’espère pouvoir vous en parler plus longuement dans le prochain Puck.

* Brevetés de notre Cursus de Formation

Joël Pommerat

On passe du Grand Guignol, avec découpage de femme en morceaux rythmé par les grincements de scie, à la variétoche anglo-saxonne digne des grandes heures du musichall contemporain, avec clin d’œil en sus. De temps à autre, Chopin, Beethoven, au piano pour apporter un peu de douceur, du feutre pour estomper les stridences. L’utilisation du micro rend les voix plus intimes, les témoignages les plus criants, Joël Pommerat jongle avec les contraires en grand maître des illusions. Entre réel et fantastique, c’est du théâtre qu’il s’agit. ■ Théâtre des Bouffes du Nord (hélas, terminé, mais à une prochaine fois)

Le Suicidé, de Nikolaï Erdman Il est des pièces qui favorisent l’éclosion de jeunes troupes. « Le Suicidé » en est une. Réunie sous la férule brillante et exaltée de Volodia Serre*, les acteurs laissent éclater leur talent dans cette comédie fantastique, parrainés qu’ils sont par une des plus brillantes sociétaires honoraires de la Comédie-Française, Catherine Salviat, qui n’est pas la moins déchaînée dans cet aquarium de poissons fous. Sémione est chômeur. Il se suicide pour un saucisson de foie ! Ou plutôt il se suicide parce que cela « lui facilite la vie », lui donne un statut et une légitimité. On est dans la réalité sociale soviétique de 1928, dix ans après la Révolution d’Octobre. Sémione vit avec sa femme dans un appartement communautaire. Son entourage est multiple et bigarré, donnant lieu à des caractères que ne renieraient ni Jarry, ni Labiche. Nikolaï Erdman est un visionnaire et annonce le rouleau compresseur stalinien. Le chœur (le collectif) est composé d’individus qui tentent de surnager pour exister. Le monde est un endroit ardent où il est aisé de se brûler les ailes, pauvres papillons que nous sommes. Dans ce conflit brutal, échevelé, les acteurs s’en donnent à cœur joie. Bruno Blairet*, joliment et tendrement cabotin, Olivia Balazuc, sorti d’un tableau d’Ensor, Gretel Delattre*, faisant miroiter ses atouts avec pétulance, Laure Calamy, tour à tour joviale et geignarde, Alban Guyon, aussi rougeaud que son costume, drôlissime,

... de François-Xavier HOFFMANN

In memoriam... Héléna Bossis

par Cendrine Orcier, chargée de Cours de 1ère Année du Cursus de Formation

Vous étiez là chaque soir avec Daniel, à vos cotés, immanquablement. Jamais vous ne faillissiez à ce rendez-vous. Attentive et en attente d’accueillir tous vos acteurs. Si sensible à ce moment intime propice aux confidences. Cet instant de presque détente où chacun s’efforce d’oublier comme il peut l’approche de l’entrée en scène. Nous étions, vos hôtes, vos frères, vos filles. Nous partagions ensemble la coulisse. Un mot à chacun, une histoire à l’autre, une caresse.

J’ai compris que c’était vous. Invisible, vous étiez là encore. A nous écoutez, encore. Et pour vous remercier de ce précieux, de cet unique moment, ce soir là, Héléna, je vous ai prise en moi, je vous ai emmenée sur scène avec moi. Et nous avons été deux alors, à jouer la petite servante. Merci.

Je ne vous ai jamais entendu vous plaindre. De l’âge et de ses maux. A peine constatiez vous avec regret que votre vue baissait inexorablement. Je dois vous faire un aveu Héléna. J’ai souvent profité de votre cécité. Elle m’a offert le tendre alibi de vous prendre dans mes bras et de vous chuchotez à l’oreille : « C’est moi, Héléna, c’est Cendrine… ». Et votre sourire en réponse m’assurait à chaque fois de votre affection, de notre amitié. Je me souviens d’une des dernières représentations du « Petit Maître Corrigé », que nous avons eu la chance de jouer plus de cent fois. Je me souviens parfaitement de la scène où Marton et Frontin, valets malicieux et complices, tançaient avec véhémence la conduite imbécile d’un Marquis amoureux. Agenouillée sur mon caillebotis, j’ai senti comme une présence dans une baignoire à coure. Une ombre.

Le 26 août en l’église St Roch toute la profession vous rendait hommage. Francis Huster, Anne Consigny, Jacques Spiesser, Isabelle Nanty, tous anciens de notre école et de votre famille.

Je suis tout de suite tombée folle amoureuse de votre théâtre. Le Théâtre Antoine. Du lieu merveilleux et mythique mais surtout de ces gens, de ses vies.

Héléna Bossis nous a quitté le vendredi 15 août 2008. Elle consacra soixante dix ans de sa vie au théâtre. Merci. Elle dirigeait avec son mari Daniel Darès, le théâtre Antoine. ■ Elle fut notamment la créatrice du rôle de Lizzie dans « La Putain

Respectueuse » de Jean-Paul Sartre. Elle joua également aux cotés d’Arletty dans l’adaptation de Jean Cocteau d’ « Un tramway nommé désir ». A la télévision elle tourna sous la direction de Claude Barma dans « Belphégor » et de Lorenzi dans « Jacquou le Croquant ». Elle était chevalier de la Légion d’Honneur et commandeur des arts et des lettres.


Fenêtre sur... Jérôme Léguillier, Lauréat de deux « Premier Prix » de Comédie moderne et classique (à l’unanimité) du Conservatoire de Mulhouse, Jérôme Leguillier joue au Théâtre de Poche de Mulhouse, sous la direction de Paulette Schlegel dès l’âge de 15 ans (« La station Champbaudet» de Labiche, « Yvonne, princesse de Bourgogne» de Gombrowicz, « Le mariage de Figaro » de Beaumarchais )

Il intègre la Classe Libre de Supérieures.

en 1988, abandonnant ses études en Lettres

A l’issue de sa formation, il devient l’assistant de Francis Huster pour la mise en scène de « Lorenzaccio » de Musset (Théâtre du Rond Point, Paris 1989), puis de Marcelle Tassencourt au Théâtre Montansier de Versailles (1990-1992) où il joue dans de nombreuses pièces en tournée (« Dialogues des carmélites » de Bernanos, « Le Barbier de Séville » de Beaumarchais ) et à Paris (« Jeanne et les juges» de T. Maulnier au Théâtre Edouard VII, Paris 1991) Il enseigne pour la première fois à l’atelier-théâtre du Lycée Geoffroy Saint-Hilaire d’Etampes. Il monte alors « Arlequin, valet de deux maîtres » de Goldoni puis « Ondine » de Giraudoux au Théâtre Municipal d’Etampes, il rejoint le corps professoral de Florent en 1993, chargé de cours des Ateliers Jeunesse puis des 1ère et 2ème années du Cursus de Formation. Il monte parallèlement deux spectacles avec la comédienne Lara Bruhl « Le Journal d’une femme de chambre » de Mirbeau (tournée, puis Théâtre Dejazet, Paris 19941995) et « Un captif amoureux » de Jean Genet (Maison de la Poésie à Paris, puis Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis et tournée internationale, soutenue par l’A. F. A. A. 2001-2002). François Florent le nomme Directeur délégué Chargé des Etudes en 2002. La même année il tourne vingt-quatre épisodes d’un docu-réalité sous la direction de Maria Roche diffusé sur Canal + intitulé « Le Cours Florent ». En 2003, il monte « Médor » de Roger Vitrac au Théâtre du Marais.

L’esprit olympique, avenue Jean Jaurès

C

’était avant les lamentables événements du passage de la flamme olympique à Paris que nous avions formé la troisième promotion de nos élèves chinois (auditions d’entrée assurées à Pékin par Xavier Florent en février 2007). Ce nouveau groupe vient de faire sa rentrée dans notre fief du XIXe après une année passée dans notre satellite de Pékin à se familiariser avec notre langue et avec nos façons et traditions occidentales du jeu sous la direction de Jérôme Léguillier (interprétation), Luc Gallissaires (jeu à la caméra), Florian Lafarge (permanence pédagogique), sans oublier tous les collègues chinois/ professeurs de français. En sus des cours de notre maison auxquels ils sont désormais astreints, les élèves de cette nouvelle troupe jouissent d’une permanence pédagogique parisienne assurée par l’excellente Clémence Verniau, non dépourvue de prometteuses qualités de formatrice et étonnamment bilingue (mandarin). Lors d’une audition individuelle vigilante, j’ai fait connaissance avec ces nouveaux élèves chinois qui du Chekiang, qui du Jiangsu, qui du Kwangtong, qui de Mongolie intérieure, qui de Pékin même, ont résolu de poursuivre leurs études chez nous en dépit de l’attitude, pour le moment courroucée, de l’Empire du Milieu à l’égard de la France. Ce 23 octobre passé, il m’a d’abord été donné de scruter l’élocution dans des extraits de Notre Dame de Paris de Victor Hugo. Le volume du flux sonore (le voisement), la distribution des voyelles et consonnes des langues sino-thibétaines sont, pour ainsi dire, aux antipodes des façons d’émettre de chez nous. Alors que de jeunes Africains ou des jeunes pratiquant les langues finno-ougriennes disent relativement vite avec aisance, les jeunes chinois ont besoin d’une compréhension plutôt détaillée de notre langue avant de la prononcer pleinement…et le résultat espéré n’est pas toujours au rendez-vous… …Et puis chacun me proposa un parcours libre dans lequel, libéré des entraves langagières, il s’ébroua voluptueusement. Les filles, à part une ou deux chansons en américain, ondulèrent avec manches interminables et délicatesse suave sur des thèmes ancestraux ; les garçons manipulèrent - avec brio et frite - gourdins et rebab du désert de Gobi. A nouveau, j’ai été enchanté par l’ingénuité de regard et d’entendement que ces jeunes jettent sur le métier d’acteur ; attitude réconfortante, déjà menacée, par ci par là, par la fumisterie critique que nous cultivons dans l’hexagone, comme d’autres l’opium. Est-il de bon ton de glousser quand ces jeunes s’adressent à vous avec déférence, soutiennent votre autorité, vous disent bonjour dans les couloirs…Ce ne sont, me soufflent des âmes damnées, que simagrées de chinetoques, ces retors de toujours, confinés entre les murs…Dans le domaine de la formation de l’acteur, c’est déjà de la belle composition. ¹

Il a également enseigné à l’Académie des Arts de France de Pékin de 2005 à 2007 où il a mis en scène « Quelqu’un va venir » de Jan Fosse avec vingt-cinq étudiants chinois. En septembre 2008, il a conçu et mis en espace le « Prix Olga HORSTIG », promotion Maria Casarès . ■

Notre nouvelle promotion d’élèves chinois entourant François FLORENT, Luc GALLISSAIRES, Jérome LEGUILLIER et Clémence VERNIAU

¹ * Grâce à la pratique de notre langue et des singularités d’expression qui en découlent, nos brevetés chinois de la première promotion (belle réussite), de retour en Chine, disposent d’un volant supplémentaire d’expression de grande utilité, dont ils se servent avec maestria dans bien des domaines, je le sais. * Au jour d’aujourd’hui, la deuxième promotion, pour sa deuxième année à Paris, me laisse sur ma faim. Il lui reste encore quelques mois pour faire ses preuves, pour ne plus se distinguer uniquement par son absentéisme et son inertie. * La quatrième promotion vient de démarrer à Pékin sous la direction de Guillaume Lavie, notre permanent pédagogique à Pékin pour la présente saison. David Garrel, en partance pour la Chine ces jours-ci, sera cette fois notre chargé de cours d’interprétation ; il sera suivi, pour la quatrième fois, par Luc Gallissaires (jeu à la caméra).

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...la page du brep...

Entraînement au casting

S.B. : Alors, ça ce sont les qualités, et qu’est ce qui à l’inverse, est rédhibitoire ?

Shérazade Benaddi a reçu de Mélodie Fontaine, élève de 3ème année du Cursus de Formation, le texte suivant :

On a tous fait un casting où on se dit qu’on «apprend le texte à l’arrache et puis on verra». Je me prépare à affronter l’homme en face plutôt qu’à me confronter au texte. Et concrètement, devant la caméra, je suis hypnotisé. Face à cet oeil noir, je bafouille, je sors, je pleure. Un classique... « Les castings, c’est pas pour moi.» Shérazade m’appelle : «Nora Habib, une directrice de casting, va venir donner un cours à texte. Rendez-vous mardi, 9h-18h».

. Je t’envoie le

Après avoir appris mon texte à l’arrache, je fonce rejoindre la vingtaine de florentins. C’est en condition réelle, j’attends mon tour. C’est long. Tension, trac, stress. C’est à moi ! Mme Habib me place devant la caméra, en plan fixe : c’est parti, je... Black-out, trou de texte; je recommence. Je suis mal à l’aise, j’ai l’impression que je ne peux pas bouger. Je bafouille, je sors, je pleure. Un classique.

F.L. : Quelqu’un de flasque, de mou, quelqu’un qui fait semblant, qui n’est pas authentique, prétentieux, qui croit tout savoir. A un moment donné, des tas de jeunes voulaient être Vincent Cassel avant même de faire leurs classes, ils me disaient je veux pas faire ci, je veux faire ça, je veux pas faire de télé…Ils voulaient faire du cinéma, ils voulaient être Cassel. Faut rester humble surtout, autrement c’est rédhibitoire, et puis dans le métier, l’agent ou le directeur de casting le voit tout de suite. Quand les comédiens entrent dans la salle, les vingt premières secondes sont primordiales… Je le leur répète toujours avant qu’ils passent un casting. Dès qu’ils entrent dans la pièce, rien qu’à leur manière de se présenter, leur allure, leur éventuel charisme, leur démarche, le choix est déjà quasiment fait dans les premières secondes. C’est à nous de faire une présélection, un premier choix, les castings n’ont pas le temps de le faire, j’essaie toujours de me mettre à la place du casting director, en me demandant ce qu’il va recevoir les deux premières minutes lorsque le comédien arrive. Si moi-même je ne reçois rien les dix premières secondes, je suppose que ce sera pareil pour le casting, je peux me tromper, mais comme en plus, ils reçoivent des comédiens toutes les dix minutes environ, pendant quatre jours c’est d’autant plus difficile, donc il faut aller à l’essentiel. S.B. : Tu avais fondé l’agence de pub Cyrano en 1993, aujourd’hui tu es agent artistique, peux-tu expliquer aux élèves-comédiens la différence entre une agence de publicité et une agence artistique ?

A me concentrer sur mon prochain casting, j’en ai oublié de bafouiller, de pleurer; de faire de la peur et du manque de préparation un classique. Je n’ai pas encore eu la réponse, mais le type de chez Durex avait l’air ravi...

F.L. : En pub, c’est la surface, on prend, si possible, de toutes les ethnies, du passe partout, du grand, du petit. Puis les castings fictions et les castings publicité, ce ne sont pas les mêmes castings directors, il ne faut pas tout mélanger. Mis à part quelques-uns en publicité qui cherchent à savoir qui est le comédien…En publicité, il suffit d’avoir une plastique, d’être beau, d’avoir une allure, de jouer avec. En pub on parle d’image, alors que le comédien, c’est quelqu’un, une personnalité. Mis à part quelques exceptions en publicité, comme lorsque j’avais cherché un vrai comédien, pour une saga, un tournage d’un mois pour Canal Satellite. Autrement, en une journée, on a filmé, c’est plié, on veut une plastique, et on ne va pas plus loin, ceci dit, c’est toujours pareil, il faut quand même dégager quelque chose, car si on arrive pas à transmettre une âme, cela ne fonctionne pas non plus. Mais comédien fiction, c’est un autre métier. En général, ceux qui sont bons en fiction, quand ils font de la pub, il n’y a pas de souci. Le casting director de pub, n’appelle pas forcément les agents, car il pense qu’ils sont plus « théâtreux », plus orientés sur le comédien « théâtre ». Alors qu’en pub, c’est la simplicité, le naturel, on joue comme on parle. Moi j’ai l’avantage d’avoir fait les deux, de connaître très bien le côté pub, donc je cherche des comédiens qui peuvent jouer sur les deux tableaux. Et il y a un critère physique évidemment même pour les comédiens fiction, cinéma. Un comédien qui est bon ne va pas forcément travailler, car il y a, en plus de ça, une alchimie physique qui intervient, il y a pleins de choses qui font que c’est très difficile, car beaucoup de choses entrent en jeu. Pour être comédien, il faut avoir une gueule, du caractère, ne pas être trop grand, ni trop petit ; les comédiennes ne doivent pas être trop grandes sinon elles donnent des complexes au comédien. Il y a un certains nombres de conditions, ce qui n’est pas toujours évident.

Interview avec...

S.B. : Penses-tu que les comédiens aient besoin d’une formation ? Certains n’en ont jamais eu. Est-ce que tu as pu faire un parallèle entre les deux ?

L’après midi, de retour en classe pour visionner notre passage, tout le monde est ravi de sa prestation: «je suis moche» dit l’un, «je vais pleurer» avoue l’autre; «c’est horrible»; «mais pour quelle raison fais-je ce truc bizarre avec mon oeil ?»; «tiens, j’ai un double menton». Shérazade nous rassure: «Il fallait vous prendre une claque, se rendre compte qu’a la caméra tout se voit». Passer un casting, c’est un travail sur le texte, une méthode. Sans moraliser, on ne peut se permettre d’apprendre «à l’arrache». Mieux, apprendre ne suffit pas: il faut se poser des questions, comprendre le sens des mots; il faut créer en amont, offrir une vision personnelle. Bref, s’investir corps et âme. C’est aussi un travail sur soi-même. Pour paraphraser Nora « La scène que vous aller passer, c’est une carte de visite, il faut que ça vous coûte, que vous soyez généreux, sincère et que vous vous fassiez confiance». Lors d’un casting, réussir à s’approprier un extrait de film, de pièce sans imiter, voilà le réel intérêt pour l’apprenti comédien comme pour l’oeil noir qui vous reluque: dévoiler nos émotions propres.

Frédéric Léonard, Agent artistique

Transcription de sa conversation avec Shérazade BENADDI, Responsable du BREP S.B. : Bonjour Frédéric, tu es agent artistique, peux-tu expliquer aux élèves de l’Ecole en quoi consiste ton métier ? Et quels sont tes rapports avec les comédiens ? F.L. : Le plus important, c’est le rapport . Je cherche à avoir un rapport de simplicité, de respect. Pour moi le comédien et l’agent doivent travailler main dans la main, et au même niveau, c’est-à-dire qu’il n’y en a pas un supérieur à l’autre, car moi j’ai besoin des comédiens pour exercer mon métier, et eux ils ont besoin de moi pour trouver du travail. On est une équipe. Donc mon métier , ça consiste à trouver des comédiens, moi je les cherche plutôt jeunes, je cherche des gens qui ont du caractère, comme Louise Bourgoin, comme Michel Muller, ce sont des gens qui ont des choses à dire, quelque chose à défendre, et qui y croient surtout, et à partir du moment où ils y croient, je peux croire en eux, je peux les défendre et dire au casting «lui il est bien, elle est bien», et à 100% , me lancer dans leur promotion.

F.L. : Oui, je pense que c’est fondamental ! C’est vrai qu’il y a des exemples de comédiens qui n’ont pas fait de théâtre, qui sont natures, et qui y vont, je pense à Lorant Deutsch, qui n’est venu au théâtre qu’après, et c’est très bien, mais c’est rare. Avoir une formation, c’est une base pour passer des castings, ne pas être perdu, c’est apprendre à marcher. Dans des situations difficiles comme l’impro, ils sont perdus quand ils n’ont pas de formation. Pour construire une maison, il faut avoir les fondations. En même temps, c’est sûr qu’il y a des gars comme Deutsch, l’exception confirme la règle. Mais à 90%, ceux qui réussissent ont une formation, c’est la base. S.B. : Est-ce que tu aurais un conseil à donner à un jeune comédien, en formation à l’école, pour son avenir ? F.L. : Je lui dirais d’être une éponge, de prendre tout ce qu’on lui donne. De ne pas penser qu’on sait. Ecouter, prendre tout, et après faire son choix, mais apprendre, ça c’est la première des choses. Tout en ayant un caractère, en étant soi, en ayant sa propre personnalité. Si on est juste une éponge, qu’on prend tout et qu’on donne rien, c’est inutile. Celui qui a une personnalité trop forte et qui n’écoute rien, ça ne va pas. Mais si on arrive à jouer sur les deux tableaux, à tout prendre, et à garder sa personnalité, c’est formidable, ■ et là on est gagnant.


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Zoom sur...

L’inaccessible étoile

Moteur

T

u as été bien inspiré, Laurent Austry, de nous offrir un récapitulatif Jacques Brel, alors qu’on en était juste au trentième anniversaire de sa disparition et qu’à Sotheby’s, à cette occasion, on éparpillait de ses effets personnels restés dans un reliquaire d’une de ses maîtresses. Il est toujours trop tôt pour dire si telle ou telle œuvre relativement récente se rangera ou non parmi les classiques ; ce sera aux descendants de nos descendants d’en décider (il ne reste de Jean-Baptiste Clement que «Le Temps des cerises» !), mais nous avons au moins autorité, nous hommes de ce temps, pour dire haut et fort que Jacques Brel a porté à son zénith le cri du peuple, son intempérance, son exultation au travers d’un verbe carnassier et d’un carrousel musical qui vous happent comme une rafale alors que DESSAU, Kurt WEILL et BRECHT vous laissent au bord du chemin.

par Frédérique FARINA Après Premier jet qui marque l’entrée des élèves dans le Cursus de Formation, le premier “rendez-vous”, l’échéance liminaire de Première Année s’appelle Moteur.

Pour qui veut devenir comédien ce mot revêtira des significations diverses. Dans les grands théâtres du monde entier, les différents moteurs des machineries (manuels ou assistés : on pense aux cabestans et aux tambours…) occupent les dessous de la scène. Ils apportent à l’action son lot de surprises et d’émerveillement. Ils font surgir des acteurs ou disparaître, au prix d’efforts soigneusement dissimulés, des décors parfois gigantesques. Et ces moteurs qui, dans l’ombre, subliment ce qui semble s’inventer en lumière nous parlent déjà d’une nécessaire alliance entre la mécanique et l’éphémère.

Les imbrications des notes et des mots ont, cela va de soi, une résolution musicale. Cette dernière, chez Brel, est-elle accessoire ou prioritaire ?

Le 22 octobre, Daniel Auteuil a évoqué devant nous ce qu’il ressent parfois encore quand après une journée de répétition, il a le sentiment de ne plus savoir jouer. Jeune élève, cette impression lui venait lorsque François Florent avait “démonté son jeu comme on démonte un moteur”.

Même s’il est des tournures poétiques dont notre mémoire se rassasie, c’est bien la rhétorique musicale de Brel qui est obsédante et qui - je ne te l’apprendrai pas - est d’une écriture élaborée aux antipodes de la rengaine du bal musette… surtout quand elle y fait allusion.

La détresse et parfois même la colère passée, on sent bien qu’il est préférable de savoir comment marche ce moteur, comment on le remonte petit à petit pour retrouver sur scène, chaque soir, une inconscience précieuse.

Le travail à marche forcée que tu nous as livré nous a donné l’impression que la poétique de Jacques Brel était d’abord matière pour comédiens expressionnistes virtuoses qui savent avec astuce altérer la note (sa hauteur et son rendu) par un roucoulement du sur-mot. Allons-y pour ce néologisme. Il faut, j’en ai la conviction, à l’occasion de stages courts, privilégier le travail technique - disons le travail strictement vocal - à la mise en espace de similispectacles qui prennent inutilement sur le temps qu’il faut consacrer à la maîtrise du rythme, à la recherche d’un son le moins plat possible, à la discipline de la justesse. Je sais le travail remarquable - et dont je raffole le plus souvent - que tu fais chez nous ; cette formidable capacité fédératrice qu’on ne peut pas ne pas t’envier fait mon bonheur et me transporte, mais il est des occasions comme ce stage de la Classe Libre où il nous incombe de mettre les heureux bénéficiaires de ton enseignement devant des impératifs vocaux et musicaux non contournables. Ce serait une erreur d’assouplir l’exigence musicale à la formation de l’acteur ; c’est à l’acteur à se faire à l’exigence musicale. Cela s’adresse au premier chef aux élèves de la Classe Libre. Il faudra une prochaine fois en pareille circonstance faire en sorte que le rendu musical réclamé à un groupe restreint d’élèves se rapproche au plus près de ce que donne à entendre Fabrice Coccito. Ils le lui doivent. Ils te le doivent. Ils nous le doivent. ■ F.F.

Mais moteur, c’est aussi ce mot si souvent répété sur un plateau de tournage : “moteur” ! juste avant “ça tourne” ! et “action” ! “Moteur” ! Cela rappelle La Nuit américaine et ses travellings mais aussi nos tournages moins magiques… Ce moment où l’acteur sent un vertige de trac , juste avant de plonger. Ce moment où tout se rassemble, se ramasse, où on se tient prêt. Ce moment où tout va se jouer… Bien-sûr ce “moteur !” là, on le retrouvera lors du travail audiovisuel qui sera celui des mois de mai et juin. Et puis le moteur, c’est évidemment ce qui fait qu’on bouge, qu’on avance, qu’on voyage. Chaque chargé de cours invente son parcours : certains privilégiront les exercices techniques, les passages improvisés, d’autres préfèreront l’évocation d’un roman, d’une nouvelle. On explore, à tout va, en inventant une chorale de parleurs où le collectif met en jeu chacun ; où l’individu s’inscrit dans un groupe sans perdre sa flamme personnelle. On mêle l’impression fugitive et le trait appuyé. L’ensemble et la solitude. Le mouvement et la pensée. Ce que l’on dit mais aussi ce que l’on tait, ce qu’il faut taire. Faire ses débuts sur un plateau et y être avec les autres. Evoquer ceux qui ont pensé, aimé le théâtre et ainsi être nourri de ce qui a été pour aller vers ce qui sera peut être…

Concert Jacques Brel - Salle Isabelle Adjani - samedi 04 octobre 2008

Dans Témoignages sur le théâtre, Jouvet fait “L’éloge du désordre”.

Laurent Austry, Direction,

Inspirés par lui, osons souhaiter pour Moteur l’effervescence et le trouble, “la collision des sentiments et des idées”. La curiosité de l’éveil.

Fabrice Coccitto, Piano, Stéphanie Dezorthes et Lucie Marangoni, assistantes, avec Pierre BOULANGER, Esteban CARVAJAL-ALEGRIA, Hélène CHEVALLIER, Guillaume DELVINGT, Zoé FAUCONNET, Elsa GRANAT, Nathanaël KAHN, Ali MARHYAR, Sara MÜLDNER, Lola NEYMARK, Pierre NINEY, Djibril PAVADE, Benjamin POREE, David SAADA, Léopoldine SERRE, Fanny SYDNEY, Mathurin VOLTZ, Hang YIN

Alors Moteur !


La Masterclass Mantegna

J

e ne sais si mes collègues qui « préparent » des scènes classiques se réfèrent encore à la peinture de la haute époque ou si la disharmonie voulue entre l’historicité et le rendu est devenue règle immuable.

A y regarder de près - en voulant bien s’en donner la peine - il se pourrait que les tortures de l’âme et les tribulations du corps chez Racine ou chez Musset soient pour le moins aussi véhémentes chez Poussin et les peintres du Quattrocento que chez Francis Bacon ou Egon Schiele. Celles et ceux qui sont à la recherche d’une esthétique propice à la revitalisation de la tragédie classique française qui ne se confond pas avec l’univers de Sarah Kane, celles et ceux qui ne se contentent pas d’un psychologisme de café du commerce pour faire l’actrice ou l’acteur, se doivent de consacrer de leur temps à Andrea Mantegna (1460 – 1535). Je ne détaillerai pas ici les différentes périodes, les différentes influences, les différents legs de Mantegna - l’exposition propose une claire chronologie du travail de l’artiste et présente des œuvres de ses contemporains (Bellini, Donatello, Corrège…) -, je voudrais par contre insister sur l’intérêt pédagogique que revêt cette rétrospective et qui fait tant correspondre les recherches et les certitudes du peintre avec la fixation de notre forme tragique qui court de Robert Garnier à Racine, en passant par les tragédies baroques et chrétiennes des frères Corneille. Sa masterclass vaut bien les heures perdues à endurer une mise en scène de bazar ou à ânonner un bout de scène pour le Conss en battant l’air avec sa queue. Et rapporte bien davantage à qui sait lire derrière les mots. Mais il faut se donner la peine de s’arrêter et scruter, disons, une dizaine de tableaux - (ne pas imiter la masse des visiteurs-touristes, ne pas négliger les gravures) pour investir jusqu’aux arrière-plans la fabula et le signifiant (Sainte Euphémie, Saint Sébastien d’Aigueperse, le Christ de pitié soutenu par un séraphin et un chérubin, La Vierge de la Victoire, Le Parnasse, Scènes mythologiques (gravures), Les Porteurs de vases…). Il serait bon qu’on retienne cette leçon que propose la peinture de Mantegna : dans toute interprétation ne pas se cantonner à la réaction épidermique de l’histoire mais savoir lui donner des lignes de fuite. L’itinéraire de Mantegna, au travers de la magnifique exposition du Louvre, nous donne des clés pour mieux approcher les signes de la douleur et de la terreur placide face à la mort, pour mieux mettre à vue les splendeurs passagères du corps, pour mieux se gausser de la vanité de nos semblables, pour mieux s’interroger sur le terrifiant silence de l’Eternel. M’aventurerais-je jusqu’à prétendre que les vastes compositions dites du Studiolo et bon nombre de gravures mettent à jour une audace érotique d’autant plus exacerbée qu’elle se veut cachée. Autre leçon de Mantegna : dire comme Pallas ou Diane, être comme Amour ou Vénus. L’exposition Mantegna est le prélude idéal à la réactivation de «Correspondances» qui sera au programme de la Troisième Année du Cursus de Formation à partir de la saison 2009/ 2010. Il arrive que des chargés de cours principaux organisent des sorties de leur classe pour se rendre ensemble au théâtre ; le Louvre, c’est juste en face de la Comédie-Française. ■

F.F.

Musée du Louvre - Hall Napoléon - Jusqu’au 5 janvier 2009

Tarif de groupe, rencardez-vous !


Julie L

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Les Ateliers Jeunesse

Lire en Fête 2008

et le «Sans Parole» par Juliette TRESANNINI, Chargée de cours d’Atelier Jeunesse

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epuis huit ans, nous nous manifestons sans discontinuer à l’occasion des journées annuelles qui entendent promouvoir la lecture, monument en péril s’il en est.

Anaïs SIMON - Atelier Jeunesse 1

de Premiere année par François FLORENT

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La première échéance des AJ1 est le « Sans parole ».

Gregory BARCO - Atelier Jeunesse 1

Privés de leurs mots, les élèves doivent communiquer autrement : faire passer, sans le verbe, des émotions, du sens, utiliser le langage corporel, les sons, la danse, le mime ou la musique. Pendant le travail de création, je demande aux élèves de communiquer dans une langue imaginaire, avec des sons, des gestes, des instruments de musique et des émotions. Aucun mot n’est prononcé pendant le cours.

Malgré sa persistance, son opiniâtreté, son assiduité, Florent n’a jamais été digne de figurer dans le programme officiel de LIRE EN FETE -Dieu sait pourtant qu’on en a eu des lectures alléchantes et réussies - . Comme bouche trou pour certaines méga-lectures ineptes à la Gare de l’Est, la SNCF nous détectait bien, mais jusqu’à ce jour Verboten d’intégrer la liste des participants officiels. Malgré ce bannissement, j’entends ne jamais rater le rendez-vous que nous fixe LIRE EN FETE ; l’occasion est trop belle pour remettre en selle la lecture publique…ne fût-ce que pour les ouailles de notre propre établissement ! Ce sont toujours des chargés de cours (en 2005 et 2006 excepté) qui ont mission de lire portes ouvertes face à leurs pairs, face à leurs élèves, face à qui veut bien se déplacer. Cette année, j’avais demandé à deux jeunes profs de Première Année du Cursus de Formation de mettre au point un programme - sans thématique requise - dont les lecteurs seraient exclusivement des profs des Ateliers Enfants. Ce m’était l’occasion d’avoir des instantanés de mes recrues. Cette présentation, entourée d’une trop grande confidentialité, a plus que tenu toutes ses promesses ; la vraie modestie, la fervente mise au point, la franche restitution ont toujours été au premier plan. Je ne chicanerai que la lecture collective du Lac ; le détricotage aurait pu être plus astucieux d’autant que ce pauvre Lamartine ne mérite sans doute pas cette punition perpétuelle à laquelle nous n’avons cesse de le soumettre.

C’est un très bel exercice qui développe l’imaginaire, l’écoute, et qui fait voyager entre surprise et poésie. Un travail sur des scènes du quotidien fournira la matière de l’échéance, des situations collectives dans lesquelles chaque élève incarnera un personnage excessif, qu’il n’aimerait pas croiser.

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L’enjeu est de pousser les situations à l’extrême, jusqu’à l’absurde, pour travailler des facettes que ces comédiens en herbe ne connaissent pas encore d’eux-mêmes : le fantasque, l’excès, le clownesque.

Romain MARIE - Atelier Jeunesse 2

Je m’inspire de Chaplin, de Buster Keaton du cinéma expressionniste allemand, des films « Iceberg » et « Rumba » de Dominique Abel, Finoa Gordon, Bruno Romy... Les mots viendront en février, les élèves devront interpréter des textes extraits du répertoire classique et contemporain. Chacun aura un rôle à défendre et pourra y ajouter une touche personnelle sous forme d’improvisation, de danse, de chant, de création de leur choix. Le programme des Ateliers Jeunesse de Première année permet de découvrir tous les arcanes du théâtre : le corps, l’espace scénique, les émotions, l’imaginaire et les mots. ■

Les Lettres à un jeune poète de RILKE ont été les vertèbres de la soirée ; leur lecture en a donné la tonalité et la substance : la recherche de son vrai soi, la vérité de l’art dans l’artifice de la vie ordinaire. C’est cette assistance bien réduite d’élèves et de collègues à ces soirées des 11 et 12 octobre qui m’incite à remettre la lecture au premier rang de mes préoccupations pédagogiques.

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Assane TIMBO - Atelier Jeunesse +

Communiquer par la lecture n’est-ce pas l’antidote à la communication subie ? ■

Textes de R.-M. RILKE, Vivant DENON, Olivier PY, Albert COHEN, Apolli­ naire, M. KUNDERA, KAFKA, Arthur RIMBAUD, Lamartine, Bertrand DEGREMONT

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Muriel IGHMOURACENE - Atelier Jeunesse 2

Esther EBBO - Atelier Jeunesse 2

Lire en Fête Florent 2008 – au Théâtre du Marais –

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Lecteurs : Grégory BARCO, Alexandra CARTET, Esther EBBO, Julie LAVERGNE, Romain MARIE, Luc MARTIN, Davy VETTER

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Actualités ! prononce. Discours patiemment élaboré, au débit toujours plus ralenti. La salive lui manque toujours. Phrases infiniment longues et détaillées. »

Denis Podalydès : le collectionneur des voix Un livre d’amour, voilà ce que Denis Podalydès nous offre. Un livre qui réunit sa famille, celle du sang, ses parents, frères, parrain, grand-mères et tutti quanti, et puis toutes les autres, les rencontres, les acteurs surtout, qu’il admire, vénère, respecte. Une réunion abondante d’êtres aimés, un catalogue où se croisent vivants et morts, unis par un élément caractéristique majeur : la voix. Denis Podalydès écoute ce que racontent les voix. La sienne d’abord, reflet palpable de son intériorité. « Est-il, pour moi, lieu plus épargné, abri plus sûr, retraite plus paisible, qu’un studio d’enregistrement ? » Et cette question que se posent de nombreux acteurs : « Ma voix n’est pas telle que je l’entends, telle que je la veux, telle que je la profère, de l’intérieur de la tête, de la gorge, de la bouche. Trahison. Elle ne parle pas comme les autres, n’édifie ni ne figure aucun monde, aucun paysage. Me faudra-t-il attendre, vieillir un peu, connaître quelques épreuves ? Que la voix s’aggrave, que le rythme se précise, que la langue se délie ? Attendre que les années passent, que ma propre voix me devienne étrangère, celle d’un autre ? » C’est une sorte d’autobiographie sonore à laquelle se livre Denis Podalydès. Un portrait en creux, dicté avec sa pudeur naturelle, qui se remplit par un exercice d’admirations. Il aime les livres, les mots. Cela commence avec Proust et «Albertine disparue » : Que le jour est lent à mourir par les soirs démesurés de l’été, qu’il lit toujours d’un seul tenant et qu’il n’imagine pas lire autrement. La phrase du lecteur, les yeux qui photographient la page ; la phrase de l’acteur et les styles se confondent, celui de l’auteur qui cisèle son écriture et la voix de celui qui s’en empare, qui la fait éclater dans l’espace, telle des bulles de savon irisées et odorantes. La voix délivre le corps de l’acteur. Elle est un terrain fertile, un lieu, une matière. Il aime les voix des acteurs. Il s’essaie au difficile enjeu d’en restituer le grain par les mots. Ainsi Michel Bouquet et « cette voix de chair tendue, de métal et d’électricité, dont il peut déchaîner l’orage d’une seconde à l’autre ». Et Jacques Weber dont « la voix de stentor parle doucement à l’intérieur d’elle-même. Il y a de la rocaille, des herbes sèches, de la lande. Voix assise dans l’herbe, enjouée, désenchantée, amicale. Les finales portent curieusement les accents d’un grand seigneur toujours pris au dépourvu. L’excellence cul par terre. » Michel Vuillermoz aussi : « Elle est grave, posée, subtile. Mais sa puissance ironique, sa fantaisie bouffonne, que voilent minutieusement les apparences normales, civiles, sérieuses, la concentre d’une acidité dévastatrice, d’une vitesse de propagation, comme indépendantes de la personne… » Charles Denner encore, dans « L’Homme qui aimait les femmes », de François Truffaut : « Voix plus intérieure et plus rauque que je ne pensais. Et sa douceur me surprend. Seul exemple de raucité douce, d’accent de gorge arrondi et caressant. Voix travaillé par le tabac, le théâtre, le sentiment tragique dont son regard témoigne. » Et puis André Dussolier, Jean Vilar, Eric Elmosnino, Antoine Vitez,… des hommes politiques, Pierre Mendès-France. Il nous fait entendre et partager son trésor. Il est un orfèvre parmi ses pairs. Il y a aussi les « voix sans voix » des toreros, la « voix du pur courage ». Denis Podalydès rend à chacun, à chaque timbre, les couleurs et les sonorités qu’il perçoit. Il agit comme un alchimiste qui réunirait les ingrédients pour composer la recette dont il aurait seul le secret. Il évoque Ludmila Mikaël dans Bérénice à la Comédie-Française qui « fait entendre un chant aplani, unique, voué entièrement à l’amour, n’ayant d’autre désir que le désir d’amour, d’autre souci que le souci d’amour, d’autre raison que la raison d’amour. » C’est un choc pour lui, artistique et violent, sans doute décisif pour cet amateur plus qu’éclairé de langage et de musique. Il nous convoque même à une leçon de théâtre : Je vivrai Voix large je suivrai vos ordres absolus puissante et sinueuse Adieu, seigneur, régnez dont un accent de gorge je ne vous verrai plus contredit parfois la douceur mélancolique Prince après cet adieu d’un éclat bref vous jugez bien vous-même comme si elle chantait, avait chanté Que je ne consens pas de quitter ce que j’aime montant haut Pour aller loin de Rome atteignant une note si élevée écouter d’autres vœux contre-ut d’opéra Vivez qu’on a cru et faites-vous un effort généreux un instant Sur Titus et sur moi à une brisure réglez votre conduite à un déchirement organique Je l’aime je le fuis il n’en est rien Titus m’aime il me quitte la blessure se résorbe en apparence, la voix reprend son chemin de douceur. La mémoire, la pensée des uns et des autres acteurs et spectateurs Tout est prêt tous témoins On m’attend meurtris et indécis ne suivez point mes pas flottent Pour la dernière fois dans l’inoubliable atmosphère de cette tragédie adieu seigneur que parachève un hélas limpide, mesuré, absolu. Les voix de sa vie, on les trouve aussi dans son panthéon intime. Les voix de ses frères, celle d’Eric, notamment, si touchante et imprévisible. On y trouve ses parents, ses grands-parents. Tenez, la Mamie d’Alger : « Elle parle lentement. Son accent pied-noir froisse, accroche chacune des syllabes qu’elle

Et si les mots ne suffisaient pas pour raconter les voix… malgré le grand talent de Denis Podalydès à les évoquer, il nous invite à les écouter sur un CD accroché à la dernière page du livre. Autant de témoignages « vivants » qui accompagnent l’écriture. L’auditeur suit charmé, amusé, étonné, les élucubrations sonores, les pirouettes vocales, les imitations – encore un autre talent ! -, il est même des moments où la voix parlée se hisse à la hauteur du chant. On ne peut s’empêcher de penser à Verlaine : Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L’inflexion des voix chères qui se sont tues. Denis Podalydès est partout ; il est présent à chaque page. Il donne à entendre sa voix propre et la voix des autres. On aime à l’écouter écrire. On en redemande. François-Xavier Hoffmann Voix off, de Denis Podalydès. Mercure de France, 244 pages (+ un CD) a reçu le prix Femina de l’essai le 3 novembre 2008. Parallèlement au Cours Florent, Denis Podalydés poursuit des études de philosophie, il entre au Conservatoire et intègre la troupe de la Comédie-Française en 1997. Il en devient sociétaire en 2000 où il joue notamment Alceste, Platonov, Dorante du Menteur… A présent, il aborde Matamore dans l’Illusion comique. Il met en scène Cyrano de Bergerac et Fantasio. Il tourne aussi beaucoup au cinéma, entre autres dans les films de son frère Bruno. Récemment on a pu le voir dans le rôle de Jacques Attali dans Coluche, l’histoire d’un mec.

Actualités des chargés de cours... Georges BECOT

qui a joué dans la pièce de Lars Noren aux Théâtre des Amandiers, «A la mémoire d’Anna Politkovskaïa», part en tournée à Bruxelles jusqu’au 17/11 au Théâtre National de la Communauté française puis en Suède au Riksteatern.

Kader BOUKHANEF,

dont le DVD du film «L’autre Moitié» de Rolando Colla sorti en septembre a reçu avec Abel Jafri le Prix d’Interprétation masculine au 27ème Festival International du Film d’Amiens. Le prix «Best feature» (meilleure fiction) au Gotham Screen Films Festival and Screenplay Contest de New-York leur a aussi été décerné le 6 novembre 2008.

Bruno BLAIRET, Gretel DELATTRE,

jouent dans «Le suicidé» de Thomas Erdman au Théâtre 13 jusqu’au 14 décembre 2008.

Valérie Nègre,

Assiste Eric Genovèse, Sociétaire de la Comédie-française dans sa mise en scène de «Cosi fan tutte» de Mozart, dirigé par Jean-Christophe SPINOSI au Théâtre des Champs Elysées jusqu’au 22 novembre 2008


200€ la prise - Noir et blanc - Couleur - 80 photos

Régie Publicité contact : Aude au 01.40.40.04.44 ou puck@coursflorent.fr

Conception graphique : Aude JOVINAC 150€

Crédit photo : Dominique ERHARD, Philippe FORESTIER , Catherine HELIE, François FLORENT, Maxime FRANZETTI, Emmanuel VIELLY et Maxime PECHETEAU


Benjamin Wangermee et Manon Combes, lauréats du Prix Olga Horstig 2008 entourant le Président du jury Gérard Moulévrier

Les participants au Prix Olga HORSTIG (29 septembre 2008) avec Gérard Moulévrier : Manon COMBES, Hugo BECKER, Baptiste CAILLAUD, Olivier CHANTREAU, Guillaume DELVINGT, Maly DIALLO, Sofia EFFRAIMSON,Lorella FORTE, , Hortense GELINET, Adeline d’HERMY, Justine INGLEBERT, Marie KAUFFMANN, Mohamed KERRICHE, Ali MARHYAR,Lucille MARQUIS,Yasmine NADIFI, Gray ORSATELLI, Louise PASTEAU, Djibril PAVADE, Jean-Toine ROBERT PULTIERE, Fanny SANTER, Maxime TSHIBANGU, Claire VIVILLE, Mathurin VOLTZ, Benjamin WANGERMEE et Maeva YOUBI.


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