5 juillet 2012.
COMMENTAIRES SUR LE "GUIDE D’ANIMATION DES DEBATS SUR LA DENOMINATION DE NOTRE MOUVEMENT" D’OLIVIER DEFRETIN, PRESIDENT DU CONSEIL FEDERAL DE LA JCEF.
La présente note comporte des précisions historiques sur la période de formation du mouvement et sur sa vocation, ainsi que quelques remarques, tout ceci préconisant le maintien, tel quel, du nom qu’avaient choisis ses fondateurs. A. Introduction. La naissance du mouvement est due à la volonté de quelques jeunes français ayant des responsabilités dans leur entreprise, dont certains avaient fait partie d’un réseau de Résistance, d’agir dans le domaine des affaires publiques, en dehors de tout sectarisme politique ou de toute idéologie. B. Contexte à l’époque de la fondation En 1950 la France émerge des années de l’Occupation et de la seconde guerre mondiale, mais il ne reste guère de traces de l’enthousiasme de la Libération. Chacun vit dans son univers. Les français reviennent à leur individualisme traditionnel et ne pensent guère à mettre leurs compétences au profit de la collectivité et ce n’est pas du coté de la politique, dans ces années là, que l’on peut espérer quelque chose. Plusieurs de ces jeunes hommes sont des membres du « Groupe des jeunes chef d’entreprise de la Fédération ». Découvrant les Junior Chambers of Commerce américaines, ils font le choix de l’action civique (*) comme fondement du mouvement qu’ils cherchent à créer. C’est par l’action civique qu’ils se prépareront à entrer dans les institutions publiques ou privées tout en restant fidèle à la démarche Jeune Chambre : service du bien commun et pragmatisme. Ceci allait déjà, très exactement, dans le sens des 3ème et 4ème paragraphes de la partie Position de JCI, à la page 2 du Guide. B. Fondation de la JCEF et adhésion à la JCI. Le 15 mai 1952 a eu lieu l’Assemblée générale constitutive, au cours de laquelle sont adoptés les statuts de l’association dénommée « Jeune Chambre de Commerce », sur le modèle du mouvement américain. Fondé par Henry GIESSENBIER en 1915, sous le nom de Young Men’s Progressive Civic Association, cette association avait pris, en 1918, à l’invitation de la Chamber of Commerce of Saint Louis, le nom de Junior Chamber of Commerce of Saint Louis. Ces statuts avaient été déposés auprès de la Préfecture de Police de Paris, quelques semaines auparavant, par les principaux fondateurs du mouvement : Yvon CHOTARD, Gilles BARAST et André COTTE Cette dénomination provoqua instantanément une vive réaction de la part de la puissante Chambre de Commerce de Paris, laquelle se fondant sur son statut d’organisme public, sous tutelle de l’Etat, contrairement aux Chambres de Commerce de la plupart des pays dans le monde qui sont des associations de droit privé, opposa un veto formel à l’utilisation de son nom par le mouvement. En février 1953, au cours de la première Assemblée générale ordinaire de la « Jeune Chambre de Commerce », sous la présidence d’André BETTENCOURT, la décision est prise de remplacer le nom de l’association par « Jeune Chambre Economique » ce qui eut pour avantage, en dehors du fait de ne plus provoquer de réactions de la part de la Chambre de Commerce de Paris, d’étendre le champ d’action du mouvement. Notons au passage que les termes « et d’industrie » n’ont été ajouté que des années plus tard au nom de cet organisme consulaire et qu’il est envisagé, à terme, comme l’indique Olivier DEFRETIN, la fusion des Chambres de Commerce et d’Industrie et de Chambres de Métiers et de nommer les nouveaux organismes ainsi créés « Chambres Economiques ». ____________________________________________________________________________ (*) Il faudrait vraiment éviter l’usage de l’expression « action citoyenne » qui a une forte consonance politique, au profit de l’expression « action civique » qui est, par définition, neutre politiquement.
En 1954 a lieu, à Lyon, le 1er Congrès de la JCEF. Considérant l’étendue de son implantation en France avec 9 JCE et le fait qu’elle ait obtenu la création d’un échelon européen, il est décidé, par le vote d’une motion, de déposer une demande d’affiliation à la Junior Chamber International, à la plus grande satisfaction du président de la JCI, Douglas HOGE, présent au Congrès. Au cours du IXème Congrès mondial de 1954 à Mexico, la JCEF est admise comme Organisation Nationale Membre (ONM). Dans la foulée, les deux délégués français, Yvon CHOTARD, Président national et Gilles BARAST, Secrétaire général, obtiennent que la langue française fasse partie des langues officielles de la JCI et que le bulletin international soit aussi publié en français, la JCEF se chargeant de la traduction. Rappelons que, l’année suivante, la délégation française au Xème Congrès mondial à Edimbourg était de 56 membres. C. Choix de la dénomination. La position du CA est parfaitement plausible et réaliste. Il n’en reste pas moins que le maintien du nom « Jeune Chambre Economique Française » est essentiel vis à vis des pouvoirs publics, des médias et de l’opinion, car c’est avec ce nom que le mouvement s’est fait connaître et a acquis une notoriété nationale, bien que celle-ci se soit altérée avec le temps. Le nom de « Jeune Chambre Internationale » et le sigle JCI ne peuvent guère avoir de signification en France. Il peut, par contre, semer la confusion dans les esprits et nuire à l’influence du mouvement. Au cours des deux années qui ont précédé le XVème Congrès mondial de 1960 à Paris, il a fallu qu’André COTTE, le directeur de son comité d’organisation, convainque les autorités publiques et privées de l’importance et de l’intérêt de la JCI, mais tout cela est bien oublié depuis. Les arguments du Guide en faveur maintien du nom Jeune Chambre Economique Française : - Mise en avant du rôle économique. - Conformité avec le fait que les Départements et Territoires d’Outre-Mer sont rattachés à la Métropole. - Investissement du territoire. - Indépendance nationale. - Cas des JCEF à l’étranger. - Sauvegarde de l’historique et de l’histoire du mouvement. - Intérêt pour les institutionnels. sont tout à fait à propos. En ce qui concerne l’emploi de l’adjectif « économique », il faut mentionner que les fondateurs étaient issus des milieux de l’Industrie, du Commerce ou des métiers du Livre et qu’ils sont allés vers de jeunes fonctionnaires, de jeunes des professions libérales : avocats, notaires, architectes, urbanistes, médecins, vétérinaires… et aussi vers de jeunes agriculteurs, pour qu’ils participent à leur action. De plus, bon nombre d’anciens membres sont ou ont été Présidents ou membres de Chambres de Commerce et d’Industrie ou de syndicats et de fédérations professionnels. D’autres sont devenus ministres ou élus de la République. Cet adjectif doit donc être compris dans son sens le plus large. Quant aux arguments en faveur de la dénomination « JCI France » ou « JCI xxx », ils sont bien faibles au regard de la vocation du mouvement, tel qu’il a été conçu au départ par ses fondateurs, d’autant plus qu’un « retour aux sources », souhaité par un certain nombre de membres, est en marche. C’est en orientant ainsi le mouvement en France que la JCEF peut, avec d’autres, contribuer à aller dans le sens de ce que souhaite, avec force le Secrétaire général de la JCI, Edson OKAMA.
Bernard Champin, Sénateur JCI 6499.