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Madame, was ist ein Künstler?
Madame, c’est quoi être artiste ?
– Das ist jemand, der immer schwarz gekleidet ist, gab einer meiner Schüler an der Ecole Polytechnique zur Antwort. Diese kleine humorvolle, auf mich gemünzte Bemrkung hatte mich amüsiert.
– C’est quelqu’un toujours habillé en noir, répondit un de mes élèves de l’École Polytechnique Cette petite pointe d’humour me concernant m’avait amusée.
Aber die Antwort ist viel weitreichender.
Mais la réponse est plus vaste.
Dieses Buch erzählt die Geschichte eines 14-jährigen hoffnungsvollen Mädchens, dessen Motto lautete:
Ce livre raconte l’histoire d’une petite fille de 14 ans pleine d’espoir dont la devise était: Travail, amour et persévérance
Arbeit, Liebe und Beharrlichkeit
Ihre Studienzeit an den Kunstakademien in PARIS von 1960 bis 1968. Grande Chaumière (Académie Charpentier) Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts
Son passage dans les écoles d’art à PARIS de 1960 à 1968. Grande Chaumière (Académie Charpentier) École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs École Nationale Supérieure des Beaux-Arts
Es erklärt und zeigt ihren Werdegang als Malerin bis zum Jahr 2006. Zu jeder Phase gibt es Reproduktionen sowie Texte der Künstlerin und anderer Autoren.
Explique et montre son parcours de peintre jusqu’en 2006 avec des reproductions pour chacune des périodes, accompagnées de textes d’auteurs et de l’artiste.
«Lassen Sie sich nicht von Berry-Mauduit in die Falle locken! Diese Bruchstücke einer Kindheit – kaputtes Spielzeug, zerrissene oder verblichene Stoffe –, diese Gegenstände, die von einem Dachboden voller Erinnerungen und Sehnsüchte stammen, sind keineswegs Anekdoten, die von einer verblühten Alice im Wunderland melancholisch heruntergeleiert werden, sondern Gemälde in Öl oder Acryl oder Pastell oder in Mischtechnik, das heisst autonome Werke, die eine unverfälschte Sprache sprechen und einen ungestümen schöpferischen Willen fern von Modeströmungen und vorherrschenden Tendenzen erkennen lassen.»
« Ne vous laissez pas prendre aux pièges de Berry-Mauduit ! Ces bribes d’enfance à travers des jouets cassés, des étoffes déchirées ou fanées, ces objets d’un grenier inventorié dans les souvenirs et les regrets, ne sont pas autant d’anecdotes mélancoliquement égrenées par une Alice déçue du pays des merveilles défraîchies, ce sont des tableaux à l’huile ou à l’acrylique, ou à l’huile et au pastel mélangés, c’est-à-dire des œuvres autonomes dont le langage est pur, et qui témoignent d’une farouche volonté de création hors des modes et des courants dominants. »
Pierre Cabanne
chantal berry - mauduit
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“Madame, what does being an artist mean?” “Someone who always wears black,” retorted one of my students at Ecole Polytechnique. This witty little remark about me amused me, but the answer is vaster.
This book tells the story of a little 14-year-old girl, who was full of hope and whose motto was work, love and perseverance.
Her studies at Paris art schools from 1960 to 1968 Grande Chaumière (Académie Charpentier) École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs École Nationale Supérieure des Beaux-Arts.
monographie
berry-mauduit “Don’t be caught in Berry-Mauduit’s traps! These snatches of childhood illustrated by broken toys and torn or faded fabrics, these objects from an attic, where memories and regrets have been inventoried, are not anecdotes melancholically reeled off by a faded Alice in Wonderland. They are oil, acrylic or mixed pastel paintings, in other words, autonomous works of a pure language showing her unshakeable will to create something outside fashions and dominant trends.” Pierre Cabanne
Pierre Cabanne
snoeck
It explains and shows her career as a painter until 2006, with reproductions for each period accompanied by texts written by authors and by the artist herself.
snoeck
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chantal berry-mauduit monographie
benteli
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Je dédie ce livre à Pierre Gautier Delaye, mon époux, qui a su m’aider et qui a partagé ma vie, une vie remplie de tant d’amour et de complicité, aux jeunes qui rêvent dans la solitude de devenir « artistes », à ceux de ma famille qui sont ou seront intéressés, à mes amis, collectionneurs, diffuseurs, écrivains, qui m’ont encouragée et tous ceux qui seront heureux de découvrir mon travail. Un peu aussi à une petite fille de 14 ans pleine d’espoir, dont la devise était : travail, amour et persévérance.
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Madame, c’est quoi être artiste ? C’est quelqu’un toujours habillé en noir, répondit un de mes élèves de l’École Polytechnique Cette petite pointe d’humour me concernant m’avait amusée. Mais la réponse est plus vaste.
De grands professeurs se passionnent pour de nouvelles connaissances, reliant le domaine de réflexion de la science du cerveau et l’activité artistique. Une conférence de ce si charmant professeur Changeux, doté de la simplicité émouvante des grands (Collège de France & Institut Pasteur de Paris) organisée par l’AAE-ENSAD à l’ENSAD le 23 novembre 2002 m’a profondément impressionnée : la création artistique n’échapperait plus à la science, (ni la conscience… !). Sous le nom de neuro-esthétique, toutes les parties de notre cerveau extrêmement complexe sont analysées et presque expliquées. En fonction de ce que ma subjectivité a retenu concernant les artistes : la création serait une synthèse mentale : – – – – – – –
d’une activité constante spontanée de notre cerveau et de sa résonance ; du stockage de la mémoire à long terme, tenant en compte l’évolution de notre enveloppe génétique depuis sa création ; de l’empreinte du monde extérieur pendant la formation des neurones durant l’enfance jusqu‘à l’âge adulte ; de notre vécu, émotions, sentiments ; de l’aptitude à la contemplation, de la perception et de l’analyse du monde visuel, cerveau aiguisé par le regard ; du raisonnement face à l’exploration intérieure, pouvoir émotionnel ; du véhicule permettant la retranscription de l’information, palette neuronale qui peut montrer les états de notre système nerveux central dans un constant renouvellement ; – de la constante évolution de l’art. Je réponds aujourd’hui de ma propre expérience par un « recueil » de ce qu’à été mon parcours, cheminement avec ceux qui ont croisé ma route et m’ont encouragée. « Voir est déjà une opération créatrice qui demande un effort. » Henri Matisse Pour accompagner les œuvres, des textes écrits par des professionnels de l’écriture ainsi que des artistes et plus modestement, des notes griffonnées sur ma palette et quelques extraits de mon journal intime, confident, au long des années, dont les maladresses rendront authentique une certaine spontanéité pour la recherche de la vérité. L’histoire ne se répète pas, un artiste vit l’aventure au quotidien. Peu importe le « véhicule » utilisé s’il le maîtrise suffisamment pour permettre à l’esprit (par la main) de divaguer et traduire l’impalpable envie si profonde d’exprimer ses sensations, intuition au bout des doigts pour figer cette force intérieure directionnelle.
Je préfère art vivant plutôt qu’art contemporain et envies plutôt que idées
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l’enfance perdue et retrouvée nourrit de ses blessures secrètes l’œuvre intimiste de berry-mauduit où les objets insolites ou ambigus – poupées, reliquaires, miroirs – symbolisent à la fois le passage du temps, sa destruction, ses obsessions, ses agressions et ses bonheurs. ceux surtout que la peinture lui apporte.
Pierre Cabanne
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Chantal Berry-Mauduit par Pierre Cabanne
Ne vous laissez pas prendre aux pièges de Berry-Mau-
Berry-Mauduit dépayse et trouble. L’enfance est gé-
duit ! Ces bribes d’enfance à travers des jouets cassés,
néralement ce qui sépare de l’avenir, ici elle donne au
des étoffes déchirées ou fanées, ces objets d’un gre-
présent des saveurs nostalgiques. D’étranges ques-
nier inventorié dans les souvenirs et les regrets, ne
tions sont posées à la réalité et à ses sortilèges ; elles
sont pas autant d’anecdotes mélancoliquement égre-
surgissent en même temps du travail du trait, de la
nées par une Alice déçue du pays des merveilles dé-
matière, des fonds de couleur et de la répartition de
fraîchies, ce sont des tableaux. À l’huile ou à l’acry-
la lumière, comme de l’imagination et de la mémoire.
lique, à la gouache, ou à l’huile et au pastel mélangés
Entre l’explicite et le flottant.
dans les petits formats ; c’est-à-dire des œuvres auto-
À l’origine, il y a la vie libre et (presque) heu-
nomes dont le langage est pur, et qui témoignent
reuse à Marchenoir, le village de l’enfance près de
d’une farouche volonté de création hors des modes et
Beaugency, la maison, la forêt, l’étang grouillant de
des courants dominants.
mille petites bêtes indistinctes. Guère d’école, mais
Chantal Berry-Mauduit vit sa peinture, et dans
très tôt le goût du spectacle en costumes dans le gre-
sa peinture. « La moitié de mon activité de peintre
nier familial, puis celui, insistant, de dessiner et de
consiste à rompre avec ce que je peux faire facile-
peindre. Quand Chantal arrive à Paris, à 14 ans, elle
ment », dit-elle. Ses exigences sont sa morale.
avait, dit-elle, une valise et une grande boîte de pein-
Regardons ces tableaux. Ils sont marqués à la
ture suspendue à l’épaule, fabriquée par son père ;
fois par la naissance des formes, qui n’apparaissent
elle entrera plus tard à l’Académie Charpentier pour
aux regards qu’arrachées à leur gestation, et par la
préparer l’Ecole des Arts décoratifs où elle est admise
substitution aux apparences de leurs fragments re-
à 17 ans. Après son diplôme, elle passe un an à l’École
composés, qu’il s’agisse du corps ou d’objets fami-
des Beaux-Arts et, en 1967, à 23 ans, elle obtient sa
liers. Amalgamés, déchirés, enserrés de bandelettes
première commande, une composition monumentale
ou de sangles, boursouflés, meurtris.
au lycée de jeunes filles de Vendôme, de grands aplats
Ces peintures ne sont souvent que surgisse-
de matières et de couleurs évoquant des parterres
ments de blessures, démembrements, juxtapositions
épanouis. Beaux débuts suivis de plusieurs autres réa-
ou déformations des choses dans des espaces clos. À
lisations où elle prouve son ambition de s’intégrer à
fleur de mémoire ou de peau. Elles sont exécutées
l’architecture en l’animant. À la maison de retraite de
avec une précision minutieuse, détaillées dans l’inté-
Marchenoir, dans une école maternelle de Blois, où
rieur ; leurs couleurs sourdes ou pâles sont animées
elle couvre la façade de lettres et de chiffres monu-
d’éclats soudains.
mentaux colorés en métal peint laqué et cuit au four,
Les œuvres de 1991à1992, généralement sur
procédé qu’elle reprend dans le patio du CES de
papier, évoquent, sur une préparation libre, des boîtes
Selles-sur-Cher ou dans le hall de l’École d’Électricité
ou des tiroirs ouverts dont le contenu se répand en
à Paris, au lycée de Blois, à Morée (Loir-et-Cher), etc.
désordre à coups de griffures crispées, taches et rap-
Rien d’étonnant qu’elle soit appelée à enseigner la
prochements ou enchevêtrements d’écritures et de
couleur dans l’architecture intérieure à l’École des Arts
signes allusifs d’objets symboles. S’y glisse l’alchimie
décoratifs !
d’un rituel singulier à partir des dérives confuses d’un vécu brouillé.
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Les commandes impliquent des dimensions matérielles et spirituelles particulières, des relations
Cette suite de « techniques mixtes » sur papier
parfois difficiles avec les décideurs, les architectes, le
des Temps retrouvés s’est continuée, durant l’été
public ; l’atelier est un refuge, un espace de solitude
1993, par de nouvelles explorations du thème, mais
et de réflexion. Berry-Mauduit y a organisé son envi-
cette fois sur bois.
ronnement, un monde clos et préservé comme celui
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de Marchenior où elle concrétise les rapports parfois
archéologie du quotidien, sont dans leurs replis secrets
conflictuels qu’à travers la peinture elle entretient
à la fois ventre béant, cerveau, lèvres-bourrelets, sexe.
avec le présent en prenant appui sur le passé. « Je rac-
Et même un peu au-delà... Ces organes dispersés re-
commodais mes blessures avec des coups de pin-
constituent un corps aux yeux ouverts, aux mains
ceaux », dit-elle. Ainsi crée-t-elle des images à la fois
agrippées, couvert de plages de couleur sur des fonds
charnelles et mentales dont elle ne garde que des
glauques où passent des éclairs de lumière rageurs.
allusions ou des fragments ; les violences ou les
Écriture et peinture sont aux aguets l’un de
désordres des morcellements portent ces assemblages
l’autre dans la prunelle noire de Berry-Mauduit qui se
au bord de l’éclatement, tant la tension qui réunit ou
fraie un passage au travers du dédale des images.
mélange les objets est forte. La fascination des pou-
Mais elle ne raconte pas, elle tend aux choses un mi-
pées de porcelaine est celle des corps fragiles, mais
roir où elle se regarde aussi, et de ce dédoublement
aussi des fantasmes d’un univers perdu. C’est à partir
naissent, inquiétude et fascination mêlées, ces Sorti-
de 1975 à 1976 que Berry-Mauduit commence à s’en
lèges, déconcertants maelströms abstraits des années
inspirer et à créer autour d’elles, de ces substitutions
1987 à 1988 où Chantal expose à deux reprises à la
d’elle-même parées de soies éteintes et de dentelles
Galerie Pierre Lescot.
effilochées, usées par le temps ou les mains qui les
En 1988, une maîtrise d’histoire de l’art est
bercèrent et les vêtirent, l’imaginaire recomposé de
consacrée, à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, à
ses rêves d’enfant. Les périodes de travail se succè-
son Œuvre symbolique, et elle devient enseignante
dent par thèmes, jalonnées de manifestations de
pour le dessin à l’Ecole polytechnique. Elle sera maître
groupes dans les salons ou les galeries. Après les Pou-
de conférence en 1991. Préludes aux Temps retrouvés,
pées viennent les Gestations, les Corps drapés puis, en
les Mécaniques humaines de 1989 portent à leur pa-
1984, les Reliquaires, ces condensés nostalgiques de
roxysme de transe caractérielle les corps soumis,
photos jaunies et de moments retrouvés. Berry-Mau-
comme à travers un prisme de cruauté, aux plus in-
duit fait en 1982 sa première exposition personnelle,
croyables agressions. Dans Naissance d’une main,
Galerie Pierre Lescot ; en 1986, celle de la Galerie
La Dame de cœur ou Le Collectionneur, le répertoire
Valmay coïncide avec sa période Espace. Corps-Objet
d’objets familiers à Berry-Mauduit mêlé à l’informe
où elle plonge littéralement dans d’étouffants cau-
brouillé, disloqué ou écrasé, des figures crée une im-
chemars
multipliées,
pression de malaise que souligne le raffinement des
amalgamées, qui paraissent refléter – ou refuser – on
d’images
métamorphosées,
tons clairs aux rapports délicats. Ses peintures sont
ne sait quel désarroi.
comme des cibles de violence ; elle aime mais désire
Comme si elle n’avait pas encore trouvé quelle
défaire ou détruire. Entre l’innocence et la perversion,
forme donner à la réalité qu’elle sait éphémère et pé-
elle trace une voie singulière que l’on a quelquefois
rissable. Ces thèmes se développent à partir de ses
rapprochée du surréalisme, mais qui est plutôt du réa-
expérimentations de peintre et de ses obsessions
lisme en métaphores. Dans les Temps retrouvés où la
de femme. Les peaux couturées des poupées de cuir
chair détaillée des corps laisse place à l’accumulation
cousu, les étoffes entassées, les voiles de mariée à la
des objets, les boîtes à secrets répandent, par écla-
mousseline chiffonnée, les reliquaires et ses amas pa-
boussures et macules nerveuses, les vestiges compta-
tiemment inventoriés d’objets insolites ou ambigus, ar-
bilisés – l’impatience des regards rejoint la fébrilité
rachés au temps et à l’oubli, alimentent une magie que
des doigts – du grenier de mémoire. Où se télesco-
les chevelures, les fourrures, les satins corsetés, bardés
pent, parfois transpercées d’un œil inquiet, les souve-
de lattes ou lacés, rendent plus troublante encore. Les
nirs et les fantasmes d’une enfance qui ne s’épuisera
intimités, mises au jour comme les fouilles d’une
jamais.
Paru dans l’œil, no. 457, 1993
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sommaire
1
les années roses
1944–1952
17
2
les années blanches
1953–1962
21
3
les années bleues
1962–1973
37
4
les poupées
1973–1979
59
5
gestations
1980 –1983
79
6
reliquaires
1983–1984
95
7
espaces – corps – objets
1984–1988
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18
de l’autre côté du miroir
1988–1991
117
19
les temps retrouvés
1991–1996
137
10
tendresse
1996–1998
149
11
héritage préservé
1998–2000
257
12
au cœur de la lumière
2000–2006
167
biographie
203
bibliographie
208
remerciements
209
English Translation
211
Deutsche Übersetzung
221
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La première partie du livre se situe en 1942. Jean Mauduit, né d’une famille de tradition provinciale à La Flèche, épouse à Paris Ginette Blais, née dans la modernité parisienne. Il a 22 ans, elle, 20 ans. Ils se marient à l’église de la Trinité, en l’absence du grand-père paternel pour qui « la » grande ville est ville de perdition. Le « fruit » de ce grand amour arrive en même temps que les Américains dans Angers le 1er août 1944 : « moi ». Les deux familles et les amis se réunissent pour une grande fête le jour de mon baptême, en juillet 1945, l’avenir s’annonce très bien.
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1 les années roses
1944 –1952
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tradition
14 septembre 1942 Mariage de Ginette Blais et Jean Mauduit
Arrières grand-père et grand-mère Derouard
Grand-maman Estelle serait devenue religieuse dans un orphelinat si elle n’avait rencontré et aimé mon grand-père. Devenue institutrice, elle peignait, écrivait des poèmes, brodait ses compositions.
1er août 1944 En même temps que les Américains dans Angers.
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1er juillet 1945 le baptême a réussi le miracle de réunir mes deux familles
1er août 1947 Dans le jardin d’Ardenay
1948 Arrivée à Marchenoir mon paradis se trouvait autour de l’eau
1949 Chez grand-maman, fascination pour les poupées de porcelaine. Découverte de la lecture et de la peinture.
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modernité
Maman est passionnée et très douée pour le piano, mais refuse à 16 ans la proposition de son professeur madame Casadessus de la faire entrer au conservatoire de musique. pour gagner sa vie rapidement.
1951 Le bonheur à trois en voyage sur la Côte d’Azur. bien que divorcés, mes parents s’aimaient toujours.
1952 Il est « papa poule », m’emmène à la pêche et à la chasse.
1952 Ma chienne ne me quitte jamais, même à l’école.
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LES ANNÉES BLANCHES de 1953 à 1962 (cahier vert) parlent d’un changement de vie. Du besoin et du comment trouver son chemin lorsque l’on ressent l’obsession de devenir artiste. De l’atelier de la Grande Chaumière dans les années 1960, qui préparait aux concours des grandes écoles d’art. J’écris ma propre expérience, cela n’engage que moi.
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2 les années blanches
1953–1962
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Ma vie bascule en 1953 quand papa décide de chercher une nouvelle épouse, elle doit être superbe pour ennuyer maman. Il en trouve une très belle. « Papa bohème » devient « papa m’as-tu vu » allant jusqu’à fabriquer une douche de fortune et décorer sa chambre avec des fleurs de lys. Notre vie devenue genre « Folcoche » me terrorisait. Une grande longue année isolée totalement de maman. Personne ne me parlait du procès qu’elle tentait pour me récupérer. Elle gagna et je fus heureuse d’être de nouveau aimée et protégée, mais triste de quitter mon village pour Paris.
L’école libre de Marchenoir, 1954
C’étaient les marronniers dans la cour, Les encriers logés dans les pupitres dont il fallait économiser l’encre, Les crissements des crayons d’ardoise, L’odeur des vieux livres recouverts à chaque rentrée scolaire, La chaleur des bûches que les plus grands installaient dans le poêle à tour de rôle, Les déguisements en papier crépon rangés dans le grenier pour les représentations théâtrales, Les remises des croix accrochées sur la blouse par Monsieur le curé tous les samedis matin.
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À Paris 1953 Je ne m’habituais pas à l’école rue de la bienfaisance ni ensuite au collège octave GRÉARD si austères avec leurs barreaux aux fenêtres. J’obtins la première année les prix de camaraderie, de dessin, de gymnastique, de chant, de couture, mais le reste… ! J’attendais avec impatience la naissance d’une petite MARIELLE à MARCHENOIR.
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Extraits du cahier-journal commencé le 12 septembre 1958
12 septembre 1958 Chère Katie, Je me sens si seule, Katie, depuis mon retour à Paris. À partir d’aujourd’hui, tu seras ma confidente pour me donner l’impression de vivre encore le temps où tout était bien : Le temps magique des poupées aux visages de porcelaine. Grand-Maman t’avait donnée à moi, je sais que tu m’attends là-bas à La Flèche chez Grand-Papa. (Voir œuvre : À l’aube de l’automne, qu’en penses-tu Katie, page 179) Il s’est passé tant de choses depuis l’année dernière ! J’essaie de me souvenir du mois de juin 1957 : Un des nombreux médecins que maman consultait pour un mal de gorge qui n’en finissait pas lui avait annoncé le nom de sa maladie. N’ayant pas osé avouer son ignorance de la signification du nom de : Hodgkin, à son retour, je nous vois encore, toutes deux, chercher ce nouveau mot, en vain. Bien trop compliqué pour mon petit Larousse. Quelque temps après, en août, papa l’avait filmée à Ardenay, il n’y a pas plus de sept maisons dans ce village près de Dourdan ; cela sentait bon la nature et les souvenirs. Nous nous étions tous retrouvés là-bas avant son départ en vacances ; maman devait se remarier avec Robert Portal, ils devaient partir visiter l’Espagne. On se sépara. Dans la voiture qui m’emmenait vers Marchenoir, j’étais triste et pleurais en cachette, regrettant d’être de nouveau séparée de maman. À son retour, C’était l’année dernière, en septembre. J’ai l’impression que c’est si loin, presque dans une autre vie… !, Très heureuse de son voyage maman semblait avoir guéri un peu ; nous préparions ma rentrée des classes. Par la suite, mes résultats scolaires, comme par miracle, étaient devenus incroyablement bons… ! Après une visite chez ma directrice, maman et moi avions décidé que je tenterais le concours d’entrée d’un collège technique spécialisé pour le dessin du nom de Ganneron. J’étais enchantée de ce projet. Avec un petit regret tout de même d’abandonner ma grande envie d’entrer à l’Opéra pour danser. Pour compenser, maman avait accepté de m’offrir des cours où s’entraînaient « les petits rats » chez Melle Zambelli, ancienne étoile et très vieille, une baguette à la main pour taper sur les jambes. Celle-ci avait été étonnée de voir mes chaussons de pointes tout usés alors que j’assistais à mon premier cours. Moi qui étais complexée par mes jambes un peu robustes, elle me dit que j’étais tout à fait constituée pour la danse. Je ne fis que de la barre les deux premières séances puis, inquiète, mais ravie, j‘allais rejoindre les autres au milieu,Mlle Zambelli prédisant qu’à ce rythme, je rattraperai vite mon retard.
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Maman recommença à être mal, perdit sa voix. La nuit, je me mettais avec elle à la fenêtre grande ouverte pour l’aider à respirer. Elle séjournait souvent à l’hôpital Broussais, je m’y rendais les jeudis et les dimanches. Robert la conduisit à Créteil, chez ses parents qui avaient proposé de l’aider à s’en occuper. Les professeurs du nouvel hôpital tentaient un nouveau traitement. Les vacances de Pâques arrivaient ; à contrecœur, je partis à Marchenoir, regrettant de m’éloigner encore de maman. Un jour, quelqu’un a téléphoné pour que je revienne vite à Paris. Je ne dis rien, mais je savais. Maman va mourir. J’étais dans le train qui m’entraînait à Paris, deux religieuses discutaient dans mon compartiment ; moi, je pensais à maman. Arrivés à l’hôpital, Robert me laissa seule avec elle. En la voyant, j’étais rassurée, elle ne me semblait pas aussi mal que je le craignais, pourtant, elle me dit son angoisse pour mon avenir : « C’est dommage que Robert ne soit pas ton père, car avec ton père tu seras mal élevée. » Je l’ai quittée, pensant revenir la voir le lendemain. Robert, était retourné à l’hôpital après m’avoir déposée chez ses parents. Quand je vis son regard à son retour, je devinais que maman nous avait quittés. Je compris que je n’aurais pas de temps à perdre si je voulais, comme prévu, entrer au collège Ganneron, décidais alors de présenter le concours d’entrée en cachette de papa, en faisant signer les papiers d’inscription par ma grand-mère. Elle avait promis de me prendre chez elle en cas de succès. Reçue septième, il me fallut l’annoncer. Papa n’était pas très enthousiaste de me laisser si jeune, seule à Paris, ma grand-mère avait changé d’avis et ne voulait plus me prendre. Je n’avais que 13 ans, mais 14 à la rentrée scolaire. Ma directrice d’école, mes professeurs, très satisfaits de mon résultat, trouvèrent un foyer qui acceptait les jeunes filles de mon âge. Papa accepta mon projet. Michelle me conduisit, accompagnée de Jacqueline (infirmière et amie) à la gare des Aubrais. Pour la première fois, ce jour-là, j’ai ressenti chez ma belle-mère un comportement un peu « humain ». À l’instant où je grimpais dans le train avec ma petite valise et la grande boîte de peintre fabriquée par papa, elle me demanda si je voulais vraiment partir et me proposa de rentrer à la maison avec elle. Je dois dire que j’avais un peu le cœur serré et que j’étais très tentée de redescendre les hautes marches déjà gravies. Je répondis que oui, je voulais partir.
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Et me voilà Katie aujourd’hui, dans le foyer Sainte Eugénie. Je partage une chambre avec une Guadeloupéenne très gaie, et une de Rodez, les deux, très gentilles. J’ai vraiment hâte d’apprendre à dessiner.
17 décembre 1958 Robert m’a rendu visite au foyer, le passé remontait bizarrement, agréable et cruel à la fois. Nous étions tous deux maladroits pour nous parler et même intimidés par l’ambiance austère du parloir. Je nous sentais comme parachutés dans une nouvelle vie que nous n’avions pas désirée, avec ce chagrin qui nous serrait à la gorge. Et puis, il est parti, je me suis de nouveau retrouvée face à mon présent. Demain, vacances de Noël, je suis contente de partir retrouver papa et mes petites sœurs. Je m’ennuie de ma chienne Xillette qui a été recueillie par Mamy Portal, quel dommage qu’elle ne puisse être au foyer avec moi !
6 janvier 1959 J’ai maintenant l’impression de perdre mon temps dans ce collège Ganneron, et, du temps, je n’en ai pas beaucoup. Pendant les vacances, l’ambiance à la maison n’a pas été facile. J’ai toujours peur que papa me fasse rentrer à Marchenoir, à cause des sous. Si mes parents étaient artistes, ils m’aideraient et me comprendraient. Enfin, je suis tout de même à Paris. Mais je dois faire vite et tenir bon. J’ai entendu dire que la meilleure école est celle des Arts décoratifs, mais je crois que, à 14 ans, je suis encore trop jeune, je ne sais pas à qui demander.
15 février 1959 Je continue à beaucoup travailler, mais je pense toujours aux Arts décos. J’ai rencontré hier, à la gare de Beaugency, J-L-B, le fils de l’instituteur de Marchenoir qui fait ses études de médecine à Paris. Son voisin de la Cité universitaire est élève à l’ENSAD, je dois le rencontrer.
14 mars 1959 Nous sommes allés voir ce garçon qui est aux Arts décos, j’ai appris qu’il faut préparer un concours très difficile : 1 500 candidats pour 80 reçus. Il y a aussi les Beaux-Arts, mais inutile de rêver là-dessus, papa ne voudra jamais que je sois peintre. Le meilleur atelier préparatoire est l’Académie de la Grande Chaumière, le directeur est Monsieur Charpentier, mais c’est très cher.
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Comment dire à papa que je veux quitter le collège pour aller dans un atelier payant et comment trouver les sous ?
Mercredi 11 mai 1960 Heureusement, j’adore lire, je viens de terminer La Brière et Sous le regard des étoiles. Les livres me tiennent compagnie le soir. Pour ne pas être obligée de parler avec mes voisines, j’attends qu’il n’y ait plus personne dans les douches pour m’y rendre et je m’arrange pour que personne ne me parle pendant les dîners. Je souffre d’être si sauvage, mais il m’est impossible d’aller vers les autres. Au collège, heureusement, c’est un peu différent.
Lundi 16 mai 1960 Samedi dernier, mamy Portal est venue avec Robert voir l’exposition du collège. Plusieurs de mes dessins étaient affichés. Ils sont restés pour me regarder danser L’invitation à la valse (de Weber) que j’avais créée pour le spectacle de l’école de Marchenoir au printemps 1958. Le temps d’une rose (page 173) à été peint en mémoire de ce ballet. Notre directrice avait invité beaucoup de monde. Elle m’a félicitée, j’en ai avalé mon chewing-gum, j’ai l’impression de le sentir encore dans ma gorge, j’espère qu’il va partir. J’ai annoncé à mes profs mon intention de quitter le collège pour préparer le concours de l’ENSAD à l’Académie. Ils sont catastrophés et me mettent en garde contre les risques que je prends de ne pas avoir mon bac. Comme je suis bonne élève, ils me prédisent un succès brillant. Seulement, je m’ennuie dans leur collège, je veux autre chose. Aujourd’hui, j’ai 15 ans et demi. Si j’ai ce bac à 17 ans, c’est fichu pour les Arts décos, papa me trouvera trop vieille pour continuer des études et voudra que je gagne ma vie. Je sais que c’est risqué, mais c’est décidé. Papa ne le sait pas, mais je serai peintre. Pour être artiste, il faut être poète, je crois tenir ce don, pas très fort, mais un peu, juste ce qu’il faut. Je lis en ce moment l’œuvre de Zola, l’histoire d’un peintre. C’est beau, je vois ce que ressent un peintre. En moi, cela naît, mais il me faudra du temps pour éclore. Malheureusement, pour une femme, ce n’est pas facile, elle se marie, a des enfants, et la « carrière » meurt dans le ménage. C’est vraiment désastreux ! Comme je vois loin ! Pour l’instant, je vais juste me présenter à l’Académie Charpentier. Jusqu’à présent, je travaillais en amateur ; maintenant, tout va enfin commencer. Je n’ai aucune véritable amie ni personne qui me comprenne, à part toi, Katie.
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14, rue de la Grande Chaumière, Paris
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24 juin 1960 Je rentre de mon importante visite et suis vraiment contente. Tu sais, plus de concierges à la porte pour garder l’entrée, cela a l’air très libre. La directrice est très gentille, elle me trouve un peu jeune, mais dit que j’ai l’air sérieux, qu’il y a une très bonne ambiance. Elle a vu mon dossier et m’inscrit directement en deuxième année, elle a compris que je n’ai pas de temps à perdre. En ce moment, j’entends chanter du jazz et mon cœur chante aussi, si tu voyais comme le quartier où je vais aller est sympathique : Montparnasse ! Il va y avoir des garçons, il ne faudra pas que je pique des fards toutes les cinq minutes. Il faut bien s’organiser, a dit la directrice. Je vais commencer par me mettre au régime.
21 septembre 1960 Les vacances à Marchenoir se terminent, J’ai tellement peur de l’avenir. Quelquefois, je doute du chemin à prendre, personne pour me guider, c’est comme s’il faisait nuit. J’espère avoir pris la bonne décision de quitter Ganneron. Mon seul espoir est mon travail.
Vendredi 23 septembre 1960 Ce soir, je suis désespérée, tout le monde me décourage, ce n’est pas de leur faute, ils n’y connaissent rien, leurs amis leur montent la tête. Il faut que je sois reçue aux Arts décos cette année, sinon je suis fichue. Il aurait mieux valu que je n’existe pas. Si cela continue, je vais me retirer dans un couvent. J’en ai mal à la tête d’entendre que je ne suis pas douée et que je n’arriverai jamais à rien. Je vais finir par les croire. Pourtant, au collège, j’étais toujours dans les premières, ils l’ont oublié.
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Il ne faut pas que je me décourage. Heureusement, maman a pensé à moi pour les sous avant de mourir. Comme elle me manque ! Je me félicite d’avoir forcé papa à envoyer l’argent des cours en juin, car aujourd’hui il ne le ferait plus. Je dois m’obliger à prendre la vie du bon côté. Je viens d’avoir 16 ans, je travaillerai beaucoup et verrai en fonction des professeurs si je suis douée ou non. Papa viendra à Paris pour qu’on lui dise.
Lundi 3 octobre 1960 ENFIN ! Je suis à Paris depuis vendredi. Demain la rentrée… ! Je serai désespérée si je ne suis bonne à rien à côté des autres.
Mardi 4 octobre 1960 Je suis entrée dans le couloir qui menait à l’atelier, un très grand et vieil atelier, on m’a installée au premier rang tout à droite près du gros poêle noir, entre un jeune homme et une jeune fille. Nous sommes environ 80. Je suis restée dans mon petit coin, très intimidée. Il faut absolument que je me secoue. J’ai pris tout mon courage pour dessiner le plâtre et le résultat par rapport à mes voisins m’a rassurée. Demain, je dois aller faire signer un papier à la directrice, c’est très impressionnant d’aller à son bureau.
Mercredi 5 octobre 1960 Aujourd’hui, cela a très bien été. Notre prof est le fils du directeur M. Charpentier, il explique très bien, nous devrons dessiner au fusain un plâtre par semaine, tous les matins.
Mercredi 28 décembre 1960 RV au Louvre à 14 h 30, où nous avons vu surtout David, Ingres et Delacroix que j’aime tant, j’étais heureuse. Nous sommes rentrés par les quais, il faisait très froid, mais j’étais bien.
2 janvier 1961 Demain, une visite est prévue. M. et Mme Leygue qui ont de la famille à Marchenoir vont venir à la maison, papa veut que je leur montre mon dossier, et en même temps l’affiche que j’ai faite l’année dernière pour demander aux femmes d’accoucher en clinique et non plus chez elles. Cette affiche est réalisée avec des images déchirées dans des journaux de mode et collées. Le : « c’est ni fait ni à faire » de mon père a sanctionné mon travail et je me suis pris une sacrée engueulade ! « Tu ne repartiras plus à Paris », etc.
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3 janvier 1961 J’appréhendais la visite de M. Leygue et le : « Va chercher ton affiche… ! » Eh bien, Katie : Ils ont aimé non seulement l’affiche, l’idée des papiers déchirés leur a beaucoup plu, mais aussi mon dossier. Papa s’en est tiré avec un : « Oui, mais… ! pour la campagne… ! c’est un peu trop moderne… ! ». Merci Monsieur et Madame Leygue.
21 novembre 1961 Mamy et Papy Portal m’hébergent chez eux, comme je n’étais pas reçue aux Arts décos, papa ne voulait plus me payer ma pension. Heureusement, l’argent de maman paie mes cours pour ma deuxième année à l’Académie. J’ai une belle chambre très moderne et jai retrouvé ma chienne Xylette. Elle est vieille, ma chienne, nous sommes tellement contentes d’être de nouveau réunies ! Seulement, j’ai 20 mn à pied, 30 mn de bus (quand il arrive tout de suite) et une heure de métro (pas direct) pour aller aux cours. En ce moment, tout va bien et je suis très amoureuse ! De qui ? De mon travail. J’en suis folle, je ne m’étais encore jamais autant donnée et je progresse, personne ne me prendra pour une prétentieuse puisque je l’écris dans mon journal et que personne ne le lira. Hier, M. Charpentier a dit : « Voilà notre future championne ! » Il est vrai qu’il était dans ses bons jours ! Je bénis la famille Portal qui me permet de continuer mes études à Paris.
14 février 1962 Ce matin, notre plâtre était une tête égyptienne. Après avoir commencé la construction, je sentais l’envie de m’évader sur des rythmes plus abstraits. Je vivais ce modèle, la vie apparaissait sur le papier, rien d’autre n’existait que ce regard et ce sourire, cette vie intérieure, je m’évadais tout en restant dans le sujet. Elle est devenue momie puis de nouveau, je lui ai redonné la vie. Ce qui se passe entre mon modèle et moi c’est comme deux âmes qui se rencontrent, c’est plus fort que lorsque je flirte avec un garçon que j’aime. Au bout d’un moment, la tension baisse et je sais que je dois m’arrêter pour ne pas faire de bêtises, je me sens très fatiguée.
Samedi 29 septembre 1962 Mon Dieu, fais que cela marche ! Demain, début des épreuves ! Nicole m’a invitée à habiter chez elle pour me rapprocher de l’école car je crains une grève. De plus, je suis malade, j’ai 39° de fièvre.
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Mercredi 3 octobre 1962 Mes petites sœurs me manquent, aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Marielle, ils doivent faire la fête à Marchenoir. Pour moi, c’est la fête aussi. Je suis reçue aux Métiers d’art. Grand soulagement, même si j’ai un doute sur le choix de ma section, technique bâtiment. Bon, tout me fait envie, pour gagner ma vie, ce sera plus raisonnable, mais… ? Et mon dessin, ma peinture ? Sujet Arts décos : créer une couverture pour un livre d’art sur l’histoire de la tapisserie des origines à nos jours ; ce que j’ai fait me plaisait. Je n’ai pas dessiné mon plâtre aussi bien que j’aurais dû. Quelle foire d’empoigne, ce concours, nous étions tous derrière une grande porte fermée, heureusement j’étais arrivée à pied, deux heures en avance, les bras encombrés de matériel. Les portes à peine entrouvertes, nous avons traversé la cour à toute vitesse, vers une autre petite porte, certains écrasaient ceux qui étaient tombés, on m’a dit que nous étions mille huit cents candidats. Un homme vérifiait nos papiers d’identité un par un ; une fois passé, il fallait monter quatre étages encore à la course, je n’ai pas dû courir assez vite car il n’y avait plus de place dans les ateliers, j’ai dû m’installer avec d’autres sur les marches des escaliers.
Mardi 10 octobre 1962 Reçue seconde aux Arts décos… ! Hésitations… ! Je choisis Arts décos ; après avoir pris une sacrée engueulade de M. Charpentier rencontré à l’affichage des épreuves du concours (j’ai eu des super notes en dessin et déco !). Il m’a dit que c’était invraisemblable que j’aie pu hésiter entre Métiers d’arts et Arts décos.
Dimanche 14 octobre 1962 Vendredi, je suis allée rendre visite à la directrice qui m’avait si bien conseillée à la mort de maman, rue de la Ville l’Évêque, je l’ai remerciée de ses bons conseils, elle était très contente et fière de moi. J’ai eu beaucoup de cafard de replonger dans le passé. Mon cœur battait très fort en franchissant comme une voleuse le portail vert de la rue de Miromesnil où maman et moi habitions, n’osant pas aller plus loin que le milieu de la cour intérieure, de peur d’être surprise. Je ressens encore aujourd’hui, quoique tout aille plutôt bien en ce moment, la nostalgie du temps où nous vivions toutes deux, elle me manque tellement !
C’était le même endroit, et pourtant… !
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Les années bleues parlent : Des souvenirs de mes années passées à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, et à l’École Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris, de 1962 à 1968, des rencontres, de l’ambiance si chaleureuse. Du concours pour le prix de Rome De mon avis sur : l’art a-t-il besoin d’une formation ? De la Cité internationale des arts. montrent : Les toutes premières œuvres Des extraits du carnet de voyage au Maroc réalisé grâce au prix attribué par l’entreprise Renault. Quelques croquis « entraînement. »
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3 les années bleues
1962–1972
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À gauche Chantal Berry-Mauduit. Deux élèves de l’atelier Etienne Henri Martin.
Mon obstination est récompensée, je suis devenue un des membres de la grande famille de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs rue d’Ulm en haut de la montagne Sainte Geneviève, près du Panthéon, voisine de l’École Normale Supérieure. Elle a pour origine l’École royale gratuite de dessin fondée en 1766 par Jean Jacques Bachelier (1724–1806). Ouverte officiellement par lettres patentes du roi Louis XV, grâce à l’influence de La Pompadour. Après plusieurs changements d’appellation, l’école devient en 1925 officiellement École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs.
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Son importance donnée au dessin ne s’est jamais démentie et couvre de nouveaux domaines, en particulier les arts graphiques en 1932. L’école était très riche de créativité et de convivialité, telle une grande famille. J’ai entendu parler de Léon MOUSSINAC, avec une grande émotion, par ceux qui l’ont connu ! Celui-ci avait recentré, après guerre, l’enseignement autour de l’architecture intérieure. Son successeur, Jacques Adnet, en 1960 fait appel à Roger Tallon pour mettre en place ce qui s’appelait encore « esthétique industrielle », plus tard en 1966, Jean Widmer bouleversera les arts graphiques qui deviendront la communication visuelle.
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Au début des années 1970, Michel Tourlière fera apparaître le design vêtement, et le textile. Entre 1990 et 2002, Richard Peduzzi anticipera la révolution informatique. Patrick Raynaud, artiste plasticien, prendra la direction de l’ENSAD en 2002. Quand j’arrive en 1962, tout me tente. À cette époque, l’école ne dispose pas de gros budgets comme par la suite pour les aménagements et l’achat de matériel ; le secrétariat est géré par trois personnes. Les enseignants sont sélectionnés parmi les meilleurs de la profession. Un diplôme sanctionnera mes quatre années d’études assez pluridisciplinaires mais recentrées surtout sur l’architecture intérieure. Roger Talon introduit la discipline d’esthétique industrielle. Nous travaillons aussi le dessin, la peinture, la sculpture, le graphisme, la scénographie, gravure et, au dernier étage, l’art mural intégré à l’architecture. La cour de l’ENSAD, huile sur toile, 1963
La main du hasard et de notre destinée distribue les noms de ma promotion vers quatre ateliers OLD – MARTIN – CHÉDEAU – POILLERAT – la nomination de GAUTIER DELAYE en 1963 permettra l’ouverture d’un cinquième atelier. Ce fut une ruée et je ne fus pas assez rapide pour m’y inscrire à temps. Je restais donc chez MARTIN que j’appréciais, mais regrettais l’avantgardisme de l’atelier GAUTIER DELAYE qui avait très bonne réputation. Il avait été le chef d’agence de RAYMOND LOEWY en France durant sept ans avant de monter sa propre équipe faubourg St-Honoré, (voisin d’HERMES). Il travaillait dans le monde entier, entre autre, pour Air France, et nous faisait rêver sur un projet d’hôtel à DJERBA, le MENZEL. Les promotions se solidarisaient dès leur arrivée, grâce à un bizutage très redouté. Les brimades des anciens ont duré deux mois. Nous avons dû repeindre les murs de chacun de nos ateliers, grands et hauts sous plafond. Les trois premières années regroupées dans un atelier permettaient aux nouveaux de profiter de l’expérience des anciens. La tradition du nom de « charrettes » voulait que nous travaillions à l’école les nuits précédant les « rendus » (expression venue des élèves architectes des Beaux-arts qui terminaient leurs travaux sur les « charrettes » qui les transportaient dans les salles de « jugement ). Nous étions à peine éclairés, juste quelques ampoules qui pendaient au
plafond ; le menuisier nous confectionnait un pannet, (à nos frais) que nous installions sur des tréteaux. Les anciens nous apprenaient à doser l’humiditer des papiers installés et collés sur ces planches. Trop mouillé, le papier craquait, mouillé irrégulièrement, il gondolait ! Ces nuits-là étaient une course contre la montre, et me laissent un souvenir d’odeur d’écoline et du si mauvais nescafé que la fatigue ressentie nous faisait pourtant trouver si bon ! Au petit matin, toujours soucieux de la modernité de notre apparence, n’ayant pas dormi de la nuit, nous nous préparions pour la présentation de nos projets. Cela durait longtemps, car notre directeur, M. ADNET, humaniste et poète, entouré des autres enseignants et des élèves, participait à chaque correction, passait de l’un à l’autre sans exception, en nous prodiguant à chacun son impression sur notre travail. L’exposition, chaque fois un événement, envahissait tous les ateliers et les couloirs, les notes obtenues étaient importantes pour les passages, mais notre motivation à réussir nos projets l’était encore plus.
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1963 défilé dans le quartier pour annoncer le bal
Un bal avait lieu chaque année, ainsi que des dîners d’atelier avec les professeurs en général très à l’honneur. Des voyages étaient organisés. Un séjour à la chapelle de Ronchamp, pendant lequel un prêtre hors du commun nous avait reçus et expliqué LE CORBUSIER. Un autre voyage à Londres nous permit de visiter l’exposition TURNER. (Avec notre fanfare, qui avait fait grand bruit là-bas.) chantal mauduit 1965
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fanfare promotions 1966 –1967
GAUTIER DELAYE, soirée dans son atelier
arts décos
1963 à la chapelle de RONCHAMP, un prêtre exceptionnel nous reçoit et nous explique LE CORBUSIER
1966 visite exposition TURNER à LONDRES
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Soirée FORMICA au restaurant « Le Doyen » en 1966, aucune photo n’avait été prise en 1965. Étienne Henri Martin ; Péquiniot ; Delpèche de Fressinet ; Pierre Gautier Delaye ; (?) ; (?) ; Jacques Berry ; (?) ; Jacques Adnet ; (?) ; Gilbert Poillerat ; Chantal Berry-Mauduit
PRIX FORMICA
Juin 1965 Tous les ateliers de l’école participent à un concours subventionné par la maison FORMICA. Le sujet de cette année : une cafétéria sur les bords de la Loire. Les projets étaient à l’intérieur de l’atelier OLD, les patrons délibéraient depuis des heures. La porte s’entrouvre, un visage très séduisant apparaît. C’est toi Berry-Mauduit ? Pierre GAUTIER DELAYE m’annonce la bonne nouvelle, je suis très heureuse, mes efforts en archi sont récompenseés. Depuis le jour où j’avais tenté en vain d’entrer dans son atelier, je n’avais plus jamais fait attention à lui. Septembre 1965 La remise des prix par la maison FORMICA se fit au restaurant « LE DOYEN ». Tous les professeurs de la section architecture étaient présents, une superbe ambiance de chants et de rires.
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Atelier de peinture ENSAD 1966, professeur Jacques Despierre. Mimita ; Patrick Poirier ; Jacques Despierre ; Chantal Berry-Mauduit ; (?) ; Bouden ; (?) ; Raoul Gaillard
Octobre 1965 À la rentrée, il m’a fallu décider du choix de ma spécialisation. Mon rêve de toujours était de peindre, mais, j’ai tellement travaillé l’archi durant trois années que je trouvais dommage d’arrêter. Le secrétariat a refusé de m’inscrire dans les deux
sections, je choisis donc peinture et ferai les sujets d’archi en plus, toute seule. J’évite de voir l’œuvre de mon nouveau patron, le peintre DESPIERRE, pour ne pas être influencée comme l’ont été tous les élèves de GROMAIRE précédemment.
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Prix Renault
Mai 1966 L’entreprise RENAULT va offrir un prix à chaque grande école, le prêt d’une voiture et 2 000 litres d’essence pour faire un voyage. L’école doit proposer l’élève ayant obtenu la meilleure moyenne. Un bruit courait... ! Que… ! Ce serait moi... ! Convocation au secrétariat pour m’apprendre que... ! C’est vraiment moi !
MAROC 5 juillet 1966. Maroc Je me suis fabriqué une boîte de peintre portable à attacher en bandoulière autour du cou pour « saisir » rapidement tout ce qui devait m’inspirer. À la recherche des hommes bleus. Contre une pièce, hier, une vieille femme sur le marché a accepté de poser, elle s’est fait injurier par tout un attroupement grouillant autour de nous. Je continuais à peindre jusqu’à ce que la police me fasse circuler. (C’était un sacré exercice de concentration!)
20 juillet 1966 Comme nous roulons beaucoup, je travaille aux heures où l’on s’arrête pour le déjeuner. Je me cache dans la voiture pour peindre, quelques fois en vain, car les curieux passent leur tête par les vitres pour voir. Les tons de terre font ressortir les blancs et les couleurs vives alentours. Tout m’inspire, j’aimerais ne faire que dessiner et peindre !
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carnets de voyage au maroc été 1966
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15 novembre 1966 Au retour du Maroc. Le diplôme de l’ENSAD m’a permis d’entrer directement en dernière année de l’ENSBA. Monsieur DESPIERRE m’a conseillé l’atelier BRIANCHON. Je suis très déçue par les Beaux-Arts. Il n’y a pas d’ambiance de travail intensif comme aux Arts décos et je crois que je vais retourner de temps en temps là-bas. Je me suis liée d’amitié avec VAUBOURGOIN, un ami de Michelle BATTUT, une jolie et très sympathique fille blonde de l’atelier CHAPELAIN MIDI. Je préfère de beaucoup cet atelier au mien, dommage que je ne puisse plus changer. Lundi 21 novembre 1966 Monsieur DESPIERRE était très fier (de lui comme prof ou de moi comme élève ?) de me voir attribuer à l’ENSBA le 1er prix de dessin COLLIN STURLER. Les sujets ne sont que des prétextes. Les concours développent plus d’objectivité que de subjectivité, mon travail serait plus intéressant s’il était lié à des émotions vécues. L’école des Arts décos a l’avantage de m’avoir formée à de multiples disciplines qui me permettent de gagner ma vie en attendant de vendre mes œuvres. Les Beaux-Arts fabriquent des artistes qui auront du mal à préserver leur liberté. Mars 1967 Mes patrons, DESPIERRE et ROHNER, proposent de me présenter au prix de ROME. En 1967 le concours de ROME se fait sur : – le parrainage d’enseignants – la présentation de 3 œuvres exposées aux Beaux-Arts – la sélection de 40 candidats qui travailleront sur le thème en « petites loges » – les douze premiers entreront en « grandes loges » durant 3 mois surveillés par un gardien présent en permanence
- Un seul sera sélectionné pour partir à - la villa MÉDICIS, il sera nommé Premier prix de ROME, les onze autres non classés seront « Logistes au Prix de Rome ». 20 mai 1967 Dans cette grande loge qui mesure environ 3 m sur 4, austère et peu de lumière, je me bats ainsi que les onze autres logistes avec « LA RÉVOLTE DES FORCES OBSCURES », le sujet proposé cette année. Juin 1967 VAUBOURGOIN va partir à la villa MÉDICIS, il en rêvait depuis si longtemps, je suis contente pour lui. En sculpture, ANNE HOULLEVIGUE est 1er prix, elle partira avec PATRICK POIRIER qui était lui aussi en loges mais pour la peinture.
Grande soirée des anciens de l’ENSAD Je portais pour l’occasion, une robe de jersey marron bordée d’un filet d’argent, achetée chez LAURA, avenue d’ORLÉANS, dessinée par une femme dont j’aime tous les modèles, qui se nomme SONIA RYKIEL, cette femme a beaucoup de talent.
accompagne les élèves sur les barricades pour les ramener à l’école quand cela devient dangereux. Il a fourni le matériel pour continuer à créer des affiches au 4e étage sur des rouleaux qui, déroulés du 4e étage, sont découpés arrivés au niveau du rez-de-chaussée. Les affiches sont collées sur les murs de Paris ou vendues à des marchands. L’école des Beaux-Arts, si belle, est jonchée de détritus, dégueulasse ; la grille du parc est ouverte en permanence ; les sculptures et les plâtres du sous-sol, que j’admirais, saccagés. Tout cela est bien attrayant pour certains mais pas très positif ! N’ayant plus l’atelier de l’école, je fais comme je peux pour continuer à travailler à la maison. Juin 1969 À St-Léonard, chez Vérité le brocanteur, j’ai été attirée par un objet du passé qui doit enfermer bien des souvenirs, un globe de mariée, rose, très poussiéreux, pas la même forme que celui de mon enfance à Ardenay qui trônait dans la pièce principale, mais plus petit, avec une mariée en coquillage rongée par le temps ; il se trouvait par terre, enterré dans un fouillis.
Mai 1968 Il paraît qu’il se passe des choses intéressantes chez des artistes motivés par les évènements actuels... mais où ? Je n’ai pas eu jusqu’à présent l’occasion de les rencontrer. Aux Arts décos, ce sont les moins intéressants qui, tout d’un coup, se sont réveillés pour jouer à faire « les importants donneurs de leçons », on dirait qu’ils ont aujourd’hui, en mettant la pagaille, enfin une raison de vivre ! Et les profs ! Il paraît que CHEYDAUX est en clinique pour dépression nerveuse, notre si respecté PAUL PRÉVOT déprime aussi, sans parler des autres... ! PIERRE GAUTIER DELAYE
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le printemps à paris
Le printemps à Paris, 1966, huile sur toile, 97 x 130 cm
Avril 1966 L’ENSAD a été invitée à exposer au Grand Palais. Le jour du vernissage, je suis passée devant ma toile sans la reconnaître. Les salons sont très importants pour s’autocritiquer ; à la seconde, on sait si cela tient, ou pas, On nous classe par famille, les diffuseurs nous contactent pour des expositions.
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Le printemps à Paris, 1966, huile sur toile, 89 x 130 cm
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Madame BRUNAU m’accepte comme pensionnaire à la Cité Internationale des arts en 1974
ci-dessus : hommage à DELVAUX, 1976, huile sur toile, 104 x 162 cm ci dessus : abandon, 1976, huile sur toile, 162 x 130 cm
Dans les années 1950, des anciens de l’ENSAD : RAYMOND SUBES, Max INGRAND, Renée ROOSE-TOUPET, Pierre GAUTIER DELAYE auquel s’est joint Jules VERGER ont souscrit l’acquisition de quatre ateliers à la Cité Internationale des Arts, créée à l’instigation d’ANDRÉ MALRAUX. Madame BRUNAU ne renouvellera pas mon mandat fin 2006, mais elle restera présidente d’honneur. En 2007 Monsieur LARQUIÉ lui succédera à la direction, assisté de M. Sydney PEYROLES. Ces ateliers sont proposés de préférence à des anciens diplômés de l’ENSAD, plasticiens, peintres sculpteurs, graveurs, pour une durée d’une année éventuellement renouvelable. Ce qui leur permet d’y résider et d’y travailler au contact des autres artistes originaires du monde entier.
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Mardi 6 juin 1972 Je rentre d’une conférence organisée par Fred Forest, présentation des photos de Bernardo, musique de Ferrari, écrivain Georges Perec + un sociologue. Comme eux, je rêve d’un complexe de rêve où le cinéma, la musique, les arts plastiques pourraient être rassemblés. Leur affirmation de voir la peinture disparaître m’inquiète beaucoup. Peu importent ces allégations, je continue ; la peinture est bien vivante et pour longtemps. Seulement, à force de vouloir gagner ma vie pour la pratiquer en toute liberté, je me rends compte que les commandes me laissent peu de temps, sans parler de l’enseignement aux Arts décos où je donne au moins le double des heures qui m’ont été proposées. L’art intégré à l’architecture demande une objectivité vis-à-vis de l’environnement, du client et du public qui va recevoir l’œuvre, et ne laissent que très peu de place à la création comme j’aime la concevoir à l’atelier. Je vais devoir prendre la décision de commencer à refuser les commandes pour retrouver le temps de me consacrer à la peinture. 5 février 1973 Je me réfugie dans ma première passion, le dessin ; dessiner encore et encore pour m’aider à sortir mes sensations, pour trouver ma vérité. Je comprends aujourd’hui qu’il faut se laisser porter par le sensible et ne pas se laisser influencer par les modes et les soucis d’être « innovante ». 10 octobre 1974 J’habite maintenant la Cité internationale des arts où j’ai été chaleureusement accueillie par l’impressionnante Mme Brunau. Madame Brunau fait parti du petit nombre de femmes dont notre pays peut être fier. 25 novembre 1974 Alors que je cherchais des livres anciens, dans les fouillis d’une petite boutique à Blois, j’ai découvert une poupée aux yeux bleus, avec une robe du même bleu fragile, belle, tête blanche, une fêlure qui la rend encore plus émouvante. Peut-être que sa magie me portera bonheur ? Excepté Pierre Gautier Delaye, tout le monde trouve étrange mon attirance pour tous ces vieux objets. Mars 1975 J’apprends à apprivoiser la solitude isolée de tous ; je ne vois plus personne, juste un téléphone dans le hall d’entrée pour me relier très rarement, au monde. Enfermée depuis trois mois, excepté les deux jours de cours à l’académie, je travaille sans cesse, j’en arrive à oublier le son de ma voix… ! Je me bats avec la matière, du matin au soir, travaille la technique des glacis et des détails. D’abord, sorties de mon inconscient, puis griffonnées maladroitement sur des petits papiers, je précise mes esquisses en utilisant les poupées, les bouquets de mariées dans des globes qui sont devenus mon univers. Cinq toiles sont en cours. 20 février 1975 Ma relation toute particulière avec les poupées se confirme, je me découvre de plus en plus en elles. Peut-être que quelque chose va enfin commencer ?
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L’art a-t-il besoin d’une formation ?
Le talent ne s’enseigne pas, mais l’écriture qu’est le dessin : oui. Tout artiste est infirme s’il ne sait pas voir. La main doit être le prolongement direct de la pensée. On naît artiste, c’est ensuite à chacun de trouver son chemin. Certains (très rares) n’ont surtout pas besoin d’école, mais la majorité désire rencontrer sa « famille » et apprendre les techniques, anciennes et nouvelles. Les bases dites « traditionnelles » sont indispensables pour dominer la créativité ainsi que les nouvelles technologies étonnamment performantes. Avant de se permettre le dessin « créatif », il faut le dessin « entraînement », comme le danseur s’échauffe à la barre ou le chanteur à ses vocalises. Pour apprendre, il faut un « prof » et je pense que les meilleurs en art sont les artistes. Étant contre l’enseignement préconçu je ne crois pas aux enseignants « fabriqués, éduqués ». Les « théories prétentieuses imbéciles » limitent les champs d’action, très dangereuses, elles risquent de gâcher les motivations et font perdre du temps aux jeunes. Un enseignant doit être conscient de la diversité des êtres. Faire preuve d’objectivité de jugement pour se mettre en disponibilité de réceptivité. Maîtriser toutes les techniques pour expliquer non pas son « savoir faire » mais le « savoir faire » de chaque élève. Ne pas précéder les questions et doser les réponses. – Tenir compte du but à atteindre des différentes écoles et de la mouvance de son époque. Tout en ayant une ligne directrice, aucune promotion n’étant identique, j’improvise chaque fois mes cours : – en fonction du niveau des élèves, – de leur niveau de concentration et motivation du jour, En alternant des exercices qui leur donneront l’envie de se dépasser dans une ambiance de confiance, mais où le dilettantisme n’a pas sa place. CBM 2004
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Avec un éléve – academie Charpentier – 1975
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croquis d’entraînement
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Les périodes qui vont suivre se sont nommées tout naturellement, en cours de travail. Chacune d’entre elles sera accompagnée de textes de professionnels de l’écriture ou de témoignages d’artistes qui m’ont chaque fois beaucoup touchée.
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La poupée d’Adenay, 1975, huile sur toile, 38 x 46 cm
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Je ne peux intituler cette période que « poupées » bien que cela fasse penser à HANS BELLMER, qui était un des meilleurs artistes ayant travaillé sur ce thème. C’était l’inspiration d’un homme envers une sexualité féminine. En ce qui me concerne, je ne sens pas les poupées comme lui, de l’extérieur, mais de l’intérieur. Ma nouvelle vie ayant fait de moi une femme en morceaux, en 1970. Prisonnière de trop aimer, je me suis de nouveau rapprochée des poupées, non pas pour leur écrire comme par le passé, mais pour les dessiner et les peindre, à mon image, solitaires, cassées, enserrées de liens aussi doux que cruels, propulsées dans un espace sombre un peu surréaliste.
4 les poupées
1973–1979
Le noir est entré dans ma peinture en même temps que PIERRE GAUTIER DELAYE dans ma vie mais j’aime le noir
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1976 « Elle peint des détails comme les plus grands peintres du passé, mais il y a dans ses toiles un pressentiment qui lui est propre et qui émeut bien davantage. Une question pathétique est posée dans les yeux vides des créatures de Chantal Berry-Mauduit et peut-être la réponse est elle dans le mouvement de leurs corps désarticulés. L’angoisse d’une femme consciente du mystère de sa force et de la finalité derrière le masque ». Françoise Fabian
1979 Chantal Berry-Mauduit laisse voir des aspects totalement différents de l’imagination. Il se dégage de son œuvre un esprit surréaliste appuyé par une technique raffinée et une construction très classique. Son expression de matière est admirable : voir comme elle rend des dentelles précieuses. Ses poupées sont adultes et désirables. Des nœuds, des dentelles, de la mousseline, des vêtements souples habillent et déshabillent ses créatures sensuelles. Un mécanisme (celui du désir) est suggéré, des pieds, des jambes, des doigts (celle de la jouissance), des têtes rondes forment des parties de machine d’un désir qui devient transcendant. Corneille Traduction d’un texte en hollandais
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1977 Marginales. Seules encore, des expositions de groupe et des participations aux Salons (Grands et Jeunes en particulier) ont permis de suivre le travail de Chantal, monde mélancolique peuplé par des poupées d’autrefois, précieusement habillées de soies et de dentelles. Chaque tableau est organisé en deux ou trois séquences délimitées au pinceau qui accentuent le caractère intemporel des fonds sombres. Les poupées laissent parfois apparaître sous l’étoffe un fragment de leurs corps. Fragment pudique et trouble à la fois, que le peintre traite souvent comme de la chair vivante. Cette peinture parfaitement « lisse » qui, comme les poupées représentées, suggère une sensualité à fleur de peau s’offre à plusieurs possibilités de lecture. Mais dans tous les cas, on peut être certain que c’est d’elle-même que veut parler Chantal Berry-Mauduit, et de ses goûts savamment « rétros ». Jean-Luc CHALUMEAU
1982 Il ne faut pas s’y tromper : les rubans, bandelettes, gazes, fourrures et chevelures peints méticuleusement par Chantal Berry-Mauduit n’ont de sens que par rapport au corps qu’ils cachent. Mais ce corps doit rester inerte, faute de quoi la fascination s’évanouirait. On songe à Roland Barthes scrutant longuement le corps aimé : « Je fouille le corps de l’autre comme si je voulais voir ce qu’il y a dedans, comme si la cause mécanique de mon désir était dans le corps adverse (...) si le corps que je scrute sort de son inertie, s’il se met à faire quelque chose, mon désir change (...), cesse d’être pervers ». Le corps scruté par Berry-Mauduit est celui d’une poupée très fragile et très ancienne : l’inertie est ainsi assurée, de même que l’innocente perversion du désir qu’il autorise, et tout le trouble plaisir du regardeur invité à devenir insensiblement voyeur. Jean-Luc CHALUMEAU
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Dessin, 1974, mine de plomb, sur calque, 29 x 24 cm
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Tiré d’une légende, Tin Dama – Papouasie – Nouvelle-Guinée
Corps cousus, sexes fermés, visages statufiés dans une expression unique, les poupées – à l’image de la femme Tin Dama – (dont le clitoris devint la lune et le reste se changea en étoiles) nous regardent, immobilisées dans leur posture de statues miniatures. Regards baissés ou largement ouverts, elles dérangent par ce qu’elles racontent. Elles défroissent les replis d’un passé qu’elles ont traversé sans que leurs traits n’en portent la trace. Les tissus précieux conviennent à leur teint de marquises poudrées, et la toile de sac habille aussi charnellement que le cuir. Qui dira jamais quels états de conscience se sont cristallisés dans leur mémoire ? À l’évidence, les poupées nous parlent. Souvent. En silence. Elles emploient une langue secrète qui nous échappe. Nous n’entendons d’elles que les bruits d’articulations mécaniques. Et si leurs langues se délient, auraient-elles les accents de celles qui minaudent ? Mi-femmes, mi-objets polymorphes, elles se laissent approcher, toucher et acceptent les caresses. Des caresses qu’elles se refusent à rendre. Témoins muets de verts paradis et d’amours enfantines perverses, elles savent les rondeurs du bonheur, mais aussi l’anéantissement qui succède à la peine. Elles ont assisté à des scènes de rencontre et de rupture, et découvert ainsi la pureté de l’indécence. Pour avoir consolé, souvent, elles connaissent le sel des larmes. Elles ne condamnent rien. Pas même la passion qu’une certaine morale veut condamnable. Se taisent. Pour toujours. Comme si elles pratiquaient les syntaxes codées de l’indicible. Elles ont vécu un tel univers de mots qu’elles préfèrent ne pas créer de frontière entre le vrai et ce qui pourrait l’être. C’est pourquoi elles ont décidé de ne pas prendre partie. Elles sont sur la rive étroite de la discrétion. Chastes ou licencieuses, elles évaluent le poids des choses, la douceur des tissus, le frôlement d’une main, la tiédeur des lits qu’elles partagent.
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Mythiques, elles peuplent nos existences, rassurent ou inquiètent par leur impassibilité de gisantes... Inertes, elles rêvent de sommets et d’absolu. L’hiver, l’aigle qui vole par-delà des montagnes a du givre sur les ailes. Quand il choisit de disparaître, il monte si près du soleil que ses plumes finissent par s’enflammer. Déchiquetées, les poupées, elles aussi, achèvent leur existence dans le feu intérieur qui les anime. Le pire qui puisse leur arriver est d’être délaissées... Si, d’aventure, on demeure insensible à leur sort, elles se cloîtrent dans l’indifférence. Dans « Dorian Gray », Oscar Wilde dit quelque part : « Tout portrait que l’on peint avec âme est un portrait, non du modèle, mais de l’artiste. » Les poupées, qu’elles surgissent des mains de l’enfant ou de celles d’un peintre, sont, à coup sûr, des autoportraits ressemblants. Un poète aztèque – dont le nom ne nous est pas parvenu – résumait ainsi l’obsession qu’il portait en lui : « Où irons-nous qu’il n’y ait la mort ? » Nous n’en finirons jamais de décrypter l’invisible, et l’énigme demeure intacte. Refermée sur elle-même comme un coquillage lisse, comme un galet usé par le sable. Indéchiffrable. La science – patiente défricheuse – n’a pas répondu à notre attente. Elle pénètre jusqu’au cœur de l’embryon, mais son analyse ne nous est d’aucun secours. Elle se développe en volutes abstraites qui débouchent sur des infinis, dont déjà, seuls les noms nous font tourner la tête... Et l’essentiel nous glisse entre les doigts. On retrouve l’origine des idéogrammes chinois dans les signes archaïques gravés sur des omoplates de mouton ou des carapaces de tortue. Des dessins tracés deux millénaires avant notre ère. Une archéologie analphabète. Un art du texte qui se communique. Paradoxe. Il ne nous reste pour nous protéger de l’obsession du poète aztèque que de vagues superstitions, des garde-fous pour nous rassurer : griffes ou pattes de loup, clous de girofle, graines de ricin, verroteries, épouvantails, gris-gris, amulettes ou talismans.
A s’inventer des signes, à dessiner sur les murs des grottes, à chercher une figuration un tant soit peu perceptible de cet autre univers – situé quelque part au-delà du miroir – des traces demeurent. Des traces signifiantes qui continuent d’interroger. L’art est un reflet, une immense réflexion de ce qui nous entoure. Toute une archéologie raconte la jubilation d’être, et, dans le même temps, l’angoisse de disparaître. La peinture, quand elle n’est pas représentation béate d’un sujet ou d’un thème, peut devenir une plongée en soi-même, une méditation au creux d’abysses intérieurs. D’interminables couloirs où la lumière se fait rare. C’est alors que la peinture devient péril. On risque de disparaître, corps et biens, dans le gouffre. Et, dans le même temps, on peut tout. On peut exalter la nature, l’objet, exprimer un bonheur certain du corps ; on peut aussi se raconter en suivant le labyrinthe de l’érotisme. On peut jaillir avec le soleil, éclabousser les couleurs, édulcorer les dominances, sophistiquer les chatoiements... Le difficile est d’échapper à sa propre anecdote. Faire exploser ses limites, se chercher un rythme, une poésie inarticulée, une symphonie concertante faite de pensées météoriques, de pulsions et de quotidiens recréés. La fantaisie est un chiffre d’or, une fête de tous les sens. Ceux qui savent se laisser porter y trouvent des transparences qui s’interpénètrent et se répercutent à l’infini. Une toile s’accommode de la lumière. Elle l’absorbe. Elle se modèle avec la lumière. L’instant de la création est un état de grâce, une ivresse indicible qui fait basculer d’un univers dans l’autre. Cette spontanéité, cette émotion, cet élan diffusent l’œuvre d’art. Qui dira comment intervient cette alchimie ? Comment s’opère la mutation ? Il ne suffit pas de refondre des matières riches de trames, de galbes, d’innocences printanières, ou, à l’inverse, détruites, ravagées, décomposées au plus fort de l’hiver. La chair est chair, et non pas charpie.
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Couleur, expression de la vie, l’objet est couleur, la peau aussi est pigment de couleurs. Les définir, les transposer, c’est réinventer le cosmos. Ce qui nous environne, ce qui justifie l’équilibre. Toutes légendes confondues, on peut échafauder une cosmogonie : sept parties d’univers, comme les sept composantes du corps de la femme... Tête oblongue – regard de mica ou d’émeraude – bouche porteuse de tendresse articulée ou bégayée – bras et jambes liés au buste – sexe apparent avec sa spirale cachée, antre à féconder... Et le cycle se renouvelle – grouillante cosmogonie – Comme l’aile du temps dans laquelle le vent souffle. Dans la touffeur du Matto-Grosso, les Indiennes Xingu, aux corps recouverts de teinture rouge garance, sont glabres comme des nouveaux-nés. Blessure naturelle, innocence de leur sexe – fragile, inquiétant – corolle renversée qui s’ouvre sur des mondes proliférants. Liqueurs troubles aux senteurs de sève. Animales et végétales, les Indiennes Xingu ont cette robuste indécence des primitifs. Leur corps leur sert de vêtement naturel. La mémoire est boulimique. Elle emmagasine. Elle archive, sans faire le tri... Souvenir du souvenir. Une noire Abyssine – carnation luisante – des noms de villes qui sonnent – exotismes – évocations enfouies – éblouissements solaires. Cycle solaire : 365 jours un quart. Le goût de la mer qui nous submerge – un vague goût de violet – le vent qui saoule le regard – impression d’enfance – plaie ouverte comme une plaie offerte dans l’attente d’être ensemencée. Mythologies enfouies. Quelle énorme, incommensurable mémoire atavique nous portons en nous. Patrimoine légué en héritage qui nous revient, par moments, en images disparates. Pour toutes ces raisons mêlées, et quelques autres encore, l’œuvre d’art est un malentendu pour celui qui la regarde, l’écoute ... Un peintre est un empêcheur de classer en rond. Il projette tout ce qu’il porte en lui, il se débarasse sur
la toile de ses pesanteurs. Des sons, des mots, images collées sur la rétine... S’il n’est pas toujours voyant, insomniaque éveillé à d’autres réalités, il est doué d’intuitions multiples qui lui élargissent le regard. Abstraction/Figuration : à faux problèmes/solutions fausses. Un ensemble est accumulation de détails, de pointillisme conscients/inconscients. La toile est infinité de matières assemblées, dissociées, composées, annulées. À force d’accepter et de pratiquer l’amalgame – éthique/esthétique – la femme voit l’amour se défaire sous ses yeux. L’amour est menacé et elle se bat pour sauver ce qui est encore à sauver. Repliée, concentrée, tendue en cet épicentre que les Japonais nomment « hara » (centre vital) la femme est comme ligotée au sein d’elle-même. Inquiète et rassurée par son appréhension du reste de l’univers. Elle est l’œuf cosmique, le noyau originel, symbole de création. Démultiplication. En Grèce, les œufs peints du temps de Pâques, les œufs écrits sont posés près de l’icône, image de la vierge. L’œuf protège de l’orage destructeur, de la foudre météorologique, du feu qui annule. Il faut un courage physique, une insolence rivée à l’âme, pour choisir – dispersions, épuisement, anémie, vertiges – de peindre. Peindre jusqu’à ce que le souffle vienne à manquer. Projetée sur la toile, la femme indique par petits signes à peine perceptibles, comme la main du noyé qui s’engloutit, qu’elle aime aimer. Même si elle y met quelque désordre. La raison suit tant bien que mal. On dirait d’elle, en italien, « sfogarsi » : extraire le feu, se libérer du feu. Entre le dit et le non-dit, le vu et le non-vu, le fait et le défait, l’écouté/non-entendu, elles savent détecter intuitivement la vérité. Rapports organiques. Corps périodique, sensible aux lunaisons, aux éclairs d’acier fondu, à la plante vert-enfance qui lève en mai, elles sont prolongements. Uniques et innombrables.
Accoucheuses d’avenir. L’hermétisme, comme la coquille de mer qui se referme à l’approche du danger, protège l’alchimie en déployant des filaments tactiles, réseau secret de tentacules, relais électriques qui anesthésient. L’hermétisme obscurcit tout champ de vision impur pour préserver, pour masquer l’univers alchimique. De toute éternité, il est dit que le sceau de Salomon renferme sept parties qui se trouvent en correspondance avec VII métaux dont l’épicentre est d’or... 7 – VII – sept... Le sceau préserve aussi les quatre éléments – terre, eau, air, feu, dont les signes, réunifiés dans l’étoile hermétique, expriment l’unité cosmique. « Toute philosophie est incomplète dont la morale ne contient pas une érotique ». Robert Desnos. L’Éros alchimique est lié au rythme binaire de l’accouplement (coït), dont l’interprétation symbolique est l’union sacrée du roi et de la reine. Ensemble, ils engendrent un fils – l’enfant de la philosophie – qui figure l’or ou la pierre philosophale. Les textes hermétiques, à l’image de la seiche, projettent de leur poche d’encre un nuage d’ombre qui les isole. Ils défendent une thèse ou se contredisent, pour échapper à toute explication élémentaire. Aux yeux de l’adepte, la pierre philosophale est le jardin des félicités, de toutes les promesses paradisiaques. Jérôme Bosch, d’un pinceau minutieux, en fait un inventaire dans le « Jugement dernier » : le vaisseau emporte les couples couchés sous un dais, tandis que, juché à la poupe, un ange joufflu souffle dans une trompe. Ce navire des délices, c’est la nef triomphale de l’Éros alchimique. Dans sa coque, s’accomplissent les opérations de grand œuvre qui permettent à l’initié victorieux de se désaltérer à la fontaine de jouvence. Cette allégorie d’un paradis transposé correspond au règne de l’enfant de la philosophie, roi de l’âge d’or, dont l’avènement n’est possible que par la putréfaction du vieux monde des « mélancolies ». Jérôme Cammily 1982
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Libre espace de l’errance, 1975, huile sur toile, 150 x 150 cm
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Aurore, 1976, huile sur toile, 65 x 65 cm
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La belle au bois dormant, 1977, huile sur toile, 115 x 89 cm
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InterfĂŠrences, 1977, huile sur toile, 114 x 146 cm
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Éclosion, 1978, huile sur toile, 46 x 114 cm
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La poupée au verre, 1976, huile sur toile, 100 x 81 cm
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Les fianรงailles, 1978, huile sur toile, 97 x 195 cm
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Photo de PIERRE GAUTIER DELAYE Rue Récamier où je suis revenue avec mes globes de bouquets de mariée et mes poupées
Ingres disait que le portrait était le « pot-au-feu » du peintre. Je m’y suis essayée en m’utilisant comme cobaye. Le portrait est un travail de grande exigeance, de psychologie « du sujet » pour montrer l’apparence du dehors et du dedans. La réalisation est une performance technique qui ne laisse aucun droit à l’erreur, et, en cela, est un challenge intéressant.
Autoportrait, 1976, huile sur toile, 114 x 88 cm
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Le temps des contes de fées Portrait en hommage à cette grand-mère paternelle pour répondre à ses poèmes et histoires écrits pour moi. (La poupée Katie est représentée à droite de l’œuvre) J’ai porté mon choix sur sa beauté de vieille dame, chacune de ses rides témoignant de sa vie si bien remplie. Ses lectures, pendant nos siestes de l’après-midi, me transportaient dans un monde où le beau prenait le pas sur le laid, et le bien sur le mal. Le rêve se mêlait à la réalité, les animaux, les personnages, dans des espaces hors d’échelle, me laissent encore aujourd’hui ce goût de mystère qui m’étreignait alors.
Le temps des contes de fées, 1978, huile sur toile, 135 x 130 cm
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Je commence par griffonner ce que je ressens. Ensuite, je choisis des poupées ou des femmes, chiffons, reliques de toute sorte, les installe en les composant d’après mes esquisses, les photographie, mais ne les montre jamais. Puis ce sont des œuvres sur toile, peintes à l’huile. Pour la première fois, j’utilise une poupée dont les membres sont en peau cousue. L’inspiration du grand diptyque « gestation rose et bleue » est le résultat d’une conversation entre la mère de mon mari (Pierre Gautier Delaye) et moi, lorsque nous rêvions toutes deux d’enfants à venir. Pour ma première grande exposition, je sélectionne parmi d’autres galeries pourtant plus connues, la galerie PIERRE LESCOT. Cette galerie présente des artistes de grande qualité qui travaillent l’aventure contemporaine, ne se limitant pas à un savoir-faire. Tout bouge pour nous en 1980 ; de superbes expositions sont organisées. Des réunions s’organisent à la Jeune Peinture. On parle de nouvelles figurations ou de figures du réel on ne sait pas encore bien. Des critiques d’art de notre génération : Évelyne ARTAUD, Jean-Luc CHALUMEAU, Jean-Jacques LÉVÊQUE, Francis PARENT, Gérard XURIGUERA, Yak RIVAIS et beaucoup d’autres participent et nous soutiennent.
5 gestations
1980 –1983
Tout en me laissant guider par mes envies, je m’efforce de rompre avec mes habitudes pour ne pas me répéter et dépasser mes limites.
L’œil de KATCHI, 1980, huile sur toile, 100 x 81 cm
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1982 Chantal Berry-Mauduit mérite bien ce titre d’alchimiste tant elle est ingénieuse dans le choix des éléments composant ses tableaux. Elle semble apprécier les greniers poussiéreux où l’on trouve parfois de grosses malles pleines de « vieilleries » qui font la joie des enfants. Elle peint ces vieux objets avec tant de minutie et de précision qu’on a l’impression de pouvoir les toucher et même sentir l’odeur qu’ils ont prise au fil des années. C’est comme une masse d’étoffes, de dentelles, de lingeries et de fleurs fanées. Mais l’essentiel, c’est la poupée de porcelaine dont le corps ajoute une note « humaine » dans ce tas de chiffons et de tissus qui s’enchevêtrent les uns dans les autres. Je crois qu’il faut connaître mieux Berry-Mauduit pour retrouver les thèmes qu’elle a voulu faire passer à travers son œuvre. La poupée de porcelaine est un souvenir d’enfance, un objet personnifié qui constituait un élément de projection pour la petite fille. Les voiles de mariée rappellent la tradition du mariage autrefois enseignée aux jeunes enfants ainsi que la première définition du mot amour. Quant à cette forme ronde caractéristique de tous ses tableaux, elle représente la grossesse d’une femme, son désir de donner la vie. Tout laisse imaginer un corps, même le cuir des perruques qui semble être la peau blessée et meurtrie par les cicatrices laissées par la vie. Les interprétations peuvent être nombreuses mais il est certain que ces tableaux parlent de Berry-Mauduit et de son goût pour les trésors cachés au fond des greniers de nos grandsmères. Valérieee
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1980 Chantal Berry-Mauduit, artiste au métier extrêmement sûr, si sûr que la virtuosité risque d’égarer certains regards en leur masquant ce qui est donné à voir. Berry-Mauduit oppose le cuir et les étoffes fragiles par de très subtiles trouvailles formelles. Ce faisant, elle traduit avec émotion la rencontre d’une symbolique virile très actuelle avec les signes nostalgiques d’une féminité telle qu’on la concevait dans un lointain passé. À la dualité vitale hommefemme elle superpose le conflit présent-passé où la mort rôde. Les tableaux de Berry-Mauduit ont un pouvoir d’envoûtement auquel atteignent bien peu d’œuvres plastiques aujourd’hui. Jean-Luc Chalumeau
1982 Les momies du quotidien Tout un répertoire d’objets étranges, insolites, équivoques, se croise et se mêle sur les toiles de BerryMauduit. Peintes avec une précision sans minutie, détaillées plus dans l’intérieur que dans l’apparence, leurs couleurs sourdes et pâles donnent à ces amalgames pétris, bourrés, gonflés, lacés, d’envoûtants aspects de momies du quotidien. Reliquaire d’un passé mal défini ou d’un grenier mal rangé, sédiments d’une mémoire où les entassements familiaux, dont aime à s’entourer l’artiste, servent d’excitant au rêve ou de calmant aux obsessions de l’enfance perdue, ces objets valent moins par leur identité que par leur ambiguité. BerryMauduit part de chiffons fripés, de bandelettes, de chevelures, de dentelles ou de corselets, et aboutit à des organes inventés, des lèvres humectées ou closes, des bourrelets ambigus, des sexes qui sont aussi tripes ou rotules. Les tissus se font chair, la chair elle-même est pelage ou toison. Une lumière glauque arrache ces fragments de corps aux obscures fixations de l’ombre où ils seraient sans doute restés si l’œil aigu de BerryMauduit, archiviste des sortilèges et comptable des magies du banal, ne les en avait arrachés. Pierre Cabanne
1983 Chantal BERRY-MAUDUIT nous propose des images peintes de reliquaires très personnels ; une masse de tissus et de chiffons, ceux qui ont été portés dans l’ancien temps des grands-mères, ceux que l’on découvre dans les coffres et les armoires des greniers, sur les trottoirs des Puces, ceux qui enveloppent le monde fascinant des poupées de jadis. Bandelettes et rubans enserrent cette boule textile fripée dans laquelle sont pris parfois des fragments d’os et des fleurs artificielles, telles qu’on les voyait sous les globes (et sur des cheminées), commémorant mariages et décès dans le culte familial des ancêtres que connaît la France paysanne. Les dentelles, tulles, gazes, les gaines, fourrures et chevelures ainsi corsetées s’enchevêtrent en formes d’envers de perruques et sont autant de transpositions de l’intérieur du corps féminin, cerveau ou sexe. Le tout est peint avec la lenteur appliquée du « précisionisme », atteignant l’objectivité et la poésie du réalisme dit « magique », les couches picturales superposées jouant sur les transparences. Cet univers de mémoire, cette archéologie du monde « vieillot », cette transmutation des vies usées se révèlent peu à peu entièrement voués à la féminité : des lèvres-bourrelets s’entrouvrent parfois et l’image sublimée de la naissance s’impose à travers ces tissus gonflés et serrés, avec, même, le renflement souverain de l’œil paternel en haut de la déchirure. Pierre Gaudibert
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Montauban, le 24.4.81 Madame, Je me passionne depuis près de quarante ans pour la création artistique, écris beaucoup et organise pas mal d’expositions (Leonor Fini la semaine dernière au Musée Ingres)... Ce préambule pour vous dire simplement que j’ai découvert votre toile exposée au Salon de Mai, et que je tenais à vous dire combien j’ai été fasciné par son étrangeté. Oui, je trouve cela tout à fait étonnant pour ne pas dire magique. Je pense qu’un créateur qui se livre « sans filet » doit avoir plaisir de temps à autre à sentir que se nouent des correspondances entre ses ouvrages et le regardant c’est l’unique but de ma lettre. Si vous avez l’occasion de montrer vos peintures dans des expositions de groupe ou, bien sûr pour une exposition personnelle, ne manquez pas de m’en faire part ; en effet j’assure plusieurs rubriques artistiques et vais très souvent à Paris. Je vous souhaite bonne chance et vous assure de mes sentiments attentifs. Paul Duchein
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Poupée cousue, 1980, huile sur toile, 146 x 114 cm
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se laisser aller à griffonner les envies et griffonner encore pour laisser apparaître le devenir ou l’avenir des visions intérieures
La vie en rose ou Les réalités d’aujourd’hui, 1980, huile sur toile, 162 x 130 cm
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Gestation bleue, 1980, huile sur toile, 162 x 114 cm
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Gestation rose, 1980, huile sur toile, 162 x 130 cm
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installations éphémères
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les mariées ligotées
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Ligotage rose, 1983, huile sur toile, 146 x 114 cm (dĂŠtail page de droite)
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Le cri, 1983, huile sur toile, 146 x 114 cm (dĂŠtail page de droite)
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En 1977, je m’installais dans l’atelier de la rue du Colonel Pierre Avia ; un besoin me poussa à détacher la ficelle qui entourait solidement une valise en carton. Je pris un à un chaque souvenir préservé au fil du temps, construisis une boîte pour chaque personne aimée disparue ou absente, y installai, lettres, cheveux, objets, tout ce qui les personnalisait pour les rendre présents. En voyant ma galerie de portraits, Louis Pons prédit qu’un jour j’utiliserais ces boîtes.
6 reliquaires
1983 –1984
Je n’en croyais rien, mais aujourd’hui, en 1983, influencée par l’atmosphère à l’intérieur de ma maison très ancienne située dans Le Loir-et-Cher. Cet été, je m’invente des histoires, prétextes à jouer avec des objets reliques réels enfermés dans des boîtes reliquaires et l’objet peint à l’huile sur toile. Espaces clos, où la lumière s’infiltre, pour caresser une sensualité suggérée. Comme lorsque l’on ferme les yeux pour se souvenir.
Fleurs d’oranger, 1985, huile sur toile, 135 x 120 cm
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1986 La totemisation par accumulation d’objets, de traces ayant tous à un moment ou à un autre été porteur de significations pour son auteur, émeut. L’affectivité présente, les secrets contenus, les associations faites expriment des instants de vie. Chantal Berry-Mauduit nous dit un lieu par ce qu’il est, par l’impression qu’il suscite. Elle accole des objets réels, fossilisés et magnifiés par l’œuvre à des plages dessinées ou peintes qui révèlent des instants d’abandon sensuels et doux de corps alanguis, la proximité de dentelles, fleurs séchées et autres symboles d’un passé désuet et tendre, aux odeurs de lavande, et de l’œuvre peinte qui s’appuie sur ces reliques heureuses, éveille chez le spectateur l’étrange souvenir de ses propres moments de paix, souvent liés à l’âge de candeur. L’enfance est ici présentée dans son éternel et constant prolongement. Les interrogations posées par l’artiste sont celles de l’innocence, qui toujours, se manifeste dans nos vies adultes. L’accumulation, le fractionnement de l’espace ne doivent pas faire oublier la parfaite technique du dessin qui caractérise l’œuvre intimiste et forte de Chantal BerryMauduit. Michel Faucher
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1986 La mémoire est un des éléments essentiels qui caractérisent la condition humaine. Mémoire du sentiment, d’une sensation, mémoire des faits. L’impact qu’engendre le souvenir sur l’esprit, conditionne le comportement, affectant non seulement l’individu, mais aussi une collectivité, une époque ou une génération. La nostalgie du passé, l’état permanent d’insatisfaction, nous incitent à vouloir rattraper le temps perdu, le juguler pour le canaliser et en ressusciter la présence. Ces moments au passé défraîchi, flétri, fané, suggéré, Berry-Mauduit les a immortalisés dans sa peinture. En quelque sorte, elle fixe sur la toile l’éternité d’un court instant de l’histoire humaine. Ses tableaux sont composés à la façon d’une fresque, au graphisme quelquefois précis, quelquefois flou ou morcelé par superpositions d’images. Images plus ou moins lointaines, plus ou moins récentes, provoquées par l’émotion et restituées dans la complexité du rêve. Traduits avec douceur et discrétion, ses thèmes, inspirés de l’humain, expriment le frémissement d’une sensibilité mise à l’épreuve de l’oubli et de l’inaccessible. L’adjonction d’objets périmés ayant appartenu au passé, tels que lettres affectueusement empaquetées et ficelées, une mèche de cheveux, une rose délicatement posée, accentue la notion de réalité, sous l’éclairage diffus du souvenir. Il ne faudrait cependant pas croire que la peinture de Berry-Mauduit soit figée. À l’instar du rêve dont le théâtre défile et se répète, ses derniers tableaux, en particulier, traduisent le mouvement par la répétition et le contenu d’une image, de la même scène. Le même geste étant légèrement déplacé par rapport au précédent. Ses œuvres
récentes sont exécutées dans une gamme plus claire et plus soutenue, comme si l’artiste s’était vidée d’un contenu situé dans l’arrière-plan de son inconscient, pour ouvrir maintenant son regard à la lumière. On ne saurait contempler la peinture de BerryMauduit, sans admirer la perfection de sa technique, la précision de son dessin méticuleux, la longue patience de sa maîtrise et le savoureux de son atmosphère. Le raffinement de sa peinture, l’élégance de son style et la préciosité de son discours ne sont pas sans faire penser à Marcel Proust quand il parlait de « nuancer l’existant » et « sculpter le vide ». Claude Dorval
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1986 On aurait tort de penser que la peinture-reliquaire de Chantal Berry-Mauduit soit, volontairement ou involontairement, morbide. En assemblant dans la structure de sa toile mèches de cheveux, fleurs séchées, photos anciennes et rubans ou dentelles fanés, souvenirs de présence humaine morte, l’artiste éprouve la volonté de sauvegarder la part de la vie intense qu’ils portent encore en eux. Un peu comme a pu le faire Daniel Spoerri dans les années soixante en assemblant sur des toiles-sculptures des objets de consommation courante. Mais alors que Spoerri jouait avec le présent, c’est le passé qui intéresse Chantal Berry-Mauduit et chez elle le discours est tout autre : jubilation, ironie et humour ne conduisent pas son travail. L’artiste tient à arrêter le temps, ce temps qui ne manque pas de s’interposer entre l’œuvre d’art et celui qui la regarde. La toile devient alors une mise en représentation concrète des forces vives que gardent encore en eux les objets anciens accumulés par l’artiste. La matière, la couleur (terre de sienne, ocre, jaune) deviennent des liens : passé et présent se rejoignent et de ce fusionnement inquiet naît toute l’émotion d’une poésie intense. Christophe Pellet
1986 Lieu fluide et précis, sensuel jusqu’à l’abstraction de la vie, sort d’une forge et d’une terre brune, en un souffle puissant venu de nulle part. Ébauche refusée d’une « divine comédie » où l’on croit voir Dante déchirant son suaire en un mouvement qui se découd ainsi que la matière et qui chose momifiée se mêle aux bibelots chosifiés. Un cauchemar de rêve où les ombres telluriques, sorties du fond des âges de nos songes infernaux, se barricadent en nos cerveaux voilés de leur timidité imaginaire. Berry-Mauduit démoule des formes sans les résoudre, sculpte dans l’argile de nos fantasmes des membres qui se nouent et se dénouent en des compositions surréelles. Dans ce laisser-aller de la chair, elle retient cependant nos délires, gouverne notre sensualité, canalise nos débauches inavouées par l’affleurement médité d’un dessin précis où la maîtrise de l’artiste est telle, qu’elle a cette désinvolture du « mépris compétent » selon le mot de Paul Valéry. J’aime ce refus du facile, cette sorcellerie du trait qui suggère des « pourquoi pas » sans céder au n’importe quoi. Dans ses immenses et puissantes toiles, fresques de l’anodin où le juste « s’endentelle » à la soie, où se marient Shakespeare et Wagner dans le songe d’une nuit de vaisseaux fantômes, elle a su donner du gigantisme à l’infime, de l’aristocratie au quotidien. Elle a subjugué le temps qui sépare l’inachevé de l’achevé, « statufié » cette gestation prise dans le cocon d’une mémoire fertile où tout se fait et se défait dans un éternel présent de florilèges. Derrière un péritoine veiné, aux mille points de suture qui refuse la déchirure de l’oubli, elle semble
préserver les greniers interdits de nos souvenirs embaumés. Elle mêle une âme de vieille civilisation aztèque à nos « vieux boudoirs pleins de roses fanées, où gît tout un fouillis de modes surannées » et ajoute parfois dans son tableau une boîte reliquaire qui ferait dire à Baudelaire : « J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans. » Jean-Pierre Chopin
1986 On parlera d’une archéologie de l’intime au féminin. Parce que le peintre aura disposé comme modèle de vieux tissus, des chiffons, tout un attirail de vieilleries trouvées dans des tiroirs de grandsmères et agencées d’étrange manière. En douceur. Encore que, jusque dans l’application portée à la description de ces accidents textiles, il y ait comme une inquiète question posée à la réalité qui subsiste, quand ceux qu’elle justifie ne sont plus. Un regard neuf porté sur les vêtements du mort. Jean-Jacques Lévêque
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Les jumelles, 1983 huile sur toile et reliques, 51 x 40 cm
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Emmanuelle, 1984 huile sur toile et relique, 47 x 44 cm
Le baigneur, 1984 huile sur toile et reliques, 34 x 27 cm
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Les bas bleus, 1983, huile sur toile, 31 x 23 cm
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Déchirure bleue, 1986, huile sur toile, 114 x 145 cm
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C’est un travail sur la beauté d’un corps en mouvement, dans des espaces de clair-obscur, à la lumière silencieuse et douce de l’été. Spontanéité à vitesse lente. Les mains deviennent alors essentielles pour exprimer la vie, permettant le déplacement par fragmentation des centres d’intérêt peints avec minutie que sont devenus les objets reliques, chargés de leur passé. Et puis, un peu plus tard, Les déchirures Ne laissant voir que ce qui est à voir et cachant ce qui doit rester secret, les corps en mouvement sont recouverts d’un léger voile, une peau, fragile, déchirée mais, parfois, ligaturée. Cette superposition fait basculer l’ensemble de l’œuvre pour donner, en première lecture, malgré son réalisme, le rythme d’une peinture abstraite.
7 espaces – corps – objets
1984 –1988
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1986 Elle raconte sa vie, déroule sa mémoire et ses sortilèges intimes. Ses peintures, qui s’intitulent « Déchirures », « Espaces-corps-objets », « Boîtes » ou « Reliquaires », sont « modernes », le rythme griffé, lacéré, est vif et enlevé, la tâche vivante, mais il y a dans le détail des choses morcelées ou suggérées par fragments, apparitions, et le choix des objets, un anachronisme poétique dont l’ambiguïté fascine et déconcerte à la fois. Ces confidences peintes auxquelles Chantal Berry-Mauduit ajoute en prédelle de curieux ex-voto qui en explicitent le contenu par le retour à l’enfance, à la famille, aux souvenirs, contiennent une sensualité cachée, la petite fille devenue femme s’arc-boute sur ses phantasmes, la femme devenue peintre les transpose en tableaux où se mêlent une perversion innocente et l’émoi des intimités dévoilées. Cette peinture pâle, qui ne livre ses apparences qu’à regret, est inquiète comme les rêves de l’aube, trouble comme les désirs du soir. Pierre Cabanne
Regard de Berry-Mauduit sur le monde extérieur qu’elle ressent et son monde intérieur qu’elle crée et recrée. Regard sur le passé chargé d’émotions nostalgiques, de souvenir heureux, malheureux, de reliques pieusement recueillies, de réminiscences et résurgences. Regards sur le présent, témoignages de choses vues, de sensations vécues, de joies et de tendresses ressenties. Regards sur l’avenir rempli d’angoisses, d’appréhensions mais aussi d’attentes et d’espoirs. Regards qui se transcendent dans les yeux qui s’échappent des corps, objets et sujets tout à la fois, acteurs et spectateurs. Pierre Gautier Delaye 1988
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1986 Cette artiste commence à libérer ses femmes ficelées dans des tableaux plus apaisés. Elle peint, d’ordinaire, des femmes ligotées par leurs fantasmes, leurs traumatismes, leurs souvenirs, leur propre sensualité et leur complexité. Mais au fil de cette exposition, les corps, pubis en avant, se délient un peu dans les mailles de la lumière. On les sent moins prisonniers. Cela n’empêche pas Chantal Berry-Mauduit de nous suggérer toujours des montagnes de désirs inassouvis qui fourmillent, bruissent et transpirent dans une confusion de draps et de barreaux en tissus, emmêlés. On devine des silhouettes de sexe savourant leurs douces prisons à proximité de quelques tiroirs pleins de babioles et de reliques sensuelles. Fortes nostalgies et tendres violences nouées. L’art de la
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suggestion, qui donne à l’érotisme toutes ses palpitations, est ici sublimé. L’obscurité colmate les espaces environnants; aucune lumière ne vient éveiller la scène, aucune échappée possible dans ces œuvres entièrement occultées par la pénombre envahissante. Une touffeur semble prendre possession de la toile, montant graduellement jusqu’à son extrémité supérieure tout en caressant les volumes et les plis de ces épaves choisies jalousement. Épaves signifiantes, non pas jetées mais rassemblées avec un amour maniaque, toujours le même, malgré quelques variantes dans ses compositions récentes. Six paquets d’objets fébrilement serrés sur eux-mêmes comme le sont les charges magiques des Africains du Mali ou du Congo. Chantal Berry-Mauduit glisse sournoisement dans ses dernières œuvres des tas de fringues serrées en un baluchon d’où émergent ça et là un lambeau de peau, un membre, une main tendue, une touffe de cheveux. Art magique et habité s’il en est, tout poisseux de symboles et de rêves équivoques, englué de souvenirs ambigus et troubles, art de résurgences et de murmures où la cruauté le dispute à une tendresse presque enfantine. Cruauté, ces liens de cuir ou de chanvre, ces sangles tendues sur les ballots de chair ou de dentelle ; tendresse, ces frêles reliquaires inclus dans la surface de la toile comme de petites vitrines où la photo jaunie et les fleurs séchées témoignent des jours heureux. Avec une perversité évidente, mais qui est loin de nous laisser indifférents, l’artiste noue ces liens patiemment, brin après brin, décrit les mèches dont on ne sait s’il s’agit d’herbes sèches ou d’une toison pileuse, trace avec minutie chaque point de dentelle, plisse le satin du ruban, tire sur les liens de ces corsets voluptueux avec une application sadique pour bien enfermer ses fantasmes dans ses paquets mystérieux comme on étoufferait sous un édredon un animal enragé ou comme les Incas enfermaient leurs momies.
Non, rien n’est anodin dans cette œuvre qui sent le soufre, la sueur et le musc, plus proche au premier regard du diable que des rêves enfantins. Pourtant ces mains qui se tendent et ces chiffons ramassés nous rappellent peut-être le geste de ces enfants qui, sur la route des temples égyptiens proposaient aux passants de touchantes poupées faites hâtivement d’un sac bourré de coton, fardées. L’œuvre de Chantal Berry-Mauduit nous incite à des voyages étranges et ambigus, mais n’est-ce pas avant tout le geste de conjuration d’un être sensible et vulnérable. Paul Duchein
1986 Je regarde un tableau ancien : son apparence sensible laisse échapper, par de multiples traces dont beaucoup n’ont pas été voulues par l’auteur, le moment du temps où l’œuvre a été accomplie. Entre l’œuvre et moi, un fantôme s’est glissé, celui du temps auquel mon regard appartient, qui n’est pas celui de l’œuvre : et guettant ce qui me parle de ce fantôme, je sais que chaque découverte ajoutera une saveur particulière au plaisir de voir la peinture. Je regarde un tableau de Berry-Mauduit. Je le sais actuel : ne l’ai-je pas aperçu récemment, encore inachevé, dans l’atelier? D’où vient alors que je retrouve la même qualité d’émotion que lorsque je traque mon fantôme dans les anciennes peintures ? Ne serait-ce pas qu’ici, c’est le temps lui-même que je rencontre, et non pas une œuvre dans le temps ? Berry-Mauduit peignait naguère des poupées de cuir appartenant à un autre âge, et représentait avec une science raffinée les étoffes et dentelles qui les revêtaient : un parcours nostalgique semblait clairement indiqué, et pourtant ce n’était déjà pas là l’essentiel. Les tableaux récents nous font comprendre que ce parcours, pour savoureux qu’il ait été, risquait de nous égarer dans l’anecdote. Berry-Mauduit est
sans doute une collectionneuse d’objets d’autrefois, et elle y trouve quelques uns des thèmes de prédilection de son œuvre. Mais c’est d’autre chose que témoigne sa peinture. Les jeux d’enfants consistent presque toujours, au fond, en une démolition ou une dispersion : châteaux de sable patiemment construits en vue de leur engloutissement par la marée montante, cubes édifiés dans l’attente du geste jubilatoire qui les fera écrouler... L’enfance mêle avec une obstination fascinante la plus grande patience dans l’élaboration et la plus grande volonté de transgression finale des règles, des hiérarchies et des contraintes. Je regarde les tableaux d’aujourd’hui de BerryMauduit et me voici à la fois dépaysé (ce n’est pas mon univers quotidien) et personnellement attiré (quelque chose ici appartient à ma propre identité). Il ne s’agit pas de ce qui est repérable dans ces images : objets vêtements ou surtout cette sorte de peau transparente qui voile partiellement certaines œuvres : elle est ligaturée à la manière des laçages qui permettaient de clore les poupées de cuir, et ce sont donc encore ces dernières qui sont évoquées. Mais si la peinture de Berry-Mauduit n’avait pour but que d’illustrer ses nostalgies, alors pourquoi ces disjonctions, ces ruptures, ces répétitions? Pourquoi ce surgissement des fragments de corps qui ne sont pas ceux d’une poupée mais bien le souvenir fortement présent d’une chair vivante? Tout tableau de Berry-Mauduit fait mystérieusement tenir ensemble des éléments dont tout indique qu’ils se séparent les uns et les autres. S’il est vrai que l’enfance est ce qui me sépare de moi en moi, alors je peux maintenant comprendre que BerryMauduit, en construisant ses tableaux littéralement comme pense et agit l’enfant, selon cette dualité précaire de la construction et de la dispersion, me rend à moi-même en ouvrant la brèche par laquelle le temps m’est donné. Jean-Luc Chalumeau
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Fétiche et caraco, 1985, huile sur bois, 105 x 114 cm
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Les vieux papiers, 1983, huile sur toile, 116 x 170 cm
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L’étreinte, 1983, huile sur toile, 130 x 130 cm
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Le corset rose, 1986, huile sur toile, 132 x 102 cm
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Déchirure noire, 1987, huile sur toile, 120 x 120 cm
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Rialto, 1987, Diptyque, huile sur toile, 162 x 130 cm
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La petite danseuse, 1989, huile sur toile, 35 x 42,5 cm
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Aujourd’hui, je suis inspirée par le surnaturel, l’inquiétant, les énigmes, les jeux, les devinettes, la magie, la sensualité, l’atmosphère intensément onirique de l’œuvre de Lewis Caroll. Les corps toujours en mouvement gardent pourtant l’échelle de la femme, articulés, semblables aux automates, avec des visages de poupées aux yeux de verre, mais ils sont vivants. Je ne pouvais éviter la tentation de m’inspirer à plusieurs reprises d’Alice au pays des merveilles, écrit pour des enfants et ceux qui le resteront. Pourtant, enfant, ce monde-là m’avait effrayée.
8 de l’autre côté du miroir
1988 –1991
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1991 Qu’y a-t-il de l’autre côté du miroir ? Pour la plupart des gens, il n’y a rien. Enfin, si, il y a le mur auquel ils se heurtent quotidiennement. Mais, pour l’artiste, comme pour Alice, son modèle, il y a l’univers des rêves, des songes nocturnes troubles ou oppressants jusqu’aux plus candides et ludiques, ceux des petits matins aux rideaux tirés. Chantal Berry-Mauduit semble être progressivement passée de l’angoisse moite de la mi-nuit aux ébats plus limpides de l’aube. Ainsi ses tableaux anciens transpiraient-ils le huis clos, le mystère des caves et des chiffons humides ficelés, ligotés comme des momies. Ils voilaient cruellement des corps maîtrisés par des liens et contraignaient ces formes avec une précision sadique. « De l’autre côté du miroir » est le titre choisi par l’artiste faisant ainsi référence à Lewis Caroll pour présider à la réunion de ses tableaux récents. La palette s’est éclaircie, ménageant des plages de couleurs tendres où s’insinuent les tons de lavande ou de sable, parfois ponctués de carmin, lavés dans une lumière plus sereine. Les liens sont déliés à présent mais, discrètement, ils figurent toujours dans ce trousseau fantasmatique où les accessoires méticuleusement inventoriés dans leur désordre apparent jalonnent l’espace : les draps froissés et souillés laissent remonter à leur surface les épaves d’une nuit dépassée où pêle-mêle flottent boutons, sangles et dentelles, cheveux défaits et résilles éparses. Tout ce cérémonial, malgré le jour venu, charrie avec lui les allégories d’une fête secrète et un peu cruelle. Comme l’écrit fort bien Louis Pons dans la préface qu’il consacre à Chantal BerryMauduit :
1991 Le monde cher à Chantal Berry-Mauduit, poupées troublantes désarticulées dans leurs atours épars, boîtes magiques closes sur des parfums entêtants, s’est animé. De l’arrêt sur image, on est passé au film. Le peintre est d’abord sorti des greniers sombres pour accompagner ses personnages, libérés dans le mouvement. Puis, elle est passée du noir et blanc à la couleur, pastel ou acide. Aujourd’hui, le thème d’Alice n’est qu’un prétexte pour que les images anciennes et nouvelles se télescopent, et pour que le mouvement s’engouffre dans le grenier. Il faudrait des clés pour entrer vraiment dans ces toiles, mélange subtil de perversités candides, de séductions et d’exigences. Il suffit parfois de la course d’un lapin blanc pour provoquer ce déplacement d’air imperceptible qui entraîne un tourbillon. Alice en perd l’équilibre et bascule, au milieu de ses dentelles et de ses corsets. De quel côté du miroir sommes-nous ? Le jeu de cubes éclatés, les mécanismes des boîtes à musique, la toupie, le poissons rouge, l’ours en peluche font allusion à des jeux enfantins. Mais la présence d’une paire de lunettes oubliée, d’une bague sur une main d’homme à la manchette impeccable perturbe cette apparente innocence. L’heure de ces jeux-là est révolue et d’autres divertissements sont suggérés. Contre les bruns taupe et les gris souris, court le frémissement crémeux des jupons et des tulles. La poupée en baskets rêve qu’elle est une petite fille précoce aux yeux ingénus
et aux attitudes perverses. Ses mitaines troublent le Collectionneur qui souhaiterait tout étreindre et tout posséder. Les boîtes à secrets recèlent de mystérieux refus. Alice s’offre pour mieux se dérober, ou se cache pour mieux s’offrir... Ici et là une fenêtre bleue, un trou béant, un escalier vertigineux ouvrent des échappées, précipitent la chute et la fuite. Le pays d’Alice propose une « Cosmoludie » où chacun peut projeter sa propre histoire et ses propres fantasmes, sans que jamais le rêve ne soit limité. Les contes enfantins sont des passerelles vers la peur, l’excitation, la magie. Glacis somptueux, crayon, huile, qui font la beauté des matières, lumières nacrées qui jettent leur éclat à l’intérieur de la toile ? Il n’y a aucune complaisance ici, ni dans l’esprit, ni dans la forme. Chantal Berry-Mauduit, pas à pas, sans hâte mais avec une obstination tranquille, poursuit son chemin de conteuse un peu sorcière, qui sait lire les désirs secrets, et faire partager ce qui est inavouable. Marie-Odile Andrade 1991 Le fantastique et les sortilèges ont souvent inspiré cette artiste qui a choisi cette année pour thème « l’envers du miroir » Moderne Alice d’un étrange pays des merveilles, Berry-Mauduit nous fait entrer dans un monde parfois inquiétant, toujours onirique, un monde de silhouettes désarticulées peuplé de regards et assez fascinant. Marc Hérissé
« Le noir est parti loin « Les détails deviennent un tout « Le jour s’avance comme une fête claire et un peu crispée » Paul Duchein 1991
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Mécanique rose, 1988, huile sur toile, 130 x 130 cm
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La petite fille modèle, 1989 huile sur toile, 73 x 73 cm
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Mine de plomb sur papier, 11 x 19 cm
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La dame de cœur, 1990, huile sur toile, 120 x 100 cm
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Le carrĂŠ magique, 1990, huile sur toile, 120 x 120 cm
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EspĂŠrance, 1989, mine de plomb, 30 x 24 cm
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Naissance d’une main, 1989, huile sur toile, 146 x 114 cm
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La chute d’Alice, 1990, mixte sur papier, 30 x 24 cm Mécanique beige, 1989, huile sur bois, 23 x 27 cm
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La rapace, 1989, huile sur bois, 28 x 20 cm
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Le vorace, 1990, huile sur toile, 143 x 114 cm
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ComplicitĂŠ, 1990, huile sur toile, 146 x 130 cm
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Le corset jaune, 1989, mixte sur papier, 69 x 85 cm
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Alice et le lapin rose, crayon sur papier, 36 x 34 cm
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Le tiroir d’Alice, 1991, mixte sur papier, 23 x 23 cm
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Carré bleu, 1991, mixte sur papier, 29,5 x 29,5 cm
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Première boîte, 1991, mixte sur bois, 30 x 30 cm
La poupée d’Alice, 1991, mixte sur papier, 25,5 x 24 cm
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La boĂŽte de peintre, 1992, mixte sur papier, 126 x 120 cm
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Poupées démantelées, jouets mécaniques, peluches, reliques de robes d’autrefois. Témoins d’un vécu, préservés de la destruction par le besoin d’une conservation affective, devenus aujourd’hui prétextes à une aventure de l’imaginaire où le visible des œuvres est moins important que le but invisible qu’il tente indirectement d’indiquer, laissant à chacun le pouvoir d’en pénétrer les secrets.
Un lieu sombre silencieux, surnaturel, inquiétant, sensuel. Seuls, quelques faisceaux de lumière s’insurgent pour faire vibrer les couleurs.
Un flottement de souvenirs ressuscités par ces témoins d’hier, objets laissés là, au fil du temps, imprégnés de leur passé, donne une sensation d’irréel en apesanteur.
9 les temps retrouvés
1991–1996
L’atmosphère onirique est le résultat d’une exploration des origines, née dans un village du Loir-et-Cher.
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Céline, 1992, mixte sur papier, 130 x 150 cm
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huile, pastel, fusain, crayon sur papiers déchirés
La robe d’Estelle, 1992, mixte sur papier, 120 x 120 cm
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Les cartons à chapeaux, 1992, mixte sur papier, 123 x 120 cm
Les trésors d’Amandine, 1992, mixte sur papier, 120 x 125 cm
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Les cibles, 1992, mixte sur papier, 120 x 120 cm
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1995 Pourquoi, depuis longtemps, et bien que sa peinture ne soit pas située dans la tendance abstraite qui me retenait plus particulièrement, me suis-je arrêté souvent devant les peintures de Chantal BerryMauduit. Avec grande attention... Avec perplexité parfois. Avec curiosité toujours. Pourquoi cette même émergence de l’enfance et cette figure, toujours la même, cent fois recommencée, pétrie, détruite, transfigurée. Mais le sujet n’a jamais été pour moi qu’un prétexte et ce qui me retenait sans doute, plus vigoureusement, c’était la qualité plastique de cette peinture. Ses gris, ses roses, toute la complexité d’une toile extrêmement travaillée, dans le plaisir même de peindre. Et c’est sans doute ce plaisir de peindre, hors des modes, qui me fait m’arrêter encore un instant devant le travail de Chantal BerryMauduit. Michel Ragon
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1996 Dans ses nouvelles œuvres, cette belle artiste, qui depuis dix ans affirme et développe un talent très personnel, laisse enfin éclater la couleur. Si le dessin continue à s’y inscrire de fort belle façon, elles échappent en effet à l’emprise du trait pour évaluer de façon nettement plus picturale, avec notamment parfois de délicats glacis. Ces petits ou ces grands panneaux continuent à nous parler d’enfance, de ces peurs que l’on se fait avec délectation dans le clair-obscur des greniers, de ces regards qui percent la nuit. Nous sommes ici dans un monde tendre et poétique, ludique parfois comme en témoignent les ritournelles d’invisibles boîtes à musique cachées au cour de certaines œuvres, mais dénué de toute sensiblerie mièvre. Un monde qui est un peu, au féminin, parallèle à celui de Giai-Miniet. Marc Herissé
1991 C’est une maison abandonnée au cours de l’imaginaire, un vieux grenier où personne ne va plus, un antre secret et magique. Là, le temps a figé dans un même mouvement immobile des objets d’une vie passée. Les jouets, les bijoux, les vêtements sont rangés pêle-mêle dans des malles, des valises. Ils se souviennent d’un temps que nous n’avons pas connu ou dont nous ne gardons qu’un vague souvenir. Et Berry-Mauduit nous fait toucher du doigt l’éternité patiente qui habite ces objets oubliés. Avec un style inimitable, une maîtrise qui impressionne. Le temps a fui vers d’autres horizons mais Berry-Mauduit se veut mémoire et ses tableaux en sont l’illustration sensible. C’est une maison à découvrir, un grenier riche du passé, un antre ensorceleur où la magie de BerryMauduit donne vie aux vestiges d’antan. Et ses objets sont des êtres avec une vie propre, avec leurs propres souvenirs. J.-P. Chopin
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Les années bleues, 1995, relief, mixte sur papier déchiré, 100 x 100 cm
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Le jeu d’Agathe, 1991, huile sur toile, 97 x 130 cm
La cachette, 1993, mixte sur bois, 41 x 49 cm
Le chariot, 1991, mixte sur toile, 97 x 130 cm
La petite infante, 1993, mixte sur bois, 100 x 100 cm
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Les jouets de la nuit, 1992, huile sur bois, 100 x 100 cm
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Les mains bleues, 1993, huile sur bois, 170 x 135 cm
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Tendresse conjugale, 1996, mixte sur bois, 135 x 128 cm
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Aujourd’hui, je m’amuse à divaguer en dessinant, pour essayer de découvrir l’avenir et franchir une étape. Le fusain, le pastel permettent une grande souplesse d’expression sur le papier pour acquérir une aisance ensuite avec la peinture. Après une préparation d’enduits rythmés, je me mets en situation de disponibilité pour rendre visible l’invisible, et donner forme à l’informe, en direct, l’instantané de la vie à partir de la matière, sans peur d’être maladroite, avançant comme le tigre dans la forêt à l’affût de ce qui doit venir.
10 tendresse
1996 –1998
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L’orée du bois, 1997, huile sur bois, 38 x 40 cm Détail page de droite
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A la nuit tombée, 1997, huile sur bois, 34 x 37 cm
Rose Marie baby, 1997, huile sur bois, 37 x 38 cm
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Le mari protégé, 1998, pastel à l’huile sur papier, 25 x 25 cm
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Lapins tendresse, 1998, pastel à l’huile sur papier, 25 x 25 cm
Le chat qui pêche, 1998, pastel à l’huile, 30 x 25 cm
Les mots et les formes ne sont pas sans relation, de même substance. Écriture dessinée, écriture plastique. Expression du sensible.
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Mon jardin des dĂŠlices, 1997, huile sur bois, 170 x 153 cm
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Renaissance, 1998, huile sur bois, 110 x 119 cm
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J’éprouve le besoin de remonter le temps, de retourner à la source pour me déprendre de mes habitudes. Effort d’aller au bout de soi pour être vrai, repousser les influences extérieures, Se méfier des systèmes. Ce parcours solitaire ne m’enlève pas pour autant l’envie d‘ être moderne. « L’histoire ne se répète pas » Je cherche à préserver la spontanéité de l’esquisse, à construire, déconstruire, puis inclure des signes symboliques de notre héritage, structures, valeurs, maintenant menacées. Entre abstraction et réalité saisir l’instantané de la beauté de l’inachèvement des mots et des formes en mouvement. Suggérer les non-dits Puis Faire basculer le tout pour mettre en « scène » ce sensible par un travail minutieux. Articuler les techniques en jonglant avec le savoir faire et le savoir défaire. Les éléments qui semblaient étrangers l’un à l’autre se rassemblent pour former un tout. fragmentation des vides + fragmentation des pleins = totalité.
11 héritage préservé
1998 – 2000
Le masque de fête, 2000, mixte sur bois, 42 x 40 cm
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Arlequins, 1998, huile sur bois, 135 x 120 cm
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Exploration des origines, voyage de la mémoire au creux de la nature
L’esprit d’un lieu entre hier et aujourd’hui, le tourbillon de la vie Racines de lumières et de ténèbres, regard au présent, entre passé et avenir
Racines, 1998, huile sur bois, 170 x 145 cm
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Adélaïde, 1999, huile sur bois, 110 x 110 cm
La robe de juillet, 1999, huile sur bois, 135 x 120 cm
Paris – Marchenoir, 1999, huile sur bois, 110 x 119 cm
Été volage, 1999, huile sur bois, 75 x 75 cm
Eau miroir du ciel, 1998, huile sur bois, 135 x 120 cm
Année 60, 1999, mixte sur bois, 80 x 80 cm
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La robe couleur de lune, 1999, huile sur bois, 124 x 120 cm
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PrĂŠmices, 2000, mixte sur carton, 21 x 22 cm
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La technique devient une attitude, trapèze volant, danger continuel, Dessiner est le but et le sujet prétexte, en se laissant porter par le plaisir de la main qui transmet les envies. Longue préparation de couches superposées et poncées, belles au toucher permettant de graver, plus tard, au besoin avec une pointe sèche, Exigences permanentes, pluralité des techniques, du gestuel au trompe-l’œil.
Fragmentations, décomposition des mouvements au bout de l’extrême vision éparpillée, les modulations s’enchaînent, tout dépend de toute chose, infinie variété des possibilités ne rien exclure, en quête constante saisir les hasards qui provoquent des décisions imprévues explorations temporaires filtrer les données, se débarrasser des embarras, triturer, intégrer, jusqu’au sentiment de satisfaction = Bien-être.
Concentration pour entrer dans la matière avec les fusains, crayons, huiles ou acryliques selon les besoins, mode d’approche classique.
12 au cœur de la lumière
2000 – 2006
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2002 Le deuil blanc du corps de la peinture Il y aurait d’abord le blanc non comme un espace de virginité, mais comme une surface d’inscription, un blanc plus nostalgique du papier ou de la toile que d’une nature potentielle. Ensuite il y a de ces lignes et ces aplats qui complotent figures. Il y aura enfin cette écriture précieuse comme la mémoire du corps qui se trame, une écriture de surface en autant de notes prises à la hâte de l’atelier pour tenter d’arrêter, de définir picturalement les états antérieurs de ce corps. Ce corps du dessous surgit en palimpseste, n’existe que morcelé, défait, écrasé par les couches de présent. Blanc et gris se l’arrachent, le dépècent. Des membres épars tentent de refaire surface. Des mains notamment pour agripper, écrire ou caresser. Des bras pour se dresser hors du magma des pigments. Si des lignes s’agrègent en visage aux traits plutôt masculins, le corps victime de cette peinture est indéniablement féminin, sur la foi du désir. Sur la grâce des gestes qui sont sauvegardés. Si ces corps semblent orphelins, ils peuvent revendiquer une filiation avec les nus écrasés de Rebeyrolle sans en revendiquer l’agressivité chromatique. D’autres familiarités seraient à trouver du côté de l’énergie développée par les figures souffrantes d’un Velickovic. Une même volonté d’arrachement les anime si ce n’est que, chez le peintre serbe, les figures tentent des fuites latérales ou dans la profondeur de l’espace pictural quand celles de Chantal BerryMauduit essaient d’affleurer à la surface, comme un qui se noie. Cette surface du tableau elle-même
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tient du trompe-l’œil puisqu’elle envahit aussi le cadre, renforçant cette métaphore liquide, son débordement. Le blanc, y compris dans sa version salie de gris, laisserait volontiers l’interprétation se porter vers la neige ou plutôt la glace, le glacis. Certes ces corps pourraient sembler s’échapper d’une glaciation de mémoire dont le principe serait le temps qui passe sur leur beauté. Le pluriel est trompeur, quand un seul et même corps circule de toile en toile. À qui attribuer ce corps qui résiste, si ce n’est au peintre elle-même, qui revendique ainsi de l’intérieur de l’histoire de la peinture, une histoire singulière et plurielle de la femme en ce siècle. Christian Gattinoni
2003 Les toiles sont carrées le plus souvent et l’on y trouve en filigrane un quadrillage de l’espace comme celui qu’utilisent les archéologues pour ordonner le territoire de leurs recherches. La peinture de Chantal-Berry-Mauduit est aussi archéologie et mise en ordre des fragments retrouvés d’une histoire personnelle. La quête ici est celle, flottante, d’Ophélie au pays des rêves de son enfance. Elle extrait des couches profondes de sa mémoire toutes sortes de menus éléments figurés porteurs d’affects aux couleurs fanées. Ce sont des mots, des bribes de phrases, des parcelles de rubans ou de visage de poupées anciennes, des bouts de papiers ou d’étoffe. Autant d’objets évanescents qu’il faut saisir et identifier
par la minutie d’un dessin de naturaliste, épingler sur la toile avant qu’ils ne s’envolent hors du cadre. Le tableau achevé s’offre donc comme inventaire intérieur, comme cartographie d’un parcours intime, comme autopsie éclatée de l’âme en mouvement. Il est partition musicale pour une danse où s’accouplent l’explicite et le flottant, l’organique et le mental, le sensuel et le spirituel, le réel et le rêvé. Il est un espace mystérieux pour de délicieuses et infinies micro – aventures du regard. Pierre Souchaud
2003 Les bonheurs de Chantal Les corps en mouvement dessinés par Chantal Berry-Mauduit sont toujours enluminés de gris et de roses qui rappellent la nature et la lumière. Accompagnés de fragments de poupées, ils nous renvoient à la mémoire de l’enfance perdue et au bonheur de la vie. Eclatés, explosés, ils nous parlent de violence dans l’air du temps. Peintures, dessins, monotypes, infographies nous disent l’enchantement des jours d’été, à l’écoute des complaintes du vent, le silence des heures sous le soleil... Chantal Berry-Mauduit, qui esquisse toujours un schéma abstrait avant de donner vie à ses créatures venues du cinéma fantastique, a un seul, credo : l’espérance dans un futur où chacun apaiserait ses tourments. Anne de Chalvron et Pierre-Marc Levergeois
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Au cœur de la lumière, l’envie d’arrêter le temps, en gravant l’éternel au bord du monde, au rythme des formes et de l’écriture. Enchantement des jours de l’été jardin, abandon, souffle, rêveries. La vie au fil du vent, légère, à la saison des oiseaux. Dès l’aube, entraînée vers un nulle part, geste de l’espérance, à la limite du déséquilibre rêver de retenir la vie.
Qui nous échappe, Sans cesse. À l’écoute du silence des heures, sous le soleil, où ombres et lumières, présences intouchables, caressent les corps sous les étoffes, laissant deviner au travers des noirs profonds, les secrets enfouis. Désir d’éternité, Illusion Errance vers l’inconnu avec, pour guide, une passion au fond de l’âme. Berry-Mauduit, septembre 2000
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Ă€ la recherche du pays des merveilles, 1999, huile sur bois, 89 x 89 cm
Scarlett en rouge, 2003, huile sur bois, 68 x 68 cm
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Rêve bleu, rêve rose, 1999, huile sur bois, 82 x 79 cm
Au fil du vent, 2003, huile sur bois, 77,5 x 79 cm
La fureur de vivre, 2003, huile sur bois, 69 x 63 cm
Euridice, 2003, huile sur bois, 82 x 82 cm
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Rêver de Nijinsky, une invitation à la valse, le temps d’une rose
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Le temps d’une rose, 2004, mixte sur bois, 132 x 124 cm
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Les poupées d’Ophélie, 2001, huile sur bois, 156 x 147 cm 175
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Aujourd’hui, à l’aube de l’automne, qu’en penses-tu Katie ?
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Qu’en penses-tu Katie?, 2002, huile sur bois, 129 x 129 cm (dÊtail pages suivantes)
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Marchenoir, à l’origine des temps ses eaux noires mystérieuses, puis, le big bang et, au cœur de la lumière, l’enchantement de la vie.
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Big Bang, 2002, huile sur bois, 121 x 109 cm (Détail au verso)
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Le souffle d’une caresse, un souvenir au creux de la mémoire mémoire d’un moment heureux c’était, il y a déjà longtemps, ma mère, et moi petite fille, avions partagé le même rêve illusion des images d’autant en emporte le vent
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Autant en emporte le vent, 2003, huile sur bois, 143 x 128 cm (DĂŠtail au verso)
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Le tourbillon de la vie propulse le corps au fil du vent tel un oiseau dans le ciel Espace des rêves, vers l’infini, Au cœur de la lumière.
Tel un oiseau dans le ciel, 2002, huile sur bois, 88 x 88 cm
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L’escarpolette, 2004, mixte sur bois, 135 x 120 cm (détail pages suivantes)
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Parmi tous ces petits riens si précieusement conservés qui me procurent une émotion, j’ai ressenti l’envie de retrouver un catalogue imprimé sur papier Ingres, un peu jauni, d’une exposition au musée des Arts Décoratifs 1978/1979 : « La traversée du temps perdu » Un parcours spectacle adapté et mis en scène par Simone Benmussa d’après les correspondances, journaux intimes, livres de comptes et de raison objets usuels, meubles, gravures, dessins, conservés par une famille du XIXe siècle. J’ai retenu le nom d’Agélie, une jeune fille restée célibataire, lucide quant à son propre étouffement, qui rêvait, isolée dans sa campagne. « C’est ainsi pourtant qu’aujourd’hui, j’ai vécu sans exister », écritelle dans son journal intime. Les femmes en ce temps-là étaient pudiques, secrètes, cachaient leurs espérances et déceptions ; quelquefois pourtant, elles suggéraient leurs chagrins secrets dans des petits poèmes surannés et nostalgiques, ornementés d’une fleur, témoin d’un instant heureux. AGÉLIE mourut à 40 ans. Les femmes aujourd’hui sont libres les féminités cachées d’hier osent s’afficher, les liens se sont dénoués pour atteindre l’impossible. Berry-Mauduit, 19 septembre 2004
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Agélie, 2004, huile sur bois, 129 x 129 cm (détail pages suivantes)
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Biographie
1944
Le 1er août, naissance à Angers,
Réalisation d’une fresque, lycée
Travaille la peinture sur le thème
Maine et Loire
agricole d’AREINE près de Vendôme
Les mariées
1948
Arrive à Marchenoir, Loir et Cher
Prix de peinture Gallimard-Jaubert
Enseigne à l’ENSAD
1953
Remariage de son père Jean Mauduit
Prix de dessin Collin-Sturler
1955
Départ pour Paris, entre à l’école
Logiste au prix de Rome
au Grand Palais à Paris
rue de la Bienfaisance
Entre en dernière année de l’École
Installe son atelier rue Récamier,
1956
Collège Octave Gréard, 75008 Paris
Nationale Supérieure des Beaux-Arts
dessine des poupées cassées
1957
École rue de la Ville l’Évêque,
Peinture marouflée, maison de retraite
Prix Collioure
75008 Paris
de Marchenoir
Enseignement à l’ENSAD
Le 13 avril, décès de sa mère Ginette
Mosaïque, hall d’immeuble Pra-Loup
Blais-Mauduit suite à une longue
Publicités pour le laboratoire
Peinture monumentale, CNRO
maladie
pharmaceutique Prophin-Rolland
à Marseille
Obtient le certificat d’études
Diplôme de l’ENSBA
Réalisations de stratifiés, papiers
Œuvre monumentale en métal peint,
déchirés, encres spéciales de l’usine
(ex Ganneron), Paris
ville de Blois
de Quillan dans le sud de la France
1959
Collège Auguste Renoir
Œuvre monumentale, immeuble à
Exposition personnelle des stratifiés
1960
Entre à l’Académie de la Grande
Pra-Loup
à la maison « Week end »
Chaumière (Charpentier), Paris
Exposition personnelle, Pavillon
Salons au Grand Palais, Paris
Reçue seconde à l’École Nationale
Anne de Bretagne, Blois
Divorce de Jacques Berry
Supérieure des Arts Décoratifs
Commence à montrer ses peintures
Devient pensionnaire de la Cité
(ENSAD) de Paris
dans les salons au Grand Palais à Paris
Internationale des Arts à Paris
Voyage au Liban, en Jordanie, Syrie
Admise comme stagiaire à l’Institut de
Enseigne le dessin à l’Académie
Mariage avec Jacques Berry
l’environnement (ministère des Affaires
Charpentier (Grande Chaumière) Paris
le 17 décembre
culturelles)
1958
Entre au collège Auguste Renoir
1962
1964
1965
Réalisation d’une peinture murale
1968
1969
1973
1974
1975
Expositions dans différents salons
Travaille sur le thème Les poupées
Métal peint, lycée de Morée
Œuvre monumentale en métal peint,
Installation d’un espace loisir, lycée de
d’après les esquisses rapportées d’un
école de l’électricité Paris
Selles sur Cher
voyage à Corfou
Œuvre monumentale, hall d’immeuble
Expositions collectives :
Lauréate du prix Formica en
à Pra-Loup
« Un peintre, un invité », Galerie Art
Œuvre monumentale en métal peint,
curial, Paris
Travaille sur le thème
stade à Blois
Musée des beaux-arts, Tours
Le printemps à Paris
Peinture murale, CFA de l’Épine à Paris
Prix de la Société générale trans-
Lauréate de la bourse Renault
Enseigne la couleur en architecture
atlantique
Diplôme de l’ENSAD
intérieure à l’ENSAD
Médaille d’or de la Société des
Peinture murale et deux œuvres en
artistes français
architecture intérieur à l’ENSAD 1966
1967
Carnets de voyage rapportés du Maroc
1970
1971
1972
métal peint, lycée et maternelle de Blois
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1976
1977
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Illustrations pour les éditions Pauvert
Expositions collectives :
Expositions collectives :
Salons au Grand Palais, Paris
Galerie Tkalfje, Utrecht, Hollande (avec
« Figures du Réel », Palais des Papes,
Commence à travailler avec la galerie
Véronique Wirbel et Natacha Pavel)
Avignon
Dandoy à Knokke-le-Zoute, Belgique
Galerie Emmanuel David
« Réalisme de l’imaginaire », Centre
Enseignement à l’Académie
Groupe « Peindre et le Réel »,
culturel de Montreuil et de Neuilly
Charpentier
Musée de Chartres, Prémontrés
« Ni peinture ni sculpture », Centre
Expositions collectives :
Salons : Jeune Peinture – Grands et
culturel de St-Cyr L’École
Galerie Dandoy, Belgique
Jeunes – Figuration Critique
« La femme et l’imaginaire », galerie
Travaille sur le thème des Gestations
Guiot Bernheim, Paris
Salons : de mai – Grands et Jeunes
Peintures sur bois, commande pour
Galerie « Arts multiples », Metz
d’aujourd’hui – d’automne
Los Angeles
Salons : de mai – Grands et Jeunes –
Prix des amis de l’Europe et des
Expositions collectives :
Comparaison – au Grand Palais, Paris
arts « fondation Magorie »
Groupe « Peindre et le Réel », musées
Enseignement à l’Académie
Première mention Prix de portrait
de Ste-Croix de Poitier, Villeneuve
Charpentier
Paul Louis Weiller (Institut)
sur Lot, Chateaudun
Travaille dans l’atelier rue de colonel
« Nouvelle Figuration », Mövenpick,
Réalisation de portraits :
Pierre Avia
Paris
Famille Bringer – Épouse du marchand
Enseignement à l’Académie
« Figures du Réel », Toulouse, Maison
Emmanuel David
Charpentier
de la culture de Montreuil, Musée
Exposition collective :
Réalisation de peintures sur bois,
Saliès à Bagnères de Bigorre, Faches
« Figures du Réel », Musée de Lille
pour Los Angeles
Thumesnil/centre culturel J. Brel
Salons : de Vitry – Figuration Critique
Expositions collectives :
Enseignement à l’Académie
– Jeune Peinture – Grands et Jeunes –
Galerie Emmanuel David, Paris
Charpentier
d’automne
Expositions collectives :
Enseignement à l’Académie
Strasbourg
Groupe « Figures du Réel », Musée
Charpentier
Groupe Nouvelle Figuration, musée du
de Sallaumines
Luxembourg Paris
Forum des anciennes halles, Paris
corps – objets
Salons : de mai – Figuration Critique –
Exposition Octogone, Paris
Réalisation de portraits : Enfants
d’automne Grands et Jeunes
Petit Trianon, Versailles
Claouet ; Enfants Sabhah
Prix du Conseil international des
Galerie Pieter Breughel Kunst-Handel,
Expositions collectives :
musées de Monte Carlo
Hollande
7 artistes à la galerie La Platone, Paris
Enseignement à l’Académie
Salons : de Montrouge – de mai
(dessins), Château de Nointel
Charpentier
Enseignement à l’Académie
« Figurations 84 », Clermont-Ferrand
Mariage avec Pierre Gautier-Delaye
Charpentier
« Les héroïnes de la littérature vues
Exposition personnelle,
par la jeune peinture », Bibliothèque
Galerie Pierre Lescot, Paris
Nationale
Galerie X, Paris
1978
Groupe Dialogue, UNESCO, Munich,
1979
Réalisation de peintures sur bois, commandes pour Los Angeles
204
1980
1981
1982
1983
1984
Travaille sur le thème des Reliquaires
Travaille sur le thème Espaces –
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Salons : Montrouge – Comparaison –
« Itinéraire 87 », Cité Internationale
Figuration Critique
des Arts, Paris
Air France Boeing 747 400
Enseignement à l’Académie
« Les dix ans de la galerie »,
Expositions personnelles :
Charpentier
Galerie Pierre Lescot, Paris
Galerie Circé, Paris
Portrait de madame Lejeune
Galerie Fardel, Amiens
Causans, Paris
Réalisation de peintures technique
Expositions collectives :
Expositions collectives :
stratifiée pour la cabine 1
Musée Roybet-Fould, Courbevoie
d’un avion 747 Air France (Victor
Jeune peinture, jeune sculpture,
Galerie Arts Multiples, Metz
Tango)
Centre culturel, Courbevoie
Mairie du 10
Exposition personnelle, galerie
« Le Blanc », Centre culturel Espace
« Figuration Critique », San Francisco
Nettis Le Touquet
Art, Brenne
3 prix Ito Ham
Expositions collectives :
« French Individual Adventure »,
Enseignement Académie Charpentier
« Petits formats », Galerie Pierre
Galerie Lemarié Tranier, Washington
Portrait pour la collection de l’évêché
Lescot, Paris
Foire internationale « Linéart »,
de Seez (Normandie)
Espace Pierre Cardin, Paris
Galerie Fardel, Gand, Belgique
Expositions personnelles :
« L’art pour la vie », Fondation Curie
Salons : de mai – Angers – Figuration
Galerie Valmay, Paris
AAE ENSAD
Critique – Grands et Jeunes
Galerie Nettis Le Touquet
« Dessins », Galerie Greca, Barcelone
Enseignement à l’Académie
Expositions collectives :
« Présence de l’Art Contemporain »,
Charpentier et l’École Polytechnique.
Festival d’Art Contemporain 86,
Prague
Clermont Ferrand
« Bicentenaire», Paris
retrouvés
Figuration Critique, musée d’Anvers,
Enseignement à l’Académie
Expositions personnelles :
Belgique
Charpentier et à l’École Polytechnique
La Coupole Montparnasse, Paris
Travaille sur le thème L’autre côté
Galerie Art-Expo, Paris
Charpentier
du miroir
Galerie Guériguen, Metz
Un voyage durant le carnaval de
Exposition personnelle, Galerie
Galerie Aletheia, Lille
Venise va inspirer plusieurs œuvres
Coriane, Paris
Expositions collectives :
Rétrospective, Hôtel de Ville, Nancy
Expositions collectives :
Exposition du groupe Den, Paris
Expositions collectives :
Espace Pierre Cardin, vente de
Galerie Mann rue Guénégaud, Paris
« Réalités – Irréalités »
Cornette de St Cyr pour SOS Arménie
Galerie Catherine Guérard,
(autour d’Ivan Theimer), Musée de
« Le football en couleur », Paris, Nancy
île St Louis, Paris
Montauban
Salons : Mac 2000 – de mai –
Galerie Alternance, ville de Boulogne
« Figuration Critique », Musée des
Figuration Critique – Grands et Jeunes
Biennale au Manège Royal, musée de
Beaux-arts, Pau ; espace Acropolis,
Enseignement à l’Académie
St Germain en Laye
Nice
Charpentier et à l’École Polytechnique
« Art et sport », mairie du 18e, Paris
Exposition personnelle, Galerie de
eme
1988
, Paris
e
1986
Enseignement à l’Académie 1987
1989
ère
1990
classe
Réalisation de trois œuvres pour
Centre culturel, Dammarie-les-Lys
1991
Travaille sur le thème Les temps
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Salons : d’automne – Grands et
Galerie Varga-Darlet, Bordeaux
Salons : Le nouveau salon d’automne
Jeunes – Figuration Critique
Galerie Fardel, Amiens
Les 109 à la campagne – de mai –
Enseignement à l’Académie
Festival d’Aniane, à Aniane
Tuileries, mairie de Paris
Charpentier et à l’École Polytechnique
Festival du cinéma, «Lart fantastique»,
Expositions personnelles :
Gérardemer
Expositions collectives :
Galerie Néttis Le Touquet
« Congrés mondial de la poupée»,
« Chapeaux d’artistes », Galerie Lefor
Galerie Fardel, Amiens
La villette, lauréate du trophée
Openo, Paris
Expositions collectives :
«Jumeau»
Galerie Kara, foire Europ Art, Genève
Galerie Anne Lavenier, Barcelone
Espace Molière, Agde
« l’Art en Sologne », Château des
Galerie Jean Briance, Paris
Groupe ARPA, Salpétrière
Stuart
Galerie Catherine Guérard,
Salons : MAC 2000 – Bicentenaire
Groupe Dialogue, Institut Cervantes
île St Louis, Paris
de l’École Polytechnique
Portes ouvertes des ateliers Archipel
Galerie Alternance, ville de Boulogne
Enseignement à l’École Polytechnique
Salon MAC 2000
Rétrospective, Galerie du conseil
Enseignement à l’Académie
Grands et Jeunes
général, Blois
Charpentier et à l’École Polytechnique
Enseignement à l’Académie
Expositions collectives :
Charpentier et à l’École Polytechnique,
Galerie Art présent, Arras
préservé
nomination de maître de conférences
« art 1995 », Centre culturel,
Expositions collectives :
Expositions personnelles :
Bouffemont
Centre culturel, Courbevoie
Galerie Varga-Darlet, Bordeaux
Festival d’art contemporain, Tours
« Rencontres d’un jour », Espace Paul
Galerie Martine Brasseur, Reims
Biennale des 109, espace Eiffel, Paris
Ricard, AAE ENSAD
« Art présent », Hôtel de Ville, Calais
Biennale 95, espace culturel, Grossemy
« Esprit d’un lieu », Orangerie du
Palais des Congrès, Vittel
« L’art en mouvemnet », Musée de
Luxembourg, Paris
« Peinture contemporaine »,
l’art contemporain, Chamallières
Espace Michel Sdimon, Marne-la-Vallée
Hotel California, Paris
Salons : Comparaison – L’X à Aubusson
Salons : École polytechnique –
Espace St Simon, Marne la Vallée
Enseignement à l’Académie
d’automne
« Jeune peinture jeune sculpture»,
Charpentier et à l’École Polytechnique
Invitée d’honneur, ville d’ Étampes
Expositions personnelles :
Enseignement à l’Académie
« L’art à l’école 1993 », Paris
Galerie de l’institut d’art visuel,
Charpentier et à l’École Polytechnique
Salons : 6 biennale des 109 – École
Orléans
Polytechnique, œuvres sur papier « Arts
Galerie Scapa, Vallamand, Suisse
Galerie Fardel Le Touquet
Salons : Mac 2000 – Comparaison –
1993
Centre culturel, Courbevoie e
1994
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1995
1996
1997
1998
1999
Travaille sur le thème Tendresse
Travaille sur le thème Héritage
Expositions personnelles :
plastiques de l’X », Grand Palais, Paris
Galerie Deprez-Bellorget, Paris
Espace Ophivalmo, Paris
Expositions collectives :
Expositions collectives :
Expositions collectives :
« Poupées d’artistes », Galerie Lefor
Galerie le scribe, Montauban
Galerie Lefor Openo, Paris
Openo, Paris
Musée Véra, St Germain en Laye
(mini formats pour l’an 2000)
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Salon MAC 2000
Espace Lhomond, Paris (avec Machat)
Enseignement à l’Académie
Maison des arts, Évreux, direction des
Charpentier et à l’École polytechnique
affaires culturelles (avec Rémy Aron
Travaille sur le thème Au cœur
et Jean Rougé)
de la lumière
Exposition collective : Usine Zabu
Réalisation d’une Monumentoile,
en Normandie
3 x 4 m, pour l’atelier d’art plastique
Salon d’automne
d’Allonnes
Enseignement à l’Académie
Exposition personnelle :
Charpentier et à l’École Polytechnique
Galerie Fardel Le Touquet
2001
Centre culturel, Savigny-le-Temple
Espace Lhomond (autour de Baldet)
Expositions collectives :
«Variations » (œuvres sur papier),
« George Sand », Musée de Nohant
Espace culturel, Belleville
Galerie Artactua, Le Mans
Invitée d’honneur, ville du Grand
Salon d’automne
Quevilly
Enseignement à l’Académie
Salon d’automne
Charpentier
Expositions collectives :
Rassemble les éléments qui
Galerie municipale d’Uzès
constitueront une future monographie 2005
Travaille sur la monographie
Salons : d’Étampes – du Dessin –
Écrit ses « mémoires »
d’automne – Espace Auteuil
Dessine sur le thème de « la mémoire
Prix Lucie Rivel (fondation Taylor)
en lambeaux »
Médaille de la ville d’Étampes
Exposition collective,
Enseignement à l’Académie
Mairie d’Auzeville, Toulouse
Charpentier et à l’École Polytechnique
Salon d’automne
Salon MAC 2000
Enseignement à l’Académie
Enseignement à l’Académie
Charpentier
Charpentier et à l’École Polytechnique
2003
Exposition personnelle,
Expositions collectives :
Musée de la Poste, Paris Montparnasse
2002
2004
2006
Exposition personnelle, Musée du
Déménage l’atelier de la rue du
Manoir de Vacheresse, Nogent-le-Roi
colonel Pierre Avia pour créer son
Salons : Ville d’Étampes – d’automne
atelier rue Récamier
au Grand Palais, Paris
Expositions personnelles :
Enseignement à l’Académie
Galerie Fardel Le Touquet
Charpentier
Galerie A de Forceville, Paris
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Bibliographie
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Gérard Xuriguéra
LEVÊQUE, 1982
Univers des arts, LUCIE LEYRAT 1994
Éditions MAYER «LE DESSIN le pastel-l’aqua-
Le Matin, PIERRE CABANNE 1982
La Renaissance, DANIÈLE VILLENEUVE 1995
relle dans l’art Contemporain» 1976
Journal «Elle», RÉGINE CROWETT 1982
La Gazette de l’Hôtel Drouot, MARC HÉRISSÉ
Éditions MAYER «Les figurations de 1960 à
L’éducation, GUSTAVE MONOD et LOUIS CROS
1991, 1996, 1997
nos jours» 1985
1982
Paris-Normandie, HENRI RUELAN 2000
Éditions ARTED «Regards sur la peinture
Ciné Vidéo, VALÉRIE 1982
Le Signal, Le grand quevilly, ND 2000
contemporaine» 1983
Zoom n° 91 (images)Jérôme CAMILLY 1982
Cadre, ANNE de CHALVRON, PIERRE-MARC
BÉNÉZIT
Libération, 1982
LEVERGEOIS 2002, 2003
Florence Pinault-Bruaux «L’œuvre symbolique
Art, JEAN LUC CHALUMEAU 1982
Le Figaro magazine, PAULINE SIMON
de BERRY-MAUDUIT» Maîtrise d’histoire de
Textile Art, DANIÈLE BLANCHELALANDE et
PIERRE SOUCHAUD 2003
l’art : Université de Paris Panthéon Sorbonne
PIERETTE BLOCH 1982
Le Figaro, BÉATRICE DE ROCHEBOUET 2003
Zoom, JÉRÔME CAMILLY 1982
Journal du Dimanche, NICOLE DUAU 2003
Journaux et Revues
La Montagne, «Figurations 84» Centre France
L’action républicaine Jean PEYROT 2006
République du centre et nouvelle république
1984
La République du centre Christian CEREZO
(BLOIS), 1968, 1969, 1974, 1986, 1995,
À la galerie ARTS MULTIPLES (METZ)1982,
2006
Henri Fabre, 1973
1985
Décoration Française n°9, 1975
Art PTT, HENRI RAYNAL 1986
Interviews
Le Monde, JANY AUJAME, 1975
Journal «Elle»– PIERRE CABANNE 1986
FLORENCE PINAULT-BRUAUX
Maison Française, 1975
La cote des arts, CHRISTOPHE PELLET 1986
ART PLURIEL (Rétrospective Hôtel de Ville de
Le Figaro, Jeannine WARNOD, 1975
L’Information dentaire, BERTRAND DUPLESSIS
NANCY)
Nice Matin, G.JULIAN, 1977
1986
F R 3 reportage de CORYNE BIAN-ROSA 1991
Opus international, JEAN-LUC CHALUMEAU,
Le Pharmacien de France, PAUL DUCHEIN
MARIE-ODILE ANDRADE 1986
1977, 1982
1986, 1991
Echo Républicain, «Peindre et le réel»
L’œil, SOLANGE THIERRY 1986, 1989, 1991
Préfaces
(CHARTRES)ALAIN BOUZI, 1979
Le quotidien de Paris, JEAN JACQUES
FRANçOISE FABIAN 1976
Les cahiers de la peinture, 1979
LEVÈQUE 1986, (mac 2000) 1989
CORNEILLES 1979
Jardin des Arts «Qu’est-ce que le réel ?»,
JEAN-MARIE AUDE (Evènements) 1986
PIERRE GAUDIBERT 1983
1980
Manifeste, RAYMOND PERROT 1986
JEAN-LUC CHALUMEAU 1986
République du centre (POITIERS), G.LEPRINCE,
Cimaise, MICHEL FAUCHER 1986
JEAN-PIERRE CHOPIN 1986, 1988
1980
Le Courrier de l’ouest (ANGERS) 1986
GAUTIER-DELAYE 1989
Échos et Images (VILLENEUVE SUR LOT), 1980
Art, CHRISTIAN ÉCLIMONT 1989
MICHEL RAGON 1995
L’information dentaire, BERTRAND DUPLESSIS
Le Quotidien du médecin, JEAN JACQUES
LOUIS PONS 1990
n°25 et 31, 1982, 1991
L’EVÊQUE (mac 2000) 1989
CHRISTIAN GATTINONI 2002
Le Figaro, VÉRONIQUE PRAT, 1982
ARTENSION, MARIE ODILE ANDRADE 1991
VALÈRE BERTRAND 2003
Les Nouvelles Littéraires, JEAN JACQUES
L’œil no 457, PIERRE CABANNE 1993
CLAUDE DORVAL 1986
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Remerciements
Une publication rassemblant l’œuvre d’un artiste est une étape très
Je remercie particulièrement mon éditeur, Till Schaap, pour sa patience
importante.
à comprendre et respecter mes désirs, apportant avec son équipe des
Une force me poussait à le faire sous la forme d’un livre journal.
éditions Benteli tout le savoir faire dont ils font preuve pour chaque
Par souci d’être vraie, je me laissais porter par mes envies, comme
artiste, innovants par leur audace et performants par leur extrême
pour la création d’un tableau.
qualité.
Montrer un tableau terminé n’est rien à côté de l’attente de la réaction de la première personne qui va lire, et donner son avis... !
Je remercie les auteurs et artistes pour leurs témoignages au fil du temps :
Le premier à lire mon projet a été mon mari, Pierre Gautier Delaye. Très ému, il m’a encouragée dans ma détermination.
ANDRADE marie odile
Il nous a quittés le 24 octobre 2006 sans m’avoir donné le bonheur
CABANNE pierre
de lui mettre en main mon ouvrage terminé. Je ne pourrai plus l’en-
CHALUMEAU jean-luc
tendre me dire « je suis fier de toi » qui était la plus grande récom-
CAMILLY jérôme
pense à mes efforts.
CHOPIN jean-pierre CORNEILLE guillaume
Après lui j’ai confié mes pages à Madeleine Mottuel, ma sœur Marielle,
DORVAL claude
ainsi que mes amis artistes peintres et écrivains Louise Barbu, Jean
De CHALVRON anne
Schoumann et son épouse Brigitte. Je les remercie tous pour leurs
DUCHEIN paul
critiques avisées.
FABIAN françoise FAUCHER michel
Je remercie particulièrement Marie-Odile Andrade rencontrée lorsqu’elle
GATTINONI christian
collaborait au journal de Pierre Souchaud en 1986. Devenue depuis une
GAUDIBERT pierre
amie, elle m’a prodigué ses précieux conseils.
GAUTIER DELAYE pierre HÉRISSÉ marc
Milan Kundera m’a fait l’honneur de s’intéresser à ma peinture après
LEVÊQUE jean-jacques
avoir visité l’exposition de la rue Lhomond en 2003.
LEVERGEOIS pierre-marc
« Chantal, chaque tableau est comme un livre ouvert » me dit-t-il lors
PELLET christophe
d’un passage à l’atelier avec son épouse Vera.
RAGON michel
J’ai attendu longtemps avant d’oser lui montrer ma maquette.
SOUCHAUD pierre
Je le remercie pour ses encouragements après avoir lu et regardé
VALÉRIE
chaque reproduction avec attention. photos des œuvres Geoffroy PARISOT Je remercie mes anciens élèves Catherine Guiral et Jérôme Coudray qui m’ont initiée aux bases de l’informatique, pour l’élaboration de ma première maquette, ainsi que Didi, présent chaque fois que la technique posait un problème.
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English Translation
I dedicate this book to Pierre Gautier Delaye, my husband, who has helped me and who has shared my life, a life filled with so much love and complicity to the young who dream in solitude of becoming “artists” to my relatives who are, or will be, interested to my friends, collectors, publicists, and writers, who have encouraged me, and to all those who will be enchanted to discover my work. And also to a little fourteen-year-old girl who was full of hope and whose motto was work, love and perseverance.
“Madame, what does being an artist mean?” “Someone who always wears black,” retorted one of my students at Ecole Polytechnique. This witty little remark about me amused me, but the answer is vaster. Eminent professors are fascinated by the new areas of knowledge that link the field of rational brain science to artistic creation. I was deeply impressed by a conference organised by AAE-ENSAD at ENSAD on 23 November 2003 and held by charming Professor Changeux, who was backed by the touching simplicity of the great (Collège de France and Institut Pasteur de Paris): artistic creation no longer takes place outside science (or conscience... !) Under the term “neuroaesthetics,” all parts of our extremely complex brain are analysed and literally explained. This is what I have subjectively remembered about artists: Artistic creation is said to be a mental synthesis of:
– Spontaneous, constant activity of our brain and its resonance; – Long-term memory storage, taking into account the evolution of our genetic envelope since its creation; – The imprint of the external world during the formation of neurons in childhood until adulthood; – Our real-life experience, our emotions and feelings; – The aptitude for contemplation, the perception and the analysis of the visual world with a brain stimulated by the eyes; – Reasoning in the face of inner exploration and emotional power; – The vehicle for the retranscription of information, a neuronal palette capable of showing the states of our central nervous system in constant renewal; – The constant evolution of art. My answer today is based on my real-life experience. It consists of a “book” showing my journey and progression together with those who have crossed my path and who have encouraged me. “Voir est déjà une opération créatrice qui demande un effort,” Henri Matisse said. The works are accompanied by texts written by professionals and artists and, more modestly, by some of my notes scribbled on a palette and a few excerpts of my trusty diary over the years, whose clumsiness reveals certain spontaneity as regards the search of the truth. History does not repeat itself. An artist’s life is a daily adventure. It does not matter which “vehicle” is used, as long as the artist masters it sufficiently to allow the spirit to ramble and to translate (with her hand) the impalpable, combining it with a very deep longing to express her sensations with intuition at her fingertips, congealing the directional inner force.
The lost and refound childhood with its secret wounds feeds Berry-Mauduit’s intimist work, where unusual or ambiguous objects, – dolls, reliquaries, mirrors – symbolise the passage of time, its destruction, its obsessions, its aggressions, and its joys all at once, above all those that painting bring. Pierre Cabanne
11 12 13 14 15 16 17 18 18 19 10 11 12
The pink years The white years The blue years The dolls Gestations Reliquaries Spaces – Bodies – Objects On the other side of the mirror Time refound Tenderness Preserved legacy At the heart of light
Autobiography Bibliography
1944–1952 1953–1962 1962–1973 1973–1979 1980–1983 1983–1984 1984–1988
17 21 37 59 79 95 101
1988–1991 1991–1996 1996–1998 1998–2000 2000–2006
107 137 149 157 167 203 208
I prefer living art to contemporary art and longings to ideas
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(Page 17)
Les années roses (The pink years) 1944 –1952 The first part of the book is set in 1942. Jean Mauduit, born into a traditional provincial family in La Flèche, married Ginette Blais in Paris, who was born in modern Paris. He was 22 and she was 20. They got married at the Trinity Church, in the absence of their paternal grand-father, for whom “the” big city was a city of perdition. The “fruit” of their great love arrived at the same time as the Americans at Angers, on 1 August 1944: “me”. The two families and friends gathered for a big celebration on the day of my christening in July 1945. The future looked very rosy. (Page 19)
Mum was a passionate piano talent. At 16, she refused the proposition of her teacher, Madame Casadessus, to go to the music academy to make a living rapidly.
(Page 21)
The white years 1953–1962 The white years from 1953 to 1962 (green notebook) describe a change of life. They are about the need to find, and how to find, your path when you are obsessed with becoming an artist. From the studios of Grande Chaumière in the Sixties that prepared for the entry to the major art schools. I’m writing my very own, personal experience that only concerns me. (Page 22)
There were chestnut trees in the courtyard, desks housed inkpots which had to be used sparingly, the scratching of slate pencils, the smell of old books which were re-covered at the beginning of every new school year, the heat of the logs that the older children in turn put in the stove, paper disguises stored away in the attic for theatre performances, the presentation of crosses attached to our blouse by the parish priest every Saturday morning. My life turned upside down in 1953 when Dad decided to look for a new wife. She had to be gorgeous to annoy Mum. He found a very beautiful one.
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“Bohemian Dad” became “Show-off Dad,” who made a makeshift shower and decorated his room with white lilies. Our life, which had become “Folcoche-like,” terrified me. An interminably long year totally isolated from Mum. Nobody told me about the legal proceedings she instituted to get me back. She won the case, and I was happy to be loved again, to be protected again, but sad to trade my village in for Paris.
(Page 26)
Excerpts from my diary started on 12 September 1958 12 September 1958 Dear Katie, I have been feeling so alone, Katie, since my return to Paris. From now on, you shall be my confidante to give me the impression of still living in those times when everything was fine: the magic time of dolls with porcelain faces. Grandma gave you to me. I know you’re waiting for me at Grandpa’s in Flèche. So many things have happened since last year! I’m trying to remember the month of June 1957: one of the many doctors Mum consulted for a never-ending sore throat told her the name of her disease. As she didn’t dare to admit her ignorance of the meaning of the term “Hodgkin,” I can still see the two of us poring over the dictionary on her return, trying to find the new word. In vain. Far too complex for my “Petit Larousse”. A while later in August, Dad filmed her in Ardenay. There are no more than seven houses in this village near Dourdan. Pleasant smells of nature and memories. We had all gathered there before she was going on holiday. My Mum was to get married to Robert Portal and they were going to visit Spain. We parted with each other. In the car taking me towards Marchenoir, I was sad and I cried secretly. I regretted being separated from Mum again. On her return, it was in September last year, I had the impression that it was so long ago, almost in another life...! Happy about her recent trip, my Mum seemed to be a bit better. We prepared for the new school year. That year, my school results, as by some miracle, were incredibly good...! After paying a visit to the principal, Mum and I decided that I should try the competitive entrance exam to a technical college specialising in drawing,
which was called Ganneron. I was delighted with this project. I felt a twinge of regret at abandoning my great wish to enter the Opéra to become a dancer. To compensate, Mum accepted to have me take lessons where “the small rats” trained: at Mademoiselle Zambelli’s, a former star and a very old lady, who held a stick in her hand to slap our legs with. She was surprised to see my extremely used blocked shoes when I came to my first lesson. Although I was very hung-up about my slightly solid legs, she reassured me that I was made for dancing. I only did barre exercises during the first two lessons. Then, anxious but happy, I joined the others in the centre where Miss Zambelli predicted that at this rate I would soon catch up with them. Mum started to get worse again. She lost her voice. At night, I stood next to her at the window that was wide open to help her breathe. During her stay at the Brousais hospital, I visited her Thursdays and Sundays. Robert drove her to Créteil to his parents who had offered to help him look after her. The professors at the new hospital tried out a new treatment. The Easter holidays came. I left for Marchenoir reluctantly. I regretted leaving my mother behind once more. One day someone rang to tell me to return to Paris at once. I didn’t say anything, but I knew. Mum was going to die. I was in the train taking me to Paris. Two nuns were having a discussion in my compartment, while I was thinking of my Mum. When we arrived at the hospital, Robert left me alone with her. Seeing her I was reassured. She didn’t seem to be in as bad a way as I’d feared. Nevertheless, she talked about her anxiety as regards my future: “What a pity that Robert isn’t your father because your father will raise you badly.” I left her, thinking I’d see her again the following day. Robert went back to the hospital after leaving me with his parents. When I saw his face on his return, I guessed that my mother had left us. I understood that I mustn’t lose any time if I wanted to go to Ganneron as planned. So I decided to present the entrance papers behind my father’s back by having my grandmother sign them. She promised to let me stay with her if I passed. Since I passed the entrance exam, I had to announce it. Dad was not very enthusiastic about leaving me in Paris on my own, and my grandmother had changed her mind about letting me stay with her. I was only 13 years old, or 14 at the beginning of the
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school year. The principal and the teachers at the school, who were very satisfied with my results, found a hostel that accepted young girls of my age. Dad accepted my project. Accompanied by Jacqueline (a nurse and a friend), Michelle drove me to Aubrais station. That day, I saw my step-mother as slightly “human” for the first time. When I got on the train with my small suitcase and a big painter’s box made by Dad, she asked me if I really wanted to leave, offering me to take me back home. I must admit that I felt a pang of anguish and that I was highly tempted to climb those high steps back down again. I replied that I wanted to leave. And here I am, Katie, in the Sainte Eugénie hostel. I share a room with a very cheerful girl from Guadeloupe and another girl from Rodez. Both are very kind. I can’t wait to learn how to paint. (Page 28)
17 December 1958 Robert visited me at the hostel. The past came back strangely then, pleasant and cruel at the same time. Talking to each other, we felt awkward, intimidated even by the austere atmosphere of the visiting room. It felt as we had both been landed with a new life we did not want, our grief choking us. Then he left again. I was faced with my present once more. Christmas holidays tomorrow. I’m happy to go and see Dad and my little sisters. I miss my dog Xyllette, looked after by Mamy Portal now. What a pity that it couldn’t stay with me at the hostel! 6 January 1959 I feel now as if I was wasting my time at Ganneron, and I don’t have much time. The atmosphere at home was not easy during the holidays. I’m constantly worried about Dad having me come back to Marchenoir for financial reasons. If my parents were artists, they would help me and understand me. I’m in Paris after all. But I have to do this fast and hold out. I heard that the best school is Ecole des Arts Décoratifs, but I think that at 14 I’m too young and I don’t know whom to ask. 15 February 1959 I keep on working hard, but I constantly think of Ecole des Arts Décoratifs. Yesterday at Beaugency station, I made the acquaintance of J-L-B, the son of the teacher in Marchenoir, who studies medicine in Paris. His neighbour in the student hall studies at ENSAD. I have to meet him.
14 March 1959 We went to see this boy who studies at Ecole des Arts Décoratifs. He told me that the entrance exam is very difficult: 1,500 candidates for 80 admitted. There is also Ecole des Beaux-Arts. But it’s useless to cherish that dream because Dad would never want me to be a painter. The best preparatory studio is Académie de la Grande Chaumière. Mr Charpentier is the director. But it’s very expensive. How could I possibly tell Dad that I want to leave Ganneron to go to a painting studio that costs money? And where would I find that money? Wednesday, 11 Mai 1960 Fortunately I love reading. I’ve just finished La Brière and “The Stars Look Down”. My books keep me company at night. To avoid having to speak to my roommates, I wait until everybody has left the shower room so that I can go in there. I take care that nobody speaks to me during dinner. It grieves me to be so unsociable, but I find it impossible to open up towards other people. Fortunately it’s a bit different at school. Monday, 16 May 1960 Last Saturday, Mamie Portal and Robert came to see the exhibition at school. A number of my drawings were exhibited. They stayed to watch me dance Weber’s “L’invitation à la valse” which I’d created for the show at the Marchenoir school in spring 1958. (“Moment of a rose” (p.173) was painted in remembrance of this ballet). Our director had invited many people. She congratulated me. I was so surprised that I swallowed my chewing gum. It feels as if it was still stuck in my throat. I hope it will disappear. I informed my teachers of my intention of leaving school to prepare the ENSAD entrance exam at the Académie. They were shattered and warned me against the risks I was running by not getting my Alevels. As I’m a good pupil, they predicted great success to me. But I’m bored at this school. I want something else. I’m now 15 and a half years old. If I get my A-levels at 17, Ecole des Arts Décoratifs will be out of the question. Dad will find me too old to continue studying. He’ll want me to earn my living. I know it’s risky, but I’ve made up my mind. Dad doesn’t know, but I’ll be a painter. To be an artist, you have to be a poet. I think I have this gift, not very much, but a little, just what’s needed. I’m reading Zola’s work: the history of a painter. It’s beautiful. I understand what a painter feels. It’s being awakened in me, but I do need time for school. Unfortunately it’s not easy for a woman. She
gets married, has children and her “career” dies in the household. It’s a great disaster! How foresighted I am! For the time being, I’ll just apply to Académie Charpentier. I’ve been working as an amateur until now. Everything will finally start now. I have no real friend, no one who understands me, except you, Katie. 24 June 1960 I’ve just come back from my important visit and I’m really pleased. You know, no more concierges at the door who guard the entrance. It looks very free. The director is very nice. She finds me a bit young, but she says that I seem serious and that the school atmosphere is great. She looked through my work and has enrolled me directly in the second year. She has understood that I have no time to lose. I can hear a jazz song right now. My heart sings, too. If you could see how pleasant the area is where I’m going: Montparnasse! There will be boys. I mustn’t go bright red every five minutes. “You’ll have to be well organised,” the director said. I’ll start by going on a diet. The holidays in Marchenoir are ending. I’m really scared of the future. Sometimes I have doubts as to which way to go. There is no one to guide me. It’s as if it was dark. I do hope that I took the right decision in leaving Ganneron. My only hope is my work. Friday, 23 September 1960 I’m in despair tonight. Everybody discourages me. It’s not their fault. They don’t know any better. Their friends are putting them up against me. I must make it to Arts Décos this year, otherwise I’m done for. It would have been better if I didn’t exist. If this doesn’t stop, I’ll have to go to a convent. My head aches from all the comments that I’m not talented and that I’ll never get anywhere. I’ll end up believing them. They’ve forgotten that I was always among the best pupils at school. I mustn’t lose heart. Fortunately, Mum gave me some money before dying. How I miss her! I congratulate myself on forcing Dad to send me the money for the school fees in June, because now he wouldn’t send it any more. I have to force myself to take life well. I’ve just turned 16. I’ll work a great deal. I’ll see whether, according to the teachers, I’m talented or not. Dad will come to Paris to be told. Monday, 3 October 1960 FINALLY! I’ve been in Paris since Friday. School starts tomorrow...! I’ll be desperate if I’m no good compared with the others.
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Tuesday, 4 October 1960 I entered the corridor leading to the studio which is very big and old. I was assigned a place in the first row on the right, next to the big black stove, between a young man and a young woman. We’re about 80 students. Highly intimidated, I stayed put. I absolutely have to make an effort. I took all my courage to draw the plaster figure. The result, compared with my neighbours’, reassured me. Tomorrow I’ll have to have a paper signed by the director. Going to her office impresses me.
and an hour by underground (no direct route) to go to class. Everything is going well and I’m very much in love! With whom? My work. I’m crazy about it. I’ve never given as much before and I’m progressing. Nobody will think me conceited because I’m writing this in my diary which nobody will read. Yesterday Mr. Charpentier said: “Here’s our future champion!” He was having one of his good days! I bless the Portal family who enables me to continue my studies in Paris.
Wednesday, 5 October 1960 Today went very well. Our teacher is the son of the director, Mr Charpentier. He explains everything very well. Every morning, we have to draw plaster figures in charcoal, one per week.
14 February 1962 This morning our plaster figure was an Egyptian head. After the basics were sketched, I felt like moving on to more abstract ways of representing it. I lived out this model. Its life appeared on paper. Nothing else existed but her gaze, her smile and her inner life. I escaped from it but stuck to the theme all the same. She became a mummy and then I gave her life again. What happened between my model and me was like two souls meeting. It’s stronger than when I flirt with a boy I like. After a while, my tension ebbed and I knew I had to stop so as not to do something silly. I felt exhausted.
Wednesday, 28 December 1960 Meeting at the Louvre at 2.30 p.m., where we saw works by David, Ingres and Delacroix, whom I love. I was happy. We went back home via the quais. It was cold, but I felt good. 2 January 1961 Tomorrow, we will have visitors at home: Mr and Mrs Leygue, who have relatives in Marchenoir. Dad wants me to show them my work and the poster I made last year to incite women to give birth in a clinic rather than at home. I made this poster glueing together torn images taken out of fashion magazines. My father’s remark “It’s neither done nor to be done” penalised my work and I was given a dressing-down! “You won’t return to Paris,” etc. 3 January 1961 I dreaded Mr Leygue’s visit and the sentence: “Go and get your poster...!” Well, Katie: they not only liked the poster and the idea of torn paper, but also my work: Dad got away with: “Yes, but...! For the countryside...! It’s a bit too modern...!” Thank you, Mr and Mrs Leygue. 21 November 1961 Mamy and Papy Portal have put me up in their home. As I was not admitted to Arts Décos, Dad didn’t want to pay my board and lodgings any more. Fortunately, Mum’s money pays for my classes during my second year at the Académie. I have a very modern room and I’m with my dog Xylette again. She’s very old now. But we’re so happy to be together once more! But it takes me 20 minutes on foot, 30 minutes by bus (when it’s on time)
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Saturday, 29 September 1962 Dear God, please make it work! The exams are tomorrow! Nicole has invited me over to her place to be closer to school, for there could be a strike. Moreover, I’m ill. I have a temperature of 39° C.
across the courtyard towards another, smaller door. Some people stepped over others who had fallen. We were 8,100 candidates, I was told. A man checked our identity papers one after the other. Once you were past him, you ran up another four floors. Probably I didn’t run fast enough, because there was no more room in the studios. I had to sit down on the steps like many others. Tuesday, 10 October 62 I obtained second place at Arts Décos...! I’m hesitating...! I chose Arts Décos after Mr. Charpentier gave me a talking-to when I met him hanging up the exam results (I had great grades in drawing and decoration!). He said it was unbelievable that I hesitated between Métiers d’Arts and Arts Décos. Sunday, 14 October 1962 On Friday I went to see the director in rue de la Ville l’Evêque, who had given me such good advice when my mother died. I thanked her for it. She was very pleased and very proud of me. It depressed me a great deal to go back to the past again. My heart beat strongly when I stole past the green gate in Rue de Miromesnil, where Mum and I had lived. Because I was afraid of being surprised, I didn’t dare to go beyond the centre of the inner courtyard. Even today, although everything goes quite well right now, I still feel nostalgic for the times when we both lived. I miss her so much! It was the same place, and yet... !
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Wednesday, 3 October 1962 I miss my little sisters. Today is Marielle’s birthday. They’re probably celebrating in Marchenoir. I have reason to celebrate, too. I’ve been admitted to Métiers d’Art. What a relief, although I’m uncertain about the choice of my section: building techniques. Alright, I’d do anything. To make a living it’d be more reasonable, but...? What about my drawings, my paintings? Task at Arts Décos: to create a cover of an art book on the history of tapestry from its beginning to today. I liked what I did. I didn’t draw my plaster figure as well as I should have. What a free-for-all, this entrance exam! We were all waiting behind a big closed door. Fortunately I had come on foot two hours early, with my hands full of material. As soon as the door opened, we dashed
Poupées (Dolls) 1976 She paints details like the greatest painters of the past, but there is a premonition in her paintings that is all her own and that is much more moving. A touching question is posed in the empty eyes of Chantal Berry-Mauduit’s creatures, and perhaps the answer lies in the movement of their disjointed bodies. It is the anxiety of a woman conscious of the mystery of her strength and of the finality behind the mask. Françoise Fabian Chantal Berry-Mauduit reveals completely different aspects of the imagination. Her work emits a sort of surrealism that is supported by refined technique and very classical construction. Her expression of materials is admirable: witness, for example, how she depicts precious lace. Her dolls are desirable
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adults. Knots, lace, muslin and supple clothes dress and undress these sensual creatures. A mechanism (of desire) is suggested, feet, legs, fingers (sensual pleasure) and round heads are the machine parts of a desire that becomes transcendent. Corneilles 1979 Translation of a text in Dutch. 1982 Make no mistake: the ribbons, strips, gauze, furs and hair meticulously painted by Chantal Berry-Mauduit only have meaning because of the body they hide. However, this body must remain inert, for otherwise the fascination would evaporate. It is like Roland Barthes’s long examination of the beloved’s body: “I search that other body as if I wanted to see what was inside it, as if the mechanical cause of my desire was inside the body before me (...), if the body I scrutinise abandons its inertia, if it begins to do something, my desire changes (...), stops being perverse”. The body scrutinised by Berry-Mauduit is that of a very fragile, very old doll: its inertia is therefore guaranteed, as is the innocent perversion of the desire it allows, and the troubled pleasure of the spectator who is imperceptibly invited to become a voyeur. Jean-Luc Chalumeau (Page 62)
Taken from a Tin Dama legend – Papua New Guinea Sewn bodies, closed sexes, transfixed faces in a unique expression, the dolls – in the image of the Tin Dama woman (whose clitoris became the moon, while the rest of her body changed into stars) – look at us, immobilised in their postures of miniature statues. Whether their eyes are lowered or wide open, the dolls are disturbing because of what they tell. They smooth out the creases of a past through which they have lived, but of which their features bear no trace. The precious fabrics match their complexion, which is like that of powdered marquises, and sack canvas dresses them as carnally as leather. Who can say what states of consciousness have been crystallised in their memories? Obviously the dolls speak to us, often, and in silence. They use a secret language which eludes us. All that we hear from them are the sounds of mechanical articulations. Part-women, part-polymorphous objects, they allow themselves to be approached and touched and they accept caresses, but cannot allow themselves to return those caresses. Mute witnesses of green paradises and perverse, childish loves, they know the fullness of happiness, but also the annihilation that
follows suffering. They have been present at scenes of meeting and separation and have thus discovered the purity of indecency. Mythical creatures, they people our existence, reassuring or troubling us with the impassiveness of their recumbent state... Inert, they dream of summits and of absolutes. The worst thing that can happen to them is to be forsaken... If one should happen to remain unfeeling to their fate, they cloister themselves in indifference. In Dorian Gray, Oscar Wilde says: “Every portrait that is painted with feeling is a portrait of the artist, not of the sitter.” (original excerpt) Whether the dolls spring from the hands of a child or an artist, they are necessarily lifelike self-portraits. Art is a mirror image of, and an immense reflection on what surrounds us. An entire archaeology tells of the jubilation of being and, at the same time, of the anguish of death. Fantasy is a golden number, a feast of all the senses. Those who know how to let go of it discover transparencies in it that intermingle and echo each other unto infinity. A painting adapts to the light. It absorbs it and it moulds itself with the light. The moment of creation is a state of grace, an indescribable intoxication that causes one to topple from one universe into another. This spontaneity, this emotion, this impulse diffuses the work of art. Memory is bulimic. It accumulates. It archives, without sorting... It is the memory of a memory. Abstraction/Representation: for false problems/false solutions A whole is an accumulation of details, of conscious/unconscious pointillism. Jérôme Cammily 1982
paintings. Painted in soft, pale coulours with unmeticulous precision, their interior more detailed than their outer appearance, these moulded, stuffed, swollen, laced-up amalgams acquire the enchanting aspect of mummies of everyday life... Pierre Cabanne Chantal Berry-Mauduit offers us painted images of very personal reliquaries: a mass of fabrics and rags which were worn in the long-gone days of grandmothers, which are discovered in the chests and cupboards in an attic..., and which envelop the fascinating world of the dolls of long ago. Wrappings and ribbons tightly hug this crumpled fabric ball that is sometimes interspersed with fragments of bone and artificial flowers like those that used to stand beneath globes (and on mantelpieces), commemorating weddings and deaths in an ancestral family cult well-known in rustic France. The lace, tulle and gauze, the girdles, furs and hair thus corseted are entangled in the shapes of inside-out wigs and are just as many transpositions of the inside of the female body, brain or sex. Everything is painted with the applied slowness of “precisionism,” achieving the objectivity and the poetry of so-called “magic” realism, with the superimposed pictorial layers playing on the transparencies. This universe of memory, this archaeology of the “antiquated” world and this transmutation of timeworn lives gradually turns out to be entirely devoted to femininity: lips and folds sometimes part slightly and the sublimated image of birth becomes visible through the swollen, squeezed fabrics, sometimes with the sovereign bulge of a paternal eye above the tear. Paul Gaudibert
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Gestations (Gestations)
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Reliquaires (Reliquaries) ...an artist with a very definite calling, so definite that her virtuosity could lead some onlookers astray by masking what is presented. Berry-Mauduit contrasts leather and fragile fabrics through some very subtle formal strokes of inspiration. In so doing, she feelingly translates the encounter of a highly topical symbolic virility with nostalgic signs of femininity as it was understood in a faraway past ... BerryMauduit’s paintings have a power of enchantment only few contemporary works of art manage to attain. Jean-Luc Chalumeau 1980 The mummies of everyday life A whole repertoire of strange, unusual and equivocal objects crosses and mingles in Berry-Mauduit’s
1986 Totemisation through the accumulation of objects and of traces, that were all significant for their author at one time or another, is moving. The affectivity present, the secrets contained, the associations made, all express instants of life. Chantal BerryMauduit tells us of a place by what it is and by the impression it makes. She places real objects, fossilised and magnified by the artwork, side by side with drawn or painted beaches that reveal moments of sensual, soft abandon for languid bodies. The proximity of lace, dried flowers and other symbols of an old-fashioned, tender, lavender-scented past, and the painted work, which draws upon these happy
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relics, awakens within the beholder strange memories of their own moments of peace, often connected with the age of candour. Childhood is presented here as an eternal and constant prolongation. The artist’s questions are those of the innocence that still manifests itself in our adult lives. The accumulation and the fractionation of the space should not make us forget the perfect drawing technique characterising the intimist, powerful work of Chantal Berry-Mauduit. Michel Faucher 1986 It would be wrong to think that Chantal BerryMauduit’s reliquary paintings are, voluntarily or involuntarily, morbid. By assembling locks of hair, dried flowers, old photographs, faded ribbons or lace, and memories of dead human presence in the structure of her paintings, the artist wants to safeguard the portion of intense life they still contain, a little like Daniel Spoerri in the Sixties, who assembled commonly used objects in his sculptural paintings. However, while Spoerri played with the present, Chantal Berry-Mauduit is interested in the past, and her discourse is very different. There is neither jubilation, nor irony, nor humour in her work. The artist is keen to stop time, the time that constantly comes between the work of art and the person who looks at it. The paintings thus become a concrete representation of the living forces that are still contained in the old objects accumulated by the artist. The materials and the colours (all sienna, ochre, yellow) become links: past and present join together, and from this uneasy fusion the emotion of intense poetry is born. Christophe Pellet
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espaces (Spaces – bodies – objects) 1986 She tells the story of her life and unwinds her memories and intimate spells. Her paintings, which are entitled “Déchirures” (Tears), “Espaces – corps – objets” (Spaces – bodies – objects), “Boîtes” (Boxes) and “Reliquaires” (Reliquaries) are “modern”. The clawed, lacerated rhythm is brisk and spirited and the task lively. However, in the details, some things are in pieces or suggested by fragments and apparitions, and the choice of objects is a poetic anachronism whose ambiguity fascinates and discomfits at the same time. To these painted confidences, Chantal Berry-Mauduit adds a predella of curious ex-votos whose contents are explained by a return to childhood, to the family and to memories. They contain
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concealed sensuality: the little girl, who has become a woman, presses against her fantasies and the woman, who has become a painter, transposes them into paintings where innocent perversion and the emotion of exposed intimacies are mingled. These pale paintings, which only yield their appearances with regret, are as uneasy as dawn dreams and as troubled as evening desires. Pierre Cabanne She usually paints women bound hand and foot by their fantasies, their traumas, their memories, their own sensuality, and their complexity... ...Strong nostalgia and tender violence are knotted together. The art of suggestion, which gives eroticism its palpitations, is sublimated here. Obscurity seals off the surrounding space. Magic, inhabited art, if there ever was... an art of reemergence and of murmurs where cruelty competes against an almost childish tenderness. Cruelty is present in these bonds of leather or hemp, these straps stretched over bundles of flesh or lace; tenderness in these frail reliquaries included on the surface of the painting like little windows, where the yellowed photo and the dried flowers attest to happy days. With obvious perversity, which does not leave us indifferent, the artist patiently ties these links together, strand by strand... and fastidiously traces each stitch of lace, pleats the satin of the ribbon, pulls on the laces of the voluptuous corsets with sadistic application to shut her fantasies tightly into her mysterious packages... No, nothing is trivial in these works that smell of sulphur, sweat and musk, closer to the devil’s first gaze than to children’s dreams. Yet these outstretched hands and these gathered rags may remind us of the gesture of those children who, on the road to the Egyptian temples, used to offer passers-by touching dolls, hastily made from bags stuffed with cotton and painted. Chantal Berry-Mauduit’s work invites us to strange and ambiguous journeys. But are they not above all the conjuring gesture of a sensitive, vulnerable being? Paul Duchein 1986
... the palette has lightened, leaving softly coloured beaches dominated by lavender or sand shades, that are sometimes tinted with crimson and always bathed in clear light. Ties are now untied, but discreetly... Like Louis Pons describes it so well in his preface dedicated to Chantal Berry-Mauduit. “Black has gone far away” “The details make up a whole” “The day progresses like a light, but slightly tense feast.” Paul Duchein 1991 Today, the theme of Alice is merely a pretext for mixing up ancient and new images and for transposing the movement to the attic. Keys would be needed to really get into these paintings, which are a subtle blend of naïve perversities, seductions and demands. ...Which side of the mirror are we on? The broken building blocks, the mechanisms of musical boxes, the top, the goldfish, and the cuddly teddy bear all allude to children’s games. But the presence of a forgotten pair of glasses and a ring on a man’s hand with impeccable cuffs perturbs this apparent innocence. ...Alice reveals herself to better conceal herself or conceals herself to better reveal herself... Here and there, a blue window, a gaping hole or a vertiginous staircase provide getaways or precipitate the fall and the escape. The land of Alice suggests “cosmotainment” where everyone can project their own story and their own fantasies, without the dream ever being limited. The children’s stories are gateways to fear, excitement and magic. Colours of dawn and of twilight Sumptuous glaze, crayons and oils, which are the most beautiful materials of all, pearly lights that sparkle brightly in the painting: there is no complacency here, neither in spirit nor in form. Step by step, without haste but with placid obstinacy, Chantal Berry-Mauduit pursues her path of a slightly witchlike storyteller who knows how to decipher secret desires and how to share that which is too shameful to mention. Marie-Odile Andrade 1991
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De l’autre côté du miroir (On the other side of the mirror)
Temps retrouvés (Time refound)
What is there on the other side of the mirror? Nothing, for most people. Well, yes, there is this wall against which they clash every day. But for the artist, just like for Alice, her model, there is the universe of dreams...
1995 Why have I often stopped in front of Chantal BerryMauduit’s paintings although her style is not situated within the abstract trend? With great attention... Sometimes with perplexity. Always with curiosity.
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Why is there always the theme of childhood and the emergence of the same figure, a hundred times over, moulded, destroyed or transfigured? But the subject has always been a mere pretext for me. What probably kept me standing there much more was the plastic quality of these paintings: the grey and pink shades, the entire complexity of an extremely elaborate painting showing the pleasure of painting. And no doubt is it this pleasure of painting, outside any fashion, that makes me stay another moment in front of Chantal Berry-Mauduit’s work. Michel Ragon ...We are here in a soft and poetic, sometimes playful universe, as evidenced by the ratchet levers of invisible musical boxes hidden in the middle of some paintings. But this universe is devoid of any soppy sentimentality... Marc Hérissé 1996
ovic. They are animated by the same will to tear away, except that the Serbian painter’s figures attempt to escape laterally or into the depth of the pictorial space, whereas those of Chantal BerryMauduit try to appear through the surface... Admittedly, these bodies might seem to escape from a glaciation of memory whose principle is of the passage of time over their beauty... ...To whom should we attribute this resisting body if not to the painter herself, who thereby, from within the history of painting, claims a singular and plural history for woman in this century. Christian Gattinoni 2002
It is an abandoned house at the heart of our imagination, an old attic nobody visits any more, a secret and magic den. There, time has fixed objects from a past life in one immobile movement. The toys, the jewellery, and the clothes are piled any old how into trunks and suitcases. They recall a time we do not know or we only have a vague memory of. With her inimitable style and her impressive mastery, Berry-Mauduit brings us eyeto-eye to the patient eternity inhabiting these forgotten objects. J.P. Chopin 1991
The paintings are most often square and there is a filigree grid of the space, like that used by archaeologists to organise the territory of their digs. Chantal Berry-Mauduit’s paintings are also archaeology, an organisation of the found fragments of a personal history... ...There are words, snippets of sentences, parcels of ribbons or of the faces of old dolls, bits of paper or of fabric... The finished painting appears to be an interior inventory, the cartography of an intimate journey, the scattered autopsy of a soul in movement. It is sheet music for a dance that pairs explicitness and vagueness, the organic and the mental, sensuality and spirituality, the real and the dreamed-of. It is a mysterious space for delicious, infinite microadventures of the gaze. Pierre Souchaud 2003
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Au cœur de la lumière (At the heart of light)
Biography
First, there is white, not like a space of virginity, but like a surface for inscription... Then there is writing as precious as a body’s memory that is being outlined; surface writing consisting of notes taken hastily from the studio, in an attempt to stop and define the earlier states of that body in pictorial terms. That body rises from beneath in a palimpsest and exists only in morsels, defeated and crushed by the layers of the present... Lines gather on a face with rather masculine features, but desire believes that the body, which is the victim of this painting, is undeniably feminine, based on the grace of gestures that have been safeguarded (in the painting). While these bodies seem orphaned, they can claim a connection with Rebeyrolle’s 2-dimensional nudes, without asserting the same chromatic aggressiveness. Other similarities could be found in the energy developed by the suffering figures of artists like Velick-
1944 1948 1953 1955 1956 1957 1958
1959 1960 1962
Birth on 1 August in Angers, Maine-et-Loire Move to Marchenoir, Loir-et-Cher Her father Jean Mauduit gets remarried Move to Paris, school in rue de la Bienfaisance Collège Octave Gréard School in rue de la Ville l’Évêque On 13 April, her mother, Ginette BlaisMauduit, dies after a long illness Obtains school leaving certificate Starts Collège Auguste Renoir (formerly Ganneron) Collège Auguste Renoir Starts studying at Académie de la Grande Chaumière (Charpentier) Obtained 2nd place at entrance exams of École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD) in Paris
1964 Trip to the Lebanon, to Jordan and Syria Married Jacques Berry on 17 December 1965 Wall painting painted from sketches during a trip to Corfu Winner of the Formica Award for interior architecture at ENSAD 1966 Works on the topic Le printemps à Paris Winner of the Renault scholarship ENSAD diploma Travel diaries from Morocco 1967 Fresco at a secondary school training farmers near Vendôme Gallimard-Jaubert painting award Collin-Sturler drawing award Allowed to sit in a loge for the Prix de Rome Last year studies at École Nationale Supérieure des Beaux-Arts 1968 Marouflage painting, old people’s home in Marchenoir Mosaic, hall of Pra-Loup building Adverts for the pharmaceutical laboratory Prophin-Rolland ENSBA diploma 1969 Monumental painted metal work, Blois Monumental work, Pra-Loup building Individual exhibition, Pavilion Anne de Bretagne, Blois Starts exhibiting her work at the Grand Palais in Paris Admitted as trainee to the Institute for the environment (Ministry of Cultural Affairs) 1970 Monumental painted metal work, Ecole de l’électricité, Paris Monumental work, entrance hall Pra-Loup building 1971 Monumental painted metal work, Blois stadium Wall painting, CFA at L’Epine in Paris Teaches “Colours used in interior architecture” at ENSAD 1972 Wall painting and two painted metal works, secondary and nursery schools in Blois Paintings on the theme Les mariées (Brides) Teaches at ENSAD 1973 Several exhibitions at Grand Palais in Paris Starts drawing broken dolls Collioure Award Teaches at ENSAD 1974 Starts working on the theme Les poupées (Dolls) Monumental painting, CNRO in Marseille Painting using laminated techniques, torn paper and special inks from the Quillan factory in Southern France
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Individual exhibition of laminated works at “Maison Week end” Exhibitions at the Grand Palais, Paris Divorce from Jacques Berry Becomes a scholar at the Cité Internationale des Arts in Paris Teaches drawing at Académie Charpentier (Grande Chaumière) Painted metal work, Morée secondary school Installation in a leisure area, Selles-sur-Cher secondary school Collective exhibitions: “Un peintre, un invité,” Artcurial Gallery, Paris Musée des Beaux-Arts, Tours Award from Société Générale Transatlantique Gold medal from Société des artistes français Illustrations for Editions Pauvert Exhibitions at Grand Palais, Paris Starts working with the Dandoy Gallery in Knokke-le-Zoute, Belgium Teaches at Académie Charpentier Collective exhibitions: Galerie Dandoy, Belgium Galerie X, Paris Exhibitions: in May – Grands et Jeunes d’aujourd’hui – and in autumn Award from Club des Amis de l’Europe et des arts “fondation Magorie” Nominated for the Paul Louis Weiller Institute Award Works in a studio at Rue du Colonel Pierre Avia Teaches at Académie Charpentier Wood paintings for Los Angeles Collective exhibitions: Galerie Emmanuel David, Paris Groupe Dialogue, UNESCO, Munich, Strasburg Groupe Nouvelle Figuration, Musée du Luxembourg, Paris Exhibitions: in May – Figuration Critique – and in autumn – Grands et Jeunes Award from the Monte Carlo Conseil international des musées Teaches at Académie Charpentier Marries Pierre Gautier-Delaye Wood paintings, orders for Los Angeles Collective exhibitions: Galerie Tkalfje, Utrecht, Holland (with Véronique Wirbel and Natacha Pavel) Galerie Emmanuel David Group “Peindre et le réel,” Chartres Museum, Prémontrés
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1982
1983
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Exhibitions: Jeunes Peintres – Grands et Jeunes – Figuration Critique Works on the theme of Gestations Wood paintings, order for Los Angeles Collective exhibitions: Group “Peindre et le réel,” Ste Croix Museum in Poitiers, Villeneuve-sur-Lot, Chateaudun, “Nouvelle Figuration,” Mövenpick, Paris “Figures du réel,” Toulouse, Maison de la culture in Montreuil, Saliès Museum in Bagnères de Bigorre, Faches-Thumesnil/ Centre culturel J. Brel Teaches at Académie Charpentier Collective exhibitions: Group “Figures du réel,” Sallaumines Museum Forum des Anciennes Halles de Paris Exhibition Octogone, Paris Petit Trianon, Versailles Pieter Breughel Kunst-Handel Gallery, Holland Exhibitions: Montrouge – in May Teaches at Académie Charpentier Individual exhibition, Galerie Pierre Lescot, Paris Collective exhibitions: “Figures du réel,” Palais des Papes, Avignon “Réalisme de l’imaginaire,” Centre culturel Montreuil and Neuilly “Ni peinture ni sculpture,” Centre culturel St-Cyr L’École “La femme et l’imaginaire,” Guiot Bernheim Gallery, Paris Arts multiples Gallery, Metz Exhibitions: in May – Grands et Jeunes – Comparaison – at the Grand Palais, Paris Teaches at Académie Charpentier Works on the theme of Reliquaires (Reliquairies) Portraits: The Bringer family, the wife of tradesman Emmanuel David Collective exhibition: “Figures du réel,” Lille Museum Exhibitions: at Vitry – Figuration Critique – Jeunes Peintres – Grands et Jeunes – in autumn Teaches at Académie Charpentier Works on the theme Espaces – corps – objets (Spaces – bodies – objects) Portraits: The Claouet Children; The Sabbah Children Collective exhibitions: 7 artists at La Platone Gallery, Paris
1985
1986
1987
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(drawings), Château de Nointel “Figurations 84,” Clermont-Ferrand “Les héroïnes de la littérature vues par la Jeune Peinture,” Bibliothèque Nationale, Paris Exhibitions: Montrouge – Comparaison – Figuration Critique Teaches at Académie Charpentier Individual exhibition, de Causans Gallery, Paris Collective exhibitions: Roybet-Fould Museum Arts Multiples Gallery, Metz City Hall of 10th District, Paris “Figuration Critique,” San Francisco Ito Ham Award (3rd award that year) Teaches at Académie Charpentier Portrait for the collection of the bishop’s palace in Seez (Normandy) Individual exhibitions: Valmay Gallery, Paris Nettis Gallery, Le Touquet Collective exhibitions: Contemporary Art Festival 86, Clermont-Ferrand Figuration Critique, Antwerp Museum, Belgium Teaches at Académie Charpentier A visit to the carnival of Venice inspired several works Retrospective, Hôtel de Ville, Nancy Collective exhibitions: “Réalités – Irréalités” (around Ivan Theimer), Montauban Museum “Figuration Critique,” Musée des BeauxArts, Pau; Espace Acropolis, Nice “Itinéraire 87,” Cité Internationale des Arts, Paris “Les 10 ans de la galérie,” Pierre Lescot Gallery, Paris Portrait of Mrs Lejeune Several paintings using stratified techniques for the first class compartment of an Air France 747 aircraft (Victor Tango) Individual exhibition, Nettis Gallery, Le Touquet Collective exhibitions: “Petits Formats,” Pierre Lescot Galley, Paris Espace Pierre Cardin, Paris ”L’art pour la vie,” Curie Foundation, AAE ENSAD “Dessins,” Greca Gallery, Barcelona “Présence de l’Art Contemporain,” Prague “Bicentennial,” Paris
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Teaches at Académie Charpentier and at École Polytechnique Works on the theme L’autre côté du miroir (The other side of the mirror) Individual exhibition, Coriane Gallery, Paris Collective exhibitions: Espace Pierre Cardin, sale of”Cornette of St. Cyr“ for SOS Armenia ”Le football en couleur,” Paris, Nancy Exhibitions: Mac 2000 – in May – Figuration Critique – Grands et Jeunes Teaches at Académie Charpentier and at École Polytechnique Three works for Air France Boeing 747 400 Individual exhibitions: Circé Gallery, Paris Fardel Gallery, Amiens Collective exhibitions: Cultural centre, Dammarie-les-Lys Jeune peinture, jeune sculpture, Cultural centre, Courbevoie ”Le blanc,” Cultural centre Espace Art, Brenne “French Adventure,” Lemarié-Tranier Gallery, Washington International trade fair “Linéart,” Fardel Gallery, Ghent, Belgium Exhibitions: in May – Angers – Figuration Critique – Grands et Jeunes Teaches at Académie Charpentier and École Polytechnique. Works on the theme Les temps retrouvés (Time refound) Individual exhibitions: La Coupole Montparnasse, Paris Art-Expo Gallery, Paris Guériguen Gallery, Metz Aletheia Gallery, Lille Collective exhibitions: Exhibition by the group Den, Paris Mann Gallery, rue Guénégaud, Paris Catherine Guérard Gallery, île St Louis, Paris Alternance Gallery, Boulogne Biennial event at Manège Royal, museum in St Germain-en-Laye “Art et sport,” City hall of the 18th District, Paris Exhibitions: in autumn – Grands et Jeunes – Figuration Critique Teaches at Académie Charpentier and at École Polytechnique Individual exhibitions: Néttis Gallery, Le Touquet Fardel Gallery, Amiens
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Collective exhibitions: Anne Lavenier Gallery, Barcelona Jean Briance Gallery, Paris Catherine Guérard Gallery, île St Louis, Paris Alternance Gallery, Boulogne Exhibitions: Mac 2000 – Comparaison – Grands et Jeunes Teaches at Académie Charpentier and at École Polytechnique, Appointed master lecturer Individual exhibitions: Varga-Darlet Gallery, Bordeaux Martine Brasseur Gallery, Reims “Art présent,” Hôtel de Ville, Calais Palais des Congrès, Vittel ”Peinture contemporaine,” Espace St Simon, Marne la Vallée “Jeune peinture, jeune sculpture,” Cultural centre, Courbevoie “L’art à l’école en 1993,” Paris Exhibitions: 6th biennial event of the 109 – École Polytechnique, works on paper “Arts plastiques de l’X,” Grand Palais, Paris Collective exhibitions: “Poupées d’artistes,” Lefor Openo Gallery, Paris Varga-Darlet Gallery, Bordeaux Fardel Gallery, Amiens Festival of Aniane, in Aniane Film Festival, ”L’art fantastique,” Gérardemer ”Congrès mondial de la poupée,” La Vilette, winner of the “Jumeau trophy” Espace Molière, Agde Groupe ARPA, Salpétrière Exhibitions: MAC 2000 – Bicentennial of the École Polytechnique Teaches at École Polytechnique Retrospective, Galérie du Conseil Général, Blois Collective exhibitions: Art présent Gallery, Arras “art 1995,” Cultural centre, Bouffemont Festival d’art contemporain, Tours Biennial event of the 109, Espace Eiffel, Paris Biennial event 95, Espace culturel, Grossemy ”L’art en mouvement,” Musée d’art contemporain, Chamalières Exhibitions: Comparaison – L’X d’Aubusson Teaches at Académie Charpentier and at École Polytechnique Individual exhibitions: Institut d’art visuel Gallery, Orléans Scapa Gallery, Vallamand, Switzerland Deprez-Bellorget Gallery, Paris
1997
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Collective exhibitions: Le Scribe Gallery, Montauban Véra Museum, St Germain-en-Laye Exhibitions: The new autumn exhibition – Les 109 à la campagne – in May – Tuileries, City hall of Paris Works on the theme Tendresse (Affection) Collective exhibitions: ”Chapeaux d’artistes,” Lefor Openo Gallery, Paris Kara Gallery, Europ’Art international fair, Geneva “L’art en Sologne,” Château des Stuarts Groupe Dialogue, Institut Cervantes Open doors at the Archipel studios Exhibition MAC 2000 Teaches at Académie Charpentier and at École Polytechnique Works on the theme Héritage préservé (Preserved heritage) Collective exhibitions: Cultural centre, Courbevoie “Rencontres d’un jour,” Espace Paul Ricard, AAE ENSAD “Esprit d’un lieu,” Orangerie du Luxembourg, Paris Espace Michel Simon, Marne-la-Vallée Exhibitions: École polytechnique – in autumn Guest of honour, Étampes Teaches at Académie Charpentier and at École Polytechnique Individual exhibitions: Fardel Gallery, Le Touquet Espace Ofivalmo, Paris Collective exhibitions: Lefor Openo Gallery, Paris (mini formats for the year 2000) Exhibitions: MAC 2000 Teaches at Académie Charpentier and at École polytechnique Works on the theme Au cœur de la lumière (At the heart of light) Monumentoile (Monumental painting), 3 x 4 m, for L’Atelier d’art plastique in Allonnes Individual exhibition: Fardel Gallery, Le Touquet Collective exhibitions: Espace Lhomond (around Baldet) ”Variations “(works on paper), Espace culturel, Belleville Guest of honour, Le Grand Quevilly Exhibition in autumn Collective exhibitions:
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Municipal Gallery in Uzès Musée de la Poste, Paris Montparnasse Exhibitions: in Etampes – Drawings – in autumn – Espace Auteuil Lucie Rivel (Taylor Foundation) award Medal from the town of Étampes Teaches at Académie Charpentier and at École Polytechnique Exhibition: MAC 2000 Teacher at the Académie Charpentier and at the École Polytechnique Individual exhibitions: Fardel Gallery, Le Touquet A de Forceville Gallery, Paris Espace Lhomond, Paris (with Machat) Maison des arts, Évreux, Dept. of Cultural Affairs (with Rémy Aron and Jean Rougé) Collective exhibition, factory in Zabu, Normandy Exhibition in autumn Teaches at Académie Charpentier and at École Polytechnique Individual exhibition, Cultural centre, Savigny-le-Temple Collective exhibitions: “George Sand,” Nohant Museum Artactua Gallery, Le Mans Exhibition in autumn Teaches at Académie Charpentier Gathering material for a future monography Work on her monography Writes her”memoirs” Drawings on the theme”La mémoire en lambeaux“(Memory torn to shreds) Collective exhibition, City hall of Auzeville, Toulouse Exhibition in autumn Teacher at the Académie Charpentier Individual exhibition, Manoir de Vacheresse Museum, Nogent-le-Roi Exhibitions: Ville d’Étampes – in autumn at the Grand Palais, Paris Teaches at Académie Charpentier
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Acknowledgements Compiling a publication of an artist’s work is a very important stage. Something inside me incited me to do it in the form of a diary. For honesty’s sake, I let myself be carried by wherever my mood took me, just like when creating a painting. Showing a finished painting is nothing compared with waiting for the reaction of the first person who reads my draft and gives me their opinion...! The first person that read my project was my husband, Pierre Gautier Delaye, whom I wish to thank for his enormous patience. He encouraged my determination. Second, Madeleine Mottuel, whom I wish to thank for her availability, my sister Marielle, as well as my painter friends – the writers Louise Barbu, Jean Schoumann and his wife Brigitte. I wish to thank my former students Catherine Guiral and Jérôme Coudray, who showed me the basics of computing, as well as Didi who was present every time there was a technical problem. I thank my photographer and friend Geoffroy Parisot who made the ektachrome slides of my works. I particularly thank Marie-Odile Andrade whom I met when she contributed to Pierre Souchaud’s publication in 1986. She has long since become a friend and gave me her precious advice for this book. Milan Kundera did me the honour of showing interest in my paintings after visiting the exhibition at Rue Lhomond in 2003. “Chantal, every painting is like an open book,” he said when visiting me at my studio with his wife Vera. I waited for a long time before daring to show him my draft. I thank him for carefully reading and looking at every reproduction. I particularly wish to thank my editor, Till Schaap, for his patience in understanding and respecting my wishes. He and his team at Benteli Editions, innovative in their daring and outstanding in their quality, provided all the expertise they bestow on every artist.
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Deutsche Übersetzung
Ich widme dieses Buch meinem Mann Pierre Gautier Delaye, der sich darauf verstand, mir zu helfen, und der Anteil an meinem Leben nahm, einem Leben voller Liebe und heimlichem Einverständnis. den jungen Menschen, die in der Einsamkeit davon träumen, «Künstler» zu werden, jenen Familienangehörigen, die es jetzt oder künftig interessiert, meinen Freunden, Sammlern, Händlern, Schriftstellern, die mich ermutigt haben, und all jenen, die sich darauf freuen, meine Arbeit zu entdecken. Und nicht zuletzt einem hoffnungsvollen 14-jährigen Mädchen, dessen Motto lautete: Arbeit, Liebe und Beharrlichkeit.
Madame, was ist ein Künstler? «Das ist jemand, der immer schwarz gekleidet ist», gab einer meiner Schüler an der École Polytechnique zur Antwort. Diese kleine humorvolle, auf mich gemünzte Bemerkung hatte mich amüsiert. Aber die Antwort ist viel weitreichender. Bedeutende Professoren begeistern sich für neue Erkenntnisse, welche die höheren Funktionen des Gehirns mit dem künstlerischen Schöpfungsakt in Verbindung bringen. Am 23. November 2002 veranstaltete die AAE (Association des Anciens Élèves) der ENSAD einen Vortrag des so charmanten Professors Changeux, der am Collège de France und Institut Pasteur in Paris lehrt und die rührende Einfachheit der Grossen besitzt. Dieser Vortrag hat mich tief beeindruckt. Changeux zufolge entgeht das Kunstschaffen der Wissenschaft (und dem Bewusstsein ...!) nicht mehr. Unter der Bezeichnung Neuroästhetik werden alle Teile unseres äusserst komplexen Gehirns analysiert und nahezu umfassend erklärt.
Auf die Künstler bezogen, habe ich mir subjektiv Folgendes gemerkt: Schöpferischsein ist demnach die mentale Synthese: – einer konstanten, spontanen Aktivität unseres Gehirns und seiner Resonanz. – dessen, was das Langzeitgedächtnis speichert, unter Berücksichtigung der Evolution unserer genetischen Hülle seit ihrer Entstehung. – des Abdrucks der Aussenwelt, während von der Kindheit bis hinein ins Erwachsenenalter Neuronen gebildet werden. – unserer Erlebnisse, Emotionen und Gefühle. – der Fähigkeit zur Betrachtung, Wahrnehmung und Analyse der visuellen Welt, ein durch den Blick geschärftes Gehirn. – der Urteilskraft angesichts der Erforschung des Inneren, emotionale Macht. – des Mediums, das die Neutranskription der Information gestattet, eine neuronale Palette, die die Zustände unseres Zentralnervensystems aufzeigen kann, das sich immer wieder erneuert. – der konstanten Weiterentwicklung der Kunst.
teln, seine Empfindungen zum Ausdruck zu bringen; eine Fingerspitzenintuition, um dieser inneren richtungweisenden Kraft eine feste Form zu verleihen.
Meine heutige Reaktion darauf – hier schöpfe ich aus meiner eigenen Erfahrung – ist eine «Sammlung» von Stationen meines Werdegangs, meiner Entwicklung mit jenen Menschen, die meinen Weg gekreuzt und mich ermutigt haben. «Voir est déjà une opération créatrice qui demande un effort.» Henri Matisse
Pierre Cabanne
Neben den Werken gibt es von talentierten Schreibern und Künstlern verfasste Texte, bescheidene Notizen von mir, die ich auf meine Palette gekritzelt habe, sowie einige Auszüge aus meinem intimen verschwiegenen Tagebuch, das mich viele Jahre begleitet hat. Der Stil ist etwas unbeholfen, aber spontan, denn ich wollte wahr und authentisch sein. Die Geschichte wiederholt sich nicht, ein Künstler lebt das Abenteuer im Alltag. Es ist unerheblich, welches Medium er verwendet, solange er es so weit beherrscht, dass er dem Geist (mittels der Hand) gestatten kann, zu fantasieren und die nicht greifbare, so tief empfundene Lust zu vermit-
Ich spreche lieber von lebender Kunst als von zeitgenössischer Kunst Und lieber von Gelüsten als von Ideen die verlorene und wieder gefundene kindheit nährt mit ihren geheimen wunden das intimistische werk von berry-mauduit, in dem die ungewöhnlichen oder mehrdeutigen objekte – puppen, reliquiare, spiegel – zugleich das verstreichen der zeit, ihre zerstörung, ihre obsessionen, ihre aggressionen und ihre glücksmomente symbolisieren. Vor allem jene, die die Malerei ihr schenkt.
11 12 13 14 15 16 17 18 18 19 19 10 11 12
Die rosaroten Jahre Die weissen Jahre Die blauen Jahre Die Puppen Tragzeiten Reliquiare Räume – Körper – Objekte Auf der anderen Seite des Spiegels Die wiedergefundenen Zeiten Zärtlichkeit Bewahrtes Erbe Mitten im Licht
Autobiografie Bibliografie
1944–1952 1953–1962 1962–1973 1973–1979 1980–1983 1983–1984 1984–1988
17 21 37 59 79 95 101
1988–1991
107
1991–1996 1996–1998 1998–2000 2000–2006
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Die rosaroten Jahre 1944–1952 Der erste Teil des Buches spielt im Jahr 1942. Jean Mauduit, der aus einer provinziellen Familie aus La Flèche stammt, ehelicht in Paris Ginette Blais, die im modernen Paris geboren wurde. Er ist 22, sie 20 Jahre alt. Sie heiraten in der Dreifaltigkeitskirche. Ohne den Grossvater väterlicherseits, für den «die» grosse Stadt die Stadt des Lasters ist. Die «Frucht» dieser grossen Liebe – «ich» – Kommt am 1. August 1944 an – Zur selben Zeit wie die Amerikaner in Angers. Am Tag meiner Taufe, im Juli 1945, kommen die beiden Familien und die Freunde zu einem grossen Fest zusammen, die Zukunft zeigt sich sehr vielversprechend
jeden Samstag die Verleihung der Medaillen für gute Schüler, die der Herr Pfarrer uns um den Hals hängte. Im Jahr 1953 nimmt mein Leben eine andere Wendung, als Papa beschliesst, sich eine neue Frau zu suchen. Sie muss strahlend schön sein, damit Mama sich ärgert. Er findet eine sehr schöne. Aus «Papa-Bohème» wird «Papa-Gernegross». Das geht so weit, dass er eine behelfsmässige Dusche bastelt und das Zimmer mit Lilien schmückt. Unser Leben, das inzwischen von der bösen Stiefmutter bestimmt wurde, beängstigte mich. Ein ganzes langes Jahr völlig von Mama isoliert. Niemand erzählte mir, dass sie einen Prozess führte, um mich zurückzuholen. Sie gewann und ich war glücklich, wieder geliebt und beschützt zu werden, aber traurig, dass ich mein Dorf für Paris verlassen musste.
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Mama spielt leidenschaftlich gern Klavier und ist sehr begabt. Da sie schnell Geld verdienen will, lehnt sie mit 16 Jahren das Angebot ihrer Lehrerin Madame Casadessus ab, sie ans Musikkonservatorium zu bringen.
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Die weissen Jahre 1953–1962 (grünes Heft) handeln von einer Lebensveränderung. Von dem Bedürfnis, den eigenen Weg zu finden – und wie man ihn findet –, wenn man den Zwang verspürt, Künstler zu werden Vom Atelier de la Grande Chaumière in den 1960er Jahren, das auf die Prüfungen der grossen Kunstakademien vorbereitete. Ich schreibe über meine eigene Erfahrung, es betrifft nur mich. (Seite 22)
Die Kastanienbäume im Hof, die Tintenfässchen in den Pulten, deren Tinte man sparsam verwenden musste, das Knirschen der Griffel, der Geruch der alten Bücher, die bei jedem Schulbeginn neu eingebunden wurden, die Hitze der Holzscheite, die die Älteren abwechselnd in den Ofen legten, die Papierverkleidungen für die Theateraufführungen, die im Speicher aufbewahrt wurden,
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Auszüge aus dem Tagebuch, begonnen am 12. September 1958 12. September 1958 Liebe Katie, Katie, ich fühle mich so allein, seit ich wieder in Paris bin. Ab heute wirst du meine Vertraute sein, damit ich das Gefühl habe, noch einmal die Zeit zu erleben, in der alles gut war: Die magische Zeit der Puppen mit den Porzellangesichtern. Ich bekam dich von Grossmama geschenkt, ich weiss, dass du dort in La Flèche bei Grosspapa auf mich wartest. Seit letztem Jahr ist so viel passiert! Ich versuche mich an den Juni 1957 zu erinnern: Einer der vielen Ärzte, die Mama wegen nicht enden wollender Halsschmerzen konsultierte, hatte ihr gesagt, wie ihre Krankheit hiess. Wir hatten uns nicht getraut, zuzugeben, dass wir die Bedeutung dieses Namens – Hodgkin – nicht kannten. Ich sehe uns noch, wie wir beide nach diesem neuen Wort suchten – vergeblich. Viel zu kompliziert für meinen kleinen Larousse. Kurze Zeit später, im August, hatte Papa sie in Ardenay gefilmt; in diesem Dorf in der Nähe von Dourdan stehen nicht mehr als sieben Häuser; es roch gut nach Natur und Erinnerungen. Wir waren alle dort zusammengekommen, bevor sie in Urlaub fuhr; Mama wollte mit ihrem künftigen zweiten Ehemann Robert Portal nach Spanien reisen. Wir verabschiedeten uns. Im Auto, das mich nach Marchenoir brachte, war ich
traurig und weinte heimlich, denn ich bedauerte, wieder einmal von Mama getrennt zu sein. Bei ihrer Rückkehr, letztes Jahr im September. Mir kommt es vor, als liege das so weit zurück, fast in einem anderen Leben ...! Mama hatte ihre Reise sehr genossen und schien sich ein wenig erholt zu haben; wir trafen Vorbereitungen für mein neues Schuljahr. Daraufhin hatten sich meine Schulnoten wie durch ein Wunder unglaublich verbessert ...! Nach einem Besuch bei meiner Direktorin hatten Mama und ich beschlossen, ich solle die Aufnahmeprüfung einer Fachschule machen, die auf Zeichnen spezialisiert war, das Collège Ganneron. Ich war von diesem Plan begeistert, bedauerte aber dennoch ein bisschen, dass ich meinen grossen Wunsch, Operntänzerin zu werden, aufgeben musste. Zur Belohnung hatte Mama sich bereit erklärt, mir Unterrichtsstunden bei Mademoiselle Zambelli zu schenken, wo die «kleinen Ballettratten» trainierten. Sie war eine ehemalige, inzwischen uralte Primaballerina, die einem immer mit einem Stöckchen auf die Beine klopfte. Mit Erstaunen hatte sie die abgewetzten Spitzen meiner Ballettschuhe gesehen, obwohl es meine erste Unterrichtsstunde war. Ich hatte Komplexe wegen meiner etwas stämmigen Beine, aber sie sagte mir, ich hätte durchaus den richtigen Körperbau fürs Tanzen. In den ersten beiden Stunden übte ich nur an der Stange. Danach sollte ich mich zu den anderen in die Mitte stellen – was mich einerseits beunruhigte, andererseits aber begeisterte –, denn Mademoiselle Zambelli prophezeite, ich würde bei diesem Tempo meinen Rückstand schnell aufholen. Mama ging es wieder schlechter, sie verlor ihre Stimme. Nachts stellte ich mich mit ihr an das weit offene Fenster, um ihr beim Atmen zu helfen. Sie war oft im Broussais-Krankenhaus, wo ich sie immer donnerstags und sonntags besuchte. Robert fuhr sie nach Créteil zu seinen Eltern, die angeboten hatten, sich um sie zu kümmern, um ihn zu entlasten. Die Professoren des neuen Krankenhauses versuchten es mit einer neuen Behandlung. Die Osterferien nahten; nur widerwillig reiste ich nach Marchenoir und bedauerte, mich wieder einmal von Mama zu entfernen. Eines Tages rief jemand an und bat mich, schnell nach Paris zurückzukommen. Ich sagte nichts, doch ich wusste, Mama würde sterben. Im Zug, der mich nach Paris brachte, diskutierten zwei Nonnen in meinem Abteil; ich hingegen dachte an Mama. Im Krankenhaus liess Robert mich mit ihr allein.
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Als ich sie sah, war ich beruhigt, es schien ihr nicht so schlecht zu gehen, wie ich befürchtet hatte, doch sie sprach von ihrer Angst um meine Zukunft: «Schade, dass Robert nicht dein Vater ist, denn bei deinem Vater wirst du nicht gut aufgezogen.» Ich verliess sie und hatte vor, tags darauf wieder zu kommen. Nachdem Robert mich bei seinen Eltern abgesetzt hatte, fuhr er noch einmal ins Krankenhaus. Als er zurückkam und ich seinen Blick sah, erriet ich, dass Mama uns verlassen hatte. Ich begriff, dass ich keine Zeit verlieren durfte, wenn ich wie geplant aufs Collège Ganneron gehen wollte. Deshalb beschloss ich, Papa nichts von der Aufnahmeprüfung zu erzählen, und liess die Anmeldeformulare von meiner Grossmutter unterschreiben. Sie hatte mir versprochen, mich bei sich aufzunehmen, falls ich die Prüfung bestand. Ich wurde Siebtbeste, das musste ich bekannt geben. Papa war nicht allzu begeistert darüber, mich so jung allein in Paris zu lassen. Meine Grossmutter hatte es sich anders überlegt und wollte mich nicht mehr bei sich wohnen lassen. Ich war erst dreizehn Jahre alt, bei Schuljahresbeginn aber vierzehn. Meine Schuldirektorin und meine Lehrer, die mit meinen Ergebnissen sehr zufrieden waren, machten ein Heim ausfindig, das junge Mädchen in meinem Alter aufnahm. Papa akzeptierte meinen Plan. Michelle brachte mich zusammen mit Janine (einer Krankenschwester und Freundin) zur Gare des Aubrais. Zum ersten Mal fielen mir an jenem Tag an meiner Stiefmutter etwas «menschliche» Züge auf. In dem Moment, wo ich mit meinem Köfferchen und dem grossen Malerkasten, den Papa mir gebastelt hatte, in den Zug kletterte, fragte sie mich, ob ich wirklich abreisen wolle, und bot mir an, wieder mit ihr nach Hause zu fahren. Ich muss sagen, dass es mir ein bisschen bang ums Herz war und die Versuchung sehr gross war, die hohen Stufen, die ich bereits erklommen hatte, wieder herunterzusteigen. Ich antwortete, ja, ich wolle abreisen. Und so bin ich heute, Katie, im Foyer Sainte Eugénie. Ich teile mir ein Zimmer mit einem sehr fröhlichen Mädchen aus Guadeloupe und einem aus Rodez. Beide sind sehr nett. Ich kann es kaum erwarten, zeichnen zu lernen. (Seite 28)
17. Dezember 1958 Robert hat mich im Heim besucht, die Vergangenheit kam wieder hoch, seltsam, angenehm und grausam
zugleich. Bei dem Gespräch waren wir beide unbeholfen und die kalte Atmosphäre des Besuchszimmers schüchterte uns richtiggehend ein. Ich hatte das Gefühl, als seien wir beide mit dem Fallschirm in einem neuen Leben gelandet, das wir uns nicht gewünscht hatten, und dann noch dieser Kummer, der uns die Kehle zuschnürte. Dann ging er, und ich war wieder mit meiner Gegenwart konfrontiert. Morgen beginnen die Weihnachtsferien, und ich freue mich, Papa und meine kleinen Schwestern wieder zu sehen. Ich vermisse meine Hündin Xylette, die jetzt bei Oma Portal ist. Schade, dass sie nicht hier bei mir im Heim sein kann! 6. Januar 1959 Ich habe inzwischen den Eindruck, an diesem Collège Ganneron meine Zeit zu vergeuden, und Zeit habe ich nicht viel. In den Ferien war die Atmosphäre zu Hause nicht einfach. Ich habe immer Angst, Papa könnte mich nach Marchenoir zurückschicken, wegen des Geldes. Wären meine Eltern Künstler, würden sie mir helfen und mich verstehen. Na ja, ich bin trotzdem in Paris. Aber ich muss mich beeilen und standhaft bleiben. Ich habe gehört, dass die beste Schule die École des Arts décoratifs ist, aber ich glaube, mit vierzehn bin ich noch zu jung, ich weiss nicht, wen ich fragen soll. 15. Februar 1959 Ich arbeite weiterhin sehr viel, aber ich denke immer an die Arts décoratifs. Gestern habe ich am Bahnhof von Beaugency J-L-B getroffen, den Sohn des Grundschullehrers von Marchenoir, der in Paris Medizin studiert. Sein Mitbewohner im Studentenheim ist Schüler an der ENSAD, ich muss ihn kennen lernen. 14. März 1959 Wir haben diesen Jungen besucht, der an der École des Arts décoratifs ist, ich habe erfahren, dass er sich auf eine sehr schwierige Prüfung vorbereiten muss: Von 1500 Kandidaten werden nur 80 genommen. Es gibt auch die École des Beaux-Arts, aber da brauche ich mir keine Illusionen zu machen, Papa wird nie einwilligen, dass ich Malerin werde. Die beste Vorbereitungsschule ist die Académie de la Grande Chaumière, Direktor ist Monsieur Charpentier, aber die ist sehr teuer. Wie soll ich Papa beibringen, dass ich nicht mehr ins Collège, sondern in eine kostenpflichtige Schule gehen will, und wo soll ich das Geld hernehmen?
Mittwoch, 11. Mai 1960 Zum Glück lese ich sehr gern, gerade bin ich mit «La Brière» und «Die Sterne blicken herab» fertig geworden. Die Bücher leisten mir abends Gesellschaft. Damit ich nicht mit meinen Mitbewohnerinnen reden muss, gehe ich erst dann in den Duschraum, wenn dort niemand mehr ist, und richte es so ein, dass mich beim Abendessen niemand anspricht. Ich leide unter meiner Menschenscheu, aber ich bin nicht in der Lage, auf die anderen zuzugehen. Im Collège ist das zum Glück ein bisschen anders. Montag, 16. Mai 1960 Letzten Samstag kam Oma Portal mit Robert, um sich die Ausstellung im Collège anzusehen. Mehrere meiner Zeichnungen waren ausgestellt. Die beiden sind geblieben, um sich anzusehen, wie ich die «Aufforderung zum Tanz» (von Weber) tanzte, die ich für die Aufführung der Schule in Marchenoir im Frühjahr 1958 kreiert hatte. «Le temps d’une rose» («Die Zeit einer Rose»), Seite 173, ist zur Erinnerung an dieses Ballett gemalt worden. Unsere Direktorin hatte viele Leute eingeladen. Sie hat mich beglückwünscht, darüber habe ich meinen Kaugummi verschluckt, ich habe das Gefühl, er steckt mir noch im Hals, ich hoffe, er verschwindet bald. Ich habe meinen Lehrern angekündigt, ich hätte vor, das Collège zu verlassen, um mich an der Akademie auf die Aufnahmeprüfung der ENSAD vorzubereiten. Sie sind ganz aus dem Häuschen und warnen mich vor den Risiken, die ich eingehe, wenn ich kein Abitur habe. Da ich eine gute Schülerin bin, prophezeien sie mir einen glänzenden Erfolg. Aber ich langweile mich am Collège, ich will etwas anderes. Heute bin ich fünfzehneinhalb Jahre alt. Wenn ich dieses Abitur erst mit 17 mache, kann ich die Arts décoratifs vergessen. Papa wird sagen, ich sei zu alt, um weiterzustudieren, und wird verlangen, dass ich Geld verdiene. Ich weiss, dass es gewagt ist, aber ich habe es beschlossen. Papa weiss nichts davon, aber ich werde Malerin werden. Um Künstler zu sein, muss man Poet sein. Ich glaube, ich besitze diese Gabe, aber nicht sehr ausgeprägt, nur so viel wie nötig. Derzeit lese ich das Werk von Zola, die Geschichte eines Malers. Das ist schön, ich sehe, was ein Maler empfindet. In mir ist es im Entstehen begriffen, aber ich brauche Zeit, um mich zu entfalten. Leider hat es eine Frau nicht leicht, sie heiratet, bekommt Kinder und die «Karriere» geht in der Ehe unter. Das ist wirklich katastrophal!
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Wie weitblickend ich doch bin! Fürs Erste werde ich mich einfach bei der Académie Charpentier vorstellen. Bis jetzt habe ich als Amateurin gearbeitet; jetzt geht es endlich richtig los. Ich habe weder eine richtige Freundin noch jemanden, der mich versteht, ausser dir, Katie.
Ich muss mich zwingen, nur die guten Seiten des Lebens zu sehen. Ich bin gerade 16 geworden, ich werde viel arbeiten und dann je nachdem, welche Lehrer ich habe, sehen, ob ich begabt bin oder nicht. Papa wird nach Paris kommen, damit man ihn darüber informiert.
24. Juni 1960 Ich komme von meinem wichtigen Besuch zurück und bin wirklich zufrieden. Weisst du, keine Concierge mehr an der Pforte, die den Eingang bewacht, es scheint dort sehr ungezwungen zuzugehen. Die Direktorin ist sehr nett, sie findet mich ein bisschen jung, meint aber, ich wirke seriös und es herrsche eine gute Atmosphäre. Sie hat meine Mappe gesehen und mich gleich fürs zweite Studienjahr eingeschrieben, sie hat verstanden, dass ich keine Zeit zu verlieren habe. Im Moment höre ich Jazzgesang und mein Herz singt ebenfalls. Wenn du sehen könntest, wie sympathisch die Gegend ist, in der ich wohnen werde: Montparnasse! Dort wird es Jungen geben, ich darf nicht mehr alle fünf Minuten rot werden. Ich müsse mich gut organisieren, hat die Direktorin gesagt. Als Erstes werde ich eine Diät machen.
Montag, 3. Oktober 1960 ENDLICH! Seit Freitag bin ich in Paris. Morgen fängt der Unterricht an ...! Ich werde verzweifeln, wenn ich im Vergleich zu den anderen nichts tauge.
21. September 1960 Die Ferien in Marchenoir gehen zu Ende. Ich habe solche Angst vor der Zukunft. Manchmal bin ich mir nicht sicher, welchen Weg ich einschlagen soll; es gibt niemanden, der mich führt, es ist, als ob es Nacht wäre. Ich hoffe, es war eine gute Entscheidung, das Ganneron zu verlassen. Meine einzige Hoffnung ist meine Arbeit.
Mittwoch, 5. Oktober 1960 Heute ist es sehr gut gelaufen. Unser Lehrer ist der Sohn des Direktors M. Charpentier, er erklärt sehr gut, wir müssen ein Gipsmodell pro Woche mit Kohle bemalen, immer vormittags.
Freitag, 23. September 1960 Heute Abend bin ich verzweifelt, alle enttäuschen mich, es ist nicht ihre Schuld, sie haben ja keine Ahnung, sie haben nur ihre Freunde im Kopf. Ich muss unbedingt dieses Jahr an der Arts décos aufgenommen werden, sonst bin ich erledigt. Es wäre besser, ich würde nicht existieren. Wenn das so weitergeht, werde ich mich in ein Kloster zurückziehen. Ich bekomme Kopfschmerzen, wenn ich mir anhören muss, ich sei nicht begabt und werde es nie zu etwas bringen. Irgendwann glaube ich ihnen noch. Aber im Collège war ich immer unter den Ersten, das haben sie vergessen. Ich darf den Mut nicht sinken lassen. Zum Glück hat Mama in puncto Geld an mich gedacht, bevor sie starb. Wie sie mir fehlt! Ich bin froh darüber, dass ich Papa gezwungen habe, mir das Geld für den Unterricht im Juni zu schicken, denn heute würde er es nicht mehr tun.
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Dienstag, 4. Oktober 1960 Ich habe den Korridor betreten, der zum Atelier führte, ein sehr grosses, altes Atelier, man hat mich in die erste Reihe gesetzt, ganz rechts, ganz nah an den dicken schwarzen Ofen, zwischen einen jungen Mann und ein junges Mädchen. Wir sind ungefähr 80. Ich bin ganz verschüchtert in meinem Eckchen geblieben. Ich muss unbedingt etwas tun. Ich habe meinen ganzen Mut zusammengenommen, um das Gipsmodell zu bemalen, und das Ergebnis hat mich, verglichen mit meinen Nachbarn, beruhigt. Morgen muss ich die Direktorin ein Papier unterschreiben lassen, es ist sehr beeindruckend, in ihr Büro zu kommen.
Mittwoch, 28. Dezember 1960 Treffen im Louvre um 14.30 Uhr, wo wir vor allem David, Ingres und Delacroix gesehen haben, den ich so liebe, ich war glücklich. Wir sind an den Quais zurückgegangen, es war sehr kalt, aber ich fühlte mich wohl. 2. Januar 1961 Morgen erwarten wir Besuch. Monsieur und Madame Leygue, die Verwandte in Marchenoir haben, kommen zu uns. Papa will, dass ich ihnen meine Mappe zeige und gleichzeitig das Plakat, das ich letztes Jahr gemacht habe und mit dem Frauen gebeten werden, in der Klinik und nicht mehr zu Hause zu entbinden. Für dieses Plakat habe ich Bilder aus Modezeitschriften herausgerissen und aufgeklebt. Papa hat meine Arbeit mit dem Satz «Das ist nichts Halbes und nichts Ganzes» niedergemacht und ich habe einen ziemlichen Rüffel bekommen! «Du fährst nicht mehr nach Paris» usw.
3. Januar 1961 Ich hatte Angst vor M. Leygues Besuch und seiner Aufforderung «Geh und hol das Plakat ...!» Nun ja, Katie: Nicht nur das Plakat und die Idee mit den Papierschnipseln haben ihnen sehr gefallen, sie fanden auch meine Mappe gut. Papa hat sich mit einem «Ja, aber ...! Fürs Land ...! Das ist ein bisschen zu modern ...! » herausgeredet. Vielen Dank, Monsieur und Madame Leygue! 21. November 1961 Oma und Opa Portal nehmen mich bei sich auf. Da ich an der Arts décos nicht aufgenommen wurde, wollte Papa meine Pension nicht mehr bezahlen. Zum Glück kann ich von Mamas Geld den Unterricht für mein zweites Jahr an der Akademie bezahlen. Ich habe ein schönes, sehr modern eingerichtetes Zimmer und habe meine Hündin Xylette wieder. Sie ist alt, meine Hündin, aber wir sind so glücklich, wieder zusammen zu sein! Aber ich brauche zum Unterricht 20 Minuten zu Fuss, 30 Minuten mit dem Bus (wenn er gleich kommt) und eine Stunde mit der Métro (keine direkte Verbindung). Im Moment läuft alles gut und ich bin sehr verliebt! In wen? In meine Arbeit. Ich bin verrückt danach, ich habe mich noch nie so engagiert und ich mache Fortschritte. Niemand wird mich für eine Angeberin halten, denn ich schreibe es ja in mein Tagebuch und es wird keiner lesen. Gestern hat Monsieur Charpentier gesagt: «Da ist ja unsere zukünftige Meisterin!» Er hatte wirklich einen guten Tag! Ich segne die Familie Portal, die mir ermöglicht, mein Studium in Paris fortzusetzen. 14. Februar 1962 Heute Vormittag war unser Gipsmodell ein ägyptischer Kopf. Nachdem ich mit der Gestaltung begonnen hatte, bekam ich Lust, mich in abstraktere Rhythmen zu flüchten. Ich lebte dieses Modell, es wurde auf dem Papier lebendig, es gab nur diesen Blick und dieses Lächeln, dieses Innenleben, ich flüchtete und blieb dabei doch ganz beim Thema. Der Kopf wurde zur Mumie und dann habe ich ihn erneut zum Leben erweckt. Was sich zwischen meinem Modell und mir abspielt, ist, als begegneten sich zwei Seelen, es ist intensiver, als wenn ich mit einem Jungen flirte, den ich liebe. Nach einem Moment lässt die Spannung nach und ich weiss dann, dass ich aufhören muss, damit ich keinen Unsinn mache, ich fühle mich sehr müde.
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Samstag, 29. September 1962 Mein Gott, hilf, dass es klappt! Morgen finden die ersten Prüfungen statt! Nicole hat mir angeboten, ich könne bei ihr wohnen, damit ich näher bei der Schule bin, ich befürchte einen Streik. Ausserdem bin ich krank, ich habe 39° Fieber. Mittwoch, 3. Oktober 1962 Meine kleinen Schwestern fehlen mir, heute hat Marielle Geburtstag, wahrscheinlich feiern sie in Marchenoir. Ich habe auch Grund zu feiern. Ich wurde an der École des Métiers d’art aufgenommen. Das ist eine grosse Erleichterung, auch wenn ich an der Wahl meines Zweigs – Bautechnik – zweifle. Na ja, ich habe auf alles Lust; zum Geldverdienen ist es wohl vernünftiger, aber ...? Und mein Zeichnen, meine Malerei? Thema Arts décos: Einen Einband für ein Buch über die Geschichte der Teppiche von den Anfängen bis heute zu kreieren; was ich gemacht habe, gefiel mir. Ich habe mein Gipsmodell nicht so gut bemalt, wie ich es hätte tun sollen. Was für ein Durcheinander, diese Prüfung, wir standen alle hinter einer grossen verschlossenen Tür, zum Glück war ich zu Fuss gekommen, zwei Stunden vorher, mit Unmengen von Material. Kaum waren die Türen halb geöffnet, rannten wir über den Hof zu einer anderen kleinen Tür, wer hinfiel, wurde von den anderen überrannt, man hat mir gesagt, wir seien eintausendachthundert Kandidaten. Ein Mann überprüfte bei allen die Ausweise; als wir durch waren, mussten wir vier Stockwerke hochsteigen, wieder im Laufschritt, ich bin wohl nicht schnell genug gerannt, denn in den Ateliers war kein Platz mehr, ich musste mich mit anderen auf die Treppenstufen setzen. Dienstag, 10. Oktober 1962 Ich bin Zweitbeste in Arts décos ...! Ich schwanke ...! Ich entscheide mich für Arts décos – nach einem saftigen Anpfiff von Monsieur Charpentier, den ich beim Aushängen der Prüfungsergebnisse traf (ich hatte hervorragende Noten in Zeichnen und Dekoration!). Er sagte, es sei unerhört, dass ich zwischen Métiers d’arts und Arts décos habe schwanken können. Sonntag, 14. Oktober 1962 Am Freitag habe ich in der Rue de la Ville d’Évêque die Direktorin besucht, die mich bei Mamas Tod so gut beraten hatte. Ich habe mich bei ihr für die
guten Ratschläge bedankt, sie war sehr zufrieden und stolz auf mich. Das erneute Eintauchen in die Vergangenheit hat mich sehr traurig gemacht. Mein Herz klopfte ganz laut, als ich wie eine Diebin durch das grüne Tor in der Rue de Miromesnil ging, wo Mama und ich früher wohnten. Ich traute mich nicht, weiter als bis zur Mitte des Hofes zu gehen, aus Angst, ertappt zu werden. Obwohl im Moment alles eher gut läuft, spüre ich auch heute noch die Sehnsucht nach der Zeit, als wir beide lebten, sie fehlt mir so sehr! Es war derselbe Ort, und trotzdem ...!
comme si je voulais voir ce qu’il y a dedans, comme si la cause mécanique de mon désir était dans le corps adverse (...) si le corps que je scrute sort de son inertie, s’il se met à faire quelque chose, mon désir change (...), cesse d’être pervers.» Der Körper, den Berry-Mauduit erforscht, ist der Körper einer sehr zerbrechlichen und sehr alten Puppe: Auf diese Weise ist die Reglosigkeit garantiert, so wie die unschuldige Perversion des Begehrens, die er zulässt, und das ganze fragwürdige Vergnügen des Betrachters, der aufgefordert wird, unmerklich zum Voyeur zu werden. Jean-Luc Chalumeau
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Die Puppen
Aus einer Legende der Tin Dama aus PapuasienNeuguinea
1976 «Sie malt Details wie die grössten Maler der Vergangenheit, aber in ihren Gemälden gibt es eine Vorahnung, die ihr eigen ist und die viel ergreifender ist. Die ausdruckslosen Augen von Chantal Berry-Mauduits Geschöpfen stellen eine erschütternde Frage, und vielleicht liegt die Antwort in der Bewegung ihrer verrenkten Körper. Die Angst einer Frau, die um das Mysterium ihrer Kraft und die Zweckbestimmtheit hinter der Maske weiss.» Françoise Fabian Chantal Berry-Mauduit zeigt völlig andere Facetten der Fantasie. In ihrem Werk tritt etwas Surrealistisches zu Tage, das durch eine ausgeklügelte Technik und einen sehr klassischen Bildaufbau hervorgehoben wird. Die Art, wie sie die Materie sprechen lässt, ist bewundernswert: Man muss sich nur ansehen, wie sie kostbare Spitzen darstellt. Ihre Puppen sind erwachsen und begehrenswert. Schleifen, Spitze, Musselin, anschmiegsame Kleidungsstücke kleiden und entkleiden ihre sinnlichen Geschöpfe. Es wird ein Mechanismus suggeriert (der Mechanismus des Begehrens), Füsse, Beine, Finger, runde Köpfe bilden Teile der Maschine eines Begehrens, das transzendent wird. Corneilles 1979 (Übersetzung eines niederländischen Textes) 1982 Täuschen Sie sich nicht: Die von Chantal Berry-Mauduit so sorgfältig gemalten Bänder, Stoffstreifen, Gazen, Pelze und Haarschöpfe ergeben nur in Bezug auf den Körper, den sie verbergen, einen Sinn. Aber dieser Körper muss regungslos bleiben, denn sonst würde sich die Faszination verflüchtigen. Man denkt an Roland Barthes, der den geliebten Körper lange forschend betrachtete: «Je fouille le corps de l’autre
Mit der Unbewegtheit von Miniaturstatuen, mit ihren vernähten Körpern, verschlossenen Geschlechtsteilen und einem einzigartigen statuenhaften Gesichtsausdruck schauen uns die Puppen an – wie die Tin-Dama-Frau, deren Klitoris zum Mond wurde und deren übriger Körper sich in Sterne verwandelte. Mit gesenktem Blick oder weit offenen Augen verstören sie durch das, was sie erzählen. Sie glätten die Falten einer Vergangenheit, die sie durchlebt haben, ohne dass ihre Gesichtszüge etwas davon verraten. Die kostbaren Stoffe passen zu ihrem an gepuderte Marquisen erinnernden Teint, und das Sackleinen kleidet sie genauso sinnlich wie Leder. Wer wird jemals sagen können, welche Bewusstseinszustände in ihrem Gedächtnis Form angenommen haben? Ganz offensichtlich sprechen die Puppen zu uns. Häufig. Schweigend. Sie bedienen sich einer Geheimsprache, die uns unbekannt ist. Wir hören von ihnen nur die Geräusche mechanischer Gelenke. Halb Frauen, halb polymorphe Objekte lassen sie zu, dass man sich ihnen nähert, sie berührt und liebkost. Liebkosungen, die zu erwidern sie sich weigern. Als stumme Zeuginnen grüner Paradiese und perverser Kinderlieben wissen sie um die Rundungen des Glücks, aber auch um die Zerstörung, die auf das Leid folgt. Sie haben Szenen der Begegnung und Trennung miterlebt und so die Reinheit der Schamlosigkeit entdeckt. Als mythische Wesen bevölkern sie unser Dasein, beruhigen oder verstören als teilnahmslose Liegende ... Reglos träumen sie von Gipfeln und Absolutem. Das Schlimmste, was ihnen passieren kann, ist, wenn man sie links liegen lässt ... Bleibt man zufällig angesichts ihres Schicksals gefühllos, ziehen sie sich in die Gleichgültigkeit zurück.
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In «Dorian Gray» schreibt Oscar Wilde einmal: «Jedes Porträt, das mit Gefühl gemalt ist, ist ein Porträt des Künstlers, nicht des Modells.» Die Puppen sind, egal ob sie durch die Hände eines Kindes oder eines Malers entstehen, ganz sicher originalgetreue Selbstbildnisse. Kunst ist ein Abbild, eine unendlich grosse Spiegelung unserer Umwelt. Eine ganze Archäologie erzählt von der Daseinsfreude und zugleich von der Angst, zu sterben. Die Fantasie ist eine Goldene Zahl, ein Fest aller Sinne. Diejenigen, die es verstehen, sich verleiten zu lassen, finden darin transparente Stellen, die sich gegenseitig durchdringen und unendlich oft vervielfältigen. Eine Leinwand nimmt mit dem Licht vorlieb. Sie absorbiert es. Sie wird mit Licht gestaltet. Der Augenblick der Schöpfung ist ein Zustand der Gnade, eine unaussprechliche Trunkenheit, die einen von einem Universum ins andere kippen lässt. Diese Spontaneität, diese Emotion, dieser Elan sorgen für die Verbreitung eines Kunstwerks. Das Gedächtnis ist unersättlich. Es speichert. Es archiviert, ohne zu sortieren ... Eine Erinnerung an die Erinnerung. Jérôme Cammily 1982
(Seite 79)
Tragzeiten ... eine Künstlerin, die ihr Handwerk sehr sicher beherrscht, so sicher, dass ihre Virtuosität einige Betrachter dadurch zu verwirren droht, dass sie ihnen verbirgt, was es zu sehen gibt. Berry-Mauduit stellt Leder und empfindliche Stoffe mithilfe ganz raffinierter formaler Trouvaillen einander gegenüber. Damit bringt sie die Begegnung einer männlichen, sehr zeitgemässen Symbolik gefühlvoll mit den nostalgischen Zeichen einer Weiblichkeit, wie man sie in früherer Zeit verstand, zum Ausdruck ... Berry-Mauduits Gemälde haben eine verzaubernde Kraft, die heutzutage recht wenig plastische Werke erlangen. Jean-Luc Chalumeau, 1980 Moderne Mumien Ein ganzes Repertoire seltsamer, ungewöhnlicher, mehrdeutiger Objekte begegnet und vermischt sich auf Berry-Mauduits Gemälden. Durch ihre gedämpften, matten Farben, die mit Präzision, aber ohne Pedanterie aufgetragen sind und deren Details eher im Innen als im Aussen liegen, wirken diese gekneteten, ausgestopften, aufgedunsenen, verschnürten Amalgame wie betörende moderne Mumien ... Pierre Cabanne
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Chantal Berry-Mauduit integriert in ihre Bilder sehr persönliche Reliquiare; eine riesige Menge von Stoffen und Stofffetzen, wie man sie früher zu Grossmutters Zeit trug und sie in den Truhen und Schränken auf Dachböden entdeckt ..., und die in sich die faszinierende Welt alter Puppen bergen. In dieser von Streifen und Bändern eingeschnürten zerknüllten Stoffkugel stecken manchmal Knochenteile und künstliche Blumen, wie man sie früher unter Glasstürzen (und auf Kaminsimsen) sah – eine Erinnerung an Hochzeiten und Todesfälle im Ahnenkult, wie er bei den Familien im ländlichen Frankreich verbreitet ist. Die derart eingeschnürten Spitzen, Tüllstoffe, Gazen, die Mieder, Pelze und Haarschöpfe verschlingen sich zu umgestülpten Perücken und sind Umsetzungen des Inneren des weiblichen Körpers, des Gehirns oder der weiblichen Geschlechtsteile. Das Ganze ist mit der fleissigen Langsamkeit des «Präzisionismus» gemalt und reicht an die Objektivität und Poesie des so genannten «magischen» Realismus heran, bei dem durch übereinanderliegende Farbschichten ein Lasureffekt erzielt wird. Allmählich wird deutlich, dass dieses Universum der Erinnerung, diese Archäologie der «altmodischen» Welt, diese Umwandlung gelebter Leben ganz und gar der Weiblichkeit gewidmet sind: Hin und wieder öffnen sich Lippenwülste einen Spalt breit, und das idealisierte Bild der Geburt drängt sich durch diese aufgeblähten, zusammengeschnürten Stoffe auf, und auch über dem Dammriss ist der souveräne Wulst des väterlichen Auges zu sehen. Paul Gaudibert
(Seite 95)
Reliquiare 1986 Ergreifend ist die Totemisierung durch das Akkumulieren von Objekten und Spuren, die alle irgendwann einmal Bedeutungsträger für ihre Schöpferin waren. Die sichtliche Emotionalität, die darin enthaltenen Geheimnisse, die damit verbundenen Assoziationen bringen Lebensmomente zum Ausdruck. Chantal Berry-Mauduit erzählt uns von einem Ort anhand dessen, was er ist, anhand des Eindrucks, den er erweckt. Sie verbindet reale, fossilisierte und durch ihr Werk verherrlichte Objekte mit gezeichneten oder gemalten Flächen, die sinnliche, köstliche und ungezwungene Momente ermatteter Körper preisgeben; die Nähe von Spitzen, getrockneten Blumen und anderen Symbolen einer altmodischen, zarten, nach Lavendel duftenden Vergangenheit zum gemal-
ten Werk, das auf diesen an glückliche Zeiten erinnernden Reliquien gründet, weckt beim Betrachter die seltsame Erinnerung an seine eigenen friedvollen Momente, die oft mit der Zeit der Unschuld verknüpft sind. Die Kindheit wird hier in ihrer ewigen, steten Verlängerung gezeigt. Die von der Künstlerin aufgeworfenen Fragen entspringen der Unschuld, die sich in unserem Erwachsenenleben immer noch bemerkbar macht. Über der Akkumulation und der Zerstückelung des Raumes dürfen wir nicht die vollendete Zeichentechnik vergessen, die für das intimistische, kraftvolle Werk von Chantal Berry-Mauduit typisch ist. Michel Faucher 1986 Es wäre falsch zu glauben, Chantal Berry-Mauduits Reliquiar-Malerei sei – gewollt oder ungewollt – morbid. Wenn die Künstlerin Haarlocken, getrocknete Blumen, alte Fotos und verblichene Bänder und Spitzen auf ihrer Leinwand zusammenfügt – Erinnerungen an die verstorbene menschliche Präsenz -, will sie den Teil des intensiv gelebten Lebens schützen, den sie noch in sich tragen. So ähnlich wie Daniel Spoerri, der in den Sechzigerjahren Alltagsgegenstände auf «Skulpturgemälden» anordnete. Doch während Spoerri mit der Gegenwart spielte, interessiert sich Chantal Berry-Mauduit für die Vergangenheit, und bei ihr findet ein ganz anderer Diskurs statt: Nicht Jubel, Ironie und Humor leiten ihr Werk. Die Künstlerin will die Zeit anhalten, diese Zeit, die sich immer wieder zwischen das Kunstwerk und den Betrachter schiebt. Das Gemälde wird damit zu einer konkreten Darstellung der ungestümen Kräfte, welche die alten, von der Künstlerin akkumulierten Objekte sich bewahrt haben. Die Materie, die Farbe (allesamt Sienaerde, Ocker, Gelb) werden zu Bindegliedern: Vergangenheit und Gegenwart vereinigen sich, und aus diesem bewegten Zusammenschluss entsteht die ganze Emotion einer intensiven Poesie. Christophe Pellet
(Seite 101)
Räume – Körper – Objekte 1986 Sie erzählt ihr Leben, rollt ihr Gedächtnis auf und lässt ihren ganz persönlichen Zauberbann wirken. Ihre Gemälde, die Titel haben wie «Déchirures» («Risse»), «Espaces –Corps – Objets» («Räume –KörperObjekte»), «Boîtes» («Schachteln») oder «Reliquaires» («Reliquiare»), sind «modern»; der zerrissene, für ihr Werk prägende Rhythmus ist lebhaft und
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schwungvoll, die Farbgebung ist lebendig, aber im Detail der zerstückelten oder durch Fragmente, Erscheinungen und die Wahl der Objekte angedeuteten Dinge steckt ein poetischer Anachronismus, dessen Mehrdeutigkeit fasziniert und zugleich verwirrt. In diesen gemalten Geheimnissen, denen Chantal Berry-Mauduit als Predella kuriose Ex-Votos hinzufügt, die deren Inhalt anhand der Rückkehr zur Kindheit, zur Familie, zu den Erinnerungen erklären, steckt eine versteckte Sinnlichkeit; das kleine, zur Frau gewordene Mädchen stützt sich auf seine sexuellen Fantasien, die zur Malerin gewordene Frau transponiert sie in Gemälde, auf denen sich unschuldige Perversion und die Erregung über enthüllte Intimitäten vermischen. Diese blasse Malerei, die ihr Äusseres nur widerstrebend preisgibt, ist unruhig wie frühmorgendliche Träume und verwirrt wie abendliche Begierden. Pierre Cabanne Gewöhnlich malt sie Frauen, die von ihren sexuellen Fantasien, ihren Traumata, ihren Erinnerungen, ihrer eigenen Sinnlichkeit und Komplexität gefesselt sind.... ... Starke Sehnsüchte verknüpft mit zärtlichen Gewalttätigkeiten. Die Kunst der Andeutung, welche die Erotik erst prickelnd macht, wird hier verfeinert. Die umgebenden Räume füllt die Dunkelheit auf. Magische und bewohnte Kunst, wenn es so etwas gibt ... Kunst des Wiedererscheinens und des Raunens, wo die Grausamkeit mit einer geradezu kindlichen Zärtlichkeit rivalisiert. Grausamkeit: Bande aus Leder oder Hanf, diese über Bündel aus Fleisch oder Spitze gespannten Riemen; Zärtlichkeit: zierliche Reliquiare, die in die Oberfläche der Leinwand eingebettet sind wie kleine Vitrinen, in denen ein vergilbtes Foto und getrocknete Blumen von glücklichen Tagen zeugen. Mit offensichtlicher Perversität, die uns aber alles andere als gleichgültig lässt, verknotet die Künstlerin diese Bande geduldig, eins nach dem anderen ... gibt minutiös jede Spitzenstickerei wieder, faltet den Satin des Bandes, zieht mit sadistischer Hingabe an den Schnüren dieser sinnesfreudigen Mieder, um ihre sexuellen Fantasien in ihren geheimnisvollen Bündeln fest einzusperren ... Nein, nichts ist harmlos in diesem Werk, das nach Schwefel, Schweiss und Moschus riecht und auf den ersten Blick dem Teufel näher steht als den Kinderträumen. Und doch erinnern uns diese ausgestreckten Hände und diese gerafften Stofffetzen vielleicht an die Gebärde jener Kinder, die auf der ägyptischen Tempelstrasse den Passanten rührende geschminkte Puppen feilboten, die auf die Schnelle aus einem mit Baumwolle gefüllten Sack gefertigt waren.
Das Werk von Chantal Berry-Mauduit verführt uns zu seltsamen, zweideutigen Reisen, aber ist es nicht in erster Linie die beschwörende Geste eines sensiblen, verletzlichen Wesens? Paul Duchein 1986
(Seite 117)
Auf der anderen Seite des Spiegels Was befindet sich auf der anderen Seite des Spiegels? Für die meisten Menschen nichts. Oder doch: die Mauer, an die sie täglich stossen. Aber für die Künstlerin liegt dort wie für Alice, ihr Vorbild, die Welt der Träume ... ... Die Palette ist heller geworden, geschickt setzt sie zarte Farbflächen, in die Lavendel- oder Sandtöne einfliessen, manchmal sind sie mit Karminrot akzentuiert und in ein ruhigeres Licht getaucht. Die Bande werden in diesem Augenblick gelöst, aber unauffällig ... Wie es Louis Pons so treffend in seinem Chantal Berry-Mauduit gewidmeten Vorwort schreibt: «Le noir est parti loin «Les détails deviennent un tout «Le jour s’avance comme une fête claire et un peu crispée» Paul Duchein 1991 Heute dient das Alice-Thema nur noch als Vorwand, damit alte und neue Bilder sich durchdringen und Bewegung in den Dachboden kommt. Man bräuchte einen Schlüssel, um diese Gemälde wirklich betreten zu können, die eine subtile Mischung aus unschuldigen Perversitäten, Verlockungen und Forderungen darstellen. ... Auf welcher Seite des Spiegels stehen wir? Das Spiel mit dem vierdimensionalen Würfel, die Spieldosenmechanismen, der Kreisel, der rote Fisch, der Plüschbär sind eine Anspielung auf Kinderspiele. Aber eine vergessene Brille, ein Ring an der Hand eines Mannes mit tadelloser Manschette stören diese offensichtliche Unschuld. ... Alice bietet sich an, um sich besser entziehen zu können, oder versteckt sich, um sich besser anbieten zu können ... Hier und da eröffnen ein blaues Fenster, ein klaffendes Loch, eine Schwindel erregende Treppe Durchblicke und beschleunigen den Fall und die Flucht. Alice’ Land wartet mit einer «Cosmoludie» auf, auf die jeder seine eigene Geschichte und seine eigenen [sexuellen] Fantasien projizieren kann, ohne dass dem Traum jemals Grenzen auferlegt werden. Die Kindermärchen sind Brücken zur Angst, zur Erregung und zur Magie.
Farben der Morgen- und Abenddämmerung Satte Lasuren, Farbstifte, Ölfarben, welche die Schönheit der Materie ausmachen, Perlmuttlichter, die ihre Reflexe ins Innere des Gemäldes werfen? Hier fehlt jegliche Gefälligkeit, sowohl geistig als auch formal. Schritt für Schritt, ohne Hast, aber mit ruhiger Beharrlichkeit verfolgt Chantal Berry-Mauduit ihren Weg als etwas hexenhafte Märchenerzählerin, die es versteht, geheime Wünsche zu erraten und das kundzutun, was man sich nicht eingestehen kann. Marie-Odile Andrade 1991
(Seite 137)
Die wiedergefundenen Zeiten 1995 Schon seit langem verweilte ich oft vor den Gemälden von Chantal Berry-Mauduit – obwohl ihre Malerei nicht der abstrakten Strömung zugeordnet ist, die mich besonders fesselte. Ich betrachtete sie mit grosser Aufmerksamkeit ... manchmal mit Ratlosigkeit. Immer mit Neugierde. Warum tauchen immer wieder die Kindheit und diese immer gleiche Gestalt auf, die hundertmal neu begonnen, geknetet, zerstört und verklärt wird? Das Sujet war für mich jedoch nie nur ein Vorwand, und was mich sicher stärker fesselte, war das Plastische dieser Malerei. Ihre Grautöne, ihre Rosatöne, die ganze Komplexität einer aufs Äusserste bearbeiteten Leinwand, ja einfach die Lust am Malen. Und sicherlich ist es diese keiner Mode folgende Lust am Malen, die dazu geführt hat, dass ich noch einen Augenblick vor der Arbeit von Chantal Berry-Mauduit verweile. Michel Ragon ... Wir befinden uns hier in einer zärtlichen, poetischen, manchmal verspielten Welt – wie die Refrains unsichtbarer Spieldosen bezeugen, die in einigen Werken versteckt sind – aber diese Welt ist frei von jeglicher gekünstelten Gefühlsduselei ... Marc Hérisse 1996 Es ist ein altes verlassenes Haus im Herzen des Imaginären, ein alter Dachboden, den niemand mehr betritt, eine geheime, magische Höhle. Dort hat die Zeit Gegenstände aus vergangenem Leben in einer einzigen schwebenden Bewegung eingefroren. Spielzeug, Schmuck, Kleidungsstücke sind kunterbunt in Reise- und Handkoffern verstaut. Sie erinnern sich an eine Zeit, die wir nicht gekannt haben oder an die wir nur eine vage Erinnerung haben. Berry-Mauduit führt uns die beharrliche
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Ewigkeit vor Augen, die diesen vergessenen Objekten innewohnt. Mit unnachahmlichem Stil und beeindruckender Meisterschaft. J.P. CHOPIN 1991
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Mitten im Licht Zuerst kommt also das Weiss – nicht wie ein jungfräulicher Raum, sondern wie eine Schreiboberfläche ... Anschliessend kommt jene Schrift, die so kostbar ist wie das Gedächtnis des Körpers, das langsam entsteht, eine Oberflächenschrift, die aus vielen, in der Hast des Ateliers gemachten Notizen entstanden ist, in dem Versuch, die früheren Stadien dieses Körpers festzuhalten und mit dem Pinsel zu definieren. Dieser Körper aus dem Darunter tritt in Form eines Palimpsests in Erscheinung, er existiert nur zerstückelt, aufgelöst, erdrückt von den Schichten der Gegenwart ... Zwar fügen sich die Linien zu einem Gesicht mit eher männlichen Zügen zusammen, doch der Körper, das Opfer dieser Malerei, ist auf Grund der noch erhaltenen anmutigen Gesten und auf Grund des Begehrens unleugbar weiblich. Die Körper scheinen zwar verwaist zu sein, doch sie können auf eine Verwandtschaft mit den nichtperspektivischen Nackten von Rebeyrolle – jedoch ohne deren chromatische Aggressivität – verweisen. Weitere Parallelen könnte man im Hinblick auf die Energie ziehen, die von den leidenden Figuren eines Velickovic ausgeht. Sie sind von ein und demselben Wunsch beseelt, sich loszureissen, nur mit dem Unterschied, dass bei dem serbischen Maler die Figuren versuchen, seitwärts oder in die Tiefe des Bildraums zu fliehen, während sie bei Chantal Berry-Mauduit versuchen, dicht über der Oberfläche aufzutauchen... Man könnte natürlich glauben, diese Körper seien einer Eiszeit des Gedächtnisses entsprungen, als würde die Zeit ihre Schönheit nur mehr streifen ... ... Wem soll man diesen sich widersetzenden Körper zuweisen, wenn nicht der Malerin selbst, die ausgehend von der Geschichte der Malerei den Anspruch auf eine einzigartige und mannigfaltige Geschichte der Frau in unserem Jahrhundert erhebt. Christian Gattinoni 2002 Die Leinwände sind meistens quadratisch und man findet darauf ein filigranes räumliches Gitternetz, so wie jenes, mit dem Archäologen die Fläche ihres Ausgrabungsgebiets unterteilen. Auch Chantal BerryMauduits Malerei ist Archäologie, eine Anordnung der wieder gefundenen Fragmente einer persönlichen Geschichte ... ... Es sind Worte, Satzfetzen, kleine Teile von Bän-
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dern und Gesichtern alter Puppen, Papier- oder Stoffschnipsel ... Das vollendete Gemälde präsentiert sich also als Inneninventar, als Kartografie eines intimen Werdegangs, als zersplitterte Autopsie der lebendigen Seele. Es ist die Partitur für einen Tanz, bei dem sich Eindeutiges und schwer Fassbares, Organisches und Mentales, Sinnliches und Spirituelles, Reales und Geträumtes vereinen. Es ist ein geheimnisvoller Raum für köstliche, endlose Mikro-Abenteuer des Blickes. Pierre Souchaud 2003
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Biografie 1970 1944 Am 1. August Geburt in Angers im Departement Maine-et-Loire 1948 Ankunft in Marchenoir, Dep. Loir-et-Cher 1953 Zweite Heirat des Vaters Jean Mauduit 1955 Umzug nach Paris, Eintritt in die Schule in der Rue de la Bienfaisance 1956 Collège Octave Gréard 1957 Schule in der Rue de la Ville l’Évêque 1958 Am 13. April stirbt nach langer Krankheit ihre Mutter Ginette Blais-Mauduit Erwerb des certificat d’études (Studienzertifikat) Aufnahme ins Collège Auguste Renoir (früher Ganneron) 1959 Collège Auguste Renoir 1960 Aufnahme an der Académie de la Grande Chaumière (Charpentier) 1962 Zweitbeste an der École Nationale Superieure des Arts Décoratifs (ENSAD), Paris 1964 Reise in den Libanon, nach Jordanien und Syrien Heirat mit Jacques Berry am 17. Dezember 1965 Realisierung eines Wandgemäldes nach Skizzen einer Korfureise Verleihung des Prix Formica für Innenarchitektur an der ENSAD 1966 Arbeiten zum Thema Le printemps à Paris (Der Frühling in Paris) Stipendiatin der Bourse Renault Diplom der ENSAD Reisenotizen aus Marokko 1967 Realisierung eines Freskos, Landwirtschaftsschule bei Vendôme Gallimard-Jaubert-Preis (Malerei) Collin-Sturler-Preis (Zeichnen) Preisträgerin des Prix de Rome
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Letztes Studienjahr an der École Nationale Supérieure des Beaux-Arts (ENSBA) Marouflage-Malerei, Altersheim von Marchenoir Mosaik, Eingangshalle des Immeuble Pra-Loup Werbeplakate für das pharmazeutische Labor Prophin-Rolland Diplom der ENSBA Monumentalwerk aus bemaltem Metall, Blois Monumentalwerk, Immeuble Pra-Loup Einzelausstellung, Pavillon Anne de Bretagne, Blois Erste Gemäldeausstellungen bei den Kunstschauen im Grand Palais, Paris Praktikantin im Umweltinstitut (Kultusministerium), Paris Monumentalwerk aus bemaltem Metall, École de l’électricité, Paris Monumentalwerk, Eingangshalle des Immeuble Pra-Loup Monumentalwerk aus bemaltem Metall, Stadion in Blois Wandgemälde, CFA (Centre de formation d’apprentis) von L’Épine, Paris Unterrichtet «La couleur en architecture intérieure» («Die Farbe in der Innenarchitektur») an der ENSAD Wandmalerei und zwei Werke aus bemaltem Metall, Gymnasium und Kindergarten in Blois Beschäftigt sich mit Malerei zum Thema Les mariées (Die Eheleute) Unterrichtet an der ENSAD Ausstellungen in verschiedenen Salons im Grand Palais, Paris Erste Zeichnungen von kaputten Puppen Prix Collioure Unterrichtet an der ENSAD Erste Arbeiten zum Thema Les poupées (Die Puppen) Monumentalgemälde, CNRO, Marseille Realisation von Stratifiés, Papiers déchirés, Spezialtuschen aus der Fabrik in Quillan in Südfrankreich Einzelausstellung der Stratifiés in der Maison «Week end» Salons im Grand Palais, Paris Scheidung von Jacques Berry Stipendiatin der Cité Internationale des Arts in Paris Unterrichtet Zeichnen an der Académie Charpentier (Grande Chaumière) Bemaltes Metall, Gymnasium in Morée Installationen in einem Freizeitgelände,
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Gymnasium in Selles-sur-Cher Gemeinschaftsausstellungen: «Un peintre, un invité», Galerie Artcurial, Paris Musée des Beaux-Arts, Tours Preis der Société générale transatlantique Goldmedaille der Société des artistes français Illustrationen für Editions Pauvert Salons im Grand Palais, Paris Zusammenarbeit mit der Galerie Dandoy in Knokke-le-Zoute, Belgien Unterrichtet an der Académie Charpentier Gemeinschaftsausstellungen: Galerie Dandoy, Belgien Galerie X, Paris Salons: de mai – Grands et Jeunes d’aujourd’hui – d’automne Preis des Club des amis de l’Europe et des arts «Fondation Magorie» (Club der Freunde Europas und der Künste) Erstnominierung für den Prix de Portrait Paul-Louis Weiller (Institut) Arbeitet im Atelier in der Rue du Colonel Pierre Avia Unterrichtet an der Académie Charpentier Holzmalereien, für Los Angeles Gemeinschaftsausstellungen: Galerie Emmanuel David, Paris Groupe Dialogue, UNESCO, München, Strassburg Groupe Nouvelle Figuration, Musée du Luxembourg, Paris Salons: de mai – Figuration Critique – d’automne – Grands et Jeunes Preis des Internationalen Musemsrats Monte Carlo Unterrichtet an der Académie Charpentier Heirat mit Pierre Gautier-Delaye Realisierung von Holzmalereien, Aufträge für Los Angeles Gemeinschaftsausstellungen: Galerie Tkalfje, Utrecht, Niederlande (mit Véronique Wirbel und Natacha Pavel) Galerie Emmanuel David Groupe «Peindre et le Réel», Musée de Chartres, Prémontrés Salons: Jeune Peinture – Grands et Jeunes – Figuration Critique Arbeiten zum Thema Gestations (Tragzeiten) Holzmalereien, Auftrag für Los Angeles Gemeinschaftsausstellungen: Groupe «Peindre et le Réel», Museen Ste-Croix in Poitiers, Villeneuve-sur-Lot, Chateaudun
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«Nouvelle Figuration», Mövenpick, Paris «Figures du Réel», Toulouse, Maison de la Culture in Montreuil, Musée Saliès in Bagnères-de-Bigorre, Faches-Thumesnil/ Kulturzentrum Jacques Brel Unterrichtet an der Académie Charpentier Gemeinschaftsausstellungen: Groupe «Figures du Réel», Museum von Sallaumines Forum des anciennes Halles, Paris Exposition Octogone, Paris Petit Trianon, Versailles Galerie Pieter Brueghel Kunst-Handel, Holland Salons: de Montrouge – de mai Unterrichtet an der Académie Charpentier Einzelausstellung, Galerie Pierre Lescot, Paris Gemeinschaftsausstellungen: «Figures du Réel», Palais des Papes, Avignon «Réalisme de l’imaginaire», Kulturzentren in Montreuil und Neuilly «Ni peinture ni sculpture», Kulturzentrum in St-Cyr-L’École «La femme et l’imaginaire», Galerie Bernheim-Guiot, Paris Galerie Arts multiples, Metz Salons: de mai – Grands et Jeunes – Comparaison – im Grand Palais, Paris Unterrichtet an der Académie Charpentier Arbeiten zum Thema Reliquaires (Reliquiare) Porträts: Familie Bringer, Porträt der Frau des Händlers Emmanuel David Gemeinschaftsausstellung: «Figures du Réel», Museum von Lille Salons: de Vitry – Figuration Critique – Jeune Peinture – Grands et Jeunes – d’automne Unterrichtet an der Académie Charpentier Arbeiten zum Thema Espaces – corps – objets (Räume – Körper – Objekte) Porträts: Die Kinder Claouet; die Kinder Sabhah Gemeinschaftsausstellungen: 7 Künstler in der Galerie La Platone, Paris (Zeichnungen), Château de Nointel «Figurations 84», Clermont-Ferrand «Les héroïnes de la Littérature vues par la Jeune Peinture», Nationalbibliothek, Paris Salons: Montrouge – Comparaison – Figuration Critique Unterrichtet an der Académie Charpentier Einzelausstellung, Galerie de Causans, Paris Gemeinschaftsausstellungen: Musée Roybet-Fould, Courbevoie
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Galerie Arts Multiples, Metz Bezirksverwaltung des 10. Arrondissements, Paris «Figuration Critique», San Francisco Ito-Ham-Preis Unterrichtet an der Académie Charpentier Porträt für die Sammlung des Bistums von Séez (Normandie) Einzelausstellungen: Galerie Valmay, Paris Galerie Nettis, Le Touquet Gemeinschaftsausstellungen: Festival für zeitgenössische Kunst 86, Clermont-Ferrand «Figuration Critique», Museum von Antwerpen, Belgien Unterrichtet an der Académie Charpentier Eine Reise zum Karneval von Venedig inspiriert sie zu mehreren Werken Retrospektive, Hôtel de Ville, Nancy Gemeinschaftsausstellungen: «Réalités – Irréalités» (um Ivan Theimer), Museum von Montauban «Figuration Critique», Musée des Beaux-arts, Pau; Espace Acropolis, Nizza «Itinéraire 87», Cité Internationale des Arts, Paris «Les dix ans de la galerie», Galerie Pierre Lescot, Paris Porträt von Madame Lejeune Gemälde in Laminattechnik für die FirstClass-Kabine eines Flugzeugs vom Typ 747 Air France (Victor Tango) Einzelausstellung, Galerie Nettis, Le Touquet Gemeinschaftsausstellungen: «Petits formats», Galerie Pierre Lescot, Paris Espace Pierre Cardin, Paris «L’art pour la vie», Fondation Curie, AAE ENSAD «Dessins», Galería Greca, Barcelona «Présence de l’Art Contemporain», Prag «Bicentenaire» Unterrichtet an der Académie Charpentier und an der École Polytechnique Arbeiten zum Thema L’autre côté du miroir (Die andere Seite des Spiegels) Einzelausstellung: Galerie Coriane, Paris Gemeinschaftsausstellungen: Espace Pierre Cardin, Verkauf eines Gemäldes von Cornette de St-Cyr für SOS Arménie «Le football en couleur», Paris, Nancy Salons: Mac 2000 – de mai – Figuration Critique – Grands et Jeunes
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Unterrichtet an der Académie Charpentier und der École Polytechnique Drei Werke für Air France Boeing 747 400 Einzelausstellungen: Galerie Circé, Paris Galerie Fardel, Amiens Gemeinschaftsausstellungen: Kulturzentrum Dammarie-les-Lys «Jeune peinture, jeune sculpture», Kulturzentrum Courbevoie «Le Blanc», Kulturzentrum Espace Art, Brenne «French Individual Adventure», Galerie Lemarié-Tranier, Washington Internationale Kunstmesse «Line Art», Galerie Fardel, Gent, Belgien Salons: de mai – Angers – Figuration Critique- Grands et Jeunes Unterrichtet an der Académie Charpentier und der École Polytechnique. Arbeiten zum Thema Les temps retrouvés (Die wiedergefundenen Zeiten) Einzelausstellungen: La Coupole Montparnasse, Paris Galerie Art-Expo, Paris Galerie Guériguen, Metz Galerie Aletheia, Lille Gemeinschaftsausstellungen: Ausstellung der Groupe Den, Paris Galerie Mann, rue Guénégaud, Paris Galerie Catherine Guérard, Ile St-Louis, Paris Galerie Alternance, Boulogne Biennale im Manège Royal, Museum von St-Germain-en-Laye «Art et sport», Rathaus des 18. Arrondissements, Paris Salons: d’automne – Grands et Jeunes – Figuration Critique Unterrichtet an der Académie Charpentier und an der École Polytechnique Einzelausstellungen: Galerie Néttis, Le Touquet Galerie Fardel, Amiens Gemeinschaftsausstellungen: Galerie Anne Lavenier, Barcelona Galerie Jean Briance, Paris Galerie Catherine Guérard, Ile St-Louis, Paris Galerie Alternance, Boulogne Salons: Mac 2000 – Comparaison – Grands et Jeunes Unterrichtet an der Académie Charpentier und an der École Polytechnique, Ernennung zur Dozentin Einzelausstellungen: Galerie Varga-Darlet, Bordeaux
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Galerie Martine Brasseur, Reims «Art présent», Hôtel de Ville, Calais Palais des Congrès, Vittel «Peinture contemporaine», Hôtel California, Paris Espace St-Simon, Marne-la-Vallée «Jeune peinture jeune sculpture», Kulturzentrum Courbevoie «L’art à l’école 1993», Paris Salons: 6e biennale des 109 – École Polytechnique, Arbeiten auf Papier «Arts plastiques de l’X», Grand Palais, Paris Gemeinschaftsausstellungen: «Poupées d’artistes», Galerie Lefor Openo, Paris Galerie Varga-Darlet, Bordeaux Galerie Fardel, Amiens Festival d’Aniane, Aniane Festival du cinéma, Gérardemer «Lart fantastique» «Congrès mondial de la poupée», La Villette, Verleihung der Jumeau Trophy Espace Molière, Agde Groupe ARPA, Salpêtrière Salons: MAC 2000 – Bicentenaire de l’École Polytechnique Unterrichtet an der École Polytechnique Retrospektive, Galerie du conseil général, Blois Gemeinschaftsausstellungen: Galerie Art présent, Arras «art 1995», Kulturzentrum, Bouffemont Festival d’art contemporain (Festival zeitgenössischer Kunst), Tours Biennale des 109, Espace Eiffel, Paris Biennale 95, espace culturel, Grossemy «L’art en mouvement», Musée de l’art contemporain (Museum für zeitgenössische Kunst), Chamalières Salons: Comparaison – L’X d’Aubusson Unterrichtet an der Académie Charpentier und an der École Polytechnique Einzelausstellungen: Galerie des Institut d’art visuel (Institut für visuelle Kunst), Orléans Galerie Scapa, Vallamand, Schweiz Galerie Déprez-Bellorget, Paris Gemeinschaftsausstellungen: Galerie Le Scribe, Montauban Musée Véra, St-Germain-en-Laye Salons: Le nouveau salon d’automne – Les 109 à la campagne – de mai – Tuileries, Mairie de Paris Arbeiten zum Thema Tendresse Gemeinschaftsausstellungen: «Chapeaux
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d’artistes», Galerie Lefor Openo, Paris Galerie Kara, Kunstmesse Europ’Art, Genf «L’Art en Sologne», Château des Stuarts Groupe Dialogue, Institut Cervantes Tag der offenen Tür in den Ateliers Archipel Salon: MAC 2000 Unterrichtet an der Académie Charpentier und an der École Polytechnique Arbeiten zum Thema Héritage préservé (Bewahrtes Erbe) Gemeinschaftsausstellungen: Kulturzentrum, Courbevoie «Rencontres d’un jour», Espace Paul Ricard, AAE ENSAD «Esprit d’un lieu», Orangerie du Luxembourg, Paris Espace Michel Simon, Marne-la-Vallée Salons: École polytechnique – d’automne Ehrengast der Stadt Étampes Unterrichtet an der Académie Charpentier und an der École Polytechnique Einzelausstellungen: Galerie Fardel, Le Touquet Espace Ofivalmo, Paris Gemeinschaftsausstellungen: Galerie Lefor Openo, Paris (Miniformate für das Jahr 2000) Salon: MAC 2000 Unterrichtet an der Académie Charpentier und an der École polytechnique Arbeiten zum Thema Au cœur de la lumière (Mitten im Licht) Monumentoile (Riesenleinwand), 3 x 4 m, für das Atelier d’art plastique, Allonnes Einzelausstellung: Galerie Fardel, Le Touquet Gemeinschaftsausstellungen: Espace Lhomond (um Baldet) «Variations» (Arbeiten auf Papier), Espace culturel, Belleville Ehrengast der Stadt Le Grand Quevilly Salon d’automne Gemeinschaftsausstellungen: Städtische Galerie, Uzès Musée de la Poste, Paris-Montparnasse Salons: d’Étampes – du Dessin- d’automne – Espace Auteuil Prix Lucie Rivel (Fondation Taylor) Medaille der Stadt Étampes Unterrichtet an der Académie Charpentier und an der École Polytechnique Salon: MAC 2000 Unterrichtet an der Académie Charpentier und an der École Polytechnique
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2003 Einzelausstellungen: Galerie Fardel, Le Touquet Galerie A. de Forceville, Paris Espace Lhomond, Paris (mit Machat) Maison des arts, Évreux, Abteilung für kulturelle Angelegenheiten (mit Rémy Aron und Jean Rougé) Gemeinschaftsausstellung: Usine à Zabu, Normandie Salon d’automne Unterrichtet an der Académie Charpentier und an der École Polytechnique 2004 Einzelausstellung, Kulturzentrum, Savignyle-Temple Gemeinschaftsausstellungen: «George Sand», Museum von Nohant Galerie Artactua, Le Mans Salon d’automne Unterrichtet an der Académie Charpentier Sammelt Material für eine spätere Monografie 2005 Arbeitet an der Monografie Schreibt ihre «Memoiren» Zeichnungen zum Thema «La mémoire en lambeaux» (Das zerfetzte Gedächtnis) Gemeinschaftsausstellung: Mairie d’Auzeville, Toulouse Salon d’automne Unterrichtet an der Académie Charpentier 2006 Einzelausstellung: Museum des Manoir de Vacheresse, Nogent-le-Roi Salons: Ville d’Étampes – d’automne im Grand Palais, Paris Unterrichtet an der Académie Charpentier
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Danksagung Eine Publikation über das Gesamtwerk eines Künstlers ist eine sehr wichtige Etappe. Eine Kraft trieb mich an, dies in Form eines BuchsTagebuchs zu tun. In dem Bemühen, wahrhaftig zu sein, liess ich mich von meinen Gelüsten tragen, wie bei der Schöpfung eines Gemäldes. Ein fertiges Bild zu zeigen, ist nichts im Vergleich dazu, auf die Reaktion der ersten Person zu warten, die es lesen und ihre Meinung dazu äussern wird ...! Der Erste, der mein Projekt gelesen hat, war mein Mann, Pierre Gautier Delaye, dem ich für seine grosse Geduld danke. Er hat mich in meinem Entschluss bestärkt. Ferner danke ich Madeleine Mottuel dafür, dass sie für mich da war, meiner Schwester Marielle sowie meinen Künstlerfreunden, den Malern und Schriftstellern Louise Barbu, Jean Schoumann und seiner Frau Brigitte. Ich danke meinen ehemaligen Schülern Catherine Guiral und Jérôme Coudray, die mir die Grundlagen der Informatik beigebracht haben, sowie Didi, der immer zur Stelle war, wenn die Technik Probleme bereitete. Dank geht an meinen Fotografen und Freund Geoffroy Parisot, von dem die Dias meiner Werke stammen. Besonders danke ich Marie-Odile Andrade, die ich 1986 kennen lernte, als sie bei Pierre Souchauds Kunstmagazin mitarbeitete. Inzwischen sind wir Freundinnen, und sie hat mir zahlreiche wertvolle Ratschläge gegeben. Es war mir eine Ehre, dass Milan Kundera sich für meine Malerei interessiert hat, nachdem er 2003 eine Ausstellung in der Rue Lhomond besucht hatte. «Chantal, jedes Bild ist wie ein offenes Buch», sagte er, als er mit seiner Frau Vera einmal ins Atelier kam. Ich habe lange gewartet, bevor ich den Mut hatte, ihm meinen Entwurf zu zeigen. Ich danke ihm, dass er ihn aufmerksam gelesen und jede Reproduktion eingehend betrachtet hat. Besonders danke ich meinem Verleger Till Schaap für seine Geduld, meine Wünsche zu verstehen und zu respektieren. Er und sein Team vom Benteli Verlag haben das gesamte Know-how einfliessen lassen, das sie bei jedem Künstler unter Beweis stellen. Ihr Wagemut macht sie innovativ und dank ihrer hohen Qualität sind sie leistungsstark.
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© 2007 Benteli Verlag et Chantal Berry-Mauduit © Pour des textes chez les auteurs Rédaction Christine Flechtner, Benteli Verlag Traductions Clarissa Hull (en anglais); Susanne Lötscher (en allemand) Conception graphique et réalisation Arturo Andreani et Chantal Berry-Mauduit Photolitho Prolith AG, Schönbühl BE Production Benteli Verlag Bern und Zürich
Distribution pour l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche Benteli Verlag Bern und Zürich ISBN 978-3-7165-1454-2 www.benteliverlag.ch
Distribution dans les autres pays par
ISBN 978-90-5349-649-7 www.snoeck.be
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