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R LPH Juin-sept. 2018 - 65e année, n°2 - périodique trimestriel - P206948

Avenue de l’attachement

Le magazine de la Mission Evangélique Belge

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En mission

Kurt Maeyens

Depuis près d’un siècle, la MEB veut répondre à l’appel missionnaire du Maître (Mt 28) à sa manière : par l’implantation d’églises et l’évangélisation, en Belgique. Lorsqu’en 2015, je suis devenu directeur des ministères néerlandophones et germanophones, j’avais le profond désir que Peter Hartman, Luc Salsac et moi-même nous mettions à l’écoute de Dieu en nous posant ces questions : comment annoncer l’Evangile de manière pertinente dans ce monde en perpétuelle évolution ? Quelle est ta volonté, Seigneur ? Comment apporter ton merveilleux message de salut et de pardon ? Au cours d’une discussion franche avec Jan Willem et Kathy Vink, consultants pour la MEB, nous avons réalisé que les conséquences de ces interrogations étaient bien plus importantes que ce que nous avions imaginé. C’est un peu comme pour une voiture. Au départ, on ne pense faire que quelques adaptations, remplacer les essuie-glaces, réparer une vitre, régler les phares. Jusqu’à ouvrir le capot et se rendre compte que le moteur fume. Ces dernières décennies, la Belgique s’est transformée à une vitesse incroyable, à l’instar de nombreux pays occidentaux. Notre petit royaume catholique est devenu une société postchrétienne. Nos villes accueillent maintenant diverses cultures et religions. Il règne un climat d’insécurité. Plusieurs personnes vivent dans la peur de nouveaux attentats, du nombre croissant de réfugié, de la flexibilité du marché du travail et du fossé croissant entre les riches et les pauvres. Nombre d’églises se vident, les jeunes en particulier ne s’y

RALPh MAGAZINE

intéressent plus. Pourtant, nous vivons également une période de l’Histoire où les possibilités de toucher les gens avec l’Evangile sont innombrables. Beaucoup aspirent à des réponses, à l’espoir, à la paix intérieure et à un monde durable. Nous nous sommes mis à l’écoute de Dieu en attendant qu’Il nous montre comment apporter l’Evangile à notre pays. Un comité stratégique composé de personnes intra et extra MEB a été constitué afin de réfléchir en toute honnêteté aux possibilités et aux opportunités qui s’offraient à nous. Nous sommes tous ressortis plus riches de ces discussions. Nous avons vu Dieu à l’œuvre et plusieurs ont reçu sur leur cœur des convictions similaires. Dans ce magazine, nous aimerions vous partager ce que Dieu nous a montré et vous inviter à prier pour la MEB. « Si l’Eternel ne bâtit pas la maison, les ouvriers travaillent en vain. » Nous voulons créer un réseau de disciples qui s’intégreront dans la société afin d’être sel et lumière. Ces dernières années, Dieu a richement béni plusieurs de nos ministères et nous le louons pour sa provision et sa fidélité ! Néanmoins, les besoins spirituels en Belgique restent criants : des jeunes qui n’ont encore jamais entendu l’Evangile, des personnes âgées qui n’ont pas d’espoir pour l’avenir. Tant que ce sera le cas, la mission ne sera pas terminée. C’est pourquoi, accrochés à Dieu et incarnés dans la société, nous voulons briller comme des lumières et refléter l’amour divin. Prions ensemble que Son Esprit agisse puissamment.

fait référence à Ralph Norton. Ralph et son épouse Edith sont les fondateurs de la

Mission Evangélique Belge (1919). La MEB a pour vision d’apporter l’Evangile à tous les habitants de Belgique. Le présent magazine sert de

CO LOP H ON

pont entre vous, l’organisation et ses missionnaires.

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Editeur responsable Kurt Maeyens Equipe Eunice Parodi - Ciara Goossens Kathy Oost - Jan Willem Vink Traduction Eunice Parodi Relecture Geneviève Bouvy

Coordonnées Bd Lambermont, 158 1030 Bruxelles Tel: +32(0)2/241.30.15 Email: information@b-e-m.org Site web: www.meb.be Facebook: Belgian Evangelical Mission Bureau de dépôt : 3000 Leuven 1 Agrément : P206948 Numéro d’entreprise : 0410.278.623


Brèves

Journée MEB à Limauges A l’Ascension, il y a toujours quelque chose à faire. Dans le passé, il y avait la Journée de la Mission qui est devenue la Journée du Camp. Pour la troisième année consécutive, c’est la Journée de la MEB et du Camp qui bat son plein à Limauges. Son plein, parce que oui, on nous entend. Entre le joyeux brouhaha des retrouvailles, la prédication et les flash infos, la visite des stands, la file d’attente pour la barquette de frites gratuite, les enfants qui s’en donnent à cœur joie sur les châteaux gonflables et dans l’aire de jeux, et le moment de reconnaissance de l’après-midi par le chant et les témoignages, on fait du bruit. Quelle joie, cette année encore, d’être venus d’un peu partout en Belgique pour profiter de ces moments bénis ensemble.

Baie dankie, Barry en Coreen ! C’est l’histoire d’une famille qui vivait tranquillement en Afrique du Sud et qui, progressivement, s’est retrouvée appelée à tout quitter. Barry et Coreen habitaient avec leurs trois fils près de l’océan, ils étaient engagés dans une assemblée de 1200 personnes et travaillaient tous deux à temps plein. Ils étaient au courant des besoins spirituels en Belgique. Leur église soutenait le poste MEB de Hamme, ils avaient hébergé des missionnaires MEB et même participé à un voyage missionnaire de trois semaines en Flandre. Mais rien ne semblait les destiner à faire le grand saut. Et pourtant, petit à petit, c’est ce qui arriva. Le 31 juillet 2001, Barry, Coreen et Bernard, 12 ans, s’installaient à Bruxelles, laissant derrière eux famille, amis, soleil, plaines et montagnes. En échange, ils découvriraient un pays certes petit, plat et pluvieux, mais aussi le changement des saisons, les longues soirées d’été, la cuisine et les bières belges, ainsi que l’amour fraternel de leurs collègues et d’une nouvelle église locale. Pendant 17 ans, ils ont accueilli des frères et sœurs du monde entier, les « assistant dans leur voyage » (3 Jean 5-8) et, d’une certaine manière, dans leur ministère. Leur joie dans le service et leur don d’hospitalité ont contribué à ce que le Foyer Norton devienne, comme l’a un jour décrit un petit garçon de huit ans, « une grande maison où tout le monde s’aime. » Dans les années qui suivirent,

Barry a également mis à profit ses compétences professionnelles en reprenant une partie de la comptabilité de la MEB. Aujourd’hui, Barry et Coreen retournent au pays, riches d’une expérience inoubliable et de rencontres multiculturelles. Il est temps pour nous de sortir les mouchoirs en leur disant merci et au revoir. Baie dankie, Barry en Coreen. Mooi loop!

Merci, Gérald et Bernadette ! Pendant neuf ans, ils ont été les visages du Camp de Limauges : Gérald et sa barbe poivre et sel, Bernadette et son sourire accueillant. Sans oublier leurs trois plus jeunes enfants qui les ont accompagnés dans cette aventure. On les a vus sur tous les fronts, à toute heure et par tous les temps. Leur souci du travail bien fait et leur présence ont béni les milliers de personnes qui ont bénéficié des infrastructures de plus en plus modernes du Camp. Alors qu’ils se préparent à quitter Limauges pour entamer un nouveau chapitre de leur vie, la MEB désire prendre le temps d’honorer leur zèle et leur fidélité dans le ministère. Merci, Gérald et Bernadette. Cela a été un privilège de vous compter parmi nos collègues. Que le Seigneur vous bénisse richement !

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Missionnaire en Belgique quel est l’impact de la culture belge ?

« Les protestants sont aussi des chrétiens ? » Je restai muette d’étonnement à cette drôle de question. J’étais en pleine conversation avec une vieille dame flamande catholique. A ses yeux, seuls les catholiques

Il y a environ deux ans, mon époux Jan Willem Vink et moi-même avons été approchés par la MEB. On nous a demandé de réaliser une enquête qui offrirait des pistes pour le développement d’une nouvelle vision. Notre travail nous a amenés à des rencontres passionnantes avec des missionnaires, des responsables, des chrétiens et des non-chrétiens de Belgique. A l’époque, j’aurais dit « des Belges » ; aujourd’hui, je préfère distinguer Flamands et Wallons. Mon mari, qui a passé une bonne partie de sa jeunesse en Belgique, était en terrain connu. Pour ma part, en tant que bonne Néerlandaise, j’ai vite réalisé que j’avais sous-estimé les différences culturelles entre nos deux pays.

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étaient chrétiens. Elle ne connaissait pas grand-chose des protestants. « C’est une secte, non ? Ce sont des gens bizarres qui prennent la Bible à la lettre. C’est dépassé, vous ne trouvez pas ? »

L’image qui revenait sans cesse dans nos discussions était que la vie en Belgique était pénible, que le sol était aride. Malgré les besoins spirituels criants, il semble y avoir peu d’ouverture à l’Evangile. La plupart des églises restent petites et il faut parfois des années pour que quelques personnes viennent à la foi. Plusieurs missionnaires plus âgés nous ont parlé avec enthousiasme de la belle époque qu’ils ont vécue dans le passé, là où les gens étaient réceptifs à l’Evangile. Les années 80 et 90 notamment ont été le théâtre de nombreuses conversions.

Un sol aride Tout cela nous a fait réfléchir. Si ce qu’on nous avait raconté était vrai,

le sol belge n’a donc pas toujours été comme cela. Nous nous sommes demandé quels étaient les facteurs à prendre en compte. En étudiant diverses organisations missionnaires, nous avons remarqué que le plus grand facteur d’évangélisation était Dieu au centre et la prière de ceux qui le suivent. Mais Jésus nous appelle aussi, en Matthieu 28, à faire de toutes les nations ses disciples. Donc aussi des Belges ! Mais comment se fait-il alors que l’Evangile éprouve tant de difficultés à toucher les gens ? Est-ce la faute de ces Belges « insensibles et bornés qui ont peur du changement » ? Je ne crois pas ! Toutes ces personnes incroyables que nous avons rencontrées ont montré tant d’intérêt et posé tant de questions sur Dieu


que nous ne pouvons conclure que le contraire. Mais il est vrai qu’elles semblaient bien souvent avoir une connaissance et une compréhension de Dieu incomplètes. Alors oui, on n’aime que ce qu’on connaît…

importées de l’étranger. L’approche anglo-saxonne basée sur la croissance et les résultats chiffrés ne semble pas fonctionner et n’a pas le même impact qu’aux Etats-Unis, en Angleterre ou aux Pays-Bas.

L’influence de la culture

Etudes interculturelles

Nous savons naturellement qu’en période de sécheresse, plusieurs facteurs sont à prendre en compte, tant spirituels que pratiques. Par exemple, l’influence de la culture dans laquelle la personne qui entend le message d’évangélisation a grandi. La culture influencera la façon dont le message sera reçu.

Des experts de la faculté théologique ETF et de ABC Ministries nous ont conseillé les études interculturelles du professeur Geert Hofstede. Celui-ci distingue cinq dimensions permettant de comparer les différences culturelles entre pays, dont le degré d’incertitude et la distance hiérarchique.

La culture évolue. Les temps dans lesquels nous vivons sont, de bien des manières, différents des années 80 et 90. A cette époque, les gens avaient encore une notion du christianisme, qu’ils soient d’arrière-plan catholique ou protestant. A l’heure actuelle, nombre de (jeunes) gens n’ont aucune référence (culturelle) chrétienne. Pour beaucoup, la Bible est un manuel d’histoire voire même un conte dont ils peuvent tirer les leçons de sagesse qui leur parlent.

Le degré d’incertitude évalue la manière dont une personne dans une culture donnée réagit aux situations incertaines et inconnues. Les Flamands et les Wallons ont un degré d’incertitude plus élevé que, par exemple, les Américains, les Autrichiens ou les Néerlandais. Même s’ils sont convaincus que le changement est bon et nécessaire, il leur sera plus difficile de mettre de côté ce qu’ils ont toujours connu. Ils n’embrasseront pas directement le changement. Les missionnaires qui viennent de l’étranger soulignent la fidélité et la persévérance de l’Eglise belge mais se heurtent à un manque d’intérêt dû à un degré d’incertitude élevé lorsqu’ils proposent quelque chose de nouveau.

Dans notre monde moderne où la « vérité » est relative, peu de gens connaissent l’Evangile. Le théologien Stefan Paas en parle dans son livre Vreemdelingen en priesters : « Nous vivons dans une phase culturelle où l’Europe christianisée disparaît à vue d’œil.1 » Une époque où (surtout) les jeunes ont peu de connaissance du monde chrétien. Qu’est-ce que cela signifie pour l’évangélisation et le travail missionnaire ? Comment mieux nous connecter à la culture de ce pays, qu’en est-il de nos méthodes d’évangélisation ? Des missionnaires nous ont raconté que les méthodes qui marchaient bien dans les années 80 et 90 ne répondaient plus à la culture de notre temps. Il en est de même pour celles

La distance hiérarchique évalue la manière dont une société accepte les différences hiérarchiques entre individus comme un fait. La distance hiérarchique est également plus élevée en Belgique qu’aux Etats-Unis ou dans les pays du Nord de l’Europe. Les Belges attribuent aux personnes en position d’autorité, tels que les enseignant ou les responsables d’église, un pouvoir plus important. On préfère laisser les initiatives aux personnes en position d’autorité plutôt que de les prendre soi-même. La confiance des Belges est par ailleurs plus dif-

ficile à gagner. Obtenir la confiance de quelqu’un implique un investissement dans des relations durables. Nous avons remarqué que les gens en Belgique s’ouvrent lorsque l’on s’intéresse à eux et qu’ils se sentent mis en valeur, lorsque l’on veut apprendre de l’autre et que l’on comprend leur culture. Cela demande de l’humilité. Notons particulièrement que beaucoup de Belges considèrent vite comme arrogants ceux qui « savent mieux que les autres. »

Son Royaume Il reste tant de choses à dire sur la culture d’un pays et le rapport au travail missionnaire et à l’évangélisation. Jésus nous montre comment vivre depuis la culture et les valeurs de Son Royaume, qui bien souvent ne sont pas en phase avec la culture dans laquelle nous avons grandi. Pourtant, Il nous appelle à annoncer la Bonne Nouvelle de Son Royaume dans ce monde. Comment créer des ponts avec les habitants de la Belgique d’aujourd’hui, toutes générations confondues ? En formulant sa nouvelle vision, la MEB a choisi de devenir un mouvement d’où naîtront des communautés de disciples de Jésus qui fonctionneront sur base de valeurs telles que l’intégration, le cheminement, la participation et la communauté. Vous en saurez davantage dans le prochain article. Texte : Kathy Vink-Oost 1

Source : Stefan Paas (2015) Vreemdelingen en

Priesters

Vous trouverez d’autres information sur le modèle d’Hofstede et sur la culture évangélique/belge entre autres dans la brochure publiée par ABC Ministries (en néerlandais) : https://www.abcministries.be/ vorming1/culture-gospel

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Une nouvelle

Vision pour la MEB « Notre organisation missionnaire veut toucher les personnes en dehors de l’église. »

La Belgique a changé. Par conséquent, la MEB revoit sa raison d’être, un an à peine avant ses 100 ans. « Notre société a changé », explique Kurt Maeyens. « Nous devons reconnaître que nous vivons dans une culture postchrétienne. Les gens n’ont plus de lien direct avec le monde chrétien. » Le processus de réflexion et de recherche dans lequel s’est lancée la MEB

Notre nouvelle vision est la suivante : « Nous voyons s’épanouir un mouvement de Communautés intégrées de disciples de Jésus en Belgique. » Avec enthousiasme, Kurt et Luc expliquent comment la MEB veut sortir des murs. Elle revient ainsi à ses racines, choisissant de redevenir une organisation missionnaire à part entière. « Lorsque je suis devenu directeur flamand il y a quelques années », raconte Kurt, « nous ne savions plus vraiment quoi faire pour annoncer l’Evangile en Belgique. On essayait de rester à flot avec ce que nous avions. » Au cours RALPH | 6

depuis près de deux années l’amène à emprunter de nouveaux sentiers. Par exemple, tous les ministères de la MEB seront dorénavant axés sur quatre valeurs stratégiques. Pourquoi ? Afin de ne plus simplement inviter des personnes à l’église, mais aller les trouver là où ils se trouvent. Rencontre avec Kurt Maeyens et Luc Salsac.

des années, la MEB a connu plusieurs périodes de croissance, mais également de stagnation. Les églises ont fleuri dans les années 80 et 90, mais les méthodes qui semblaient efficaces à l’époque ne semblent plus convenir. Pour Kurt, il est faux de dire que le Belge ne peut plus, par définition, être touché par l’Evangile. « Nous essayions toujours de faire un lien avec le monde chrétien », expliquet-il. « Mais, vu que beaucoup n’ont plus de racines catholiques et donc plus de bases chrétiennes, on s’est dit qu’ils n’étaient plus ouverts à

l’Evangile. En fait, si on s’investit dans des relations, on s’aperçoit que c’est même le contraire. »

Incroyable « En développant une nouvelle vision, j’ai vraiment reçu la conviction que Dieu avait un plan nouveau pour la Belgique », raconte-t-il enthousiaste. « Tout ce processus a été incroyable et nous avons vraiment vu le Saint-Esprit à l’œuvre. » « Je ne savais pas à quoi m’attendre », enchaîne Luc. « Il me semblait important que l’on invite quelques per-


sonnes hors MEB à nous rejoindre. Dans nos rencontres, les présentations faites par Filip De Cavel, Nat Winston et Eric Zander nous ont vraiment ouvert les yeux. Filip nous a expliqué pourquoi bien souvent l’approche habituelle ne marche plus en Flandre et a pointé du doigt d’autres initiatives, nouvelles et pertinentes. Nat nous a décrit son parcours de pionnier à Bruxelles et Eric a parlé de L’Autre Rive. Il a souligné les principes communs à ces trois expériences. Cela nous a tous beaucoup marqués. »

INTÉGRATION

CHEMINEMENT

PARTICIPATION

COMMUNAUTÉ INTÉGRATION

Cela fait déjà quelques années que Luc travaille à Hannut avec ces valeurs. Il raconte : « Ce n’est pas nous et le monde. Nous choisissons d’être au milieu des gens. On réalise que Jésus a quitté le ciel pour venir sur terre pour vivre parmi les hommes. Si nous ne faisons pas de même, le fossé ne fera que s’élargir. » Pour Luc, cela se traduit concrètement par un engagement auprès de la Maison du Cœur, une organisation locale qui vient en aide aux démunis. « Tous les jeudis matin, je conduis un camion de déménagement. Je me re-

ADN « Les valeurs que nous avons finalement choisies pour la Mission ressortaient de chacune de ces histoires », continue Luc. « L’une d’entre elles est l’intégration. Il s’agit de la manière d’être avec les gens, pas seulement les inviter, mais vivre avec eux. » L’ADN de la MEB est finalement formulé comme suit : « La MEB se consacre à incarner la Bonne Nouvelle de Jésus, à faire des disciples de Jésus et à développer des commu-

trouve entouré de gens que je n’aurais jamais rencontré dans d’autres circonstances. Des personnes qui ont des problèmes de drogue, d’alcool, d’autres qui ont fait de la prison, d’autres encore ont une vie familial difficile. Jai beaucoup appris d’eux. Je ne prêche pas, je les sers. Lorsque l’occasion se présente, je parle de Dieu. Ils me respectent et parfois me posent des questions. Un jeudi, je n’ai pas pu venir parce que j’ai dû me rendre à l’hôpital ; mon épouse et mes enfants étaient à l’étranger. Ils m’ont proposé de m’aider en faisant les courses à ma place. Il arrive que ce travail me montre ce que l’Eglise devrait être. »

nautés intégrées et pertinentes, dans chaque contexte socio-culturel et pour chaque groupe de personnes, en Belgique et au-delà. » Kurt explique : « Avant tout, nous voulons nous focaliser sur la façon d’avoir un impact dans la société et la manière d’y apporter Jésus. » La nouvelle approche de la MEB repose sur quatre valeurs stratégiques issues de ministères pionniers ou communautés.

CHEMINEMENT Cette valeur revêt une dimension personnelle pour Kurt. Elle reflète le fait qu’en Belgique, nous devons parfois marcher longtemps vec les gens pour les voir changer. « Ma fille Liesbeth s’est récemment mariée. Lorsqu’elle avait cinq ans, elle s’est liée d’amitié avec Evelien, une camarade de classe. Elles sont devenues meilleures amies et Liesbeth l’a invitée à un camp chrétien. Un jour, ses parents sont venus nous rendre visite et nous sommes devenus amis. Ils étaient vraiment reconnaissants pour la relation entre nos filles, nous sommes même partis en vacances avec eux. Evelien était RALPH | 7


témoin au mariage de Liesbeth, ses parents ont aidé dans les préparatifs et ont vraiment apprécié le culte. Il s’agit ici pour moi de cheminer ensemble, d’être ouvert à l’autre dans le quotidien de la vie. Evelien est devenue chrétienne, mais ça a pris dix ans. »

PARTICIPATION La participation est un point central des cultes de la communauté de Luc à Hannut. « Cette valeur est là parce que le Saint-Esprit parle à tous. Bien sûr, nous avons des modérateurs, mais chacun a l’occasion de partager quelque chose, ce qu’il a compris ou moins bien compris. Nous ne fermons pas la porte aux questions des gens. » « Un jour, j’ai invité l’équipe de la Maison du Cœur au culte en leur proposant de parler de leur travail. Le slogan de notre communauté est le suivant : « Un amour radical, une foi dynamique, un espoir solide. » J’ai demandé aux gens de dessiner ce que cela représentait pour eux. Mes collègues de la Maison

du Cœur ont dessiné un point d’interrogation à côté du mot « foi », mais ils avaient plein de choses à dire sur l’amour parce qu’ils le vivent au quotidien. Ils se sont sentis libres d’en parler et ça les a accrochés. »

COMMUNAUTÉ La communauté, c’est « plus qu’une église », fait remarquer Luc. « C’est un groupe de personnes. Il existe plein de sortes de communautés dans le monde. Ça peut être un club de foot, de rugby ou de vélo. Nous, chrétiens, devons prendre part à ce genre de communautés ou en initier afin d’être présents. Il ne s’agit pas seulement d’implanter des églises, mais de chercher à créer des ponts à partir des points d’intérêts de ceux qui nous entourent. Le café Expressé à Charleroi sera un endroit où les gens pourront se rassembler et « faire communauté . » L’établissement sera tenu par des chrétiens et les clients pourront goûter Christ. Cela dépasse donc l’image que nous nous faisons de l’église. »

En conclusion de cette entrevue, nous jetons un regard en avant. D’après Luc et Kurt, comment la MEB va-t-elle se développer dans les années à venir ? « J’espère que la MEB sera une plateforme où l’on pourra expérimenter de nouvelles idées », répond Luc. « Que nous ne puissions pas dire « nous n’avons jamais essayé cela », que des jeunes puissent nous rejoindre et que nous puissions atteindre un nouveau public. » Et Kurt de continuer : « Nous ne voulons pas nous contenter d’être une organisation, nous voulons être un mouvement, dirigé par Dieu. Si nous restons fidèlement attachés à Lui, nous aurons un impact. Dieu nous a appelés à vivre parmi les perdus et à leur apporter Christ. J’espère que cela inspirera les nouvelles générations. Qu’elles puissent prendre part au mouvement et atteindre la Belgique avec l’Evangile au sein de leur communauté. Qu’ils soient réfugiés, motards ou footballeurs. Nous prions pour un mouvement mené par le Saint-Esprit. » Texte et interview : Jan Willem Vink

Au moment de cette entrevue, Kurt Maeyens était directeur des ministères néerlandophones et germanophones et Luc Salsac directeur des ministères francophones. Au cours de notre dernière assemblée générale, tous les membres du Conseil d’administration de la MEB ont rendu leur mandat. Après six ans comme directeur, Luc se concentre dorénavant sur son ministère local à Hannut. Dans l’année qui vient, Kurt Maeyens présidera le nouveau Conseil de transition qui assurera la direction quotidienne des changements à apporter à la MEB.

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Une année de

transition

Kurt MAEYENS

Fin avril, l’assemblée générale de la MEB a pris une décision importante en approuvant la nouvelle vision proposée.

« Nous voyons s’épanouir un mouvement de Communautés intégrées de disciples de Jésus en Belgique. » C’est bien d’avoir une vision claire, de savoir vers quoi se dirige une organisation. Néanmoins, le changement n’arrive pas de lui-même, un bateau qui suit un cap a besoin de temp pour en dévier. Pour ce faire, l’assemblée générale a voté pour un nouveau Conseil d’administration qui assurera la transition. Venant de la MEB, on y retrouve Kurt Maeyens (président), Eric Zander, Henk van Dorp et Willy Fraipont. S’ajoutent Kees van Velzen, président de la fondation Onze Hoop (qui représente la MEB aux Pays-Bas) et Jan Wisse, qui œuvrait jusqu’à présent avec OM Belgique. Peter Hartman sera en charge de la partie administrative. Une équipe riche d’expériences dans le travail missionnaire et la direction, tant en Belgique qu’à l’étranger, qui, nous l’espérons, contribueront à une belle transition. Avant tout, nous inviterons chaque collaborateur MEB à se situer par rapport à la nouvelle vision et proposerons un plan sur mesure pour chaque missionnaire et ministère. Tous les services de la MEB seront passés à la loupe afin d’évaluer en quelle mesure ils répondent à la nouvelle vision. Si ce n’est plus le cas, nous accompagnerons le ministère vers son autonomie ou une reconversion en tant que partenaire MEB. Par la suite, nous définirons clairement la manière dont nous

voulons évaluer nos activités. Nous voulons pouvoir mesurer nos points forts afin de déterminer ce que nous pouvons apporter à un monde qui change à une vitesse déconcertante. Enfin, nous réfléchirons à la création d’un nouvel organigramme afin d’offrir une structure la plus transparente possible tout en restant optimale dans un soutien du travail accompli. Nous prions qu’après cette période de transition, nous soyons devenus une organisation qui réponde clairement et pertinemment à la mission que Christ nous a confiée. Que nous puissions continuer d’émettre un signal nous donnant des opportunités de toucher notre pays avec la Bonne Nouvelle. Nous espérons attirer une nouvelle génération d’ouvriers, de Belgique ou de l’étranger, qui verront clairement quelle différence ils peuvent faire pour l’Evangile. Nous espérons bâtir des ponts avec plein d’autres organisations, églises et individus afin d’être encore plus efficaces ensemble. Voulez-vous prier avec nous ? Nous n’y arriverons pas par nos propres forces ! Le changement n’est jamais facile, nous voulons garder notre objectif à l’esprit tout en permettant à chacun de prendre le temps nécessaire pour faire sienne cette nouvelle vision.

Eric ZANDER

Henk VAN DORP

Willy FRAIPONT

Kees VAN VELZEN

Jan WISSE

Peter HARTMAN

Texte : Jan Wisse RALPH | 9


edith Ruth Trump Comment partager notre foi auprès de nos voisins incroyants alors qu’ils ne manifestent aucun intérêt pour les choses spirituelles ? Dieu nous a bénis avec de bons voisins. Dans notre village, deux ont plus ou moins le même âge que moi et j’aime beaucoup discuter avec eux. Par contre, si je tente de leur expliquer la différence que Jésus fait dans ma vie, ou si je fais part de ma vision de la vie centrée sur Dieu, leur regard commence à se faire vitreux et ils changent de sujet de conversation. Vous imaginez donc mon intérêt lorsque j’ai entendu parler de la conteuse Christine Dillon (www. storyingthescriptures.com, également disponible en français). Elle s’est entraînée à raconter toute une série d’histoires bibliques à utiliser dans diverses situations données: en public ou dans des moments plus intimes, dans le train ou avec des voisins… Encouragée par mes lectures, j’ai commencé à apprendre ma première histoire. J’ai choisi l’extrait de Luc 7 où une femme pécheresse oint les pieds de Jésus dans la maison de Simon le pharisien. Ce n’est que lorsque j’ai commencé à essayer de mémoriser le récit que j’ai mieux compris l’agencement de son auteur. Il m’a semblé discerner sept étapes contenant chacune une mini parabole en son centre (v.41). La dernière étape est la conclusion dévastatrice de Jésus au verset 47 : « C’est pourquoi je te le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés, puisqu’elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui l’on pardonne peu aime peu. » (SG21) Cette compréhension m’a beaucoup aidée dans la mémorisation. Et bien sûr, il faut garder les sept étapes à l’esprit afin d’être prêt lorsque l’occasion se présente. En fait, dans les semaines qui ont suivi, j’ai eu l’occasion de partager cette puissante histoire à un étudiant dans le train, à mon groupe de dames à l’église, dans une maison de repos à Noël et même à l’une de mes voisines en lui demandant : « Est-ce que ça t’intéresserait d’entendre l’une des histoires bibliques que je suis en train d’apprendre ? » Elle a accepté et, cette fois, elle était tout ouïe.

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RENCONTRE Ces dernières années, Jan Wisse a été directeur d’Opération Mobilisation Belgique. Aujourd’hui, il rejoint la Mission Evangélique Belge et participera à la mise en action de la nouvelle stratégie. Jan et son épouse Melinda ont quatre enfants.

« La mise en place de la nouvelle vision va être un défi de taille. »


Qu’as-tu appris pendant toutes ces années comme directeur chez OM ? Trouver l’équilibre entre travailler pour Dieu et mettre Dieu à la première place. Il est tout à fait possible d’être tellement à fond dans le ministère qu’on en oublie pourquoi on le fait. Cet équilibre est vital, surtout si on est quelqu’un de naturellement actif. Quel est ton secret ? Je crois que la clé, c’est Dieu. On est en lutte constante avec soi-même. D’un côté, je veux cet équilibre et, d’un autre, je n’y arrive pas. Chaque fois, je prends conscience que Dieu m’entoure de ses bras. Pour moi, le plus important est de réserver du temps pour Lui. C’est une quête de tous les jours, ce n’est jamais acquis. Sans cesse, je dois me rappeler de mettre Dieu à la première place ! L’année dernière, tu as été impliqué dans la réflexion relative à la nouvelle stratégie de la MEB. Qu’as-tu tiré de cette expérience ? J’ai accepté de faire partie de cette équipe parce que je suis intéressé par ce genre de réflexion. Ce que j’ai trouvé incroyable, c’est comment toutes ces idées se sont si bien combinées. Je suis vraiment content du résultat. Quelle sera ta fonction au sein de la MEB ? Il est prévu que j’aide à mettre en place la nouvelle vision pour les communautés, mais je suis incapable d’en dire plus.

Je verrai en cours de route ce que cela signifie pour moi en pratique. Pourquoi ce choix ? Un jour que je me rendais aux Pays-Bas, j’ai été pris du profond désir de collaborer à la mise en place de ce projet. C’était tellement fort que je me suis demandé ce que Dieu voulait me dire. Cela venait-il de Lui ou était-ce mon imagination ? J’ai pris du temps pour y réfléchir et j’ai finalement demandé à Kurt si on pouvait trouver un moment pour parler. Il m’a proposé exactement ce que j’avais sur le cœur, c’était pour moi une confirmation. J’ai donc prié : « Seigneur, si c’est ce que tu veux, nous voici ! » Quel sera le plus grand défi pour la MEB ces prochaines années ? Le plus grand défi sera de rendre réelle la nouvelle vision. Il va nous falloir plus de personnel. Nous devons faire les choses différemment et ce n’est jamais facile. Il va falloir recruter, ce qui a été un problème jusqu’à présent, et c’est notamment lié au fait qu’il faudra trouver des fonds. Quel est ton rêve pour la Belgique ? Je prie que le pays revienne à Dieu, qu’Il soit connu pour qui Il est vraiment. Je prie que l’Eglise belge grandisse. On dit qu’un peu plus d’1 % de la population connaît Jésus. Ne nous satisfaisons pas de ce chiffre ! Texte et interview : Jan Willem Vink

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centième anniversaire de la MEB 2019 est une année importante pour la MEB car nous fêterons nos cent ans d’existence. Nous sommes reconnaissants pour tout ce chemin parcouru et voulons célébrer ce chiffre historique avec vous. En 2019, cela fera 100 ans que Ralph et Edith Norton sont arrivés en Belgique pour fonder la Belgian Gospel Mission, connue aujourd’hui sous le nom de « Mission Evangélique Belge. » La MEB a eu une influence considérable sur l’annonce de l’Evangile en Belgique et un grand nombre d’églises et de ministères en sont issus. A l’occasion de nos cent ans, nous voulons remercier le Seigneur pour tout ce qu’Il a fait jusqu’à présent et, surtout, regarder vers l’avenir en vous partageant notre nouvelle vision. Nous nous préparons à une année de fête et vous invitons à y prendre part. Il y en aura pour tout le monde. Plus d’infos, dont les dates clés, dans le prochain RALPH.

Belgique

Mission Evangélique Belge IBAN: BE93 3100 5797 5067 BIC: BBRUBEBB

Suisse

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