Entretien avec Jean Verne Jean Verne, arrière petit-fils du célèbre écrivain Jules Verne, a accepté l’invitation de la Maison du roman populaire. Discret pour parler de sa vie, prolixe quand il évoque son arrière grand-père et ses œuvres, il a rencontré le public l’haÿssien le jeudi 30 avril 2009 à 20h, à la bibliothèque George Sand. A L’Haÿ : Sur le plan professionnel, menez-vous comme votre arrière grand-père une carrière dans la littérature ? Jean Verne : Non pas du tout. Je suis inspecteur et conseiller pour la musique et la danse à la direction régionale des affaires culturelles à Rennes. J’ai été baigné dans la littérature par la force des choses. Mon père a écrit une biographie sur son grandpère en 1973 et une adaptation du film «Le Triomphe de Michel Strogoff» dans les années 60, une suite imaginaire du roman «Michel Strogoff» de Jules Verne. J’ai même fait un rejet de cet héritage durant mon adolescence. J’ai donc lu les œuvres de mon arrière grand-père tardivement mais avec beaucoup de plaisir. A L’Haÿ : Vous avez souhaité prendre du recul par rapport à cet héritage familial mais le destin en a décidé autrement… J. V. : Le destin m’a rattrapé peu de temps après la mort de mon père. J’ai retrouvé dans mon garage le manuscrit de «Paris au XXe siècle», roman que Jules Verne avait écrit en 1863. A l’époque, sa publication avait été refusée. Il était pour moi évident de le faire éditer, même un siècle plus tard, en septembre 1994. Pendant dix ans, j’ai joué le porte-étendard de la descendance et multiplier les rencontres. Depuis j’ai levé le pied pour ne pas vivre dans l’ombre de Jules Verne et pour mener ma propre petite existence. En 2004, j’ai fait la connaissance d’Annie Besnier et de son mari lors du salon du roman populaire d’Elven, dans le Morbihan. Ma dernière intervention publique date de septembre 2005. Par amitié pour eux, j’ai accepté cette année de venir à L’Haÿ-les-Roses. A L’Haÿ : Que diriez-vous de Jules Verne en tant qu’homme ? J. V. : Contrairement aux personnages de ses romans, mon arrière grand-père a eu une vie paisible, bien rangée, très bourgeoise. Il s’est marié par convenance. Pour la petite anecdote, il avait fait fondre les boucles d’oreille de sa tante pour offrir une alliance à sa future épouse, Honorine Morel, femme veuve qui avait déjà deux enfants. Il n’avait invité que 13 personnes pour la cérémonie. Ce qui lui importait c’était de pouvoir écrire en toute quiétude. Il ne voyageait pas. Sa femme avait le mal de mer. Sa vie contrastait avec celle de son fils unique, Michel, mon grand-père, qui a abandonné sa première épouse pour s’enfuir à cheval avec Jeanne, âgée de 16 ans à l’époque, avec qui il a eu trois enfants, Georges, Michel et Jean, mon père.
Mon grand-père avait un comportement rebelle, une vie aventurière, en dents de scie. Mais vers sa fin de vie, Jules et Michel Verne se sont rapproché et ont co-écrit des romans. A L’Haÿ : Et de Jules Verne en tant qu’écrivain ? J. V. : C’était un écrivain d’anticipation. Ce n’était pas un visionnaire mais un homme très intuitif, logique, projectiviste. Ce n’était pas un scientifique non plus, mais il s’est nourri de lectures de revues scientifiques et a collaboré avec des chercheurs et professeurs en sciences pour écrire ses romans d’aventure et de science-fiction, comme «De la terre à la lune» ou «Vingt mille lieues sous les mers». Je le compare souvent à Shakespeare dont les écrits sont universels et intemporels. Prenons «Le Tour du monde en 80 jours» : il évoque la performance, la réussite à tout prix, des archétypes toujours vrais aujourd’hui. A L’Haÿ : De quelle façon souhaitez-vous transmettre à votre tour cet héritage ? J. V. : Dans la pure tradition familiale, en 2005, l’année du centenaire de la mort de Jules Verne, j’ai fait don au musée Jules Verne de Nantes d’objets comme son globeterrestre et sa boîte de compas, de vaisselle, livres, courriers, tableaux, meubles de son salon à Amiens…J’ai gardé quelques souvenirs qui seront automatiquement légués au musée Jules Verne afin qu’ils ne meurent pas avec moi.
«Rencontre autour de Jules Verne», animée par Jean Verne à la bibliothèque George Sand, 21 rue Henri Thirard à 20h. Entrée libre. Renseignements à la Maison du Roman populaire au 01 49 08 96 56.