Riom atelier d'écriture

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1 / Où il est question d’un RDV chez la doctoresse

Chez la doctoresse, Joséphine et son mari D- Madame Monsieur asseyez vous. Je vous écoute M- Depuis quelques temps, Joséphine ne mange plus beaucoup, elle dort peu, je m’inquiète pour elle. J’espère qu’elle n’est pas malade J- Je lui répète que je vais bien M- Je l’ai forcée à venir ici D- Madame, est-ce que vous avez des douleurs au ventre ? J- Non D- Insomnie ? J- Oui D- Du stress ? Quelque chose vous tracasse ? J- Je veux que vous m’enleviez mon.. Do- Votre quoi ? M- Ton quoi ? J- Mon stérilet M- Comment ça ton stérilet, comment ça son stérilet ?

D- Est-ce que vous pouvez sortir Monsieur ?… Votre date limite est-elle arrivée J- Non D- Vous voulez changer de moyen de contraception ? J- Non


D- Vous savez, il n’y pas de quoi angoisser


J- Je sais bien D- Que se passe-t-il Madame ? Les symptômes que vous avez sont liés au stress. quelque chose vous angoisse visiblement. Je peux vous prescrire des infusions à base de plantes J- Ça ira merci D- Vous pouvez me parler Joséphine Jo- J’aimerais avoir un enfant D- Et votre époux est contre cette idée J- Il les déteste D- Vous savez, les enfants en général ce n’est pas pareil… et surtout pas quand c’est les siens… Pourquoi ne pas en parler ensemble ? J- Je ne suis pas prête docteur D- Monsieur M- Oui D- Je crois que votre femme a quelque chose d’important à vous dire M- Que se passe-t-il chérie ? De quoi est-il question ? J- de rien, de rien, ce n’est pas important je voulais juste qu’on m’enlève mon stérilet, il me gratte D- Madame Jo- je voudrais un enfant D- Vous voyez que ce n’était pas compliqué M- Oh je vois J- Tu n’en veux pas n’est ce pas M- Je ne sais pas, je n’y ai jamais vraiment songé. Je ne suis pas sûr de vouloir infliger à un enfant le monde dans lequel nous vivons. La vie n’est pas facile et puis c’est beaucoup de responsabilités


J- Mon chéri, lui refuser la vie, c’est lui refuser la possibilité d’un avenir M- Tu as peut-être raison D- Alors, on l’enlève ce stérilet ?


2 / Où il est question de liens familiaux Entrent Henri (le frère de Joséphine) et Armand (ami de Henri), avec des cartons

J- Ah non H- Quoi J- Y’a pas assez de bazar comme ça ici ? H- Si tu partais enfin, j’aurais plus d’espace J- Pourquoi pas toi ? h- T’es l’ainée A- Bon on termine ? H- Il reste deux cartons à monter J- Vas-y, je tiens compagnie à Armand H- Ok, méfie-toi de ma frangine, les hormones la démangent en ce moment Henri sort J- Henri est toujours d’une grande délicatesse A- Je connais, c’est mon pote J- Dommage il a pas le sens de la famille tu vois, c’est le seul homme ici, il pourrait être comme un grand lampadaire A- Un lampadaire ? J- C’est une image. Il nous éclairerait. Maman et moi A- Ton frangin c’est pourtant pas une lumière J- Oui mais tu comprends le sens A-

Le sens de quoi ?

J- De l’importance d’un foyer


A- Pour la chaleur, à la place du lampadaire ? J- C’est à peu près ça A- Si t’as besoin je peux rendre service J- J’ai pas besoin d’une aventure, envie de durable, de sérieux, de m’investir Henri entre H- Vous parlez de quoi ? J- De l’importance de pouvoir s’appuyer sur des liens familiaux solides A- Ou suivant le point de vue: de la nécessité de pouvoir s’envoyer en l’air sans prise de tête


3 / Où il est question d’un Objet Non Identifiable A, B et Joséphine

A- Alors Joséphine, qu’en dites vous de celui-là ? Jo- Pour être honnête, je ne sais pas trop, je l’imaginais plus grand, plus clair, plus original A- Plus original ? Mais vous ne nous aviez pas parlé de ce critère ! B- Original ! en plus il faut qu’il soit original ! on aura tout vu ! Jo- Enfin quand je dis original, je veux dire un peu… nouveau. Quelque chose que l’on n’a pas déjà vu… vous voyez ce que je veux dire A- Ah non ! pas du tout ! B- Non ! Nous ne voyons pas du tout ce que vous voulez dire Jo- J’imaginais quelque chose de plus coloré, ou moins rigide, moins formel, plus idéel en quelque sorte… que cela signifie quelque chose A-Mais cela signifie quelque chose Mme Joséphine B- Oui madame Joséphine, cela signifie la vitesse ! Jo- Oui oui, bien sûr, que ça signifie la vitesse … mais ce n’est pas assez, pas assez… A- Pas assez quoi ? B- Oui ! pas assez quoi à la fin ? Jo- Pas assez conceptuel voilà ! ce n’est pas assez conceptuel… il n’est pas assez conceptuel ! A-Pas assez conceptuel ! c’est la meilleure celle-là. ce n’est pas assez conceptuel ! Mais c’est l’essence même de l’objet que vous avez devant vous ! B- Oui il a raison, nous avons travaillé le concept du primal, du primitif, de l’origine Jo- A vrai dire, ce sont les roues qui me gênent un peu, elles ne sont pas assez redondantes à mon goût. Elles ont ce côté Chamallow vous voyez … la ! elles dégoulinent un peu, elles sont trop molles


A- Nos roues sont trop molles ! Elles son trop molles maintenant ! B- J’avoue que moi aussi je les trouve un peu raplapla on va dire Jo- AH vous voyez ! je ne suis pas la seule à les trouver ratées A- Soit soit, mais le cadre, le cadre, il vous plait ? Jo- Oui et non A- Oui et non ? Jo- Il a ce côté trop rigide, pas assez multiculturel, trop fermé sur les autres … un côté conservateur en somme


4 / Où il est question d’un repas qui tourne mal Joséphine- Au fait / Henri- Je te dis que c’est le couscous le problème Aliska- Henri… Henri- Je te ressers? Joséphine- Non ça va, je t’ai déjà dis que je peux pas boire d’alcool. Je voulais vous dire/ Henri- C’est vrai, j’avais oublié/ Aliska- Tu t’écoutes parler et t’écoutes pas les autres, on en peut plus de t’écouter. Henri- C’est quoi ça Aliska? ça s’appelle comment déjà, un sabre? Aliska- Non, c’est des couteaux, ça se mange avec un peu de jus de citron, tiens ils sont là dans le panier de fruits, je vais les couper j’avais oublié. Je t’avais dit de pas les mettre avec les pommes, ça les fait pourrir plus vite. Henri- Tu veux pas te resservir? On a fait ça exprès pour toi Joséphine- Non merci, j’ai un peu la nausée là…. je vais faire une pause. Henri- Tu vois, par exemple, quand Aliska exposait à la galerie de Gennevilliers, tu te souviens tu étais venue et t’avais fais un scandale au galeriste à cause d’une oeuvre en forme de vélo Joséphine- Hein? Henri- Oui l’autre artiste qui était exposé en même temps que Aliska? Bon. Ben, juste en face il y avait un restaurant. Le galeriste nous avait conseillé d’y aller après le décrochage mais j’étais pas avec Aliska. Elle a fini par se retrouver toute seule avec le patron qui lui avait proposé de la ramener car il habitait aussi dans le même quartier et bien il a fini par lui faire des avances…. C’était un restaurant où on y mangeait du couscous. Joséphine- Sérieusement, tu fais chier. Tu mélanges tout. C’est quoi le problème avec le couscous? En plus tu mets ça sur Facebook. Moi je veux bien te supporter à un repas de temps en temps parce que t’es mon oncle, mais mes amis ont pas à supporter tes conneries qui circulent sur le net. Hier une copine m’a dit: « c’est qui ce mec qui pollue comme ça les actualités? »


Aliska- On avait dit que tu arrêtais. Henri- Mais… Joséphine- Hier tu as mis: « Ceux qui mangent des carpes farcies et du pain hazim ont-ils posé des bombes en Allemagne après la Shoah? Ceux qui mangent du manioc ont-ils été se faire exploser là où l’on bouffe des frites? Pourquoi est-on obligé de se farcir de couscous? » C’est pas possible, c’est quoi ton soucis avec le couscous? T’étais prof de géo tu devrais pas dire des trucs pareil

Aliska- explose et renverse la table, prend la bouteille de vin rouge, et en jette le contenu à la face de Henri Henri mais j’en peux plus, tu m’avais promis J’ai honte, tu pourris mon réseau professionnel avec tes merdes! Ton cancer c’est ta haine qui te retombe dessus! Henri- mais… Joséphine- ….. ok…. Mais tonton c’est depuis que tu es à la retraite que tu te mets à dire de la merde, tu te fais sacrément chier, c’est pour ça. Aliska- Nettoie. Je vais pas le faire. Regarde y’en a partout (temps) Prends pas les lingettes, elles puent. Joséphine- ça vous arrives souvent? Vous brisez un mythe pour moi. Vous êtes plutôt des gens calmes d’habitude. Henri- C’est son âme slave Joséphine- Je voulais vous dire/ Henri- Quoi? Joséphine- Je suis enceinte, enfin. Oui je sais le père est parti, mais je m’en fiche je le garde, c’est le dernier moment. Henri- Ah? Joséphine- J’espère que tu seras là pour le voir car si tu continues comme ça, tu vas nous claquer dans les mains avec ta haine là Une chose est sûre il mangera pas que des pâtes avec des knacky Tu fais Chier Bon je vais vomir


Aliska- Tu m’agace avec cette histoire de couscous Henri- Je me suis mariée avec une mangeuse de pirroguis alors arrête… Joséphine- Sympa votre Jésus crucifié suspendu à l’envers dans vos toilettes, c’est nouveau? Y’en a marre aussi là de tous ces curetons de l’Eglise. Je préfère bouffer du couscous que de sucer une ostie


5 / Où il est question de Madame Ataya Joséphine, Nina, Yan, Stéphane J- Moi, j’aimerais bien qu’elle m’accompagne à cette sortie Mme Ataya N- ok mais elle doit venir sans son voile, sans sa toge noire, on doit voir ses cheveux, ses pieds, ses mains J- pourquoi es-tu remontée comme ça contre elle ? pourquoi tu dis toge ? Pourquoi ça te gêne, qu’on ne voit pas ses cheveux, ses pieds, ses mains, c’est un parent d’élèves avant tout, non N- Peut-être mais nous sommes une école laïque, nous sommes en France, en Europe Y- Qui ne sait pas où est la France ? qui la situerait aux USA ? J- Sois sérieux Yann. Je discute avec Nina. C’est un sujet important, tu vois, on ne peut pas rire de tout Y- Et pourquoi pas ? Hein ? Quel est le problème ? Dis moi de quoi vous parliez toutes les deux et je te ferai rire tu vas voir J- De Mme Ataya Y- La dame en noir J- Mme Ataya Y-Je sèche J- Nina ne veut pas qu’elle m’accompagne visiter la ruche des Puys Y-Ah bah ça y est ! j’ai trouvé , regarde. avec son voile, elle est déjà équipée : pas besoin de l’apiculteur, elle pourra le sortir le miel, elle se fera pas piquer

Nina et Yoann rigolent

J- Vous êtes pas drôles


S- Pourquoi vous vous marrez comme des piafs ? On vous entend des chiottes ! Va falloir aller ouvrir le portail il est l’heure J- Stephane aide moi, Nina s’oppose à ce que Mme Ataya accompagne la classe à la ruche. Elle dit qu’en Europe, en France, elle devrait pas se voiler S- Elle vient d’où ta nénette ? J- Du Liban, Beyrouth S- Eh bien voilà, c’est plié. Qu’elle se ramène ici avec des patisseries libanaises et Nina quand elle aura toutes les dents englués par le sucre des batlawa ou je ne sais même pas quel nom il leur donne, elle te dire oui. Hein Nina. elle aime le sussucre la Nina J- vous êtes vraiment S- Quoi trop cons ? Y- Non … allez Joséphine, allez, on rigole J- Hé bien, je m’affranchis de ton avis Nina, je passe outre S- Ah tout de suite les grands mots, allez José ! Tu vas voir qu’elles vont finir dans la boue, la dirloch et José ! Allez Yann aide-moi ! Galvanise les foules Y- Allez les filles … Nina fait pas la tête S- Ça te rend moche … Non j’déconne Y- Allez Nina… Après tout elle fait ce qu’elle veut elle ose Joséphine ! t’as compris Stéph ? S- Quoi ? Y- Joséphine… elle ose… tu sais, comme dans les chansons … osez osez Joséphine J- Elle viendra à ma sortie ruche … Que Nina le veuille ou non, que vous vous moquiez de moi ou non N- QU’est-ce que tu me fais ? J- Je fronde. J’affirme haut et fort que Mme Ataya accompagnera la sortie à la ruche où il n’y aura pas de sortie à la ruche tout court. Mme Ataya, c’est Mme Ataya, tout le monde la connait. Elle est voilée du matin au soir devant le portail, dans les couloirs, aux fêtes d’école. C’est une maman et ça ne nuit en rien à L’Europe, que je la choisisse pour m’accompagner


N- Et bien ma belle, t’as bien parlé, il faudra redire tout ça à l’inspecteur, parce que je ne te signerai aucun papier Y- Allez les filles, je vais ouvrir S- Va falloir décoincer l’ambiance, se serrer les coudes, un gosse s’est embroché contre le portail. Ça couine. On y va


6 / Où il est question du monde entier - qui est un cactus

ADRIEN – « Plantes & Jardin ». J’espère qu’ils n’ont pas perdu trop de temps pour trouver ce nom ! Tu me rappelles ce que je fous là, déjà ? JOSEPHINE – Pour passer du temps ensemble en dehors de la maison. Et pour acheter des plantes. L’appartement est fade pour l’instant. ADRIEN – Et j’avais besoin de venir ? L’ASM joue cette aprèm’. JOSEPHINE – Un match ! Tu peux rater un match, non ? On passe un moment ensemble… ADRIEN – On aura tout le temps de passer des moments ensemble une fois mariés… JOSEPHINE – Arrête de râler, t’es chiant ! Regarde, là-bas, des cactus ! J’adore les cactus ! Viens ! ADRIEN – J’arrive ! Ce serait une exclu’ de les voir se barrer avant ! T’imagines ? JOSEPHINE – J’en faisais la collection quand j’habitais chez maman. Tout le monde m’en offrait. Il y a tellement de variété ! ADRIEN – Et dire que je pourrais être tranquillement installé dans mon canapé, une bière à la main. JOSEPHINE – Oh, celui-ci est magnifique ! Regarde chéri ! ADRIEN – Je croyais que tu voulais un cactus ? JOSEPHINE – C’est un cactus ! Un Astrophytum capricorne stachelos. ADRIEN – Première nouvelle, les cactus n’ont pas d’épine ! Ou alors il est en train de muer ? JOSEPHINE – Tu n’es pas drôle… Tous n’en ont pas. Il irait super bien à côté de la télé, non ? ADRIEN – Hors de question d’acheter un cactus sans épine ! JOSEPHINE – Pourquoi tu hausses le ton ? Tu dis n’importe quoi. MADAME DURAND – Joséphine ? ADRIEN (A Joséphine) – Tu connais ?


JOSEPHINE – Tiens-le-moi. (Elle tend le cactus à Adrien). Madame Durand, bonjour ! Quel plaisir de vous revoir ! (A Adrien) C’était ma maîtresse en CE1. ADRIEN – Une prof ! Vous tombez bien, Madame. Dans vos manuels, les cactus, ils ont des épines ? MADAME DURAND – Il y a de nombreuses variétés, jeune homme. Avec et sans épine. JOSEPHINE – Il ne me croyait pas. MADAME DURAND – Les hommes ont une fâcheuse tendance à contredire. JOSEPHINE – (en riant) Le mien n’est pas différent. ADRIEN – T’as l’intention de me descendre devant ta prof ? Parce que si c’est ça, je me casse ! JOSEPHINE – Ne le prends pas mal, on discute. Comment trouvez-vous celui-ci, Madame Durand ? MADAME DURAND – Charmant ! Idéal sur un petit meuble dans le salon ! JOSEPHINE – Oui, c’est mon intention… ADRIEN – Hors de question ! MADAME DURAND – Ne l’écoute pas, Joséphine, les hommes n’ont aucun goût en ce qui concerne la décoration. JOSEPHINE (en riant) – Vous avez bien raison, Madame Durand, Adrien est incapable d’accorder les couleurs ! ADRIEN – Hors de question de faire entrer ce cactus déplumé chez moi ! JOSEPHINE – Tu es ridicule ! C’est comme l’autre fois avec les fajitas ! (A Madame Durand) Je lui ai préparé des fajitas pour lui faire plaisir, mais Monsieur n’est jamais content ! MADAME DURAND – Mon mari était pareil ! Jamais rien de ce que je faisais ne lui convenait ! ADRIEN – Pourquoi tu ressors ça ? Ça fait trois semaines ! Des fajitas sans piment ! J’appelle ça un sandwich, moi ! JOSEPHINE – Je n’aime pas les plats épicés ! ADRIEN – Alors dans ce cas, ne me promets pas des fajitas !


MADAME DURAND – Ne soyez pas si sévère avec Joséphine, c’est une fille gentille comme tout ! ADRIEN – Emmerdeuse comme tout, oui ! JOSEPHINE – Pour qui tu te prends ? MADAME DURAND (A Joséphine) – Quel grossier personnage ! (A Adrien) Vous ne méritez pas Joséphine ! ADRIEN – J’aime les choses claires, précises et carrées ! Si on me dit, « tiens, ce soir, on mange des fajitas », eh bin devinez quoi ? Le soir, je m’attends à manger un truc qui me fait suer ! Si on me dit « Regarde ce cactus », eh bin, quelle coïncidence, je tombe sur un truc vert plein d’épines ! JOSEPHINE – T’es ridicule… Tu es trop formaliste… MADAME DURAND – Il faut être ouvert d’esprit, jeune homme ! ADRIEN – Ouvert d’esprit, je le suis, la preuve, je vais l’épouser ! Elle, ses originalités et sa famille complètement déjantée ! JOSEPHINE – Je ne te permets pas d’insulter ma famille ! MADAME DURAND – Ses parents sont des gens formidables, ils ont très bien élevé Joséphine. ADRIEN – Tu sais quoi, Joséphine ? Tu n’as qu’à emménager avec Madame Durand. Vous mettrez votre espèce de petit cactus sur le meuble, à côté de la télé, et vous mangerez des fajitas à la crème ! JOSEPHINE – Tu me fais quoi, là ? ADRIEN – Je te quitte !


7/ Où il est question du bonheur Joséphine : Bonheur, malheur, erreur, saveur, rêveur, demeure, couleur ! Couleur, c’est bien ! Marc : Que dis-tu ? Joséphine : Rien. Je cherche des mots qui riment avec bonheur. Marc : Avec bonheur ? Tu as … rigueur, langueur, docteur, tumeur…C’est pourquoi faire au juste ? Joséphine : Une chanson. Marc : Une chanson ou un Lied ? Joséphine : Un Lied ? Pourquoi écrirais-je en allemand ? c’est une chanson que je destine à mes élèves de maternelle. Marc : Ah ! Justement. Les professeurs des écoles ont pour consigne d’enseigner les langues étrangères aux enfants dès leur plus jeune âge. Ce serait un bon point pour toi de composer dans la langue de Goethe. Joséphine : Pour l’heure, l’affaire s’avère suffisamment compliquée. Et mes ambitions se réduisent à écrire une chanson, voire une simple chansonnette. Marc : Une chansonnette… Et pourquoi pas une Ode ? Une Ode au bonheur ! Joséphine : Tu n’as pas bien compris ce que je viens de te dire ou tu ne m’écoutes pas. Je vais écrire une chansonnette ! Mes élèves ont cinq ans, six ans pour les plus grands. Je veux leur composer une ritournelle qu’ils pourront chanter à tue-tête, une ritournelle qui les rendra heureux, joyeux, radieux, épanouis… et plein de choses encore. Marc : Je vois, je vois. Je ne suis pas sûr d’être d’un grand secours dans ce cas. Pour moi, le bonheur consisterait à avoir des cheveux. Enfin, je veux dire que c’est la seule chose qui manque à mon bonheur. Car je suis très heureux d’être ton mari. Et je m’épanouis dans mon métier de statisticien. Tous ces pourcentages ! C’est jubilatoire ! Et je ne te parle pas des équations ! Ni des marges d’erreur ! Il y aurait beaucoup à dire sur les marges d’erreur ! Joséphine : Je te sens prêt à écrire une Ode aux statistiques. Peux-tu me passer le dictionnaire ? J’aimerais savoir comment le Petit Robert définit le bonheur. (Marc tend le dictionnaire à Joséphine) Joséphine : Voyons, voyons voir. Bonheur, chance. « il est célibataire, il ne connaît pas son bonheur ». Le Petit Robert est misogyne ou quoi ? Marc : Ne fais pas attention. Ce sont de vieux rédacteurs tout poussiéreux et veufs qui ont imaginé cet exemple. D’épouvantables radoteurs. Continue. Joséphine : Bonheur, état de pleine satisfaction. Béatitude, félicité, plaisir. « Il fait le bonheur de sa femme, il la rend heureuse ». Où veulent en venir les rédacteurs du Petit Robert ? Le mariage fait le bonheur des femmes mais pas celui des hommes ? Marc : Ne les écoute pas chérie. Nous avons une vieille édition. Avec un peu de chance, ils ont engagé Sacha Guitry pour rédiger les citations.


Joséphine : Proverbe : L’argent ne fait pas le bonheur. Marc : Mais il y contribue. Tu peux juger combien ce dictionnaire n’est plus à la page. De nos jours, personne n’oserait affirmer qu’il peut être heureux sans argent. Joséphine : Le proverbe signifie seulement que l’argent ne suffit pas. Car on peut être riche et malheureux. Marc : D’accord mais peut-on être pauvre et heureux ? Joséphine : Il existe peut-être des peuplades qui ne connaissent pas la Société de consommation et qui sont heureuses. Marc : Je n’y crois pas. C’est un mythe. Florent : Bonjour les parents. Pourquoi cet air sérieux ? Vous parlez de quoi ? Marc : Ta mère et moi parlons de bonheur ! Joséphine : Quelle serait ta définition du bonheur chéri ? Florent : Ne plus avoir cours. Me lever tard. Me coucher tard donc. Heuuuuuu … Et jouer de la guitare avec mes potes ! Marc : Le bonheur vu par un ado. Joséphine : Note qu’il a dit : jouer de la guitare avec mes potes. Il y a une notion de créativité et une notion de sociabilité. Sa réponse est symptomatique de ce que chacun de nous perçoit dans le terme générique de bonheur. Le besoin d’être avec un Autre ou des Autres afin de partager expériences, affection, pensées, etc. Ainsi que le besoin de dépasser le statut de simple mortel par le truchement de la création, ce qui nous met face à Dieu le père, le Créateur de toute chose. Marc : Tu parlais bien de chanson, de chansonnette, de ritournelle ? Florent : Maman écrit une chanson ? Marc : Oui. Pour ses maternelles. Elle cherche des mots qui riment avec bonheur. Florent : Avec bonheur ? C’est trop facile ! horreur , inquisiteur, agresseur, dictateur, instructeur, correcteur, géniteur, imposteur, horodateur … Il t’en faut combien ? Joséphine : C’est parfait ainsi, chéri. J’apprécie particulièrement horodateur. C’est plein de fantaisie ! L’expression même de ta candeur et de ta fraîcheur. Un vrai bonheur !


8 / Où il est question de valeur républicaine Joséphine- Bonjour à tous merci d’être venus cet après-midi. Je fais un appel rapide avant de commencer la séance. Sophia? Sophian- Présent Joséphine- Juliette? Juliette- Présente Joséphine- Linon Linon- Présente Joséphine- Comme je vous l’ai dit la semaine dernière, j’aimerais que notre travail soit centré sur les valeurs républicaines. En quatre tableaux, 40 minutes. Sophian- C’est super dur Joséphine. T’as emmené des textes? Joséphine- Pas aujourd’hui, mais je voulais vous faire écouter une chanson. Joséphine tente d’allumer l’ordi. Linon- Attends Joséphine, je t’aide. Tiens débranche le câble dernière l’ordi. Juliette- C’est bon comme ça? Joséphine- Voilà! Je vous passe la chanson. Un peu interpellés, ils écoutent Arno… Putain Putain, on est tous européens Joséphine- Alors? Qu’en pensez-vous? Juliette- C’est trop bizarre, il a une drôle de voix, j’ai pas tout compris. Linon- Moi je trouve ça original et puis ça parle de l’actualité. Mais la musique et le texte on dirait que ça ne va pas ensemble. Sophian- Tu veux qu’on en fasse quoi? Joséphine- je ne sais pas du tout, c’est une proposition. On pourrait justement travailler à partir de cette idée, de décalage, d’opposition. Sophian- C’est quoi le rapport entre les valeurs républicaines et le décalage?


Joséphine- Tu n’es pas intervenu. Qu’en penses-tu? ça te parle toi? Barnabé- ben ça à l’air super compliqué mais j’aime bien. Linon- En fait il faudrait qu’on invente un texte, une pièce. Juliette- Un drame Sophian- Ou une comédie Linon- Ouai une comédie dramatique. Trop classe, ou on parlerait de ce qui nous rapproche Juliette- De ce qui nous rapproche Barnabé- « Putain Putain On est tous européens » Linon- Et ça c’est vachement bien! Sophian- « Juliette Juliette Montre moi tes seins » Joséphine- Waouw on se calme! Juliette- T’es pas bien! Sophian- C’que je veux dire Juliette c’est que t’es belle comme une Marianne, t’es la femmen du lycée. Joséphine- Marianne c’est ce qui symbolise pour vous encore aujourd’hui les valeurs de la république? Sophian- Moi je verrai plutôt un truc style Star Wars de la fraternité. Linon- L’épopée de la liberté. Barnabé- Faudrait trouver un personnage super puissant - Zumrumru- sabre laser Juliette- Non Barnabé- Dans la galaxie à une époque générique type Star Wars. Les héros ils auraient 16 ans. Joséphine- Ils auraient 16 ans et? Linon- Les garçons et les filles auraient le droit d’aller à l’école.


Sophian- A l’école de l’amour. Juliette- le droit d’aimer sans être censuré. Barnabé- Censurer les fossoyeurs de la fraternité. Joséphine- Super!


9 / Où il est question d’aiguisement Joséphine, Jeanine, Père François, Christophe, Mme Martinez, Mr Gerblain Jo- Bonjour madame, excusez-moi, est-ce que vous savez où je peux trouver une quincaillerie ? Je- Oh ben ça, ma pauvre dame, fait bien longtemps qu’elle a fermé la quincaillerie Menu. Depuis que le fils est parti en retraite, y’a personne qui a voulu prendre la suite. Pourtant l’était bien gentil le fils Menu, y rendait bien service Jo- Et dans les environs, vous ne savez pas non plus Je- Oula! Moi j’y ai plus toute ma tête vous savez. Et puis c’est que maintenant, j’me déplace plus vous comprenez. l’automne dernier j’suis tombée dans les escaliers et c’est que maintenant mes filles veulent plus que je conduise, alors savoir où y’ a une quincaillerie dans le coin … Mais attendez je vais demander au Père François, Père François … mis le cadre ! ouhou P.F- Bonjour Jeanine. Vous prenez l’air ? Ça va bien le matin ? Je- Hé bien pas trop non, avec mes jambes vous savez, le toubib y dit qu’y’a pas d’amélioration P.F- Il faut être patiente et remercier le seigneur pour chaque jour qu’il nous offre Je- Oh ben oui ça… c’est que j’y ai peur de me faire opérer. Mais enfin … Mais c’est pour la petite là, dites voir, vous savez pas où qu’elle peut trouver une quincaillerie par hasard ? P.F- Bonjour… Une quincaillerie, non… Depuis le départ du fils Menu ici y’en a plus. C’est vrai que malheureusement ici les commerces ont plutôt tendance à fermer… Jo- Et dans les villes aux alentours ? P.F- Aux alentours c’est un peu comme ici, c’est plutôt la campagne vous savez, quand je me déplace, soit c’est le dimanche, et tout est fermé, soit c’est pour un enterrement… et tout est fermé aussi … Tiens mais on peut demander à Christophe, il est de la ville, à 20km d’ici, peut-être qu’il pourra vous renseigner… Bonjour Christophe… cette jeune femme cherche une quincaillerie il n’y en aurait pas vers chez toi par hasard ? C- ouh là ,une quincaillerie ? C’est plus un commerce qui existe de nos jours, les gens y vont en grande surface maintenant. Y trouvent tout là-bas, alors ils se déplacent plus dans les commerces. Moi vous savez, ça fait 25 ans que je suis maraicher, mon fils veut reprendre


mais je lui ai dit « t’es pas fou » j’arrive à peine à me tirer un p’tit pécule et ça parce que j’ai fini les emprunts pour l’exploitation. Vous imaginez s’il fallait investir ! Non vraiment on vit dans une drôle d’époque, hein Mme Martinez, qu’est-ce que vous en pensez ? Mme Martinez- Bien sûr ! maintenant les gens y ont plus le temps de rien. Y parait qu’y en a qui ont les courses directement chez eux, plus qu’à faire la cuisine. Enfin s’ils la font parce que là encore … Les gens, ils ont plus de jardin et reviennent le soir. Y’en a même qu’on connait pas et qui disent pas bonjour Père François- Mais Monsieur Gerblain, vous avez connu vous le fils Menu de la quincaillerie vous savez si il y a une boutique pour loin Gerb- Le fils Menu, ah oui. Moi je connaissais bien son grand-père, le André. Ça c’était au tout début du siècle, quand ici y’avait pas encore de bitume. On allait souvent chez lui parce qu’il connaissait un gars qui faisait livre du gravier. Et comme je travaillais pour la ville, hein, bon on faisait affaire quoi Mme Ma- Voyez ce que je disais avant tout l’monde se connaissait ou parlait ou s’entraidait, y’avait toujours une solution quand on cherchait quelque chose Jo- Justement C- Ah oui, pour sûr, ça c’est bien vrai. Avant y’avait toujours quelqu’un pour aider PF- Oui aider son prochain Jo- Oui justement, vous savez pas où je peux trouver une quincaillerie Ger- Une quincaillerie… Pauvre dame, par les temps qui courent… Mais c’est pour quoi que vous cherchez une quincaillerie ? Acheter des torchons … Ahahahaha Jo- Non pour aiguiser un poignard


10/ Où il est question de compromis

Lina- On s’assied là? Y a de la place en terrasse… Albert- J’sais pas moi, c’est à l’ombre, j’ai froid. en plus, on l’connaît même pas ce rad . Et. Et y’a des marches. Faut monter j’sais pas combien de marches. Lina- Oui! C’est sympa… J’adore le style rétro des chaises! Joséphine- Allez on peut essayer non? ça change, plutôt que de s’assoir toujours au bar de la Poste. Faut vivre des expériences nouvelles! Albert- J’aime pas les nouvelles expériences, on fait de mauvaises rencontres. Je déteste les escaliers. Joséphine- Bon, allez Lina est déjà montée, on suit? faut faire corps on est une équipe non? Albert- Ah putain. Monter les marches monter ces putains de marches…. Chier Lina- Fait trop beau. Ah! J’ai oublié mon portable dans la voiture il doit m’appeler c’est urgent. Commandez-moi une salade, ce sera parfait. Merci vous êtes chou! Albert- Non mais… c’est pas vrai! Elle nous emmerde pour qu’on vienne! On sait même pas ce qu’il vaut. Y’a 1500 marches à monter et… elle se barre?! Joséphine- on a dit qu’on essayait… Et ça t’arrives pas d’oublier ton portable toi? Arrête de râler. Et puis, ça te fait faire un peu de sport. Albert- Très drôle. C’est très drôle. Je suis bidonné. Et je devrais me commander une salade moi aussi? Joséphine- Allez, c’est pas ce que j’ai dit. Prends les choses cool. C’est midi on s’détend, c’est le bonheur, il fait soleil. Albert- Oui, on est à l’ombre. Génial. Le Serveur- Bonjour messieurs dame. Vous avez choisi? Joséphine- Euh… Alors une salade. Qu’est ce qu’on lui prend comme salade? Albert- Ah mais tu me demandes mon avis maintenant? Vas-y fais ton choix, tente une nouvelle expérience, t’as l’air de mieux comprendre, prends-lui ce que tu penses. Prends le risque t’as l’air d’aimer ça. tiens, prends-lui la salade complète « penne régate 4 fromages, gésiers, tomates ». Elle va adorer!


Joséphine- J’essaie refaire au mieux. tu manges avec elle presque tous les midis, tu aurais pu m’aiguiller… Bon… Donc… Ce sera une salade… Norvégienne. Pour moi, une salade niçoise. Le Serveur- Très bien. Des boissons? Albert- Et moi, je compte pas peut-être? Vous servez que les femmes ici? Le Serveur- Toutes mes excuses, Monsieur, je pensais… Albert- Je vais prendre une entrecôte-frites. Une bière. Blonde. Pression. Joséphine- Sympa le serveur. Albert- Ouai, idiot ce serait plus juste. Joséphine- J’aime bien le cadre Albert- Le cadre? Tu rêves? La palissade, les graffitis, le terrain vague là… J’aime pas. Lina- Le serveur a commandé? Joséphine- On t’a pris une salade norvégienne. Lina- Ah, mais, j’aime pas le saumon. Je déteste ça…. Joséphine- Ah, mais…. Il aime pas les escaliers, il aime pas le cadre, il aime pas le serveur, elle aime pas le saumon… Vous me saoulez. J’aime pas les gens qui passent leur temps à dire qu’ils aiment pas.


11/ Où il est question d’amour Martine- Alors ma chère Joséphine. Toujours ta quête du grand amour? Joséphine- Oui. Mais après tant de déceptions, je suis devenue très difficile. M- Ce qui compte avec un homme, c’est son physique et ce qu’il vaut au lit! J- Tu ne changeras jamais Martine. Je ne collectionne pas les hommes, moi j’en veux juste un pour la vie. M- Pour la vie! Rien que ça. Mais la vie est si courte, il faut consommer, profiter, s’éclater. bruit de sonnette M- Tiens ça doit-être Philippe. Je l’ai invité pour toi. J- T’es gonflée. Je peux me débrouiller toute seule. M- Ne le laisse pas filer celui-là. Il est beau et puis surtout bien monté. J- Mais ça ne va pas. Et puis comment tu sais ça? M- C’est un acteur porno. Je l’ai vu à la télé. Va t’installer dans le hamac. J- Tu exagères tout de même. M- Laisse lui un peu de place à tes côtés. Viens Philippe nous sommes au fond du jardin! Philippe- Bonsoir Martine! Bonsoir, Joséphine? J- Bonsoir Philippe, vous allez bien? M- Tu vas pas le vouvoyer toute la soirée. Bon, je reviens avec des rafraîchissements. P- TU connais Martine depuis longtemps? J- Nous sommes amies d’enfance. Et toi? P- On est voisin. Je peux m’assoir sur le hamac? Philippe s’assied à côté de Joséphine. Le hamac commence à s’enrouler autour d’eux. Ils basculent. J- je suis coincée, Philippe, Vous pouvez m’aider à me dégager?


P- Je trouve pas la position très agréable! M- alors là, Philippe chapeau! Comme dans les films. Tu y vas franco! J- Martine, pour une fois tu avais raison il est très beau, si puissant que si j’osais… M- Tu l’embrasserais? J- Oui. P- Joséphine? J-Oui Philippe? P- Osez!


12 / Où il est question du rossignol

Joséphine, Clara et leur mère

Jo- Vous savez pas, l’autre soir, il m’a appelé Rossignol de mes amours. Je ne sais pas comment le prendre. Moi qui voulais enlever mon stérilet. Je ne sais plus quoi faire Clara- Oh laisse tomber Joséphine, les mecs faut toujours qu’ils parlent par image, les mots c’est trop dur Jo- Oui mais quand même, les femmes, on doit être à l’image de ce petit oiseau frêle, fragile, au chant mélodieux - je n’ai pas su comment réagir. Toi Clara, tu t’en fiches tu vis avec une fille, tu t’accroches à elle comme à un lampadaire. Mais nous on assure Clara- Ah bon on est lesbiennes donc on est comme les mecs, virils, puants, forts. Tu crois vraiment que tu défends la cause des femmes. Et toi maman qu’est-ce que t’en penses Maman- Moi j’aurais aimé qu’il m’appelle mon rossignol au lieu de vieille pie. J’ai toujours entendu des noms d’oiseaux. Un corbeau sur son vélo qu’il disait Jo- Oui oui tu nous l’as déjà dit. Mais j’en reviens à ma question; est ce que je dois accepter d’être comparé à un rossignol. Une femme, un rossignol, c’est le mélange des genres. Vadé Rétro, on ne se reconnait plus Cla- Tu en reviens toujours là ! Goudou un jour, goudou toujours ! Mam- Non ma Clara, ce qu’elle veut dire c’est que nous les femmes on doit porter sa croix Cla- Et si je mens je vais en enfer ! je ne peux plus accepter ça, on dirait la Boutin sur son cheval. Tu crois qu’on accepte encore ça en Europe Jo- Mais si mais si, moi j’accepter que les femmes comme toi existent Clara- Quoi comme moi ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Bogdanof sort de ce corps ou quoi ? Mam- Mes petites plantes, arrêtez vous, vous devriez être fières d’être femmes, pensez à tous les bonheurs de la vie Jo- On a nos règles chaque mois, quel bonheur, il faut s’épiler régulièrement quel bonheur, ne pas porter de jogging, quel bonheur, ne mangez que de la salade - quel bonheur Cla- Je suis sure que si on cherchait dans le dictionnaire au mot femme, on ne lirait pas « quel bonheur ». Je vois d’ici le tableau


Jo- On peut revenir à ma question. J’accepte d’être un rossignol ou pas Clara- Tu pourrais, Rossignol à ton âge, ça te va bien Jo- Arrête je vais te mettre un coup de poignard ou te pousser dans les escaliers Mam- Mon petit passe-partout, gentleman cambrioleur, c’est jolie, ma petite flûte Clara- Maman arrête, on dirait Maitre Cappelo ou Wikipédia pour les Nuls ! Retourne dans ton hamac Mam- hamaquereau, hamaquillage Jo- Hamacintosh, hamacarthy Mama- hamaquerelle Jo- Hamacaron Mam- Hamacadam


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