1940
Correspondance militaire de LĂŠo BĂŠlisle Islande Angleterre Dieppe Allemagne
1940-1945 Correspondance militaire
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En Océan, le 5 juillet 1940 Chers Parents, C’est par une soirée passée sur la mer que j’en profite pour vous donner de mes nouvelles, qui sont excellentes. J’ai pris le train samedi après-midi, pour y rouler une journée demie, et nous nous sommes embarqués ensuite sur le bateau dont nous sommes en ce moment. La température a été favorable, mais le paysage différent. Le train roulais raisonnablement pour qu’on puissent voir les beaux spectacles de la nature. Sur le bateau, le spectacle n’est que ciel et eau. Je ne sais pas à quelle place je vais mais une chose certaine, c’est que je vous ferez parvenir de mes nouvelles quand même; comme j’espère avoir des vôtres. Je n’ai pas eu le mal de mer, comme vous pourriez l’avoir pensez, et j’en suis heureux car je n’aurais jamais pensé pouvoir faire d’aussi beaux voyages. J’espère que votre santé est bonne et que Papa travaille toujours, mes frères et soeurs sont d’une bonne santé aussi.
De votre fils qui ne vous oublie pas et qui attends de vous lire sous peu, en vous embrassant tous. Léo Islande, le 26 juillet 1940 Chers Parents, C’est par un après-midi pluvieux que j’en profite pour faire un brin de causette avec vous. La santé est bonne j’espère, tant qu’à moi je ne peux croire que ma santé a pu supporter toutes les mauvaises températures que nous avons. Je n’ai reçu de nouvelles de vous depuis assez longtemps. Comme vous voyez, quand on aime sa famille, son père, sa mère, ses frères et soeurs et qu’on est séparé d’eux on ne peut se passer d’eux. Nous c’est comme un enfant qui recoit des bonbons, à chaque fois qu’on recoit une lettre. J’ai reçu votre dernière lettre à Val-Cartier quelque jours avant mon départ. Vous avez reçu ma carte postale,
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1940 ceci vous démontre un peu dans quel pays nous sommes. Thérèse et MarieRose sont en vacances et j’espère qu’elles sont un aide précieux pour vous chère mère. Je leurs demanderai qu’elles m’écrivent quelques mots de temps à autres. J’aimerais leurs faire comprendre qu’elles sont dans leurs meilleurs temps. Comme vous me le disiez chère Maman, je vous disais que je comprenais, mais non je ne le comprenais pas: c’est aujourd’hui que je le comprends un peu. Après vous avoir quitté, pour vous revoir un jour je ne sais quand. Donc montrez-leurs ma lettre et dîtes leurs que je pense bien à eux, ainsi qu’à vous Père qui avez si bien conquis mon cœur et vous tous sœurs et frères. Vous chère Maman comme j’aimerais être auprès de vous, pour vous démontrer que je saurais vous faire plaisir et vous rendre heureuse. Comment te portes-tu Lucien? travailles-tu toujours? dis-le moi dans la prochaine lettre. Ca me fera plaisir. Je demandais si je pourrai voir les photos que nous avons prises ensemble, sont elles jolies. Je termine car je ne veux pas être en retard sur la parade. Je vous embrasse tous et vous salut en espérant recevoir de vos nouvelles sous peu.
D’un fils qui pense à vous, Léo N.B. N’inscrivez pas le nom “Islande” sur l’enveloppe, car la lettre ne me sera pas remise. Merci
Islande, le 31 juillet 1940 Bien chers parents, C’est après avoir reçu des nouvelles d’une amie, pour la première fois en Islande, que je profite de l’occasion pour vous écrire. J’espère que vous allez tous bien, car moi de ce temps-ci je ne suis pas très bien, ainsi que Fernande, comme je viens de vous le dire, je viens de recevoir de ces nouvelles. Elle me dit de vous saluer dans ma prochaine lettre, c’est ce que je vous transmet de tout mon cœur. Comment allez-vous? ce sont là, chère Maman, des pensées que je me répète sans cesse de minute en minute, de jour en jour. Il est moins difficile pour vous mère de me faire parvenir de vos nouvelles et celles de mes soeurs et frères par l’intermédiaire de celles-ci. J’ai écrit à tout mon monde; Léopold, Gratia, mon oncle, ainsi que mes amis et amies. C’est le seul désennui que je puisse avoir, en leurs donnant mon adresse. Je demande que vous disiez à Rosaire qu’il m’écrive.
Je termine en vous embrassant tous et espérant vous relire sous peu. De votre fils Léo
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1940 Islande, le 23 août 1940 Bien chers parents, C’est par un beau samedi après-midi que je prends la plume, pour répondre à votre lettre. J’ai reçu votre lettre le 22 août, qui fut promptement décachetée, pour apprendre toutes les bonnes nouvelles que vous m’avez faîtes parvenir chez Père. Je suis si heureux d’apprendre que vous travaillez tous, car cela signifie que vous êtes tous bien. Je remercie Dieu d’avoir exaucé ma prière, pour avoir donné un emploi à Rosaire, je m’en réjouis pour lui. Tant qu’à moi je me porte très bien. Jusqu’à maintenant mes supérieurs n’ont pas eu un reproche à me faire. Et sur la question du devoir religieux, je n’ai jamais été aussi fervent par le passé. Grâce à vous chers parents, par vos exemples, je puis Le servir plus fidèlement. J’ai reçu la correspondance de Sœur Pierre-Amédée, qui m’envoie quelques médailles, accompagnée de la Sœur Supérieure, qui me rappelle mon devoir et qui me donne de bonnes pensées, ainsi que notre Révérende Sœur. Si vous auriez vu cette lettre, une belle je vous dis, je l’ai montrée à mon Major qui, lui, l’a montrée à plusieurs autres officiers. Je la garde et conserverai toujours ainsi que toutes les vôtres. J’ai reçu aussi plusieurs autres nouvelles de mes amies et amis. J’ai distribué les souvenirs à mes confrères, comme mes sœurs me le demandaient, pour en garder deux pour moi. Si vous auriez vu ces gens de mon âges se réjouir de cette belle petite médaille. Je m’efforcerai pour lui écrire une lettre, en réponse à la sienne, en m’appliquant le plus que je pourrai.
Je vais terminer en vous embrassant. Excusez les fautes et l’écriture, car j’avais tellement hâte de vous parler, à bientôt.
Léo Islande, le 11 octobre 1940 Bien chers parents, Il m’est un devoir bien doux de vous adressez, comme un enfant fidèle à ses parents, la parole. Bien que très éloigné de vous tous, je n’ai jamais cessé de penser à vous. Tous les jours je m’unis à vos intentions en offrant mes ennuis ou autres difficultés morales à la conservation de toute la concorde qu’un foyer bien né peut apporter. J’espère vous retrouver toujours en parfaite santé. J’ai appris par Léopold que Thérèse était à sa première année à l’école Normale pour un séjour de trois ans. C’est déjà un grand pas pour acquérir un surplus de connaissance; si Dieu le permet, puisse-t’elle transmettre son surplus de savoir à d’autres comme notre Révérende Sœur Marie-Pierre Amédée, mais que sa Sainte Volonté soit faites et non la nôtre. Permettez-moi ici de vous redire que
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1940 Soldat du Christ avant d’être volontaire du roi, j’aime à le redire parce que je désire l’être jusqu’à la fin de ce présent conflit, qui n’est autre qu’un fléau que Dieu nous envoit pour rappeler le monde dans le droit sentier. Pour ma part ma santé est excellente, je demeure toujours à la même place, à part cela c’est toujours la même routine. Avant de vous laisser, une pensée dans vos prières m’aide à me guider vers un idéal surnaturel. Vos conseils me sont toujours un précieux encouragement, puissent-ils me revenir? Donc je termine en vous embrassant tous et en serrant cordialement la main à Papa et Lucien.
De votre fils dévoué, Léo Montréal, le 23 novembre 1940 Bien cher enfant, D’après ta lettre du 11 octobre tu ne parait pas avoir reçu mes lettres précédentes du 31 août et 6 octobre, que je t’ai écrite. Laisses-moi savoir si tu les a reçue oui ou non. J’ai reçu ta lettre du 16 octobre le 22 novembre. Si c’est un plaisir agréable pour toi de recevoir de mes nouvelles, il en est ainsi de nous tous, car nous sommes tous anxieux d’avoir de tes nouvelles Nous sommes tous heureux d’apprendre que ta santé est bonne; c’est le mieux que tu puisses désirer dans les circonstances. Nous sommes un peu chagrins à la pensée des fêtes qui approchent puisque la famille ne sera pas complète comme par les années passées. Mais console-toi, nous pensons à toi tous les jours et surtout davantage dans ces temps d’afflictions familiales nos cœurs seront avec toi espérant que l’année que nous allons bientôt commencé sera plus heureuse et que, si c’est la volonté de Dieu comme nous l’espérons tous, tu nous reviendra sain et sauf dans le courant de cette année. C’est par la prière et la résignation dans nos épreuves que nous obtiendrons de Dieu tout ce que nous puissions désirer et même davantage. Nous avons vu Sœur Pierre-Amédée dimanche dernier; elle se proposait de répondre à ta lettre et aussi de t’envoyer ce que tu lui a demandé. Elle est très bien et enseigne toujours sa classe de petits garçons. Nous sommes tous en parfaite santé et il n’y a rien de nouveau depuis ma dernière lettre.
Toute la famille se joint à moi pour te souhaiter bonne et heureuse année. Courage, bonheur et succès. Je t’envoi de ma part la meilleure bénédiction paternelle.
Adonias
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1940 Angleterre, 14 décembre 1940 Chers Parents, C’est après un dur espace de temps, qui s’est malheureusement trop prolongé, qui fut la cause de mon silence. Nous avons voyagé pendant plusieurs fois et j’ai suivi des cours qui ne m’ont pas laissé un moment de répit. Il y a des circonstances qui ne me permettent pas de vous expliquer ici, dans ce cas par rapport à l’état de l’Europe actuelle. Car vous devez savoir, que notre devoir nous demande d’être occupé vingt-quatre heures par jour. (…) vous serez donc indulgent pour me pardonner, surtout dans ces grands jours qui s’en viennent. J’ai donc reçu vos deux lettres auxquelles je vais répondre immédiatement. Je commence donc. C’est un pays pluvieux, j’ai remarqué même qu’il a plu seize jours de suite, tant qu’à la terre elle n’est pas cultivable, ce n’est que de la lave qui fut projetée par les volcans Les gens se nourrissent que de poissons. Au mois de juillet, de huit jusqu’à douze heures du matin, il fait un vent très froid et cela se poursuit pendant six mois et, s’il vous plaît, avec vingt-deux heures de noirceur. L’emblème de ce pays est l’ours blanc du Groenland qui, faute de proie pour satisfaire sa faim, saute sur un bloc de glace à la dérive pour le conduire en Islande chercher sa proie. Eh oui bien chers parents, je penserai à vous dans ce nouvel an, qui me rappelle tant de souvenir. Je laisse à la Divine Providence le soin de me ramener à vous tous, dont je souhaite qu’Elle ma bonne santé, après un long voyage d’outre mer. Je suis touché et vous remercie en faisant mon signe de croix. Donc bonne année chère père et mère et que Dieu vous garde jusqu’à mon retour. Je souhaite à tous mes frères et sœurs et à vous ainsi que mes amis une bonne santé et que Dieu vous réserve une place là-haut dans ce beau Paradis, que nous désirons obtenir un jour, en sacrifiant notre vie sur cette terre pour Lui.
De votre fils, qui s’est fait soldat du Christ pour le défendre, jusqu’à ce qu’il ne me reste plus une goutte de sang humain dans les veines.
Léo Angleterre le 15 février 1941 Bien chers parents, Je profite de ce moment de liberté pour vous donner de mes nouvelles. Ma santé est toujours bonne, et j’espère que vous en êtes ainsi. Prochainement après mon cours de sous-officier, je suivrai un autre cours, d’anglais et de chauffeur. Malheureusement, je ne puis accomplir ma promesse en vous envoyant une carte postale avec cette lettre, mais soyez sûrs qu’aussitôt que j’aurai quelques soirées de libres, j’en achèterai un lot, pour vous en envoyer
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1940 dans chacune de mes lettres. Je dois vous dire que ma Sœur m’a écrit, et elle m’envoie un chapelet que je vais recevoir bientôt. Comme je vous dis mon temps est tout employé; l’après midi, de quatre à cinq, je pratique le football et la boxe, ainsi que le mercredi et samedi et dimanche après-midi. Oh il a quelque chose que je voudrais photographier; il s’agit de certains arbres qui peuvent être taillés sous différentes formes, comme par exemple en forme de haie, d’animal, d’oiseaux et d’arche, c’est très jolie à voir. Vous verrez. Et ceci toujours vert, l’hiver et l’été. Léopold ainsi que Mlle Hélène m’ont envoyés des cigarettes ainsi qu’un beau chandail, j’en suis très fier. Avant de terminer, je crois qu’en écrivant quelques mots à Lucien, ça lui ferais très plaisir. J’aimerais vous écrire plus souvent, ainsi qu’à Rosaire et mon oncle Ubald et tous les autres. C’est ma plus grande peine, que je ne puisse pas le faire. Faîtes-leur comprendre à tous, et dites leurs qu’ils ne se gênent pas pour m’envoyer de leurs nouvelles. Car vous chère maman, papa, frères et soeurs, si j’étais privé de vos nouvelles, je n’aurais pas le courage, la force de pouvoir accomplir mon devoir, comme je le fais. Donc bonsoir maman, papa et tous mes frères et sœurs, que Dieu vous garde tous jusqu’à mon retour, dont j’espère sera bientôt.
De votre fils affectueux qui vous embrasse avec les larmes aux yeux. Des saluts à tous mes amis, Léo Angleterre, le 15 février 1941 Mr Lucien Bélisle Cher frère, Je t’écris ces quelques mots pour te donner de mes nouvelles qui te feront, j’en suis sûr, bien plaisir. Comme je disais à tes parents, je suis en parfaite santé. Eh bien comment es-tu toi? travailles-tu toujours à la même place? Es-tu chic comme avant? Te rappelles-tu quand on sortait ensemble et qu’on rencontrait des jeunes filles; en te voyant elles chuchotaient ceci; “Regardes comme il parait bien cet homme là!” en voulant parler de toi. N’est-ce pas que ceci est vrai? et elles avaient raison de dire cela. Léopold m’a dit que tu lui avais donné un dollar pour m’envoyer des cigarettes, je te remercie beaucoup. Car je viens d’en recevoir 3 (…), et il me dit que lui et Mlle Hélène vont m’en envoyer 600: ça va être une vraie mine d’or, après avoir reçues tes cigarettes je vais en recevoir encore d’eux-autres. Maintenant, vas-tu encore chez Mr Clouette? vois-tu tous les amis? tu les saluera pour moi. J’aimerais nous voir encore ensemble, pour aller aux vues, pour aller voir jouer au baseball, c’était beau
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1940 1941 dans ce temps là. Je te dis donc le bonsoir et bonne nuit. Oh! j’oubliais de te demander si tu as une amie? tu l’embrasseras pour moi.
De ton frère militaire, Léo P.S. Tu diras à maman qu’elle me dise si elle recoit l’argent que je lui envoie à tous les mois. Si par hasard, il y aurais un mois qu’elle recevrait rien, qu’elle m’en avertisse au plutôt; car cela a commencé le mois de décembre et continue à tous les mois. Merci.
Montréal, le 20 février 1941 Cher enfant, Il est très agréable pour nous d’apprendre que tu te conduis bien et par conséquent tu fais ton devoir. J’ai un peu retardé à te répondre espérant recevoir la réponse de ma dernière lettre. Nous sommes tous bien, j’espère qu’il en est ainsi de toi. Nous avons vu Sœur Pierre-Amédée dimanche dernier; elle est très bien, elle nous a dit que Sœur Marie-Alphée, Supérieure et Mère M. Eulalie de Barcelone ont payés un abonnement pour toi à la revue «Le Soldat Canadien» afin que tu puisses lire quelque chose d’intéressant puisque c’est de chez-nous. Peut-être que tu as déjà reçu le premier exemplaire, sinon tu le recevra sous peu. Sœur Pierre-Amédée te demande si tu veux adresser à ses deux bonnes Soeurs chacune une lettre de remerciement séparés, cet abonnement est de $2.00 par année. Toutes les sœurs du couvent ont une profonde sympathie pour toi puisque tu es le frère d’une des leurs. N’oublie pas, bien cher enfant, d’être chrétien d’abord parce que c’est la meilleure consolation au moment du danger. Rien de plus pour le présent. Les meilleurs voeux de chacun des membres de la famille et surtout nous ne t’oublions pas dans nos prières de chaque jour.
Ton père et mère, Adonias et Alexina Gove, le 21 mars 1941 Bien chers parents, Votre lettre n’a pas été aussitôt lue, que je m’empresse d’y répondre. Comme toujours je suis en parfaite santé, malgré la petite grippe qui m’a exempté de mon devoir pendant trois jours et dont je viens de me remettre. Comme vous devez savoir par ma dernière lettre, je reviens aussi de vacance. Mon cours de N.C.O. je viens de le terminer cette semaine. Mais celui de l’anglais se continue toujours; tant qu’au sport, le football est fini pour
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1940 1941 entreprendre la balle-molle. J’ai aussi une grande nouvelle à vous apprendre: j’ai fait la connaissance de Mr François Goursol. Il est dans l’armée et fait partie des ingénieurs. Et la chose la plus extraordinaire, c’est qu’il est seulement à un mille et demi de chez-nous. Il ressemble beaucoup à mon oncle Antonio. Voilà pratiquement que deux semaines qu’il est arrivé en Angleterre. Je dois vous dire aussi que j’ai reçu des nouvelles de mon parrain, il a de ce temps-ci mal aux reins, à part cela ils sont tous bien. Rémi va faire sa première communion! N’est-ce pas que c’est beau à son âge? J’éprouve une grande d’apprendre que ces bonnes Sœurs s’intéressent à moi. Vous pourrez dire que ce me sera un grand plaisir que d’offrir mes remerciements à ces dévouées Sœurs. Ma Sœur m’a dit qu’elle m’a envoyée un chapelet, que je n’ai pas encore reçu. J’espère le recevoir en même temps que le premier exemplaire de cette revue. Donc soyez sans inquiétude, elles vont recevoir mes remerciements en même temps que cette missive.
Je vous dis donc au revoir à tous et au plaisir de se revoir bientôt. From you’r loving son, Léo Gove, le 21 avril 1941 Bien chers parents, Rien ne m’est plus doux que de pouvoir m’accorder quelques instants pour vous donner de mes nouvelles. J’espère que cette lettre vous retrouvera tous en bonne santé. Je conserve toujours une bonne santé et j’en remercie le Seigneur. Nous avons fait dernièrement un travail que nous n’avions jamais fait auparavant, il nous tient occupé jours et nuits pendant quatre jours; ceci me demanda beaucoup d’endurance et de sacrifices. Pour le moment je suis au camp et je viens de recevoir ces jours-ci des nouvelles de mon oncle Ubald: il me dit qu’il a reçu seulement deux de mes lettres, je ne vois pas autres choses que les autres soient coulés. Je lui ai répondu immédiatement. Comment sont mes frères et sœurs? Thérèse m’écrit de temps à autres, je vais écrire une lettre à Lucien ainsi qu’à Marie-Rose le bébé de la maison, elle doit être bien grande. Thérèse n’a pas trop de misère dans ses études?Aurore reste toujours avec vous Maman? Simonne travaille t-elle? Je pense bien à vous tous et je ne vous oublie pas dans mes prières quotidiennes. Avez-vous été à Ste-Anne, au jour de Pâques, manger de la bonne tire et du sucre d’érable? Je ne veux rien vous cacher chers parents, je ne corresponds plus avec Fernande, mais je corresponds avec une jeune fille de Westmount dont j’ai eu le bonheur de fréquenter quelquefois. Elle me disait dans une de ses lettres qu’elle irait vous voir aux fêtes, comme elle n’a pas pu, elle le fera prochainement, donc je vous enverrai une de ses missives ainsi que sa photo que vous me renverrez après. Maintenant que j’y pense,
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1940 1941 j’aimerais avoir une photo de vous chers parents, ainsi que celle de mes sœurs et frères, séparément et toute la famille. Avant de vous dire bonsoir, je vous remercie à l’avance et j’espère me retrouver un jour encore parmi vous.
De votre fils, Léo N.B. Elle a 26 ans, ses parents demeurent dans le comté Frontenac, n’a jamais été fréquentée auparavant, d’ailleurs vous en jugerez par vous même, et vous me direz ce que vous en pensez. Dois-je continuer d’écrire à cette jeune fille? Je me fais photographié à la fin du mois et je vous en enverrai une.
D’un fils qui a besoin des conseils de ses parents. Léo Gove, 22 avril 1941 Cher frère, C’est aujourd’hui la deuxième journée de printemps, et il fait très chaud. J’espère qu’à Montréal vous jouissez d’une belle température et êtes tous en parfaite santé. J’ai reçu dernièrement une lettre de Savard; je vois que tu sors avec lui car il me parle beaucoup de toi. Il m’apprend cher Lucien que tu t’inquiètes beaucoup sur mon sort. C’est donc dire que tu penses souvent à moi, ceci est beau, je t’en remercie et je te demande aussi d’avoir une pensée pour moi dans tes prières. Sois sans crainte, je ne cours aucun dangers présentement. Travailles-tu encore chez Mr Samuel? si oui, n’oublies pas des les saluer en leurs donnant des mes nouvelles, pour moi, ainsi qu’à Mr Clouette, sa femme et toute la gang de la salle de pool, sans oublier St-Maurice. Parlons un peu de la journée de Pâques, comment l’as-tu passée? Je suppose, que tu n’as pas laissé passer ce jour sans aller visiter les cabanes à sucre, tant qu’à moi je me suis vu exempter cette belle routine canadienne française. Oh, Lucien, j’ai envoyé la photo de mon amie de Westmount pour te la faire voir, ainsi qu’à mes frères et sœurs, comment la trouves-tu? Pour moi j’aimerais voir la tienne, car tu en a une, n’est-ce pas? J’éprouve ici un vif regret de te laisser si tôt, car mon devoir m’appelle; je t’envoie quelques cartes postales, en attendant de te revoir sous peu, je te dis donc au revoir, et un baiser à Maman et bonsoir à Papa.
De ton frère, Léo
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1940 1941 Angleterre, 7 mai 1941 Bien chers parents, C’est aujourd’hui mercredi. Hier à 4hres je suis allé à la confesse à mon aumônier et ce matin j’ai communié à la messe de six heures et demie. Actuellement il est 3 1/2 heures environ, 5 heures en avant du Canada si l’heure n’est pas avancée, dans ce cas vous seriez 10 1/2 heures en arrière de nous. Ce soir on part pour un “scheeme” de trois jours, donc pas de «dormage» pour cette nuit. Changement de propos, je me suis fait photographié dimanche et je les recevrai le 15 de ce mois et je m’empresserai de vous en faire parvenir une. À part cela je ne sais pas ce qu’il y a, je n’ai pas reçu le chapelet de Gratia, ainsi que la revue qu’elles m’envoient; c’est à espérer que ce ne soit pas calé au fond de la mer. La “route marche” dont je vous parlais dans ma dernière lettre, j’en aurai des souvenirs, que j’ai pris par caméra, je vous en enverrai aussi. J’ai reçu de Mde Télesphore Leclerc deux paires de chaussettes de laines d’habitants ainsi que des chaussons, tricotés par elle-même, aussi deux paquets de cigarettes, et deux boîtes de gommes. J’ai écris à la fin du mois d’avril à MarieJeanne, afin que la lettre lui arrive avant sa fête. Car vous savez qu’aujourd’hui elle doit avoir vingt-cinq si je ne me trompe pas. Mr Courcol est parti à quelques part autour de Londres, je n’ai pas eu de ses nouvelles depuis. Pour moi, j’ai demandé d’être réduit au rang de soldat, ce qui m’a été accordé, mais je ne sais pas si il me gardera ainsi continuellement. Je termine donc en vous disant bonjour ainsi qu’à mes frères et sœurs en attendant de vous revenir très bientôt.
De votre fils, Léo “God Bless you” Angleterre, le 24 mai 1941 Bien chers parents, Comme je suis toujours bien occupé, ce n’est donc qu’aujourd’hui que je peux répondre à votre belle lettre qui m’apporte, comme par le passé, des nouvelles des miens que je n’oublie pas, et qui me procurent tant de joies. Je suis encore à Gove, Angleterre, et en parfaite santé. Le beau temps chaud est revenu, c’est tout comme l’été. En parlant de carême et de retraite; j’ai fait la mienne, et je vous spécifie un fait qui est arrivé en ce temps-là, et ceci est juste le point pour lequel j’ai laissé mon grade de caporal. Voici en un mot ce qui en est: j’avais parmi mes hommes, un catholique comme nous et quand le moment est venu de faire sa retraite, il ne voulais point la faire, moi qui était son caporal, c’était donc mon devoir de le prendre à l’écart et d’essayer de lui faire comprendre par tous les moyens possibles et ne n’y suis parvenu que par
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1940 1941 l’intermédiaire de mes officiers. Moi et mon commandant de compagnie nous avons regardé son «pay book», il y était donc marqué qu’il était catholique romain, donc la loi militaire nous ordonnait de l’obliger à suivre sa retraite comme tous les autres. Et pour finir j’ai demandé à Dieu, en le suppliant par son remplaçant en la personne de notre aumônier, qu’il fasse un sermon en conséquence et ma plus grande joie s’éprouva, car ma prière fut exaucée. Depuis ce temps j’essais de me tenir en sa compagnie pour lui rappeler toujours son devoir. Et ceci grâce à vous et à Mlle Turcotte qui me procure des prières, je parviens assez facilement à ce but. Dernièrement, dans une conversation que j’avais avec lui, il me parlait de sa mère qui était morte et me demandait si cela serait bien d’envoyer de l’argent pour lui faire chanter une messe, et c’est avec le plus grand plaisir au monde que je le renseignai sur ce sujet. Il se passa dernièrement la fête des mères, je m’adresse donc à vous chère maman, à qui je ne cesse de penser en ce dimanche, je vous souhaite bonne fête et j’y joins un tendre baiser accompagné de quelques photos et je demande à Dieu de vous conserver en santé jusqu’à mon retour qui ne sera maintenant pas trop prolongé. Pour ce que je sais papa, des nouvelles de la guerre, je ne puis pas vous en dire très long, pour la première des choses, ma lettre serait censurée, ce qui ne vous permettrais pas de recevoir ma lettre et deuxièmement, vous en savez aussi long que moi sur ce rapport, mais je vous dirai tout de même que les raids aériens sont moins fréquents depuis quelques temps, aussi les États-Unis coopèrent beaucoup avec nous dans ces jours-ci au conflit actuelle, pour finir nous en tirons la même conclusion que vous. Je sais que vous êtes tous anxieux d’avoir de plus fraîches nouvelles que les journaux, c’est pour cela que je ne puis me rendre à votre plaisir, ce qui me cause beaucoup de peine, veuillez m’en croire. Veuillez papa excuser le papier, l’écriture, car il ne m’en reste plus et j’essaie d’économiser, car on est en ration sur tout. Ceci est la réponse à votre missive datée du 6 avril, j’indique cela parce qu’il y a de la malle de coulée. Je vous laisse donc à tous le bonjour et au plaisir de vous lire encore bientôt.
De votre fils qui ne vous oublie pas, Léo Montréal, le 25 mai 1941 Bien cher enfant, J’ai un peu retardé de te répondre. Comme tu le sais, au printemps j’ai beaucoup d’ouvrage. Je vais répondre à tes deux dernières lettres. Nous avons eu la visite de Mlle Hélène Turcotte le 11 mai, elle s’est rencontré avec Léopold et Mlle Caya, nous l’avons gardé à souper. Elle est très
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1940 1941 gentille et parait très sérieuse. Dans ma dernière lettre je t’ai donné tous les détails important de la famille. Pour le moment il n’y a rien de nouveau. MarieRose et Thérèse vont achever leurs classes vers le 18 juin, elles espèrent d’arriver à faire leur année. Tu nous dis qu’il fait chaud en Angleterre, en Canada nous avons eu 3 ou 4 jours de chaleur. Le temps se tient frais mais presque pas de pluie. Ce printemps nous n’avons pas été à la campagne, il n’y a qu’Aurore qui ait été aux sucres; il n’y en a pas eu beaucoup et très cher. Je t’assure que nous sommes tous chargés sous les taxes qui augmentent sans cesse et craignons beaucoup pour la conscription totale, mais à la grâce de Dieu. Maintenant pour toi courage en la Divine Providence et aussi à la St-Vierge et St-Joseph de qui tu peux espérer des faveurs spéciales et peut-être qu’un jour nous aurons le bonheur de te voir revenir au milieu de nous tous, espoir que nous caressons de tout notre cœur. Je te remercie du portrait des Mlle Turcotte ce sera peut être un (… ) dans l’accomplissement de tes devoirs. Nous t’envoyons deux paires de bas ainsi qu’un outil pour repriser les bas et une tablette pour écrire.
Je termine te présente mes meilleurs (… ) courage et bonne chance. Adonias Angleterre, le 11 juin 1941 Bien chers parents, Je viens dernièrement de recevoir des nouvelles de Mlle Rose Hélène, me disant qu’elle était allé à la maison, et qu’elle était très contente de son voyage, puisqu’elle me dit que j’ai de bons parents, elle m’en fait des félicitations. J’ai quelques questions à vous poser sur ce sujet: j’espère que vous n’avez pas été trop surpris de cette visite et que vous l’avez trouvé agréable, puisque vous l’avez gardé à souper. Laissons pour le moment ceci, pour parler de vous tous chers parents, vous êtes tous en parfaite santé je suppose. Comment est Lucien, il travaille toujours, je crois que, dans mes lettres déjà, je lui demandais de me faire voir son amie, la guerre va finir bientôt, j’aurai la chance de la voire ton amie. Maman, comment est notre gros bébé de la famille, il doit s’ennuyer de son Léo, il va revenir plus vite que vous le pensez tous, en Marie-Rose! Tu te rappelles Marie-Rose dans une lettre que j’écrivais à maman, puis à Thérèse que j’étais pour t’envoyer un souvenir, je ne l’ai pas encore envoyé, je vais l’envoyer quant même et tu le recevras à la fin de juillet, mais je veux que tu m’écrives. Moi quant j’ai commencé j’avais beaucoup de difficulté à correspondre, mais voilà qu’aujourd’hui ça sort tout seul, je suis une vraie pie, qui jase, jase toujours. Vois-tu Marie-Rose cela c’est à force d’écrire. Surtout c’est pas gênant, tu écris pareil comme si tu parlais, c’est une vraie conversation.
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1940 1941 Maintenant je reviens à vous chers parents, je n’oublie pas mon devoir de chrétien, comme dans ce mois, c’est le mois du Sacré-Cœur vu que je fais partie de la ligue du Sacré-Cœur, je vais à la messe à tous les vendredi. Mon ami me parle du jardin, tout doit être bien poussé maintenant, j’aimerais ça avoir une photo de cela, ainsi que de la façade de la maison ainsi que de vous bien chers parents. Combien de choses j’aurais à vous dire encore, mais mon devoir m’appel, je vous reviendrai donc bientôt. Je vous laisse donc en vous disant bonjour et bonne chance et au plaisir de vous lire très bientôt.
De votre fils dévoué, Léo “Que Dieu vous garde jusqu’à mon retour” Gove, le 26 juin 1941 Bien chers parents, Je viens justement de recevoir votre missive du 27 mai et comme j’ai un peu de temps j’y réponds immédiatement. Oui, je sais papa que la saison du printemps vous tiens tous bien occupée, vous en êtes tout excusés. J’ai ici des nouvelles un peu rassurante, car tout semble marcher en faveur des Anglais et vous apprendrez par les journaux, si cela continue, de plus amples détails que je ne puis mentionner. La chaleur, au lieu de diminuer, augmente de jour en jour, je me demande bien comment cela va être en juillet. Car d’après les Anglais, surtout dans le prochain mois, il disent que c’est écrasant. Je ne doute nullement de Thérèse et Marie-Rose Je suis très confiant, qu’ils arriveront à un succès, et je suis certain qu’ils mériteront les deux mois de repos qui leurs sont accordés. Savez-vous ce que je penses papa? je me dis moi quant on a nos vacances de 7 jours à tous les 3 mois, si on était libre de se vêtir comme on l’entend on se sentirait à notre aise, car on est obligés de toujours porter le respirateur ainsi que le “steel helmet” même dans le camp, si je vous dirais on mange avec! On ne l’a pas à notre cou seulement quant on se couche. Un mot encore papa, l’argent que je vous envoie, vous pouvez en faire ce que vous entendez avec, cela est pour vous. J’ai très confiance en la Divine Providence, si par hasard je venais qu’à avoir un malheur ce serait que j’aurais oublier mes devoirs religieux. Tant que je conserverai ma foi, votre espoir ne sera pas perdue, donc confiance, je vous reviendrai dans un jour qui n’et peut être pas loin. Pour finir je vous remercie à l’avance pour le paquet que vous m’envoyez.
“God Bless my Parents” De votre fils qui penses à vous sans cesse, Léo P.S. Un doux baiser à ma chère maman que je ne voudrais pas oublier pour tous l’or au monde.
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1940 1941 Angleterre, le 11 juillet 1941 Bien chers parents, Comme il y a déjà quelques temps que je ne vous ai donné de mes nouvelles, je m’en excuse, en vous donnant la raison. Premièrement je dois vous remercier du colis demandé et reçu hier avec tout son contenu, il ne faut oublier aussi ma grande soeur Germaine de son aimable collaboration. Maintenant, je vous demanderais plus que jamais, de prier pour nous, car depuis une semaine nous sommes en guerre, vous n’avez rien à craindre pour ma santé présentement, mais ne me dis pas si demain ou cette nuit même, je ne me retrouverai pas sur un lit d’hôpital. Chers parents je m’excuse de vous parler ainsi, je sais que cela vous cause de la peine, mais il fallait que je vous dises la cause de mon silence. Merci Papa, de vos bons conseils en me rappelant de me conduire comme un honnête homme. Je n’oublierai jamais le réprimandes, que vous me donniez avec raison, je crois. Papa, Maman, que si vous verriez votre Léo, vous diriez, comme il a changé, car malheureusement c’est lorsqu’on est séparé d’eux, qu’on s’aperçois du bien qu’il nous font, et je donnerais beaucoup pour me revoir encore au foyer paternel pour à mon tour vous démontrer que j’ai bien compris vos bons conseils en vous comblants de tous les soins et affections chers parents que j’aime plus que jamais. Parfois je me demande, et cela arrive fort souvent, et j’en fait part à mes camarades qui m’ont donnés le surnom de “Father” (oui Maman vous rappelez-vous quant je vous faisais part de mon idée que j’aimerais rentrer dans une communauté!) et bien, cette pensée me hante sans cesse. Je me trouve réellement chanceux de pouvoir offrir à mon Créateur mon travail et même ma vie, s’il la voulait. Mais il y a une chose qui me fait beaucoup de peine, j’espérais toujours recevoir le courrier dont les révérendes Sœurs se sont abonnées pour me le faire parvenir, ainsi que du chapelet offert par notre soeur Marie-Pierre Amédée, car dans cette revue j’aurais pu puiser toutes les bonnes choses que nous avons tous besoin, surtout nous soldat. Le plus grand plaisir que je désirerais présentement se serait de pouvoir embrasser ma chère maman, ainsi que mes soeurs. Je sais chers parents que je vous manque beaucoup, car pour moi j’éprouve le même ennui. Consolez-vous, Dieu a besoin de moi, et tant qu’il jugera de me garder, je ferai tout mon possible pour le bien servir. Dans le lieu où je suis je suis privé de tout repos et je sens le besoin d’avoir certaine distractions, si cela ne serait pas trop vous demander faîtes moi parvenir quelques journaux ainsi que bulletins (paroissiales) j’aurais aussi besoin des lames à rasoir et serviettes, si vous seriez capables à tous les quinze jours, me faire parvenir des petits articles, dont vous trouverez être nécessaires. Actuellement j’offre tout mon travail, mes privations, mes souffrances, mes ennuis pour que Dieu fasse connaître ma vocation, ainsi que pour qu’il vous protège jusqu’à mon prochain retour.
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1940 1941 Je termine, en vous disant, non Adieu, mais bien au revoir à tous et au plaisir d’avoir la satisfaction d’apaiser ma soif en ayant toujours des nouvelles de vous tous.
De votre tout dévoué fils, Léo “Que Dieu vous protège” Montréal, août 19441 Cher Léo, Je m’empresse de te répondre à ta lettre du 11 juillet nous apprenant une bien dure nouvelle pour toute la famille, mais nous espérons que la Divine Providence qui conduit toute chose l’a voulu ainsi; nous l’acceptons avec confiance ces dures épreuves, sois courageux en face du danger et espère car Dieu dans notre vie nous envoi toute sorte d’épreuves et de péril mais avec sa grâce nous pouvons tout surmonter si terrible soient-elles. Que le temps s’écoule bien vite. Il y a déjà plus d’un an que tu nous a quitté, t’as heureusement échappé à bien des périls. Je sais que t’as beaucoup à endurer, toutes sorte d’ennuis, des privations et des souffrances, (… ). Un père et une mère peuventils oublier leur enfant si éloigné soit-il, nous pensons à toi (…) et chaque jour faisant la prière du soir en famille nous prions pour toi tous ensemble, depuis au moins (… ) ta mère allons à l’Oratoire St-Joseph tous les dimanches soir il y a (… ) au flambeau et sermon et prières pour la paix (… ). Je souhaiterais que tu entende ces sermons et voir cette foule très nombreuses unies implorant la miséricorde Divine pour la cessation de la guerre. Nous n’en avons jamais vus d’aussi beau et aussi touchant, c’est dans un moment qui (… ). Ce qu’il y a de miraculeux et de grand dans cette sainte religion à laquelle nous avons nous catholique le bonheur d’appartenir. Maintenant un peu de nouvelle , je crois que Marie-Rose, Thérèse et Aurore t’ont écrit chacune une lettre qui veut t’avoir donné presque toute les dernières nouvelles; ta mère s’est acheté une belle glacière électrique, (…) pas d’eau à vider et ensuite froide à volonté et automatique. Sœur Pierre-Amédée est en retraite depuis dimanche jusqu’au 5 août à St-Lambert elle saura après la retraite si elle déménagera oui ou non. Nous te remercions bien sincèrement du portrait que tu nous a envoyé, je vais t’envoyer des lames de rasoirs aussitôt que possible. J’ai un peu retardé à t’écrire parce que tes soeurs t’avais annoncé presque toutes des nouvelles, je travaille toujours, ainsi que Lucien qui n’est pas trop bien. Je t’assures qu’il est très à plaindre car il ne sait pas toujours ce qu’il fait. Cher Léo j’ai une dernière nouvelle à t’apprendre, le 20 juillet à l’Oratoire le recteur R.P. Deguise a demander à Dieu par l’intercession de St-Joseph du bon frère André de protéger tous nos enfants qui sont parti pour la guerre, par toutes les prières qui se font
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1940 1941 soyez assuré que nos voeux seront exaucés donc cher Léo courage et confiance. Je te demanderais spécialement de prier St-Joseph et la St-Vierge et soit sans inquiétudes.
Adonias Angleterre, le 25 août 1941 Bien chers parents, Comme toujours j’essaie, de répondre à vos missives avec autant d’empressement qu’il m’est possible de le faire. Je vous dirais que présentement je réponds à la lettre du 1 août, reçue aujourd’hui même. Oui chers parents je sais que c’est dures pour vous d’apprendre que je suis éprouvé parfois; mais je retrouve dans ces épreuves beaucoup de bien, je dirais un bonheur très grand, en acceptant les épreuves qu’il a bien voulu m’envoyer, pour ensuite les lui offrir, et si par hasard il m’en réserve d’autres, je ferai de même. J’ai ici une nouvelle à vous annoncer, le premier ministre du Canada L’Honorable Mr King est venu en Angleterre, est-ce pour un voyage en d’autres pays où en notre très Chère Canada, espérons-le! si non j’accepterais cela avec le sourire aux lèvres, qui nous demandera encore d’autres souffrances que j’offrirai à vos intentions, et je le prendrai en souriant pour donner l’exemple et encourager mes confrères plus jeunes que moi. Voilà Papa un peu d’action catholique et tant qu’il me sera possible d’en faire pour les aider je le ferai de tous cœur. Ceci me rappelle un léger service rendu à un de mes compagnons d’armes, hier au soir, il me demandais donc d’écrire une lettre pour ses parents, et sur l’entrefaites, je me rappelais, qu’il y avait quelques jours auparavant, un autres soldat qui m’a dit avoir reçu une missive des parents, du soldat dont j’ai écrit hier, lui demandant des renseignements sur la conduite de leur fils. J’en ai donc profiter pour adresser moi-même un mot à ces bon parents, dont je leurs disais, que je connaissais assez leur fils pour avoir une excellente conduite et dont ces officier en sont très fiers. Malgré la lourde tâche que j’ai moi-même à accomplir, je voudrais quand même aider mes camarades surtout au point de vue spirituel et ensuite corporellement, sur le premier point je vous demanderais de dire à notre Révérende Sœur Marie-Pierre Amédée de prier à leurs intentions. Oh, comme j’aimerais entendre les jolis sermons, car vous savez que j’aime cela, nous avons pas le bonheur dans entendre comme cous chers parents puisqu’il arrive assez souvent que le dimanche se passe sans entendre la messe. Nous avons été un mois et demi sans en avoir, donc nous sommes privés des sermons de notre aimable chapelain qui parle si bien. Quelques mots à vous Maman, Papa me dit que vous vous êtes acheté une glacière électrique, j’aimerais bien ça la voire, je crois bien que c’est commode, les Anglaises d’ici non pas cette avantage, car
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1940 1941 je n’ai pas vu encore de ces choses ici, l’électricité se fait au gaz et ce sont que des choses antiques, ils sont loin en arrière de nous pour la modernité, pour le chauffage par exemple, ce sont que des anciens foyers et les maisons datent de très longtemps. Je pense très souvent dans mes prières à Lucien; je me demande qu’est-ce que je pourrais faire pour lui. Mon retour lui procurerais beaucoup de joies. Comme tous mes frères et soeurs, ainsi que vous maman, papa, si par hasard il vous semble que je vous oublis, non chère maman si je pouvais vous écrire à tous les jours, je le ferais, j’aurais tant de choses à vous dire, tant de questions à vous poser, mais que voulez-vous, je le puis pas, ça me fait beaucoup de peines. Savez-vous ce dont je demande à Dieu, qu’il vous garde longtemps après mon retour, pour que je puisse vous montrer comment votre fils Léo vous aime, tel que tous les mères méritent de l’être. Pardonnez-moi de vous dire Maman que je m’ennuie énormément et que je pleure, vous me manquez beaucoup, je sais que quand je vous dis cela vous avez de la peine, pardon. Il faut vous quitter pour penser à Dieu, en faisant ma prière. Embrassezmoi, Bonjour et merci de la photo du jardin, dont j’ai remarqué, les pieds des bons concombres. Bonjours, Papa, frères et soeurs et à bientôt.
De votre fils qui a hâte de vous relire, Léo “Que Dieu vous protège” N.B. On vient de me dire qu’il y a de la malle du mois de juillet, de couler, il ne savent pas encore de quelle date.
Angleterre, le 2 septembre 1941 Bien chers parents, Voilà que je reprends la plume, pour vous remercier du joli colis que je viens de recevoir contenant des choses utiles et intéressantes; utile, car le principe du soldat est la propreté sur nous-même et ensuite sur notre linge. Intéressantes puisque les bulletins et revues contiennent de belles choses, instructives au point de vue corporelles et surtout spirituelles. J’en suis très contents et je vous remercierai jamais assez. Pour les images je les ai distribuées à mes compagnons qui les liront certainement, s’ils ne l’ont pas fait encore, ceci vous portera profit tôt ou tard soyez en sure. Comme le mois de septembre viens de commencer, cela me fait penser à l’entrée des classes. Et combien de souvenir cela me rappellent. J’espère que Thérèse et Marie-Rose, retournerons à la classe joyeuses d’avoir passés de bonnes vacances et contentes de revoir leurs bonnes maîtresses, qui elles aussi en seront contentes de les revoir. Un mot à Germaine avant d’aller plus loin. Chère grande soeur, je viens te remercier de la jolie boîte de chocolat dont tu m’as envoyée pour me sucrer le bec. Je ne veux pas que tu sois mécontente Germaine, car je te dirais que dans le contentement
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1940 1941 que j’ai éprouvé en recevant ces délicatesses, j’ai pensé à mes confrères en dégustant ce jolie présent avec eux. Ai-je bien fait soeurette! J’en profite aussi Germaine, pour te demander de saluer tes bons patrons et patronne pour moi, tout en leur souhaitant une bonne santé. Tant qu’à toi je demande à Dieu, qu’il exauce toutes tes prières, dont ils renferment les grâces et désirs que tu lui demande. Maintenant je retourne où j’étais. Continuons donc. Pour les [nouvel] les que j’ai à vous donner sont celles-là: On a changé de père, en parlant du Brigadier, pour cause de maladie, aussi on a changé de place, cette nouvelle place nous procure quelque commodité que nous avions pas auparavant, tel que par exemple lit, eau chaude et plus de temps libre. D’après ce que je viens d’entendre dire, malheureusement ce n’est que pour une semaine, car il va falloir s’abriter pour cet hiver. J’ai déjà fini de lire un bulletin et j’en ai commencé un autre, j’aime bien cela. Sur le deuxième dont j’ai commencé à lire, je vois un paysage d’hiver, car il est daté du mois [de] janvier, c’est très joli, et pour dire, cela fait longtemps que je n’ai pas vu de neige, quand en verraije! puisqu’en Islande nous sommes partis trop tôt pour en voir et en Angleterre il en a pas eu un pouce de l’hiver, savez-vous leurs sports favori; le criquet, le ferre à cheval, course à cheval, et le football qui se joue l’hiver seulement. Savez-vous maman comment je pèse, 170 livres, ce n’est pas la misère qui fait maigrir n’est-ce pas, et je en frais de me laisser pousser une moustache. J’aurais quelques choses à vous demander j’aimerais que vous m’enverriez un portefeuille pour que je puisse mettre mon argent papier et ma monnaie, ainsi que certaine chose dont vous croyez je pourrais avoir besoin car je vous dirai qu’on ne peut rien acheter maintenant, tel que des bretelles, mouchoirs etc. Je ne sais pas si vous savez que la 3ième division Canadienne est rendue en Angleterre, ce qu’on voit toujours du soldats. Pour le moment je ne vois pas d’autres choses.
Je vous dis donc Bonsoir en vous embrassants tous, de la part de votre fils, Léo “Que Dieu vous protège” P.S. J’ai reçue des nouvelles de Sœur Pierre Amédée.
Angleterre, le 8 septembre 1941 Bien chers parents, Voilà, que j’ai pris la résolution, de ne pas laissé passé un semaine, sans vous écrire. Donc je vous demande de vérifier cela en commençant par cette première missive que vous recevrez le 23 de ce mois-ci. Comme il n’y a pas très longtemps que je vous ai donné de mes nouvelles, il ne peut y avoir grand nouveau. Je suis en parfaite santé et j’espère que vous en êtes ainsi. Mon Lucien comment est-il! je pense très souvent à lui, comme à vous tous chers parents et
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1940 1941 sur ce, cela me fait penser à un bulletin dont vous m’avez fait parvenir, et que je suis après lire actuellement. On dit donc dans cet article, que ceux qui ont guidé nos premiers pas, puissent un jour être guidé par ceux-là même. En un mot il résulte de ceci, que les gentillesses, que je puisse vous offrir actuellement, durent plus qu’un jour, et moi je rajoute que cela durent toujours, ainsi que les services qu’on peut vous rendre en vous épargnant du travail et combien de choses encore qu’on pourrait vous rendre pour ensoleiller vos vieux jours, bien chers parents. Dernièrement, je vous ai envoyé une carte postale, vous me direz si vous l’avez reçu. Je vous avais demandé déjà par le passé une photo de vous papa et maman, si cela vous serais possible envoyez-m’en une qu’avec le buste. Car j’aurais une petite surprise à vous faire (avec). Ici je vous demanderais des nouvelles de Rosaire et Marie-Jeanne dont il fait un bout de temps que je n’ai reçu de leurs nouvelles. Travaillent-ils; il ne sont pas malade j’espère et la petite Gisèle comment est-elle! Simonne comment aime-t-elle sa nouvelle place! Il y a une chose que je ne comprends pas, j’écris assez souvent à Mon oncle Ubald, et je ne sais pas si mes lettres se rendent, peut-être sont-ils male adressées, voulez-vous me renseigner sur ce sujet! Dans le lieu où l’on est présentement, je vous disais qu’on est un peut plus libre, donc je puis me mettre plus souvent à votre disposition. Et nous sommes hors de tout dangers. Comme j’en profite, j’écris beaucoup et je vous dirais qu’il me reste que quelques enveloppes. Pour terminer, comme toujours, je laisse le bonsoir à tous et que Dieu vous protège chers parents.
De votre fils qui a hâte de vous relire, Léo Montréal, le 27 septembre 1941 Bien cher enfant,, C’est avec peine que nous avons appris que t’étais blessé, mais nous espérons que ce ne sera pas trop grave et que tu resteras pas infirme. Quand à la protection de la Ste-Vierge et de St-Joseph en qui nous avons une confiance toute spéciale. Tu saura que M. Conrad Chaumont de St-Anne des Plaines vient d’être nommé évêque auxiliaire de Montréal et dimanche dernier il a présidé la cérémonie à l’Oratoire St-Joseph et a prononcé joli sermon, il a célébré sa première messe pontificale à St-Anne, il parait que ca été une fête comme il ne s’en est jamais vue de pareil à Ste-Anne. Malgré les épreuves que t’as à soutenir nous sommes heureux que tu les acceptes de ton mieux et avec résignation. Toute la famille prie spécialement pour toi à tous les jours, et c’est le meilleur que nous puissions faire présentement. Sois cher Léo toujours fidèle à Dieu et ne craint rien car, il viendra peut-être bientôt des jours meilleurs et que nous aurons le bonheur de te revoir parmi nous. Je travaille toujours ainsi que Lucien
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1940 1941 et tes soeurs. (… ) Lucien paraît un peu mieux nous espérons qu’il va s’améliorer encore. Thérèse et Marie-Rose sont à l’école et ils sont très encouragées à l’étude, Marie-Rose se propose d’aller à l’école Normale l’année prochaine avec Thérèse si Dieu nous accorde les faveurs pécuniaires pour pouvoir payer leurs cours.
Je te laisse cher Léo en te souhaitant bon courage et j’espère que ta prochaine lettre soit plus consolante. Adonias Angleterre, le 5 octobre 1941 Bien chers parents, Comme toujours, il arrive des inconvénients, qui m’empêchent d’accomplir les promesses que je vous ai faites: telle que de vous écrire à tous les lundis. J’arrive présentement d’un “sheeme” de sept jours, jamais entrepris auparavant dans l’armée britannique, on était au nombre d’environ un million et demie à deux millions d’hommes. Donc la dernière fois que je vous ai écris c’était le 23 septembre. Le temps que nous avons été en mouvement, il a de la malle qui est arrivée, et nous la recevrons que demain, je compte donc recevoir de vos nouvelles demain, et comme j’étais pressé de vous dire la raison de ce silence involontaire, je n’ai pas voulu attendre à demain, malgré la grande fatigue qui a résultée de ces activités ainsi que du manque de sommeil. C’est donc pour cela que je vous demande de m’excuser si je ne vous tiens pas longtemps compagnie. La brume commence à se faire sentir, nous avons donc dormit quatre nuits, sur sept en plein champs et les trois autre à attaquer l’ennemi, ou à le retenir. Je vous dis chers parents que je suis content d’être revenu à mon camp avec une grippe, ce qui me permets de l’offrir à Dieu, tout en le remerciant. Voyez-vous maman nous les soldats nous avons nos souffrances, nos privations, nos peines, qui ne sont peut être pas tous pareilles, aux vôtres. Acceptonsles donc, avec cœur et nous en bénéficierons tous un jour. Ceci est mon plus grand désir. Je suis pas déjà de retour que nous allons déménager d’ici deux trois jours. On peut dire que la vie du soldat n’est qu’un va et vient. On nous a appris dernièrement qu’il y a des Canadians, qu’après avoir traversé la mer, ils se sont promenés en France en “motocycle” pour y revenir avec des prisonniers Allemands dont compte parmi eux plusieurs officiers. Ceci démontre un peu ce que les Canadians sont capables de faire aux yeux des boches. J’arrête ici, pour ce soir en vous disant bonsoir et bonne nuit à tous.
De votre tout dévoué fils, Léo xxxxxxxxxxxxxxxx
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1940 1941 Lewis Station, le 15 octobre 1941 Chers Parents, Me voilà enfin rendu à destination, et tel que promis je m’empresse de vous écrire. Comme nous y avons déjà séjourné auparavant et que nous y avons laissé un bon nom, en ayant une bonne conduite et une très grande discipline, nous avons donc été accueillis à bras ouverts. J’ai reçu une missive d’Aurore, le 10 octobre, et comme je n’ai pas eu encore l’occasion d’y répondre, je le ferai don aussitôt terminé celle-ci. Vous êtes tous j’espère en bonne santé, pour ma part, ça ne peut aller mieux. Comme mon caporal n’est pas encore de retour, je suis toujours à la charge de ma section et mes hommes en sont heureux de la manière qu’ils agissent, du moins ils en ont tous l’air. Nous jouissons présentement d’une belle température qui nous permet d’accomplir notre travaille quotidien tel qui doit être fait. Je suppose que les citoyens de Montréal ne sont pas encombrés de soldats et que la température leurs est tous favorable. Avant de terminer je vous demanderais, si possible, que dans votre prochain colis de me faire parvenir des paires de lacets, du savons à barbe, ainsi que pour la figure, lames [de] rasoirs, des pierres à briquet et des gants de laine. Oh, il me serait extrêmement utile de recevoir plusieurs boîtes de “Blanko Kaki” couleur jaune pour équipement soldats, dans des boîtes, du même genre que le noir à chaussure. Car ici il fait pitié de voir leurs matériels. Pour les nouvelles de guerre, elles sont très favorables. Pas un “air raid” depuis fort longtemps. C’est tout pour le moment, et d’ici à lundi prochain je vous laisse le bonsoir avec l’espoir d’avoir une réponse très bientôt.
De votre fils qui ne vous oublie pas. Léo P.S. J’aimerais que ces articles me parviennent au plutôt, car ce me seraient très nécessaire, puisque je les utiliseraient immédiatement. Merci
Lewis Station, le20 octobre 1941 Bien chers parents, C’est à la veille de partir, pour passer ma soirée au cinéma que je vous écris cette missive toujours trop courte. J’ai écris hier à Léopold, ainsi qu’à Mr Jolin et à Thérèse. Je tiens à écrire aux autres, Marie-Rose, Lucien et Germaine à mon retour du théâtre. Comme vous voyez j’ai suffisamment de temps pour écrire à chacun de mes frères et soeurs, comme je le désirais depuis longtemps. Présentement je viens d’être remplacer, par un caporal prenant à son tour le devoir pour vingt quatres heures. Et nous avons moi et mes hommes le bonheur de revoir notre caporal Dubuc, de retour de son cours de trois semaines. Donc à partir de demain je tombe “private” simple soldat, en attendant d’être promu au mois de décembre. C’est donc dire qu’ils ont été très satisfait du travail que
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1940 1941 je leurs ai rendus. Vous rappelez-vous maman de l’endroit dont je vous disais où l’on subissait les bombardements, et bien c’est en cet endroit même que nous y sommes venus, prendre un repos. Je ne suis pas certain mais je crois que c’est au mois de juillet que nous étions ici. C’est un bel endroit à trente milles des côtes de France. Je peux dire que j’ai eu le bonheur de me baigner dans la mer; pas de ce temps-ci mais bien au mois de juillet. On nous a annoncé dans le journal d’hier matin, qu’il y a dix bateaux qui s’en venaient ici, ont été coulés. Je ne sais aucunement si il y avait de la malle à son bord, en tout les cas, maman donnez-moi les dates des deux dernières lettres que vous m’avez adressées. Je vous dirai si je les ai reçues. Hier, notre bon aumônier nous a fait un sermon, qui est le premier d’une série de ces sermons, à l’opposition au mariage, il tient à nous rentrer ça dans la tête, les raisons pour lesquelles ils s’opposent. J’aimes bien cela l’entendre prêcher, il parle si bien, et on l’entend si peu souvent. Savez-vous Maman, je vais dire pour quelles raisons j’ai écris à Aurore et ce qu’elle m’a fait penser. Ce fut le quatorze octobre, elle me disait qu’elle travaillait dans une pâtisserie. Et ceci m’a fait penser à votre bonne “pouding aux chômeurs” que j’aimais tant; en faites-vous encore! Ici on va ici et là, et leurs pâtisserie est loin d’être bonne, si cela était possible je vous demanderais de m’en envoyer. Et je disais à Aurore de me remplacer car en fait de gâteaux et de toutes sortes de sucrerie j’étais un peu là. Vous comprenez qu’ici dans l’armée j’ai appris à m’en passer. Vous êtes bien maman! Vos jambes ne vous font pas souffrir comme avant! Les filles travailles tous! du moins vous en avez gardé une avec vous! Il y a de mes confrères, que leurs parents, leurs disent que c’est effrayant les taxes qu’ils payent, ce doit être pareil pour vous chers parents. Si je suis promu caporal tel que je m’attend, je vous enverrai encore de l’argent, que si vous utilisez pas la première, vous utiliserez la deuxième.
Maintenant chers parents, je vous dis bonsoir et bonne chance, de votre fils qui vous embrasse tendrement, Léo Lewis Station, le 24 octobre 1941 Bien chers parents, Je viens faire suite à votre aimable missive que j’ai reçue le vingt-deux, pour vous rassurer sur l’incident qui m’est survenu. Présentement je puis faire mon travail, comme par le passé, d’ici quelques temps il n’en restera plus aucune trace. J’espère que vous n’avez pas manqué à cette belle cérémonie dont j’y serait accourue avec plaisir. Vous savez comme moi chers parents que nous faisons si peu pour le bon Dieu à comparer à ce qu’il a fait pour nous, qu’il est raisonnable, que j’accepte les épreuves qu’ils m’offrent, en le remerciant comme vous l’auriez fait vous-mêmes. Je demanderais donc à Dieu dans ma
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1940 1941 prière de soir qu’il vous procure ces faveurs afin que Marie-Rose puisse avoir ce beau privilège, que j’aurais peut être eu moi-même dans mon temps si je n’aurais pas eu la bêtise de laisser la classe si tôt. Je n’ai pas grand nouveau à vous apprendre, si ce n’est que j’attends d’être promu caporal très bientôt, à cette occasion je pourrai peut-être vous aider pour contribuer à faire suivre à ma petite soeur ce cours supérieur. Il est regrettable qu’il fasse si froid, on a pas de feu pour se réchauffer. Je dis donc à tous Bonsoir et Bonne nuit.
De votre fils qui pense sans cesse à vous dans ses prières, Léo Lewis Station, le 10 novembre 1941 Bien chers parents, Je viens vous trouvez pour vous dire le retardement de ma correspondance, qui a pour raison le changement de compagnie, pour le bataillon H.Q. comme “R.P.” Police Militaire, c’est pour un temps indéfinie. Comme je suis en parfaite santé, j’espère que vous en êtes tous ainsi et que l’ouvrage ne manque pas dans ces temps si durs. J’aime bien l’ouvrage de “M.P.” et surtout je désirerais y demeurer. Nous sommes en devoir six heures et après douze heures de patrouille, pour ensuite retombés six heures en devoir et cela continuellement. Comme vous voyez il ne me reste plus de papier à écrire, j’ai donné la date de mon “Furlow” le trente décembre peut-être pour quatorze jours, je n’en suis pas certain. Au moment ou j’écris, je pense que ce mois-ci c’est la fête d’Aurore, dont j’en profite pour lui souhaiter bonne fête, en attendant de lui faire parvenir un léger souvenir. Je vous quitte sur ceci en espérant vous lire sous peu.
Bonjour à tous et à bientôt, Léo Lewis Station, le 23 novembre 1941 Bien chers parents, Vous allez dire papa que je vous écris pas souvent de ce temps-ci, c’est vraie, mais ce n’est pas que je ne pense pas à vous, au contraire, ma pensée se rapporte souvent à vous. Ce qui m’empêche de vous converser comme par le passé, c’est que le devoir de la police militaire dont je fais partie depuis un mois, me tient continuellement occupé. J’espère que vous me comprenez, pour être excuser à l’avance. Il n’y a rien de nouveau pour le présent, je suis en parfaite santé et surtout je n’oublie pas d’en remercier Dieu de m’avoir protéger jusqu’à maintenant, votre missive m’est parvenue aujourd’hui même et aussitôt que je recevrai le paquet, je vous avertirai tel que vous me demandez. Comme cette lettre vous parviendra aux alentours de Noël, j’en profite pour souhaiter à vous
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1940 1941 particulièrement un Joyeux Noël, et ensuite à mes frères et soeurs. Et à ma très chère maman dans un très doux baiser, je lui souhaite une bonne fête, et que Dieu nous la garde encore longtemps pour être choyée de tous ses enfants qui l’aiment tant. Je demanderai cela le jour même à notre très doux Jésus, Joyeux Noël maman et je vous réserve un présent que je vous enverrai aux alentours des fêtes et dont malheureusement vous recevrez qu’à la fin de janvier. Merci à l’avance et j’espère que la bonne Providence vous procurera la chance et la santé, en espérant moi-même en Elle dans un prochain retour.
De votre tout dévoué fils, Léo Angleterre, le 10 décembre 1941 Chère petite sœur, Quel surprise pour moi que de recevoir une charmante missive de toi, j’espère que maintenant celle-ci sera suivie de bien d’autres. En recevant ta lettre j’en ai reçue plusieurs, dans lesquelles je spécifierais Léopold et Mlle Turcotte. Léopold m’apprend que tu n’est pas très bien, je demande donc à Dieu de te procurer beaucoup de santé, car sans cela on ne peut être complètement heureux. Tant qu’à moi je possède la santé, mais je suis privé de ma petite maman, soeurs et frères, si tu savais Simonne comme cela est dur pour moi, à comparer à tous ce qu’on appelle les duretés de la guerre, car loin des siens c’est dur pour le cœur, tandis que notre travail c’est dure pour le corps. Si tu savais comme cela est beau de ta part Simonne, de procurer un peu de joie, de plaisir aux siens, en leurs faisant des présents, tu dois certainement t’imaginer le bonheur immense que tu leurs procure. Comme j’aimerais cela être à tes côtés pour coopérer dans tes belles actions. Tu en auras certainement un très grand mérite. J’ai pensé Simonne, que la seule manière que je pourrais aider maman dans ces temps si durs serait de signer, vu que je ne serais pas nommé caporal à cette fin d’année; un léger montant de cinq piastres par mois de plus. Je crois que cela serait le plus que je pourrais faire pour le moment. Dis-moi ce que tu en penses! Je m’en vais en vacances le 30 décembre et je vous enverrai à tous tel que promis un petit souvenir, j’aurais aimer le faire plutôt, mais comme je suis rendu à quelques milles de la mer, dans un nouvel endroit et continuellement occupé et de la boue par-dessus la tête. N’oublie pas de m’envoyer une photo de toute la famille ainsi que des décors des fêtes en regardant tous cela, ça me fera penser que comme si j’étais avec vous tous. Merci de tes bons souhaits ainsi que du gâteau et les chaussons que je recevrai sous peu. Pour sûr cela me fera grand plaisir. De ma part je formule pour toi des voeux de Joyeux Noël, et Bonne Heureuse Année, que cette année nouvelle t’apporte la santé et qu’elle soit pour toi sainte, remplie de Bonheur et paix. C’est les larmes aux
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1940 1941 yeux que je te laisses, en pensant que je ne serai pas là en ce beau jour de Noël, pour souhaiter à maman une bonne fête et pour lui montrer comme mon pauvre cœur souffre de sa présence. Je te dis donc bonsoir ainsi qu’à tous.
Que Dieu vous protège. De ton frère qui est si loin de corps, mais si près par la pensée, Léo P.S. J’ai reçu le paquet de papa, merci. Bonsoir maman, papa, et à très bientôt.
Angleterre, le 17 décembre 1941 Bien cher frère, As-tu deviné qui est-ce qui t’écrivais. Quel surprise pour toi, n’est-ce pas. C’est Léo qui t’écris pour te donner de ses nouvelles et pour te souhaiter des voeux de Noël et du Nouvel An. Beaucoup de santé, bien de l’argent et une petite femme pour t’aimer. Et je te dirai une chose, si aujourd’hui on souffre de la guerre, c’est que le monde est trop méchant donc mettons nous ensemble cher frère, pour le mieux servir dans cette nouvelle année, en nous enivrant pas, en étant charitable pour nos ennemis comme nos amis. En donnant de bons conseils. En un mot faisons selon la loi de Dieu et nous jouirons un jour de la paix dans l’univers et je pourrai retourner parmi vous tous chers parents, et avec toi cher Lucien. Prenons donc cette résolution pour 1942, de vivre en état de grâce, comme si l’on était prêt à mourir à tout heures. C’est en fuyant les mauvais compagnons qu’on arrivera à cela. Quand bien même qu’on ne serait pas regardé du monde, laissons-les faire ce sont eux qui en seront punis plus tard, vivons d’une vie Chrétienne et nous en serons que plus méritoire. Si tu veux bien Lucien tu me donneras des nouvelles toi-même de tous mes amis qui sont aussi les tiens. Pour moi, je suis en parfaite santé, j’ai fait partis de la police militaire un mois et maintenant je suis dans le service d’intelligence depuis dix jours. Tu embrasseras maman pour moi ainsi que tous mes petites soeurs. Un bonjour à tous. Je te souhaite donc le plus cordiale des bonsoirs et que Dieu te protège ainsi que tous mes bons parents, dont je m’ennui énormément.
De ton frère qui espère de te lire sous peu, en attendant de te revoir dans des jours meilleurs, Léo Angleterre, le 19 décembre 1941 Chère grande sœur, C’est avant d’aller à mon devoir, qui consiste à patrouiller la nuit, que je viens te dire quelques mots. Tu m’excusera si je t’en écris pas long mais je reviendrai plus souvent. Les fêtes approchent Marie-Rose et tu sais quant Léo promettais de te donner quelques choses il te le donnait, malgré qu’il arrivait
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1940 1941 quelques fois, que je n’accomplissais pas ma promesse, sais-tu petite soeur dans l’armée, sans former la volonté, ça donne du caractère. Et bien ne sois pas inquiète tu recevras un petit présent à la fin du mois de janvier ou aux premières semaines de février, puisque ça prend un mois et demi à se rendre. Marie-Rose j’ai un service à te demander; je vais déposer une couple de mots pour maman sur une feuille à l’occasion de sa fête, ce sera de ma propre écriture et de ma propre composition. Tu lui liras-ça veux-tu? Et ensuite donnes-m’en des nouvelles, aussi je voudrais que tu me donne les dates de naissance de tous mes frères et soeurs ainsi que de Papa. Pour terminer je te souhaite un Joyeux Noël, une Année de succès dans tes études, beaucoup de santé, et aime bien ton papa et ta maman, prie souvent et sois bonne Marie-Rose, si tu veux que Léo revienne.
De ton frère qui t’aime bien et qui prie pour tous vous autres, Léo Angleterre, décembre 1941 Chère Maman Je vous demanderais avant de commencer, de m’excuser si je suis quelques peu en retard, puisque ces quelques mots vous parviendrons qu’en janvier. C’est avec l’aimable bonté de ma petite soeur, qui prendra ma place pour vous lire cette courte lettre. Maman A l’occasion de votre anniversaire que je tiens à vous écrire ceci. Cela me fait rappeler à cette belle coutume que nous avions de vous adresser quelques mots. Malgré l’éloignement qui nous sépare je n’ai pas voulue m’en exempter, et je suis à vos côtés par la pensée, pour tout ce dont vous avez fait pour nous, malgré nos désobéissances en faisant à notre tête, en se rendant parfois insupportable, jusqu’à vous dire des gros mots. Quelle grave erreur pour nous à l’égard de vous, qui étiez si bonne, si dévouée, si douce, qui dès lors de nos premiers moments d’existence, vous étiez sans cesse à notre secours, je vois et nous voyons toujours trop tard combien et lourde la tâche d’une mère pour ses enfants. Je vous demande mille fois pardon de tous le mal que j’ai pu vous faire et je vous promets que dans l’avenir, qu’il soit court ou long, vous n’aurez rien à me reprocher. J’espère que dans mon prochain retour, je reste avec vous pour vous prouver sans cesse chaque jour, chaque heure, combien je suis reconnaissant pour ma bonne Mère qui a tant fait pour moi. C’est dans un très doux baiser que je dépose tout ce que mon cœur peut contenir de bonté pour vous souhaite bonnes fêtes, en demandant au Jésus de Nazareth qu’il vous garde encore longtemps parmi nous. Joyeux Noël, et Bonne Heureuse Année beaucoup de santé et que Dieu vous protège.
De votre fils qui est repentant de ses fautes, Léo
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1940 1941 Angleterre, le 27 décembre 1941 Bien chers parents, Ma dernière missive vous fut adressée le 14 décembre, c’était en réponse, je crois du colis dont vous m’avez fait parvenir le 24 novembre. Tant qu’à la lettre qui y faisait suite je l’ai reçue aujourd’hui même, et c’est avec empressement et plaisir en même temps que j’y répond immédiatement. Je ne veux pas que vous pensiez que le paquet envoyé par vous le 12 novembre ne me parviendra pas. Je vous dirai par contre, que pendant les fêtes, la poste a beaucoup d’ouvrage et qu’on recoit, lettres et colis, pas mal mélangés, c’est ainsi que pour tous mes confrères. J’ai donc l’espérance de le recevoir ces joursci comme j’ai l’espérance d’être parmi vous au Noël et Jour de l’An prochain, c’est-à-dire à la fin de 1942, et pour le 1er de l’an 1943. Merci, chers parents pour vos bons souhaits et permettez-moi de renouveler les miens. Comme Noël est passée, j’espère qu’il a été pour vous joyeux, quoique ma personnalité n’y était pas, j’y était tout de même par la pensée. Je formule donc pour le nouvel an, beaucoup de santé, de bonheurs, de prospérité et surtout saintes, sainte pour s’attirer les bienfaits de Dieu, oui papa, maman, frères et soeurs, prions tous ensemble pour que cette prière ait plus de forces auprès du Seigneur afin qu’il mette fin à cette “boucherie” universelle, ce qui permettra aux mère de familles de revoir leurs fils de retour aux foyers paternels. Oui, bien chers parents, priez, priez sans cesse, pour que je conserve toujours le courage si nécessaire jusqu’à la fin, qui s’annonce, beaucoup, beaucoup plus proche, que je le pensais moimême et dont vous pouviez penser. J’ai presque la certitude que les prédictions se réaliseront. Plus que par les années passées, j’ai pris la résolution de me tenir prêt à mourir à tout temps. On dit toujours que quant notre vie est en jeux, on y pense beaucoup plus, j’en ai déjà eu la preuve. Je suis prêt à me sacrifier pour ma foi, s’il me veut. Que sa volonté soit exaucée et non la mienne. Je suis résigné à tout pour lui, même s’il fallait ne plus v................., vous m’avez, par vos bons conseils, menée dans la bonne voie, s’il en est son désir, qu’il exauce. Ma santé est bonne, et je suis encore en cours pour un mois (Intelligence Service)
Bonsoir, Bonne santé. Au plaisir de vous revoir, chers parents; C’est mon plus grand espoir,Léo Angleterre, le 2 janvier 1942 Bien chers parents, J’ai éprouvé une grande joie et un grand plaisir en même temps en recevant deux paquets de Mlle Caya, ainsi qu’un autre de vous. Vous pouvez dire chers parents que vous êtes les premiers à qui j’écris pour la première fois en 1942.
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1940 1942 Tout le contenu de ce colis est arrivé en parfaite ordre à sa destination. J’en suis très content et vous remercie infiniment, ainsi que ma petite soeur Simonne. J’ai passé de très bonne fêtes, ai reçu la bénédiction par notre bon aumônier, en pensant à vous tous dans mes prières et durant tous le plaisir de la journée. On nous a remis des cigarettes, un peigne, une lime à ongles, des sandwichs et de la bière, ceci m’a fait beaucoup de peine de ne pas pouvoir passé ces fêtes avec vous chers parents. Mais c’est à espérer qu’avant la fin de cette année, vous ayez le bonheur de me revoir parmi vous, c’est mon plus grand espoir. On m’avertis cette avant-midi que mes vacances seront dues le 6 janvier, c’est donc dire que mon cours sera coupé encore une fois. Ma santé est bonne et j’espère du moins que vous en êtes ainsi. Merci et au plaisir de vous lire sous peu, bonjour et à bientôt.
De votre fils qui prie pour vous, Léo CARTE POSTALE: “The Sunken Gardens, Brighton”
Mercredi, le 15 janvier 1942 Bien chers parents, Un mot pour vous dire que je ne vous oublie pas pendant mes vacances et que je m’amuse bien, je vous reviendrai donc sous peu.
De votre fils, Léo Angleterre, le 26 janvier 1942 Bien chers parents, Me voilà revenu de “leave” vacances, le cœur content de reprendre mon travail avec les meilleurs dispositions. Je veux rien vous cacher chers parents il est tout juste que vous sachiez, quelle conduite a votre fils. Eh bien, j’ai commis la bêtise de revenir de “Furlow” dix jours en retard, ce qui m’a donné pour punition dix jours de paye d’enlevées. Ne soyez pas inquiet, je ne recommencerais plu et j’ai assez d’argent à mon crédit, pour que cela n’affecte pas mon salaire. Il est regrettable que je ne me suis pas fait photographié, et que je n’ai pas envoyé les souvenirs tels que promis. Vous me direz que je suis pas prompt à accomplir ma promesse c’est vraie, mais je me console à l’idée que je l’accomplirai, que ce soit demain ou après-demain. Ma santé présentement est bonne. Où je pensionnais on chargea rien en tout, de très bonne gens, et je leurs ai prouvé ma reconnaissance en les aidants dans le travail de la maison, et en faisant des commissions, message. La dame travaille dans les munitions, elle est bourgeoise. Mr son mari travaille la nuit, ils ont un garçon du nom de “Jimmy” âgé de 15 ans, leur grand-père demeure avec eux, il est chauffeur de
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1940 1942 “Bus” autobus sur rail à deux étages depuis 25 ans. J’espères que vous êtes tous bien et avez espoir de me voir revenir en de meilleurs jours.
Un doux baiser pour vous Maman et mes soeurs, bonsoir à tous et bonne chance, que Dieu vous garde d’ici mon retour, Léo Montréal, le 5 février 1942 Bien cher Léo, Si j’ai tant tardé à te répondre c’est parce que j’ai attendu pour avoir du MT. Bleach, il est très rare et difficile à avoir. Je t’en envoie 6 boîtes. Nous sommes très heureux de savoir que t’a reçue tous nos paquets en bon ordre. Nous sommes aussi très heureux d’avoir de tes nouvelles et que tu te portes bien, puisque tu monte en grade, c’est une bonne preuve que tu te conduit bien et que tu fais ton devoir, continue cher enfant à bien faire, sois assuré que la Ste-Vierge et St-Joseph veillent sur toi et te protège. Toute la famille réuni chaque soir prie pour toi afin que Dieu te donne les grâces nécessaires pour l’accomplissement de tous tes devoirs. Dans ta lettre à ta mère à l’occasion de sa fête tu lui dit que tu regrettes toutes les petits fredaines et les peines que tu lui a causé et tu en demande pardon avec la résolution de lui prouver ta reconnaissance à l’avenir si Dieu t’accorde la grâce de revenir parmi nous, cher enfant. Il y a longtemps que tout est pardonné et oublié, ta mère et surtout ton père avec un caractère un peu trop dur, t’as peut-être réprimander trop durement, mais sais aussi qu’il n’y avait aucune méchanceté de ma part, car nous avons trop d’expérience de la vie, nous voulions faire de toi ainsi que tes frères et soeurs des enfants bons et si possibles meilleurs que nous. Comme nous aurions été heureux de t’avoir à cette fête, nous avons profité de l’occasion pour donner les cadeaux de fête, Léopold et mademoiselle Hélène étaient avec nous, il y avait au pied de l’arbre de Noël plus beau et mieux orné que jamais. 107 cadeaux répartis à toute la famille, tu dois savoir que nous avons parlé de toi. Mlle Hélène Turcotte est venue nous souhaiter une bonne année apportant une joli boîte de chocolat à ta mère, elle est venu avec une des soeurs nouvellement mariée, une jolie femme, son mari a été appelé pour faire son service la journée même de son mariage, pour 4 mois par conséquent sa lune de miel n’a plus été rose.
Adonias Angleterre, le 10 février 1942 Bien chers parents, Je vous adressais une missive le vingt-six janvier et aujourd’hui je vous reviens, pour vous causer quelques instants. Nous avons appris cet après-midi,
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1940 1942 qu’il y avait un convoi de coulé, il est tout probable qu’il contenait de la malle, dites-moi toutes les dates des lettres envoyées depuis cette date et je vous dirai si je les ai reçues. J’espère que tous va bien et que vous êtes en parfaite santé! Lucien travaille toujours avec papa, et comment vont Thérèse et Marie-Rose dans leurs études? Pour moi, je suis bien, et suis un cours pour quinze jours, vu que cette semaine la compagnie est en devoir, on ne sort pas de la semaine. Samedi première journée dont l’on pourra sortir, j’irai chercher ma photo dont j’ai fait prendre dimanche dernier. Je vous la ferai parvenir. Fautes d’occupation continuelle, je n’ai pas eu la chance de voir le «paymaster» pour vous signer cinq dollars de plus par moi. Le plutôt que je pourrai le faire sera un plaisir pour moi. Nous commençons, je dis commençons car il se fait un bon bout de temps que nous n’avions eu d’alertes nous annonçant des avions ennemis aux alentours, et bien dans l’espace d’une semaine, trois alertes. Fautes de papier Maman, je suis dans l’obligation de clore cet entretien, pour y revenir dans un court espace de temps. Recevez mes meilleurs baisers et le plus cordial bonsoir en attendant de vous revoir très très bientôt. De votre fils qui pense à vous dans ses prières, Léo xxxxxx
Angleterre, le 4 avril 1942 Bien chers parents, Comme vous papa j’ai retardé à vous répondre, pourquoi, me demanderiezvous, eh bien depuis un mois environ nous avons deux shemes et des fois trois par semaine. Après chacun de ces pratiques, mon devoir m’autorise à m’occuper de mes hommes en ce qui concerne les maux de pieds qu’ils peuvent avoir eu, leur faire dépaqueter leurs stock, et combien d’autres petit détails qui semble très [in] signifiant et qui ont pourtant chacun leurs importances. Il faut prendre cela en écrit en faire rapport au sergent de platoon et cela seulement le soir. On nous demande des les suivre même dans leurs langage. Je dirais même comme dit notre Commandant nous les sous-officier sommes les pères de ces garçons (soldats) et les officiers les grand-pères. Je fais comme vous chers parentsje suis obligé de leurs faire la remontrance et quelques les parades pour qu’ils en reçoivent une punition qui les corrigeront. Tel que vous faisiez pour moi, ce qui était pour mon bien, mais ici il y a une différence car les trois quart, c’est-à-dire sept sur dix sont plus vieux que moi, mais il faut que je garde toujours l’autorité sur eux, en leur gardant une extrême politesse. J’ai reçu votre colis dont je vous remercie infiniment, votre deuxième missive m’est aussi parvenue, j’y répondrai après mon devoir de demain terminé. L’heure s’aggrave de jour en jour, on a appris par les journaux de ce matin un bombardement à Dover ainsi qu’un autre endroit très près de nous. Ce soir nous sommes en
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1940 1942 devoirs spéciaux pour la semaine, en cette circonstance. On nous apprend avoir employer les gaz en Russie, ce qui nous laisse espérer à une fin prochaine (guerre) avant 1943. Température de ces jours-ci très favorable aux manoeuvres on se dirait en été. Ma santé grâce à Dieu toujours excellente. Demain Pâques, j’espère qu’elle sera joyeuse pour vous chers parents tant qu’à [moi], je n’aurai pas la chance cette fois-ci d’assister à la messe mais ma pensée sera rapportée à la réconciliation avec notre Père Céleste, souhaitons qu’en ce beau jour tout l’univers se joigne dans une paix à notre Divin Créateur. Mon devoir me demande bien des sacrifices, il en est un, que de celui de clore ici cette très courte missive pour aller à mon devoir. Mais avant d’y aller, je demande à tous une bonne pensée toute spéciale en ce beau jour, pour que je puisse supporter ce qui se présentera à moi demain le 5 d’avril. Que Dieu vous garde toujours en santé et en grâce. De votre fils militaire en action outre-mer.
J’ai le bonheur de converser avec le Sacré-Cœur de Jésus en toute occasion, donc aucune inquiétude; il me protégera, Léo Angleterre, le 8 avril 1942 Cher frère, Malgré que je sois rendu loin de toi, au-delà des mers, en Europe, je voudrais te démontrer, te dire que je ne t’oublie pas, malgré cette séparation, et c’est par les lettres que je t’écris que je montre que je penses toujours à mon grand frère. Ici Lucien je vais te dire quelques choses, écoutes-moi bien, parmi mes confrères d’armes il y en a qui sont rendus en Canada. Et il y en a d’autres, qui retournerons encore bientôt, ce qui veut dire que mon tour viendra bientôt aussi Lucien veux-tu avant que je retourne au Canada, me répondre à tous les missives que tu recois de moi. Tu sais que je suis Caporal maintenant, j’ai toute la responsabilité de mes hommes, qui me demande beaucoup d’attention à leurs égards. Je ne sais pas si tu as connu un nommé Héneault qui était l’ami de Lépigne le receveur à la balle-molle, eh bien ce Mr Héneault et lieutenant dans mon régiment il a environ 24 à 25 ans. Dis-moi as-tu été au sucre à Pâques, cette journée a été joyeuse pour toi j’espère? en a-t-il eu beaucoup cette année? Tous ceux que tu verras de mes amis et qui te demanderont de mes nouvelles tu leurs diras que je suis bien et que bientôt j’irai tous les voir. Papa et Maman sont bien je suppose! si tu savais comme ils me manquent, sais-tu Lucien c’est quant on est partis de la maison qu’on réalise comment ils ont été bon pour nous. Tu sais quant on sortait ensemble et qu’on arrivait passé minuit et que nos parents, nous réprimandaient, ils avaient raisons et c’était pour notre bien qu’il le faisait, ils voulaient nous garder bons, si tu savais Lucien aujourd’hui pour demain si je
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1940 1942 suis de retour, je vais les écouter que j’ai cinquante ans tant que je serai à la maison je les écouterai toujours. Es-tu capable de m’envoyer un porte-cigarette (étui), si oui, papa ou Léopold pourrait m’envoyé cela dans leurs paquets. La température est bien belle ici, j’ai demandé à Léopold un petit pain sucre, je te dis que j’ai hâte d’y goûter. L’ouvrage ne manque pas et nos devoirs augmentent toujours. Maintenant je vais te laisser et je reviendrai pour répondre à ta lettre.
Bonsoir, bonne chance, n’oublie pas de donner mes nouvelles à papa et maman. “Que Dieu te protège” Léo Montréal, le 14 avril 1942 Bien cher Léo, Tu dois me trouver paresseux car je t’ai pas écrit depuis le 7 février, il n’y a pas de nouveau, nous travaillons tous et sommes tous bien, il n’y a que moi qui a une petite grippe, j’espère que tu es toujours en bonne santé, par les journaux j’ai su que les beaux jours de printemps sont arrivés en Angleterre, par ici la neige n’est pas complètement parti. Les habitants sont dans la saison des sucres, il en a assez cette année, mais il est très cher, nous avons eu (… ) , en parlant d’Ubald il paraîtrait qu’il doit se marié en mai ou juin, la date n’est pas fixée. J’ai appris une nouvelle il y a quelque temps, il y a un M. Du Renaud, chauffeur à l’emploi de mon bourgeois que je connais depuis mars, il y a environ quinze jours je parlais de guerre avec lui, je lui disais que j’avais un garçon en Angleterre, il s’est de suite informé dans quel régiment t’étais, je lui répondis dans le régiment Fusiliers Mont-Royal, alors me dit-il c’est mon neveu qui est son aumônier; l’Abbé Sabourin. Quand tu verras l’Abbé Sabourin tu lui dira que son oncle Renaud a été opéré sur la langue et il avait une bosse sur le le cou qui était grave, les médecins essaient de lui faire fondre afin d’éviter l’opération, il peut (… ) encore mais il fait pitié, il parle difficilement. J’espère que tu dois avoir reçu le paquet que nous t’avons envoyer au mois de février; du papier et lettres avec enveloppes; 6 boîtes de (… ); 1 paire de bretelles, etc. A Pâques nous avons eu la visite de Mlle Turcotte de Léopold et Hélène ainsi que Rosaire et Jeanne, nous avons passé une belle journée, tu peux t’imaginer que nous avons parlé un peu de toi. Courage cher Léo avec la guerre de Dieu, peut être que dans le cours de cette année toute la famille sera réuni de nouveau.
Je termine en te présentant mes meilleurs amitiés ainsi que tous les membre de la famille. Ton père et mère, Correspondance militaire
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1940 1942 Adonias, Alexina Angleterre, le 10 juin 1942 Bien chers parents, Ayant reçu votre aimable missive le 14 mai, et n’ayant pu y répondre plutôt, je m’en excuse sincèrement, ce qui est pour raison comme toujours le travail toujours accroissant. Vous faîtes rapport sur votre lettre d’un monsieur Renaud étant de la parenté de notre chaleureux aumônier. Eh bien Papa, j’ai profité de l’occasion pour lui en parler, en allant recevoir la confession. Ce qui lui a fait bien plaisir de savoir, il m’a donc prié tout aussitôt de vous dire de le saluer pour lui, et que sa pensée sera toute spéciale pour lui accorder un prompt rétablissement, dans le saint sacrifice de la messe. Il me priait aussi de vous demander, dans quelle hôpital il était, pour qu’il puisse lui écrire. Pour ma part, je joint en plus de la pensée que j’ai pour vous tous, une autre pensée pour vous apporter un complet rétablissement à la santé. J’ai été très inquiet de ce temps-ci de vous tous chers parentsj’espère qu’au moment ou je vous dicte cette missive toujours trop courte, que vous jouissez d’une parfaite santé. Tant qu’à moi grâce à Dieu je me porte à merveille. J’ai bien reçu votre colis; dont je me suis empressé de vous en remercier, vu que mon travail me le permettait dans le temps, je vous en remercie encore, au cas que cette lettre vous serait pas parvenue. Pour le présent, j’aurais besoin de quelques articles qui presse. Ils se lissent comme suit: lames rasoirs, blaîrot, lotion pour barbe, mitaines (en cuir) cold cream, ceinture en cuir, peigne et poudre dentifrice. Si vous voudriez me dire au plutôt, si cela n’et pas trop vous demander, si vous recevez toujours mes chèques de 20$ piastres par mois, et combien d’argent avez-vous à mon crédit. Ici je recois la balance de cet argent qui est aussi 20$ par mois, je ne puis pas en ramasser, puisque nous en avons besoin pour tous nos achats personnels (lavages, qu’on ne peut faire nous-autres même à l’heure actuelle), noir de chaussure, toilette en général, articles. Les dépenses en fait de cigarettes etc, je ne veux pas pour cette raison que tous l’argent que vous recevez de moi, vous la mettiez à mon crédit non, si pouvez en avoir besoin, prenez-en, mais j’aimerais être au courant de tout, comme les colis que vous me faîtes parvenir, j’espère que cela est avec mon argent, je pourrais dire chers parents que même dans l’armée on apprend à tenir notre budget, nos comptes, et j’aime à être dans le business comme on dirait. D’ici quelques temps, je serai il et tout probable transféré dans le Provost Corps. Tant qu’à la température, elle ne peut être mieux, mais ce qui nous cause beaucoup plus difficultés, car en plus du travail très lourd nous sommes obligé à supporter cette chaleur accablante. Maintenant j’ai aussi appris par ma petite cousine Marie-Jeanne Lauzon la nouvelle à propos de mon oncle Ubald, je lui
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1940 1942 souhaite tout le bonheur qu’il mérite lui et sa futur compagne en attendant que j’aille lui souhaiter mes sincères félicitations du beau geste qu’il a le bonheur de faire en recevant ce beau sacrement qu’est le Mariage. Ma missive ne serait pas au complet, et je ne m’en pardonnerais pas non plus, si j’oubliais d’embrasser ma bonne maman, pour qui je souffre le plus de son absence. Si cela peut vous consoler chère maman, je vous dirai que je reviendrai sous peu après ma mission terminée. Un bonjour à tous mes frères et soeurs, et que Dieu vous protège.
De votre fils bien aimé, Léo Montréal, le 11 juillet 1942 Bien cher Léo, Nous ne savons pas ce qui se passe actuellement, car la dernière lettre que nous avons reçue de toi est du 4 avril, tu nous disais que nous en recevrions une autre quelques jours plus tard, nous avons encore rien reçu, nous avons appris que tu devais partir pour le front, cher enfant courage en la Divine Providence quoique beaucoup exposé avec danger tu sera toujours protégé pourvu que t’accomplisse tes devoirs surtout envers Dieu, maître du Ciel et de la terre. Nous avons un peu de nouveau à t’apprendre, Léopold est marié avec Hélène le 20 juin, peut être que tu l’apprendras de lui-même car je crois qu’il ma devancé pour écrire. Ubald est aussi marié le 23 mai, tu saura aussi que le gouvernement a appeler à l’entraînement obligatoire tous les garçons veufs et hommes mariés sans enfants de 20 à 40 ans, Léopold et Lucien n’ont pas encore reçu leur appel, plus ils retardent à les appeler mieux ce sera pour eux car la guerre avance toujours et nous espérons qu’elle va se terminer cette année ou au commencement de 1943, que ce soit la volonté de Dieu. Thérèse et Rose sont en vacance au mois de septembre, elles rentres toutes deux à l’école Normale. Je t’assure que nous avons de grands sacrifices à faire, des taxes nouvelles sont encore prélevées pour le 1er septembre, non seulement sur le salaire mais aussi sur toutes les vivres, les assurances, etc. Dieu merci nous sommes tous bien et travaillons tous. Je t’assure que l’ouvrage ne manque pas mais la main-d’œuvre commence à se faire rare.
Adonias Angleterre, le 24 juillet 1942 Madame Simard, Quel plaisir pour moi que de venir vous entretenir quelques instant, tout en répondant à votre aimable missive. Il est bon de savoir qu’il y a des gens qui pensent à nous et qui prient pour nous, quoiqu’ils nous connaissent pas en
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1940 1942 personne. Tant qu’à moi votre nom n’est pas le dernier dans ma pensée, de mes prières de tous les jours. Je vous dirais que j’ai été de retour ce qui m’a permis d’avoir le bonheur de revoir mon meilleur copain (votre fils) Armand, il est en parfaite santé, et dans un entretien que j’avais avec lui il m’a appris, qu’il avait pris ses vacances, et à mon tour, je lui annoncais, ce que vous me demandiez de se faire photographier tous deux, mais les circonstances n’ont pas permises que ce soit à présent, puisque je suis présentement en cours, pour combien de temps, peut être un mois ou deux je n’en sais rien, mais je serai de retour, c’est certain. J’ai appris à conduire, ces jours-ci un camion léger, maintenant ce dont je désire, c’est me perfectionner dans mon anglais. Oui, chère Dame toutes les mères espèrent avec anxiété le retour de leurs fils. Étant moi-même garçon, je garde toujours l’espérance du retour au foyer, pour revoir ma bonne mère afin de lui rendre la vie encore plus douce, par mes services et mon amour. Ici, je close cette lettre pour y revenir le plutôt possible.
D’un ami sincère de votre fils. Léo Bélisle CARTE POSTALE: “View from St-Michael’s Swanmore. 98”
Angleterre, le 30 juillet 1942 Chers Parents, Il me fait un grand plaisir de venir vous apporter des nouvelles qui vous feront plaisirs. Premièrement, je ne suis pas avec les Fusiliers, seulement pour une couple de mois car je suis un cours qui finira à la fin d’août ou au commencement de septembre, ce cours consiste dans le mécanisme il et donné par des instructeurs canadiens Anglais en Anglais, on m’a appris à conduire à perfection un camion et après ce cours terminé, on sera tous nommé sous-officiers (caporal). Le soir je vais trouver les instructeurs pour éclaircir les points sur lesquels je ne suis par certain. Je trouve cela très intéressant. Malgré que l’armée nous réserve, du moins à quelques uns une fin tragique, par contre, nous donne l’avantage d’apprendre bien des choses. Ceci doit vous faire plaisir papa, de me voir si intérressé dans votre métier qui est le mécanisme. A mon retour je crois, que je serai pas inquiet pour trouver un emploi, et assurer mon avenir. En parlant de la température elle est pluvieuse, aujourd’hui tout semble annoncer un beau temps pour demain. Avant de vous laisser chers parents je vous demanderais si vous avez reçu ma lettre du 10 juin et j’aimerais que vous me fassiez parvenir des cigarettes à tous les deux mois ce qui me permettrais de pouvoir retenir la somme 2.24$ (10 Shellings) dans mon “paye book” à tous les mois, sans cela je ne puis quelques fois, arriver à équilibrer mon budget tous les mois. Prenez cela sur la somme
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1940 1942 que je nous envoie, et comme je vous le disais sur ma dernière lettre, rendez moi compte du coût de tous les colis, etc ainsi que tous ce qu’il reste. Avec cela je pourrai calculer ce qui reste à la banque et si le coût des envoies est trop élevé à tous les mois, je vous direz de couper certain envoie. Donc en attendant de recevoir une réponse sous peu, je laisse le bonsoir à tous mes frères et soeurs et surtout je n’oublie pas ma bonne maman dont je m’ennui beaucoup. Dans ma prière de tous les soirs j’ai toujours gardé une pensée pour vous chère maman. Que Dieu vous protège chers parents juste qu’à mon prochain retour.
De votre fils affectueux, Léo P.S. Je vous reviendrai à la fin de la semaine prochaine, d’ici là bonsoir et bonne nuit.
Angleterre, le 8 août 1942 Bien chers parents, C’est avec joie, que j’emploie les quelques minutes qui sont à ma disposition, pour me donner le plaisir de répondre à votre lettre. Comme j’ose espérer que vous ayez reçue après la lettre du 4 avril une autre du 10 juin, ainsi qu’une autre autre du 30 juillet. Donc ces deux lettres, qui vous disent exactement que nous avons fait, ce que vous avez appris. Nous en sommes revenus et partirons encore. Oui, j’ai appris le récent mariage de Léopold ainsi que celui de mon oncle Ubald avec joie, pour ces deux foyers nouvellement fondés, je souhaite beaucoup de bonheur, de la paix, et de la chance, je prie Dieu qu’ils soient épargnés de toutes les duretés de la guerre soit en étant forcé de faire leur service, et je ne dis pas cela non pas pour ces nouveaux foyers qu’est celui de Léopold en particulier, mais tous ceux qui peuvent être appelés, tel que Lucien. Oui Papa, veillez me croire je ne pense non pas seulement à mes frères, oncles, cousins etc, mais bien à tous mes frères les Canadiens Français comme moi, car après avoir reçu le baptème de feu, comme touts disent, je puis dire que j’en ai eu une expérience. Si par ça la Providence en voulais ainsi n’ayez aucune objection cher papa, car elle sera aussi là pour les protéger, elle m’a protégée, et je ne sais trop quoi faire pour lui offrir mes plus sincères remerciements. Laissons ce sujet pour parler de ma chère maman, combien j’aimerais être auprès de vous maman. Ça fait si longtemps que j’ai vu, voilà environ deux ans et demie, combien de choses se sont passées durant ces deux années là, la maison doit être grande, il y a encore Marie-Rose qui partira pour l’école, savez-vous maman, être capable de partir en avion pour aller vous voir, immédiatement quelle surprise ça serait n’est-ce pas! Je vous aiderais à faire le ménage et retour de leur travail, Germaine, Simonne ainsi que Papa il n’en
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1940 1942 pourrait croire leurs yeux à mon apparition et pourtant ce jour viendra maman. Savez maman il me semble qu’il est bien proche ce jour. Tant qu’à vous Papa travaillez toujours chez monsieur Samuel, ainsi que Lucien, il est bien votre patron ainsi que sa femme et sa petite fille! Savez-vous papa je suis en train d’apprendre le mécanisme ce qui m’intéresse beaucoup. Peut être deviendraisje mécanicien comme vous après la guerre! On ne sais jamais. Que pense Lucien de l’appel du gouvernement? Maintenant que je n’ai plus rien à dire, si ce n’est que la température est pluvieuse depuis deux semaines et que ma santé est excellente. Je couche dans le bois en dessous des tentes. Comme je n’ai pas grand chose à faire aujourd’hui, si ce n’est prendre une bonne douche, faire mon lavage, reprisages et étudier un peu. Je termine donc en disant au revoir et bonne chance à tous.
De votre fils qui prie sans cesse pour vous, Léo Stalag VIIIB, le 24 août 1942 Bien chers parents, C’est une grande faveur, que j’ai aujourd’hui, en vous écrivant, pour vous apporter de mes nouvelles, qui ne sont pas bien bonnes, et qui vous feront de la peine. Car je suis prisonnier de guerre, pas blessé, veuillez ne pas être inquiet sur mon sort, pour le présent je ne cours aucun danger, d’ailleurs Dieu a bien voulu, me protéger, jusqu’à présent et j’ai toujours confiance en lui, et même plus que jamais. Ici, je voudrais, que vous transmettiez, mes nouvelles, que j’ai promises à une amie de Québec, s’il m’arrivait quelques choses, son adresse se lit comme suit Mlle Florence Plante, 35 rue du Roi, paroisse Jacques Cartier, Québec, ainsi que Mlle Rose Hélène Turcotte, ainsi que tous mes amis. Vous pouvez me procurer de vos nouvelles, par l’intermédiaire de la Croix-Rouge, qui se charge de cela, paquets, lettres, etc. Dîtes à mes amies, etc qu’ils en fassent ainsi, pour m’écrire. J’ai encore mon chapelet et livre de prière, mes médailles aussi. Il y a beaucoup de mes confrères, de blessés et de morts, dont j’ai (soignés moi-même) vu de mes propres yeux. Je compte sur vous pour recevoir de vos nouvelles ainsi que colis, comme par le passé et même plus, puisque le besoin s’en fait sentir encore plus. Un baiser à tous et à bientôt. Que Dieu vous protège.
Léo Ottawa, le 25 août 1942 WAB74 28/25 2 EX DL GB REPORT DELY OTTAWA, ONT 25 M ADONIAS BÉLISLE 2335 RUE DES CARRIÈRE MONTRÉAL 7292
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1940 1942 REGRETTONS SINCÈREMENT VOUS INFORMER SOLDAT LÉO BÉLISLE D61654 OFFICIELLEMENT PORTÉ DISPARU AU COURS DE L’ATTAQUE STOP PLUS AMPLES DÉTAILS SUIVRONT SUR RÉCEPTION LE CHEF DES ARCHIVES MILITAIRES
Stalag VIIIB, le 8 septembre 1942 Bien chers parents, Étant prisonnier de guerre, je viens vous donner de mes nouvelles, une fois le mois. En bonne santé et puis recevoir des paquets et lettres, comme la croix rouge vous dictera, du linge seulement en y attachant du chocolat et cela, ça sera très pratique pour la nécessité de mon bien-être personnel. Des nouvelles mes amis Mlle Turcotte, il m’est impossible de lui écrire ainsi que tout autres; envoyez moi des cigarettes, toujours à tous les mois, paquets linges, chocolats et cigarettes. Donnez de mes nouvelles à tous mes parents, et amis
De la part de Léo Stalag VIIIB, le 12 septembre 1942 Chers Parents, Un mot pour vous donner quelques nouvelles. Ma santé est excellente et veillez s’il vous plaît me faire le plaisir de vous rendre à ma demande, au plutôt que vous pourrez. Toujours comme je vous dictais dans ma lettre première, par la “Croix rouge” des cannages je ne puis pas en recevoir, mais du chocolat, un ouvre-boîte, du linge, tout ceci dans un colis de tous les mois je puis le recevoir. Mais pas plus que 10 lbs à tous les mois, par colis. Des lettres à la volonté. Vous comprendrez pourquoi ce me sera si utile. J’espère vous revoir dans un avenir très rapproché. Pourriez-vous donnez de mes nouvelles à tous mes amis-es et spécialement Mme Télesphore Leclerc de St-Anne.
Un bonjour à tous et ne soyez pas trop inquiets. Léo Stalag VIIIB, le 20 septembre 1942 Chers Parents, Aujourd’hui dimanche après avoir assister à la grande messe, je viens vous donner de mes nouvelles. Grâce à Dieu je suis bien, il y a qu’une chose dont je souffre, votre présence ainsi que d’articles nécessaires telles que bas, chandails laines, gants, brosses à dent, mouchoirs, serviettes, rehaussé de biscuits, chocolat, cigarettes, noix de muscade et fil et aiguilles pour équivalant à une
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1940 1942 pesanteur de dix livres, et après un colis que vous m’aurez envoyez. Les autres vous y mettrez moins de linge et plus de chocolat, biscuits et cigarettes. Je vous donne ici une adresse à laquelle vus ferez écrire Thérèse à cet endroit, pour donner à cette jeune fille de mes nouvelles; Mlle Aurore St-Jean, Trois Pistolles, Boîte postale 278 -Pr. Québec, Canada. C’est une promesse faîte. Encore une fois ne soyez pas inquiets sur mon sort. Faîtes ce dont je vous demande, je souffrirai moins. Tout cela fait plaisir à Dieu je m’en réjouis, puisque je lui offre.
Bonjour à tous, votre fils Léo St-Joseph de Grandham, le 26 septembre 1942 Monsieur, J’étais à la radio ce soir, un programme de France. A la fin du programme on a donné des noms de Canadiens qui sont prisonniers de guerre en France. On a mentionné le nom de M. Bélisle, le nom Léo, je n’ai pas pu saisir si Léo est le prisonnier ou le message s’adressait à Léo Bélisle, 2335 Des Carrières, Montréal. Le message dit qu’il est bien de lui faire parvenir de vos nouvelles et des cigarettes par la Croix Rouge.
Bien à vous, J.M. Paquin Sherbrooke, le 29 septembre 1942 Cher Monsieur, Étant à écouter la radio d’un poste de Paris, France, j’ai entendu un message de votre fils Léo et c’est pourquoi je prend la liberté de vous écrire pour vous le transmettre. Donc voici: Cher Père Je suis prisonnier de guerre. Suis bien fait prisonnier sans blessure, soyez sans inquiétude, informez-vous de la Croix Rouge et envoyez-moi lettre ou colis par la Croix Rouge. Et c’est tout. Donc cher Monsieur je vous souhaite bon courage et bonne chance.
Je demeure, Mme Georges Leclerc Ottawa, le 29 septembre 1942 WA RX 44/40 GB DL 2 EX REPORT DELY OTTAWA ONT SEPT 29345PM ADONIAS BÉLISLE, 2335 RUE DES CARRIÈRE, MONTRÉAL QUE 9660 SOLDAT LÉO BÉLISLE D61654 PORTÉ PRISONNIER DE GUERRE PAR CROIX ROUGE INTERNATIONALE GENÈVE CAMP STALAG 8-B ALLEMAGNE STOP PRISONNIER DE GUERRE NUMÉRO 25525 STOP
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1940 1942 CE RENZIGNEMENT SUJET À CONFIRMATION OFFICIELLE STOP PLUS AMPLES DÉTAILS SUIVRONT SUR RÉCEPTION. LE CHEF DES ARCHIVES MILITAIRES 443PM
Farnham, le 3 octobre 1942 Madame Bélisle, Vous serez très surprise en constatant une signature inconnue, mais voilà le but de cette lettre. Je correspondait avec votre fils Léo qui était en Angleterre. Comme je n’ai pas reçu de ses nouvelles au delà d’un mois et ordinairement j’en recevais à tout les quinze jours, je prends la liberté de vous écrire. Je pense qu’il doit avoir prit part à la fameuse bataille de Dieppe. Auriez-vous la bonté de me renseigner si vous avez de ses nouvelles. De plus voudriez-vous s.v.p. m’envoyer une photo. Léo était supposé de m’envoyer une vers le mois de sept. car au moment qu’il a cessé de m’écrire, il était sur un cours. J’estimais beaucoup sa correspondance, et je suis très peinée qu’il y soit arrivé un malheur. Maintenant je vous quitte avec l’espérance de recevoir bientôt des nouvelles.
Une amie sincère de votre fils Léo, Rita P.S. Vous trouverez ci-inclus une lettre de Léo pour vous prouver que c’est exactement la vérité. Mais j’aimerais beaucoup que vous me retourniez cette lettre. Merci beaucoup.
Rita Ratté Stalag VIIIB, le 10 octobre 1942 Chers Parents, Comme il est bon chers parents de causer avec vous, je vous assure que Dieu, je le remercie sans cesse de m’en donner le privilège. J’espère que vous êtes tous bien, surtout vous chère maman, ayez confiance en votre fils, je suis en parfaite santé et veillez surtout agréer à ma demande qui a sa grand utilité, vous pourrez dire que je suis sain et sauf à Gratia et dont je conte sur tous vos bonnes prières ainsi que tous mes bons confrères qui spécialement quelques uns parmi eux sont plus malheureux que moi, pour avoir vu leurs frères mourir à leurs côtés avant d’être fait prisonnier. Si vous entendez quelqu’un s’informer sur moi, donner leurs de mes nouvelles. Le soir tous les catholiques, nous nous réunissons pour dire le chapelet. Demain nous recevons la visite de l’aumônier qui nous permettra d’assister à la messe, voyez comme on est bien quand dieu est avec nous.
De votre fils Léo
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1940 1942 Stalag VIIIB, le 17 octobre 1942 Chers Parents, Les jours se suivent mais ne sont pas tous pareils, nous sommes rendus en automne et dans quels circonstance! Je profite de cette occasion pour vous souhaiter à tous un Joyeux Noël et une Bonne Heureuse Année et surtout je souhaite à Maman une bonne fête.
De votre fils Léo Stalag VIIIB, le 24 octobre 1942 Chers Parents, Comme je ne puis pas vous en dire long, je puis tout de même vous dire que je suis en bonne santé et insiste sur des prochain colis qui me seront très utiles, espérant que vous êtes tous bien, je vous laisse le bonjour avec le plaisir d’être parmi vous sous peu.
De votre fils très affectueux et qui prie toujours, Léo Montréal, le 26 octobre 1942 Bien cher Léo, Remercie la divine Providence des faveurs qu’Elle t’a accordée, car réellement c’est des grands bienfaits de t’avoir préservé de blessures et de t’avoir fait tomber prisonnier. De ce fait tu te trouvera épargner pour le reste de la guerre. Il est vrai que tu vas avoir encore beaucoup à souffrir et à endurer, toute la famille est heureuse de te voir ainsi, nous remercions Dieu qu’il l’ait voulu ainsi, prie de concert avec nous afin que ton séjour ne soit pas de très longue durée, nous sommes plus convaincu que jamais que nous te reverrons réuni à la famille après une si longue absence. Comme tu le vois avec ces lettres par avion nous ne pouvons pas t’en dire bien long mais nous avons l’avantage de t’écrire à volonté, nous avons beaucoup à t’apprendre tu ne sais peut-être pas que l’Abbé Sabourin est rendu à Montréal, il doit ouvrir un bureau à l’arsenal de l’avenue des Pins pour recevoir tout les parents, des F.M.R. afin de nous donner les renseignements qu’il sera possible de donner, nous sommes anxieux de voir l’Abbé afin d’entendre parler de toi. Nous travaillons tous et sommes tous bien espérant qu’il en est ainsi de toi. Cher Léo fais ton devoir et va ton chemin.
De ton père et de ta mère affection ainsi que de toute la famille. Adonias Bélisle, Alexina Lauzon
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1940 1942 N.B. Au commencement d’octobre nous t’avons envoyés 1 000 cigarettes, le colis est parti le 24 octobre.
Stalag VIIIB, le 7 novembre 1942 Chers Parents, Je sais parfaitement qu’en ce mois consacré spécialement pour les morts, vous aurez aussi une bonne pensée pour mes compagnons morts en action à mes côtés durant cette année. Pour ma part ce jour me sera inoubliable et je profite aussi de l’occasion pour souhaiter une bonne fête à ma petite sœur Aurore. Ma santé en générale est bonne et j’espère toujours de recevoir sous peu les articles demandés dans mes lettres précédentes. Je demande à Dieu surtout qu’il vous garde en santé et que d’ici quelques temps il me permettra d’être parmi vous, ce qui se présentera très prochainement. Si vous saviez comme il est bon de se voir privé de bien des choses quelques fois, ce qui nous [rend] meilleurs et nous fait penser aux autres plus malheureux encore, je n’ai jamais oublier mes bons parents, dans mes prières de tous les jours et surtout de pardonner à mes ennemis malgré toutes les duretés qu’ils nous ont fait souffrir et qu’ils nous réservent.
Je dis à tous à bientôt, de Léo Stalag VIIIB, le 15 novembre 1942 Chers Parents, C’est en mettant à profit les moments pendant lesquels Dieu veut bien m’offrir que je dis ces quelques mots. J’espère que vous êtes tous en santé et que vous vous préparez à passer de belles fêtes. Je souhaite à Germaine une bonne fête. Courage et je serai à vous très bientôt avec la permission de Dieu. Faîtes vite ce dont je vous ai demandé.
De votre fils Léo Stalag VIIIB, le 16 novembre 1942 Bien chère sœur, Combien il me fait plaisir de vous apporter de mes nouvelles. Je suis en bonne santé et j’ai le bonheur de pouvoir pratiquer ma religion. Tout en vous souhaitant un Joyeux Noël et une bonne Heureuse Année en vous demandant de penser dans vos sacrifices et prières à mes confrères plus malheureux que moi.
D’un frère,Léo
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1940 1942 Stalag VIIIB, le 22 novembre 1942 Chers Parents, Tout en me faisant le plaisir de venir causer avec vous je viens aussi pour vous demander certaines choses, très pressantes, donc je vous prierais de me faire parvenir aussitôt que possible. Ma santé est excellente et j’espère que vous en êtes ainsi. L’hiver s’annonce très rigoureux et cela nous offrira de nouvelles souffrances. J’espère que vous passerez de belles Fêtes, en santé etc. Maintenant envoyez-moi du thé, café et cacao, un paquet de deux livres, contenant une paire de bas, joint avec (…) une couple de paquet de chewing-gum, barre de chocolat et un autre paquet de huit livres en chocolat seulement, ensuite à une autre fois, du fil et aiguilles, un foulard, des gants, un chandail, un miroir, un blaîrot, et autant de nourriture que vous êtes capable, ceci vous dit beaucoup dans la situation que je suis. Biscuits, bonbon, sucres, lait condensé, etc. Présentement je suis en convalescence, parce que j’ai des boutons partout sur le corps, on me dit que c’est la pauvreté du sang.
Je dois vous laissez sur papier et vous dire à bientôt de Léo Stalag VIIIB, le 28 novembre 1942 Chers Parents, Mon plus grand plaisir est toujours celui de venir causer avec vous. J’espère vous trouver en parfaite santé, pour moi cela diffère un peu du passé, mais je me trouve bien malgré tout. D’un jour à l’autre j’attends de vos nouvelles ainsi que les articles demandés. Vous direz à Gratia que je pense souvent à elle, et que plus que jamais j’espère l’imiter à mon retour, en sacrifiant les derniers jours sur ceci je vous laisse le bonjour,
Léo Stalag VIIIB, le 6 décembre 1942 Chers Parents, Me voilà à nouveau à vous, le crayon en main pour vous faire parvenir de mes nouvelles. Tout va bien et j’espère passer de belles Fêtes, jadis belles, parce que j’aurai tout probablement le bonheur de suivre les cérémonies religieuses de ces grands jours, tout ce dont il me manque, c’est déjà beaucoup; être loin de vous et sans avoir à goûter à tous les mets et délicatesses de ces beaux jours. C’est là le plus grand sacrifice pour tous les prisonniers en général et pour moimême, ce sacrifice se présente à tous les jours. chers parents, j’ose espérer que vous ne souffrez pas sur ce côté et je vous demande de ne pas être inquiet pour
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1940 1942 moi, Dieu m’a donné la patience de supporter en plus de bine d’autres, celuilà qui m’est un des plus dur. Si vous pouvez faire quelque chose pour moi, faites-le en m’envoyant des colis de friandises, bonbons, biscuits chocolat, surtout, thé, café, tabac à pipe etc, car à mon retour il sera peut être trop tard puisque je vous ai déjà avertis sur ma dernière carte ce que j’avais l’intention de faire plus tard.
De votre fils qui prie pour vous toujours, Léo St-Grégoire, le 7 décembre 1942 Chère Madame, Pardonnez-moi si j’ose vous écrire; je ne sais pas comment vous exprimer cela; mais je vais faire mon possible pour me faire comprendre. Depuis un an je correspondais avec votre fils que j’estimais et ma correspondance était pour l’aide et l’encourager. Je priais beaucoup pour lui et je prierai encore toute les jours pour que Dieu lui aide et l’encourage. Si j’ose vous écrire cette lettre c’est pour vous demander si vous voulez dire à votre fils que son amie Florence Plante est mariée depuis 26 septembre et qu’il m’est impossible de continuer à correspondre avec votre fils Léopold (sic) d’Angleterre. Je sais que vous sa mère chérie vous saurez lui apprendre cette nouvelles à votre fils. Je sais qu’il aura du chagrin; mais le bon Dieu a mis sur mon chemin un jeune homme sobre et honnête et il m’a demandé si je voulais être sa femme et j’ai dit oui. Donc chère Madame je compte sur vous s’il vous plaît pour annoncer cette nouvelle à votre fils. Dites-lui que je ne peux plus correspondre avec lui que je suis mariée. Dites-lui pour moi. Merci à l’avance, je continuerai à prier la St-Vierge pour lui.
Je demeure, Madame Léger Lajoie (née Florence Plante) Stalag VIIIB, le 10 décembre 1942 25th decembre ‘42, Christmas Greetings. From Stalag VIIIB I’d hoped I might be with you, This year on Xmas Day, But since my thoughts must still suffice, I’ll greet you with this way.
Stalag VIIIB, le 13 décembre 1942 Chers Parents, Je ne veux pas que l’année se finisse sans vous dire un mot. Ma santé est bonne et j’espère qu’il en est ainsi de vous tous. Aujourd’hui il fait beau comme
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1940 1943 en été. XXXXXXXXXX-CENSURÉE-XXXXXXXXXXXX et attend colis sous peu, je pratique toujours ma religion et avec plus de ferveur que jamais, laisse le bonjour à tous.
De votre fils Léo Stalag VIIIB, le 5 janvier 1943 Chers Parents, C’est toujours avec plaisirs que je viens vous donner de mes nouvelles. Ma santé est excellente et j’ai grand espoir de vous lire très bientôt. L’hiver ici n’est pas très rigoureux, ce matin il y a un peu de neige. Les fêtes se sont passées assez bien; j’ai été à la messe de minuit et ai communié. Je compte toujours de recevoir les colis que je vous ai demandés. En général tous va très bien et si Dieu le veut je serai avec vous tous sous peu. Vous avez passé de belles fêtes j’espère et je suis certain que vous avez fait comme moi en pensant à tous ces pauvres familles séparées de leurs maîtres ainsi que de leurs fils, qui souhaitons, n’est que pour un court espace de temps.
De votre fils, très dévoué, Léo Bélisle Stalag VIIIB, le 11 janvier 1943 CARTE DE VOEUX DESSINÉE PAR K.V. WOOD, P. o W., Printed by “The Camp” A MERRY XMAS AND A HAPPY NEW YEAR
Stalag VIIIB, le 27 janvier 1943 NOTICE Parcels containing written communications for the receiver and objects, which are prohibited or by the way in which they are packed, are intended to be withheld from the control (means of all kinds for facilitating escape) will not be delivered any more. Prohibited objects are: Money of all kinds and currencies. Civil clothing for prisoners of war (interned civil persons excluded) and underclothing, which might be worn as outward civil clothing (pullovers are allowed). Badges (brassards) for sanitary personnel sent to persons not entitled to wear them. Wwapons and tools to e used as weapons, large claspknives and scissors. Ammunition and explosives. Tools which are suitable for facilitating escape and for committing acts of sabotage. Copying apparatuses, carbon paper, and tracing paper. Compasses, haversacks (rucksacks), maps, cameras, binoculars, magnifying glasses. Electric torches, lighters, matchboxes, mathces, wicks, candles. Spirit, alcohol, and alcoholic drinks. Solidified methylated spirits, objects which easily catch fire, radiators. Telephones and
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1940 1943 apparatuses for transmitting and receiving and component parts for those. Medicals of any kind and form, vaseline tubes, ammonia muriate (solid or dissolved). Fruit juice of any kind, chemicals, acids. Books and printed matter of doubtful or indecent character, newspapers, books with maps attached to them. Cigarette-paper, and cigar-holders made of paper. Blank paper of any kind, notebooks, writing paper, postcards. Potatoes. N.B. Bookds are to be sent separately (one at a time) or in Red Cross parcels. Parcels are to be made up solidly and wrapped tightly to avoid losses or theft.
Stalag VIIIB, le 13 février 1943 Chers Parents, C’est pour moi impossible de décrire la joie, le plaisir que j’ai ressentis en recevant vos deux missives; je ne suis plus le même homme. Écrivez-moi souvent et envoyez-moi à tous les mois cinq-cent ou mille cigarettes régulier. Je suis bien. J’attends les deux colis sous peu, au prochain colis, mettez-le contenu en chocolat, chewing-gum etc.
De Léo Stalag VIIIB, le 19 février 1943 Chers Parents, C’est sans tarder que je viens vous remercier du jolis colis reçu il y a deux jours. J’en suis très heureux et espère recevoir les cigarettes dans le courant de la semaine. Étant en retard de six mois pour l’envoi des colis, vous aurez droit à l’envoie d’un autre colis, commençant le mois de décembre ou janvier, et son contenu, vous aurez droit de mettre le tout en nourriture, “food”, si possible déposez-y tous les articles demandé par la passé, sans oublier des chocolat en grande quantité. Ma santé est excellente et des saluts à tous. Mde Leclerc Télesphore peut vous aider pour compléter le colis. Depuis environ un mois je vais à la messe à tous les matins et communie aussi. Il va s’en [doute] croire que ma pensée, se rapporte souvent à vous tous dans mes prières. En comptant en la Divine Providence, je pourrai par mon dévouement auprès de vous, vous remercier de tous les biens que vous me faîtes.
De votre fils Léo Stalag VIIIB, le 27 février 1943 Chers Parents, Grâce à Dieu on me comble toujours de grandes faveurs: celle de recevoir de vos bonnes nouvelles, ainsi que les deux colis (linges et cigarettes) reçus ces
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1940 1943 jours derniers. Je demande à Dieu qu’il vous protège en vous gardant en santé. Je suis en bonne santé et grande espérance d’être parmi vous bientôt.
Merci, Léo Stalag VIIIB, le 27 mars 1943 Chers Parents, Cigarettes reçues, merci infiniment. Santé bonne. Continue d’aller à la messe toujours prie pour vous. Si vous envoyez un autre colis, je vous dirai d’y mettre en linge que ceci: chemise étui de toilette, miroir, sous-vêtements d’été, le reste en livres (vie des Saints), ainsi que sucrerie.
Je regrette de vous laisser sitôt, bonjour, Léo Stalag VIIIB, le 7 avril 1943 Chers Parents, Quelle surprise pour d’apprendre que vous déménagez. Ma santé est bonne et j’espère que cela en est de même pour vous tous. Vous avez eu le bonheur de faire la connaissance de la mère de un de mes confrères Mme Simard. J’ai reçu une de ses lettres dernièrement. Veuillez s‘il vous plaît l’en remercier pour moi. Et dîtes lui que j’ai fait la commission à son fils (Armand). Vous me parlez de poulettes blanches, si je vous disais que cela fait très longtemps que je n’ai mangé des oeufs. Si possibilité envoyez moi de la lecture (vie d’un Saint). Dîtes à mon oncle Ubald qu’il m’écrive, ou qu’il fasse écrire ma tant. Je ne sais si c’est à cause de la situation dans laquelle je suis, je suis devenu sans mentir pieux comme jamais auparavant. Je demande à Dieu les grâces nécessaires pour supporter tous ce qui se présente. Aussi qu’il vous garde en santé d’ici mon prochain retour.
Léo Stalag VIIIB, le 20 avril 1943 Chers Parents, C’est toujours un plaisir nouveau que de causer avec vous. Ma santé est excellente et j’espère que c’en et ainsi de vous tous, sans oublier mon Rosaire, qui est toujours malchanceux. Qui en recevant sa missive, j’appris que j’étais non pas seulement “mon oncle” d’une petite nièce mais aussi d’un petit neveu. On veille donc plutôt qu’on le pense. Ici je m’arrête pour vous demander certains détails, déjà demandés par le passé et dont il me ferait plaisir de
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1940 1943 connaître. Quel est le montant de l’argent que je vous ai fait parvenir et quel en a été l’usage. En changeant d’à-propos, il y a certaines journées dont l’ennui d’être éloigné de vous et de ma bonne maman est bien grand et je prie, prie pour que Dieu vous protège, c’est dur parfois mais il faut surmonter tout.
De votre fils qui vous embrasse tous, Léo Stalag VIIIB, le 25 avril 1943 Chers Parents, Si je pouvais vous écrire plus souvent, combien de choses dont je vous dirais. Mais il faut que je me contente de cette courte carte. En ce jour de Pâques ma santé a été bonne mais l’ennui encore plus grande, j’espère que cela en a été le contraire pour vous. Envoyez-moi des livres. De votre fils qui prie.
Léo Stalag VIIIB, le 16 mai 1943 Chers Parents, C’est toujours dans la prière que je recouvre tout le courage nécessaire. Ma santé est excellente et je vis toujours dans l’attente de vos bonnes nouvelles. Je m’ennui énormément, j’ai reçu hier une lettre d’une ancienne correspondante (Rita Ratté). Un bonjour à tous et à très bientôt.
De votre fils, Léo Bélisle Stalag VIIIB, le 13 juin 1943 Chers Parents, Cette courte carte peut-elle vous apporter un peu de bonheur? Je l’espère grandement. Ma santé, toujours bonne. Je trouve le temps long. Passe mon temps à lire et faire un peu de sport. Besoin des prières. Des saluts à tous mes amis/es. Dîtes à Léopold qu’il écrive j’attends de vos nouvelles maman, frères, sœurs.
Léo Bélisle
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1940 1943 Stalag VIIIB, le 3 juillet 1943 Chers Parents, Je m’imagine ce soir, qui est un samedi, être chez nous en ce Canada tant chéri, et être comblé de tous mes désirs qui sont nombreux. Vous voir, vous biens chers parents, tant aimés, ainsi que mes frères, sœurs et tous mes amises. Qui me manqués depuis trois longues années, combien de choses ce sont passés durant ce temps qui m’a paru des siècles et qui se terminera quand je n’en sais rien. Je me prépare donc à commencer à mon retour une nouvelle vie toutes différente de celle que j’ai commencé. Autant que Dieu me le permettra en biens pour mon prochain. Je termine en vous demandant de me procurer plus souvent de vos nouvelles, et d’avertir mes amis dans faire autant.
Merci, que Dieu vous protège. Léo Bélisle Montréal, le 20 juillet 1943 Bien cher enfant,, Comme tu sais maintenant que nous sommes déménagés tu comprendras pourquoi nous avons tant retardé à t’écrire, car tu peux t’imaginer que nous avons eu beaucoup d’ouvrage, c’est une bonne maison mais beaucoup négligé, pour la mettre en ordre nous avons eu un peu de dépenses, pour te donner une petite idée nous avons dépensé $75.00 de peinture. Thérèse est en vacance et l’année prochaine elle est décidée d’entrer au couvent pour être soeur au bon Pasteur. Marie-Rose a commencé à travailler, mais elle a été obligé d’arreter pour prendre un peu de repos pour cause de faiblesse. Lucien travaille toujours, il est toujours à peu près pareil tantôt bien, tantôt mal. Rosaire et Jeanne sont assez biens, chaque dimanche ils viennent nous voir ainsi que Léopold et Hélène, ils ont très hâte d’être rendu au dimanche pour venir prendre l’air de Montréal-Nord. Germaine et Simonne sont aussi très fières de notre nouvelle place et j’espère aussi que tu sera toi aussi heureux de revenir avec nous autres aussitôt que tu sera en liberté. Nous sommes tous bien, je ne sais pas si c’est la bonne air de la campagne, mais nous mangeons comme des loups. Nous avons très hâte de te voir avec nous autres, espérons que le temps ne sera pas très éloigné maintenant, je ne puis en dire davantage, mais espère toujours en la Divine Providence en priant beaucoup et te conduisant en vrai chrétien. Je ne puis te donner d’autres détails pour le moment. Je vais t’envoyer un autre paquet ces jours-ci; le quatrième.
Je termine en te présentant mes meilleures amitiés de ton père et de ta mère ainsi que de toute la famille. Adonias et Alexina, 50
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1940 1943 Stalag VIIIB, le 25 juillet 1943 Chers Parents, Ma santé est excellente. Et votre missive m’apporte beaucoup d’encouragement. Je n’ai pas reçu vos cigarettes encore. Ce sera bientôt. Dîtes à Rose Hélène que je pense [à] elle souvent. Faîtes ainsi pour Gratia et Mme Leclerc Thélesphore. Tout va pour le mieux.
Baisers affectueux, Léo Bélisle Stalag VIIIB, le 4 août 1943 Chers Parents, Comme par le passé, j’essaie de me désennuyer le mieux que je peux, je joue à la balle-molle et je lis. Avant d’aller plus loin mes sincères remerciements pour les colis reçus le 5 juillet (2 et 3). J’ai communier à la messe ce matin et je vous dis que je pense souvent à vous chère maman, comme vous me manquer. Ici la température est belle ce qui me fait ennuyé davantage. Je vois bien loin en avant de moi, et je me demande ce que l’avenir me réserve, je mets mon entière confiance en la Divine Providence, qui Elle me guidera dans le droit sentier. J’espère à une fin très prochaine, ce qui comblera un de vos plus grand désir, ce qui et aussi le mien. Que Dieu fasse selon sa volonté. J’en ai confiance jusque dans la mort.
En attendant de vous revoir, j’espère vous lire, de votre fils qui vous embrasse, Léo Bélisle Stalag VIIIB, le 21 août 1943 Chers Parents, Bien des événements se sont produits depuis ma dernière missive. Le 19 de ce mois-ci il y avait une messe pour tous les morts de Dieppe. Quel douloureux souvenir. Nous avons de nouveaux compagnons depuis deux semaines, tous Anglais. La nouvelle année d’emprisonnement a commencé par une chaleur très ardente et un vent qui nous couvrait de poussière soulevé dans les airs par lui. Présentement l’eau nous manque et cela depuis un mois, quelle torture n’est-ce pas? Malgré tout cela la santé reste la même. Cela me rendra que meilleur pour les autres à l’avenir. Plus que jamais j’ai l’espérance à une délivrance. Et cela peut être plutôt que je le pense. Que ce jour sera beau pour moi et pour vous tous chers parents, qui me manqués sur tous remparts. J’apprends que mieux à vous aimer.
De celui qui pense à Dieu. Léo Bélisle Correspondance militaire
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1940 1943 Stalag VIIIB, le 5 septembre 1943 Chers Parents, Je viens causer quelque peu avec vous, pour vous compter mes ennuis, troubles, etc. Tant qu’à ma santé; toujours bonne. La température est favorable pour le présent. J’ai fini de jouer à la balle-molle, nous nous sommes classés en deuxième position. J’ai hérité par contre d’un mal de bras, dont j’ai beaucoup de difficultés à m’en servir, à cause d’avoir lancer la balle trop rapidement. Pour le moment je dessine pour les autres des chaînes dans “Wartime log” et je vous dis que dans le mien que vous verrez après cette guerre, la manière qu’on vivait en prison, seulement qu’à voir les dessins qui y seront contenus. Combien il me ferait plaisir de recevoir un petit [colis] de la main de Léopold, ainsi que Mon oncle Ubald et mes sœurs. Vous pouvez tous m’écrire, aussi souvent que vous le voulez. Soyez sans crainte.
D’un fils qui garde toujours des bonnes pensées dans ses prières pour vous tous mes biens chers parents, Léo Bélisle Stalag VIIIB, le 12 octobre 1943 Chers Parents, Qu’il est bon de se confier à quelqu’un quant on en a le besoin. Pourquoi? Étant seul et personne à qui me confier je m’adresse à vous chers parents. Le temps n’est pas encore venu, mais il est bien proche pour décider du sort qui m’attend. Ma vocation quelle est elle, il est plus temps que jamais d’y penser. Je vous laissais savoir il y a quelques temps, que j’aimerais la vie du Franciscain, mais est-ce bien là ma vocation. Parfois je rêve de fonder un foyer, afin de pouvoir mieux servir à deux notre Divin Créateur, en élevant des enfants qui Le serviront et L’aimeront, encore plus qu’on les aimera. Voilà deux points sur lesquelles j’aimerais à être éclaircis. Je me suis adressé aussi au Révérend. Père René Beaudet. En attendant de vos bonnes nouvelles je vous souhaite à tous un Joyeux Noël et une bonne fête à Maman.
Celui qui prie, Léo Bélisle Stalag VIIIB, le 6 novembre 1943 Chers Parents, Quel bien immense, que de recevoir de vos bonnes nouvelles. Si cela était possible de pouvoir partager tout cet ouvrage, combien je l’accepterais avec joie, ce serait un désennui pour moi, qui me manque ici, le travail. Oui Papa je prie beaucoup, je trouve dans la prière le courage, la patience de tout supporter,
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1940 1943 je Lui confie tout, je retrouve par contre un soulagement. Ma santé est bonne et j’essaie de faire plaisir à tous confrères, si je pouvais faire encore plus… Je dessine et lis ce qui est un bon passe temps. Comment est ma bonne Maman, je vous demande Papa de l’embrasser bien tendrement pour moi, en attendant que je puisses le faire sous peu. Si vous saviez comme vous me manquer tous. Comment ai-je été si méchant pour être tant éprouvé.
Que Dieu vous protège. Léo Bélisle Stalag VIIIB, le 14 novembre 1943 Chers Parents, J’aimerais venir vous entretenir plus souvent et plus longuement, c’est impossible. Toujours une bonne santé. Aie reçu votre 4ième colis, merci j’attends les cigarettes sous peu. Je prierai spécialement pour que Thérèse suive le chemin de sa vocation.
Baisers à tous, Léo Bélisle Stalag VIIIB, le 19 décembre 1943 Chers Parents, C’est après avoir reçue votre lettre datée du 26 septembre que je viens vous donner de mes nouvelles. Ma santé est excellente, et que vous en êtes tous ainsi. Nous nous préparons pour les fêtes. Ce qui fait une nouvelle occupation. Pour vous chers parents j’aimerais vous voir passer ces fêtes dans la joie, le bonheur, la santé et surtout d’être exempté des maux que cette guerre occasionne. Et j’espère que vous souffrez pas trop du manque de ma présence parmi vous tous. Prenez pour me remplacer quelques pauvres de la paroisse pour le combler des délicatesses que j’aurais reçues. Dieu après nous avoir infligé cette emprisonnement, m’a fait découvrir dans sa bonté Divine, un cœur à rendre service, à aimer en un mot il m’a rendu meilleur, car il y a un temps je ne vivais que pour les plaisirs.
Léo Bélisle Stalag VIIIB, le 25 décembre 1943 Chère Maman, C’est moi qui vient vous offrir mes voeux de Joyeux Noël, et de Bonne Fêtes. A la messe de ce matin j’ai communié, et offert cette communion pour
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1940 1944 que Dieu vous garde encore longtemps en santé près de vos enfants qui vous aiment.
D’un fils qui pense à sa mère sans cesse, xxx Léo Bélisle Montréal-Nord, le 17 janvier 1944 Bien cher Léo, Nous voilà encore au commencement d’une nouvelle année qui sera je l’espère en beaucoup d’événements heureux, tu sais ce que je veux dire, je crois que tous les êtres qui sont chers et éloignés de vous, reviendrons parmi nous au cours de cette année, nous avons eu des nouvelles de toi par un de tes compagnons le Caporal Michaud qui est revenu il y a plus d’un mois. Thérèse et Marie-Rose l’ont rencontré dans une réunion que la Croix-Rouge a donné pour les familles qui ont un membre dans l’armée de l’autre côté, nous étions très heureux de te savoir en parfaite santé, très gras d’après M. Michaud, si j’ai retardé à t’écrire c’est parce que j’aurais aimé voir M. Michaud personnellement, car il doit venir me voir à la maison. Il a visité au-delà de 200 familles qui ont des fils prisonniers de l’autre côté. Nous sommes tous bien et travaillons tous les jours, nous nous plaisons très bien à Montréal-Nord. Nous avons 50 poules, elles ont commencé à pondre ces jours-ci, nous avons hâtes de lever 2 ou 3 douzaines d’oeufs par jour. La famille s’est toute réunie le jour des rois, tu dois penser que nous avons parlé un peu de toi. Au jour de l’an j’ai été voir Gratia qui est rendu au couvent St-Timothé, Comté Beauharnais, elle était très bien, elle m’a montré une lettre et une carte qu’elle avait reçue de toi, au couvent ils ont 40 poules grises Plymouth Rock et ils lèvent jusqu’à 32 oeufs par jour. Je t’assure que c’est à qui irait lever les oeufs. Il est un peu tard mais j’espère que ça te portera bonheur quand même, je t’accorde ma plus paternelle bénédiction et te souhaite une bonne et heureuse année, avec beaucoup de surprises agréables. Bon courage et nos meilleurs voeux pour la nouvelle année.
De ton père et mère ainsi que de toute la famille, Adonias et Alexina Montréal-Nord, le 27 janvier 1944 Bien cher Léo, Il y a déjà un mois que je t’adressais ma première lettre en Allemagne. Je reviens aujourd’hui sans beaucoup de nouveau. Nous sommes tous bien et travaillons tous et j’espère que tu est toujours en parfaite santé quoique (…). Tu
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1940 1944 dois savoir qu’au Canada nous n’avons pas droit de t’envoyer de colis qu’à tous les trois mois, mais grâce à des arrangements spéciales pour les fêtes nous pourrons t’en envoyer un supplémentaire. A pareille date l’année dernière je te disais que nous espérions se retrouver ensemble au début de 1943, mais Dieu ne l’a pas voulu ainsi, espérons encore davantage afin qu’au cours de cette nouvelle année nous soyons enfin réunis après une si longue séparation. Tous tes amis, filles ou garçons, sont avertis de ta captivité et sont heureux de te savoir en bonne santé, non blessé. Remercie Dieu en terminant cette année d’avoir été préservé de la mort et des blessures et demande aussi de nouvelles grâces pour l’année nouvelle que nous allons commencé qui je l’espère nous réservera des surprises très agréable. A chaque mois tu recevras des cigarettes comme par le passé c’est envoyé par la Impérial Tobacco.
Stalag IID (Hospital-post-95), le 11 mars 1944 Bien chers parents, Je ne veux pas vous mettre dans l’inquiétude en vous disant que je suis à l’hôpital; ce n’est pas grave seulement une pneumonie, le plus gros est passé. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai la chance d’avoir eu un peu de mauvais temps. Je réfléchie beaucoup, ce qui me fais penser à Dieu continuellement. Et je crois Dieu m’a éclairé et après la guerre, ayant trouvé une situation convenable, je me fonderai un foyer pour mieux servir Dieu, en observant tous Ces Commandements. En attendant prions toujours sans arrêts pur que le monde soit meilleur; c’est ce qui fera cesser cette guerre. Maintenant dans le prochain colis mettez beaucoup plus lames à rasoirs, ainsi que d’enveloppes de soupe, et s’il vous plaît des mitaines en cuir.
De votre fils affectueux. Léo Bélisle Stalag IID (Hospital-post-95), le 2 avril 1944 Chère sœur, Quelle surprise tu m’as faite, je t’en remercie et j’espère que tu continueras ainsi. Je sort présentement de l’hôpital pour pneumonie et je retourne à mon travail. Ne soit pas inquiète à ce sujet, j’espère à un retour sous peu d’ici là, je dis à tous au revoir.
Léo Bélisle
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1940 1944 Stalag IID (Hospital-post-95), le 2 avril 1944 Chers Parents, Comme toujours, cela m’est un grand plaisir de vous savoir en santé et aussi de vous remercier de vos voeux; et surtout de témoigner mes saluts et remerciements à Mr Sergant Michaud. Suis en bonne santé et garde bon espoir. Dieu me réunira à vous tous bientôt.
De Léo Bélisle Siehe Rückseite, le 7 mai 1944 Mademoiselle Thérèse Bélisle, Je vous prie de m’excuser de la liberté que je prends de vous écrire. Au cours de mon séjour à l’hôpital j’ai fait la connaissance de votre cher frère qui a eu la gentillesse de me donner votre adresse. Étant prisonnier de guerre et n’ayant aucune marraine, je vous serais très reconnaissant si vous vouliez bien avoir l’amabilité de correspondre avec moi car je suis sûr Mademoiselle que vos lettres seraient pour moi d’un grand réconfort. Nous pourrions (…) en amis, je vous donnerais des détails sur ma vie, et moi-même, et quelquefois mes petites peines et misères que je ne puis dire à mes pauvres parents.
Dans l’espoir d’une réponse favorable recevez Mademoiselle, mes salutations les plus respectueuses. M. Blondin Stalag IID (Hospital-post-95), le 13 mai 1944 Chers Parents, Étant revenu de la messe, j’en profite pour vous dire un mot. Santé bonne et passe mon temps à faire à manger pour deux chambres de malades. Aujourd’hui c’est la fête de Jeanne d’Arc, qui est une des patronnes des prisonniers.
Mon travail de tous les jours je l’offre à Dieu pour vous tous, xxx Léo Stalag IID, le 3 juillet 1944 Chers Parents, Reçu lettre de Gratia, répondu. Santé prospère. Occupation, travail de la ferme. Soir distraction lecture sport “Volly Ball” marche. Le temps est moins long. Espérance grandissante. Préparation pour mon retour bonne disposition. Baisers à tous bonne santé.
Dans l’attente de nouvelles, Léo Bélisle 56
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1940 1944 Stalag IID, le 16 juillet 1944 Chers Parents, Il y a déjà longtemps que je ne vous ai pas écrit, excusez-moi. J’attendais toujours de ne pas avoir de lettre à répondre, mais voici enfin l’occasion. Votre santé est bonne j’espère et ne perdez pas patience, je serai de retour bientôt. ma santé est bonne et je travaille deux et trois jours par semaine, je ne pratique presque plus le sport. Par contre je lis et marche beaucoup. Aujourd’hui la température a été belle sur la fin de l’après-midi. On a désinfecté et blanchit les baraques, j’espère que c’est la dernière fois avant la délivrance. Combien êtesvous à la maison maintenant. Aurore est-elle avec vous Maman! Papa travaille t’y toujours à la même place ainsi que Lucien! Si oui des saluts à Mr Samuel. J’ai jamais de nouvelles de mon oncle Ubald, j’en suis très peiné.
Veuillez recevoir chère Maman mes baisers les plus sincères de votre fils affectueux. Léo Bélisle Stalag IID, le 13 août 1944 Bien chers parents, Je viens de recevoir de vos nouvelles du 19 mai, avec grand plaisir. Pour le présent ma santé s’est améliorée, mais par contre je suis retourné au travail s’il vous plaît dans une ferme, je dirais plusieurs. Laissez-moi vous dire que l’on ne flâne pas, étant poussé (CENSURÉ) J’attendrai donc votre colis de mai qui ne se fera pas attendre maintenant. Hélène m’apprend dans une lettre que Marie-Rose se mariais au mois [de] septembre et que Thérèse faisait son entrée chez les Religieuses. Je souhaite de tout cœur qu’ils soient heureuses dans l’accomplissement de leurs devoirs, due à leurs situations. Merci pour toutes les bonnes nouvelles et que Dieu veille sur vous chers parents, à qui je pense fort souvent.
Je reste confiant en l’avenir, Léo Bélisle Stalag IID, le 11 septembre 1944 Chers Parents, Bien de longues journées se sont écoulées depuis que je vous ai fait parvenir de mes nouvelles. Je m’en excuse, d’ailleurs vous comprenez très bien ma situation pour m’en faire des reproches. Le temps passe et je suis encore au travail; arrachage de pommes de terre, quel martyre pour les reins, après viendra les betteraves et choux et pour terminer le battage qui se fait en hiver,
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1940 1944 ce qui est bien différent du Canada. Les récoltes (moissons) sont finis depuis deux semaines. Ces jours-ci, j’ai les rhumatismes dans le dos, à part ça tout va bien. Ne veuillez pas croire que je ne pense pas à vous tous, c’en est le contraire. Et surtout à mon Lucien sans oublier vous ma bonne Maman. Je crois qu’Aurore reste toujours à la maison pour vous aider, ne vous fatiguer pas trop chère Maman, le temps approche que je pourrai vous aimer encore plus en étant à vos côtés. Que Dieu vous garde tous. Baisers sincère. D’un fils affectueux.
Léo Bélisle Stalag IID, le 17 septembre 1944 Chers Parents, Voilà deux jours, reçu votre lettre avec plaisirs. Suis en santé, travaille toujours. Température excellente, le temps passe plus vite au travail, mais c’est qu’en même long à vivre dans l’attente. J’envoie mes saluts à tous et une bonne poignée de main à vous et mes frères et des baisers sincères à Maman et sœurettes.
De Léo Bélisle Stalag IID, le 12 octobre 1944 Chers Parents, Excusez-moi, si j’ai passé un dimanche sans penser à vous, la raison en est que j’ai été plus occupé que les dimanches précédent. La journée du 8, j’ai eu beaucoup de raccommodage à faire, ainsi que du lavage. Comme prisonnier on est obligé de tout faire. maintenant j’en viens aux nouvelles. Premièrement la santé excellente, et s’il en est, comme on en dit d’après les rumeurs la guerre finirait à la fin de cette année ou au commencement de l’année prochaine. Après vingt-six mois de captivité, je crois que cela commence à être assez. Et s’il vous plaît quelle expérience. En attendant cette fameuse délivrance par une paix mondiale, on arrache des patates depuis cinq semaines et on en a encore pour six, il y aura peut être de la neige et on fera encore ce travail. Je vous embrasse tendrement chers parents, et j’ai très hâte de tous vous revoir.
De Léo Bélisle Montréal-Nord, le 14 octobre 1944 Bien cher Léo , Nous avons reçu ta lettre du 16 juillet hier, je m’empresse de t’écrire car il y a beaucoup de nouveau. D’abord Thérèse est entré au couvent le 24 juillet elle t’a écrit une lettre dans le temps. Marie-Rose est mariée avec M. George Forest
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1940 1944 le 7 octobre et partis pour voyage à 5 heures de A.P. doivent revenir aujourd’hui. Nous avons fait une belle noces. Léopold et Hélène n’ont pu venir car leur petit garçon était malade, ils ont été obligés de le rentrer à l’hôpital, maintenant il est presque rétabli, ils ont été le chercher hier, je t’assure qu’ils étaient contents, il est très fin et joli garçon. Sœur Marie-Pierre Amédée et soeur Bernadette Marie sont venus passer une journée à la maison le printemps dernier et elles sont revenues de nouveau le 9 octobre, elles étaient très heureuses. Ma tante Maria a passer 3 jours avec nous, arrivée le 6 au soir elle est repartie le 9 au soir. Ensuite Rosaire a obtenu 1 lot de colonisation en Abitibi, il est parti le 11 octobre seul, il va se bâtir une maison et ensuite Marie-Jeanne ira le rejoindre, ils sont très contents. Je souhaite qu’ils réussissent, mais il faut du courage et beaucoup de travail. Nous avons invité Hélène Turcotte, je ne sais pour quelle raison, elle n’est pas venue. Ton cousin Joseph Albert Lauzon est marié avec Lucienne Ouellette le 16 septembre, ils viennent dîner chez Ubald dimanche, nous y allons nous aussi avec Georges et Marie-Rose, nous lui donnerons de tes nouvelles.
Nous espérons toujours d’une journée à l’autre apprendre ta libération, car il en revient tous les mois. Adonias Stalag IID, le 15 octobre 1944 Chers Parents, Il y a pas très longtemps que je vous dictais une courte lettre, je crois que c’est dimanche dernier. Certainement que je vous ennuies pas. Donc je viens vous remercier pour le joli colis recue il y a deux jours passé. Si vous en envoyez d’autres d’ici à la fin de la guerre veuillez s’il vous plaît y joindre une chemise, bas, cravate, savons, miroir, cold cream, lotion pour la barbe ainsi que de la brillantine. N’oubliez pas une chose chers parents, il y a bien des choses qui sont défendues, mais parfois il faut passer outre, ce qui s’applique pour ces choses. Comme les cigarettes n’importe quelle personne peuvent m’en envoyer et autant et aussi souvent qu’ils le veulent. N’oubliez pas ce que je viens de vous dire! J’espère que vous êtes tous bien et je profite de l’occasion pour vous souhaiter (à tous) un Joyeux Noël et une Bonne Heureuse Année en santé, prospérité et Paix sur vos âmes et sur terre.
Bonne fête maman, baisers, Léo Bélisle
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1940 1944 Stalag IID, le 22 octobre 1944 Chers Parents, Espérant vous retrouver tous en bonne santé ainsi que chez Rosaire et Léopold sans oublier mes bonnes Révérendes Sœurs. Moi toujours pareil, santé assez bonne, le travail manque pas, on espère finir les pommes de terre ce moisci. Maintenant, voici une grande question à vous poser: Je voudrais savoir ce que vous faîtes du vingt piastres par mois que le gouvernement vous envoie sur mon salaire de tous les mois, si vous en mettez en banque, et si vous en usiez un peu. A plusieurs reprises différentes je vous demandait la même chose. Peu m’importe que vous en preniez, mais je voudrait être au courant, et s’il vous plaît, veuillez m’en informer cette fois-ci. J’ai à vous dire aussi qu’il y a un an et demie que je n’ai pas reçu de cigarettes, vous me dites m’en avoir envoyer durant ce temps une quantité de 2600. J’ai donc prise des mesures nécessaire auprès de mes supérieurs à ce sujet. Et j’espère qu’il en sera pas ainsi pour mon argent. Merci à l’avance.
D’un fils affectueux. Léo Bélisle Stalag IID, le 5 novembre 1944 Chère Maman, Je suis heureux de vous apporter un mot, pour vous tirez d’inquiétude chère mère. Tous les beaux exemples que vous m’avez donner me servent aujourd’hui à supporter les maux de ma captivité. Ce qui me donne un bon moral, puisse qu’à la fin ces maux se changeront en une semence de grâces. Ma santé est présentement bonne et j’espère de tout cœur que vous souffrez d’aucun maux, ainsi que mon cher Papa et Frères et sœurs. Vous connaissez le travail de la ferme pour comprendre que le ramassage des pommes de terre soit assez dur, nous en avons fini, quand on pense cela a duré sept semaines. Je ne voudrais pas terminer avant de pouvoir réitérer mes souhaits à l’occasion de votre fête. C’est donc dans un très doux baiser d’un fils affectueux, que je vous souhaite bonne fête sans oublier d’y joindre mes voeux d’un bon Joyeux Noël et Heureuse Année, santé et un long séjour parmi vos enfants que vous chérissez tant.
Paix et à très bientôt. Léo Bélisle
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1940 1944 Stalag IID, le 19 novembre 1944 Chers Parents, Je traverse les mers pour vous retrouver, en ce dimanche du 19 novembre. Vous êtes tous sans exceptions en santé j’espère, il en est de même pour moi. Je demeure toujours au même ‘komando’. Et je dirais que la vie ici est parfois bien dure. Mais par contre j’ai espoir à un avenir meilleur. Baisers sincères.
D’un fils. Léo Bélisle Montréal-Nord, le 13 décembre 1944 Bien cher Léo, C’est toujours avec plaisir que nous recevons de tes nouvelles. Tes lettres du 15 et 22 octobre reçue le 15 décembre, celle du 12 octobre reçue le 23 décembre. Nous t’avons envoyé 1000 cigarettes le 16 et un colis le 20, il manque quelques articles mais la Croix Rouge ne pourrait pas les envoyer à cause de la censure qui (…). Nous espérions bien t’avoir parmi [nous] aux fêtes mais la Divine Providence en a décidé autrement. Sois assuré que la délivrance n’est pas très éloignée. Te souhaitons quand même bonnes fêtes et bonne et heureuse année ainsi que bonne santé et surtout beaucoup de courage, car la nouvelle année sera fertile en événement de toutes sortes. A chaque mois il nous revient environ 1000 soldats d’outre mer, un jour viendra (…). Sœur PierreAmédée a été opérée, elle est presque rétablie, elle est très gaie aussi que Thérèse qui fait une vraie belle-sœur. Tu dois avoir appris que Rosaire et Jeannine sont rendu sur un lot du gouvernement en Abitibi très bien placé, il a une très belle (…) maison bâti ainsi qu’une établie. Son adresse est Rivière (…), Abitibi, P.Q. Léopold et Hélène sont très bien, ils ont un beau petit garçon bien (…) âgé de 6 mois. Tes sœurs travaillent toujours et elles vont tous bien. Maintenant tu nous parles d’argent. Tu sais que nous avons toujours été très économes. Je ne puis t’en dire davantage, nous te réservons cela comme une surprise à ton retour. Nous avons eu une belle automne mais l’hiver a commencé le 30 novembre par une tempête de neige de 17 pouces. A l’heure actuelle il est tombé 44 pouces de neige. J’espère que l’hiver est un peu plus doux en Allemagne. Ton oncle Ubald n’est pas trop bien, je crois qu’il fait de l’angine de poitrine. Il craint beaucoup la mort. Tous se joignent à moi pour te (…)
De toute la famille, Adonias
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1940 1944 Stalag IID, le 25 décembre 1944 Chers Parents, Il me fait plaisir de vous écrire quelques mots, surtout quand cela me rappelle ce beau temps passé parmi vous, à tous les belles fêtes Noël etc. Sans oublier ma bonne maman dont je souhaite bonne fêtes et Joyeux Noël ainsi qu’à tous mes chers frères et sœurs. A tous santé, bonheur, prospérité en l’avenir (paix) en vos cœurs et sur terre. La journée a été très longue pour moi puisque ma pensée fut arrêté à vous chers parents, je jouais au “Monopoly”; pas chance de gagner car j’étais énormément distrait. Mon meilleur cadeau que je puis vous offrir à tous est la souffrance de ma captivité à vos intentions. Comme Dieu est infiniment bon il me permettra certainement de pouvoir revivre encore de beaux jours parmi vous tous.
Baisers sincères accompagnés avec mes meilleurs voeux à vos intentions. Léo Bélisle Montréal-Nord, le 27 décembre 1944 Bien cher Léo, C’est toujours avec plaisir que nous recevons de tes nouvelles. Tes lettres du 15 et 22 octobre reçue le 15 décembre, celle du 12 octobre reçue le 23 décembre. Nous t’avons envoyé 1000 cigarettes le 16 décembre. et un colis le 20, il manque quelques articles demandées mais la Croix Rouge ne pouvait les envoyer à cause de la censure qui est plus sévère que jamais. Nous espérions bien t’avoir parmi [nous] aux fêtes mais la Divine Providence en a décidé autrement. Sois assuré que la délivrance n’est pas très éloignée. Quand tu recevras cette lettre les fêtes seront passées, nous te souhaitons pareillement bonnes fêtes et heureuse année ainsi que santé et courage car la nouvelle année sera fertile en événements de toutes sortes. A chaque mois il nous revient 1000 soldats d’outre-mer, un jour viendra ton tour. Sœur Pierre-Amédée a été opérée, elle est presque rétablie, elle est très gaie aussi que Thérèse qui fait une vraie belle-sœur. D’une lettre précédente je t’ai annoncé que Rosaire et Jeanne était rendu sur un lot du gouvernement en Abitibi. Son adresse est Rivière Davy, Abitibi, P.Q. Léopold et Hélène sont très bien avec un petit garçon de 6 mois. A propos d’argent que tu parle, tu sais que nous avons toujours été très économes. Je ne puis t’en dire davantage, nous te réservons cela comme une surprise à ton retour. Ton oncle Ubald n’est pas très bien, je crois qu’il fait de l’angine de poitrine. Il craint beaucoup la mort. Toute la famille est bien et travaillons tous et tous te souhaite les meilleurs voeux pour la nouvelle année et surtout du courage et aussi ton retour parmi nous si impatiemment désiré depuis longtemps.
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1940 1945 Pensionnat Ste-Emélie, Viauville, le 30 mars 1945 Cher frère Léo, Dans quelques jours Pâques va sonner! Réjouissons-nous avec le Seigneur! Alléluia! Alléluia; ressuscitons à une vie meilleure. Joyeux Pâques et mes meilleurs voeux de fête! Toute la journée a été offerte pour toi, messe, communions, actions j’ai reçu ta lettre. Tes occupations te sont d’un grand profit pour chasser l’ennui et bien d’autres choses. Ne te décourage pas, confie toi à la divine Providence; elle veille sur toi et par tes sacrifices, Elle te méritera un jour, d’arriver au sein du foyer chéri. Le temps te paraît certainement très long, mais ça ne peut durer qu’un temps. Prie beaucoup surtout intérieurement et en offrant ton travail surtout le plus ardu. Tu a dû apprendre que MarieJeanne demeure en Abitibi et vient d’acheter une grosse fille de 9 livres, elle se nomme Thérèse. Chez nous iront passer 15 jours en juillet; peut-être seraistu du nombre pour les accompagner dans ce beau voyage. Je suis à Viauville, en repos pour le reste de l’année, n’est-ce pas que ma Communauté est excessivement bonne pour moi; j’en remercie Dieu et j’apprécie hautement ma vocation. Continue d’offrir tes sacrifices pour la conversion de Lucien. Sœur Bernadette-Marie me prie de te saluer. Thérèse a pris l’habit religieux le 5 février et porte le beau nom de Sœur Marie Madeleine, elle doit rester 2 ans à la Maison-mère.
Bonjour et bon courage. Ta sœur Marie-Pierre Amédée Hanover, Allemagne, le 21 avril 1945 Chers Parents, Un mot pour vous tirer d’inquiétude. Je suis sain et sauf. J’espères que vous êtes en santé et espères à mon prochain retour qui se fera d’une journée à l’autre. Et oui chère maman j’ai été délivré des mains de l’ennemi mercredi dernier le 18. Je ferai le trajet en avion d’Allemagne “Hanover” pour Angleterre et delà en notre beau Canada. Communiquez ces nouvelles à tous mes amis/es, je remercie Dieu de m’avoir protégé jusqu’à maintenant et si je ne l’oublie pas il continuera à me garder ainsi durant cette belle traversée et ainsi que par la suite. Baisers sincères à tous et au plaisirs d’être parmi vous tous d’ici quelques jours. J’y serai avant la fin de la guerre.
De votre fils, Léo Bélisle
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1940 1945 Hanover, Allemagne, le 21 avril 1945 Chers Parents, Je me fais un devoir de vous dicter cette courte lettre. Suis enfin délivré des mains de l’ennemi, mais demeure encore en Allemagne (Hanover; 28 kilomètre de cet endroit) peut être pour quelques heures ou quelques jours, tout ce dont je puis vous affirmer, c’est que nous sommes à un aéroport pour prendre l’avion pour Angleterre et delà par bateau pour notre beau Canada. Donc aucune inquiétude, je serai parmi vous chers parents, d’ici quelques semaines, mais pas plus. Santé est excellente et espère que vous en êtes tous ainsi. Priez pour que l’on fasse un voyage sans incident. Transmettez ces nouvelles à tous accompagné de mes souhaits les plus sincères en attendant de tous vous revoir. Baisers chère maman, je remercie le seigneur de toutes les belles faveurs qu’Il m’accorde.
De votre fils, Léo Bélisle Hanover, Allemagne, le 22 avril 1945 Chers Parents, Durant le moment d’embarquer en Avion pour l’Angleterre j’ai cru bon de vous mettre au courant. Nous prendrons donc le (…) ce soir avant neuf heures ou aux premières heures demain. Le trajet sera de deux heures, nous aurons quarante-deux jours de congé et ensuite nous nous embarquerons de nouveau pour le Canada. Pendant cette vacance je vous dicterai quelques mots. Mon intention est de visiter tout l’Europe avant mon retour en rapportant des souvenirs en chaque endroit. En espérant que vous ne trouverez pas le temps trop long et que Dieu vous gardera en santé d’ici au mois de juin. Joignez-vous avec moi dans vos prières pour remercier Dieu de toutes les faveurs qu’il m’a fait. Sincères salutations à tous et au plaisir de tous vous revoir bientôt en santé. Laissez moi vous embrasser du fond de mon cœur avec toute la joie que j’ai de tous vous revoir sous peu.
D’un fils, Léo Bélisle Angleterre, le 26 avril 1945 R 139 GB 17 26 NIL PWM BÉLISLE ADONIAS NORD 11871 LARCHEVÈQUE MONTRÉAL ARRIVÉ ANGLETERRE OK SERAI EN CANADA BIENTÔT BAISERS = LÉO BÉLISLE
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1940 1945 Angleterre, le 29 avril 1945 CARTON «JOUR DES MÈRES»:
Chère Mère, Ceci est pour vous assurer que mon souvenir vous accompagne en ce jour qui vous est consacré. J’ai entendu la Ste Messe et offert la Ste Communion à vos intentions aujourd’hui. Je compte que vous priez toujours pour moi.» Dimanche, le 29 avril 1945 Chère Maman Je profite de cette belle occasion pour vous dicter ces quelques lignes qui n’en doute aucunement seront reçues avec plaisirs. Présentement je demeure à l’hôpital Général n° 4 (district) qui se trouve à Farmborough, mais n’en soyez pas inquiète, je ne suis pas malade, souffre d’aucune maladie, c’est dans le but de nous faire passé un examen (militaire) médical, rayon-X, etc. afin d’être de retour parmi vous chers parents, (en notre beau Canada) en parfaite condition de santé sur tous rapports. Avant d’aller plus loin je tiens à vous remercier, avant que je puisse le faire sous peu de vive voix, de tous les colis, lettres etc. que vous m’avez faits parvenir durant ma captivité. J’espère bien que vous avez tous reçu les réponses à ces lettres et vous me direz aussi si vous les possédez encore. Dîtes maman, mes frères et sœurs se portent tous bien, naturellement, vous me direz qu’ils ont changés, c’est de même pour moi, mais vous maman papa comment êtes vous. Comme j’ai bien hâte de vous revoir, il y a seulement trois jours que je suis ici, et on dirait que ça fait trois ans. Il va sans dire que vous avez très hâte de me questionner sur mon long séjour outre-mer, mes voyages, etc. Mais laissez-moi vous donner un aperçu du voyage d’Allemagne en Belgique et de là en Angleterre. Nous embarquions dans l’avion à 14hrs le 24, belle température, rien de spéciaux, si quatre types malades vomissent (mal au cœur), quant à moi, pas le moindre malaise, donc on mettaient pied sur terre à 16hrs dans la capitale de la Belgique. Belle réception, une des plus belle cérémonies dont jamais eu l’honneur d’en être le principal bénéficiaire, si vous me le permettez maman, je continuerai de vous raconter cela à la maison, car j’en aurai pour toute l’après-midi. Pour vous prouver chère Maman que votre Léo est encore resté bon Chrétien, du moins devenu plus pratiquant, j’ai pensé que c’était aujourd’hui la journée qui vous est consacrée, la carte qui est jointe à cette lettre, je l’ai prise en allant à la messe ce matin, il se faisait déjà longtemps que je n’y était pas aller. Je sais que vous trouverez le temps long, à ce que je sois de retour, je comprends mais je demande à Dieu qui m’a comblé de toutes sortes de maux pour ensuite les changer en bienfaits de toutes sortes, qu’Il vous apporte du courage, de la santé, patience; comme cela est tous votre désir de me revoir, je le souhaite à tous (frères, sœurs) amis, etc. que Dieu vous l’exauce. Celui qui sais le comprendre, c’est-à-dire qui ne l’oublie pas même dans la misère, Lui ne nous oubliera
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1940 1945 jamais. Baisers sincères à tous du fond de mon cœur, je retire tous ce qu’il y a de meilleur pour vous l’offrir Chère Maman. Au revoir et à très bientôt.
Votre fils, Léo Bélisle Ottawa, le 30 avril 1945 WAB165 59/56 2 EX GB DL REPORT DELY OTTAWA ONT 30 452P M ADONIAS BELISLE 11871 L’ARCHEVÊQUE MONTRÉAL NORD QUE 212 HEUREUX VOUS INFORMER SOLDAT LÉO BÉLISLE D61654 ANTÉRIEUREMENT PORTÉ PRISONNIER DE GUERRE EN ALLEMAGNE EST MAINTENANT OFFICIELLEMENT PORTÉ SAUF AU ROYAUME UNI VINGT SIX AVRIL 1945 STOP LORSQUE VOUS LUI ÉCRIREZ EMPLOYEZ L’ADRESSE SUIVANT LIBERATED PRISONER OF WAR CANADIAN ARMY OVERSEAS STOP LORSQUE NOUS RECEVRONS DES RENSEIGNEMENTS SUPPLÉMENTAIRES NOUS VOUS LES TRANSMETTRONS AUSSITÔT LE DIRECTEUR DES ARCHIVES MILITAIRES
Ottawa, le 2 mai 1945 Monsieur, L’Honorable J.J. McCann, ministre des Services nationaux de guerre, m’a prié de vous exprimer tout le plaisir qu’il éprouve d’apprendre que votre fils, Soldat Léo Bélisle, D61654 n’est plus prisonnier de guerre et se trouve maintenant en sécurité. La Division des plus proches parents, des prisonniers de guerre de ce Ministère a eu le privilège de vous servir au cours de cette longue période d’anxiété que vous avez traversée, et le Ministre tient à vous dire combien votre collaboration et votre considération ont été appréciées. Nous espérons que votre fils sera bientôt de retour et pourra reprendre sa place dans la vie civile. Cordialement à vous,
C.H. Payne, Sous-ministre Félicitations (Geo. D. Allen), Division des plus proches parents, Galsgow, Angleterre, le 4 mai 1945 Chère Maman, Tel que promis, je viens remplir ma promesse en vous écrivant ces quelques lignes. Je commence tout à petit à me faire dans ma nouvelle vie. La santé, je ne puis pas demander mieux. Mes vacances ont commencé, avant-hier,
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1940 1945 maintenant que je suis placé, et avec les meilleures dispositions au monde, je viens vous entretenir sur mon temps occupations, etc. Je couche au Y.M.C.A.; ça me coûte un “shilling” (24 cents) pour le coucher, et pour les repas du jours, cela varie de un à un shilling et demie par repas. Hier j’ai été voir les gens chez qui je pensionnais durant mes “leaves” vacances passés, ça me coûtait presque rien en ce temps-là, mais maintenant, ses chambres sont remplis. Donc je me suis fait un programme, pour la journée après le dîner, visite à l’Église StPatrick et ensuite prendre le tram pour aller patiner, “patins sur glace” à environ une heure et demie de “tram” pour la soirée, cinéma La-Scala. Il va sans dire Maman que je ne vous oublierai pas dans mes prières à ma visite que je ferai à Ste-Église ainsi que mon bon Papa sans oublier mon cher Lucien et tous les autres, car s’il faudrait que je spécifie tous les noms j’en finirais plus. Savezvous maman, je suis en train de chercher qu’est ce que je vous apporterai bien comme souvenir de mon passage en Écosse, je trouverai bien laissez faire quelque chose, qui tout en vous étant utile, vous fasses plaisir. Pour le moment je me suis fait photographier, mais qu’est ce que c’est une photo, si je vais être parmi vous sous peu et je dirais même le 1er juin, j’espère que je dis vrai, d’ailleurs aussitôt que je mettrai pied sur terre, pour prendre quelques autres transport que ce soit, je vous ferai parvenir un télégramme. Mais Chère Maman promettez-moi de ne pas venir à ma rencontre à la gare. Faites-le pour l’amour que je vous témoigne, il y aura tellement de monde, trafic etc. Je m’attends à tous revoir mes frères et sœurs belles-sœurs beaux-frères (petites nièces, neveux). Je sais Chère Maman, que Dieu est infiniment bon et qu’Il me prépare de très grandes joies mais pour que ces joies soient bien méritées, prions-le voulez-vous Maman! Oui ensemble par la pensée dans une conversation avec Lui. Pour le remercier de toutes les épreuves qu’Il nous a fait subir et pour aussi les bienfaits et tous les maux qu’Il voudra nous envoyer à l’avenir. Je pardonne Maman à tous ceux qui m’avaient promis de m’écrire et qui ne l’ont pas fait, comme je demande d’être pardonné à ceux que j’ai fais la même promesse ainsi qu’à tous ceux que j’ai pu offenser. Chers parents, je vous laisse donc l’au revoir en vous disant que je serai parmi vous bientôt, si s’en est la volonté de Dieu. Patience, Baisers à tous.
De votre fils affectueux, Léo Bélisle Ottawa, The Canadian Red Cross Society, le 10 mai 1945 Dear Mr. Bélisle, We are delighted to hear that your son, Leo, who was a prisoner of war in Germany is now reported safe. We hope you will hear from him in the near
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1940 1945 future. The Red Cross, which has been able to help him during his imprisonment, would like to keep in touch with him when he returns to Canada; and the Bureau would welcome any information which you are kind enough to send us about him. With cordial congratulations.
Yours sincerely, Mrs. Jackson W. Cook, Acting Director Écosse?, le 12 mai 1945 Chers Parents, Tout en étant en vacance, chère maman, et ayant beaucoup de plaisirs, je pense quand même à vous à papa tous frères et sœurs etc. Je m’amuse bien, avec des gens très aimables; cinéma, danse en plein air dans les rues, chants de toutes sortes et pour finir on mange poissons et pommes de terre frites avec sel et vinaigre. C’est chez une famille chez laquelle j’allais avant l’action, mais ne vous faites pas d’allusion. L’Écossais en général est très hospitalier, affable et aime le plaisir. Pour vous dire que je me fais pas de tord, je pèse présentement 174 lbs et quand j’étais à l’hôpital avant mon “furlow” vacancier, je pesais 168 lbs. Ma vacance se terminera le 17 de ce mois-ci et après on s’embarquera pour le beau Canada. Si avant je vous dirais que j’ai vu l’épreuve de ma photographie, qui vous fera certainement plaisir à mon retour. je n’ai pas encore fais mon choix pour le souvenir que je dois vous apporter, en attendant j’espère que vous êtes tous en santé, recevez baisers sincères et à bientôt.
De Léo Bélisle Halifax, le 8 juin 1945 AXA259 9 HALIFAX NS 8 925A MME A. BÉLISLE 11871 RUE L’ARCHEVÈQUE MONTRÉAL NORD ARRIVERAI SAMEDI FAIT BEAU VOYAGE BONNE SANTÉ À BIENTÔT LÉO BÉLISLE
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