BIP2012 ONLY YOU ONLY ME / Images of Love, Love of the Image. Catalogue.

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8th international biennial of photography and visual arts LIEGE - BIP2012



sommaire 5

si je commence par l’ amour... par Anne-Françoise Lesuisse et Lucien Barel

7 PIRATER LES IMAGES DU DéSIR par Daniel Vander Gucht

12 ONLY YOU ONLY ME par Anne-Françoise Lesuisse

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From Holland with Love par Frits Gierstberg

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RUMoURS / RUMeURS par Pierre Muylle

116 NEXT OF sKIN / à FLEUR DE PEAU par Emmanuel d’Autreppe 150 ADORATION / AMOUR AU PLURIEL par Julie David de Lossy, Thomas Vanden Driessche, Marie Pirenne et Marie-Hélène Joiret

154 DANS LA RUE / IN THE STREET 161

English version of the texts

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Remerciements / Acknowledgment

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index des artistes / index of the artists L’équipe de bip2012 / The team of bip2012



si je commence par l’amour ... Le projet de la Biennale internationale de la Photographie et des Arts visuels de Liège, qui fête, entre le bois et l’étain, son 8e anniversaire, est avant tout de procurer de l’émotion. Sans ce fluide intime, sans ce petit ou grand désordre intérieur, sans ce mouvement de révolte, de curiosité ou d’abandon, la pensée, l’engagement et le plaisir restent lettre morte.

BIP2012 confirme cette volonté, d’autant que le thème choisi - la question amoureuse - place naturellement les émotions au cœur du propos. Une édition riche et diversifiée pour laquelle nous n’aurions pas eu assez de mille et une propositions afin de décliner ce qui semble au premier abord un simple jeu de langage : « images de l’amour, amour de l’image ».

Le premier terme embrasse une intention complexe donnant à voir, en images fixes ou animées, de manière parfois lumineuse, quelques fois ambigüe, nos souvenirs les plus tendres et nos émois les plus intimes. Si nous avons pris le risque de ce chantier, c’est en le sachant toujours et déjà incomplet.

Le second terme ne l’est pas moins, car si le thème de l’amour constitue notre fil d’Ariane, ce sont les images de notre époque qui s’imposent comme l’indispensable sésame à BIP2012. Notre volonté est donc de vous faire partager, sans possibilité d’exhaustivité ou de complétude, des figures remarquables de la création visuelle aux XXe et XXIe siècles.

Ce projet, nous le partageons avec différents opérateurs culturels, belges et étrangers, et les diverses expositions proposées reflètent les tempéraments des différents commissaires. Ces inclinations variées permettent d’approcher la thématique selon des points de vue multiples et des sensibilités complémentaires particulièrement à propos pour une question aussi infiniment irrésolue que l’amour. Cela permet également de présenter un large panel d’artistes dans plusieurs lieux.

Le volume du MAMAC autorisant une large programmation, le Centre culturel de Liège «Les Chiroux», qui organise BIP2012, y donne un aperçu contrasté des images de l’amour autant que de l’amour des images. Les Brasseurs/L’Annexe optent pour une atmosphère plus intimiste, dédiée à la proximité et au lien, là où le MADmusée propose quant à lui de resserrer l’objectif autour de quatre artistes littéralement hors du commun tant au niveau de leur

personnalité que de leur façon d’approcher la création. Notre partenaire étranger, le Nederlands Fotomuseum de Rotterdam, fait l’hypothèse d’une filiation qui prend son origine dans la figure tutélaire du photographe Ed van der Elsken pour se ramifier à travers différents artistes contemporains. Cette exposition intitulée From Holland With Love nous parle à la fois d’amour et de la création contemporaine photographique et vidéographique aux PaysBas. La Châtaigneraie - Centre wallon d’Art contemporain retrouve sa complice Fédération des Maisons de Jeunes en Belgique francophone pour s’associer au collectif de photographes Out of Focus et proposer deux expositions. L’une nous dévoile des regards croisés sur la thématique, réalisés à 7.500 km de distance, par de jeunes Haïtiens et de jeunes Belges. L’autre rassemble les membres de Out of Focus et traite de l’Adoration au travers de communautés rencontrées sur plusieurs continents. La Galerie Satellite, qui gravite entre Chiroux et Grignoux, sort des sentiers battus grâce à l’extravagant duo Cravat & Bada. Enfin, dans le cadre du concours Y’a de l’amour EN l’air, la Cité ardente accueille des images de l’amour proposées par les Liégeois et suspendues pour l’occasion dans les rues du centre-ville. Et pour boucler la boucle, toujours dans l’espace public, nous confirmons notre amour de l’image en exposant le magnifique hommage rendu aux filles de joie par le Liégeois Georges Thiry (1904-1994).

Le présent catalogue essaye de rendre compte des différents points de vue en présence, de la qualité des artistes sélectionnés ainsi que des facettes complémentaires de cette Biennale. Cet essai inclut ses propres limites : le volume d’un livre ne rendra jamais compte d’un projet qui se réalise dans le temps, dans l’espace et dans la relation aux autres. Mais nous avons estimé que cette tentative valait la peine d’être concrétisée, ne fût-ce que pour la mémoire de ce qui a été fait, comme un journal intime permet de se remémorer nos histoires de vie, tout simplement.

Et puisqu’on évoque la vie, suivons les traces de Baudelaire qui écrivait : « Si je commence par l’amour, c’est que l’amour est pour tous - ils ont beau le nier - la grande chose de la vie ».

Anne-Françoise Lesuisse & Lucien Barel


Cravat & Bada Le salon, from the series ÂŤ Luchador family life Âť, 2010 inkjet print on dibond, 40 X 60 cm Courtesy of the artists


PIRATER LES IMAGES DU DéSIR par Daniel Vander Gucht « L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible » (Paul Klee) La raison d’être de l’acte photographique serait de fixer la réalité fuyante et multiple, proprement insaisissable, en un signe épinglé offert à la concupiscence ou à la délectation morbide de l’amant-esthète. L’artiste est évidemment conscient de l’impossibilité de saisir par l’image autre chose qu’une trace, un fantôme, spectrum ou objet transitionnel qui nous fait toucher l’espace entre le monde et soi. Et c’est bien pour cela qu’il s’obstine à en produire, des images, compulsivement suivant la fonction phatique de l’image qui consiste à maintenir un contact avec la réalité, sous forme de reportage, de témoignage ou d’archive, bref tout ce qui permet de ne pas lâcher prise ou de ne pas se laisser distancer par le réel, ou parcimonieusement au contraire, comme pour nous rappeler la valeur et la rareté - peut-être la vanité - d’une image douée de présence, c’est-à-dire ni simulacre ni succédané de réalité sous forme d’un instantané ou d’un reflet du flux de la vie mais plutôt, comme toute œuvre d’art accomplie, expression visuelle manifestant la co-construction d’une image mentale qui n’existait pas dans le monde et qui se surajoute à lui en le révélant sous un autre jour.

Chacun sait que tout portrait - au même titre qu’un paysage, une nature morte ou n’importe quelle autre photographie - est avant tout sinon exclusivement un portrait du photographe dont la vision du monde va affecter le regard que nous portons sur le monde (qu’il nous suffise ici d’évoquer les noms d’Henri Cartier-Bresson, de Robert Mapplethorpe, de Larry Clark, d’Ed van der Elsken, de Nan Goldin, de Nobuyoshi Araki, de Terry Richardson, de Wolfgang Tillmans parmi tant d’autres). Je n’ai jamais transporté de photos de mes amoureuses dans mon portefeuille. Juste un portrait miniature de Sarah Bernhardt par Nadar pour tout titre de transport !

À suivre l’antimétabole, figure de rhétorique propice à générer des paradoxes, convoquée par les organisateurs et les commissaires de cette 8e Biennale internationale de la Photographie et des Arts visuels de Liège, la conjonction de l’image de l’amour et de l’amour de l’image pourrait laisser entendre que l’amour est image et vice-versa. « Amour de l’image pour garder une image de l’amour, avant que... » écrit Anne-Françoise Lesuisse, directrice artistique de la manifestation. Mais de quelle image peut-il s’agir ? Quelle image nous renvoie-t-elle de nous-même et qu’invoque-t-on au juste à travers elle ?

« Je t’aime, je te tue » (Morgan Sportès) Cet amour fait image peut-il jamais être autre chose qu’une projection, un reflet, un avatar de nousmême, selon la définition qu’en donne Woody Allen : « L’amour, c’est deux êtres qui n’en font plus qu’un : moi » ? On « tombe » amoureux pour des raisons qui ne sont pas forcément celles que l’on croit : ces raisons tiennent parfois moins au caractère de la personne élue, qui n’est ici que l’objet de notre dévolu, qu’à notre propre état émotionnel. Nous connaissons tous des moments d’angoisse face à la mort, dans la solitude et la discontinuité de notre être, et des conflits et des tensions dans notre vie conjugale, familiale ou professionnelle qui nous jettent dans le divertissement dont une des formes absolues et absolutistes, totalisantes et totalitaires, est le besoin d’amour. On tombe alors éperdument amoureux d’une personne qui semble pouvoir correspondre à l’image du conjoint idéal (image évidemment abstraite, culturelle et archétypale, relevant de notre histoire personnelle autant que sociale), sans toutefois y regarder de trop près - l’état amoureux, c’est-à-dire en l’occurrence le besoin d’amour, anesthésiant tout sens critique comme il abolit tout sens du temps, à la fois contracté par l’urgence et dilaté à l’infini. Cette pulsion totalisante, qui concentre dans la figure fantasmée de l’élu la totalité de l’univers, constitue à proprement parler le vertige de


l’amour qui nous fait entrer dans le cercle de la dépendance amoureuse. Attendre d’une seule personne, dont nous ignorons presque tout, qu’elle soit le garant du sens de notre existence ; cette exigence est évidemment exorbitante et ne peut conduire qu’au drame car cette dépossession absolue qui se présente comme don de soi, amour oblatif, est bien plutôt un abandon de soi doublé d’un chantage au suicide (déjà opéré dans la volonté). Lorsque cette prise en otage sentimentale échoue, l’issue ne peut qu’être tragique ; elle l’est dans la plupart des cas, car cette manière de se délester de soi ne s’embarrasse guère de l’assentiment ni du souci de l’autre. « Quand j’aime, je suis très exclusif », reconnaissait Freud (qu’on considérera ici comme un parangon de normalité). « Être jaloux est conforme. Refuser la jalousie (être parfait), c’est donc transgresser une loi », notait de son côté Barthes. L’amour - ou ce qui se commet en son nom - semble donner des droits sur ses sujets ; songeons que, du harcèlement sexuel à la cruauté mentale et au crime passionnel, c’est bien « l’amour » que l’on invoque comme justification et qui sera considéré comme une circonstance atténuante par nos tribunaux. En déballant les cartons de mon déménagement dans le nouvel appartement où nous venons d’emménager avec ma compagne, j’ai trouvé une planche d’album de famille de mon ex. Je l’ai précautionneusement mise de côté avec l’intention de la lui renvoyer à la première occasion. Impossible par la suite de la retrouver, jusqu’à ce qu’elle réapparaisse au milieu d’une pile de revues triées par ma compagne qui m’interrogea d’un air narquois à ce propos. Il faut dire que mon ex, adolescente sur ces clichés datant des années 1980, n’était guère à son avantage avec cette coupe de cheveux ébouriffés et permanentés montés en soufflé, ses boucles d’oreille XXL, sa veste à épaulettes Michael Jackson turquoise et ses caleçons longs fluo. Paraît que cela revient à la mode… J’avais

cru l’avoir alors rangée en attendant de connaître la nouvelle adresse de mon ex mais cette fois c’est ma belle-fille de quinze ans qui remit la main dessus et, tout en riant aux éclats du look « juste trop la tehon » de mon ex se montra très intéressée par l’ado asiatique qui posait en sa compagnie sur ces photos. Je sais que j’ai depuis récupéré cette planche photo mais je serais bien incapable de dire où elle se trouve à présent que l’appartement est complètement aménagé et que tous les cartons sont vides. J’attends donc avec une certaine appréhension le lieu et le moment de sa prochaine apparition.

Cet échec, toujours cruellement vécu, peut aussi s’avérer salutaire lorsqu’il oblige au ressaisissement après la période de dessaisissement de soi, faisant saisir par là combien le mouvement d’individuation est au moins aussi indispensable à la viabilité du couple que le mouvement de communion. Comme le fait judicieusement remarquer Denis de Rougemont « être amoureux n’est pas nécessairement aimer. Être amoureux est un état ; aimer, un acte. On subit un état, mais on décide d’un acte ». Devenir amoureux consiste dès lors à faire l’expérience, enivrante et touchant elle aussi aux limites, d’une déprise de soi vécue dans la reconnaissance authentiquement amoureuse d’autrui. La dépossession n’est plus ici possession masquée. Aimer, ce n’est nullement se déprendre de soi dans une illusoire communion fusionnelle, encore moins se dessaisir de soi pour en charger une victime comme d’un fardeau sous prétexte qu’elle fût l’élue car, comme disait Corneille, « on ne donne point ce qu’on ne saurait nous refuser » ; c’est cultiver ce qu’il y a de meilleur en nous et s’efforcer d’être au mieux de nous-même pour aider la personne aimée à accéder à ce qu’elle recèle de meilleur - ce que Rilke entendait, je crois, lorsqu’il écrivit que « l’amour d’un être humain pour un autre, c’est peut-être l’épreuve la plus difficile pour chacun de nous, c’est le plus haut témoignage de nous-même. »


En m’inscrivant sur Facebook, je me suis soudain souvenu de ma première petite amie, quand j’avais huit ans, et j’ai essayé de retrouver sa trace sur internet pour savoir ce qu’elle était devenue… et je l’ai trouvée. D’abord quelque peu surpris (cette petite rousse plutôt potelée avait perdu ses taches de rousseur et était devenue championne de ski), j’aurais reconnu ce sourire n’importe où. Je me suis constitué une petite collection d’images d’elle à laquelle j’ai commencé à m’attacher avant de me risquer à envoyer un mot sur son mur pour reprendre contact. C’est ainsi que j’appris qu’elle n’avait jamais quitté son Jura natal et je dois avouer que je fus soulagé de n’avoir pas à lui avouer que je n’avais jamais su descendre une piste autrement qu’en chasse-neige.

« Il y a des gens qui n’auraient jamais été amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler d’amour » (La Rochefoucauld) ONLY YOU ONLY ME : le titre de cette manifestation, délibérément placée sur le registre intimiste, le dit bien : cet amour exclusif est en même temps une exclusion du monde. Cet amour exclusif dont nous investissons cet autre nous-même, notre moitié fantasmée forcément condamnée à nous décevoir dès qu’elle s’écartera du rapport spéculaire attendu, n’est-il pas le signe de notre velléité de tenir à distance un monde incertain, changeant, méconnu, en d’autres termes inquiétant car impossible à maîtriser, soit le symptôme de notre incapacité à accepter l’incertitude de l’existence et à entrer dans la vie sans le secours d’images rassurantes. En effet, la problématique induite interroge bien évidemment les effets de la production et de la consommation massive des images dans notre rapport à la réalité médiatisé par l’image. Et le cinéma aura été une machine formidablement efficace pour nous aider à codifier des situations aussi troubles et des senti-

ments aussi mêlés que ne l’est l’amour. En témoigne le recours quasi systématique des artistes aux images de cinéma pour scénographier l’amour qui semble ne pouvoir s’exprimer que de manière codifiée et se communiquer que dans une forme ritualisée — comble de la confusion pour un sentiment jugé aussi naturel, spontané et irrépressible que celui-là par nos contemporains. Un bref détour historique s’impose donc si l’on veut se donner quelque chance d’y comprendre quelque chose. Une carte postale jaunie et moche du musée de la Chartreuse de la ville de Douai (commune française du département du Nord et de la région Nord-Pas-de-Calais, située dans le sud de la Flandre romane) a longtemps traîné sur ma table de chevet. Elle était si insignifiante et si négligemment posée sur cette table que jamais personne, pas même mes amantes de passage, ne m’a jamais interrogé à propos de cette image. Pour ma part, je n’ai jamais vu le musée de la Chartreuse, ni quoi que ce soit de la ville de Douai d’ailleurs. Et je ne me souviens pas davantage de ce qui m’a conduit, tard dans la soirée, dans cet hôtel de fortune, avec une jeune personne rencontrée le jour même à Lille et perdue de vue dès le lendemain, mais cette carte postale prise sur le comptoir de l’hôtel et posée à côté du lit évoque parfaitement pour moi les meilleures raisons de nous priver de dîner et de sommeil.

À l’origine du mythe de la passion amoureuse, dans Le Roman de Tristan et Yseult (que Denis de Rougemont n’hésite pas à qualifier de « grand mythe européen de l’adultère »), Tristan et Yseult sont des hors-la-loi ; à l’instar d’Adam et Ève chassés du paradis terrestre après avoir croqué la pomme, ils sont contraints de fuir la société et se réfugient dans la forêt pour assouvir leur amour et subir leur implacable destin tragique engendré, rappelons-le, par l’absorption involontaire du «philtre d’amour»


(mortel pour les amants séparés dans la légende ou substitué in extremis au philtre de mort qui leur est destiné dans la version de Richard Wagner). Si cette fable montre clairement qu’Éros et Thanatos sont consubstantiels, c’est que l’amour dévorant et impérieux participe de l’occulte (le coup de foudre amoureux nous métamorphose instantanément en pauvres diables possédés, envoûtés, ensorcelés) et menace l’ordre social d’anomie (soit la désintégration des normes sociales pour l’amoureux dont « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas »). Au moins depuis le XIIe siècle - moment où s’élabore le mythe de l’amour-passion -, l’amour constitue la pierre angulaire de notre société, et les littérateurs en ont été, le plus souvent à leur insu, les « idéologues » ; en lui s’inscrit la codification sociale du désir et du plaisir, c’est-à-dire leur médiation par « le » pouvoir, tandis qu’il demeure pour tout un chacun une source de méditation et un souci constants. Et si parler d’amour reste notre meilleure chance de comprendre et peut-être de maîtriser ce qui nous arrive, nos histoires d’amour se rapportent toujours à une histoire de l’amour tel que notre civilisation l’a établi et codifié au cours des siècles, de sorte que retrouver le fil de cette histoire nous permettra de recouvrer un peu de cette lucidité dont nous avons un aussi grand besoin que de perdre la tête quelquefois. Cet amour, charnel ou divin, éros ou agapè, engage pleinement et sans partage ses recrues et c’est par la grâce ou la séduction des images de l’amour qu’il s’insinue dans leurs cœurs et que se diffuse et s’institue son culte dans le corps social (des cathédrales aux images saint sulpiciennes et du roman courtois au film d’amour). La rationalisation et la sécularisation de nos sociétés modernes atomisées en quête d’authenticité et de nos « foules sentimentales » qui font primer l’émotion sur la raison ont désormais instauré la religion de l’amour (« de la religion en pratique » disait Novalis de l’amour). Ce qui ne va évidemment pas sans quelques contradictions et crises culturelles comme en témoigne, par exemple, le mariage d’amour qui fait reposer la légitimité de

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cette séculaire institution patrimoniale et familiale sur les aléas de la vie conjugale et l’inconstance du désir amoureux. Le statut ambivalent de l’image n’en continue pas moins à être perçu comme potentiellement trompeur et mensonger depuis Platon, le séducteur comme un suborneur, voire un séditieux (pensons à Lilith, Don Juan ou Casanova) et les « romans à l’eau de rose » suivis de nos jours par les films d’amour comme des récits amoraux ou des miroirs aux alouettes (syndrome que l’on qualifie souvent de bovarysme). Les seules indiscutables photos d’amour que je vois sont les avis de disparition d’animaux domestiques placardés un peu partout dans mon quartier. Et les couples fidèles se rencontrent le plus souvent vers 7 heures du matin ou 10 heures du soir, à l’heure où Kiki et Whisky viennent nous faire l’offrande de leur crotte au pied de l’arbre devant ma porte.

En revanche, en peinture ou en photographie, en l’absence de toute forme de narration, difficile de représenter l’amour autrement que par le biais d’allégories ou de discerner de l’amour dans tant de portraits d’êtres aimés, de scènes de famille ou de corps enlacés sinon par quelques indices choisis pour susciter la connivence. « Soit qu’il veuille prouver son amour, soit qu’il s’efforce de déchiffrer si l’autre l’aime, le sujet amoureux n’a à sa disposition aucun système de signes sûrs », notait Roland Barthes. Hors de ces conventions, l’amour est aussi imperceptible pour le regardeur qu’à la vision d’albums de photos d’inconnus ou des photos des enfants de nos amis pourtant émus aux larmes car ils attachent à ces images tout un chapelet d’affects qui nous sont inaccessibles alors que nous ne partageons que des percepts. Une image peut susciter toutes sortes d’émotions, mais l’amour demeure une affaire personnelle, il est tout entier dans le regard du photographe, et non forcément dans l’image, ni dans l’œil du regardeur.


« Eye love you » (Ed van der Elsken) Peu importe du reste si l’artiste n’est ni saint ni amoureux ; en art, qu’on se prétende misanthrope ou qu’on se proclame pédagogue, « il n’y a que l’amour qui compte », comme le déclarait volontiers Picasso. On pourrait, en effet, postuler, comme Serge Daney, qu’il y a image seulement quand notre regard y rencontre l’autre, quand l’image fait lien et écho en nous. Faire une image serait alors une voie d’accès à l’autre, la manifestation indissociable d’un souci et d’un appel de l’autre, pas si étrangers somme toute au transport et à l’élan amoureux. Par de savants ou libres jeux de parallaxes ou de recadrages, par ses dispositifs et scénographies, dans le dénuement ou la sophistication, l’artiste multiplie ces moments de grâce où la possibilité de l’image laisse entrevoir quelque chose du sentiment d’appartenir au monde et à la famille de l’homme.

On peut ainsi parier sur la faculté de l’art à transcender nos déterminations, à nous ouvrir des fenêtres sur un monde changeant, à nous exercer à la vie, comme disait Artaud, à affronter l’altérité irréductible - en nous comme dans le monde -, à ne pas craindre de nous tromper car nous n’apprenons jamais tant que de nos erreurs, à accepter que la vie soit un jeu qui vaille la peine d’être joué, sachant ce que nous apprend l’art, à savoir qu’il nous appartient d’en modifier les règles pour faire de notre vie une œuvre d’art, aussi imparfaite soit-elle et au risque de la laisser inachevée, bref à commencer chaque jour à voir et à vivre. Et aussi parier sur l’amour car, en définitive, en amour comme en art, ce qui importe c’est d’aller vers l’autre, vers le monde. Ainsi, tout comme l’artiste, l’amoureux cherche aujourd’hui à réinventer l’amour par-delà les codes et les configurations instituées, tous deux habités par la seule certitude du désir et par la seule vérité de la rencontre merveilleuse de l’Autre.

Je n’ai pu résister un jour à la tentation de sauver d’une destruction certaine une série de tirages photographiques manifestement issus d’un studio de photographe professionnel anonyme des années 1950. J’ai donc ramassé à même le trottoir au marché aux puces de Bruxelles, il y a près de dix ans de cela, ces portraits d’inconnus. De temps à autre, il m’arrive de tomber dessus et je me demande à chaque fois ce qui a bien pu me prendre de ramener à la maison ces pauvres photos oubliées de tous et sans grand intérêt. Et pourtant, comme dans ce redoutable clip publicitaire de Spike Jonze pour Ikea qui nous fend le cœur en nous montrant une pauvre lampe mise à la rue de nuit sous une pluie battante tandis que l’intérieur douillet de son ancien propriétaire est chaleureusement éclairé par une lampe flambant neuve qui a pris sa place, j’ai beau me répéter que mon attitude est franchement pathétique et ridicule, je ne puis me résoudre à me débarrasser de ces malheureux orphelins que j’ai un jour recueillis et qui encombrent à présent mes tiroirs sans m’être plus familiers qu’au premier jour.

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MAMAC

MUSEE D’ART MODERNE & D’ART CONTEMPORAIN Parc de la Boverie, 3 | B - 4020 Liège

ONLY YOU ONLY ME Marina ABRAMOVIC & ULAY

Capitaine LONCHAMPS

Rhona BITNER

Chrystel MUKEBA

Arnis BALCUS

Sylvie BLOCHER

Elina BROTHERUS Daniele BUETTI Ian BURNS

Antonio CABALLERO

Patrick CARPENTIER Thomas CHABLE Patty CHANG

François-Xavier COURReGES Jean-Claude DELALANDE JH ENGSTRÖM

Sibylle FENDT

Roland FISCHER Nan GOLDIN

Douglas GORDON

Sarah Mei HERMAN Miyoko IHARA

Jason LAZARUS

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Hubert MAReCAILLE & Michelle NAISMITH Erwin OLAF

Pierre & Gilles

Nicolas PROVOST Moira RICCI

Eric RONDEPIERRE Michelle SANK

Sam TAYLOR-WOOD Chris VERENE

Angel VERGARA

Willy DEL ZOPPO


Passant en revue les images choisies pour l’exposition ONLY YOU ONLY ME, m’apparaît aujourd’hui, au travers de cet ensemble finalement disparate, au travers de ces univers artistiques si contrastés, si particuliers, si intimes, au travers de ces séries nées d’horizons de vie et de personnalités tellement diversifiés, l’immense solitude qui perle à la surface des images… Nous sommes, chacun, résolument seuls. Ce n’est pas triste, ce n’est pas gai. C’est comme une loi. Jusqu’au plus près de l’autre, ne nous abandonne jamais, semble-t-il, ce reste de nous irréductible. C’était l’intuition de départ, celle qui a guidé la sélection des artistes et des travaux et qui a donné son titre à BIP2012 et à l’exposition du MAMAC : ONLY YOU ONLY ME, du rapport amoureux à l’autre, qu’il soit de fraternité, d’adoration, d’érotisme ou mystique, il y a toujours un vestige de solitude qui rend d’autant plus poignant notre insondable désir de partage et de rencontre. Comme dans l’histoire de Narcisse, « l’autre » est radicalement différent du « même » que l’on espérait. L’amour n’atteint jamais son but, seul le mouvement compte. Parfois, il est sublime...

Restait à voir quelles formes l’image contemporaine donnait à ce ravissement, à cette mélancolie, à ce grand tout et ce jamais n’importe quoi. Repartant du mythe de la naissance de la peinture (qui pourrait tout aussi bien être celui de la naissance de la photographie), il semble qu’image et amour aient dès les origines quelque chose à faire l’une avec l’autre : pour garder une trace de son amant la veille de son départ pour un long voyage, une jeune fille de Corinthe recopie le trait du contour de son visage sur le mur, à la faveur de la lueur d’une bougie qui y projette son ombre. On aime l’image comme on aimait l’amant, tendrement, sensuellement, amicalement. Image de l’amour, amour de l’image... Comment donc le splendide amour (impossible), l’expérience (de l’altérité) par excellence, le bagage de vie le plus intelligent, le plus profond (et le

plus douloureux) qui soit, comment l’amour est-il aujourd’hui représenté en photo, en vidéo ? Comment les artistes affrontent, esquivent, tentent de cerner ou d’échapper à la tradition allégorique, à la littérature, aux figures obligées, aux histoires de cinéma, à cette immense production humaine qui n’a cessé de parler, de crier ou de symboliser le plus énigmatique des affects ? Comment, en résumé, montrer le deux et le un en même temps ? ONLY ME ONLY YOU.

Feuilletant ces images, il apparaît aussi comme elles sont nombreuses, foisonnantes, comme elles se répondent au-delà des différences, comme elles rebondissent les unes sur les autres, comme elles semblent chercher ce qui les accomplirait totalement, comme elles semblent courir après l’image totale ou la dernière image, celle qui dirait le tout de l’amour, une fois pour toutes. De la multitude chez Nan Goldin à la surabondance de Pierre & Gilles, de la religiosité presque immobile de Sam Taylor-Wood à la récidive de Jean-Claude Delalande, de la cicatrisation d’Elina Brotherus à la plaie invisible de Michelle Sank, de la quotidienneté monumentale de JH Engström aux images vivantes de Sylvie Blocher, des studios psychologiques d’Erwin Olaf aux images adoptées de Jason Lazarus, des blessures signifiantes d’Eric Rondepierre aux fantasmes baroques d’Antonio Caballero, de la lorgnette domestique de Michelle Naismith et Hubert Marécaille à la fraternité désarmante de Miyoko Ihara, de l’idolâtrie en creux de Rhona Bitner aux autoportraits réfléchis de Douglas Gordon, les figures de l’amour convoquées par ces artistes, et par tous les autres présentés, sont fractales. Elles contiennent en elles leur propre infini et semblent vouées à ne pas s’assouvir. Mouvement là encore, reprise, répétition, suite et tentatives de nouer autour du manque un écrin précieux qui en désigne le vide insondable et fascinant. Mais qu’est-ce qui distingue les images de l’amour de toutes les autres images, celles qui ont, de prime abord, un « autre » objet ? Autrement dit, ces images-ci,

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rassemblées pour l’exposition, sommes-nous bien certains qu’il ne s’agit que d’images de l’amour ? Répondre à ces questions, ce serait détenir la définition de l’amour et donc, détenir aussi la réponse à l’énigme de sa représentation. Ce qui semble plutôt, c’est que l’amour, on en partage des figures avant d’en partager l’essence ou la vérité. à défaut de partager l’amour lui-même, c’est son image qui nous émeut, qui éveille notre mémoire, notre flamme comme nos chagrins.

à la frontière de l’image de l’amour et de l’amour de l’image, il y aurait ainsi ce qui détermine toute forme artistique : l’invisible. Alors, pour paraphraser le psychanalyste Jacques Lacan, qui disait que l’amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas, on pourrait se risquer à dire que faire une image, c’est enregistrer quelque chose qu’on ne voit pas pour le montrer à quelqu’un qui regardera ailleurs. En cela, toute image est une image d’amour.

Anne-Françoise Lesuisse Centre culturel de Liège - «Les Chiroux» - bip2012

> Marina ABRAMOVIC/ULAY Video still Rest Energy, 1980

Courtesy Marina Abramović/Ulay, © SABAM Belgium-2012

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Antonio CABALLERO Anel Norena & Aldo Monti, photo story for the review Capricho, ca, 1970, 2009 Gelatin silver black and white prints, 100 X 100 cm Courtesy galerie Polaris, Paris

> Antonio CABALLERO Javier Rizo & Silvia Suarez, photo story for the review Capricho, ca 1980, 2009 Gelatin silver black and white prints, 100 X 100 cm Courtesy galerie Polaris, Paris

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Rhona BITNER CH2, from the series « Stage », 2004 c-prints, 122 X 122 cm Courtesy galerie Xippas, Paris

> Rhona BITNER MT3, from the series « Stage », 2005 c-prints, 122 X 122 cm Courtesy galerie Xippas, Paris

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Nicolas Provost Video still Gravity, 2007 Courtesy Argos

> Douglas Gordon Selfportrait of you + me (Françoise Dorléac and Jean-Claude Brialy) Montfavet, Août 2007 Burnt photograph on mirror 27.5 x 20 cm / 57.8 x 57.8 x 5.7 cm Courtesy lost but found, Yvon Lambert, Paris

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Nicolas Provost Video still Papillon d’Amour, 2003 Courtesy Argos

< Patty Chang Video still Fountain, 1999

Collection 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine, Metz (FR) Photo : Rémi Villaggi © P. Chang

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éric Rondepierre Je t’aime, je t’aime, 1998

Ilfochrome prints, 38 x 52 cm Courtesy galerie RX, Paris © SABAM Belgium 2012

> éric Rondepierre Couple, passant, 1998

Ilfochrome prints, 150 X 100 cm Courtesy galerie RX, Paris © SABAM Belgium 2012

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ĂŠric Rondepierre Confidence, 1998

Ilfochrome prints, 80 X 120 cm Courtesy galerie RX, Paris Š SABAM Belgium 2012

> Daniele Buetti How love myself, 2010

Perforated C-Print Courtesy Aeroplastics contemporary, Brussels

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Daniele Buetti I don’t like this lovestory, SIR! , 2009 Perforated C-Print Courtesy Hilger Contemporary, Vienna

> Ian BURNS A Promise of more, 2009

Fireglow light bulbs, magnifying glasses, wood Courtesy Hilger Contemporary, Vienna

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Capitaine Lonchamps Neige, 2010

Black & white photography painted with ink and acrylic on photographs of the movie by Hans Steinhoff « Un peu d’amour », with Madeleine Ozeray and Marcel André (1932) 28,5 x 25 cm Courtesy galerie Nadja Vilenne, Liège

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Capitaine Lonchamps installation view : Neige, 2010

Black & white photographs painted with ink and acrylic on photographs of the movie by Hans Steinhoff « Un peu d’amour », with Madeleine Ozeray and Marcel André (1932) 6 x 28,5 x 25 cm Courtesy galerie Nadja Vilenne, Liège

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Pierre & Gilles A Lover Spurned, 1989

Models: Marc Almond and Marie France Painted photography - unique piece Framed by the artists : 65,5 x 65,5 cm © Pierre et Gilles Courtesy galerie Jérôme de Noirmont, Paris

> Pierre & Gilles Les Cosmonautes, 1991

Models : Pierre et Gilles Painted photography - unique piece Framed by the artists : 130 x 156 cm © Pierre et Gilles Courtesy galerie Jérôme de Noirmont, Paris

> Pierre & Gilles Amour défunt, 2007

Models : Sylvie Vartan and Johnny Hallyday, Painted photography - unique piece Framed by the artists : 97,5 x 138,5 cm © Pierre et Gilles Courtesy galerie Jérôme de Noirmont, Paris

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Erwin Olaf Caroline Scene, 2007

Lambda print/diasec/wooden frame 100 x 177,8 cm Collection Flatland Foundation Courtesy Flatland Gallery, Utrecht/Paris

> Erwin Olaf Caroline Portrait, 2007

Lambda print/diasec/wooden frame 133 x 100 cm Collection Flatland Foundation Courtesy Flatland Gallery, Utrecht/Paris

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Erwin Olaf Troy Scene, 2007

Lambda print/diasec/wooden frame 100 x 177,8 cm Collection Flatland Foundation Courtesy Flatland Gallery, Utrecht/Paris

> Erwin Olaf Margaret, 2007

Lambda print/diasec/wooden frame 133 x 100 cm Collection Flatland Foundation Courtesy Flatland Gallery, Utrecht/Paris

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Elina Brotherus False Memory 1, from the series « Das Mädchen sprach von Liebe », 1999 Chromogenic Color Print, Edition 2/10, 70 X 88 cm Courtesy gb agency, Paris

> Elina Brotherus Love Bites 3, from the series « Das Mädchen sprach von Liebe », 1998 Chromogenic Color Print, Edition 2/10, 70 X 57 cm Courtesy gb agency, Paris et Collection privée

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Elina Brotherus My mother’s wedding dress, My father’s wedding suit, My mother’s funeral dress, 1997

Three cibachrome prints mounted on aluminium and one offset print on glass. Photographie : N. Fussler Courtesy Collection du Musée d’art moderne et contemporain de la ville de Strasbourg

> Elina Brotherus Love Bites 1, from the series « Das Mädchen sprach von Liebe », 1998 Chromogenic Color Print, Edition 2/10,70 x 57 cm Courtesy gb agency, Paris

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Nan Goldin Heart-shaped bruise, NYC, 1980 © Studio Nan Goldin

< Nan Goldin The hug, NYC, 1980 © Studio Nan Goldin

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Nan Goldin Rise and Monty kissing, NYC, 1988 Š Studio Nan Goldin

> Nan Goldin Cookie laughing , NYC, 1985 Š Studio Nan Goldin

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Patrick Carpentier Daylight, 2006 - 2011

polaroid 7,6 x 7,9 cm Courtesy Patrick Carpentier

> Patrick Carpentier Daylight, 2006 - 2011

polaroid 7,6 x 7,9 cm Courtesy Patrick Carpentier

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Jason Lazarus Untitled, parts of the installation « Too Hard to Keep » (Liège, Belgium), 2012 Courtesy Jason Lazarus and Andrew Rafacz Gallery, Chicago

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Willy del Zoppo Angleur, 2011, from the series «Les archives solipsistes» Silver gelatin black and white print, 40 x 40 cm Courtesy Willy Del Zoppo

> Willy del Zoppo Le Touquet, 2011, from the series «Les archives solipsistes» Silver gelatin black and white print, 40 x 40 cm Courtesy Willy Del Zoppo

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Moira Ricci 20.12.53-10.08.04 (mum hosing down), 2004-work in progress Lamda print on aluminium. Courtesy Galleria La Veronica, Modica

< Moira Ricci 20.12.53-10.08.04 (mum with her brothers and one cousin), 2004-work in progress Lamda print on aluminium. Courtesy Galleria La Veronica, Modica

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Sylvie Blocher Living Pictures / Les Témoins, 2010

Video installation 29’ HD color. No sound. Ed.1/3 Video filmed with 81 teenagers of Cidade Tiradentes favelas, Brazil Courtesy Gallery Nosbaum & Reding, Luxembourg

< Sylvie Blocher Living Pictures / For Ever, 2000

Video installation 17’ DV PAL, Ed. 1/3, color. Versions : French, Flemish, English, Hebrew, Arab House under construction Video filmed with the inhabitants of Brussels Courtesy © the artist

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Sylvie Blocher Urban Stories / To Andy Warhol, 2007 Video stills 4’56 DV PAL color. Ed.1/3 Courtesy © the artist

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Arnis Balcus Self-portrait with Anda, Riga, 2002, from the series ÂŤMyself, Friends, Lovers and OthersÂť, 2000-04

Pigment Print, 50 x 72 cm Courtesy Arnis Balcus

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Arnis Balcus Zane on balcony, Jelgava, 2002, from the series ÂŤMyself, Friends, Lovers and OthersÂť, 2000-04

Pigment Print, 50 x 72 cm Courtesy Arnis Balcus

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Arnis Balcus Liene on the floor, Riga, 2002, from the series ÂŤMyself, Friends, Lovers and OthersÂť, 2000-04

Pigment Print, 50 x 72 cm Courtesy Arnis Balcus

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JH Engström Blåbärshult, 1999, from the series « Trying to Dance » C-print from 4 x 5 negative Courtesy galerie VU’, Paris

< JH Engström from the series « Haunts », 2006 C-print from 135 mm Courtesy galerie VU’, Paris

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> JH Engström Rådom, 2000, from the series « Trying to Dance » Silvergelatin print from Polaroïd negative Courtesy Galerie VU’, Paris

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Thomas Chable Luna et Salomé, banc de Paolo, Stepennes from the series « Lettre à mes amis » Courtesy Thomas Chable > Thomas Chable Thier-à-Liège, mare aux joncs from the series « Lettre à mes amis » Courtesy Thomas Chable

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Sarah Mei Herman Koosje and Samuel, 2005

Analog color c-type print mounted on aluminim Courtesy Kahmann Gallery, Amsterdam

> Sarah Mei Herman Emily and Cecilson, 2005

Analog color c-type print mounted on aluminim Courtesy Kahmann Gallery, Amsterdam

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Michelle Sank Keyleigh, from the series « Young Carers », 2004 Matted and framed, 66 x 76cm Courtesy Michelle Sank

> Michelle Sank Joel, from the series « Young Carers », 2004 Matted and framed, 66 x 76cm Courtesy Michelle Sank

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Michelle Sank Untitled 3, from the series «Into the Arms of Babes», 2005 Matted and framed to size 26 x 30 inches Courtesy Michelle Sank

> Chris Verene The pregnancy test, 2004

Type C Print with handwritten caption in Oil Edition of Six Collection privée

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Chris Verene My cousin’s husband’s brother’s cousin’s cousins, 2002 Type C Print with handwritten caption in Oil Edition of Six Collection privée

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Chris Verene My mom visiting Dorothy, 2005

Type C Print with handwritten caption in Oil Edition of Six Courtesy Chris Verene

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JC Delalande Les tĂŠmoins, 2004-2006 Tirages chromogĂŠniques Courtesy Galerie Xippas

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Jean-Claude Delalande Le canotier, 2011

inkjet print, 32 x 42 cm. Courtesy Jean-Claude Delalande

< Chris Verene The Last Time The Three Sisters Saw Their Father, 2000 Type C Print with handwritten caption in Oil Edition of Six Collection privĂŠe

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Jean-Claude Delalande Les courses, 2007

inkjet print, 31 x 31 cm Courtesy Jean-Claude Delalande

> Jean-Claude Delalande Bord de mer, 2003 inkjet print, 31 x 31 cm Courtesy Jean-Claude Delalande

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Hubert Marécaille et Michelle Naismith Video still Love in the Life Quotidian Chapitre IV, 2011 © Hubert Marécaille et Michelle Naismith / Les films du dimanche / Bruxelles 2011

Hubert Marécaille et Michelle Naismith Video still Love in the Life Quotidian Chapitre III, 2011 © Hubert Marécaille et Michelle Naismith / Les films du dimanche / Bruxelles 2011

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Hubert Marécaille et Michelle Naismith Video still Love in the Life Quotidian Chapitre VI, 2011 © Hubert Marécaille et Michelle Naismith / Les films du dimanche / Bruxelles 2011

Hubert Marécaille et Michelle Naismith Video still Love in the Life Quotidian Chapitre I, 2010 © Hubert Marécaille et Michelle Naismith / Les films du dimanche / Bruxelles 2011

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Miyoko Ihara from the series «Misao and Fukumaru» inkjet print, framed Courtesy Miyoko Ihara

< Miyoko Ihara from the series «Misao and Fukumaru» inkjet print, framed Courtesy Miyoko Ihara

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François-Xavier Courrèges Video stills Another Paradise, 2005 Courtesy galerie Sultana, Paris

< Miyoko Ihara from the series «Misao and Fukumaru» inkjet print, framed Courtesy Miyoko Ihara

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Sibylle Fendt from the series « Gärtners Reise (Gärtners’ Voyage)» , 2008 86

Framed photograph (inkjet-print) behind glass, 53 x 69 cm Courtesy Sibylle Fendt


Sibylle Fendt from the series « Gärtners Reise (Gärtners’ Voyage)» , 2008 Framed photograph (inkjet-print) behind glass, 53 x 69 cm Courtesy Sibylle Fendt

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Chrystel Mukeba Portrait, 2009, from the series ÂŤConfrontationsÂť Inkjet print, framed, 40 x 50 cm Courtesy Chrystel Mukeba

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Chrystel Mukeba Portrait, 2011, from the series ÂŤConfrontationsÂť Inkjet print, framed, 40 x 50 cm Courtesy Chrystel Mukeba

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Angel Vergara Film still Deux corps amoureux (performance, 2004) Courtesy Stella Lohaus, Anvers

< Roland Fischer N27, from the series « Nuns and Monks », 1985 C-print diasec, 170 x 120 cm Courtesy galerie Sollertis, Toulouse

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Sam Taylor-Wood video still Pietà, 2001

35mm film/DVD Courtesy White Cube Art, London and the artist

< Roland Fischer N01, from the series « Nuns and Monks », 1984 C-print diasec, 170 x 120 cm Courtesy galerie Sollertis, Toulouse

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HANGAR B9

ECOLE SUPERIEURE DES ARTS St-LUC Boulevard de la Constitution, 41 | B- 4020 Liège

FROM HOLLAND WITH LOVE Koos BREUKEL

KOMEN & MURPHY Paul KOOIKER

Julika RUDELIUS Martine STIG

Andrea STULTIENS

Useful Photography Ed VAN DER ELSKEN

Bertien VAN MANEN

En partenariat avec le Nederlands Fotomuseum de Rotterdam / In collaboration with the Nederlands Fotomuseum in Rotterdam.

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Een liefdesgeschiedenis in Saint-Germain des Prés (littéralement en français, « Une histoire d’amour à Saint-Germain des Prés », qui a été traduit en anglais sous le titre Love on the Left Bank), publié en 1956, est le premier livre du photographe néerlandais Ed van der Elsken (1926-1990). Basé sur l’idée du roman photo, ce livre révolutionnaire combine un reportage en noir et blanc et une histoire d’amour fictive. Van der Elsken a réalisé ce livre avec le graphiste Jurriaan Schrofer, fortement influencé par le cinéma et la musique, le jazz en particulier. La mise en page cinématographique et « jazzy » du livre, proposée par Schrofer, s’accorde bien au style photographique intime et vivant de van der Elsken. L’histoire racontée par le livre, pour l’époque, était très peu conventionnelle : les jeunes gens, acteurs du roman-photo, semblent passer leur vie exclusivement dans les bars et les cafés, en buvant, fumant, en se battant et en faisant l’amour. Le récit n’a pas non plus de happy end. Le livre a d’ailleurs provoqué des controverses aux Pays-Bas au moment de sa publication, dans une période de reconstruction où le pays était complètement imprégné de l’atmosphère optimiste, soignée et proprette de l’après Deuxième Guerre mondiale. Néanmoins l’ouvrage est devenu mondialement célèbre et subsiste, pour les photographes néerlandais à tout le moins, comme une référence importante en matière de représentation photographique de la jeunesse, de sa culture et de l’amour. Van der Elsken s’est tellement consacré, au long de sa carrière, au thème de l’amour qu’en 1995, le graphiste Anthon Beeke a pu faire un livre entier sur ce sujet, rien qu’en choisissant des images issues des archives de van der Elsken : cette recherche aboutira à l’ouvrage L’ Amour. Le travail de van der Elsken met aussi bien en évidence à quel point il aimait les images : il n’a quasiment jamais cessé de produire des films ou de faire des photographies. Ses très nombreux livres en témoignent, depuis l’ouvrage initial cité ci-dessus jusque, par exemple, Sweet Life (1966) et Jong Nederland. Adorable rotzakken (1947-1987) (que l’on pourrait traduire par « La jeune Hollande. Adorables vauriens » ). L’œuvre de van der Elsken est au centre de la photographie néerlandaise d’après-guerre

par sa qualité, son importance et sa réputation internationale. Pour l’exposition From Holland with Love, le livre Een liefdesgeschiedenis in Saint-Germain des Prés, est le point de départ d’une sélection de travaux d’artistes hollandais contemporains sur le thème de l’amour qui reflètent autant la bravoure de van der Elsken que les aspects variés de la question amoureuse qu’il explore dans son livre : l’intimité, le voyeurisme, le sexe, le machisme, l’amitié, la drogue, la vie nocturne, etc.

After (1998) de Martine Stig, est une courte série de cinq grands portraits couleur de couples juste après qu’ils ont fait l’amour. Ce travail interpelle quant à l’élection que deux personnes font l’une de l’autre (les deux partenaires sont-ils bien assortis ?) et nous confronte avec les corps qui sont au centre de cette expérience existentielle que l’on appelle l’amour. Dans Give me your image (2008), Bertien van Manen présente une série d’instantanés en couleurs qu’elle a réalisés chez différentes personnes. Elle a photographié les portraits, le plus souvent sous cadre, installés dans le salon ou la chambre à coucher. Ce travail exprime l’amour familial ou amical, à travers les images des êtres chers que l’on conserve et garde à nos côtés.

A.P. Komen et Karen Murphy présentent Love Bites (1998), une vidéo sous forme de roman-photo dans lequel un jeune couple se dispute au sujet de leur relation. Les dialogues, tirés des scénarios de séries télévisées, se combinent avec de nouvelles images, rejouées par les deux acteurs, des scènes originales des feuilletons. Le dixième numéro du magazine Useful Photography traite de la photo de mariage telle que trouvée sur Internet. Cette collection cosmopolite de photos de mariage reflète ce qui est communément considéré comme « le plus beau jour de la vie » et l’aboutissement final de l’amour.

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Avec sa série de dias couleur trouvées, Andrea Stultiens raconte l’histoire d’un couple anonyme qui s’est rendu chaque année en vacances dans les Alpes. Ils posent ensemble, enlacés dans des attitudes amoureuses, au cœur d’un paysage de montagne idyllique, année après année. Cette série, intitulée Komm, mein Mädchen, in die Berge (Viens, ma chérie, à la montagne) est un document intime, très personnel, d’une relation de couple qui a duré toute une vie.

Pour la vidéo One of Us (2011), Julika Rudelius a filmé les conversations privées de différents couples. Rudelius place le spectateur dans une position de voyeur et joue avec notre croyance et notre incrédulité, avec la vérité et la fiction.

Hunting and Fishing (1998) est une série d’images idylliques de filles nues qui courent en pleine nature. L’artiste Paul Kooiker joue ironiquement avec la figure ancienne de l’homme comme chasseur de femmes. Nous voyons ces femmes nues courir dans divers paysages, à travers le point de vue du regardeur, du chasseur imaginaire.

Sur une période de plusieurs années, le portraitiste Koos Breukel a pris quotidiennement l’image de son ami photographe Eric Hamelink. Faire une photo était pour lui l’expression de leur grande amitié. à un certain moment, Hamelink est tombé gravement malade mais Breukel a continué à le photographier sur son lit d’hôpital et jusqu’à très peu de temps avant sa mort. La série éric s’est clôturée en 1998. Frits Gierstberg Nederlands Fotomuseum, Rotterdam

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Note : les archives photographiques d’Ed van der Elsken sont conservées au Nederlands Fotomuseum de Rotterdam. Eric, de Koos Breukel, appartient aux collections du Nederlands Fotomuseum.


Ed Van der Elsken Š Ed van der Elsken / Nederlands Fotomuseum Courtesy Annet Gelink Gallery, Amsterdam

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Ed Van der Elsken Š Ed van der Elsken / Nederlands Fotomuseum Courtesy Annet Gelink Gallery, Amsterdam

< Ed Van der Elsken Š Ed van der Elsken / Nederlands Fotomuseum Courtesy Annet Gelink Gallery, Amsterdam

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Julika Rudelius Video stills One of Us, 2011

Courtesy Galerie Reinhard Hauff, Stuttgart

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Paul Kooiker from the series « Hunting and Fishing », 1999 Courtesy Galerie Van Zoetendaal, Amsterdam

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Paul Kooiker from the series « Hunting and Fishing », 1999 Courtesy Galerie Van Zoetendaal, Amsterdam

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A.P. Komen & Karen Murphy Video stills Love Bites, 1998

Courtesy A.P. Komen & Karen Murphy

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Martine Stig from the series « After », 1998

Courtesy Motive Gallery, Amsterdam

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Martine Stig from the series « After », 1998

Courtesy Motive Gallery, Amsterdam

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Koos Breukel Amsterdam, 1985, from the series « The thoughless Kind/Daydreamer Photographic fundaments for memories of Eric Hamelink, 1989-1995 » Collection Nederlands Fotomuseum

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Koos Breukel Amsterdam, 1989, from the series « The thoughless Kind/Daydreamer Photographic fundaments for memories of Eric Hamelink, 1989-1995 » Collection Nederlands Fotomuseum

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Bertien Van Manen Sofia, 2002, from the series « Give me your image », 1998 Courtesy camera galerie, Paris

> Bertien Van Manen Belgrade, 2002, from the series « Give me your image », 1998 Courtesy camera galerie, Paris

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Andrea Stultiens from the series « Komm, mein Mädchen, in die Berge », s.d Courtesy Andrea Stultiens

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Useful Photography Wedding Photographs, 2011

KesselsKramer Publishing and Centre culturel de Liège « Les Chiroux » have tried its utmost to find the sources of the imagery featured in this publication. However this has been unsuccessful in some cases. Please contact KesselsKramer/or BIP2012 in case you have questions.

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LES BRASSEURS / L’ANNEXE En Féronstrée, 105 | B - 4000 Liège

NEXT OF sKIN / à FLEUR DE PEAU Sandra ANCELOT

Anne-Catherine CHEVALIER Lara GASPAROTTO Hervé GUIBERT

Patricia KAISER Sabine KOE

Jean-Claude LOUBIERES PURPOSE / desire

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Que dire de l’amour, qui n’ait déjà été dit mille fois, et mieux ? Que dire de lui en quelques mots qui ne soient pas soit une grosse bêtise, soit un postillon dérisoire et tout à fait insuffisant ? Comment dire l’amour, et quel amour ?, en quelques images, même si elles valent – prétendument – mille mots ?

D’un sujet aussi inépuisable, incommensurable, impossible de faire le tour : qui trop embrasse mal étreint. Mieux valait dès lors aborder cet horizon par petites touches, de gestes feutrés en lueurs éparses. L’exposition de l’Annexe et des Brasseurs fait d’ailleurs la part belle au toucher, à la proximité, à l’intimité jusque dans son titre. Avec la peau, la photographie partage en effet le grain et l’intitulé Next of skin / À fleur de peau ne cherche pas à dissimuler sa polysémie. Repartir des mots, malgré tout ?…

« Next of kin » désigne en anglais américain, de façon assez précise sur un plan légal, un proche parent voire, en cas de legs ou d’héritage, le plus proche parent. En anglais d’Angleterre, il désigne un « proche » (pas forcément parent) et l’acception recouvre un lien assez vague, quoique fort. Next of Kin est par ailleurs le titre d’un beau film d’Atom Egoyan (1984) à propos des liens familiaux, composant avec Family Viewing une sorte de diptyque… Accolé au S, plus ou moins visible ou palpable, « Next of skin » désignerait alors quelque chose comme « proche de la peau » (skin) ou peau contre peau, à fleur de peau… Repris par des visagistes, des tatoueurs, des groupes de rock, le jeu de mots lui-même n’est pas absolument neuf mais il peut désigner ce tremblement, cette fragilité de l’image-feuille qui sépare un épiderme d’un autre, la possibilité de l’échange ou de la rencontre, une palpitation qui ne se voit pas mais qui pourtant se répercute, perdure, influe, existe, et ne se laisse pas plus aisément définir que contester. Elan et attirance, aussi impalpables et volatiles que les photons eux-mêmes…

L’amour, le désir, Hervé Guibert les a toujours placés au cœur de l’acte photographique, comblant ses lacunes et ses actes manqués par l’écrit, saisissant avec pudeur la douceur d’une lumière comme la cruauté d’un mot. L’amitié baigne toute chose – tout comme chez Lara Gasparotto, qui prend à larges couleurs, dans des palettes soutenues, le pouls d’une énergie jeune, libertaire, débridée, d’une complicité qui fait fi du jugement moral. Anne-Catherine Chevalier scrute, à même les surfaces (faciès, traits, vêtements, langage muet du corps) les liens de filiation, l’expression d’une féminité, voire le respect d’une norme sociale. Jean-Claude Loubieres renverse les codes du portrait de famille, les évide et les propulse dans un imaginaire vierge. Patricia Kaiser questionne l’étrange aventure qui advient à l’individu lorsqu’il devient couple – ne serait-ce qu’en image, ne serait-ce qu’à l’image – et l’étrange impossibilité de dire je, de dire l’autre voire, de l’extérieur, de les identifier comme consciences (forcément incarnées dans un visage) distinctes. Sandra Ancelot fait de la cérémonie du mariage, ou de son apparat, de son décorum, l’enjeu d’un nouvel envol, inédit. Sabine Koe est attentive, au jour le jour, à la fragilité de ces instants qui lient deux êtres ou les séparent, qui les apaisent ou les blessent : l’image y a son rôle à jouer. Tous nous parlent du lien, que nous reconnaîtrons dans la mesure où nous le faisons nôtre. Et le magazine en ligne Purpose, qui proposait en 2010, sous la houlette de Paul Demare, un numéro spécial collectif sur le thème du désir, complète cette proposition à multiples facettes, à travers une série éclectique de portfolios de jeunes créateurs venus d’horizons divers, reconnus ou encore méconnus. Affichés jusqu’à la provocation, mis en doute jusqu’au seuil d’une douleur, recueillis comme une eau précieuse, celés comme un dangereux secret, c’est à travers ses signes que l’amour existe – fort heureusement on a renoncé à lui demander des preuves, tout

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comme à la photographie. Des signes qui, sans cesse, nous renvoient à nos propres questions, nos propres émotions. Ce sont autant de chambres d’amour, désertes ou profondément habitées, les deux peut-être, que nous traversons.

Car, dernière note à propos de la notion de distance : puisqu’elles s’adressent à nous depuis leur statut d’images, parce qu’elles vont au-devant de l’amour en tant qu’image, probablement ces photographies pourront-elles nous sembler à la fois formidablement proches et terriblement lointaines. Il est là question de sensibilité, à coup sûr. De sensibilité de peau. Blessure, caresse, invitation, ou tout simplement miroir à qui, comme souvent, nous serions tentés de vouloir faire dire trop, beaucoup trop de choses… Emmanuel d’Autreppe Les Brasseurs / L’Annexe

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Jean-Claude LOUBIERES From the series «Family Portraits», 2006 Inkjet print on canvas Courtesy Jean-Claude Loubières

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Anne-Catherine Chevalier Anne, Mila, Dorothée, Nicole, 2009 from the series « Mothers and Daughters » Courtesy Anne-Catherine Chevalier

> Anne-Catherine Chevalier Anne et Elisabeth, 2009 from the series « Mothers and Daughters » Courtesy Anne-Catherine Chevalier

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Anne-Catherine Chevalier Louise, Muriel, 2009 from the series « Mothers and Daughters » Courtesy Anne-Catherine Chevalier

> Anne-Catherine Chevalier Nicole, Annette, 2010 from the series « Mothers and Daughters » Courtesy Anne-Catherine Chevalier

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> Patricia kaiser Untitled, 2008 (Remake 1, 2012) inkjet print on dibond, 100 x 120 cm Courtesy Patricia Kaiser

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HervĂŠ guibert Amsterdam II, 1982

Analog vintage print Courtesy galerie Agathe Gaillard, Paris

< Patricia kaiser Untitled, 2008 (Remake 1, 2012) inkjet print on dibond, 100 x 120 cm Courtesy Patricia Kaiser

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Hervé guibert Autoportrait à New York, 1981

Analog vintage print. Courtesy Galerie Agathe Gaillard, Paris

> Hervé guibert Eugène et les églantines, 1988

Analog vintage print. Courtesy Galerie Agathe Gaillard, Paris

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Lara gasparotto Margaux, Los Angeles, 2011

Courtesy Lara Gasparotto/Galerie Stieglitz 19, Anvers

> Lara gasparotto Plage abandonnĂŠe, Gdansk, 2010

Courtesy Lara Gasparotto/Galerie Stieglitz 19, Anvers

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Lara gasparotto Margaux, Los Angeles, 2011

Courtesy Lara Gasparotto/Galerie Stieglitz 19, Anvers

> Lara gasparotto Liyo Shengsi, China, 2011

Courtesy Lara Gasparotto/Galerie Stieglitz 19, Anvers

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PURPOSE Still from slideshow DESIRE (Kohei Yoshiyuki, from the series « The Park ») PURPOSE photo web mag, Spring 2010

(with Katherine Wolkoff, Jen Davis, Nobuyoshi Araki, Marisa Portolese, Jean-Christian Bourcart, Romain Courtemanche, Todd Hido, Mark Ruwedel, Robert Adams, von Gloeden & von Plüschow, Anonymes / Anonymous, Leonie Purchas – music by Seijiro Murayama).

> Sandra Ancelot Video still Vol, 2003, from the trilogy « Les contre-voix amoureuses »

(Vol, 2003, was presented at Les Brasseurs ; La contre-voix amoureuse chapitre 1, 2012 présented at BIP2012 ; La contre-voix amoureuse chapitre 2, 2012 presented at la galerie La Non-Maison, Aix-en-Provence.) Courtesy galerie La Non-Maison, Aix-en-Provence.

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Sabine Koe from the series « Barfuss », 2011 Courtesy Sabine Koe

> Sabine Koe Image 02, 2009 from the series « Essentials 01» Courtesy galerie NKA, Bruxelles

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> Sabine Koe image 09, 2009, from the series ÂŤ Essentials 01Âť Courtesy galerie NKA, Bruxelles

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MADmusée

Boulevard d’Avroy, s/n | B - 4000 Liège

RUMoURS / RUMeURS Morton BARTLETT Lee GODIE LOULOU

Miroslav TICHÝ

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Dans ces rumeurs, la fiction et la réalité se troublent mutuellement jusqu’à faire image. Comme si la réalité n’avait en soi aucune importance. Dans les anecdotes biographiques de ces artistes, on comprend que la fiction et la réalité ne font qu’un. Non que ce brouillage soit pour eux une pose ou un jeu intéressant, mais parce que c’est beau. La réalité de ces artistes n’était ni plus ni moins intéressante que n’importe quelle autre réalité. Mais tous ont décidé qu’ils ne pouvaient pas quitter le monde sans avoir dit quelque chose.

Morton Bartlett développa son travail sans jamais le montrer au public. Au contraire, il créa cette réalité, cette fiction, chez lui, à l’abri des regards. Comme un journal intime dans lequel on écrit ses histoires. Non pour les dévoiler maintenant mais dans l’espoir qu’un jour quelqu’un les lira et en percera le mystère. Ce délai dans l’interprétation autonomise complètement le travail de Bartlett de sa personne. Par contre, cela tisse plus intimement les liens entre ses créations et l’histoire de sa vie. Voilà comment la fiction, la narration, la réalité et l’interprétation forment une combinaison très fragile mais efficace lorsqu’on les confronte aux images. Le fait que ces images représentent une réalité qu’il fabriquait de ses mains – la réalité des poupées – ajoute un élément supplémentaire à la combinaison.

La vie de Lee Godie fut une recherche permanente de reconnaissance et d’attention. Dans les rues de Chicago, elle développa une stratégie qui allait bien au-delà de sa réalité. Sa fiction relève du « as if » (« comme si ») de l’artiste. Elle proposait ses dessins « comme si » elle était une artiste, elle les vendait « comme si » elle était artiste, se représentait « comme » une artiste et, faisant cela, elle en devint une. Son travail peut être vu comme une ode au fictionnel, à la pensée magique du «comme si». Dans ses autoportraits photographiques, Lee Godie crée explicitement cette illusion en se mettant en scène comme une artiste à succès. Les nombreuses anecdotes rapportées par ceux qui la croisèrent dans les

rues de Chicago confirment cette volonté obstinée d’être ce qu’elle était tout en se créant un personnage dans le même temps. Comme l’a dit l’artiste hollandais Mark Manders : « Je crois qu’il est important que les gens jouent avec la fiction comme si c’était la réalité, malgré le fait qu’on n’oublie jamais que c’est de la fiction » 1.

La vie de Louise Tournay, infirmière dans un hôpital pour enfants cancéreux, fut éprouvante. Elle fut confrontée à la mort et à la maladie d’enfants. Ses collègues lui connaissaient un don singulier pour masser les corps juste trépassés, en préparation de leur passage à la morgue. Elle accomplissait cette tâche ingrate avec justesse et dévotion, mais cela eut sans aucun doute un profond impact sur elle. Le travail de Loulou a été découvert tardivement. Son mari n’appréciait pas que sa femme crée ces objets. Lui qui aimait pourtant la littérature et la poésie et qui travaillait comme éditeur à Liège, n’a pas supporté que son épouse Louise Tournay développe sur le tard une passion pour la sculpture, sous le pseudonyme de Loulou. Contrairement aux autres artistes de l’exposition, Loulou pratiqua principalement la sculpture. Elle louait une petite maison et, chaque jour, marchait à travers le quartier Ste-Marguerite pour aller travailler à ses statuettes. Pour Loulou, ses créatures étaient vraiment là, tout autour d’elle, « comme si » elles étaient réelles. Et elles l’étaient. Un univers entier de petites créatures imaginaires prit rapidement possession de son atelier, mais l’espace privé qu’elle partageait avec son mari est resté un territoire interdit à cet aspect de sa personnalité. Les yeux de Miroslav Tichý occupent un tout autre point d’observation que ceux des trois artistes précédents. Contrairement à Bartlett, Godie ou Loulou, il n’a pas choisi le combat au grand jour, ni le secret d’une vie parallèle pour développer sa fiction dans sa réalité. Il marchait le long des clôtures des parcs, dans l’ombre des trottoirs ou à l’abri des buissons. Dérobant des images de la réalité de sa ville pour les utiliser dans son espace imaginaire, un univers 1

Catalogue The absence of Mark Manders, Hatje Cantz, 2007, p. 22

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de jambes et pantalons étroits, de bikinis et de selles de vélos. Prendre des photos, les emporter chez soi, les développer et ensuite les laisser là. Comme un chasseur qui emporte le gibier dans sa hutte. Sa position voyeuriste est essentielle à la photographie en tant que médium. La caméra est la serrure à travers laquelle le photographe scrute le monde. Il n’en fait pas partie, il est derrière la caméra. Pour citer Diane Arbus : « J’avais toujours pensé la photographie comme une occupation vilaine – c’était là un de mes sujets de réflexion favoris, et je me suis sentie vraiment perverse la première fois où je m’y suis livrée ». Le travail de Tichý est le fruit de cette relation – vécue à travers sa caméra – entre sa personne, les femmes et la ville. Pierre Muylle MADmusée

> Miroslav Tichý Untitled, undated (7-2-66)

Reworked b&w silvergelatine print on baryt paper, framed. Dimensions unframed: 18 x 12,9 cm. Courtesy Kewenig Galerie, Cologne

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Miroslav TichĂ˝ Untitled, undated (7-11-50)

Reworked b&w silvergelatine print on baryt paper, framed. Dimensions unframed 18 x 10,2 cm. Courtesy Kewenig Galerie, Cologne

< Miroslav TichĂ˝ Untitled, undated (5-2-182)

Reworked b&w silvergelatine print on baryt paper, framed. Dimensions unframed 22,8 x 11,2 cm. Courtesy Kewenig Galerie, Cologne

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Morton BARTLETT Girl Reading Framed 80 x 60 x 4 cm Collection of Barry Sloane, Los Angeles. Courtesy of Rosamund Felsen Gallery, Santa Monica, California. © The Bartlett Project, LLC.

< Morton BARTLETT Girl in Yellow Sunsuit Framed 80 x 60 x 4 cm Collection of Barry Sloane, Los Angeles. Courtesy of Rosamund Felsen Gallery, Santa Monica, California. © The Bartlett Project, LLC.

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Lee Godie 7 A.M Photo booth Courtesy Carl Hammer Gallery, Chicago, Illinois, USA

Lee Godie Be My Valentine Photo booth Courtesy Carl Hammer Gallery, Chicago, Illinois, USA

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Loulou Untitled (sculpture n°480), undated (before 1998) clay statue, 11.5 x 11.5 x 5 cm, © Brigitte Van Den Bossche.

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LA CHATAIGNERAIE

CENTRE WALLON D’ART CONTEMPORAIN

Chaussée de Ramioul, 19 | B - 4400 Flémalle

ADORATION / AMOUR AU PLURIEL La Châtaigneraie présente une double exposition dont le fil rouge est le collectif de photographes belges Out of Focus. Out of Focus regroupe Pauline Beugnies, Colin Delfosse, Thomas Freteur, Alice Smeets et Thomas Vanden Driessche. Ensemble, avec leur regard singulier, ces photographes documentent diverses questions de société – la culture, la pauvreté, le développement – ainsi que les conflits politiques ou environnementaux de façon à produire un témoignage constant de la cruauté et de la beauté auxquelles l’humanité est confrontée chaque jour. Adoration

L’amour : sentiment propre à l’être humain qui, tout comme la raison, le distingue du règne animal. Déraison qui pousse l’homme à chercher un amour supérieur et plus absolu dans le divin. Le collectif de photographes documentaires Out Of Focus s’est plongé dans les diverses représentations et manifestations de cet amour transcendant les barrières physiques pour s’élever vers le spirituel. Amour porté par les fidèles aux représentations divines pour les uns. Iconoclasme intransigeant pour les autres dans un souci de préserver la pureté du monothéisme et éviter toute forme d’idolâtrie. Dieu, Allah ou Yahvé, le Saint Esprit, l’Immaculée Conception ou le retour aux puissances occultes de nos ancêtres celtes et au milieu de tout cela, des hommes et des femmes tentant de vivre des amours bien terriens sans offusquer l’amour supérieur émanant du divin. Amour au pluriel

Douze jeunes Belges issus de différentes Maisons de Jeunes (MJ) ont répondu à l’invitation de la Fédération des Maisons de Jeunes en Belgique francophone (FMJBF), coordinatrice du projet. 150

Ces jeunes ont travaillé ces derniers mois avec les photographes du collectif Out of Focus et leurs animateurs photo (ateliers hebdomadaires en MJ) sur la thématique de BIP2012. Parallèlement, le collectif a mené des ateliers analogues en Haïti, dans le contexte de la mission photographique qu’il mène là-bas depuis plusieurs années.

Deux ateliers photo, deux groupes de jeunes travaillant sur un même thème : l’Amour. Haïti, où l’amour et la passion résonnent à chaque instant ; où la survie aux désastres est une ode à ceux qui nous sont chers et où la tendresse s’invite dans la célébration de la mort. Exubérant, puissant et quasi transcendantal, l’amour y est une religion. A 7500 km de là, on découvre un écho aux thèmes choisis par les Haïtiens. Source d’inspiration, ces thèmes entrent dans un dialogue et rebondissent dans les esprits des jeunes Belges. Qu’il soit le lien entre des sœurs jumelles, l’attachement à son animal de compagnie ou le plaisir d’un bain, les jeunes Belges tentent de nous montrer des pans de l’amour et de son expression. On retrouve des intensités particulières qui nous ouvrent les yeux sur un fait tout simple : si l’amour est complexe et paradoxal, il est aussi universel.

L’exposition montre donc les résultats croisés de ces deux démarches menées dans des contextes radicalement différents.

Les MJ partenaires sont : le Centre de Jeunes et de Quartier La Bicoque, la Maison des Jeunes de SaintGeorges et la Maison des Jeunes de Florennes. Julie David de Lossy Thomas Vanden Driessche (Out of Focus) Marie Pirenne (FMJBF) et Marie-Hélène Joiret (La Châtaigneraie)


Colin delfosse Fidèles de l’Eglise Chrétienne Union Saint Esprit en République Démocratique du Congo Copyright Colin Delfosse / Out of Focus

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Tara levros Les jumelles, Ha誰ti

Copyright Tara Levros

> Ga誰d Prigent Amour du Bain (Centre de Jeunes et de Quartier La Bicoque)

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DANS LA RUE / IN THE STREET

Y’a de l’amour en l’air Pour le projet Y’a de l’amour en l’air, un vaste appel à la population de Liège demandait aux habitants de proposer une photo d’amour, tirée de leurs albums de famille. Ce sont plus de 200 photos qui ont été soumises à un jury. Soixante-trois d’entre elles ont été sélectionnées pour être tirées en grand format et suspendues dans les rues de la ville pendant la Biennale. Le jury a également élu cinq images récompensées par des prix spéciaux. Le public était invité à voter pour sa photo préférée via notre partenariat avec RTC – Télé Liège, la télévision locale qui a diffusé les images sur son site internet. Merci à tous les participants !

Prix de l’amour inattendu Camille Fong Prix de l’émotion Philippe Delaive Prix des deux plus belles photos de mariage Filippo Contorno et Véronique Marit

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Grand Prix du Jury Antonella Favero

Prix du public Thierry vanroy

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DANS LA RUE / IN THE STREET

Rue de la joie : Georges Thiry Georges Thiry (1904-1994) est un photographe liégeois autodidacte, grand ami des surréalistes et ayant fait l’objet en 2001 d’une rétrospective au Musée de la Photographie à Charleroi. Georges Thiry a réalisé entre autres des photos de ses confidentes et amies prostituées. Ces magnifiques images en noir et blanc, où l’humour et la tendresse sont constamment présents, confèrent aux portraits une exceptionnelle dimension d’humanité.

Une sélection de ces portraits est présentée à travers la ville dans les « sucettes Decaux » habituellement dévolues aux messages publicitaires. Parfaitement en phase avec le thème de BIP2012, ces images prises dans les années 50 et 60 tranchent radicalement, tant au niveau de la représentation de la femme que de la forme, sobre et documentaire de Georges Thiry, avec le style souvent outrancier, coloré et parfois obscène des codes de la publicité. Apposer dans ces espaces codifiés des images qui ne respectent pas les conventions du signal publicitaire, c’est provoquer un étonnement, un arrêt. Ce dispositif de présentation se veut à la fois un hommage au travail de Georges Thiry et un hommage rendu à ces femmes de la rue, les bien nommées « filles de joie »…

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p. 157 > 160 Georges thiry Collection privée Courtesy Musée de la Photographie à Charleroi

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english version of the texts If I begin with love… The aim of the International Biennial of Photography and Visual Arts, Liège – celebrating this year, between wood and tin, its 8th anniversary – is above all to cause emotion. Without this intimate fluid, without this interior chaos both great and small and without this movement of revolt, curiosity or carefree abandon, thought, commitment and pleasure go unheeded.

BIP2012 confirms this desire, especially as the chosen theme – the question of love – naturally places emotions at the heart of the matter. A rich and diverse edition for which a thousand suggestions would not be sufficient to break down what at first glance seems to be a simple play on words: “images of love, love of the image”.

The first part embraces a complex intention causing us to see our most tender memories and most intimate emotions in both still and animated images, sometimes lucidly and sometimes ambiguously. We took on the risk of such a project knowing it was already, and always would be, incomplete. The second part is no more complete, because although it is the theme of love that constitutes the breadcrumbs of our path, the vital key to the BIP2012 is the photographs of our era. Our desire, then, is to share with you the remarkable figures of visual creation from the twentieth and twentyfirst centuries, albeit non-exhaustive and without pretence of completeness. We share this project with various cultural operators from both Belgium and abroad, and the diverse array of exhibitions on offer reflect the temperaments of the different curators. The varied inclinations allow the audience to approach the theme from multiple points of view and supplementary sensibilities particular to a question as infinitely unresolved as love. It also enables us to exhibit work from a wide panel of artists in several places.

As the volume of the MAMAC enables a wide programme, the “Chiroux” cultural centre of Liège, organiser and coordinator of the BIP2012, plans to give a contrasted preview of images of love, as well as the love of the image. Les Brasseurs/L’Annexe have opted for a more intimist atmosphere, dedicated to proximity and the link to the MADmusée, who will be focussing on four artists who are quite literally ‘out of the ordinary’ as regards their personality and their creative approach. Our foreign partner, the Nederlands Fotomuseum in Rotterdam is hypothesising a filiation originating in the tutelary figure of photographer Ed van der Elsken to branch out and show various contemporary artists. This exhibition, entitled From Holland With Love teaches us about both love and contemporary photographic and videographic creation

in The Netherlands. La Châtaigneraie - Centre wallon d’Art contemporain will once again be working with the Fédération des Maisons de Jeunes en Belgique francophone to join forces with the photographers’ collective Out of Focus to put forward two exhibitions. One reveals a joint Haitian-Belgian perspective on the theme, concocted by young Belgians and Haitians living 7,500 km apart. For the other exhibition, the Out of Focus group members discuss Adoration through communities from several continents. The Galerie Satellite, gravitating between the Chiroux and the Grignoux strays from the beaten path with the help of the extravagant duo Cravat & Bada. Finally, within the framework of the competition love is in the air, the burning city is welcoming images of love from the people of Liège; these images will be displayed for the occasion in the streets of the city centre. Also in the public arena we will be confirming our love of images by showing the magnificent tribute to ladies of the night by the Liegeois Georges Thiry (1904 – 1994) to complete the event. The catalogue in hand attempts to debrief the reader on the different points of view, the quality of the artists selected and the additional facets of this Biennial. This attempt has its own limits: the volume of a book cannot completely cover a project which is carried out in time, in space and in relation to others. But we believe that this attempt was worth materialising, if only in memory of what has been done, a personal diary enabling us to relive what we have lived. And as we are invoking life, let us continue in the tracks of Baudelaire who wrote, « if I begin with love, it is because love is for everyone – and they will deny it in vain – the greatest thing in life ! » Lucien Barel Anne-Françoise Lesuisse

HACKING THE IMAGES OF DESIRE « Art does not reproduce the visible; rather, it makes it visible » (Paul Klee)

The purpose of photography is to fix the fleeting and multiple reality – neatly elusive – in a captured gesture bestowed upon the concupiscence or the morbid delight of the loveraesthete. The artist is obviously aware that it is impossible to grasp through the image anything more than a trace, a ghost, spectrum or transitional object that leads us to feel the space between the world and ourselves. And that is why the artist insists on producing images, compulsively following the phatic function of the image: to maintain contact with reality in the form of reports, testimonials or archival evidence; anything, in fact, that enables us to hang onto, or

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not be outdone by, reality. On the other hand, he may produce images rather sparingly, as if to remind us of the value and rarity –perhaps the vanity – of an image endowed with presence; that is to say, neither a pretence of, nor a substitute for, reality as a snapshot or a reflection of the flow of life, but, like any work of art, a form of visual expression showing the co-construction of a mental image which did not exist in the world and which adds itself onto it by revealing the world in a different light. Everyone knows that a portrait – exactly like a landscape, still life or any other photograph – is primarily, if not exclusively, a portrait of the photographer whose view of the world will affect the way we look upon the world (suffice it here to recall Henri Cartier-Bresson, Robert Mapplethorpe, Larry Clark, Ed van der Elsken, Nan Goldin, Nobuyoshi Araki, Terry Richardson and Wolfgang Tilmans among many others). I have never carried pictures of my lovers in my wallet. Just a miniature portrait of Sarah Bernhardt by Nadar as a ticket !

Following the antimetabole, the figure of potential rhetoric favourable to generating paradoxes, The rhetorical potential follows the antimetabole to bring about paradoxes, convened by the organizers and curators of the 8th International Biennial of Photography and Visual Arts in Liège, the conjunction of the image of love and love of the image could suggest that love is image and vice versa. « Love of the image to keep an image of love, before… », writes Anne-Françoise Lesuisse, art director of the event. But what image is in question? What image of ourselves is sent back to us, and what exactly is it that we invoke through it? « I love you, I kill you » (Morgan Sportès)

Can this love-cum-image ever be anything but a projection, a reflection, or an avatar of ourselves as Woody Allen suggests in his quote, “love is two people who are now no more than just one person: me”? We « fall » in love for reasons that are not necessarily the reasons we think they are: these reasons are sometimes less about the person we have chosen – who is nothing more than the object of our devotion – than about our own emotional state. We all have moments of anxiety when faced with death, solitude, the discontinuity of our being, and conflict and tension in our marriage, family life or professional life, and these throw us into distraction; an absolute and absolutist, total and totalitarian form of this distraction is the need for love. We then fall madly in love with a person who seems as though they might correspond to the image we have of the ideal spouse (an image which is, of course, abstract, cultural and archetypal, conjured up as much by our personal history as that of society), without, however, looking too closely. The state of being in love, which here means the state of needing love, anaesthetises our critical senses, just as it abolishes all sense of time, being, as it is, both contracted by urgency and expanded to infinity. This 162

totalising impulse, which concentrates the totality of the universe in the fantasy figure of the chosen one, constitutes the dizziness of love that leads us to a love addiction. Expecting a single person who we know almost nothing about to be the guarantor of the meaning of our existence; such a demand is obviously excessive and can only lead to tragedy because this absolute deprivation that claims to be self-giving, sacrificial love, is rather self-abnegation lined with a threat to commit suicide (already carried out in one’s mind). When this emotional hostage-taking fails, the outcome can only be tragic, and is in most cases, because this way of offloading oneself hardly burdens itself with the assent or concern of the other. « When I love, I am very exclusive », confessed Freud (who we shall consider here as a paragon of normality). « Being jealous is normal. So refusing jealousy (being perfect) violates a law », noted Barthes. Love – or what is claimed to be love – seems to give rights to its subjects ; just look at sexual harassment, mental cruelty and crimes of passion: « love » is invoked as justification and considered a mitigating circumstance by our courts.

When unpacking the boxes in the new apartment we had just moved into with my partner, I found a page from my ex’s family album. I carefully set it aside with the intention of returning it at the earliest opportunity. I was then unable to find it, until it reappeared in the middle of a pile of magazines my girlfriend had sorted. She asked me about it mockingly. Admittedly, my ex, a teen on these pictures taken in the 1980s, was hardly at her best with her tousled, permed hair, XXL earrings, turquoise Michael Jackson jacket with shoulder pads and neon leggings. Apparently, that’s back in fashion… I then thought I had put it somewhere safe while I waited for her new address, but my step-daughter got her hands on it, and while she laughed at my ex’s look (« Oh the shame of it ! »), she still seemed very interested by the Asian teenager posing with her on the photo. I know I have since found those photos, but I couldn’t say where they are now that the apartment is finished and the boxes are empty. I await the time and place of their next appearance with a certain trepidation. Such a failure – always experienced in a cruel manner – may also prove beneficial by forcing the victim to pull themselves together after a period of self-divestiture; thereby making it understood how individuation is at least as critical to the viability of the couple as communion. As Denis de Rougement aptly notes, « being in love is not necessarily loving. Being in love is a state, loving is an act. We are subjected to a state, but we decide to act ». Falling in love is therefore an exhilarating experience, an experience which also touches the limits; it is an abandonment of the self in recognizing genuine love for another. Dispossession is no longer masked possession. To love is by no means a question of freeing oneself from an illusory symbiotic communion, much less is it to give up, burdening the victim on the pretext that the victim is the chosen one. As Corneille said, “we do not give what we would be unable to refuse ourselves”; to love is to cultivate what is best in us and force ourselves to be the best we can


to help the loved one access the best of what they conceal – this is what Rilke meant, I believe, when he wrote that “the love of a human being for another is perhaps the most difficult test for us all, it is the highest testimony of oneself.”

On registering on Facebook, I suddenly remembered my first girlfriend from when I was eight, and I tried to trace her on the internet to see what had become of her… and I found her. First of all I was surprised (this rather chubby little redhead had lost her freckles and become a champion skier), but I would have recognised that smile anywhere. I made a small collection of pictures of her, to which I became quite attached, before taking the step of leaving a message on her wall to get back in touch. Thus I learned that she had never left her native Jura and I must admit that I was relieved not to have to confess that I had never been able to go down a slope on anything other than a snow plough. « There are people who would never have been in love if they had never heard of love » (La Rochefoucauld)

ONLY YOU ONLY ME: The title of this event, deliberately placed on the intimist register, says it well: exclusive love is also an exclusion from the world. This exclusive love in which we invest our other self, our other fantasized half that is inevitably doomed to disappoint us as soon as it deviates from the expected specular relationship, is it not a sign of our vague attempt to hold off an uncertain, changing, misread world; in other words, a worrying world, as it is impossible to control; it is the symptom of our inability to accept the uncertainty of existence and to enter life without the help of reassuring images. Indeed, the induced problem does, of course question the effects of production and the mass consumption of images on our relationship with the media reality created by the image. And cinema will have been a tremendously efficient machine in helping us classify such problematic situations and feelings as mixed as love. Evidence of this is the artists’ almost systematic recourse to cinematic images in order to represent love that seems able only to express itself in code and communicate itself in ritualized form. This is the peak of confusion for a feeling that is considered to be as natural, spontaneous and irrepressible as our contemporaries consider love to be. A brief historical detour is therefore required for anyone looking for a chance to understand it. A yellowed and ugly postcard of the Museum of the Charterhouse of the City of Douai (French Department of the North and the Nord-Pas de Calais region, located in the south of French Flanders) long lay on my bedside table. It was so minor and so carelessly laid on the table that nobody, not even my lovers, ever asked me about it. For my part, I have never seen the museum of the charterhouse, nor have I seen the City of Douai for that matter. And neither can I remember what led me late one evening to that hotel with a young person I had met that very day in Lille and lost sight of the next day, but

this postcard taken from the counter of the hotel and placed beside the bed perfectly reminds me of the best reason to deny oneself dinner and sleep. At the origin of the myth of passionate love, in ‘The Romance of Tristan and Iseult’ (which Denis de Rougemont has no hesitation in referring to as « the great European myth of adultery »), Tristan and Iseult are outlaws. Similar to Adam and Eve who were expelled from Paradise after having bitten into the apple, they are forced to flee society and take refuge in the forest to satisfy their love and give in to their relentlessly tragic fate, caused – let us not forget – by their involuntary absorption of the « love potion » (deadly for separated lovers according to the legend, or replaced in extremis by a death potion intended for the couple in the version of Richard Wagner). If this tale clearly shows that Eros and Thanatos are consubstantial, it is because consuming and imperious love is part of the occult (love at first sight in stantly transforms us into poor, possessed and bewitched devils) and threatens society with anomie (in other words, the disintegration of social norms for the person in love, whose « heart has reasons, of which reason knows nothing »). Since at least the twelfth century – the moment when the myth of passionate love was to come about – love has been the cornerstone of society of which writers have been the « ideologues », albeit most often without their knowing it. The social codification of desire and pleasure is inscribed in love, that is to say both are mediated by « the » power, while love remains for us all a source of meditation and a constant concern. And though talking of love is still our best chance of understanding it and perhaps controlling what happens to us, our stories of love always relate back to the love story as established and codified by our civilisation over the centuries, in such a way that picking up the threads of the story will allow us to recover some of the lucidity we need as much as we need to occasionally lose our minds. This love, carnal or divine, eros or agape, commits its recruits completely and undividedly and it is by the grace or seduction of images that love pervades their hearts and the cult of love spreads and establishes itself in society (from cathedrals to sulpician images and from courtly love to romantic films). The rationalisation and secularisation of our modern society is atomised in the search for authenticity and our sentimental crowds who ensure that emotions prevail over reason have henceforth established the religion of love (“religion in practice” said Novalis of love). This, of course, does not come without contradictions and cultural crises as shown, for example, by marriage for love that bases the legitimacy of this secular institution of legacy and family on the hazards of married life and the inconstancy of desire. The ambivalent status of the image continues nonetheless to be perceived as potentially deceptive and misleading, ever since Plato, the seducer, womaniser, seditious even (think Lilith, Don Juan or Casanova) and romance novels, followed nowadays by romantic films like tales of amorality or smoke and mirrors (the syndrome often referred to as

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bovarysme).

The only indisputable photos of love that I see are the posters of missing pets dotted around my neighbourhood. And faithful couples most often meet around 7 am or 10 pm, just the time when Kiki and Whisky come to place their offerings at the foot of the tree right outside my door. However, in painting or photography, in the absence of any form of narrative, it is difficult to represent love by any other means than allegories, or to discern the love in so many portraits of loved ones, of family scenes or entwined bodies except by a few indices chosen to generate collusion. « Whether he wants to prove his love, or whether he is trying to decipher if the other loves him, the amorous subject has no secure system of signs at his disposal », noted Roland Barthes. Outside of these conventions, love is also imperceptible to someone looking at the photo albums of a stranger, or the photos of our friends’ children, friends who are moved to tears as they attach a string of affects to these images that are inaccessible to us, as we share only percepts. An image can generate all kinds of emotions, but love remains a personal matter, it is entirely in the eye of the photographer and not necessarily in the image, nor in the eye of the beholder. « Eye love you » (Ed van der Elsken)

If the artist is neither saint nor lover, then the rest has no importance; in art, whether we claim to be misanthropic or proclaim ourselves to be teachers, « only love counts », as Picasso willingly declared. Indeed, one could postulate – as did Serge Daney – that there is image only when our gaze meets the gaze of the other there: when the image creates a link and an echo within us. Making an image would, then, be a gateway to the other, the inseparable manifestation of concern and an appeal from the other, not so foreign after all to the passion and surge of love. By skillful or free-rein parallax or cropping, by devices and scenography, in destitution or sophistication, the artist multiplies these moments of grace where the possibility of the image suggests something of the feeling of belonging to the world and the family of man. A safe bet is the power of art to transcend our determination, to open a window on a changing world, to train us in life, to quote Artaud, to confront the irreducible otherness (both within us and in the world ), to not fear erring, because we learn best from the mistakes we make, to accept that life is a game worth playing, knowing what art can teach us, knowing that it is our responsibility to modify the rules to make our lives into works of art, regardless of how imperfect they may be, and run the risk of leaving it unfinished; in other words: begin to see and love each day. We should also bet on love, because ultimately, in both love and art, the important thing is to head towards the other, towards the world. Thus, just like the artist, today’s lover seeks to rein-

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vent love and go beyond the established codes and configurations, both inhabited by the sole certainty of desire and the sole truth of the wonderful meeting of the Other.

I could not resist the urge one day to save a series of photographic prints, taken by an anonymous professional studio photographer in the 1950s, from certain destruction. That is how, about 10 years ago, I found myself picking up portraits of strangers from the pavement at the flea market in Brussels. Occasionally, I stumble across them, and each time I do, I wonder what on earth prompted me to bring home these poor forgotten photos of little interest. And yet, as in the wonderful advertisement by Spike Jonze for Ikea that melts our hearts with a poor lamp placed on the street at night in the pouring rain, while the cosy interior of its former owner is warmly lit by a brand new lamp that has taken its place, it doesn’t matter how many times I tell myself that I am being frankly pathetic and ridiculous, I cannot bring myself to get rid of these unfortunate orphans that I once collected and who are now cluttering my drawers without being anymore familiar to me now than they were that day. Daniel Vander Gucht

ONLY YOU ONLY ME Reviewing the images chosen for the ONLY YOU ONLY ME Exhibition, I feel the immense solitude form on their surface; such a disparate collection covering different artistic worlds which are so contrasted, particular and intimate, with their origins in such diverse personalities and horizons of life. We are, each of us, resolutely alone – neither sad, nor happy – rather as if there were some sort of law which lays down that no matter how close we are one to the other, this part of us is invincible.

It was this that inspired the original idea for the Exhibition and guided the selection of the artists and works on display. It was also why BIP2012 entitled the Exhibition at MAMAC : ONLY YOU ONLY ME, since its theme was the relationship of love between one person and another, and whether this is one of fraternity, eroticism or mysticism, there is always a vestige of solitude which makes our unfathomable desire to meet someone and share things with that person all the more poignant. As in the tale of Narcissus, the “other» is radically different from the « same » – and not the one we had been expecting. Love never attains its goal. It is movement alone that counts and, sometimes, it is sublime. What still remained to be seen was what forms the contemporary image gave to this rapture, this melancholy, this grand « everything », this never just « any old thing will do ». Taking as the starting point the myth of the birth of painting (which could just as well be that of the birth of photography), it seems that the image and love have, from the very


beginning, been linked in some way. There is the story of the young girl in Corinth who, to keep a physical trace of her lover on the eve of his departure on a long journey, copied the contours of his face onto the wall, using the shadow cast by the light from a candle onto that wall. We love the image just as we love the lover, with feelings that are wonderfully tender, sensual and friendly. Image of Love, Love of the Image.

How then was splendid love (the impossible), the experience (of otherness) par excellence, the most intelligent of the credentials for life, the deepest (and the most painful) feeling that can exist, represented nowadays in photography or on video? How did artists confront, evade or try to comprehend or escape allegorical tradition, literature, key figures, the wealth of cinematic material, this immense human production which did not stop speaking, crying out or symbolising, the most enigmatic of influences? How, basically, to show both at one and the same time ? ONLY ME ONLY YOU.

Leafing through these images, one is struck by their sheer number and the fact that they abound and respond to each other beyond their differences. As they rebound one against the other, as they seem to seek out what would make them whole and perfect, they appear to be pursuing the total image or the last image, the one that would finally and once and for all say everything about love. From the multitude we find in Nan Goldin to the overabundance of Pierre et Gilles, from the almost immobile religiosity of Sam Taylor-Wood to the recurrence of Jean-Claude Delalande, from the healing of Elina Brotherus to the invisible wounds of Michelle Sank, from the monumental everyday nature of JH Engström to the living images of Sylvie Blocher, from the psychological studies of Erwin Olaf to the images adopted by Jason Lazarus, from the meaningful wounds of Eric Rondepierre to the baroque fantasies of Antonio Caballero, from the domestic viewpoint of Michelle Naismith and Hubert Marécaille to the disarming fraternity of Miyoko Ihara, from the incised idolatry of Rhona Bitner to the thought-out self-portraits of Douglas Gordon, the figures of love evoked by these artists, and all the others on display, are fractal. They contain their own form of the infinite within themselves and seem fated not to be satisfied. Movement here again, reprise, repetition, continuation and attempts to bridge the gap left by love a precious case which represents its absence. But what distinguishes the images of love from all other images, those which represent, at first glance, « another » object ? To put it another way, these images, the ones brought together for the Exhibition, are we really sure that they are portraying only love? To answer these questions would be to know the definition of love and, thus, the response to the enigma of how to represent it. What happens, rather, is that we share figures of love before sharing their meaning - or even truth itself. Short of sharing actual love, it is the image of love that moves us, which stirs our memory, our moments of joy as well as our moments of grief.

At the frontier of the image of love and the love of the image, there is also what determines all artistic form : the invisible. Then, to paraphrase Jacques Lacan, who said that love is giving something one does not have, to someone who does not want it, one might even go so far as to say that making an image is to record something which one cannot see, to show it to someone who will look somewhere else. And thus every image is an image of love. Anne-Françoise Lesuisse

From Holland with Love Love on the Left Bank (1956) was the first book by the Dutch photographer Ed van der Elsken (1926-1990). This revolutionary photo book was based on the concept of the photo novel and combined a black & white photo reportage with a fictional love story. Van der Elsken made the book in collaboration with graphic designer Jurriaan Schrofer who was heavily influenced by film and music, especially jazz. In the book, Schrofer’s filmic and jazzy lay out goes well with Elsken’s intimate and lively photographic style. The story itself was quite unconventional for those days: the young persons in it seemed to spend their entire time in bars and cafés only, drinking, smoking, fighting with each other and making love. Nor did it have a happy ending. When the book was published, it caused some controversy in the Netherlands, at the time utterly focused on the optimistic, neat and clean period of reconstruction after WWII. Yet the book became world famous and remained, for Dutch photographers at least, an important reference for photographic representation of youth, youth culture and (being in) love. Van der Elsken was so committed to the topic of love in his work that in 1995 graphic designer Anthon Beeke managed to devote a whole book (and exhibition) about it choosing only from Elsken’s archive : L’Amour, published posthumously under the auspices of his wife Anneke. It is obvious from his work that van der Elsken was a great image lover. Producing images, in both photography and film, was an activity he did almost continuously. His numerous photobooks prove this, from the title mentioned above till for example Sweet Life (1966) and Jong Nederland. Adorabele rotzakken 1947-1987 (‘Young Holland. Adorable bastards’, 1987). His work is at the centre of post war Dutch photography through its photographic qualities and its national and international impact. Love on the Left Bank is taken as a starting point for selecting a number of works by contemporary Dutch photographers and (video) artists about the topic of love, that mirrors the bravura of van der Elsken as well as the various aspects related to love that he dealt with in his book: intimacy, voyeurism, sex, machismo, friendship, drugs, nightlife, etc.

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Martine Stig’s After (1998) is a small series of five large double portraits in colour of couples just after they have made love. They ask us questions about the choice of two individuals towards each other (do we think they fit each other ?) and confront us with the bodies that are at the centre of this existential experience called love.

In Give me your Image (2008), Bertien van Manen is a series of color ‘snapshots’ the artist made in people’s homes of mostly framed photographs displayed in living rooms and bedrooms. The work expresses the love for family and friends that is symbolized by the photographs they keep. A.P. Komen & Karen Murphy present Love Bites (1998). A video work in the format of a photo novel in which a young couple is arguing over their relationship. Original dialogues from existing television screenplays are combined with newly filmed, re-enacted images of the original scenes. The tenth issue of the magazine Useful Photography deals with wedding photography, found on the internet. This international collection of wedding photographs reflects what is commonly considered as ‘the happiest day of one’s life’ and the ultimate outcome of love.

With a series of found colour slides, Andrea Stultiens tells the story of an anonymous couple going on holidays in the Alps, year after year. They are posing together, always seemingly in love, in the idyllic mountain landscape. This is an intimate, very personal document about a lifetime relationship of love under the title Komm, mein Mädchen, in die Berge. (Come, my Darling, into the Mountains).

For the video One of Us (2011), Julika Rudelius has filmed private conversations of different couples. Rudelius places the spectator in a voyeuristic position and plays with belief and disbelief, truth and fiction.

Hunting and fishing (1998) is a series of idyllic images of running, seemingly naked, girls in a natural environment. Artist Paul Kooiker plays in an ironic way with the old figure of the man as a hunter of women. We see nude girls running in various landscapes, seen from the perspective of the viewer, the imaginary hunter. Over a period of many years, portrait photographer Koos Breukel photographed his friend-photographer Eric Hamelink every day. Making a photograph was for him an expression of their strong friendship. At one point Hamelink became very ill, but Breukel continued to portray him on his sick bed, and finally until just before he died. Eric was completed in 1998...

NOTE The photographic archive by Ed van der Elsken is kept by the Nederlands Fotomuseum in Rotterdam, the Netherlands. Eric by Koos Breukel is in the collection of the Nederlands Fotomuseum. Frits Gierstberg

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Next of skin / À fleur de peau What can we say about love that hasn’t already been said a thousand times – and better? How can it be described in only a few words that don’t just sound silly, like some sort of feeble joke – all quite inadequate to describe that deep emotion that is love? Saying the word “love” is one thing, but how do you say it and what sort of love do you mean? Is it better to use just a few images which are supposedly worth more than a thousand words?

It is impossible to explore every avenue of a subject which is so inexhaustible and cannot be measured in any real sense. As the saying goes, “Grasp all, lose all!”. It was therefore better to approach this horizon gradually, with a calm mind and against a diffused, dim light. The exhibition at the Annexe and Les Brasseurs is also the most sympathetic to the touch, to proximity and intimacy – as its very title implies. With skin, photography in effect conveys the very idea of the texture of the skin and the title « Next of skin » does not try to conceal its almost inherent ambiguity. Mere words seem inadequate! Next of kin means, depending on the context, either a blood relation or someone who is very close – it indicates a strong, albeit sometimes somewhat vague, bond between a person and those within his or her intimate circle. Next of Kin is, moreover, the title of a beautiful film directed by Atom Egoyan (1984) dealing with family ties and which, along with Family Viewing, makes up a sort of diptych. Added on to the S, more or less visible or palpable, « Next of skin » would then indicate something like near the skin, or skin against skin or skin deep. Picked up by stylists, tattoo artists and rock bands, the play on words itself is not totally new but it can indicate this feeling of trembling, this fragility of the virtually intangible image as a sort of leaf separating one epidermis or layer of skin from another while at the same time allowing them to cross over or meet. A palpitation which isn’t actually visible but somehow reflects upon itself, endures, affects, exists and can be no more easily defined than challenged. It creates impulse and attraction, feelings which are as impalpable and volatile as the tiny photons in the images. Love, desire, Hervé Guibert has always placed them at the heart of the photographic act, filling in its gaps and possible shortcomings by the written word, shamefully seizing the softness of a light to compensate for the cruelty of a word. Friendliness bathes every single thing – just as with Lara Gasparotto, who uses broad « brush » strokes chosen from palettes of deep colours, the pulse of a young, libertarian spirit and an unbridled energy, of a complicity which treats moral judgement with disdain. Anne-Catherine Chevalier scrutinises surfaces (facial features, other physical features, clothes, silent body language), family relationships, the expression of femininity, indeed respect for a social norm.


Jean-Claude Loubières reverses the traditional approaches to the family portrait, scoops them out and sends them into wholly new and totally unexplored territory. Patricia Kaiser questions the strange adventure the individual embarks upon when he or she becomes a couple – even if only by way of an image, even if only in the image – and just how strange – almost impossible – no longer to say just I but now we, from the outside and identify them as distinct consciences (necessarily brought to life in a face). Sandra Ancelot salutes the ceremony of marriage, with all its pomp, its etiquette, its social rules , the whole challenge of a new experience, rather like a bird flying off into the unknown. Sabine Koe is attentive, from day to day, to the fragility of these moments which bind two beings together or else separate them, which soothe them or wound them - the image has its role to play in all of this. All speak to us of the link we shall recognise to the extent that we make this link ours too. And the online magazine Purpose, which in 2010, at the initiative of Paul Demare, brought out a special edition devoted entirely to the theme of desire, completes this multi-faceted review, through an eclectic series of portfolios of young creative talent drawn from various backgrounds and countries, some recognised and some still unknown.

Flaunted to the point of provocation, thrown into doubt to the very edge of grief, collected like some precious water, hidden away like a dangerous secret, it’s through its signs that love exists – thank goodness we have given up asking it for any signs of proof, just as for photography. Signs which endlessly refer us back to our own questions, our own emotions. It’s as if we were crossing a whole series of rooms built around love - sometimes these rooms are deserted, sometimes they’re full of life and people, and even sometimes they’re both. A last word on the notion of distance - since they address themselves to us from their status as images, because, as an image, they go before love, these photographs could well seem to us to be at one and the same time wonderfully close and terribly distant. That is where, without doubt, the question of sensitivity comes into its own. The sensitivity of the skin – a wound, a caress, an invitation, or quite simply a mirror to which we would, often, be tempted to have it tell us too much, far too much. Emmanuel d’Autreppe

Rumours / Rumeurs In these rumours, fiction and reality blur into images. As if reality had no real importance. In the anecdotes of their lives we see how reality and fiction are one. Not because it’s interesting as a play or a pose, but because it’s beautiful. The reality of all these artists was not less or more interesting than any other. But they all decided that they couldn’t leave this world without first having said something.

Morton Bartlett developed his work without presenting it to an audience. But he created this reality, this fiction, in his house, without telling anyone. Like a secret diary in which you write your stories. Not to be read now by anyone, but in the hope that some day, someone will read them and discover the secret. This delay in interpretation makes the work completely independent from the person of Morton Bartlett. But it makes it more interwoven with the story of his life. That’s how the fiction, the storytelling, the reality and the interpretation create a very fragile but effective mix when we’re confronted with his pictures. The fact that the pictures represent a reality, the reality of the puppets, which is constructed, adds another layer to this construction.

The life of Lee Godie was a permanent call for presence, for attention. On the streets of Chicago she developed a strategy that exceeded her reality. Her fiction is the “as if” of the artist. She proposed her drawings “as if” she was an artist, sold it « as if » she was an artist, portrayed herself « as » an artist and by doing so, she was an artist. Her work can be seen as an ode to the fictional, to the “as if” way of thinking. In her photographic self-portraits Lee Godie explicitly creates this delusion by staging herself as a successful artist. The many anecdotes of people that met her in Chicago all confirm this obstinate will to be who she was and to be fictional at the same time. Like the Dutch artist Mark Manders said : « I believe it is important that people deal with fiction as if it were reality, despite the understanding that it is actually fiction. »1

The life of Louise Tournay was a hard life as a nurse in a hospital for children with cancer. She was confronted with the death and illness of children and in the hospital her colleagues knew she was good in collecting the bodies when the patients died and had to be prepared for the mortuary. She performed this arduous task with skill and devotion but it certainly had a deep impact on her. The work of Loulou is a late discovery. Her husband didn’t like the idea that his wife created objects. He was a lover of literature and poetry himself and worked as a publisher in Liège but couldn’t stand that his wife, Louise Tournay would develop a passion for sculpture at old age under the pseudonym of Loulou. In contrast to the other artists in this exhibition, Loulou mainly practised sculptures. She rented a small house in the neighbourhood and every day walked through St-Marguerite to go to work on her little clay statues. For Loulou, these creatures really were there, all around her, « as if » they were real. And they were real. A whole fictional world of little creatures quickly filled her studio while the house she shared with her husband was forbidden terrain for this part of her personality. The eye of Miroslav Tichý has a very different point of observation than the other artists in this exhibition. In contrast to Bartlett, Godie or Loulou, he didn’t choose the open battle, nor the secret or the parallel life to develop his fiction in his

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reality. He walked the line, along the fencing of the park, on the sidewalk in the shadow or hidden behind a shrub. Steeling images of the reality of the city to use it in his fiction, a world of legs and skinny trousers, bikinis and bicycle saddles. Shoots pictures, takes them home, develops them and then leaves them there, like a hunter packing his game in his hut. His « peeping tom » position is very essential to photography as a medium. The camera is the keyhole that the photographer peeps through to look out to the world beyond. He’s not part of it, he’s behind the camera. To quote Diane Arbus: « I always thought of photography as a naughty thing to do - that was one of my favorite things about it, and when I first did it, I felt very perverse. » Tichý’s work is the product of that relation between himself, women and the city through his camera.

Pierre Muylle

1

Catalogue The Absence of Mark Manders, Hatje Cantz, 2007, p. 22

ADORATION / AMOUR AU PLURIEL La Châtaigneraie is presenting a double exhibition whose central theme is the Belgian photographers’ collective Out of Focus. Out of Focus members are Pauline Beugnies, Colin Delfosse, Thomas Freteur, Alice Smeets and Thomas Vanden Driessche. Together, these photographers with their own individual approach to looking at things, document various questions to do with society – culture, poverty, development as well as political or environmental conflicts - and do so in such a way as to produce work which constantly bears witness to the cruelty and beauty confronting humanity every day. Adoration

Love is a feeling proper to the human being which, in the same way as reason, distinguishes the human race from the animal kingdom. Irrationality which pushes man to seek a superior and more absolute love in the divine. Out of Focus, specialising, as it does, in work which is documentary in character, enthusiastically set about producing a wide variety of representations and manifestations of this love, transcending the physical barriers in order to rise up towards the spiritual.

Love carried by the faithful to divine representations for some, intransigent iconoclasm for others - mindful of preserving the purity of monotheism and avoiding any form of idolatry.

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God, Allah or Yahweh, the Holy Spirit, the Immaculate Conception or to revisit the occult powers of our Celtic ancestors and in the middle of all that, men and women trying to live a life of various types of very terrestrial love without offending the superior love emanating from the divine. Love in the plural

Twelve young Belgians from different Maisons de Jeunes (MJ) took up the invitation from the Fédération des Maisons de Jeunes en Belgique francophone (FMJBF), the Project Coordinator.

These young people have been working over the last few months with the photographers of the Out of Focus collective and the persons running the weekly photo workshops at the MJ on the theme of BIP2012. At the same time, the collective organised similar workshops in Haiti, within the photographic programme it has been conducting over there for several years now.

Two photo workshops, two groups of young people working on one and the same theme: Love. Haiti, where love and passion constantly resound; where surviving disasters is an ode to those we hold dear and where tenderness infuses the celebration of death. Exuberant, powerful and virtually transcendental, love is a religion there. 7,500 km away, we discover an echo of the themes chosen by the Haitians. A source of inspiration, these themes engage in dialogue and rebound within the minds of these young Belgians. Whether it’s the bond between twin sisters, the attachment to a pet animal, or the pleasure of just taking a bath, these young Belgians are attempting to show us the various aspects of love and how to express it. We discover particular levels of intensity which open our eyes to a quite simple fact: love may well be complex and paradoxical, but it’s also universal.

The Exhibition thus blends the results of these two approaches as adopted in radically different contexts.

The MJ partners are : the Centre de Jeunes et de Quartier La Bicoque, the Maison des Jeunes de Saint-Georges and the Maison des Jeunes de Florennes. Julie David de Lossy Thomas Vanden Driessche (Out of Focus) Marie Pirenne (FMJBF) et Marie-Hélène Joiret (La Châtaigneraie)


Love’s in the air ! The principle of the Love’s in the air ! project was to collect, thanks to a huge appeal to the citizens of Liège, amateur photos based on the overall theme of Love. The message that went out was : “Send us an image which, for you, represents Love!“. We received more than 200 pictures. After being judged by a panel of personalities drawn from the world of the arts and politics, 63 images have been selected, printed out and enlarged onto tarpaulin flags hung in several streets in Liège throughout the period of BIP2012. Six special prizes were awarded, including the Public Prize being jointly organised with RTC-Télé Liège who screened all the images on its website and where the public was able to vote for its favourite photo. We would like to thank all the participants !

Rue de la joie : Georges Thiry Georges Thiry (1904-1994), a native of Liège, was a selftaught photographer, a great friend of the Surrealists and the subject, in 2001, of a retrospective in the Museum of Photography in Charleroi.

Georges Thiry took photos of, amongst many others, his confidantes and prostitute girlfriends. These magnificent images in black and white, where humour and tenderness are always present, give the portraits an exceptional dimension of humanity.

A selection of these portraits will be presented throughout the town in the Decaux sites usually reserved for advertisements. Perfectly in tune with the theme of BIP2012, these images taken in the 50s and 60s show that Thiry’s work, representing, as it does, woman not just in terms of her form and shape but in her whole personality, is sober, rather like a documentary, thus reflecting a style which radically breaks away from the codes of today’s advertising which is often outrageous, colourful and sometimes obscene. To place, in spaces so closely associated with advertising, images which do not follow conventional advertising codes, was to provoke astonishment, make the passer-by - so used to seeing the same type of message - stop and ponder. This means of presentation was intended both as a homage to the work of Thiry and to these ladies of the night, aptly called «filles de joie»...

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index des artistes / index of the artists Marina ABRAMOVIC (SRB) & ULAY (D) - p15 Marina ABRAMOVIC *1946, Belgrade. Vit et travaille à New York. ULAY / Uwe LAYSIEPEN *1943, Solingen. Vit et travaille à Amsterdam. www.ulay.net Sandra ANCELOT (F) - p135 *1968, Juvisy-sur-Orge. Vit et travaille à Paris. ancelot.fr www.galerielanonmaison.com

Arnis BALCUS (LAT) - p59 > 61 *1978, Riga (Lettonie). Vit et travaille à Riga. www.arnisbalcus.co.uk

Morton BARTLETT (USA) - p146, 147 *1909, Chicago – † 1992, Boston. A vécu essentiellement à Boston. Sylvie BLOCHER (F) - p56 > 58 *1953, Morschwiller-le-Bas. Vit et travaille à Saint-Denis, Paris. sylvieblocher.net

Rhona BITNER (USA) - p18, 19 * New York City. Vit et travaille à New York City et Paris. www.rhonabitner.com BREUKEL Koos (NL) - p108, 109 *1962, La Haye. Vit et travaille à Amsterdam. koosbreukel.com

Elina BROTHERUS (FIN) - p40 > 43 *1972, Helsinki. Vit et travaille en Finlande et en France. www.elinabrotherus.com Daniele BUETTI (CH) - p27, 28 *1955, Fribourg. Vit et travaille à Zurich et à Münster. www.aeroplastics.net www.hilger.at

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Ian BURNS (AUS) - p29 *1964, Newcastle (Australie). Vit et travaille à New York. www.ianburns.net www.hilger.at

Antonio CABALLERO (MEX) - p16, 17 *1940, Mexico. Vit et travaille à Mexico. www.galeriepolaris.com Patrick CARPENTIER (B) - p48, 49 *1966, Bruxelles. Vit et travaille à Bruxelles. www.intothefight.com

Thomas CHABLE (B) - p66, 67 *1962, Bruxelles. Vit et travaille à Poulseur (Belgique). www.galerielereverbere.com Patty CHANG (USA) - p22 *1972, San Francisco. Vit et travaille à New York. pattychang.com

Anne-Catherine CHEVALIER (B) - p120 > 123 *1967, Belgique. Vit et travaille à Bruxelles. www.acchevalier.be François-Xavier COURREGES (F) - p85 *1974, Paris. Vit et travaille à Paris et à Beyrouth. www.fxcourreges.com

CRAVAT & BADA (B) - p6 Collectif formé de Laurent Meurice (*1981, Liège) et Olivier Bada (*1981, Liège). Vivent et travaillent à Liège. www.studio33.be Jean-Claude DELALANDE (F) - p77 > 79 *1962, Paris. Vit et travaille à Bourg-la-Reine (France). jcdelalande.com Willy DEL ZOPPO (B) - p52, 53 *1963, Liège. Vit et travaille à Liège.


JH ENGSTRÖM (SWE) - p62 > 65 *1969, Karlstad. Vit et travaille entre Östra Ämtervik, Paris et Stockholm. www.jhengstrom.com Sibylle FENDT (D) - p86, 87 *1974, Karlsruhe. Vit et travaille à Berlin. www.sibyllefendt.de

Roland FISCHER (D) - p90 > 92 *1958, Saarbrücken. Vit et travaille à Munich. www.sollertis.com

Lara GASPAROTTO (B) - p130 > 133 *1989, Liège. Vit et travaille à Bruxelles et Anthisnes (Belgique). www.stieglitz19.be laragasparotto.tumblr.com

Lee GODIE (USA) - p148 * Jamot Emily Godie vers 1903 à Mudtown, Illinois - † 1994. www.hammergallery.com Nan GOLDIN (USA) - p44 > 46 *1953, Washington, D.C. Vit et travaille à Paris et New York. www.matthewmarks.com Douglas GORDON (GRB) - p21 *1966, Glasgow. Vit et travaille à Glasgow. www.yvon-lambert.com

Hervé GUIBERT (F) - p127 > 129 *1955, Saint-Cloud – † 1991, Clamart. A essentiellement vécu et travaillé à Paris. herveguibert.net Sarah Mei HERMAN (NL) - p68, 69 *1980, Amsterdam. Vit et travaille à Amsterdam. www.sarahmeiherman.nl Miyoko IHARA (JPN) - p82 > 84 *1981, Chiba (Japon). Vit et travaille au Japon. whitemanekicat.p1.bindsite.jp

Patricia KAISER (B) - p124 > 126 *1963, Rocourt (Belgique). Vit et travaille à Liège. Sabine KOE (AT) - p136 > 139 *1980, Gmunden (Autriche). Vit et travaille à Linz (Autriche). www.sabinekoe.info Paul KOOIKER (NL) - p102, 103 *1964, Rotterdam. Vit et travaille à Amsterdam. www.paulkooiker.com www.vanzoetendaal.nl

KOMEN & MURPHY (NL) - p104, 105 A.P. Komen *1964, Leeuwarden (Pays-Bas). Karen Murphy *1968, Waterford (Irlande). Vivent et travaillent à Amsterdam. members.chello.nl/a.p.komen Jason LAZARUS (USA) - p50, 51 *1975, Kansas City. Vit et travaille à Chicago. jasonlazarus.com

Capitaine LONCHAMPS (B) - p30 > 33 *1953, Belgique. Vit et travaille à Spa. www.nadjavilenne.com Jean-Claude LOUBIERES (F) - p119 *1947, Meurthe-et-Moselle. Vit et travaille dans le Lot. jeanclaudeloubieres.com

LOULOU (B) - p149 *1925, Monceau (Belgique) – † 2010 à Liège. A vécu principalement à Liège Hubert MARECAILLE (F) & Michelle NAISMITH (GBR) - p80, 81 Hubert Marécaille *1973, France. Vit et travaille à Bruxelles. hubertmarecaille.blogspot.com lesfilmsdudimanche.blogspot.com

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Michelle Naismith *1967, Glasgow. Vit et travaille à Bruxelles. www.michellenaismith.com

Michelle SANK (ZA) p70 > 72 *1953, Le Cap (Afrique du Sud). Vit et travaille en Angleterre. www.michellesank.com

Erwin OLAF (NL) - p36 > 39 *1959, Hilversum (Pays-Bas). Vit et travaille à Amsterdam. www.erwinolaf.com

Andrea STULTIENS (NL) - p112, 113 *1974, Roermond. Vit et travaille à Rotterdam. www.andreastultiens.nl

Chrystel MUKEBA (B) - p88, 89 *1983, Bruxelles. Vit et travaille à Bruxelles. www.chrystelmukeba.com

OUT OF FOCUS (B) - p151 Collectif de photographes composé de Pauline Beugnies, Thomas Freteur, Colin Delfosse, Alice Smeets et Thomas Vanden Driessche www.outoffocus.be

PIERRE & GILLES (F) - p34, 35 Pierre *1950, La Roche-sur-Yon. Gilles *1953, Le Havre. Vivent et travaillent à Paris. www.denoirmont.com

Nicolas PROVOST (B) - p20 > 23 *1969, Romse (Belgique). Vit et travaille à Bruxelles. www.nicolasprovost.com

PURPOSE webmag photographique www.purpose.fr - p134

Moira RICCI (IT) - p54, 55 *1977, Orbetello (Italie). Vit et travaille entre Milan et Grosseto. www.gallerialaveronica.it Eric RONDEPIERRE (F) - p24 > 26 *1950, Orléans. Vit et travaille à Paris. www.ericrondepierre.com

Julika RUDELIUS (D) - p100, 101 *1968, Cologne. Vit et travaille à Amsterdam et New York. www.rudelius.org

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Martine STIG (NL) - p106, 107 *1972, Nijmegen. Vit et travaille à Amsterdam. www.martinestig.com

Sam TAYLOR-WOOD (GRB) - p93 *1967, Londres. Vit et travaille à Londres. www.whitecube.com

Georges THIRY (B) - p157 > 160 *1904, Welkenraedt - † 1994. A vécu principalement à Verviers et à Bruxelles. Miroslav TICHÝ (CZ) - p143 > 145 *1926 à Nětčice (Moravie) – † 2011. tichyocean.com

Useful Photography (NL) - p114, 115 Collectif composé de Erik Kessels, Hans Aarsman, Hans van der Meer, Claudie de Cleen et Julian Germain www.usefulphotography.com www.kesselskramerpublishing.com Ed VAN DER ELSKEN (NL) - p97 > 99 *1925, Amsterdam – † 1990, Edam. www.edvanderelsken.nl

Bertien VAN MANEN (NL) - p110, 111 *1942, La Haye. Vit et travaille à Amsterdam. www.bertienvanmanen.nl Chris VERENE (USA) - p73 > 76 *1969, Galesburg (Illinois). Vit et travaille à New York. www.chrisverene.com Angel VERGARA (B) - p91 *1958, Mieres (Espagne). Vit et travaille à Bruxelles.


Remerciements / ACknowledgment Le Conseil d’administration du Centre culturel - Les Chiroux - et son Président Pierre Stassart remercient :

Madame Fadila Laanan, Ministre de la Culture, de l’Audiovisuel, de la Santé et de l’Égalité des Chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Son Excellence, Monsieur Henne Schuwer, Ambassadeur des Pays-Bas à Bruxelles, ainsi que Madame Arinda van der Meer, attachée culturelle la Ville de Liège et son Bourgmestre, Monsieur Willy Demeyer

Monsieur Jean-Pierre Hupkens, Échevin de la Culture de la Ville de Liège Monsieur Paul-Émile Mottard, Député provincial ayant en charge la Culture pour la Province de Liège

Madame Maggy Yerna, Echevine du Développement économique et du Commerce ainsi que l’équipe de la Gestion Centre-Ville Monsieur Michel Firket, Echevin de l’Urbanisme, de l’Environnement et du Tourisme

l’Administration générale de la Culture du Ministère de la Communauté française, et en particulier la Direction des Arts plastiques et la Direction des Centres culturels

le Nederlands Fotomuseum à Rotterdam et son directeur, Monsieur Ruud Visschedijk, ainsi que Monsieur Frits Gierstberg, commissaire principal des expositions l’équipe du Musée d’Art moderne et d’Art contemporain et sa conservatrice Madame Françoise Safin ainsi que le Directeur des Musées, Monsieur Jean-Marc Gay et Madame Régine Rémon, conservatrice du BAL

l’équipe du MADmusée et son directeur Monsieur Pierre Muylle

l’équipe du Centre d’Art contemporain Les Brasseurs / L’annexe et sa directrice Madame Dominique Mathieu l’équipe de la Châtaigneraie – Centre wallon d’art contemporain et sa directrice, Madame Marie-Hélène Joiret

la FMJBF et sa directrice Madame Antoinette Corongiu ainsi que Madame Marie Pirenne

l’ESAL - Académie Royale des Beaux Arts de Liège et son directeur, Monsieur Daniel Sluse l’Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc Liège et son directeur Monsieur Eric Van den Berg ainsi que son sous-directeur Monsieur Philippe Pirlot

Monsieur Mario Vielgrader, directeur de l’Austrian Cultural Forum.

Monsieur Seppo Kauhanen, Valokuvataidetoimikunta Arts Council of Finland Madame Antra Balode de l’Institut Goethe, Riga

L’Equipe de BIP2012 remercie chaleureusement tous les artistes et collectionneurs pour leur précieuse collaboration, ainsi que : Le Musée de la Photographie à Charleroi, Argos Center for Art & Media, La galerie Nadja Vilenne, le Netherlands Media Institute, Le Musée d’Art moderne et Contemporain de la Ville de Strasbourg, la Galerie XIPPAS, AEROPLASTICS Contemporary, la galerie Ernst HILGER, la galerie Polaris, le Frac Lorraine, la galerie Sollertis, le Studio Nan Goldin et Thomas Dupal, la Matthew Marks Gallery, le Studio Erwin Olaf, la galerie Flatland, la galerie Jerome de Noirmont, Les Photaumnales de Beauvais, la galerie RX, White Cube Gallery, la Galerie Yvon Lambert, la Carl Hammer Galery, Philippe Marczewski, Christine Plénus, Xavier Cannone, Luc Navet, Anne Gougnard, Emilie Denis, Eric Grandjean, Marie Remacle, Clémentine Thyssen, Felix Hoffmann du C/O Berlin, Pierre Clément et l’équipe technique du Manège de la caserne Fonck, Guy Jungblut, Satoru Toma, Joris Visser, Stella Lohaus, Paul Demare, Brigitte Vanden Bossche, Stéphanie Levêque, Samuel Nicolaï, Justine Mathonet, Vincianne Van Runckelen, Yolande Lambrix, Nicole Müller, Sarah Charlier, Linda Iglesias, Magali Kempeneers, Cecile Lebrun, Marc Broers, Jean-Pierre Pécasse et Jean-Marie Hermand, Cécilia Hendrikx, Anneke Hilhorst, Christine Guibert, l’imprimerie Vervinckt. L’équipe de BIP2012 remercie également l’ensemble des personnes qui ont rendu possible et facilité l’organisation de l’événement, que ce soit par de petits services rendus ou un grand soutien moral.

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CONTACTS : art@art-onthemove.be www.art-onthemove.be + 32 (0) 2 333 24 11 Rue Henri-Joseph Genesse 1 Brussels 1070 Belgium

Professional Fine Art transport of Art and collector items

Transport professionnel d’oeuvres d’art et d’objets de collection

Professioneel transport van kunstvoorwerpen en collectieobjecten

Forwarding and logistics including:

Expédition et logistique incluant:

Expeditie en logistiek omvatten:

Clients: - Private and institutional collectors - Art galleries - Art dealers - Auction houses - Museums and cultural centers - Artists

Clients: - Collectionneurs privés - Galeries d’art - Négociants d’art - Salles de ventes - Musées et centres culturels - Artistes

Klanten: - Privé - en institutionele verzamelaars - Kunstgalerijen - Kunsthandelaars - Veilinghuizen - Musea en culturele centra - Kunstenaars

- packing - warehousing security or high security condition with regulation of temperature and hygrometry - installation and handling of works of art - insurance: “all risks transport and handling”, “nail to nail”, “ sojourn” - specific coverage for artworks - customs clearance in Belgium and worldwide. - personnalised advice

- in Belgium and worlwide 174

- emballage - entreposage sécurisé avec régulation de la température et de l’hygrométrie - installation & accrochage - assurance tous risques transport, “clou à clou”, “séjour” - couverture spécifique pour oeuvres d’art - formalités douanières en Belgique et à l’étranger - conseils personnalisés

- en Belgique et à l’étranger

- verpakking - opslag met hoge veiligheid met controle en regeling van temperatuur & vochtigheidsgraad - verzekering “all risks transport”, “verblijf ”, “nagel tot nagel” - specifieke polis voor kunstwerken - douaneformaliteiten in België en in het buitenland - gepersonaliseerd advies

- in België en in het buitenland


bip2012 Présidence Pierre Stassart

Direction générale Lucien Barel

Direction artistique Anne-Françoise Lesuisse

Coordination générale Anja Buecherl / Marc Wendelski / Eveline Massart Graphisme et mise en page Karin Simon / Marc Wendelski

Régie Gilles Dewalque / Jean-Marc Gourguet / Christophe Fourré / Hadj / Bertrand Closset / Tof / Luigi Baldassi, / Pierre-Emmanuel Raickmann / Frans Daels /Gustavo Just / Jean-Charles Bortoletto / Jo / Alain Hoyoux et son équipe /

Avec l’aide précieuse de Toute l’équipe du Centre culturel et en particulier Catherine Janssen / Jonathan Vidouse / Myriam Robeyns / Flore Venin / Janick Lejeune / Krystel Ciura Bénédicte Merland / Jean-Yves Boyne / Jean-Pierre Hazée / Véronique Michel / Martine Cardinal / Marie Gérain / Cécile Mestrez / Elodie Lambert / Angélique Demoitié Anne-France Hallet / Chloé Cardinal / Tania Hansez / Simon D’Ambriosio Ludovic Demarche / Cathy Alvarez

BIP2012 est une organisation du Centre culturel de Liège - Les Chiroux Place des Carmes, 8 > B-4000 Liège www.chiroux.be

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Achevé d’imprimer en février 2012 sur les presses de Raymond Vervinckt - Liège D/2012/7089/1 ISBN : 978-2-9601183-0-8

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