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Du même auteur : Collection «Il était une fois…» «Il était une fois… Florent Pagny» Collection «Biographies» «M. Pokora – La révolution R&B» «Madonna - L’icône de la Pop» «Shakira - La bomba latina»
Crédit photographique couverture : © Luca Cavallari/Capital Pictures/DALLE Crédits photographiques livret : Roland Tannler/eyevine/DALLE Dwayne Senior / eyevine/DALLE - Bergen Paul/DALLE - Mok/PA Photos/ABACAPRESS.COM - GRANDET/DALLE - Yui Mok/PA Photos/ABACAPRESS.COM - Robert Ellis/Repfoto/ DALLE - PETER MAZEL/SUNSHINE/DALLE Directeur de la Collection Biographies : Enguerrand Sabot «Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, ou ayants cause, est illicite (art. L.122-4 du Code de la propriété intellectuelle).Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par l’article L.335-2 du Code de la propriété intellectuelle, lequel n’autorise, aux termes de l’article L.122-5, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, d’une part, et, d’autre part, que les analyses et courtes citations dans un dessein d’exemple et d’illustration.»
© 2007 - Éditions de la Lagune - Collection Biographies 1, Rue Felix Faure - 95880 Enghien-les-bains
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«Il faut bien que Genèse se passe.» Jacques Prévert
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Des révélations… Les vies de Genesis se suivent et ne se ressemblent pas. Les personnages qui ont, au fil du temps, apporté à l’aventure de ce groupe légendaire leur talent, leur caractère et leur vision de la musique, ont fait de Genesis un groupe qui a réussi à traverser le temps, les genres musicaux et les critiques. Steve Hackett, Phil Collins, Mike Rutherford, Tony Banks, Peter Gabriel… Depuis une quarantaine d’années, chacun d’entre eux s’exprime sans langue de bois, sans discours formaté sur leur parcours et leur aventure collective. Dans ce livre, vous ne trouverez pas de portrait flatteur des artistes. L’ambition de son auteur est tout autre : vous faire revivre les enjeux mis en place et les relations qui liaient ou opposaient tous ceux qui ont fait partie de cette grande aventure musicale. Certains propos de ce livre sont parfois accompagnés de détails sur la date à laquelle ils ont été tenus. Ces instantanés témoignent notamment de l’évolution des relations entre Genesis et ceux qui les entourent… Vous tenez entre les mains l’anti-thèse d’une biographie diplomatiquement correcte. Genesis a toujours fait l’objet de réinventions, de révolutions artistiques… et de révélations.
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1967 Replongeons-nous en 1967 : la télévision couleur voit le jour, la loi du 31 juillet 1920 qui interdit alors toute contraception est abrogée par la loi Neuwirth et le Che Guevara meurt dans la jungle bolivienne… Pendant ce temps, près de Godalming, dans le comté du Surrey, au sud-ouest de Londres, le collège tricentenaire Charterhouse a déjà la réputation de stimuler les initiatives personnelles. En Angleterre, un vent d’audace secoue les esprits : les Beatles asseoient leurs standards musicaux, James Brown embarque la jeunesse anglaise dans son sillage et Otis Redding réveille les oreilles de toute une génération. Nombreux sont les pensionnaires de Chaterhouse, férus de musique, à n’attendre qu’une chose : avoir la chance de se jeter à «chœur» perdu dans cette dynamique. Parmi les centaines de projets, plus ou moins aboutis, qui se dessinent dans ce collège, au cœur de cette profusion d’étudiants, se dessine une initiative dont on parle aujourd’hui encore. À l’époque, cette bulle de liberté contraste radicalement avec l’atmosphère austère du collège, la sévérité de l’équipe pédagogique et le règlement draconien auxquels les jeunes gens rêvent de pouvoir se soustraire. Mais l’histoire de Genesis commence bien avant que le groupe ne soit formellement fondé… Deux ans plus tôt, alors qu’ils ont une quinzaine d’années, Peter Gabriel, Anthony Banks, Chris Stewart, Rivers Job et Johnny Trapman jouent déjà ensemble au sein d’un groupe baptisé Garden Wall.
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Tony Banks et Peter Gabriel arrivent au collège en septembre 1963. Avec leurs trois camarades, ils jouent du rythm’n’blues et de la pop. Peter Gabriel est déjà un inconditionnel de la batterie et s’initie également à la flûte traversière. Tony Banks, lui, apprend le piano. En septembre 1964, Michael Rutheford, guitariste en herbe, entre à Charterhouse et se lie d’amitié avec Anthony Phillips qui fait son entrée à Charterhouse en avril 1965. À quelques mètres et quelques accords de là, d’autres garçons travaillent alors sur d’autres chansons au sein d’un groupe appelé The Anon qui comprend Richard Macphail, Rivers Job, Robert Tyrell, Anthony Phillips et Michael Coleman. Cette autre formation, qui a en commun avec Garden Wall une composition de cinq garçons, joue un rock métissé de sonorités rythm’n’blues et celtiques. À la même période, Mike Rutherford et Tim Hobart chantent dans The Climax. Les fêtes de fin d’année scolaire offrant souvent aux musiciens de formidables occasions de se rapprocher, celle de l’année 1966 à Charterhouse est l’occasion pour The Garden Wall et pour The Anon de se réunir. On doit à Richard MacPhail, du groupe Anon, l’heureuse initiative de ce partage de la scène, dans une énergie positive et survoltée et au cœur d’une ambiance euphorique. Contre toute attente, les deux groupes fusionnent et Peter Gabriel, Banks, Rutherford, Phillips, et plus tard le batteur Chris Stewart, forment un nouveau groupe. Grâce à la détermination d’Anthony Phillips, dès le mois de
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décembre, l’union est consolidée et même si la nouvelle formation ne porte pas encore de nom, cela n’empêche pas les musiciens de se donner corps et âme à leur nouveau projet. Chris Stewart se souvient de ces premiers moments au sein de ce groupe qui allait bientôt s’appeler Genesis : « Là, on parle de quelque chose de très vieux, mais je me souviens très bien de cette histoire. Je m’étais rendu dans une maison dans laquelle se trouvaient Peter Gabriel, Tony Banks et Ant Phillips. Peter était alors un batteur, plutôt bon, d’ailleurs. Il avait une vieille grosse batterie rouge. Il m’a appris à en jouer. Nous avions une sorte de maison de «divertissement événementiel» dans laquelle chacun de nous pouvait faire part de ses idées pour l’année à venir. Ceux qui pouvaient faire quelque chose étaient mis sur scène et devaient le faire face à quelqu’un d’autre. C’était vraiment effroyable. De toute façon, ils avaient monté ce groupe pour jouer, entre autres, des morceaux d’Otis Redding. Je me souviens même de titres. Il y avait notamment, When a Man Loves a Woman, de Percy Sledge. Peter avait décidé qu’il était beaucoup plus amusant pour lui de chanter et de jouer de la flûte que de faire de la batterie – ce dont je suis persuadé. Évidemment, comme il avait besoin de ses deux mains, il m’a dit : «Aimerais-tu assurer la batterie ?» Ça m’a fait frémir. Jouer de la batterie était l’une des choses les plus excitantes qui pouvait m’arriver, et c’est ce qui s’est produit. Nous avons donc fondé ce groupe ensemble. Je ne me souviens plus qui en faisait partie, au tout début. Ant Phillips, Tony Banks, Peter Gabriel, moi et il y avait quelqu’un
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d’autre, mais ce n’était pas encore Mike Rutherford, parce qu’il était dans une autre maison. C’est ainsi que tout a commencé. À partir de ce moment-là, je pense qu’on a probablement joué à des fêtes du collège et des choses comme cela, en développant un peu le répertoire.» Au début de l’aventure, le groupe joue surtout de la soul et du rythm’n’blues : « Autant que je m’en souvienne, ce n’étaient que des chansons que Peter aimait, Comme toujours, Peter était celui qui dirigeait le groupe. Puis Ant s’est mis à écrire. Peut-être qu’on en a jouées, mais ce n’était pas un groupe sérieux, à l’époque. On n’était que quatre ou cinq gars qui dérangeaient, mais c’était l’une des diverses raisons qui nous ont soudés. », ajoute Chris. Au final, la configuration sera la suivante : Peter Gabriel chante, Anthony Phillips est à la guitare, Mike Rutherford joue de la basse, Tony Banks est aux claviers et Chris Stewart assure à la batterie. Selon Anthony Phillips, le choix du chanteur s’est déroulé sans problème d’égo : « Certes, le chant ne nous a jamais posé trop de problème. A 99%, nous étions tous ravis que Peter s’y colle. Il y avait juste quelques problèmes lorsque certaines chansons étaient personnelles. Je me souviens d’une ou deux d’entre elles, très «jeunes», romantiques, pour lesquelles on ne l’a pas impliqué, où il aurait pu éprouver des difficultés pour les interpréter avec la même sincérité et la même émotion que nous l’aurions fait. Il y avait notamment une chanson que Tony chantait en tour-
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née et quelques-uns de mes titres que je chantais en partie, mais ça n’a pas duré. Je pense que nos places étaient plus à l’écriture. » Anthony se souvient qu’à ce moment-là, chacun a envie que ses propres chansons soient sélectionnées : « Si nous retenions une liste qui ne contenait pas tous ces titres, c’est-à-dire dix, douze voire quinze chansons, parce que nous avions beaucoup de longs instrumentaux, ce n’était pas assez. Il y avait une espèce de compétition pour savoir qui allait avoir «la plus belle part du gâteau» ». Si leur première composition, The Movement, ne sera finalement pas jugée d’une assez bonne qualité pour être enregistrée, elle laisse déjà présager l’avenir musical du groupe. Ceux qu’on appelle désormais les New Anon viennent en effet de signer un morceau qui avoisine les quarante-cinq minutes… Un avant-goût des albums concepts qu’ils réaliseront quelques années plus tard Ils enregistrent alors chez les parents de leur ami Richard MacPhail, ancien membre de la première formation de Anon une démo de six titres, dont la plupart sont signés par Phillips et Rutherford. À partir de ce moment, la Charterhouse connection bat son plein et joue en la faveur des anciens étudiants. En 1967, Jonathan King, compositeur et producteur, a vent du travail de New Anon. « Je me souviens du garçon qui m’avait donné la cassette du groupe, même si je ne peux retrouver ni son nom, ni certains détails le concernant. Il m’avait dit que c’était un groupe du lycée qui n’avait pas de nom. J’ai écouté la cas-
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sette dans la voiture en rentrant chez moi et j’ai vraiment aimé la voix du chanteur, Peter Gabriel. Lorsque je les ai rencontrés, j’ai été surpris par l’extrême timidité de Peter. Je n’ai pas de souvenirs en ce qui conccerne les autres membres du groupe. Nous avons alors essayé de ne pas mélanger le groupe avec des membres d’autres promotions que cette année-là. », confiera Jonathan King, lors d’une interview en 2005 Dès cette rencontre, Jonathan s’intéresse au groupe et met tout en œuvre pour qu’il travaille en studio afin de développer ainsi son talent et peaufiner son son. Au sein du groupe, il n’y a pas de leader : « Nos relations ont toujours été très démocratiques. Même si Peter était d’un calme olympien, il était toujours écouté. Nous travaillions alors en équipe. Je faisais partie du groupe. Il était dans mes intentions de faire travailler Tom Allow, devenu depuis un immense producteur (notamment connu pour avoir travaillé avec Judas Priest), qui était non seulement un jeune ingénieur mais aussi un «Cartusien»… Je voulais que la Charterhouse connection se perpétue. Pendant nos cinq années d’étude, nous nous sommes très bien entendus. », poursuit Jonathan King Jonathan King fait même signer un premier contrat aux musiciens et propose à chacun une avance… qui s’élève à la pharaonique somme de dix livres ! Évidemment, l’accueil de cette nouvelle laisse les artistes béats. Quelle aubaine ! Etre signés par un producteur à seize et dix-sept ans est le rêve qu’aucun d’entre eux n’osait caresser. Mais
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très rapidement, les garçons réalisent qu’ils ont probablement idéalisé la situation : la seconde maquette que le groupe enregistre ne convient pas à leur nouveau producteur qui le leur fait comprendre. Pour lui, la direction artistique n’est pas la bonne et leur musique est trop complexe. Alors qu’Anthony Phillips déclare que Jonathan King est, à cet instant, déconcerté par la longueur des morceaux du groupe qui dépassent parfois… les bandes sur lesquelles ils sont enregistrés, le producteur affirme cette version des faits : « Oui, ils avaient une certaine tendance à l’auto-satisfaction, et leurs ambitions étaient inférieures au talent naissant qu’ils avaient alors. Il n’y a rien de pire qu’un guitariste qui n’a que seize ans et qui pense qu’il est Jimi Hendrix. J’ai alors décidé d’épurer les morceaux en respectant leurs bases, tout en détruisant la crasse. » Profondément vexés par cet affront, Tony Banks et Peter Gabriel pêchent par excès et proposent délibérément à Jonathan King des morceaux plus qu’accessibles et directement influencé des Bee Gees, groupe qui sévit à l’époque… « Tony Banks voulait toujours faire de longs solos que j’avais l’habitude de réduire ou de supprimer, Anthony Phillips était plus volatile et franc. Peter, lui, était très calme et timide, mais lorsqu’il parlait, cela avait toujours un vrai sens. », dit Jonathan King, qui revient sur cette période. Le groupe n’a toujours pas trouvé son nom. Jonathan King suggère alors de le baptiser «Genesis», en référence à
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la jeunesse de ses membres. En décembre 1967, Genesis entre au Regent Studio de Londres où ils enregistrent Silent Sun/That’s Me, un 45 tours qui sortira chez Decca. Il arrive rapidement dans tous les esprits, telle une évidence, que le disque ne marquera pas l’histoire de la musique. Peter Gabriel déclarera, plus tard, avoir tenté d’écrire Silent Sun dans la veine des Bee Gees pour faire plaisir à Jonathan King. Pour ce dernier : «… C’est davantage Crosby, Stills and Nash qui ont influencé leur son acoustique. Mais ma réelle motivation était de les encourager à ne pas dépendre d’équipements électriques tant qu’ils n’avaient pas les moyens de s’offrir un matériel vraiment bon. Le volume cachait juste les erreurs. En leur faisant jouer acoustique, je m’assurais qu’ils entendaient leurs fautes et les corrigeaient. » Le batteur Chris Stewart quitte alors le groupe et retourne à ses études : « J’ai quitté le groupe avant la première tournée. J’ai joué sur The Silent Sun et That’s Me qui était sur l’autre face. Il y a peut-être d’autres titres sur lesquels j’ai joué, mais je ne m’en souviens pas. Peu de temps après, Peter est revenu vers moi avec un chèque de trois cents livres et m’a dit : « Écoute, si tu veux ce chèque de trois cents livres - ce qui était beaucoup à l’époque -, tu dois signer ce document. » J’ai signé et en échange de l’argent, j’ai abandonné tous les droits à venir sur quoi que ce soit qui puisse être gagné par Genesis. J’ai pris le chèque que j’ai dépensé immédiatement… »
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Portrait : Chris Stewart Chris Stewart est le tout premier batteur de Genesis. Elève, lui aussi, du même collège que Mike Rutherford, Peter Gabriel, Tony Banks et Anthony Phillips, la très traditionnelle Charterhouse School, il joue déjà au sein de The Garden Wall, le premier groupe fondé, au sein de l’école, par Peter Gabriel et Tony Banks. Il y reste jusqu’à la rencontre avec le producteur du premier album qui lui semble trop peu amateur d’innovations. Frustré et bridé par cette configuration qui ne lui sied pas, il quitte le groupe en 1968. A ce moment-là, les parents de Chris prennent la nouvelle avec enthousiasme. «Passe ton bac d’abord» aurait pu être leur leitmotiv. Ils prennent la participation de Chris Stewart dans Genesis comme un amusement. Son départ du groupe est vécu par eux comme un soulagement : « J’ai été accepté à l’université grâce au travail que j’ai présenté dans mon book. J’étais censé faire les beaux-arts », se souvient-il, « mais la tradition était de prendre une année de pause entre l’école et l’université. Et bien disons qu’aujourd’hui, à plus de cinquante ans, je suis toujours dans cette année de pause. Je n’y suis jamais allé. » Il rejoint alors le cirque de Sir Robert Fossett, apprend à tondre les moutons, devient marin à bord d’un yacht en Grèce avant d’être guide touristique en Chine. Il gagne aussi un prix en tant que pilote à Los Angeles. Par la suite, il entame une carrière d’exploitant agricole et
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part s’installer en Espagne, près de Grenade, pour y cultiver des agrumes. Il raconte d’ailleur ses aventures d’exploitant agricole dans son premier livre «Driving over Lemons»... Un courriel que Chris Stewart m’a adressé le 24 juillet 2007, montre à la fois son humilité vis-à-vis de son passage dans Genesis, mais aussi le souvenir qu’il en garde : « Bonjour, Merci pour votre gentil courrier. Malheureusement, je ne pense pas que je vous serai d’une grande aide… J’étais étudiant lorsque j’étais batteur au sein de Genesis, il y a quarante ans, et seulement pendant une très courte période. En vérité, je ne connais absolument rien du groupe, et j’étais si peu impliqué qu’il est à peine intéressant de me mentionner. Je suis parti longtemps avant qu’ils ne commencent à devenir célèbres. En outre, je regrette de le dire, mais je n’aimais pas du tout leur musique… Je ne les ai jamais écoutés, bien que des gens m’aient dit que c’était plutôt bon. Chris Stewart » Chris n’a donc aucun regret d’avoir quitté le groupe ni sur l’orientation que sa vie a prise. S’il était devenu une rock star, il ne se serait jamais installé, avec sa femme Ana, dans une ferme reculée des montagnes andalouses, il ne se serait jamais lié d’amitié avec son inventif voisin Domingo, il aurait été constament éloigné de sa fille Chloé et n’aurait même pas eu le temps d’écrire son livre. Selon lui, le destin sait parfois ce qu’il veut. Depuis qu’il a terminé l’écri-
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ture de son livre, il continue à vivre en famille dans sa ferme, entouré de chats, de chiens, de poulets, de moutons et d’un perroquet misanthrope. Et nul doute qu’il continuera d’écrire encore longtemps… Malgré tout, Chris n’a pas perdu le contact avec la musique. Il joue encore de la guitare et tape parfois sur quelques percussions. Il s’est même occupé d’organiser un dîner de retrouvailles de Genesis, à Londres, en 1998, au cours duquel il a été particulièrement ravi de retrouver son vieil ami Anthony Phillips, ancien membre du groupe lors de sa formation. Le succès de Genesis, quelques années après son départ, l’a marqué, mais de façon positive : « J’ai été surpris, en effet, par leur incroyable succès. J’ai passé beaucoup de temps loin d’eux avant que leur succès ne soit vraiment énorme. Le groupe venait presque de se monter quand je l’ai quitté. Il s’est donc écoulé plusieurs années avant leur «explosion». Alors, oui, ça m’a surpris. Mais je n’ai jamais ressenti de jalousie, ni même été déçu, parce que de belles choses me sont arrivées et que je suis ravi de la vie que je mène. Cela aurait pu être sympa d’en faire partie, je suppose, mais je suis ravi pour eux. »
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Le premier album L’échec du premier titre n’empêche pas Decca de miser sur le long terme et de continuer à soutenir le groupe… En effet, après les balbutiements de ce démarrage discographique, on commande à Genesis de nouvelles chansons destinées à ce qui sera leur premier album. Alors qu’en cet été 1968, leurs camarades de classe sont en vacances, les garçons retournent à Londres où ils sont rejoints par un nouveau batteur, John Silver, qui n’est autre qu’un ancien étudiant de Charterhouse. Pour Chris Stewart, avoir l’opportunité d’enregistrer les premiers titres de Genesis pour Decca Records « … était extrêmement excitant. A quinze et seize ans, nous étions des étudiants en pleine ère du rock. Nous retrouver à Londres pour passer une journée en studio d’enregistrement, c’était vraiment intense. » Jusqu’au début de l’année 1969, Genesis paufine les titres de son premier album concept, intitulé From Genesis to Revelation. Dans la foulée, la maison de disques Decca sort trois nouveaux 45 tours : When the Sour turns to Sweet, In the Beginning (en Italie seulement) et les inédits A Winter’s Tale/One Eyed Hound. À cette époque, Jonathan King vit encore auréolé du succès du 45 tours qu’il avait enregistré quelque temps plus tôt : Everyone’s Gone to the Moon. Dans son esprit, il faut que Genesis baigne dans l’influence la plus pop possible, dans la mouvance des Bee Gees, par exemple. C’est d’ailleurs à ce titre qu’il leur fait enregistrer leurs premières chansons, en restant dans cette direction artistique qu’il apprécie tant, sans même deman-
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der l’avis aux membres du groupe. From Genesis to Revelation, qui évoque la création de l’univers, a encore une fois été trop influencé par son producteur, donnant aux garçons une flopée de regrets. Du côté des jeunes Gabriel et Banks, c’est l’influence des Beatles qui les anime. Cette différence de point de vue pourrait faire naître quelques tensions mais, dans un premier temps, il n’en est rien. Finalement, Jonathan King prend en compte les aspirations des artistes dont il produit les titres, ou du moins réussit à le leur faire croire, et combine astucieusement ces deux pistes pour les réunir dans une espèce d’album conceptuel, saupoudré de violons qu’il affectionne particulièrement. Pendant quelque temps, trop peu de temps, il fait croire à Genesis qu’ils ont la liberté de leurs choix artistiques… Comme il fallait s’y attendre, l’album est un flop monumental. L’échec commercial est complet et les médias n’en font presque pas mention. Certains disquaires, visiblement mal informés sur le contenu de ce disque, le classent même, par erreur, dans les bacs de musique religieuse. Au cours de l’été 1969, les membres du groupe décident de devenir des musiciens professionnels. Seul le «nouveau» batteur, John Silver, ne fait pas partie de l’aventure et prend une route opposée à celle des autres en repartant vers ses chères études. Hormis l’ego blessé de certains membres du groupe, beaucoup se sentent manipulés par Jonathan King… Selon les garçons, il n’y a plus d’autre solution, que de rompre le contrat qui les lie au producteur.
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« Pour être plus précis », souligne Anthony Phillips, « ça ne s’est pas vraiment passé comme ça. Le départ de Jonathan King en tant que tel n’est jamais vraiment arrivé. Il n’y a pas eu d’abandon de position ou d’intérêt formel. Il nous a laissé faire ces 45 tours et il nous a laissé enregistrer un album, ce qui était bien mieux pour lui, vraiment. » En effet, les succès à venir de Genesis permettront à Jonathan King de rééditer de nombreuses fois les anciens titres que les collectionneurs s’arrachent à prix d’or. Le producteur King donne sa version des faits : « J’ai toujours aimé trouver, lancer, développer, encourager et mettre en place de nouveaux talents. Après avoir fait cela, je m’ennuie… Les gens commencent à pleurnicher au sujet de détails insignifiants et ça commence à devenir une machine. C’est la raison pour laquelle, quand ils ont décidé de continuer en tant que professionnels, je les ai aiguillés vers quelqu’un en qui j’avais toute confiance, Tony Stratton Smith. Il a juste fallu que j’arrive à le convaincre. », conclut Jonathan King. « Dès lors, nous avons eu une assez grande liberté. Nous n’avions pas beaucoup de succès parce que nous avions besoin de tourner davantage et que nos titres n’étaient pas assez présents à la radio. Et puis, nous étions en pleine transition, nous arrivions à la fin de nos études… Nous étions des âmes perdues. Nous cherchions, en quelque sorte, notre chemin et nous voulions passer d’une équipe d’auteurs compositeurs en rodage à un vrai groupe
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de rock diplômé. King nous a laissés seuls pendant cette période. En réalité, il n’avait pas grand-chose à nous apporter. Il pensait que nous avions un potentiel, mais je pense qu’il ne savait pas trop quoi faire avec nous. Nous avions besoin de nous développer et c’est justement à cette période qu’il nous a lâchés. », dit Anthony Phillips La page King est alors tournée… Mais si c’était à refaire, quarante ans plus tard, Jonathan King choisirait-il de changer quelque chose ? « Non. Cet album est exactement comme je voulais qu’il soit. J’aurais juste aimé que Decca en assure la promotion et le mette en place de façon appropriée. J’ai dû le faire moi-même mais, à cette époque, je n’étais pas très doué en la matière. Je suis devenu bien meilleur, plus tard. » Mais que seraient devenus les membres de Genesis s’ils n’avaient pas rencontré Jonathan King ? « J’aimerais penser », dit Anthony Phillips « que le talent qu’on leur prête implique qu’ils auraient, de toute façon, bien réussi, même si je ne sais pas s’ils auraient travaillé ensemble tout à fait de la même manière. Le fait est que, bien que Jonathan King nous a aidé à nos débuts, le groupe a cartonné après son départ. Donc, même s’il nous a beaucoup appris, ce n’est pas comme si nous avions pris ce projet par-dessus la jambe. Il nous a réunis et encouragés à enregistrer notre premier album. Il est donc tout à fait possible de dire que Génésis aurait pu rater ce premier album et choisir malgré tout de continuer et travailler ensemble dans une petite maison de campagne. Je pense
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que, de toute façon, le groupe était assez déterminé pour le faire. » Genesis travaille alors à l’enregistrement d’une nouvelle maquette à partir de laquelle le groupe est enfin en mesure de prospecter les maisons de disques. À l’heure du bilan scolaire, l’analyse de Chris Stewart est extrêmement claire : « Non, à Charterhouse, les autres membres du groupe n’étaient pas de bons étudiants. », s’amuse-t-il à souligner. « Pas aussi nuls que moi, mais ils étaient assez mauvais. Peter était plutôt intelligent, mais l’intention n’y était pas, je pense. C’était une forme de génie, mais pas au sens académique du terme. Il n’était pas fou. Ant Phillips était un cancre ! Il se faisait virer des cours. Mike Rutherford était pareil. Tony Banks était brillant. Il était studieux et il avait la fibre académique ? » Avant d’ajouter : « Moi, je n’étais pas bon du tout. J’avais vraiment inculte. J’ai quitté Charterhouse avec de très mauvais résultats, et je me suis retrouvé en bas de ce que ce collège avait pour prétention de tirer vers le haut. Et ça a été de pire en pire. »
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Portrait : John Silver Jonathan «John» Silver a été le second batteur du groupe Genesis. Il a remplacé Chris Stewart durant l’été 1968 et apparaît sur le tout premier album From Genesis to Revelation et sur le coffret Genesis Archive 1967-75. Membre du groupe entre l’été 1968 et août 1969, il quitte la formation à la fin de ses études, sous la pression familiale, juste au moment où Genesis prend la décision de devenir professionnel. Il est alors remplacé par John Mayhew. Après s’être inscrit dans une université des Etats-Unis où il poursuit ses études, John Silver devient producteur de télévision. Il vit désormais à Londres avec sa femme Lucy et ses enfants Max, Leo et Libby.
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La liberté à tout prix… Le premier concert du groupe Genesis leur rapporte sensiblement moins que la tournée qu’ils feront en 2007… À l’époque, en septembre 1976, leur première scène «professionnelle» se déroule dans le cadre d’une soirée privée qui leur offre un cachet de… vingt-cinq livres ! Pour ce concert, un nouveau batteur rejoint Genesis provisoirement : il s’appelle John Mayhew. « Avec du recul, je dirais que ça ressemblait plus à une formalité qu’à une audition. », commente l’intéressé. « En réalité, je les ai trouvés peu motivés. Je me souviens qu’ils étaient très possessifs avec leur musique, mais peut-être n’en avaient-t-ils pas conscience à ce moment-là. C’était très précieux pour eux, et je l’ai senti dès le départ. Nous avons réalisé l’audition et, peu de temps plus tard, j’ai répété dans la salle de musique qu’occupait Anthony Phillips. C’est d’ailleurs dans cette pièce que j’ai été entendu par le groupe la première fois. » John Mayhew est recruté par le système, désormais bien rôdé, des petites annonces : « D’après le souvenir que j’en ai, je n’ai pas vu d’annonce dans «Melody Maker». J’avais juste accroché mon numéro de téléphone dans Londres et tout ce que j’espérais c’était qu’un groupe verrait mon annonce et serait intéressé. J’y croyais sans y croire vraiment… J’étais au travail et je suis rentré à la maison vers quatre ou cinq heures. Ma fiancée, Nikki, m’a dit qu’un gars, qui s’était présenté sous le nom de Mike Rutherford, m’avait
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appelé dans l’après-midi : «Il te rappelle à six heures. Il veut que tu fasses partie de son groupe.» À six heures, le téléphone a sonné et j’ai couru les escaliers quatre à quatre avant de décrocher. Mike était plus en train d’essayer de me convaincre de les rejoindre que moi d’essayer de le convaincre qu’il devait me prendre… Mais, dès qu’il a prononcé le nom de Genesis, j’ai frémi. C’était assez fort, sur le moment, mais maintenant, bien sûr, beaucoup de temps s’est écoulé et je me dis : «Oui, c’était comme une évidence quand j’ai entendu ce nom…» Cela me semblait évident, d’une façon ou d’une autre. » Même si John Mayhew ne se souvient plus de la date excate à laquelle il a rejoint le groupe, c’était un beau jour d’été : « Je me souviens avoir pris le train, dans une petite ville du sud de l’Angleterre même si j’ai oublié le nom et d’avoir débarqué à Londres avec ma batterie et toutes mes affaires dans de solides valises noires. Moi aussi, j’étais tout de noir vêtu. Quand je suis descendu du train, j’ai placé tout mon matériel à la consigne. C’est là que je suis tombé sur Peter Gabriel qui était en train de prendre des notes sur de petits bouts de papier. Plus tard, j’ai mis tout ce matériel dans un taxi… noir ! C’est là que j’ai rencontré un membre du groupe pour la première fois. » Au départ, John Mayhew a du mal à ressentir les attentes du groupe à son égard. Avaient-ils des attentes particulières ? Avaient-ils déjà une idée précise du son qu’ils espéraient l’entendre jouer ?
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« Ce qui s’est passé, c’est que je me suis totalement renfermé, concentré. », avoue John. « Et je me suis dit : «Oh, mon Dieu, il suffirait d’un rien pour que j’abîme le titre ou que je perturbe le déroulement des titres.» J’imaginais même déséquilibrer la musique. Je réalise aujourd’hui que ma prudence pour ne pas tout faire retomber m’avait beaucoup inhibé. Je le réalise… bien plus tard. » À l’arrivée de John dans le groupe, Génésis est toujours dans le style acoustique de la fin des années soixante et n’a pas encore fait la transition qui le mènera, au cours des années soixante-dix, vers des sonorités plus électriques : « J’ai vécu avec eux cette transition. », précise Mayhew. « Je pense, avec le recul nécessaire, que ce que je leur disais sur leur propre musique leur était vraiment précieux. C’était tellement gentil et doux, tellement loin des musiques du vendredi soir, pour peu que cette expression ait un sens. Ce que je veux dire, c’est que, souvent, les gens passent la semaine à travailler et quand arrive le week-end, ils découvrent un groupe fableux et toutes les tensions des derniers jours disparaissent autour d’un ou deux verres de bière. Ce qui ne risque pas de se produire avec des chansons trop douces. Genesis commence alors à aller voir d’autres groupes sur scène pour avoir des points de comparaison et réalise combien le son de certaines de ces formations est strident comparé à leur musique qui est beaucoup plus sensible, qui ne colle pas bien avec une foule en délire du vendredi soir. Bien-sûr, leur évolution vers une musique électrique, leur théâtralité et Peter Gabriel qui
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frôle les limites ont fait le reste…» Désormais, le groupe avance en toute liberté. Sans contrainte ou manipulation, les membres de Genesis jouent enfin la musique qu’ils aiment, prennent leurs directions artistiques d’un accord commun et ne laissent aucun compromis parasiter leurs jugements. À partir du mois de novembre, le groupe travaille d’arrache pied. Installés dans le cottage des parents de leur pote Richard MacPhail, les garçons répètent inlassablement, jusqu’à douze heures par jour… L’année 1970 voit soudain leur carrière s’accélérer. Les dates des concerts se multiplient, les fêtes universitaires leur apportent une certaine notoriété et les clubs les convient très régulièrement à se produire sur scène. À force de persévérance, le groupe finit par attirer l’attention de Tony Stratton-Smith, un jeune patron d’un nouveau label, dont la mission est justement de découvrir de nouveaux talents pour le bénéfice de sa société Charisma Records. Sentant que le groupe a du potentiel, Tony Stratton-Smith les signe. Durant l’été 1970, le groupe s’installe en studio pour le compte de sa nouvelle maison de disques... Enfin détachés du joug de son ancien producteur Jonathan King, il oriente son style musical vers le rock progressif. Ce courant artistique très convoité et répandu à l’époque a pour particularité de s’appuyer sur des morceaux au long cours, pas du tout adaptés pour répondre aux attentes des radios et aux règles de formatage, et souvent habillés de passages
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instrumentaux assez longs. Genesis, comme tous les artistes qui suivent ce courant, voire l’anticipent, s’applique donc à créer des morceaux riches en harmonies et très concentrés sur des mélodies travaillées. Pour marquer leur différence, le groupe frappe fort en insistant sur la complexité des titres qui peuvent rapprocher plusieurs thèmes musicaux et faire cohabiter des rythmiques variées. En ce qui concerne l’écriture des textes, les garçons puisent leur inspiration dans les livres qu’ils ont lus, dans leurs expériences personnelles, mais aussi dans les sujets de société ou de politique, ainsi que dans les contes ou encore les légendes. Leurs compositions, ils les font jaillir de leur riche culture en folk, en musique classique et même en pièces médiévales. À l’époque où le groupe s’installe, le rock progressif est encore assez récent. Si on ne peut pas parler de rivaux, les chefs de cet univers musical sont King Crimson, Jethro Tull, Yes, Pink Floyd, Van der Graaf Generator et autres Emerson, Lake & Palmer. « Il y en avait beaucoup d’autres. », se souvient John Mayhew. « Je ne pense pas que Genesis se soit un jour considéré comme le concurrent de quelqu’un. Peut-être juste momentanément, au sujet des concerts où les groupes qui faisaient le plus de communication vendaient le plus de billets. Mais ce n’était pas vraiment une rivalité. Je suppose que si la question était posée aux autres, ils pourraient dire qu’au début de leur carrière ils avaient des rivaux, mais je devine qu’il s’agissait surtout d’envies. Je pense qu’ils étaient plus concentrés sur leur musique et sur les événements qui les ont aidés à aller aussi loin. »
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L’enregistrement de l’album Trespass est considéré par les puristes comme la véritable phase de décollage de la carrière de Genesis. L’opus comporte six longs morceaux dont la structure reflète déjà la marque de fabrique du groupe. L’évolution d’un son initialement acoustique vers un son plus électrique résulte du besoin de faire entendre sur disque ce que le groupe propose au public sur scène. Néanmoins, le groupe ne cherche pas à se réinventer délibérément. Au contraire, l’évolution de Genesis est toute naturelle : « En fait », explique Phillips « nous avons trouvé cette atmosphère quand nous avons commencé notre tournée et que nous avons fait des titres plus acoustiques. Nous avions alors beaucoup de mal à jouer en public From Genesis To Revelation. Il n’y avait pas les amplis qui existent aujourd’hui. Le son était plus «électrique» : on ne pouvait pas toucher le public comme nous le voulions. À l’époque, nous ne faisions pas de concerts, nous faisions… Comment dire ? Je ne sais pas comment vous appelleriez cela, chez vous… On faisait ce qu’on appelle en Angleterre des «Tech Gigs» comme en organisent les universités ou les collèges techniques, le week-end, quand les gens ne veulent que quelques verres et du rock. Un peu l’équivalent de la Dance Music actuelle, mais avec une participation différente. À l’époque, le public s’asseyait et écoutait notre musique dans ses moindres détails. » Ce dont John Mayhew se souvient au sujet de l’enregistrement de Trespass est visiblement assez flou :
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« Je ne me souviens que de bribes, de détails… comme de m’être assis à la table de mixage pendant quelques heures et avoir regardé ce qui s’y passait. Je me souviens que l’une des dernières chansons que nous avons enregistrées était The Knife. Je me rappelle aujourd’hui encore la sensation particulière que j’ai ressentie dans la pièce en jouant ce morceau, ce jour-là. C’est pour cette raison que j’ai gardé en mémoire cet enregistrement. Ce n’est pas que je n’ai pas eu un aussi bon feeling en jouant les autres chansons, mais j’avais vraiment aimé celle-ci. Cette superbe sensation à la fois forte et savoureuse, c’est une sorte de feeling qui vous gagne. Je me sentais vraiment bien. J’avais tellement de respect pour les autres garçons, et je les aime tellement en tant que personnes. On n’avait pas à refaire les choses éternellement. Nous étions juste là, au bon moment. Un autre moment très agréable a été celui où pendant une période de calme j’ai lu tous les essais et les lettres de George Orwell qui se trouvaient dans la petite maison où nous avions répété les titres de Trespass. Il y avait une petite bibliothèque et l’endroit était vraiment agréable. J’ai plein de petites photos de l’endroit que je ressortirai plus tard. Je n’ai aucune nostalgie déplacée, j’ai juste quelques regrets, comme ceux de n’avoir pas su faire, à l’époque, tout ce que je connais aujourd’hui. J’aurais été plus sage et plus perspicace. Il y avait une différence évidente, à l’époque, entre moi qui avais un jeu très scolaire, et les autres qui n’avaient manifestement pas le même état d’esprit. C’est remarquable que cela ne se soit jamais entendu, finalement. »
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À la fin de l’enregistrement de Trespass, Anthony Phillips, qui apportait notamment sa touche «folk», claque la porte. Lors de l’enregistrement de l’opus, il n’y avait pourtant pas de guerre d’ego au sein du groupe. « Les querelles supposées sévir au sein du groupe, n’étaient pas courantes pendant ma collaboration avec Genesis. », témoigne John Mayhew. « Toutes les relations pendant l’enregistrement de Foxtrot m’ont semblé très civilisées. Il y a eu des moments de tensions et de peur, parce qu’on avançait parfois vers l’inconnu. Bien sûr, qu’il y avait des toutes petites frictions, mais à peine perceptibles. J’ai appris, par la suite, par Anthony Phillips, qu’il y avait eu une dispute au sujet de monter sur scène. Mais des gens qui claquent des portes ou des choses vraiment importantes, non. Je n’ai rien vu de ce type, vraiment. Bien sûr, ils sont faits de chair et de sang et, après mon départ, ils ont pu avoir des désaccords et quitter le studio. Ce sont des choses qui pourraient m’arriver occasionnellement, à moi aussi. » Pendant l’enregistrement de Trespass, comme pendant l’ère acoustique de Genesis, il y avait au sein du groupe des auteurs-compositeurs qui occupaient largement le terrain : « Je citerais Tony, Peter, Mike et, bien-sûr, Anthony. », raconte John Mayhew. « Tout ce que je peux dire, c’est que les décisions se prenaient d’une façon relativement démocratique. Sinon, de toute manière, cela n’aurait pas pu fonctionner. C’est seulement lorsque qu’une personne arrivait de l’extérieur que cela changeait immanquable-
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ment. Je pense que Steve Hackett a essayé d’écrire quelques musiques et d’en enregistrer, et je crois que les choses se sont alors déroulées un peu différemment. Mais, en ce qui concerne la co-écriture, cela me semblait assez démocratique. Je ne pense pas que qui que se soit ait essayé d’obtenir une totale domination sur les autres. Cette sorte d’extrémité ne s’est jamais produite au sein du groupe. » Selon John Mayhew, cette ouverture au sein du groupe permet à chacun de faire part de ses volontés en matière de direction artistique : « Si, à cette époque, j’avais déjà eu quelques expériences en tant que musicien, participer à Genesis restait néanmoins pour moi une nouvelle aventure. Malheureusement, alors qu’il maintenait en quelque sorte l’équilibre du groupe et contrastait vraiment avec la personnalité de Peter Gabriel, Ant a quitté la formation… » À l’époque, la vie sans Jonathan King permet au groupe d’évoluer dans une nouvelle ambiance de travail et l’enregistrement de Trespass leur donne une impression de liberté… et la chance d’obtenir un son nouveau : « Je pense », dit John Mayhew avec du recul « qu’ils étaient très motivés à l’idée de mettre en symbiose leur énergie créative. Je sentais vraiment que les choses avançaient. Si je revivais cela maintenant, je cernerais probablement bien mieux ce qui se tramait alors, mais, à l’époque, j’étais tout jeune et carrément naïf. La musique était un ensemble : j’essayais désespérément de m’élever à la hauteur des standards de Genesis. »
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Alors que Jonathan King avait tendance à imposer sa vision des choses à Genesis, avec Charisma Records le groupe apprend à écouter les influences extérieures… « Non pas qu’ils aient eu vraiment besoin d’apprendre beaucoup. », souligne John Mayhew. « Mais, ils savaient que la meilleure chose à faire était d’écouter les autres et donner un nouveau style musical à certaines de leurs chansons qui devaient être retravaillées avec plus de pêche, plus de force. Je pense qu’une partie de ces mutations est arrivée après les conseils de Charisma Records qui, dès le début de leur collaboration, leur a proposé de nouvelles pistes de travail. »
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Portrait : Anthony Phillips Nous sommes à Putney, dans la banlieue sud de Londres, quand le futur guitariste Anthony Phillips naît, le 23 décembre 1951. Alors élève de la St Edmunds School, dans le Surrey, celui que l’on surnomme déjà «Ant» fonde son premier groupe à l’âge de douze ans : The Spiders. En avril 1965, il entre en cours d’année au très sérieux collège de Charterhouse, et fait la connaissance de Peter Gabriel, Tony Banks et retrouve son ami Michael Rutherford. Pendant ses heures de liberté, il compose une chanson intitulée Patricia qui deviendra plus tard la chanson de Genesis In Hiding puis interprète, seul sur scène, lors de la fête de fin d’année, trois chansons des Rolling Stones. En 1966, The Anon enregistre la maquette de Pennsylvania Flickhouse (écrite par Ant) au studio Tony Pike Sound de Putney. Après avoir fondé The Anon qui avait pour caractéristique des influences rythm’n’blues et celtiques, Anthony Phillips recrute Rutherford. C’est également à Phillips que l’on doit la réunion des deux principales formations du collège (The Anon et Garden Wall), suite à un concert qui a fait trembler les cœurs des pensionnaires et les murs du vieux pensionnat. Initialement, Anthony Phillips était considéré comme le chanteur de ce nouveau collectif, avant que celui-ci ne décide de proposer cette place à Peter Gabriel. En réalité, la fusion souleva deux problèmes : qui allait devenir le
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compositeur du nouveau groupe et qui en serait le chanteur ? « J’ai des milliers de souvenirs. », affirme Anthony. « Le problème, c’est qu’à la longue, je peux être très ennuyeux avec ça… Anon, en tant que tel, était plus qu’un groupe. Garden Wall, c’était juste une bande de potes qui se sont mis ensemble pour faire un concert, une fois… Anon était un vrai groupe qui avait l’habitude de reprendre des morceaux des Stones et des Beatles et qui jouait à chaque vacances. Mike Rutherford en faisait partie, puis il a quitté le groupe avant d’en rejoindre un autre. Comme on était très amis, on a commencé à écrire ensemble. C’est ainsi que l’on a fait équipe avec Peter Gabriel et Tony Banks qui faisait partie de Garden Wall. Il a avait donc deux duos de songwriters quand nous nous sommes réunis. Naturellement, il y avait un peu de concurrence. Quand vous vous retrouvez avec quatre personnes qui écrivent, il n’y a pas trente-six mille solutions… Nous avons donc décidé de faire équipe ensemble, avec nos propres bagages, sans conflit, mais avec des gens qui se «bagarraient» pour défendre leur propre point de vue. » Les compositions très subtiles et intelligentes d’Anthony Phillips ont notamment donné à l’album From Genesis To revelation, le premier album de Genesis, une teinte pop qui mérite qu’on s’y attarde. Anthony ayant le don d’enrichir les arrangements, auxquels il contribue, d’un symphonisme précieux et raffiné. Après deux mois passés à l’enregistrement de l’album Trespass, l’été 1970 bat son plein et le groupe est en pleine effervescence. Le guitariste
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prend la lourde décision de claquer la porte, sur un prétexte dont l’avenir démontrera qu’il était discutable. Alors qu’Anthony Phillips se disait à l’époque épuisé par les tensions en studio et le stress de la scène, il n’a en réalité jamais quitté la musique et encore moins les studios d’enregistrement, si l’on considère le nombre de disques en solo qu’il enregistre, les banques de bruitages qu’il produit et les musiques de documentaire sur lesquels il travaille également. « Je dois être honnête. Si aujourd’hui je suis connu, c’est parce que je passe la plupart de mon temps à réaliser des musiques de fond pour la télévision. C’est vraiment devenu un mode de vie. Parfois, j’enregistre des programmes sur la vie sauvage, c’est ce qu’on appelle des bibliothèques de sons. Quand tu fais plusieurs sons dans le même style qui sont ensuite utilisés dans des programmes télévisés, le bouche à oreille fonctionne et on commence à parler de toi… tu te mets à gagner de l’argent, ce qui est la raison pour laquelle je fais cela. Ce travail est intéressant. Pour faire court, je suis juste payé pour balader mes synthétiseurs et pour créer des sons et des bruits sympas. Je passe vraiment la majorité de mon temps à cela. », raconte Anthony Phillips Mais il s’est toutefois écoulé sept ans entre son départ de Genesis et la sortie de son premier album. Qu’a-t-il donc fait pendant tout ce temps ? « Pendant un an, je n’ai fait que penser. J’étais en quelque sorte en train de me demander ce qui allait arriver… Non,
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en fait, après avoir quitté le groupe, j’ai rapidement repris des études. Après une sorte de petite période à vide, j’ai recommencé à étudier la musique. Je ne me faisais pas de plans sur la comète, je progressais au piano, avant tout. J’ai appris à lire la musique, ce que je ne savais pas avant d’étudier la guitare classique, puis je suis devenu professeur. J’ai alors commencé à gagner de l’argent en enseignant. J’étais très peu qualifié, je n’appliquais aucune des techniques de base, avant mes dix-neuf ans. C’est pourquoi j’ai trouvé difficile d’entrer à fond dans un style de musique. Je suivais les autres. J’ai en quelque sorte ramassé des choses sur mon chemin. J’ai aussi étudié à temps partiel des choses comme l’orchestration. J’étais encore enseignant, au milieu des années 1970, quand on a commencé à enregistrer The Geese and The Ghost. Sa gestation a duré quelque chose comme deux ans. Il a été commencé fin 1974 et n’est pas sorti avant le début de l’année 1977. Les raisons de ce retard seraient trop longues à expliquer, mais j’ai attendu Mike Rutherford pas mal de temps. Il était sur les routes. Pour résumer, il y a eu la période perdue, la période d’études, la période d’enseignement puis la période The Geese and The Ghost. Quand on parle de 1970 à 1977, cela semble être une période incroyablement longue, mais en réalité, ça ne l’était pas. J’ai quitté Genesis début 70 et j’ai mis deux ans et demi ou trois ans à penser à l’album. C’est ça qui m’a pris beaucoup de temps. » Effectivement, toute l’année 1974 est consacrée à la recherche de matériel : « Fin 1973, début 1974, Mike et
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moi sommes allés au sud de l’Irlande et nous avons alors composé les longs morceaux instrumentaux. Ensuite, nous avons terminé l’année à tout planifier et à réunir tous les équipements nécessaires. En 1975, tout était terminé et en 1976 l’album était bouclé, même s’il n’a pas été publié à ce moment-là… » La carrière solo qu’il poursuit offre néanmoins à son public des œuvres de grande qualité, riches en créativité, comme en témoigne The Geese & the Ghost, un premier album qui séduit les amateurs d’un rock progressif intimiste, feutré, poétique, classique et symphonique, sur lequel on retrouve la trace du passage de Phil Collins et de Mike Rutherford. L’album Tarka, dans l’esprit du précédent, puise une dimension symphonique dans la présence du «National Philharmonic Orchestra», tout en conservant, avec beaucoup d’équilibre, la présence des guitares. Le disque Slow Dance confirme l’hégémonie du musicien dans la famille de la musique symphonique instrumentale des années 1980. Enfin, l’album The Meadows of Englewood, sur lequel on remarque la présence de Guillermo Cazenave, est doté d’une musique mélodieuse, avec une subtilité des arpèges de guitares et des nappes éthérées des synthétiseurs… Une ode à la sérénité. Mais que serait devenu Ant, si Genesis ou même la musique n’avait pas croisé sa route ? « Je serais allé à l’université et j’aurais suivi des études d’histoire ou d’Anglais. De là à en faire mon métier, je ne le sais vraiment pas. C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. »
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C’est le premier «membre-clé» du groupe à commencer le jeu des chaises musicales. Il quitte officiellement Genesis pour une raison inhérente à tout travail collectif d’artistes. Il s’est effectivement instauré, entre autres, un désaccord sur les directions des prochains projets musicaux du groupe. Des problèmes de santé et également la difficulté d’être confronté à la scène (trac, fatigue…) ont raison de Phillips dont la décision est sans appel. Il s’agit pourtant d’un des piliers du groupe, fondateur d’Anon. La dernière date d’Ant avec Genesis a lieu à Haywards. Nous sommes le 18 juillet 1970, et c’est cette date qu’il faut considérer comme le jour de sa démission du groupe, même si sa décision a été prise depuis déjà quelques semaines. Anthony Phillips ne pratique pas la langue de bois quand il revient sur cet épisode : « Pour moi, quand la bande est partie en tournée, c’est là que les choses ont commencé à mal tourner. J’ai alors réalisé que cette vie n’était pas faite pour moi. Le fait d’avoir cohabité dans un si petit espace pendant quelque temps ne m’a pas non plus facilité la vie. Cela n’a pas arrangé les choses. » Même si cette période est riche en amusements et en utopies, la sensibilité d’Anthony Phillips ne correspond pas à la vie de groupe. Il subit surtout la pression provoquée par cette situation. Plus Genesis avance et progresse, plus les agents potentiels et le public tournent
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autour du groupe, moins Phillips s’imagine capable de gérer ce type de vie.
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Portrait : Mick Barnard Le guitariste Mike Barnard a fait un rapide passage au sein de Genesis, du mois de septembre et au mois de décembre 1970. Il a assuré l’intérim après le départ d’Anthony Phillips et a été rapidement remplacé par Steve Hackett. Certains observateurs prêtent à Mick Barnard la probable compostion de quelques parties de guitare des chansons qu’enregistra, plus tard, Steve Hackett, notamment The Musical Box et Twilight Alehouse. Effectivement, sur ces titres la plupart des morceaux de guitare sont joués par Hackett et d’autres membres du groupe. Étant donné que depuis la fondation du groupe, jusqu’à l’écriture de A Trick of the Tail, toutes les chansons étaient signées du nom collectif de Genesis, et non pas du nom propre de leurs compositeurs, son nom n’apparaît sur aucun crédit. D’autre part, aucune interview de qui que ce soit n’a jamais confirmé ou infirmé cette hypothèse.
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Remises en questions À l’aube de la sortie, en octobre, de l’album Trespass, le départ d’Anthony Phillips est vécu par Rutherford et par Banks comme un grand traumatisme. Et si, après tout, Genesis n’était pas né pour durer ? Même si l’avenir leur prouvera le contraire, l’annonce de cette décision tombe tel un couperet sur le destin du groupe. Pendant quelque temps, Genesis est au cœur du doute, de la tourmente et se demande même si l’avenir sans Anthony Phillips peut avoir un sens. Avec du recul, Mike Rutherford et Tony Banks reviendront sur ce douloureux passage durant lequel Genesis a frôlé la rupture. Ce trouble que connaît alors le groupe montre bien l’importance qu’avait Anthony au sein de la formation. Après cette période de remise en question, l’équilibre du groupe est totalement repensé. Alors que chacun est finalement prêt à relancer la magie Genesis, le batteur John Mayhew est, finalement, considéré comme le maillon faible et doit essuyer un revers de fortune : considéré techniquement en deçà des attentes du collectif pour répondre aux besoins à venir du groupe et à ses ambitions artistiques, il fait les frais de ce remaniement et est écarté de la formation le 24 août 1970. Son départ, John Mayhew l’apprend d’une façon informelle : « J’étais en train de prendre une pause dans un café-restaurant de Londres. Mike Rutherford et Peter étaient avec moi. Je crois me souvenir que Peter m’a dit : «Que penserais-tu de partir ?» Et j’ai répondu : «Bien sûr.» Je l’avoue
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maintenant, j’avais les larmes aux yeux. Ce ne fut pas un départ dans l’amertume. Je me sentais tout à fait triste. » Derrière cette phrase de Peter Gabriel «Que penserais-tu de partir ?» inversant presque la situation et plaçant John comme un démissionnaire, tout laisse à penser que ce dernier savait déjà ce qui allait lui arriver : « Eh bien, c’était un peu comme quelqu’un à qui on allait annoncer la sentence. Par la suite, j’ai reçu ma condamnation, même si je m’en doutais déjà. Disons en gros que s’ils m’ont éliminé ou qu’ils m’ont demandé de partir, je savais que ça allait arriver. Il n’y a pas de prétention dans ce que je vais dire, et je n’en ai parlé à personne, mais je pouvais voir qu’ils allaient dans des directions que je n’étais probablement pas destiné à suivre. C’est la vie. N’était-ce pas formidable ? J’ai eu mon heure de gloire. » En réalité, les départs d’Anthony Phillips et de John Mayhew font suite à des décisions prises durant la même période d’activité assez réduite du groupe. « Il y avait comme une espèce d’accalmie cette année-là. Nous n’avons pas beaucoup joué. », raconte John Mayhew. « Les membres du groupe partaient et venaient. Genesis avait un petit passage à vide. Techniquement, estce qu’Anthony est parti avant moi ? Je n’en suis pas si sûr. Je n’ai pas vraiment pris conscience de son départ. Je pense qu’on pourrait dire qu’on est partis durant la même période, celle durant laquelle le travail ne progressait pas vraiment. Genesis restructurait le groupe. Tout était en train de se mettre en place. Nous avons alors signé quel-
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ques bouts de papiers, nous nous sommes noyés sous une montagne d’excuses et nous avons chacun repris notre route. » En juin 2006, interrogé au sujet du contenu de ces papiers, John Mayhew répond : « Je me souviens de deux séances de signatures de documents. Pour être honnête avec vous, à ce moment-là, je ne me rappelle pas exactement ce qu’ils contenaient, et je ne cherchais à percevoir aucun gain financier de la part du groupe. Il s’avère juste, qu’actuellement, je suis au milieu de négociations avec Genesis, au sujet du paiement de l’album Trespass. On peut donc considérer que si je ne parle plus de ces papiers signés à l’époque, c’est parce que j’attends un chèque. Je sais, ça semble incroyable… 36 ans après ! » Mais la décision de remercier John Mayhew ne vient-elle pas de Charisma Records, après leur première visite auprès de Genesis en studio ? Le percussionniste intéressé répond, de nombreuses années plus tard : « Je ne serais effectivement pas surpris que cette décision ait été prise à l’occasion de ce rendez-vous avec la maison de disques. Cela commençait à devenir évident. Ils improvisaient tout le temps et c’est probablement ce qu’ils cherchaient à faire. Les contrats pour l’album ont été antidatés d’un mois par rapport à la date réelle de l’enregistrement. Pendant ce temps, nous nous préparions, nous répétions et nous donnions toutes les chances pour que chaque note soit en place.
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Avant d’arriver au studio, je me sentais prêt, tel un soldat bien formé. Nous l’étions tous, d’ailleurs. Pour moi, il m’était difficile d’innover et de créer. Je suppose que je devrais tirer une grande gloire de cette histoire de concerts et d’enregistrements, mais je n’étais vraiment que ce gars de banlieue… J’ai juste, d’une façon ou d’une autre, réussi à faire arriver ce concert au niveau escompté. J’ai donné le meilleur de moi-même, et beaucoup de gens ont aimé ça. The Knife est sorti du lot, ce dont je suis vraiment fier. Je suis assez heureux pour toutes ces raisons. Bien sûr, j’aurais aimé être sur le devant de la scène comme Phil Collins, mais ça ne devait pas se faire… »
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Portrait : John Mayhew Le batteur John Mayhew est, après Chris Stewart et John Silver, le troisième percussionniste à avoir travaillé avec les membres de Genesis, entre l’automne 1969 et l’été 1970, avant que ce poste ne soit confié à Phil Collins. Il a notamment joué avec le groupe dans des clubs londonniens, avant la sortie de l’album Trespass. Longtemps très discret sur sa vie, John Mayhew disparaît quelque temps de la circulation. À l’époque où John Mayhew quitte le groupe, la rumeur court et l’on prétend qu’il a mystérieusement disparu et que même sa famille ignore ce qu’il est devenu. Ce n’est que quelques mois plus tard qu’il donne des nouvelles en annonçant qu’il a décidé de quitter définitivement le monde de la musique : « Il y a quelques années, j’ai reçu une invitation pour rejoindre à nouveau un groupe de musique. », relate John Mayhew. « Je suis allé les rejoindre pour les voir et… c’était un peu comme si je sautais au milieu d’un lac d’eau glacée. Est-ce que j’avais vraiment envie de revenir à la musique de cette façon ? Je n’en suis pas sûr. » Depuis, John Mayhew est devenu citoyen australien : « Mon dernier concert a eu lieu à Sidney. C’était en 1982. Je ne travaillais pas dans la musique, mais j’avais envie de jouer de la batterie, à nouveau. J’avais emporté ma batterie de Nouvelle-Zélande. Ce soir-là, je suis sorti de scène dans un état particulier. J’avais près de cinquante dollars
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australiens en poche et j’étais trempé de sueur. Il pleuvait averse et les essuie-glaces ne parvenaient pas à enlever la pluie du pare-brise assez vite. Je me suis dit alors : «Assez ! Je veux quelque chose de nouveau pour me ressourcer, pour changer de vie.» Cette ville d’Australie où j’ai pris cette décision s’appelle Liverpool. Je n’oublierai jamais cela. J’ai vendu ma batterie deux ou trois semaines plus tard. »
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Quand Genesis rencontre Phil Collins… La sortie de Trespass et l’accueil enthousiaste des critiques pour cet album confortent les membres de Genesis dans le fait qu’il faille aller plus loin dans cette aventure musicale et humaine. Au tout début des années 70, un certain Philip Collins est en train de lire Melody Maker, un journal spécialisé lorsqu’il tombe sur une annonce qui l’interpelle : un groupe a diffusé ce message pour trouver la perle rare, un batteur qui soit «sensible à la guitare 12 cordes». Phil, qui a dix-neuf ans, se sent concerné et contacte aussitôt le rédacteur de l’annonce. Entre-temps, Genesis se lance à la recherche d’un nouveau guitariste et d’un batteur. Lorsque Phil Collins débarque chez Peter Gabriel, il participe, au même titre qu’une quinzaine d’autres prétendants, à une audition en bonne et due forme. Tandis que chacun tente d’impressionner les autres membres du groupe par des prouesses techniques, comme si leur talent brut ne suffisait pas, Collins se détend, fait quelques longueurs dans la piscine en écoutant les autres jouer. Il séduit le groupe avec son côté détendu et amusé, alors qu’il est en réalité en train de travailler, de s’imprégner des morceaux, tout en nageant en toute sérénité. Lorsque son tour arrive, évidemment, il n’est pas stressé. Cette séance de natation l’a détendu et, qui plus est, il maîtrise la batterie, qu’il pratique depuis l’âge de cinq ans, avec une assurance bluffante. Enfin, il a retenu dans les moindres détails
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toutes les nuances des morceaux. Melody Maker est également à l’origine de la rencontre de Genesis avec le fameux Steve Hackett. Ce dernier, qui a, à l’époque, 21 ans, vient de passer une annonce dans laquelle il déclare rechercher des musiciens qui courent après l’innovation, des artistes qui sont «décidés à s’émanciper des formes musicales en place». Steve recherche, selon ses dires, des musiciens réceptifs, déterminés à lutter contre la médiocrité de l’environnement musical de l’époque. Si ce jugement porté sur une génération entière de musiciens peut être considéré comme vaniteux, cette vision de la musique répond exactement à la perception que Peter Gabriel a de la musique actuelle. Gabriel appelle Hackett pour l’inviter à assister à un concert de Genesis. Entre les deux garçons, le courant passe immédiatement. Dès lors, une nouvelle audition est planifiée par Genesis. La technique et la rigueur de Steve Hackett font l’unanimité auprès des membres qui l’accueillent avec confiance et enthousiasme. Désormais au grand complet, dans un effectif d’une créativité et d’une richesse que de nombreux admirateurs du groupe considèrent comme inégalé par la suite, cette équipe de rêve est prête à répandre ses talents sur toute la planète. Au chant, on retrouve Peter Gabriel, aux claviers, Tony Banks, à la basse, Mike Rutherford, à la guitare, Steve Hackett et à la batterie Phil Collins. Une formation qui restera inchangée pendant plus de quatre ans. Riche de cette réorganisation et de ces nouvelles recrues prometteuses que sont Collins et Hackett, Genesis est
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armé pour enregistrer, puis sortir l’album Nursery Cryme. Enregistré en août 1971 au Trident Studio, cet opus débute par The Musical Box, un morceau culte du répertoire du groupe. The Fountain of Salmacis marque par ailleurs, comme The Musical Box, un peu plus particulièrement le public. Cet album donne également à Phil Collins l’opportunité de s’essayer au chant avec For Absent Friends. Avant l’enregistrement, le groupe travaille ses chansons à l’avance, mais cela n’empêche pas les morceaux d’évoluer énormément pendant les séances en studio. Au sujet de l’enregistrement de l’album Nursery Cryme, Tony Banks révèle en 2004 que pendant que le groupe travaillait sur l’opus, des tensions sont apparues et que les garçons étaient opposés quant aux choix artistiques. Banks se souvient d’ailleurs de ce jour particulier où il s’emporte violemment pendant les enregistrements de Nursery Cryme, justement à cause de ces différends. « Cela arrive tout le temps avec tous les groupes. », relativise John Burns. « Je n’étais pas effrayé. Je savais que ça allait s’essouffler et redescendre. Évidemment, on parle de Tony ou de Peter, bref de personnes qui, en dehors de cela, sont très raisonnables. Ils discutaient calmement et, après avoir pris le frais quelques minutes, trouvaient un arrangement. C’était un groupe de personnes qui avaient des tempéraments artistiques un peu divergents. Ils vivaient leur création avec passion, chacun à leur manière, ce qui est plutôt sain. Tony était déjà un grand musicien (et je ne sais pas sur quels points précis ils se disputaient) que ses choses-là, on fait avec, voilà tout. On discute quelques minutes pour remettre les pendules à l’heure et on se remet au travail. »
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Si pour Nursery Cryme, les critiques sont plutôt encourageantes, le public ne suit pas et le disque se vend mal. Dès 1972, Genesis se produit, pour la première fois, sur des scènes étrangères. Alors qu’ils partagent, à Bruxelles, la scène avec les groupes Van der Graaf Generator et Lindisfarne, devant un public totalement séduit par leur travail, Genesis apprend que leur album Nursery Cryme, qu’ils pensent être un échec commercial absolu, reçoit un accueil commercial sans précédent en Italie. Et lorque, dès le mois d’avril, le groupe se produit au pays de Dante, le triomphe est au rendez-vous. Dans ce pays, à l’époque, féru de rock progressif, le concert de Génésis est un véritable événement. C’est durant cette tournée que l’artiste Peter Gabriel porte des costumes fantasques en rapport avec les thèmes des chansons, se grime, revêt tour à tour une tête de renard, la robe rouge de son épouse Jill, des costumes pleins de pierres brillantes ou encore un masque de vieil homme… L’artiste s’attache à la fois à perfectionner ses prestations vocales et à les compléter par une mise en scène imagée et complexe. Au fur et à mesure, ses artifices originaux fascinent le public et assoient la réputation que se forge le groupe. Au mois de juin, Genesis monte pour la première fois sur la scène légendaire de l’Olympia. La Vraie ! Nous sommes le 26 et cette salle accueille une tournée de groupes de rock progressif. En août et septembre, les cinq artistes se réunissent à nouveau pour enregistrer leur nouvel opus. Et c’est en octobre que sort l’album Foxtrot qui puise son essence dans l’originalité de sa formation et les personnalités de ses membres. Le groupe a alors l’idée d’un morceau intitulé Supper’s Ready dont la
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version proposée sur l’opus dure vingt-trois minutes. Par chance pour John Burns, qui vient de travailler sur le morceau, le groupe avait déjà décidé l’ordre dans lequel toutes ces idées, arrivées de toutes parts, devaient être agencées : « Heureusement, ils ont tout anticipé. On a pu ajouter quelques sons, mais nous n’avons rien bouleversé de ce qui était prévu. Chaque prise avait été pensée, programmée. Et c’est tant mieux, car ce n’était pas évident de pouvoir réaliser ce titre en une seule prise. » Dans ce même album, Watcher of the Skies, un titre inspiré par Arthur C. Clarke (l’auteur du livre 2001, l’Odyssée de l’Espace), conforte la position d’auteurs-compositeursinterprètes et la réputation de Genesis qui s’inscrit à la fois dans la durée et séduit en parallèle les professionnels et le public. Tous les admirateurs de Genesis ne réalisent pas toujours que John Burns, le célèbre producteur et réalisateur qui a travaillé sur Foxtrot, a un background riche dans l’hisoire de la musique rock. Il a travaillé avec des musiciens et des groupes légendaires sur des albums et des morceaux devenus des incontournables. Il a collaboré, entre autres, avec des artistes de la trempe de King Crimson, Blind Faith, Traffic, Free, Jeff Beck, Eric Clapton, Deep Purple, David Bowie, Fleetwood Mac, Dal Shannon, Jimmy Cliff. On lui doit également de nombreux concerts et festivals du début des années 70 qui le firent travailler avec des légendes comme les Doors, Miles Davis, The Who et autre Jimi Hendrix. Sa rencontre avec Genesis, John Burns s’en souvient très
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bien : « Sur l’enregistrement de Foxtrot, le groupe Genesis avait déjà un producteur et un ingénieur du son appelé Bob Potter qui n’était pas sur la même longueur d’ondes qu’eux. Il ne comprenait pas d’où ils venaient. Ensuite, ils ont eu un autre ingénieur du son, appelé «Tony quelque chose» qui ne pouvait pas poursuivre avec eux et un nouveau producteur, David Hitchcock. C’est alors que j’ai été contacté pour réaliser l’album et que j’ai accepté. Très rapidement, j’ai réalisé que Genesis était un grand groupe ! Ils étaient bons et je savais que ça allait être un défi diabolique… J’étais un ingénieur du son très directif, parce que j’avais l’habitude de travailler très vite. Passer du temps en studio coûtait incroyablement cher, environ quarante livres de l’heure… ce qui, au début des années soixante-dix, représentait énormément d’argent. Je pensais donc, tout naturellement, que nous devions vraiment travailler vite afin de ne pas avoir une facture trop importante. Le producteur écrivait la liste des pistes et, d’une certaine façon, j’assurait la production. J’utilisais un micro et ils m’entendaient dire dans leur casque : «Super, les gars, c’est fantastique ! Venez me rejoindre, écoutez ça et on enchaîne sur la suite…» Foxtrot demandait de nombreuses prises : on devait remixer toutes les parties des titres. Spécialement Supper’s Ready. Je devais assembler le tout. Je suis assez bon au montage et là je l’ai fait parfaitement. Les autres ingénieurs du son étaient parfaits pour enregistrer un titre de bout en bout, mais lorsqu’ils devaient éditer les titres, la différence était flagrante et reflétait leur travail… »
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En décembre 1972, Genesis traverse pour la première fois l’océan Atlantique pour se produire sur une scène de la côte est des Etats-Unis.
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Peter Gabriel, bête de scène Sur scène, Peter Gabriel prend une dimension surréaliste. Exubérant, théâtral, d’une grande présence scènique, riche d’histoires folles et décalées à glisser au début des morceaux du groupe, toujours vêtu d’un costume nouveau et différent, Gabriel surprend encore et toujours, titille, provoque, intrigue… Dès lors, la Scène Britannique fait à Genesis une place de choix, en parfaite harmonie avec la popularité et la notoriété du groupe. Les années 1970 sont résolument marquées par cette formation d’un genre nouveau et l’année 1973 permet d’asseoir Genesis, avec encore un peu plus de poids, comme groupe de référence. Cette année-là, les ventes du groupe commencent enfin à être remarquées. L’album Foxtrot jouit finalement d’un véritable succès dans certains pays d’Europe, sans toutefois réussir à s’imposer outreAtlantique où leur répertoire reste assez confidentiel et n’atteint qu’un nombre limité de fans. Pourtant, Charisma Records ose y éditer un album live réalisé à partir d’enregistrements effectués aux Etats-Unis, sans se soucier de la qualité sonore qui est assez moyenne… Au mois de mai, Genesis retrouve Paris et passe à l’Olympia. Au mois d’août, le groupe rejoint le studio Island de Londres pour l’enregistrement de l’album Selling England by the Pound. En septembre 1973 sort le fameux album enregistré en août et qui sera considéré, avec du recul, comme un classique du groupe. L’album Selling England by the Pound est
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un immense succès et se classe 3e des meilleures ventes pendant que le single I Know What I Like (in your Wardrobe) bénéficie d’une belle 17è place. Cet opus ouvre même, pour la première fois, le marché américain à Genesis. La 70e place conforte le groupe dans l’idée que les Etats-Unis sont, désormais, prêts à les accueillir. C’est cet album Selling England by the Pound qui offre au public le célèbre titre Firth of Fifth, composé par Tony Banks et réputé pour l’immense solo de guitare de Steve Hackett. Même si Anthony Phillips n’aime pas trop commenter le parcours musical de Genesis sans lui, il a accepté de faire une exception à la règle : « Je ne pense pas qu’il soit de mon ressort de commenter leur travail après mon départ. J’ai toujours eu une grande admiration pour les membres du groupe. Les albums dont j’étais familier étaient ceux du début des années soixantedix. Je pourrais dire que les opus ont évolué brillamment depuis The Lamb Lies Down on Broadway. Je ne suis pas trop au fait de tout ce qu’ils ont fait avant. Je dirais juste que, pour moi, Selling England By The Pound est un de leurs meilleurs opus de cette période. » « Je crois que l’enregistrement de toute l’intro de Firth of Fift s’est déroulé en une seule prise. », raconte John Burns « Mais il faudrait que je la réécoute pour en être certain. La guitare acoustique et le piano de Selling England ont tous été doublés. Je voulais que ça sonne un peu différemment. Pour être complètement honnête, je ne suis pas certain que ça sonnait si bien que cela. Mais en fait, de nom-
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breuses personnes ont vraiment aimé cela, et c’est ce qui compte. Ce qui me revient en tête, c’est que je suis convaincu que nous avons enregistré Selling England By The Pound avant l’album Genesis Live, même si ce dernier est sorti en premier. Lorsque nous étions sur le point de finaliser l’album Selling England en studio, on nous a demandé de faire un album en public. J’ai donc ressorti les partitions de chaque arrangement qu’ils avaient pu utiliser sur scène comme ils l’avaient fait en studio. Je leur ai dit : «Bien, il ne nous reste plus que seize titres à enregistrer, les gars. Comment on y va ?»… » Mais en parlant de l’album Live, a-t-il été doublé voire réenregistré en studio, comme cela se fait parfois ? « Très peu. », assure John Burns. « Sur Musical Box, je pense, il n’y a absolument rien qui ait été doublé. L’album était aussi simple et naturel qu’eux. Ils voulaient que cet album sorte assez rapidement, ainsi ils pouvaient retourner sur les routes. » Le chant du titre More Fool Me, présent sur l’album Selling England By The Pound a été exceptionnellement enregistré par Phil Collins. Rien dans son attitude ne laisse penser que cette position lui déplaisait : « Il a vraiment aimé chanter ce titre. », se souvient John Burns. « Il était tellement ravi que je me suis dit qu’il fallait qu’il soit sur l’album. Je savais que c’était son vœu le plus cher, tout comme je préssentais qu’il voudrait un jour sortir un projet en solo, sans que je sache de quelle nature. C’était déjà un excellent interprète. »
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Présente sur Selling England by The Pound, la chanson More Fool Me est considérée par les observateurs comme une sorte de toute première chanson pop de Genesis. John Burns acquiesce, mais nuance : « Rétrospectivement, cette chanson peut être davantage considérée comme un indicateur de ce qu’allait devenir Genesis. I Know What I Like (In Your Wardrobe), du même album, est plus pop. Ils ont enregistré des bruits bizarres comme celui d’une tondeuse que l’on a ensemble mis au cœur de l’ouverture de la chanson. Ce à quoi j’ai ajouté un tambour que j’avais rapporté du Nigeria d’où je revenais après avoir travaillé avec Ginger Baker. C’est Peter qui s’en est servi. C’est le son «Doon-doon !» que l’on entend au début de I Know What I Like. Mais Peter en a joué d’une façon totalement différente de celle dont jouent les Africains. Il a mis le tambour entre ses genoux en resserrant ses jambes. Cela a vraiment donné du caractère à la chanson qui est devenue un hit honorable en Angleterre. » Plus tard, cette anecdote influencera peut-être Peter Gabriel qui s’intéressera de plus en plus aux musiques du monde. « J’ai travaillé sur beaucoup de musiques africaines et jamaïcaines. », expliquera plus tard John Burns. « Donc je peux dire que nous avons proposé des choses alternatives. Mike Rutherford pouvait même ajouter à ces sonorités un violoncelle ou d’autres instruments qu’il avait en sa possession. Il ne savait pas jouer du violoncelle, mais il
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avait des idées pour en faire sortir des sons, d’une façon ou d’une autre. Il y avait des joueurs virtuoses de hautbois, de violoncelle et de flûte, mais ce que nous voulions surtout, c’était sortir de ces instruments quelques sonorités intéressantes. Avant d’arriver en studio, ils avaient donc déjà expérimenté cela en toute autonomie. » Mais cet album avait aussi de bonnes chutes, comme John Burns qui a pu s’en rendre compte : « Il y avait bien sûr des chansons qui ne figuraient, au final, pas sur les albums de Genesis. Je me souviens notamment être arrivé un jour très tôt au studio. Peter était là et il était seul au piano. Il interprétait plusieurs morceaux qu’il avait écrits. Je lui ai dit : «C’est génial ! Il faut le mettre dans l’album.» Il m’a répondu : «Non, non, non, je ne pense pas que ça marchera.» Je crois qu’à ce moment-là, il voulait garder ces chansons pour lui. Il y avait pas mal de bonnes choses. Il m’a joué deux ou trois titres et je me suis dit : «Mon Dieu, tout cela est vraiment bon.» Je jubilais. » Étaient-ce déjà, dès 1973, les prémices d’un rêve de carrière solo ? John Burns y croit : « Bien-sûr. Je ne pense pas, qu’à ce moment-là, il envisageait déjà son départ de Genesis, mais évidemment, tout le monde veut faire son album solo. » Dans la foulée du succès de l’album Selling England By The Pound, le groupe remonte sur scène. Plus motivé que jamais, Peter Gabriel tente, sans se défiler, des effets scéni-
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ques de plus en plus déjantés, risquant même parfois sa vie, comme lorsqu’il s’élance dans les airs simplement suspendu à quelques fils… Ce qui lui vaudra d’ailleurs, un soir, de frôler la mort et de connaître la frayeur de sa vie. La presse rock s’empare du phénomène Peter Gabriel qu’elle ne tarde pas à surnommer «l’Archange». Par la même occasion, l’artiste, qui s’est toujours défendu d’une quelconque hégémonie sur le reste du groupe, se voit endosser, bien malgré lui, le rôle de leader voire, pour une partie du public, celui de l’âme de Genesis… qui ne lui survivrait pas, s’il quittait un jour le groupe. Il a beau s’en défendre, les journalistes et les fans n’en démordront plus. Pendant ce temps, et pour la toute première fois dans la carrière de Genesis, un 45 tours du groupe s’installe durablement et confortablement dans les charts anglais : il s’agit de I Know what I Like. L’année 1974 et son lot de prestations scéniques triomphales à Los Angeles et en Europe, dont la célèbre Roxy, apportent au groupe l’occasion d’être désigné comme le «meilleur groupe scénique de l’année» par le New Musical Express. La tournée s’achève… et l’été 1974, c’est au cœur de Guildford, dans le Surrey, que Génésis retourne composer un double album concept. Marqué par leur aventure musicale des mois précédents et leurs voyages aux EtatsUnis, Peter Gabriel insiste, pour la première fois et avec une inspiration débordante, pour écrire l’intégralité des paroles de ce nouveau projet musical.
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Portrait : Peter Gabriel Le 13 février 1950, à Chobham dans le Surrey (Angleterre), Peter Brian Gabriel pointe le bout de son nez. En septembre 1963, il arrive tout timide, calme, et un peu impressionné au luxueux collège de Charterhouse. En dépit de sa timidité, Peter Gabriel, qui connaît la flûte traversière et montre un vif intérêt pour la batterie, chante dans le groupe Garden Wall. Un pensionnaire du même âge que lui, Tony Banks, l’accompagne au piano, alors que Chris Stewart tient, dans le groupe, le rôle de batteur, aux côtés d’Anthony Phillips. Ensemble, ils s’essaient dans un répertoire à la croisée des chemins entre la pop et le rythm’n’blues. L’année 1966 sera l’occasion pour The Garden Wall et de The Anon, l’autre groupe du pensionnat, de fusionner, avant d’aboutir, un an plus tard, à la formation de Genesis. Sa culture soul et son style, Peter Gabriel les doit à son amour inconditionnel pour des artistes de la trempe de Cat Stevens, Nina Simone, Gary Brooker et autre Procol Harum. Le fait que l’on considère Peter Gabriel comme une véritable référence tient dans les nombreux atouts dont il a su user au sein du groupe : une voix intrigante, une présence irréfutable, un timbre émouvant, des expressions scéniques novatrices - les histoires qu’il racontait sur scène entre chaque chanson et ses costumes excentriques -, autant de qualités qui lui valent une notoriété fulgurante
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dont il a du mal à assumer les contraintes et, surtout, les artifices. Mis à mal par l’évolution musicale du groupe et par la célébrité, Peter Gabriel annonce son départ de Genesis à ses camarades en décembre 1974, après avoir participé activement à six albums-studio et un enregistrement en public. Il aura le tact de n’officialiser son départ qu’à l’issue de la tournée de 1975. En 1977, Peter Gabriel sort son premier album solo, départ d’une nouvelle, longue et prolifique carrière… Dans Solsbury Hill, son premier titre en solo, il raconte l’état d’esprit dans lequel il se trouvait au moment de quitter Genesis. Peter Gabriel, qui a toujours su faire preuve d’un vif intérêt pour la World Music, est de plus en plus influencé, avec le temps, par cet univers et devient un pilier du mouvement WOMAD. Il crée alors les studios ainsi que le label Real World à Bath, au Royaume-Uni, et produit des albums avec la volonté farouche de mettre en avant de jeunes artistes dont Nusrat Fateh Ali Khan et Youssou N’Dour. John Burns, qui avait mis un tambour parlant dans les mains de Peter Gabriel pour l’enregistrement de l’album de Genesis Selling England by The Pound, ne pense pas être le seul à avoir suscité de l’intérêt chez Peter pour la World Music : « Peut-être que je l’ai un peu influencé, mais Peter était déjà sensible à cette musique, de toute façon. Il était capable de penser à quantité d’idées incroyables. », se remémore John Burns, admiratif. « Je me souviens avoir posé un jour une tasse en plastique au-dessus d’un micro, puis
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d’avoir obtenu de lui qu’il chante à travers cela afin d’avoir un son vraiment décalé. Je ne pense pas que nous ayions retenu cette prise au final, mais j’ai utilisé cette technique avec d’autres groupes, depuis. Je l’ai fait sur des percussions et ça sonne un peu comme si on criait à travers un rouleau de papier toilettes ou un tube. » Si Peter Gabriel s’épanouit à chanter seul, le succès commercial est au rendez-vous et les critiques sont dithyrembiques notamment sur des chansons comme Games Without Frontiers (dans son troisième album) et Shock the Monkey (sur son quatrième opus solo). Sa renommée internationale viendra des titres de l’album So avec, notamment, le succès du titre «Sledgehammer» qui place le chanteur au top de la tendance des clips vidéo, recevant toute l’estime et la mise en avant de MTV. Il remportera, en tout, neuf récompenses de la chaîne pour la seule année qui suit la sortie du disque. Pas la suite, les projets de Peter Gabriel s’enchaînent et deux autres albums sortent. Mais l’artiste avance aussi sur des musiques de film, la collaboration au grand spectacle que Londres programme au début du millénaire, des projets multimédias pour deux jeux interactifs pour ordinateur ainsi que des rencontres artistiques avec des personnalités de tout horizon musical. En outre, Peter Gabriel s’implique depuis de nombreuses années dans des activités caritatives par le biais d’associations. Sensibilisé depuis longtemps aux problèmes des droits de l’homme, il participe pendant plus d’un an à une tournée mondiale aux côtés d’Amnesty International. Dans le
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même esprit, il écrit, en hommage à Steve Biko, la chanson Biko qu’il chante, depuis, à chacun de ses concerts. Il apporte également sa contribution à l’album Sun City à l’initiative de Steven van Zandt, contre l’Apartheid. Et, conscient du rôle de l’image dans cette lutte, suite à l’affaire Rodney King, il lance enfin le programme «Witness» qui fournit des caméras vidéo aux organismes de défense des droits de l’homme pour faire connaître les abus. Nombreux sont les artistes qui se font écho des œuvres de Peter Gabriel, comme le duo britannique Erasure qui reprend, en 2003, à la sauce électronique, le titre Solsbury Hil. Le 10 février 2006, Peter Gabriel chante le célèbre titre Imagine, de John Lennon, pour l’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver de Turin et 17 novembre de la même année, il est nommé «Homme de la Paix 2006» dans le cadre d’un sommet de lauréats de Prix Nobel. Début 2007, Peter Gabriel déclare vouloir produire et distribuer son nouvel album intitulé I/0 en indépendant. A cette fin il a d’ailleurs commencé une levée de fond, mais pour l’instant, le projet est en suspens (à la manière de «Up» qui a mis une petite douzaine d’années avant de paraître)… Peter Gabriel ne se décourage pas pour autant car la liste de ses autres projets est encore longue.
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L’après-peter Gabriel En novembre 1974, le double album concept intitulé The Lamb Lies Down on Broadway qui vient de sortir, retrace les tribulations d’un immigrant perdu dans les dédales de New York. Cet album, c’est le producteur et ingénieur du son John Burns qui a travaillé dessus. Rappelons que Genesis avait déjà travaillé avec lui sur les albums du début des années 1970 tels que Foxtrot, Live et Selling England by the Pound. Pour John Burns, il est difficile de déceler qui, au sein de Genesis, domine les autres, musicalement parlant : « Ils sont tous dominants, d’une certaine façon. », se souvient-il. « C’est ça, le truc. Évidemment, Steve Hackett n’était pas aussi surprenant que quelqu’un comme Peter. Ce dernier a toujours eu des idées de fou, en studio. Ça avait toujours pour effet de me faire sortir de mes gonds. Je me disais : «Mais comment je vais réussir à réunir toutes ces idées ?» Mais je n’avais pas d’autre option que d’y parvenir et j’y parvenais. Tony Banks aimait ses morceaux et était très fort, tout comme Mike Rutherford. Phil était très solide vocalement et doué pour la rythmique, ce qui était lié. Chacun avait sa propre personnalité. Tous arrivaient avec un niveau différent et leur personnalité a fait le reste. C’est ça la magie de Genesis. Musicalement, Tony Banks était vraiment très fort. Son amitié avec Mike Rutherford a permis à chacun d’eux de faire des compromis. Peter était très puissant dans tous les domaines. » Selon Burns, ils ont tous contribué à leur manière à
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Genesis : « Tony était la force musicale, la plus grosse influence, même si c’était un travail collectif. Les paroles et les mélodies venaient largement de Peter et la force rythmique qui donnait une dynamique à tout cela, c’était Phil. Chacun avait donc son propre domaine de prédilection. Je n’étais pas présent aux répétitions de l’album, cependant j’ai bien vu les choses se construire. Quoi qu’il en soit, ce groupe était très orienté «claviers». Je peux en conclure que je n’ai jamais eu le moindre problème avec l’un des garçons en ce qui concerne leurs compétences en tant que musiciens. » Steve Hackett, moins présent, ne s’impose pas trop durant l’enregistrement de cet album : « Il le faisait davantage sur les albums Foxtrot et Selling England by the Pound », déclare John Burns. « Évidemment, il y avait quelques frictions artistiques, mais ça ne m’inquiétait pas. Ça arrive dans tous les groupes. » Alors que le mixage complet de Selling England by The Pound, sous la direction de John Burns, prend trois semaines et que le très compliqué Foxtrot mobilise Burn pendant trois à quatre semaines, le mixage de The Lamb Lies Down on Broadway bat tous les records : « J’ai dû y passer trois mois ou peut-être plus. », confie John Burns. « Une fois que Peter a posé sa voix dessus car Peter était toujours le dernier -, j’ai commencé le mixage. En fait, je lui disais : «Allez, Peter, colle ta putain de dernière voix à tout le reste pour finir un titre.», et puis je le mixais directement. C’est donc ainsi qu’on a procédé
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pour The Lamb Lies Down on Broadway. Contrairement à la façon dont j’avais procédé pour le mixage de Foxtrot et de Selling England by The Pound, je ne crois pas avoir mixé l’album d’une seule traite. The Lamb Lies Down on Broadway était tellement gros que c’était presque une épopée. Il était vraiment très lourd à arranger et à réaliser. On a donc mis trois mois à faire le mixage. Nous l’avions enregistré en trois semaines, au Pays de Galles, dans une sympathique maison avant de revenir à Londres où nous avons encore travaillé. Puis le groupe a eu un mois de repos, c’est-à-dire un moment où Peter était en période off. » Depuis cette période, le contact entre Burns et le groupe est assez occasionnel : « Depuis cette période, je n’ai pas reparlé à Phil. Peter vit dans la même région que moi : je suis à trois quarts d’heures de son studio, ce qui explique que j’ai eu plus de contacts avec lui. Je pense que nous avons tissé des liens plus forts avec Phil et Peter, bien que j’aie eu une bonne entente et de bonnes relations avec Tony Banks, également. Avec Tony, quand il avait à faire une intro ou quelque chose au piano, il était seul face à lui-même. C’était, par exemple, le cas lorsqu’il a enregistré une partie typiquement classique qui servait d’intro à la chanson Firth of Fifth. Je n’ai eu qu’à poser quatre ou cinq micros autour d’un grand piano et à dire : «Joue simplement pendant que je vérifie juste que le son sort bien.» Il savait que je l’enregistrais et je savais qu’il jouerait de son mieux. La première prise est, en général, toujours la meilleure, parce que tu n’y penses pas trop… Cela a fonctionné pendant trois albums. Stupéfiant ! »
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Mike Rutherford se souvient de cette période d’enregistrement des premiers albums de Genesis comme d’un moment de pression où il faut faire au plus vite afin de retourner le plus rapidement possible en tournée. Selon John Burns, cette pression est, sans la moindre hésitation, à attribuer au management, plus encore qu’au groupe luimême ou à leur maison de disques : « J’ai dû me débrouiller, avec le budget de Selling England by The Pound. », se souvient John Burns. « Et je pense qu’il s’élevait à treize mille livres. Avec ce fameux studio qui nous prenait quarante livres de l’heure, les coûts relatifs à l’achat des bandes de toutes sortes pour enregistrer tous les sons nécessaires ainsi que tous les frais annexes, je pense qu’ils ne disposaient pas d’un budget assez élevé. Pourtant, on a réussi à ne pas le dépasser, voire à dépenser un peu moins, mais nous avons dû travailler intensément. J’étais vraiment rapide, mais je n’avais pas d’autre choix. Le management n’avait alors pas un rond et ils avaient environ cent mille livres de dette au crédit de Charisma Records quand nous avons fait Selling England by The Pound. Tony Stratton-Smith, de Charisma Records, était un gars super : il a tout donné pour soutenir le groupe et être derrière eux. Les concerts de Genesis étaient immenses. Ils étaient exceptionnels. Ce n’était pas juste un groupe comme les autres qui se produisait sur scène. Il y avait tout un univers, des costumes, quantité de choses. », se souvient John Burns, admiratif. The Lamb Lies Down on Broadway, que certains observateurs qualifient de chef-d’œuvre, laisse à Peter Gabriel et à
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Genesis de lourdes séquelles. L’harmonie créative du groupe va, en effet, céder sous la pression des plus forts tempéraments de ses membres. Encore dans le merveilleux souvenir d’une tournée hallucinante d’une centaine de shows donnés de part et d’autre de l’océan Atlantique, alors acclamés par des milliers de fans et encensés par les critiques, Genesis traverse en ce mois de décembre 1974 et en plein enregistrement de l’album … une terrible tempête. La tempête de trop ? Peter Gabriel annonce son départ à ses acolytes qui restent sans voix. Il se sent de plus en plus en décalage avec le groupe. Il pense être incompris, mis à l’écart et plus le temps et les circonstances passent, plus son inconfort au sein de Genesis est palpable. Et le fait que les autres garçons ont écrit la quasi-totalité des musiques de ce double opus, sans lui, ne fait que rajouter de l’huile sur le feu. Plus tard, il reviendra sur cet «épisode» et précisera : « Le succès qu’on avait tant désiré se révélait être un piège. Genesis se transformait en grosse machine ronronnante, bien difficile à faire bouger. Et moi, je voulais justement continuer à bouger. » En outre, Peter Gabriel assume assez difficilement sa qualité de «star» du groupe. Son récent mariage, puis la naissance de son premier enfant, n’ont fait qu’attiser la «distance» qui consume lentement le groupe. Ce qui devait arriver, arrive naturellement et inévitablement… Son dernier show en France au sein de Genesis a lieu en mai 1975, à Saint-Étienne. Par respect pour les autres membres du groupe et néanmoins amis, il décide d’assurer avec classe
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la tournée en cours avant d’annoncer officiellement, au public, son départ. En août 1975, un communiqué de presse, qui annonce officiellement que Peter Gabriel quitte Genesis, tombe dans les rédactions. La nouvelle laisse le monde du rock en émoi. Trente ans plus tard, beaucoup de puristes considèrent que l’âme romantique du groupe s’est envolée avec son archange. A ce moment-là, il est hors de question de faire part au reste du groupe que de nombreux fans ont décidé d’arrêter de les suivre le jour où ils ont appris le départ de Peter Gabriel… Pourtant, si le très charismatique Peter peine de nombreux fans, son départ permet à Genesis d’ouvrir son répertoire et de toucher un plus grand nombre de personnes qui considèrent que la période la plus prospère de Genesis a débuté après le départ de l’Archange. En cette période de troubles, Peter Gabriel n’est pas le seul à se sentir à l’étroit : Hackett sort effectivement son premier album solo la même année, un album parenthèse, un album respiration… De son côté, Peter Gabriel se lance seul dans l’écriture d’une histoire qui suit la ligne éditoriale de son premier album solo, intitulé tout simplement Peter Gabriel et qui sortira en 1977. Son explication en ce qui concerne son départ du groupe, Peter Gabriel y fait allusion dans la chanson Solsbury Hill. Pendant ce temps, après la tournée promotionnelle de The Lamb Lies Down on Broadway qui s’est achevée en mai dernier, Steve Hackett, Tony Banks, Mike Rutherford et Phil Collins composent les titres de leur nouveau disque. Évidemment, il leur manque toujours un chanteur. C’est
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alors qu’a lieu l’impensable : l’auditions de plusieurs remplaçants potentiels de Peter Gabriel. Remplacer une telle personnalité tient de l’utopie et, pire encore, déclenche une avalanche de caricatures excentriques d’artistes influencés par les allures et la personnalité de la star. Rutherford se souvient du nombre d’artistes qui ont défilé et a souvent déclaré, en interviews, avoir été déconcerté devant le faible niveau des aspirants remplaçants. Les auditions successives, ressemblant plus à un bêtisier qu’à un casting réussi, amènent finalement le groupe à se tourner vers l’option d’une promotion interne. C’est ainsi que Phil Collins, qui chantait déjà parfois dans les chœurs et qui faisait la seconde voix, sera la voix lead du groupe. Genesis devient, par la même occasion, un quatuor. À la fin de la tournée, lors du départ de Peter Gabriel, John Burns savait que le groupe était en train de chercher un chanteur pour le remplacer : « J’ai d’abord pensé à un ou deux artistes. », révèle-t-il « Avant de me raviser, jugeant que ça n’allait pas marcher. » Pour lui, le choix de Phil Collins n’avait rien d’une évidence : « Évidemment, » dit John Burns, conscient d’énoncer une évidence « Phil était un bon chanteur, mais il était aussi un tellement bon batteur que je ne pouvais pas imaginer Genesis en choisir un autre. Phil était un musicien absolument incroyable, mais les batteurs qui chantent dans un groupe… Je ne pouvais pas imaginer comment cela serait possible. Aussi, je n’ai jamais pensé à Phil comme chanteur. Cela dépassait mes capacités
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d’imagination. » Pour séduire le reste du groupe, Phil Collins fait un petit essai au micro et s’impose sans problème. Ce qui est d’ailleurs troublant, c’est que sa tessiture et son grain de voix rappellent ceux de Peter Gabriel. Pour le batteur chanteur, il s’agit surtout d’une coïncidence, pas d’un plagiat : « C’est plus le résultat d’une osmose inconsciente qu’une décision délibérée de sonner comme Peter. », déclarera alors Phil Collins. En 1975, le studio Trident accueille le groupe Genesis qui y enregistre son album A Trick of the Tail. Outre les consonances vocales de Phil Collins qui rappellent un peu Peter, la trace de Gabriel est omniprésente car de nombreux morceaux avaient été pensés et développés avant même que l’Archange n’ait rendu les armes. Ce fabuleux album, qui voit le jour en février 1976, bénéficie d’un accueil formidable. Non seulement l’Europe entière se l’arrache, mais les Etats-Unis perçoivent, pour la première fois depuis l’origine du groupe, l’arrivée de cet album comme un événement. Chose exceptionnelle, les Américains reçoivent cet opus à bras ouverts. Lors de la tournée de 1976, Bill Bruford rejoint le groupe en tant que batteur, avant l’arrivée, quelque temps plus tard, de Chester Thompson, un ancien musicien de jazz fusion connu pour ses collaborations avec Frank Zappa et Weather Report. Thompson prend alors en charge les percussions, laissant ainsi Collins sous les projecteurs.
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Portrait : Bill Bruford Né le 17 mai 1949, à Sevenoaks, dans le Kent, en Angleterre, William Bruford, surnommé Bill, est l’influent batteur anglais originel de Yes, l’un des plus célèbres groupes de rock progressif. Il est également membre de King Crimson, un autre groupe mythique de rock progressif. Au début des années 1970, tout le monde le considère comme une illustre figure du mouvement Art Rock. Il commence la batterie à l’âge de treize ans et, dès lors, ses goûts musciaux le porte vers le jazz, ce qui l’influence d’ailleurs dans sa façon de jouer au sein du groupe Yes. Il participe à The Yes Album, Fragile et Close to the Edge. Cette façon de vivre la musique maintiendra son influence sur Bruford tout au long de sa carrière. Il quitta Yes au sommet de sa gloire, en 1972. Reconnu par ses pairs comme un batteur influant, dont la réputation n’est plus à faire, Bruford est apprécié pour sa force, sa haute précision, et la façon dont il peut gérer plusieurs rythmiques de front. Il joue avec de nombreux autres groupes et collabore à de multiples projets, dont le célèbre King Crimson et son propre groupe de fusion Bruford. Bill Bruford accompagne Genesis sur scène en 1976, comme en témoigne l’enregistrement en public de Seconds Out, sorti en 1977. En 1982, il joue avec le groupe lors de l’enregistrement de l’album Three Sides Live, (mais uniquement dans sa version internationale restée disponible
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jusqu’en 1994, date à laquelle l’album fut remasterisé et dans lequel les versions américaines ont été effacées). On retrouve enfin, tout naturellement, le travail de Bruford dans «Genesis Archive 2 : 1976-1992», paru en 2000.
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Critiqués et adulés Bill Bruford revient sur son recrutement au sein de Genesis : « Phil Collins et moi travaillions ensemble au sein du groupe Brand X. Je jouais des percussions pendant qu’il était à la batterie. On a fait quelques dates en Angleterre avec cette formation. Il m’a expliqué le problème qu’il avait et le fait que Peter Gabriel partait. Il avait auditionné des tonnes de chanteurs et pensait qu’il était meilleur que tous ceux qui avaient été entendus. Je crois vaguement me souvenir de lui avoir dit : «Pourquoi tu ne chanterais pas et je te remplacerais à la batterie ? Tu sais, je ne te planterai pas.» Comme il avait l’air de penser que c’était une bonne idée, j’ai ajouté : «Je peux faire cela le temps que tu te sentes à l’aise puis tu pourras prendre quelqu’un d’autre»… » Pour Bill, ce contrat avec Genesis était un contrat ponctuel, il avait de nombreux projets qu’il avait mis en sommeil, uniquement pour pouvoir être avec Genesis cette année-là. Chester Thompson ne passe pas par la case «audition» pour travailler avec Genesis : « C’est toute une histoire, en fait. », raconte-t-il. « J’étais basé à San Francisco pour un été alors que je jouais le reste de l’année dans un show de Broadway qui s’intitulait «The Wiz». Phil m’a découvert grâce au bassiste américain Alphonso Johnson qu’il venait de rencontrer. Phil m’a ensuite appelé. Je savais qui il était : pendant la dernière tournée de Weather Report sur laquelle je me
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produisais, entre autres, avec Alphonso, ce dernier n’arrêtait pas de jouer Trick of The Tail. En Europe, nous avons fait toute la tournée complète en train. C’était comme dans les films, nous étions dans les petits compartiments de première classe avec trois sièges de chaque côté. Alphonso avait son lecteur de cassettes avec un haut-parleur, et il mettait Trick of The Tail tous les jours. Autant dire que je connaissais assez bien cet album, bien avant d’avoir rencontré Phil Collins. » Les puristes se souviendront, bien plus tard, des années 1975 à 1977 et des lourdes modifications de la structure du groupe. Si certains d’entre eux fuient cette nouvelle composition de Genesis, il faut bien admettre que le succès commercial du groupe, à partir de cette période, n’a rien à envier à l’avant Phil Collins. Certes, l’âme n’est plus la même. Mais, le public aussi a, peut-être, changé. Ce qui est sûr, c’est que les multiples vies de ce groupe aux mille facettes ont touché, grâce à sa diversité et à son histoire, des générations de fans venus de tous les horizons. En concert, Phil Collins, à la fois énergique et épanoui, rebondit sans complexe d’un bout à l’autre de la scène, passant de sa batterie, où il cède sa place à Bill Bruford, au-devant de la scène. Au printemps 1976, le passage du groupe dans la capitale française est un pur triomphe. Durant cette tournée, un bruit court selon lequel Phil Collins réécouterait les bandes des concerts après les shows et glisserait des mots sous la porte des chambres d’hôtel des musiciens. Rumeur que Bill Bruford nie :
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« Non, Phil ne nous distribuait pas de petits mots acerbes. Je pense qu’il avait assez à faire à essayer de chanter. Il ne se plaignait de rien, en particulier de ce qui se passait derrière lui. Il semblait juste très concentré sur son chant et me laissait faire mon boulot. Je n’ai jamais eu de notes sous mes portes. » Au mois de septembre de la même année, le groupe se réunit dans le sud des Pays-Bas, au sein du studio Relight, pour réaliser l’enregistrement de l’album Wind & Wuthering, un album d’une mélancolie surprenante. Mais derrière cette musique détendue se glisse une nouvelle fissure : l’harmonie du groupe est rongée par un nouveau mal. Le problème ne vient pas de Tony Banks qui signe la plupart des titres et qui est jalousé, ni de Phil Collins qui est très préoccupé par des problèmes d’ordre sentimentaux…Le problème vient d’ailleurs : Steve Hackett supporte mal de sentir ses influences et ses goûts artistiques être aussi peu pris en compte, que ce soit en studio ou sur scène : « J’avais l’impression que le groupe commençait à tourner en rond (...) », déclarera-t-il plus tard. « Nous n’allions plus assez loin dans la recherche de nouveaux sons. » Un reproche qui n’est pas sans rappeler les arguments soulevés par Peter Gabriel à l’époque où il a jeté l’éponge. Mais Steve tient le coup et reste à sa place. Ou plutôt, disons qu’il reste encore à sa place… Il se souvient de la façon dont chacun apportait sa pierre à l’édifice de Genesis : « Quand on travaillait sur des titres qu’on voulait proposer au groupe, on n’enregistrait
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pas vraiment de démos qu’on faisait ensuite tourner auprès des autres membres. On s’asseyait et on jouait, à tour de rôle, face aux autres. » Lors des premiers albums sur lesquels Steve Hacket a collaboré avec le groupe, personne ne s’intéressait aux home studios. Il y avait souvent un petit malaise à ce sujet, notamment lorsque quelqu’un proposait son idée aux autres qui, alors, se montraient rarement enthousiastes : « Chacun pouvait jouer en mettant ses tripes sur la table, son âme dans ce qu’il faisait. S’il jouait mal un titre qui pouvait devenir une très bonne chanson, l’idée n’était jamais retenue. Je ne parle pas spécifiquement de moi, mais je me rappelle qu’un bon nombre de musiciens se plaignaient d’avoir l’impression d’être face aux panneaux des juges russes lors d’une compétition de patinage artistique. Ce que nous redoutions le plus c’était le moment de jouer devant les autres et de voir ces visages qui ne sourcillaient pas, qui n’exprimaient rien. En fait, même lorsque quelqu’un était emballé, il ne le montrait pas immédiatement. Cela est sans doute dû à cette retenue britannique. », regrette Hackett. En janvier 1977, Genesis recrute à nouveau un batteur pour les tournées à venir. Ils rencontrent et sélectionnent l’Américain Chester Thompson, un virtuose de la batterie. La tournée Wind & Wuthering repousse le groupe dans ses retranchements : cette aventure est épuisante et si les effets spéciaux sont spectaculaires et émerveillent le public, la complexité de la mise en place et le transport des
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éléments nécessaires à cette prestation scénique demandent une logistique et des efforts considérables. Anthony Phillips se souvient de cette période. À l’époque, il était en pleine tournée promotionnelle pour son album The Geese and The Ghost qui entrait alors en concurrence directe avec la première tournée solo de Peter Gabriel : « C’est un peu comme si nous nous étions donné rendezvous. Il y avait toutes sortes de coïncidences étranges. J’avais l’impression d’être à nouveau à Philadelphie, au cours d’une assez longue tournée promotionnelle. » La tournée du groupe rejoint l’Amérique, au sens large du terme cette fois-ci, avant de gagner le Japon puis Paris où Genesis joue dans un Palais des Sports gonflé à bloc et à guichets fermés. C’est lors de cette soirée parisienne qu’est tourné le fameux enregistrement en public, Seconds Out, dont la sortie est prévue pour octobre. En juillet, alors que pointe déjà à l’horizon l’éventualité d’une consécration absolue et mondiale, un nouveau coup de théâtre se produit : le départ de Steve Hackett, définitivement convaincu d’être isolé et aux antipodes des autres membres du groupe. La carrière de Genesis prend, une nouvelle fois, un tournant différent et la carrière solo de Steve Hackett, guitariste émérite, démarre alors…
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Portrait : Steve Hackett Alors âgé de quelques années, Stephen Richard Hackett, se met à jouer pour la première fois avec la guitare de son père… Naît alors, pour le petit garçon, une passion immodérée pour la musique, passion qui ne le quittera plus. À seize ans, le jeune Steve Hackett quitte définitivement le lycée. Il n’a pas encore fêté son vingt-et-unième anniversaire qu’il publie une annonce sans ambiguïté dans le magazine Melody Maker : «Guitariste-compositeur cherche musiciens réceptifs, déterminés à lutter contre la médiocrité de l’environnement musical actuel.» D’un regard extérieur, on pourrait le penser prétentieux. Malgré tout, un appel de Peter Gabriel, qui pense que l’audace peut être une qualité, l’invite à assister à un concert de Genesis. Rapidement, Steve Hackett prend la place d’Anthony Phillips qui quitte le groupe pendant l’été 70. Il apporte alors à Genesis une énergie nouvelle, une exigence artistique enrichissante et un son enivrant, puis découvre les joies et les aléas de la célébrité, en participant, en plus de son travail de guitariste émérite, à la composition de certains titres et en réalisant plusieurs arrangements qui apportent, à Genesis, une nouvelle corde à l’arc du groupe. En mai 1977, après avoir collaboré à huit albums, des discordances artistiques font pourtant tourner-court cette brillante collaboration : Steve Hackett mène désormais sa barque tout seul, laissant à Genesis tout le loisir d’avancer
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vers de nouveaux horizons. On considère Steve Hackett comme l’un des pionniers du tapping. Ce mot, qui vient de l’anglais to tap «tapoter», désigne une technique de guitare souvent utilisée à la basse, voire sur d’autres instruments à cordes frappées, et consiste à taper une corde plutôt qu’à la pincer ou à la gratter. Son excellent jeu de guitare classique ne l’empêche pas d’être connu pour sa créativité à la guitare électrique dont il arrive toujours à tirer un son aérien. Si l’unique album du groupe GTR qu’il forme en 1986 avec Steve Howe, le guitariste de Yes et d’Asia, est un succès commercial, Hackett met fin au projet, mécontent de sa gestion financière. Depuis 1987, il ne cesse de poursuivre une carrière solo, comme en témoignent ses très nombreux albums.
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Et là, ils furent trois… Suite au départ de Steve Hackett, il n’y a pas de ressentiment au sein de Genesis, contrairement à ce que certaines interviews peuvent le laisser entendre : « Je pense que ressentiment n’est pas le terme approprié. », corrige Mike Rutherford. « Je parlerais davantage de surprise. Je ne sais pas pourquoi, il a quitté le groupe à ce moment-là, tout ce que je sais c’est que cela devenait évident qu’il allait le faire. Il avait une vie différente, il était père de famille. Il venait juste de terminer The Lamb Lies Down on Broadway qui était vraiment un gros projet. Son départ précipité est un peu étrange… Honnêtement, il n’avait pas besoin de faire cela. C’était un peu maladroit de sa part. La chose étrange, c’est qu’après cela, nous avons, nous aussi, fait rapidement des albums solo. » Quoi qu’il en soit, le départ de Steve aura tout de même marqué ses anciens camarades de jeu : « Nous étions en train de mixer l’album Seconds Out quand Phil a vu Steve dans la rue du studio. Ce dernier lui a lancé une phrase du type «À tout à l’heure…» On ne l’a plus revu par la suite. Malgré tout, je le répète, il n’y a pas de ressentiment. », poursuit Mike. C’est à ce moment que le groupe devient donc un trio composé de Phil Collins, Tony Banks et Mike Rutherford, ce dernier mettant toute son énergie aux guitares. Mais cette fois, les trois garçons ne se laissent pas dépasser par les événements. Les états d’âme au placard, la machine
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bien rodée avance, sans jamais s’emballer, sans jamais rouiller. Pendant qu’à l’automne 1977, les hauteurs des classements anglais honorent l’album Seconds Out, le trio gagnant prépare déjà le prochain album And Then There Were Three. À l’instar du départ de Gabriel, la disparition de la subtilité, de la magie et des sensations qu’apportait Steve Hackett manque aux fans du groupe, ce qui oblige Génésis à se renouveller et à poursuivre inlassablement son ascension. L’album, au titre reflétant à merveille la nouvelle configuration du groupe And Then There Were Three, est mis en bacs en avril 1978. Cette étape précise la toute nouvelle orientation musicale de Genesis qui revient à des chansons plus courtes, plus proches des conventions, et aux antipodes de son passé rock progressif. Le groupe ne s’autorise plus de morceaux de dix minutes et ce nouveau formatage, même si telle n’était pas son intension au départ, lui permet de voir se profiler leurs premiers succès sur les ondes américaines, notamment avec Follow You Follow Me. Depuis sa «rupture» avec le groupe, Jonathan King n’accorde aucun intérêt à Genesis. Mais désormais, les temps changent : « Je n’ai jamais été impressionné par le groupe jusqu’à ce que Follow You Follow Me me fasse rejoindre la liste de leurs fans. », confie-t-il. Si certains critiques musicaux ne trouvent pas l’album assez novateur, le public est au rendez-vous et le succès commercial de l’opus est sans précédent. Sans le moindre flottement, la torpille Genesis repart en tournée avec le
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guitariste américain Daryl Stuermer, recruté pour la centaine de concerts qui les emmènera aux Etats-Unis et en Europe. En Angleterre, cent mille personnes s’enthousiasment lors du show donné à Knebworth. À Paris, pas moins de cent vingt mille personnes sont réunies devant le groupe à la Fête de l’Humanité. C’est le violoncelliste et compositeur de jazz français JeanLuc Ponty (qui, comme Chester Thompson, a collaboré avec Frank Zappa) qui fait connaître Genesis à Daryl Stuermer. « Bien sûr que j’avais déjà entendu parler de Genesis, mais je ne savais pas grand-chose d’eux, au départ. Lorsque Jean-Luc m’a fait écouter A Trick of The Tail, je suis tombé sous le charme. Quand j’ai réalisé que Chester Thompson était avec eux, je me suis dit : «Oh mon Dieu, c’est assez incroyable qu’ils puissent avoir un batteur de cette veine avec eux !» J’avais toujours considéré Chester Thompson comme un artiste de jazz qui avait été avec Weather Report et même Frank Zappa, ce qui est un univers musical différent de Genesis. », confie Daryl Stuermer. Quand Stuermer est recruté en 1978, pour jouer sur l’album And Then There Were Three, il est en concurrence avec d’autres guitaristes dont Alphonso Johnson, le bassiste américain qui figure sur trois albums du groupe Weather Report. Daryl a su faire la différence : « Je pense qu’avant tout, on l’a choisi parce qu’il comprenait de quoi il s’agissait, il savait ce qu’était Genesis. Il y avait deux gars, deux guitaristes, Pat Thrall et le très bon Elliott Randall qui avait beaucoup tourné avec le groupe
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Steely Dan à ses débuts. Ce dernier avait déjà fait de nombreuses choses. Nous nous sommes immédiatement aperçus qu’il était très doué. Le seul problème, c’est qu’à chaque fois qu’il se pointait, comme au moment de jouer Squonk avec moi, il en arrivait presque à me demander : «Comment veux-tu que je le fasse ? Tu veux que ça sonne rock ? Ou je te le fais sonner jazzy ?» Daryl savait ce que je voulais, toutes les textures et les sons des chansons. Il n’a jamais demandé comment il fallait jouer. Et comme, moi, j’oubliais souvent comment jouer, je pouvais, justement, le lui demander, à lui. Il comprenait tout. À cette époque, les groupes anglais, dans ce qu’ils faisaient et dans la façon dont ils ressentaient les chansons, étaient très différents des groupes américains. Ils n’avaient pas la même vision des choses et je pense que Daryl a compris ce que Genesis avait dans le ventre, ce qu’étaient nos chansons et comment il fallait les jouer pour les faire fonctionner. J’ai fait le bon choix, je pense. », dit Mike Rutherford.
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79, année sabbatique ? En 1979, les trois artistes décident se s’accorder un repos bien mérité. En plus des limites que les hommes pouvaient avoir après un tel rythme effréné et incessant, la pause de Genesis leur permet d’éviter une surmédiatisation. Cependant, dans les faits, rien de cette année ne ressemble, pour chacun des membres du trio, à une année sabbatique. Tous étant résolument tournés vers ses projets individuels, leur programme reste extrêmement chargé. C’est cette période que choisit Phil Collins pour jeter l’ancre et se pencher sur l’écriture de son album de rupture (reflet de l’état du mariage qu’il vient de voir partir en fumée), intitulé Face Value et qui connaîtra un immense succès. Une petite année plus tard, Genesis se retrouve pour la préparation d’un nouvel album. Lorsque sort Duke, en mars 1980, l’idylle du groupe avec le succès est désormais consommée grâce aux titres Turn It On Again et Misunderstanding qui deviendront tous, tout comme l’album, deux disques de platine, avec un million d’exemplaires vendus. Comme à l’accoutumée, les détracteurs du groupe ne peuvent s’empêcher de critiquer leur travail, et parlent d’un manque de surprise au sein de leurs albums. « On essaie toujours de surprendre le public,. Je partage l’avis de ceux qui pensent que Genesis tourne depuis longtemps. Par conséquent, les gens imaginent inconsciemment que nous sommes incapables de nous dépasser. Pourtant, si un groupe inconnu débarquait demain et jouait notre musi-
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que, il aurait sûrement dix fois plus de succès que nous. Pour la seule raison que le groupe porte en lui l’attrait de la nouveauté. Si Genesis joue ces mêmes morceaux, on entend persifler dans tous les coins. Cette situation est horriblement frustrante pour nous. Pourtant, on fait vraiment attention à ne jamais resservir du Genesis de deuxième main. », se défend Phil Collins qui admet que Duke est un retour vers un Genesis plus traditionnel avec, toutefois, un feeling différent. « Je n’aimais pas beaucoup l’album And Then There Were Three parce qu’il manque vraiment de substance. Duke est, je crois, un bien meilleur album… sauf que je n’ai jamais accroché sur Cul de Sac, une chanson de Tony. J’ai vraiment du mal à rentrer dedans. », ajoute-t-il. Dès le mois de juin 1980, le groupe assure la promotion de Duke en ne jouant plus sur la démesure de la tournée de 1978, mais en retournant aux bons vieux classiques : une simple tournée de quarante concerts, dans de sobres petites villes de la province britannique. Pour un musicien de complément, savoir que l’on est congédié par Genesis n’est pas facile à admettre : « Avec Genesis, on ne sait que son travail est terminé ou que l’on continue l’aventure que lorsque le groupe demande de rempiler. », raconte Daryl Stuermer en souriant. « Lorsque j’étais en tournée avec eux, j’ai su que tout le monde était satisfait. J’avais fait le travail qu’ils me demandaient et je savais que tout avait bien fonctionné. Je ne savais pas si eux en avaient conscience, mais je savais que ça allait. J’ai même demandé à Mike : «Il va y avoir
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une autre tournée, par la suite ?» Et là, il m’a répondu : «On ne sait jamais.» J’ai pensé : «Wouah, c’est vague…» Il semble qu’ils ne savent jamais ce qu’ils feront le lendemain. Ce que j’ai appris au fil des années, c’est qu’avec leur façon d’être, on ne peut jamais savoir. Jamais. Après une tournée, ils disent : «Oh, d’ailleurs, on va faire une autre tournée dans deux ans. » Ils n’ont pas de projet. Donc, je fais avec. En 1978, alors que j’avais fait ma première tournée avec eux, j’ai su qu’ils n’allaient pas refaire de tournée l’année d’après, parce que les femmes de Mike et de Tony allaient, toutes les deux, avoir un bébé. Je savais qu’ils n’allaient rien faire du tout dans l’année. C’est pour cette raison que j’ai accepté de participer à la tournée de Gino Vannelli. », dit Daryl Stuermer. Le groupe est au sommet de sa gloire et les affaires du groupe se portent de mieux en mieux : les années 80 sont, pour les admirateurs de Collins notamment, les années Genesis. Le succès des échappées solitaires de Phil Collins, dont les albums solos sortent en parallèle des albums de Genesis, ne feront qu’attiser les convoitises et la passion du public. Mais nous n’en sommes pas encore là…Genesis a toujours envie d’enregistrer, à l’occasion, des titres d’une complexité qui n’est pas sans rappeler les premières heures de la formation initiale, comme l’instrumental Duke’s Travel - Duke’s End proposé en clôture de l’album Duke. L’enregistrement du nouvel album Genesis a lieu dans un cottage du Surrey, dans lequel un studio appelé The Farm vient d’être construit.
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Septembre 1981 voit le lancement de cet album intitulé Abacab. C’est l’occasion pour le groupe de partager avec le public l’expérimentation de nouvelles pistes musicales, comme le démontre l’utilisation quasiment systématique de nouvelles sonorités synthétiques utilisées majoritairement pour habiller les percussions, plus lourdes que jamais, et les claviers. Au fil des albums, l’influence de Phil Collins suit son cours avec la présence de plus en plus de plus importante des cuivres. La participation d’Hugh Padgham (qui a déjà été producteur de Paul McCartney et Police) à l’élaboration d’Abacab est comme significative. A l’aube de la nouvelle décennie, sa présence reflète la volonté manifeste de Genesis d’offrir à son public un son plus contemporain. Cet album sera d’ailleurs disque de platine… La tournée qui suit sa sortie permet au groupe d’enregistrer Three Sides Live, un double album live qui comporte des inédits, tels que le célèbre Paperlate. Tous ces enregistrements en public reçoivent un excellent accueil médiatique et séduisent le public.
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Le retour des complices, juste une fois… Le 2 octobre 1982, un événement marque les fans de Genesis. À l’époque, Peter Gabriel qui s’est toujours investi pour assurer la promotion des musiques du monde est complètement ruiné après avoir mis en place le festival WoMAD (World of Music, Arts and Dance). Alors, pour lui permettre de se refaire une santé financière, ses complices d’antan ont la fabuleuse idée de refaire un concert avec lui. Le public présent ce jour-là sera le seul à pouvoir savourer ce moment d’exception car cette unique représentation n’a fait l’objet d’aucun enregistrement de quelque forme que ce soit. Si cette date est tellement importante aux yeux des «puristes», si cet événement a autant de poids, c’est aussi et surtout parce que Peter Gabriel et Steve Hackett sont réunis. Pendant une partie du show, Steve Hackett attend en coulisses pendant que David Stuermer joue certains morceaux interprétés initialement par Steve. Daryl Stuermer ne se sentait pas du tout à l’aise : « Je ne sais pas si j’étais mal vis-à-vis de lui. », s’interroget-il. « Je devais penser au fait qu’il ne jouait pas lui-même. Cette situation a dû l’incommoder encore plus que moi. Mais j’aimais vraiment bien jouer ces morceaux et le fait qu’on me les confie était flatteur. Évidemment, Steve avait travaillé avec Genesis pendant l’ère Peter Gabriel. Mais, moi aussi, j’en avais envie. J’attendais de pouvoir jouer avec Peter Gabriel. Je savais que j’allais passer un grand
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moment. Le fait qu’on me confie tant de responsabilités dans ce show était énorme. » Steve a finalement rejoint Peter Gabriel sur scène : « Il a joué I Know What I Like avec nous. », poursuit Daryl. « Ainsi, je pouvais jouer aussi bien que Steve. J’ai été sur scène avec Peter Gabriel pendant tout le show et Steve ne nous a rejoints qu’à la fin. À la fin du concert, on a fait une excellente séance de photos. C’est à ce momentlà que je me suis senti très à l’aise avec Steve. » Le caractère exceptionnel de cette représentation a d’autant plus d’importance qu’elle montre à tous ceux qui en douteraient encore, l’excellente entente qui règne entre les anciens amis de Charterhouse. Ceux qui se trouvaient ce jour-là à Milton Keynes, en banlieue londonnienne, en ont été persuadés. L’année suivante, en 1983, sort Genesis (parfois re-baptisé Shapes), un album qui connaît un énorme succès dans le monde entier et dont les titres résonnent, aujourd’hui encore, comme les références de la décennie. Après cette date, les concerts de Genesis, se font rarement sans une interprétation de leurs plus grands succès internationaux : - Le célébrissime Mama, encensé par la critique, est considéré comme l’un des plus grands succès du groupe. La voix de Phil Collins, qui s’y exprime avec une force monumentale, lui vaut de triompher en Europe. - Home By The Sea, qui est un retour aux longs morceaux qui avaient fait l’identité artistique du groupe, n’en est pas
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moins une réinvention musicale à la façon eighties. Comme si cela faisait désormais partie des gènes de la musique de Genesis, cet opus décroche le titre de disque de platine. - Enfin, Genesis s’autorise, sous les encouragements de Phil Collins, une récréation empreinte d’humour avec l’interprétation de la chanson Illegal Alien (Immigré clandestin). Pour la vidéo de ce titre, les artistes se prêtent au jeu d’un tournage en se coiffant de sombreros. Alors que Genesis assure la promotion de l’album en Europe et que de l’autre côté de l’océan Atlantique, il devient manifeste que les Américains n’attendent de Genesis que la présence… de Phil Collins dont la réputation d’artiste solo n’est plus à faire. Face à son succès en solitaire en 1984, le groupe décide de s’offrir une nouvelle respiration pour laisser à Collins le temps de faire face à ses obligations artistiques. En septembre 1985, le trio se réunit dans son cottage afin de concevoir les titres de leur prochain album. Presque vingt ans après la naissance de Genesis, sort, en 1986, l’album Invisible Touch. Tous les tubes de Genesis sont balayés par ce nouveau phénomène commercial. Plus d’une dizaine de millions de copies se vendront à travers la planète et la chanson Invisible Touch, titre de l’album, atteint la première place des classements de ventes de singles aux Etats-Unis. Invisible Touch est en concurrence avec So, l’album qu’un certain Peter Gabriel sort au même moment. Malheureusement, face à Invisible Touch, c’est l’album So et le révolutionnaire clip Sledgehammer qui triomphent, la même année, aux
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Grammy Awards. Hormis le spectaculaire bilan comptable de la sortie commerciale de l’album, on note aussi le formidable accueil que les radios réservent aux singles qui en sont extraits. L’accueil dont bénéficie cet opus est non seulement remarquable pour sa qualité, mais aussi pour la quantité de titres rentrés en playlist comme Land Of Confusion, Invisible Touch, Throwing It All Away aux sonorités très variées ou The Brazilian, Domino aux contributions artistiques plus progressives . Le titre Land of Confusion, repris, entre autres, par Daryl Stuermer et le groupe Disturbed, est le clip préféré de Mike Rutherford pour une raison très spéciale… C’est qu’il n’y apparaît pas, car cette vidéo est tournée avec des marionnettes. Le ton du clip est très critique et la marionnette qui montre le président Ronald Reagan d’une façon peu flatteuse n’aide pas à calmer ses détracteurs. Malgré tout, la chaîne MTV s’amuse à le diffuser en boucle.
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Portrait : Chester Thompson 11 décembre 1948. Chester Cortez Thompson naît à Baltimore, dans le Maryland (USA) où il grandit. « C’est tout jeune que j’ai commencé à jouer de la batterie. Nous avions dans la famille un ami appelé James Harris qui était batteur de jazz professionnel. Un jour, il m’a proposé de m’apprendre à en jouer. Ravi, j’ai immédiatement accepté et c’est ainsi que, vers onze, douze ans, j’ai commencé la batterie. Très vite, j’ai participé à différents albums de jazz où je jouais aux côtés de Art Blakey et de Max Roach, avant d’accompagner Elvin Jones sur ses albums, ce qui m’a fait faire d’énormes progrès car j’essayais de jouer aussi bien que lui. », se souvient Chester Thompson Dès treize ans, Chester Thompson commence à jouer dans les discothèques locales avant de se produire dans différents centres musicaux de Californie et de Londres : « Quand j’ai eu quinze ans », poursuit-il « j’ai joué dans un nombre incroyable de groupes de différents horizons musicaux et de groupes de jazz de tout âge. Mes premières influences ont été les batteurs comme Max Roach, Art Blakey, Elvin Jones… Même si tous ces musiciens m’inspiraient énormément, je pense que le plus grand batteur de tous les temps est, pour moi, Tony Williams. Nous étions alors au milieu des années 60, et même si je n’avais pas encore vingt ans, ma vie se passait en tournée.
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C’est à ce moment-là que j’ai entendu parler d’un petit nouveau qui commençait à se faire connaître et qui a eu une influence majeur sur mon travail, James Brown. Ce type de découverte révolutionne tout et les reprises que j’ai jouées plus tard étaient les titres de la Motown, de James Brown, ce qu’on appelle aujourd’hui la Soul. Et comme j’étais passé à côté des premières heures des Beatles, je les écoutais lorsqu’ils passaient à la radio, même si, à cette époque, j’essayais plutôt d’apprendre le jazz. » Après avoir joué avec les Pointer Sisters et de nombreux autres grand artistes, le percussionniste est engagé par Genesis, en 1977. Phil Collins, qui doit se consacrer au chant, lui cède alors ses baguettes. Chaque concert est, dès lors, l’occasion pour les deux hommes d’offrir, à leur public, des duos de batteries, dans une douce euphorie. Entre 1977 en 1993, puis sur la tournée de 2007, Thompson fait de nouveau partie des tournées du groupe et tout comme le guitariste Daryl Stuermer, il partage les scènes de Phil Collins quand il se produit en concerts solo. Sa présence lors de la reformation du groupe n’est manifestement pas une surprise ! Du jazz (Weather Report) au rock (Frank Zappa and the Mothers), en passant par le gospel (Ron Kenoly), sans oublier Genesis et Phil Collins, Chester Thompson a dépassé les frontières des genres musicaux. Ses performances et ses expérimentations en studio ont influencé pas loin de trois décennies de musiciens. Qu’il joue avec une batterie complète ou qu’il tape sur un tambour, la qualité
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et la précsion de son travail suffisent à donner une solide base musicale à n’importe quelle prestation. Chaque fois qu’il monte sur scène, Chester se donne tout entier au public… qui le lui rend bien ! Après un lourd programme de tournées dans les années 70 à 90, Chester rejoint, avec sa famille, la ville de Nashville. Alors qu’il est extrêmement occupé par des représentations publiques, des enregistrements en studio, des productions et des périodes d’écriture, sa nouvelle adresse lui donne l’occasion d’enseigner à l’université de Belmont où il donne, depuis 1998, des leçons appliquées de tambour et où il dirige un ensemble de jazz. Reconnu par tous les étudiants comme un modèle et comme un enseignant exemplaire, il est apprécié de tous ses collègues et de tous les étudiants de l’université.
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Diversions… Durant les années qui suivent, les membres de Genesis reprennent à nouveau des chemins de traverse qui permettent, notamment, à Phil Collins de renouer avec ses premières amours, la comédie, en obtenant un rôle au sein de la série Deux flics à Miami pour un unique épisode. En 1988, le chanteur-batteur a le rôle-titre du film Buster, une comédie américaine de David Green dans laquelle il joue aux côtés de Julie Walters et Larry Lamb. Dans ce film, un arnaqueur de bas étage ose s’attaquer à plus gros que lui. Activement recherché par la police, il décide de se réfugier avec les siens au Mexique, mais doit bientôt trancher entre sa famille et sa liberté. Cette comédie agréable, qui tourne autour du hold-up du train postal, plonge Phil Collins dans une ambiance anglaise au cœur d’un Londres des années 60. Cinq ans après la sortie d’Invisible Touch, rendez-vous est pris au studio The Farm pour travailler sur un nouvel album… Le dernier, pour l’instant, avec Phil Collins. C’est sur ce projet qu’entre mars et septembre 1991, Genesis reste concentré. En 1991, le nouvel album intitulé We Can’t Dance, connaît, une fois encore, un succès international dont le groupe est désormais coutumier. Cet album réconcilie les hits qui seront les succès de demain - Jesus He Knows Me, I Can’t Dance, No Son Of Mine, …- avec les titres plus longs qui sont désormais devenus la marque de fabrique du groupe comme Dreaming While You Sleep, Driving The Last Spike ou Fading Lights.
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A la sortie de l’album, sur le forum de Phil Collins, un internaute lui envoie un message un peu étrange dans lequel il lui dit que We can’t Dance fait un peu trop «album de Phil Collins». Ce à quoi Phil répond du tac au tac : « J’aimerais bien voir chacun de vous dire à Tony de faire ce qu’il ne veut pas faire, dans un studio… » John Burns est amusé par cette anecdote et s’accorde avec le point de vue de Phil : « Tony est un musicien intraitable. Je me souviens qu’une fois, j’étais en train de réécouter un accord à l’orgue que je trouvais complètement raté. J’ai appelé Tony et je lui ai dit : «Écoute, c’est terriblement faux !» et il m’a répondu : «Ne t’inquiète pas, ça va aller. Attends que j’ajoute le piano par-dessus…» Ce qu’il a fait et, soudain, ça a fonctionné à merveille. Tout s’est mis en place. Les accords et les enchaînements étaient vraiment extraordinaires. User d’effets en tout genre n’avait plus vraiment de sens. En nous-mêmes, nous nous disions : «Nom de Dieu, c’est fort !», alors qu’il n’avait posé que quelques notes. » Pour les vidéos des singles, Phil Collins, résolument convaincu qu’il est là pour s’amuser, décide de rire de luimême, avec un plaisir non dissimulé. Pour le clip Jesus He Knows Me, il se grime en télévangéliste option moumoute et pour I Can’t Dance , il se met dans le peau d’un ridicule dragueur. La nouvelle tournée, We Can’t Dance, dont le nom est directement issu du dernier album de Genesis, fait une escale très remarquée à l’Hippodrome de Vincennes au
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mois de juillet 1992. Durant le show savamment préparé par le groupe s’entrechoquent les toutes nouvelles chansons extraites du dernier opus et des grands standards des premières formations du groupe. Ces dernières années et jusqu’à cette tournée, l’arrivée de la boîte à rythme, de plus en plus présente depuis la fin des années 80, change leur façon de jouer. Même si Chester Thompson s’en est plutôt bien accommodé : « S’il y a une chose que j’ai apprise, au fil du temps, c’est de m’assurer de ne jamais m’ennuyer pendant un concert. C’est ce que j’ai fait lors d’Invisible Touch Tour et We Can’t Dance Tour et lors des deux dernières tournées solo avec Phil No Jacket Required Tour et But Seriously Tour. J’avais toujours une batterie électronique en backstage. On me trouvait toujours une pièce dans laquelle je pouvais m’installer et répéter. Avec mes écouteurs, je ne dérangeais personne. Tout le monde a ses habitudes avant les concerts. Avant chaque représentation, pendant une demi-heure à quarante-cinq minutes, je m’exerçais sur ma batterie électronique. Quand on arrivait sur scène, j’étais gonflé à bloc, j’avais la pêche et j’étais prêt à me donner à fond. Je ne suis jamais, au grand jamais, monté sur scène en me disant : «Oh, mon Dieu, ça me rend malade…» C’était tout bonnement impossible. Jamais je n’aurais voulu que ça m’arrive. En répétant de la sorte, je pouvais souffler un peu et me libérer de la pression. Ainsi préparé, j’étais beaucoup plus apte à assurer le show tous les soirs. »
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Chaque soit, les plus fidèles admirateurs du groupe sont récompensés de leur présence par une prestation de plus de dix-neuf minutes : il s’agit d’un medley réunissant la plupart des grands classiques qu’interprétait l’«Archange» Peter Gabriel. Le public est très touché d’entendre, à nouveau, Genesis interpréter The Lamb Lies Down on Broadway, I Know What I Like, Firth of Fifth... Pourtant, quand on y repense, il est vrai que cette fabuleuse séquence nostalgique a tout d’un adieu… En effet, Phil Collins, ce personnage courageux, toujours avide de projets, de défis et de travail, que rien n’arrête et qui n’arrête jamais, est toujours dans l’inconscient collectif des fans. Comment se pourrait-il, alors, qu’il tourne la page de cette aventure qui a pourtant marqué toute sa vie ? Chester Thompson ne s’en doute même pas : « Je suppose que si j’avais vraiment fait attention, j’aurais pu m’en apercevoir. Car, même si autour de nous, il y avait toujours un peu de tension, cela devenait de plus en plus apparent que Phil n’avait plus envie de faire partie du groupe. Je pense qu’ils avaient une relation de travail assez stupéfiante. C’était le groupe le plus démocratique que je n’ai jamais vu. En même temps, Mike Rutherford et Tony Banks continuaient de toute façon dans la cour des grands. Au sein du groupe, Phil n’était pas considéré comme un étranger, mais il n’entretenait pas les mêmes relations avec Mike et Tony que ces deux derniers pouvaient en avoir entre eux. » Et c’est pourtant ce qui arrive : après la sortie et la promotion de cet album, la tournée s’achève en 1993 et, dès
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1996, Phil Collins annonce qu’il quitte le groupe, car il considère que le succès de sa carrière solo et l’investissement qu’il compte y consacrer sont trop importants pour lui permettre de mener de front ses deux carrières. Dès 1994, pourtant, Daryl Stuermer avait déjà eu vent d’un éventuel départ : « C’était en 1994, sur le Both Sides tour. Nous étions en tournée avec le groupe et j’ai aperçu Phil en train de parler avec le manager. Phil s’est alors tourné vers moi et m’a dit : «Tu sais que je quitte Genesis, n’est-ce pas ?» C’est ainsi que je l’ai appris. Je lui ai répondu en rigolant : «Non, mais maintenant je le sais !» Je me rappelle juste de la façon originale dont ça s’est passé. Je pense qu’il était persuadé que j’étais au courant. » La tournée We Can’t Dance Tour coïncide avec le départ de Chester Thompson qui ne fera plus de tournée, ni avec Phil, ni avec Genesis, jusqu’à 2007 : « Pour moi, la première raison de cette décision », raconte Chester «était que mon fils allait avoir treize ans. J’ai commencé à jouer de la batterie à cet âge et j’ai grandi sans mon père. Même si je jouais dans des clubs et que je faisais des choses magnifiques, cette période était confuse. J’avais un grand frère avec qui je m’entendais bien, mais je n’avais pas de référence parternelle à la maison. Je me sentais seul et je ne voulais pas que mon fils grandisse de cette façon. Phil et moi en avons parlé et nous nous sommes dit qu’il était mieux, pour moi, que je ne fasse pas sa tournée et comme il voulait faire quelque chose de différent cela tombait parfaitement bien. J’avais vraiment envie de quit-
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ter les routes pour être avec ma famille. J’avais été sur en tournée presque toute sa vie…» Alors à l’apogée de son succès, Phil Collins, qui enchaîne les sorties d’album studio, les enregistrements en public et les multiples compilations, et les compositions de musiques de film, laisse Banks et Rutheford continuer l’aventure Genesis sans lui… En 2005, il reviendra sur cette rupture, qu’il ne considère pas comme un clash mais comme une nouvelle vie : « Nous sommes toujours bons amis. Nous avons passé quelque chose comme vingt-cinq ou trente ans de notre vie ensemble. Le simple fait que nous ne jouions plus dans le même groupe ne signifie pas que nous ayions cessé de nous voir ou que nous n’apprécions plus de nous voir. »
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Portrait : Nick D’Virgilio L’Américain Nick D’Virgilio nait le 12 novembre 1968. Surnommé NDV, Nick fait partie d’un groupe de rock progressif de Los Angeles, appelé Spock’s Beard. Alors qu’il est en tournée avec les Tears For Fears, il croise, à Londres, l’artiste Kevin Gilbert (décédé en 1996) qui a entendu que Genesis auditionne des batteurs. Aussitôt, Nick trouve où est situé le management de Genesis, prend un CD de son groupe Spock’s Beard et les invite à un concert de Tears For Fears. Il est vraiment motivé et a envie de saisir sa chance. La tournée de Tears For Fears se termine et Nick ne pense déjà plus à Genesis quand il reçoit un appel du producteur, Nick Davis, qui lui demande de lui envoyer une DAT plus complète que celle qu’il a déjà faite. Nick s’exécute sur le champ. Le résultat est à la hauteur des espérances du producteur qui le rappelle un peu plus tard pour l’auditionner. En 1997, il rejoint finalement le groupe dans leur studio en Angleterre et joue avec eux toutes les nouvelles chansons qu’ils ont écrites. A son grand regret, cependant, il n’a jamais joué les vieux tubes du groupe car les garçons s’intéressaient surtout à ce que Nick pouvait faire des nouveaux morceaux. Quelque temps plus tard, Genesis rappelle Nick pour lui proposer de participer à l’enregistrement de l’album Calling all Stations signé Mike Rutherford et Tony Banks,
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en l’absence de Phil Collins.
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Calling All Stations Calling All Stations se retrouve dans les bacs en 1997. Il s’agit du quinzième album du groupe. L’histoire dira si c’est, comme on le pensera encore pendant longtemps, le dernier de Genesis. Comme prévu, Phil Collins ne fait pas partie de l’aventure… À ce moment-là, les fans qui suivent le groupe de près sont surpris de constater que Chester Thompson n’a pas participé à l’enregistrement de l’album. Contrairement à ce que tout le monde pense, le motif de son absence n’est pas familial. Après le départ de Phil, Chester Thompson avait en effet reconsidéré sa position et n’excluait pas une ouverture au sein du groupe, mais différente, cette fois : « En fait, j’avais appelé Mike. Je lui avais demandé ce qu’ils allaient faire et j’ai proposé de faire une séance de travail avec eux pour voir si une réelle alchimie se produisait. Parce que si, à ce moment-là, Genesis devait continuer, je ne me serais pas contenté de n’être qu’un artiste de complément. S’ils avaient été disposés à s’ouvrir jusqu’à devenir un vrai groupe, j’aurais alors certainement bondi sur l’opportunité. Mais une fois encore, c’était «leur groupe». Et Mike a clairement tout fait pour que cela le reste. Et plus que ça, ils n’étaient pas du tout intéressés par l’idée de partager quoi que ce soit. Voici l’explication. », raconte Chester. « Je ne savais pas du tout que Chester avait parlé de cela avec Genesis. », déclare plus tard Daryl Stuermer. « De la même façon, s’ils m’avaient un jour demandé de participer
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à la création de chansons, j’aurais évidemment accepté. Cela ne s’est jamais produit, mais je reste toujours à leur disposition. S’ils me le demandaient, j’accepterais. Je ne sais pas vraiment comment cela s’est produit avec Chester, mais la période était au changement. » Mike Rutherford ne se souvient pas, non plus, de cet épisode : « Je n’ai aucun souvenir de cela. », regrette-t-il. « Peut-être que c’est arrivé. Je pense qu’avec Chester, on n’avait jamais rien écrit ensemble, auparavant. S’il a dit qu’il l’a fait, c’est que c’est vrai. Tous nos efforts étaient concentrés sur notre besoin de trouver un chanteur. Tout le reste ne nous semblait pas important, ou pas aussi important à ce moment-là. » Il faut savoir reconnaître aux membres de Genesis des talents de recruteurs qui leur ont permis de s’appuyer sur de vraies valeurs. L’exemple qui vient à l’esprit -mais il y en a eu d’autres - est Daryl Stuermer : « Je pense que je suis l’un des membres du groupe qui commence à travailler les chansons le plus tôt, avant même les répétitions. Pour les premiers shows que nous avons faits ensemble, j’ai passé trois semaines avant les répétitions à travailler les titres. J’avais même appris des bouts de partition pour le clavier et la basse. C’est beaucoup de travail, mais c’est un processus à la fois cool et satisfaisant pour moi. Les autres gars ont plus de facilité en ne faisant que venir et commencer à partir de zéro. Ainsi préparé, je pouvais jouer tout le show dès le premier jour des répétitions… »
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Portrait : Anthony Drennan C’est en 1965, à Luton, en Angleterre, que naît Anthony Drennan avant de partir en Irlande, le pays dont ses parents sont originaires. Guitariste et bassiste, il participe à la tournée promotionnelle de l’album Calling all Stations entre 1997 et 1998, en remplacement de Daryl Stuermer. D’autre part, on doit à Anthony Drennan de prestigieuses collaborations artistiques avec des personnalités irlandaises telles que The Corrs, Clannad ou Paul Brady, mais aussi Chris Rea, Clannad, Moving Hearts, Gabrielle, Will Young, The Chieftains, Davy Spillane, Moya Brennan, Sinead O’Connor, Tara Blaise, Andrea Corr, Gavin Friday, Bono ainsi que Dickie Rock. Il a contribué aux prestations (télévisées) suivantes : The Corrs : Les live de Solidays (en 1999), The Corrs - Live in Dublin (2002), The Corrs at Christmas (2000, également connu sous le nom de The Corrs – Live in London) et est présent dans ces deux vidéos parues en 2000 : The Corrs - Live at Lansdowne Road» et «The Corrs: Unplugged. Deux titres solo (Give Me A Reason, Breathless) interprétés par Anthony Drennan ont été utilisés en 2001 pour la bande originale de la série Charmed, au cours de l’épisode Look Who’s Barking de la saison 1.
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Le retour En 1998, à l’occasion du lancement prochain de la promotion du premier coffret Archive et de la conférence de presse, certains membres du groupe de la première heure sont contactés par téléphone pour y participer. « Je me souviens de cet appel. », raconte Anthony Phillips. « J’étais enchanté et, en même temps, j’étais terrifié à l’idée de remonter sur scène. Cependant, faire quelque chose que vous aimez passionnément, c’est positif. Mais plus le temps passait, plus j’étais tendu car je devais faires des interviews en direct à la télé, ce que je n’avais pas trop l’habitude de faire. Je n’étais pas vraiment préparé à cela… mais c’était énorme. C’était beau, de revoir tout le monde. Nos retrouvailles n’ont pas duré longtemps, finalement, mais elles ont eu lieu. C’était assez étrange, vraiment, d’être dans la même pièce que ces stars internationales, sur une sorte de pied d’égalité. Vraiment bizarre ! » Pour la promotion de ce coffret, sorti en mai 1998, Ant participe à une séance de photo à l’aéroport d’Heathrow, dans la banlieue de Londres puis organise, quelques semaines plus tard, un dîner à Londres avec tous les autres anciens membres du groupe. Avant la sortie du premier coffret Archive, Chester Thompson s’exprime à ce sujet : « En fait, je n’ai pas d’avis tranché sur la question de cette
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édition d’archives qui n’avaient pas été retenues ou diffusées à l’origine… Il est néanmoins certain que je n’ai pas d’animosité qui me ferait dire : «Je n’ai pas du tout envie qu’ils le fassent.» Ça pourrait être plutôt amusant de réentendre certains de ces morceaux. » Dans le coffret Archive 1, on retrouve notamment un titre acoustique que Genesis avait enregistré pour From Genesis to Revelation et qui ne figurait finalement pas dans les tracklisting de cet opus : « Oui, je suis content que Placidy ait survécu. C’est ma préférée de cette période. Maintenant, est-ce que d’autres chansons ont été enregistrées au même moment ? Je n’en suis pas sûr. Pour tout dire, je n’étais pas toujours de la partie lors des réunions au sommet. Soyons honnêtes : j’ai redécouvert Genesis lorsqu’ils ont sorti le coffret Archive 1. Je ne leur avais jamais accordé beaucoup d’intérêt, même s’ils étaient partout, y compris dans mon supermarché. De longues périodes se sont écoulées durant lesquelles je n’ai pas entendu parler d’eux. J’ai juste prêté une oreille attentive à la sortie d’Archive. », dit John Mayhew. Dans ce coffret, les admirateurs de Genesis redécouvrent l’album From Genesis to Revelation sans les arrangements de cordes qui avaient été ajoutés à la fin de l’enregistrement original. « Je l’aimais bien avec les cordes et les transitions qui liaient les titres. », regrette Jonathan King. « C’était une époque où la notion d’albums concepts n’avait pas encore été inventée. From Genesis to Revelation était donc le pre-
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mier. Je pense que la douceur ajoutée et notre professionnalisme en ont fait un disque vraiment inhabituel qui ne laissait aucune place à l’amateurisme. Je continue à croire que, même s’il n’a pas été apprécié à sa juste valeur, il est l’un de ceux qui ont marqué la décennie. Un jour, l’oncle d’un officier de prison m’a envoyé cet album pour que je lui dédicace. Il avait joint un petit mot sur lequel il avait écrit que c’était son album préféré depuis toujours. Je trouve vraiment que l’opus a un son superbe, vraiment différent de quoi que se soit qui ait existé. Il est éclatant de jeunesse, d’énergie et de créativité. » (Nda. Jonathan King a passé sept ans en prison pour des faits graves qu’il nie toujours.) Mais, Jonathan n’a pas été contacté pour cette nouvelle édition : « En fait, ils n’auraient pas dû inclure ces versions préliminaires sans cordes. Je pense qu’il y avait de meilleures et de plus judicieuses collections de titres à compiler. » Si certains considèrent que Jonathan King a fait de l’argent sur le dos de Genesis, il souligne que, de son point de vue, Genesis est tout aussi redevable à leur premier producteur : « Comme c’est le cas pour beaucoup d’autres projets et artistes, ma plus grande rémunération, ma plus grande satisfaction, c’est certainement le fait que, sans moi, Genesis n’aurait pas existé et les garçons auraient réussi dans les carrières qui leur étaient destinées, et seraient
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devenus comptables ou avocats. Je me souviens bien de ma rencontre avec leurs parents, quand je les ai persuadĂŠs que le groupe avait un avenir dans ce monde impitoyable de la musique. Âť
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Portrait : Phil Collins Le 30 janvier 1951, Philip David Charles Collins voit le jour, à Londres. À cinq ans, on lui offre son premier tambour, instrument qui l’accompagne chaque fois qu’il trouve l’occasion de se donner en spectacle. Quelques années plus tard, il joue dans des séries télévisées et des publicités avant de s’intéresser à la musique. À neuf ans, un orchestre de danse aquatique lui permet de jouer pour la première fois de la batterie. Cinq ans plus tard, alors qu’il suit des cours d’art dramatique au sein de l’école Barbara Speake, il joue pendant neuf mois le rôle d’Artful Dodger pour une adaptation d’Oliver Twist, rôle qu’il aurait adoré jouer longtemps encore… si sa voix n’avait pas mué. Après certaines productions pour la BBC, il retourne au sein de la troupe d’Oliver Twist, pour incarner cette fois le personnage de Noah Claypole. À treize ans, en 1964, il rencontre à la fois le cinéma et les groupes à succès en participant en tant que figurant au premier film des Beatles, A Hard Day’s Night. Un rôle discret, dans lequel il sera impossible de l’identifier, tant il est noyé dans une foule des fans. Mais cette expérience le marquera à jamais et influencera sa volonté de poursuivre une carrière d’acteur. Tout en jouant, il trouve le temps avec l’un de ses amis de fonder le groupe : Real Thing. Il obtient son premier contrat semi-professionnel avec Charge, un autre groupe,
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avant de collaborer à Freehold, puis de devenir le batteur du groupe Hickory. En 1969, le groupe Flaming Youth lui permet de faire ses premières armes au sein d’un groupe de musiciens. Au début des années 70, il feuillette le magazine Melody Maker dans lequel une annonce signale qu’un poste de batteur est à pourvoir. Il se présente et est sélectionné parmi quinze candidats. Le groupe qui recrute n’est autre que Genesis. Phil va donc, au sein de ce groupe, assurer, dans un premier temps, les percussions et les chœurs avant de se retrouver en première ligne après le départ de Peter Gabriel à la fin de l’année 1974, s’appuyant sur sa présence scénique et ses talents de chanteur pour assurer la relève. Face au sérieux de Mike Rutherford et de Tony Banks, Phil Collins est souvent perçu comme le comique du groupe. Malgré les dires de ses détracteurs, c’est peut-être le fait d’être débarrassé de ce sérieux excessif qui a fait sortir Genesis d’une certaine routine. Dans les années 1970, Phil Collins intervient également au sein du groupe de jazz fusion Brand X en tant que batteur. Ce bourreau de travail aura, finalement, réussi à participer à l’enregistrement de pas moins de six albums avec ce groupe, tout en produisant d’autres groupes et en jouant de la batterie sur d’autres projets… Le monde entier se demande quand dort Phil Collins. Autodidacte, sa notion de la lecture et de l’écriture de la musique sont très personnelles et n’ont rien de conventionnel.
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À partir de 1981, Phil Collins commence une carrière solo sans, toutefois, quitter Genesis. Le premier album Face Value caracole en tête des ventes d’albums outre-Manche et reste dans les soixante-quinze meilleures ventes d’albums de ce pays… pendant six ans ! En 1984, la série Miami Vice lui offre un rôle de présentateur de télévision. Chaque expérience musicale de Phil Collins intéresse, voire surprend, le public. Sa façon d’allier, dans le titre In The Air Tonigh, une boîte à rythmes et une batterie traditionnelle sera en effet reprise, telle une référence, par les générations qui suivront. Phil Collins est réputé pour être un assoiffé de travail, mais également de générosité. Le 13 juillet 1985, il se produit sur la scène de Wembley pour le concert LiveAid, contre le sida. Il ne cherche pas à avoir bonne conscience, mais bel et bien à donner tout ce qu’il a au fond du cœur. Sa générosité est telle que, dès la fin de sa prestation à Wembley, il s’envole à bord du Concorde pour être, trois heures plus tard, sur la scène du LiveAid à Philadelphie, de l’autre côté de l’océan Atlantique. Au fil des années 80, ses collaborations artistiques avec des artistes de haut-niveau se multiplient. On le voit, entre autres, avec Mike Oldfield, Eric Clapton, George Harrison, Robert Plant et Paul McCartney. Il joue, également, avec le groupe Tears for Fears. Il n’en oublie pourtant pas sa carrière d’acteur. Il reprend, par exemple, du service sur le tournage de Buster, en 1988, film dans lequel il campe le personnage-titre, le pilleur Buster Edwards, dans l’attaque d’un train postal qui s’est déroulée en 1963. En 1991, il enregistre un dernier album avec
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Genesis, We can’t Dance qu’il défend sur scène en 1992 et 1993… A partir de 1993, ses ventes de disques baissent très sensiblement et la sortie de Both Sides, ne dément pas cette tendance, tous comme les résultats des albums suivants … En 1999, Phil Collins se lance un nouveau défi. Il participe, aux côtés de Mark Mancina et de Nicolas Faramia, à la bande originale du célèbre dessin animé de Walt Disney, Tarzan. Pour ce projet, il enregistre d’ailleurs certains titres en cinq langues différentes et le titre You’ll Be In My Heart lui vaut un Oscar. Un succès qui aura pour conséquence une nouvelle collaboration en 2003, pour un autre dessin animé du géant américain : Frère des Ours. Après avoir reconnu, au début des années 2000, une perte partielle d’audition, il a promis à son public une tournée d’adieux, promesse qu’il n’a pas encore honorée à ce jour, si ce n’est que sa tournée avec Genesis en 2007, pourrait, finalement, être sa dernière. Simon Collins, l’un des deux enfants issus de son premier mariage, est devenu musicien et a sorti plusieurs albums. Son frère Clive est journaliste et sa sœur Carol est une patineuse artistique professionnelle. Au cinéma, Phil Collins aura participé à A Hard Day’s Night (1966 - en tant que figurant), Chitty Chitty Bang Bang (1966), Calamity the Cow (1967, dans le rôle de Mike Lucas), Princes Trust Birthday Party (1986 - téléfilm), Buster (1988, dans le rôle de Buster Edwards), The Who Live, Featuring the Rock Opera Tommy (1989, téléfilm dans le rôle d’oncle Ernie), Hook ou la revanche du
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Capitaine Crochet (1991, dans le rôle de l’inspecteur Good), Les soldats de l’espérance (1993, dans le rôle d’Eddie Papasano), Frauds (1993, dans le rôle de Roland Copping), Calliope (1994, dans le rôle de Jackson Dover), Balto chien-loup, héros des neiges (1995 - voix de Muk et Luk), Le Livre de la jungle 2 (2003, voix). En excluant les albums Live et les bandes originales des films, la carrière discographique solo de Phil Collins pourrait se résumer ainsi : Face Value (1981), Hello, I Must Be Going (1982), No Jacket Required (1985), 12Ers (1987), But Seriously (1989), Both Sides (1993), Dance into the Light (1996), Hits (1998), A Hot Night In Paris (1999), Testify (2002), Love Songs : A Compilation... Old and New (2004).
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De Phil à Ray Wilson… Alors que Genesis s’apprête à gérer l’après-Phil Collins, Steve Hackett revient sur le premier coffret Archive : « C’est un coffret assez amusant qui contient le live de The Lamb Lies Down on Broadway et d’autres titres inédits qui sont excellents. Il rend vraiment très bien. C’est Nick Davis qui a fait le mixage, sans être interféré par qui que ce soit, sans qu’il y ait la moindre compétition. Les parties de guitares sonnent fortement et clairement. On peut entendre ce que chacun a fait. C’est, selon moi, la meilleure version de The Lamb Lies Down on Broadway, enregistrée en studio. On y a perdu quelques subtilités, mais j’ai trouvé que la voix de Peter était bien meilleure et que la partie de batterie était excellente. » Malgré tout, des critiques se font entendre au sujet des enregistrements de ce coffret qui auraient été doublés : «Non, non. », précise Steve Hackett. « En réalité, ce sont les voix qui ont été refaites. Les batteries n’ont pas été touchées et les parties de Mike n’ont pas non plus été changées. Pour les parties de Tony, je pense qu’elles n’ont pas été retouchées, mais je ne peux pas en être certain car je n’étais pas là. J’ai rejoué quelques morceaux de guitare, mais vraiment très peu. » En réalité, Steve Hackett n’a joué que le solo à la fin de The Lamia et quelques morceaux de Fly On a Windshield. Le reste, trop insignifiant, ne mérite pas qu’on s’y attarde vraiment… Pour préparer le nouvel album sans Phil Collins, Rutherford et Banks font une fois de plus face à
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la situation : les deux anciens prennent la décision de poursuivre l’aventure Genesis en proposant à Ray Wilson, l’ancien chanteur écossais trentenaire du groupe Stiltskin un groupe de rock britannique du milieu des années 1990 ayant connu une gloire fulgurante, mais dont la force a été aussi remarquable qu’éphémère, notamment grâce au titre Inside, sorti en 1994 et utilisé pour une publicité télévisée pour les jeans Levi’s - de prendre la relève. Ray Wilson ne prend pas à la légère la décision de remplacer Phil Collins et de devenir le nouveau chanteur du groupe. Son risque le plus grand étant de rester dans l’ombre de l’ancienne formation : « Quand j’ai su que Genesis voulait m’auditionner, ma première réaction a été de refuser. Je voulais tout simplement mener ma propre carrière. Mon projet Cut, par exemple, était dans le prolongement logique de ce que j’avais fait avec Stiltskin. C’était tellement loin de ce vers quoi tendait alors Genesis que je me suis dit que si c’était une offre vraiment impressionnante, que ce n’était pas ce qui ne tenait à cœur. Après mon audition, j’ai discuté avec Mike Rutherford et Tony Bank et je me suis rendu compte que leur intention était imprécise. Ils savaient pertinemment que s’ils remplacaient Phil qui était l’un des chanteurs les plus célèbres de la planète, ils devaient tout recommencer musicalement et que cela n’allait pas être facile. Indépendamment du fait que je sois ou non un bon chanteur, j’étais loin de leur univers et ça allait forcément être très difficile. En outre, avec le départ de Phil, ils avaient perdu l’auteur-compositeur qui faisait l’originalité du
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groupe qui devenait de plus en plus Phil Collins et de moins en moins Genesis. En se privant de lui, le groupe devenait très rétro. », confesse Ray Wilson.
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Portrait : Nir Zidkhyahu Nir Zidkhyahu naît en novembre 1967 à Rishon LeZion, au sud de Tel-Aviv (Israël). Il reçoit sa première batterie à l’âge de douze ans et commence à étudier la composition et les percussions grâce à Shaul Shoval, puis à David Rich qui était un élève de Joe Morello. Nir commence sa carrière professionnelle à l’âge de seize ans en accompagnant sur scène et en enregistrant avec les plus grands artistes israéliens dans des styles aussi variés que le rock, la musique latino, le jazz, le funk et la musique orientale. Il voyage alors intensément à travers tout Israël et participe à de nombreuses émissions télévisées nationales. Très ambitieux, Nir laisse en 1993 sa carrière israélienne derrière lui, pour tout recommencer à New York. Si cette décision est risquée, elle s’avèrera fructueuse car c’est lui qui, en 1997, en l’absence de Phil Collins, héritera du trône laissé vacant en jouant de la batterie sur huit titres de l’album Calling all Stations et en accompagnant ponctuellement le groupe sur scène en 1998. Après son arrivée à New York et sa participation au sein d’un groupe appelé les Hidden Persuaders, Nir raconte : « J’avais vraiment voulu être le membre d’un groupe original, comme un grand groupe alternatif de rock progressif. Nous jouions principalement à New York et nous étions bien suivis. Deux ans plus tard, nous avions un contrat d’édition avec Hit & Run Music, société qui
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appartenait à Tony Smith, le manager de Genesis. Alors que je jouais avec le groupe, il m’arrivait de rejoindre d’autres artistes. On me proposait de participer à différentes tournées au sein de plusieurs groupes, mais je croyais vraiment au mien et je voulais qu’il décolle. Lassé de jouer avec les Persuaders et à «presque obtenir un contrat en maison de disques» pendant quatre ans, j’ai décidé de les quitter dès 1996. Quelques mois plus tard, j’ai reçu un coup de fil de Joey Gmerek qui travaillait chez Hit & Run à New York. Il voulait me voir. J’étais persuadé qu’il voulait me convaincre de rejoindre le groupe. » Il n’en est pourtant rien. En réalité, une fois arrivé au bureau, Joey dit à Nir que Tony Smith l’a appelé pour lui dire que Mike Rutherford et Tony Banks avaient écouté le travail des Hidden Persuaders et voudraient qu’il vienne auditionner à Londres pour Genesis. « J’étais persuadé qu’il s’agissait d’une blague. », confie Nir. « Mais, le lendemain, j’avais un billet d’avion pour Londres. L’audition était géniale. Mike, Tony et Nick Davis m’ont dit de jouer les morceaux comme je les ressentais, et c’est exactement ce que j’ai fait. J’ai joué sur vingt-deux titres en deux jours ! Je sentais qu’ils aimaient ce que je jouais et, immédiatement, une bonne alchimie s’est produite entre nous. Je me souviens de Nick Davis me disant, juste avant que je reparte pour l’aéroport, qu’ils voulaient que je joue sur l’album Calling All Stations et qu’il pensait qu’ils me demanderaient certainement de jouer sur la tournée. »
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Avant d’ajouter : « Travailler avec Genesis en studio a été une expérience très créative parce qu’ils m’ont laissé être moi-même et m’ont toujours permis de jouer les morceaux de la façon dont je les ressentais. J’étais ainsi très à l’aise et cela m’a empêché de me dire : «Mon Dieu, c’est Genesis !» Je les remercie pour ça… » La même chose s’est produite quand Genesis a commencé les répétitions pour la tournée : « Je devais conserver mon attention sur la musique. », poursuit-il sérieusement « Et ne pas penser sans cesse au nom de Genesis ainsi qu’au nombre incroyable de spectateurs qui allaient venir nous voir et nous critiquer. Cela aurait été trop terrifiant. Je voulais juste profiter de la tournée et, bien évidemment, être au top. » Par la suite, Nir participe aux albums de différents chanteurs comme le jeune prodige Joss Stone ou Chris Cornell (ex-Soundgarden, ex-Audioslave). Il enregistre également plus de quatre-vingt albums dont le savoureux Room for Squares qui deviendra triple album de platine et qui fera connaître le chanteur et guitariste émérite John Mayer. Le travail de Nir lui vaut d’être respecté au niveau international et demandé dans les studios et sur les scènes d’Amérique du Nord, d’Europe, du Japon et d’Israel. Il réside actuellement à New York.
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Quand l’Amérique se détache de Genesis La nouvelle formule de Genesis commence avec le single Congo dont les ventes, bien qu’honorables, ne lui donnent pas l’occasion d’atteindre les sommets que le groupe avait connus avec Phil Collins, notamment outre-Atlantique. Le succès de l’album Calling All Stations dans les pays d’Europe est plus ou moins à la hauteur des ambitions du groupe et des succès passés de Genesis, mais le public américain, qui s’attache de plus en plus au rock alternatif, au hip-hop et à la pop pour adolescents, n’est plus au rendezvous… et les ventes s’en ressentent très directement. À l’époque, un journaliste demande à Anthony Phillips ce qu’il pense de cette nouvelle formation du groupe, il lui répond : « À mon grand regret, je dois avouer avec beaucoup d’embarras que j’en sais bien peu sur le sujet. Je me rendais compte que tout le processus était enclenché et j’ai entendu une histoire selon laquelle Ray rejoignait le groupe. Le reste m’est passé à côté, je n’ai vraiment rien entendu… » À la même période, Anthony Phillips répond au sujet d’éventuels regrets qu’il pourrait avoir suite à son départ de Genesis : « J’ai exprimé des regrets en ce qui concerne mon départ car leur musique a énormément évolué avec le temps. Quand je faisais partie du groupe, il n’était pas à l’unission. Il fallait que quelqu’un parte : ça a été moi. En fait, je ne peux pas vraiment avoir beaucoup de regrets, parce
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que c’était nécessaire pour la longévité de Genesis. Les choses n’allaient pas bien pour moi, alors je ne pense pas que cela aurait fonctionné. Dans un monde idéal, naturellement, cela aurait été beau de contribuer à cette musique.» Face à cet échec relatif, après une tournée promotionnelle qui s’achève en 1998, Genesis se sépare après la promotion de l’album, même si les différents artistes qui ont croisé la route de ce groupe aux mille visages, notamment Phillips et Hackett (mais pas Peter Gabriel…), se retrouveront de temps en temps. « J’ai été impliqué dans l’écriture, mais seulement sur la fin. », regrette Ray Wilson. « Mon arrivée au sein du groupe ne s’est pas faite par la grande porte. La magie Genesis avait disparu. Le son était devenu un peu plus rétro, ce que, personnellement, j’appréciais. Malheureusement les ventes de l’album n’ont jamais atteint les cinquante millions de ventes comme c’était le cas auparavant. Les choses avaient changé…» Tony Banks dit alors que Genesis se «repose» et Phil Collins exprime l’espoir que les membres du groupe originel, dont Peter Gabriel, jouent de nouveau ensemble. Pour cette tournée, et pour la première fois, Daryl Stuermer doit faire un choix crucial entre Genesis et Phil Collins : « Je pense que cela devait arriver. », se souvient Stuermer.
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« Genesis voulait continuer. C’est en 1997 qu’ils se sont réunis aux côtés de Ray Wilson. J’étais alors en tournée avec Phil. Il m’était impossible d’être à la fois avec Phil Collins et avec le groupe. Je ne pouvais pas être avec Phil sur scène et avec Genesis qui avait commencé les répétitions et était en studio au même moment. Je pensais que le groupe voulait un vrai changement, de toute façon. Non pas qu’ils ne m’aimaient pas ou qu’ils n’appréciaient pas ma façon de jouer, mais je pensais qu’ils sentaient qu’ils devaient faire table rase du passé et tout reconstruire. Par exemple, ils ne travaillaient pas avec Chester Thompson. Ils voulaient changer d’univers Je n’aurais même pas pu assister à leurs répétitions parce que j’étais encore en tournée avec Phil. Par ailleurs, je n’imaginais pas qu’ils puissent me demander, moi, sans travailler avec Chester ou qu’ils puissent prendre Chester sans me prendre aussi. Cela aurait été dérangeant. De toute façon, je n’aurais jamais reçu un appel qui m’aurait dit : «Bon, avec qui tu veux être ?» J’ai donc parlé avec leur manager qui m’a juste dit : «Ils feront cela pendant que tu seras sur la tournée de Phil Collins.» Du coup, il ne m’a même pas posé une seule question. J’avais envie de rester avec Phil et je suis toujours avec lui. En fait, pour moi, Genesis a cessé d’exister cinq ans plus tard. Donc, d’une certaine façon, les choses se goupillaient plutôt bien. » Très souvent, au fil du temps, les membres de Genesis se croisent, se voient, s’appellent, et certains collaborent même sur les projets solo des autres. Le hasard de la vie les
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réunit aussi, quelquefois. En septembre 2002, Daryl se souvient avoir rencontré Steve Hackett : « J’étais en Angleterre et je participais au show appelé This is Your Life. Il n’y avait aucun malaise entre Steve et moi. On n’a pas arrêté de se parler. On a des styles très différents, mais il est indéniable que j’ai de l’admiration pour lui. » Il n’y aura donc pas de second album avec Ray Wilson, même si c’est ce qui avait été préalablement décidé : « C’était pourtant notre intention. », confirme Mike. « Mais en regardant cela de plus près, on a réalisé que cela ne marchait pas bien du tout aux Etats-Unis alors que dans le reste du monde nous avions vendu un million et demi voire deux millions de disques, ce qui est plus que ne le feront jamais la plupart des autres groupes… » Interrogé sur la façon dont il a été «remercié» par le groupe, Ray Wilson répond en 2001 : « Je n’ai jamais vraiment été viré du groupe en tant que tel. Ils ne m’ont pas appelé pour me dire : «Ray, on ne continue pas.» Pendant longtemps, je n’ai jamais vraiment senti que je ne faisais plus partie du groupe. C’est juste que le groupe avait cessé d’exister. Quand j’en ai eu connaissance, c’était environ un an et demi après la tournée de Cut. C’est dans les journeaux que j’ai su que j’étais viré. Pour être honnête vis-à-vis d’eux, il est certain qu’ils ne m’ont pas non plus appelé en me disant : «Ray, tu es viré. Nous continuerons et nous prendrons quelqu’un d’autre pour chanter.» ou «Nous continuerons et nous rappelle-
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rons Phil.» Il n’y a jamais rien eu de la sorte. Je pense qu’ils ne voulaient pas me fermer la porte complètement. » Contractuellement, étant donné que Ray Wilson a signé avec le groupe pour deux albums, les choses s’arrangent. Genesis l’indemnise sur la base de cette option de deuxième album. Ray Wilson, qui parlera plus tard de ces détails financiers, ne pourra néanmoins en dire plus pour des raisons légales : « En réalité, ils m’ont payé pour une période donnée. Il s’agissait d’un salaire de base qui s’est arrêté à la date convenue. », a néanmoins chuchoté Ray Wilson à quelques oreilles indiscrètes. « A mon avis, si j’avais collaboré à un deuxième album, j’aurai gagné beaucoup plus d’argent que sur le premier, car, sur mon contrat, mon pourcentage était plus important. Ça faisait donc une grosse différence, pour moi. » Avec la perspective d’un second album, Ray Wilson s’est fait construire une maison. Bien sûr, comme le second album n’a jamais vu le jour, il dû la vendre.
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Portrait : Ray Wilson Né le 8 septembre 1968 à Dumfries, en Écosse, Ray Wilson y grandit avant d’en déménager pour Carliste. À quatorze ans, il fonde, The End, son tout premier groupe, dont il partage la vedette avec son frère Steve. Plus tard, il intègre le groupe Guaranted Pure et enregistre avec eux trois albums. Le titre Swing Your Bad, extrait du dernier opus sorti en 1991 est un premier succès. Ray Wilson rencontre le succès pour la première fois au milieu des années 1990, au sein de son groupe de rock Stiltskin. En 1994, après quelques difficultés financières, il remonte la pente et l’album The Mind’s Eye atteint les sommets des charts internationaux grâce à Inside qui devient la musique d’une campagne publicitaire pour la marque Levi’s. À la fin de la vie du groupe Stiltskin, qui doit faire face à plusieurs différends qui ont raison des relations entre ses membres, Tony Smith, le manager de Genesis, appelle Ray pour lui annoncer que Mike Rutherford et Tony Banks aimeraient le rencontrer pour faire quelques essais en studio. Lors de l’audition, il interprète No Son of Mine comme si sa vie en dépendait. En 1997, alors que Phil Collins a quitté le groupe pour se consacrer à sa carrière solo, il est recruté comme chanteur pour interpréter les titres de l’album Calling all Stations et pour participer à la tournée du même nom. En 1997, malgré un succès honorable en Europe, la sortie
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de l’album n’obtient pas, aux Etats-Unis, l’écho escompté sur un marché saturé par le R&B et la musique pop-rock. Manifestement déçu, le groupe ne fera pas de nouvelle tentative et remerciera Ray Wilson avec peu de diplomatie, diront certains. En 1999, Ray Wilson monte, avec son frère et quelques anciens membres de Guaranted Pure, son propre groupe appelé Cut. L’album Millionairhead qu’il produisent eux-mêmes est loin d’être un succès, malgré les quelques ventes réalisées en Allemagne. Ray digère mal l’échec de son aventure avec Genesis et ne fait, en conséquence, pas grand-chose pendant les deux années qui suivent, ci ce n’est une apparition sur la reprise de Big City Nights qui figure sur l’album symphonique du groupe Scorpions. C’est en 2003 que Ray Wilson profite du Festival International d’Edimbourg pour réaliser l’enregistrement d’un opus acoustique à l’intérieur duquel on entend des reprises de Bruce Springsteen, Genesis, Phil Collins, Peter Gabriel et quelquesunes de ses propres créations. Cette nouvelle expérience lui redonne le goût du travail et il devient à nouveau très productif. La même année, il sort l’album Change, puis The Next Best Thing l’année suivante. Un an plus tard, en 2005, sort son album intitulé sobrement Live. En 2006, l’enregistrement de l’un de ses plus beaux concerts acoustiques, enregistré en 2003 à Varsovie, sort en CD, juste avant qu’il ne reprenne le nom de Stiltskin pour sortir un album rock : She. En 2007, Ray sort l’album Ray Wilson and Stiltskin live. La sortie d’un DVD est annoncée pour la fin de l’année…
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Souvenirs Toutes les aventures et les bouleversements successifs de Genesis ont laissé à chacun de ses membres des souvenirs, positifs pour les uns, difficiles pour les autres, des joies et, peut-être, quelques amertumes… Anthony Phillips se souvient de certains moments chers à son cœur : « Au moment où nous commencions à être sous les feux de la rampe, alors que nous étions en train d’écrire - j’ai moi-même écrit quelques mots sur «Stagnation», je me sentais vraiment excité car nous nous engagions sur une nouvelle voie. J’aimais aussi les moments où nous réunissions les sections instrumentales que nous avions produites comme The Knife et Looking for Someone. Ce qui est excitant, c’est d’écrire le titre, même si la dernière répétition qu’on fait pour la tournée tue ce sentiment. Dans ma mémoire, les souvenirs qui m’enchantent le plus sont les chansons que nous avons à peine jouées, justement parce qu’elles n’ont pas eu le temps d’être ternies. Nous avons fait de belles choses durant la période qui s’est écoulée entre l’enregistrement de From Genesis to Revelation et le moment où nous avons repris la route. Il y avait un morceau appelé A Winter Flies By dont je me souviens comme d’une chose positive parce qu’elle était naïve et pure. » Anthony Phillips revient sur un souvenir de Noël 68 où Genesis avait enregistré From Genesis to Revelation : « L’album n’était pas encore parti au mixage. Je me sou-
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viens qu’il y avait un magnifique arrangement au piano de Tony, en Do mineur et, dans A Winter Flies By un solo de guitare basé sur un second morceau de Tony. Nous avons tout démoli en faisant entrer la guitare acoustique au milieu du morceau de piano. C’est important de comprendre cela car, si on ne l’avait pas fait, ces morceaux me colleraient encore plus à la mémoire… Le vrai problème, avec la scène, c’est que ces chansons étaient usées jusqu’à la corde car nous manquions de temps pour leur donner de nouveaux arrangements qui auraient préservé leur fraîcheur, étant donné leur complexité. Il y avait donc un effet d’éternelle répétition, un peu comme si un orchestre allait jouer le New World Symphony toutes les nuits. Il n’y avait pas de variation et j’étais finalement le seul à pouvoir inover sur scène sur le solo de The Knife. » Ray Wilson, quant à lui, reste en tout cas fair-play avec Genesis : « Ils ne savaient vraiment pas quoi prévoir. Si le marché américain avait suivi le marché européen vis-à-vis de notre album, tout aurait été parfait. Mais il n’en était rien… Ce n’est pas que je blâme qui que ce soit pour cela, c’est juste que cela s’est produit ainsi. C’est la vie. Beaucoup de fans inconditionnels ont acheté l’album. J’ai reçu beaucoup d’e-mails d’Américains et de Canadiens qui m’ont dit l’avoir aimé. Mais, malgré tout, le succès n’a pas été au rendez-vous. » À l’origine, pourtant, Genesis revenait pour durer :
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« Dans un premier temps, quand je leur ai parlé pour la première fois », confie Ray Wilson « ils me disaient «On va redémarrer le groupe.» J’ai signé avec eux pour deux albums. J’étais un membre du groupe. Je n’étais pas juste un chanteur d’appoint et deux albums nous auraient permis de voir plus clair. J’avais pensé : «C’est assez réglo. Si on enregistre deux albums, cela va au moins donner quelque chose de concret et ça devrait occuper nos cinq prochaines années.» Mais au final, ils ont eu peur que le public ne suive pas. » Effectivement, en regard des résultats de l’album Invisible Touch puis de We Can’t Dance, les ventes de Calling All Stations ne sont pas bonnes : « Ils ont réalisé que s’ils sortaient un autre album que personne n’achèterait, ils ruineraient définitivement la bonne image du groupe Genesis. Ils avaient leurs raisons. », souligne Ray Wilson. « Je leur ai dit : «Écoutez, les gars, cela n’a rien à voir avec vos intentions du départ. Vous n’avez pas le droit de dire simplement que, comme ça n’a pas marché aux Etats-Unis, on laisse tomber, on rentre à la maison. Si vous m’aviez dit cela dès le départ, jamais je n’aurais rejoint le groupe.» » « Alors, oui », poursuit Wilson « j’ai un peu de ressentiment envers eux car selon moi, ils devaient continuer parce que Calling All Stations était un bon album. Beaucoup de personnes l’ont aimé. Évidemment que ce n’était pas le succès commercial massif des albums précédents, mais il aurait pu faire une carrière honorable.
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Imaginez que vous remplaciez Mick Jagger au sein des Rolling Stones. Évidemment que le groupe en souffrirait. Toute formation souffre de remplacer quelqu’un d’aussi prolifique que Bono, Phil Collins, Mick Jagger ou un grand nom comme ça. J’ai du ressentiment parce qu’ils sont arrivés avec une attitude et ils sont repartis avec une autre. », conclut Ray Wilson.
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Portrait : Tony Banks Le 27 mars 1950, Anthony George Banks voit le jour dans le Sussex, à East Hoathly. À la rentrée scolaire 1963, Tony fait son arrivée dans le très sérieux collège de Charterhouse, en même temps que Peter Gabriel. Passionné de musique classique et de pop, il commence son éducation musicale par le violon avant de mettre cet instrument de côté au profit des claviers. Avec Peter Gabriel, il monte le groupe The Garden Wall, trio complété par Chris Stewart à la batterie. En décembre 1966, The Garden Wall fusionne avec The Anon, le groupe de deux autres musiciens : Anthony Phillips et Michael Rutherford. Afin d’intégrer cette nouvelle formation, Tony, souvent défini comme un artiste discret et un musicien qui a le don de trouver des mélodies percutantes, décide de se mettre à l’orgue. Dans ce groupe, qui ne s’appelle pas encore Genesis, tous les éléments sont néanmoins en place pour permettre à la magie d’opérer. Lors des débuts du groupe, pendant sa période progressive, Banks a largement influencé sa ligne musicale en faisant bénéficier la formation de ses talents de compositeur et de ses solos de clavier très élaborés, comme en atteste l’introduction de Firth of Fifth, au piano, ou encore la partie instrumentale du titre The Cinema Show. La dimension et l’aura du groupe, Genesis les doit au talent de Tony Banks. On ne peut passer à côté de ces
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titres fabuleux que l’on doit à sa prodigieuse inspiration : One for the Vine, A Trick of the Tail ou encore Afterglow, véritable hymne que le public a, à chaque concert, toujours accueilli avec les honneurs. Avec Peter Gabriel, Tony Banks est le plus ancien membre du groupe. En quarante ans d’épopée Genesis, il n’a jamais quitté le navire (Rutherford a commencé un peu plus tard) sans, toutefois, jamais s’interdire quelques projets individuels. Alors que Peter Gabriel et Steve Hackett ont quitté le groupe, Tony Banks est le premier à sortir un album solo tout en poursuivant l’aventure Genesis. Et bien que Phil Collins et Mike Rutherford ont réussi à fédérer autour d’eux un large public, parfois conquis indépendamment de leur carrière au sein de Genesis, la carrière de Tony Banks s’appuie surtout sur un public limité en nombre et concentré parmi les admirateurs de Genesis. Sa formation musicale classique est certainement un plus qui justifie le fait qu’il est considéré par certains comme la «principale source musicale» qui travaille dans l’ombre. On doit également à Tony Banks certaines musiques de films : Quicksilver (avec Kevin Bacon), Lorca and the Outlaws et The Wicked Lady. Aujourd’hui encore, Tony Banks reste l’un des compositeurs et des musiciens les plus respectés des protagonistes du monde du rock. Anecdote à retenir : quelques fans de Tony forment, en 1998, le groupe Strictly Banks qui, à l’instar du groupe The Musical Box, reprend des chansons en solo de leur
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idole… Pour certaines des chansons de Tony, Stickly Banks est le premier groupe à chanter ses chansons sur scène, avant même que Tony n’ait eu le temps (ou l’envie) de le faire lui-même…
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Quand Genesis se repose En 2004, la compilation Platinum Collection, qui sort le 3 novembre, propose une sélection d’une quarantaine de titres, dont certains sont dépoussiérés grâce à un nouveau mixage de Nick Davis. Le choix des titres, répartis sur trois CD, aurait certainement dû être fait par les membres de Genesis, mais… « Pour être honnête », avoue Mike Rutheford « si nous avions tous choisi notre propre version de The Platinum Collection, chacune aurait été différente. On a donc commencé avec la liste des choix qu’avait fait Virgin Records à l’origine. Cette liste doit correspondre aux trois quarts du tracklisting définitif. Nous avons tous été impliqués… peut-être que Tony et moi l’avons été un peu plus, principalement parce que nous avions un petit peu plus de temps, contrairement à Phil qui était occupé par sa tournée. Je pense que c’est ça qui a pesé dans la balance pour quelques-uns des choix. Mais je suis assez content du contenu final de cette collection : l’un des changements que nous avons faits vers la fin et qui a, en quelque sorte, amélioré le projet, c’est vraiment cette suggestion de Phil de ne pas inclure One for The Vine et de mettre In That Quiet Earth et Undertow… ainsi qu’un petit morceau intrumental. » Parmi les chansons contenues dans la Platinum Collection, on retrouve le titre The Knife sur lequel jouait John Mayhew, qui nous en parle : « Nick Davis, qui a remixé les titres, est génial. Je suis sûr que les membres de Genesis l’ont choisi sagement, comme
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ils le font généralement. La question est «Avait-il besoin de se trouver là ?» La musique de Genesis a toujours été très personnelle, proche des membres du groupe. Tout observateur extérieur aurait retenu qu’il était à la base de la relation des artistes avec leur musique. Je n’ai pas de problème du tout avec le fait que quelqu’un qui n’était pas là au mixage original remixe les enregistrements. Quoi qu’il en soit, nous avons tous entendu l’original. Maintenant il y a le remix et les choses sont ainsi. C’est comme copier une peinture : cela ne retire rien à l’original s’il y a quelques copies qui sont faites… » Même si les critiques déguisées de John Mayhew sont assez claires, Mike Rutherford rappelle qu’en préparant les nouveaux remixes des chansons pour cette collection, Tony et lui étaient très attentifs aux attentes des fans : « On a été très attentifs à cela, parce que, personnellement, je déteste quand les gens reviennent sur leur passé et essayent de trop changer les choses. Pour moi, l’un des grands «plus» de la Platinum Collection, et dont je n’étais pas persuadé au départ, c’est justement le remix des titres de nos jeunes années. Les mixages que nous avions faits sur ces premières chansons ont été finalisés un peu dans l’urgence. Nous devions, par exemple, les avoir terminés pour le lundi, car nous devions partir en tournée. On a donc dû tout faire un peu trop vite. En outre, nous n’avons pas, finalement, passé autant de temps que l’on aurait dû… Et puis, je dois bien l’avouer, nos oreilles se sont améliorées au fil des années. Je pense, personnellement, que Nick David a vraiment réalisé un bon travail en
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ne changeant pas le mixage tout en réussissant à le faire sonner. Pour moi, le résultat est un peu plus vivant, un peu plus riche et un peu moins agressif. Nick a toujours gardé pour référence le mixage original : il n’a pas été trop loin. » Pendant toutes les années qui suivent la sortie de Calling All Stations, les membres de Genesis n’ont pas coupé les ponts. Respectables citoyens, on se demande dans quelle mesure Rutherford et Banks, toujours imperturbables, pensent, durant cette longue période de silence radio, au retour de Genesis, le «groupe qui se repose». Interviewé au milieu des années 2000, Tony Banks déclare être arrivé à la conclusion, avec Mike Rutherford, que l’enregistrement d’un album de Genesis, suite au succès modeste de Calling All Stations, n’était pas souhaitable. « Je ne regrette pas d’avoir sorti l’album Calling All Stations. », ajoute Mike Rutherford. « Mais rétrospectivement je pense que j’avais sous-estimé l’énorme montagne que nous avions à franchir avec Genesis. Je crois que ce qui nous a un peu perturbé, c’est qu’entre l’écriture de l’album, les démarches pour le mettre en place et la recherche d’un chanteur, nous avons mis deux ans et demi. Et au bout de ce laps de temps, le monde musical était en plein bouleversement, particulièrement dans les radios. Un groupe comme Genesis avec un nouveau chanteur avait besoin de plus de passages radio pour être entendu. Si j’avais su que deux ans et demi après le début de l’aventure toute l’industrie du disque aurait changé, j’aurais peut-être
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réfléchi à deux fois. Non pas que nous ne l’aurions pas fait, mais nous aurions intégré ces nouvelles donnes. » Des deux complices, c’est probablement Mike Rutherford qui ne veut pas faire ce nouvel album : « J’en ai bien peur, effectivement. » confirme-t-il. « Dans la perspective de relancer Genesis avec le travail de Ray Wilson, nous aurions dû faire un album et une tournée tous les ans pendant les trois années qui suivaient. Je n’avais pas envie de cela et je l’avais déjà fait avec les Mechanics. Je pensais que repartir en tournée n’était pas ce qu’il fallait faire. » Quand on pose, à ce moment-là, la question à Anthony Phillips sur l’éventualité d’une reformation de Genesis et son intérêt pour celle-ci, il n’est pas opposé au projet : « Si on me proposait de participer à un show avec Genesis ou de retourner en studio avec le groupe, même si je pense qu’il est vraiment peu probable que cela se produise, disons que cela dépendrait des circonstances et de ma disponibilité. Ce ne serait pas une décision facile à prendre, notamment en ce qui concerne les répétitions et les tournées que je n’ai jamais faites. Si c’était quelque chose de simple comme jouer à douze cordes sur Visions of Angels, ce serait sans problème, mais cela implique de longues répétitions et je pense que je me sentirai comme un poisson hors de l’eau. La seule chose qui me ferait accepter serait de jouer pour une cause charitable. J’avais accepté pour la réunion Six of the Best de 1982,
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mais cela s’était finalement fait sans moi. Ce n’est pas plus mal, car tous les autres membres ont fait de la scène. Parmi eux, je me serais vraiment senti comme un intrus. Si j’avais continué à jouer, la donne n’aurait pas été la même. J’ai évolué dans un univers tellement différent que ce serait difficile de recommencer.» La très respectable carrière solo de Phil Collins commence à se jouer en bémol, surtout après le relatif recul des ventes de ses derniers albums. L’agenda de l’artiste ne peut donc plus servir de prétexte à la reformation du groupe…
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Portrait : Michael Rutherford C’est à Guildford, dans le comté du Surrey, que Michael John Cleote Crawford Rutherford voit le jour, le 2 octobre 1950. Au mois de septembre 1964, il fait sa rentrée à Charterhouse School, à quelques pas de sa ville natale. Rapidement, il rejoint Anthony Phillips dans le groupe The Anon et s’épanouit sur des titres aux inspirations tour à tour rythm’n’blues et celtiques. Lors de la fête de fin d’année de 1966, The Anon fusionne avec Garden Wall au cours d’un concert organisé par Richard MacPhail. C’est à ce moment que Mike Rutherford troque provisoirement sa guitare douze cordes pour une basse. Avec Tony Banks, sa fidélité au groupe Genesis jusqu’à la tournée de 2007 est exemplaire, même s’il ne s’interdit pas quelques projets parallèles. Il enregistre les albums solo Smallcreep’s Day et Acting Very Strange avant de se lancer sur un autre projet qui va se révéler très fructueux : son groupe pop Mike + the Mechanics qu’il fonde en 1985. On doit à ce groupe le tube Silent Running ou encore All I Need is a Miracle et The Living Years. Dix ans plus tard, le groupe renoue avec le succès en France grâce à Over my shoulder. Les lignes de basse de Mike Rutherford sont connues pour être construites avec goût. Il sait suivre avec intelligence et compétence toutes les innovations techniques. Ces mêmes lignes, expérimentéees au début de la création de Genesis, ont fortement influencé le mouvement de rock progressif alors à ses balbutiements. Rutherford a notamment été 159
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remarqué pour l’usage qu’il faisait de la guitare à douze cordes. Le son si particulier qu’il en tirait dans les premiers enregistrements du groupe et les grands classiques de Genesis se mariaient avec les sonorités acoustiques d’Anthony Phillips puis, plus tard, de Steve Hackett. Lorsque le guitariste Steve Hackett s’est retiré de l’aventure, Rutherford a pris la relève pour prendre en charge tous les morceaux de guitare sur les enregistrements en studio d’enregistrement de Genesis. Même si son style n’est pas aussi typique que celui de Steve Hackett, son jeu est tout aussi créatif, minimaliste et mélodique. En tournée, c’est en jouant avec le guitariste-bassiste de passage, Daryl Stuermer, qu’il interprète les meilleurs morceaux du groupe. Lorsque l’on demande à Mike Rutherford si, comme le dit la rumeur, il a travaillé avec les Backstreet Boys, il répond sans hésiter : « À la minute où vous écrivez une chanson avec un nouvel auteur-compositeur qui écrit déjà pour d’autres chanteurs, on dit que vous écrivez pour les autres. J’ai simplement écrit quelques trucs avec Calum MacColl qui avait écrit quelques chansons pour les Backstreet Boys dans le passé, voilà tout… »
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Chronique d’une nouvelle genèse Alors que l’automne 2005 tout le monde croit que l’aventure de Genesis est belle est bien archivée au rayon «légendes» des discothèques, et que la sortie des coffrets Genesis Archive 1 et 2 en est l’éternel témoignage, plusieurs déclarations de Steve Hackett, Peter Gabriel et Phil Collins dans la presse laissent entendre qu’une reformation du groupe n’est pas inenvisageable. Une réunion formelle des cinq membres phares de l’aventure Genesis serait sérieusement envisagée, réunissant éventuellement Peter Gabriel, Tony Banks, Phil Collins, Steve Hackett et Mike Rutherford. Le seul frein avoué à cette ambition serait d’ordre organisationnel, les engagements de chacun pouvant y faire obstacle. « Tout a commencé en 2005. », se souvient Mike Rutherford. « Nous nous étions rencontrés pour réunir les cinq membres afin de faire une remise à plat de l’album The Lamb Lies Down on Broadway de 1974. L’idée a, cependant, été mise de côté parce que Peter avait sa propre tournée ainsi qu’un album en cours d’enregistrement. On s’est dit qu’un jour, on arriverait bien à le faire et, qu’en attendant, on pouvait mettre à plat la ligne artistique de l’album avec Phil, Tony et moi. » Et effectivement, le mois d’octobre 2006 est pour Tony Banks, Phil Collins et Mike Rutherford l’occasion de réserver des studios pour une jam-session dans l’objectif officiel, selon l’annonce faite par Phil Collins, de «voir ce que cela donne»… À l’époque, on parle d’un album, mais
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surtout pas de grosse tournée. Probablement quelques dates, si et seulement si la magie opère dans ces studios. Pour ceux qui auraient raté le début… En faisant le bilan de Genesis, depuis sa formation à l’aube de l’année 1967, le groupe a produit quinze albums, sorti cinq disques en public et vendu près de cent cinquante millions de disques. Un mois plus tard, en novembre 2006, Phil Collins s’exprime pour confier aux médias que Genesis va se reformer avec Michael Rutherford et Tony Banks. Peter Gabriel, initialement pressenti pour faire partie de cette tournée événement, n’a pas réussi à raccorder son calendrier et sa série de concerts en solitaire à un planning d’une telle ampleur… Même s’il aurait aimé en être. « Peter sera en tournée au même moment. », confirme Mike Rutherford « Et le parcours de sa tournée ne coïncide pas avec celle du groupe. » Ce show demande une logistique assez compliquée : « C’est difficile à gérer. », admet alors Tony Banks. « On ne fait que vingt-deux shows et chaque soirée a la même importance pour nous, je pense. Nous ne savons pas si, certains soirs, Steve Hackett ou Peter Gabriel seront proches de nous mais, de toute façon, je ne pense pas qu’ils feront la moindre apparition sur notre scène. Nous ne ferons que deux dates en Angleterre et toutes les deux seront très spéciales. » Avouons-le : qui, parmi nous, pensait revoir un jour, réu-
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nis sur la même scène, les incroyables Phil Collins, Tony Banks et Mike Rutherford, vétérans du légendaire groupe britannique ? Phil Collins a déjà parlé ouvertement, et depuis longtemps, des problèmes d’audition auxquels il a à faire face de plus en plus fréquemment. « Je lui ai posé la question «Entends-tu quelque chose ?» et il m’a répondu qu’il entendait vraiment peu à travers ses oreillettes. », confie Daryl Stuermer. « Je ne sais pas si cela veut dire qu’il n’entendait rien avant et que maintenant, il récupère un peu, mais cela n’a pas d’impact sur la façon dont il veut faire les choses. Quand le son devient vraiment trop fort, cela a l’air de lui poser un problème… Ce qui n’était pas un souci pour lui, auparavant. Je pense que cela peut avoir un impact sur le nombre de tournées qu’il pourrait faire, quels que soient ses plans. Mais il s’éclate vraiment et je pense qu’il ira jusqu’au bout. » Voilà donc qu’à cinquante-six et cinquante-sept ans, juste «pour le plaisir», sans nouvel album à défendre, les talentueux pianiste, chanteur-batteur et guitariste s’offrent une cure de nostalgie et de jouvence…
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Portrait : Daryl Stuermer C’est à Milwaukee, dans le Wisconsin, que l’Américain Daryl Mark Stuermer naît le 27 novembre 1952. Son parcours est atypique, comparé à celui des membres de Genesis. Il fait sa scolarité à St Francis High School et commence la guitare à l’âge de onze ans en travaillant des morceaux de nombreux guitaristes de jazz comme Joe Pass, Howard Roberts et John Laughlin. Sa passion pour Ventures, les Beatles et Elvis Presley l’influencent et il en tire son inspiration. On peut affirmer sans risque que ce sont ces chanteurs qui ont d’ailleurs orienté toute sa carrière. D’abord découvert lorsqu’il donne son premier concert en public avec son groupe de Milwaukee, appelé Sweetbottom, Daryl Stuermer est ensuite sélectionné, en 1975, lors d’une audition pour jouer aux côtés de musiciens de jazz, comme le violoniste Jean-Luc Ponty avec qui il participera à l’enregistrement de quatre albums. Dès le mois de novembre 1977, Daryl Stuermer est recruté pour assurer l’accompagnement de Genesis sur scène, à la guitare et à la basse, grâce à son ami Alphonso Johnson qui l’avait recommandé pour le remplacement du légendaire Steve Hackett. Il retrouvera ce poste en 1992. En 1982, Phil Collins fait appel à lui pour qu’il le suive comme guitare lead sur sa carrière solo. C’est ainsi qu’il passe, selon les propres mots de Collins, du statut de «membre temporaire-permanent-à temps partiel» de
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Genesis à «membre permanent-studio-live» de Phil Collins. La collaboration entre ces deux musiciens est un succès et Daryl Stuermer devient co-auteur de plusieurs des chansons de Phil Collins, dont certaines remportent plusieurs Grammy Awards. En dehors des albums solos (Steppin’ Out sorti en 1987, mais aussi Live and Learn, Another Side of Genesis, Waiting in the Wings et le plus récent Retrofit) que Stuermer a produits pour lui, il accompagne à la guitare et en studio les artistes comme Frida Lyngstad (ex-membre du groupe Abba), Philip Bailey, Joan Armatrading… mais aussi Tony Banks et Mike Rutherford sur certaines de leurs productions solo. En 1998, Daryl Stuermer crée son propre label, Urban Island. Puis, au cours de l’année 2002, il enregistre avec le groupe Sweetbottom, reformé pour l’occasion, l’opus Sweet Bottom Live : The Reunion un enregistrement réalisé à Shank Hall, au cœur de Milwaukee. Son album Go ! sort en 2007 et contient plusieurs anciens titres de ce que Stuermer avait écrit à l’époque de Sweetbottom. Cet album lui permet d’inviter John Calarco, Alphonso Johnson, Kostia et Eric Hervey. Toujours en 2007, comme pour le batteur Chester Thompson, Daryl Stuermer remonte sur scène avec Genesis pour la reformation du groupe lors de la tournée Turn It On Again.
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Turn it On, again Juste pour le plaisir, dites-vous, mais de qui se moque-ton, en définitive ? Ne soyons pas mauvaise langue, tant les arguments des intéressés sont convaincants. Ils l’ont promis, s’ils remontent sur scène ce ne sera pas pour l’argent. C’est d’ailleurs pour cela qu’en novembre 2006, Phil Collins a coupé l’herbe sous le pied des audacieux qui voyaient en cette tournée un racket organisé pour accros nostalgiques : « Nous sommes tous suffisamment chargés pour ne pas nous inquiéter d’où viendront les prochains un ou deux millions ! » Néanmoins, si l’argent n’a pas d’odeur, il semble que le plaisir a un prix… Effectivement, pour prendre l’exemple du prix de vente des billets pour le passage du groupe en France, certains d’entre eux avoisinent les cent euros. Il va sans dire que ce tarif considéré, par certaines bourses modestes, comme excessif, fait grincer les dents. Pourtant, il semble crucial de souligner qu’un show de Genesis comporte, comme dans la plus pure tradition des concerts du groupe, une multitude d’effets spéciaux et des dispositifs impressionnants, et que sa durée très respectable, d’environ deux heures trente, est à prendre en considération. Alors, s’il y a une chose qu’on ne peut pas reprocher aux gentlemen de Genesis, à l’aube de leurs soixante ans, c’est d’être avares de leur temps. Il semble important de rappeler que la formation-retour de ce trio immense se fait dans un contexte de résurrection en série de rescapés de l’âge d’or du rock des Stooges à Iggy
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Pop en passant par Police, les Who ou encore la réapparition sur scène des Pink Floyd au grand complet lors du concert du Live8… De cette réinvention du groupe naît donc, en 2007, le Turn it On Again Tour (d’après le titre de leur méga tube de 1980), organisé en deux parties. Quinze ans après ses ultimes prestations scéniques (leur dernière date ensemble remonte à 1993), le célèbre trio repart donc en tournée... Tout d’abord, la tournée européenne emmène le trio en juin et en juillet 2007 dans plusieurs grandes villes dont deux françaises : Paris (Parc des Princes - le 30 juin) et Lyon (Stade Gerland - le 12 juillet). Le Turn It On Again Tour, lancé en Europe le 11 juin à Helsinki, programme aussi des escales au Danemark, en République Tchèque, Allemagne, Autriche, Suisse, Pologne, Belgique, Pays-Bas, Grande-Bretagne, et enfin Rome au Colisée le 14 juillet. Le trio ne se sépare évidemment pas de ses deux partenaires de scène, Chester Thompson à la batterie et Daryl Stuermer à la guitare. Genesis se produira ensuite en Amérique du Nord du 7 septembre au 13 octobre, puis à Montréal, Philadelphie, Boston, Chicago, Toronto, Washington, New York, Los Angeles, Denver, Sacramento... Au sujet d’éventuelles dates en Amérique du Sud, Mike Rutherford ne s’avance pas trop : « Nous ne savons pas trop. On évite en quelque sorte cette piste-ci. On se contente de l’Europe et l’Amérique du Nord, puis on verra. Cette année a été programmée et, ensuite, qui sait ? » Cette tournée est accompagnée par la réédition de l’inté-
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gralité du catalogue du groupe en format SACD. « Je n’ai pas participé à cette réédition, mais je suis allé écouter et commenté le travail qui était fait et je peux dire que cela sonne bien. », juge Mike Rutherford. « De plus en plus de personnes sont équipées de home-cinéma qui gère le son 5.1 et, une fois que vous vous êtes habitués à écouter la musique avec cet équipement, vous ne pouvez plus vous en passer. » Globalement, si le groupe Genesis ficelle bien le show et que le tracklisting est immuable, certaines dates en Amérique font l’objet d’ajustements : « Nous n’en avions pourtant pas l’intention au début de la tournée. », commente Tony Banks. « D’ailleurs, pour le reste de la tournée, nous sommes restés sur le conducteur d’origine. Aux Etats-Unis, nous avons ajouté Jesus He Knows Me, Abacab et Too Deep qui est LA chanson qu’on doit faire aux Etats-Unis. Elle est plus populaire là-bas qu’en Europe, contrairement à Ripples. » Sur le titre The Carpet Crawlers, Genesis entonne le titre directement sur le second couplet, comme le groupe le fait d’ailleurs depuis trente ans, sans jamais jouer l’intro du morceau. Tony Banks justifie ce choix artistique : « Nous avons retiré l’intro parce que cela n’appartient pas vraiment à la chanson. C’est un interlude qui a servi d’introduction à la chanson. L’album The Lamb Lies Down on Broadway avait plein de petits morceaux de ce genre. » Le programme de la tournée européenne, pratiquement immuable, comprend : Behind the Lines, Turn it on Again,
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No Son of Mine, Land of Confusion, In the Cage, puis des extraits instrumentaux de Cinema Show. Le show se poursuit avec The Lamb lies down on Broadway, Duke’s End, Afterglow, Hold on my Heart, Home by the Sea, Second Home by the Sea, Follow You, Follow Me, une partie instrumentale de Firth of Fifth, puis I Know what I Like et une partie orchestrée de Stagnation. Suivent Mama, Ripples, Throwing it all Away, Domino et un face à face à face magique et insolite aux percussions, entre Chester Thompson et Phil Collins, avant Los Endos, Tonight, Tonight, Tonight et Invisible Touch. Les «rappels», qu’on ne devrait plus appeler ainsi tant ils sont convenus, sont assez courts : I Can’t Dance et The Carpet Crawlers. Au début des années 2000, Daryl Stuermer s’exprimait sur une éventuelle reformation de Genesis qui serait composée de musiciens de son «époque» : « C’est ce que j’aimerais. », avait-il répondu alors. « Disons plutôt que c’est ce que je préfèrerais. Bien que vous savez ce qui me plairait, aussi ? Je pense que si vous aviez Phil et Chester aux batteries et Peter au chant, ce serait une tournée gigantesque ! Ce serait, pour moi, le meilleur groupe qui soit. Comme tout le monde le sait, tout ceci serait aussi au goût de Phil. Je pense que ce que Phil veut lorsqu’il est au sein de Genesis, c’est surtout jouer de la batterie. J’ai revu le DVD Genesis : The Way We Walk, qui est le DVD sur lequel j’ai vu pour la première fois le groupe sur la tournée de 1992. En le regardant, j’ai réalisé à quel point Phil a travaillé dur au sein de ce groupe. À chanter autant qu’il l’a fait… À jouer autant qu’il y a joué… puis à assurer sur scène. Je me
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suis dit : «Mon Dieu, ce gars est le plus grand bosseur qui soit.» Je peux peut-être y entrevoir la raison pour laquelle il ne voudrait plus refaire cela une fois de plus. », se méprenait alors Daryl Stuermer. « Phil n’a pas le contrôle total de la situation : il y a Mike et Tony pour lui faire face. C’est leur histoire à eux trois, c’est ce qu’ils ont bâti ensemble. Je crois qu’en réalité, Phil aime avoir le contrôle du groupe. Du coup, la probabilité d’une reformation de Genesis est faible, ce qui ne veut pas dire qu’elle est impossible. Inlassablement, c’est la question à laquelle je réponds à chaque interview que je donne. Et je ne vois pas d’autre réponse à fournir. » Le moins qu’on puisse dire, c’est que le point de vue que défendait alors Daryl Stuermer au début des années 2000 souligne l’aspect exceptionnel du Turn it on Again Tour : « Il y a quelques années », insistait-il « on s’est retrouvé et on a fait un petit show un peu acoustique. Le manager du groupe recevait une récompense, le Peter Grant Award, en Angleterre. J’y étais avec Mike, Tony et Phil. Chester n’était pas de la partie. Je pense qu’il ne devait pas se trouver dans les parages. C’était vraiment amusant. Juste pour le plaisir. Rien que nous quatre… Ce genre de choses, je pense que cela peut arriver. Mais, de là à envisager une grosse tournée… J’aimerais que ça arrive, vraiment ! Je l’ai dit à Tony quand j’étais en Angleterre, en lui demandant son avis. Il m’a répondu : «Tu sais, je ne sais pas si on ferait revenir les gens.» J’ai répondu : «Bien sûr, que les gens viendraient…» Tous ceux qui ont aimé Genesis reviendraient. Je peux me
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tromper, mais je crois que les fans seraient ravis, encore plus avec la présence de Phil Collins. S’ils acceptaient, les autres les suivraient et ils arriveraient à nous faire venir, Chester et moi. » La prophétie s’est donc réalisée… Sur scène, les musiciens savent où est leur place et où se trouve leur marge de manœuvre. Il y a une certaine flexibilité et une certaine liberté. Ils jouent dans leur propre style. Daryl Stuermer partage ce point de vue sur le sujet : « Ils savent que je ne vais pas me trouver là où on ne m’attend pas. Ce serait très facile de prendre juste l’une de leurs chansons et de la jouer en solo. Quand on a un minimum de bon sens et de culture musicale, on sait qu’il y a des restrictions à jouer à plusieurs. Tout est imbriqué. Ce n’est pas que quelqu’un vous interdise de faire quoi que ce soit, c’est juste que tout est construit autour de la musique et qu’on ne peut pas s’en écarter. Si je jouais avec Jean-Luc Ponty, je ferais un solo complètement différent de celui que j’interpréterais sur Firth of Fifth, par exemple. Je suis capable de jouer Firth of Fifth exactement comme Steve Hackett l’a fait, mais j’ai également la liberté de m’appuyer sur cette ligne directrice et de tourner autour, et, au final, de toujours y revenir. Parfois, ses solos resemblaient à des mélodies qui, si elles ne font pas partie de la tournée, manqueront au public. Je pense qu’ils m’ont fait confiance pour ne pas aller dans le mur avec mon interprétation. Et ils savent que je suis en mesure de comprendre leurs attentes. Mais évidemment, cette façon de fonctionner devrait
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être commune à tous les bons musiciens. Vous n’intégrez pas un groupe avec un ego démesuré en vous disant : «Je vais leur montrer ce que je sais faire». Ce que vous devez vous dire, c’est : «Je vais rejoindre leur façon de créer la musique.» Mais je dois garder ma propre personnalité parce qu’ils n’attendent pas de moi de réaliser seulement une parfaite imitation de Steve Hackett. Vous avez juste à respecter la base et la substance qui existaient déjà avant que vous soyiez là. » La carrière artistique de Genesis a été en perpétuelle évolution et a, finalement, traversé les générations. Mais, de loin, Jonathan King a, finalement, toujours un œil sur ses anciens poulains. On se demande, finalement, s’il a été surpris par les choix artistiques et la pérennité du groupe : « Je suis enchanté qu’ils aient eu autant de succès. J’ai toujours su que Peter en aurait, mais la carrière de Mike a été une surprise agréable, de même que l’apparition de Phil Collins que j’ai, évidemment, rencontré seulement après leur succès. Ils ont toujours été des jeunes gens corrects et semblent avoir grandi en devenant des hommes biens ! » En février 2002, Chester Thompson s’exprime sur son intérêt d’une éventuelle participation en tant qu’artiste de complément sur une tournée à venir. Son point de vue, qui lui permettait au passage d’épingler celui qui allait devenir son partenaire de tournée, est le suivant : « Cela dépendra de ce sur quoi je travaillerais déjà à ce moment-là. Je n’ai absolument aucun malaise avec ça. Pour être très honnête, Daryl Stuermer n’était pas capable
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de le faire. Nous avons fait un bœuf au mariage de Phil et je me suis rendu compte à quel point ces types me manquaient. On a juste joué quelques vieux morceaux et j’aimerais penser que nous avons tous été un peu surpris que le déclic se fasse encore. C’était véritablement bon de les revoir. J’avais été vraiment déçu par la réaction de Mike au sujet du groupe et les revoir a été une sorte de grand ménage sur nos différends. Nous avons réalisé que nous étions vraiment des amis. On ne travaille pas pendant seize ans avec quelqu’un sans avoir de vraies relations. » Mais finalement, qu’est-ce qui a changé depuis la tournée qui a eu lieu avec Phil Collins une quinzaine d’années plus tôt ? « Le nombre et la couleur des cheveux. », s’amuse à dire Tony Banks. « Cette tournée, aujourd’hui, est plus relaxante pour nous, parce qu’elle est assez courte. Il n’y a pas de nouvel album à défendre, donc on ne parle que de la tournée. Nous n’avons pas besoin de faire la promotion d’un album. C’est assez agréable. Ainsi, nous pouvons accorder plus de temps à la musique, aux lumières et à toute la production. Nous avons pu faire de la place dans nos têtes par rapport à d’habitude, pour nous concentrer sur cette tournée. » Tony Banks considère que la configuration de ce spectacle est plus exigeante car elle combine de nombreuses morceaux instrumentaux, tous issus de périodes bien différentes :
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« Réunir dans le même show des titres comme The Cinema Show, Duke’s Travels, Firth of Fifth et Home By The Sea exige également beaucoup du public : il y en certains qu’on perd durant un morceau instrumental qu’ils ne connaissent pas, alors que les plus grands fans sont moins intéressés par les tubes. » L’autre grande différence entre ces deux tournées vient du fait que Genesis considère – certainement à juste titre – ne rien devoir à personne : « On est juste là pour jouer. », poursuit Banks. « On joue pour des fans qui nous aiment bien. On n’est pas en train d’essayer de leur prouver quoi que ce soit, comme nous avons peut-être pu le faire par le passé. » L’enregistrement de cette tournée s’effectue lors du passage du trio à Rome. Un autre tournage a lieu, pour une chaîne de télévision, sur les concerts de Dusseldörf. Il n’y aura pas d’autre ville qui donnera lieu à un enregistrement vidéo live, les images de Dusseldörf servant à garantir une alternative au réalisateur du DVD de cette tournée. « Le DVD live, enregistré à Rome, immortalise effectivement cette tournée. », confirme Mike Rutherford. « Je rappelle, car certains l’ignorent, qu’il ne faut pas moins de huit caméras pour ce type de tournage et qu’il faut réaliser une post-production pour chacune d’entre elles. La magie du cinéma opère alors dans le fait que de nombreuses personnes auront l’impression de nous voir jouer… là où nous ne sommes pas. »
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« Lorsque le montage sera terminé, le concert sera diffusé d’une façon ou d’une autre, mais nous n’avons pas l’intention de le faire officiellement. Bien que, comme l’a dit Mike, nous y avons mis quelques caméras supplémentaires. Mais il s’agit, de toute façon, plus d’un enregistrement brut, sans aucune chance de le retravailler, en termes d’effets visuels. Disons qu’il s’agit juste de bonus. », précise Tony Banks Le public européen, qui se rend en masse pour assister à cet événement que les fidèles du groupe considèrent comme «historique», savoure Behind the Lines, dès que le show démarre. La plupart des fans attendent depuis longtemps cet instant magique. L’impensable est enfin là, sous leurs yeux. Le groupe est là, réuni, avec Phil Collins. Turn it on Again enfonce le clou. Les spectateurs les mieux placés peuvent voir les artistes en pleine action. Les moins chanceux profitent des écrans géants pour vivre ce moment inoubliable. Tony Banks, qui ne quitte pas ses claviers, a toujours la même présence, linéaire et dense. Au fond de la scène, les batteries de Chester Thompson et de Phil Collins, en premier plan d’écrans géants qui servent de théâtre à de nombreux effets spéciaux au fond de la scène, dominent les spectateurs ravis d’être au rendez-vous. Les souvenirs sont intacts, mais la nostalgie n’est pas au rendez-vous. Quand les photos d’Anthony Phillips et Peter Gabriel apparaissent, projetées sur la scène, les clameurs sont assez rares. Visiblement, les spectateurs n’ont, face à cette formation, aucune sensation de manque.
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Genesis est là, et bien là ! Cette tournée sera probablement la dernière… Probablement… Ou pas… N’oublions pas que Genesis est une éternelle révélation ! Et que rien n’est impossible. Le mot de la fin revient à Mike Rutherford : « Depuis tout ce temps pendant lequel nous n’avons pas tourné, nombreux sont ceux qui ont oublié le côté le plus exubérant qui fait l’identité de Genesis. C’est bon d’avoir pu rappeler à nos plus vieux fans et aux nouvelles générations qui ne nous avaient jamais vus sur scène, combien nous sommes différents en live de ce que la radio projette de nous. »
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Discographie : Les albums de Genesis From Genesis To Revelation Enregistré au Regent Studio B à Londres, en août 1968 Sorti en mars 1969 Avec Tony Banks (piano, chœurs), Peter Gabriel (chant, flûte), Anthony Phillips (guitare, chœurs), Mike Rutherford (basse, guitares, chœurs), John Silver (batterie, chœurs) et David Thomas (chœurs). Where The Sour Turns To Sweet - In The Beginning Fireside Song - The Serpent - Am I Very Wrong ? - In The Wilderness - The Conqueror - In Hiding - One Day – Window - In Limbo - Silent Sun - A Place To Call My Own - That’s Me - A Winter’s Tale - One-Eyed Hound - The Silent Sun Singles extraits : «The Silent Sun / That’s me» (février 1968) «A Winter’s Tale / One Eyed Hound» (mai 1968) «Where The Sour Turns To Sweet / In hiding» (juin 1969) Producteur : Jonathan King. Ingénieurs du son : Brian Roberts & Tom Allom. Arrangements des cordes : Arthur Greenslade.
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Trespass Enregistré aux Trident Studios, London. Sorti en octobre 1970 Avec Peter Gabriel (chant, flûte, accordéon, tambourin et grosse caisse), Anthony Phillips (12-cordes acoustique , électrique, dulcimer, chœurs), Anthony Banks (orgue, piano, mellotron, guitare, chœurs), Michael Rutherford (acoustique 12-cordes, basse électrique, nylon, violoncelle, chœurs) et John Mayhew (batterie, percussion, chœurs). Looking For Someone - White Mountain - Visions Of Angels – Stagnation – Dusk - The Knife Singles extraits : «Looking for someone / Visions of angels» (octobre 1970) «The Knife I / The Knife II» (juin 1971) Tous les titres sont composés, arrangés et joués par Genesis. Producteur : John Anthony. Ingénieur du son : Robin Cable.
Nursery Cryme Enregistré au Trident Studios, Londres, août 1971 Sorti en novembre 1971 Avec Tony Banks (orgue, mellotron, piano, piano électrique, guitare 12 cordes, chœurs), Mike Rutherford (basse, pédales basses, guitare 12 cordes, chœurs), Peter Gabriel (chant, flûte, tambourin et grosse caisse), Steve Hackett (guitare électrique, guitare 12 cordes) et Phil Collins (batterie, chant, percussions).
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The Musical Box - For Absent Friends - The Return Of The Giant Hogweed - Seven Stones - Harold The Barrel Harlequin - The Fountain Of Salmacis Singles extraits : «Happy the man/Seven Stones» (octobre 1972) Producteur : John Anthony. Ingénieur du son : David Hentschel. «Tape Jockey»: Mike Stone.
Foxtrot Enregistré au Island Studios, Basing Street, Londres, août/septembre 1972. Sorti en octobre 1972 Avec Tony Banks (orgue, mellotron, piano, piano électrique, guitare 12 cordes, chœurs), Steve Hackett (guitare électrique, guitare 12 cordes et solos guitare 6 cordes), Phil Collins (batterie, chant, percussions), Peter Gabriel (chant, flûte, tambourin et grosse caisse, hautbois), Mike Rutherford (basse, pédales basses, guitare 12 cordes, chœurs, violoncelle). Watcher Of The Skies - Time Table - Get ‘Em Out By Friday - Can-Utility And The Coastliners - Horizons Supper’s Ready Singles extraits : «Watcher of the Skies / Willow Farm» (février 1973) Producteur : David Hitchcock. Ingénieur du son : John Burns. Avec la présence de Guy et Paul.
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Genesis Live Enregistré au The De Montfort Hall, Leicester et The Free Trade Hall, Manchester, février 1973. Album mixé aux Island Studios, Basing St, London WII Sorti en juillet 1973 Watcher Of The Skies (live) - Get ‘Em Out By Friday (live) - The Return Of The Giant Hogweed (live) - The Musical Box (live) - The Knife (live) Co-produit par John Burns et Genesis
Selling England by the Pound Enregistré au Island Studios, Basing Street, Londres, août 1973 Sorti en novembre 1973 Avec Steve Hackett (guitares électriques et nylon), Peter Gabriel (chant, flûte, percussions, hautbois), Tony Banks (claviers, guitare 12 cordes), Phil Collins (batterie, percussions, chant) et Mike Rutherford (basse, guitare 12 cordes, sitar électrique) Dancing With The Moonlit Knight - I Know What I Like (In Your Wardrobe) - Firth Of Fifth - More Fool Me - The Battle Of Epping Forest - After The Ordeal The Cinema Show - Aisle Of Plenty Singles extraits : «I know what I like / Twilight Alehouse» (mars 1974)
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Producteurs : John Burns et Genesis.
The Lamb Lies Down On Broadway Enregistré à Glossplant, Pays de Galles avec le Island Mobile Studio et mixé au Island Studios d’août à octobre 1974 Enossification : Eno courtesy of Island Records. Sorti en novembre 1974 Avec Michael Rutherford (basse et guitare 12 cordes), Phil Collins (percussions, ambiance et chant), Steve Hackett (guitares), Tony Banks (claviers) et Peter Gabriel (chant et flûte). The Lamb Lies Down On Broadway - Fly On A Windshield - Broadway Melody Of 1974 - Cuckoo Cocoon - In The Cage - The Grand Parade Of Lifeless Packaging - Back In NYC - Hairless Heart - Counting Out Time - The Carpet Crawlers - The Chamber Of 32 Doors - Lilywhite Lilith - The Waiting Room - Anyway Here Comes The Supernatural Anaesthetist - The Lamia Silent Sorrow In Empty Boats - The Colony Of Slippermen - Ravine - The Light Dies Down On Broadway - Riding The Scree - In The Rapids - It Singles extraits : «Counting out Time / Riding the Scree» (novembre 1974 Royaume-Uni) «Counting out Time / The Lamb Lies Down on Broadway» (décembre 1974 - USA) «Carpet crawlers / The Evil Jam» (avril 1975 - live)
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Producteurs : John Burns and Genesis. Ingénieur du son : David Hutchins. Avec des variations et des expérimentations avec des sonorités étrangères
A Trick Of The Tail Enregistré au Trident Studios, Londres, octobre/novembre 1975 Sorti en février 1976 Avec Mike Rutherford (guitare 12 cordes, basses, pédales basses), Tony Banks (pianos, synthétiseurs, orgue, mellotron, guitare 12 cordes, chœurs), Phil Collins (batterie, percussions, chant) et Steve Hackett (guitare électrique, guitares 12 cordes). Dance On A Volcano - Entangled - Squonk - Mad Man Moon - Robbery Assault & Battery - Ripples - A Trick Of The Tail - Los Endos Singles extraits : «A Trick of the Tail / Ripples» (mars 1976 – États-Unis) «Ripples / Entangled» (mars 1976 – Royaume-Uni) Producteurs : David Hentshel et Genesis. Ingénieurs du son : David Hentschel & Nick haddock Bradford
Wind And Wuthering Enregistré au Relight Studios, Hilvarenbeek, Hollande. Sorti en janvier 1977 Avec Phil Collins (chant, batterie, cymbales, percussionss.), Steve Hackett (guitares électriques, nylon, classique et 12 cor-
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des, kalimba, harpe automatique), Mike Rutherford (basses, 4, 6 et 8 cordes. guitares électriques et 12 cordes acoutisques, pédales basses) et Tony Banks (Steinway grand piano. ARP 2600 et Pro-Soloist Synthetiseurs. orgue Hammond, mellotron, Roland String Synthesiser, Piano Fender Rhodes, etc.) Eleventh Earl Of Mar - One For The Vine - Your Own Special Way - Wot Gorilla ? - All In A Mouse’s Night Blood On The Rooftops - Unquiet Slumbers For The Sleepers... - ...In That Quiet Earth - Afterglow Singles extraits : «Your own special way/It’s yourself» (février 1977 – Royaume-Uni) «Your own Special Way / ...In That Quiet Earth» (février 1977 – Royaume-Uni) Co-Produit par David Hentschel et Genesis. Ingénieur du son : David Hentschel (Assistant : Pierre Geoffroy Château). Remixé au Trident Studios, London. (Assistant : Nick «Cod» Bradford). «Tape Operators» : John, Geoff, Neil and Steve.
Seconds Out Enregistré à Paris 1976/1977 avec le Manor Mobile Sorti en octobre 1977 Avec Tony Banks (RMI piano électrique, Hammond T. orgue, ARP Pro soloist, mellotron 400, Epiphone 12 cordes, chœurs), Mike Rutherford (Shergold 12 cordes électrique & basse, basse 8 cordes, Alvarez 12 cordes, Moog Taurus pedale basse,
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chœurs), Steve Hackett (Gibson Les Paul, Hokada 12 cordes), Phil Collins (chant, batteries Premier et Gretsch), Chester Thompson (batterie Pearl et percussion) et Bill Bruford (batteries Ludwig et Hayman, percussions (courtesy of E.G. Records Ltd.)). Toutes les parties de batterie par Chester sauf : «Robbery, Assault and Battery» : Phil pendant le solo de piano “Firth of Fifth» : Phil & Chester «The Musical Box» : Chester & Phil «Supper’s Ready» : Apocalypse 9/8 Chester & Phil «Cinema Show» : Bill Bruford, Phil (à partir du solo clavier) «Los Endos» : Phil & Chester Squonk (live) - The Carpet Crawlers (live) - Robbery Assault & Battery (live) - Afterglow (live) - Firth Of Fifth (live) - I Know What I Like (live) - The Lamb Lies Down On Broadway (live) - The Musical Box (closing section) (live) - Supper’s Ready (live) - Cinema Show (live) - Dance On A Volcano (live) - Los Endos (live) Mixé au Trident, Londres. Producteur : Hentschel et Genesis. Assisté par Neil Ross.
And Then There Were Three Enregistré au Relight Studios, Hilvarenbeek, Hollande. Sorti en avril 1978 Avec Tony Banks (orgue, mellotron, piano, piano électrique,
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12 cordes, chant), Phil Collins (batterie, chant, percussions) et Mike Rutherford (basse, pédales basses, 12 cordes, chant, violoncelle). Down And Out - Undertow - Ballad Of Big - Snowbound - Burning Rope - Deep In The Motherlode - Many Too Many - Scenes From A Night’s Dream - Say It’s Alright Joe - The Lady Lies - Follow You Follow Me Singles extraits : «Follow you Follow me / Ballad of Big» (mars 1978 – Royaume-Uni) «Follow you Follow me / Inside and Out» (mars 1978 – États-Unis) «Many Too Many / The Day the Light went out in Vancouver» (juin 1978) «Scene from a Night’s Dream / Deep in the Motherlode» (juillet 1978) Producteur : David Hentschel et Genesis. Assistant : Pierre Geoffroy Chateau. Mixé au Trident Studios, Londres. Assistant : Steve Short
Duke Enregistré au Polar Studios, Suède Sorti en mars 1980 Avec Tony Banks (claviers, chœurs, 12 cordes, canard), Mike Rutherford (basses, guitares, chœurs), Phil Collins (batterie, chant, boîte à rythme, canard) et David Hentschel (chœurs).
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Behind The Lines - Duchess - Guide Vocal - Man Of Our Times - Misunderstanding - Heathaze - Turn It On Again - Alone Tonight - Cul-De-Sac - Please Don’t Ask - Duke’s Travels - Dukes’s End Singles extraits : «Turn it on Again / Behind the Lines» (mars 1980) «Duchess / Open Door» (mai 1980 – Royaume-Uni) «Misunderstanding / Behind the Lines» (mai 1980 – ÉtatsUnis) «Misunderstanding / Evidence of Autumn» (septembre 1980 – Royaume-Uni) «Turn it on Again / Evidence of Autumn» (septembre 1980 – États-Unis) Mixé à la maison Rouge, Londres. Producteurs : David Hentschel et Genesis. Assistant : Dave Bascombe. Ingénieur du son : David Hentschel. Masterisé par Ray Staff au Trident.
Abacab Enregistré en mixé à The Farm, Surrey Sorti en septembre 1981 Avec Tony Banks (claviers), Phil Collins (batterie, chant) et Mike Rutherford (basses, guitares) Section cuivre de Earth Wind & Fire sur «No Reply at All». Abacab - No Reply At All - Me And Sarah Jane - Keep It Dark - Dodo/ Lurker - Who Dunnit ? - Man On The
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Corner - Like It Or Not - Another Record Singles extraits : «Abacab / Another Record» (août 1981) «Keep it Dark / Naminanu» (octobre 1981 – RoyaumeUni) «No Reply at All» (octobre 1981 – États-Unis) «Abacab / Whodunnit» (janvier 1982 – États-Unis) «Man on the Corner / Submarine» (février 1982) Arrangé par Tom Tom 84. Producteurs : Banks/Collins/Rutherford. Ingénieur du son : Hugh Padgham.
Three Sides Live Sorti en juin 1982. Avec Phil Collins (batteries et chant), Tony Banks (claviers et chœur), Mike Rutherford (guitare, basse, chœur), Daryl Stuermer (guitare, basse), Chester Thompson (batterie), Bill Bruford (batterie) et Steve Hackett (guitare). Turn It On Again (live) - Dodo/Lurker (live) - Abacab (live) - Behind The Lines (live) - Duchess (live) - Me And Sarah Jane (live) - Follow You Follow Me (live) Misunderstanding (live) - In The Cage (live) - Afterglow (live) - One For The Vine (live) - Fountain Of Salmacis (live) - It/Watcher of The Skies (live) Producteur : Genesis. Ingénieur du son : Craig Schertz.
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Genesis (parfois appelé «Mama») Enregistré et mixé à the Farm, Surrey 1983 Sorti en octobre 1983 Avec Tony Banks (claviers, chœurs), Mike Rutherford (guitares, basse, chœurs) et Phil Collins (batterie, percussions, chant). Mama - That’s All - Home By The Sea - Second Home By The Sea - Illegal Alien - Taking It All Too Hard - Just A Job To Do - Silver Rainbow - It’s Gonna Get Better Singles extraits : «Mama / It’s gonna get better» (août 1983) «That’s all / Taking it all too hard» (novembre 1983 – Royaume-Uni) «That’s all / Second home by the sea» (novembre 1983 – États-Unis) «Illegal Alien /Turn it on Again» (février 1984 - live) «Taking it All Too Hard / Silver Rainbow» (juin 1984) Producteur : Genesis (avec Hugh Padgham). Ingénieur du son : Hugh Padgham.
Invisible Touch Écrit, enregistré et mixé à The Farm, Surrey, 1985/1986 Sorti en juin 1986 Avec Tony Banks (claviers, basse synthé), Phil Collins (batteries, chant, percussions) et Mike Rutherford (guitares, basse).
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Invisible Touch - Tonight Tonight Tonight - Land Of Confusion - In Too Deep - Anything She Does - Domino - Throwing It All Away - The Brazilian Singles extraits : «Invisible Touch / The last Domino» (mai 1986) «In Too Deep / Do the Neurotic» (août 1986 – RoyaumeUni) «Throwing it all Away / Do the Neurotic» (août 1986 – États-Unis) «Land of Confusion / Fedding the Fire» (novembre 1986) «Tonight Tonight Tonight / In the Glow of the Night» (mars 1987) «In Too Deep / I’d Rather be You» (avril 1987 – ÉtatsUnis) «Throwing it all Away / I’d Rather be You» (juin 1987 – Royaume-Uni) Producteurs : Genesis et Hugh Padgham. Ingénieurs du son : Hugh Padgham et Paul Gomersall.
We Can’t Dance Enregistré à The Farm, Surrey, mars-septembre 1991 Sorti en novembre 1991 Avec Tony Banks (claviers), Phil Collins (chant et batteries) et Mike Rutherford (guitares et basses). No Son Of Mine - Jesus He Knows Me - Driving The Last Spike - I Can’t Dance - Never A Time - Dreaming While You Sleep - Tell Me Why - Living Forever - Hold
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On My Heart - Way Of The World - Since I Lost You Fading Lights Singles extraits : «No son of Mine / Living Forever» (octobre 1991) «I Can’t Dance / On the Shoreline» (janvier 1992) «Hold on my Heart / Way of the World» (avril 1992) «Jesus He Knows Me / Hearts of Fire» (juillet 1992) «Tell me Why / Dreaming While you Sleep» (février 1993) «Never a Time / Turn it on Again» (avril 1993 – live) Producteurs : Genesis et Nick Davis. Ingénieurs du son : Nick Davis et Mark Robinson.
The Way We Walk - Vol. 1 : The Shorts Sorti en novembre 1992 Avec Phil Collins (chant et batterie), Tony Banks (claviers et chœurs), Mike Rutherford (guitare, basse et chœurs), Daryl Stuermer (guitare, basse et chœurs) et Chester Thompson (batterie). Land Of Confusion (live) - No Son Of Mine (live) Jesus He Knows Me (live) - Throwing It All Away (live) I Can’t Dance (live) - Mama (live) - Hold On My Heart (live) - That’s All (live) - In Too Deep (live) - Tonight Tonight Tonight (live) - Invisible Touch (live)
The Way We Walk – Vol. 2 : The Longs Sorti en janvier 1993 Avec Phil Collins (chant et batterie), Tony Banks (claviers &
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chœurs), Mike Rutherford (guitare, basse et chœurs), Daryl Stuermer (guitare, basse & chœurs) et Chester Thompson (batterie). Old Medley (live) - Driving The Last Spike (live) Domino (live) - Fading Lights (live) - Home By The Sea (live) - Drum Duet (live)
Calling All Stations Enregistré à The Farm, Surrey. Sorti en septembre 1997 Avec Ray Wilson (chant), Tony Banks (claviers) et Mike Rutherford (guitares), Nir Zidkyahu (batterie) et Nick D’Virgilio (batterie sur la première partie de «Alien Afternoon» et sur «If That’s What You Need», «Uncertain Weather» et «Small Talk»). Calling All Stations – Congo – Shipwrecked - Alien Afternoon - Not About Us - If That’s What You Need The Dividing Line - Uncertain Weather - Small Talk There Must Be Some Other Way - One Man’s Fool Singles et maxi extraits : «Congo / Papa he Said / Banjo Man» (septembre 1997) «Shipwrecked / No son of Mine (live) / Lover’s Leap (live) / Turn it on again (live)» (décembre 1997) «Not About Us / Dancing With the Moonlit Knight (live) / Follow you, Follow me (live)» (février 1998) Producteurs : Nick Davis, Tony Banks et Mike
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Rutherford. Ingénieurs du son : Huffam, assistés par Ian Huffam.
Nick Davis et Ian
Archives 1 1967-75 Sorti en juin 1998 The Lamb Lies Down On Broadway (live) - Fly On A Windshield (live) - Broadway Melody Of 1974 (live) Cuckoo Cocoon (live) - In The Cage (live) - The Grand Parade Of Lifeless Packaging (live) - Back In NYC (live) - Hairless Heart (live) - Counting Out Time (live) - The Carpet Crawlers (live) - The Chamber Of 32 Doors (live) - Lilywhite Lilith (live) - The Waiting Room (live) Anyway (live) - Here Comes The Supernatural Anaesthetist (live) - The Lamia (live) - Silent Sorrow In Empty Boats (live) - The Colony Of Slippermen (live) Ravine (live) - The Light Dies Down On Broadway (live) - Riding The Scree (live) - In The Rapids (live) - It (live) - Dancing With The Moonlit Knight (live) - Firth Of Fifth (live) - More Fool Me (live) - Supper’s Ready (live) - I Know What I Like (live) - Stagnation (live) Twilight Alehouse - Happy The Man - Watcher Of The Skies - In The Wilderness - The Shepherd - Pacidy - Let Us Now Make Love - Going Out To Get You - Dusk Build Me A Mountain - Image Blown Out - One Day Where The Sour Turns To Sweet - In The Beginning The Magic Of Time – Hey ! - Hidden In The World Of Dawn - Sea Bee - The Mystery Of The Flannan Isle Lighthouse - Hair On The Arms And Legs - She Is Beautiful - Try A Little Sadness - Patricia
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Turn It On Again - The Hits Sorti en octobre 1999 Turn It On Again - Invisible Touch - Mama - Land Of Confusion - I Can’t Dance - Follow You, Follow Me Hold On My Heart - Abacab - I Know What I Like No Son Of Mine - Tonight, Tonight, Tonight - In Too Deep - Congo - Jesus He Knows Me - That’s All Misunderstanding - Throwing It All Away - The Carpet Crawlers 1999
Archives 2 1976-1992 Sorti en novembre 2000 On The Shoreline - Hearts On Fire - You Might Recall - Paperlate - Evidence Of Autumn - Do The Neurotic Rather Be You - Naminanu - Inside And Out - Feeding The Fire - I Can’t Dance (12») - Submarine - Illegal Alien (live) - Dreaming While You Sleep (live) - It’s Gonna Get Better (live) - Deep In The Motherlode (live) - Ripples (live) - The Brazilian (live) - Your Own Special Way (live) - Burning Rope (live) - Entangled (live) Duke’s Travels (live) - Invisible Touch (12») - Land Of Confusion (12») - Tonight Tonight Tonight (12») - No Reply At All (live) - Man On The Corner (live) - The Lady Lies (live) - Open Door - The Day The Light Went Out - Vancouver – Pigeons - It’s Yourself - Mama (work in progress)
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Platinum Collection Sorti le 3 novembre 2004 Compilation. Nouveaux mixages de certains titres par Nick Davis. No Son Of Mine - I Can’t Dance - Jesus He Knows Me - Hold On My Heart - Invisible Touch - Throwing It All Away - Tonight Tonight Tonight (Edit) - Land Of Confusion - In Too Deep - Mama - That’s All - Home By The Sea - Second Home By The Sea - Illegal Alien Paperlate - Calling All Stations - Abacab - Keep It Dark - Turn It On Again - Behind The Lines - Duchess Misunderstanding - Many Too Many - Follow You Follow - Undertow - In That quiet Earth - Afterglow Your Own Special Way - A Trick Of The Tail - Ripples Los Endos - The Lamb Lies Down On Broadway Counting Out Time - Carpet Crawlers - Firth Of Fifth Cinema Show - I Know what I Like - Supper’s Ready The Musical Box - The Knife
Vidéographie Genesis – Songbook 2001 Documentaire retraçant l’histoire de Genesis depuis les tous débuts, jusqu’à la fin de l’histoire avec Ray Wilson
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Genesis - The Way We Walk 2002 Land of Confusion - No Son Of Mine - Driving The Last Spike - Old Medley - Fading Lights - Jesus He Knows Me - Dreaming While You Sleep - Home By The Sea - Hold On My Heart - Domino - The Drum Thing - I Can’t Dance - Tonight, Tonight, Tonight - Invisible Touch - Turn It On Again Genesis - Live At The Wembley Stadium 2003 Mama - Abacab - Domino - That’s All - Brazilian Land Of Confusion - Tonight, Tonight, Tonight Throwing It All Away - Home By The Sea - Invisible Touch - Drum Duet - Los Endos - Turn It On Again Genesis - Video Show 2004 No Son Of Mine - I Can’t Dance - Hold On My Heart - Jesus He Knows Me - Tell Me Why ? - Invisible Touch - Throwing It All Away - Land Of Confusion - Tonight Tonight Tonight - Anything She Does - In Too Deep That’s All - Mama - Illegal Allien - Home By The Sea/Second Home By The Sea - Paperlate - Abacab Keep It Dark - No Reply - Man On The Corner - Turn It On Again - Duchess - Misunderstanding - Follow You Follow Me - Many Too Many - A Trick Of The Tail - Ripples - Robbery Assault And Battery - Congo Shipwrecked - Not About Us - Carpet Crawlers 1999
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L’éternelle révélation
Quelques mots de l’auteur Merci à : • Les éditions de la Lagune pour leur confiance de chaque instant ; • Enguerrand pour de nombreuses raisons ; • Christian Eudeline, Alain Gouvrion, Natania Jansz, Andy Lodge, Dave Negrin, Manuel Rabasse, Chris Stewart, Éric Tandy, Pierre Terrasson et Marc Ysaye, pour chacune de leur lumière. Mais aussi à : • Scott pour son soutien permanent et inconditionnel (www.myspace.com/spiderscott) et dont je suis si fier ; • Elvira, pour tous ces réveils partagés pendant l’écriture de ce livre ; • Mes familles Babion, Brault, Collet, Colomb, Migaux et Thonnon ; • Mes amis, en live comme en ligne : Vincent Aubry, Brigitte Batcave, Bib, Alain Choisnel, Steve Hart, Javier Hernandez, Barbara Kokkinos, Kty, Léonard Lasry, Frédéric Le Galès, Alexandre Masson, Géraldine Minvielle, Djouza Montrozier, Isabelle Paupière, Isabelle Paez, Jean-Claude Police, Nicolas Sanchez, Henri Séard, Boris Vilboux… Sans vous… Qui sait ? ; • Harry Potter, d’avoir attendu que je termine ce livre ; Diam’s, pour le réveil en douceur ; Alchemica pour la postérité ; Les pensionnaires de la résidence Fontaine pour ce concert ; Les parenthèses qui m’ont permis de respirer. Et enfin (voire surtout…) : Tous ceux qui n’ont pas besoin de lire leur nom dans un livre pour savoir ce que je pense d’eux ! Fabien R., Jérémy W., Yves-Michel A., Julien C., Bibzo, Gabriel
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E.… tenez-vous prêts pour la suite !
Fabien et Hind, je vous présente tous mes vœux de bonheur. Le meilleur reste à venir. Réagissez à la lecture de ce livre : lespagesdedoucea@doucea.net Tous mes remerciements à Véronique, Alain et chaque personne (imprimeur, diffuseur, commercial, vendeur, et tellement d’autres) sans qui ce livre ne serait jamais arrivé jusqu’entre vos mains. Je n’oublie pas.