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Une méthode pour tout chrétien

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Sacrés

Sacrés

Agathe, Blanche, Colin, Delphine, Émile et Félix sont croyants en Jésus-Christ.

Ils sont des disciples engagés et soucieux de canaliser leurs dons en faveur de l’Évangile. Mais ils sont confrontés à des questions complexes et doivent chacun prendre position. Que feriez-vous à leur place ?

Peut-être vous êtes-vous déjà retrouvé devant des dilemmes similaires aux leurs. Comment avez-vous réagi ? Quels principes ont guidé votre réflexion ?

Dans cette première partie, je vais vous présenter une méthode de tri des convictions que tout chrétien peut utiliser dans tout type de conflit de doctrine.

Six croyants, six dilemmes du quotidien

Dans ce chapitre, je vous présente six croyants d’âge, d’arrière-plan, de sexe différents. Ils ont des rôles et des niveaux de responsabilité différents dans l’Église.

Mais tous sont confrontés à des dilemmes, que vous avez peut-être vous aussi eu l’occasion de rencontrer.

Examinons-les ensemble.

Agathe Accueillante…

…se demande si elle ne devrait pas quitter l’Église locale où elle est membre depuis cinq ans. Elle apprécie bien des aspects de la vie d’Église : l’enseignement est fidèle et solide, la communion fraternelle avec les frères et sœurs profonde et authentique.

Mais les responsables ne font pas beaucoup d’efforts pour accueillir les non-croyants qui viennent à la rencontre du dimanche matin. Est-il nécessaire de parler de l’offrande en leur présence ? Pourquoi les prédications sont-elles si peu adaptées aux personnes de l’extérieur ? Ne serait-il pas nécessaire de mettre sur pied un bon comité d’accueil ? Elle a honte de faire partie d’une communauté si peu accueillante. L’évangélisation n’est-elle pas d’une importance capitale dans la mission de l’Église ? Elle ne trouve plus la motivation à inviter des amies non croyantes. Que faire ?

Blanche Blogueuse…

…aimerait lancer un nouveau podcast avec une amie, Jade. Leur but serait d’encourager des jeunes mamans chrétiennes dans leur foi.

Blanche et Jade se connaissent bien et s’apprécient. Mais elles évitent de parler de certains sujets qui, par le passé, ont provoqué des tensions entre elles : le ministère pastoral féminin, la question de savoir si l’on peut perdre son salut, la collaboration avec des catholiques dans l’évangélisation…

Blanche ne devrait-elle pas rouvrir ces dossiers délicats avant de prendre une décision ? Ou doit-elle fermer les yeux sur ces questions afin de favoriser leur amitié, une amitié qui pourrait être productive dans le service du Christ ?

Colin Conducteur…

…se questionne : l’Église dont il est le pasteur devrait-elle se lancer dans une action d’évangélisation en collaboration avec une Église voisine ?

Colin est connu pour ses prises de position conservatrices (certains diraient « traditionalistes »). Au contraire, l’Assemblée Évangélique « En Avant » est nettement plus ouverte par rapport à la question des dons miraculeux du Saint-Esprit et ménage une bonne période de temps pour des « prophéties » le dimanche matin. Mais comme Colin, elle est également une fervente adepte des chants de louange du collectif « Écriture ». Cela le rassure. Être partenaires dans l’évangélisation de la ville pourrait avoir un impact significatif pour le royaume, estime-t-il.

Delphine Dépanneuse…

…ne sait pas quels conseils donner à Solange, une femme de son trio de prière. Le fiancé de Solange vient d’adopter un nouveau point de vue théologique sur Israël.

Dans son groupe de quartier, Delphine est souvent sollicitée et on la surnomme « Madame Sagesse », car elle a un don pour « débloquer » les situations difficiles.

Mais face aux interrogations de Solange, elle a du mal à prendre position. Son fiancé est certes bienveillant, mais il ne semble pas très stable dans ses convictions. L’an dernier, il était « évangéliste » pour un certain point de vue sur les vaccins contre la grippe. Ces jours-ci, il parle de plus en plus d’Israël et offre un livre à ce sujet à tout le monde dans l’Église. Delphine voit des clignotants rouges et comprend que Solange songe à la possibilité de rompre les fiançailles. Mais elle n’est vraiment pas sûre des conseils qu’elle devrait prodiguer…

Émile Énergique…

…doit-il accepter ou décliner l’offre d’un poste de pasteur adjoint de l’Église Protestante Évangélique de Matignonne ?

Il est en dernière année de formation dans un institut biblique, et une porte semble s’ouvrir pour lui. Il est un homme optimiste, enthousiaste, débordant d’énergie au service du Christ… mais il ne veut pas se tromper de voie.

L’Église Protestante Évangélique de Matignonne a connu une croissance significative ces dix dernières années. Elle est donc en mesure d’assumer un deuxième salaire pastoral. Mais Émile ne connaît pas bien l’Église ni son pasteur principal et il a peur de négliger de poser les bonnes questions avant de prendre une décision. Il ne connaît personne au sein de l’assemblée. La confession de foi de l’Église n’est pas très développée. Son site web ne donne pas non plus beaucoup d’informations, hormis le fait qu’elle fait partie du Conseil National des Évangéliques de France et qu’elle utilise le Parcours Alphaa dans l’évangélisation.

Félix Fervent… a Un parcours de découverte de la foi chrétienne. b La question de savoir à quoi correspond la période de 1 000 ans dont parle Apocalypse 20.

…est perplexe. Est-ce une bonne idée que sa fille, âgée de dix ans, participe à un camp d’été organisé par une association qu’il ne connaît pas ?

Il est tout à fait conscient de sa responsabilité d’élever sa fille, Victoire, « par l’éducation et les avertissements du Seigneur » (Éphésiens 6.4).

Comment savoir si cette association va dans le même sens théologique que lui ? Les animateurs et animatrices tiendront-ils les mêmes propos que lui sur le baptême et le milléniumb? Que pensent-ils en matière de transgenre, de pratique homosexuelle, d’euthanasie, d’avortement ?

Seront-ils, par leur comportement, de bons modèles pour Victoire ? Félix a peur de prendre des risques. Il doit se renseigner à ces sujets.

Et vous ?

Avez-vous déjà été confronté à des questions similaires ?

Comment avez-vous tenté d’y répondre ? Voyons comment ces croyants en Jésus-Christ peuvent aborder les questions qui s’imposent à eux.

Un tri indispensable

Une nécessité : reconnaître différents types de convictions par rapport à l’Évangile

Ce chapitre a comme but de vous convaincre que la première étape lorsqu’on est face à une question délicate ou à un désaccord entre chrétiens, c’est de reconnaître que bibliquement parlant, toutes les questions ne se situent pas au même niveau d’importance par rapport au message de l’Évangile.

Le message de l’Évangile concerne notre relation avec Dieu et le jugement à venir. Grâce à la mort de Jésus-Christ, il est possible d’être sauvé de la condamnation que nos fautes entraînent et de connaître une vie éternelle et glorieuse : il suffit de se soumettre au Seigneur ressuscité et de placer sa confiance en lui.

Certaines convictions font partie intégrante de ce message, alors que d’autres lui sont liées plus ou moins directement. C’est pourquoi il faut faire le tri et classer nos convictions selon leur degré de proximité avec ce message.

Comparez par exemple la façon dont l’apôtre Paul s’exprime en Galates, face à ceux qui ajoutent des règles à l’Évangile de grâce, et en Philippiens :

Mais si nous-mêmes, ou si un ange du ciel vous annonçait une bonne nouvelle différente de celle que nous vous avons annoncée, qu’il soit anathème ! Nous l’avons déjà dit, et je le répète maintenant : si quelqu’un vous annonce une bonne nouvelle différente de celle que vous avez reçue, qu’il soit anathème !

Galates 1.8-9

Si donc nous sommes des gens « accomplis », tenons-nous-en à cette pensée ; et si sur quelque point vous pensez différemment, Dieu vous révélera aussi ce qu’il en est. Seulement, au point où nous sommes parvenus, avançons ensemble.

Philippiens 3.15

Dans un cas, l’apôtre appelle à combattre avec toute la fermeté requise contre le danger d’un « autre évangile » (qui n’en est pas un ! ). Dans l’autre, il s’en remet à Dieu pour que celui-ci éclaire, en son temps, ses frères et sœurs sur une question dont ils ne semblent actuellement pas convaincus.

Dans les Écritures, on peut ainsi discerner trois types de convictions selon leur degré de proximité avec l’Évangile :

Doctrine sans lien étroit avec l’Évangile

Doctrine directement liée à l’Évangile

Doctrine constitutive de l’Évangile

Ces trois types de convictions peuvent être représentés par une « échelle des convictions à trois niveaux », par rapport à leur degré de proximité avec l’Évangile. A

Doctrines essentielles B

Doctrines importantes C

Doctrines accessoires

Reconnaître l’existence de ces trois types de convictions est essentiel. Il va nous permettre d’adapter notre comportement en conséquence.

En effet, nous défendrons avec intransigeance nos convictions qui sont constitutives de l’Évangile (A), avec clarté celles qui sont importantes à l’Évangile sans en être directement constitutives (B) et sans insistance celles qui sont accessoires à l’Évangile (C). Parfois, la communion avec des frères et sœurs avec lesquels on est en désaccord sera pleinement possible, mais la collaboration, non.

Considérons donc ces trois niveaux.

Trois niveaux de convictions par rapport à l’Évangile

La juste attitude face aux convictions A

Les convictions A sont les questions qui sont « avant toutes choses », pour reprendre la formule de l’apôtre Paul dans 1 Corinthiens 15.3-4 (DRB):

Car je vous ai communiqué avant toutes choses ce que j’ai aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, et qu’il a été enseveli, et qu’il a été ressuscité le troisième jour, selon les Écritures (…).

Il s’agit de la mort de Jésus pour nos péchés ainsi que de sa résurrection corporelle. Ces convictions se situent au cœur de l’Évangile. Elles le définissent et sont constitutives du message chrétien.

Les vérités de cette catégorie correspondent aux briques en bois d’un jeu de construction qu’on ne peut enlever sans que la tour ne s’effondre. Ou, pour prendre une autre image, elles correspondent à l’oxygène dont nous avons besoin pour vivre.

Face à de telles convictions, une intransigeance absolue sera requise. Renoncer à ces convictions ou les modifier, c’est pervertir et trahir l’Évangile.

La juste attitude face aux convictions B

Les convictions B sont les questions d’une importance capitale. Elles sont directement liées à l’Évangile, sans en être constitutives pour autant.

Par exemple, dans 1 Corinthiens 11.3-16, Paul fonde certaines distinctions en ce qui concerne les rôles hommesfemmes sur la doctrine de la Trinité.

La doctrine de la Trinité est une doctrine d’importance de premier ranga . Mais il est possible de rejeter les distinctions que Paul évoque en 1 Corinthiens 11 sans pourtant rejeter la doctrine de la Trinité.

Quelle est notre posture face à de telles questions ?

Nous les défendons avec clarté, c’est-à-dire toujours avec fermeté, mais nous tenons compte du fait que d’autres chrétiens qui ne partagent pas ces convictions ne sont pas en train de remettre l’Évangile en cause.

La juste attitude face aux convictions C

Les convictions C sont des questions dont Dieu a choisi de parler dans sa sainte Parole, mais qui sont relativement peu importantes, c’est-à-dire sans lien étroit avec le message de l’Évangile.

Toujours dans 1 Corinthiens 11 : est-ce que le repas du Seigneur devrait avoir lieu dans le contexte d’un vrai repas, contrairement à la pratique de prendre un petit morceau de pain et un petit gobelet de jus de raisin, comme c’est souvent le cas lors du rassemblement du dimanche matin ?

Quel que soit son point de vue à ce sujet, force est de constater que l’Évangile est loin d’être en cause. Des prises de position divergentes sur ce type de question ne devraient en aucun cas représenter des facteurs de querelle ou de division. On renonce au combat !

Trier ses convictions : une idée nouvelle ?

Non, l’idée de trier ses convictions n’est pas nouvelle !

Écoutons Jean Calvin1 :

Tous les articles de la doctrine de Dieu n’ont pas la même valeur. Certains sont tellement nécessaires à connaître que personne ne doit en douter… D’autres sont en débat parmi les Églises, sans rompre, cependant, leur unité.

Toujours dans 1 Corinthiens 11, Henri Blocher met en avant cet exemple2 :

La doctrine de l’expiation est partout dans l’Écriture, comme le sang dans le corps, disait Vinet ; elle est sûrement d’un tout autre rang que la prescription du voile pour les femmes, quelle que soit l’interprétation qu’on en donne, puisqu’on ne la trouve qu’en un seul passage (1 Corinthiens 11).

Le poids de telle ou telle doctrine dans les Écritures (la densité des occurrences, le degré d’insistance, la pondération) joue dans notre appréciation de son importance.

Force est également de constater que : Lorsque des hommes de Dieu scientifiquement compétents, et qui se veulent tout à fait dociles devant l’Écriture, se trouvent en grands nombres dans les deux camps d’une controverse, nous pouvons présumer que l’objet du débat n’appartient pas au cœur absolument vital du christianisme3 .

Conclusion

C’est notre point de départ pour gérer tout désaccord entre chrétiens : nous reconnaissons que toutes les convictions n’ont pas le même degré d’importance par rapport au cœur de la foi chrétienne 4 .

Revenons donc à Agathe, Blanche, Colin, Delphine, Émile et Félix : les questions auxquelles ils sont confrontés sontelles essentielles, importantes, ou accessoires à l’Évangile ? Comment doivent-ils agir en conséquence ?

Dans les vignettes qui suivent, vous verrez les différents types d’attitude qu’ils peuvent adopter selon la manière dont ils classent les questions qui les préoccupent par rapport à l’Évangile.

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