Invitation en seine

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INVITATION EN SEINE

RECONQUÊTE D’UN PAYSAGE FLUVIAL EN MILIEU URBAIN

Ecole Nationale d’Architecture et du Paysage de Bordeaux - Novembre 2014 Sujet de travail personnel de fin d’études en Paysage - Sandra ZANNIER Directeur d’étude : Bernard BRUNET 1


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COMPOSITION DU JURY Directeur d’études et enseignant à l’ENSAP Bordeaux : Bernard BRUNET - Paysagiste DPLG/Urbaniste/Plasticien

Enseignant ENSAP Bordeaux : Alise MEURIS - Paysagiste DPLG

Personnalité extérieure :

Martine LAIZE - Directrice de l’Association les Amis de la Nature à Colombes

Personnalité extérieure :

Lionel LECOEUR - Ingénieur Principal du Service Seine au Conseil Général des Hauts-de-Seine

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REMERCIEMMENTS 1 an a passé depuis ma découverte des paysages fluviaux de la Boucle Nord des Hauts-de-Seine. Les longs mois de travail, de réflexions et d’interrogations qui se sont écoulés depuis, ont été l’occasion pour moi de croiser le chemin de personnes investies dans le devenir des paysages fluviaux. Je tiens donc à remercier particulièrement ceux qui m’ont apporté leur savoir, leur aide et leurs conseils. Merci à mon directeur d’études, Bernard BRUNET, pour son écoute, ses conseils, sa disponibilité et son accompagnement. Egalement, merci à Alise MEURIS pour sa participation à mon diplôme. Un grand merci à l’équipe Seine du Conseil Général des Hauts-de-Seine pour leur gentillesse et leur dévouement. Merci pour leurs précieux conseils et leurs connaissances sur les paysages fluviaux de la Seine. Merci à Lionel LECOEUR de participer à cette aventure et de m’avoir accompagné dans l’élaboration de ce diplôme. Merci à Martine LAIZE, Directrice de l’Association « les Amis de la Nature » à Colombes, pour sa gentillesse et ses connaissances sur les promenades en berges.

Enfin un merci particulier à mes amies et à ma famille pour leurs précieux soutiens dans les moments de construction, de reconstruction et de doutes. Merci à toi Marjo, pour tes conseils et ton soutien. Un merci tout particulier à mon père, grâce à qui tout devient plus clair, et sans qui tout ce parcours pour devenir paysagiste n’aurait été possible. Merci pour ton soutien dans les moments de doutes, ta présence et ton dévouement. Merci pour tout papa. Et bien sûr merci à mon ami, mon compagnon de tous les jours pour m’avoir rassuré et accompagné dans chacune des étapes de ce diplôme. Le temps du diplôme, a été pour moi une période difficile, ponctuée de remises en question et de craintes. Cependant elle s’est également composée de moments de plaisirs, de dépassements et de découvertes. Cette période est à l’image de ma scolarité, ponctuée de doutes, de dépassement et de plaisir. J’espère qu’au travers de ce diplôme ma sensibilité et mes compétences souvent difficiles à expliquer à mes proches, serviront mes propos et participeront à une facette de mon métier de paysagiste.

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SOMMAIRE AVANT-PROPOS L’AMENAGEMENT DES BERGES UN SUJET D’ACTUALITE

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INTRODUCTION

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PARTIE 1. VOYAGE EN SEINE

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L’espace fluvial de la Seine, pourquoi ce site ? Le processus du renouvellement des berges L’émergence de nombreux projets

Mon regard de paysagiste Mon choix de sujet Ma méthode de travail Mon plan de dossier

1.1. Héritages en Seine 1.2. Les grandes structures de la Seine 1.3. Au fil de l’eau, la Seine en séquence 1.3.1. Séquence 1 : L’estuaire de la Seine 1.3.2. Séquence 2 : Les boucles de Seine 1.3.3. Séquence 3 : L’entre deux 1.3.4. Séquence 4 : La Seine urbaine

1.4. Synthèse de la grande échelle : la richesse des situations

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PARTIE 2. LE TERRITOIRE FLUVIAL DE LA BOUCLE NORD

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2.2.2. Séquence 2 : Le sentier de la Zone d’activité de Colombes 2.2.3. Séquence 3 : Le port de Gennevilliers 2.2.4. Séquence 4 : Passé le fleuve, la rive d’Argenteuil 2.2.5. Séquence 5 : Les parcs des berges 2.2.6. Séquence 6 : Le Canal-Saint-Denis 2.2.7. Séquence 7 : Derrière le mur de la ville de Villeneuve-la-Garenne

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PARTIE 3 INVITATIONS EN SEINE

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CONCLUSION TOUS EN SEINE

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BIBLIOGRAPHIE

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2.1. Un territoire contraint 2.2. Itinérance en berges 2.2.1. Séquence 1 : la traversée du Parc Pierre Lagravère

2.3. Un territoire à risque 2.4. Des situations d’interfaces clefs

3.1. La ressource - Jardins en Seine 3.2. La traversée - Parcs en Seine 3.3. La connexion - Parcours de Seine 3.4. Les centralités - Polarités de Seine

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AVANT-PROPOS

L’AMENAGEMENT DES BERGES UN SUJET D’ACTUALITE L’ESPACE FLUVIAL DE LA SEINE, POURQUOI CE SITE ? Lorsque l’on parle de la Seine, on évoque bien souvent les paysages idylliques immortalisés par les peintres et écrivains du XIXème siècle. Pourtant pour moi, la Seine ne s’évoque pas au travers de ces peintures ou de ces proses. Ce fleuve que je côtoie depuis mon enfance, me semble prisonnier dans des murs de béton, des infrastructures de communications ou encore des installations industrielles, et sans cesse écrasé par les expansions urbaines de l’agglomération parisienne. La Seine se laisse finalement oublier. Cependant, la particularité de pouvoir la parcourir le long de ces berges sur plusieurs kilomètres, ne cesse de m’attirer vers elle. Lors de mes itinérances, je découvre des lieux, des personnes, des vestiges d’une histoire passée, mais aussi de nouveaux espaces récemment aménagés, et ma curiosité me pousse à en découvrir d’avantage. Je m’aventure parfois sur des chemins ou même des terrains délaissés de tout, qui offrent un nouveau rapport au fleuve, une certaine liberté où mon imaginaire me laisse entrevoir de nouveaux lieux. Aujourd’hui de nombreux projets de reconquête de berges en milieu urbain sont entrepris. Dans la Boucle Nord des Hauts-de-Seine ce retour au fleuve se fait notamment à travers l’aménagement de promenades bleues. Dans ces continuités une multitude de situations d’interface ville/fleuve s’observent. Certaines sont aménagées, d’autre dans l’attente d’un aménagement et certaines sont inexistantes. Chacune de ces situations méritent une attention particulière puisqu’elles révèlent des facettes de la Seine. Les rendre lisibles permettrait de révéler le potentiel du fleuve et de l’intégrer aux sites urbains qu’elle traverse. A l’image d’une scène théâtrale, la Seine s’observe et s’apprécie au travers des actes qu’elle joue. A nous de lever le « rideau ».

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LE PROCESSUS DE RENOUVELLEMENT DES BERGES Suite aux évolutions de développement des villes fluviales dans les secteurs de l’économie et de l’urbanisme, avec notamment le déplacement des activités portuaires hors des villes, les fleuves et les rivières ont progressivement vu décroitre leur fonction traditionnelle d’acheminement de marchandises. Les usages en bord de fleuve qu’elles avaient engendrés laissent derrière elles, des friches industrielles et portuaires, des routes, ou encore des parkings, ainsi que des installations spécifiques : pontons d’accostage, quais de déchargement et de stationnement, rampes d’accès, hangars de stockage ou encore voie de chemin de fer. Situé au portes de La Capitale Parisienne, ce constat s’applique à une exception près pour la boucle Nord. A l’opposé des nombreuses infrastructures industrielles qui périclitent sur les berges de la Boucle Nord, le port de Gennevilliers de renommée internationale, poursuit ses activités fluviales et occupe une grande partie de la Boucle Nord des Hauts-de-Seine. C’est donc dans un secteur périurbain dense encore marqué par les activités industrielles et portuaires que les mutations se poursuivent mettant la Seine et ses abords au centre des préoccupations. Ce processus de « reconquête » des berges a commencé depuis plus d’une vingtaine d’année. Les délaissés industriels font l’objet de questionnements au sujet de leur reconversion et de leur mise en valeur. Aujourd’hui avec l’essor des villes qui ne cesse de consommer de l’espace, de nouvelles questions se posent. Plus qu’une reconversion de ces espaces, c’est la question de leur intégration, de leur diversification et de leur valorisation qui se pose. Pour y répondre, l’échelle d’appréhension dépasse les emprises des bords de Seine et le projet de paysage doit permettre d’accompagner ces espaces dans leur mutation.

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Ce retournement vers le fleuve est essentiellement dû au développement des politiques de l’environnement et le souci de la qualité de vie des citadins. Le fleuve et ses berges s’assimilent généralement à une certaine « Nature en ville » ou du moins l’idée que l’on s’en fait. Les espaces de verdure en ville se faisant de plus en plus rares le fleuve représente une opportunité extraordinaire. Ce dernier offre des espaces publics et des espaces de loisirs sur des linéaires de berges qui semblent infini. Cependant, le fleuve et ses berges ne doivent pas se limiter à des linéaires d’espaces de loisirs et de détentes mais ils doivent devenir une structure pour le développement des activités et d’un urbanisme repensé. Pour ce faire le fleuve doit prendre de « l’épaisseur ». Dans sa transversalité, l’accès aux berges de Seine engendre des situations spécifiques. Aujourd’hui de nombreuses villes redécouvrent leur fleuve et leur rivage. A travers l’aménagement des fronts d’eau, les villes retissent des liens et redonnent une fonction urbaine à ces emprises. Longtemps marginalisés, le fleuve et ses rivages apparaissent aujourd’hui comme des atouts dans le développement des villes. « Rendre les berges accessibles », « les intégrer dans l’organisation urbaine », « retourner la ville vers son fleuve », remettre le fleuve au cœur de la ville », les citations illustrant ce phénomène ne manquent pas. Les exemples de revalorisation de fronts d’eau entrepris dans le monde entier avec l’aménagement d’espace de loisirs, de cultures, de commerces, de bureaux et de logements, sont nombreux et ne cessent de se développer pour révéler aux citadins le plaisir de vivre près de l’eau.


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L’EMERGENCE DE NOMBREUX PROJETS La prise en compte des espaces fluviaux urbains ne date pas d’hier et ne se cantonne pas à la France. Des reconversions de vastes emprises portuaire, maritimes ou fluviales ont été engagées dans des ports Nord-américains comme Baltimore et Boston à partir des années 1960, suivi par des grands ports européens à partir de 1980, d’abord britanniques comme Londres ou encore Liverpool, puis continentaux avec notamment Rotterdam, Amsterdam, Bilbao et Barcelone. Depuis, ces phénomènes de reconversions se reproduisent pratiquement dans toutes les villes situées au bord de l’eau, portuaires ou non. Aujourd’hui les villes en bordure de fleuve s’engagent dans un processus de revitalisation et de requalification des berges. En France pour ne citer que les grandes villes de Paris, de Nantes, de Bordeaux ou encore de Toulouse, toutes investissent leur fleuve et réaménagent leurs bords de fleuve. Ces aménagements de front fluviaux font parfois l’objet d’une réelle réflexion urbaine à l’échelle de l’agglomération. Le fleuve devient une véritable armature pour le développement des villes de demain. De nombreux projet naissent de cette réflexion de reconversion des espaces fluviaux urbains. Les projets sont divers, certains s’appuient essentiellement sur les linéaires de berges, d’autres prennent en compte l’épaisseur du fleuve et travaillent dans sa transversalité. Les enjeux sont également nombreux, à la fois économiques, politiques, sociaux, et environnementaux. Les villes, à travers leurs requalifications, veulent se donner une nouvelle image, axée sur l’environnement et le cadre de vie qu’elles offrent à leurs citadins. Ces projets fluviaux se retrouvent à différentes échelles du territoire. Pour mon étude, un projet à particulièrement retenu mon attention, le Projet de l’Axe Seine du Grand Paris d’Antoine Grumbach (2008). Le Grand Paris qu’il propose s’étire bien au-delà des départements de la première couronne ou même de la Région Île-de-France. Ce projet, intitulé « Seine Métropole », propose de mieux connecter Paris à la mer en affichant une ambition maritime, présentée comme indispensable à toute ville ayant des prétentions mondiales. Cette réflexion met en avant une échelle de travail pertinente pour appréhender les dynamiques paysagères de la Seine. La Seine est finalement la colonne vertébrale, le support sur lequel se greffent les composantes économiques, politiques, urbaines et environnementales, des territoires qu’elle traverse.

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LYON-CONFLUENCE Le projet montre la volonté d’un retour à la nature. Les rives accueilleront des lieux de loisirs et de détentes, des événements culturels mais aussi des logements et des entreprises. Lyon privilégie le développement durable avec l’aménagement de bâtiments à Haute Qualité Environnementale (HQE), une gestion des eaux réfléchie, des toitures végétalisées, la mise en avant des transports en tram, ainsi qu’une facilité de déplacement pour les piétons et cyclistes. Source visuelle : http://www. grandlyon.com

LES HAUTS-DE-SEINE-VALLEE RIVE GAUCHE Ce projet vise à aménager un véritable parc urbain sur d’anciens délaissés en bord de Seine. Aujourd’hui c’est une friche alluviale entrecoupée de séquences de parkings suburbains et de végétation très dense, longée par une départementale fortement empruntée la RD7 (véritable porte d’entrée ouest de paris). Cependant, l’attractivité du territoire a changé la donne, car d’importantes opérations urbaines à proximité des berges ont génèré un important afflux d’habitants, de salariés et d’usagers sur le méandre. Premier geste fort, celui de rétablir les cheminements sur un linéaire ininterrompu de 4.2 kilomètres de berges. Ces continuités seront tressées parallèlement à la Seine : une promenade principale balisée, « fil rouge » du parcours et une piste cyclable en limite de boulevard en constitueront l’armature. source visuel : ©loukat / ilex paysage urbanisme

ILE DE NANTES-RIVE NORD La Rive Nord du Faubourg de l’île de Nantes - Le projet montre la volonté d’un retour à la nature. Les rives accueilleront des lieux de loisirs et de détentes, des événements culturels mais aussi des logements et des entreprises. Lyon privilégie le développement durable avec l’aménagement de bâtiments à Haute Qualité Environnementale (HQE), une gestion des eaux réfléchie, des toitures végétalisées, la mise en avant des transports en tram, ainsi qu’une facilité de déplacement pour les piétons et cyclistes. Source visuelle : © La Graine Studio, Pierre-Alexandre Collin, pour BASE

VUE AERIENNE PARIS-ROUEN-LE HAVRE Image tirée du diagnostic prospectif de l’agglomération parisienne de l’Atelier d’Antoine Grumbach & Associés de février 2009. Source visuelle : http://www.ateliergrandparis.fr/aigp/ conseil/grumbach/GRUMACHlc02.pdf


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INTRODUCTION

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MON REGARD DE PAYSAGISTE

MON CHOIX DE SUJET

Au cours de ces cinq dernières années de formation, mon regard face aux paysages s’est développé. Les paysages s’appréhendent par nos sens et nos expériences. Ils se décryptent à travers leur histoire, et les témoignages des personnes qui les pratiquent. Toujours en constante évolution les paysages reflètent une situation à un temps donné, ils représentent l’image d’une politique d’aménagement propre à chaque ville. Le paysage s’appréhende à différente échelle et les clés de lecture sont multiples : politique, urbaine, sociale, et environnementale. La Seine est une entité paysagère à elle seule, on peut parler de paysage à grande échelle. Par sa continuité elle soulève des enjeux majeurs comme environnementales ou encore économiques pour les villes. Elle traverse et façonne de multiples territoires et engendre des questionnements communs. Mais la Seine ne s’évoque pas qu’au travers de sa grande échelle, elle s’évoque aussi dans le quotidien des gens qui la vivent et la pratiquent. A échelle humaine la Seine s’appréhende aux travers de lieux et de parcours divers. C’est finalement le paysage du quotidien que l’on a et que l’on se fait de la Seine et de ses abords qui m’a intéressé. Aujourd’hui les aménagements pour retrouver le fleuve sont nombreux mais l’étude de certaines situations démontre un rapport au fleuve encore timide et parfois même inexistant.

Situé dans la Boucle Nord des Hauts-de-Seine à Gennevilliers, mon intérêt pour ces ouvrages m’a amené à parler de la dynamique industrielle et portuaire. Les villes de la Boucle Nord qui enserrent la Seine sont des secteurs encore très marqués par l’industrialisation et l’activité portuaire qui aujourd’hui subissent d’importantes mutations.

Le choix d’avoir pris la « reconquête » des berges de Seine en milieu urbain, comme sujet d’étude, est parti d’un questionnement sur le devenir d’une estacade de la Seine, l’Estacade des Mariniers. Cet ouvrage maçonné est loin d’être isolé sur ces promenades en berges. De nombreux ouvrages témoignent de l’activité liée au fleuve d’hier et d’aujourd’hui. Ce sont pour moi, de véritables traits d’union entre le fleuve et la rive habitée. Ils offrent un rapport au fleuve particulier. Ils sont pour moi des leviers d’action pour la création d’accroches à la Seine. Dans la traversée ils deviennent des lieux à part entière et pour certains, chargés d’histoire, ils évoquent un passé industriel et un rapport au fleuve passé. Par leur emprise et leur structure ils donnent une force à la berge, une esthétique et un potentiel pour un usage plus contemporain. Ils posent la question du derrière mais aussi du devant de la berge. Le quai est une porte d’entrée dans la ville comme sur le fleuve.


Avec ce phénomène de désindustrialisation qui s’opère depuis ces 50 dernières années les sites en berges de Seine sont prisés par les villes et font l’objet de nombreux aménagements dans le besoin d’un retour au fleuve. Mon étude s’inscrit dans cette dynamique de retour au fleuve et va porter sur des situations diverses, vouées à muter ou encore en cours de mutation et parfois même aménagées.

MA METHODE DE TRAVAIL Ces ouvrages que l’on retrouve à plusieurs endroits sur les continuités en berges, m’ont amené à parcourir les continuités en berges de la Boucle Nord mais pas seulement. Ces itinérances m’ont questionné sur l’échelle à laquelle je pouvais appréhender la Seine. Quelle échelle pour la Seine ? Particulièrement intéressée par les villes marquées par les sites industriels et portuaires et par les situations paysagères que l’on peut y trouver en bordure de Seine, j’ai décidé de remonter la Seine du Havre jusqu’à Paris, traversant ainsi les 3 grands pôles urbains et industriels du Havre, de Rouen et de Paris. Ce « voyage » en Seine a été l’occasion de prendre connaissance des situations paysagères qui peuvent exister entre la ville, son fleuve et ses secteurs d’activités industrielles et portuaires. C’est pour moi mon entrée sur ce sujet de reconquête des berges de Seine. Pour réaliser cette itinérance le long de la Seine, je me suis muni d’une carte IGN et j’ai choisi des situations bien précises. Recentrée sur les trois polarités que sont le Havre, Rouen et Paris, j’ai choisi de vous retranscrire des situations qui illustrent les zones en périphérie et en cœur de ville. Dans chacune de ces situations, le phénomène de désindustrialisation est à des degrés différents, et il en va de même pour les aménagements des villes, dans la reconquête de leur fleuve. Dans chacune de ces situations c’est le rapport que l’on accorde au fleuve qui m’a intéressé. Certains aménagements portent de véritables attentions de retour au fleuve, d’autres le conserve comme toile de fond. Et ces parfois dans des situations en transition, dans l’attente d’aménagements que l’on observe le potentiel des lieux et des rapports parfois clandestins que l’on a avec le fleuve.

Ce voyage en Seine a été en quelque sorte une formation, chacune des situations m’ont apporté une connaissance, un outil de travail pour la suite de mon étude. L’étude des berges à la grande échelle, a cette faculté de montrer la qualité de penser la Seine à grande échelle. Aujourd’hui seule l’activité industrielle met en relation les villes fluviales. La Seine et ses paysages offrent bien plus. Des situations communes existent et voir la Seine dans sa continuité offre des complémentarités d’une berge à l’autre ou encore d’une rive à l’autre. La grande échelle peut ainsi servir un projet de plus petite envergure. L’enjeu pour moi est de montrer à travers ces situations la richesse des berges de Seine, pour révéler les qualités paysagères de la Seine dans sa grande échelle. Ces connaissances acquises sur les paysages fluviaux de la Seine m’ont permis de me recentrer sur la boucle Nord des Hauts-de-Seine. Cette dernière regroupe des situations représentatives des dynamiques amorcées aux abords du fleuve sur l’ensemble de la basse Seine. Ainsi j’ai parcouru à nouveau ces promenades en berges. Et plus que la continuité ce sont les accroches avec la ville qui m’ont intéressées. A l’image des quais qui mettent en relation la ville avec le fleuve, des situations particulières m’ont poussé à remonter vers les villes et inversement à retrouver la Seine. Dans ces situations certaines sont aménagées et pourtant manquent de lisibilité et ne prennent pas le fleuve en considération. D’autres pourraient mettre en relation des espaces, par l’aménagement de continuités le long du fleuve comme dans sa traversée. Le retour au fleuve ne doit pas se voir que dans ces continuités mais également dans les traversées qui amènent au fleuve et les situations que l’on crée à son contact. Et inversement depuis le fleuve, des accroches avec la ville peuvent se rendre lisibles et guider le promeneur vers les « richesses » des villes (patrimoines, espaces verts…). Pour intégrer le fleuve aux villes il faut le connecter aux composantes qui l’entourent. Ces deux premières étapes, de mon voyage en Seine et de mon itinérance sur les berges de la Boucle Nord des Hauts-de-Seine, ont été essentielles pour mon étude, et mes orientations. Ces temps de parcours m’ont également permis de me re-questionnner et de bousculer certaines certitudes au fur et à mesure de mon diagnostic. Je me suis remise en question à de nombreuses reprises. Basculer vers le projet n’a pas été simple. Dans ce contexte urbain dense très contraint, mes marges de manœuvre étaient réduites. C’est en cela que mon diagnostic m’a porté. Ce dernier soulevant des questions de l’ordre du paysage du quotidien, dans des situations particulières m’a permis de déceler des enjeux et des objectifs de projet qui leurs sont propres. L’enjeu majeur étant le retour au fleuve par la question des accroches avec la Seine dans la profondeur et dans la continuité des berges.

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MON PLAN DE DOSSIER

Mon dossier se séquence en trois partie.

VOYAGE EN SEINE - Cette première partie retranscrit mon itinérance le long de la Seine, du Havre jusqu’à Paris, en passant par Rouen. Ces trois grandes villes subissent le même phénomène de désindustrialisation, laissant libres de nombreux terrains en bordure de Seine. C’est au travers des situations particulières, que je vous fais voyager avec moi sur les bords de Seine et vous fait découvrir le potentiel de ces espaces parfois en marge des villes et pourtant si riches en terme de paysage. Ce sont des ambiances, des usages, et des histoires qui habitent ces lieux. Cette traversée m’a permis de voir les multiples visages des berges et des richesses qu’elles renferment. LE TERRITOIRE FLUVIAL DE LA BOUCLE NORD - Dans cette seconde partie, mon itinérance le long des berges de Seine, se recentre sur la boucle Nord des Hauts-de-Seine et des départements riverains de la rive voisine. Cette boucle est représentative des situations que j’ai pu rencontrer dans mon voyage en Seine. Dans ces secteurs très contraints par un urbanisme dense et des secteurs d’activités d’envergures, ainsi qu’un maillage

d’infrastructures lourd, le paysage fluvial est très marqué. Cependant, l’accessibilité au fleuve reste très demandée. La Seine offre un cadre de vie aux habitants qui vivent à proximité et un cadre de travail pour les personnes qui œuvrent sur les sites en bordure de fleuve. Dans cette traversée très séquencée, des situations d’accroches avec la Seine m’ont interpellées. C’est ces situations que je vous retranscris et qui pour certaines, feront l’objet d’une proposition d’aménagement. INVITATION EN SEINE - C’est dans une troisième partie que je mobilise toutes mes connaissances acquises pour repenser certains espaces, certains lieux et certaines promenades en bordure de Seine. Mes propositions se portent sur des situations d’accroches, d’interface entre la ville et son fleuve. Chacune d’entre-elles met en scène une facette du fleuve. Ainsi au cours de mon parcours le long des berges, certaines situations ont suscité mon intérêt. Elles ont chacune un potentiel à exploiter pour mettre en valeur le fleuve et l’intégrer durablement dans les tissus urbains qu’il traverse. Au travers ces situations d’interface ville/fleuve je révèle des facettes du fleuve : celle de la ressource et de l’usage, de la traversée et de la connexion. Chacune de ces facettes est intimement liée aux dynamiques des rives. C’est finalement l’étude de la rive qui définit mes propositions d’aménagement de la berge, tout en partant des situations clefs d’accroches avec le fleuve.

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VOYAGE EN SEINE

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1. VOYAGE EN SEINE 1.1. HERITAGES DE SEINE

Les paysages fluviaux et les valeurs que nous évoque la Seine témoignent d’une histoire marquée par l’industrialisation du XIXème siècle. La Seine et tout particulièrement la Seine de la Boucle Nord des Hauts-de-Seine, est intimement liée à la batellerie. Véritable voie navigable et premier axe de transport, la Seine et ses abords ont été aménagés. Son rôle premier est d’être une voie navigable reliant paris à la Manche. Jusqu’au XIXème siècle la navigation reste difficile, en raison des manques d’eau en période d’étiage et au contraire des forts courants pendant les hautes eaux. La Seine va donc être canalisée dès 1840 et comptera plusieurs barrages éclusés. Ces aménagements vont permettre d’avoir une profondeur d’eau plus importante. En 1910 ils permettent d’atteindre 4 mètres de profondeur. Les embarcations qu’a connues la Seine ont été nombreuses. Le XIXème siècle est unique par ces révolutions technologiques auxquelles les riverains ont dû s’adapter et qui ont entraîné un essor sans précédent de la batellerie. Aujourd’hui trois types d’embarcations naviguent sur la Seine : les automoteurs plus connus sous le nom des «Freycinets» de près de 38 mètres de long sur 4 mètres de large, les chalands automoteurs qui peuvent aller jusqu’à 60 mètres de long sur 8 mètres de large et enfin les barges d’une longueur variable de 27 à 65 mètres sur 4 à 8 mètres de large. Ces dernières partagent le fleuve avec les bateaux logements amarrés le long des berges et les embarcations privées de plus petite taille.

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Intimement liées à la batellerie, des industries de tous types s’implantent sur les berges de Seine dès la seconde moitié du XIXème siècle. Les petites activités locales, comme l’activité du textile disparaissent dans les années 1840 et cèdent la place à de grands complexes industriels qui marqueront à jamais les paysages de la Seine. Métallurgie, aéronautique, automobile, BTP, les papeteries, chimie, agro-alimentaire, la centrale thermique de Porcheville... etc. Le développement de l’agglomération parisienne et des industries entraine l’abandon du fleuve, il devient un espace résiduel dans les villes qu’il traverse. Ce dernier se retrouve également largement pollué. La Seine devient un «boulevard à péniches» et «un égout à ciel ouvert». Mais dans les années 1970 un renversement s’amorce avec le lancement, par les pouvoirs publics, d’un programme de dépollution de la Seine. Puis les premières études des années 1980 pour la «réhabilitation des bords de Seine» se mettent en place. Aujourd’hui ces efforts se poursuivent au travers de nombreux plans et schémas directeurs en faveur du fleuve et de ses berges.

En parallèle, progressivement doublée par des voies de circulations, la Seine est une fois de plus coupée de ses habitants. L’aménagement des grandes infrastructures routières permettent aux citadins de se rendre en dehors de la ville et de relier Paris à la Manche. Dans un premier temps c’est la ligne Paris/Rouen/Le Havre qui permet la traversée de la basse Seine. Ouverte en 1843, d’une longueur de 228 kilomètres elle relie Paris aux agglomérations de Mantes-la-Jolie, de Rouen et du Havre, à travers les régions d’Île-de-France et de la HauteNormandie. Puis vient l’Autoroute de Normandie, ouverte en 1947, et la Nationale 13 en 1951. Chacune s’étire dans la vallée en sinuant parfois d’une rive à l’autre. Le franchissement du fleuve a toujours posé question. Même si les bacs perdurent jusqu’au début du XXème siècle pour transporter les hommes, les marchandises et le bétail d’une rive à l’autre, les ponts se construisent dans le lit du fleuve et constituent un passage obligé pour les routes ondulant aux grés des méandres et des falaises. Le fleuve va attirer les résidences royales, fixer les activités artisanales et industrielles et polariser l’urbanisation. La Seine ne s’évoque pas qu’au travers de cette industrialisation massive. Elle a joué pendant longtemps, un rôle très important dans les loisirs de la Capitale et de sa banlieue. Les conséquences du chemin de fer ont engendré un véritable attrait pour le fleuve et ses rivages. L’attrait de ses paysages et de ses sites fluviaux, des lieux de détentes et de loisirs sportifs qu’ils proposent, deviennent accessibles à partir de Paris et de sa banlieue Ouest. Dès les années 1860, les peintres du plein air, comme Corot, ont été les premiers promoteurs des sites de la vallée de la Seine. Grace au chemin de fer ce sont plusieurs générations de peintres, Jean Baptiste Corot (1796.1875), ou encore Claude Monet (1840.1926) et bien d’autres, qui fréquentent le territoire, parfois même y résident. Les écrivains comme Gustave Flaubert (1821.1880), Emile Zola (1840.1902) ou encore Octave Mirbeau (1848.1917) ont également fait couler beaucoup d’encre sur la Seine. Cette dimension historique semble être aujourd’hui encore bien présente dans les esprits. Les guinguettes sont aujourd’hui à l’honneur, les promenades en berges de plus en plus aménagées, les activités nautiques continuent de se développer, les constructions en bordure de Seine se construisent… etc. Toutes ces pratiques d’époques sont finalement d’actualités et paraissent pour certain nouvelles. Inconsciemment le fleuve et ses abords sont attrayants, en milieu urbain se sont de véritables espaces publics voués à de nombreuses activités de détentes. Ce sont des lieux de plénitudes, d’échanges et de partages.


LES USINES RENAULT Elles ont fortement marqué la traversée de la Seine. Implantée sur l’Ile Seguin, de 1929 à 1992 l’usine de construction automobile Renault couvrait la quasitotalité de l’île soit près de 11,5 hectares. Les bâtiments industriels ont été rasés en 2004-2005 et le site est aujourd’hui en réaménagement. Le projet de l’île Seguin, conçu par l’architecte Jean Nouvel, s’organise autour d’un pôle multimédia, de l’art contemporain et de la musique.

ATTRAITS DES BERGES DE SEINE Cette photographie du Pont de Billancourt illustre les bords de Seine et leurs attraits. La pêche mais aussi les promenades au bord de l’eau ainsi que la peinture en plein air sont des loisirs au XIXème siècle. (Source photographique : Ouvrage Un fleuve et ses ponts, la Seine de Paris à Bougival de Jocelyne Bernard)*

LA TRAVERSEE PAR BAC Voici l’illustration des anciens bacs de Seine à Rosny-sur-Seine, servant à traverser le fleuve d’une rive à l’autre au XIXème siècle. Ces bacs permettent de transporter hommes, marchandises et bétails. Ces derniers perdureront jusqu’au début du XXème siècle. (Source photographique : Ouvrage, Sous les ponts des Yvelines coule la Seine, Seine domestiquée, Seine apprivoisée de Silvana Editoriale).

LES SATATIONS FLUVIALES A Meudon, au XIXème siècle les embarcadères ponctuent les bords de Seine. Ci-contre on peut voir le débarcadère des bateaux parisiens et des bateaux mouches. (Source photographique : Ouvrage Un fleuve et ses ponts, la Seine de Paris à Bougival de Jocelyne Bernard).

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1.2. LES GRANDES STRUCTURES DE LA SEINE Les valeurs que nous évoquent la Seine sont nombreuses. Chacune d’entre elles structure les paysages de la Seine. LA VALEUR HISTORIQUE - Elle se retrouve dans chacune des valeurs et nous dévoile la Seine au travers son histoire passée. Le XIXème siècle, marque la domestication du fleuve au travers son industrialisation. Dès le XVIIIème siècle les villes fluviales se dotent de quais. Ces derniers remplacent les grèves et les inclinaisons naturelles des berges. Ils permettent une meilleure protection contre les crues, tout en favorisant le commerce. Le fleuve jusque-là élément naturel dans la traversée des villes est resserré dans un étau retenu par des limites rigides. Tout au long du XIXème siècle le fleuve va perdre toute sociabilité, n’ayant plus d’accès et plus de contact visuel avec la Seine, les riverains délaissent le fleuve. L’Etat s’approprie ce domaine public. En parallèle, les citadins recherchent la présence de l’eau et vont la trouver en dehors des villes. LA VALEUR ECONOMIQUE - L’industrialisation a profondément marquée les paysages fluviaux de la Seine : chemins de Halage, canalisations du fleuve, écluses, voies de chemin de fer, voies express mais aussi industries massives sur les fronts d’eau. C’est tout un patrimoine industriel qui s’est implanté sur les berges du fleuve pour profiter d’un accès à la voie d’eau : industrie de l’Automobile, la Pétrochimie, les Centrales thermiques, etc. Autrefois ces industries aux emprises conséquentes se trouvaient au cœur des villes. Aujourd’hui elles se retrouvent essentiellement dans les périphéries des villes. Ces secteurs industriels et portuaires se concentrent dans trois grands pôles urbains : Le Havre, Rouen et Paris. LA VALEUR URBAINE - Les villes se sont effectivement développées à proximité de leur fleuve notamment en raison de sa valeur économique précédemment énoncée. Ces villes de forme concentriques poursuivent leur essor et mettent au centre de leurs préoccupations leur fleuve. Avec le phénomène de désindustrialisation les villes retrouvent leurs quais. La Seine et ses abords semblent être devenus des espaces publics à part entière qui offre aux citadins un cadre de vie agréable. Le fleuve devient ainsi une valeur urbaine et pour certains projet, un axe de développement majeur, une structure pour la ville.

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Le développement de l’industrie ainsi que le développement des villes autour du fleuve a engendré de nombreux équipements dont la mise en place d’un réseau de communication. Plus qu’une valeur c’est une dimension du transport que la Seine évoque. Les routes, les voies ferrées et le fleuve lui-même, représentent des axes de communications. La mobilité du fleuve par voie d’eau et ses abords est incontestable. La vallée de la Seine représente un territoire favorable à l’implantation de ces infrastructures. Le tracé du fleuve et le relief plan des vallées ont été une opportunité pour le développement de ces axes de communication ainsi que pour l’essor des industries et des villes. Cette armature a également permis de donner du lien entre les rives. Les nombreux ponts aménagés pour passer le fleuve on permis de nouer des liens entre les territoires du fleuve. Afin d’optimiser l’industrie et l’urbanisme du fleuve, la Seine n’a cessé d’être apprivoisée et en a perdu son caractère naturel. Cependant cette valeur continue de s’évoquer au travers de la Seine. LA VALEUR «NATURELLE» - Les paysages que façonne le fleuve s’associent à ce sentiment de «nature». La morphologie du fleuve, des vallées qu’il traverse et des falaises qu’il a creusé sont caractéristiques d’un non contrôle et d’une géographie naturelle : l’estuaire de la Seine, les falaises blanches de la basse Normandie ou encore les coteaux pentus du Mantois donnent à voir des éléments naturels surprenant. Aujourd’hui trois grandes structures préservent et accompagnent le développement de ces territoires : la Réserve Naturelle de l’Estuaire de la Seine, le Parc Régional des Boucles de Seine et enfin le Parc du Vexin. L’ensemble de ces valeurs soulève la valeur sociale de la Seine. Aujourd’hui le fleuve semble séduire les riverains. La Seine est incontestablement un vecteur social. Les espaces qu’elle abrite en témoignent, sur l’eau comme sur terre. Certains sont des non-dits, d’autre font la une des journaux. Les usages liés au fleuve ne cessent d’évoluer. Au cœur des villes, dans les secteurs en mutation ou alors oubliés de tous, ces lieux en contact avec la ville ou alors en rupture, offrent aux citadins des moments d’évasion. Le non contrôle de certains de ces lieux en font leur force. Et par endroit le sentiment de «Nature» prend son sens, certes une «nature» que l’on définira de «nature urbaine».


Zone industrielle LE HAVRE Usine Renault CLEON 7.5 Km

Centrale thermique PORCHEVILLE Usine Renault FLINS

PSA Peugeot Citroen POISSY Port de Gennevilliers PARIS Centrales thermiques SAINT-OUEN

Parc Naturel Régional des Boucles de Seine

7.5 Km Réserve Naturelle de l’Estuaire de la Seine Parc Naturel Régional du Vexin français

7.5 Km

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Séquence 1.

L’estuaire de la Seine

LE HAVRE ROUEN

1.3. AU FIL DE LEAU - LA SEINE EN SEQUENCE Les paysages fluviaux que la Seine façonne s’appréhendent à de multiples échelles. Le choix de m’intéresser aux devenir des berges et aux dépendances du fleuve m’a poussé à le parcourir sur plusieurs kilomètres, à différentes échelles. Dans cette première partie je vais développer la Seine et ses paysages dans sa grande échelle, de Paris jusqu’au Havre. Mon intérêt particulier pour les paysages industriels et portuaires m’a permis de resserrer mon attention sur trois grandes polarités industrialo-portuaires : Paris, Rouen et le Havre. Mon attention lors de cette itinérance est de découvrir des lieux, des usages mais aussi des aménagements afin de m’imprégner des paysages fluviaux que peut offrir la Seine et de comprendre leurs dynamiques. «Paris, Rouen le Havre sont une même ville dont la Seine est une grande rue.» Citation de Napoléon Bonaparte. La vallée de la Seine, avec ces nombreux méandres génère et organise les paysages tout au long de sa traversée. Des coteaux calcaires aux vallées affluentes, sans oublier les méandres sinueux, la Seine se déroule après Paris, sur près de 350 kilomètres de linéaire avant de rallier la Manche.

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L’empreinte qu’elle génère invite à y prêter attention notamment lorsqu’il s’agit d’y travailler. La composante « naturelle » que le fleuve génère semble aujourd’hui imprégner de plus en plus de projets. Seulement le fleuve contemporain réuni bien d’autres composantes et la force d’un projet de paysage est dans cette capacité à imbriquer l’ensemble des spécificités et des caractères d’un tel site. Les nombreux méandres de la Seine lui confèrent une certaine particularité. Chacun d’entre eux, plus ou moins sinueux, révèlent des paysages, des dynamiques et des appropriations. De Paris jusqu’au Havre, la Seine se dévoile en quatre grandes séquences : l’estuaire, les boucles de Seine, l’entre deux, et enfin la Seine urbaine. Dans chacune de ces séquences le paysage industrialo-portuaire marque la traversée, ces paysages donnent à la Seine, une certaine signature et témoignent de son activité industrielle et de son rôle dans le développement des territoires qu’elle traverse.


Séquence 2.

Les boucles de la Seine

Séquence 3. L’entre deux

Séquence 4.

La Seine urbaine

Séquence 4.

La Seine urbaine

La boucle Nord des Hauts-de-Seine

PARIS

50Km

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LE HAVRE NOTRE-DAME-DE-GRAVENCHON Pont de Tancarville

Pont de Normandie HONFLEUR Ech. 1/100.000 5Km

1.3.1. SEQUENCE 1 : L’ESTUAIRE DE LA SEINE Mon itinérance le long de la Seine débute par son embouchure. En remontant la Seine vers la Capitale parisienne, la première séquence que le fleuve traverse est celle de l’estuaire, dans le Département de la Seine Maritime. Dans cette séquence, les étendues de prairies et de marais se dérobent sous nos yeux. Ces zones humides formées de milieux subtidaux, de vasières, de prés salés, de mares, de roselières, ou encore de prairies humides caractérisent l’interface entre terre et mer. Ces habitats possèdent une flore et une faune d’une grande richesse. La Seine, à cet instant précis, rentre en scène pour jouer ses « actes ». Des actes divers et variés selon le public qu’elle va toucher : naturel, urbain, économique social, etc. Le fleuve joue sur tous les tableaux. L’estuaire de la Seine fait partie des trois plus grands estuaires de France avec la Loire et la Gironde. Malgré son caractère naturel, il représente un territoire aménagé et artificialisé depuis très longtemps, en raison de la présence des grands ports maritimes et des zones industrielles et urbaines.

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Ligne de Train

Route de l’Estuaire

A son embouchure les paysages sont fortement marqués par les infrastructures et les activités portuaires de l’agglomération havraise. Le port du Havre est aménagé sur la rive nord de l’estuaire de la Seine, et s’ouvre sur la Manche. Sa situation lui permet d’avoir accès à la mer la plus fréquentée du globe. Le port du Havre est le premier et le dernier port du Range nordeuropéen. Il appartient à la façade la plus importante d’Europe qui concentre un quart de tous les échanges maritimes mondiaux. Jusque dans les années 1970, l’estuaire de la Seine n’avait qu’une vocation portuaire et industrielle. Après le classement en 1985 d’un territoire de près de 3400 hectares en réserve conventionnelle, l’intérêt écologique de l’estuaire a été officiellement reconnu en 1997, avec la création de la réserve naturelle. Aujourd’hui la Réserve Naturelle Nationale de l’Estuaire de la Seine s’étend sur plus de 8000 hectares, dont une moitié aquatique et l’autre terrestre. L’estuaire de la Seine est également intégré au réseau Natura 2000, au titre de la directive «Habitats» en SIC Estuaire de Seine et au titre de la directive «Oiseaux» en ZPS Estuaire et marais de la Basse

Sentier de l’Estuaire

Les prairies humides de ’Estuaire


Le Havre

Le Grand Canal Canal de Tancarville

Le port et ses darses

Honfleur Coupe Estuaire

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Pont de Normandie

Seine. Située dans un secteur très urbanisé, ces classements permettent de préserver ces milieux qui subissent des pressions constantes des activités humaines diverses et variées : l’agriculture, la chasse, et surtout les industries pétrochimiques. Ainsi on note deux rapports au fleuve dans cette séquence : celui de la nature et celui de l’industrie. La ville du Havre située sur les bas coteaux offre à ses habitants un certain rapport avec le port. L’embouchure de la Seine plus délicate à appréhender, offre quant à elle, un rapport plus intime et sauvage. L’estuaire de la Seine est effectivement difficilement appréhendable. Difficile d’accès, c’est sur la rive d’Honfleur que l’on prend conscience de son ampleur. Avec une ouverture de 10 à 12 kilomètres il marque la fin de la longue traversée de la Seine et pour moi le début de ma remontée vers la capitale parisienne. La traversée de cette vaste étendue d’eau se fait par le Pont de Normandie. Ce dernier témoigne de la grandeur de cet espace. Depuis l’estuaire la vallée de la Seine se dessine. Les lignes des coteaux boisés marquent l’horizon de la vallée et le premier méandre de la Seine lors de sa remonté se devine.

LA ROUTE DE LESTUAIRE Le long de la route de l’estuaire, la notion de «Nature» prend son sens. Les étendues de marécages, la confrontation fleuve /océan donne une sensation de non contrôle. Ce cordon marécageux représente près de 1 kilomètre d’épaisseur. L’accès à la Seine semble impossible mais les lignes d’horizon nous laissent la deviner. Dans ce paysage l’industrie semble lointaine seul le pont de Normandie marque ce paysage d’estuaire.

COUPE DE LESTUAIRE

Prés salés

Les vasières

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Quartier Saint Nicolas

Quai de la Saône

Les jardins

Bassin

QARTIER DE SAINT NICOLAS Dans ce quartier, des bureaux et des résidences de standing ont été construit en prolongement des vieux Docks Dombasle. Les docks en brique du XIXème siècle ont été restaurés et requalifiés. On y trouve le siège social de la SOGET, des bureaux, l’école de pilotage du Port Autonome du Havre et des Lofts. Qaunt au bassin il offre aujourd’hui des jardins. Ce chantier s’est terminé en 2008.

AMBIANCE DES QUAIS DU GRAND CANAL Vue sur les infrastructures industrielles des Usines de la rive voisine. Les usines se retrouvent dans chaque vue et semble faire battre la cadance dans chaque espace de la ville.

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AMBIANCE DES QUAIS DE SAÔNE Les jardins du bassin offre des espaces de détentes et de loisirs aux citadins et depuis ces quais les industries imprègnent les paysages des quartiers havrais.

Entrepots des industries

La ville du Havre située sur la rive droite de l’embouchure de la Seine est fortement marquée par les infrastructures des activités portuaires et industrielles. Elle se scinde aujourd’hui en deux : la ville Centre et la ville Port. Le rapport à la Seine est indirect mais le rapport à l’eau au travers de vastes emprises industrielles est fortement présent. Les bassins, les docks et les canaux animent et structurent la ville du Havre. Aujourd’hui certaines de ces installations sont délaissées et font l’objet d’une reconquête urbaine. Depuis ces dernières années la ville du Havre réinvestie ces délaissés pour offrir aux habitants un nouveau rapport avec les zones industrielles et rendre les docks et les bassins aux havrais. Ces aménagements mettent finalement en scène les infrastructures et certains fronts industriels. Les aménagements apportent un contraste intéressant. Le végétal s’oppose aux infrastructures massives de tôle et d’acier. On met en parallèle la dureté de l’activité portuaire aux douceurs de la ville. Ces aménagements permettent d’apprécier l’activité et de l’intégrer entièrement dans les lignes de la ville. Comme une toile de fond ces espaces hier encore dénigrés font l’objet d’une attention nouvelle.

D’autres espaces encore dépourvus de tout aménagement semblent être en cours d’une certaine réappropriation. Certains habitants viennent s’y promener et s’y assoir le temps d’un instant. La contemplation de l’activité industrielle s’observe depuis les quais du canal dans la tranquillité d’un non-dit. Ces associations d’espaces aménagés ou non, se font par ses bassins et ses docks. L’eau est un élément fédérateur. On ne cesse de vouloir aller vers elle. Les ambiances se créent autour d’elle et accentue la mise en scène. Toujours en mouvement elle anime le «tableau» et ne cesse d’en dévoiler ses nuances au travers des reflets qu’elle dégage. En recul de la Seine ces situations sont des exemples de rapport aux sites industriels et portuaires surprenantes. Les résidus de ces espaces sont de véritables opportunités pour des projets de paysages. La mise en scène, la création d’espaces publics et le développement d’un urbanisme contemporain rendent ces lieux créatifs et permettent le maintien et la valorisation de l’activité industrielle et portuaire.

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CAUDEBEC-EN-CAUX

VATTEVILLE -LA-RUE

LE-TRAIT

DUCLAIR

ROUEN

S T- M A R T I N - D E BOSCHERVILLE

LA MAILLERAYE SUR SEINE

JUMIEGES

SAHURS

GRAND -COURONNE

CLEON PONT-DE-L’ARCHE ELBEUF

5 Km

1.3.2. SEQUENCE 2 : LES BOUCLES DE SEINE Cette séquence se caractérise par une succession de boucles fortement resserrées. La présence des forêts sur les plateaux et coteaux de chacune de ces boucles dessine les horizons et donne une unité à la traversée. Dans les vallées, s’étendent hameaux et marais, et sur les plateaux dominent les bourgs. Les installations industrielles et portuaires se retrouvent dans la plupart des villes de ces méandres, la plus marquée étant celle de Rouen. Cette ville marque la deuxième grande polarité de la traversée de la basse Seine. Cette séquence au cœur des méandres de la Seine compte six boucles : la boucle de la Brotonne, la boucle de Jumièges, la boucle d’Anneville, la boucle de Roumare, la boucle de Rouen et la boucle d’Elbeuf. Toujours en remontant la Seine vers Paris, la boucle de la Brotonne forme un large méandre qui se positionne comme un espace de transition entre les paysages très ouverts de la Seine estuarienne et les paysages plus refermés de la Seine fluviale des boucles forestières.

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Passer cette première boucle, les boucles aval de Rouen viennent dessiner les coteaux abrupts et boisés, ainsi que les plaines humides et cultivées des terrasses alluviales. Chacune des boucles de ce méandre est caractéristique d’une activité particulière. La boucle de Jumièges, très étroite prise en étau par le méandre de la Seine, se caractérise par ses cultures de vergers et ses prairies humides. La boucle d’Anneville, quant à elle, révèle un paysage d’une activité humaine. Les prélèvements de sable et de graviers ont engendré des étendues d’eau sur l’ensemble de la rive gauche. Et enfin, la boucle de Roumare, se caractérise par ses cultures agricoles et la forêt de Roumare qui couvre une grande partie du territoire. Cette dernière boucle marque l’entrée dans l’agglomération de Rouen. En aval de Grand-Couronne, la transition vers Rouen se fait progressivement. A ce niveau de la traversée les berges offrent un double faciès. La rive droite donne à voir une campagne pittoresque et jardinée, et en parallèle la rive gauche s’industrialise. Le paysage de la vallée de la Seine achève sa transformation pour devenir complètement urbanisée et


La ville historique concentrique en rive droite

Les coteaux habités

Les extenssions de la ville et l’essentiel du tissu industriel en rive gauche

La boucle de la Brotonne La boucle d’Anneville

La boucle de Rouen La boucle de Jumièges La boucle de Roumare La boucle d’Elbeuf

industrialisée au niveau de la pointe de la boucle de Rouen. Avec l’industrialisation et le renforcement de la zone portuaire, quartiers urbains, faubourgs et zones industrielles ont progressé et tous se concentrent dans la plaine, donnant un paysage miurbain, mi- industriel, sans qu’il soit possible de les dissocier. La séquence des boucles forestières se termine par la boucle d’Elbeuf. Cette dernière boucle forme une boucle allongée en limite du département de l’Eure et de la SeineMaritime. L’activité industrielle y est très présente. Ce méandre est marqué par les villes de Pont de l’Arche, Elbeuf et Cléon qui sont surplombées par les coteaux boisés. Cette boucle se termine et s’ouvre sur les paysages des bords de Seine se transforment alors progressivement pour devenir agricole. Dans cette séquence la boucle qui a retenu mon attention pour l’aménagement est celle de Rouen. Cette dernière offre des rapports au fleuve industriel, urbain et social. Le double faciès des berges à l’aval de la ville est particulièrement intéressant. Il illustre bien la diversité d’usages et de paysages

LES COTEAUX DE ROUEN Les coteaux enserrent un immense secteur urbain qui vient butter sur la forêt de la Londe Rouvray au sud. C’est au creux de la vallée, dans une large boucle de Seine que Rouen s’est bâtie. Profitant d’un élargissement de la plaine au pied des coteaux, la ville s’est implantée en rive droite puis elle s’est développée, gagnant la rive gauche jusqu’à occuper tout l’espace disponible de la boucle de Seine.

qu’offrent les rives du fleuve et les complémentarités qu’il existe entre les rives. A contre-courant, en remontant le fleuve vers Rouen, les zones industrielles façonnent les paysages fluviaux, pourtant le fleuve se longe sur plusieurs kilomètres par endroit, et donne à voir ce double faciès des rives. Ce sont comme des micros séquences que l’on parcourt. La ville de Rouen s’inscrit profondément sur son territoire. Le fleuve semble être au cœur de la ville. Depuis les berges on contemple le trafic fluvial, mais aussi la vieille ville et ses monuments d’art. Le coteau boisé de la rive droite marque l’arc du fleuve. La ville de Rouen au cœur des derniers siècles s’est étirée sur ce coteau, s’éloignant petit à petit du fleuve. Aujourd’hui l’attrait pour le fleuve s’observe au travers des nombreux projets qui réinvestissent la proximité du fleuve. La traversée de la ville de Rouen m’a permis de recenser trois typologies de réappropriation de berges. Ces trois typologies se retrouvent dans trois secteurs distincts, le centre-ville et les deux extrémités de la ville.

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Le centre-ville affiche une réappropriation complète des bords de Seine par la réhabilitation de ses anciens docks industriels. Cet aménagement certes très minéral a conservé tout son caractère industriel mais offre désormais une promenade sur quai et de nouveaux locaux pour les entreprises de la ville. La périphérie Ouest de la ville abrite un linéaire de jardins familiaux qui s’ouvrent sur le fleuve. La traversée de cette espace met en scène l’activité industrielle de la rive qui se contemple depuis les jardins. Un contraste surprenant qui fonctionne parfaitement et met en relation deux pratiques du quotidien aux abords du fleuve. Le fleuve permet cette association. L’aménagement simple et sommaire de ces jardins s’inscrit dans une temporalité. Ces espaces proposent une appropriation en attente d’un probable aménagement.

LES DELAISSES D’UNE ACTIVITE PASSEE A la sortie de la ville, les quais ont conservé leur ambiance industrielle. Pourtant ce linéaire de quai composé d’une route et d’un cordon d’herbe, donne un accès au fleuve et est imprégné d’une histoire passée. Les bâtiments qui longent cet axe semblent pour certains abandonnés. Ces espaces représentent un véritable potentiel, au porte de la capitale rouennaise et dans la continuité de la traversée du fleuve les quais et leur passé industriel doivent être reconnus et les projets qui peuvent en naitre doivent s’intégrer à l’espace fluvial que la Seine représente.

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Quant à la périphérie Est de la ville, ce sont des quais délaissés de toutes activités qui laissent entrevoir le potentiel du site. Ce site en déshérence offre des emprises dégagées en bord de fleuve et semble être potentiellement aménageable. Ces espaces propices pour le développement de la ville posent la question de leur requalification ? Quels besoins à la ville ? Quelles attentes ont les citadins ? Et surtout quelles appropriations existent-ils sur ces lieux aujourd’hui ? La dynamique d’évolution de ces espaces fluviaux est un processus long. Chacune de ces typologies de berges s’inscrit dans une temporalité d’aménagement.


Aménagement d’un écoquartier en rive droite

Boulevard Ferdinand de Lesseps

Hangar 10 - centre de commerces

Quai Ferdinand de Lesseps

Promenade Normandie-Niemen

La voie D51 Quai Gustave Flaubert Magasin de L’ancienne Matériaux voie ferrée

Les jardins des berges

Coteau boisé de la Côte Sainte-Catherine D.6015 Rue de la République

La promenade sur berge en herbe

LES NOUVEAUX DOCKS Sur la rive droite de l’agglomération, 5 km de quais ont été aménagés. Les quais ont conservé les ambiances des docks en préservant les hangars de briques rouges. Ces structures proposent aujourd’hui de nouvelles activités de loisirs et de détentes aux habitants. Ces aménagements créent une nouvelle attractivité autour du fleuve. Ils restent cependant très minéraux.

LES JARDINS FAMILIAUX Aux portes de l’agglomération rouennaise, ce sont des jardins familiaux qui marquent le linéaire de berges. Cette micro séquence m’a particulièrement interpellée. Cette appropriation de la rive par «le jardin» en plein tissu industriel semble peu probable et pourtant elle existe et fonctionne pour les usagers des berges et les propriétaires de ces petits jardins improbables. La rive voisine aux usines fumeuses témoigne de l’activité industrielle du site et semble appartenir à un quotidien et pour certain sont de véritable tableaux qui se contemplent.

Société LOUTZ BTP de Bonsecours Quai du Pré aux loups

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POSES

La boucle de Poses

LES ANDELYS

La boucle des Andelys

HERQUEVILLE BERNIERES-SUR-SEINE

La boucle d’Andé

La boucle de Courcelles-sur-Seine

La boucle de Moisson

La boucle de Bennecourt La boucle de Guernes

GAILLON

La boucle de Verneuil La boucle Saint-Germain-en-Laye

La boucle de Mantes-la-Jolie La boucle de Limay La boucle de Chanteloup-les-vignes

VERNON GIVERNY

1.3.3. SEQUENCE 3 : L’ENTRE DEUX Cette séquence est marquée par des méandres beaucoup plus distendus. Ces derniers regroupent plusieurs boucles qui marquent une certaine attraction lors de la traversée de cette séquence. Le premier méandre se compose de la boucle de Pose, la boucle d’Andé, la boucle des Andelys et la boucle de Courcelle-sur-Seine. La boucle de Poses se caractérise par les vastes étangs des Deux Amants et les nombreuses îles qui ponctuent la Seine. La boucle d’Andé est quant à elle marquée par les grandes cultures qui bordent le fleuve. Au niveau de la boucle des Andelys, les coteaux de la rive droite viennent renforcer la vallée de la Seine. Dans cette boucle les gravières ont formé des étangs qui se confondent avec les marais et les zones humides de la plaine. Ce méandre se termine avec la boucle de Courcelles. Cette dernière a préservé ces terres agricoles et conserve des ambiances rurales sur les bords du fleuve.

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Le second méandre se compose des boucles de Bennecourt, de Moisson, de Guernes, de Mantes-la-Jolie et de Limay. Il marque le début dans le département des Yvelines. La boucle de Bennecourt, se caractérise par ses activités agricoles. Dans la plaine alluviale là où se sont implantés les villages, les grandes cultures côtoient les terres d’élevage. Les boucles de Moissons et de Guernes sont-elles, marquées par les anciennes gravières aujourd’hui en eau. La traversée de ces boucles donne à voir des paysages ruraux aux reliefs doux, marqués par les

grandes cultures. Dans ce méandre, la boucle de Mantes-laJolie se remarque particulièrement. Elle marque le début de la métropole parisienne. La ville côtoie la campagne de la basse Seine. Les zones d’activités s’étendent à l’ouest de la ville et témoigne de son dynamisme économique. Le méandre se termine par la boucle de Limay. L’habitat s’est développé en pied et en haut de coteaux, dédiant les flancs et le plateau du Vexin à l’agriculture. Les grandes industries de la vallée telle que la centrale de Porcheville, la raffinerie ou encore le port se sont implantés sur le replat du méandre. Passé ce méandre, toujours en poursuivant vers l’Est, le cours sinueux de la Seine se relâche, et l’espace de fond de vallée s’agrandit. Le dernier méandre se compose de la boucle de Verneuil, la boucle de Chanteloup-les-Vignes et celle de SaintGermain-en-Laye. Dans ce méandre on ressent particulièrement la dynamique urbaine du bassin parisien. L’arrivée sur la boucle de Verneuil est marquée par un léger virage. Elle est marquée par les nombreuses gravières en eau aujourd’hui utilisée comme étang de loisirs. Le fleuve change son cours, révélant ainsi la boucle de Chanteloup-les-Vignes. La ville aménagée en premier lieu sur le coteau s’étale aujourd’hui sur la plaine, repoussant petit à petit ses zones d’activités. Au cœur de la boucle les espaces ouverts reculent au fur et à mesure qu’augmente la pression foncière du bassin parisien. La Seine fait ensuite un détour et crée ainsi la boucle de Saint-Germain-en-Laye. La particularité de cette boucle est sa forêt. Cette dernière occupe le centre de la boucle. Depuis le flanc Est du méandre on peut observer la capitale parisienne. Nous sommes arrivées aux portes de la Capitale.


MOISSON

BONNIERE-SUR-SEINE

LIMAY TRIEL-SUR-SEINE

CONFLANS-STE-HONORINE

MANTES-LA-JOLIE VERNEUIL-SUR-SEINE ACHERE

MONTESSON 5 Km

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Quai Auguste Reuil

Habitat pavillonaire

LE PAYSAGE DU BANAL Sur cet arrêt la Seine est certes très accessible. Le traitement de la berge reste léger avec un enrochement et un talus en herbe entretenu, où par endroit buissons et arbustes se développent. La route du Quai Auguste Roy permet de longer la berge. Point négatif le stationnement le long du quai.

Chemin de hallage

Jardin du pavillon orienté vers la Seine

Rue du Port Maron

LES ECHAPPES DU JARDIN Dans cette séquence les jardins semblent avoir traversés les clôtures. Sur ce chemin de berges, le temps s’arrête, la Seine offre une certaine tranquillité, une poésie au lieu. La berge conserve un enrochement et un talus en herbe.

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Zone d’activité de la Grosse Pierre de Vernouillet Etang du Gallardant

Train Ligne J Triel-sur-Seine Bois de l’Hautil

Ligne train J

Cette séquence de l’entre-deux, offre une certaine «Nature» au fleuve. Les nombreuses îles verdoyantes et encore sauvages animent la traversée. Ces dernières ainsi que les berges très végétales offrent un nouveau rapport au fleuve pour les villes qu’il traverse dans des ambiances de « campagne urbaine». Pour vous illustrer cette traversée, j’ai choisi de vous retranscrire deux typologie de berges, à travers la ville de Trielsur-Seine. Ces denières montrent deux manières d’habiter la berge. Située dans la boucle de Vernouillet, la ville de Trielsur-Seine s’est développée sur la rive droite. Elle s’étire sur les coteaux et se heurte aux bois de l’Hautil. La zone d’activités de Vernouillet implantée sur la rive gauche vient marquer le paysage de la Seine. On a une certaine dichotomie de la berge. Et cette fois ci j’ai choisi de voir la facette de la berge habitée, à l’opposition des secteurs d’activités. Ici la traversée prend une allure de jardin. Le chemin qui borde la Seine se trouve en arrière des jardins pavillonnaires. Le jardin semble être projeté sur la berge. Visuellement la promenade évoque le jardin et semble s’ouvrir vers le fleuve. Seulement l’absence de portillons montre que l’usage ne va pas vers le fleuve. La Seine reste un fond, un arrière de jardin. Par endroit les aménagements en berge montrent un usage fonctionnel comme ci-contre ces stationnements. Ce dernier montre que le fleuve peut être vu comme un espace en marge qui peut servir pour des usages fonctionnels pas toujours agréables à la vue. Cette situation met également une certaine vision du quotidien de vivre en face de la Seine. Ça devient de l’ordre du banal. Aucune attention n’y est finalement donnée, un cheminement sur sa longueur nous permet de la longer sans réel intérêt.

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La boucle de Genenvilliers

La boucle de Montesson

La traversée de Paris

La boucle de Boulogne-Billancourt 5 Km

1.3.4. SEQUENCE 4. LA SEINE URBAINE Dans cette séquence on compte quatre boucles de la Seine, la Boucle de Montesson, la boucle de Gennevilliers, celle de Boulogne Billancourt et enfin celle de Paris. Aux portes de l’agglomération parisienne, la densité urbaine se fait fortement sentir, elle marque l’unité de cette traversée. Ce dernier méandre se localise dans l’ouest de la région Ile de France et appartient aux départements des Yvelines, des Hauts de Seine, du Val d’Oise, de la Seine-Saint-Denis et enfin de Paris. L’espace de la Seine dans cet environnement urbain se distingue par ses berges consolidées, son flux canalisé et ses ouvrages d’art en très grand nombre. Dans ces départements le tissu industriel compte encore des secteurs de pointe : l’automobile, l’aéronautique, l’imprimerie, l’électronique, ou encore l’agro-alimentaire. Seulement au cours de ces derniers siècles certains sont confrontés à une crise profonde et donnent des terres à reconquérir. Ces activités économiques façonnent les paysages franciliens, de la vallée de la Seine. La Seine et ses berges représentent dans ces secteurs denses une véritable 38 «ouverture».

Aujourd’hui la volonté des Départements est de rendre la Seine accessible et d’apporter à travers des différents aménagements réalisés un certain cadre de vie pour les riverains et les usagers du fleuve. De nombreux projets sont en réflexion sur ces territoires. Dans la séquence urbaine de multiples aménagements ont été réalisé sur les berges de Seine : réhabilitation du chemin de halage, promenade bleu, éco-quartier fluvial, réappropriation des quais de Paris, végétalisation des berges, etc. Pour illustrer cette séquence j’ai choisi de vous retranscrire différentes situations de berges urbaines : la Seine industrielle de Gennevilliers, ainsi que la Seine et ses promenades en berges de la Boucle Nord, la Seine habitée d’Issy les Moulineaux, et la Seine animée des quais de Paris. Dans chacune de ces situations la Seine est devenue à la fois lieu d’animation, lieu de vie, lieu d’activités ou encore lieu de détente. Mon intérêt particulier pour cette séquence urbaine est du à cette capacité de pouvoir longer la Seine, peu importe les secteurs traversés. Une véritable prise de conscience a eu lieu pour la Seine urbaine. Les sites qui bordent la Seine ne sont pas toujours définis et portent pourtant un véritable potentiel pour le devenir des paysages fluviaux.


LA BOUCLE DE MONTESSON Elle se compose de la zone ouverte de la plaine de Montesson et la vallée de la Seine. Dans un contexte résolument urbain, ce territoire se défini par le fleuve et ses abords qui sont marqués par des boisements denses, ainsi que par les vastes espaces de maraîchage qui s’étirent d’Est en Ouest.

LA BOUCLE NORD DES HAUTS-DE-SEINE Cette boucle est marquée par un important tissu industriel. De nombreuses activités liées au fleuve, dont deux chantiers navals à Villeneuve-la-Garenne et Gennevilliers. Dans ces secteurs portuaires et industriels, les berges de Seine sont fortement minérales, mais elles restent accessibles. La présence d’un réseau de parcs s’insérant dans ces tissus constitue un élément très marquant. Le parc des Chanteraines, le parc de l’île Saint-Denis ou encore les promenades en berges forment de véritables interfaces entre la ville et son fleuve. Leurs aménagements valorisent considérablement l’image des entreprises et permet de mieux intégrer ces lieux de travail à la vie urbaine.

LA BOUCLE DE BOULOGNE-BILLANCOURT Les pentes des coteaux de la rive gauche sont en partie boisées avec de nombreux parcs et en partie habitées, tandis que la plaine alluviale est très urbaine et dense. Les berges du fleuve renforcent se caractère asymétrique de la vallée. Elles sont végétales et spontanées sur la rive gauche, contrairement à la rive droite qui offre des berges minérales et urbaines. Le paysage est en pleine mutation avec des quartiers industriels qui se transformeront en quartiers urbains d’habitations. Le principal enjeu de reconquête porte sur l’amélioration de l’image actuellement très routière des quais de la rive gauche. La réorganisation des bords de Seine doit être l’occasion de retrouver le contact avec le fleuve. LA TRAVERSEE DE PARIS Au cœur du milieu urbain dense de la capitale, la Seine s’inscrit dans les diverses valeurs urbaines : historique, économique, politique, patrimoniale, environnementale et sociale. Aujourd’hui le fleuve se navigue, se longe et se traverse. À Paris, la Seine est traversée par 37 ponts dont 4 passerelles qui représentent des repères et des ouvrages d’art et de patrimoine. Elle traverse Paris en son milieu et les quais permettent promenades pietonnes et circulation routière. Depuis l’été 2002, pendant un peu plus d’un mois chaque année, l’opération Paris Plages accueille diverses animations en bord de Seine. Ces usages cohabitent le temps d’un été avec l’ensemble des activités du fleuve. Et ces dernières années, la réappropriation des berges se poursuit dans la capitale. Certaine voie basse sont désormais fermées à la circulation. Le fleuve est ainsi considéré comme un véritable espace public et accueille de nombreuses activités pour les riverains de la capitale et les nombreux touristes qui la visitent.

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QUAI INDUSTRIEL ET PORTUAIRE DU PORT DE GENNEVILLIERS

LA SEINE INDUSTRIELLE Les berges de Seine sont dans ces secteurs très marquées par les infrastructures minérales. Aujourd’hui le secteur industriel le plus conséquent se trouve aux portes de Paris dans la Boucle Nord des Hauts-de-Seine. Le port de Gennevilliers, ainsi que le chantier Naval mais aussi les activités implantées le long du fleuve séquencent la traversée. Dans cette situation, l’itinérance reste possible en bord de Seine et dévoile par endroit des lieux insoupçonnés. La Seine, rappelons-le, est le réseau fluvial le plus important de France. En Ile-de-France, elle compte près de 70 ports qui se répartissent sur près de 500 kilomètres de voies navigables. Ces derniers sont gérés par « Ports de Paris ». Le port de Gennevilliers situé à 12 kilomètres en aval de Paris, est le deuxième port fluvial d’Europe. A lui seul, il assure plus de la moitié de l’activité fluviale de la Seine, notamment dans la prise en charge de conteneurs venant du Havre. Ces conteneurs sont ensuite repartis sur des embarcations plus réduites : les fameuses péniches Freycinets, qui traversent et alimentent la Capitale. Le port de Gennevilliers représente un pôle économique incontestable. La création de Port 2000 au Havre, l’agrandissement de Gennevilliers en 2011, ainsi que de

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nombreux aménagements de modernisation sur l’ensemble des plateformes portuaires fluviales ont permis de traiter la hausse du trafic et de perfectionner la logistique multimodale. Le transport fluvial est en train de prendre son essor face au trafic ferroviaire et routier. D’un point de vue économique mais aussi écologique, le transport de marchandises par voie fluviale à de l’avenir devant lui. Ainsi la Seine et ses abords vont évoluer avec cette dynamique fluviale industrielle. Dans le cœur du port de Gennevilliers, les darses possèdent de nombreux quais. Conteneurs, portiques, grues et engins divers s’affairent sur ces quais et animent la traversée depuis les berges de la rive voisine. En contre bas des quais, des risbermes ont été aménagés. Ces chemins aux niveaux de l’eau permettent en cas d’accident une remontée facile sur le quai, et permet de protéger les murs des quais des affouillements par l’eau. Le port reste une entité à part entière qui fonctionne indépendamment avec le fleuve comme outil de travail


CHEMIN DE HALAGE Le chemin de halage qui borde le parc des Chanteraines au Nord de la Boucle. Cette promenade haute permet de longer le fleuve et d’accéder au parc par les berges de Seine et inversement. Les ouvertures sur le fleuve sont ponctuelles. Une végétation de ripisylve s’est implantée et obstrue les vues vers la Seine. De rares embarcations sont amarrées le long de ce chemin. LA ZAC VILLERENNE Au Nord de Villeneuve-la-Garennes. Dans ce quartier, les friches industrielles ont laissé la place à une opération de construction de logements et de commerces. Dans cet espace, aux pieds des immeubles, dissimulée derrières des buissons, on retrouve la promenade haute. Et en contre bas, le long d’une lignée de jeunes arbres, on a la promenade basse, qui offre par endroit des ouvertures sur le fleuve. LE PARC DU CHEMIN DE L’ILE Le Parc du Chemin de l’Ile s’est approprié les berges. Une promenade basse en bois longe le fleuve et d’anciens piliers d’amarrages ont été conservés. Ces derniers animent la traversée et parlent d’une activité passée.

LA SEINE EN PROMENADES

Dans cette séquence mon itinérance le long de la Seine m’a permis de me rendre compte de cette capacité de pouvoir longer le fleuve dans chacun des secteurs qu’il traverse. Toujours dans ce contexte urbain et industriel dense, le fleuve et ses berges abritent industries, habitations, parcs, voies de circulations, ouvrages civils… etc. Tout autant d’éléments qui séquencent et animent la traversée. La particularité de ces promenades, c’est qu’elles possèdent une promenade basse et une promenade haute. Ce rapport au fleuve donne des approches et des ambiances variées. Le jeu des hauteurs et des ouvertures sur le fleuve est intéressant. Et dans cette itinérance il y a des lieux surprenant, que l’on découvre avec curiosité en s’aventurant hors des sentiers. Ce sont des petites plages à l’abri des regards, des espaces verdoyants en contrebas d’une route ou encore des cheminements sauvages que l’on pensait impossible. C’est ces particularités qui font la richesse de ces traversées en bordure de Seine. Plus qu’une traversée, les paysages que je découvre, ces situations et ces ambiances me permettent de prendre connaissance et de me forger une certaine conscience des lieux et des paysages fluviaux. Les typologies de berges de cette continuité en berges sont nombreuses, chacune ayant des points forts et des points faibles.

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LA SEINE HABITEE

PROFIL PASSAGE EN SEINE Ici les berges de Seine accueillent de nombreux bateaux logements. Cette promenade basse se trouve sur la rive gauche du petit bras de la Seine, à Issy-les-Moulineaux. La rive voisine accueille la végétation abondante de l’Ile Saint Germain. Le charme de cette promenade basse est incontestable. Chacun des bateliers semble s’être approprié son entrée depuis la berge. La végétation tout en fouillis apporte une certaine intimité. La richesse de ces espaces se trouve dans la diversité des appropriations par les usagers et des ambiances qui en ressortent.

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Dans cette traversée, les berges de Seine deviennent par endroit des lieux de vie, sur l’eau comme sur terre. Les bateaux logements s’implantent le long des berges et apportent des ambiances plus intimes. Les chemins qui longent le fleuve deviennent ainsi des dessertes pour les habitants. Ces aménagements parfois de fortunes sont aujourd’hui de plus en plus règlementés et les aménagements qui en découlent semblent lisser et homogénéiser les berges alors quelles peuvent offrir de véritables ambiances variées. Dans cette situation on a une évocation indirecte du fleuve. On vie le fleuve à travers ses habitants. Cette séquence traduit une organisation vers la ville et non vers le fleuve. Le fleuve se retrouve finalement sur un arrière de rue. Cette accès au fleuve est un passage, un sentier et parfois même il pourrait se qualifier de venelle. Seulement ces traversées sont riches d’ambiances. A force de vouloir maitriser ces espaces les villes se réapproprient les berges avec des aménagements standardisée qui leur permettent un contrôle de ces lieux, une mise aux normes qui dans de nombreux cas détruisent la richesse des ambiances.

Quai de Stalingrad

Promenade basse


PROFIL JARDIN FLOTTANTS Imaginé par Jean-Christophe Choblet, les jardins flottants se composent de cinq îles (1800 m2 au total) reliées entre elles par des passerelles, reposant sur des flotteurs en acier. L’ensemble est dimensionné pour résister à une crue supérieure au niveau de référence de 1910. Ces jardins s’apparentent à des bateaux verdoyants qui font le bonheur des promeneurs des quais à la recherche de verdure et de lieux intimes. Ancienne voie express rive gauche Promenade des Quais rive gauche Quai de Stalingrad

Les Jardins flottants

Jardin des quais hauts

LA SEINE ANIMEE

Dans la Capitale les berges de Seine ont été rendues aux Parisiens. Sur 2,3 km, entre le musée d’Orsay et le pont de l’Alma, les berges de Seine ont été fermées à la circulation et transformées en promenade. Les quais ont été inaugurés, le 19 juin 2013. Cette nouvelle promenade aménagée en rive gauche, sur les anciennes routes urbaines des quais bas, accueille désormais des installations sportives et culturelles, des bateaux et des jardins. Les aménagements réalisés se caractérisent par leur réversibilité notamment en raison de l’inscription du site en zone inondable. De grandes pièces de bois offrent un mobilier ludique sur les berges, se déclinant en multiples configurations : bancs, agrès sportifs, et gradins. C’est une véritable approche par les usages qui a été privilégiée pour ces aménagements. La promenade est marquée par deux équipements majeurs dans ses extrémités : l’emmarchement du quai d’Orsay et les jardins flottants.

Les jardins flottants sont comme une prolongation du quai. Dans cette situation on ne va plus vers le fleuve mais sur le fleuve. L’aménagement permet d’avoir un rapport sensoriel au fleuve. De plus cette péniche végétale apporte un contraste intéressant face au quai minéral. Elle évoque également le bateau logement. Ces bateaux privatisent souvent les vues et les accès au fleuve. Ici le bateau végétalisé se joue de cette situation, et il devient un bateau ouvert à tous qui donne cet accès au fleuve si souvent privatisé tout en créant depuis le quai une fenêtre sur la Seine. L’emmarchement est un exemple d’accès à la Seine. L’arrivée vers le fleuve depuis la ville est entièrement mise en scène. Il existe d’autres exemples de cette mise en scène vers le fleuve dont la fameuse passerelle de Kawamata au-dessus de la Garonne. Ces ouvrages deviennent de véritables points d’appel, ils réorientent le regard et permettent de mettre en avant des artistes. Ils peuvent même devenir des lieux culturels.

PROFIL EMMARCHEMENT Réalisé entre les quais hauts et les quais bas, l’emmarchement offre un point de vue unique sur la Seine. Il semble se jeter dans l’eau. La promenade de part et d’autre de cet emmarchement est agrémentée de mobiliers et de jeux. Des conteneurs ont été disséminés et abritent restauration et/ou équipements divers pour agrémenter la promenade. Les conteneurs rappellent le trafic fluvial et maritime qui existe entre Paris, Rouen et le Havre. Depuis ce quai des navettes fluviale de voyageurs ont également été mise en place.

Quai Anatole France Place Henry de Montherlant devant le Musée d’Orsay

Quai bas aménagés

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SYNTHESE DE LA GRANDE ECHELLE 1.4. LA RICHESSE DES SITUATIONS Ce voyage en Seine m’a permis d’aborder mon sujet de la reconquête des berges en milieu urbain au travers de la grande échelle. Ce recul m’a permis de retrouver cette dynamique de retour au fleuve dans d’autres villes industrielles mais aussi de prendre de la hauteur sur mon sujet et d’observer le rapport que l’on peut avoir au fleuve au travers les quatre séquences que j’ai identifiées. Cette étape de travail m’a également permis de recentrer mon sujet et de m’attacher particulièrement aux secteurs marqués par l’industrialisation et d’observer les typologies de berges et d’appropriation que l’on retrouve dans ces secteurs aménagés, ou en attente d’aménagements. Ce recensement représente un outil de travail pour la suite de mon étude. Il porte des éléments de réponse et des questionnements similaires à mon site d’étude. La séquence de l’estuaire permet au travers des aménagements de la ville du Havre de montrer la qualité des paysages industriels et comment l’imbrication d’un urbanisme contemporain à l’activité industrielle et portuaire est complémentaire. Cette activité fait l’identité de la ville du Havre. Les projets la mettent en avant, l’utilisent que ce soit dans la typologie urbaine ou dans les aménagements des espaces publics sur les anciens délaissés industriels comme les anciens bassins. Ici les quais de Seine sont indirectement évoqués mais la réappropriation des quais des bassins porte la même ambition de redonner aux habitants des villes des espaces de vie de qualité en se réappropriant d’anciens secteurs industriels. La composante de l’eau dans ces secteurs est un élément fédérateur. Elle est à elle seule une composante du paysage, on ne cesse d’être attiré par les espaces en eau. Dans ces aménagements elle permet de renvoyer une tout autre image des infrastructures industrielles et des activités qu’elles produisent.

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La ville de Rouen, dans la séquence des boucles, révèle la temporalité des sites en bordure du fleuve. En pleine mutation cette ville marquée par son patrimoine industriel et urbain à mis en place une dynamique de reconquête de ses quais. Ce retour au fleuve s’amorce et s’évoque au travers des situations diverses à des temps donnés. Les docks de la promenade de Normandie Niemen, aux portes du centre-ville, ont été rendus aux habitant de la ville et ont gardé leur allures industrielles, seule les usages diffèrent. Les quais sont devenus une promenade piétonne et cycliste, tandis que les docks abritent des entreprises et des commerces. En arrière des quais ce sont des éco quartiers qui se construisent. Le centre de Rouen semble s’étirer vers son fleuve et ses zones portuaires en conservant la mémoire de certains de ses paysages industriels et portuaires. Dans sa périphérie Ouest, sur les berges de la ville de Canteleu, en plein cœur de la zone portuaire, des jardins familiaux offrent un rapport au fleuve inattendu. C’est dans un linéaire de berges très contraint, en arrière de la route du quai de Gustave Flaubert et d’une voie ferrée, que ces jardins ont pris place. En face de ces terres jardinées, les usines très fumeuses du port de Rouen et du Petit Quevilly s’affairent. Le paysage fluvial de cette séquence, juxtapose deux typologies de berges et d’appropriation. La force de ce contraste donne une richesse au paysage fluvial de la Seine. Ici ce sont deux activités d’un quotidien qui se côtoient. La Seine ici se partage, l’industrie n’est plus un obstacle pour l’accès au fleuve mais appartient à un paysage du quotidien que l’on peut observer de la rive voisine. Une fois encore l’activité industrielle est mise en scène depuis ces rives jardinées. Dans sa périphérie Est, sur les Berges de Bonsecours, aux portes de la ville de Rouen, les quais s’assimilent à des délaissés. L’activité semble avoir cessé. Les quais de ces entrepôts s’absorbent comme un arrière de rue. Certains usages s’approprient ces lieux en marge. Ce lieu se trouve


finalement dans un tournant, il est voué à muter. Les activités ont cessé laissant derrières elles des structures spécifiques. Le végétal commence à reprendre vie sur ces surfaces de bitume et derrière les murs des bâtiments. De nouveaux usages apparaissent. Cette séquence illustre le temps de l’attente et de la première mutation. Cette temporalité est particulièrement intéressante et nous laisse entrevoir les potentiels du lieu, au travers des formes qu’il évoque, des traces qu’il efface, des curiosités qu’il suscite, du végétal qui en résulte et des appropriations qu’il peut proposer. Ces emprises laissent à la ville des marges de manœuvre diverses pour se réapproprier ces lieux. Ce temps d’attente est un moyen de voir ce que ces lieux peuvent devenir. La séquence de l’entre deux a été pour moi l’occasion d’aborder le fleuve au travers une identité de rive différente. Les grands paysages de cette séquence sont de l’ordre du rural. L’agriculture est fortement présente et se retrouve sur les abords du fleuve sur des linéaires très importants. Dans cette campagne, les bourgs et villages ponctuent les plaines. Je me suis intéressée au rapport que l’on pouvait trouver entre ces villes et la Seine. Ici ce n’est pas une réappropriation des berges de Seine mais une façon de le vivre. Dans ces villages le fleuve est un arrière. Les aménagements que l’on peut trouver par endroits, me permettent de dire que la Seine est devenue un paysage du quotidien et même de l’ordre du banal, notamment avec l’exemple des parkings qui s’aménagent face au fleuve. La situation des fonds de jardins m’a particulièrement intéressé. La traversée de ces chemins montre une échappée du jardin vers la Seine. Les ambiances sont intimes on rentre dans le jardin des habitants du fleuve, presque au travers de cet aménagement. Seulement aujourd’hui aucun portillon ne s’ouvre sur la Seine. Les haies ont tendance à s’élever et à obstruer les vues vers la Seine. Ici encore la Seine est un fond. Ces situations me donnent un autre rapport au fleuve et des ambiances qu’il peut renfermer. La séquence urbaine marque la fin de mon voyage. Elle m’a permis de voir les rapports qui se sont engagés entre les villes et le fleuve depuis ces dernières années. Au cœur de la Capitale parisienne, les quais de Seine offrent désormais des lieux de vie, de loisirs, de détentes et même de cultures. Les quais sont devenus attractifs et accueillent de nombreuses activités pour le bonheur des parisiens et des touristes. Les industries de la capitale ont laissé place à des quartiers d’affaires et des zones d’habitations. Aujourd’hui ce sont les axes de communication qui sont simplement fermés à la circulation. Le fait de rendre les quais aux citadins est une opportunité exceptionnelle pour la ville de Paris. Pour mon étude c’est la manière dont la ville propose d’investir ces espaces très minéraux et hostiles qui m’a intéressé. La mobilité des structures, la création d’ouvrage d’art,

la proposition des usages, la création d’espaces… Investir les quais est une manière de se les réapproprier. L’aménagement des péniches végétales m’a particulièrement plus. C’est un aménagement créatif, en contraste avec le quai, et chargé de significations. C’est un aménagement pertinent qui offre aux usagers des quais une évasion vers l’eau et sur l’eau. Ces péniches sont un exemple parmi d’autres qui sont pour moi de véritables exemples pour la réappropriation des quais de Seine. Dans la périphérie Ouest de la Capitale, dans les zones périurbaines encore marquées par l’industrialisation et l’activité portuaire du port de Gennevilliers, de nombreux quartiers sont en mutation et posent la question du retour au fleuve. Cette dernière situation amorce ma zone d’étude située au dans le Département des Hauts de Seine au niveau de la Boucle Nord de la Seine. Dans ces secteurs très contraints le rapport au fleuve est très contrasté et offre une diversité d’ambiance surprenante. Dans ces dernières boucles, la Seine peut se longer sur plusieurs kilomètres. Des promenades bleues permettent cette traversée plus ou moins appropriée. Ces dernières s’enserrent entre le fleuve et les secteurs tantôt habités tantôt industrialisés. Chaque identité de rives se ressent depuis la berge. Parfois ce constat s’inverse, l’ambiance de la berge provient du fleuve. Dans cette séquence urbaine les bateaux logements sont nombreux et investissent les berges. Pour eux le fleuve devient un lieu de vie et ses abords deviennent pour certains leur jardin. Ces appropriations de berges sont ambiguës. Malgré leur caractère public, la berge semble être privatisée. Cette ambiguïté à deux facettes. Elle offre des ambiances très intimes et très variées. On parcourt le fleuve au travers de ces habitations, seulement par endroit plus une seule vue ni accès à l’eau n’est possible. Autre composante fort de cette traversée, le port de Gennevilliers. Aux portes de la Capitale, c’est une entité à lui seul. Il est essentiel pour le développement de la Capitale. Il évoque mon voyage et les liens avec les autres villes fluviales de la Seine. C’est une activité du fleuve, un usage du quotidien qui anime la Seine et façonne des paysages industriels dus à l’activité fluviale. Cette dernière séquence comprend ma zone d’étude. Située dans le Département des Hauts-de-Seine au niveau de la boucle Nord de la Seine, celle-ci regroupe des situations d’appropriations de berges représentatives de mon voyage. C’est donc au travers de secteurs périurbains denses encore marqués par des secteurs industriels et portuaires que je porte mon attention. Comment revenir au fleuve dans de tels secteurs ? Quels lieux renferment-ils ? Quelles potentialités existe-il ? Quels projets sont en cours ? Chacune des situations rencontrées au cours de mon voyage est une connaissance qui me permet d’aborder mon terrain d’étude avec un certain vécu.

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LE TERRITOIRE FLUVIAL DE LA BOUCLE NORD

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2. LE TERRITOIRE FLUVIAL DE LA BOUCLE NORD 2.1. UN TERRITOIRE CONTRAINT

Les valeurs de la Seine de la grande échelle, précédemment évoquées, se retrouvent dans la boucle nord des Hauts-de-Seine et des départements riverains de la rive voisine. Aujourd’hui, ces territoires sont révélateurs de cette reconquête de berges et ils soulèvent la problématique du retour au fleuve et des aménagements qui l’amorcent. Située aux portes de la Capitale, la boucle Nord des Hauts-de-Seine se caractérise par son tissu péri-urbain dense et ses emprises industrielles et portuaires de grandes envergures. Ces dernières ont profondément marqué ce territoire. Elles se sont accaparées les bords du fleuve et ont influencé le développement des villes fluviales de la boucle Nord. Le développement des villes a finalement engendré de nombreux obstacles entre les riverains et leur fleuve. Les axes de communication, les voies ferrées, ou encore les grands ensembles, se retrouvent sur les périphéries des villes et sur les bords du fleuve. Aujourd’hui avec le phénomène de désindustrialisation des années 1970, le territoire de la Boucle Nord poursuit ses mutations. Les aménagements des villes montrent cette volonté de retour au fleuve. Cependant le potentiel des berges de Seine dans cette boucle, reste sous exploité. Le fleuve possède bien des facettes qui au travers des aménagements de berges mériteraient d’être révélées de manière à intégrer le fleuve aux milieux urbains qu’ils traversent. Aujourd’hui l’aménagement des promenades en berges se poursuit, des industries laissent la place à des éco quartiers fluviaux et de nombreux projets sont à l’étude pour reconquérir les berges. Dans cette dynamique

de retour au fleuve, certaines de ces évolutions sont en cours, d’autres ont déjà eu lieu, et certaines sont à l’étude. Ainsi je m’inscris dans cette dynamique où de nouveaux lieux sont à imaginer et d’autre à repenser. Ces mutations ont permis aux villes riveraines d’avoir un nouveau rapport au fleuve. Dans ces villes où le tissu est dense et les activités très présentes, le fleuve et ses abords offrent un cadre de vie et de travail appréciables. Essentiellement situées sur les bords du fleuve, les anciennes emprises industrielles, sont récupérées par les villes et font l’objet de projets paysagers et urbains. Sur le Département des Hauts-de-Seine, ce sont des promenades bleues et des parcours buissonniers qui sont aménagés au cœur de la Boucle. Le parc des Chanteraines est un bel exemple de reconquête de site industriel. Il permet de relier les quartiers du Sud de Gennevilliers à la Seine, en traversant d’importantes zones d’activités. Dans le Département du Val d’Oise et de la Seine Saint-Denis, on retrouve les mêmes volontés. Les berges de Seine semblent être au cœur des attentions. Au Nord de l’Ile Saint-Denis, ainsi que sur la pointe du Canal Saint-Denis, les industries laissent place à un futur éco-quartier fluvial. Aujourd’hui encore on a tendance à sectoriser les approches vers le fleuve et les aménagements partent souvent des villes. Mon itinérance le long de la Seine de la grande échelle à la petite échelle m’a permis de voir ces villes fluviales depuis le fleuve et de déceler des séquences dans lesquelles des situations sont une opportunité de mettre en lien les villes avec leur fleuve. La Boucle Nord possède un certain potentiel que je souhaite révéler à partir de ma réflexion sur l’aménagement des berges de Seine.

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. Villeneuve-la-Garenne . Argenteuil

. Epinay-sur-Seine

. Ile-st-Denis

. St-Denis . Gennevilliers

. Saint Ouen INTERFACES VILLES/FLEUVE

2.1. ITINERENCE EN BERGES La Boucle Nord rattache 7 Communes et 3 Départements. Chacune d’entre elles cherche à récupérer leurs berges de Seine. Ce phénomène se traduit essentiellement par l’aménagement de parcs et de promenades en berges. Ces aménagements sont finalement très fragmentés étant donné qu’ils dépendent des délaissés et des fermetures de sites industriels. C’est pourquoi, la promenade en berges est fortement sectorisée, sur terre comme sur l’eau. Depuis la berge un rythme et surtout des ambiances s’installent pendant le parcours. Le fleuve et ses abords sont des lieux qui regroupent deux sentiments : celui de l’intime et celui du conflit. Ces sentiments sont intimement liés aux usages de la rive. La boucle Nord est marquée par des parcs, des industries, des ports, des habitations et les usages qui y sont liés. Certains d’entre eux appuient les continuités en berges, d’autres les interrompent inévitablement. Le port de Gennevilliers, les axes routiers et les voies de chemins de fer représentent de véritables obstacles pour l’itinérance. C’est pourquoi plus que la continuité j’ai choisi de travailler sur des situations qui mettent en rapport la ville et le fleuve. Ces situations se retrouvent dans des séquences urbaines diverses. Dans la Boucle Nord, cinq séquences se détachent : les parcs, les villes, le port, les zones d’activités, ainsi que les zones en mutation. Chacune de ces séquences révèle des situations avec des particularités, des points forts et des points faibles.

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1. PARC Le Parc de Pierre la Gravère


4. VILLE La ville d’Argenteuil et les buttes d’Orgemont

6. ZONE EN MUTATION La pointe du Canal St-Denis

3. INDUSTRIE PORTUAIRE Le port de Gennevilliers 5. LES PARCS Le parc des Chanteraines et de l’Ile st-Denis 2. ZONE DACTIVITE Les jardins familiaux

7. VILLE La ville de Villeneuve-la-Garenne

51 1.25000 - 2500m


LE QUAI Le quai du parc Départemental de Pierre-la-Gravère. Ce quai minéral marque une véritable accroche aussi bien sur terre que sur l’eau. Il donne à voir la Seine et ses rives voisines. Outre le quai, le pont permet lui aussi de tisser du lien visuel mais surtout physique. Il permet la traversée routière et piétonne, et offre un point de vue sur la Seine et les rives urbaines.

La promenade de Seine PROFIL DU PARC Le parc est aménagé avec un jeu de relief. Un cordon boisé se trouve sur les hauteurs du parc et masque la nuissance de l’Autoroute. Dans son centre des prairies et des bosquets d’arbres se cotoient. Le parc s’arrête sur la ligne du fleuve.

PRISE PHOTO Depuis la Seine les perceptions divergent. On semble se retrouver dans un couloir, les rideaux de verdure obstruent l’essentiel des vues. On est finalement deconnecté de la rive. Par endroit les tours s’élèvent et laissent entrevoir des quartiers d’habitations ou encore des quartiers d’affaires. Certaines usines se laissent également entrevoir. Seule les quais laissent transparaitre la rive. Quai aménagé, quai en activité ou encore quai à l’abandon, ces ouvrages représentent une véritable accroche depuis le fleuve.

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Le parc et ses parcours boisés

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2.2.1. LA TRAVERSEE DU PARC PIERRE LAGRAVERE Passé le pont de Bezons, le quai du Parc marque la traversée. Ce dernier offre une véritable ouverture sur le fleuve. Essentiellement minéral cet ouvrage témoigne de son usage passé. Il fait trait d’union avec les espaces de détentes et le fleuve. Le parc représente 26 hectares et fait le lien entre la ville de Colombes et le fleuve. Il offre des parcours variés aux marcheurs, joggeurs ou cyclistes et des équipements de loisirs aux plus petits. La rive voisine nous laisse entrevoir les entreprises de la ville de Bezons. La berge semble servir d’axe de communication. Le dialogue entre les rives semble inexistant. Seul le pont permet la liaison physique et visuelle. L’histoire de ce parc débute en 1750. Anciennement le parc unifiait d’anciens îlots autrefois séparés, dont l’île Marante et l’île du Moulin-Joly. Aménagé en parc à l’Anglaise,

Les entrepots et industries de la périphérie de la ville

les îles sont par la suite rattachées à la berge pour faciliter la navigation et limiter les phénomènes d’érosion. C’est en 1973 que le Département des Hauts-de-Seine décide de créer sur l’ancienne île un grand parc ouvert. Cet aménagement de quai permet de se réapproprier les berges de Seine. Ce dernier illustre parfaitement cette dynamique d’aménagement en continuité de quai. On reste dans une logique de longer le fleuve. Le potentiel des vues et des dialogues entre les rives n’est pas exploité le parc reste un aménagement renfermé dans des emprises contraintes. Par endroit l’organisation du parc se tourne vers son centre et le fleuve reste un arrière. Seul l’ouvrage du quai permet un rapport et une véritable ouverture sur le fleuve.

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2.2.2. LE SENTIER DE LA ZONE D’ACTIVITE La traversée de ce chemin donne une tout autre ambiance à la Seine. Prise entre les murs d’entreprises et une végétation dense la promenade devient plus intime, plus secrète. Les ouvertures vers la Seine sont peu nombreuses. Il faut passer ce rideau de verdure pour avoir un contact avec l’eau. La particularité de cette séquence est le traitement naturel de la berge. Seul un léger talus nous sépare du fleuve. Ainsi quelques plages de sable subsistent sous cette végétation dense, entretenues par de possibles mammifères et des appropriations de tous types (feu de camps, pêche, regroupement de jeunes...). A l’abri des regards elle semble attirer des usages clandestins. C’est là toute la difficulté de ces lieux. Encore considérées en marge des villes, les traversées sans activités, pas toujours faciles d’accès et à l’abri des regards offrent des lieux pour des usages répressibles. Le long de ce sentier des jardins familiaux se sont aménagés. Ils animent la traversée et permettent une remontée vers la ville. Ils offrent un usage sur les bords de Seine et surtout une liaison avec la ville. La proximité avec les bords de Seine offre quant à elle un cadre paysager, mais qui semble sous exploité. Aujourd’hui le rapport entre la Seine et les jardins est inexistant. Visuellement toutes les vues sont fermées par la végétation rivulaire, et physiquement les jardins sont fermés pour des raisons de sécurité par des grillages et des haies massives. L’aménagement de ces jardins représente pourtant une accroche de qualité avec la Seine, et pourrait offrir un rapport au fleuve paysagé et fonctionnel.

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L’histoire de ces jardins remonte en 1930, lorsque la Ville de Paris achète des propriétés sur l’île Marante, pour agrandir l’Usine des eaux. Ce projet d’extension n’ayant pas abouti, la Ville de Paris concède ces parcelles aux employés. En 1991, lors d’un projet d’aménagement, mené par Colombes et le Département, visant à réhabiliter le centre sportif et ses alentours, la cession est inévitable, obligeant les jardiniers à partir. La municipalité se décide alors à négocier avec la Ville de Paris la mise à disposition d’une nouvelle aire non utilisée par le S.I.A.A.P. Elle prend aussi en main son aménagement. “Colombes-Culture, Loisirs et Jardinage” bénéficie ici, depuis décembre 1992, d’une quarantaine de jardins, soigneusement desservis par des allées de sable. Chaque lopin a reçu son abri de bois verni. Lors de la traversée, ces jardins surprennent, au bord de l’eau, cette situation s’avère être une véritable enclave, très attrayante qui mériterait d’être réorganisée vers la Seine et de valoriser cette situation d’interface ville/fleuve. La Seine n’est pas qu’une contemplation elle peut rentrer dans le quotidien et l’usage des gens.


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Le sentier

Le SIAAP - Cité de l’Eau et de l’Assainissement

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Le chemin boisé

Les jardins familiaux

LES JARDINS DU CHEMIN BOISE Les jardins familiaux aménagés sur les bords de Seine semblent aujourd’hui cloisonnés derrières des murs de végétations. Depuis les jardins sont à peine perceptibles. Un petit sentier non défini, pris entre les murs des entreprises et des jardins, mène au fleuve et à la promenade en berges.

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2.2.3. LE PORT DE GENNEVILLIERS Le port de Gennevilliers représente une véritable coupure dans la continuité en Seine de la rive gauche. D’une superficie de près de 400 hectares il occupe un linéaire de berges de près de 4 kilomètres. Le rapport au fleuve est direct et se traduit par une succession de quais et de grues. Le port de Gennevilliers est la première plateforme portuaire d’Ile-deFrance en termes de superficie et d’activité. Il combine tous les modes transport : fluvial, fluviomaritime, ferroviaire, oléoduc et routier, soit un pôle majeur pour l’ensemble des industries et activités diverses. L’aménagement du port débute dans en 1928 par la création des deux premières darses pour se terminer en 1970 qui marque son apogée. Les principales marchandises transportées sont les hydrocarbures, les matériaux de construction, les produits industriels et agricoles, les charbons, les véhicules, ainsi que des chantiers de récupération de ferrailles, des entrepôts, le stockage d’ordures ménagères, de sable, etc. Depuis 2003, le port est en réhabilitation et en mutation. Un projet d’intégration de l’espace portuaire à la ville est en projet et c’est Odile Decq qui le réalise. Le port est ainsi praticable de l’intérieur par des pistes cyclables et des promenades aménagées. L’accès aux berges est rendu impossible en raison des activités et des risques possibles. Il faut donc aujourd’hui contourner le port par l’arrière pour rejoindre les berges. Dans cette situation c’est la rive voisine au port qui m’interpelle. Le fait de ne pas pouvoir longer la rive du port se comprend. Seulement aujourd’hui le port reste un secteur refermé sur lui-même. Les vues sur ces activités se perçoivent seulement depuis les ponts. C’est pourquoi passer le fleuve, la rive voisine devient intéressante pour révéler le port et ses activités. Comme on a pu le voir dans la ville du Havre ou encore Rouen, les secteurs industriels sont mis en scène et intègrent des projets de paysage. Révéler le quotidien des personnes qui vivent et travaillent le fleuve depuis la rive voisine est intéressante. On peut émettre l’hypothèse d’un dialogue entre les rives qui aujourd’hui n’existent pas.


Chemin en berge du quai de Saint-Denis Pont d’Epinay-sur-Seine

Pointe de l’Ile Saint-Denis

Le pont d’Argenteuil

Les buttes d’Orgemont

Le pont de Bezon

Emprise du port de Gennevilliers sur la rive gauche de la Seine - Une emprise de 400 hectares et un linéaire de quai sur berges de près de 4 kilomètres.

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Les buttes d’Orgemont

L’accroche en Seine

Pont de l’Autoroute A15.

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2.2.4. PASSE LE FLEUVE, LA RIVE D’ARGENTEUIL Depuis la rive voisine de Gennevilliers les coteaux boisés de la ville d’Argenteuil dessinent le tracé du fleuve avec en contraste le pont massif de l’Autoroute A15. La rive d’Argenteuil est accessible depuis le Pont d’Epinay. Elle se parcourt par le quai Saint Denis. Ici le linéaire des berges ne possède aucun aménagement mais il est entretenu. Trois ambiances séquencent la promenade. La promenade en berge débute par une séquence très urbaine. Une route dessert la berge et les coteaux habités de la rive. Au bout de cette impasse, c’est un cheminement « forestier » qui prolonge l’itinérance le long de la Seine. La Seine s’efface derrière ces boisements de berges et la présence du coteau se fait fortement ressentir par ses pentes et ce mur végétal qu’il représente. Puis les boisements se dissipent et le chemin en berge offre des vues vers le fleuve et le port de Gennevilliers. Ce chemin se termine au niveau du Pont de l’autoroute A15. Derrière le pont une zone d’activités ferme la traversée le long de la berge. A cet embranchement une accroche avec le tissu résidentiel est possible. Même si la continuité s’interrompt, à cet instant précis c’est cette accroche avec la ville qui m’interpelle.

C’est une ancienne route d’accès probablement liée à cette zone d’activités en berges qui est aujourd’hui fermée à la circulation : la Rue des Grands Saules. Elle permet de passer sous la voie ferrée et de remonter vers les quartiers d’habitations. L’ouvrage de l’infrastructure routière est très imposant dans ce paysage urbain. Depuis la berge c’est lui qui oriente les vues vers la ville et nous guide vers elle. Le pont marque une véritable porte d’entrée. Il offre au contact de la berge un contraste très intéressant. Les traits durs et les volumes massifs de l’ouvrage s’opposent au végétal des berges et la douceur des abords du fleuve. On trouve une certaine complémentarité dans ce jeu d’association. Cette situation est une opportunité pour la ville de créer un accès au fleuve défini et d’aménager une véritable accroche depuis le fleuve vers la ville et même au-delà. Car sur les sommets du coteau des espaces ouverts son accessible : les buttes d’Orgemont. Aujourd’hui aucun lien n’existe entre les buttes d’Orgemont et les berges de Seine. Pourtant elles représentent deux entités fortes du paysage des coteaux d’Argenteuil. Aujourd’hui seul le relief du site les unis. Entre ces deux espaces la ville et une succession d’obstacles.

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PLAN MASSE DU PARCELLAIRE EN DEVENIR

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1.5000 - 250m

La ville d’Argenteuil et plus particulièrement les quartiers d’Orgemont et des Coteaux, se parcours par des routes et des ruelles. Ce premier maillage se superpose à un second maillage plus discret mais tout autant fonctionnel : celui des sentiers, des passages, des friches et des boisements. Ces espaces résiduels forment une seconde trame en attente d’aménagements définis par la ville. Cette microporosité est une opportunité pour la traversée piétonne. Ce second maillage permettrait la mise en relation des berges de Seine et des Buttes d’Orgemont et drainerait les habitants des quartiers vers les espaces ouverts qu’elle possède. Cette accroche depuis la Seine s’étire au travers de la ville pour rejoindre les buttes d’Orgemont. C’est un travail sur l’existant que je compte faire. Ces lieux existent, il faut les aménager et les organiser entre eux pour qu’une cohérence à l’échelle de la ville s’installe.


En attente d’aménagement, certaines d’entre-elles sont grillagées avec des ouvertures sommaires, d’autre sont en friches dépourvues de passages et certaines sont complètement fermées au public. Cet espace mériterait une lisibilité depuis la ville, des aménagements temporaires devraient permettre aux habitants d’accéder au site et de l’apprécier dans l’attente d’un projet d’aménagement finalisé. Les berges de Seine semblent elles aussi s’inscrire dans une temporalité de projet. Aujourd’hui entretenues elles portent un potentiel pour de futurs aménagements. Les sites en bordure de fleuve qui aujourd’hui s’accaparent la berge sont voués à évoluer et à offrir de nouveaux espaces en berge pour la ville. Dans cette situation un axe de projet s’affirme. Donner une accroche à la Seine pour offrir aux habitants un retour au fleuve et relier entre elles les deux entités paysagères que représentent la Seine et la butte d’Orgemont par le maillage secondaire de la ville afin de rattacher le fleuve à son territoire.

L’ARRIVEE SUR LA SEINE

LES SECTEURS EN REMBLAIEMENTS

LA BUTTE D’ORGEMEONT

La butte d’Orgemont se définit comme un espace Naturel. Elle repose sur une topographie très marquée qui a engendré une succession de buttes. La butte d’Orgemont marque le début de cette topographie particulière. La butte des Châtaigniers, la butte de Sannois et la butte de Parisis. La ville d’Argenteuil s’adosse à ce cordon de buttes et bénéficie d’un cadre environnemental de qualité dans un tissu urbain dense. Aujourd’hui la butte d’Orgemont est en quasi-totalité accessible pour les habitants de la ville. D’ancienne carrière de gypse sont encore en cours de remblaiement à l’ouest de la butte. L’ensemble du site fait l’objet d’un projet de reconquête en vue d’un parc paysager. Appartenant à la Région Ile de France c’est l’Agence des Espaces Verts qui est en charge de ce projet. Aujourd’hui la butte est entretenue, des cheminements parcourent des prairies et des bosquets d’arbres marqués par le relief du coteau. Le Moulin d’Orgemont se dresse sur ces sommets évoquant son histoire et ses heures glorieuses. Depuis les sommets les vues vers la Capitale sont surprenantes. Seulement les entrées depuis la ville pour accéder à ces espaces sont peu engageantes.

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La ville semble avoir conscience du potentiel qu’offrent ces espaces puisque des projets d’aménagement de berges et trames vertes en cœur de ville sont à l’étude. Mon diagnostique rejoint les grandes orientations de la ville pour le devenir de ces espaces. Le PADD de la ville d’Argenteuil (Projet d’Aménagement et de Développement Durable) énumère des leviers de développement et de structuration pour le territoire qui s’appuient sur les éléments forts qui structurent la ville d’aujourd’hui. Les grandes structures paysagères des buttes et de la Seine sont à conforter et relier entre elles. L’ensemble du projet énumère 18 principes pour orienter l’évolution d’Argenteuil dans les 15 prochaines années. Mon diagnostique et mes orientations de projet s’inscrivent dans deux d’entre elles : « DÉVELOPPER LA TRAME VERTE PRINCIPALE La trame verte principale doit permettre de relier les grandes entités naturelles (Buttes, Plaine, Seine), pour valoriser les corridors écologiques, la biodiversité et inscrire le grand paysage d’Argenteuil dans la trame verte régionale. Pour cela, il s’agit de recréer des continuités vertes le long de la Seine, ce qui pose clairement l’enjeu de la requalification de la RD311, du projet Berges de Seine et de la création d’une liaison entre la Seine et le Parc du Marais, se poursuivant jusqu’aux coteaux et aux buttes. La trame verte principale doit offrir aux Argenteuillais des espaces de loisirs et de récréation à l’échelle de leur ville et contribuer à faire d’Argenteuil une destination métropolitaine pour les loisirs et le tourisme.

CARTE D’ORIENTATION DU PADD D’ARGENTEUIL Source : http://www.argenteuil.fr

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DÉVELOPPER UN MAILLAGE FIN ENTRE COTEAUX, PLAINE, CENTRE-VILLE ET BERGES DE SEINE Un maillage de continuités vertes doit permettre de valoriser la présence de la nature dans les quartiers et faciliter l’accès aux espaces verts, entre coteaux et Plaine, coteaux et Centre-Ville, Centre-Ville et Seine, Val Notre-Dame et Seine, Joliot-Curie / Orgemont et Seine. Le développement des liaisons douces entre les quartiers doit favoriser la continuité urbaine, l’usage des modes dits «actifs» (marche à pied, vélo) et améliorer l’accès au centre-ville et aux berges de Seine. Il doit être intégré aux projets d’aménagement sous des formes adaptées aux situations des quartiers (venelles, trottoirs plantés, passages...).» Extrait PADD d’Argenteuil.


PARC-PROMENADE Sur 9 km et plus de 55 hectares, c’est un projet ambitieux, avec une grande dimension environnementale. L’aménagement de ce futur « parc-promenade » offrira des espaces de loisirs et d’activités de plein air. Les transports en commun et les modes de déplacements doux, sont mis en avant et permettront d’apaiser la circulation, en éloignant notamment la route départementale 311 du quai Voltaire des berges.

Accroche en Seine de la butte d’Orgemont TRAIN SNCF LES COTEAUX ORGEMONT VAL D’ARGENT

LE CENTRE VILLE

Future continuité en berge de l’accroche AUTOROUTE A.15

VAL NOTRE DAME

Futur parc promenade d’Argenteuil

Aujourd’hui le projet de reconquête des berges de l’agglomération Argenteuil-Bezons, est en cours de programmation par le Conseil Général du Val-d’Oise. Les crédits nécessaires à la transformation des berges étant conséquents, le projet mettra du temps à ce faire. Aujourd’hui les villes d’Argenteuil et de Bezons sont les seules villes à ne pas avoir renouées avec la Seine. Les habitants ne cessent de les interpeller sur ce sujet. Ce projet va essentiellement se porter sur la route départementale 311 du quai Voltaire entre le pont de Bezons et le pont de la voie ferrée d’Argenteuil. Le centre-ville d’Argenteuil va être entièrement repensé et s’ouvrir sur le fleuve avec l’aménagement d’un parc en Seine. Ce projet multidimensionnel s’inscrit dans la politique départementale en faveur des Berges

ORIENTATION DE PROJET Travailler l’accroche en Seine du quartier d’Orgemont pour en faire une véritable porte d’entrée vers la ville. Proposer un premiere réappropriation des berges en attente des futurs aménagements. Valoriser la berge de l’accroche afin de l’intégrer dans la future continuité en berges du centre ville d’Argenteuil et celle de la ville d’Epinay-sur-Seine de 3 kilomètre, pratiquable depuis 2007.

de Seine en Ile-de-France. Le secteur du quartier d’Orgemont n’apparait pas encore dans les programmations. Mais il est voué à évoluer. Mon diagnostic et mon itinérance sur les berges d’Argenteuil m’ont véritablement amené à travailler sur le secteur d’Orgemont. Ce dernier se trouve à l’interface du futur aménagement du parc en Seine du centre-ville d’Argenteuil, et l’aménagement récente de la promenade en Berge d’Epinay-sur-Seine. Ces aménagements de grande envergure s’inscrivent dans une temporalité de projet. Mon intérêt pour ces espaces existants en attente d’un aménagement, est de les rendre accessibles en proposant un premier projet et de ce fait de répondre aux attentes des habitants qui souhaitent retrouver leurs berges.

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L’ACCES A LA PROMENADE EN BERGE Le parc des Chanteraines se referme sur cette promenade en berge. Le végétal et les aménagements actuels obstruent toutes les vues vers le fleuve. L’arrivée au fleuve est comme saccadée.

2.2.5. LES PARCS DES BERGES Le parc des Chanteraines se referme sur cette promenade en berge. Le végétal et les aménagements actuels obstruent toutes les vues vers le fleuve. L’arrivée au fleuve est comme saccadée. Je nomme cette séquence la «séquence les Parcs des Berges» car la Seine traverse et longe des parcs et des promenades aménagées. Pourtant depuis les berges, la Seine se cache derrière des rideaux d’arbres. Sans la carte, il est impossible de savoir qu’à cet endroit précis ces parcs et promenades se côtoient. Depuis le parc des Chanteraines la Seine est comme effacée. L’ouverture vers la Seine se fait par une ouverture de 5 mètres. Toutes les vues s’arrêtent sur un cordon arboré qui marque la délimitation du parc. Derrière ces arbres la promenade des Mariniers s’élargie en raison d’un quai habillé par des mails d’arbres. Depuis ce quai la Seine est une fois encore dissimulée derrière un rideau d’arbres. Seules des fenêtres offrent une vue vers le lointain et la rive de l’Ile Saint-Denis. Depuis la Seine

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L’accès à la promenade en berge

La promenade en berges des Mariniers

Rampe d’accès à l’eau

Parc canin

Le parc des Chanteraines

même constat, on traverse les parcs sans aucune perception. Le parc de l’Ile-Saint-Denis est entièrement dissimulé derrière sa végétation de rive. Le Quai du Parc des Chanteraines est quant à lui à moitié dissimulé par une jeune végétation. Seul l’amarrage de bateaux nous permet de le deviner.

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Cette situation représente une accroche importante sur la Seine qui aujourd’hui manque de lisibilité. Le parc des Chanteraines d’une superficie de près de 70 hectares permet aux riverains de Gennevilliers et de Villeneuve-la-Garenne de se rendre vers la Seine et de profiter d’espaces de détentes et de loisirs, dans un secteur urbain dense et marqué par des zones d’activités d’envergures. Ce parc s’est aménagé sur les anciennes sablières de la boucle Nord des Hauts-de-Seine entre 1975 et 2012. Il se découpe en quatre zones. Le parc, étant situé sur une plaine alluviale, s’est construit autour du thème de l’eau. On la retrouve dans les bassins aménagés et la végétation des prairies humides. Il remémore également les cultures de la plaine d’autrefois et notamment le principe des cultures maraîchères particulièrement présentes avant l’industrialisation du site.

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Le parc des Chanteraines

L’ARRIVEE SUR LA SEINE On note une abscence totale de vue sur le fleuve à la sortie du parc.

Le cordon arboré

LE QUAI DES CHANTERAINES L’emprise du quai possède un potentiel sous evalué. Le rapport avec la Seine est obstrué par la végéation de la berge.

LA RIVE DE L’ILE ST-DENIS Aucune ouverture sur le parc de l’Ile Saint-Denis.

Les stades sportifs Le pont d’Epinay- sur-Seine

le Château de Terrail et son parc Le jardin des senteurs

La promenade des Mariniers

Le chemin de Halage

Le parc de l’Ile Saint-Denis Le quai des Chanteraines

La Zone d’Activité des Louvresses

Le parc des Chanteraines

La ZAC Villerenne

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Le quai des Chanteraines

Berge arboré du parc de l’Ile-Saint-Denis

LES OUVERTURES LA PROMENADE HAUTE PROMENADE D’EPINAY-SUR-SEINE Vue du quai des Chanteraines depuis Sur les berges de l’Ile St-Denis Cette promenade de halage de la rive droite, offre des vues la rive du parc de l’Ile-St-Denis. des avancées sur la Seine ont été vers l’Ile-St-Denis et des lieux de quiétude pour les riverains. aménagées.

EPINAY-SUR-SEINE

ILE-SAINT-DENIS VILLENEUVE-LA-GARENNE

GENNEVILLIERS

ORIENTATION DE PROJET Rendre lisible les parcs depuis les berges de Seine. Les mettre en relation et proposer la traversée.

L’implantation des parcs de Chanteraines et de l’IleSt-Denis ainsi que les promenades en berge des Mariniers et du Chemin de Halage d’Epinay, sont aujourd’hui déconnectés les uns des autres. Ces espaces se font face et continuent de percevoir la Seine comme une limite, un obstacle à la traversée. Chacun de ces espaces apporte pourtant à la promenade en berge des qualités. Le parc des Chanteraines offre des lieux de détentes et de loisirs avec comme fil conducteur l’eau. Le parc de l’Ile Saint-Denis offre lui aussi des espaces de détentes et de loisirs avec comme fil conducteur le parcours des impressionnistes. Les promenades en berge permettent quant à elles, d’accéder à la Seine et aux espaces de détentes, de loisirs, de cultures et d’habitations. Dans cette séquence, les continuités le long de la Seine existent. Par compte une continuité transversale se dessine reliant ces parcs et ces promenades par la traversée de la Seine. Cette traversée permettrait de tisser du lien entre les populations riveraines d’Epinay sur-Seine, de Gennevilliers et de Villeneuve-la-Garenne. De rendre accessible et lisible les rives et leur usages. Dans cette situation précise, l’obstacle et la limite qu’évoque la Seine deviendrait un lien. Le fait de mettre en relation ces espaces permettrait de leur donner une certaine profondeur. C’est aussi montrer la qualité des paysages fluviaux de la Seine. Très diverses à l’échelle de la Seine on trouve des complémentarités, des compensations. Dans cette séquence ont mettrait en relation un patrimoine historique et culturelle, des parcs de détentes et de loisirs ainsi que les populations riveraines.

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LE PROJET NEAUCITE Conçu autour d’un jardin central à la confluence de la Seine et du canal Saint-Denis, Le volet paysager, confié à l’agence TER, se construit autour de différentes ambiances paysagères. Les travaux de la première tranche, qui compte 200 logements, ont commencé début 2013 pour une livraison prévue fin 2014. Une deuxième tranche (350 logements), et une troisième tranche (200 logements) sont programmées pour fin 2015 et 2017. Au total : 60000 m² habitables. C’est un projet autour du fleuve. Les aménagements prévu rendent viable et vivant le fleuve.

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2.2.6. LE CANAL SAINT-DENIS UN SITE EN PLEINE MUTATION

Cette séquence est une nouvelle approche de la Seine. Le canal représente une entité à lui seul. Dans cette situation il engendre un espace à sa confluence avec la Seine et porte une nouvelle dynamique urbaine. Le canal Saint-Denis est un canal long de 6,6 km qui relie la gare circulaire du canal de l’Ourcq à la Seine, sur la commune de Saint-Denis, devant l’Île Saint-Denis. Le canal a été aménagé en 1805 sous la direction de René-Edouard de Villiers du Terrage et il a été mis en service en 1821. Il sera réaménagé et élargi entre 1890 et 1895, pour accepter les barges à grand gabarit. Le nombre d’écluses sera ramené à sept, dont la première, dénommée Écluse du Pont de Flandre, permettant à elle seule de gravir 10 mètres de dénivellation. Il sera ouvert à la navigation de plaisance en 1983. Par sa linéarité, le canal constitue un écosystème particulier. Il est essentiellement planté de peupliers, de marronniers et de platanes. Il offre un habitat pour les espèces d’oiseaux comme la bergeronnette printanière. Son parcours, auparavant peu avenant et lié aux activités industrielles pour la plupart disparues, est en pleine transformation paysagère. Les

villes de Saint-Denis et d’Aubervilliers, puis Plaine Commune, en accord avec la Ville de Paris, propriétaire du canal, ont fait étudier par l’architecte paysagiste Michel Corajoud les principes d’aménagement de cet axe reconnu comme un élément fédérateur du territoire. Sur la traversée de la boucle Nord, le Canal offre une véritable accroche depuis la Seine. Il met en relation une succession d’espaces chargés d’histoire et de culture et permet d’accéder au cœur de la Capital. Le Canal Saint Denis est marqué par son passé industriel, encore aujourd’hui animé par le trafic des péniches ; Le monument de la Basilique de Saint-Denis, le Stade de France, la plus haute écluse de l’Ile de France (10 mètres) près de laquelle se dessine le XXIème siècle avec : le Parc de la Villette, la Cité des Sciences, la Géode, l’argonaute, le Dragon, la Grande Halle, le Zénith et la Cité de la Musique Aujourd’hui c’est la pointe du canal Saint Denis qui est en pleine mutation. Les anciennes emprises industrielles laissent place à un projet d’urbanisme. Sur ces anciens sites va être aménagé un éco quartier fluvial, Néaucité. Ce projet regroupera des logements, des bureaux, des commerces et des activités. L’objectif est d’orienter la commune vers un développement durable et raisonné de son urbanisme. Le projet urbain est conçu par l’urbaniste ANMA et le paysagiste TER autour d’un jardin plissé, véritable colonne vertébrale du projet.

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Le port Sisley

La promenade arborée des Quai Alfred Sisley Le pont de Saint Denis N.186

La promenade arborée des Quai d’Asnières Le pont de l’autoroute A.86

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MURETTE ANTI CRUE QUAI ALFRED SISLEY

2.2.7. LA VILLE DE VILLENEUVE-LA-GARENNE Le linéaire de berges des villes de Villeneuve-la-Garenne et de Gennevilliers est la dernière séquence de mon itinérance de la boucle Nord. Dans cette séquence on aborde le fleuve avec une notion qui lui est propre mais qui n’a pas encore été évoqué dans chacune des situations précédentes : la notion de risque. Vivre en bordure de fleuve c’est vivre avec les aléas climatiques qui peuvent engendrer des montées des eaux conséquentes. Sur cette continuité le fleuve se longe essentiellement depuis les quais hauts derrière des murets anti-crues. Le rapport au fleuve est de ce fait plus «rigide ». De plus, dans cette périphérie la route est fortement présente, par endroit le cheminement le long de la berge devient très délicat. Par moment on souhaiterait s’échapper de ce boulevard urbain en passant le mur et retrouver la quiétude des bords de Seine. Aujourd’hui le Conseil Général des Hauts-de-Seine à conscience des difficultés de cette continuité en berge. Cette dernière est définie comme promenade bleue et est vouée à évoluer en terme de qualité de la traversée. L’ensemble du Département travaille à la mise en valeur de ces promenades bleues et de leur mise en relation afin de permettre des continuités sur l’ensemble des berges du Département. Cette continuité est intéressante en termes de contraste. Deux notions se font face : le conflictuel et l’intime. Des opportunités sont également présentes dans cette promenade et pourraient devenir des centralités et des accroches potentielles avec la ville.

Cette traversée en bord de fleuve pourrait également proposer un itinéraire bis au projet Vélo-route Londre/Paris. Cet itinéraire a été inauguré et jalonné spécialement pour les Jeux Olympiques de Londres de juillet 2012. Il permet de rallier Londres et Paris à vélo via la liaison Transmanche Dieppe - Newhaven, puis par la Normandie (avec une variante par le département de l’Oise à partir de St-Germer-de-Fly, jusque Cergy-Pontoise). Côté britannique, ce parcours de légende utilise les pistes du «National Cycle Network» (réseau cyclable national). Côté français, on rejoint Paris par des petites routes balisées et des voies vertes via la Seine-Maritime, l’Eure, l’Oise, le Val-d’Oise, les Yvelines, les Hauts-de-Seine et la Seine-SaintDenis. En Île-de-France ce projet représente un Itinéraire commun de 55 kilomètres qui comprend 4 grandes traversées : l’Avenue verte London de Paris, dans les Yvelines (de ConflansSte-Honorine à Chatou), la Promenade bleue (de RueilMalmaison à Colombes) et L’avenue verte London-Paris (de Colombes à St-Denis), dans les Hauts-de-Seine et la Rive droite du canal de Saint-Denis (de St-Denis à Paris). Ce projet ambitieux est une opportunité pour la ville de Villeneuve-la-Garenne de proposer un parcours sur ces bords de Seine. Aujourd’hui la ville semble indifférente à ces bords de Seine. Redonner des centralités, valoriser les accès au fleuve et affirmer cette continuité comme promenade bleue en proposant des aménagements adaptés.

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La continuité en berge le long des quartiers habités de Villeneuve-la-Garenne

DES INTERFACES CONFLICTUELS

La continuité en berge le long des zones d’activités

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1.5000 - 500m

Cette traversée urbaine est marquée par deux ambiances majeures : les quartiers d’habitations de Villeneuvela-Garenne et ses secteurs de zones d’activités, en lien avec la ville de Gennevilliers. La ville de Villeneuve la Garenne côtoie la Seine sur près de 4 kilomètres de berges dont une interface ville/fleuve de près de 2 kilomètres. Dans ce linéaire de berges des aménagements ont été réalisés pour accéder et profiter du fleuve. Seulement la route et le stationnement de voitures restent très présents du coté ville. Coté Seine le mur ferme l’accès au fleuve, seul les portillons des bateaux logements donnent la sensation d’y accéder. Dans cette promenade, un autre aménagement dissimulé derrière son grillage m’a interpellé : le Port Sisley. C’est un petit port à échelle humaine aujourd’hui peu lisible dont l’accès semble très privatisé. Puis sur près de 1 kilomètre de berges, les zones d’activités de la ville de Villeneuve la garenne et de Gennevilliers font face à la Seine. La promenade en berge devient difficile mais la traversée reste possible. Dans cette interface industries/ fleuve le rapport est très conflictuel. L’échappé vers le fleuve est inévitable. C’est par des escaliers très pentus adossés au perré que l’on peut rejoindre un cheminement sur une risberme. Les usagers du fleuve connaissent cette échappée et se retrouvent en contrebas des nuisances de ces secteurs d’activités.


LA ROUTE DU QUAI ALFRED SISLEY Le quai se défini aujourd’hui par une route à double sens de 5 mètres, qui dessert les quartiers pavillonnaires de Villeneuve-la-Garenne ainsi que les habitations sur l’eau qui se sont implantées tout le long du quai. Cette organisation privatise la Seine. On traverse cet axe comme n’importe quelle autre route en ville. Le muret anti cru ne fait qu’accentuer cette privation du fleuve.

Quai Alfred Sisley

Le stationnement

LE PORT SISLEY Ce port est aujourd’hui un port privé qui accueille des bateaux logements et propose une escale aux visiteurs de la Seine. Situé dans le bras de l’Ile Saint Denis, ce petit port est aujourd’hui menacé. Les bateaux logements du port ne bénéficient d’aucune charte avec la municipalité pour leur maintien en place contrairement aux autres bateaux logements des villes voisines. La société concessionnaire du port, Fleuve Concept, a été attaqué en justice par VNF et sa concession n’a pas été reconduite. Depuis maintenant près de 4 ans c’est VNF qui prend en charge les bateaux actuellement stationnés, pour certains depuis plus de 15 ans. Ce dernier aurait suggéré aux habitants du fleuve qu’il serait temps de partir. Car aujourd’hui le département des Hauts-de-Seine a pour projet de faire une promenade bleue sur plusieurs kilomètres, pour rendre les berges de Villeneuve-la-Garenne, à l’usage de tous. Aujourd’hui cet espace portuaire semble s’être figé dans le temps en attente d’une décision favorable pour son maintien.

Quai Alfred Sisley

LE STATIONNEMENT DU QUAI Sur le quai Alfred Sisley les dimensions de trottoir oscillent entre 1 mètre et 5 mètres de largeur. Un aménagement a également été réalisé et propose un espace le long de détente entre le muret anti cru et la route sur une profondeur de 5 à 10 mètres. Cette épaisseur que l’on a le long de ce muret ne marche pas. Les trottoirs se sont transformés en espace de stationnement malgré l’implantation du parking au centre du quai et l’esplanade aménagée semble plus s’associer à un « crottoir » pour chien qu’à un espace de détente.

Le Port Sisley

Quai Alfred Sisley

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L’usine Panzani

La promenade depuis la route

Le risberme de la berge Friche industrielle en devenir

La traversĂŠe le long du mur

Quai Aulagnier

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LE QUAI DES GRESILLONS Le quai des Gresillons est finalement assimilable à un véritable quai routier. A cet endroit c’est un medley de routes qui se retrouvent, la voie simple du quai des Gresillons, la double voie de la D7 et la double voie du Quai du Moulin de la Cage. C’est une véritable séparation qui s’opère entre les zones d’activités et la berge de Seine. Ce sont deux faciès qui se font face avec des usages bien distincts. La berge, en contre bas des zones d’activités et de l’axe routier est à l’abri des nuisances masquées par une végétation dense. La petite promenade sur le risberme est fortement appréciable, dans cette traversée, elle offre une échappée sur le fleuve. La facette industrielle du fleuve est encore très présente le long de la berge. Ci-contre l’usine Panzani est en lien direct avec le fleuve. Une installation passe au-dessus de l’axe routier et permet de relier la berge et ainsi d’aspirer la céréale stocke dans les bateaux de marchandises. Cependant aujourd’hui les projets de bureaux d’entreprises et de zones d’activités essentiellement du secteur tertiaire s’accaparent les emprises des anciennes industries. L’identité de la rive est en cours de mutation et le fleuve peut jouer un rôle dans ces futurs secteurs d’emplois et conserver à travers certaines installations industrielles une facette de son histoire.

EPINAY-SUR-SEINE Port Sisley

VILLENEUVE-LA-GARENNE

ILE-SAINT-DENIS

SAINT-DENIS

GENNEVILLIERS

LE QUAI AULAGNIER - D.7 Le quai Aulagnier se défini par une deux fois deux voies. Le trottoir de l’axe qui nous permet de longer la Seine, se rétréci sur une largeur de un mètre. Le mur anti crue accentue ce sentiment de resserrement. Depuis cette berge les vues sont dégagées et permettent d’observer la pointe de l’Ile St Denis. La végétation de la berge y est dense, l’architecture du centre sportif de l’Ile St-Denis « Red Star Olympique Audonien » ainsi que ses installations nautiques se laissent entrevoir. Ici une certaine complémentarité entre les berges se laisse imaginer. La rive habitée de Saint Denis, la pointe de l’Ile et ses berges comme espaces de détentes et de loisirs et la rive des zones d’activités. Aujourd’hui le mince cheminement de la berge ainsi que la fermeture de certain quai ne permettent pas une utilisation du fleuve et cette mise en relation de ces espaces pourtant complémentaires. Le mur anti crue ne doit pas s’assimiler à une frontière. Aujourd’hui les risques de crues sont attendus. Ces murets sont par endroit surélevé. Il faut donc faire avec ces ouvrages. Ces murets doivent être intégrés aux aménagements et ils doivent par endroit se traverser pour conserver un lien avec la Seine. Aujourd’hui les personnes qui prennent ce cheminement se retrouvent souvent derrière le mur. Ce dépassement est révélateur de cette volonté de pouvoir rentrer en contact avec la Seine et d’échapper aux nuisances des routes du Quai Aulagnier. Coté Seine, le végétal a disparu mais le mur joue ce rôle de par vue. Finalement, le muret s’apprécie différemment selon notre positionnement sur la rive.

Projet vélo/route Londre/Paris A.86 Port Van Gogh

UNE CONTINUITE A AFFIRMER Dans cette dernière itinérance le long de la Seine, le potentiel que soulève cette continuité en berge dans les quartiers habités et les lieux de travail, est à révéler. Cette continuité regroupe des questionnements communs à l’ensemble des berges : l’accès, le stationnement, les axes routiers, la traversée du fleuve, la privatisation de certaines berges, les risques d’inondations… Aujourd’hui cette extrémité de la boucle Nord reste très sectorisée et le fleuve et ses berges restent un arrière de rue, un font inexploité ou trop peu. Finalement sur le terrain, le fleuve et ses berges sont comme sur la carte, des zones, que l’on dissimule derrière des murets anti crues.

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Alt. 89m Alt. 123m Alt. 107m Alt. 36m Alt. 33m Alt. 30m Alt. 35m

1.25000 - 1250m ZONES INONDABLES DE LA PLAINE ALLUVIALE

2.3. UN TERRITOIRE A RISQUES La traversée de la Seine au niveau de cette boucle se compose au nord, d’une plaine alluviale, alors que le sud forme un plateau calcaire d’où, pendant des siècles, ont été extraites des pierres pour la construction. En raison de sa topographie, l’Ile-de-France demeure, extrêmement vulnérable. Depuis les dernières crues de 1910, de 1920, de 1924, de 1945 et de 1955, des travaux ont été effectué pour réduire les conséquences d’une nouvelle crue « exceptionnelle » : construction de parapets, rehaussement de ponts et de quais de la Seine, creusement du lit du fleuve, ou encore suppression de barrages. Ces travaux ont sensiblement amélioré l’écoulement des eaux qui traversent la capitale. Cette situation de plaine alluviale rend les rives des villes de Villeneuve la Garenne et de Gennevilliers particulièrement vulnérables face aux risques d’inondations. . Les dispositifs techniques pour diminuer l’impact des crues de Seine dans ces zones ont été aménagés dès le XXème siècle. Aujourd’hui ils ont néanmoins leurs limites : à partir de 7,30 mètres (hauteur de la crue de 1924) leur efficacité est réduite. Situés en bord de Seine, ces murs sont entretenus par le Département des Hautsde-Seine. Mesurée au pont d’Austerlitz à Paris, la hauteur de la Seine est d’un mètre environ en temps normal. Elle a atteint 8,62 mètres le 28 janvier 1910.

Depuis 2011, le département a relancé une importante campagne de réhabilitation et d’amélioration des dispositifs de protection contre les crues. Suite aux crues historiques de 1910, 1924 et 1955, des murs anti-crues ont été construits entre Issy-les-Moulineaux et Villeneuve-la-Garenne, à BoulogneBillancourt, et entre Levallois et Clichy-la-Garenne. Les ouvrages anti-crues sont destinés à assurer la protection des voies publiques et à garantir la sécurité des riverains ainsi que l’intégrité de leurs biens. En 2012, les murettes de Villeneuvela-Garenne ont été réhabilitées sur un linéaire sur 500 mètres avec 5 ouvertures. La Seine reste une menace pour les villes. Les murs anti crus ne cessent de s’élever pour protéger les quartiers d’habitations. Cette notion de risque est dans les mémoires et il est important d’en avoir des témoignages.

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2.4. DES SITUATIONS D’INTERFACES CLEFS

Mon itinérance le long des berges de la boucle Nord m’a permis de déceler l’ensemble des dynamiques en cours sur les rives du fleuve. Chacune de ces dynamiques définies une typologie de berges. Les quartiers habités aménagent des parcs et des jardins ; d’autres transforment leur bord de fleuve en parking ; les zones d’activités resserrent la traversée ; certaines s’aménagent des accès à l’eau, d’autres montent des murs ; les ports et les habitations sur l’eau s’accaparent l’accès au fleuve ; les quartiers en mutation engendrent des projets d’envergures ; et certaines situations offrent l’accès à l’eau par les espaces résiduels des villes. L’essentiel de ces situations révèlent cette volonté de revenir vers le fleuve, cependant certaine d’entre elles ne sont pas abouties ou bien manquent de lisibilité.

La butte d’Orgemont - Futur parc paysager

CAR

La particularité de certaines situations m’a permis d’entrevoir le fleuve sous différentes facettes. C’est tout particulièrement les accroches avec le fleuve qui m’ont intéressées et sur lesquelles je souhaite travailler. Comment les villes rentrent en contact avec leur fleuve, et qu’elle rôle peut-il jouer dans les aménagements de leurs berges ? C’est à travers 3 situations particulières que se porte mon attention : les Jardin familiaux de Colombes, les parcs de la boucle : le parc des Chanteraines et de l’Ile Saint-Denis, ainsi que les interstices de la ville d’Argenteuil. Dans chacune de ces situations le fleuve est devenu une banalité, à tel point que par endroit on pourrait oublier son existence. Ainsi mes propositions vont permettre de remettre le fleuve au centre des aménagements existants ou à aménager. Le fait de pouvoir parcourir la Seine sur des linéaires de berges ininterrompues est une opportunité pour révéler le potentiel du fleuve. Ce potentiel se révèle à travers ses nombreuses situations d’interfaces, qui représentent de véritables accroches avec la ville. Certaines d’entre-elles permettraient de connecter la Seine avec les dynamiques de la rive et de l’intégrer aux tissus urbains qu’elle traverse. A l’échelle de la Boucle Nord la Seine a cette faculté de connecter les espaces fluviaux entre eux et de permettre des interactions riches et variées entre les rives.

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250 m

Les jardins familiaux

Le parc Pierre Lagravère


Les quais et estacades Les acrroches en Seine

Les interfaces Continuité en berge d’un port àl’autre

Les parcs de la boucle Nord

RTE ENJEUX OBJECTIFS Le port de Gennevilliers

Le port Sisley La pointe de l’Ile St-Denis - futur éco-quartier fluvial

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L’Ile-St-Denis - Futur écoquartier fluvial

Le port Van Gogh

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JARDINS EN SEINE Les jardins familiaux de Colombes bénéficient d’un emplacement stratégique sur les berges de Seine. Aujourd’hui malgré cette situation aucun rapport n’existe avec le fleuve. Dans cette situation, la facette de la ressource que pourrait avoir la Seine dans ces aménagements de jardins, est une opportunité à saisir. De plus l’aménagement de ces jardins engendre un accès au fleuve. Cette transversale reste fragile dans ce secteur très contraint. L’affirmer comme un axe de traversée et d’accès au fleuve permettrait de la renforcer.

PARC EN SEINE Dans cette situation deux parcs se font face. Cependant aucune relation n’existe entre eux. La Seine s’assimile comme obstacle à la traversée. La transversale que représente le parc des Chanteraines pourrait s’étirer au-delà du fleuve, en se mettant en relation avec le parc de l’Ile-st Denis. Privilégier cette liaison permettrait de mettre en relation plus que deux espaces, elle permettrait la connexion de 4 communes réparties sur deux départements. Ces interfaces me permettent de montrer une nouvelle facette du fleuve : celle de la traversée. La limite physique que le fleuve représente est également un lien entre les territoires aujourd’hui encore trop peu exploités.

LES CONNEXIONS DE SEINE La ville d’Argenteuil possède deux grandes entités paysagères : la Seine et la butte d’Orgemont. Aujourd’hui aucune connexion n’existe entre ces deux espaces. Les interstices de la ville sont alors une opportunité pour les mettre en relation. Cette situation met en avant une nouvelle facette du fleuve : celle de la connexion depuis la Seine. Parcourir la Seine depuis la berge est l’occasion de découvrir le patrimoine des villes qu’elle longe. Donner cette profondeur à la berge au sein des villes permet de les faire interagir entre elles.

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INVITATION EN SEINE

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LA RESSOURCE jARDINS EN SEINE

3. INVITATION EN SEINE 3.1. JARDINS EN SEINE LES JARDINS L’aménagement de ces jardins au cœur d’une zone d’activités est surprenant. Depuis la berge ces jardins sont une curiosité. La traversée en berge dans cette situation est très intime. Le fait de longer une zone d’activités, le cheminement est restreint et la végétation dense de la berge accentue cette ambiance intime et préservée des regards. C’est dans cette ambiance que les jardins familiaux de Colombes se sont aménagés. Derrière des haies et des grillages ces jardins ne semblent pas profiter de leur situation en berge. La Seine semble absente du quotidien des jardiniers. 1.5000 - 50m

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L’aménagement de ces jardins se prolonge à l’arrière de la rive en direction de la ville. Cette situation est une opportunité d’accéder au fleuve et de révéler une nouvelle facette du fleuve : la facette de l’usage. Aujourd’hui ces jardins possèdent 38 occupants. Ils représentent une superficie de plus de 5000m². Le parcellaire de ces jardins est une sous-location de la ville de Colombes, qui elle-même les loue à l’Usine des Eau du SIAAP (Syndicat Interdépartemental pour l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne). Aujourd’hui une parcelle en attente pose question. D’une superficie de 2500 m² elle suscite bien des projets. Les jardiniers souhaiteraient de nouveaux jardins et l’aménagement d’un parking. Le SIAAP voit dans cette parcelle l’opportunité d’implanter de nouveaux locaux pour son usine. Cette parcelle n’est pas la seule à être dans l’attente d’un aménagement. Un cheminement enclavé entre deux murs permet d’accéder au fleuve. Ce cheminement dans le projet éventuel du SIAAP se transformerait en parking pour les jardiniers.


LES JARDINS DEPUIS LA PROMENADE EN BERGE

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Le cheminement en devenir

Les jardins de Colombes

La parcelle en devenir LE PROJET Dans cette situation 2 aspects m’ont interpellé. L’accroche avec la Seine qui aujourd’hui est inexistante et la transversale des jardins, dans cette zone d’activités. La culture des jardins de la berge pourrait mettre en avant la facette utilitaire du fleuve. Ce dernier pourrait alimenter les jardins en eau. L’acte fort de ce projet est l’aménagement d’un parcours de l’eau pour l’alimentation de ces jardins. La parcelle en devenir ainsi que le cheminement des jardins sont une opportunité de renforcer cette transversale par la culture des jardins. La gestion de l’eau de la Seine à l’échelle de ces jardins est une manière d’intégrer le fleuve durablement. Aujourd’hui le SIAAP dépollue les eaux de la Seine et alimente ces jardins en eau potable. Cette association est intéressante. Mon projet propose un aménagement secondaire pour la gestion de l’eau à l’échelle du jardin, appréhendable pour les usagers des berges. Ainsi le projet des jardins de Seine s’articule autour de trois aménagements : l’aménagement des jardins d’eaux dans le centre des futurs jardins, l’aménagement de jardins dans le linéaire du cheminement des jardins, ainsi que l’aménagement des accroches avec la Seine et la ville de Colombes.

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1.1000 - 10m

Les jardins de la ville de Paris


La sortie d’eau en Seine

Ouvrage de Seine

Les jardins du chemin Jardin en berge Acces depuis les jardins

La promenade en berge L’entrée d’eau en Seine

Le canal d’amenée d’eau

Le canal d’amenée d’eau

Les bassins filtrants

Le parking arboré L’entrée du chemin des jardins L’entrée des jardins

Le SIAAP (usine des Eaux) Le parking arboré secondaire

PLAN MASSE JARDINS EN SEINE

Les jardins familiaux de la ville de Paris

1.1000 - 10m

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LA PARCELLE EN ATTENTE D’une superficie de 2500m² cette emprise doit permettre de renforcer la transversale des jardins.

1. LA VISE D’ARCHIMEDE

2. LE CANAL D’AMENEE D’EAU

LE PARCOURS DE L’EAU

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3. LES JARDINS EN EAU


LES JARDINS EN EAU Canal d’amener d’eau

Canal d’amener d’eau

Les bassins filtrants - Les jardins d’eau

LES JARDINS EN EAU La parcelle centrale des jardins aujourd’hui en attente d’un aménagement, sera la centralité de mon aménagement puisqu’elle accueillera les jardins en eau. Ces jardins permettront de dépolluer les eaux de la Seine à l’échelle des jardins familiaux. Ces derniers situés en bordure de fleuve, optimisent l’accès à l’eau et à la ressource qu’ils représentent, pour l’alimentation en eau des jardins. Dans le Département des Hauts-de-Seine le Parc du Chemin de l’Ile ouvert en 2005, propose cette gestion des eaux de la Seine, à l’échelle du parc. C’est tout un parcours de l’eau qui a été aménagé. L’eau est remontée de la Seine à l’aide d’une vise d’Archimède pour ensuite traverser une succession de bassins de filtration. L’eau traverse ensuite le parc proposant des espaces de détentes. Une partie des eaux filtrées est rejetée en Seine en fin de parcours et une autre est utilisée par les jardins familiaux adossés au parc.

Chemin des jardins

Route

Entreprise SAFRAN

C’est sur ce modèle d’aménagement que je m’appuie pour l’aménagement de mon parcours de l’eau, à plus petite échelle. Ces bassins s’étirent sur près de 46 mètres de long et leurs largeurs oscillent entre 7 et 10 mètres. Au nombre de 4, ces bassins jouent chacun un rôle dans la filtration des eaux de la Seine. Le premier bassin filtre les charges polluantes (éléments organiques, nitrates, chlore, phosphates et métaux lourds). Les plantes adaptées pour ce rôle sont les Phragmites et les Thypas. Les deux bassins secondaires vont permettre d’enlever les bactéries grâce à la diversité des plantes qui demande des besoins nutritifs variés. La palette végétale comprendra une grande variété d’espèces dont le Caltha palustris, le Lythrum salicaria, la Mentha aquatiqua, l’Iris pseudoacorus ou encore l’Hippuris et le Scirpus lacustris. Et enfin le dernier bassin sera un bassin témoin de la bonne qualité de l’eau, c’est à dire avec un taux en oxygène important. Les Nénuphars sont d’excellents indicateurs pour le taux en oxygène.

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AVANT

LE MUR DES JARDINS Aujourd’hui le chemin qui borde les jardins s’insère entre deux murs d’une hauteur de plus de 2 mètres. Derrière l’un de ces murs se dissimulent les jardins.

Le caillebotis de l’arrivée d’eau

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LE CHEMIN DES JARDINS Les jardins passent le mur et viennent animer le chemin. Certaines parties du mur sont supprimées et laissent entrevoir la profondeur des jardins.

APRES

Le chemins des jardins le caillebotis de la sortie des eaux

Les jardins familiaux

L’entreprise SAFRAN

CHEMIN DES JARDINS Aujourd’hui ce chemin enserré entre deux murs est peu chaleureux. C’est un espace résiduel qui offre l’opportunité d’affirmer la traversée des jardins. Le chemin d’une largeur de 10 mètres sur une longueur de 200 mètres, est l’occasion de prolonger les jardins. Des parcelles linéaires de 100m² à 125m² accueilleront de nouveaux jardiniers. Le chemin accueillera 6 jardins qui s’aménageront de part et d’autre du cheminement de l’eau. Car la présence de l’eau au cœur de ces jardins sera omniprésence. Le long de ce chemin un canal ajouré par un caillebotis métallique permettra de suivre le parcours de l’eau. Ce dernier amènera les promeneurs jusqu’à la Seine. Ce cheminement au cœur des jardins sera un cheminement ouvert à tous. Les jardins seront fermés par de fines grilles. Des panneaux de bois préserveront certaines vues pour conserver l’espace privé de la parcelle cultivée.

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AVANT

APRES

LA PROMENADE EN BERGE LE LONG DES JARDINS Aujourd’hui la promenade en berge traverse cet espace. Les jardins comme la Seine se dissimulent derrière des rideaux d’arbres.

LES JARDINS DE LA BERGE La promenade en berge devient une prolongation des jardins. La situation en bordure de Seine offre un cadre appréciable aux jardiniers et aux usagers de la berge. Depuis la traversée la Seine et les Jardins deviennent visibles.

L’accroche en Seine

Végétalisation de la berge

Les jardins familiaux

PROFIL DES JARDINS DE LA BERGE

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LES JARDINS DEPUIS LA RUE Les jardins de Colombes et de la ville de Paris sont comme dissimulés derrière des murs qui s’apparentent à des murs d’entreprises.

L’ACCROCHE DES JARDINS DEPUIS LA RUE Les jardins deviennent visibles et permettent l’accès au fleuve.

LES INTERFACES Le projet jardins en Seine porte également sur les interfaces. L’interface jardins /fleuve mais également l’interface jardins / ville. L’accroche en Seine doit signaler l’aménagement des jardins. Comme pour le chemin des jardins, les jardins sortent une fois de plus de leur parcelle et s’installent sur la berge. Ces aménagements légers incitent à marquer l’arrêt et proposent une halte dans une ambiance paisible de jardin. Les vues vers la Seine sont dégagées. Par endroit des ouvrages de berge pourront être mis en valeur. La végétation de la berge reste cependant bien présente, ici on valorise la promenade haute. Le talus est végétalisé afin de préserver la berge du batillage. De plus, le parcours de l’eau favorise une eau de qualité sur ces bords de berge. Celle-ci permettra une richesse végétale propre à cette situation. La berge devient un véritable jardin.

AVANT

APRES

Puis il y a l’interface avec la ville. La particularité de cette situation est qu’elle propose à quelques mètres des jardins en Seine, de nouveaux jardins familiaux. Ces derniers sont une opportunité pour donner du lien entre ces aménagements. Aujourd’hui il n’existe aucune visibilité de ces jardins depuis la rue. Les emprises des routes sont démesurées et engendrent un carrefour disproportionné. Le trafic routier est très faible et se fait uniquement pendant la semaine. Le weekend la route est déserte. Ainsi l’entrée des jardins en Seine peut prendre de l’épaisseur. Ces façades sont retravaillées afin de rendre visible leur accès. Depuis la rue se sont les parkings arborés qui signalent ces jardins. Le sol de la route est également repensé avec l’aménagement d’un revêtement pavé et la mise en place de ralentisseurs pour favoriser une traversée sécuriser et donner du lien entre ces deux espaces jardinés.

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1.10000 - 500m

1.5000 - 250m DĂŠlimitation du parc

Le parc des Chanteraines

Promenade en berge Parc canin Descente de bateaux

ENTREE SUR LA PROMENADE EN BERGE

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Délimitation du parc Promenade en berge Quai des Chanteraines

Le parc des Chanteraines

SCHEMA ARRIVEE EN SEINE

LA TRAVERSEE

LE QUAI DES CHANTERAINES

PARCS EN SEINE 3.2. PARCS EN SEINE

Dans cette situation d’interface entre deux parcs départementaux, cette accroche m’a semblé une opportunité de révéler une facette du fleuve encore trop peu mise en avant : celle du lien et de la mise en relation de deux espaces. Le fleuve reste une limite infranchissable. Cependant à l’inverse elle connecte des espaces entre eux. Ce sentiment de limite que l’on ne cesse d’attribuer à la Seine engendre une fermeture visuelle entre les rives. La végétation des rives reprend ces droits et les fenêtres sur la berge voisine sont rares et souvent peu mises en valeur. Le dialogue entre les rives est difficile. Je me suis donc saisie de l’opportunité d’avoir ces deux parcs en contact avec le fleuve, pour révéler cette facette du fleuve, et montrer le rôle qu’il peut jouer dans les aménagements de berges. Aujourd’hui les aménagements pour reconquérir les berges de Seine existent. Cette situation met en évidence une transversale inexploitée. Les parcs et promenades aménagés dans cette situation se font face sans aucune relation quelconque. La logique d’aménagement des berges reste une logique de continuité linéaire le long du fleuve. Cette logique saccade finalement l’arrivée vers la Seine.

Le parc des Chanteraines est pourtant un très bel exemple d’aménagement en direction de la Seine. Ce dernier traverse les zones d’activités et permet aux habitants de Villeneuve-laGarenne et de Gennevilliers de se rendre jusqu’au fleuve en profitant d’espaces de détentes et de loisirs. Cependant l’arrivée sur la Seine à la sortie du parc s’assimile plus à une fermeture. La fin et la délimitation du parc sont fortement marquées et génèrent une rupture. Il n’y a pas de relation entre le parc et la promenade en berge ce sont deux éléments bien distincts. Le parc de l’Ile Saint-Denis est quant à lui situé sur une île. Son accès se fait donc par les ponts routiers qui le desservent. Ce dernier profite d’une position stratégique pour profiter du fleuve. Aujourd’hui l’aménagement d’une promenade culturelle en mémoire des peintres de l’époque met en avant le fleuve et les paysages appréciés des peintres impressionnistes de l’époque. Cependant tout au long du parcours le fleuve est rarement mis en scène les fenêtres vers la Seine sont rares. Enfin les promenades bleues de part et d’autre du fleuve permettent quant à elles de longer le fleuve et d’accéder aux différentes accroches que proposent les rives pour se rendre vers les villes riveraines et inversement.

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1.10000 - 500m

LE PROJET

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1.5000 - 250m

Le projet «parcs en Seine» s’appuie sur la facette de la traversée de la Seine. L’enjeu dans un premier temps est de rendre visible la Seine et de l’intégrer aux aménagements des berges. Dans un second temps la Seine doit permettre de mettre en relation les parcs et promenades qui la longent. Et de ce fait de donner du lien entre les rives et les habitants des villes riveraines.

Pour cette proposition je me concentre tout particulièrement sur 4 espaces : la délimitation du parc des Chanteraines qui s’étire sur un peu plus de 100 mètres, le long de la promenade en berge ; l’emprise du parc en contact direct avec la promenade, qui permet l’accès à la promenade en berge ; ainsi que la promenade en berge proprement dite et les aménagements en rapport direct avec le fleuve, à savoir le parc canin, la descente de bateaux et le quai des Chanteraines d’une emprise de près de 6000 m².

Cette situation est l’opportunité de traverser la Seine autrement et de l’associer aux dynamiques des rives. Afin d’affirmer cette traversée, les parcs doivent se projeter au-delà des berges. La Seine doit devenir une composante des parcs et des promenades. Elle permet de donner du lien, de permettre la traversée mais aussi elle met en scène les aménagements et les usages qui s’y pratiquent. Les parcs ne doivent pas se terminer sur la promenade en berge. Ils doivent s’ouvrir sur ces espaces et jouer de cette situation en front d’eau.

Dans un premier temps, le projet affirme l’arrivée sur la Seine à travers trois aménagements : l’ouverture du parc vers le fleuve, le reprofilage de la berge végétale et le rabotage du quai des Chanteraines. Dans un second temps, le projet permet la traversée. Cette dernière se traduit par l’aménagement des vues et la mise en relation des parcs à travers les activités qu’ils proposent. Pour aller au bout de ma proposition je propose l’aménagement d’une passerelle, pour que la traversée soit totale.


Aménagement d’un point d’accroche, ouverture des vues vers la rive voisine Aménagement de la passerelle des Chanteraines

Reprofilage de la berge végétale, les prairies du parc s’étirent jusqu’à l’eau

Rabotage du quai des Chanteraines, création d’un nouveau rapport à l’eau

Création d’une nouvelle façade pour le parc qui permet l’ouverture vers le fleuve

Réorganisation de l’espace du quai, les accès sont affirmés par un travail au sol, et les masses végétales renvoient aux fronts bâtis Les continuités en berge des extrémités sont mise en relation avec l’espace du quai

1.1000 - 10m

PLAN MASSE INTERFACE DES PARCS

L’ouverture sur la promenade Le rabotage du Quai des Chanteraines

La prairie de la berge

Aménagement des extremités du quai en lien avec les continuités en berge

AXO QUAI DES CHANTERAINES

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AVANT/APRES

OUVERTURE VERS LE FLEUVE L’ancienne sortie du parc sur la promenade en berge devient une véritable entrée sur la Seine.

Le parc des Chanteraines

Ouverture du parc sur le fleuve

Graduation dans la végétation

L’ARRIVEE SUR LA SEINE Le projet conserve le cheminement du parc vers la promenade en berge. La végétation arborée de part et d’autre du chemin est préservée et cadre les vues vers le fleuve. Le reprofilage de la berge permet de repenser la végétation. Une végétation basse sera favorisée. Une strate arbustive et herbacée enrichira la palette végétale actuelle essentiellement arborée. En reprofilant la berge et en favorisant une végétation plus basse pour accompagner le profil de la berge, les vues vers la Seine se révèlent depuis la sortie du parc. La berge de L’IleSaint-Denis offre une profondeur et appel le promeneur. Le pied de berge sera préservé par la mise en place de gabions.

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AVANT/APRES

LE QUAI DES CHANTERAINES L’emprise de l’ancien quai est préservée et optimise cette situation d’interface entre le parc et la Seine. Le quai marque une véritable accroche pour la continuité en berge.

Le double niveau du quai des Chanteraines

L’ouverture du parc vers le fleuve est réaménagée sur l’ensemble de son linéaire en contact avec la promenade en berge. Aujourd’hui une grille masquée par un cordon arboré et arbustif dense marque cette délimitation. Le projet repense cette délimitation en optimisant l’ouverture des vues. Le cordon végétal laisse place à une grille coulissante ouvrant des passages de longueurs variées.

LES INTERFACES Le quai des Chanteraines est l’élément fort du projet. Cet ouvrage a conservé son emprise et ses hauteurs de quai de marchandises. Cependant les rapports avec le fleuve ont évolué. La qualité qu’offre ses emprises est appréciable et conserve une notion de mémoire du patrimoine fluvial. Conserver ces

La berge de l’Ile-St-Denis

ouvrages permet de maintenir des accroches au fleuve et de préserver l’histoire de ces lieux. Aujourd’hui cet ouvrage est aménagé avec une surface en herbe et un maillage d’arbres. Cet aménagement à l’échelle du quai renforce l’idée de rupture. Le quai est une composante isolée. Pour intégrer le quai aux aménagements du parc et de la promenade en berge et l’intégrer dans la traversée du fleuve, le profil du quai est repensé. Il propose un nouveau rapport à l’eau . Le quai d’une largeur de 40 mètres propose des gradins sur ces 15 premiers mètres. La seine devient une véritable scène. Sur les 25 mètres restant le sol est repensé de façon à casser la monotonie de la grande pelouse. En pied d’habitation ce quai doit s’associer à une place urbaine. Le minéral du quai doit s’associer au végétal du parc.

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INSTALLATION TEMPORAIRE SUR LE QUAI

LA TRAVERSEE La traversée de la Seine d’une berge à l’autre se fait dans un premier temps par l’aménagement des vues. Le végétal des berges doit être entretenu afin de préserver les vues et les ouvertures vers le lointain. Les activités proposées au sein des parcs peuvent également venir investir les berges de Seine. Le quai des Chanteraines peut accueillir des expositions et des installations temporaires. Ces évènements animeront le quai et proposeront des haltes culturelles et de détente. Aujourd’hui le parc des Chanteraines propose une exposition en plein air «Vues insolites des Hauts-de-Seine» et le parc de L’Ile-Saint-Denis propose quant à lui une promenade sur la thématique des impressionnistes. Ces installations peuvent passer le fleuve et engendrer du lien entre les berges. La traversée devient concrète par l’aménagement d’une passerelle. Plus qu’une traversée visuelle c’est une

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traversée physique du fleuve. Le fleuve se traverse et optimise la relation entre les deux parcs. La passerelle d’une longueur de 80 mètres est un ouvrage conséquent. A l’échelle de la boucle Nord, aucune passerelle piétonne n’est aménagée. La traversée du fleuve se fait uniquement par les ponts routiers. Ici la situation d’interface entre deux parcs justifie l’aménagement de cette passerelle. L’ouvrage reprend le graphisme de la grille du parc. Un graphisme fin et très ajouré qui permet de l’intégrer parfaitement au site. L’épaisseur de la passerelle est de 5 mètres. Elle permet la traversée piétonne avec un revêtement en bois, et cycliste avec un béton lisse. Depuis le parc de l’île, les prairies des berges et l’aménagement de la délimitation du parc permettent d’avoir des vues. Cette situation de traversée prend une certaine profondeur dans l’aménagement des parcs.


LA PASSERELLE DEPUIS LE QUAI

LA PASSERELLE DEPUIS LA BERGE DE L’ILE-ST-DENIS

LA TRAVERSEE DEPUIS LA PASSERELLE VERS LE PARC DE L’ILE-SAINT-DENIS

Le double niveau de la passerelle

L’arrivée de la passerelle sur la berge de l’Ile-St-Denis

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SCHEMA DE LA TRAVERSEE DES PARCS

AMENAGEMENT DE BACS POUR LA TRAVERSEE DU FLEUVE

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LA TRAVERSEE DU GRAND BRAS Depuis la berge de la rive droite de l’Ile-St-Denis on observe la promenade en berge d’Epinay-sur-Seine. Ici l’aménagement d’une passerelle est inenvisageable étant donné le trafic fluvial. Cependant les ouvrages du génie civil ne sont pas les seuls à pouvoir nous faire traverser le fleuve. Le système de bacs pourrait être installé et proposer des stations fluviales. Ces aménagements permettraient de rejoindre la rive voisine et de naviguer sur les berges de Seine d’une station à une autre. Ce projet de station fluviale pourrait s’appuyer sur les quais et estacades de Seine en reconversion. Ce réseau fluvial permettrait de mettre en relation les parcs et promenades à plus grande échelle et de proposer un nouveau mode de transport pour les riverains et les personnes qui travaillent à proximité de la Seine.


LE PARCOURS DES IMPRESSIONNISTES Le parc départementale de l’Ile-Saint-Denis propose de nombreuses activités. L’aménagement de la Promenade des Impressionnistes retracent l’époque des peintres du XIXème siècle. Faisant partie du « Bassin d’Argenteuil », haut lieu de l’Impressionnisme, L’Ile-Saint-Denis et ses abords sont fréquentés par d’illustres noms : Edouard Manet, Alfred Sisley, Berthe Morisot.

LE MOBILIER MOBILE DES BERGES RIVE GAUCHE Le projet rive Gauche de la ville de Paris s’est réapproprié les quais de Seine avec des installations et du mobilier mobile. Ci-contre les bancs en traverse bois proposent à la fois l’assise, la tablée et l’amusement.

LA PASSERELLE SIMONE DE BEAUVOIR A PARIS Le tout dernier pont de la Seine, qui relie Bercy à la Bibliothèque Nationale de France, est un pont réservé aux modes de transports dits « doux ». Il a un aspect ondulant pour une balade tout en légèreté. Il relie les rives des 12e et 13e arrondissements de Paris, soit environ 304 mètres. Cette passerelle a été inaugurée le 13 juillet 2006.

LES SOLS DU PARC SYCOMORE Un travail sur les sols a été réalisé. L’imbrication de dalles de béton, de parcelles en herbe et de dalles avec des joints en herbe propose un ensemble harmonieux.

REFERENCES

LA GRILLE DU PARC DU CHEMIN DE L’ILE

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SCHEMA ACCROCHE SEINE Cette accroche à la Seine se trouve sur la périphérie Est de la ville d’Argenteuil. Elle s’appuie sur les infrastructures routières et la topographie des buttes.

LA CONNEXION PARCOURS DE SEINE 3.3. PARCOURS DE SEINE ENTRE LES LIGNES Depuis les berges de la ville d’Argenteuil l’ouvrage massif de l’Autoroute A15 impacte le paysage du fleuve. Cette infrastructure capte le regard et nous oriente vers la ville. Les cheminements depuis le fleuve se font par des routes délaissées, des ruelles, et des sentiers. La ville possède un grand nombre d’interstices. Ces espaces d’entre deux, sont des non-lieux pour certains fermés au public. La ville d’Argenteuil est consciente du potentiel que représentent ces espaces et souhaite les affirmer comme trames vertes et proposer des connexions avec la Seine au travers de ce maillage. Je m’inscris donc dans cette même orientation. Aujourd’hui les aménagements de la ville se portent essentiellement sur le centre-ville. Ma démarche de projet qui se porte sur les accroches depuis la Seine m’oriente sur la périphérie Est d’Argenteuil, où les lignes de la ville développent des ambiances urbaines qui s’associent à des espaces en devenir.

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Cette transversale s’appuie également sur une topographie marquée et des entités paysagères à part entière. Sur les hauteurs du coteau, la butte d’Orgement domine la ville à plus de 100 mètres d’altitude. Sur ces hauteurs culmine un patrimoine historique : le Moulin d’Orgemont aujourd’hui reconverti en restaurant. Ce dernier a conservé son charme d’antan. Il ouvre ses portes dans le cadre des journées européennes du Patrimoine. Aujourd’hui ces espaces sont appréciés par les habitants des quartiers et attirent de nombreux curieux pour les vues qu’ils offrent sur la Capitale Parisienne. Depuis ces hauteurs la Seine se laisse deviner mais en raison du dénivelé important les vues sur le fleuve sont rares. Ce dernier vient dessiner la courbe du coteau d’Orgemont à plus de 70 mètres en aval des hauteurs de la butte. Les accès à la Seine se font par un seul et même accès qui passe sous la voie ferrée. Ces lieux sont marqués par d’anciens usages industriels qui aujourd’hui s’effacent et laissent place à l’imaginaire des personnes qui côtoient la berge. La pêche semble être une activité appréciée, la promenade depuis le quai est également prisée par de nombreuses personnes. Chacune de ces grandes entités font l’objet d’une réflexion d’aménagement. Cependant ces lieux existent aux travers des usages d’aujourd’hui. Ma proposition va donc porter sur les existants et affirmer les usages en place. Au cœur de la ville il va s’agir de rendre accessible certaines trames et connecter ces deux grandes entités paysagères. Connecter le fleuve et ses abords aux patrimoines de la ville, urbain et paysagé, c’est l’inscrire dans une logique urbaine.


INTERFACE BUTTE:VILLE

DANS LA VILLE

INTERFACE VILLE:FLEUVE 1/5000 - 250m PLAN MASSE Les interstices de la ville d’Argenteuil génèrent des traversées improvisées vers la Seine. La Seine et les Buttes d’Orgemont semblent se relier au travers de cette trame.

INTERFACE DES RIVES

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Ouvrage de l’Autoroute A.15 Berge du port de Gennevilliers

LES BERGES DE LA VILLE D’ARGENTEUIL Aujourd’hui les berges d’Argenteuil sont majoritairement occupées par la D311 qui longe la berge et la sépare de la ville. Seule la berge du Quai Saint-Denis à l’extrémité Est de la ville est accessible et permet de rejoindre la promenade en berge d’Epinay-sur-Seine. Depuis ces berges, l’ouvrage autoroutier de L’A.15 marque un véritable trait d’union entre la ville d’Argenteuil et le port de Gennevilliers. Il engendre une nouvelle orientation pour la promenade en berge et nous dirige vers la ville et inversement depuis la ville cet ouvrage nous oriente vers le fleuve.

La butte d’Orgemont

N

La butte Balmont PARCOURS IMPROVISE Ce parcours met en relation la Seine et la Butte d’Orgemont. Dans la ville, des espaces sont fermés ou inaccessibles aux promeneurs. Il y a les espaces annotés espace Naturel sur le PLU de la butte Balmont et du bois de la rue Claude Monet, qui sont inexploités, et les emprises des infrastructures routières qui restent fermées aux promeneurs. Ces derniers portent un véritable potentiel pour ce parcours et d’éventuels accès au fleuve.

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N

Le Bois de la Rue Claude Monet

en direction du futur parc en berge d’Argenteuil 1/5000 - 250m

N

NL

La berge en direction de la promenade en berge d’Epinay-sur-Seine


Berge du quai Saint-Denis

Espace vert entretenu

Voie ferrée

Rue des Déserts

LE PARCOURS Depuis la Seine le pont de l’Autoroute A15 offre une entrée vers la ville et à l’inverse il ouvre une porte vers la Seine. Cet appel vers la ville est une opportunité de relier la Seine à son territoire et de montrer une de ses nouvelles facettes : celle de la mise en relation, de la connexion. Le fleuve permet la découverte de lieux riches et variés dans les arrières de ses rives.

Ce parcours met en relation la Seine et la Butte d’Orgemont. Dans la ville, des espaces sont fermés ou inaccessibles aux promeneurs. Il y a les espaces annotés «espace Naturel» sur le PLU de la butte Balmont et du bois, qui sont inexploités, et les emprises inexploitées des infrastructures routières. Ces derniers représentent un véritable potentiel pour ce parcours et d’éventuels accès au fleuve.

Dans ma dynamique de reconquête de berges j’ai déambulé sur les berges, dans les quartiers d’habitations et dans les grands espaces ouverts de la plaine de la butte d’Orgemont afin de comprendre les imbrications des espaces actuels. Les interstices de la ville ont orienté mes directions. Un parcours s’est dessiné des hauteurs des buttes vers les berges de Seine.

Tout au long de ce parcours le végétal est partout présent. Il adouci la traversée de la ville et nous guide finalement vers d’autres lieux. On le traverse, on le longe, on l’aperçoit pour arriver jusqu’à la berge. Certains des espaces traversés sont aujourd’hui dans l’attente d’aménagements et de ce fait fermés au public, d’autres mériteraient d’être repenser pour affirmer la descente vers la Seine et à l’inverse la remontée vers la butte d’Orgemont. L’ouvrage routier est tout comme le végétal, très présent notamment à l’approche de la Seine lorsqu’il prend de la hauteur. Son implantation et son orientation renforce la traversée de la butte vers la Seine tout en mettant en avant la topographie du site, du fait que l’ouvrage soit tantôt aérien, tantôt en contrebas.

Le parcours se réalise dans un premier sur des existants et révèle une première trame. Ma proposition affirmera cette première trame et la confortera par l’ouverture de certaines parcelles, et certains espaces aujourd’hui inexploités. Cette trame mettra en avant trois interfaces : celle de la butte avec la ville, celle de la ville avec la berge, et enfin celle de la berge avec le port de Gennevilliers. Cette dernière interface permettra de révéler le port et ses activités depuis la berge et d’appréhender une facette du fleuve réservée aux occupants du port : celle de l’industrie portuaire. Une activité du quotidien pour les usagers du port et méconnue pour les usagers des berges.

Cette traversée en direction de la Seine est présente, l’enjeu est de la rendre lisible de tous et de l’affirmer comme véritable trame de Seine en s’appuyant sur les espaces inoccupés de la ville pour proposer un parcours défini.

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LA PLAINE DE LA BUTTE D’ORGEMONT Sur les hauteurs de la butte d’Orgemont, les clairières et bosquets d’arbres nous permettent une évasion à la campagne en plein cœur de la ville. Depuis la plaine les vues s’ouvrent sur la capitale parisienne. La Tour Eiffel, la Tour Montparnasse, ainsi que la Basilique du SacréCœur de Montmartre ponctuent l’horizon et donnent des repères visuels. Au-dessus de l’échangeur autoroutier de l’A.15, le contraste est surprenant. Ce dernier met en relation deux composantes, végétale et minérale, qui à la fois s’opposent et se complètent.

L’ARRIVEE VERS LA VILLE Dans la descente de la butte les sentiers sont entretenus par l’utilisation des promeneurs. L’accroche avec la ville est aujourd’hui en pleine mutation. L’entrée de la butte au niveau de la ville est une petite friche qui finalement marque une interface difficile. Le projet d’aménagement de la butte prendra en compte cette entrée. Dans l’attente de cet aménagement l’accès à la butte reste accessible et c’est une opportunité pour l’intégrer au parcours de Seine. En face de ce cheminement une parcelle aujourd’hui fermée au public dissimule une seconde petite friche qui mène à la butte Balmont. Une butte végétale inexploitée par la ville. Pourquoi fermer ces espaces ? Ils sont de véritables porosités dans la ville et sont eux aussi une opportunité de parcourir la ville autrement et de proposer un itinéraire vers la Seine. Les projets de la ville pour l’aménagement de trame sont des projets ambitieux qui mettent un certain temps à voir le jour. Dans cette periode d’entre deux, ces lieux peuvent exister et servir aux usagers des lieux. Ouvrir ces parcelles est également une opportunité d’observer leur évolution et les usages qu’elles engendrent pour adapter au mieux le projet. Aujourd’hui on contourne ces espaces et on traverse la ville par les routes, les ruelles et parfois même les aires de stationnements. LA TRAVERSEE DE LA VILLE A l’arrivée dans la ville, on longe l’Avenue de Stalingrad (D41) pour accéder au Chemin des trois fusillés d’Orgemont. Ce dernier longe la bretelle d’accès à la Départementale D.311. Le végétal adoucie la traversée et nous guide vers la Seine. Depuis ce sentier on accède à l’aire de stationnement d’envergure qui nous permet de rejoindre la rue Balmont. Depuis cette rue pavillonnaire on poursuit notre descente vers la Seine. On rejoint ainsi la Rue d’Epinay. Le bois de la rue d’Epinay attire l’attention. Ce dernier est inaccessible en raison d’une végétation dense et non entretenue. En contournant cet espace on rejoint la rue des Grands Saules. Cette dernière est une entrée vers la Seine. ARRIVEE VERS LA SEINE L’arrivée vers la Seine est marquée par l’infrastructure de l’A.15 qui surplombe la ville. La particularité de cet accès non défini est qu’il se trouve à la jonction de l’ouvrage routier et de la voie ferrée. Cette route servait à desservir une ancienne industrie en bordure de Seine. La fermeture de cette usine laisse derrière elle, une friche végétale ainsi qu’une route où le végétal reprend ses droits et semble remonter vers la ville. Cette accroche à la Seine est empruntée par les personnes qui la connaissent. Les ambiances intimes que génèrent ces composantes réunies, sont surprenantes. Ce contraste entre les lignes de la ville et le végétal de la berge doit être préservé et participer à cette remontée vers la ville.

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LE MOULIN D’ORGEMONT DEPUIS LA PLAINE

PARCOURS DE SEINE L’ensemble de ces espaces donnent un maillage à exploiter pour mettre en relation le fleuve et le patrimoine de la ville d’Argenteuil. La butte d’Orgemont qui culmine à plus d’une 100 aine de mètres d’altitude est aujourd’hui déconnectée du fleuve. L’aménagement d’un parcours entre les lignes de la ville permettrait de connecter ces deux ensembles et de donner une cohérence dans les futurs aménagements de la ville. Le projet vise à ouvrir les espaces non exploités de la ville. Pour affirmer ce parcours de Seine je m’appuis sur trois grands espaces : la butte Balmont, les emprises routières et le bois de la rue Claude Monet. Le fait de les rendre accessibles, en m’appuyant sur les espaces résiduels de la ville permet de dessiner un parcours de la butte d’Orgemont à la Seine. Ce parcours d’un peu moins de 1 kilomètre renforce le contraste qu’il existe entre la ville et son végétal. Je révèle et préserve cette végétation qui est l’un des fils conducteurs de la descente vers la Seine. La gestion des eaux de pluies pose aujourd’hui question dans la ville d’Argenteuil en raison de la topographie du site. Ce parcours est une opportunité de récolter les eaux de pluie et de s’en servir comme fil rouge pour notre descente vers la Seine. Dans les espaces en herbe ce fil rouge prendra la forme d’une noue végétale de taille variable pour récupérer les eaux de pluies et les eaux de ruissellements. Pour la traversée des routes et des espaces minéraux elle prendra la forme de rigoles. Les excès d’eau seront canalisés par des troppleins qui les redirigeront. Ce projet permet de révéler la facette patrimoniale du fleuve. Depuis les berges de Seine on peut accéder à l’arrière de la rive et au patrimoine qu’elle possède. Ces parcours depuis la Seine permettent de l’intégrer à son environnement et d’enrichir la continuité en berge.

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LE MOULIN D’ORGEMONT Son existence remonterait au XVIème siècle. Dès le début du XVIIIème siècle la femme du meunier y ouvre un restaurant pour accueillir les promeneurs venus apprécier le point de vue sur Paris réputé comme l’un des plus beaux d’Ile de France. En 1847 la meunerie ferme définitivement ses portes et le lieu devient alors l’une des guinguettes les plus fréquentées de la région. Les paysages de la butte d’Orgemont abritaient autrefois, l’une des premières carrières de plâtre d’Argenteuil. Ce secteur a concentré de grandes sociétés plâtrières. Certains espaces, portent encore la trace de cette intense activité. Cette dernière a cessé peu à peu à partir des années 1950.

La descente de la butte 1

La traversée de la ville 2 La butte Balmont 3 Le long de la D.311 4 6 La descente vers la Seine Le Bois de la rue Claude Monet 5

PARCOURS DE SEINE Ce parcours met en relation la Seine à la Butte d’Orgemont en s’appuyant sur les espaces inexploités de la ville.

7 La berge

1/5000 - 250m

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LE MOULIN D’ORGEMONT (107 mètres d’altitude) 1. LA DESCENTE DE LA BUTTE Le végétal dense de cette descente est préservé et cadre le cheminement. Sur la droite du chemin une noue est aménagée pour récolter les eaux de pluie et draine les eaux de ruissèlements. La descente se fait au rythme de l’écoulement de l’eau.

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2. OUVERTURE DES PARCELLES NON DEFINIES L’ouverture de ces parcelles offre une poursuite pour la descente de la butte. Le végétal donne du lien entre ces espaces. La butte Balmont marque l’horizon et devient accessible depuis ce cheminement. Elle offre une nouvelle centralité dans la traversée. Le fil d’eau traverse la route et se poursuit en direction de la Seine. 3. LE LONG DE LA D.311 A la sortie de la butte Balmont, l’aire de stationnement de la rue Balmont actuel est repensé afin de permettre de longer le cordon végétal de la D.311. Les cimes des arbres ainsi que les façades de la tour de logements cadrent les vues sur la capitale parisienne. Ici les eaux sont drainées par une noue végétale aux pieds des arbres.

4. L’ARRIVEE AU BOIS A la sortie du cheminement le long de la D.311, le parcours passe sous le pont pour rejoindre le Bois de la Rue Claude Monet.

5. OUVERTURE DU BOIS DE LA RUE CLAUDE MONET Toujours dans l’axe de l’infrastructure routière de la D.311, ce petit bois de près de 6500m² devient franchissable. Il permet la traversée vers la Seine et propose des haltes dans le parcours. Situé sur une petite colline il offrira de nouvelles vues vers la Seine. Le cheminement en contrebas permettra de poursuivre la traversée vers la Seine en longeant l’écoulement des eaux de la noue.

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6. L’ARRIVEE VERS LA SEINE A la sortie du bois la rigole traverse la rue des Grands Saules et nous dirige vers l’accès à la Seine. Le végétal marque les entrées et continue de donner du lien à la traversée en plein cœur de la ville.

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1/5000 - 250m

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7. L’ACCES A LA SEINE La route des Grands Saules prend tout son sens avec la végétation foisonnante. Ici on accentue le contraste entre le minéral et le végétal. L’ancienne route est décapée pour mettre en valeur l’ancien sol en pavé et valoriser une traversée piétonne.

8. L’OUVERTURE SUR LA SEINE Passé la voie ferrée, les vues vers la Seine sont dégagées. La traversée vient s’ouvrir sur la Seine. Le cheminement de l’ancienne route vient se perdre dans la végétation de la berge. L’écoulement des eaux est récupéré dans un contre fossé en bordure de Seine afin d’être filtré avant de retourner au fleuve.

9. L’ARRIVEE SUR LA BERGE La berge à droite de l’ouvrage autoroutier, est aménagée et entretenue. Cependant les ouvertures sur le fleuve ne sont pas optimisées. Ici une gestion du végétal permettra d’optimiser les ouvertures sur le fleuve depuis la promenade en berge. L’installation de mobiliers supplémentaires permettra de proposer la halte pour découvrir les activités du port de Gennevilliers de la rive voisine.

10. LE PARCOURS EN BERGE La berge de l’ancienne industrie offre aujourd’hui une végétation arborée de qualité. Les peupliers et les Saules donnent des ambiances très intimes à la berge. Dans l’attente d’une future connexion avec le projet d’aménagement de la berge du centreville d’Argenteuil, la gestion du végétal de cette traversée permettra de favoriser et de préserver des sujets qui seront selon le projet de la ville, réutilisés. Aujourd’hui cette traversée arborée est complémentaire à la traversée de l’autre côté du pont, où les vues sont très dégagées. Des espaces pour la halte seront aménagés dans la végétation créant des renfoncements le long de la promenade. Des fenêtres seront aménagées pour avoir des vues sur le fleuve. La végétation arborée permettra de créer des cadres de dimensions variables.

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L’ESTACADE DU QUAI AULAGNIER

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LE QUAI DES CHANTERAINES


ANCIEN PETIT QUAI D’AMARRAGE

L’ESTACADE DES MARINIERS

les centralites POLARITES DE SEINE 3.4. POLARITES DE SEINE LES SITUATIONS D’INTERFACES Chacune des accroches en Seine misent en avant précédemment ponctuent les continuités en berge, tout en créant des polarités aux travers des interfaces ville/fleuve qu’elles génèrent. Ces polarités ne sont pas les seules sur ces promenades en Seine. L’ensemble des séquences décelées au cours de mon itinérance sur les berges de la Boucle Nord, a révélé la diversité des interfaces avec le fleuve. La particularité des interfaces que créent les quais et les estacades de Seine est une opportunité de donner au fleuve une nouvelle fonction pour les villes riveraines. Cette proposition n’est qu’une esquisse du potentiel que soulèvent ces espaces. Ces ouvrages ont été le point de départ de mon étude et me permettent d’ouvrir ma réflexion à l’échelle de la Boucle Nord.

Mon parcours sur les berges de Seine m’a permis d’appréhender les dynamiques d’évolution des villes riveraines et de la prise en compte ou non du fleuve dans les aménagements actuels ou à venir. Ces territoires poursuivent leur développement urbain. Des éco-quartiers fluviaux se construisent, les zones d’activités se renforcent et de nouveaux pôles se construisent. Les berges de Seine sont vouées à accueillir une véritable vie à leurs abords. La prise en compte des deux rives me permet d’entrevoir leur complémentarité. On habite la berge, on y travail et l’on s’y retrouve pour des moments de loisirs et de détente. Les ouvrages des quais et des estacades sont une opportunité de connecter ces rives. Ces ouvrages font finalement partie du patrimoine fluvial de la Seine. Ces dépendances de tailles variables sont aujourd’hui effacées de la ville. A l’abandon et souvent grillagés, seule la traversée depuis la Seine nous les révèlent. Ce patrimoine fluvial doit être préservé puisqu’il est à lui seul une véritable accroche à la Seine, certes ponctuelle mais très efficace.

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Rer C

La butte d’Orgemont

Train J

Argenteuil/bezon

9 10 Quais du port

Quai de la futur promenade en berge 12

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Les jardins en Seine

Gennevilliers

Rer Cet T1

Train J

Quai du parc Pierre Lagravère Tramway T2

Colombes

M13

Le port de plaisance Van Ghog

1

Asnières-sur-Seine Tramway J et L M13

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1/50000 - 2500m


LES STATIONS FLUVIALES Ainsi la mise en avant de ces ouvrages depuis la Seine comme depuis la berge est une évidence. L’enjeu est de rendre accessible la Seine, depuis ces berges et depuis le fleuve. Les dynamiques actuelles des rives montrent cette volonté de prendre en compte la Seine. Ainsi elle est vouée à jouer un rôle dans le quotidien des riverains. La pratique de la Seine met en relation chacune des berges et des dynamiques des rives. Aménager des stations fluviales sur certains quais et proposer un itinéraire sur Seine, permettrait de mettre le fleuve au centre des aménagements. La Seine a le potentiel pour mettre en interaction l’ensemble des dynamiques riveraines et de devenir une véritable Avenue, un devant et non un arrière ou encore un fond de scène.

Epinay-sur-Seine

Quais des parcs en Seine 8 7

5.6

Eco-quartier Néaucité

Villeneuve-la-Garenne Saint-Denis Rer D et Train H

Eco-quartier de l’Ile-Saint-Denis Usine Panzani 4 Rer C

2

Activité nautique du Centre sportif 3 Rer C

Quai des entreprises Rer C

Saint-Ouen

Certains quais doivent être repensés pour permettre l’amarrage de navettes fluviales. L’itinéraire en Seine permettra de parcourir le fleuve autrement. La rendre accessible permet d’aboutir cette reconquête de berge de Seine en milieu urbain. Le fleuve s’intègre, s’exploite et participe aux paysages fluviaux de la boucle Nord. Aujourd’hui les axes routiers, et les transports en communs de tous genres desservent les secteurs en bordure de Seine. Cependant la Seine reste inexploitée en termes d’axe de communication pour les riverains et les trajets du quotidien. Le trafic sur ces bords de Seine est voué à évoluer avec l’essor des villes et le développement des zones d’activités. La Seine doit s’ouvrir au transport fluvial d’usagers. Ce nouveau mode de transport permettra d’alléger le trafic routier. Et pour les personnes riveraines qui vivent et travaillent à proximité du fleuve, ce nouveau mode de traversée plus écologique et plus adapté, permettra d’apprécier la Seine et ses paysages le temps d’une traversée. Les itinéraires en Seine seront l’occasion de valoriser les paysages fluviaux et de proposer des connexions entre les espaces de Seine. Je vous propose de découvrir la Seine à travers l’un de ses itinéraires en Seine. Cette proposition reste une première esquisse pour révéler la diversité des facettes du fleuve.

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1. LE PORT VAN GOGH A Asnières-sur-Seine, ce petit port de plaisance s’est aménagé le long des berges de Seine. Une 50aines de bateaux y sont amarrés. Ce sont des habitants et des entreprises qui ont trouvé refuge dans bâtiments flottants. Le long de ces 500 mètres, 280 mètres de promenades ont été aménagés. Ils représentent un pôle dans la continuité en berge du Département des Hauts-de-Seine. Ce petit port pourrait à l’avenir devenir le point départ de l’itinéraire en Seine et appartenir au futur réseau des stations fluviales en mettant en service des navettes fluviales quotidiennes.

2. L’ESTACADE DES BUREAUX Le quai Aulagnier possède une estacade d’envergure aujourd’hui fermée au public. Cet ouvrage est un patrimoine fluvial qui possède une esthétique et une histoire. A double niveau il permettrait un double rapport au fleuve à la fois utilitaire avec la mise en place d’une station fluviale offrant un accès à l’eau et plus consensuel avec son intégration à la continuité en berge, offrant ainsi une avancée vers l’eau et des vues sur la rive voisine. La rive du quai Aulagnier concentre aujourd’hui un grand nombre de bureaux d’entreprises. L’ouverture de cette estacade et l’implantation de cette station fluviale permettraient aux personnes qui vivent et travaillent à proximité de la Seine de la voir comme une véritable Avenue. L’utilisation de la voiture étant de plus en plus contraignante, les trajets fluviaux semblent répondre aux nouvelles attentes des usagers.

3. ET 4. LES DIFFERENTES FACETTES DE LA SEINE L’itinéraire en Seine serait une occasion de parcourir la Seine autrement et d’en découvrir ses différentes facettes. Ces dernières participent elles aussi à animer la traversée sur berges comme sur l’eau. Elles sont des micros polarités. Le parcours mettra en scène l’architecture du stade Red Olympique Audonien, les activités nautiques du Centre sportif de Vannes de l’Ile St-Denis, mais aussi les activités de certaines industries encore en lien avec le fleuve comme l’Usine Panzani qui utilise la Seine pour faire voyager des tonnes de céréales.

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5. LE PORT SISLEY Le devenir de ce petit port de plaisance m’a particulièrement interpellé. Il représente une opportunité à part entière d’accéder au fleuve et d’animer la promenade en berge. Cependant aujourd’hui il reste uniquement privé et les bateaux logements qu’il abrite s’amarrent bien audelà du port, privatisant l’ensemble de la berge et des accès à l’eau. Dans le cadre du projet de l’itinéraire en Seine, ce petit port deviendrait une station fluviale du parcours. Cet aménagement permettra au port de s’ouvrir au public tout en conservant les bateaux logements amarrés. Il aura ce double statut (public/privé). L’ouvrir au public permettra de l’intégrer dans la promenade en berge, tout en préservant les habitations flottantes. C’est ainsi l’emprise du port en berge qui sera repensée pour accueillir la station fluvial et les usagers des berges.

6. LES JARDINS DU PORT Afin de rendre l’accès au fleuve depuis le port Sisley, des bateaux jardins seront amarés aléatoirement sur le long du Quai Alfred Sisley. C’est une cohabitation entre les habitants du fleuve et les usagers de la berge. L’objectif est d’avoir un partage de l’espace fluvial.

7. L’ACTIVITE DU CHANTIER NAVAL Cet itinéraire en Seine sera également l’occasion de découvrir les activités portuaires. Le Chantier Naval de Villeneuve-la-Garenne se dissimule derrière ces murs depuis la berge. Le parcours depuis la Seine révèlera ce lieu et ces activités.

8. LA PASSERELLE DES PARCS EN SEINE Les parcs des Chanteraines et de l’Ile-St-Denis sont ainsi mis en scène depuis la Seine. La passerelle joue ce rôle de repère visuel et de liaison entre les espaces. La requalification du quai des Chanteraines pourra permettre la halte. Cet aménagement contemporain ponctura l’itinéraire en scène. Cette situation mettra en interaction l’ensemble des usages autour du fleuve.

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9. L’ESTACADE DES MARINIERS Cet ouvrage possède une architecture surprenante qui aujourd’hui se couvre d’une végétation spontanée en raison de sa fermeture. L’objectif est de préserver cet ouvrage de caractère. En raison de sa hauteur on privilégiera ici son emprise en berge. La rendre accessible et proposer des animations temporaires permettraient de lui rendre une fonctionnalité et de l’affirmer dans la continuité en berge. Ces aménagements et ces animations resteront temporaires et permettront de préserver l’ambiance de cette estacade qui offre un lieu à elle seule.

10. LE PORT DE GENNEVILLIERS Tout comme le chantier naval de Villeneuve-la-Garenne, le port de Gennevilliers reste un espace difficile à appréhender. Depuis la Seine l’activité portuaire et paysages fluviaux qu’elle génère s’observeront. 11. LES PETITS QUAIS Ces ouvrages de petite taille n’en reste pas moins des accès à la berge comme au fleuve. A une autre échelle ils permettraient de proposer un arrêt dans l’itinéraire en Seine. Situés sur le petit quai de Gennevilliers, cette petite station fluviale permettrait de desservir les entreprises du quai ainsi que l’accès à la promenade en berge des jardins en Seine. 12. LES JARDINS EN SEINE Depuis la Seine l’aménagement des jardins en Seine sera lisible.

13. LE QUAI DU PARC PIERRE LAGRAVERE L’itinéraire en Seine sur la rive gauche se terminera par le quai du parc Pierre Lagravère, son terminus.

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GUINGUETTE DE SEINE L’estacade des Mariniers aujourd’hui fermée au public pourrait accueillir des guinguettes temporaires aux grés des saisons. Ces dernières agrémenteraient les promenades de berge et proposeraient la halte tout en profitant du rapport que l’estacade offre avec la Seine.

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CONCLUSION TOUS EN SEINE

La boucle Nord des Hauts-de-Seine et des Départements Riverains poursuivent leur mutation. Les secteurs industriels s’effacent des paysages fluviaux et laissent place à de nouvelles dynamiques urbaines. Le départ des industries est pour les villes une opportunité de récupérer leurs abords de fleuve mais également l’occasion de développer leur ville. Les secteurs d’activités et l’aménagement d’éco-quartier fluviaux se développent. La Seine et ses berges sont aujourd’hui dans de nombreux projets de reconquête. Les orientations politiques des villes de la boucle Nord consistent à les rendre accessibles de tous. Ainsi l’aménagement des continuités en berge se poursuit aux abords de la Seine, offrant des linéaires d’espaces publics pour les loisirs et le cadre de vie des riverains. Mon regard de paysagiste me pousse néanmoins à réagir sur certaines de ces requalifications d’espaces fluviaux. Cette dynamique de reconquête de berge se fait essentiellement dans le linéaire des berges. Cela a pour conséquence, une certaine homogénéisation des paysages fluviaux de Seine. Le besoin des villes d’avoir un contrôle sur ces espaces fait qu’ils en perdent leur identité. Les aménagements linéaires le long de la Seine sont aujourd’hui une première étape dans la reconquête des berges. Cependant ils ne sont pas suffisants pour exploiter le potentiel du fleuve. Comment optimiser cette reconquête de berges en milieu urbain ? De la grande échelle à la plus petite, les paysages de Seine se séquencent et se rythment par de multiples situations. Ainsi la question de l’identité de ces situations en front de fleuve sur la Boucle Nord, ce qu’elles représentent et pourraient représenter, aux yeux de ceux qui les vivent au quotidien, mérite d’être posée, pour susciter une considération nouvelle de ces espaces fluviaux. Vivre le fleuve ne doit pas se résumer à le longer. Aujourd’hui la Seine urbaine se défini à travers les fronts de quartiers d’habitations sur terre comme sur l’eau, les parcs et jardins qui s’étirent le long des berges, les zones d’activités, mais aussi le patrimoine fluvial et paysagé que décèle la Seine ainsi que les usages qu’elle génère.

Mes itinérances le long des berges de Seine m’ont permis de découvrir ces situations variées. Cependant ces dernières ne cessent d’ignorer leur proximité avec la Seine. Ce constat m’a permis de travailler sur les interfaces qu’ils pourraient exister entre la Seine et sa rive. Le fleuve a un rôle à jouer dans chacune des situations qu’il engendre. Mes propositions mettent en avant 4 facettes du fleuve qui permettent de l’intégrer entièrement aux territoires de la Boucle Nord. Ainsi comme on l’a vu au travers des jardins en Seine, le fleuve devient une ressource, en permettant d’alimenter les cultures en eau. La mise en relation des parcs de la Boucle, lui permet de jouer un rôle prépondérant et concret dans les aménagements. La Seine permet également d’avoir une connexion avec le patrimoine qu’elle abrite dans l’arrière de ses rives. Enfin elle crée des centralités qui permettent de mettre en relation l’ensemble des rives et d’avoir des interactions entre-elles. Grace à cette réflexion sur les accroches de Seine, les relations entre la Seine et ses villes riveraines seront harmonieuses et d’une certaine manière complémentaires. Au travers ces interfaces, le potentiel de la Seine se laisse apprécier et laisse entrevoir les multiples visages du fleuve. Les paysages fluviaux de la Seine ne se résument pas à ces berges. La reconquête des berges par l’aménagement des continuités longitudinales doit être renforcée par un développement en profondeur de la rive, à travers différents types d’accroches comme celles que j’ai pu développer dans mon dossier. Ces dernières mettent en avant des facettes bénéfiques de la Seine pour les villes et servent les continuités en berge. Mon travail sur les accroches de Seine et les interfaces qu’elles génèrent n’est qu’un commencement. Des accroches il en existe d’autres. Il ne tient qu’à nous de les déceler et les recenser pour proposer de nouvelles interfaces avec le fleuve et mettre en avant de nouvelles facettes. C’est dans ce sens-là qu’il faut réaménager les bords de Seine pour optimiser leur réappropriation par les villes et révéler la diversité des paysages fluviaux de la Seine.

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SITES INTERNET Ville d’Argenteuil : www.argenteuil.fr Ville de Gennevilliers : www.ville-gennevilliers.fr Ville de Colombes : www.colombes.fr Ville de Villeneuve-la-Garenne : www.villeneuve92.com Projet Axe Seine : http://www.axeseine-colloquedeparis.fr/le-projet-87 Atelier Antoine Grumbach Associés : http://www.antoinegrumbach.com/ Association ANPEI pour le port Ssley : http://www.anpei.org/spip.php?article1778 Photographies anciennes : http://www.delcampe.net

AUTRE - Exposition présentée par le Conseil Général des Yvelines au musée de l’Hôtel-Dieu de Mantes-la-Jolie, 30 Novembre 2013, 23Mars 2014, Silvana Editoriale, Sous les ponts des Yvelynes coule la Seine, Seine domestiquée, Seine apprivoisée,

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