Rapport hmonp arnaud millet

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Mémoire HMONP 2016-2017

Nom : Prénom :

Millet Arnaud

Mise en situation professionnelle :

Du 29/08/2016 Au 04/08/2017

Structure d’accueil MSP :

Cochet Architectes 45 rue du jardin public 33 000 Bordeaux

Nom du tuteur d’agence :

Ludovic Cochet

Nom du directeur d’étude :

Luca Lotti

Thème :

Rapport entre l'architecture et l'ingénierie

Sujet :

Comment concilier une pensée technique, rationnelle, et une pensée architecturale, plus sensible, dans la fabrication du projet


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1. REMERCIEMENTS Je souhaite avant tout remercier toute l’équipe de l’agence qui a su m’épauler pendant cette année à leur côté. Ils ont tous pu à leur manière m’en apprendre toujours plus sur la pratique du projet architectural. Ludovic Cochet, en tant que chef d’agence, pour sa confiance et son enthousiasme, en me confiant la charge de plusieurs projets. Aurélie Boriello, pour tous ses conseils avisés pour assurer la gestion financière des projets. Sylvie Kuster, en tant que chargée de projets, pour m’avoir aidé à trouver des solutions techniques pour avancer et enfin Mathieu Tremousa, en tant que chargé de projets, notamment pour ses recommandations pour mener à bien mes différentes missions. Enfin, je souhaite remercier Luca Lotti, mon directeur d’étude, de son implication dans le suivi de ma période en agence et de ses préconisations et conseils dans l’élaboration de cet écrit.

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SOMMAIRE

1.

Remerciements .......................................................................................................... 3

2.

Avant-propos .............................................................................................................. 7

3.

Regard sur soi ............................................................................................................. 8 Préambule ....................................................................................................................8 Formations ...................................................................................................................8 Expériences, parcours professionnel..................................................................... 11

4.

Regard sur l’agence ................................................................................................. 13 Contexte recherche travail ...................................................................................... 13 Présentation agence................................................................................................. 17 Principales missions confiées .................................................................................19 La pratique de la maitrise d’œuvre en architecture ......................................... 26

5.

Regard critique : Concilier une pensée rationnelle et une pensée sensible .... 29 A propos ..................................................................................................................... 29 La pratique des ingénieurs et formations ............................................................ 31 La pratique de l’architecte...................................................................................... 35 Vers une conciliation ............................................................................................... 39 En pratique ................................................................................................................ 40

6.

Regard lointain ......................................................................................................... 42 A court terme ............................................................................................................ 42 A long terme ............................................................................................................. 43

7.

Conclusion ................................................................................................................ 45

8.

Bibliographie ............................................................................................................ 46

9.

Annexes ..................................................................................................................... 47 exemples de détails/croquis ................................................................................. 47 curriculum vitae ....................................................................................................... 47 fiche bilan du tuteur d’agence du carnet de suivit ........................................... 47 fiche bilan du directeur d’étude du carnet de suivit ......................................... 47 fiche bilan de l’architecte DE du carnet de suivit .............................................. 47

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2. AVANT-PROPOS Il est ici question de croiser une expérience actuelle, ancrée dans la réalité, et une envie, plus évasive, de clarifier le lien entre construction et architecture dans la phase de conception d’un projet architectural. L’objet n’est pas tant de réussir à discerner les différences entre l’architecture et l’ingénierie, qui ont été déjà plusieurs fois abordées par de nombreux auteurs, mais surtout de comprendre les rapports que peuvent entretenir l’une et l’autre dans la phase de conception du projet. Cette envie d’éclaircir la méthode de penser de l’ingénieur et de l’architecte dans la fabrication du projet architectural et à mon sens une nécessité. Cela est d’autant plus important que le contexte économique actuel transforme notre environnement de travail et nous pousse à tendre vers l’économie de moyens qui nous oblige à préciser le projet, et sa mise en œuvre, plus en amont. Ce besoin d’anticiper la matérialisation du projet est à mon sens essentiel. Cette dernière notion est selon moi une condition nécessaire, et non suffisante, pour parvenir à un projet architectural abouti. Le présent rapport pose ainsi la question, « comment concilier une pensée technique, rationnelle, et une pensée architecturale, plus sensible, dans la fabrication du projet », dans le but de cerner les différentes notions qui gravitent autour de cette problématique. Dans un premier temps, une première partie sera consacrée à mon parcours (formations et expériences) qui m’a sans aucun doute amené à aborder cette problématique. Il est certain que celui-ci façonne ma sensibilité et ma manière de fabriquer et penser un projet architectural. Cela permettra d’abord d’éclaircir la pratique des ingénieurs puis celle des architectes et leurs méthodes de penser respectives. Le contexte de travail dans lequel s’inscrit cette HMONP sera détaillé au travers de la présentation de l’agence et d’un très bref récapitulatif des projets sur lesquels j’ai travaillé. Enfin, je porterai un regard sur la pratique de l’architecture en son nom propre et énoncerai mes volontés à court et long terme.

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3. REGARD SUR SOI Préambule L’objectif du présent mémoire est de cerner le contexte dans lequel s’inscrit cette année de travail en agence d’architecture. Il n’est pas question ici de récapituler les responsabilités assumées au sein de l’agence, qui sont énoncées dans le carnet de bords, mais bien de s’attacher à une problématique liée à la pratique du projet architectural en agence. Ce mémoire n’a évidemment pas la prétention et la volonté de traiter de manière exhaustive une problématique, mais plus de questionner une pratique de l’architecture autour d’un thème fixé. Il devient alors une sorte de prétexte permettant de mieux appréhender une des facettes liées à la pratique du projet. C’est pourquoi j’ai choisi de traiter une problématique plutôt programmatique car étroitement liée à ma formation et ma pratique quotidienne en agence. L’objectif de cette insertion en agence est multiple. Tout d’abord, elle est l’opportunité d’appliquer les connaissances acquises pendant le cursus scolaire et différentes périodes en entreprises et agences. Elle permet aussi d’apprendre tous les jours en abordant des problématiques variées. Elle offre aussi la possibilité de développer son réseau professionnel et elle est surtout le moyen d’intégrer une équipe pour assumer des responsabilités sur une période suffisamment longue pour apprécier pleinement celle-ci. Formations L’architecture, un début où une fin en soi ? C’est suite à l’obtention d’un diplôme d’ingénieur spécialiste en travaux de la construction que j’ai pu intégrer une école d’architecture en ayant la volonté d’élargir mon champ de compétence dans la construction. Avant même de définir ces deux fonctions et ces deux « univers », on comprend déjà que dès le point de départ, lors de la phase essentielle d’apprentissage, ils sont totalement dissociés. Dans mon cas, cet apprentissage a débuté dès le lycée au travers d’un baccalauréat des sciences techniques et industrielles spécialisé en Génie civil. Cette formation technologique, permet d’aborder des enseignements primaires et spécifiques du domaine de la construction. On apprend donc les sciences (mathématiques, physique, résistance des matériaux), des matières spécifiques (technologie de la

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construction, réalisation des ouvrages) et y étudie et met en pratique les techniques liées à la construction de manière intensive (laboratoire, dessin technique, conception assistée par ordinateur, topographie). A la suite de cette formation technologique, il était naturel de s’orienter vers une formation à dominante scientifique et spécialisée dans le Génie civil. Le Diplôme Universitaire de Technologie (DUT) spécialité Génie civil répondait parfaitement à ces critères en formant des techniciens polyvalents. En effet, Il permet une insertion professionnelle rapide après deux années universitaires où sont dispensées des connaissances théoriques (sciences générales et sciences appliquées) et pratiques. Toutefois, il offre la possibilité à ses étudiants de postuler facilement pour une poursuite d’études longues (puisque 70% d’entre eux faisaient le choix de continuer en faculté ou en école d’ingénieur). Il a été créé il y a plus de quarante ans et est plébiscité par les entreprises. Le taux de réussite y est particulièrement élevé avec 90% de réussite grâce à un encadrement strict de la part du corps professoral. De plus, il offre la possibilité d’effectuer une partie du cursus à l’étranger grâce à de nombreux partenariats avec des universités étrangères. C’est pourquoi j’ai choisi d’effectuer le dernier semestre de cette formation à l’étranger en vue de l’utiliser comme un « tremplin » pour pouvoir intégrer une école d’ingénieur. En effet, il était intéressant de mettre en avant cette expérience auprès des écoles pour démontrer ma capacité à m’adapter à une nouvelle culture et un nouvel enseignement, pratiquer une langue étrangère, être mobile et faire preuve d’autonomie. C’est ainsi que j’ai suivi le programme sélectif anglophone « Civil engineering » à VIA University College au Danemark pendant six mois. Ce campus rassemble plus de soixante nationalités différentes au sein d’un établissement qui possède un rayonnement et une notoriété très importante. Concernant l’enseignement, cette expérience a été l’opportunité de découvrir de nouvelles méthodes d’apprentissage qui se basent quasiment exclusivement sur des projets encadrés par des professionnels ou enseignants. Les enseignements sont alors abordés d’une manière moins « scolaire » et l’étudiant possède ainsi une grande part de liberté dans ses travaux. Par conséquent, il a été possible de réaliser ces projets de construction d’une manière moins « calculatoire » et réglementaire qu’il ne l’aurait été au sein d’un enseignement français. La notion de limite entre architecture et ingénierie y était très peu ressentie puisqu’il était possible

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d’apporter une réflexion globale sur le projet en concevant l’ouvrage dans sa quasi-intégralité. C’est à ce moment-là de mon parcours que j’ai ressenti le besoin de perfectionner et approfondir mes connaissances liées à la construction. C’est pourquoi j’ai fait le choix de m’orienter vers une école d’ingénieur spécialisée dans ce domaine afin de recevoir un enseignement dans la continuité des précédents. Cette formation initiale dispense des sciences fondamentales (algèbre, analyse, physique), des sciences appliquées (mécanique des fluides, mécanique des sols, résistance des matériaux…), des enseignements technologiques (béton armé, béton précontraint, construction métallique...) et des enseignements du monde de l’entreprise (droit, management, comptabilité…). Elle exige des périodes en entreprise (en France et à l’étranger) ce qui permet un apprentissage complémentaire et une adaptation au monde de l’entreprise. De plus, le diplôme d’ingénieur permet d’occuper des fonctions variées au sein d’un même secteur d’activité avec une formation reconnue et appréciée des professionnels. En effet, je perçois maintenant ces années d’études comme la dispense d’un enseignement permettant d’avoir un regard plus critique sur un sujet, la résolution d’un problème posé à l’aide notamment de solides connaissances techniques et scientifiques, d’obtenir une capacité de raisonnement, d’anticipation et d’adaptabilité plus importante. Toutefois, c’est en mettant à profit ces qualités lors de mon Projet de Fin d’Etudes de six mois sur une opération de construction d’envergure que j’ai ressenti le besoin d’apporter un regard autre que celui de l’ingénieur afin de pouvoir m’épanouir totalement dans mon futur métier. C’est donc ici que la nécessité d’élargir, et non de perfectionner, mes connaissances s’est concrétisée en faisant le choix d’intégrer une Ecole Nationale Supérieure d’Architecture en troisième année de licence par le biais d’une validation des acquis. Celui-ci s’accompagne du souhait de vouloir mettre à profit une sensibilité ressentie depuis longtemps au travers notamment du dessin et de la photographie. L’objectif global est de pouvoir poser un regard particulier, entre création et pragmatisme sur un projet de construction. Cette décision, afin de ne pouvoir être remise en question, a dû être appuyée par de nombreux échanges avec des professionnels (possédant parfois ce double cursus), des enseignants (parfois enseignant à la fois en école d’ingénieur et en école d’architecture) et d’étudiants (ayant effectué cette transition).

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Expériences, parcours professionnel En parallèle et grâce aux formations suivies, j’ai eu l’opportunité de travailler à nombreuses reprises au sein d’entreprises de construction en France comme à l’étranger. C’est au total plus de seize mois passés en entreprise qui m’ont permis de mettre en pratique mes premiers acquis dans ce domaine et de me conforter dans mes choix concernant mon cursus scolaire. L’objectif commun à toutes ces expériences professionnelles a été de travailler sur des opérations d’envergures variées (logements, tertiaire et industriel) à des phases différentes (études et chantier) et dans domaines différents (bureau d’études technique, bureau d’études de prix, conduite de travaux). C’est pourquoi j’ai choisis d’intégrer des majors tels que Bouygues Construction ou Eiffage Construction qui offrent la possibilité d’intervenir sur des opérations conséquentes. Ces dernières comportent des contraintes spécifiques qui nécessitent un travail abouti et complexe à tous les niveaux : conception, études techniques, études de prix, méthodes, exécution… Compte tenu de leurs échelles, il est essentiel de fournir des moyens humains, techniques et financiers particuliers afin de pouvoir prétendre apporter des solutions aux problèmes posés (délais, prix, technicité, géographie, maitrise d’ouvrage…). C’est donc au travers de ces moyens particuliers mis en œuvre pour la bonne réalisation du projet qu’il m’était possible de prendre plaisir à construire. Toutefois, il me semble que c’est lors de mon Projet de Fin d’Etudes de six mois au sein de l’équipe travaux sur la réalisation du siège social mondial du groupe Carrefour en région Parisienne que la nécessité d’élargir mon champ de compétence s’est concrétisée. En effet, c’est sur cette opération d’exception du point de vue humain, technique et financier rassemblant tous éléments nécessaires à l’épanouissement d’un ingénieur travaux que j’ai ressenti le besoin de pouvoir mettre à profit une certaine sensibilité pour m’épanouir totalement dans mon futur métier. Enfin j’ai eu l’opportunité d’intégrer des agences d’architecture Bordelaise comme l’agence Brochet-Lajus-Pueyo, pour travailler sur un concours d’architecture pour un maître d’ouvrage privé, et l’atelier Ferret Architecture pour travailler sur le concours de la restructuration du parc Lescure à Bordeaux.

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4. REGARD SUR L’AGENCE Contexte recherche travail L’habilitation à la Maitrise d’œuvre en son Nom Propre (HMONP) est la conjugaison entre une période de formation à l’école d’architecture (150 heures réparties d’octobre à mars), une pratique en agence de six mois à temps plein minimum. Ma vision de cette période en agence se traduit par la volonté de participer, de manière la plus autonome possible, à la fois à la conception d’ouvrages (sans limitation d’échelle), mais aussi à leur réalisation. En conséquence, je souhaitais rejoindre une équipe œuvrant sur des projets en phase exécution. Concernant mon contrat de travail, j’ai choisi, en accord avec le chef d’agence, de signer un contrat à durer déterminée me permettant d’intégrer l’équipe pendant une année complète. Il me semble que cela est bénéfique pour les deux parties. A la fois pour l’agence, qui voit la productivité de l’intéresser accroitre, et pour ce dernier, qui peut alors s’épanouir toujours plus. La recherche d’une agence en mesure d’accueillir une personne pour une période en HMONP s’est faite de manière relativement naturelle. C’est l’agence d’architecture Cochet Architectes qui a sollicité l’école d’architecture avec la volonté d’accueillir un jeune diplômé pour pouvoir répondre à la charge de travail. J’ai donc pu répondre à leur recherche via l’annonce parue sur la boite mail de l’école et ainsi enclencher le processus de sélection des candidats. J’ai alors présenté mon site web qui recense notamment mes différents travaux et mes différentes expériences professionnelles. Ce dernier m’a permis de présenter de manière claire et concise mes différentes productions (travaux école, photos, etc). Il me semble que le fait d’être en mesure de présenter ses travaux de manière soignée (site internet, livret imprimé) se révèle être une capacité de plus en plus nécessaire et appréciée. En effet, la communication autour des travaux effectués est un élément essentiel pour un architecte. Sans cela, il est relativement plus difficile pour lui de communiquer et donc de trouver de potentielles opportunités de projet. De plus, cela démontre une certaine capacité à synthétiser le travail réalisé et atteste d’une aptitude à mettre en œuvre un contenu sur divers supports (web, livres, plaquettes…).

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Ma volonté d’intégrer une agence telle que Cochet Architectes s’explique par plusieurs raisons. La première provient du fait que c’est une agence praticienne, jeune et en pleine ébullition. En ce sens, j’entends une agence capable de prendre un projet de la conception à la réalisation. En effet, l’agence travaille sur de nombreux projets dans le centre de Bordeaux. De fait, l’agence a acquis une capacité à travailler au contact de l’existant à maintes et maintes reprises (rénovation maisons de caractère, extension maisons de pierre, réhabilitation immeubles de pierre…).

A ce titre, il me semble que cela confère à l’agence une certaine légitimité et force grâce à ses nombreuses réalisations sur le territoire bordelais. Compte tenu de l’évolution et de l’attractivité de Bordeaux métropole, je suis convaincu qu’il est aujourd’hui nécessaire de capitaliser ce savoir afin de pouvoir répondre à une demande qui va être grandissante, à savoir : être capable de faire revivre un lieu. La deuxième raison pourrait être le fait que l’agence s’adresse à des maîtres d’ouvrages variés avec des demandes qui leur sont propres. De ce fait, nous pouvons alors œuvrer à réaliser un restaurant, avec la nécessité première de maitriser une identité et une mise en œuvre des lots techniques, à réaliser une extension, avec la faculté de guider le maitre d’ouvrage vers le projet qui lui correspondra le mieux, etc … Il en résulte une agence soucieuse de répondre au mieux à la demande du maitre d’ouvrage, tout en sachant, quand nécessaire, sortir du cahier des charges pour apporter une plus-value. En effet, je suis convaincu qu’il est primordial de savoir aller au-delà de l’énoncé du maitre d’ouvrage pour lui proposer un quelque chose d’inattendu. A cela, s’ajoute le fait que l’agence a su tisser un réseau (entreprises, conseils, bureaux études, etc) lui permettant de travailler sur des projets de plus en plus complexes.

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Présentation agence Ludovic Cochet est diplômé de l’école d’architecture en 2004 et commence directement à travailler avec Antoine Verdoni en montant le cabinet d’architecture Cochet-Verdoni. Ainsi, ils commencent à réaliser des maisons neuves, des réhabilitations-extension/surélévation ainsi que quelques commandes publiques telles qu’une salle socio-culturelle de 300 places à Listrac-Médoc ou un établissement de santé à la Réole. Ludovic Cochet s’est ensuite installé à son compte il y a 4 ans pour fonder l’agence « Ludovic Cochet architecte DPLG ». Il a aujourd’hui fait le choix d’offrir à l’agence un nouveau statut en créant une société d’architecture de type SARL (« Cochet Architectes »). En effet, le statut de l’architecte en libéral est sous certains aspects complexes. Notamment en ce qui concerne la protection des biens personnels, car en libéral l’architecte est « indéfiniment et solidairement responsable des dettes de son activité sur son patrimoine personnel »1. Le fait de passer en société d’architecture offre notamment deux principaux avantages. Le premier permet de protéger le patrimoine personnel de l’architecte, puisque la responsabilité de ce dernier ne peut être engagée qu’à hauteur de ses apports. Le deuxième avantage relève du fait qu’il n’est pas obligé d’être seul dans sa société, mais peux très bien choisir s’associer. L’agence est aujourd’hui composée de 3 architectes (Ludovic Cochet, Sylvie Kuster et Mathieu Tremousa) et d’Aurélie Boriello assurant la comptabilité/gestion administrative et financière/secrétariat de l’agence. A eux tous, ils composent une équipe jeune et dynamique qui a su tirer profit de leurs réalisations pour capitaliser ce savoir et ainsi décrocher de nouvelles commandes privées. Les locaux se trouvent au cœur de Bordeaux, rue du Jardin Public, ce qui offre la possibilité d’être à proximité des clients et des réalisations. Par conséquent, il est possible d’être très réactif, autant du point de vue de la relation client, que de la gestion des chantiers ou de la relation avec les différents intervenants de la construction (bureaux d’études, cité municipale…). L’agence a aussi fait le choix d’offrir des espaces de co-working, ce qui permet de ne pas laisser d’espaces vacants, de croiser les savoirs et les profils, et d’établir une certaine dynamique de travail.

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http://www.architectes.org. Rubrique opportunité de constituer une SARL d’architecture. Consulté le 27/01/2017

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L’équipe a fait le choix de travailler à partir du logiciel Archicad et non Autocad. Cela se comprend aisément compte tenu du cadre dans lequel les projets sont réalisés. En effet, modeler le projet sous Archicad permet d’obtenir une très grande souplesse pendant toute la phase de conception du projet. Par exemple d’un dépôt de permis de construire, il est possible de modifier les pièces jusqu’au dernier moment en relation avec le maître d’ouvrage. On peut alors très facilement modifier une partie du projet à partir d’une vue, et toutes les autres pièces graphiques associées se mettrons à jour automatiquement (coupes, façades, plan masse, plan niveaux…). Nous sommes alors certains de la bonne correspondance des éléments entre eux. Par ailleurs, utiliser ce modeleur 3D permet de générer très rapidement des images de 3D (via Artlantis Sutdio ou 3DS max). Concernant l’organisation de travail entre les membres de l’agence, les projets sont répartis et attribués aux architectes (Sylvie Kuster, Mathieu Tremousa et Moimême). Ludovic Cochet reste attachés à toutes les affaires de l’agence et nous seconde dans toutes les étapes du projet (conception, suivi de chantier, relation client…). Il en est de même pour Aurélie Boriello qui nous assiste dans toutes les démarches (financières, relation client, plannings…) des projets. Des codes ainsi que des manières de travailler se sont instaurés à l’agence pour permettre de communiquer de manière identique sur différents projets. Il en résulte un travail d’équipe, ou chacun peut contribuer au projet, permettant de faire aboutir les projets dans les meilleures conditions. Concernant les profils des maîtres d’ouvrages faisant appel à l’agence Cochet Architectes, ils sont multiples. Toutefois, la commande reste, pour le moment, concentrée sur la maitrise d’ouvrage privé qui offre suffisamment de travail pour garantir une activité constante à l’agence. On discerne alors de jeunes couples voulant agrandir leur premier bien immobilier, des personnes souhaitant agrandir et rénover leur maison secondaire, un promoteur immobilier souhaitant réhabiliter un immeuble de pierre… C’est cette multiplicité de profils, associés à leurs envies et contraintes, qui contribuent à rendre chaque réalisation singulière. Pour asseoir et diffuser son savoir-faire, Ludovic Cochet fait actuellement appel à une designer graphique pour concevoir l’identité de l’agence et créer un site web permettant de recenser les réalisations majeures. Etant convaincu que le bouche-à-oreille reste

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un élément moteur permettant de trouver de nouveaux clients, cette étape semble alors nécessaire pour continuer en ce sens. Principales missions confiées Compte tenu de la méthodologie de travail de l’agence, je suis en charge de différents projets à des phases plus ou moins avancées. L’agence travaille simultanément sur de très nombreux projets, à des états d’avancements différents. Ainsi, il est possible d’avoir dans un même temps, de nombreuses faisabilités, des projets en phase esquisse, des consultations d’entreprises, des projets en cour de réalisation… En conséquence, l’objectif a été de savoir travailler en autonomie tout en régulièrement faisant le point avec le chef d’agence. En effet, il n’en reste pas moins important et nécessaire de savoir questionner l’équipe quand cela d’avère nécessaire pour mutualiser les savoirs et les expériences. Il n’est pas ici question de développer de manière exhaustive les tâches réalisées pendant les plusieurs mois passés en agence, mais plus d’illustrer rapidement les thématiques abordées en fonction des projets. Ainsi, j’ai pu prendre à ma charge différents projets, à partir de phases plus ou moins avancées, dont notamment :

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Réhabilitation d’un immeuble de pierre proche du jardin public Ancien hôtel particulier de quatre niveaux, le lieu est inhabité depuis de nombreuses années dans un état proche de l’abandon. L’immeuble vient d’être racheté et doit être réhabilité pour accueillir sept nouveaux logements. Les principaux gros travaux résident au sous-sol semi-enterré avec des travaux de terrassement et de maçonnerie pour créer deux nouveaux logements et dans les combles pour créer un nouveau logement. Le budget travaux est aux alentours de 150 ke. Je suis alors en charge du dossier pour mener à terme le projet, avec notamment les objectifs suivants : -

conception et dépose d’une déclaration préalable

-

conception des plans état des lieux et projet

-

démarche auprès des concessionnaires pour le compte du maitre d’ouvrage consultation et mise en concurrence des entreprises pour réaliser les travaux (avec rendez-vous sur place) suivi des travaux hebdomadaires

-

Réhabilitation/Surélévation d’un immeuble de pierre proche du jardin public Cet immeuble de pierre du XVIIIe en R+1 vient d’être acquis par un nouveau client qui souhaite repenser le lieu. Il est alors question de créer cinq logements supplémentaires. Le projet se compose d’un bâtiment donnant sur rue, d’un patio central et d’un bâtiment sur l’arrière. Lors de mon arrivé, les travaux venaient de commencer. Toutefois, ceux-ci ont dû être interrompus suite à un recours des tiers concernant la hauteur de la surélévation. Mon objectif a été repenser le projet pour satisfaire l’architecte conseil et seconder Ludovic Cochet dans le suivi des travaux. Les objectifs ont alors été les suivants : ˉ réunion à la cité municipale et entretiens téléphonique avec l’architecte conseil pour faire évoluer le projet ˉ conception des nouveaux plans à jour ˉ suivi de travaux

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Rénovation/extension d’une maison de pierre au Bouscat Cette ancienne bâtisse en pierre vient d’être acquise par un couple souhaitant s’installer dans ce nouveau lieu avec leurs enfants. La parcelle, d’une surface d’environ 1600 m2, doit faire l’objet d’une division de terrain. L’agence possède une mission allant jusqu’au permis de construire et au dossier DCE. L’idée est donc de passer la main à une entreprise générale qui réalisera les travaux. ˉ expliquer et défendre le projet auprès de la cité municipale pour obtenir l’accord pour la division de terrain. Cela consiste notamment à différentes réunions avec l’architecte conseil, où l’objectif est de réussir à dessiner les façades en restant en accord avec notre parti pris architectural ˉ assurer une partie de relation client pour faire aboutir les plans intérieurs ˉ faire valider le PC en modifiant une façade en relation avec l’architecte conseil ˉ défendre le projet auprès du bureau d’études structure pour préserver l’identité du projet (ne pas laisser celui-ci modifier la structure du projet sans raisons suffisantes. Il faut alors s’assurer que ce dernier a exploré toutes les solutions possibles pour préserver l’intérêt architectural du projet) ˉ conception des plans techniques (électricité, fluides…) ˉ conception de coupes techniques Rénovation/extension d’une maison de 1954 au Bouscat Cette maison de 1954, ne revêt pas de caractère architectural particulier. Ce jeune couple venant de faire acquisition de maison souhaite faire une extension pour porter la surface de la maison à 150 m2. Le client a souhaité une mission PC + DCE et confiera les travaux à une entreprise générale. Je suis alors chargé par Ludovic d’assurer la conception du permis de construire et du dossier DCE. - conception du projet avec Ludovic Cochet - relevé sur place de l’existant - conception des plans existant et projet - rendez-vous clients pour faire évoluer et aboutir le projet - conception des pièces du permis de construire - conception des plans électricité, fluides… - relation client - dépose du permis de construire

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Surélévation d’une maison secondaire au Pyla Cette maison secondaire, avec vue sur le bassin d’Arcachon, doit être rénovée et surélevée. Je suis alors chargé de finaliser la conception des plans intérieurs avec la cliente et de déposer le permis de construire. L’agence est missionnée pour déposer un dossier de permis de construire. J’ai donc dû notamment assurer les éléments suivants - entretiens téléphoniques avec la cliente (qui réside à l’étranger) et conception des plans intérieurs - conception du dossier de permis de construire - entretiens avec la mairie de la Teste-de-Buch - dépose du dossier de permis de construire Réhabilitation d’un local commercial à Arcachon L’agence s’est vu confié la réhabilitation d’un local commercial à Arcachon. Celuici se compose d’un bâtiment principal sur rue et d’un bâtiment secondaire sur l’arrière. Les deux bâtiments s’articulent autour d’une cour commune. La volonté du projet est de mettre en scène la cuisine et ses savoirs faire, alors visibles depuis l’espace public et depuis la cour. Le projet développe un langage art déco en lien avec les plats qui y seront confectionnés. Le projet doit se réaliser dans des délais très court (de l’ordre d’environ 4 mois, conception/réalisation) et des contraintes liées à la localisation (rue piétonne d’Arcachon). Les objectifs sont les suivants : -

conception des plans état des lieux et projet

-

relation avec la maitrise d’ouvrage

-

suivi de travaux hebdomadaire

Différentes études préliminaires telles que : L’agence est chargée de réaliser des études préliminaires pour le compte de maitres d’ouvrages privés. Ces faisabilités, pour des raisons multiples (financières, administratives, …), permettrons peut-être que l’agence se voit confiée les phases suivantes (esquisse, avant-projet, permis de construire, suivi de travaux) : -

réhabilitation d’un entrepôt à Mériadeck

-

réhabilitation d’un immeuble de pierre à Gambetta

-

extension d’une maison d’architecte des années 1990 à Bordeaux

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La pratique de la maitrise d’œuvre en architecture Il me semble que la pratique du projet architectural, notamment sur le territoire bordelais, se révèle d’autant plus complexe que le territoire est attractif, notamment d’un point de vu réglementaire. L’administration en charge, par exemple, de la validation des permis de construire (architectes conseils, architectes de bâtiments de France, instructeurs…), est alors toujours plus sollicités et donc moins disponibles. Ceux-ci s’appuient sur un PLU qu’ils semblent parfois en désaccord avec leurs volontés. A cela se rajoute sans doute une envie des maîtres d’ouvrage de finaliser toujours plus rapidement leurs projets compte tenu des enjeux financiers. Le prix de l’immobilier étant en constante croissance et déjà relativement élevé, le budget alloué aux travaux est tiré vers le bas. Il en est de même pour les honoraires de l’architecte qui semblent toujours trop conséquents par les maîtres d’ouvrages. A mon sens, c’est à ce moment que l’architecte doit être en mesure de justifier ses honoraires et faire de la pédagogie auprès du maître d’ouvrage pour lui faire comprendre à quoi correspondent ses honoraires. Par ailleurs, en France, le droit de propriété est un droit sacré et inviolable ; et les Français ont la bonne réputation de défendre ce droit. Ainsi, il est très récurrent que dans le centre-ville de Bordeaux, où les maitres d’ouvrage souhaitent souvent rentabiliser leur investissement en faisant des extension/surélévation, le projet soit le sujet d’un recours des tiers. A ce titre, l’architecte doit être en mesure de prendre toutes les précautions nécessaires pour établir un projet en bonne et due forme (au regard de la réglementation, du code de l’urbanisme, du code civil…). Toutefois, malgré toutes ces précautions, la pratique du projet d’architecture dans le centre-ville de Bordeaux se révèle souvent très lourd à supporter en terme de charge de travail pour l’architecte (pièces demandées, échanges avec mairie, ABF, …). On peut alors penser à l'organisme Incité, sous-couvert de devoir proposer un logement pour tous au sein du parc privé de Bordeaux Métropole, se réservent des droits parfois insoupçonnés (typologies, etc). Dans la même optique, des architectes conseils, en invoquant certaines dispositions particulières du PLU, se réserve le droit d’accepter ou non certains éléments de projet. L’agence, très active sur les projets de surélévation/extension de maisons de pierre, s’est vu plusieurs fois mis en difficulté par les architectes conseils. D’autant plus aujourd’hui ces derniers semblent de moins en moins disponibles et n’hésitent plus à émettre des avis défavorables sans avertir les architectes. Alors que parfois un simple rendez-

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vous peut suffire à faire changer les choses. Cependant, obtenir un rendez-vous relève d’un parcours du combattant. Il est évident qu’il n’est pas ici question de dénigrer ou dénoncer ces pratiques, mais plus d’illustrer un climat dans lequel l’architecte doit savoir conjuguer entre la volonté d’un maitre d’ouvrage de voir son projet aboutir et de l’autre la volonté d’organismes de ne pas prendre de risques en « figeant » plus ou moins les choses. L’architecte doit alors être en mesure de s’entourer des bonnes personnes pour pouvoir être en mesure de répondre à toutes les problématiques qui peuvent intervenir (avocats, notaires, géomètres…). Tous ces facteurs réglementaires énoncés participent au fait que l’architecte, en engageant sa responsabilité lors de la signature du permis de construire, prend une part de risque non négligeable. Ses cotisations d’assurances sont alors toujours plus élevées et celui-ci se retrouve bien souvent mis en cause pour réparer les dommages, car il est relativement bien assuré. Cela s’avère d’autant plus vrai quand l’architecte exerce à titre libéral en engageant ces biens personnels. Malgré tout cela, il me semble que les architectes ont l’opportunité, sur ce territoire bordelais en constant mouvement, de confirmer leur savoir-faire. En effet, de nombreux secteurs de la ville sont encore délaissés et offrent autant d’opportunités de projets pour les architectes.

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5. REGARD CRITIQUE : CONCILIER UNE PENSEE RATIONNELLE ET UNE PENSEE SENSIBLE A propos

« Il y a des hommes dont la formation est celle de l’ingénieur, qui sont indiscutablement de grands architectes. La réciproque existe : pourrait-on imaginer que les architectes ne soient que les stylistes de la construction ? Cette question vient à l’esprit, puisqu’il faut débattre de la position de l’architecte devant l’ingénieur, ce qui est grave. Mon opinion est justement que cette question ne devrait pas se poser ».2 Jean Prouvé, « une architecture pour l’industrie », les éditions d’architecture Artémis, Zurich, 1971, P.30

Encore et toujours cette difficulté pour discerner ce qui relève de l’ingénierie de ce qui relève de l’architecture est palpable. Depuis toujours certains, notamment écrivains, ont aimé associer et opposer ces protagonistes au travers des notions suivantes : objectivité/subjectivité, sciences/arts, calcul/dessin, normes/ressenti, raison/sentiment, réalisation/projet, encadré/libre, salariale/libérale… Ainsi, depuis des siècles, les ingénieurs se sont retrouvés dissociés, voir bien souvent opposés, aux architectes. Dans un premier temps au travers de leurs formations, avec les écoles d’architectures (en commençant avec l’Académie Royale d’Architecture sous Louis XIV en 1671) et par les écoles d’ingénieurs, avec la création de l’école des Ponts et chaussées fondée en 1747. Construire est un acte complexe, faisant appel à des notions acquises au cours de notre histoire. Il appartient alors à chacun de développer des affinités différentes pour forger sa manière de fabriquer le projet. Il semble tout de même que la pensée artistique intervient dans un premier temps pour asseoir la conception du projet et s’en suit d’une pensée plus scientifique permettant de translater vers la réalité constructive. Se pose alors la question de comprendre le rapport qu’entretient cette pensée artistique avec la pensée technique et de quelle manière elles interagissent.

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La pratique des ingénieurs et formations

« En ce qui me concerne, le choix de telle ou telle solution est toujours dicté par des raisons techniques et économiques. La beauté vient après … si tout va bien » Pier-Luigi Nervi, interview à Jacques Michel, publiée dans le monde du 9 mars 1973, extrait du livre Pier-Luigi Nervi, « savoir construire », Edition du Linteau, P7

L'art de bâtir s'est complexifié au cours du temps et des besoins de l'homme. La technique a su répondre à ses besoins tout créant une distinction entre architectes et ingénieurs. Il semble avoir aujourd'hui atteint un niveau de complexité tel que celui-ci devient une œuvre collective. Depuis toujours, les ingénieurs ont acquis un mode de penser leur permettant de décomposer des problèmes complexes, difficiles ou impossibles à résoudre, en une somme de problèmes simples, résolvables. De leur travail, la société retient une rigueur et une méthodologie leurs permettant d'aller à l'essentiel en tirant le meilleur profit des matériaux. Ainsi, ils produiront des bâtiments avec la volonté première de maitriser les choses (notamment les coûts, les délais...). Il me semble qu'aujourd'hui encore, cette capacité et cette persévérance à maîtriser le projet d'un point de vue pragmatique, doit être un moyen de nourrir le projet architectural. A ce moment-là, un critère économique ou technique devient moteur de conception. Cette volonté de maitrise des coûts s'accole aujourd'hui sans doute à la notion de rentabilité, toutefois, je suis convaincu que le rôle d'économie de projet n'est pas en soi réducteur. Cela rejoint les propos de Francoise-Leonce Reynaud, professeur à Polytechnique, qui déclarait en 1834 que "le but de la science étant d'obtenir le résultat cherché avec le minimum d'efforts". A titre d'exemple, nous pouvons alors penser à Joseph Paxton, paysagiste, qui en s’associant avec Charles Fox, ingénieur, ont imaginé le Crystal Palace de Londres. Ils vont à ce moment-là, remporter le concours où plus de 200 architectes ont présenté leurs projets. Ils vont notamment réussir à remporter le concours en apportant une plus-value, un délai de construction très court. C’est de la sorte qu’ils sont parvenus à ce que la science apporte une plus-value à l’architecture, en bousculant les codes de construction jusquʼalors établis. Cette capacité de concilier la science et l’architecture s’est exprimée au travers de nombreux projets au cours du temps. Plus d'un siècle plus tard, cette image des ingénieurs qui s'associe à celle de technicité et rationalité

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demeure. Pier Luigi Nervi, en 1965 affirmait que "le design peut se définir dans son

sens large comme l'invention et l'étude de moyens nécessaires pour atteindre un but déterminé, avec un maximum d'efficacité". De ce fait, nombreux seront les architectes à reprocher aux ingénieurs d'être "brutal", "indifférents au contexte" (p63. « cultures croisées »), comme si l'outil qu'est la science, ne leur permettait pas de répondre à tous les problématiques rencontrées. En effet, je suis convaincu que le fait de bâtir ne peut faire uniquement appel à un savoir-faire technique s’appuyant sur la science. Il nécessite bien plus que cela ; et cʼest ce à quoi les architectes sont formés, à faire référence à quelque chose de l’ordre du sensible, lié à biens de choses (paysage, social, environnemental, sonore,…). D’une manière générale, l’architecte sʼoppose en cela à lʼingénieur, dans son aptitude à sʼéloigner du rationnel pour aller chercher un quelque chose, de lʼordre de la rêverie, de la poésie ou encore que sais-je. Finalement, il se doit dʼêtre en mesure d’invoquer un prétexte, quel qu’il soit, pour réellement faire naitre le projet architectural au travers dʼun récit. Et cʼest notamment ici à mon sens que se fait la distinction entre lʼingénieur et lʼarchitecte, dans leur méthode de penser. Pour appréhender la méthode de penser des ingénieurs, il semble quʼil faille s’intéresser à leur apprentissage. Cette méthode de penser des bâtisseurs a évolué au cours du temps en France. Lʼauteur Christian Queffelec (ingénieur ponts et chaussée et architecte), dans le livre « culture croisées », décompose en grands chapitres lʼévolution des formations de la construction en France. Il semble, quʼau moyen âge le maitre dʼoeuvre possédait les deux facettes : ingénierie et architecture. Cela perdurera jusquʼà la Renaissance où le maitre dʼoeuvre occupe toujours la même place. Cʼest à partir de 1671, que Louis XIV avec Colbert créeront lʼAcadémie royale dʼArchitecture. A ce moment-là, le maitre dʼoeuvre sera associé aux travaux pour le peuple alors que les premiers architectes, au sens que lʼon connaît, seront au service du pouvoir. Il faudra attendre la fin du XVIIIième siècle pour trouver lʼorigine de la formation des premiers ingénieurs. Celle-ci remonte à la création de lʼEcole des Ponts et Chaussées fondée en 1747 (appelée École royale des ponts et chaussées à lʼépoque). Cʼest seulement en 1794, après la Révolution, que sera créée lʼécole Polytechnique (appelée Ecole centrale des travaux publics lʼannée suivant sa création). Destinée à former une élite, avec un enseignement scientifique généraliste, lʼenseignement de lʼarchitecture sera confié à l’école. L’architecture y sera enseignée par notamment Louis-Pierre Baltard (1764-1846)

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dès 1794 et par Jean-Nicolas-Louis Durand (1760-184) à partir de 1797 et jusquʼen 1833. Cʼest sous la direction de Jean-Nicolas-Louis Durand que lʼenseignement des sciences sera réduit pour laisser place à lʼenseignement de lʼarchitecture sous la forme dʼateliers. Cʼest à ce moment-là que débutera la rupture dans la formation des ingénieurs et des architectes avec un enseignement de lʼarchitecture qui est alors restitué lentement à lʼEcole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Lʼopposition de lʼingénieur à lʼarchitecte trouve donc des origines claires dans les formations dispensées à lʼépoque qui mettent à distance les sciences et la technique des ingénieurs des domaines artistiques liés aux architectes. César Daly (1811-1894) reconnaitra en 1887 que « les architectes étaient en retard sur le plan technique par rapport aux ingénieurs ». Il évoque deux origines à ce problème, à savoir : que les architectes accordent trop dʼimportance au dessin en oubliant quʼil est uniquement un moyen de traduire une idée, et quʼils restent passifs vis-à-vis de cette domination. Il me semble que finalement, encore aujourdʼhui, la formation des ingénieurs semble relativement tournée vers la culture constructive opérationnelle à lʼinverse de celle des architectes qui semble parfois focalisée sur lʼhistoire et la « pratique » de l’architecture (sans doute moins aujourdʼhui). Il est certain que cela est à nuancer, toutefois ces tendances ont étés plus ou moins avérées lors de mon cursus scolaire. Cette nécessité de concilier architecture et ingénierie dans la formation se fait aujourd’hui ressentir. Certaines écoles dʼarchitecture ont mis en place des partenariats avec des écoles dʼingénieurs. Dans un même temps, certaines écoles dʼingénieurs donnent plus de places aux sections dédiées à la construction avec des enseignents en lien avec lʼarchitecture. A mon avis, il serait intéressant dʼobtenir des profils plus généraliste, tout en faisant que chacun garde ses spécificités, comme dans certains pays Anglo-Saxon.

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La pratique de l’architecte

« Quel que soit le problème posé, la réponse de l'architecte ou du concepteur est subjective : elle repose sur l'idée qu'il se fait d'une solution adéquate. C'est précisément pour qu'il exprime sa vision personnelle qu'on le sollicite. » Peter Rice, Memoires d'un ingenieur (1994), trad. Luc Baboulet, Paris, Le Moniteur, 1998

Il est certain que la pratique de lʼarchitecte diffère de celle de lʼingénieur en de nombreux points. Toutefois, nous avons vu quʼelle sʼen éloigne notamment du point de vue du mode de pensée. Le Corbusier parviendra à traduire cela graphiquement au travers dʼun schéma explicite. On perçoit alors aisément les distinctions qui existent dans leurs méthodes de pensées (intitulé « Partage de la maitrise dʼoeuvre entre architecte et ingénieur, extrait de « lʼart de lʼingénieur, constructeur, entrepreneur, inventeur », éditions du centre Pompidou, Paris, 1997, p54). Le Corbusier oppose ainsi deux figures, l’architecte, ayant connaissance de l’homme, et l’ingénieur, ayant la connaissance des lois physiques. On comprend alors aisément comment la figure de l’architecte est associée à un homme faisant appel à des notions plus subjectives, de l’ordre du sensible. Il possède alors une personnalité créative et spirituelle. A l’inverse, la figure de l’ingénieur se rapproche de la rigueur et est tourné vers la science. Au travers de cette illustration, Le Corbusier figure comment sont régis les modes de pensée de chacun. La méthode de penser de l’architecte, qui le conduit à produire un projet architectural, requiert donc de sa part un savoir-faire qui lui est propre. Cette méthode de penser repose sur les sensibilités de l’architecte lui-même. Ainsi, le projet sera empreint d’une part de lui-même. Il s’éloigne par conséquent d’un schéma basé sur la rigueur ou le projet serait le résultat d’une méthode prédéfinie et applicable par tous. A mon sens, ce sont ces affinités qui doivent être aujourdʼhui multiples et doivent sʼadapter à chaque problématique. Nous ne sommes plus dans une situation dogmatique ou lʼarchitecture se cantonne à une seule manière de faire. Ainsi, je pense que ma sensibilité sʼexprime à la fois par la volonté de dépasser un programme fixé, mais aussi dʼêtre en mesure de nourrir le projet avec des

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préoccupations économiques et techniques. Le premier relève clairement des compétences de lʼarchitecte, qui se doit dʼêtre capable de comprendre un lieu, un besoin, une envie,… Les secondes, proviennent sans doute dʼun constat que jʼai pu dresser où certains projets semblaient subir ces préoccupations économiques ou techniques. Dʼune manière plus générale, je pense que lʼarchitecte doit alors avoir la faculté à se comporter tel une éponge, en interrogeant et comprenant ce qui lʼentoure, afin de pouvoir invoquer ce quʼil lui semble pertinent dans la fabrication du projet.

Lʼarchitecte doit être capable de renouveler sans cesse sa méthode de penser. Cela se révèle dʼautant plus complexe quand il pratique le territoire du projet au quotidien. Il doit alors être capable de remettre en question de manière récurrente ce quʼil l’entoure. Il faut garder à lʼesprit que ce nʼest pas parce que lʼon est dʼun lieu, que nous sommes en mesure de mieux comprendre celui-ci. Selon moi lʼarchitecte doit être capable dʼinvoquer nʼimporte quel sujet pour fabriquer son projet. Car sans cela, il se retrouve avec une feuille blanche sans réelle manière de faire et où tout serait littéralement possible. Lʼarchitecture se fabrique alors tel un récit, ou l’architecte tend à livrer un propos. Il est primordial que le système évoqué soit suffisamment pertinent pour « resister » jusquʼà la finalité du projet. En effet, sans cela, le projet pourrait évoluer lors de sa fabrication pour voir disparaitre ou gommer ce qui faisait son identité première (en se confrontant aux réalités constructives : bureaux études, normes, etc).

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Vers une conciliation

« Toute architecture procède de la structure, et la première condition qu'elle doit remplir, c'est de mettre sa forme apparente d'accord avec cette structure » Viollet le duc, Recueil collectif, "Cultures croisées", conseil général des ponts et chaussées, 2004, p60

Le projet architectural construit ne peut se fabriquer avec une pensée unique. Il est le résultat d’une coopération entre différents protagonistes, associés à des domaines différents. Cependant, l’architecte reste le premier intervenant à concevoir le projet et à exprimer sa forme, sa matérialité… Il doit être en mesure de maitriser plusieurs sciences, de faire preuve de synthèse et d’énoncer le projet architectural suffisamment clairement pour le mener à terme. C’est alors que l’architecte va exprimer le concept sur lequel repose son projet pour le soumettre à la pensée scientifique, qui pourrait être représentée par le bureau d’étude ou les entreprises. Toutefois, en pratique, il n’est pas aussi évident de discerner ce qui relève du domaine scientifique, technique ou artistique. Car rien n’empêche un architecte de mettre au premier dans la conception du projet les domaines techniques et scientifique. On peut par exemple penser à Jean Prouvé, qui avait la volonté d’expérimenter l’architecture grâce à des prototypes. Il ira même jusqu’à s’inspirer de l’industrie automobile. C’est en abordant l’architecture par sa matérialité que ce dernier parviendra à mes yeux à donner tout son sens la matière. En effet, il semble alors parvenir à associer esthétique et technique en mettant à profit la logique constructive. Cette approche de l’architecture par la science et l’expérimentation relève d’un vrai parti pris. A ce moment, ce dernier fait le choix, soit de s’accaparer lui-même de ces problématiques techniques, soit de s’entourer d’intervenants (bureaux d’études, ingénieurs conseils…) pour confirmer/affiner ses intentions. Là où selon moi le risque réside, c’est lorsque que le projet et conçu sans concertation, ou sans préoccupation, vis-à-vis des contraintes techniques/scientifiques. L’architecture devient indépendante des problématiques liées à la technique ou à la science (se rapprochant ainsi du cas de figure numéro 4 du schéma ci-dessous). Il en résultera alors un projet architectural peinant à conserver son identité lorsque qu’il sera soumis à la transition vers le réel (avec les bureaux d’études, normes…). Il est donc primordial que lors de la fabrication du projet, le concepteur soit capable de faire

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des allers/retour entre intentions architectural et techniques de construction. Ce rapport entre la pensée artistique, technique, et scientifique est relativement ténue. Il est même certain que le protagoniste ne soit lui-même pas conscient du fait qu’il articule ou non ces notions dans son esprit. Chacun va alors, avec son expérience, articuler ces différents domaines pour faire aboutir le projet avec sa méthode de penser.

1. 2. 3. 4.

La structure pédagogique du Bauhaus de Walter Gropius (1919-28) La structure archétypique des programmes pédagogiques des diverses institutions se réclamant de la tradition du Bauhaus La structure pédagogique du New Bauhaus, School of Design, Institute of Design, sous les directions respectives de László Moholy-Nagy (1937-55) et Serge Chermayeff (1946-51) La structure pédagogique de la Hochschule für Gestaltung de Ulm de 1958 à 1968

En pratique Dans le pratique du projet architectural, cette préoccupation de mêler une pensée technique et une pensée plus artistique se traduit par la volonté de rapidement soumettre le concept du projet architectural à une pensée plus technique. Il est important qu’en aucun cas cette dernière doit venir masquer la première. A l’inverse, elle doit permette à la pensée architecturale d’être plus exigeante pour qu’elle puisse perdurer et réussir à s’exprimer une fois le projet réalisé. La question du langage est ainsi primordiale. En effet, il est inutile de concevoir quelque chose s’il ne peut pas être réalisé dans la continuité de la pensée de l’architecte. De ce fait, il est nécessaire de mettre en place un langage commun, entre notamment l’architecte et l’artisan qui œuvre sur le terrain. Si la chose n’est pas suffisamment bien explicitée, il est certain que le résultat divergera des intentions de l’architecte. Ce dernier doit alors être en mesure d’illustrer sa pensée pour se faire comprendre. A mon sens, il semble que le détail/croquis se révèle un

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des moyens les plus explicite pour exprimer une idée. Celui-ci peut prendre plusieurs formes, technique et détaillé ou de principe (confère annexe a) exemple détails/croquis). Effectivement, il peut se satisfaire d’une intention de principe sans avoir la prétention de tout fixer. Premièrement, car il est à la charge et de la responsabilité de l’artisan d’énoncer son principe d’exécution (plans, croquis, etc). Deuxièmement, car l’architecte n’a pas nécessairement les connaissances requises ni le temps et le devoir de réaliser ces détails. Assurément, il n’est pas utile d’apporter plus de détail que nécessaire. L’architecte doit mesurer le degré de détail pour que le principe énoncé reste clair et diffuse les informations nécessaires. Il n’est pas utile de surcharger un détail/croquis qui a vocation à être concis pour exprimer clairement et sans équivoque une intention. Il n’est alors pas indispensable d’aller au-delà du nécessaire pour ne plus laisser aucune liberté à l’artisan qui réalisera la chose. Il est simplement important d’exprimer le résultat ou l’intention pour que la chose soit réalisée en accord avec la pensée de l’architecte. Il est essentiel que l’artisan conserve une part de liberté. Celui-ci pourra alors s’adapter, mettre en œuvre son savoir-faire pour satisfaire un résultat énoncé. Comme évoqué auparavant, l’architecte reste un des nombreux protagonistes qui œuvrent dans l’acte de bâtir. Celui-ci doit savoir s’entourer et rester au cœur du processus de fabrication du projet. Il n’a ainsi pas vocation à tout connaître et maitriser. Pour expliciter la chose, faire l’analogie entre l’architecte et le médecin généraliste me semble pertinent. Comme le médecin généraliste, l’architecte n’a pas pour objectif de maitriser tous les notions liées à la construction. Au contraire, il doit conserver une vision d’ensemble et doit savoir s’entourer pour, quand cela s’avère nécessaire, faire appel à d’autres intervenants ayant les compétences requises. Finalement, ce désir de concilier une pensée technique et une intention architecturale se révèle bénéfique. L’un et l’autre peuvent alors se nourrir pour permettre au projet de rester au plus proche des intentions de l’architecte, et par conséquent, des volontés du maitre d’ouvrage.

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6. REGARD LOINTAIN A court terme Lʼobjectif à court terme est de réussir à mener à bien un projet architectural de la conception à la livraison. Dès le départ de cette expérience en agence, jʼai eu lʼopportunité dʼêtre en charge de plusieurs projets étant à des avancements différents. Lʼorganisation de lʼagence fait en sorte que chaque membre soit en charge de projets en autonomie tout en référent à Ludovic Cochet. Ainsi, en étant en charge de plusieurs projets simultanément, il est possible de s’atteler dans un même temps à : de la relation client pour un démarrage de projet, de la conception en phase ESQ, PC, DCE, PRO, du suivi de chantier, du détail constructif, de la faisabilité… Cʼest selon moi ce qui fait une des richesses de cette expérience en agence. Il est alors possible dʼen apprendre chaque jour en se confrontant à des problématiques toujours différentes (technique, financière, administrative, relationnel…). Lʼagence exerçant notamment dans le domaine de la réhabilitation sur le territoire bordelais, ma volonté est dʼacquérir suffisamment dʼexpérience pour mener à terme, de manière totalement autonome, une opération de la sorte. Je suis convaincu que la réhabilitation est un domaine de lʼarchitecture relativement complexe, exigeant de larges connaissances et faisant appel à de nombreuses qualités telles que la prise dʼinitiative, la capacité dʼadaptation, être en mesure de manager et solliciter les entreprises… Cet exercice dʼarchitecture singulier positionne au cœur du projet lʼarchitecte. Ce dernier se retrouve au centre des problématiques, obligé de questionner quasi quotidiennement le projet architectural, pour mener à bien les travaux. En effet, dans ce type dʼopération, le lieu sʼappréhende au fur et à mesure que la démolition progresse et nous oblige alors à prendre des décisions rapidement, en allant dans le sens du projet architectural tout en préservant les volontés du maître dʼouvrage. Cʼest toutes ces capacités énoncées que je souhaite développer et approfondir dans le cadre des missions confiées par lʼagence. Il me semble que ces capacités seront dʼautant plus sollicitées que les projets architecturaux se situent sur le territoire bordelais. En effet, la ville étant dans une phase de développement intense, les problématiques en terme de faisabilité, de délais, dʼéconomie de projet seront au coeur des préoccupations du maître dʼouvrage. Cette expérience au sein de

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lʼagence me permet aussi de dʼappréhender la manière dont travaillent les artisans bordelais sur ce type dʼopération. Ainsi, en comprenant leurs exigences et leurs méthodes de fonctionnement, il me sera possible dʼêtre dʼautant plus performant dans le choix des solutions techniques dans la phase de conception. Il est donc clair que ma volonté à court terme est de continuer à exercer sur ce type de projet architectural qui sont, comme expliqué ci-dessus, relativement exigeant sur biens des aspects. Lʼagence Cochet Architectes mʼapporte, au travers de ces réalisations, mais aussi grâce aux membres de lʼéquipe, tous les éléments nécessaires à mon épanouissement professionnel. A long terme Comme lʼexprime cet écrit, le passage du projet architectural, qui relève de lʼintention, vers le projet construit, est une étape complexe. Cʼest dʼaprès moi cette étape, permettant de passer de la projection au réel, qui permet à lʼarchitecture dʼexister dans son essence. Réussir à préserver ses intentions énoncées lors de la conception jusquʼà la réception du projet, est à mon sens lʼobjectif principal que doit avoir lʼarchitecte en charge dʼun projet. Pour beaucoup, (architectes déjà en exercice), lʼacte de bâtir sʼest complexifié au cours du temps. Le contexte sociétal dans lequel nous évoluons aujourdʼhui est relativement tendu. Les maitres dʼouvrages sont, bien souvent à juste titre, exigeants sur bien des sujets. Je pense quʼil est aujourdʼhui important de mettre au centre de la fabrication du projet architectural le volet « économie de projet » (étroitement lié à la technique constructive), qui ne doit plus être subie, mais au contraire venir nourrir le travail de lʼarchitecte. Compte tenu des politiques urbaines actuelles qui tendent à densifier les villes (à juste titre) pour maitriser la consommation du territoire, et de la population qui souhaite se concentrer dans les villes, bassin dʼemplois, les architectes vont continuer à devoir travail au contact de lʼexistant. Cet aspect sʼavère dʼautant plus vrai que je souhaite exercer sur le territoire bordelais qui est sujet à ces phénomènes. Ainsi, dans ce territoire où le prix du foncier et de lʼimmobilier augmente, les maitres dʼouvrages souhaitent minimiser le coût financier de la réhabilitation/construction. Les maitres d’ouvrages attentent alors dʼautant plus de lʼarchitecte quʼil maitrise les coûts, les délais et lʼénoncé du projet architectural. Il me semble alors nécessaire dʼacquérir une expérience certaine pour pouvoir exercer le projet architectural dans ce territoire complexe. Lʼexercice de la réhabilitation me paraît, de part toutes

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les compétences quʼil exige, être le moyen optimal pour parvenir à acquérir cette expérience. Ainsi, mon souhait est dans un premier temps dʼacquérir et dʼen apprendre toujours plus auprès dʼarchitectes déjà en exercice sur le territoire Bordelais. Avec toujours lʼenvie de pouvoir être en charge de projets depuis la phase de conception jusquʼà la réception, avec le besoin de voir se matérialiser lʼarchitecture. Ce nʼest que dans un second temps, plus ou moins lointain, et en fonction de biens des facteurs (opportunité de projet, capacité financière, contexte relationnel…), que la volonté de sʼinstaller pour exercer en mon nom propre se fera ressentir. Cependant, je suis persuadé que quand ce moment sera venu, il sera essentiel de sʼassocier afin de cumuler les savoirs-faire et de vivre ce projet comme une aventure collective partagée. Cette volonté rejoint la tendance actuelle décrite par lʼétude « chiffres et cartes de la profession dʼarchitecte, Archigraphie » réalisée en 2015, qui démontre que la part dʼarchitectes sʼinstallant avec un/des associé(s) est en constante augmentation depuis plusieurs années pour atteindre 1/3 des architectes installés en 2012. Ce souhait de sʼassocier se traduira sans doute par lʼenvie de partager ce projet avec un profil complémentaire au mien. Ce dernier serait un profil avec des sensibilités complémentaires, (menuisier bois, designer dʼintérieur, …) souhaitant sʼengager dans la réalisation de projets de tailles modestes auprès de maîtres dʼouvrages privés.

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7. CONCLUSION Nous avons pu démontrer que même sʼil existe, depuis plusieurs siècles, une distinction dans la méthode de penser entre les ingénieurs et les architectes, une conciliation existe. Cette corrélation entre science et art se doit d’exister pour donner tout son sens à lʼarchitecture. Il est incontestable que le projet d’architecture ne peut être entamé sans une réflexion sur sa faisabilité, sa matérialité et sa mise en œuvre. Car l’architecture n’existera dans son essence que lorsque qu’elle ne sera matérialisée. Je suis convaincu quʼil est impossible de dissocier lʼacte de concevoir, de l’acte de penser la nature physique du projet. L’architecte doit être capable de projeter lʼoeuvre dans sa nature physique pour que celui-ci puisse exister en accord avec sa projection. Il devrait donc pour cela mettre à profit, au bon moment, ses compétences techniques et scientifiques. Un des outils communs à tous (architectes, ingénieurs, maitres d’ouvrages, entreprises…) qui me semble représentatif de cette conciliation entre art et technique est le détail/croquis constructif. Je pense que celui-ci doit être au coeur du projet et ce, dès les prémices de la phase de conception du projet. Quʼil soit formalisé par informatique ou bien à main levé, l’intérêt de dernier est majeur. Yves Ballot, disait du détail « quʼil peut même être à lʼinitiative de lʼarchitecture

démontrant quʼelle possède plusieurs entrées ». Cette préoccupation de positionner le détail d’architecture dans la conception du projet se conjugue à la volonté de maitriser les matériaux. Nous avons vu qu’historiquement cette maitrise des matériaux industriels s’est fait en marge des architectes au cours de XIXième siècle. Toutefois, je suis convaincu que les architectes ont la capacité et les moyens de se positionner sur ces sujets, liés au domaine de la technique, dans la fabrication du domaine architectural. Cette volonté de mettre la technique au profit de l’architecture doit nous permettre « une nouvelle lecture des matériaux dans la mesure où ils sont considérés pour eux-mêmes, leur beauté venant de l’expression de leur utilité ». (p105, « Architecte, Ingénieur, des métiers et des professions, actes du séminaire Métiers de lʼarchitecte en génie civil et urbanisme »). Au même titre, Ludwig Mies Van Der Rohe affirmait que « l’architecture commence quand deux briques sont soigneusement assemblées ». (p101, « Architecte, Ingénieur, des métiers et des professions, actes du séminaire Métiers de l’architecte en génie civil et urbanisme »). Toutefois, comment l’architecte peut-il positionner une pensée technique au cœur de ses préoccupations sans engager sa responsabilité dans la fabrication de l’oeuvre ?

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8. BIBLIOGRAPHIE

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Pier-Luigi Nervi, « savoir construire », éditions du Linteau, 1997

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Bertrand Lemoine, « Formation technique des architectes aux beaux-art au XIX », rapport de 1987

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Peter Rice, « Memoires d'un ingenieur (1994) », traduction Luc Baboulet, Paris, Le Moniteur, 1998

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Recueil collectif, "Cultures croisées", conseil général des ponts et chaussées, 2004

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Nils Peters, "Jean Prouvé", éditions Taschen, 2006

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« lʼart de lʼingénieur, constructeur, entrepreneur, inventeur », Paris, éditions du centre Pompidou, 1997

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« Architecte, Ingénieur, des métiers et des professions, actes du séminaire Métiers de lʼarchitecte en génie civil et urbanisme », Institut National des Sciences Appliquées de Lyon, 22 mars 1996

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Étude sous la direction de François Rouanet, « chiffres et cartes de la profession dʼarchitecte, Archigraphie », ordre des architectes, 2015

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9. ANNEXES exemples de détails/croquis curriculum vitae fiche bilan du tuteur d’agence du carnet de suivit fiche bilan du directeur d’étude du carnet de suivit fiche bilan de l’architecte DE du carnet de suivit

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EXEMPLES DE DETAILS/CROQUIS

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FICHE BILAN DU TUTEUR D’AGENCE

Je suis le tuteur. Je n’ai pas eu grand mal à l’être. C’est même un très grand plaisir (je préfère parler au présent plutôt que d’employer le passé). Il faudrait que je sois dans la retenue quand je parle d’Arnaud, que je sois enclin de professionnalisme dans mes propos, mais ce ne sont que de nombreux compliments qui me viennent à l’esprit. J’apprécierais donc mon stagiaire avec beaucoup de subjectivité, car c’est bien de cela qu’il est question. L’adaptation d’Arnaud à l’agence s’est faite très rapidement et sans encombre. Volontaire à tous points de vue, les projets proposés semblent l’avoir intéressé au point de déceler un acharnement à résoudre les problèmes. Une petite crainte passagère s’est d’ailleurs manifesté lorsqu’il donnait l’impression d’embrasser tous les projets ou plutôt de vouloir aider dans toutes les tâches en cours. On pourrait apparenter cela à de la fougue, mais elle a été chaque fois contrôlée. Il ne faudrait pas qu’il explose en vol… On ressent également le bagage rassurant de l’ingénierie. Très à l’aise dans les réunions de chantier, il sait de manière organisé ramener les débats auprès des entreprises sur le sujet concerné et faire avancer les équipes. Le trait est précis et sûr également. Nous avons plaisir à partager les idées, depuis l’esquisse jusqu’aux détails techniques dans les plans projets. La rigueur n’empêche pas la création et vis et versa. Aujourd’hui, Arnaud pilote des projets en quasi autonomie. Je ne l’ai pas choisi, je ne suis pas doué par ça. C’est l’équipe qui l’a choisi et elle savait qu’Arnaud était quelqu’un de motivé et qu’il serait bon. Nous ne savions pas que ce serait aussi vite et avec autant de bonheur. Il veut rester dans l’équipe et c’est tant mieux. Il est déjà essentiel et irremplaçable. Que dire de plus ? Cordialement, Ludovic Cochet

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FICHE BILAN DU DIRECTEUR D’ETUDE

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FICHE BILAN DE L’ARCHITECTE D.E

L’agence Cochet Architectes a pleinement su m’intégrer à l’équipe pour je puisse m’épanouir et atteindre les objectifs fixés en début de période. A savoir : ˉ ˉ ˉ ˉ ˉ

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intervenir à la fois sur des projets en phase conception et en phase d’exécution être en mesure de travailler en autonomie sur des projets de rénovation/réhabilitation progresser d’un point de vue technique de la construction œuvrer à des échelles différentes (allant du choix de matériaux à l’implantation du projet dans son contexte) appréhender de manière globale une opération de rénovation/réhabilitation (démarches administratives, financières, relation client, réglementaire, etc) mettre en œuvre les compétences acquises lors de mon cursus et de mes différentes expériences professionnelles

Au travers des différents projets que j’ai eu en charge, j’ai pu à chaque fois exprimer mon point de vu à toutes les étapes de la fabrication du projet. Cela m’a permis d’affiner ma sensibilité en travaillant sur des projets variés (restaurant, extension maison individuelle, rénovation immeuble de pierre, surélévation maison de pierre). Ma volonté de penser la nature physique du projet architectural dès la phase de conception se révèle à mon sens toujours bénéfique. De même, avec la volonté de voir rentrer en considération des préoccupations techniques et économiques relativement rapidement dans la phase de conception. Tout cela ne fait que conforter mon projet professionnel qui consiste à travailler dans une agence active comme Cochet Architectes. Je conserve ma volonté de travailler au contact de l’existant qui tend à rendre le projet plus complexe (techniquement et conceptuellement). Je suis convaincu qu’il y a encore beaucoup à apprendre et que les projets à venir permettront d’approfondir mes connaissances et de m’épanouir pleinement.

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