Controverses, Brigitte Zieger

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Brigitte Zieger

MUSEE DE LOUVIERS

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Controverses


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Sommaire Contents


6-7

Préface

François-Xavier Priollaud

Foreword

10-15

Controverses

Michel Natier

Controversies

16-37

Planches Plates

38-49

Amnésie de la domination

Women are Different from Men The Eight Most Wanted Women Zone d’indifférence Julie Crenn

Domination Amnesia

50-75

76-81

Planches Plates

Counter Memories This Land is My Land We the Indians Discovered America

In situ au musée

Philippe Fernandez

In Situ at the Museum

82-110

Planches Plates

112-115

Biographie Exhibition History

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Bibliographie Bibliography

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Remerciements Thanks

Anonymous Sculptures Other Szenes Vanishing Line Digital Beauty


PrĂŠface Foreword


François-Xavier Priollaud

Préface

L’invitation de Brigitte Zieger au musée de Louviers s’inscrit dans une programmation alternant la présentation des collections avec le travail d’artistes contemporains de renom. Plusieurs raisons ont permis d’aboutir à ce choix, la qualité du travail de Brigitte Zieger bien sûr, aujourd’hui reconnu sur la scène artistique internationale, mais aussi l’engagement d’une artiste féministe qui n’hésite pas à mettre en exergue cette discrimination. Face à la rareté d’expositions monographiques consacrées aux œuvres de femmes, nous sommes fiers aujourd’hui de pouvoir présenter à nouveau le travail d’une artiste, faisant de notre musée un établissement engagé pour l’égalité des êtres humains. En s’appropriant des images connues ou faisant partie de l’iconographie médiatique, l’artiste réinterroge notre histoire et nous interpelle. Ainsi l’œuvre de Brigitte Zieger ne laisse personne indifférent. Ses pièces nous attirent, nous séduisent, nous surprennent et quelquefois nous déroutent. D’un décor bucolique survient une arme virtuelle pointée sur les visiteurs, le danger guette, est-ce un jeu ? Dans cet univers se mélangent la réalité et la fiction, mais derrière le vernis des apparences se cache parfois une vérité, une réalité que l’on préfère peut-être faire semblant d’ignorer … A travers cette « controverse » annoncée, l’artiste pose des questions sur le fonctionnement du monde et nous permet de l’appréhender sous un angle différent ; nous en sortons tous enrichis. François-Xavier Priollaud Maire de Louviers, vice-président de la région Normandie

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Controverses Controversies


Michel Natier

Controverses

« Les « controverses » ont toujours une structure triadique : elles renvoient à des situations où un différend entre deux parties est mis en scène devant un public tiers, placé dès lors en position de juge. (…) Il s’agit toujours de créer les conditions permettant de prendre à témoin le public : la présupposition de son existence ouvre l’espace de la manifestation de la vérité » 1. Une œuvre est toujours sujette aux controverses ; l’artiste, le critique et le public forment, de fait, cette triade d’où personne ne sortira vainqueur, mais qui changera le regard. Dans cette exposition, doublée d’une édition, l’artiste, à travers son œuvre, révèle des vérités occultées qui apparaissent au détour d’un détail, d’une absence, et introduit une vision critique du monde. En tant que femme et artiste Brigitte Zieger est particulièrement sensible à toutes les formes de discriminations et de ségrégations. A travers son travail elle questionne le modèle patriarcal où la domination de l'autre est érigée en loi. L’artiste s’inscrit dans la quête d’un féminisme « utopique », où la femme ne chercherait pas à simplement recréer un monde cloné sur le modèle machiste de la société actuelle. Elle se tient volontiers à distance d’un féminisme consensuel qui s'accommoderait du racisme et de l'exploitation de classe. Elle aspire à une autre forme de société sans prépondérance masculine, un monde égalitaire et ouvert aux différentes minorités. Controverses Ce nom choisi par l’artiste pour l’exposition est mis en résonnance avec la Controverse de Valladolid, qui s’est déroulée en 1550 et 1551 au Mexique, dans un couvent d’une ville de l'État du Yucatán. Organisée sous l’égide du clergé à la demande de Charles Quint, cette controverse avait comme finalité de déterminer si les Indiens, natifs d’Amérique, étaient ou non des êtres inférieurs. Ce débat contradictoire entre le frère dominicain Bartolomé de Las Casas et le théologien Juan Ginès de Sépulvéda faisait suite à la violence et l’esclavagisme perpétrés par les Conquistadors sur les populations autochtones d’une part, et les mœurs des populations indigènes jugées inhumaines d’autre part. Ce débat intellectuel, motivé certes par des scrupules moraux de l’Eglise et du pouvoir, visait finalement à établir si les Amérindiens avaient une « âme », ou en étaient dépourvus et devaient ainsi être mis au rang d’êtres inférieurs. S’il fut conclu que les indiens étaient bien des créatures divines et de ce fait ne pouvaient être réduites à l’esclavage, ce ne fut pas sans conséquence sur les populations déportées d’Afrique. Car, en effet, pour remplacer la main d’œuvre à bas coût que procuraient les indiens, il sera décidé de développer de façon intensive la traite des Noirs. Bien que les Amérindiens ne furent plus

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Michel Natier

Controverses

utilisés comme esclaves, ils continuèrent cependant à être exploités, spoliés et évangélisés de force au nom d’un « devoir moral » par les colons. A l’instar de cette discrimination raciale hégémonique, dans le dispositif This Land is My Land, Brigitte Zieger met en scène les fragments d’une histoire oubliée. Impression 3D, cette œuvre fait suite à la découverte par l’artiste, sur l’île d’Alcatraz dans la baie de San Francisco, de traces de son occupation par un ensemble de tribus indiennes de 1969 à 1971. Les graffitis conservés sur cette île hostile à la vie humaine témoignent des luttes des minorités natives du continent américain pour leur reconnaissance. Ici, comme dans plusieurs pièces de Brigitte Zieger, l’absence révèle avec force la présence. A travers plusieurs de ses œuvres, Brigitte Zieger pose la question de l’icône et particulièrement de la représentation du corps de la femme dans l’art. Elle propose de regarder autrement ces images, de les faire apparaître sous un angle différent afin de faire surgir les dénis de réalité, car c’est souvent dans les détails que se révèle la vérité. Ainsi dans sa série de portraits Women are different from Men, des femmes sont représentées armées de fusils et de pistolets. Les rôles semblent s’inverser, les armes à feu, symbole de puissance, ont changé de main, les femmes s’imposent et sont prêtes à en « découdre » sans renoncer pour autant à leur féminité et à leur pouvoir de séduction. Ces images de femmes anonymes ou connues, choisies dans une iconographie allant des années 20 à aujourd’hui, sont des dessins réalisés avec du fard à paupières, ce qui en accentue le paradoxe. Il faut bien sûr s’attarder un peu sur ces œuvres, se laisser pénétrer par leur subtilité, pour percer leur secret. La douceur du trait et la transparence de la matière font hésiter car au premier coup d’œil il est difficile de conclure définitivement sur la technique utilisée. Dans l’installation Vanishing Lines, composée de plaques d’aluminium imprimées puis découpées et déformées, apparaît clairement, à travers leur absence, la présence des corps de femmes. L’artiste reprend le principe de l’image découpée dans les magazines féminins, comme on le ferait pour faire un collage, mais en conservant la partie que l’on jette habituellement, le pourtour des silhouettes. Outre la forme des corps, il ne reste alors que quelques indices, comme des bribes de chevelure ou d’étoffe, dans les contours de ces découpes, pour en évoquer le contenu. C’est à travers cette absence que s’impose et se questionne notre relation à la représentation du corps de la femme dans l’iconographie normée des publications de mode, reflet du monde qui les génère. Les sculptures de la série Anonymous Sculptures sont en réalité des images en deux dimensions, des photographies, mises en volume par l’artiste, dont la partie invisible de la photo n’est pas réinventée mais laissée en creux. Ces personnages, tirés d’une iconographie médiatique, semblent sortir de leur gangue

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Michel Natier

Controverses

photographique, sortir de l’histoire, pour ressurgir dans le présent de l’exposition. Ce creux c’est un peu la face cachée de l’histoire, une histoire que l’image séparée de son contexte ne peut résumer. Derrière chaque personnage, se dissimule un morceau de vie comme celle de ce jeune Chinois, qui, en 1989, sac de provisions à la main, stoppe les chars place Tian'anmen. Héros anonyme, il est devenu un symbole planétaire de la contestation pacifique contre la répression. Ou encore cette jeune femme, joyeuse égérie de Mai 68, dont nous fêtons le cinquantième anniversaire cette année, qui tire la langue, un pavé dissimulé dans une main. On imagine ici que l’usage de ce projectile sera déclenché par la riposte éventuelle des forces de l’ordre en réponse à cette provocation, petit pavé dans la mare de la contestation. Dans deux des vidéos présentées dans l’exposition, Zone d'indifférence et We the Indians discovered America, transparaîssent de façon sourde la violence et le rejet de l’autre. La première montre le mur qui sépare les Etats-Unis et le Mexique, longue palissade métallique surchauffée, balayée par la solitude et le néant, la seconde est réalisée à partir de prises de vues effectuées sur l’île d’Alcatraz, lieu chargé d’histoire et marqué par l’occupation des Indiens à la fin des années 60. Ces deux vidéos, en exaltant l’absence, renforcent d’autant la présence des protagonistes. Le mur convoque les clandestins venus du Mexique, candidats pour une meilleure vie aux USA, et la répression dont ils sont victimes, tout comme les traces de graffitis laissées sur les murs d’Alcatraz font ressurgir l’histoire tragique des Amérindiens. Avec la vidéo-projection Shooting Wallpaper s’introduit une note d’humour et de provocation dans l’exposition. Cette œuvre, à rapprocher des portraits de femmes, est née de l’envie de provoquer une réaction sur la fonction de l’artiste. Au départ, conçue pour « agrémenter » une soirée de collectionneurs, cette œuvre va finalement devenir une pièce emblématique du travail de Brigitte Zieger. Une bergère faisant partie du décorum « petit bourgeois » véhiculé par les motifs de la célèbre toile de Jouy, s’anime et sort de son univers champêtre armée d’un révolver. La représentation de la femme docile qui tapisse encore de nombreuses chambres à coucher est mise à mal, rangée au rang de fantasmes éculés. De ce paysage paisible jaillit l’émancipation, les clichés se rebellent, les poncifs vacillent, le danger est latent. A travers cette pièce l’artiste semble nous dire qu’il ne faut pas se fier aux apparences et surtout ne pas céder à toute forme de condescendance. 1 Cyril Lemieux, « A quoi sert l’analyse des controverses ? », Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle 2007/1 (n°25)

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Michel Natier

Controversies

“Debates” always have a triadic structure: they refer to situations in which a disagreement between two parties is staged before a third, who from then on is seen as the judge. (…) It’s about always creating the conditions necessary for the third party to be the witness: the presupposition of his/her existence opens up the space for the demonstration of truth” (1). An artwork is always subject to controversy/debate; the artist, the critic and the public form, de facto, this triad in which nobody comes out as winner, but which changes one’s way of looking. In this exhibition, which is accompanied by a publication, the artist, through her work, reveals the occulted truths that appear in a single detail, an absence, and introduces a critical vision of the world. As a woman and an artist, Brigitte Zieger is particularly sensitive to all forms of discrimination and segregation. In her work, she questions the patriarchal model in which the domination of the other is established by law. The artist is on a quest for “utopian” feminism, in which women no longer try to simply recreate a world cloned on the macho model of today’s society. She keeps herself voluntarily distant from a form of consensual feminism which accommodates racism and class exploitation. She aspires to another from of society without masculine preponderance, an egalitarian world that is open to different minorities. Controversies The name chosen by the artist for the exhibition resonates with the Valladolid Debate (“la controverse de Valadolid” in french), which took place in 1550 and 1551 at a convent in the State of Yucatan, Mexico. Organised under the auspices of the clergy, on the request of Charles Quint, this debate’s purpose was to determine whether or not Native American Indians were inferior beings or not. This contradictory debate between the Dominican brother Bartolomé de Las Casas and the theologian Juan Ginès de Sépulvéda followed a time of violence and slavery perpetrated by the Conquistadors on the autochtone populations. On the other hand, the traditional customs of the indigenous populations was judged inhumain. This intellectual debate, motivated certainly by the moral scruples of the Church in the fight for power, ended up aiming at establishing whether Amerindians had a ‘soul’ or not, and as such should be considered inferior. It was concluded that the Indians were indeed divine creatures and as a result could not be reduced to slavery. However, this conclusion was not without impact on the populations deported from Africa. In order to replace the supply of cheap labour procured by the indians, it was decided that the trafficking of Blacks should be intensified. Although the Amerindians were no longer used as slaves, they continued to be exploited, deprived and evangelised by force by the colonists in the name of ‘moral duty’. After questioning this hegemonic racial discrimination, in This Land is My Land, Brigitte Zieger reveals fragments of a forgotten part of history gathered from a visit to the island of Alcatraz, in the bay of San Francisco. The artist discovered traces of the island’s occupation by a gathering of indian tribes from 1969 to 1971. She used 3D printing to produce an artwork from scans of the graffiti she found on this island that is wholly hostile to human life. Such traces testify to the struggle of native minorities for their recognition on the American continent. Here, as in Brigitte Zieger’s other pieces, it is in fact absence that powerfully reveals presence. Through several of her works, the artist questions the notion of the icon and in particular the representation of the female body in art. She suggests one looks at these images differently, to reflect on an alternative angle that reveals the denial of reality, as it’s often in the details that truth can be found. As such, in the series of portraits Women are different from Men, women are represented armed with guns and pistols. Roles seem to have been inverted, the firearm, symbol of power, has changed hands, women impose themselves and are ready to ‘take up arms’ without renouncing their femininity and their

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Michel Natier

Controversies

power of seduction. These images of anonymous or famous women, chosen from an iconography from the 20s to today, are drawings made using eye-shadow, which accentuates the paradox. One must of course linger a while before them, allowing their subtlety and secret to sink in. The gentle lines and transparency of the matter make one hesitate because at first glance it’s difficult to work out for sure what the technique is. In the installation Vanishing Lines, composed of printed, cutout and deformed aluminium sheets, one can clearly make out the presence of women’s bodies despite their absence. The artist reverts to using the principal of magazine cutouts, as if she was going to use them to do a collage, but conserving the part one usually throws out, the surrounding silhouettes. Apart from the form of the bodies, only a few clues are left in the outlines of the cutouts, like scraps of hair or fabric, which evoke the content. It’s through this absence that our relationship to the representation of the body of a woman in the iconography that is normalised in fashion publications, and the reflection of the world which generates them, is questioned. The sculptures in the Anonymous Sculptures series are in fact two dimensional images, photographs, which are given volume by the artist, and of which the invisible part of the photo is not reinvented but left hollow. These people, selected from media iconography, seem to come out of their photographic gangue, leaving history, and appearing in the present exhibition time. This hollowness is the hidden side of history, a part of history that the image which has been separated from its context cannot resume. Behind each person there’s a life story, like that of the young Chinese man who, in 1989, shopping bag in hand, stood and stopped the tanks on Tian’anmen square. Anonymous hero, he became a planetary symbol of peaceful protest against repression. Or this young woman, a joyous muse of May 68, the 50th anniversary of which we’re celebrating this year, who’s pulling her tongue, a paving stone hidden in her hand. One can imagine that using this projectile might lead to an eventual retaliation by the security forces in response to such a provocation, a little paving stone in a pool of protest. Two of the videos presented in the exhibition, Zone d’indifférence (Zone of Indifference) and We the Indians discovered America, clearly shed light on the issue of violence and the rejection of the other. The first shows the wall separating the United States and Mexico, a long metallic overheated palisade, swept with solitude and emptiness. The second was made from shots taken on Alcatraz, a place that is charged with history and marked by the Indian occupation in the late 60s. These two videos, which exalt absence, manage to reinforce the presence of the protagonists. The wall summons up images of clandestine migrants from Mexico looking for a better life in the USA, and the repression of which they are victims in the same way that the traces of graffiti left on the walls of Alcatraz remind one of the Native Americans’ tragic history. With the video-projection Shooting Wallpaper, a humorous and provocative note is introduced into the exhibition. This piece, similarly to that of the portrait of women, came from the desire to provoke a reaction as to the artist’s function. It was initially created to ‘decorate’ a collectors’ party, but in the end this piece was to become emblematic of Brigitte Zieger’s work. A shepherdess who’s part of the “petit bourgeois” decorum conveyed in the famous Jouy print patterns, is in fact animated and strides out of her countryside universe armed with a revolver. The representation of a docile woman who continues to cover the walls of numerous bedrooms is undermined, transported into the role of corny fantasy. Emancipation gushes out of this pleasurable landscape, clichés rebel, the commonplace wavers, danger is latent. Through this piece the artist seems to be telling us that one mustn’t be fooled by appearances, and especially never give in to any form of condescendance. 1 Cyril Lemieux, “A quoi sert l’analyse des controverses?” Mil neuf cent, intellectual history Review 2007/1 (n°25)

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Planches Plates


Women are Different from Men

Les femmes sont différentes des hommes

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Women are Different from Men Drawings with eye-shadow & glitter Various sizes 109 x 80-173 cm 2011- 2014

Les femmes sont différentes des hommes Dessins à l’ombre à paupière & paillettes Dimensions variables 109 x 80-173 cm 2011- 2014

20-21

Bang Bang! Exhibition at Kunsthalle Andratx 2011

Bang Bang! Exposition à la Kunsthalle Andratx 2011

The Eight Most Wanted Women

Les huit femmes les plus recherchées

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Everybody Talks about the Weather... We Don’t Exhibition at Weigand Gallery, Berlin 2014

Tout le monde parle du beau temps... nous non Exposition à la galerie Weigand, Berlin, 2014

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The eight Most Wanted Women Drawings with eye-shadow & glitter Various sizes 109 x 78-94 cm 2012

Les huit femmes les plus recherchées Dessins à l’ombre à paupière et paillettes Dimensions variables 109 x 78-94 cm 2012

Zone of Indifference

Zone d’indifférence

Zone of indifference Video projection 9mn 04s 2016

Zone d’indifférence Projection vidéo, 9mn 04s 2016

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Women are Different from Men Dessins à l’ombre à paupière et paillettes 108 x 80-145 cm, 2011 Pages précédentes : Exposition Bang Bang! Kunsthalle Andratx,2011

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Women are Different from Men Dessins à l’ombre à paupière et paillettes 108 x 84-145 cm, 2011-2014 26


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Women are Different from Men Dessins à l’ombre à paupière et paillettes 108 x 84-145 cm, 2011-2014

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The Eight Most Wanted Women Dessins à l’ombre à paupière et paillettes 108 x 78-94 cm, 2012 32


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Zone d’indifférence Video projection 9mn 04s, 2016

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AmnĂŠsie de la domination Domination Amnesia


Julie Crenn

Amnésie de la domination

L’oubli nous ramène au présent, même s’il se conjugue à tous les temps : au futur, pour vivre le commencement ; au présent, pour vivre l’instant ; au passé pour vivre le retour ; dans tous les cas, pour ne pas répéter. Marc Augé – Les Formes de l’Oubli (1998)

L’œuvre de Brigitte Zieger engendre différents niveaux de lecture. Dans un premier temps, nous sommes face à une toile de Jouy vidéoprojetée, le portrait d’une femme réalisé au maquillage, l’ombre peinte d’un avion à échelle 1, un ensemble de bas-reliefs en résine blanche ou encore des sculptures de silhouettes, masculines et féminines, se tenant debout, ou allongées dans l’espace. Les œuvres, aux tonalités douces, acidulées ou totalement neutres, font appel à un imaginaire collectif où chacun peut trouver un espace d’identification. Les choix des matériaux et des sources iconographiques créent des échos intimes et culturels. Pourtant, en regardant avec attention, l’artiste nourrit les références esthétiques d’une réflexion critique. Le papier peint projeté est animé, des résistants et des réfugiés s’y déplacent avec vigilance ; la femme réalisée au maquillage est armée, elle nous tient en joue ; l’ombre de l’avion pourrait être celle de l’attaque du 11 septembre ; les hommes et les femmes moulés dans la résine blanche et noire appartiennent à différentes époques, ils.elles sont les acteur.trice.s de luttes militantes et activistes (mouvements féministes, antiracistes, pacifistes des années 1960-1970 à aujourd’hui). La menace d’un soulèvement et/ou d’une action violente est rendue présente. L’image, qu’elle provienne d’un manuel d’histoire de l’art, d’un magazine de mode ou d’un journal d’information, est envisagée comme un matériau que l’artiste s’emploie à déconstruire et à déplacer. Parce qu’elle dépasse le cadre d’une bidimensionnalité inhérente à son statut, l’image est augmentée dans son acceptation physique. Elle se joue ainsi de l’espace et du corps. Il nous faut par exemple contourner les volumes pour en découvrir les vides, les manques, la surface et la matérialité. Brigitte Zieger procède à des prélèvements d’images imprimées auxquelles elle donne une nouvelle existence : matérielle, physique, politique. Au musée de Louviers, Brigitte Zieger a choisi d’articuler trois projets in progress réalisés entre 2008 et aujourd’hui. La mise en relation des trois séries intitulées Anonymous Sculptures (2008 – 2016), Counter Memories (2014 - in progress) et This Land is My Land (2017- in progress) rend visible le développement d’une pensée plastique de l’image, ainsi qu’une volonté d’agiter et de compléter un récit univoque de l’Histoire. La déconstruction s’opère à différents endroits : en apportant la contradiction, en mettant en lumière la parole des invisibilisé.e.s – celles et ceux à qui est refusée l’écriture du récit collectif, ou encore en formulant une nouvelle iconographie qui va élargir le spectre des modèles et des références.

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Brigitte Zieger

Sources

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1. Jeune femme face à la police militaire lors d’une manifestation contre la guerre du Vietnam. Arlington, Virginia, 21 October 1967. 2. Jeune femme tenant un pavé entourée de policiers, mai 1968, Paris. 3. Etudiante en art manifestant contre les arrestations après un sit-in à Bristol, 1968.

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4. Manifestant contre la guerre attrapé par la police, université de Georgetown, Washington, 1971. 42


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Amnésie de la domination

Icônes anonymes Les figures résistantes, contestataires, désobéissantes et activistes traversent l’œuvre de Brigitte Zieger. Elle analyse, étudie et répertorie ces figures en examinant les mouvements advenus depuis les années 1960. À travers la récolte d’images d’archives (imprimées et filmées), l’artiste identifie les individus, les icônes souvent anonymes de ces mouvements. Elle extrait les corps des images pour réaliser des œuvres en volume, des représentations tridimensionnelles : creuses, fragiles, incomplètes, figées. En respectant l’archive originale, Brigitte Zieger donne corps aux figures résistantes. Dans la salle d’exposition, elles agissent à la fois de manière individuelle (elles ne partagent ni la même temporalité, ni le même combat, ni la même culture), et forment aussi un groupe. Un homme est allongé sur sa moto, une femme tend une rose, un enfant pousse une roue, une jeune femme tire la langue et porte un pavé dans sa main, un jeune homme étendu sur le sol lit un livre. Ils.elles occupent le terrain, provoquent, se dressent, s’interposent, préparent le terrain, attendent, s’obstinent. Teintées de noir, les silhouettes fonctionnent comme les réminiscences de mouvements passés ou récents, d’engagements collectifs, d’utopies résistantes. Réunir les silhouettes dans un même espace équivaut à rassembler les fragments d’une histoire des luttes. Anonymous Sculptures peut ainsi être envisagé comme un travail de commémoration transtemporelle et transculturelle de luttes plurielles menées contre la pensée hégémonique, contre le sexisme, le racisme, le néocolonialisme, le libéralisme et toutes les formes d’injustices. Si les monuments commémoratifs font la part belle aux soldats morts au front ou aux « Grands Hommes », Brigitte Zieger revisite la notion de héros et héroïnes de l’Histoire en mettant en lumière les résistant.e.s anonymes. Guerre et Paix En 2011, Brigitte Zieger réalise une série de bas-reliefs monochromes intitulée Life Still. Fabriquées à base de plâtre et de résine blanche, les œuvres semblent provenir d’un musée d’archéologie, comme si les bas-reliefs étaient les vestiges d’une frise antique. L’iconographie est pourtant empruntée aux années 1970. Les œuvres figurent ainsi des corps libres et exultants. C’est dans le prolongement critique et plastique de ce travail que l’artiste imagine une nouvelle série d’œuvres intitulée Counter Memories. Au départ, les images étonnent par leur étrangeté. Nous comprenons ensuite qu’il s’agit d’impressions grand-format de photographies retravaillées. Les images d’origines ont été prises par l’artiste dans les salles de musées présentant des pièces d’art antique. Brigitte Zieger cible et collecte les sculptures et les objets figurant des dieux guerriers et des lutteurs. Qu’ils soient 43


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Sources

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2 1. Occupants amérindiens quelques moments après l’expulsion de l’île d’Alcatraz le 11 juin, 1971. Harold Patty (Paiute du Nevada), Oohosis (Cree du Canada) Peggy Lee Ellenwood (Sioux de Wolf Point, Montana) Sandy Berger (Fort Hall, Idaho) Photo ©Ilka Hartmann

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2. Juxtaposition de symboles : l’aigle du gouvernement américain et l’icône du chef Apache de la résistance amérindienne Geronimo. 3. Graffitis amérindiens de 1970 dans la salle des gardiens d’Alcatraz. 4. Arrivée sur l’ile d’Alcatraz, panneau de propriété d’état recouvert par «les Indiens des toutes les tribus» lors de l’occupation de 1969-71.

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Amnésie de la domination

en représentation ou en action, ils incarnent le pouvoir et l’ordre phallique. Au moyen d’un découpage numérique, elle prélève leur contenu, seuls les creux des silhouettes demeurent sur les socles blancs. Elle y incruste d’autres images qui, peu à peu, se révèlent à nos yeux. Elles sont travaillées à partir d’un effet bas-relief numérique doté d’une teinte métallisée. Au creux des aspérités de cette texture factice apparaissent les visages et les corps de jeunes hommes et de jeunes femmes. Elles proviennent d’archives restituant les acteurs et les spectateurs de rassemblements musicaux comme Woodstock ou le festival de l’île de Wight. Entre 1968 et 1970, les festivals, au même titre que la scène artistique, représentaient non seulement un territoire de contestation, de manifestation et de revendication (culturelles, sociales, raciales, sexuelles), mais ils étaient aussi les lieux d’expérimentations nouvelles et de libération corporelle. Au hiératisme des corps guerriers, l’artiste substitue les corps d’une jeunesse en quête d’un nouveau souffle. Les expressions rieuses et extatiques balayent la raideur et la neutralité d’une représentation officielle et dominante. Les dieux font place aux anonymes révolutionnaires. Entre apparition et disparition, leurs visages se confondent avec la matière numérique. Brigitte Zieger rassemble les pixels de l’Histoire, pour re-matérialiser le souvenir d’une utopie sociale évanouie. We Hold the Rock! Sans quitter les territoires de la mémoire et de la contestation collective, le nouveau projet de Brigitte Zieger nous immerge dans une histoire spécifique. Le 28 octobre 1969, le centre culturel amérindien de San Francisco est incendié. Suite à cet évènement, un groupe d’activistes amérindiens procède à l’occupation pacifique de l’île d’Alcatraz du 20 novembre 1969 jusqu’au 11 juin 1971. Pendant dix-neuf mois, plus de six cents individus (représentant.e.s d’une cinquantaine de tribus différentes) sont devenus les Indians of all tribes (« les Indiens de toutes les tribus »). Une communauté déterminée à mettre en lumière la réclamation des droits des Amérindiens et notamment celui de pouvoir se rassembler dans un lieu. Richard Oakes (responsable du département des études amérindiennes à l’université de San Francisco) en est devenu le leader. Ensemble, ils.elles ont proclamé un manifeste, We Hold the Rock! (« Nous tenons le rocher ! »), adressé directement à Richard Nixon et aux Blancs. Le texte, teinté d’une ironie amère, s’adresse aux Blancs pour faire état de leurs conditions de vie, de leurs droits et libertés entravées : Nous pensons que cette île que vous appelez Alcatraz est idéale pour recevoir une réserve indienne telle que les Blancs la conçoivent. En fait nous pensons que cet endroit présente déjà toutes les caractéristiques des réserves indiennes : 45


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1. Elle est éloignée de tous les services et n’est desservie par aucun moyen de transport adéquat ; 2. Il n’y a pas d’eau courante ; 3. Les services sanitaires sont insuffisants ; 4. Il n’y a ni pétrole ni minerai ; 5. On n’y trouve pas d’industrie et donc le chômage y est très élevé ; 6. Il n’y a aucun service de santé ; 7. Le sol est rocheux, impropre à toute culture et il n’y a pas de gibier ; 8. Il n’y a pas d’équipement scolaire ; 9. L’endroit a toujours souffert de surpopulation ; 10. La population y a toujours été considérée comme prisonnière et tenue dans une totale dépendance des autres. 1 Brigitte Zieger a mené une recherche sur l’occupation (ses acteur.trice.s et ses modalités) en rassemblant des photographies et des textes, pour en comprendre les enjeux et la vie quotidienne. En avril 2017, elle s’est aussi rendue sur place pour visiter et scanner les salles des gardiens d’Alcatraz où s’était installée la communauté. La vidéo 3D We the Indians discovered America (2018) forme une synthèse de ses recherches, puisqu’elle allie les images d’archives aux images du lieu au présent. L’artiste a en effet choisi de scanner les murs où subsistent des graffitis réalisés entre 1969 et 1971. Par le biais de logiciels de retouche et de spatialisation des images, elle a incrusté des éléments historiques pour compléter les manques. Ainsi, la cohabitation des temporalités formule la question de l’entretien de la mémoire collective qui ici nous apparaît de manière complexe : ruine ou reconstruction ? « Dans un processus de travail récent, j’ai utilisé un nouvel outil numérique capable de reconstituer un volume à partir de quelques images d’un même objet. Ce volume peut être édité par la suite à l’aide d’imprimantes 3D. Les erreurs et les incompréhensions de ce logiciel sont multiples. Le visuel qui en résulte m’intéresse au plus haut point, puisqu’il recoupe mes préoccupations de travail: réaliser un volume à partir d’une image, et assumer l’incomplétude de la reconstitution pour interroger métaphoriquement ce qu’il reste des évènements au travers des documents et des médias numériques contemporains ». 2 En ce sens, le diptyque vidéo invite à une visite virtuelle, un parcours fragmenté. L’architecture comporte des manques puisque les découpes numériques engendrent une perte d’informations. Il nous faut produire un effort pour reconstituer, reconstruire les espaces à l’intérieur desquels l’artiste nous invite à déambuler. Le film a donné lieu à un ensemble de sculptures, des impressions 3D d’une sélection d’éléments spatiaux visibles dedans. Disposées au sol ou 46


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suspendues dans l’espace, les œuvres énigmatiques et spectrales nous confrontent physiquement à ce que Marc Augé nomme les formes de l’oubli. L’artiste nous incite une nouvelle fois à produire un effort de compréhension, de reconstruction d’un récit lacunaire, d’une histoire invisibilisée. En Occident, les livres d’Histoire font la gloire de Christophe Colomb qui, en 1492, a « découvert » l’Amérique. Depuis notre enfance, nous avons retenu cette date, cet évènement, cette formidable conquête. Pourtant, très peu de professeur.e.s n’évoquent l’autre facette de l’histoire en parlant de celles et ceux qui vivaient sur ces terres, de leur surprise lors de l’arrivée des hordes de colons espagnols, des maladies, des tortures, des massacres, des spoliations et de la persistance actuelle de la Colonisation. Depuis trop longtemps, le récit de l’Histoire humaine est façonné par les vainqueurs. Pour se défaire du rapport dominant/dominé, ne faudrait-il pas tourner le miroir vers toutes les directions ? Il s’agit d’un des enjeux critique formulés dans l’œuvre de Brigitte Zieger, qui, matérialise de manière conceptuelle, critique et plastique les différentes facettes du récit. Les œuvres ouvrent une visibilité aux groupes historiquement opprimés. L’artiste soulève un ensemble de questions : Qui écrit l’Histoire ? Selon quel point de vue ? Pourquoi ? Pour qui ? Quelles images accompagnent ce récit ? Quels sont les mécanismes de construction d’une icône, d’un modèle collectif, d’une légende, d’un héros, d’une héroïne ? Que reste-t-il des mouvements militants ? Des utopies ? Comment fabriquer les archives de ces récits complétés ? Pour tenter de trouver des réponses à ces questions, Brigitte Zieger œuvre à la déconstruction de ce récit qui forge l’imaginaire collectif occidental. Pour cela, elle effectue un ensemble de déplacements historiques, sociaux, politiques, genrés et culturels visant à l’effacement des hiérarchies, des modèles et des normes persistantes. Ainsi, les images se font les monuments matériels et immatériels d’une contre-mémoire (d’une contre-culture) que l’artiste s’emploie à construire, formulant une nouvelle iconographie qui va élargir le spectre des modèles et des références. 1 Fortunate Eagle, Adam. Alcatraz! Alcatraz! The Indian Occupation of 1969-1971. Berkeley: Heyday Books, 1992, p.45. 2 Echange avec Brigitte Zieger, mars 2018.

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Oblivion brings us back to the present, even if it’s conjugated into all time: into the future, to live the beginning; into the present, to live the moment; into the past to live the return; into every case, so as not to repeat. Marc Augé - Les Formes de l’Oubli (Forms of Oblivion) (1998).

Brigitte Zieger’s artwork generates varying levels of interpretation. To start with, we find ourselves face to face with a Jouy-print textile that’s video-projected, the portrait of a woman drawn in make-up, the shadow of an airplane painted on a scale of 1, a series of bas-reliefs in white resin and sculptures of male or female silhouettes, standing or lying down in the space. These pieces, made up of gentle, vibrant or totally neutral tones, remind one of a collective imaginary in which everyone can find some room for identification. The choice of material and iconographic source creates intimate as well as cultural echoes. However, when one looks more closely, the artist nurtures the aesthetic references with critical reflection. The projected wallpaper is animated, the resistants and refugees change position vigilantly; the woman drawn in make-up is holding us up with a gun; the shadow of the airplane could be one used during the 11th of September attack; the men and women moulded out of white and black resin seem to belong to different eras, they’re actors/actresses of militant and activist struggles (feminist, antiracist, pacifist Movements from the 1960s-70s to today). The threat of an uprising and/or a violent act is ever present. The image, whether from a history of art manual, a fashion magazine or a newspaper, is considered material to be used, deconstructed and displaced by the artist. Because it overflows the frame of a bi-dimensionality inherent in its status, the image is augmented in its physical acceptation. It plays as such with space and body. For example we have to move around the volumes to discover that the silhouettes are empty, missing, pure surface and materiality. Brigitte Zieger selects printed images to which she provides a new existence that is material, physical and political. At the Louviers museum, Brigitte Zieger has chosen to resume three projects in progress created between 2008 and today. Seeing the three series, Anonymous Sculptures (2008-2016), Counter Memories (2014 - in progress) and This Land is My Land (2017 - in progress) together, one is aware of the development of both a plastic way of thinking of the image, and a desire to stir up and complete an univocal narrative of History. The deconstruction happens in different places: providing contradiction, bringing to light the voices of those who were invisible - who refused the writing of a collective narrative, or by formulating a new iconography which might widen the spectre of our models and references.

Anonymous Icons One comes across Individuals who resist, who contest, are disobedient and militant in Brigitte Zieger’s work. She analyses, studies and itemises these individuals by examining movements from the 1960s onwards. From this crop of images selected from archives (printed and filmed), the artist identifies individuals, mostly anonymous icons of these mouvements. She extracts the bodies from these images in order to create artworks in volume, tridimensional representations : hollow, fragile, incomplete, fixed. By respecting the original archive, Brigitte Zieger gives a body to these figures of resistance. In the exhibition space, they act in an individual way (they do not share the same temporality, or struggle, or culture), but also form a group. One man is lying across his motorbike, a woman holds out a rose, a child pushes a tyre, a young woman sticks out her tongue and holds a paving stone in her hand, a young man stretched out on the ground reads a book. They occupy the area, provoke, rise up, impede, pave the way, wait, persist. Tainted black, the silhouettes work like reminiscences of past or recent movements, collective engagement, utopias of resistance. Reuniting the silhouettes in the same space is equivalent to reassembling

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the fragments of the history of these struggles. Anonymous Sculptures can as such be seen as a work of transtemporal and transcultural commemoration of plural struggles fought against hegemonic thought, against sexism, racism, neo-colonialism, liberalism and all kinds of injustice. If these commemorative monuments pay hommage to dead soldiers on the front rather than the “Great Men” of History, Brigitte Zieger revisits the notion of heroes and heroines in history and brings to light anonymous resistance fighters.

War and Peace In 2011, Brigitte Zieger made a series of monochrome bas reliefs which she called Life Still. Made out of plaster and white resin, the pieces seem to come from an archeological museum, as if they were the vestiges of an antique frieze. And yet the iconography is in fact borrowed from the 1970s. They’re made up of free and exultant bodies. As a critical and plastic continuation of this work, the artist imagined a new series of pieces entitled Counter Memories. The Counter-Memories series is a continuation of this critical reflection. At first sight the images are astounding in their strangeness. We then understand that these large-format prints are reworked photographs. The original images are taken by the artist in museum spaces with pieces of ancient art. Brigitte Zieger targets and collects sculptures and objects depicting gods warriors and wrestlers. Whether in representation or in action, they embody the power of the phallic order. By means of a digital switching, this content is partially erased, only silhouettes remain on white pedestals. She embeds other images that gradually reveal themselves to us. They are worked with a digital bas-relief effect endowed with metallic color. Deep in the rough texture of fake substance, the faces and bodies of young men and young women appear. They come from the archives reproducing the actors and spectators of music gatherings like Woodstock or the Isle of Wight Festival. Between 1968 and 1970 these festivals, as well as the art scene, represented not only an area of protest and demonstration (cultural, social, racial, sexual), but they were also the scene of new experiments and physical liberation. The artist substitutes the hieratic warrior’s body with a youth in search of a new life. Joyful and ecstatic expressions sweep stiffness and neutrality of an official representation. The gods give way to the anonymous revolutionaries. Between appearance and disappearance, their faces merge with digital material. Brigitte Zieger gathers the pixels of history, to rematerialize the memory of a vanished social utopia.

We Hold the Rock! Remaining within the realm of memory and collective contestation, Brigitte Zieger’s new project immerses us in a specific story. On the 28th of October, 1969, the Native American Indian cultural centre in San Francisco was burnt down. Following this event, a group of Native American activists peacefully occupied the island of Alcatraz from the 20th of November 1969 until the 11th of June, 1971. For nineteen months, over six hundred individuals (representing fifty different tribes) became the Indians of all tribes, a community that was determined to bring the demands of Native American Indians for their rights to the attention of the general public, and in particular of being allowed to gather together in one place. Richard Oakes (director of the Department for Native American Studies in San Francisco State University) became the leader. Together, they proclaimed a manifesto, We hold the rock!, addressed directly to Richard Nixon and the White population. The text, tainted with bitter irony, asked Whites to wake up to their life conditions, their impugned rights and liberties: We feel that this so-called Alcatraz Island is more than suitable for an

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Indian Reservation, as determined by the white man’s own standards. By this we mean that this place resembles most Indian reservations in that: 1. It is isolated from modern facilities, and without adequate means of transportation. 2. It has no fresh running water. 3. It has inadequate sanitation facilities. 4. There are no oil or mineral rights. 5. There is no industry and so unemployment is very great. 6. There are no health care facilities. 7. The soil is rocky and non-productive; and the land does not support game. 8. There are no educational facilities. 9. The population has always exceeded the land base. 10. The population has always been held as prisoners and kept dependent upon others. 1 Brigitte Zieger researched into this occupation (its participants and modalities), gathering photographs and texts, to try and understand the challenges of their daily lives. In April, 2017, she even went to Alcatraz to visit and scan the prison wardens’ rooms the community occupied. The 3D video We the Indians Discovered America (2018) forms a synthesis of this research, bringing together archive images to those of the actual place today. The artist chose to scan the walls on which one can still decipher the graffiti made there between 1969 and 1971. Using digital retouch and image spatialisation software, she’s incrusted historical elements to complete what’s missing. As such, the cohabitation of temporalities formulate the question of how one maintains collective memory, which appears to us here in a complex manner: ruin or reconstruction? In a recent working process, I used a popular digital tool that is capable of reconstituting a volume out of a few images of the same object. The volume can then be edited with a 3D printer. The errors and misunderstandings of this software are multiple and the resulting visuals are particularly interesting because they match the issues I address in my work : creating a volume from an image and thereby assuming the incompleteness of the reconstitution, so to metaphorically question what remains of the events through documents and contemporary digital media.2 In this sense, the video diptych invites one on a virtual visit, a fragmented parcours. The architecture has parts missing since the digital cuts lead to a loss of information. One has to make an effort to reconstitute and reconstruct the interior spaces in which the artist invites us to wander. The film led to the creation of a number of sculptures, 3D impressions of a selection of spacial elements visible in the film. Positioned on the ground or hung in the space, these enigmatic and spectral artworks physically confront us with what Marc Augé called les formes de l’oubli (forms of oblivion). The artist again encourages us to make an effort to understand and reconstruct the patchy narrative of an invisibilised history. In the West, History books tend to glorify Christopher Columbus who, in 1492, ‘discovered’ America. Since our childhood, we have had this date drummed into us, this event, this marvellous conquest. And yet, very few teachers talk of the other side of history, about those who were living on this land, of their surprise when hoards of Spanish colonialists arrived, bringing sickness, torture, massacres, plundering and the ongoing consequences of Colonialisation. For far too long, the narrative of human History has been fashioned by the victors. In order to break free of the dominant/dominated relationship, shouldn’t one turn the mirror in every direction? This is one of the critical challenges formulated by Brigitte Zieger’s work as she materialises the different facets of the narrative in conceptual, critical and plastic ways. The artworks provide visibility for groups that have been historically oppressed. The artist brings up a number of questions: Who writes history? According to what point of view? Why? For whom? What images

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accompany this narrative? What are the mechanisms for the construction of an icon, a collective model, a legend, a hero, a heroine? What remains of militant movements? Of utopias? How can one make archives of these narratives complete? To try and find the answers to these questions, Brigitte Zieger works on the deconstruction of the narrative that forges Western collective imaginary. To do so, she brings about a range of historical, social, political, gendered and cultural displacements, aiming to do away with persistant hierarchies, models and norms. As such, the images become the material and immaterial monuments of a counter-memory (a counter-culture) that the artist constructs. 1 Fortunate Eagle, Adam. Alcatraz! Alcatraz! The Indian Occupation of 1969-1971. Berkeley: Heyday Books, 1992, p.45. 2 Conversation with Brigitte Zieger, March 2018.

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Planches Plates


Counter Memories

Contre-mémoire

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What if...? Exhibition at Kunstverein Mannheim 2016

Que se passerait-il si...? Exposition au Kunstverein Mannheim 2016

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Counter Memory 1-9 Archival inkjet prints Various sizes 217 x 160, 160 x 217 cm and 160 x 160 cm 2014

Contre-Mémoire 1-9 Impressions pigments sur papier Archive Dimensions variables 217 x 160, 160 x 217cm et 160 x 160 cm 2014

This Land is My Land

Cette terre est ma terre

This Land is My Land 3D Print, polyamide 210 x 156 x 60 cm 2018

This Land is My Land Impression 3D, polyamide 210 x 156 x 60 cm 2018

We the Indians discovered America

Nous les Indiens avons découvert l’Amérique

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Exhibition Other Scenes at the Void Art Centre, Londonderry, Ireland, 2017

Exposition Other Scenes (D’autres positions) au Centre d’art Void Londonderry, Irlande, 2017

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We the Indians Discovered America Videoprojection on two screens 5mn 26s and 5mn 53s, 2017

Nous les Indiens avons découvert l’Amérique Projection vidéo HD sur deux écrans 5mn 26s et 5mn 53s, 2017

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Counter Memory 3 Impression pigments sur papier Archive 217 x 160 cm, 2014 Counter Memory 6 Impression pigments sur papier Archive 217 x 160 cm, 2014

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What if...? Exposition au Kunstverein Mannheim 2016 Counter Memory 1 Impression pigments sur papier Archive 217 x 160 cm, 2014

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Counter Memory 4 Impression pigments sur papier Archive 217 x 160 cm, 2014 Counter Memory 7 Impression pigments sur papier Archive 217 x 160 cm, 2014

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We the Indians Discovered America VidĂŠo 5mn 26s, 2017 This Land is My Land Impression 3D, polyamide 170 x 158 x 129 cm, 2018

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This Land is My Land Impression 3D, polyamide 210 x 156 x 60 cm, 2018

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This Land is My Land Impression 3D, polyamide 210 x 156 x 60 cm, 2018

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We the Indians Discovered America Vidéoprojection HD sur deux écrans 5mn 26s et 5mn 53s, 2017

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Réputée ingrate pour les œuvres contemporaines généralement conçues en fonction de lieux d’exposition les plus neutres possibles, l’exposition dans un musée ayant gardé tous les atours d’un musée à l’ancienne ne semble pas défavoriser celles de Brigitte Zieger, bien au contraire, l’artiste ayant su jouer de ces contraintes avec habileté et les retourner à son avantage. Déjà, ses œuvres échangent régulièrement avec la place et le statut de l’art dans la société occidentale, y trouvant des ressources formelles mises à contribution dans un discours politique et plastique de contestation, c’est à dire de mise en question de l’histoire à la fois esthétique et sociétale de l’art, dans ses relations au pouvoir évidemment, mais aussi dans son propre pouvoir d’élection du beau et de l’agréable. Les vidéos-tapisseries de Jouy sont l’exemple parfait de cette forme de controverse, mais nous nous attacherons ici aux quatre propositions plus récentes présentées, dont deux inédites, en soulignant à quel point leur exposition dans un tel musée leur est pertinente ; car loin d’être neutre, l’espace du musée de Louviers n’est pas, chose rare pour un musée d’art contemporain, complètement de son époque, et, comme nombre de bâtiments officiels, nous a été légué par un passé architectural référant dévotement à une Antiquité censée représenter l’idéal absolu de l’ordre et du respectable. Première controverse Les Sculptures anonymes, en résine noire, sont des représentations de personnes ordinaires dont les gestes de résistance à l’oppression d’état et militarisée ont été rendus célèbres par une large médiatisation. Parfaitement contemporaines par les différents choix opérés par l’artiste (celui du matériau, celui de laisser très visible la part du document photographique dans la représentation, ou celui de sélectionner les gestes les plus banals), ces sculptures assument également leur proximité avec la sculpture commémorative classique et ses codes (réalisme légèrement idéalisé par l’homogénéité du matériau et de la couleur, personnages à l’échelle 1 figés dans le geste qui en a fait des héros, décontextualisation des corps), afin bien sûr de les déjouer, car ce sont les codes de la sculpture officielle servant le pouvoir. Le choix le plus frappant dans ce jeu avec l’histoire des représentations est de ne pas présenter ces sculptures de héros anonymes sur des socles, notamment dans le cadre du musée ; et de délaisser les centres des salles pour leur préférer les espaces de passage et les coins. Le rapprochement avec nous, spectateurs anonymes et ordinaires, n’en est que plus fort, car décalé et inattendu. Les gestes représentés n’en paraissent que plus ordinaires, voire déplacés : lire par terre, rentrer avec ses sacs à provisions, faire rouler un pneu : c’est déjà une contestation de l’ordre et de la bienséance. Ces personnages semblent occuper l’espace du musée comme ils occupaient l’espace politique en le parasitant, plus qu’ils n’y sont

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magnifiés, et ne nous surplombent pas de leur héroïcité, forçant une admiration convenue, mais sont davantage à même de générer questionnement et empathie : nous pourrions être comme eux, car eux sont comme nous, qui ne sommes pas sur des socles. Deuxième controverse Les Counter Memories (Contre-mémoires), qui empruntent une grande part de leur esthétique et de leurs références au musée (puisque nous y reconnaissons quelques morceaux célèbres de sculptures classiques, provenant du Louvre et d’ailleurs, des socles, des éclairages, des murs chaudement colorés) semblent ici chez eux, entrant en parfaite résonance avec une salle manifestement conçue pour la mise en majesté (point haut du bâtiment, accès par un large escalier en marbre, hauteur sous plafond imposante, luxueuses moulures), jouant même avec autant de fierté que d’ironie le jeu de l’accrochage hiératique. Et là, à l’étage, cette majesté savamment construite (le Musée de Louviers, érigé à la fin du XIXe siècle, est parfaitement représentatif de l’architecture officielle de la IIIe République) est mise à mal, en douceur, comme à l’accoutumée chez l’artiste, par les figures souples, féminines, dansantes, qui s’incrustent dans les premières et les perturbent, faisant émerger une autre Histoire, celle de la contestation du pouvoir et de ses formes par la libération des corps. Troisième controverse We The Indians Discovered America entretient également une relation particulière à l’espace d’exposition choisi : Brigitte Zieger montre le premier état de cette installation (destinée à être augmentée), dans une salle située en contrebas par rapport à l’entrée, et ne recevant pas la lumière du jour ; on y accède en descendant, comme dans un sous-sol, une cave, ou une réserve, pour y découvrir ce qui nous apparaît ainsi comme les pièces d’une archéologie futuriste : sculptures entièrement réalisées avec les techniques numériques les plus actuelles (scans 3D de lieux réels, modélisation informatique, sculptage au laser), mais qui ressemblent finalement à des restes soigneusement conservés, incomplets, lacunaires, à partir desquels, comme au milieu de ruines, l’esprit est invité à reconstituer une histoire, un lieu, des évènements, une société. La société dont il est question n’aura en l’occurrence duré que le temps d’une occupation, quelques mois, d’un lieu symbolique (Alcatraz) par un groupe d’Amérindiens déterminés à changer leur sort. Ce ne sont donc pas les restes d’une société organisée et ordonnée qui sont ici présentés comme des fétiches du passé, mais les projections d’une autre, plus égalitaire, ayant disparue avant que de n’avoir existé. La figure centrale de l’aigle, emblème, à la fois, et de manière incroyable, des oppresseurs et des opprimés, résonne également particulièrement dans cet

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espace ressemblant à une réserve oubliée de muséum d’histoire naturelle. Une vidéo 3D est même proposée au regardeur, qui, comme à Lascaux ou ailleurs, donne une représentation plus complète de cet espace d’une utopie avortée, de ce monde enfoui dans les méandres d’une histoire qui n’a pas réellement changé son cours. Et bien que très concrètement conséquence informatique du scan 3D d’Alcatraz réalisé par l’artiste elle-même, employant à dessein un matériel et un logiciel imparfaits, cette vidéo ne propose pas au contemplateur les espaces rigides, ordonnés et contraignants qui sont ceux de l’ancienne prison occupée, mais au contraire, là encore, formes souples, liquides, ouvertes, organiques et vivantes. Quatrième controverse La prise de sens, et de forme, d’une œuvre dans son espace d’exposition et par rapport à lui n’est pas exactement une nouveauté en art contemporain : c’est le in situ théorisé dès la fin des années soixante par Daniel Buren, figure incontournable de la contestation du musée, qui la pratiquait quant à lui avec des moyens radicalement abstraits ; elle se fait ici de manière post-moderne à travers la figure, les images, les emprunts et la technologie numérique. Néanmoins, la dernière des trois propositions commentées ici, qui est aussi la plus récente, la série des Vanishing Lines (lignes de fuite), renoue, en évacuant (au sens propre) la figure, avec un certain degré d’abstraction, et réussit le difficile pari de la continuation d’un discours artistique féministe et politique, tout en offrant au spectateur les plaisirs purement rétiniens normalement dispensés par les œuvres abstraites : des lignes, des couleurs, du métal délicatement tordu ou plié, des percées au travers desquelles considérer d’autres lignes et leurs entrelacs au gré des déplacements du point de vue. Et il semble que cela fut le désir de l’artiste de s’adonner au pur plaisir de la dispersion des formes, chacune des pièces étant basée sur un rapport différent et apparemment strictement formel à l’espace : accrochée au mur, étendue au sol, épousant l’angle mur/sol ou posée au milieu de l’espace, tordue sur elle-même ou non, fermée ou ouverte, colorée ou en gris seul...). Mais cette installation nous vaut également, et peut-être en premier lieu, une formidable stupeur : c’est une scène de chaos qui s’offre en fait à la contemplation, les pièces n’étant que les restes produits par l’extraction des figures (des « modèles » de photographies de mode, on le comprend vite à quelques indices) et comme abandonnés sur place. Une scène de rébellion féministe d’autant plus puissante qu’elle prend place entre les sages cimaises d’un paisible musée, qui ne semblait pas s’attendre à tant de désordre. Et le plaisir purement esthétique est d’autant plus autorisé, d’autant moins coupable, qu’il vient ainsi de cette libération radicale des modèles contraignants, d’un geste de franche et créative insoumission.

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Museums that have retained all of their old-fashioned trappings are reputed for being ungracious towards contemporary artworks that are mainly imagined for the most neutral exhibition spaces possible, and yet it doesn’t seemed to have been a disadvantage for Brigitte Zieger’s work at all. Quite the contrary, the artist has understood how to skilfully play on such constraints and turn them to her advantage. Her pieces already regularly exchange with the place and statute of art in Western society, finding in them the formal ressources applied to a political and plastic discourse of protest, in other words the question of aesthetic as well as societal history of art, in its relationships with power of course, but also in its own power for the election of what is beautiful and agreeable. The Jouy tapestry-videos are the perfect example of this form of controversy, but we will be looking here at the four most recent propositions presented, two of which will be being shown for the first time, and highlighting to what point their exhibition in such a museum is pertinent; for far from being neutral, the Louviers museum space is not, and this is quite unusual for a contemporary art museum, completely of its age, and, like numerous official buildings, has been bequeathed by an architectural past referring devotedly to an Antiquity which is supposed to represent the absolute ideal in order and what’s respectable. First controversy The Anonymous Sculptures, in black resin, are representations of ordinary people whose gestures of resistance to the oppression of the militarised State have become famous due to wide media coverage. They are perfectly contemporary in terms of the different choices operated by the artist (that of the material used, and of leaving the part of the photographic document very visible in the representation, or of selecting the most banal of gestures). And yet these sculptures also assume their proximity with classical commemorative sculpture and its codes (realism slightly idealised by the homogeneity of the material and its colour, people on a scale of 1 that are fixed in the gesture which made them heros, decontextualisation of the bodies), in order of course to breach them because these are the codes of official sculpture that serves the powers that be. The most surprising choice in this game of the history of representations is the decision not to present theses sculptures of anonymous heros on plinths, notably in the framework of the museum, and to leave the centres of the rooms empty, choosing the passageways and corners instead. The alignment with us, anonymous and ordinary spectators, could not be stronger, as it’s quirky and unexpected. The gestures represented seem all the more ordinary, or even displaced: reading on the ground, going home with one’s shopping bags, rolling a tyre: they’re already a protest of order and propriety. These people seem to occupy the space of the museum as if they were occupying the political space by parasitising it, even more so because they’re not magnified, they don’t look down at us with their heroicness, forcing a prearranged admiration, but indeed generate even more questioning and empathy: we could be like them, for they are like us, who are not on plinths. Second controversy Counter Memories borrow a large part of their aesthetic and references from the museum (since we can recognise several famous parts of classical sculptures, from the Louvre and elsewhere: plinths, lightings, warmly coloured walls). They seem here to be very much at home, entering into perfect resonance with a room that was manifestly conceived to emphasise majesty (elevated point of the building, access via a wide, marble stairway, imposingly high ceiling, luxurious mouldings), playing the game of hieratic hanging as much with pride as irony. And there, upstairs, this skilfully constructed majesty (the Louviers museum, built at the end of the XIX Century, is perfectly representative of the official architecture of the Third Republic), is undermined, gently, as is common with the artist’s approach, by supple, feminine, dancing figures who have found their way into this space, perturbing it, bringing another History out into the open, that of opposition towards power and its forms through the liberation of bodies.

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Philippe Fernandez

In situ at the Museum

Third Controversy We the Indians Discovered America also entertains a particular relationship with the exhibition space chosen: Brigitte Zieger shows the first version of this installation (destined to be augmented), in a room situated below the entrance which is deprived of daylight. One gets there by stepping down, as if into a basement, a cellar, or a reserve, to discover what appear to be pieces of futurist archeology: sculptures that are entirely made using the latest digital techniques (3D scans of real places, computer modelling, laser sculpting). They actually resemble, however, carefully preserved remains that are incomplete, patchy, and from which, as in the midst of ruins, the mind is invited to reconstitute a history, a place, events, a society. The society in question, however, only lasted for several months, the duration of an occupation of a symbolic place (Alcatraz) by a group of Amerindians determined to change their lot. These are therefore not the remains of an organised and ordered society presented here as the fetiches of the past, but the projections of another, more egalitarian society, which disappeared before it even existed. The central figure of an eagle, the emblem, incredibly, of both oppressors and oppressed, resonates particularly powerfully in this space that resembles a forgotten reserve in a natural history museum. A 3D video is even presented to the viewer which, as in Lascaux or elsewhere, gives a more complete representation of this space of an aborted utopia, of this world buried in the meanderings of a history that hasn’t really changed its course. And although the digital consequence of the 3D scan of Alcatraz is very obviously made by the artist herself, employing intentionally imperfect material and software, this video doesn’t suggest one contemplates the rigid, ordered and constrained spaces of the old prison that was occupied, but on the contrary, once again, the supple, liquid, open, organic and living forms. Fourth controversy The meaning and form of an artwork taking shape in its exhibition space and in relationship to that space is not exactly something new in contemporary art: it’s the in situ theorised at the end of the 60s by Daniel Buren, inescapable figure of protest in the museum, who practised it with radical abstract means; here it’s done in a post-modern way through images of figures, borrowed shapes, and digital technology. Nevertheless, the last of the three propositions to be commented on here is also the most recent, the series Vanishing Lines. It reconnects by evacuating (in the literal sense) the figure, with a certain degree of abstraction, and succeeds in the difficult challenge of continuing an artistic discourse that is feminist and political, while also managing to offer the viewer the purely retinal pleasures that are normally dispensed with in abstract artworks: the lines and colours of the delicately twisted or folded metal, forays through which one might consider other lines and their interlacing according to the displacement of a viewpoint. And it seems that the artist’s desire was indeed to indulge in the pure pleasure of the dispersion of forms, each one of the pieces being based on a different and apparently strictly formal relationship to the space: hung on the wall, stretched out on the ground, embracing the wall/ground angle or positioned in the middle of the space, bent in on itself or not, closed or open, coloured or just in grey…). But this installation also leads us to absolute stupor: it’s a scene of chaos offered to us for contemplation, the pieces are in fact the leftovers produced when one extracts figures (“models” of fashion photography, one understands quickly due to a few clues), and abandoned there and then. A scene of feminist rebellion that is even more powerful as it is positioned between the wellbehaved display walls into a pleasant museum, which didn’t seem to expect such disorder. The purely aesthetic pleasure is event more authorised, even less guilty since it also comes from this radical liberation of constraining models, of frank gesture and creative insubordination.

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Planches Plates


Anonymous Sculptures

Sculptures anonymes

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Other Scenes Exhibition at Void Art Centre, Londonderry, Ireland 2017

D’autres positions Exposition au Centre d’art Void, Londonderry, Irlande 2017

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Young Women Facing the Military Police Resin 2009

Jeune femme face à la police militaire Résine, 2009

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Young Man Reading on Wallstreet Resin, 2016

Jeune homme lisant sur Wallstreet Résine, 2016

90-91

Other Scenes Exhibition at Void Art Centre, Londonderry, Ireland 2017

D’autres positions Exposition au Centre d’art Void, Londonderry, Irlande 2017

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Young Women Holding a Stone Resin, 2016

Jeune femme tenant un pavé Résine, 2016

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The Sleeping Biker Resin, 2012

Le motard endormi Résine, 2012

Other Scenes

D’autres positions

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Other Scenes Exhibition at Void Art Centre, Londonderry, Ireland 2017

D’autres positions Exposition au Centre d’art Void, Londonderry, Irlande 2017

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Other Scenes 2 & 3 Digital prints on vinyle 250 x 390 cm 2017

D’autres positions 2 & 3 Impressions numériques sur vinyle 250 x 390 cm 2017

Vanishing Lines

Lignes de fuite

Vanishing Lines Digital prints on aluminium 205 x 145 cm 2018

Lignes de fuite Impressions numériques sur aluminium 205 x 145 cm 2018

Digital Beauty

Icône digitale

Digital Beauty 1, 2 & 5 Archival inkjet prints 108 x 78 cm 2017

Icône digitale 1, 2 & 5 Impressions pigments sur papier Archive 108 x 78 cm 2017

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Jeune homme lisant sur Wallstreet Sculptures anonymes, rĂŠsine, 2016

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Jenne femme tenant un pavé Sculptures anonymes résine, 2016 Le motard endormi Sculptures anonymes résine, 2012

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Other Scenes 2 & 3 Impressions numĂŠriques sur vinyle 250 x 390 cm, 2017

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Vanishing Lines Impressions numĂŠriques sur aluminium 205 x 145 cm, 2018 106


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Vanishing Line Impressions numĂŠriques sur aluminium 205 x 145 cm, 2018

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Digital Beauty 5 Impression pigments sur papier Archive 108 x 78 cm, 2017 Digital Beauty 2 Impression pigments sur papier Archive 108 x 78 cm, 2017

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Biographie

Exhibition History

Expositions personnelles / Solo Exhibitions 2018 CONTROVERSES, Musée de Louviers, Louviers. 2017 BRIGITTE ZIEGER, John Young Museum of Art, Honolulu, Hawaii, USA. OTHER SZENES, Void, Londonderry, Northern Ireland. 2016 WHAT IF...? Kunstverein Mannheim. Mannheim, Germany. 2015 PARIS PHOTO, Grand Palais, Galerie Odile Ouizeman, Paris. 2014 PIECES OF POSSIBLE HISTORY, Galerie Odile Ouizeman, Paris. EVERYBODY TALKS ABOUT THE WEATHER, WE DON’T, Galerie Weigand, Berlin, Germany. 2013 WALLPAPERED, Millennium Court Arts Centre, Belfast/Portadown, Northern Ireland. 2012 COUNTER-MEMORIES, Galerie Heinz-Martin Weigand, Berlin, Germany. COUNTER-MEMORIES, Galerie Odile Ouizeman, Paris. 2011 WOMEN ARE DIFFERENT FROM MEN, Galerie Odile Ouizeman, Paris. 2010 SHADOWS DREAM THE MAN, Kara Walker & Brigitte Zieger, l'Aître Saint-Maclou, Rouen. LE TEMPS SUSPENDU, POCTP, La Borne, Nogent-le-Rotrou. 2009 DREAMS AND DISASTER, Galerie Weigand, Karlsruhe, Germany. AVEC DES YEUX LARGEMENT FERMÉS, Galerie Odile Ouizeman, Paris. 2007 DOCKS ART FAIR, Galerie Bernhard Bischoff, Lyon. 2005 HITS & MISSES, Galerie Bernhard Bischoff, Bern, Switzerland. 2003 L’ART DANS LA VILLE, Manufacture d’arme de Saint Etienne. 2002 GALERIE BERNHARD BISCHOFF, Thun, Switzerland. 2001 PROP FICTION, Stadtgalerie Bern, Switzerland. 2000 WESTERN DANCE, Centre d'Art la Halle au Poisson, Perpignan. 1998 BRIGITTE ZIEGER (avec RENEE KOOL), Galerie In Situ, Fabienne Leclerc, Paris. 1996 READY TO TAKE CARE OF YOU, Galerie Chez Valentin, Paris. 1995 SPAREPARTS, Institut Français de Thessalonique, Grece. 1994 LES HOMMES N’ONT PAS FINI D’AIMER LES VOITURES, Vices & Virtues, Paris. NOBODY, Galerie Chez Valentin, Paris.

Expositions collectives / Group exhibitions 2018 LIGNE DE MIRE, MUDAC, Lausanne, Switzerland. VOLE AU VENT, FRAC Normandie Caen, Trouville. 2017 CALL & RESPONSE, Museum of Contemporary Art, MOCA Jacksonville, USA. PORZELLAN & GOLD, Stadtgalerie Bern, Switzerland. LE BAISER, Musée des Beaux-Arts, Calais.

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Biographie

Exhibition History

HERSTORY, Centre d'art contemporain Maison 2013 DES FLEURS SINON RIEN, Galerie Odile Ouizeman, des arts, Malakoff. Paris. 22+1, Galerie la Passerelle, Mont St. Aignan. VIENNA ART FAIR, Gallery on the Move, Vienna, 2016 PAR LES LUEURS, FRAC Aquitaine. Bordeaux. Austria. WHY WALLPAPER, Villa Terrace Art Museum, 3 DAYS IN PARIS, WOMENS VISION, Galerie Odile Milwaukee, USA. Ouizeman, Paris. AU FRONTIÈRES DE L'ENFERMEMENT, DE L'INTIME ET JE HAIS LES COUPLES, Galerie Valérie Bach, DU RÊVE, CNAP/Syndicat potentiel, Strasbourg. Brussels. Belgium. HABITER L'ORNEMENT, Les Abattoirs, Toulouse. PARIS PHOTO, Grand Palais, Galerie Odile W/W, Maison des arts plastique Rosa Bonheur, Ouizeman, Paris. Chevilly-Larue. 2012 UNLIMITED BODIES, Palais d'Iéna, Paris. YOU, Breda International Photofestival, Breda, PRESOMPTION D’INNOCENCE, Maison Guerlain, Netherlands. Parcours privé FIAC, Paris. TIFF, TIRANA INTERNATIONAL FILM FESTIVAL, Video LE CHOIX DES ARMES, Centre d’art Rutebeuf, Art Program, Tirana, Albania. Clichy la Garenne, 2015 LACMA, Los Angeles County Museum of Art, TULCA ART FESTIVAL 2012, Galway, Irelande. Permanent Collections. USA. BANG ! BANG ! TATORT KUNST, Haus für Kunst Uri, GÉODÉSIE, L'IMPOSSIBLE TRACÉ, Galerie Odile Altdorf, Switzerland. Ouizeman, Paris. VIDEOFORMES @ GALERIE OUIZEMAN, Galerie Odile ON THE TOILE, Musée de la Toile de Jouy, Ouizeman, Paris, France. Jouy-en-Josas. A DOLL’S HOUSE, Isola Art Center, Milano, PRINTEMPS DE L'ART CONTEMPORAIN, Idendité de Italy. genre, Art-Cade, Marseille. THE BACKDOOR TO THE SWEETROOMS, FEMINA OU LA RÉAPPROPRIATION DES MODÈLES, le Sho Contemporary Art, Tokyo, Japan. Pavillon Vendôme, Clichy-sous-Bois. TIRS RELOADED, Pacific Standard Time, DAS KAOS IM KOPF HAT SEINE ORDNENDE HAND, Here is Elsewhere Gallery, Los Angeles, USA. Kunstverein Badsalzdefürth, Germany. IDENDITÉ DE GENRE, Galerie Marie-José Degrelle, ART BRUSSELS, Galerie Odile Ouizeman, Brussels, Reims. Belgium. 2011 BANG ! BANG ! CCA Kunsthalle, Andratx, Spain. ALL ABOUT THESE... LADIES AND GENTLEMEN, SLEEP DISORDERS, Centre d'art Dominique Lang et Temporary Gallery, Cologne, Germany. Nei Licht, Luxembourg. À L'OMBRE D'ÉROS, Monastère Royal de Brou, MECANIQUE CELESTE, Galerie Odile Ouizeman, Bourg-en-Bresse. Paris, France. FURIOSITÉ, curated by Julie Crenn, Galerie PAYSAGES D'INGERENCES, Synesthésie,Saint-Denis. Frédéric Lacroix, Paris. OUR HOUSE IN THE MIDDLE OF OUR STREET, Maison LA BIENNALE DE SOLOGNE, Chaumont-sur-Tharonne. des Arts, Malakoff. BETWEEN REALITY AND THE VIRTUAL WORLD, special SHOOTING SYMPHONIE, Galerie Odile Ouizeman, program, Beirut Art Fair, Lebanon. Paris. 2014 MOTOPOÉTIQUE, Musée d’art contemporain de Lyon. 2010 LA MAIN NUMÉRIQUE, FNAGP, Nogent-sur-Marne. FAIRE LA MORT AVEC TOI, L’atelier, Nantes. LE RÉEL, NOUVEL OPIUM, Galerie les Filles du FIGHTCLUB EVERYDAY, National Gallery of Arts, Calvaire. Paris. Tirana, Albania. UTOPIA + DYSTOPIA, Art Paris + Guests, Grand MOVING TERRITORIES, Galerie Duchamp, Yvetot. Palais, Paris, DRAWN – GEZEICHNET - DESSINÉ, Kunstverein BIENNALE LES ENVIRONNEMENTALES, Tecomah, Jouy- BadSalzdefürth, Germany. en-Josas. ALL ABOUT THESE... LADIES AND GENTLEMEN, ENTROPIE, Espace d'art contemporain Khiasma, National Gallery of Arts Tirana, Albania. Les Lilas. Pilotgaleri Istanbul, Soma Art Center Mexico, SCHLOSS KIESEN, avec Chantal Michel, Kiesen, HIGH HOPES, le lieu des hypothèses, Paris. Switzerland. ICASTICA, INTERNATIONAL ART EVENT OF AREZZO, FESTIVAL DES ARTS VISUELS DE VEVEY, Vevey, Arezzo, Italy. Switzerland. WALLPAPER, Londonprintstudio, London, United THE DIGITAL HAND, Musée national de Taiwan, Kingdom. Taipei, Japan. LATE HARVEST, Nevada Museum of Art, USA. SLICK, Galerie Odile Ouizeman, palais de Tokyo, 2013 METAMATIC RELOADED, Tinguely Museum, Basel, Paris. Switzerland. FACE AU MUR, Papiers peints contemporain, MUDAC ON THE PRECIPICE, The Big M, Museum of Modern de Lausanne et Musée de Pully, Switzerland. Art, Middlesbrough, Woodhorn Museum, Ashington 2009 LOOPING MEMORIES, la collection Ketterer-Ertle, United Kindom. PROGR Art Center, Bern, Switzerland. AU DELA DE CETTE FRONTIÈRE VOTRE TICKET N’EST L'ART À L'ORÉE DU BOIS, Musée Robert Dubois PLUS VALABLE, Centre d’art contemporain Corneau, Brunoy. le Pavillon Vendôme, Clichy-sous-Bois. SALON DU DESSIN CONTEMPORAIN, Galerie Odile Ouizeman, Paris, France.

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Biographie

Exhibition History

NOUS NE VIELLIRONS PAS ENSEMBLE, Label Hypothèse, Galerie Nuke. Paris. 2008 CENT, Galerie Defrost, Paris, France. SHOW OFF, Galerie Odile Ouizeman, Paris; BOUCLES D'OR, collection FRAC Basse-Normandie, Caen. SALON DU DESSIN CONTEMPORAIN, Galerie Odile Ouizeman, Paris. 2007 (IM)POSTURES, Espace Michel Journiac, Centre Saint Charles. Paris. ENCORPS DES FEMMES, Galerie Odile Ouizeman, Paris, France CINE.MOV, Red Brick Warehouse,Yokohama, Japan. ART 3, Place Saint Sulpice, Paris, France. PINKY BLAST, Galerie de la butte, Villa du Radet, Paris. CINE.MOV, Espace Synesthésie, Paris-St.Quen, Switzerland. TRANSIMAGES 5, Mahatma Ghandi Institute de Port Louis, Ile Maurice, France. 2006 FESTIVAL VIDEO ART, Museum of Contemporary Art, Yokohama, Japan. LOOP ’06, Galerie Bernhard Bischoff, Barcelona, Spain. DRIVING FAST THROUGH A SLOW MOTION LANDSCAPE CRAC Alsace, Altkirch, France PARTICIPATE ? Kraftstationen, Norrköping, Sweden. “X-MAS”, Galerie Bernhard Bischoff, Bern, Switzerland. DRIVING FAST THROUGH A SLOW MOTION LANDSCAPE, Espai Ubu, Barcelona, Spain. VIENS, dialogue n°3, rencontres internationals Paris/Berlin, Paris. 2005 FABULATIONS ET VAGABONDAGES AU QUOTIDIEN, La Villa du Parc, Annemasse. PROGR, Videokunst CH, Zentrum für Kulturproduktion. Bern, Switzerland. PARTICIPATE ! Chinese European Art Center, Xiamen, Chine/ Basecamp, Philadelphia, USA. STRANGERS IN THE NIGHT, FRAC Basse Normandie, Caen. EST-CE UNE BONNE NOUVELLE, Centre Culturel de Ventiane, Laos. MIXMEDIA TRIP, “3015”, Melbourne International Arts Festival, Melbourne, Australia. 2004 LE SIGNAL, Rencontres internationales d’images en mouvement, Biarritz. FESTIVAL DE BANGKOK, Centre d'art international de l'Alliance Française, Thaïland. 2003 WONDER, Galerie Bernhard Bischoff, Thun, Switzerland. VIDEOSYNCHRONES, Ecole municipale supérieure d’art de Rueil-Malmaison, France. LA BONNE, LA BRUTE ET LE TRUAND, L'Autre Sens, Mazères sur Salat/Toulouse. LE LIVRE ET L'ART, Lieu Unique, Nantes. 2002 NUIT BLANCHE, Pompes Funèbres, Paris. TRANSIMAGES, Synesthésie, Saint Ouen. MIRAGES, Maison du Danemark, Paris. WHITE CUBE BLACK BOX, Tonimolkerei, Zürich, Switzerland. H2G / TERRITOIRES, Forum Culturel, Le Blanc-

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Biographie

Exhibition History

Mesnil. 1998 BF 15, Alliance Française, Uruguay. DOUBLE TROUBLE, Frac Languedoc-Roussillon, FESTIVAL CINEMA/VIDEO, Musée d’Art Montpellier, France. Contemporain, Lyon, France. ACTION/REPLAY 2, MC 93, Bobigny. SUBMIT, Bricks & Kicks, Wien, Austria. RENDEZ-VOUS, Paris/Brooklyn, Smack Mellon, IN THE SUMMERTIME, Galerie Haus Schneider, Brooklyn/New York, USA. Karlsruhe, Switzerland. AKIHABARA-TV, The Third International City LES REVUES PARLEES, Centre Georges Pompidou, Video Installation, Command N, Tokyo, Japan. Paris. STOP MAKING SENSE, Galerie Corinne Caminade, GRENZGAENGE, VIDEOKUNST UND KINO, Film Foyer, Paris. Winterthur, Switzerland. IN/EX-HIBITION, Galerie les Filles du Calvaire, FAKE, Centre d’art contemporain Rhizom, Arhus, Paris Danemark. STATION, STATIONNEMENT, STATIONNER, Red Heart RENCONTRES PARIS/BERLIN, Check-Point Charlie, Company, Parc de Rosny-sous-Bois. Berlin, Germany. 2001 RENCONTRES VIDEO ARTS PLASTIQUES, Centre d’Art 1997 FACE VALUE, PS 1-22, New York, USA. Contemporain de Basse Normandie, France. REVEILLONS NOUS, Galerie Chez Valentin, Paris. VAGUE BUT TRUE, Angel Row Gallery, Nottingham, LECTURES? Galerie In Situ, Paris, United Kingdom. YOUR HOME IS AN IDEAL PLACE FOR CRYING, Bed & QUOTIDIEN AIDE (LES LOCATAIRES), Ecole Bathroom Gallery, Paris. supérieure des beaux-arts de Tours, France. PROP FICTION, White Columns, New York, USA. IDEAL 4, Centre d’art contemporain Espace 1996 COZY, Spot Gallery, New York, USA. Croisé, Roubaix. FANCY, Soho Arts Festival, Pilot Art, New York, RESISTANCE, Festival International du Film, USA. Foix. EPREUVES DU DESIR, Observatoire Galerie, PARIS/BERLIN, Cinéma l’entrepôt, Paris. Bruxelles, Belgium. BROADWAY, Hôtel de Ville de Paris, Paris. AUSTERITY MEASURES, 214 Lafayette, New York, ITINERAIRE BIS, Centre d’art contemporain USA. Passages, Troyes. 1995 WILD AT HEART, Galerie Jousse-Seguin, Paris. ARCO, Galerie Max Estrella, Madrid, Spain. CHRISTMASSHOW, Observatoire Galerie, Bruxelles, 2000 REAL ART PROJECT, Limerick, Ireland. Belgium. VIDEOCULTURE, Kornhaus, Bern,Switzerland. PROPOSITIONS, A l’Ecart, Galerie Chez Valentin THE FREAK SHOW, Glassbox, Paris. Montreuil. TRANSVERNACULARITE, Langage Plus, Alma, Canada. ETRANGERES AU PARADIS, Galerie Le Monde de TRANSTRUCTION, Kunstbunker, Kunstverein l’Art, Paris. Nürnberg, Germany. SPAREPARTS, Institut Français de Thessalonique, CITY TRACKS, Stadtgalerie Bern, Switzerland. Grece. VISAGES DE RENCONTRES...passe à la maison, 1992 YVES GRENET,THOMAS HIRSCHHORN, BRIGITTE ZIEGER, Centre d’Art Maison Populaire, Montreuil. Centre d’Art Contemporain, STORIES / PULSIONS, Attitudes, Centre Culturel Rueil-Malmaison. Suisse, Paris. VAGUE BUT TRUE, Arnolfini Center of Contemporary Art, Bristol, United Kingdom. ART FRANKFURT, Galerie Haus Schneider, Frankfurt, Germany. VAGUE BUT TRUE, Galerie Asbaek, Copenhague, 2017 Städtische Kunstsammlung Bern, Bern. Danemark. 2016 Fondation Neuflize OBC. 1999 ABRACADABRA, Tate Gallery, London, United 2015 LACMA, Los Angeles County Museum of Art, USA, Kingdom. Nevada Museum of Art, Reno, USA. ART FOCUS 3, International Biennal of 2014 Kunstsammlung Deutscher Bundestag, Berlin, Contemporary Art, Jerusalem, Israel. Vehbi Koç Foundation, Istanbul. IMAGINE…,Galerie Haus Schneider, Karlsruhe, 2013 Collection municipale d’art contemporain, Germany. Clichy-la-Garenne. HEARTBREAK HOTEL, Thun, Switzerland. 2012 All Art Initiative Foundation, Allard and Natascha Jakobs, Amsterdam. SOUVENIRS/DOCUMENTS, PS 122, New York, USA Collection Maison Guerlain, Paris. CROSSLINKS, Galerie im Marstall, Berlin.24H 2009 Fondation Deutsche Bank, London. DELUXE, Hôtel Scribe, Paris. La Fondation MAIF pour la sculpture. FESTIVAL DE L’ART EN VIDEO, Musée d’Art Collection Carola & Günther Ketterer-Ertle, Contemporain, Lyon. Bern. OH LES BEAUX JOURS, Jardin des Batignolles, Collection d’art urbain de la ville de Chelles Paris. 2005 FRAC Basse Normandie,2005. WONDERLAND TV, LES NUITS SAVOUREUSES, CICV de 2003 FRAC Aquitaine, 2003. Belfort, France. 2000 Fond National d’Art Contemporain, Paris CONTAINER MUSEUM, Tel Aviv, Israel. 1999 Fond National d’Art Contemporain, Paris

Collections publiques

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Bibliographie

Bibliography

Monographies Controverses, Editions du Musée de Louviers. Textes de Julie Crenn, Philippe Fernandez, Michel Natier, 2018. Brigitte Zieger, Editions Burozoïque. Textes de Philippe Fernandez, Estelle Pagès et Dominique Païni. 2009. Videokunst und Kino, Anna Helwing, Grenzgänge, Suisse, 1998. Brigitte Zieger, Institut Français de Thessalonique, Brian Holmes, 1995. Brigitte Zieger, Centre d’Art Contemporain, Rueil- Malmaison, 1995.

Catalogues Ligne de mire, MUDAC Lausanne, Susanne Hilpert Stuber, Marco Costantini, Valentin Grosjean. Infolio Editions, 2018. Frac Normandie Caen, catalogue de la Collection, 2002-2014, Sylvie Froux, 2018. You, Breda International Photofestival, Reinout van den Bergh, Geert van Eyck, Breda, Netherland. 2016. Femina ou la réappropriation des modèles, Guillaume Lasserre, Christine Ollier, Pavillon Vendôme, Semaine, 2015. Angels in America, Toneelgroep Oostpool, Amsterdam, 2015. Late Harvest, Nevada Museum of Art, Texte JoAnne Northrup, 2014. Print: Fashion, Intoriors, Art. Laurence King Publishing ltd London, 2014. Texte Simon Clarke. Biennale Icastica, Restart, City of Arezzo, 2014. Texte Fabio Migliorati, Motopoétique, Thierry Raspail, Paul Ardenne, Barbara Polla, Musée d’Art Contemporain de Lyon, 2014. Metamatic Reloaded, Andrès Pardley, Roland Wetzel, Bénédicte Ramade, Musée Tinguely. 2013. Identité de genre, Camille P., Pierre Giquel, Myriam Metayer, Friville Editions, 2013. Catastrophe, Anna Guillô, Katrin Gattinger & al. Tête-à-tête, 2012. Unlimited Bodies, Caroline Smulders, Jérôme Lefèvre, Palais d’Iéna, 2012. What Became of the People we Used to Be, Gregory McCartney, Tulca Festival. 2012. Else, Sam Stroudzé, Véronique Terrier Hermann. Musée de l'Elysée, Lausanne, 2011. Face au mur. Papiers peints contemporains, Marco Costantini, MUDAC et Musée de Pully, 2010. Biennale Les Environnementales, Gilles A.Tiberghien, Tecomah, Jouy-en-Josas 2010. The Digital Hand, Dominique Païni, Chi-ming-Lin, National Museum of Fine Arts, Taipei, 2010. La Borne, 365 jours d'art contemporain en région Centre, POCTB. 2010. Nous ne viellirons pas ensembles, Label Hypothèse, Paris, 2010. Looping memories, la collection Ketterer-Ertle, Suisse, 2009. Le réel, nouvel opium ? Est-ce une bonne nouvelle et les éditions provisoires, Paris, 2009.

La main Numérique, Dominique Païni, FNAGP, Maison d’art Bernard Anthonioz, 2009. L'art à L'orée du Bois. Anne-Laure Sinclair, Musée Robert Dubois Corneau. 2009. Kunst vor Ort. Beate Engel, Verlag für zeitgenossisch Kunst, Bern, 2008. Loop’06, Bernhard Bischoff, Barcelona, 2006. Driving fast through a slow motion landscape, Erich Weiss, CRAC Alsace, Altkirch, 2006. Quotidien aidé (Les Locataires), Frank Lamy, Ecole supérieure des beaux-arts de Tours, 2001. Transstruction, Vincent Labaume, Kunstbunker, Kunstverein Nürnberg, 2000. Visages de rencontres, Estelle Pagès, Maison Populaire, Montreuil, 2000. Abracadabra, Catherine Grenier et Catherine Kinsley, Tate Gallery, London, 1999. Epreuves du désir, Véronique Terrier-Hermann, Observatoire Galerie, Belgique, 1996. Wild at Heart, Galerie Jousse-Seguin, Paris, 1995. Etrangères au paradis, Michel Nuridsany, Le Monde de l’Art, Paris, 1995.

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Remerciements

Thanks

Brigitte Zieger tient à remercier chaleureusement Michel Natier, Julie Crenn, Philippe Fernandez, Carmela Uranga, Odile Ouizeman, l’ENSAD de Nancy , la Municipalité de Louviers, l’Association des amis du musée de Louviers, et toute l’équipe du musée. Cet ouvrage a été publié avec le soutien de l’Ecole nationale supérieure d’art et de design de Nancy et de la galerie Odile Ouizeman, à l’occasion de l’exposition

Brigitte Zieger, Controverses organisée au musée de Louviers du 8 juin au 25 novembre 2018 par

Michel Natier, commissaire Textes de Michel Natier, Julie Crenn, Philippe Fernandez Traduction en anglais Carmela Uranga Crédits photographiques Toutes les photos sont de Brigitte Zieger sauf Pages 77-85, Paola Bernardelli.

Sources photographiques Page 32 © Manuel Bidermanas Page 34 © Ilka Hartman © Tous droits réservés/All rights reserved

Brigitte Zieger souhaite remercier tout particulièrement la FNAGP pour son soutien ainsi que Polyrepro et toute l’équipe qui a contribué à la réalisation du projet 3D We the Indians Discovered America.

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Conception graphique : Brigitte Zieger Achevé d’imprimer par HB Impressions 33, rue du Quai - 27400 Louviers Dépôt légal : juin 2018 ISBN : 9782912947468

Edition du musée de Louviers Place Ernest - 27400 Louviers

MUSÉE DE LOUVIERS


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Controverses Dépôt légal : juin 2018 ISBN : 9782912947468 PRIX TTC : 15 €

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