PORTFOLIO
I Portra it J Marco Raymondin
La tete dons e quidor
AI'approche de la soixantaine, Marco Raymondin , concessonnalre Ducati notoire, s'apprete arenouer avec ses premieres amou rs : Ie commerce de motos anciennes. Sans lacher pour autant les italiennes de Bologne et sans oublier de rouler toutes disciplines confondues. Portrait d'un homme tout-terrain, veritable activiste de la moto. TEXTE: DOMINIQUE CLOCHARO - PHoms : SIMON 8ENHAMOU ET COLLECTION M. RAYMONOIN ne page se to urn e. Concessionna ire Ducati depuis 198 7 sous I'enseigne Brooklands Mot or s. etle-rnerne Ionde e a I'aube des annees 80, Mar co Raymondi n va passer la ma in. Enfin, en par t ie : il a revendu ses par ts a ses assocles et con t inuera travaill er avec eux a temps par tiel. Mais dorenava nt, son ac ti vite va se recent rer sur sa nouvell e enseigne, Brooklands Classic , dans I'at elier ori gine l d'Alfo r tv ille . Retour a la case depart et explications.
U
a
Histoire sans concession
«Bro oklands Mot ors est la deuxie me concession Ducati de France par Ie chiffre de ventes [envir on 200 motos neuves. plus 150 occasions, ndl r). On fait trava iller 8 employes , on est donc dans fa chaine, on fa it tourner tes enqterieqes. Mais la pression des fo urnisseurs et des banq ues me lasse un pe u par rapport ama far;on de voir les choses . Comme j'a i toooortunit« de passer la ma in... » La renc ont re a lie u Villejuif. J-shtr t I'effigie de Steve McQueen, Doc Mart ens et rouflaq uettes, on retrouve Ie Marco con nu, tit i parisien et dandy qaraqeo t, cred ible, cultive, jov ial,
a
a
sans se sent ir obl ige de mon trer une Iacade gran de gueu le comme beaucoup de con freres. L'hom me a t rap lrecuent e les Br it ish pour com mett re cet te fau te de goOI. Une cnevatiere orne cha cu ne de ses paluches: « L'une de fiam; aill es. riq ole-t -il, I'autre treoo ee du logo Husky ! » Ret our sur une vie ... Petit-fil s de garagi ste et fil s d'Inqenieu r a I'us ine SNECMA, Marco est tornb e da ns la rnecanique comme Obelix dans la mar mite. « Man pere voulait que je sois ingen ieur, exottque-t-il. J'ai chois i travau x publics pour etre t'eir i» Le r esult at sera un dlpl c me d'inqenieur de l'Eco le spec iate des travaux pubtlcs en 1972. « Cote mota, m an cere avai t une 125 Gnome et RhOne. J 'ei voulu passer mon p erm is Ie j our de mes 16 ans, mais l'inspect eur etai t en vacances . J'ai donc du pa t iente r un moi s. Pou r ne pas et re Ie rebe lle de I'im me uble I'epoque, c'e tei i enco re r;a -, on m'a conseille de fair e par ti e d 'un m ot a-club. Pres de chez moi, iI y avait J acques Charrier. grand pilo te et concessionnai re sous I'enseig ne Rapi d 'Moto, qui eteit Ie pres ident de l'Amicafe mot oc ycli st e de Saint- Clou d. J'el do nc com me nce faire Ie benevo fe sur des epre uves. Pou r moi, c'elait un honneur. En I'o ccur re nce, Ie club or ganis ai t
a
-a
a
Ie trial de Saint -Cucu fa. C'est com me r;a qu 'en tant qu'estaf ette. com me on disai t alo rs, j'a i pu m 'occupe r de Sammy Miller. Tu te rends comp te? » Un peu com me un ado actue l qui aurai t la chan ce de faire un job pour Valen ti no Rossi... « Mon ac tiv ite spo r tive, c'etait Ie tri al, ma is j e ne lo upais pas une cou rse la co te Lapize [une epreuve alors in cont ourn able qui se dis pu tait sur Ie circui t de Monll her y, co te de I'au t odrome. ndl r], Je faisais beau coup de rou te avec des mo tos ang laises et j'a llais souvent en Ang/ eterre. J 'y ai d 'aiJleurs fait man stag e de fin d 'et udes pendant 6 mois. J 'ei appr is I'anglais avec un je une trialis te br it annique, J ohn Kni ght, qu i faisai t un stage chez Citro en et qui toqesit ctiez no us. On se tradui sait nos lec t ure s : lui, Moto rcycle News, m oi, Mo ta Revue. C'est comme ca que j'ai appris Ie vocabulaire technique. J ohn est reste un ami que je continue voir r egul ierem ent. II a fait un e carriere de ptiot» jusqu'e n mondial. »
a
a
a
Canal historique En 1973. un copain de Marco qui faisait du por te-a-por te pou r Vol kswagen reper e un magasin de cyc les sur Ie cana l de l'Ourcq, Vill epint e : « On a recup er e I'affaire en loca tion-ve nte. On ouv ra it de 5 h 21 h pour accueilfir to us fes trava illeu rs avec leurs velos au eyclos qui prena ient ensuite les t ran spo r ts en comm un d' un coin de banlie ue I'autre. On a comme nce restaur er des machin es, avec li ne speciali sati on prog ressive vers les m ot os de course et les mot os an g/aises. J'ai beaucoup bosse
a
a
a
a
Dans son atelier d'Allortville, Marco s'apprete i1lever Ievolle sur sa nouvelle activite: Iecommerce de motos anciennes, europeennes de lout-terrain et anglaises de route.
notam m ent pour Serge PozzoJi, Ie oroorieieite de Mot o Revu e, qu i avai t une supe rbe collec tion. » C'est comme ca que , dans res annees 70 , no tre com pere devient le prem ier Iair e de la res taur ation de mo tos en avant pignon sur ru e. Ensuit e, apres une tr ansition Trembl ay-Ies Gonesse, c'est Ie 234 bd de La Villet te. Sta lingrad. Trois ans dans une cour d'imm eubles de 7 etages, avec des pr obl emes de vo isinag e a ger er. II y a necessit e de s'expa tr ier, direc tio n Alfo r tvi lle : « J 'ai eu Franck Depoisier. I'act uel boss de Mecat win , par mi m es employes. II ro ulai t deja en Bonnevill e ! J 'ai egalem ent pa r ticipe a la fondation de I'AFAMAC [A ssociat ion fran<;aise des ama te urs de mot os ancien nes
a
a
a
de ce puis, aeel franc
aI'ar Au f des evol
faCE une SUR san me
quO Ap'
co/ re~
al(
ne et
Ci et
G
de competition ] en 1978 puis, quelq ues snn ees plus tard, celie de I'AFATA [Associat ion trancalse des amat eur s de tria l I'ancienne]. » Au fil du temps, a I'appr och e des annees 80, la client ele evolue, Marco se retrou ve face a des gen s qui ant une connaissance Iivresque superl eure a la sienne mais sans Ie vecu : cer tains ne savent merne pas cernarrer la mot a qu'ils ant achet ee au pri x fort ! Apparaissent eqalernent des concur rents. La noti on de restaur at ion Ie gonfl e. II se met alors a vendre des mot as neuves : des Triumph Harr is et des MZ. En 1987, les Ireres Castigli one recuperent Ducati et Husqvarna dans Ie groupe Ceqiva, Marcel Seurat reprend
a
a
!'im portation. « La 851 vena it de sortit; on arrete alors la restauration pour se lanc er fond dans tes Ducati et Husky modern es mais notre empla cement A/fortville n'est plu s viabl e commercialem ent. Au debut des enn ees 90, on emme nage Villejuif. On vend aussi tes nouv ell es Triumph de John 8100r. Mais cornme j e n'e! j amais ete un homme de conventi on, je dis tr ap ce que j e pen se. Alors, apres des problemes sur des po int s de qere n iie, on se recentre sur la SIMA et Ducati. Puis iI ya Ie rachat de la marque par les Am ericain s et la cr eatio n de la filia/e Ducat; France. On fait egalement Voxan. Mais depu is 2001, Brooklands Mot or s est exclusivem ent Duca ti. »
a
a
a
En 35 ans d'aC1lvlle moto
prolesslonnelle, Marco asu conciller
mecanlque et venle. sans oubller
Ie pilotage en categories anciennes.
Une Vie bien remplle !
EI ce n'est pas nnl...
Retour au bercail On part visiter I'atelie r d'Alf ort vilie pour examiner la collection de Marco et fair e des photos. Du boulevard Maxime -Gork i Villejuif la rue Marcellin -Berth elot Alf ortvill e, de l'ecrlv ain russe revolutionna lre au chimiste fran cais republi cain, I'ex-banlieue rouge ne manque pas de charrne pour I'amoureux des films en noir et blanc qu 'est Marco. Ouand il evoque » ses souvenirs, on se sent
a
a
a
MAX IM O TO 33 n r. 'r n ", ,,'I':"
1"M n ",
, I
V11esS8, enduro, II'lal, dragst8r: Marco pratique IoUles les disciplines en gentleman-rider accompli et avec lab6n6dietlon desa famllle Qui Ie voll parti quaslmenl tous les week-ends! C'est beau,l'amOlll...
comme un Maigret chez Simenon: on r evasse Ie long de canau x et de quartiers popu laires, on suit des traces d'act ivi te, C'esl Par is et une vie qui detilent. L'antre d'Alfort ville s'orne d'une magnifique fresque de Geo Ham qui provient du magasin de George s Monneret et qui represents Ie champion avec son fr ere sur Ie circuit de Reims. On remarque aussi une Ducat i Desmo sedi ci : « C'est cene d'un pote. On a deja vendu 6 a Villeju if. Pas mal , non? Moi, j e possede trois motos d'enduro : une Triumph 500 o'usine a cadre Chene y qu i a dispute tes 6 J ours sur I7le de Man en 19 71, une J awa 400 d'usine de /9 77 et une Husqvarna 430 de 1982. Pour Ie cross, j'a i uoe Triumph 500 Rickman Met isse de 1962 et pour Ie trial, une Triumph 500 de 1964. Avant tout, j e me sers de mes motos. Je ne suls pas coll ectionneur. fai aussi une Triumph de route en gestation qui aura un cadre Wasp et un moteur de 750. Ce que j'aime, c'est assembler; partir de rien, creer. mettre au point. J 'ai possede egalement un drag ster moteur Triumph avec compresseur alimente au nitromethane. Comme dans Ie trial, je Tetrou vais la notion
a
de I'adherence au depart, avec Ie bon pla cement du corps oecesseire pour ne pas patiner. La ouree de vie du moteur n' etait que de quelques minutes, pour r eussir un 10" au x 400 m DA qui est aujourd'hui a la p ortee d'une Hayabusa du commerce! » Parmi les personnalites qu e Marco a connues, Marce l Seurat vient en tete. " admire son passe de pilote touche-a-tout pui s son tal ent d'imp ortateur qui a su
ma Rickman Triumph de cross, pour l'odeu: du ricin et te son du twin en echappement libre. [t puis iI y a la Bonneville T/20 de 1968, celie des belles annees, montee en 12 volts, avec tambour double came et logos chromes de r eser voir... »
Feu (sacrel au Lac (sa el
A I'heure de cet enheti en, la concession Brookland s Motors
« Triumph et Husky, comme Steve McQueen I Ce mec ne pouvait pas se tramper..• » dyna miser Ossa et Husqvarna, en de couvra nt et propu lsant des champions : « II m'a appris te metier de vendeur de m otos , en aidant les pi/otes a courir. » Guy Coulon , responsable technique du t eam Tech3 repre sents un autre modele : « C'est un genie de te mecanique. Les usines japonaises concotven! des moteurs, lui les optimise.» Cot e machines, sa pref eren ce va la 10 0 0 Vincent HRD. " en a possede une de 1969 a 19B6 avec laquelle il a fait 100 000 bornes : «( J 'accelerais pl us fort que la 750 Four de mon pote! J'aime aussi
a
a
s'apprete engager une Ducati au Bol : ((J'aime bien I'endurance, explique Marco, c'est un spor t d'equipe. Chacun a sa pla ce. Moi, au bout d'une tieur» , je ne vois pas I'int eret d'etre dans les gradins. C'est dans les stands que ~a se passe. En enduro, c'est pareil : de temps en temp s, je teis I'assistance parce que quand ie coors, j'a ime bien qu'on la fasse pou r moi. Cest chacun son tour. » Enduro, trial, cross, vite sse, Marco pratique toutes les disciplines en cate gorie ancienne. Une rare pol yval ence et un chouett e coup de guidon,
cache sous la mod est ie : « Je cours un week-end sur deux et Ie reste du temps je me aeotece sur des e venements moto, ti tr e professionnel ou am ica/. Bret, j'ai rarement un week-end de libre. Ma femme est comprehen sive, mes fille s aussi... Comme je suis avant tout un Parisien , Ie trial. ~a signifie pour moi s'eerer moto. II ya un cote ottecttt: sentir la mousse, la terre... £t puis c 'est rune des disciplines moto les plus techniques. Cet et e, le suis aile aussi la Speed Week sur te Lac sale. La, c'etait simplement du repeteqe, mais j'y ret ou rn erai r an procha in po ur me s 60 ans avec une machine. II y a ta nt de categ or ies possibles ! » En attendant. pour les motards de I'Hexagone qui voudraient faire connaissance ou retrouver Ie per sonnaqe, Mar co Raym ondin sera au Norman Retro Enduro a Beauval -en-Cau x Ie 12 octobre (« J 'ai couru toutes tes editions depuis sa cr eet ioti») ains i qu 'au Salon Moto Legende, du 21 au 23 novembre, sous I'en seigne Brooklands Classic: (( On vendra 75 % des machines de tout terrain europeennes et pour Ie reste, ce sera des ma chines de route anglaises.» L'aven ture continue don c pour Mar co : old school toujours ! m
a
a
a
a