UNE SAGESSE ANCIENNE ET MODERNE A LA FOIS Jusqu'au début des années 1960, l'ennéagramme était une connaissance ésotérique, enseignée uniquement de bouche à oreille, de maître à élève.
nn ea gr am m
e.
co m
Cela rend toutes les informations sur son origine imprécises et difficilement vérifiables. Plus de trente ans après la divulgation de l'ennéagramme, son histoire est encore un sujet de recherches et de spéculations. La plupart des spécialistes, cependant, est d'accord sur un certain nombre d'hypothèses.
LA LÉGENDE
Certains auteurs font remonter l'ennéagramme aux savants babyloniens de 2500 avant Jésus Christ. D'autres s'appuient sur l'étymologie du mot "ennéagramme" (du grec ennea qui signifie 9 et grammos qui signifie point) et attribuent la paternité de l'ennéagramme aux mathématiciens grecs contemporains de Pythagore. Aucune de ces suppositions ne paraît très réaliste.
-
w
w
w
.e
Par contre, on peut trouver des liens évidents entre l'ennéagramme et certains éléments de la cabale, la tradition mystique juive. Dans le Nouveau Testament, l'épître de Paul aux Galates (5:22-23) contient la description de neuf vertus correspondant à la structure de l'ennéagramme : “Mais le fruit de l'Esprit est charité, joie, paix, patience, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi : contre de telles choses il n'y a pas de loi.”
®
Les soufis
né ag ra m
m
e
Une autre hypothèse a fait la quasi-unanimité des professionnels de l'ennéagramme au début des années 1970. L'ennéagramme aurait été enseigné et utilisé dès le 14 ou 15ème siècle par les soufis. Les dictionnaires décrivent les soufis comme des mystiques islamiques apparus au MoyenOrient au 11ème siècle. Les soufis, quant à eux, affirment que leur existence est à la fois beaucoup plus ancienne dans le temps et beaucoup moins limité dans l'espace. Toutefois, c'est dans ce cadre de l'Islam du 11ème au 15ème siècle que vécurent les soufis les plus connus.
de
l'E n
La civilisation arabe est alors plus évoluée et plus cultivée que l'européenne, en plein MoyenAge. En son sein, les soufis brillent d'un éclat particulier par leur art littéraire, leur pensée et leur tolérance. Rûmî, mort en 1273, n'écrivait-il pas : “L'impiété et la foi courent toutes deux sur le chemin de Dieu” ?
ut F
ra nç a
is
La pensée occidentale de l'époque a été largement influencée par les soufis et cet apport était reconnu. Le soufi iranien Ghazzali, mort en 1111, était considéré par certains comme un grand théologien chrétien. Ibn el Arabi, mort en 1240, était appelé en Europe “Docteur Maximus”. L'influence des soufis sur la pensée de Raymond Lulle, Sainte Thérèse d'Avila, Saint Jean de la Croix et bien d'autres a été largement démontrée.
In
st it
Ce seraient les disciples de Bahaudin Naqshband (Bahaudin le Dessinateur, mort en 1389) qui auraient donné à l'ennéagramme sa forme actuelle en utilisant les travaux des grands mathématiciens arabes de l'époque. En effet, même s'il peut être expliqué sans faire aucunement référence aux mathématiques, sa structure présuppose la connaissance du système décimal et du chiffre 0.
Aujourd'hui, le fait que l'ennéagramme soit l'œuvre des Naqshbandis est contesté. Cela ne l'empêche pas d'être compatible avec l'enseignement soufi, au moins au niveau où nous le connaissons. Idries Shah, le maître soufi contemporain le plus connu en Occident, définit ainsi le soufisme dans Sages d'Orient : “Le soufisme a deux objectifs techniques fondamentaux : (1) permettre à l'homme de se voir tel qu'il est réellement ; et (2) l'aider à développer son être réel, son moi intérieur permanent.” C'est là aussi une excellente définition de l'ennéagramme.
© Copyright Institut Français de l'Ennéagramme, Paris, 1993, 1994, 2002
9