Moi et mon enfant intérieur - Christiane Larabi & Stéphane Dolly

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Responsable d’édition : Ronite Tubiana

Édition : Florian Boudinot et Flora Descamps

Direction artistique : Élisabeth Hébert

Fabrication : Anne Pachiaudi

Illustration de couverture : Benjavisa Ruangvaree – adobestock.com

Illustrations intérieures : Audrey Hess

Mise en pages : Soft Office

© InterÉditions, 2020

InterÉditions est une marque de Dunod Éditeur

11 rue Paul Bert, 92240 Malakoff

www.dunod.com

ISBN 978-2-7296-2173-5

PRÉFACE

Nous ne sommes pas toujours d’accord avec nous-mêmes. D’un côté, nous voulons faire ceci, mais nous hésitons car il vaudrait mieux faire cela. Autrement dit : une partie de moi n’est pas d’accord avec une autre partie de moi. Nous ne sommes pas « monobloc ».

Nous serions plutôt constitués d’un ensemble de ces parties différentes. Chacune jouant un rôle dans notre vie.

L’une d’entre elles est particulièrement importante et intéressante à considérer, c’est notre enfant intérieur. Même si nous l’oublions parfois, nous avons gardé une trace, plus ou moins consciente, de nos jeunes et même très jeunes années.

Dans cet ouvrage, Christiane et Stéphane vous proposent de rencontrer cet enfant que vous avez été, de l’écouter et de prendre soin de lui d’une façon adaptée à son âge et à ses besoins. Vous lui permettrez ainsi de réparer les petites ou les grandes blessures du passé et de s’épanouir.

En retrouvant notre enfant intérieur et en vivant en harmonie avec lui, nous trouvons ou retrouvons la paix et la joie de vivre. Plus de trente années d’exercice de la psychothérapie et de rencontres avec des enfants intérieurs de tous âges m’ont appris qu’il en est ainsi et

m’ont apporté beaucoup de joie en constatant les résultats pour l’adulte qu’ils étaient devenus !

Merci à Christiane et Stéphane pour cet ouvrage plein de délicatesse, de cœur, d’exemples concrets et d’exercices qui vous guideront efficacement dans cette démarche.

Cofondatrice de l’Institut français de programmation neuro-linguistique et auteure de nombreux ouvrages sur la PNL.

TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS

AVANT DE COMMENCER

POURQUOI JE RÉAGIS COMME ÇA ?

1. LES PARTIES « ENFANT »

2. LA CARTE DU MONDE DE VOTRE ENFANT INTÉRIEUR

3. LES BESOINS DE VOTRE ENFANT INTÉRIEUR

4. RENCONTRER VOTRE ENFANT INTÉRIEUR GRÂCE À VOS ÉMOTIONS

5. LES RESSOURCES DE VOTRE ENFANT INTÉRIEUR

6. LES BLESSURES DE L’ENFANCE

7. CHANGER GRÂCE AUX NEUROSCIENCES

8. VOUS LIBÉRER DU PASSÉ

9. APPRENDRE À VOUS APAISER

10. PRENDRE SOIN DE L’ENFANT BLESSÉ

11. APPRENDRE À S’AIMER

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

TABLE DES MATIÈRES DES EXERCICES

J’apprends à identifier l’intention positive derrière un comportement limitant

À moi maintenant de chercher de nouveaux comportements

Je m’entraîne à changer de croyance

Je m’entraîne à repartir dans le passé pour changer une croyance

À propos de mes besoins fondamentaux

Je me renseigne sur le bébé que j’ai été et comment on a pris soin de moi

Mes besoins fondamentaux tout au long de mon enfance

Je prends conscience de mes sensations

Comment votre famille accueillait-elle vos émotions ?

Je remonte à l’origine de mes sensations

Mon émotion en pleine conscience

J’apprends à remonter à l’origine de mon émotion

Je retrouve des souvenirs heureux

Je me souviens de mes qualités et des compliments que je recevais

Je me souviens…

Mon nuage de ressources

Je choisis une activité créative

Je crée un lien du cœur avec mon bébé intérieur

Pour me libérer des messages entravants du passé

J’apprends à transcender mes blessures

Je me familiarise avec mes représentations

Je m’entraîne avec les modes associé et dissocié

Je m’entraîne à visualiser l’enfant que j’étais

Je me connecte en pleine conscience à une de mes parties

« enfant »

Mes rêves enfouis

Les trésors de mon enfance

Mon lieu de sécurité

Je ressens de la gratitude pour l’enfant en moi

Les soutiens de mon enfant intérieur

J’apprends à reconsidérer le passé

Je prends soin de mon enfant intérieur blessé

Le cadeau de l’enfant blessé

Je mets au jour ma ligne du temps

Je remets le passé à sa place en utilisant ma ligne du temps

J’évalue ma capacité à m’accepter

J’apprends à me pardonner

Je découvre que je peux être un parent bienveillant

Un lien de cœur à cœur

REMERCIEMENTS

À la petite Christiane et au petit Stéphane, que nous avons retrouvés avec émotion et qui nous accompagnent au quotidien avec leurs ressources et leurs apprentissages.

Merci à Josiane et à Yan, qui ont accepté de relire notre manuscrit avec pertinence et bienveillance.

À Françoise, qui poursuit la mission de Josiane, en dirigeant

l’IFPNL avec rigueur et humanité, merci pour sa confiance.

À tous nos patients et aux personnes que nous avons accompagnées en formation, grâce auxquels nous avons pu illustrer notre propos

Et merci à Pierre et Guillaume, qui ont fait preuve de patience pendant l’écriture de ce livre et qui nous ont soutenus pour aller au bout de ce projet.

AVANT DE COMMENCER

Ce livre a pour objectif de vous emmener à la rencontre de votre enfant intérieur et de vous libérer de ce qui a pesé sur votre passé. Il vous invite à considérer vos comportements et vos réactions à travers le modèle de l’enfant intérieur. Un enfant que vous avez été et qui continue à vivre dans vos souvenirs et votre imaginaire, un enfant qui se cache encore derrière certaines de vos attitudes. On l’appelle l’enfant intérieur et il constitue un aspect essentiel de votre personnalité.

Nous avons tous été de bons enfants : quelle que soit la famille qui nous a élevés, quelles que soient les conditions dans lesquelles nous avons grandi, nous avons d’abord été un nouveau-né, un bébé innocent qui a besoin d’amour et de sécurité, puis un enfant plein de potentiel qui cherche de l’attention, une petite fille ou un petit garçon curieux de jouer, d’apprendre et de grandir.

Nous sommes comme des poupées russes, les matriochkas, ces poupées de bois qui en contiennent plusieurs autres de plus petite taille : nous gardons en nous des parties qui ont tous les âges de notre enfance. Aujourd’hui vous êtes une femme ou un homme adulte, autonome, responsable mais il arrive que vos parties enfants vous envoient des signaux en vous poussant à agir de façon inappropriée.

L’enfant intérieur constitue une métaphore que vous allez pouvoir utiliser de manière très concrète grâce à des exercices simples et utiles. Le but est de mieux vous connaître, de vous accepter tel(le) que vous êtes et de retrouver une harmonie intérieure pour vivre mieux votre présent.

Ce livre est conçu comme un programme d’autocoaching pour vous permettre de regarder votre histoire avec à la fois la conscience du passé et celle du présent. En vous appuyant sur vos comportements d’aujourd’hui et sur vos émotions, vous allez revisiter votre histoire et reconsidérer certaines de vos expériences. Alors pour profiter au mieux de ce coaching, répondez honnêtement aux questions que nous vous poserons et laissez-vous vivre les exercices proposés.

QUI SOMMES-NOUS ?

Nous sommes psychopraticiens et enseignants en PNL1 (programmation neuro-linguistique). Nous avons accompagné de nombreuses personnes à la rencontre de leur enfant intérieur. Pour développer cette façon de travailler, nous avons eu la chance de rencontrer de très bons modèles : des thérapeutes qui par leur influence nous ont fait progresser grâce à un travail thérapeutique émotionnel

et profondément réparateur

Nous pensons que chacun d’entre nous mérite d’être considéré et nous aidons les adultes à mieux s’aimer en portant une attention particulière à l’enfant qu’ils ont été. Car nous faisons confiance à cet enfant. Nous croyons en son potentiel et sommes conscients de ses ressources. Nous avons de la compassion pour lui, pour ce qu’il a

vécu et pour ce qu’il a dû traverser. Car, dans bien des situations, cet enfant a été un survivant astucieux et il reste toujours présent dans le cœur de l’adulte qui est assis en face de nous.

Le travail avec l’enfant intérieur fait grandir une estime de soi positive et solide et c’est bien l’un des aspects les plus importants de notre vie que de réussir à mieux nous comprendre et à nous aimer. En pratiquant les exercices que nous vous proposons, vous vous sentirez plus sincère et bienveillant vis-à-vis de vous-même et vous serez capable de faire de nouveaux choix pour mettre en œuvre de nouveaux comportements qui vous correspondent vraiment.

LES OBJECTIFS DU COACHING DE L’ENFANT INTÉRIEUR

Prendre soin de soi

• S’apaiser, être en paix à l’intérieur de soi.

• Se sentir plus entier(e), plus unifié(e)

• Cultiver une bonne estime de soi

• Sentir la continuité et la cohérence de sa vie.

• Se réconcilier avec son enfance.

Renforcer ses ressources

• S’affirmer.

• Gagner en liberté de choix.

• Se sentir plus responsable, plus autonome

• Gérer ses émotions.

• Développer sa confiance en soi.

Nourrir une relation plus harmonieuse avec soi-même et avec les autres

• Être à l’écoute de soi-même et des autres.

• Communiquer avec respect et bienveillance.

DES OUTILS POUR LE COACHING DE L’ENFANT INTÉRIEUR

Depuis plus de quarante ans, la PNL développe des outils pour une meilleure compréhension du fonctionnement humain. Elle propose des solutions concrètes et efficaces permettant de changer les comportements, les ressentis et les pensées qui nous limitent, et d’améliorer nos relations. Ces outils, chacun peut se les approprier pour les mettre en pratique dans sa vie, et nous sommes heureux de les partager avec vous dans ce livre comme nous le faisons en formation, en coaching et en thérapie.

Nous ferons également référence à d’autres approches qui travaillent avec ce concept d’enfant intérieur et aux découvertes des neurosciences à propos de la neuroplasticité, de la formation des souvenirs et du rôle des émotions. Nous voulons réunir toutes ces informations pour que vous compreniez comment il est possible de changer son passé et de faire la paix en soi.

L’adulte que vous êtes devenu(e) a appris beaucoup de choses qu’il(elle) peut enseigner à l’enfant que vous avez été : il est toujours temps de lui montrer comment vous avez grandi et comment vous pouvez répondre aujourd’hui à des besoins qui n’ont pas été satisfaits dans le passé. En utilisant votre imagination, votre mémoire et vos émotions, vous n’allez pas rester à la surface des choses mais vous allez bel et bien plonger dans vos ressources et dans votre histoire.

LE CONTENU DE CE LIVRE

Les premiers chapitres de ce livre sont consacrés à la découverte du modèle de l’enfant intérieur pour vous familiariser avec ces parties de votre personnalité qui ont tous les âges de l’enfance. Vous comprendrez qu’elles ont leur propre logique, leurs besoins, leurs blessures et tout un potentiel de ressources pour enrichir votre personnalité Ensuite, grâce aux neurosciences et en restant à l’écoute de vos émotions, vous comprendrez mieux comment ce coaching peut vous être utile. Vous découvrirez comment utiliser votre cerveau et mettre en pratique l’ensemble de ces notions grâce à des exercices autoguidés. Enfin nous consacrerons la dernière partie à l’amour de soi, sujet intimement lié à l’enfant intérieur

Tout au long de ces pages, vous trouverez des explications, des exercices et des exemples tirés de notre pratique et que vous pourrez facilement relier à votre propre expérience.

FAITES-VOUS PARTIE DE CES PERSONNESLÀ ?

Vous pensez qu’il est peut-être trop tard, que vous ne pouvez pas changer le passé ou que vous êtes né « comme ça » et que ce n’est pas à votre âge que vous allez changer. C’est vrai, nous avons tous des limites qui nous paraissent insurmontables ou des convictions

« Il n’est jamais trop tard pour avoir une enfance heureuse. »
MILTON ERICKSON

qui nous semblent indéboulonnables mais… Si vous vous laissiez simplement porter par la curiosité ?

Ce livre s’adresse aussi aux personnes qui pensent avoir perdu le contact avec leur enfance, vous qui vous dites : « Moi je ne l’aime pas cet enfant » ou « j’étais un sale gosse » ou « je n’ai pas de souvenirs de mon enfance et je ne veux pas revenir sur mon passé », etc

Voici ce que nous vous proposons : plutôt que de fuir votre enfance et de chercher à tout prix à éviter les souffrances du passé, vous avez la possibilité de faire une autre expérience, celle de vous occuper vraiment de votre enfant intérieur et de vous donner enfin les moyens de faire la paix avec vous-même.

UN ENFANT RÊVE SOUVENT DE L’ADULTE QU’IL VA DEVENIR

Et si pour une fois, vous l’adulte, rêviez de l’enfant que vous avez été ? Et si vous le retrouviez pour l’aider et lui apporter ce dont il a manqué ? Dans les situations où vous n’aviez pas encore les moyens d’agir et celles où vous ne trouviez pas le soutien dont vous aviez besoin. Dans tous ces moments difficiles à vivre.

Vous pouvez aujourd’hui apprendre à apaiser les sentiments du passé et répondre à des besoins restés longtemps insatisfaits.

Laissez simplement votre cœur et votre esprit s’ouvrir aux idées et aux messages que vous trouverez dans ces pages. Accueillez ce qui vient spontanément comme les images, les souvenirs et les possibilités nouvelles… Tout ce qui vient, consciemment et inconsciemment pour faire de l’enfant intérieur une force au cœur de

votre personnalité. Vous allez tisser un lien de cœur à cœur, un lien de votre cœur d’adulte à votre cœur d’enfant.

LES POSTULATS

Le modèle de l’enfant intérieur repose sur un ensemble de postulats. Prenez le temps de les découvrir Et même s’ils peuvent d’abord vous surprendre ou vous questionner, vous les comprendrez mieux au fil de votre lecture.

1 Nous portons tous en nous l’enfant que nous avons été

2. Chaque enfant est unique en arrivant au monde. Il mérite d’être aimé, protégé, respecté Il est digne d’être heureux et capable de réussir

3. L’erreur est une étape sur le chemin de l’apprentissage. Dès qu’un enfant est sécurisé, il apprend avec facilité et dans le plaisir

4. Tous les enfants ont les ressources leur permettant d’apprendre ou au moins les capacités de les acquérir Ils ont tous envie de réussir

5. L’estime de soi se nourrit dès la plus tendre enfance et l’âge adulte ne met pas un terme à ce processus

POURQUOI JE RÉAGIS COMME ÇA ?

« Avec toi, je me suis vraiment comportée comme une gamine. »

« C’est plus fort que moi, dans ces moments-là je ne me reconnais pas. »

« Quand je suis devant ma boss, c’est comme si je retournais à l’école et que j’étais tétanisée devant la maîtresse. »

Et vous, avez-vous des réactions que vous ne comprenez pas ?

Avez-vous parfois l’impression de lutter contre vous-même ?

Ressentez-vous des excès de colère, de jalousie ou d’anxiété qui vous semblent exagérés ? Quand vous réagissez comme cela, c’est comme si une partie de vous cherchait à prendre le dessus, une partie qui réagit comme un enfant le ferait ou comme vous le faisiez lorsque vous-même étiez enfant.

Ainsi il vous arrive de :

– perdre vos moyens dans certaines situations,

– vous sentir mal à l’aise devant certaines personnes,

– tout faire pour attirer l’attention,

– avoir des comportements excessifs avec la nourriture, le travail, le sexe, l’alcool…

En lisant ces lignes vous avez peut-être d’autres exemples en tête, d’autres comportements qui vous déplaisent et que vous essayez de changer, mais, malgré votre bonne volonté et vos bonnes résolutions, vous constatez que cela ne fonctionne pas. Rassurezvous, il est toujours possible de changer pour vivre une nouvelle relation à soi.

CHAPITRE 1

LES PARTIES « ENFANT »

Vous l’avez compris, le héros de ce livre est un enfant, c’est votre enfant intérieur. Mais qui est cet habitant en vous qui n’est pas toujours facile à vivre ? Partez dès maintenant à sa rencontre en redécouvrant votre histoire.

Vous avez bien plus de facettes que vous ne le pensez. Vous êtes une personne unique et pleine de ressources. Unique comme les empreintes de vos doigts ou comme l’iris de vos yeux. Votre personnalité ne ressemble à aucune autre : elle est constituée d’un assemblage singulier de pensées, de ressentis et de comportements. Elle se déploie à travers différentes facettes. À l’image du corps humain, composé de différentes parties qui ont chacune leurs fonctions, nous vous proposons d’envisager votre personnalité comme un ensemble de parties distinctes qui ont chacune leur utilité. C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques de l’être humain que de pouvoir s’adapter à son environnement. Ainsi, selon les contextes que nous vivons, nous nous comportons de façon différente.

Par exemple vous n’avez pas les mêmes attitudes lorsque vous jouez avec des enfants ou lorsque vous menez un entretien professionnel ; vous ne dévoilez pas les mêmes facettes de votre

personnalité lors d’une soirée avec des amis proches ou lorsque vous rencontrez de nouvelles personnes… Vous vous montrez sous différentes facettes et vous manifestez différentes parties de votre personnalité. Dans le langage courant, il existe de nombreuses expressions qui traduisent cette idée. Quand vous dites par exemple : « Il y a une partie de moi qui n’est pas d’accord » ou « d’un côté j’aimerais prendre des vacances, mais de l’autre côté, je travaille de plus en plus ».

Avoir des « parties en soi » ce n’est pas seulement une façon de parler, cela correspond à notre vécu lorsque nos différents sentiments ou nos différentes motivations s’opposent. Ainsi dans chaque situation que vous vivez, une partie de vous se manifeste Quand cette partie agit de façon appropriée au contexte, tout va bien. Par exemple la partie de vous qui s’amuse avec de jeunes enfants est libre, espiègle et décomplexée. Vous osez faire des grimaces ou vous mettre à quatre pattes. C’est la partie de vous qui joue avec de jeunes enfants. Mais il arrive que certaines parties se gênent dans leur fonctionnement :

– une partie vous empêche de faire ou d’obtenir quelque chose.

C’est par exemple ce qu’il se passe lorsque vous voulez cesser de grignoter mais que vous retrouvez systématiquement une tablette de chocolat ou un paquet de gâteaux entre vos mains…

– ou au contraire une partie vous pousse à agir d’une façon inappropriée. C’est le cas, par exemple, quand vous décidez de ranger vos papiers, alors qu’il fait si beau dehors, et que vous partez vous promener. La partie de vous qui voulait ranger n’a pas obtenu gain de cause.

Les exemples de ce genre ne manquent pas et vous en avez certainement d’autres en tête. Le fait d’envisager la personnalité comme un ensemble de parties, c’est une métaphore utile pour représenter notre monde intérieur : cela simplifie la compréhension de nos comportements et cela nous permet d’intervenir sur la relation que nous entretenons avec nous-même.

Même si vous n’êtes pas conscient(e) de toutes les parties qui vous composent, si vous ne savez pas vraiment ce que chacune essaie de faire pour vous, soyez sûr(e) qu’elles ont toutes beaucoup à partager car elles ont un seul et même projet, elles sont au service d’une seule et même personne : vous.

Chacune avec ses souvenirs, ses émotions, ses comportements… les parties de votre personnalité ont toutes des expériences diverses et des besoins à satisfaire.

COMMENT SE FORMENT LES PARTIES DE LA PERSONNALITÉ ET À QUOI NOUS SERVENT-ELLES ?

Les parties de notre personnalité se forment tout au long de la vie :

– à partir de ce que nous vivons et de ce que nous ressentons,

– à partir des caractéristiques que nous nous reconnaissons ou que l’on nous attribue,

– à partir des rôles que nous avons dans les différents contextes de notre vie.

C’est donc du domaine de l’acquis. Ces différentes parties se forment dans le but :

– de satisfaire des besoins qui nous sont fondamentaux comme la sécurité, le plaisir ou la reconnaissance, etc.,

– de nous éviter la souffrance d’être rejeté(e),

– de dissimuler notre vulnérabilité,

– de nous éviter de montrer ce que nous ressentons vraiment.

D’une façon générale, plus nous vivons d’expériences différentes, plus nous avons la possibilité d’agrandir notre monde intérieur et de distinguer de nouvelles parties en nous

NOS PARTIES SONT COMME UNE FAMILLE

INTÉRIEURE

Pour travailler avec les différentes parties de notre personnalité il peut être utile de les aborder comme une famille intérieure. Une famille dans laquelle chacune a besoin d’exister et d’être reconnue.

Et à l’image des poupées gigognes qui composent la matriochka, les parties plus grandes sont là pour protéger les parties plus petites et plus vulnérables. Comme avec les membres d’une vraie famille, nous avons des parties que nous préférons à d’autres, mais toutes sont importantes et ont un rôle à jouer pour maintenir l’équilibre de notre personnalité. L’expression « enfant intérieur », désigne l’ensemble de ces parties, qui ont tous les âges de l’enfance.

Par exemple :

– une partie peut avoir 2 ans et elle est très dépendante,

– une autre peut avoir 8 ans, elle est curieuse et aime beaucoup parler,

– une autre partie peut avoir 15 ans et se montrer rebelle ou

démotivée, etc.

Nos parties « enfant » sont jeunes, sensibles, vulnérables et selon leur âge, elles ont des ressentis, des attitudes et des qualités différentes. Au cours de ce coaching, vous allez apprendre à les

solliciter en fonction de ce que vous voulez changer et grâce à vos émotions qui serviront de fils conducteurs vers le passé, vous pourrez aider vos parties « enfant » à dépasser leurs blocages et apaiser leurs blessures. Certaines d’entre elles sont restées figées dans un temps lointain de votre histoire avec des pensées, des émotions et des comportements limitants. Ce sont des parties que l’on peut qualifier de blessées. Et alors que vous êtes devenu(e) adulte, elles portent encore le poids d’émotions anciennes débordantes.

UN TRAVAIL AVEC L’ENFANT QUE VOUS ÉTIEZ

Lorsqu’un enfant vit des situations difficiles, il se dit : « Je ne veux plus jamais ressentir cela » et s’efforce de tenir en se coupant d’une partie de lui-même. Il rejette alors tout ce qui lui rappelle ce qu’il a vécu et au fil du temps il finit par s’éloigner de son monde émotionnel. Cela part d’une bonne intention tant ce qu’il éprouve est parfois difficile à supporter. Mais que se passe-t-il lorsque nous nous efforçons de rejeter une partie de nous-même ? Elle peut surgir à nouveau et se manifester hors de contrôle pour nous déborder avec ses émotions et ses réactions.

Ces parties d’enfance restées en souffrance cherchent encore à être prises en compte en se manifestant parfois de façon inappropriée. Le travail sur l’enfant intérieur consiste à les accueillir sans les juger et à les apaiser pour redonner à l’adulte toute sa liberté d’agir.

À LA RECHERCHE DE L’INTENTION POSITIVE

La PNL, comme les approches humanistes, s’appuie sur le postulat suivant : derrière chacun de nos comportements, il y a une intention positive. Appliqué au modèle de l’enfant intérieur cela signifie que lorsqu’une de vos parties « enfant » s’exprime, elle se manifeste à travers un comportement qui vise à satisfaire une intention positive pour vous.

Marc entame une expérience de coaching pour en finir avec la violence verbale et comportementale dans sa vie professionnelle. Dès la deuxième séance, il comprend mieux ce qui se passe en lui : « Je déteste la partie de moi qui a la haine et qui s’enrage facilement contre les autres, mais je sais maintenant qu’elle est là parce que j’ai besoin de me protéger, j’ai un grand besoin de sécurité et je ne sais pas faire autrement que me mettre en colère et m’en prendre aux autres. »

Marc identifie une partie de lui et son intention positive, qui correspond au besoin d’aide et de protection.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, même les comportements les plus inappropriés sont mis en œuvre à partir d’une intention positive Cette intention positive correspond à un besoin essentiel à satisfaire.

Gardez à l’esprit qu’en mettant en place un comportement que vous n’aimez pas ou dont vous ne voulez plus, la partie « enfant » a fait le meilleur choix qu’elle pouvait faire alors. Un choix qui est fonction du contexte qu’elle vivait et de ce qu’elle savait à son âge. À partir de maintenant, au lieu de critiquer ou de dévaloriser vos

comportements, commencez à les aborder comme des messages de votre enfant intérieur. Cette attitude bienveillante envers vousmême constitue un premier pas vers la paix.

DE L’INTENTION AUX NOUVEAUX COMPORTEMENTS

Le fait de prendre conscience de l’intention positive va vous aider à identifier le(s) besoin(s) qu’une partie de vous cherche à satisfaire Chaque partie a sa raison d’être, chacune est motivée par une intention positive et elle tient davantage à son intention positive qu’aux comportements qu’elle a pu mettre en place. Autrement dit, il existe d’autres options possibles, d’autres comportements susceptibles de satisfaire l’intention positive Vos parties « enfant » peuvent apprendre à se comporter différemment. Et vous pouvez leur apprendre et leur offrir un champ d’action plus vaste.

J’APPRENDS À IDENTIFIER

L’INTENTION POSITIVE DERRIÈRE UN COMPORTEMENT LIMITANT

Je commence par identifier un comportement répétitif que je n’aime pas, par exemple :

– je perds mes moyens devant certaines personnes ou dans certaines situations,

– j’ai peur de prendre la parole devant les autres,

– je me dévalorise ou je me compare aux autres.

Je ferme les yeux et je me souviens de la dernière fois où

j’ai agi de cette façon.

Je revis la scène comme si j’y étais, c’est-à-dire avec tout ce que je peux voir en images, tout ce que je peux entendre et ressentir dans cette situation.

Je me remets au contact de cette partie de moi-même, responsable de mon comportement, et je suis prêt(e) à l’accueillir avec bienveillance car je sais maintenant qu’il y a une intention positive derrière chacun de mes comportements.

Je remercie la partie pour ce qu’elle veut faire de bon pour moi, même si je ne connais pas encore son intention positive.

Je reste attentif au signal interne que je reçois (une impression, une sensation) et qui signifie que la partie de moi est bien présente et prête à communiquer avec moi. Puis je lui demande avec bienveillance : « Que veux-tu de bien pour moi ? » ou « de quoi as-tu besoin ? ».

Je me centre sur moi-même et j’accueille spontanément ce qui vient, sans juger, ni critiquer. Je le note sur mon cahier.

Je remercie la partie pour sa réponse et je lui dis : « Désormais je veux trouver d’autres moyens plus efficaces et plus adultes de satisfaire ton intention positive. »

Dans le cas de Marc, l’intention positive était d’obtenir de l’aide et de la protection. Il peut donc chercher d’autres comportements plus adultes à mettre en place pour répondre à son besoin. Par exemple Marc peut apprendre à demander de l’aide à une personne qui le sécurise.

À MOI MAINTENANT DE CHERCHER DE NOUVEAUX COMPORTEMENTS

Je reprends la situation de l’exercice précédent, et à partir de l’intention positive que j’ai mise au jour, je réfléchis à d’autres comportements plus adultes et plus appropriés.

Pourriez-vous vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec une personne que vous n’aimez pas ? La réponse est évidente, c’est non. C’est la même chose avec les parties qui habitent votre personnalité : plutôt que de vous critiquer ou de vous juger, rencontrez-les vraiment. Car c’est en leur apportant de la compréhension que vous pourrez changer de façon durable.

Le premier pas à faire est d’apprendre à identifier leur intention positive, c’est-à-dire reconnaître ce qui les motive ou ce dont elles ont besoin. Une fois que cette intention positive vous apparaît clairement, vous pouvez trouver la façon de la satisfaire en mettant en place des comportements plus efficaces.

Lorsque nous prenons conscience des différentes parties qui existent en nous et que nous reconnaissons que chacune a une intention positive, nous comprenons alors qu’il n’y a pas de mauvaise partie en nous. Certaines parties ont des comportements que vous n’aimez pas ou dont vous ne voulez plus, mais toutes ont une bonne intention pour vous.

Avec ce travail que vous entreprenez, c’est peut-être la première fois que vos parties « enfant » vont se sentir vues et entendues, alors imaginez leur soulagement lorsqu’elles seront vraiment

comprises. Soyez curieux(se) envers elles, écoutez-les avec bienveillance telles qu’elles se manifestent et remerciez-les de vous aider à satisfaire vos besoins. En apprenant à bien faire la différence entre l’intention et le comportement, vous installez déjà en vous les bases d’un climat apaisé et plus harmonieux.

CHAPITRE 2

LA CARTE DU MONDE DE VOTRE ENFANT INTÉRIEUR

Vous avez appris à distinguer la partie « enfant » de son intention et de son comportement. Nous allons maintenant nous intéresser aux interprétations et aux décisions que vous avez prises lorsque vous étiez enfant.

DEPUIS L’ENFANCE NOUS CONSTRUISONS UNE CARTE DU MONDE

Nous ne trouvons pas toujours une logique à ce que nous faisons, en particulier lorsqu’il s’agit de réactions que nous n’aimons pas ou que nous rejetons. Et pourtant il y a bien une logique à nos comportements. Comme une carte routière relie des villes entre elles et nous guide en chemin, notre logique interne relie nos pensées et nos comportements pour nous permettre d’avancer dans la vie. Cette logique interne, nous l’appelons notre « carte du monde ». Elle se dessine au fil de nos expériences, à partir des perceptions, des interprétations et des décisions que nous prenons, consciemment et inconsciemment. Elle est unique, elle n’appartient qu’à nous et sa cohérence est en partie basée sur notre vécu d’enfant. Car très tôt

dans la vie, nous donnons du sens à ce que nous vivons : dès que le cerveau commence son développement, nous interprétons ce que nos parents attendent de nous et nous décidons des réponses à leur apporter.

C’EST TOUT UN APPRENTISSAGE QUI SE FAIT PAR MODÉLISATION

Dès notre arrivée au monde nous absorbons les points de vue de nos parents. À partir de leurs opinions et de leurs références, nous créons des modèles en nous. C’est-à-dire que nous apprenons et reproduisons leurs façons de penser, de ressentir et d’agir. Tout cela est bien normal puisque notre survie et notre bien-être dépendent d’eux.

Ainsi plus ou moins consciemment, enfant, vous avez pris comme modèles vos parents ou les adultes qui se sont occupés de vous. Vous avez modélisé leurs convictions et leurs façons de faire, sans savoir qu’ils pouvaient se tromper et sans savoir qu’à travers leurs affirmations et leurs jugements, ils parlaient seulement depuis leur propre carte du monde. En les modélisant pendant ces premières années de votre vie, vous avez fait toutes sortes d’apprentissages et vous avez imprimé sur votre carte un ensemble d’affirmations. Ces affirmations que vous considérez depuis comme des vérités s’appellent des croyances.

L’enfant apprend ce qu’il vit

Si l’enfant vit dans la critique, il apprend à blâmer.

Si l’enfant vit dans l’animosité, il apprend à agresser.

Si l’enfant vit dans la moquerie, il apprend à se renfermer sur lui-même.

Si l’enfant vit dans la honte, il apprend à se sentir coupable.

Si l’enfant vit dans la tolérance, il apprend à être patient.

Si l’enfant vit dans l’éloge, il apprend à avoir confiance.

Si l’enfant vit dans l’encouragement, il apprend à apprécier les gens.

Si l’enfant vit dans l’équité, il apprend à être juste.

Si l’enfant vit dans la sécurité, il apprend à avoir confiance dans l’avenir.

Si l’enfant vit dans l’approbation, il apprend à s’aimer.

Si l’enfant vit dans l’acceptation et l’amitié, il apprend à être sensible à l’amour dans le monde.

DOROTHY LAW NOLTE

LA PLACE DES CROYANCES

Nos croyances représentent l’ensemble des choses que nous pensons vraies Ce sont des affirmations et des opinions à propos de nous-même, à propos des autres et de la vie en général. Ou encore des convictions à propos de ce qui est et de ce qu’il convient de faire. En voici quelques exemples :

– Croyances sur soi : « Je m’en sortirai toujours », « ce régime va changer ma vie », « je n’ai pas de diplôme, je ne trouverai pas de travail ».

Croyances sur les autres : « Sylvie donne tout ce qu’elle a pour les autres », « mes élèves ne comprennent rien à ce que je leur enseigne », « Marc est un ami de confiance ».

– Croyances sur la vie en général : « C’est important de s’imposer dans la vie », « c’est mieux de ne pas montrer ses émotions ».

Une croyance qui nous empêche d’obtenir ce que nous voulons dans un contexte donné est appelée croyance limitante À l’inverse une croyance qui nous permet d’atteindre notre objectif ou d’obtenir ce que nous désirons dans un contexte donné est une croyance aidante.

Par exemple Amandine voudrait quitter son compagnon pour vivre avec un nouvel homme dont elle est tombée amoureuse, mais elle se sent incapable de choisir car elle pense « qu’en couple il faut prendre sur soi pour être heureux », et que « quitter un homme c’est le faire souffrir ». Ce sont des croyances qui la limitent et l’empêchent de prendre sa décision.

Matthieu lui veut obtenir un nouveau poste dans la société qui l’emploie et pour cela il est prêt à quitter sa région natale. Il pense que « c’est très motivant de voir du pays » et que « c’est facile de se faire de nouveaux amis ». Ce sont des croyances qui l’aident à atteindre son objectif.

Certaines de nos croyances viennent de nos parents, de notre famille, quand d’autres viennent de nos propres expériences et de nos stress d’enfant C’est le cas par exemple des croyances qui entraînent la peur de ne plus être aimé, la peur de manquer ou d’être moqué par les autres. Anna se souvient avec tristesse d’un de ses goûters d’anniversaire où elle s’est retrouvée seule. Elle en a

conclu « si mes amies m’ont laissée tombée c’est que je ne suis pas intéressante ».

Christiane, coauteur de ce livre

Ma mère qui vivait en Normandie fut enceinte trop jeune pour assumer l’étiquette de « fille-mère », nom attribué aux mères célibataires à l’époque. Elle décida de partir à Paris pour accoucher sous X et signer un acte d’abandon.

Après ma naissance elle me déposa dans une pouponnière de l’Assistance publique afin de me faire adopter, avec un délai de trois mois pour revenir sur sa décision.

Quand ma grand-mère normande apprit que j’allais être adoptée, elle envoya en urgence Antoinette, une de mes tantes, à Paris pour me ramener en Normandie.

En grandissant, j’ai toujours entendu cette histoire racontée par les uns et les autres à propos du début de ma vie : « Elle a eu de la chance car Antoinette est arrivée la veille de son adoption, le lendemain elle partait dans sa famille adoptive. »

Ce fut un dénouement heureux pour tout le monde et pour moi qui ai intégré très tôt dans ma vie cette croyance aidante :

« J’ai de la chance tout s’arrange un jour »

De son côté, la famille qui aurait dû m’adopter a peut-être installé une autre croyance…

Nos petits et nos grands malheurs comme nos petites et nos grandes joies nous ont fait mettre en place des croyances aidantes et limitantes. Parfois, il a suffi d’un seul apprentissage ou d’une seule expérience émotionnellement forte pour imprimer une

croyance. C’est le cas de Florian qui se souvient de son professeur de judo qui l’a traumatisé avec des paroles dures et cassantes dès le premier cours. En grandissant, Thomas est devenu un adulte qui a peur de prendre la parole et se sent faible devant des collègues qui font preuve d’autorité.

Parfois, une croyance s’installe à partir d’expériences qui se répètent La grand-mère d’Élodie avait pour habitude de lui offrir une pochette de tickets de loterie à gratter pour son anniversaire. À plusieurs reprises, Élodie a gagné des petites sommes qui lui permettaient d’acheter des livres et des disques. Depuis elle pense qu’elle est chanceuse au jeu et qu’elle a « toujours une chance de gagner pour se faire plaisir » Comment se forment nos croyances ?

Juliette a 30 ans, en recherche d’emploi, elle est critique visà-vis d’elle-même. Elle recommence sans cesse ses lettres de motivation, elle ne les trouve jamais bien et finit par ne pas les envoyer.

Au cours du coaching, elle se souvient de son arrivée en France à l’école primaire. Elle a vécu en Allemagne jusqu’à ses 5 ans où elle a appris l’allemand. À l’école française, l’année du CP, elle fait des fautes d’orthographe, la maîtresse se moque d’elle devant toute la classe en montrant aux autres élèves les fautes d’orthographe de Juliette.

Cette expérience s’est répétée plusieurs fois. Juliette en a déduit qu’elle ne savait pas écrire correctement et qu’il fallait qu’elle soit parfaite à l’écrit.

Aujourd’hui en retrouvant son enfant intérieur, elle a reconsidéré sa croyance avec le regard de l’adulte qu’elle est devenue. Elle a fini par envoyer ses lettres de motivation et a trouvé un emploi.

Depuis l’enfance, nos croyances sont comme des lunettes posées devant nos yeux qui filtrent notre perception de la réalité. En devenant adulte, nous oublions que nous portons ces verres déformants et nos croyances agissent à notre insu. C’est la raison pour laquelle nous avons du mal à les remettre en question et beaucoup d’entre nous continuent à agir en cohérence avec leurs croyances inconscientes.

LES CROYANCES

Nos croyances ont certaines caractéristiques qu’il nous faut connaître :

– nous les confondons avec la réalité,

– nous agissons comme si elles étaient des certitudes,

– nous ne les remettons pas en question et certaines d’entre elles deviennent inconscientes,

– nous utilisons toutes sortes de situations que nous vivons pour les valider et les renforcer,

– nous en faisons des règles de vie et des règles de comportement comme :

« il faut être poli » ou « il faut toujours vérifier l’addition au restaurant ».

L’enfance est la période privilégiée au cours de laquelle nous apprenons beaucoup de choses dans le but de nous structurer et de nous développer. Malheureusement certaines conclusions tirées de nos expériences et de nos apprentissages peuvent devenir limitantes dans notre vie d’adulte. Il nous arrive d’en faire des généralisations en nous répétant des choses comme :

– « Je n’oserai jamais »,

– « Ce que je dis n’intéresse personne »,

– « On va encore se moquer de moi »,

– « C’est toujours pareil, je ne finis jamais ce que je commence »,

– « On doit toujours se battre pour exister », et cette liste n’est pas exhaustive !

Lorsque nous avons l’impression d’être nul(le), que nous croyons que nous ne pouvons pas nous en sortir seul(le) ou que les autres savent mieux ce qui est juste et bon… alors l’estime de soi est blessée. Pour certains enfants, les modèles et les croyances sont tellement limitants qu’ils deviennent des adultes qui ont peu d’espoir à propos de leurs capacités ou de leur valeur personnelle.

Ainsi de nombreuses étiquettes dévalorisantes qui touchent à notre identité ou à la façon dont nous nous considérons, se mettent en place au cours de l’enfance et de nombreux adultes continuent longtemps à se considérer de ce seul point de vue.

C’est le cas de Valentin qui est convaincu d’avoir été un « bébé pénible » car sa grand-mère lui répétait que petit, il passait son temps à crier « comme un diable en colère ». Il réalise au cours de sa thérapie la force limitante de la croyance qu’il avait installée :

« J’en avais conclu que c’était ma faute si j’ai été négligé en tant que

bébé, je croyais vraiment qu’il y avait quelque chose de mauvais en moi. »

DES CROYANCES À RECONSIDÉRER

Soyez sûr(e) d’une chose : si vous avez mis en place une croyance à un certain moment de votre vie d’enfant, c’est que, pour vous, elle était alors le meilleur choix d’interprétation possible, parmi ceux dont vous disposiez à ce moment-là. La question qui se pose est donc simple : ce choix est-il encore adapté à votre vie d’adulte ?

De nombreuses croyances appropriées au contexte de l’enfance ne sont plus vraiment fiables ni utiles dans la vie d’un adulte. Or nous oublions de les reconsidérer et nous oublions de reconsidérer les modèles qui nous ont élevés et éduqués.

JE M’ENTRAÎNE À CHANGER DE CROYANCE

J’identifie une opinion que j’ai à propos de moi-même et qui limite la confiance en mes capacités ou une affirmation qui a un impact négatif sur ma vie/mes relations.

Exemple : les autres font mieux que moi.

Je prends tout le temps nécessaire pour créer et rédiger une autre affirmation plus constructive, plus réaliste qui serait comme une croyance « antidote » que je veux adopter.

Exemple : je suis quelqu’un d’unique et je fais aussi bien que les autres.

J’écris cette nouvelle croyance, et juste en dessous, je l’écris de l’autre main, celle que je n’ai pas l’habitude d’utiliser… et je l’écris encore plusieurs fois jusqu’à ce que cette croyance aidante me devienne plus familière.

Le fait d’utiliser « l’autre main », celle qui n’est pas la main dominante, constitue un moyen simple de connecter la nouvelle croyance à l’hémisphère droit du cerveau C’est l’hémisphère associé à nos processus inconscients.

NOS MODÈLES ET NOS CROYANCES D’ENFANCE NOUS LAISSENT DES EMPREINTES

Christelle a été élevée par des parents inquiets, qui ne cessaient de la mettre en garde contre les dangers du monde extérieur. Êtesvous surpris qu’une fois adulte, elle réagisse de façon angoissée aux aléas de la vie, comme si tout était incertain, risqué ou dangereux ?

C’est un exemple qui illustre la modélisation : elle se passe au niveau conscient et inconscient, elle est volontaire et involontaire. Elle est inévitable car elle fait partie de notre expérience d’être humain

Si vous êtes parent, vous l’avez peut-être remarqué, vos enfants ont parfois du mal à vous obéir mais ils n’ont aucun mal à vous imiter. Vous représentez pour eux des modèles, comme vos parents l’ont été afin que vous puissiez forger votre personnalité, en accord ou en opposition avec eux. Supposons que l’un de vos parents se

soit montré autoritaire pour obtenir ce qu’il voulait, vous avez pu adopter le même mode de communication, ou au contraire aujourd’hui évitez d’être autoritaire.

Lisa se souvient que son père, immigré portugais, s’exprimait avec peu d’assurance et que lorsqu’elle l’accompagnait pour l’aider dans ses démarches, elle ressentait de la honte. Elle est devenue une manager qui rejette les collaborateurs qui se montrent peu sûrs d’eux. Les parents de Romain eux, avait l’habitude de critiquer ses amis lorsqu’il était adolescent, il aurait pu intégrer ces façons de faire… Mais aujourd’hui, Romain est devenu un adulte hypersensible aux remarques qui se révolte contre les jugements et les critiques de ses collègues C’est plus fort que lui et cela lui pose des problèmes relationnels.

Depuis notre arrivée au monde et tout au long de l’enfance, nous intégrons les croyances, c’est-à-dire les affirmations et les jugements de nos parents et des personnes qui nous ont éduqués. C’est en grandissant et en gagnant de la maturité que nous commençons à choisir nos références et à affirmer nos propres opinions.

LES CROYANCES SONT COMME UN ARBRE

Comparons l’ensemble de nos croyances à un arbre :

– nous avons des croyances fondamentales qui sont comme ses racines,

– des croyances solides qui nous élèvent comme son tronc,

– des croyances secondaires que nous portons comme des branches,

– des croyances moins importantes qui peuvent plier comme le branchage,

– et des croyances légères comme des feuilles.

L’arbre des croyances

Ces croyances qui se portent entre elles et s’élèvent comme un arbre, donnent de la cohérence à notre personnalité et à notre carte du monde. Cependant, il est important, qu’une fois adulte, nous puissions en reconsidérer certaines, celles qui nous semblent très limitantes et qui nous empêchent d’agir comme nous le souhaitons. Il est important aussi de faire en sorte que les modèles que nous gardons en tête restent positifs, c’est-à-dire qu’ils nous apportent du soutien plutôt que de nous influencer de manière négative et inconsciente.

À 37 ans, Amandine décide d’assumer être la femme qu’elle est vraiment. Elle dit : « J’ai longtemps cru qu’il fallait que je choisisse des petits copains qui plaisent à mes parents et je me rends compte que j’ai choisi mon métier de juriste en fonction d’eux et pas de mes aspirations profondes. Je croyais que je n’avais pas le choix. »

C’est l’un des objectifs du travail sur l’enfant intérieur : celui de vous rendre conscient(e) de votre histoire et des circonstances dans lesquelles vous avez grandi. Si l’idée de faire évoluer vos croyances limitantes vous paraît difficile à mettre en pratique c’est parce que ces croyances se sont installées profondément dans votre cerveau, imprimées dans des réseaux de neurones qui ont pris l’habitude de s’activer ensemble et qui se traduisent par des automatismes.

Nous verrons que grâce à la neuroplasticité, une des principales facultés du cerveau, nous pouvons toujours apprendre à transformer ces réseaux neuronaux et à stimuler de nouvelles connexions. Oui, reconsidérer votre passé et adopter des croyances qui vous aident à avancer comme vous le souhaitez, c’est un changement concret Pour le vivre, vous avez besoin de nouvelles façons de penser et d’un entraînement mental et émotionnel. Alors répétez les exercices que nous vous proposons tout au long de ce livre, ce sont autant de moyens qui vous permettront de désactiver certaines de vos croyances limitantes, en particulier celles qui vous font vous sentir comme un(e) enfant sans défense.

IL N’EST JAMAIS TROP TARD POUR CHANGER

CE QUE L’ON A APPRIS

C’est vraiment une idée essentielle à intégrer : vous n’êtes pas déterminé(e) par les modèles et les croyances de votre enfance. Vous avez le droit et le pouvoir de les faire évoluer. Que diriez-vous de remonter le temps jusqu’à l’origine de vos croyances pour proposer de nouveaux choix à l’enfant que vous étiez ? Vous n’êtes

pas prisonnier(e) du passé, vous pouvez vous en libérer pour choisir la façon d’agir au présent et à l’avenir.

JE M’ENTRAÎNE À REPARTIR DANS LE PASSÉ POUR CHANGER UNE CROYANCE

Je choisis un comportement répétitif que je n’aime pas. C’est comme un pilotage automatique que je connais bien et que je veux changer. Par exemple : « Je me mets en colère trop rapidement. »

Je me souviens de la dernière fois où cela s’est produit.

Je ferme les yeux et j’imagine que je suis en train de revivre la situation en visualisant certaines images, en me disant certaines choses. Je reste connecté(e) à ce que je ressens dans mon corps et à ce que je me dis.

Je laisse mon esprit repartir en arrière, dans le passé pour retrouver la première fois ou j’ai ressenti la même chose Je laisse venir ce qui vient spontanément : les images, les mots, les impressions… Ce n’est peut-être pas la toute première fois que cela est arrivé mais c’est la première fois dont je me souvienne maintenant

Dès qu’un souvenir revient, je l’accueille et je revis la scène du passé en me demandant :

– que se passe-t-il dans cette scène ?

– où suis-je ?

– est-ce que je suis seul(e) ou en présence de quelqu’un d’autre ?

– qu’est-ce que j’en déduis ?

J’ouvre les yeux et avec mon point de vue d’adulte, je réfléchis :

– y a-t-il d’autres interprétations possibles dans cette situation ?

– est-ce que cela me convient toujours aujourd’hui de penser cela ?

Je choisis une nouvelle croyance qui me semble plus appropriée.

Avec cette nouvelle croyance en tête, je vais maintenant revivre la situation Dans mon imaginaire, je redeviens l’enfant que j’ai été et tout en restant en contact avec cette nouvelle croyance aidante, je ressens à quel point je peux vivre les choses différemment.

Je respire plusieurs fois pour bien intégrer cet état positif.

Nous allons maintenant nous intéresser plus particulièrement à vos besoins fondamentaux et vous allez découvrir comment certains d’entre eux sont restés insatisfaits depuis votre enfance.

CHAPITRE 3

LES BESOINS DE VOTRE ENFANT INTÉRIEUR

Les besoins occupent une place centrale dans le modèle de l’enfant intérieur. Car ce sont des besoins insatisfaits qui poussent vos parties « enfant » à se manifester à travers des comportements que vous n’aimez pas ou dont vous souhaitez vous débarrasser.

LA DYNAMIQUE DES BESOINS

Un besoin c’est quelque chose qui nous est nécessaire. Nécessaire à la vie de notre organisme et à l’existence de notre personne dans toutes ses dimensions. Nous avons des besoins physiques, émotionnels, intellectuels, psychologiques et spirituels tout au long de notre vie. En voici quelques exemples :

– la nourriture, l’oxygène, le sommeil, l’exercice physique… qui sont des besoins physiques ;

– la reconnaissance, le travail, l’accomplissement, l’intimité, la relaxation, l’expression des émotions… qui sont des besoins psychologiques et émotionnels ;

– les nourritures spirituelles apportées par les arts ou la nature, le fait de se sentir en lien avec une force qui nous soutient, le fait de

cultiver nos valeurs c’est-à-dire ce que nous considérons comme beau, vrai, bon, juste… qui sont des besoins spirituels.

La dynamique des besoins est facile à comprendre : lorsqu’un besoin n’est pas satisfait, notre corps nous envoie un signal. Si nous ne répondons pas au besoin, le signal progresse en intensité et si nous continuons à l’ignorer, il devient un symptôme, voire une maladie Par exemple, nous avons tous un besoin de sommeil spécifique avec un nombre d’heures et de périodes diurnes et nocturnes. Si vous ne dormez pas suffisamment, les premiers signaux physiques, qui vous sont propres, apparaissent, comme les yeux qui brûlent, les bâillements ou la fatigue musculaire. Puis les signaux s’amplifient, vous devenez irritable ou triste, vous oubliez des choses, vous cherchez vos mots, vos papiers, votre téléphone…

Si vous persistez à ignorer votre besoin et que vous vous forcez à vous tenir éveillé(e), les signaux deviennent alors des symptômes : le corps s’épuise, l’esprit perd sa vigilance, vous vous mettez à déprimer, à perdre le goût de vivre… Une personne qui délaisse continuellement son besoin de sommeil risque le burn-out et à la longue peut déclarer des maladies graves.

Notre système de signaux est très performant mais si nous ne répondons pas à nos besoins de façon adéquate, il s’appauvrit. Si nos besoins ne sont pas satisfaits depuis longtemps, le système est déséquilibré. Ainsi, il est possible qu’aujourd’hui certains de vos besoins, restés trop longtemps insatisfaits, se manifestent de manière explosive à travers des émotions ou des comportements excessifs.

C’est le cas de Julie qui dépense son argent de manière compulsive en achetant des vêtements de marque jusqu’à ce qu’elle

mette au jour ses besoins réels de reconnaissance et d’estime de soi. En apprenant à être consciente de sa valeur en tant qu’être humain elle a pu choisir des moyens plus appropriés d’exprimer la femme qu’elle est.

À PROPOS DE MES BESOINS FONDAMENTAUX

Je prends le temps de réfléchir à mes besoins fondamentaux, et à tête reposée, je réponds à ces questions :

– ai-je des signaux physiques ou des symptômes répétitifs ?

– d’après moi, à quels besoins correspondent-ils ?

L’AMOUR ET LA SÉCURITÉ, DES BASES SOLIDES POUR LA VIE

Dès sa naissance, un bébé a besoin de sentir de l’amour et de la sécurité. C’est aussi important pour lui que de se nourrir, de dormir ou d’être changé Cela lui procure une base solide pour la vie Pour exprimer ses besoins, il ne dispose que d’un seul moyen : ses pleurs. Les parents se retrouvent parfois démunis devant ce mode de communication. Ils entendent des choses comme : « Il fait des caprices », « elle vous teste », « si vous le prenez dans vos bras, vous lui donnez une mauvaise habitude », ou encore « laissez-la pleurer, ça va l’endurcir »… Mais de son côté quand bébé pleure, s’il perçoit de l’énervement, de l’impatience ou s’il est grondé, il apprend à se taire ou à se sentir mal à propos de ce qu’il ressent. C’est le début d’un cercle vicieux qui peut nourrir une estime de soi fragile.

De la même façon, si un petit enfant reçoit systématiquement le biberon ou la tétine pour faire taire ses pleurs sans que l’on s’occupe de son besoin réel d’être apaisé, alors son cerveau enregistre le programme et une fois adulte, il risque d’adopter des réponses similaires avec la cigarette ou l’alcool…

JE ME RENSEIGNE SUR LE BÉBÉ QUE

J’AI ÉTÉ ET COMMENT ON A PRIS SOIN DE MOI

Ma capacité à identifier et à satisfaire mes besoins est largement influencée par la qualité de l’attention et des soins que j’ai reçus alors que j’étais enfant.

Pour mieux comprendre mes besoins, je peux demander à mon entourage des informations sur le bébé que j’ai été et comment on a pris soin de moi.

Par exemple :

– est-ce que j’étais nourri(e) quand j’avais faim ?

– est-ce que j’étais changé(e) rapidement ou bien seulement quand cela était nécessaire ?

– étais-je facilement bercé(e) et câliné(e) ? Touché(e) ou caressé(e) ?

– est-ce qu’on me laissait pleurer avant de s’occuper de moi ?

– est-ce que je devais m’arrêter de pleurer pour que les autres prennent soin de moi ?

Un parent bienveillant apprend à distinguer les nuances des pleurs de son enfant et peut comprendre s’il a besoin de manger, de dormir, d’être rassuré ou encore d’être soulagé ou consolé. Quand ses

besoins fondamentaux sont satisfaits, un petit enfant peut intérioriser les bases de l’amour de soi.

L’IMPORTANCE DU LIEN D’ATTACHEMENT

Un bébé est sensible au ton de la voix, à la façon dont on le regarde, dont on le touche. C’est tout un processus relationnel qui s’établit avec son parent le plus proche. En se sentant porté et bercé, en recevant des regards tendres, en écoutant la douceur et le calme de la voix, le bébé vit l’expérience de l’attachement.

La théorie de l’attachement a été mise au jour dès les années 1960 par le psychiatre John Bowlby. Bien d’autres recherches se poursuivent depuis sur ce lien si particulier à travers lequel, pendant les premières années de sa vie, un petit être humain acquiert le sentiment de sécurité intérieure et la capacité à réguler ce qu’il ressent. Il apprend aussi à travers le soin que les adultes lui portent, à distinguer ce que lui-même peut faire pour répondre à ses besoins. Ainsi quand des parents reconnaissent et satisfont les besoins de leur enfant tout au long de son développement, ils lui transmettent la capacité à prendre soin de lui.

DES BESOINS ASSOCIÉS À CHAQUE ÂGE DE L’ENFANCE

Bien sûr, un enfant a des besoins spécifiques associés à chaque étape de son développement. Nous avons choisi de vous présenter un ensemble de besoins émotionnels et psychologiques qui nous

semblent communs à chaque âge de l’enfance et de l’adolescence. Cette liste est faite pour vous aider à y voir plus clair.

LES BESOINS ÉMOTIONNELS ET PSYCHOLOGIQUES

Enfant et adolescent(e), j’ai besoin de :

– faire partie d’une famille,

– être accepté(e) comme je suis,

– être aimé(e),

– être consolé(e),

– donner et recevoir de la tendresse,

– être en sécurité,

– avoir des repères rassurants, des limites et des consignes claires,

– être en relation avec des adultes et d’autres enfants,

– être touché(e), bercé(e), serré(e) dans les bras,

– être considéré(e), recevoir du soutien et des encouragements,

– toucher, regarder, écouter, sentir, goûter me servir de tous mes sens,

– découvrir et explorer mon environnement,

– vivre des activités qui me permettent de bouger (comme courir, sauter, danser, etc.),

– jouer, m’amuser,

– avoir des moments de détente et d’apaisement, rêver,

– ressentir toutes mes émotions et pouvoir les exprimer,

– faire les choses par moi-même, développer mes capacités et apprendre à être autonome,

– exprimer ce que je pense, apprendre à m’affirmer et à dire non.

Cette liste n’est pas exhaustive, ce sont quelques-uns des besoins que nous avons identifiés avec nos patients en thérapie et en

coaching, des besoins qui d’après eux n’ont pas été suffisamment pris en compte au cours de leur enfance.

MES BESOINS FONDAMENTAUX TOUT

AU LONG DE MON ENFANCE

Je prends le temps d’observer cette liste de besoins et je me connecte à mon histoire…

– Au cours de mon enfance, comment mes besoins ont-ils été considérés ?

– Certains ont-ils été plus reconnus que d’autres ?

– Lesquels sont restés insatisfaits ?

– Quel genre de conclusions en ai-je tiré ?

– Parmi ces besoins, aujourd’hui en tant qu’adulte, quel est celui qui n’est pas satisfait ?

À travers les comportements et les attitudes des personnes qui vous ont élevé(e), vous avez appris à prendre en compte vos besoins. Si certains ont été ignorés, minimisés, ou exagérés aux dépens d’autres, vous vous êtes adapté(e). Par exemple, un enfant apprend de lui-même à repousser son besoin pour pouvoir continuer à être aimé ou considéré par ses parents.

C’est le cas de Simon qui partage ceci : « J’étais l’aîné, alors qu’est-ce que je l’ai entendue cette phrase : « un grand ça ne pleure pas ». Mes parents parlaient de moi en disant que j’étais trop sensible et mon père n’a rien trouvé de mieux que de me punir quand je me mettais à « pleurer pour rien ». » Comme ses parents n’accueillaient pas suffisamment sa tristesse, en grandissant, Simon s’est peu à peu détaché de son besoin de l’exprimer Aujourd’hui,

jeune adulte il est mal à l’aise avec les émotions des autres et passe pour un jeune homme qui manque d’empathie pour ses proches et pour sa compagne en particulier.

Le fait d’exprimer ses émotions est pourtant un besoin fondamental et si l’enfant apprend qu’il ne faut pas exprimer sa vulnérabilité, devenu adulte il va chercher des substituts pour y répondre : il peut par exemple valoriser la colère qui devient pour lui une émotion plus acceptable que la tristesse ou la peur. Ou bien il peut se réfugier dans le travail et dans l’exigence pour éviter des émotions qui lui semblent interdites.

Marion elle veut changer l’image qu’elle donne aux autres : « Je travaille sans arrêt, j’ai l’air tellement sérieuse que je passe pour une fille austère et je me demande même si je ne le suis pas devenue à force de passer mon temps devant mon ordinateur. » Au cours de son coaching, elle contacte une partie d’elle enfant qui a 11 ans et qui a besoin de jouer. « Mais moi à cet âge-là j’étais « la grande fille à sa maman », il fallait que je l’aide à la maison ou que je garde mon petit frère ou bien que je lise des livres qu’elle choisissait. » Enfant, Marion a intégré qu’elle devait grandir vite et ne plus être joueuse ou insouciante, elle a appris à repousser son besoin de s’amuser L’adulte qu’elle est devenue a pu recréer du lien avec la petite fille qu’elle était et en identifiant son besoin resté longtemps insatisfait, elle a choisi d’y répondre à sa manière : elle s’amuse en participant à des jeux de rôles et à des ateliers de cuisine.

ADULTES, NOUS SOMMES RESPONSABLES DE NOS BESOINS

Pensez-vous que les autres devraient deviner ce dont vous avez besoin ? « Tu devrais le savoir… » est un reproche tellement répandu ! Mais c’est une erreur. En tant qu’adulte, nous sommes responsables de nos besoins et les autres sont responsables des leurs, nous ne sommes pas chargés de les combler.

Pour exercer notre responsabilité, nous devons :

– apprendre à reconnaître nos besoins et à les différencier,

– les accepter et oser les exprimer,

– faire le nécessaire pour les satisfaire en posant des actes concrets.

Quand ils ne sont pas comblés, nos besoins fondamentaux génèrent ce qu’on appelle des conflits internes : c’est comme si vous luttiez contre des parties de vous, qui sont restées vulnérables et incomprises. Au lieu de répondre vraiment à vos besoins, vous les « remplissez » avec de la nourriture, de l’alcool, du sexe ou une avalanche de travail, etc. Dans cette lutte, vous restez coupé(e) de votre enfant intérieur et de ses besoins fondamentaux. Mais tout cela peut changer.

Aujourd’hui, vous pouvez faire alliance avec vos parties « enfant », accepter de les écouter et comprendre leurs besoins cachés derrière les comportements dont vous voulez vous défaire. Vous pouvez choisir de répondre à ces besoins de manière appropriée et satisfaisante pour l’adulte que vous êtes devenu. Et tout cela commence par prendre en compte les premiers signaux que vous envoient vos parties « enfant » : vos émotions.

CHAPITRE 4

RENCONTRER

VOTRE ENFANT INTÉRIEUR GRÂCE À VOS ÉMOTIONS

À chaque instant de la vie, nous ressentons des émotions et des sensations et c’est ce qui nous rend vivant. La plupart d’entre nous n’avons pas fait d’apprentissage à propos des émotions alors voici des informations simples pour mieux comprendre ce que vous ressentez et comment vous pouvez l’aborder. Cela vous permettra d’utiliser concrètement le modèle de l’enfant intérieur et de vous sentir plus à l’aise avec vous-même comme avec les autres.

UNE ÉMOTION PASSE PAR LE CORPS

Une émotion c’est d’abord une réaction de l’organisme à une situation :

– nous percevons des informations grâce à nos sens,

– en réaction à ces informations sensorielles, notre cerveau libère un mélange biochimique d’hormones qui informent instantanément notre corps.

Cette réaction a une fonction : l’émotion met le corps en mouvement pour que nous puissions réagir à la situation.

Par exemple :

– le soir, j’entends un bruit de pas qui me suivent alors que je suis en train de marcher dans la rue,

– je ressens de la peur,

– mon corps est mobilisé, pour que je puisse me mettre à courir ou me retourner et faire face à la situation.

Une émotion, c’est donc une énergie qui est présente dans notre corps et que nous pouvons sentir à travers des sensations physiques. Dans l’exemple précédent : le cœur bat plus vite, la respiration s’accélère, le visage rougit ou devient plus pâle, etc. Si nos émotions changent au fil de notre expérience, et même si certaines passent presque inaperçues, elles se manifestent toujours dans le corps à travers des sensations localisées. Nous sentons par exemple de la chaleur au niveau de la poitrine, de la crispation dans la nuque, de la tension dans les épaules, etc. Deux questions toutes simples peuvent nous guider vers la nature de nos émotions :

– Qu’est-ce que je ressens ?

– Où cela se situe-t-il dans mon corps ?

JE PRENDS CONSCIENCE

DE MES SENSATIONS

Des mots m’aident à décrire précisément ce que je sens : des verbes, des adjectifs et des adverbes qui sont liés au toucher, au mouvement ou à la température par exemple : « C’est

chaud, c’est froid, ça me serre, ça m’oppresse, ça me brûle, c’est doux, c’est dur, etc. »

Je choisis un souvenir plaisant de mon enfance et tout en le revivant. J’observe les sensations présentes dans mon corps. Où cela se situe-t-il dans mon corps ? Qu’est-ce que je ressens précisément ?

Puis, je laisse venir un autre souvenir, un souvenir moins plaisant comme un moment lors duquel je me suis ennuyé, un moment lors duquel je me suis senti énervé(e) ou une situation dans laquelle j’ai eu du chagrin.

J’observe les sensations dans mon corps et la façon dont elles évoluent.

Enfin, pour me libérer de ce que je ressens, je prends une longue et profonde inspiration, je retiens mon souffle puis j’expire lentement comme si je soufflais à travers une paille.

LES GRANDES ÉMOTIONS HUMAINES

En étudiant les expressions de visages associées aux émotions, le psychologue américain Paul Ekman, a identifié six émotions primaires qui se manifestent à travers les mêmes expressions faciales chez tous les êtres humains : la joie, la tristesse, la peur, la colère, le dégoût et la surprise.

D’autres recherches intéressantes montrent que chacune de ces émotions primaires a ses propres manifestations physiologiques. Il

existe par exemple une carte corporelle établie par des chercheurs finlandais qui confirme que nous ressentons tous la peur ou la tristesse aux mêmes endroits dans notre corps et avec des combinaisons de sensations similaires. Par exemple :

– la peur : accélération cardiaque, sensations de froid, transpiration, pâleur du visage, oppression dans la poitrine ou dans le ventre…

– la tristesse : resserrement dans la gorge, sensations de picotement ou de brûlure dans les yeux, pression dans le thorax…

– la colère : sensation de brûlure dans la gorge et le ventre, tensions musculaires, sensations de chaleur…

Une émotion n’est pas dangereuse et ne dure pas, même si l’intensité des sensations qui lui sont associées peut parfois nous faire peur.

NOS ÉMOTIONS NOUS AIDENT À MIEUX NOUS COMPRENDRE

À travers les sensations que nous ressentons, nos émotions nous informent sur nos besoins et nous poussent à agir. Nous pouvons les trouver agréables, désagréables, confortables ou douloureuses… Mais aucune émotion n’est négative ou positive en elle-même Les termes « positif » et « négatif » correspondent à une évaluation que nous faisons à partir du contexte et de nos sensations que nous trouvons agréables ou non. Chaque émotion est utile car elle nous informe sur ce dont nous avons besoin à un instant donné.

NOS ÉMOTIONS SONT LES MESSAGÈRES DE NOS BESOINS

Quand je me sens triste, j’ai besoin de présence, de réconfort, de soutien, de soulagement

– Quand j’ai peur, j’ai besoin de sécurité, de protection, d’être rassuré(e)

– Quand je me sens en colère, j’ai besoin d’être entendu(e), compris(e), respecté(e) ou d’établir des limites

– Le dégoût me pousse à être vigilant(e) par rapport à ce que j’avale au sens propre comme au sens figuré Quand je ressens du dégoût, j’ai besoin de rejeter quelque chose que je ne peux pas assimiler

– La surprise m’informe sur le caractère inattendu ou inhabituel d’une situation et c’est l’émotion qui la suit directement qui va m’informer sur mon besoin.

– Quand je ressens de la joie, j’ai besoin de la partager.

LA DIFFÉRENCE ENTRE UNE ÉMOTION ET UN SENTIMENT

Si l’émotion est une énergie, une réaction brève et spontanée de l’organisme, le sentiment lui, passe par le mental et nous le ressentons plus durablement. Il évolue avec le temps : il naît, il grandit puis il disparaît. Parfois un sentiment naît à partir d’émotions qui se mélangent : par exemple la peur se mélange avec la colère, la joie se mélange avec la surprise, la tristesse se mélange avec le dégoût, etc. Et les sentiments peuvent aussi se mélanger entre eux : nous ressentons de la confusion mêlée à de la jalousie, nous ressentons de l’embarras en même temps que de de l’enthousiasme… Tout cela crée la richesse de tout ce que nous pouvons ressentir en tant qu’être humain, même si au quotidien nous avons plutôt l’habitude de ressentir toujours le même « menu » d’émotions et de sentiments récurrents.

Voici des exemples de sentiments qui sont susceptibles de générer des comportements limitants

– La culpabilité. Je ressens de la culpabilité quand je pense que j’ai fait quelque chose de mal. C’est un sentiment qui me rappelle que je suis humain(e) mais qui devient limitant lorsque je me sens coupable sans raison valable.

Je peux toutefois transformer un sentiment de culpabilité en sentiment de responsabilité en reconnaissant et en acceptant ma faute ou mon erreur si j’en ai commise une Je me sens alors responsable et non plus coupable car j’ai appris de cette expérience.

– La honte. Je ressens de la honte quand je me demande ce que les autres vont penser de moi ou quand j’estime que je suis diminué(e) en tant que personne

La honte est un sentiment qui nous coupe des autres. Nous ne pouvons rien construire sur de la honte parce qu’elle porte souvent sur « qui nous sommes » plutôt que sur « ce que nous faisons » Pour sortir de la honte, il est souvent utile de se faire accompagner par un professionnel dans le but de restaurer l’estime de soi.

– La jalousie. C’est un sentiment qui mélange les émotions de tristesse, de peur et de colère

Je me sens jaloux(se) quand j’ai peur de perdre ma place, de ne plus être aimé(e), de ne pas être à la hauteur… C’est un sentiment qui est en lien avec le besoin de sécurité.

Pour sortir de la jalousie, un bon moyen est de retisser un lien de confiance avec l’autre

Bien d’autres sentiments peuvent nous pousser à avoir des comportements qui nous déplaisent ou dont nous souhaitons nous débarrasser. Citons encore la déception, la frustration ou l’ennui.

EXPRIMER NOS ÉMOTIONS

Notre capacité à ressentir et à exprimer nos émotions dépend largement de notre éducation et des échanges que nous avons vécus depuis notre arrivée au monde. Un enfant a besoin que ses parents ou que les adultes qui s’occupent de lui, reconnaissent et nomment ses émotions, c’est ce qui l’aide à se familiariser avec elles et à les exprimer Malheureusement, selon la relation des parents à leur propre monde émotionnel, l’enfant peut apprendre à ignorer ce qu’il ressent, à le rejeter ou encore à faire du troc émotionnel, c’està-dire à remplacer une émotion par une autre qui est plus valorisée ou mieux acceptée par son entourage.

C’est le cas de Romane, qui a pris l’habitude de remplacer sa tristesse par de la colère. Une habitude dont elle se rend compte lorsqu’elle commence à partager sincèrement ce qu’elle ressent en thérapie Romane dit qu’elle a été élevée par une maman qui se servait, elle aussi, de la colère pour cacher sa tristesse de femme quittée et sa solitude de maman célibataire.

Quand les émotions sont réprimées dans la famille, cela se transmet de parent à enfant et cela étouffe l’estime de soi de chacun. L’enfant apprend à craindre ce qu’il ressent, à s’en méfier ou à s’en couper. Il devient un adulte mal à l’aise avec ses émotions et ne peut plus être authentique. Certaines personnes cherchent par exemple à éviter leurs émotions mais l’intensité qu’elles ressentent

les submerge. Comme Périnne qui a mis en place des comportements compulsifs : sur son lieu de travail et à son domicile, elle perd beaucoup de temps à répéter les mêmes gestes pour fermer et vérifier encore et encore que les portes et les fenêtres sont bien fermées. Au cours de son accompagnement et en se connectant à son ressenti, elle ose s’approcher de sa peur d’enfant : une nuit en classe de neige, un inconnu avait pénétré le dortoir des filles et l’avait réveillée. Elle n’avait jamais osé parler de sa peur.

D’autres personnes, qui ont pris l’habitude de ravaler leurs émotions, se rongent intérieurement en ruminant. Hervé lui n’a jamais pu exprimer sa colère contre son père, qui a préféré engager son cousin plutôt que son fils à un poste clé de l’entreprise familiale Il dort mal, il parle à ceux qu’il aime sur un ton agressif et cultive du ressentiment envers son père, son cousin et contre lui-même en se jugeant « lâche » et « nul ».

Il existe aussi toutes sortes de croyances qui limitent l’expression saine des émotions. Combien de jeunes garçons entendent : « Si tu veux être un homme, tu ne dois pas pleurer. » Comme si un homme devait être insensible pour être viril. Et des petites filles entendent elles aussi des choses comme : « Tu n’es pas belle quand tu pleures. » Comme s’il y’avait un lien entre la beauté et le fait de montrer ses émotions.

Dans certaines familles, encore aujourd’hui, les émotions sont réprimées sous prétexte que « l’on doit se maîtriser ». Pourtant le fait de maîtriser ses émotions n’a rien à voir avec le fait de réprimer ce que nous ressentons. Heureusement les choses commencent à changer, à l’école par exemple où dès la maternelle on apprend les

émotions aux enfants en leur permettant d’associer ce qu’ils ressentent à des couleurs pour pouvoir mieux les reconnaître.

Dans le monde de l’entreprise aussi le rapport aux émotions évolue grâce aux managers qui se forment à des outils utiles comme la communication non violente (CNV) qui permet d’exprimer simplement ce que nous ressentons et ce dont nous avons besoin.

COMMENT VOTRE FAMILLE ACCUEILLAIT-ELLE VOS ÉMOTIONS ?

Voici un exercice inspiré du travail des thérapeutes Mary et Robert Goulding.

J’imagine que je suis à nouveau enfant dans la famille et avec les adultes auprès desquels j’ai grandi. Pour chacune des situations proposées, j’imagine que j’arrive en courant et que je dis à tout le monde comment je me sens.

Par exemple :

– Je suis tombé(e) et je me suis fait mal. J’arrive en courant, en pleurant et en montrant mon genou égratigné. Que me disent les adultes ? Que se disent-ils entre eux ? Comment réagissent-ils à mes pleurs ? Que font-ils pour mon genou ?

– Je suis triste car j’ai perdu mon animal de compagnie.

– Je suis en colère et je crie parce qu’à l’école on m’a volé mes affaires.

– Je suis en colère contre ma mère car elle a oublié de glisser mon goûter dans mes affaires.

– J’ai peur car je dois aller chez le dentiste.

– Je suis jaloux(se) d’un(e) ami(e) qui a reçu un nouveau jeu et je veux le même.

– J’ai honte et je bafouille car j’ai mouillé ma culotte et les autres se sont moqués de moi.

J’arrive en riant car je suis heureux(se) d’avoir obtenu une très bonne note.

– J’arrive en riant sans savoir pourquoi, je me sens plein(e) de joie, j’ai envie de m’amuser.

Parmi ces émotions et ces sentiments lesquels étaient reconnus, appréciés ?

Lesquels étaient ignorés ou réprimés ?

Et vous, aujourd’hui, comment les considérez-vous ?

Comment vous comportez-vous quand vous les ressentez ?

Les thérapeutes spécialistes du travail émotionnel emploient cette expression pour décrire ce qu’ils ont constaté chez leurs patients : lorsque les émotions et les sentiments ne sont pas reconnus ni exprimés, ils génèrent des tensions qui peuvent devenir des symptômes, ce qui avec le temps peut engendrer des maladies psychosomatiques.

Jasmine par exemple se plaint régulièrement de brûlures à l’œsophage et à l’estomac Lors d’une séance où elle travaille sur ses émotions, elle fait le lien avec une phrase qu’elle répète souvent : « Je ravale ma colère. » En retournant dans ses souvenirs d’adolescente à la rencontre de cette partie d’elle, elle comprend que dans sa famille, l’expression de la colère n’a pas sa place. En se donnant enfin la permission d’accueillir ce qu’elle ressent et d’exprimer la façon dont elle souhaite désormais être respectée, son symptôme disparaît.

À cela nous pouvons ajouter qu’une émotion intériorisée, c’est-àdire une émotion qui ne peut pas s’exprimer pendant longtemps,

« TOUT CE QUI NE S’EXPRIME PAS, S’IMPRIME »

risque de « contaminer » la personnalité pour devenir un trait de caractère ou un état d’esprit permanent. C’est le cas de Sabine qui se décrit comme « une femme en colère qui en veut à la Terre entière ». Elle confond alors son identité avec ses émotions. Il y a pourtant une distinction essentielle à faire : si nous ressentons des émotions, nous ne sommes pas nos émotions.

JE REMONTE À L’ORIGINE DE MES SENSATIONS

Je pense à un symptôme physique que je ressens de manière récurrente et que je connais bien. Par exemple : un mal de tête, des brûlures d’estomac, un mal de ventre, un mal de dos, des maux de gorge, etc.

Je ressens à nouveau les sensations qui accompagnent ce symptôme et je laisse venir spontanément ce qui me vient à l’esprit : des pensées, des images, des mots, etc.

Je choisis un mot précis pour nommer ce que je ressens. Tout en restant en contact avec cette émotion ou ce sentiment, je laisse mon esprit repartir dans le passé pour retrouver une situation plus ancienne lors de laquelle j’ai ressenti la même chose. Et peut-être même la toute première fois lors de laquelle j’ai ressenti la même chose.

J’accueille ce qui vient et je note ce qui est remonté à ma conscience.

Quel âge aviez-vous dans ce souvenir ? Peut-être aviez-vous

complètement oublié cette expérience du passé. Peut-être vous en souveniez-vous mais sans faire de lien avec votre symptôme

d’aujourd’hui. Quand une expérience du passé remonte à la conscience, c’est qu’il y a de fortes chances pour que vous disposiez à présent des ressources nécessaires permettant de la transformer en apprentissage. Même si vous n’en êtes pas conscient, vous avez une mémoire sensorielle. Les joies, les peurs, les tristesses ou les colères de votre enfance continuent de vous toucher alors que vous êtes devenu(e) adulte. Une situation du présent réactive un souvenir et vous vous sentez à nouveau triste, effrayé(e), ou en colère sans forcément vous souvenir de la situation d’origine.

Quand une émotion devient trop envahissante, elle agit comme un élastique qui vous tire en arrière : c’est votre enfant intérieur qui vous appelle avec insistance pour que l’adulte que vous êtes devenu revienne dans le passé pour l’aider. C’est ce que vous allez apprendre à faire en vous mettant à l’écoute de vos émotions ici et maintenant. Car dès sa naissance, un petit enfant ressent et exprime spontanément ses émotions même s’il ne sait pas parler. Et pour que vous puissiez reprendre contact avec cette capacité naturelle, vous avez besoin d’accepter ce qui est là, présent en vous, à travers vos sensations.

Le fait d’accueillir son émotion est une expérience simple à vivre au quotidien :

– lorsqu’une émotion émerge, portez votre attention sur votre corps et sur vos sensations, sans chercher à les juger, à les analyser ou à les commenter ;

– laissez vos sensations évoluer naturellement ;

– observez la façon dont l’émotion évolue et se dissout d’elle-même pour laisser place à de l’apaisement.

Pour Luc Nicon, créateur de la méthode TIPI1 , le fait de « revivre sensoriellement » constitue une méthode simple et rapide qui permet de se libérer des émotions envahissantes : en accueillant nos émotions et en laissant vivre la peur, la colère ou la tristesse nous laissons notre système nerveux sympathique faire son travail et nous apprenons naturellement à nous apaiser. C’est comme un entraînement : plus nous le faisons, plus nous prenons l’habitude de le faire et plus cela devient facile et naturel.

MON ÉMOTION EN PLEINE CONSCIENCE

Je choisis une expérience récente lors de laquelle j’ai ressenti de la peur. Je peux choisir une autre émotion comme la colère ou la tristesse.

Je ferme les yeux et je revis cette expérience en imagination : je revois tout ce qu’il y a à voir, j’entends tout ce qu’il y a à entendre et je ressens toutes les sensations qui sont les miennes quand je ressens de la peur.

J’observe dans quel(s) endroit(s) de mon corps je ressens la peur.

J’évalue son intensité en lui donnant une note sur une échelle de 0 à 10.

Et tout en ressentant la peur, je répète plusieurs fois cette phrase : « En ce moment je suis en train de ressentir de la peur et j’accepte de ressentir la peur. »

Puis je respire profondément en dirigeant mon souffle sur cet endroit où je ressens la peur.

Après quelques répétitions et respirations profondes, je mesure à nouveau l’intensité de ma peur. Quand le niveau est proche de 0, je termine en disant : « En ce moment je ressens ce que je ressens et je m’accepte tel(le) que je suis. »

FAITES CORPS AVEC VOS ÉMOTIONS

C’est la proposition que nous vous faisons pour que vous puissiez partir à la rencontre de votre enfant intérieur : accueillez ce que vous ressentez et laissez venir ce qui vient. Suivez le fil de votre émotion jusqu’à retrouver des situations plus anciennes et peut-être la première fois où vous avez ressenti la même chose.

J’APPRENDS À REMONTER À L’ORIGINE DE MON ÉMOTION

Je choisis une situation récente au cours de laquelle j’ai ressenti une émotion comme la peur, la colère ou la tristesse.

Je ferme les yeux et je revis cette situation en imagination : je revois tout ce qu’il y a à voir, j’entends tout ce qu’il y a à entendre et je ressens toutes les sensations qui sont les miennes.

Tout en restant en contact avec cette émotion, je laisse mon esprit repartir dans le passé pour retrouver des situations plus anciennes lors desquelles j’ai ressenti la même chose.

Et peut-être que je retrouve aussi la toute première fois où j’ai ressenti la même chose.

J’accueille tout ce qui me vient : les pensées, les images et les mots

Quand j’ai terminé, j’ouvre les yeux et je note les souvenirs qui me sont revenus en précisant l’âge que j’avais dans chacune de ces situations.

Dans le modèle de l’enfant intérieur, votre émotion est votre fil conducteur pour entrer en contact avec vos parties « enfant ». Vous vous servez de ce que vous ressentez au présent pour retourner dans le passé. Et selon l’âge de la partie « enfant » que vous retrouvez, vous allez apprendre à laisser émerger sa voix, à accueillir tout ce qu’elle ressent et à lui permettre de l’exprimer pleinement.

Quand l’émotion du passé est validée, cela devient plus facile d’identifier le besoin qui est resté insatisfait. Vous constaterez que ce simple travail, provoque rapidement un changement. C’est comme si votre enfant intérieur vous disait : « Enfin tu m’entends, enfin tu me comprends. »

CHAPITRE 5

LES RESSOURCES DE VOTRE ENFANT INTÉRIEUR

Si vos parties « enfant » ont des besoins qui s’expriment à travers des émotions et parfois à travers des comportements limitants, elles ont aussi des qualités à vous offrir. Ce sont les ressources de votre enfant intérieur que nous allons découvrir à présent. Pour commencer, souvenez-vous simplement de bons moments de votre vie d’enfant

JE RETROUVE DES SOUVENIRS HEUREUX

Je m’installe dans un endroit où je ne serai pas dérangé(e) et je laisse mon esprit flotter librement vers un passé heureux

Je prends tout le temps qui m’est nécessaire pour revivre chaque événement qui me revient en ressentant toutes les émotions positives liées à cette expérience.

Je retourne au début de ma vie, du plus loin que je m’en souvienne. J’accueille ce qui vient : les images, les sons, les paroles, les ressentis… Tout ce qui m’évoque des moments heureux ou agréables. Comme les impressions, ou peut-être les visages des personnes qui m’ont aimé(e), qui m’ont soutenu(e), encouragé(e), valorisé(e). Des personnes qui ont pris soin de moi en se montrant affectueuses, protectrices, apaisantes. Les ami(e)s avec lesquels j’aimais jouer. Les décors et les lieux dans lesquels je me suis senti(e) en sécurité. Les activités qui me plaisaient. Les situations au cours desquelles je me suis senti(e) vivant(e), j’ai ressenti de la confiance en moi Les décisions que j’ai prises et dont je suis fier(e).

Je laisse venir tout ce qui vient spontanément et qui me rend heureux(se) encore aujourd’hui en y repensant.

Quand j’ai fini, je fais une liste chronologique de ces souvenirs heureux. Plus vous vous remémorez de bons souvenirs, plus vous renforcez dans votre cerveau les circuits de neurones qui leurs sont associés. Et plus ces circuits sont forts, plus de bons souvenirs peuvent encore revenir et enrichir votre mémoire. En revivant les expériences positives du passé à travers vos souvenirs et vos sensations, vous retrouvez des parties « enfant » pleine de ressources. On qualifie alors l’enfant intérieur de libre, joyeux, créatif… ce sont quelquesuns des mots qui décrivent ce potentiel naturellement présent en vous, même si en devenant adulte, vous avez peut-être caché ces ressources ou les avez mises à l’écart de votre personnalité.

JE ME SOUVIENS DE MES QUALITÉS ET DES COMPLIMENTS QUE JE RECEVAIS

À partir de ma liste de souvenirs heureux ou en regardant différentes photos de moi enfant, je me demande : Quelles sont les qualités que les autres me reconnaissaient ?

Est-ce qu’on me faisait des compliments, lesquels ?

Qu’est ce qui me caractérisait, qu’est-ce qui faisait ma différence ou me rendait unique ?

Que disait-on de moi ? (Par exemple : il est curieux, malin, intelligent, espiègle, joyeux, astucieux…).

J’écris ce qui me vient spontanément à l’esprit et je complète ma liste au fil de ma lecture.

IL EST TOUJOURS POSSIBLE DE RETROUVER SON ÂME D’ENFANT

Retrouver son âme d’enfant n’est pas qu’une expression. Concrètement, cela signifie être capable de s’amuser comme un enfant : jouer, éclater de rire, manifester un côté espiègle, se montrer enthousiaste, curieux ou spontané… Cela veut dire aussi vous souvenir simplement de ce qui vous plaisait ou de ce qui vous passionnait à tel ou tel âge de votre enfance et de votre adolescence.

Retrouver une âme d’enfant c’est comme retrouver une liberté en soi, puisqu’un enfant est fondamentalement libre. Si vous n’avez pas

reçu les permissions nécessaires pour vivre cette liberté, vous pouvez apprendre à vous les offrir aujourd’hui.

TOUS LES ENFANTS ONT LA CAPACITÉ DE S’ÉMERVEILLER

Tony est un adulte très occupé par son emploi d’agent commercial mais il prend le temps de rêver le week-end en feuilletant des guides de voyage : « J’ai encore des rêves à réaliser et des destinations à explorer, je suis toujours l’aventurier que j’imaginais être enfant. »

Grâce à son imaginaire, un enfant ne perçoit pas la réalité comme un adulte Son imagination fait de lui un expert du jeu et des contes En jouant et en se racontant toutes sortes d’histoires, il peut développer ses capacités physiques et émotionnelles : il apprend plus vite, il trouve des solutions, il se libère du poids de certaines émotions… Alors qu’une fois adulte, nous devenons sérieux, responsables, nous nous efforçons de garder le contrôle et les pieds sur terre.

Et vous, savez-vous encore vous émerveiller ? Et vous amuser, savez-vous encore le faire ? Trop d’adultes s’en empêchent. Cela semble plus facile de se moquer, de pratiquer l’ironie ou l’humour noir. C’est d’ailleurs devenu un sport à la mode de faire de l’ironie en croyant faire de l’humour. Et pourtant, il y a une grande différence entre les deux : avec l’humour tout le monde rit, avec l’ironie il y en a un(e)

qui rit jaune

L’ironie, blesse et laisse des cicatrices, c’est ce que nous constatons régulièrement chez nos patients qui ont été marqués par les moqueries des adultes ou des autres enfants. Tandis que le fait

de rire ensemble, c’est-à-dire en impliquant chacun dans le plaisir de s’amuser et en prenant soin des autres, cela renforce l’estime de soi de tous.

JE ME SOUVIENS…

À quoi est-ce que j’aimais jouer ?

Quels adultes jouaient avec moi ?

Comment ai-je appris à gagner et à perdre ?

Quel genre de blagues me faisaient rire ?

Quel genre de personnages, de film, d’histoires me plaisaient ?

Quels étaient mes héros d’enfance ? Mes histoires préférées ?

Que faisais-je pendant mes vacances ?

Quels étaient mes loisirs d’enfant et d’adolescent(e) ?

… et aujourd’hui comment est-ce que je m’amuse en tant qu’adulte ?

Votre enfant intérieur vous invite à jouer avec la vie et à ne pas vous prendre trop au sérieux. D’ailleurs, un bon moyen de rester en lien avec lui, c’est de vous offrir de vrais moments de jeu et d’amusement. S’amuser cela veut dire faire des choses pour le plaisir et pour se détendre. C’est un bon moyen de se débarrasser des tensions nerveuses. D’un point de vue physiologique, jouer et s’amuser réduit le stress et favorise la libération d’endorphines qui nous calment et diffusent en nous une énergie positive.

S’amuser comme un enfant alors qu’on est adulte, cela prend des formes très diverses comme jouer, rire, chanter, danser, nager, faire des randonnées, cuisiner ou jouer de la musique… Peu importe l’activité tant qu’elle vous procure du plaisir et de l’amusement et qu’elle vous permet d’extérioriser votre joie.

Pour Odile et Damien, c’est comme une évidence dans leur vie de couple : « On cherche des moyens de s’amuser ensemble Cela peut aussi bien se faire à travers un cours de cuisine thaï ou une attraction dont on nous a parlé comme les escape games qu’on adore. C’est très important pour nous de garder ce côté joueur à deux. » Rappelez-vous, que la joie est une de nos émotions de base et que le besoin fondamental qui lui est associé est le besoin de partager. Alors partagez votre joie…

JOUER NOUS RAJEUNIT ET NOUS REND PLUS POSITIFS

C’est une des premières choses que vous avez appris à faire. Bien avant que l’on vous apprenne des notions comme la productivité ou l’efficacité. Souvenez-vous des moments lors desquels votre cœur s’ouvrait naturellement au plaisir de jouer. Vous saviez vous distraire sans vous sentir coupable. Ce sens du jeu et de l’amusement est là en vous, depuis toujours, c’est quelque chose d’inné.

Les enfants savent s’amuser : il leur est naturel de jouer avec les objets qu’ils trouvent et ils disposent toujours de moments dédiés à cette seule activité. Par exemple à l’école, il y a toujours eu des récréations. Parce qu’il est connu depuis longtemps que le temps

d’apprentissage et de travail doit être équilibré par des moments d’amusement et de détente.

Et vous, aujourd’hui, quelle est votre récréation d’adulte ? Cela peut être aussi simple que choisir un film pour la soirée, préparer un plat ou programmer une sortie dans la semaine… Consacrez-vous un moment pour ne faire que ce que vous aimez : c’est ça une récréation d’adulte

Julie a grandi dans une famille stricte dans laquelle les enfants n’avaient pas le droit de s’exprimer à table. Elle ne devait pas salir ses jolies robes de marque et ne pouvait pas non plus aller jouer avec les autres enfants de son âge Elle devait consacrer ses loisirs à apprendre le piano et la danse. Devenue une jeune adulte Julie a commencé à se défouler en prenant des drogues et en adoptant des conduites à risques. Effrayée par son rythme de vie et par certains de ses comportements actuels, Julie réalise combien certains de ses besoins de petite fille ont été niés. En accueillant ses parties « enfant », elle a ressenti beaucoup de compassion pour la petite Julie et a commencé un dialogue plein d’attention et d’affection avec elle. Par exemple elle lui a promis de lui faire plaisir en choisissant désormais de faire la fête sans prendre de risque pour sa santé et sa vie. Ce fut un engagement très fort de Julie, entre l’adulte et l’enfant intérieur, un engagement qui a eu pour résultat, par la suite, la réalisation d’œuvres créatives comme un livre et des musiques de films.

MON NUAGE DE RESSOURCES

Je me laisse repartir dans le temps pour retrouver de bons souvenirs de mon enfance et je regarde cette liste de mots :

Liberté / Rires / Insouciance / Spontanéité / Curiosité / Créativité

Débrouillardise / Intelligence / Habileté / Joie / Apprentissage

Émerveillement / Instant présent / Ouverture / Naïveté / Tendresse

Innocence / Fraîcheur / Amour / Sagesse / Imagination / Rêverie / Histoires

Je laisse revenir des situations que j’ai vécues, associées à chacune de ces ressources.

Je peux compléter la liste si mes souvenirs m’en évoquent d’autres.

Puis je me demande :

– Quelle place est-ce que je donne à ces ressources dans ma vie d’adulte ?

– Lesquelles peuvent toujours s’exprimer dans ma personnalité ?

– Lesquelles n’ont pas suffisamment de place ?

Vous l’avez compris, vos parties « enfant » ont bien des ressources à offrir à l’adulte que vous êtes devenu(e). Certaines d’entre elles vont particulièrement vous servir lors des exercices des prochains chapitres afin de reconsidérer votre passé et de vous libérer de vos blessures d’enfance :

– la curiosité : comme celle d’un enfant qui demande

« pourquoi ? », ou « comment ça marche ? ». Il s’agit d’une

curiosité qui a le goût de l’ouverture et de l’étonnement. Une curiosité qui répond aux besoins de comprendre, d’explorer et d’expérimenter. Elle n’est pas seulement intellectuelle, elle ouvre les portes de l’imagination car elle nous fait nous poser des questions comme : « Que se passerait-il si j’arrêtais de… ou si je me mettais à… ? », « et si j’essayais de faire les choses plutôt de cette manière-là, qu’est-ce que cela donnerait ? ».

– la capacité à vivre l’instant présent : comme les enfants qui vivent leur expérience avec simplicité et insouciance, comme les bébés qui s’absorbent pleinement dans l’instant, avec toute leur vitalité. C’est une ressource vraiment utile à l’adulte, lui permettant de réguler ses émotions et de s’apaiser naturellement.

– la créativité : tous les enfants vivent des moments où ils imaginent et ils inventent. Peu importe l’éducation qu’il reçoit et les conditions dans lesquelles il grandit, un enfant est créatif c’est-à-dire qu’il fait naître spontanément des idées dépourvues de préjugés Toutefois il arrive qu’en laissant s’exprimer sa créativité, un enfant prenne le risque d’être rejeté ou moqué, et en grandissant il peut perdre le contact avec cette ressource. La créativité c’est la capacité de faire des associations entre des idées. Nous avons tous cette capacité et nous pouvons tous nous en servir Lorsque nous sommes créatifs, nous voyons les choses différemment et littéralement, nous élargissons les connexions neuronales de notre cerveau. Pour un adulte, faire preuve de créativité, c’est imaginer des solutions au quotidien pour vivre mieux, dans tous les domaines de sa vie. Être créatif c’est tout simplement lâcher le contrôle pour changer sa façon de penser, assembler des sujets, des styles ou des matières… Par exemple, vous empruntez de nouvelles routes,

vous cuisinez un plat avec trois fois rien, vous vous lancez dans des travaux manuels, des loisirs créatifs, etc.

JE CHOISIS UNE ACTIVITÉ CRÉATIVE

Quand je me laisse aller dans une activité créative, je dialogue avec mon enfant intérieur. Ce n’est pas conscient, ce n’est pas verbal. C’est l’hémisphère droit de mon cerveau qui prend les commandes. Par exemple :

Je m’assieds sur mon lit ou par terre.

Je dispose devant moi des feuilles de papier de couleurs et de matières différentes et des images qui m’inspirent, une boîte de crayons, de feutres ou de pastels avec au moins une douzaine de couleurs différentes, des ciseaux, de l’adhésif…

Il ne s’agit pas de réaliser un tableau et encore moins une œuvre d’art. Je veux juste dessiner, assembler et coller sans consigne et sans but. Il s’agit de lâcher prise et cela peut être difficile. Et même si j’ai beaucoup entendu que « dans la vie il faut avoir des buts et des objectifs », avec ce dessin, je vais seulement m’amuser et jouer avec ma créativité. Le seul objectif est de m’amuser.

Je laisse mon esprit se détendre, et mes pensées défiler sans les arrêter. Je laisse mes mains choisir des crayons et des couleurs. Je me connecte à l’enfant qui est en moi et je dessine avec lui, tantôt de la main gauche, tantôt de la main droite.

Pour finir, je regarde mon dessin sans juger et avec bienveillance Je ressens le plaisir et la joie d’être en lien avec mon enfant intérieur.

Et c’est la même chose si je veux jouer de la musique : je

m’assieds devant mon instrument, je fais le vide en moi. Je lâche mes idées qui me dictent « comment je devrais jouer ».

Je fais taire tout ce qui est critique en moi Peu importe si je joue bien ou si je joue mal, je joue de la musique, je me connecte à l’enfant qui est en moi, je joue avec lui. Je ressens le plaisir et la joie d’être en lien avec mon enfant intérieur.

VOUS POUVEZ TOUJOURS APPRENDRE

Terminons ce chapitre en identifiant l’une de vos ressources les plus importantes. Elle vous accompagne depuis votre arrivée au monde et reste l’une des ressources les plus utiles dont vous disposiez : la capacité d’apprendre. C’est celle qui façonne le monde de l’enfant.

Un enfant qui se sent en sécurité a le plaisir d’apprendre. Il apprend vite quand il reçoit les informations adaptées à son âge et qu’il peut les intégrer dans un climat relationnel bienveillant qui lui donne la liberté d’essayer et de faire des erreurs Nous pensons que tout cela est aussi vrai pour l’adulte que vous êtes devenu(e) : vous pouvez toujours acquérir de nouvelles connaissances et les mettre en œuvre dans le but d’améliorer vos compétences ou la connaissance que vous avez de vous-même.

Refermons ce chapitre consacré aux ressources en vous rappelant qu’elles sont naturellement à votre disposition quand vous êtes au contact de votre enfant intérieur. Nous allons à présent explorer d’autres apprentissages de l’enfance Ceux que nous faisons au cours de situations difficiles et qui laissent des blessures aux parties

« enfant ».

CHAPITRE 6

LES BLESSURES DE L’ENFANCE

Peut-être avez-vous claqué la porte de votre enfance sans vraiment avoir envie de l’ouvrir à nouveau. L’enfance n’est pas un paradis perdu. On y trouve aussi des peurs, des chagrins, des blessures. Tous les enfants sont vulnérables et il suffit d’un regard sévère ou d’une parole blessante pour en garder un souvenir tenace. Parmi les blessures qui marquent l’enfance, on peut en distinguer certaines comme celles mises au jour par le psychiatre John Pierrakos puis popularisées par Lise Bourbeau :

– l’humiliation, quand les moqueries et les dévalorisations font ressentir à l’enfant un sentiment de honte à cause de son apparence, de ses capacités ou de sa personnalité ;

– l’injustice, car un enfant est très sensible au principe même de justice. Qu’il en soit victime ou témoin, cela nourrit en lui de la colère, du ressentiment et il peut devenir une personne susceptible qui veut tout contrôler, ou au contraire, un adulte craintif qui cache ses émotions ;

– le rejet, que ce soit par les parents, par l’entourage ou par les autres enfants. En devenant adulte, un enfant rejeté peut devenir très critique envers lui-même et ce qu’il entreprend ; il peut même finir par penser qu’il n’est bon à rien et se rejeter comme il l’a été

enfant. Il peut aussi rejeter les autres enfants et devenir harceleur ou agresseur ;

– l’abandon, blessure à travers laquelle un enfant apprend la peur de perdre quelqu’un qu’il aime ou quelqu’un d’important. Une fois adulte, la peur d’être abandonné devient pour lui un chaos qui le jette dans un tout ou rien affectif et relationnel ;

– la trahison, quand l’enfant se sent trahit par son parent si une promesse n’est pas tenue ou si la confiance qu’il a en son parent est trompée. Il peut devenir un adulte qui se réfugie dans le contrôle et s’efforce de cacher ses sentiments pour seulement montrer sa force sans s’avouer aucune vulnérabilité.

Mais la blessure la plus intime n’est pas toujours celle à laquelle on pense : elle n’est pas forcément liée aux situations vécues mais plutôt à l’impossibilité de n’avoir pu être entendue ou partagée. Car un enfant ne sait pas forcément mettre des mots sur son vécu, il réagit émotionnellement parce qu’il se sent mal à l’intérieur, sans forcément identifier ce dont il s’agit, ni pouvoir en parler ouvertement. C’est pourquoi il est si important d’écouter l’enfant à l’intérieur de soi et de reconnaître ses émotions. C’est un travail libérateur à tout âge.

Pour guérir les blessures de l’enfance, un accompagnement par un thérapeute sur le thème de l’estime de soi est réparateur. C’est un travail au cours duquel vous pouvez apprendre :

– à vous accepter tel(le) que vous êtes, avec vos émotions, vos besoins et vos valeurs,

– à vous apprécier en tant que personne et à être bienveillant(e) visà-vis de vous-même,

– à réguler vos émotions pour vous sentir plus à l’aise émotionnellement.

Pour aborder ce thème des blessures de l’enfant intérieur, nous souhaitons également différencier :

– les blessures issues des liens d’attachement,

– les blessures issues des expériences traumatiques que vous avez vécues,

– les blessures liées à des messages et des injonctions que vous avez reçus.

PRENDRE SOIN DES BLESSURES DU LIEN D’ATTACHEMENT

Un bébé arrive au monde avec un potentiel relationnel. Il a besoin de se connecter à son parent ou à l’adulte qui prend soin de lui. Cette connexion passe par les échanges de regards, de voix, les contacts physiques et les activités. Le parent qui prend soin de lui est fiable et satisfait les besoins de l’enfant. Le lien d’attachement lui sert à réguler ce qu’il ressent et à pouvoir faire confiance au monde extérieur. Cette confiance est primordiale pour lui permettre de développer un sentiment de sécurité intérieure.

L’expérience de l’attachement est rendue difficile si le parent est absent affectivement. Par exemple si la mère, de manière habituelle prend son bébé sans le regarder ou sans ressentir la chaleur du lien qui les relie, l’attachement se trouve fragilisé. Malheureusement de nombreux enfants ne reçoivent pas l’amour, la protection ou

l’attention dont ils ont besoin de la part de ceux qui sont supposés prendre soin d’eux.

Carole a 50 ans, elle fume depuis 35 ans et veut arrêter

Elle dit que la partie d’elle qui fume s’est mise en place à l’adolescence : « J’ai 15 ans et quand je fume je respire, je prends l’air, je me sens exister. »

Pourtant en suivant le fil de ce qu’elle ressent quand elle fume, Carole est surprise de faire le lien avec les conditions de sa naissance et de sa petite enfance :

– sa mère lui a raconté, qu’en arrivant au monde elle avait le cordon ombilical autour du cou et la sage-femme a eu peur que le bébé ne meure,

– dans les premiers mois de sa vie, sa mère ne s’est pas montrée affectueuse,

– pendant son enfance, elle l’a souvent entendue lui dire : « À cause de toi, j’ai failli mourir à l’accouchement. »

Ainsi dans la petite enfance de Carole, des besoins fondamentaux d’amour et de sécurité sont restés insatisfaits. Au cours de son coaching, Carole adulte a pu créer un nouveau lien avec la partie d’elle bébé Elle a appris à lui apporter de l’affection et de l’attention en s’imaginant prendre soin d’elle et en lui répétant des messages réparateurs comme : « Tu as le droit d’exister », « tu es importante pour moi ».

Les recherches en psychologie et en neurosciences ont montré que le style d’attachement vécu pendant la petite enfance s’imprime

dans les connexions du cerveau et y laisse un programme actif tout au long de la vie. Ce programme continue d’agir sur notre sentiment de sécurité intérieure, sur notre capacité à réguler nos émotions et sur notre manière de vivre nos relations. Toutefois, il existe des approches thérapeutiques, comme l’ICV1 (intégration du cycle de la vie), qui proposent des moyens concrets de restaurer le lien d’attachement.

Si vous avez vécu des traumatismes liés à votre naissance ou si l’expérience d’attachement que vous avez vécue vous laisse des blessures émotionnelles, nous vous invitons à vous faire accompagner par un professionnel de cette approche. Sachez aussi qu’une fois adulte, quand vous retrouvez une connexion authentique à l’autre, avec un(e) proche ou un(e) ami(e), quand vous pouvez partager vos émotions et vous sentir soutenu(e), cela renforce l’attachement qui vous a manqué enfant. Dans l’exercice qui suit, vous allez apprendre par vous-même à créer un lien d’amour avec votre bébé intérieur.

JE CRÉE UN LIEN DU CŒUR AVEC MON

BÉBÉ INTÉRIEUR

Je m’installe confortablement dans un endroit calme et paisible où je ne serai pas dérangé(e).

Je laisse aller mon imagination et je visualise un bébé : comme je peux l’imaginer, tel que j’ai envie de le tenir dans mes bras.

Je prends le temps de regarder son petit visage, ses petites mains… et je vois comme ce bébé est petit et sans défense. Je sens comme il est important, combien il a de la valeur

Tout en m’approchant pour le prendre contre moi, je sens la douceur de sa peau, son odeur et sa chaleur contre mon cœur. Ce bébé qui vient juste d’ouvrir les yeux sur le monde est déjà tellement important. Il a une grande valeur et il la gardera toujours. Je sens mon élan de tendresse pour ce bébé.

Et maintenant, j’imagine que ce bébé a mon visage au moment où je suis né(e). C’est mon bébé intérieur. Je vois comme il est petit, sans défense et comme c’est un beau bébé. Je me sens prêt(e) à lui donner toute la tendresse et l’attention dont il a besoin, et je fais tout ce qui est important pour ce bébé, tout ce que je peux lui donner maintenant pour qu’il se sente en sécurité. Et je saurai toujours comment faire lorsque ce bébé en moi aura besoin de se sentir aimé inconditionnellement. Je sais l’aimer en étant simplement là à son contact, en lui offrant de la tendresse et ce sentiment de sécurité, le sentiment d’être aimé(e) et d’être important(e).

Quand j’ai fini de prendre soin de mon bébé intérieur, je prends tout mon temps pour me réorienter, avec une ou deux respirations profondes et je reviens à l’instant présent pour continuer ma journée

SE LIBÉRER DES MESSAGES QUI BLESSENT

Ce sont des messages qui enferment et qui limitent, des messages qui coupent l’enfant de son potentiel parce qu’ils reposent sur des jugements de valeur et des comparaisons. Or un enfant pense de lui

ce que les autres pensent de lui. Si on lui reflète une image négative ou rabaissée, il ne peut pas développer une estime de soi positive.

S’il entend des messages comme « tu es lent », « tu es feignant », « tu ne comprends rien », il s’identifie à une incapacité alors qu’il ne

s’agit que d’une partie de lui qui a un comportement lent ou qui n’est pas motivée pour faire quelque chose. Si les parents et les enseignants le dévalorisent avec des notes ou des commentaires sévères, l’enfant grandit dans l’insécurité avec une mauvaise image de lui et se sent indigne d’être aimé et respecté.

Voici des exemples de ces messages. Il nous semble important de distinguer différents niveaux auxquels ils peuvent toucher la personne de l’enfant : son identité, son appartenance, ses capacités, ses émotions et ses comportements.

DES MESSAGES QUI BLESSENT L’IDENTITÉ

• Tu n’es vraiment pas normal(e)

• Tu es idiot(e)/débile/nul(le)

• Pour qui te prends-tu ?

• Tu ne vaux rien.

• Bébé/enfant, tu étais vraiment pénible/vraiment plus mignon

• Tu me rends malade/C’est à cause de toi que je suis malheureux(se)

• Tu n’as pas ta place ici/Tu n’as rien à faire avec nous.

• Tu n’es pas chez toi ici, tu es chez moi (chez nous…).

• Tu finiras tout(e) seul(e)

• Tes ami(e)s ne valent rien

• De toute façon, tu vas me/nous laisser tomber.

Des messages qui touchent les capacités

Des messages qui s’en prennent au sentiment d’appartenance

• Qu’est-ce que tu as dans la tête ?

• C’est idiot de penser comme ça.

• Je sais/on sait mieux que toi.

• Tu ne sais rien faire tout seul

• Ce n’est pas à toi de faire ça.

• Ça m’étonnerait que tu réussisses/que tu t’en sortes.

• Tu n’y arriveras pas/jamais.

• Ça va être vraiment difficile pour toi

• On ne peut pas te faire confiance/On ne peut pas compter sur toi.

Des messages qui blessent les émotions

• Il n’y a vraiment pas de quoi être triste/en colère/avoir peur

• C’est dans ta tête tout ça.

• Je vais te dire moi ce que tu ressens.

Des messages qui jugent les comportements

• Arrête de te faire remarquer.

• Tu déranges tout le monde.

• Tu as vu comment tu t’habilles/à quoi tu ressembles ?

• Tu ne peux donc pas rester tranquille ?

• Tu vas encore faire une bêtise.

Un enfant peut recevoir ces messages directement en les entendant de la bouche des adultes ou il peut les comprendre indirectement au travers du ton de la voix, des expressions du visage, des gestes d’exaspération, etc. Lorsqu’ils sont répétés par des personnes censées le protéger et l’éduquer, les messages

s’impriment profondément

dans le cerveau, l’enfant finit par les adopter comme des vérités à propos de lui-même. Ces messages négatifs, appelés aussi des injonctions, sont à l’origine des décisions prises dans l’enfance, ils conditionnent la façon de se considérer, et plus tard, la façon de vivre sa vie et ses relations.

Maintenant que vous êtes adulte, vous pouvez vous libérer de leur influence et apprendre à vous donner des permissions nouvelles qui s’adressent directement à l’enfant que vous étiez. Commencez par rendre conscients les jugements et les messages négatifs que vous avez reçus car lorsque vous les verbalisez, cela réduit leur impact émotionnel. Vous pouvez aussi imaginer qu’ils tournent dans votre tête comme de vieux disques rayés, qui méritent de finir à la cave ou à la poubelle. Répondez à ces messages, mettez-les en doute en vous appuyant sur vos capacités et sur les réussites que vous vous reconnaissez. Puis à chaque injonction, à chaque message négatif reçu, choisissez une permission nouvelle qui lui corresponde en vous aidant de la liste suivante.

J’AI LE DROIT DE

• Prendre soin de moi, identifier et satisfaire mes besoins

• Prendre ma place et exister parmi les autres.

• Être vraiment moi-même.

• Être écouté(e) et respecté(e)

• Aimer et être aimé(e), donner et recevoir de l’affection et de la tendresse

• Ressentir et exprimer ce que je ressens.

• Respecter mon corps et rechercher mon bien-être.

• Demander de l’aide

• Prendre le temps qui m’est nécessaire et suivre mon propre rythme

• Réussir ce qui est important pour moi, faire mes propres choix, prendre mes décisions

• Avoir mes propres idées, mes opinions, exprimer mon point de vue

• Découvrir et développer mes qualités et mes points forts.

• Faire des erreurs, me tromper.

• Apprendre et m’améliorer

• Dire non quand je veux dire non

• Agir comme je l’entends en me respectant et en respectant les autres.

• Refuser les critiques et les jugements dévalorisants.

• Choisir mes amis et mes relations

• M’amuser, avoir du plaisir

• Être heureux(se) et cultiver la joie de vivre.

• Laisser vivre l’enfant qui est en moi.

Vous pouvez aussi rendre les messages négatifs à celles et ceux qui vous les ont transmis C’est l’objet du prochain exercice

POUR ME LIBÉRER DES MESSAGES

ENTRAVANTS DU PASSÉ

Je dresse une liste de messages négatifs et des injonctions que j’ai reçus pendant mon enfance et j’identifie la (ou les) personnes qui me les ont délivrés : ces messages leur appartiennent.

Je m’installe tranquillement pour ne pas être dérangé(e) et j’imagine face à moi la personne qui est responsable du message. Je m’adresse à elle en lui disant par exemple :

Tu m’as répété que « je n’y arriverai jamais », que « je n’étais pas capable de réussir ». Cela t’appartient de croire cela.

C’est sous ta seule responsabilité. Moi, je crois, au contraire,

que « je suis capable de réussir » D’ailleurs la vie m’a prouvé que j’ai réussi de belles choses et je vais continuer à réussir. Je suis important(e), j’ai de la valeur et je mérite d’être heureux(se).

Puis je respire profondément et le soulagement que je ressens me libère du passé.

Je recommence avec chaque message négatif en identifiant à chaque fois la personne responsable et je peux également lui restituer son message à travers un objet qui le symbolise.

LES TRAUMAS, OU QUAND LA MALTRAITANCE LAISSE UNE EMPREINTE

La maltraitance de l’enfant est un sujet grave. Elle peut prendre des formes très diverses : physiques, émotionnelles, psychologiques ou éducatives ; par le biais des cris, des punitions, des menaces, des coups, de la soumission par la violence, de la manipulation ou de la culpabilisation… La maltraitance peut venir des parents, des adultes de l’entourage ou même d’autres enfants qui imposent du harcèlement. Dans ce cas, le mal-être que ressent l’enfant harcelé est un apprentissage terrible car il est ancré à la fois dans la honte de soi et dans la peur de l’autre Trop souvent en grandissant un enfant harcelé retourne le harcèlement contre lui-même ou contre les autres.

C’est le cas de Véronique qui au collège, pendant plusieurs années, a subi les moqueries et les humiliations d’un groupe de filles.

Pour éviter toute souffrance, Véronique avait décidé de ne plus jamais prendre de risque et de ne plus rien demander à personne. En grandissant elle est devenue une adulte qui ne sait pas demander de l’aide, une jeune femme pour qui la moindre demande à l’autre est impossible et cela lui pose bien des difficultés dans sa vie professionnelle.

Au cours du coaching, Véronique a pu se réapproprier cette partie d’elle enfant, qu’elle avait fini par rejeter comme les autres l’avaient rejetée. En apprenant à devenir un parent bienveillant pour son enfant intérieur, elle a pu se connecter à nouveau aux besoins et aux ressources qu’elle portait en elle mais qui restaient étouffés par des règles trop rigides.

Tout cela lui a permis de mieux faire la distinction entre d’un côté, ses capacités et ses comportements et de l’autre son identité et sa valeur en tant que personne. En se reliant à son histoire passée, elle a pu désactiver les ressentis qui la limitaient au présent et a appris aussi à choisir les personnes auprès desquelles elle pouvait trouver du soutien.

Toute forme de maltraitance pendant le développement d’un enfant, lui laisse des empreintes émotionnelles, psychiques et physiologiques : en plein développement le cerveau ne peut pas s’appuyer sur son potentiel, les circuits qui relient le cortex cérébral aux zones émotionnelles ne s’impriment pas durablement et l’enfant n’apprend pas à réguler ce qu’il ressent. C’est pourquoi un traumatisme ou une situation contraignante qui dure dans le temps peut affecter le corps et l’esprit pendant des années. Certains adultes se sentent littéralement définis par les messages

dévalorisants qu’ils ont reçus enfant. D’autres considèrent que toute leur vie est déterminée par les expériences difficiles qu’ils ont vécues, restant sans aucun espoir de voir les choses changer.

QUAND LA MALTRAITANCE EST VÉCUE DANS LA FAMILLE

Dans une famille saine les besoins de chacun sont satisfaits, la communication est possible et sensible avec de l’attention et de l’affection : on s’écoute et on peut être soi-même, libre d’exprimer ses idées et son point de vue. L’ambiance est stable, il y a de l’équité, de l’humour, du respect et de la considération pour chacun.

À l’inverse, dans une famille qui dysfonctionne, il n’est pas permis d’être soi, il n’y a pas de proximité, pas d’écoute authentique : on a peur d’être moqué ou puni, les règles de vie sont injustes, l’ambiance est imprévisible ou trop autoritaire. Par exemple les parents contrôlent l’enfant ou lui mettent la pression des résultats et des performances. Cela est très stressant pour lui d’être sous le poids des exigences et des comparaisons.

Mathieu a grandi dans un cadre qui lui imposait d’être très performant à l’école comme dans ses loisirs : il fallait être « le premier de la classe » ou « le meilleur » au piano pour être considéré par son père. Très tôt il en a conclu : « Je ne peux avoir l’attention et l’amour dont j’ai besoin à moins d’être parfait » Et pour que son besoin de considération soit satisfait, il a appris à être perfectionniste.

D’ailleurs son père l’aimait comme ça, il voulait que son fils soit le meilleur et répétait souvent pendant les repas de famille, en riant : « Pour Mathieu tout doit toujours être parfait. » Mais le fait d’essayer d’être parfait est un projet absurde et sans fin. L’idée de perfection n’est pas réaliste, ni cohérente avec la condition humaine : nous sommes humains, nous sommes vulnérables, nous sommes imparfaits. Mathieu a mis du temps à le comprendre et à se détacher de ses standards de perfection. Un jour, au cours de son coaching il dit : « Il y a quelque chose de vraiment hypocrite et d’idiot dans tout ça… Franchement maintenant c’est clair, mon père était loin d’être parfait. »

Pour apaiser le stress qui l’a suivi jusque dans sa vie d’adulte et pour se donner enfin une estime de soi positive, Juliette apprend à reconnaître ses propres valeurs et à se choisir de nouveaux standards qui correspondent à la jeune femme qu’elle est aujourd’hui. Par exemple elle choisit de « grandir plutôt que réussir », de « comprendre plutôt que tout connaître et tout maîtriser », elle se remet avec motivation à apprendre un nouveau métier et à choisir de nouveaux loisirs, avec l’envie de se faire plaisir.

Enfant et adolescente, la plus profonde de ses motivations était d’être reconnue par ses parents. Elle a toujours fait les choses pour leur plaire et pour se sentir aimée. Mais cette course aux diplômes et à une certaine forme de réussite a nourri un grand vide intérieur que Juliette cherche encore à combler avec de la nourriture et des crises de boulimie.

Si comme Juliette ou Mathieu vous poursuivez un but fixé par vos parents, alors les critères de cette réussite ne vous appartiennent pas. Ce sont ceux de vos parents et vous pouvez avoir l’impression de ne pas vous réaliser ou de ne jamais vous épanouir pleinement.

Le fait de chercher à atteindre les objectifs énoncés par les autres vous éloigne de vous-même.

De même, un enfant qui ne trouve pas suffisamment de limites est confronté à un stress. Évoquons par exemple le cas d’un enfant dont les parents le laissent livré à lui-même sans véritable attention envers l’ensemble de ses besoins. C’est ce qu’a vécu Gérald, troisième et dernier enfant de la famille. Dès son arrivée au collège il a commencé à jouer les durs. Il s’est mis à sécher les cours, à fumer, à prendre des drogues avec des copains plus âgés. Il a décidé d’arrêter son parcours scolaire avant de terminer le lycée pour se diriger vers une formation professionnelle. Devenu aujourd’hui adulte, il regrette de n’avoir pas trouvé d’aide sur son chemin d’adolescent et en veut à son père de l’avoir laissé seul prendre ses décisions, sans véritable intérêt ni attention pour son avenir.

RECONNAÎTRE LES MANQUES EN SOI

Bien sûr, ce n’est pas facile de reconnaître les manques dans son éducation et en particulier :

la négligence des parents, lorsqu’ils n’ont pas su vous donner ce dont vous aviez besoin ou qu’ils n’ont pas voulu s’en occuper ;

– leur abandon, quand ils n’ont pas passé suffisamment de temps avec l’enfant que vous étiez ou qu’ils se sont montrés émotionnellement indisponibles ou incapables de vous comprendre ;

– leur abus, s’ils vous ont utilisé(e) pour satisfaire leurs propres besoins alors que vous ne pouviez ni vous protéger ni fuir car vous étiez dépendant d’eux pour survivre.

Entendons-nous, il ne s’agit pas d’accuser et de condamner des parents qui dans la plupart des cas ont fait ce qu’ils ont pu, euxmêmes marqués par leur propre histoire et leurs propres manques Notre intention est plutôt d’informer les parents pour éviter certaines erreurs. Car en lien avec l’amour ou l’absence d’amour de nos parents, nous héritons également de leur histoire, c’est-à-dire de celle de nos grands-parents et de nos ancêtres. Chaque génération peut ainsi souffrir et transmettre une histoire imprégnée de tristesse, de peur, de colère, de manques ou d’incapacités.

Les enfants traumatisés par leurs parents ne savent pas que leurs parents ont eux-mêmes été traumatisés en tant qu’enfants Ce qui rend la situation encore plus difficile, c’est que la plupart de ces parents ne sont pas conscients de la maltraitance qu’ils ont subie. Ils ne la reconnaissent pas car ce qu’ils ont vécu leur paraît normal et depuis toujours il ne leur a pas été permis de se défendre. Une fois adultes, ils ne comprennent pas pourquoi ils ont des problèmes relationnels ou des difficultés à faire des choix. Ils se trouvent sans envie, ou encore ils traversent des crises qui les laissent dans l’incompréhension… alors que depuis l’enfance il leur manque

certains apprentissages ou que certains de leurs besoins n’ont pas été pris en compte.

Si vous avez été un(e) enfant maltraité(e), si vous avez subi la violence ou l’abus des adultes, vous n’avez pas à porter seul(e) ce fardeau, vous pouvez en parler librement, en choisissant un thérapeute capable de comprendre ce que vous ressentez : la peur, la colère, l’indignation, la culpabilité, la honte, le dégoût Le fait de libérer votre parole avec un professionnel vous permettra de vivre vos émotions dans un lieu sécurisant et de transformer ces expériences négatives en apprentissages, en leur donnant du sens.

Aujourd’hui, nous sommes tous appelés à être vigilants : si vous êtes témoin de maltraitance, n’attendez pas, agissez pour le bien de l’enfant. Même si le sujet reste tabou dans certaines familles, communiquez les numéros d’urgence pour ne pas laisser la maltraitance s’installer. Aujourd’hui que nous soyons témoin ou victime de maltraitance, nous pouvons agir vite.

Pour prendre soin des blessures de l’enfance, tout le monde n’a pas besoin de thérapie et aujourd’hui, en tant qu’adulte vous pouvez

vous-même :

– reconnaître ce dont vous avez manqué et prendre la défense de l’enfant que vous étiez,

– apprendre les bases de l’estime de soi et de la confiance en soi.

La personne que vous êtes aujourd’hui peut réfléchir aux raisons pour lesquelles les choses se sont déroulées comme elles se sont déroulées et pourquoi les adultes se sont comportés comme ils l’ont fait. Ce sont des prises de conscience qui apportent de la cohérence et aussi de l’apaisement. Vous êtes la personne qui connaît le mieux

cet enfant et vous pouvez devenir pour lui un parent bienveillant qui le comprend, le soutient et l’aide à penser du bien de lui.

RECONSIDÉRER LES SITUATIONS DIFFICILES

Qu’est-ce qu’une situation difficile ? C’est une situation qui déborde émotionnellement l’enfant, une situation à laquelle il ne peut faire face car il n’a pas encore acquis les capacités nécessaires. Pour la traverser, il aurait besoin du soutien d’un adulte bienveillant qui accueille et comprenne ce qu’il a vécu, mais il reste seul avec ses ressentis. Or, quand nous nous sentons dépassé émotionnellement et que nous ne pouvons pas parler de ce que nous vivons, l’expérience s’installe dans le cerveau, dans des réseaux neuronaux qui restent isolés. Autrement dit, un enfant qui n’a pas résolu une situation dans le passé, conserve son émotion et son besoin. Cette partie de lui reste isolée de l’ensemble de sa personne qui, elle, a poursuivi son développement. Il devient un adulte dont l’enfant intérieur est coupé des capacités et des ressources acquises depuis ce temps passé.

Benoît dirige une PME. Ses collaborateurs lui reprochent d’être « dur et cassant ». Au bureau les relations sont tendues, en particulier avec son assistante car Benoît ne supporte pas de l’entendre « pleurnicher ». Il pense que « les gens qui pleurent sont faibles », il faut donc « être fort et ne pas se laisser aller ». Dans sa vie personnelle, Benoît a une attitude différente : il se montre compréhensif avec ses enfants et est capable de leur manifester de la tendresse.

Au cours d’une séance, il est surpris de retrouver une expérience, de son enfance : à 5 ans, il est en classe de maternelle et il a perdu son doudou. La maîtresse se moque de lui en lui disant qu’il est grand, qu’il n’a plus besoin de doudou et les autres enfants rient de lui. Benoît est très ému en retrouvant cette scène surgie du passé. Quand un enfant est humilié une fois, il ne prend pas le risque d’être humilié une deuxième fois. Lors de cette expérience, Benoît a donc décidé : « Je serai fort, je ne pleurerai plus devant les autres. »

Au fil du travail, Benoît a été capable de devenir un parent bienveillant pour son enfant intérieur, il l’a aidé à reconsidérer le passé et à installer une nouvelle croyance plus aidante :

« Je peux être fort et sensible en même temps. »

L’ENFANT NE SAIT PAS QU’IL A GRANDI

Vos parties « enfant » qui ont été blessées sont restées figées à l’âge des expériences que vous n’avez pas pu traverser : elles ont gardé le poids de leurs manques, de leurs blessures et sont isolées de l’ensemble de votre personnalité. Ainsi, vous portez tout ce qui n’est pas résolu en vous. Et si vous ne prenez pas soin de vos blessures d’enfance, elles remontent à la surface de votre vie sous forme de croyances, d’émotions débordantes ou de comportements limitants. Pourtant, ces blessures ont forgé l’être que vous êtes aujourd’hui. À chaque épreuve, à chaque situation difficile rencontrée, vous avez appris et avez développé de nouvelles compétences et de nouvelles ressources. Soyez en sûr(e), vous

êtes le produit de cette histoire mais vous n’êtes pas déterminé(e) par elle.

J’APPRENDS À TRANSCENDER

MES BLESSURES

Je prends le temps de me centrer sur moi-même.

Je respire profondément pour me connecter à mon monde intérieur et je laisse ces paroles venir : « Aujourd’hui ma blessure c’est… (par exemple « le rejet », « la honte » ou « l’abandon »). C’est une blessure de mon enfance dont la (les) cause(s) est (sont) :

– la manière dont on s’est occupé de moi bébé ou dans ma petite enfance, – des messages négatifs que j’ai entendus à mon propos, – des situations difficiles que j’ai dû traverser. »

Tout en restant en contact avec ce que je ressens, je laisse mon esprit repartir en arrière pour me représenter l’enfant que j’étais à l’âge auquel j’ai été blessé(e) Je prends tout le temps nécessaire pour me faire une image de moi enfant.

Puis j’imagine que je m’approche de l’enfant que j’étais et que je lui dis : « Je suis désolé(e) que tu aies gardé cela dans ton cœur depuis si longtemps. C’est maintenant à moi, l’adulte que tu es devenu de prendre soin de ta blessure. »

Je termine en prenant un engagement vis-à-vis de l’enfant que j’étais : « Je m’engage à faire tout ce qu’il faut pour te protéger. »

Ce qui distingue les personnes qui se libèrent de leur passé de celles qui en restent prisonnières, c’est la façon dont elles se représentent leur vécu : vous n’êtes pas obligé de rester une victime de circonstances malheureuses, votre enfant intérieur peut devenir un survivant astucieux.

« La résilience, c’est se remettre d’un traumatisme et en faire une force. »

BORIS CYRULNIK

Car arrive le moment où nous trouvons enfin les moyens de faire face à nos souvenirs. Nous trouvons les ressources et les capacités nécessaires pour transformer le passé. Vous allez découvrir ces nouvelles possibilités d’interaction avec l’enfant qui est en vous. Il pourra comprendre que tout cela est bel et bien terminé et que désormais, vous l’adulte, vous êtes prêt à prendre soin de lui.

C’est vrai, les expériences du passé ont une influence inévitable sur vos comportements du présent mais comme tout être humain, vous êtes en constante évolution et votre cerveau peut toujours actualiser le passé, les vieilles croyances et les programmes limitants. C’est ce que nous allons voir maintenant avec des concepts issus des neurosciences

CHAPITRE 7

CHANGER GRÂCE

AUX NEUROSCIENCES

Notre cerveau est le gardien de notre survie et de notre conscience. Il fait de nous des êtres capables d’apprendre et de nous souvenir, de jouer et d’aimer, d’imaginer et d’agir… Pendant longtemps il a été comparé à un ordinateur mais cette image n’est plus vraiment appropriée, il fonctionne plutôt comme un gigantesque réseau ou comme une toile qui se tisse via des associations

LES NEURONES SONT LES PIÈCES

MAÎTRESSES DE NOTRE FONCTIONNEMENT CÉRÉBRAL

Les neurones sont les cellules nerveuses du cerveau. Au cours de notre vie, Nous en voyons 100 à 150 milliards naître et se développer. Leur rôle est de transmettre de l’information sous forme d’influx nerveux et de substances chimiques. Chaque neurone peut se connecter à des milliers d’autres. Il y aurait plus de connexions entre les neurones que d’atomes dans l’Univers Ce qu’il est

fondamental de comprendre c’est que lorsque des neurones s’activent, ils s’associent pour former des circuits ou des réseaux neuronaux. Ainsi le cerveau est un véritable expert en communication. Pour lui tout est une histoire de connexions :

– connexions entre les neurones via leurs synapses,

– connexions entre les différentes zones cérébrales,

– connexion avec tout l’organisme via des fibres nerveuses, la moelle épinière et des réseaux de neurones qui s’activent jusque dans les organes du système digestif et le cœur.

À chaque instant, ce que vous pensez, ce que vous ressentez et ce que vous faites dépend des messages électriques et chimiques échangés entre vos neurones Chaque expérience que vous vivez trace un chemin de connexions spécifique et plus ce chemin est stimulé, plus il se renforce. Plus les circuits neuronaux sont forts, plus ils sont durables et nous prédisposent à porter un certain regard sur la vie, à ressentir certains états émotionnels ou à avoir certaines réactions.

NOUS SOMMES SOUS L’INFLUENCE D’UNE ROUTINE NEURONALE

Le cerveau travaille par association et par anticipation. C’est-à-dire qu’il s’appuie sur tout ce qu’il a enregistré et sur tout ce qui lui est déjà familier pour percevoir la réalité et pour évaluer les futurs possibles. En quelque sorte, il crée des programmes automatiques nous permettant de faire face à toute situation. Nous agissons donc sous l’influence d’une routine neuronale, c’est-à-dire sous l’influence

de circuits de neurones qui ont l’habitude de s’activer et de se connecter.

UN MODÈLE À TROIS ÉTAGES

Pour aborder de manière simple le fonctionnement du cerveau, il existe des modèles comme le cerveau à trois étages qui distingue différentes couches superposées :

– caché au plus profond, le cerveau reptilien est aux commandes de nos besoins vitaux et de nos réflexes ;

– au centre du cerveau le système limbique ou cerveau émotionnel est le siège de nos émotions, de nos relations, de nos motivations et de notre mémoire. Il abrite de petites structures essentielles à notre régulation (il régule par exemple l’hypothalamus, l’hippocampe et l’amygdale). C’est au cœur du cerveau émotionnel, que naissent l’amour, la joie, la peur ou la tristesse.

– à l’étage supérieur et au niveau du front on trouve le cortex

cérébral qui est le siège du raisonnement, de l’analyse et de la créativité. Il se nourrit donc de connaissances et de logique. Il est également appelé « cerveau rationnel » car il nous permet de réfléchir et d’intégrer les informations, d’associer des idées et d’organiser ou de planifier nos comportements.

LE CERVEAU EST PLASTIQUE, IL PEUT TOUJOURS APPRENDRE

« Grâce à la plasticité cérébrale, notre cerveau se sculpte sans cesse.

L’homme reste jusqu’au bout le romancier de sa vie. »

JEAN DIDIER VINCENT, MEMBRE DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES.

Contrairement aux idées reçues, avec l’âge, les neurones continuent à se renouveler. Le cerveau est plastique et c’est une de ses propriétés fondamentales. Cela veut dire qu’il crée en permanence et tout au long de la vie de nouvelles connexions et de nouveaux réseaux en remodelant son immense carte de neurones. Grâce à l’imagerie par résonance magnétique, les neurosciences ont montré jusqu’au niveau cellulaire la façon dont les synapses – qui forment les connexions entre les neurones – se créent, se renforcent ou se détruisent.

Neurones et synapses

Lors de la vie intra-utérine, pendant l’enfance, à l’adolescence et tout au long de la vie adulte, les connexions synaptiques entre les neurones se déploient dans le cerveau comme le branchage d’un arbre. Et même s’il est moins plastique que celui de l’enfant, le cerveau adulte continue de produire des neurones, d’élargir ses connexions et d’éliminer celles qui ne sont plus suffisamment utilisées. La neuroplasticité joue donc un rôle essentiel tout au long de notre développement.

IL N’EST JAMAIS TROP TARD POUR APPRENDRE ET POUR CHANGER

La neuroplasticité est une vérité neurologique qui nous aide à garder confiance en nos capacités. De la même façon que nous ne venons pas au monde avec des capacités prédéterminées et

immuables, notre cerveau n’a pas fini de se développer lorsque nous quittons l’école.

« Je peux apprendre, progresser et changer pendant toute ma vie », voilà une croyance que vous avez tout intérêt à adopter. Vous n’êtes pas limité(e) par le cerveau avec lequel vous êtes né(e), vous avez la capacité de délibérément le transformer en vous appuyant sur ses propriétés tout au long de votre vie Sa plasticité est une invitation à apprendre et à agir, plutôt que de rester victime de vos automatismes. Oui, vous pouvez toujours apprendre à penser, à ressentir et à agir différemment afin d’imprimer de nouveaux circuits neuronaux ou de débrancher des connexions indésirables.

L’EXPÉRIENCE EST LA VOIE ROYALE

Si l’environnement dans lequel vous avez grandi a son importance, vous pouvez toujours changer si vous le voulez vraiment, en faisant de nouveaux apprentissages. Au fil de vos expériences, votre cerveau modifie sa structure, ses connexions et son fonctionnement. Il porte les empreintes de votre histoire, de tout ce que vous avez appris et entrepris et il garde aussi son pouvoir de transformation. Même si vous avez des pensées ou des comportements qui vous semblent profondément ancrés, vous pouvez les faire évoluer car vous êtes équipé(e) pour cela : les réseaux neuronaux se font et se défont, ils se réorganisent au fil des expériences.

Plutôt que de rester bloqué(e) dans le passé, de répéter toujours les mêmes scénarios et les mêmes comportements, vous pouvez stimuler et entraîner de nouvelles habitudes neuronales qui vont modifier vos manières d’être, d’agir et de ressentir. Oui, vous pouvez

mettre la neuroplasticité à votre service et vous entraîner à devenir moins défensif, moins réactif, à gagner en estime de soi et en qualité relationnelle. C’est comme un entraînement mental. Et comme lors de tout entraînement, qu’il soit mental ou physique, la répétition est une étape incontournable car c’est quand les mêmes circuits sont activés de façon répétée que les neurones renforcent leurs connexions.

En vous basant sur le modèle de l’enfant intérieur et en répétant les exercices que nous vous proposons, vous allez apprendre à revisiter votre histoire, à vous créer de nouvelles représentations du passé et vous permettrez à ces connexions nouvelles de s’élargir pour imprimer des circuits de plus en plus solides et durables

QU’EST-CE QUI FAVORISE LA NEUROPLASTICITÉ ?

Certaines conditions facilitent la plasticité du cerveau :

– quand nous ressentons des états de calme, de détente, de confort, de sécurité,

– quand nous nous exposons à de nouvelles idées avec de la curiosité, de la motivation,

– quand nous ressentons de l’enthousiasme ou du plaisir…

C’est la raison pour laquelle nous vous invitons, avant chaque exercice, à vous mettre dans un état de calme et d’ouverture, et à vous détendre en utilisant votre respiration. Nous avons aussi choisi de commencer le travail en vous rappelant d’abord des souvenirs positifs avant de pouvoir dans un deuxième temps, aborder le

changement. Votre attention et votre imagination sont également de puissants stimulants pour la plasticité neuronale. Ces facultés vont vous aider à voir les choses différemment et à établir de nouveaux liens. Enfin dans votre vie quotidienne, pour favoriser la plasticité de votre cerveau, prenez soin de la qualité de vos relations, de votre sommeil, de votre nourriture et de votre activité physique.

Maintenant que vous saisissez mieux le fonctionnement du cerveau et que vous êtes familier(e) avec le principe de neuroplasticité, nous allons nous intéresser à la nature des souvenirs et au fonctionnement de la mémoire.

QUI SERIONS-NOUS SANS NOS SOUVENIRS ?

Nos souvenirs racontent notre vie. Ils sont faits d’images, de sons et de sensations emmagasinés dans notre cerveau et notre système nerveux. Pour conserver les traces du passé, la mémoire prend différentes formes :

– nous avons une mémoire à court terme qui est comme un espace de travail pour nos activités quotidiennes,

– nous avons une mémoire à long terme qui nous permet d’inscrire les choses dans le temps en fabriquant des souvenirs durables.

LE RÔLE DE LA MÉMOIRE

AUTOBIOGRAPHIQUE

La mémoire autobiographique fait partie de la mémoire à long terme. Elle se met en place dans la petite enfance, vers l’âge de

2 ans ou 3 ans lorsque nous commençons à parler. Cette partie de la mémoire regroupe nos souvenirs personnels pour nous permettre d’en faire un récit cohérent. Elle fait donc une synthèse de notre histoire et nous permet de nous situer dans le temps. Et tout en emmagasinant nos expériences et nos souvenirs personnels au fil de la vie, la mémoire autobiographique nous donne un sentiment d’identité et de continuité.

NOS SOUVENIRS SONT DES REPRÉSENTATIONS

La mémoire ne fonctionne pas comme une caméra qui enregistre tout ce que nous vivons :

– elle encode les informations sensorielles que nous percevons avec nos sens,

– puis elle les consolide afin de les stocker et de nous les représenter.

Nos souvenirs ne sont ni des photos, ni des enregistrements audio ou vidéo, ce sont des représentations. Autrement dit, nous ne pouvons pas voir ni toucher un souvenir, mais dans notre tête, nous pouvons nous représenter une image ou un film, nous pouvons nous rappeler des sons ou des voix et ressentir des sensations dans notre corps.

Puisqu’ils sont constitués de représentations, nos souvenirs ne sont pas des empreintes indélébiles Quand nous faisons appel à un souvenir, le cerveau le reconstruit et l’actualise ou le modifie. La mémoire est dite « reconstructive ». Nous avons naturellement tendance à sélectionner, à enjoliver ou à dramatiser, à faire des

amalgames ou encore à nous focaliser sur des détails en omettant bien sûr certains aspects de la situation d’origine. Même des jumeaux, élevés au sein d’une même famille, avec les mêmes règles d’éducation, gardent des souvenirs différents. Nous ne pouvons que nous faire une représentation des faits et un souvenir change à chaque fois que nous faisons appel à lui. Il change à travers le prisme de la personne que nous sommes, il est réinterprété et modifié en fonction de ce que nous avons appris, des croyances que nous avons changées, de notre humeur, de nos intérêts ou encore de nos objectifs de vie.

DES SOUVENIRS PLUS OU MOINS CONSCIENTS

Nous vous le rappelons : le cerveau travaille par association et par anticipation. Autrement dit, il utilise les traces du passé pour nous diriger au présent et pour anticiper l’avenir. Ces traces, ce sont nos souvenirs et il est possible de distinguer :

– des souvenirs explicites qui se réfèrent à des situations et à des informations dont nous nous souvenons consciemment,

– des souvenirs implicites qui se réfèrent à des événements dont nous ne nous souvenons pas consciemment.

La mémoire implicite est la plus précoce. Elle est en place bien avant le langage. Dans les dix-huit premiers mois de la vie, l’hippocampe, qui est une structure du cerveau essentielle au fonctionnement de la mémoire, n’est pas encore prêt à trier et à enregistrer les informations. Alors nous n’encodons que des souvenirs implicites : les odeurs, les goûts, les bruits dans la maison,

les voix autour de nous, les sensations de faim ou le plaisir d’être bercé, de téter ou de se sentir rassasié… ou bien la froideur avec laquelle les adultes répondent à nos besoins.

Tous ces souvenirs s’impriment profondément dans les circuits neuronaux de notre cerveau émotionnel. Ce sont des situations lors desquelles nous avons éprouvé de la peur, de la colère ou au contraire du bien-être, de l’amour, de la sécurité Même si consciemment nous n’y avons pas accès, ces souvenirs peuvent surgir bien des années plus tard. Notre cerveau fait des associations et l’émotion du passé prend le dessus sur le comportement du présent.

La mémoire implicite est pleine d’émotions et de sensations… c’est de cette façon-là que les souvenirs implicites s’inscrivent profondément en nous et qu’ils affectent longtemps notre manière d’être, de penser et d’agir. Disons, pour simplifier, que la mémoire implicite est la mémoire du corps : quand nous nous rappelons un souvenir implicite, même sans en avoir une représentation consciente, nous pouvons le sentir dans notre corps à travers des sensations. La mémoire explicite quant à elle se développe plus tardivement, lorsque l’hippocampe est prêt à jouer son rôle de « gare de triage » des informations. L’enfant peut alors s’appuyer sur le langage qu’il acquiert pour exprimer ses souvenirs avec des mots.

ET VOUS, À PARTIR DE QUEL ÂGE POUVEZ-

VOUS DÉCRIRE DES SOUVENIRS PERSONNELS ?

Pouvez-vous remonter dans votre enfance jusqu’à 4 ans ou 5 ans, peut-être même avant ? Il est difficile de parler de ses souvenirs de petite enfance car avant 3 ans nous n’avons pas encore la possibilité de nommer ce que nous vivons. Mais souvenez-vous que depuis votre conception et votre arrivée au monde, vous emmagasinez des sensations et des émotions qui laissent des traces dans votre cerveau émotionnel.

Nous ne pouvons pas nous rappeler consciemment de notre vie de bébé mais le cerveau a enregistré quelque part les émotions et les sensations éprouvées. Bien des années plus tard, dans un contexte qui n’a rien à voir, un élément que nous percevons peut rappeler la peur ou la colère ressentie dans le passé il suffit d’un seul élément visuel, auditif ou sensoriel, pour que le ressenti surgisse à nouveau tel que nous l’avons vécu à l’origine. C’est ainsi que nous nous retrouvons adulte, avec des réactions disproportionnées ou des comportements que nous ne comprenons pas : nous revivons les aspects sensoriels ou émotionnels d’événements passés qui dépassent nos capacités de raisonnement.

LA FORCE DE NOS APPRENTISSAGES ÉMOTIONNELS

Un apprentissage émotionnel, c’est un apprentissage plus ou moins conscient qui s’est imprimé dans la mémoire implicite :

– au cours d’une expérience vous avez ressenti une émotion suffisamment intense pour installer un apprentissage ou une croyance,

au présent, vous vivez une situation qui réactive les circuits neuronaux associés à l’expérience du passé, – comme ils sont profondément inscrits dans la mémoire implicite, ils prennent les commandes de vos réactions et de vos comportements.

Ainsi la plupart d’entre nous avons une collection de souvenirs et d’apprentissages qui continuent de nous influencer dans notre manière d’être ou de réagir. Aujourd’hui, il suffit d’un regard, d’un ton de voix ou d’un geste perçus pour que la situation réactive un apprentissage du passé. Mais si vous trouvez le chemin qui remonte à la source et si vous changez votre représentation du souvenir à l’origine, alors les autres représentations qui sont associées vont changer, à l’instar de dominos qui tomberaient les uns à la suite des autres.

DE PETITS ARRANGEMENTS AVEC LE PASSÉ

Vous l’avez compris, la mémoire est reconstructive, elle évolue et se remanie au fil des événements de la vie, au fil des rencontres que nous faisons et des succès ou des difficultés que nous rencontrons. D’un certain point de vue, si vous êtes prisonnier(e) du passé, vous êtes prisonnier(e) de vos représentations. Votre mémoire n’arrive pas à acquérir les informations ou les ressources nécessaires permettant de les faire évoluer. Cependant vous pouvez encore apprendre à le faire. Vous pouvez reconsidérer votre passé et changer vos représentations en activant de nouvelles connexions et de nouveaux circuits neuronaux grâce à votre imagination et aux ressources que vous avez acquises en grandissant.

Si dans le passé vous ne disposiez pas des moyens nécessaires vous permettant de faire face à certaines situations, aujourd’hui vous pouvez mentalement les revisiter et reconstruire vos souvenirs. Ce processus naturel fait l’efficacité des techniques issues de la PNL, processus au cours duquel l’adulte que vous êtes devenu(e) retourne mentalement dans le passé pour apporter des ressources à l’enfant que vous étiez. Le travail que nous proposons avec vos parties « enfant » s’inspire de ces méthodes éprouvées avec succès depuis plus de quarante ans.

RETOURNER À LA SOURCE POUR RECONSTRUIRE LES SOUVENIRS

Si vous vous souvenez consciemment de peu de choses, des parties de vous ont inconsciemment emmagasiné beaucoup plus que vous ne pouvez l’imaginer. Faites-leur confiance, suivez vos sensations et vos émotions. Laissez-vous retourner dans le passé. Apprenez à reconstruire vos souvenirs.

CHAPITRE 8

VOUS LIBÉRER DU PASSÉ

Chacun d’entre nous possède les ressources dont il a besoin pour reconsidérer son passé et apprendre à apaiser son enfant intérieur. Le mot « ressource » que nous employons ici fait référence :

– aux facultés dont vous disposez naturellement en tant qu’être humain notamment grâce à votre fonctionnement mental ;

– aux compétences, savoir-faire et connaissances que vous avez acquis tout au long de votre vie,

– aux croyances, comportements et ressentis que vous avez mobilisés pour devenir la personne que vous êtes aujourd’hui.

Les ressources que nous souhaitons tout particulièrement présenter dans ce chapitre concernent votre fonctionnement mental.

PERCEPTION ET REPRÉSENTATION, VOTRE

CERVEAU CRÉE VOTRE RÉALITÉ

En tant qu’être humain, nous n’avons pas accès à la réalité objective. Tout ce que nous pouvons faire est de nous créer une représentation à partir de ce que nous percevons par l’intermédiaire de nos cinq sens et de ce que nous interprétons. Nous construisons ainsi notre propre vision de la réalité, que nous appelons notre carte

du monde, telle que nous l’avons brièvement évoquée au chapitre 2.

Cette carte se forme dès notre naissance à partir des informations que nous percevons, interprétons et enregistrons grâce à notre cerveau et notre système nerveux. Certaines de ces informations sont même enregistrées dès notre conception.

Nous développons ainsi en grandissant une vision de la vie, des autres et de nous-mêmes et une manière de penser qui sont intimement liées à notre culture, à notre milieu social et à nos expériences. Cette carte nous rend le monde prévisible et nous permet d’évaluer ce qui selon nous est « vrai », « bien », « juste » et « bon » de faire. C’est elle qui nous guide et nous permet de nous épanouir ou de rencontrer des limites Heureusement notre carte du monde n’est pas figée et, en fonction de nos expériences, nous la faisons évoluer car nous pouvons toujours apprendre et changer des croyances qui jusque-là nous limitaient.

Pour construire notre carte et la garder cohérente et prévisible, notre cerveau met en place trois mécanismes : la généralisation, la sélection, et la distorsion.

– Le fait de généraliser les informations nous permet entre autres d’apprendre

– Le fait de sélectionner les informations nous évite d’en être submergés.

– Le fait de distordre ce que nous percevons nous permet par exemple d’extrapoler, d’imaginer ou de voyager dans le temps.

Mais ces trois processus peuvent aussi nous limiter dans notre expérience.

François par exemple entend surtout les reproches de sa femme (sélection), il en déduit qu’elle ne l’aime plus (distorsion), il dit : « Avec elle, c’est toujours pareil, je ne fais rien d’assez bien (généralisation). »

Laura se souvient que son père préférait sa sœur. De son point de vue, il ne la valorisait que pour ses résultats scolaires (sélection). Elle se sentait mal à l’aise dans son corps et se montrait timide avec les autres enfants alors que sa sœur pratiquait la danse et avait beaucoup de camarades.

Aujourd’hui elle dit : « J’étais la grosse intello à lunettes » et il appelait ma sœur « ma petite chérie » (sélections et distorsions).

Laura en a conclu qu’elle n’était ni jolie ni digne d’être aimée (généralisation) Maintenant qu’elle est une jeune femme, elle ne remarque pas les marques d’intérêt que des hommes lui adressent (sélection) ou quand cela arrive, elle ne les trouve ni sincères ni fiables (distorsion). Ainsi Laura valide son système de croyances. Les généralisations, sélections et distorsions de sa carte du monde la poussent à justifier ce qu’elle pense d’elle-même et jusque-là, elle se dévalorise, se rejette et se nuit à elle-même à travers des critiques destructrices et des comportements compulsifs, notamment avec la nourriture.

À LA DÉCOUVERTE DE VOTRE

FONCTIONNEMENT MENTAL

Vous avez donc votre façon personnelle de percevoir la réalité et de vous la représenter. Concrètement cela signifie que vous pensez sous forme d’images, de sons et de sensations qui s’assemblent pour former des représentations et qui vous permettent entre autres de voyager dans le temps pour vous souvenir du passé. Ce sont des images, des sons et des sensations que votre cerveau associe aux événements.

Pour profiter pleinement du travail avec votre enfant intérieur, il est essentiel que vous compreniez ceci :

– quand vous pensez au passé, votre cerveau vous représente ce que vous avez enregistré,

– quand nous parlons de « retourner dans le passé », il s’agit de revisiter ces représentations. C’est-à-dire de réviser mentalement ce que vous avez enregistré et qui vous sert de référence pour vous souvenir du passé.

ET VOUS, COMMENT FAITES-VOUS POUR VOUS SOUVENIR ?

Pour penser et pour vous souvenir, dans votre tête, vous visualisez des images et des films, vous entendez des sons et des voix, vous vous parlez à vous-même… et selon la manière dont ces représentations sont assemblées, elles ont un impact direct sur ce que vous ressentez. C’est la raison pour laquelle vous avez tout intérêt à prendre conscience de vos représentations et à les utiliser à

votre avantage. Pour cela, dans votre fonctionnement mental, vous disposez d’applications aussi simples à utiliser que celles d’un téléphone portable.

PRENEZ CONSCIENCE DE VOS IMAGES MENTALES

Lorsque vous pensez à un souvenir, vous pouvez le faire sous forme d’images comme lorsque vous feuilletez un album de photos ou que vous vous repassez un film. Une ou plusieurs images sont présentes quelque part dans votre esprit. En avez-vous conscience ? Une question peut vous aider à mettre en évidence cette activité mentale : « Si je me faisais une image du souvenir auquel je pense, quelle serait-elle ? Qu’est-ce que je verrais ? » Et de la même manière si vous souhaitez mettre en évidence des sons, des voix ou des mots que vous associez à ce souvenir, demandezvous simplement : « Si je pouvais entendre des mots, des sons ou des voix dans le souvenir auquel je pense, qu’est-ce que j’entendrais ? »

JE ME FAMILIARISE

AVEC MES REPRÉSENTATIONS

Je choisis un souvenir agréable de mon enfance. Je laisse venir les images que j’associe à ce souvenir.

Je prends le temps d’observer ce qui me vient à l’esprit : est-ce qu’il s’agit d’une image fixe comme une photo ou plutôt d’une série d’images qui s’enchaînent comme dans un diaporama, ou bien est-ce comme un film ?

Si je le souhaite, je peux ajouter des sons, des voix ou des mots que j’ai envie d’associer à ces images.

Et tout en repensant à ce souvenir agréable, j’ai peut-être aussi des sensations qui me reviennent. Où se situent-elles dans mon corps ? Et à quelle intensité ?

Ces images que vous voyez, les voix, les sons ou les dialogues internes que vous entendez et les sensations que vous ressentez sont vos représentations. En apprenant à les rendre plus conscientes, vous avez un certain contrôle sur vos souvenirs : sans changer leur contenu, vous pouvez déjà agir sur la forme qu’ils prennent dans votre esprit et sur ce que vous ressentez en y pensant. C’est vraiment une chose qu’il est important de comprendre :

– d’un côté il y a l’histoire de votre vie avec tout ce que vous avez vécu,

– de l’autre il y a la façon dont vous vous racontez cette histoire à travers vos représentations.

Ce n’est pas la même chose. D’un côté, il y a ce à quoi vous pensez c’est-à-dire vos souvenirs des événements, avec vos idées, vos opinions et vos croyances. Et de l’autre, il y a la façon dont vous y pensez, c’est-à-dire la manière dont vous vous représentez les événements avec des images, des mots, des sons et des sensations. Poursuivons cette découverte du fonctionnement mental avec une application qui change tout… et de façon instantanée.

EN MODE « ASSOCIÉ » OU EN MODE « DISSOCIÉ » ?

Le mode associé/dissocié est une application mentale très simple à comprendre et à utiliser. Lorsque vous pensez à un souvenir d’enfance, vous pouvez le voir de deux façons :

– en mode dissocié, vous revoyez la scène comme sur un écran, tout en restant en dehors du souvenir,

– en mode associé, les choses se déroulent tout autour de vous et vous revivez le souvenir comme si vous y étiez. Vous ressentez ce que vous avez ressenti par le passé.

Il s’agit de deux modes de représentation différents dont votre cerveau dispose naturellement. Le mode dissocié vous est utile lorsque vous souhaitez vous détacher de ce que vous avez ressenti par le passé et lorsque vous voulez reconsidérer une situation Le mode associé vous permet de ressentir pleinement ce que vous avez ressenti dans le passé et de revivre la situation.

LE MODE ASSOCIÉ/DISSOCIÉ

• Le mode dissocié permet de regarder les choses de loin et de prendre du recul pour pouvoir réfléchir au passé. C’est le mode à employer en priorité pour vous souvenir d’une situation déplaisante ou désagréable car en étant dissocié, vous vous détachez de votre état émotionnel et de vos sensations

• Le mode associé permet de ressentir pleinement les émotions et les sensations associées à un souvenir C’est le mode à employer en priorité pour penser à des souvenirs agréables D’un point de vue neurologique, le mode associé active l’hémisphère droit du cerveau et il facilite le changement des connexions neuronales qui sont associées au souvenir. En utilisant ce mode vous pourrez changer vos représentations du passé

Les modes associé ou dissocié vont vous être très utiles lors des exercices vous invitant à reconsidérer le passé car :

– le fait de revoir vos souvenirs en mode dissocié, comme sur un écran, vous permettra de porter un regard d’adulte sur l’enfant que vous étiez,

– le fait de revoir vos souvenirs en mode associé, c’est-à-dire en les vivant comme si vous y étiez, vous permettra de retrouver vos émotions d’enfant et aussi de regarder l’adulte que vous êtes devenu, avec vos yeux d’enfant.

JE M’ENTRAÎNE AVEC LES MODES ASSOCIÉ ET DISSOCIÉ

Voici un exercice qui vous permettra de vous entraîner avec cette application mentale et les modes associé et dissocié.

Je choisis un souvenir d’enfance agréable, une situation au cours de laquelle j’ai pris plaisir à être un enfant.

Je laisse venir les images et je prends le temps d’observer ce qui me vient à l’esprit.

Est-ce que je revois la scène, comme si j’y étais ? C’est-àdire que les choses se déroulent tout autour de moi, je revis la situation, je peux sentir mes sensations et mon émotion du passé… Dans ce cas je suis en mode associé.

Est-ce que je revois la scène comme sur un écran ? C’est-àdire que je suis en dehors de la situation, je peux me revoir de loin, de dos, de face ou de profil… Dans ce cas je suis en mode dissocié.

En changeant la façon dont vous pensez à votre souvenir, vous allez ressentir une réelle différence.

Si vous étiez en mode associé, passez en mode dissocié : imaginez que vous projetez la scène sur un écran, vous devenez spectateur de l’image ou du film. Et vous pouvez vous revoir, à une certaine distance, de dos, de face ou de profil.

Si vous étiez en mode dissocié, passez en mode associé : imaginez que vous entrez dans la scène et que vous revivez la situation. Vous pouvez revoir les choses se dérouler tout autour de vous et sentir vos sensations et votre émotion du passé.

QUAND VOUS VOYEZ LES CHOSES

DIFFÉREMMENT, VOUS LES RESSENTEZ DIFFÉREMMENT

Vous êtes libres de penser à vos souvenirs comme vous le souhaitez :

– en ressentant de la colère, de la peur ou d’autres émotions limitantes ;

– ou en prenant le contrôle de vos représentations pour vous apaiser émotionnellement et mieux vous comprendre.

Vous saisissez peut-être mieux à présent qu’il vous est possible de changer :

– la façon dont vous avez vécu les événements, en changeant les interprétations et les croyances que vous en avez tirées ;

– la façon dont vous pensez aux événements, en changeant les représentations que vous avez en tête.

On a longtemps cru qu’un souvenir était figé dans la mémoire. Nous savons aujourd’hui qu’un souvenir se reconstruit avec le temps et que ce que vous ressentez à propos du souvenir change, si vous en modifiez l’interprétation et la représentation.

VOTRE IMAGINATION EST UNE VÉRITABLE FORCE ACTIVE

Gardez en tête que le cerveau traite de manière identique le réel et l’imaginaire : dans ces deux contextes différents, il active les mêmes réseaux neuronaux. C’est la raison pour laquelle il est si facile d’imaginer des histoires qui nous font peur ou qui nous excitent. Et pourquoi ne pas nous servir de notre imagination pour revisiter des souvenirs limitants ?

Si vous créez une expérience imaginaire et que vous la ressentez émotionnellement et sensoriellement, alors votre cerveau peut l’encoder, comme il le ferait pour une expérience réelle Autrement dit, ce que nous faisons en imagination stimule les mêmes connexions et les mêmes réseaux neuronaux que ce que nous faisons dans la réalité. Et en répétant une expérience imaginaire, nous traçons une nouvelle empreinte neurologique durable et solide dans notre cerveau. Nous avons tous la capacité de nous créer des images mentales, même si nous avons un fonctionnement différent :

– certaines personnes sont plus visuelles que d’autres, elles pensent

en images,

– d’autres ont plutôt tendance à ressentir les choses, à avoir des sensations et à éprouver des sentiments,

d’autres encore se parlent à elles-mêmes pour imaginer des choses.

Chacun a donc ses préférences lorsqu’il s’agit d’utiliser son imagination. Ainsi, lorsque nous vous proposerons au cours des exercices d’imaginer ou de visualiser, faites ce qui vous est le plus naturel et le plus spontané :

– vous pouvez voir des images ou un film dans votre tête,

– vous pouvez ressentir certaines choses,

– ou encore entendre votre petite voix interne qui vous déroule un scénario.

En retournant mentalement dans le passé, vous allez pouvoir changer vos représentations et votre interprétation. Vous allez littéralement vous servir de votre imagination pour retrouver l’enfant que vous étiez et lui apporter l’aide ou les connaissances dont il a manqué. Cela constitue un bon moyen de vous apaiser et de vous libérer de vos souvenirs difficiles. Et avec un peu d’entraînement, vous allez découvrir combien il est efficace de vous imaginer, de vous voir et de vous sentir changer les choses dans le passé : cela renforce l’estime de soi.

LES TECHNIQUES DE VISUALISATION

L’utilisation consciente de votre imagination s’appelle la visualisation. C’est une technique utilisée dans bien des domaines comme la préparation mentale des sportifs, des artistes et des hommes politiques. Elle est aussi utilisée pour accompagner les malades avec l’hypnose ou la sophrologie. C’est un véritable pouvoir personnel. Car une simple image mentale envoie un message fort à

votre inconscient, par exemple : « J’ai les ressources, je peux toujours apprendre à voir les choses différemment », « j’ai confiance en moi, je peux changer mes comportements ».

Ainsi toutes les activités de visualisation qui vont suivre vont vous permettre :

– de rencontrer vos parties « enfant » et de leur apporter ce dont elles ont besoin,

– d’adopter un nouveau point de vue sur votre histoire,

– d’installer en vous des affirmations positives.

ENTRAÎNEZ-VOUS ET RÉPÉTEZ LES

VISUALISATIONS QUE VOUS CRÉEZ

Gardez à l’esprit que les activités et les exercices proposés dans ce livre ont besoin d’être répétés. La répétition est la méthode que les enfants emploient naturellement quand ils commencent à apprendre et elle continue à jouer un rôle important pour fixer les souvenirs à tout âge de la vie. Pour apprendre à parler, à marcher, à lire ou à écrire, il vous a fallu de nombreux essais et bien des répétitions. C’est la même chose pour chaque apprentissage, que l’on soit enfant ou adulte, il faut répéter pour apprendre à multiplier, à lacer ses chaussures, à localiser des endroits sur une carte ou même à être à l’aise avec les autres. Toutes ces actions, avant qu’elles ne deviennent automatiques, nous avons besoin de les répéter. C’est avec la répétition que les apprentissages et les capacités s’intègrent dans les connexions du cerveau et deviennent des habitudes. C’est la raison pour laquelle dans ce livre nous répétons souvent les messages clés.

POUR S’INTÉGRER, LE CHANGEMENT DOIT SE

RÉPÉTER

Répétez, avec toute votre attention, la visualisation des images où vous prenez soin de votre enfant intérieur. Répétez les affirmations positives qui vous aident à changer. Lorsque nous répétons, nous travaillons avec les facilités de notre cerveau. Cela ressemble à un entraînement des neurones, nous renforçons leurs connexions. Et cela nous amène petit à petit à nous détacher de schémas limitants et à comprendre pour de bon que le passé ne nous perturbe plus, qu’il ne s’invite plus dans le présent de façon encombrante. Le passé reste à sa place.

CHAPITRE 9

APPRENDRE À VOUS APAISER

Ce chapitre vous propose des exercices simples qui vous permettront d’apprendre à vous connecter à vos parties « enfant » et à vous apaiser rapidement. Vous trouverez des activités à vivre en imagination et d’autres à mettre en pratique dans votre vie quotidienne. Ce que nous vous proposons n’est pas un travail intellectuel ; c’est un travail qui se vit avec la tête, le corps et le cœur, trois niveaux qu’il est essentiel de solliciter pour permettre à votre cerveau de faire de nouvelles associations et de nouveaux apprentissages.

Aujourd’hui, de nombreuses approches comme la PNL, l’EMDR1 ou l’ICV proposent des outils pour travailler directement avec les parties « enfant » de la personnalité et si les exercices et les activités qui suivent s’inspirent de ces méthodes, nous les avons adaptés pour que vous puissiez les vivre par vous-même. Ils vous seront utiles pour mieux vous comprendre, mieux vous accepter, pour faire évoluer vos émotions, vos croyances et vos comportements. Toutefois si des moments ou des souvenirs d’enfance constituent pour vous des traumatismes, en particulier, si vous avez vécu de la maltraitance ou des traumatismes graves, le travail sur l’enfant intérieur ne peut pas se faire seul. Vous aurez

besoin d’une relation thérapeutique pour trouver les moyens de guérir ces parties de vous blessées. Ces exercices ne se substituent pas à une psychothérapie.

QUELQUES CONSEILS AVANT DE COMMENCER

Avant de commencer, voici quelques remarques pour vivre au mieux les exercices que nous vous proposons :

• Quand nous parlons de votre « moi enfant », nous faisons référence à votre partie « enfant » telle que vous vous la représentez dans votre imagination ou dans le souvenir sur lequel vous travaillez.

• Quand nous parlons de votre « moi adulte », nous parlons de vous tel(e) que vous êtes aujourd’hui et tel(le) que vous vous représentez dans votre tête.

• Quand vous allez à la rencontre de votre moi enfant, parlez-lui avec respect et bienveillance. Choisissez des mots simples et directs, comme si vous vous adressiez à un enfant dans votre entourage Accompagnez-le pas à pas en suivant son rythme et vous sentirez venir sa présence et ses réponses sous forme d’images, de mots, de sons, de sensations ou même d’impressions.

• Répétez les visualisations et les scénarios que vous créez dans votre imaginaire. Entraînez-vous mentalement à les projeter et à les vivre car c’est le meilleur moyen de renforcer les circuits neuronaux qui leur sont associés et d’ancrer un changement durable

• Certains exercices vous plairont et vous aideront plus que d’autres alors laissez-vous simplement porter par votre instinct

COMMENCEZ PAR VOUS INSTALLER DANS UN CLIMAT D’ACCUEIL ET D’OUVERTURE

Avant chaque exercice, installez-vous confortablement dans un endroit où vous ne serez pas dérangé(e). Prenez le temps de faire le

calme en vous, en laissant passer vos pensées et en respirant consciemment quelques instants. C’est un moment de rappel à soi. Laissez venir en vous un état d’accueil et d’ouverture, comme si vous disiez « bienvenue » à votre enfant intérieur, qu’il sente que vous êtes heureux(se) de lui consacrer du temps, de l’attention et de l’affection. En vous installant dans cet état d’esprit, vous pourrez plus facilement retrouver des souvenirs, entrer en contact avec vos parties « enfant » et accéder à de nouvelles façons de penser et de voir les choses.

UN ENTRAÎNEMENT SIMPLE POUR APPRENDRE À VISUALISER

Si vous avez des difficultés à visualiser des images de votre enfance ou si vous voulez simplement vous familiariser avec les activités de visualisation, voici un entraînement à suivre pas à pas.

JE M’ENTRAÎNE À VISUALISER

L’ENFANT QUE J’ÉTAIS

Je pense à un moment agréable de mon enfance, un moment lors duquel j’ai pris plaisir à être enfant, peu importe l’âge que j’avais.

Je laisse passer les pensées et les images associées à ce moment agréable comme si je les regardais sur un écran : l’image que je me fais est peut-être fixe, c’est peut-être une succession d’images ou bien c’est un film.

Je suis spectateur et je peux faire tous les ajustements que je veux, comme approcher ou éloigner l’écran, l’agrandir ou le rendre plus petit, rendre les images plus ou moins nettes, en couleurs ou en noir et blanc.

Je n’aperçois peut-être qu’une petite silhouette de l’enfant que j’étais ou bien je distingue déjà mon visage et mes traits d’enfant. Peut-être que je me vois de dos ou de profil ou de face.

Je prends tout le temps nécessaire pour ajuster ces réglages et me voir enfant dans ce moment agréable. Si cela m’aide, j’ajoute une bande sonore avec les sons de l’environnement dans lequel je me trouve, j’ajoute des voix, la mienne ou celle d’autres personnes qui m’entourent. Je peux même ajouter de la musique pour habiller ces images d’un moment agréable de mon enfance.

Quand je suis satisfait(e) de cette représentation, quand ce film ou ces images sont particulièrement agréables à regarder et que j’ai envie de revivre ce moment, alors je redeviens cet enfant, avec tout ce que je peux voir de mes yeux d’enfant, tout ce que je peux entendre et ressentir dans ce moment agréable : il y a peut-être des odeurs qui me reviennent, des goûts ou d’autres sensations liées au toucher ou au mouvement.

DES ACTIVITÉS POUR VOUS CONNECTER À VOTRE MOI ENFANT

Lorsqu’un petit être humain arrive au monde, la première grande étape de son développement est une étape de connexion : c’est dans les yeux de sa mère et des personnes qui prennent soin de lui que le bébé se sent bienvenu, aimé et en sécurité. Cette connexion

est le point de départ de toute son identité. Alors, permettez dès maintenant à votre moi enfant de se sentir accueilli et permettezvous, à vous l’adulte, de vous connecter à lui.

JE ME CONNECTE EN PLEINE

CONSCIENCE À UNE DE MES PARTIES « ENFANT »

Je prends d’abord conscience de ce qui se passe en moi.

Je laisse passer les pensées qui traversent mon esprit comme les nuages dans le ciel. J’observe ce que je ressens et les sensations dans mon corps, s’il y en a.

Je me centre sur ma respiration : je pose une main sur mon ventre pour bien sentir les mouvements, je sens qu’il se gonfle à l’inspire et qu’il se rentre à l’expire. Je pose l’autre main sur mon cœur et je sens le rythme de ses battements.

Je laisse mes pensées aller et venir sans les juger.

Je reste centré(e) sur ma respiration et j’appelle une partie de moi enfant. Tout en laissant vagabonder mon esprit vers le passé et mes souvenirs, je laisse revenir les images d’une période ou d’un moment particulier, sans porter de jugement sur ce moment sur lequel mon esprit a choisi de s’arrêter. Et je me laisse gagner par une image de moi enfant, peu importe l’âge que j’ai.

J’observe mes vêtements, ma silhouette, mon visage si je peux le voir, mes yeux. Et je m’adresse à cet enfant avec bienveillance, en l’appelant par son prénom : « Bienvenue petit(e)… ». Je me présente à lui(elle) et je lui dis : « Je suis l’adulte que tu es devenu(e), tu fais partie de moi et je suis heureux(se) de te retrouver. »

Je porte mon attention sur les sensations, les images, ou les mots qui me viennent. Puis je lui demande : « Quel âge as-tu ? Comment te sens-tu ? ». J’écoute attentivement ses réponses et je le(la) remercie sincèrement.

D’AUTRES MOYENS DE VOUS CONNECTER À

VOS PARTIES ENFANT

Il y a différents moyens de contacter votre enfant intérieur et de commencer à communiquer avec lui :

– vous pouvez travailler à partir des visualisations que nous vous proposons,

– vous pouvez lui écrire des lettres si cela vous est plus facile : des lettres simples et courtes avec quelques mots ou quelques lignes qui lui offrent des messages accueillants et bienveillants, adaptés à son âge.

Ludo accueille une part de lui qui a 9 ans avec ces simples mots écrits sur une carte postale : « Mon petit Ludo, tu pars bientôt en classe de neige et je sais comme tu as peur de quitter tes parents. Je veux te dire qu’un jour tu auras de vrais amis et que tu n’auras plus peur des autres. Je le sais parce que je suis l’adulte que tu es devenu. »

Il existe aussi des moyens indirects permettant de stimuler vos souvenirs d’enfance et d’aller à la rencontre de votre enfant intérieur.

Par exemple :

– regarder des photos de soi, bébé ou enfant,

retrouver des vêtements, des jouets, un doudou, sentir le toucher ou l’odeur d’un tissu, – recevoir des caresses, de la tendresse ou un massage rassurant, – caresser un animal familier comme vous le faisiez quand vous étiez enfant.

ET VOUS, QU’EST DEVENU VOTRE DOUDOU ?

L’avez-vous conservé ? ou comment vous en êtes-vous séparé(e) ? C’est l’un des premiers choix de notre vie. C’est le gardien de nos chagrins d’enfant. Il nous aide à nous consoler, à nous rassurer, à nous endormir et à nous séparer de nos parents On le caresse, on le mâchouille, on le maltraite parfois Il reçoit toutes nos émotions et nos confidences d’enfant

Rappelez-vous de votre doudou préféré : à quoi ressemble-t-il ? Est-ce une peluche ou un bout de tissu ? Souvenez-vous de sa texture, de sa matière, de sa couleur, de sa forme. Comment s’appelle-t-il ?

Vous n’êtes plus un petit enfant et pourtant, c’est un apaisement immédiat de penser au doudou de votre enfance, en retrouvant les sensations qu’il vous apportait.

QUAND DES SOUVENIRS DIFFICILES

REVIENNENT EN PREMIER

Lorsque vous pratiquez les exercices de connexion à votre enfant intérieur, il est possible que des souvenirs difficiles ou désagréables reviennent en premier Ne vous inquiétez pas : c’est parce qu’ils sont ancrés dans des réseaux neuronaux profonds, associés à des situations lors desquelles vous vous êtes senti(e) dépassé(e)

émotionnellement ou impuissant(e), ou bien lors desquelles vous n’avez pas pu vous défendre. Face à de tels ressentis, les souvenirs

positifs ou agréables peuvent sembler moins marquants mais

sachez que vous pouvez aussi les cultiver et renforcer les connexions neuronales qui leur sont associées. Par exemple, en prenant le temps de lister certaines choses à propos de vos années d’enfance comme :

– tout ce qui a suscité en vous de l’intérêt, de l’enthousiasme, du plaisir, de la fierté,

– tout ce qui vous a donné envie d’être un enfant ou d’agir en tant qu’enfant,

– vos jeux préférés, vos desserts, vos bonbons préférés,

– les modèles, les personnes qui vous ont aimé(e), soutenu(e), encouragé(e), valorisé(e). Par exemple une nounou, un enseignant, un(e) ami(e) ou encore un animal de compagnie,

– les personnages et les héros que vous aimiez,

– les décors, les objets, les histoires et les chansons dont vous vous souvenez et qui ont nourri positivement votre enfance

Plus vous portez votre attention sur des souvenirs positifs, plus vous activez dans votre cerveau des associations vers d’autres souvenirs positifs. Et pour continuer à nourrir cette connexion avec votre moi enfant, voici encore d’autres expériences qui vous permettront de faire émerger d’autres images positives.

MES RÊVES ENFOUIS

Je me souviens de ce qui me plaisait enfant ou adolescent(e), de ce que je souhaitais devenir, de ce qui me passionnait.

Je reste attentif(ve) aux images, aux sons, aux sensations qui me reviennent.

Quand une image d’une situation assez précise remonte à ma conscience, quand je peux me revoir enfant, j’imagine que j’entre dans cette image, moi l’adulte et je demande à l’enfant : « Quel âge as-tu ? De quoi as-tu envie ? Et pourquoi ? ». J’écoute sa réponse.

Très tôt dans sa vie, un enfant se met à rêver d’un monde idéal. Il rêve qu’à la maison et à l’école tout se passe bien, que le monde est plus beau et plus juste qu’il n’est. Il rêve naturellement d’un monde meilleur auquel il a envie d’appartenir et de contribuer. Ainsi nous sommes tous appelés par un idéal et nous pouvons garder une vision de la vie et un projet personnel en lien avec celle de notre enfant intérieur. Stéphane par exemple coauteur de ce livre, rêvait enfant de devenir journaliste. Devenu adulte, il partage ses connaissances sur les sujets qui l’intéressent à travers l’écriture et la formation et c’est la même envie de transmettre et de communiquer qui l’anime

Vous avez peut-être oublié que certaines choses que vous possédez ou que vous avez réalisées n’étaient à un moment donné qu’un rêve pour l’enfant que vous étiez. Aujourd’hui cela fait partie de votre vie et peut-être que vous n’y faites plus attention. Pourtant, nos rêves, nos désirs et nos envies d’enfant sont à l’origine d’une énergie puissante qui nous pousse en avant. Bérénice par exemple réalise avec étonnement qu’elle vit dans la maison dont elle rêvait déjà quand elle était à l’école primaire, une maison « avec d’immenses baies vitrées ». Guillaume nous confie : « Les voyages que je fais aujourd’hui en tant qu’adulte, c’est mon exutoire, c’est ce

qui m’apaise car on ne pouvait pas se les payer quand j’étais gamin. »

LES TRÉSORS DE MON ENFANCE

Je crée ou j’achète une jolie boîte ou une valise ancienne dans laquelle je peux ranger mes souvenirs les plus précieux. Ce sont les trésors de mon enfance. Par exemple : des photos de personnes que j’ai aimées ; des images de mon animal préféré ou de mon animal de compagnie ;

des papiers ou des objets qui me rappellent mes réussites, les moments forts que j’ai vécus, mes loisirs ou les capacités et les talents que j’ai développés enfant (je peux aussi mettre des post-it de couleur qui résument en quelques mots ces expériences) ;

tout ce qui peut réactiver spontanément dans ma mémoire les traces de bons moments que j’ai vécus.

Quand j’ouvre cette boîte et que j’y plonge mes yeux ou ma main, c’est pour me reconnecter à ce qu’il y a de positif dans mon enfance, c’est pour revoir, réentendre, ressentir, revivre des émotions épanouissantes.

COMMENT APAISER L’ENFANT EN SOI

Avant de passer aux exercices consacrés aux souvenirs difficiles ou perturbants, vous avez besoin de connaître des méthodes simples permettant d’apaiser votre enfant intérieur. Alors commençons par une activité incontournable que vous pouvez

mettre en place à tout moment pour retrouver du calme et vous sentir relié à votre moi enfant.

MON LIEU DE SÉCURITÉ

Je pense à un endroit réel ou imaginaire, un décor que j’apprécie tout particulièrement et qui évoque pour moi le calme, la tranquillité et la sécurité. C’est peut-être un endroit que je connais déjà, que j’ai visité, seul(e) ou accompagné(e), un lieu dans lequel j’ai vécu un moment de bien-être et de sécurité intérieure

Si je préfère, je peux créer ce lieu de toutes pièces en faisant confiance à mon inconscient et à mon imagination : dans quel genre d’endroit, pourrais-je ressentir naturellement le calme, la tranquillité et la sécurité intérieure ? Quel est le décor que je veux offrir à mon enfant intérieur, un décor dans lequel je pourrai le retrouver, l’écouter et le consoler ?

Je prends tout le temps nécessaire pour me représenter cet endroit : je porte mon attention sur ce que je vois et sur tout ce qu’il y a à voir, puis je dirige mon attention sur ce que j’entends, s’il y a des sons ou si je veux en ajouter en imagination ou au contraire, cela peut être un endroit silencieux.

Je prends le temps de ressentir les sensations que j’ai quand je m’installe dans ce décor.

Lorsque je suis pleinement satisfait(e) de ce que je vois, ce que j’entends et ce que je ressens, alors je peux choisir un nom, un mot ou une expression que j’associe à ce lieu de sécurité.

Je termine en répétant cette phrase : « C’est l’endroit que j’ai choisi pour toi, l’endroit dans lequel nous sommes toi et moi en sécurité et dans lequel tu peux ouvrir ton cœur. »

À chaque fois que vous souhaiterez évoquer des scènes et des souvenirs du passé, ce lieu de sécurité sera l’endroit dans lequel vous pourrez emmener votre moi enfant. S’il a besoin d’être protégé ou si vous voulez le mettre en sécurité, emmenez-le mentalement dans cet endroit et prenez tout le temps nécessaire pour l’écouter, le consoler ou lui apporter de l’attention et de l’affection.

D’AUTRES ACTIVITÉS POUR APAISER

L’ENFANT INTÉRIEUR

La gratitude est un sentiment bienfaisant que nous ressentons et que nous exprimons pour renforcer notre relation aux autres. Audelà de cette reconnaissance, la gratitude est un sentiment qui nous aide à nous accepter tel(le)s que nous sommes et avec ce que nous avons vécu. Car nous pouvons toujours développer en nous un lien d’amour et de reconnaissance pour le bébé et l’enfant que nous avons été. Dans cet exercice, vous allez diriger votre gratitude vers votre enfant intérieur, en reconnaissant que vous avez besoin de lui(elle) pour exister pleinement en tant que personne.

JE RESSENS DE LA GRATITUDE

POUR L’ENFANT EN MOI

Je prends le temps de me faire une représentation de l’enfant que j’étais dans un moment agréable de mon enfance : peu importe l’âge que j’avais alors, peu importe que cette image mentale soit floue ou nette, que j’ai en tête ma silhouette d’enfant ou mon visage. Et même si je n’arrive pas à me revoir, j’imagine un objet ou un vêtement qui me représente à cet âge-là.

Je me laisse guider par mon corps pour retrouver mon enfant intérieur.

Je pars de ce que je ressens pour laisser émerger les images et la voix de l’enfant qui est en moi.

Puis je réponds aux questions qui suivent en laissant simplement émerger ce qui me vient :

– À cet âge-là, qu’est-ce que j’ai vu, entendu, senti et qui a été bon à vivre ?

– Qu’est-ce que j’ai fait ou vécu qui m’a apporté de la satisfaction ou du bien-être ?

– Qu’est-ce que les autres ont fait pour moi et qui m’a fait du bien ?

– Qu’est-ce que moi j’ai fait pour quelqu’un d’autre et qui m’a apporté de la satisfaction quand j’y pense maintenant ?

Je termine cet exercice en ressentant de la gratitude et je dis à mon moi enfant : « Je suis revenu(e) dans le passé pour te dire combien je suis fier(e) de toi, tu fais partie de moi, je t’aime comme tu es et je t’aimerai toujours. »

Nous vous proposons à présent d’apaiser votre enfant intérieur en vous souvenant en particulier de celles et ceux qui vous ont accompagné(e) pendant votre enfance :

– les personnes qui vous ont aimé, qui ont partagé leur tendresse et leur affection ;

les personnes qui ont cru en vous, grâce auxquelles vous avez développé des capacités ou qui vous ont donné confiance en vous ;

– les personnes qui vous ont considéré(e) de manière positive, qui vous ont porté de l’estime et de l’attention ;

– les personnes qui vous ont soutenu(e), encouragé(e), valorisé(e) ;

– les personnes grâce auxquelles c’était tout simplement bon d’être enfant !

Par exemple : des grands-parents, des membres de votre famille plus ou moins éloignée, des voisins, des enseignants, des éducateurs, des entraîneurs, etc. Toute personne que vous avez rencontrée et que vous avez sentie investie auprès de vous Cela peut aussi être un animal familier dont vous vous souvenez.

Si au cours de votre histoire, vous n’aviez pas rencontré de personnes bienveillantes ou aimantes, alors demandez-vous qui aurait pu être ce genre de personne pour vous ? Quel(s) personnage(s) célèbre(s) ou même imaginaire(s), auriez-vous aimé rencontrer ou sentir auprès de vous pour vous aider à vivre votre vie d’enfant et à grandir ? Cela peut être, par exemple, une figure humanitaire, artistique, scientifique ou même spirituelle, une figure qui incarne des valeurs essentielles à vos yeux, cela peut aussi être un héros de votre enfance. Par qui auriez-vous aimé être accompagné ? Quelles valeurs représente cette personne ou ce personnage ? Quelles sont ses qualités ?

Vous allez maintenant faire appel à celles et ceux qui vous ont accompagné(e) pour offrir du soutien et apaiser votre enfant intérieur.

LES SOUTIENS DE MON ENFANT INTÉRIEUR

Je me souviens d’une situation difficile que j’ai eue à vivre lorsque j’étais enfant. Je laisse revenir les images et les sons.

Je me représente l’enfant que j’étais alors : de quoi auraisje eu besoin dans cette situation pour pouvoir la vivre du mieux possible ? (D’une qualité, d’une capacité, d’une aide, de messages, etc.)

En fonction des besoins que je viens d’identifier, je choisis trois soutiens pour entourer l’enfant que j’étais : trois personnes réelles ou imaginaires dont j’aurais aimé sentir l’aide et la présence pour vivre du mieux possible cette situation difficile.

Pour chacune d’elles, j’identifie un message protecteur ou un cadeau symbolique qui m’aurait aidé(e). Par exemple, si mon père est un de mes soutiens, j’imagine qu’il me dit : « Tu peux te faire confiance » ou qu’il me remet un « bouclier » ou un « insigne ».

Puis à nouveau je revois l’enfant que j’étais juste avant d’affronter la situation difficile à vivre et j’imagine autour de lui les trois soutiens que j’ai choisis. Je regarde et j’écoute chacun lui offrir son message protecteur ou son cadeau.

Une fois que le moi enfant a reçu ses messages et ses cadeaux, j’entre mentalement dans la scène et je redeviens cet enfant : j’écoute le message ou je reçois le cadeau de chacun de mes soutiens, je reste attentif à ce que je sens quand je suis entouré d’eux et que je reçois leurs messages ou leurs cadeaux.

Et tout en restant en contact avec ce que je reçois, j’avance d’un pas et j’imagine que je traverse la situation difficile et que je continue à grandir et à vivre ma vie, jusqu’à devenir l’adulte que je suis aujourd’hui

Pour finir, je reste attentif à ce que je sens, moi l’adulte, quand je pense à ces messages ou ces cadeaux symboliques.

Dans notre vie d’adulte, la meilleure façon d’apaiser son enfant intérieur consiste parfois à se créer une famille de cœur composée de personnes que nous choisissons et qui sont de nouvelles sources d’affection et de bienveillance, de motivation et d’apprentissage.

Thomas qui a grandi auprès d’un père absent d’un point de vue affectif s’est créé un cercle d’amis masculins et trouve auprès d’eux une énergie et des rapports humains dont il a besoin. Il dit : « Dans ce petit groupe de potes, il y a des gars que j’admire et avec qui je me sens très proche. On partage des loisirs et des sports mais je trouve aussi des moments en tête à tête quand j’en ai besoin, d’autant plus que trois d’entre nous sont devenus papa en même temps. »

Zoé elle a gardé ses amis de lycée et continue de les fréquenter régulièrement : « Ils sont pour moi la preuve concrète que je me suis sortie de tout ce qui était difficile à cet âge-là. C’est vrai, j’ai rompu avec des membres de ma famille mais eux, mes amis de lycée, sont toujours là. Eux, je les ai choisis et je les garde. »

Après ces activités destinées à apaiser votre enfant intérieur et à renforcer vos souvenirs positifs, vous allez pouvoir éclairer vos expériences du passé à la lumière de vos connaissances et de vos ressources d’aujourd’hui. Il est temps de s’occuper plus particulièrement de l’enfant blessé qui est en vous.

CHAPITRE 10

PRENDRE SOIN DE L’ENFANT BLESSÉ

C’est le moment de redonner la parole à l’enfant que vous étiez pour lui demander ce dont il avait besoin lors des moments difficiles qu’il a traversés. Vous l’adulte qui portez la trace de ses blessures, vous allez voyager dans votre histoire et revenir dans le passé pour l’aider à reconsidérer ce qu’il a vécu et lui apporter l’aide dont il aurait eu besoin.

COMMENT RECONSIDÉRER LE PASSÉ ?

Reconsidérer le passé, cela veut dire donner une signification actualisée à ce que vous avez vécu afin de mieux le comprendre et de pouvoir l’accepter aujourd’hui. Lorsqu’un souvenir est difficile ou perturbant, c’est que malgré le temps qui passe, l’information qu’il contient est comme figée dans votre cerveau et dans votre système nerveux sous forme d’images, de sons, de sensations : le souvenir vous fait ressentir la même peur, la même colère ou la même impuissance que dans la situation d’origine C’est comme si vous étiez enfermé(e) dans votre point de vue d’enfant avec des pensées et des émotions dont vous n’arrivez pas à vous libérer.

Et si vous commenciez à observer le passé sous un angle différent ? Le prochain exercice va vous y aider en vous proposant de prendre deux points de vue sur une même situation :

– le point de vue de l’enfant que vous étiez, avec sa logique et son émotion,

– le point de vue de l’adulte que vous êtes devenu qui peut informer et rassurer l’enfant. Vous allez d’abord prendre le temps de comprendre ce que votre partie « enfant » a sur le cœur en vivant la situation du passé en mode associé. Puis vous aller observer les choses comme un spectateur, en mode dissocié. Ainsi vous pourrez compléter ou élargir le point de vue de l’enfant en lui apportant des explications ou en lui proposant d’autres interprétations.

Charlotte a 35 ans, elle a son permis de conduire, mais elle ne peut pas prendre sa voiture pour se rendre dans un endroit qu’elle ne connaît pas Cela devient gênant, elle ressent une oppression dans la poitrine à chaque fois qu’elle doit se rendre dans un endroit inconnu.

En restant connectée à sa sensation, elle retrouve une scène de son enfance : elle a 8 ans, elle est sur un balcon et ne sait pas où elle est. Elle se sent perdue, cet endroit lui est inconnu. Ses parents ont souvent déménagé pour des raisons professionnelles et ils ne lui disent rien sur la nouvelle maison, la nouvelle école, ses amis qu’elle ne verra plus… C’est Charlotte adulte qui va faire le nécessaire avec la jeune charlotte. Elle va la rassurer et lui donner les informations

qu’elle n’a pas eues. Et elle n’aura plus de difficultés pour se rendre dans des lieux qu’elle ne connaît pas. Les parents de Charlotte n’ont pas su l’informer sur ce qui était nouveau dans sa vie, ni écouter ses sentiments et la rassurer. Ils ne sont pas des parents maltraitants, ils sont tout simplement dans la méconnaissance et en manque de capacités.

C’est important de donner à un enfant les informations qu’il a besoin d’entendre, des informations appropriées à son âge, d’écouter ses questions et ses sentiments et qu’il puisse recevoir le soutien d’un adulte Aujourd’hui vous êtes devenu(e) cet adulte et vous pouvez prendre le recul nécessaire afin d’aider votre moi enfant à adopter une nouvelle manière de penser et de se considérer, comme dans l’exercice qui suit.

J’APPRENDS À RECONSIDÉRER LE PASSÉ

Je choisis une situation récente au cours de laquelle j’ai eu un comportement ou une réaction que je n’aime pas et qui pourtant se répète.

Je revis mentalement cette situation, en me demandant : « Qu’est-ce que je me dis sur moi ? Qu’est-ce que je ressens ? Où est-ce localisé dans mon corps ? »

Tout en restant en contact avec ces sensations, je laisse mon esprit repartir en arrière et remonter le temps pour retrouver une situation d’enfance au cours de laquelle j’ai ressenti la même chose.

Je laisse venir ce qui vient : les images, les sons, les mots, les sensations. Je fais confiance à mon inconscient qui sait quand j’ai déjà ressenti la même chose dans le passé.

Quand j’ai retrouvé un souvenir d’enfance, je me demande : « Quel est mon âge dans cette situation ? »

Puis, en me mettant à la place de l’enfant que j’étais, je décris la scène : « Que se passe-t-il ? Qu’est-ce que je vois ? Qu’est-ce que j’entends ? Qu’est-ce que je ressens ? Qu’estce je me dis ? Qu’est-ce que j’en conclus ? »

Je fais une pause, je change de position, je fais quelques mouvements pour me détendre ou je prends une grande respiration. Et à présent je regarde cette scène du passé comme un spectateur, c’est comme si je la voyais sur un écran avec mon point de vue d’adulte : « Qu’est-ce que je pense de la situation vécue par l’enfant que j’étais ? Qu’estce que je comprends ? Que pourrais-je dire, moi adulte, à cet(te) enfant ? Quelque chose qu’il(elle) ne sait pas encore, et qui lui permettrait de vivre la situation autrement, de façon plus apaisée. »

Puis j’imagine que j’entre dans la scène du passé, je m’approche de lui(elle) et je vis cet échange avec l’enfant que j’étais.

Je lui dis tout ce qu’il a besoin d’entendre jusqu’à ce que je puisse voir, entendre et ressentir qu’il est tranquillisé et rassuré.

Je termine en réorientant mon attention sur le présent et en me demandant : « Qu’est-ce que je ressens à présent ? »

Dans cet exercice, vous offrez le regard de l’adulte à votre moi enfant pour mieux comprendre ce qui lui est arrivé et ce qu’il a ressenti. Vous lui transmettez enfin des informations et des

connaissances qui lui permettent de s’apaiser. À l’issue de cet exercice, et en repensant à votre souvenir, il est probable que votre ressenti ait évolué. Peut-être d’autres sentiments se sont-ils ajoutés pour le nuancer ou bien peut-être avez-vous pris de la distance ?

Le passé difficile n’a pas besoin de garder sa charge émotionnelle. Il devrait plutôt nous informer, nous avertir et être une source d’apprentissages Puisqu’une grande partie des tensions que nous vivons au présent résulte de schémas qui se répètent depuis l’enfance, alors c’est le rôle de l’adulte que nous sommes devenu de reconsidérer et de restructurer les scènes du passé avec des mots et des images réparateurs.

PRENDRE SOIN DE L’ENFANT BLESSÉ

Oui, vous pouvez retourner dans le passé pour aider l’enfant que vous étiez. C’est ce que vous allez apprendre à faire maintenant avec cet autre exercice qui commence comme l’exercice précédent. L’adulte que vous êtes devenu va prendre soin de son moi enfant.

JE PRENDS SOIN DE MON ENFANT

INTÉRIEUR BLESSÉ

Comme dans le cas de l’exercice précédent, je choisis une situation récente au cours de laquelle j’ai eu un comportement ou une réaction que je n’aime pas et qui pourtant se répète.

Je revis mentalement cette situation, en me demandant : « Qu’est-ce que je me dis sur moi ? Qu’est-ce que je ressens ? Où est-ce localisé dans mon corps ? Qu’est-ce que je me dis en vivant cette situation ? »

Tout en restant en contact avec les sensations dans mon corps, je laisse mon esprit repartir en arrière et remonter le temps jusqu’à ce que je retrouve une situation d’enfance dans laquelle j’ai ressenti la même chose.

Je laisse venir ce qui vient : les images, les sons, les mots, les sensations. Je fais confiance à mon inconscient qui sait quand j’ai déjà ressenti la même chose pour la première fois. Et même si ce n’est pas la toute première fois, c’est la première fois dont je me souviens maintenant.

Une fois que j’ai retrouvé cette situation, j’imagine que moi l’adulte, j’entre dans la scène du passé pour m’adresser à l’enfant que j’étais. Je lui dis : « Je suis revenu(e) dans le passé pour t’aider. Je suis désolé(e) que tu aies gardé cela dans ton cœur depuis si longtemps. Dis-moi ce que tu ressens (j’écoute sa réponse). Dis-moi ce dont tu as besoin (j’écoute sa réponse). »

J’accueille ce qui vient, que ce soit sous forme de pensées, d’images, d’émotions, de sensations.

Selon l’émotion, le besoin et le contexte de cette situation du passé, je choisis un ou plusieurs messages positifs et protecteurs que moi l’adulte je souhaite transmettre à l’enfant que j’étais. Par exemple : « Tu mérites d’être heureux », « tu es capable de réussir », « tu es quelqu’un de bien », « tu n’as rien fait qui mérite cela » ou « ce n’est pas juste ce qui t’arrive ».

Je termine en imaginant que je prends l’enfant dans mes bras et que je lui dis : « Je comprends ce que tu ressens car tu fais partie de moi. Tout cela c’est du passé et cela ne se reproduira plus. Je suis là maintenant pour te protéger. Je t’aime comme tu es et je t’aimerai toujours. »

Je vis pleinement en imagination ce nouveau scénario jusqu’à ce que je puisse voir, entendre et ressentir que le moi enfant est apaisé. Je quitte le souvenir du passé et je réoriente mon attention sur le présent. À l’issue de ce travail, vous prenez un engagement vis-à-vis de vous-même : vous vous engagez à veiller sur votre enfant intérieur et à prendre soin de ses besoins. Si par la suite vous l’oubliez, nous vous proposons de toujours commencer par vous excuser afin de ne pas perdre la confiance que vous avez installée. Car au fond il n’y a rien de pire que d’abandonner un enfant que l’on vient d’accueillir : il ne peut plus vous faire confiance et il se méfie des autres et de la vie. Alors si cela vous arrivait, partez retrouver votre moi enfant dans la situation du passé et dites-lui sans vous justifier : « Je suis désolé(e) de t’avoir oublié(e). Pardonne-moi de t’avoir fait de la peine. Je t’aime comme tu es et je t’aimerai toujours. »

Ce travail permet de restaurer l’amour de soi. L’amour de soi est à la base d’une estime de soi saine et solide. Vous allez apprendre les clés de l’amour de soi dans le dernier chapitre de ce livre. Pour l’instant, c’est le moment de recevoir le cadeau de votre enfant blessé.

Quel est le cadeau que vous offre votre enfant intérieur ? Autrement dit, qu’avez-vous appris de votre blessure ? Car « là où vous avez souffert, vous devenez un expert ».

Témoignage de Christiane

« Comme vous l’avez découvert au début de ce livre, ma mère m’a abandonnée à ma naissance. Et parmi les

personnes que j’ai accompagnées en thérapie, plusieurs ont aussi vécu l’abandon sous différentes formes. Avec ces patients, le travail me semblait parfois difficile. Un jour, mon superviseur me dit : « Qui mieux que vous Christiane peut comprendre un enfant abandonné ? » Cette simple phrase m’a ouvert les yeux et j’ai compris une évidence : là où on a souffert, on devient expert.

J’ai fait le nécessaire pour prendre soin de cette partie de moi enfant, abandonnée, et à partir de là le travail avec ces patients ne m’a plus posé problème. »

LE CADEAU DE L’ENFANT BLESSÉ

Je m’installe confortablement dans un endroit tranquille où je ne serai pas dérangé.

Je me concentre sur ma respiration pour faire le calme en moi. Je sens mon corps se détendre et j’ouvre peu à peu à l’intérieur de moi un espace d’inspiration. J’écoute le battement de mon cœur. C’est le langage universel de tous les hommes de la terre

C’est le moment de ressentir de la gratitude envers cette partie de moi qui bat inlassablement jour et nuit et qui me maintient en vie. Je ressens de la gratitude pour l’enfant que j’étais, cet enfant unique au monde. Il n’y a pas eu deux enfants comme moi sur terre.

Je l’imagine à l’âge où il a été blessé et je l’emmène dans mon lieu de sécurité. Je lui propose de laisser sa blessure ici et de la confier à la nature qui va la transformer. Cela peut se faire en écrivant sur un papier la blessure du passé avant de l’enterrer ou de le brûler. S’il ressent une émotion, j’accueille ce qu’il ressent et le console en lui disant : « C’est fini, tout cela appartient au passé. Tu fais partie de moi et je suis là désormais pour veiller sur toi. Je t’aime comme tu es et je t’aimerai toujours. »

Et tout en sentant mon enfant intérieur s’apaiser, je lui demande ce qu’il a appris à travers sa blessure. Je laisse la réponse venir sous forme d’un mot, d’un symbole ou d’un objet. C’est son cadeau pour l’adulte que je suis devenu.

Je le reçois et je lui exprime toute ma gratitude en lui disant : « Merci d’avoir revécu tout cela pour moi, tu n’auras plus à souffrir de cette blessure. Je suis là désormais pour prendre soin de toi Je t’aime comme tu es et je t’aimerai toujours. »

Je lui dis au revoir et en prenant tout mon temps, je reviens doucement à la réalité du présent. Je m’étire et j’ouvre les yeux.

REMETTRE LE PASSÉ À SA PLACE

Nous avons tous une manière inconsciente de nous représenter le temps qui passe, de distinguer ce qui appartient au passé, au présent ou au futur Dans notre tête les souvenirs se suivent de manière chronologique comme s’ils s’enchaînaient sur une ligne du temps.

Imaginez une ligne qui relie votre passé à votre présent et à votre futur. Une ligne horizontale avec le futur d’un côté et le passé de

l’autre. Cette ligne vous pourriez aussi la dessiner sur le papier. Elle n’est pas forcément droite, elle peut être courbée, continue ou discontinue, fine ou large selon les endroits… La forme que prend votre ligne du temps est tout à fait personnelle, cela pourrait même être un chemin ou une route ou encore un long fleuve de la vie. Que vous l’imaginiez dessinée sur une feuille ou déroulée sur le sol, cette ligne représente votre vécu depuis votre naissance, à chaque âge de votre vie. C’est une succession de souvenirs qui s’enchaînent chronologiquement. Elle représente votre trajectoire avec toutes vos expériences vécues, les bonnes comme les difficiles.

La ligne du temps est utilisée en PNL depuis les années 1980. C’est une représentation utile car elle vous donne un large point de vue sur votre vie : vous pouvez y placer des événements, des moments clés, des personnes qui ont compté pour vous, des réussites, des apprentissages que vous avez faits et toutes les ressources que vous avez mobilisées depuis votre naissance. La ligne du temps est aussi utilisée en ICV sous la forme d’une liste chronologique de souvenirs. Une liste qui commence à votre naissance et se déroule année après année jusqu’au présent de votre vie.

En répétant cette liste de souvenirs, et en faisant avancer mentalement et émotionnellement son patient dans le temps, le thérapeute lui permet de remettre le passé à sa place. La répétition de sa ligne du temps aide le patient à sentir la cohérence et l’unité de sa vie ainsi que sa continuité à travers le temps Vous aussi pouvez observer ce qui a été porteur ou ce qui a été limitant au cours de votre enfance. Le fait de travailler avec votre ligne du temps va vous aider à accepter votre histoire : « Oui, c’est bien moi

qui suis passé par tout ça. » Et aujourd’hui vous pouvez être un témoin de votre vie, un témoin objectif, avisé, de votre enfance et de tout votre vécu. Cela aide à remettre le passé à sa place.

JE METS AU JOUR MA LIGNE DU TEMPS

Première étape

Je dresse une liste spontanée de souvenirs, année après année, depuis mon arrivée au monde et jusqu’à aujourd’hui. Je les note comme ils viennent, comme une succession de situations, d’événements et d’expériences qui m’ont influencé(e) positivement et négativement. Je leur donne une date et un titre. Par exemple :

– 6 ans, entrée au CP.

– 15 ans, rencontre avec Mathilde au lycée.

– 24 ans, je loue mon 1er studio

Je laisse ainsi les images, les sons ou les sensations de toutes sortes revenir pour chaque âge de ma vie.

Si cela est difficile de retrouver un souvenir pour chaque année, je peux identifier un événement ou un souvenir tous les deux ans. Si, pour certaines années, je ne retrouve pas de souvenirs, alors je saute une ligne et je compléterai au fur et à mesure des détails et des images qui me reviendront par la suite. Si, pour certaines années, je n’ai vraiment pas de souvenirs sur lesquels m’appuyer, je peux tout simplement m’imaginer à cet âge-là et revoir la maison dans laquelle je vivais, mon école ou mon entourage, mes camarades ou encore le genre de loisirs, de jeux ou de vacances, que j’avais à cet âge-là. Tout cela peut m’aider à retrouver des souvenirs ou à me représenter mon histoire.

Deuxième étape

À partir de cette succession chronologique de souvenirs, j’imagine à présent une ligne qui représente le tracé de mon histoire de vie.

Je choisis un crayon ou un feutre pour la dessiner sur une feuille. J’indique les endroits où se trouvent le passé, le présent et le futur.

Puis je reprends ma liste de souvenirs et je positionne sur ma ligne dessinée les moments clés, les expériences marquantes, de manière intuitive.

La mise à jour de votre ligne de temps est une activité qui mobilise tout votre fonctionnement mental : comme votre cerveau aime organiser, trier, rassembler… au fur et à mesure que vos souvenirs reviennent, vos neurones s’activent et se connectent pour créer de nouvelles associations et relier les chapitres de votre histoire. Les deux hémisphères cérébraux sont sollicités : l’hémisphère gauche, sensible aux informations et aux faits chronologiques, et l’hémisphère droit, sensible aux images et aux ressentis.

LA LIGNE DE TEMPS EST À LA FOIS UN TRAVAIL DE MÉMOIRE ET DE RÉPARATION

Ce travail avec une ligne du temps vous invite à vous tourner vers le passé mais ce n’est pas pour en être nostalgique, pour avoir des regrets ou vous sentir angoissé. Non. Les images du passé vous aident à comprendre et à changer vos comportements et les émotions dont vous ne voulez plus aujourd’hui. En rassemblant toutes vos expériences sur votre ligne de temps, vous les revoyez et vous pouvez suivre concrètement votre développement année après

année, d’enfant à adulte. Vous gagnez un point de vue plus lucide sur la personne que vous êtes devenue. Et au fil du travail, vos souvenirs évoluent et des perspectives nouvelles émergent.

JE REMETS LE PASSÉ À SA PLACE EN UTILISANT MA LIGNE DU TEMPS

Si je ressens encore des émotions désagréables à propos d’une situation du passé ou si un souvenir difficile continue de m’influencer émotionnellement dans ma vie d’adulte, je peux me servir de ma ligne de temps pour remettre le passé à sa place et montrer à l’enfant que j’étais que tout cela est bien terminé.

Pour cela, je consulte ma liste de souvenirs, je regarde l’âge que j’avais lors de cette situation difficile et je visualise chaque souvenir, l’un après l’autre, année après année en avançant dans le temps. Par exemple si j’ai vécu une situation difficile à l’âge de 15 ans, je commence à partir de mes 16 ans. Et je me revois à chaque année avancer dans le temps :

– à 16 ans je rencontre Caroline,

– à 17 ans j’ai mon bac,

– à 18 ans je vis mon premier job d’été,

– à 19 ans je pars étudier au Canada, etc.

Jusqu’à arriver au présent de ma vie c’est-à-dire à l’âge que j’ai aujourd’hui. Je peux répéter cette visualisation de ma ligne de temps autant de fois que nécessaire jusqu’à sentir que mon souvenir difficile appartient vraiment au passé.

Je termine en me disant cette phrase : « Quand je vois tout ce que j’ai vécu au cours du temps je sais que je peux me faire confiance pour faire face aux difficultés. »

Un autre exercice pour remettre le passé à sa place

Comme dans le cas de l’exercice précédent, je pars d’une émotion désagréable à propos d’une situation du passé ou d’un souvenir difficile qui continue de m’influencer émotionnellement dans ma vie d’adulte. Je vais montrer à l’enfant que j’étais que tout cela est bien terminé.

Pour cela, je me représente l’enfant que j’étais à cet âge-là, dans cette situation et j’imagine que je l’emmène dans mon lieu de sécurité, où je lui dis : « Je suis revenu dans le passé pour t’aider et te dire que tout cela est terminé. Je le sais car je suis l’adulte que tu vas devenir et je vais te raconter maintenant toutes les bonnes choses que tu vas vivre. »

Puis en partant de l’âge du moi enfant, je visualise les souvenirs les uns après les autres, année après année et j’imagine que j’avance dans le temps jusqu’à arriver au présent de ma vie, à l’âge que j’ai aujourd’hui.

Répétez votre ligne de temps, visualisez les années qui passent, sentez-vous grandir et traverser le temps… vous stimulerez ainsi de nouvelles associations dans votre cerveau, tout en désactivant des connexions neuronales anciennes.

Le psychologue Éric Binet, auteur de l’ouvrage Le Présent au secours du passé, propose également un travail à partir de la ligne du temps en la construisant seulement à partir de souvenirs positifs et sécurisants. Dans ce cas, les souvenirs qui composent la liste chronologique évoquent tout ce que vous avez vécu de positif à chaque âge. Ce sont des souvenirs qui rappellent entre autres :

– vos capacités, vos qualités, vos valeurs personnelles,

– les personnes qui vous ont aidées,

– les lieux dans lesquels vous vous êtes sentis bien,

– les activités qui ont été des sources de satisfaction,

– les moments dans lesquels vous avez senti de la motivation, de la fierté, de la confiance, etc.

En assemblant toutes ces expériences positives les unes aux autres, la ligne de temps stimule vos ressources et renforce votre bien-être au présent de votre vie. Pour la mettre à jour, vous pouvez suivre les étapes et les consignes que nous avons décrites précédemment en sélectionnant seulement les expériences positives qui vous reviennent.

CHAPITRE 11

APPRENDRE À S’AIMER

Le fait d’avoir de la considération pour les autres et de vouloir les aider semble être une aspiration que les humains partagent volontiers. Mais nous ne sommes pas toujours préparés à nous aimer et à nous aider nous-même. Bien souvent, nous ignorons même comment le faire concrètement. Le modèle de l’enfant intérieur rend cette notion d’amour de soi à la fois concrète et accessible : en partant à la rencontre de votre moi enfant, vous apprenez à vous aimer.

PRENDRE SOIN DE SOI DANS TOUTES SES DIMENSIONS

L’amour de soi est comme une alchimie entre plusieurs éléments : la connaissance, l’acceptation, la responsabilité, la tendresse pour soi… des éléments auxquels s’ajoute une certaine détermination. C’est un choix et une discipline à exercer vis-à-vis de soi-même pour en finir avec la dévalorisation ou le manque de confiance L’amour de soi est un parti pris qui peut s’énoncer simplement : « J’aime la personne que je suis et je fais le nécessaire pour prendre soin de moi physiquement et émotionnellement. »

Lorsque nous ne nous aimons pas, nous nous mettons en danger car nous laissons aux autres le pouvoir de décider de notre valeur. À l’inverse, quand nous cultivons l’amour de soi, cela maintient en nous un sentiment d’harmonie ou de paix intérieure qui s’exprime aussi dans nos rapports avec les autres car nos relations sont respectueuses, plus faciles et plus agréables.

Pour vous, et selon votre éducation ou vos convictions, l’amour de soi est peut-être un amour interdit ou impossible, qui signifie égoïsme ou vanité. Pourtant c’est bien une attitude essentielle qui est à la base de l’estime de soi.

Voici des clés qui vont vous permettre de faire le point sur votre capacité à vous aimer. En lisant ces lignes, essayez de repérer le domaine que vous auriez besoin de travailler plus particulièrement et la clé qui pourrait vous y aider.

PREMIÈRE CLÉ : LA CONNAISSANCE DE SOI

– Reconnaissez ce dont vous avez hérité à travers votre éducation familiale, votre culture et distinguez ce qui vous appartient personnellement (comme les croyances aidantes et motivantes que vous choisissez d’adopter).

– Identifiez vos limites, vos vulnérabilités comme ce dont vous avez manqué enfant ou les erreurs que vous avez pu commettre.

– Identifiez vos compétences, vos ressources et vos réussites tout au long de votre vie.

– Soyez conscient de vos contradictions, de vos ambivalences et considérez-les comme des parties de vous utiles plutôt que de les rejeter.

Restez en lien avec votre corps, avec vos sensations et vos émotions.

DEUXIÈME CLÉ : L’ACCEPTATION DE SOI

Bien que cette force existe naturellement en chaque enfant, l’acceptation de soi devient une tâche difficile pour beaucoup d’adultes. Voici un exercice tout simple qui va vous permettre de tester votre capacité à vous accepter

J’ÉVALUE MA CAPACITÉ À M’ACCEPTER

Je m’installe confortablement et je respire tranquillement.

Je pense à quelqu’un que j’aime et qui m’inspire du respect.

J’imagine cette personne assise face à moi.

Je prends tout le temps nécessaire pour sentir ce que j’éprouve en étant simplement face à elle.

Puis je choisis un mot ou un symbole qui représente ma relation avec cette personne.

Je ferme les yeux à nouveau, je fais le vide et j’imagine maintenant que je suis assis face à moi-même

Je prends tout le temps qui m’est nécessaire pour sentir ce que j’éprouve en étant face à moi-même.

Et je remarque les sentiments et les pensées qui me viennent spontanément.

Certains obstacles nous empêchent de nous accepter pleinement Par exemple :

– La comparaison aux autres crée beaucoup de tensions inutiles.

– Une exigence excessive envers soi-même rend intolérant.

– Les jugements négatifs sapent le moral.

– L’exagération pousse à ne regarder que ses défauts.

l’inverse il existe des moyens simples permettant de favoriser

l’acceptation de soi :

– Parlez de vous avec respect et bienveillance comme vous parleriez d’un ami.

– Exprimez autant que possible vos talents et vos capacités.

– Entourez-vous de personnes qui vous considèrent positivement et qui vous renvoient une image positive de vous-même.

– Reconnaissez vos erreurs, vos limites, vos doutes et vos insatisfactions.

– Gardez l’esprit ouvert à l’imprévu et soyez curieux des personnes que vous rencontrez.

– Cultivez des croyances qui vous donnent de l’espoir et une vision constructive de la vie.

Voici quelques exemples d’affirmations qui peuvent vous aider à mieux vous accepter :

• J’ai appris à percevoir et à interpréter les choses d’une certaine façon et ce n’est peut-être pas la plus juste.

• Aujourd’hui je peux agir différemment si je le souhaite, je peux me faire ma propre idée de la vie, des autres et de moi-même.

• J’ai en moi les ressources dont j’ai besoin pour me libérer de mon passé.

À

• J’ai la volonté d’accepter mon histoire et de m’apprécier tel(le) que je suis.

TROISIÈME CLÉ : LA RESPONSABILITÉ DE SOI

C’est un élément essentiel qui compose l’amour de soi et qui peut se traduire par des actions concrètes :

– Acceptez la vie telle qu’elle est, pleine d’incertitudes et de changements.

– Déterminez vos priorités et vos valeurs.

– Trouvez les moyens de satisfaire vos besoins par vous-même.

– Mettez au jour les croyances qui vous limitent et faites-les évoluer.

– Soyez conscient(e) que vous avez toujours le choix de penser, de ressentir ou d’agir

Dans vos relations aux autres, l’attitude qui va vous aider à faire preuve de responsabilité s’appelle l’assertivité. Être assertif(ve)

c’est affirmer son droit d’exister devant les autres. Par exemple :

– Dire non et refuser sans rejeter l’autre ou en lui offrant une solution alternative.

– Demander sans exiger.

– Dire ce que vous aimez et ce que vous n’aimez pas.

– Se remettre en question.

– Présenter ses excuses quand cela est nécessaire.

– Recevoir une critique sans se mettre en colère.

QUATRIÈME CLÉ : AVOIR DE LA TENDRESSE

POUR SOI

La tendresse est une capacité qui nous vient vraiment de la petite enfance : un enfant a besoin de donner et de recevoir de la tendresse car c’est à travers ce sentiment et ces sensations qu’il apprend à s’apaiser physiologiquement et émotionnellement. Tous

les humains, qu’ils soient de sexe féminin ou de sexe masculin, ont besoin de tendresse et sont capables d’en montrer, comme ils sont capables de montrer de la force ou de l’intelligence.

DONNER ET RECEVOIR UN HUG

Le hug est une accolade qui consiste à serrer l’autre dans ses bras, pour l’accueillir, le remercier ou lui exprimer de la sympathie. Nous disons des choses essentielles à travers un simple hug : « Je t’aime », « tu m’as manqué », « merci d’avoir été là pour moi », etc

Le hug crée une intimité physique et émotionnelle Ce simple geste transforme les émotions en chaleur humaine et en énergie positive C’est une belle expérience sensorielle : quand elle est authentique, nous donnons et recevons une énergie d’apaisement et de protection. Dans le cerveau, le contact chaleureux du hug libère un mélange d’hormones liées au bien-être physique, émotionnel, et à la réduction du stress

D’autres formes de toucher comme les massages, les câlins et les caresses, quand ils sont donnés et reçus avec respect et tendresse, contribuent à apaiser notre état émotionnel et à cultiver la tendresse en soi.

LE MOMENT EST VENU DE VOUS OCCUPER DE VOUS !

En suivant le modèle de vos parents ou des adultes qui ont pris soin de vous, vous avez adopté une manière de prendre soin de vous-même. La plupart des parents ont fait du mieux qu’ils ont pu et du mieux qu’ils s’aimaient eux-mêmes. C’est désormais à vous adulte, d’accepter cette tâche de prendre soin de vous. Vous ne pouvez pas la laisser aux autres. Personne ne peut faire à votre place ce que vous avez à faire pour vous-même.

Quand nous ne nous aimons pas suffisamment, nous prenons le risque d’imposer notre besoin de reconnaissance aux autres. Vous connaissez peut-être des personnes qui ramènent tout à elles, qui s’imposent brutalement dans la conversation ou des personnes qui envahissent l’autre, qui veulent dominer la relation, etc. À l’inverse, il existe tant d’adultes qui ne savent pas poser de limites et se faire respecter parce qu’ils ne s’aiment pas suffisamment.

QUELQUES CROYANCES QUI EMPÊCHENT L’AMOUR DE SOI

• Je suis incapable de gérer ce que je ressens.

• Ce que je ressens, c’est à cause des autres

• Je suis responsable de ce que ressentent les autres, leurs sentiments sont plus importants que les miens

• Je peux contrôler ce que les autres pensent de moi et je peux faire qu’ils m’aiment

Les croyances les plus limitantes sont celles basées sur la honte de soi comme :

• Je suis une mauvaise personne

• Je ne vaux rien.

• Je ne suis pas important(e).

• Je ne suis pas aimable

QUE POUVEZ VOUS FAIRE CONCRÈTEMENT

POUR VOUS AIMER MIEUX ?

Rappelez-vous que l’amour de soi est une décision et une discipline intérieure. C’est un travail quotidien qui se fait avec

humilité, volonté et patience. Voici quelques règles simples à suivre qui vont vous aider :

– J’arrête de me juger.

– J’arrête de me faire peur en exagérant.

– J’arrête de vouloir être parfait.

– Je reconnais mes erreurs, mes défauts, mes limites.

– Je demande de l’aide quand j’en ai besoin.

– Je m’encourage avec des pensées qui me donnent une vision juste de moi-même.

– Je suis curieux des rencontres que je peux faire et je suis ouvert à l’imprévu.

– Je m’entoure de personnes qui me considèrent et qui me font du bien.

– Je prends soin de mon corps et de mon bien-être physiologique.

– J’accepte les choses que je ne peux pas changer.

– Je change celles que je peux changer

Et des affirmations que vous pouvez adopter pour soutenir vos efforts :

– Je suis responsable de mes sentiments, pas de ceux des autres.

– Je suis responsable de mon bien-être, pas de celui des autres.

– Je suis responsable de moi-même, je n’ai plus besoin que l’on fasse les choses à ma place.

– C’est à moi de trouver ce qui m’apporte du plaisir et de la joie et ça ne fait pas de moi quelqu’un d’égoïste.

Dans les exercices de ce livre, toutes les scènes que vous créez en imagination pour votre moi enfant, avec des mots, des images et des rencontres et tous les messages positifs que vous lui adressez, sont des moyens de renforcer l’amour de soi. Nous avons tous

besoin de nous aimer, d’un amour fait de respect et de bienveillance, d’espoir et de détermination. L’amour de soi constitue l’assise qui nous permet de nous tourner vers les autres. Il est indissociable de l’amour de l’autre, ce sont les deux faces d’une même pièce, les deux courants qui partent d’une même source universelle. Malheureusement il arrive que le poids du remords, de la honte ou de la culpabilité nous empêche de nous aimer… autant de forces autodestructrices auxquelles nous pouvons apprendre à opposer une force plus puissante : le pardon à soi.

APPRENDRE À SE PARDONNER

« Pardonner, c’est délivrer un prisonnier et découvrir que le prisonnier c’était vous. »

OSCAR WILDE

Que vous évoque le pardon ? Certains comportements et certaines expériences vécues semblent impardonnables. D’ailleurs personne ne peut vous demander de pardonner et d’oublier quoi que ce soit ou qui que ce soit. Si nous évoquons ce sujet, c’est pour vous inviter à une autre forme de pardon : le pardon à soi-même. Il est parfois difficile de pardonner aux autres, mais c’est encore plus difficile de se pardonner à soi-même.

Lorsque nous nous blessons physiquement, nous n’attendons pas pour nous en occuper, nous faisons le nécessaire pour arrêter de souffrir, même si cela fait mal de désinfecter une plaie ou de la recoudre. Pourtant, lorsque nous nous blessons émotionnellement, nous pouvons continuer longtemps à souffrir et à endurer des

sentiments douloureux comme la honte ou le dégoût de soi. Mais le fait de s’accrocher au ressentiment ne change pas ce que nous avons fait ni les événements qui se sont déroulés et c’est une attitude qui nous laisse prisonniers de la souffrance. Avec le temps, le ressentiment est comme un poison qui ronge le cœur. Dans ces conditions, le pardon à soi peut-être un antidote puissant car il repose sur une propriété essentielle : la compassion pour l’enfant que vous étiez. C’est-à-dire la compassion que vous pouvez sentir en vous revoyant enfant, un enfant qui a agi comme il a pu, à partir de ce qu’il connaissait et de ce qu’il ressentait pour pouvoir se protéger ou faire face à une situation.

Si vous décidez vraiment de vous pardonner, souvenez-vous que vous êtes venu au monde comme un petit être innocent qui avait besoin d’amour, et cherchez en vous la compassion que vous pouvez offrir à cet enfant. Nous ressentons naturellement de la compassion lorsque nous sommes touchés par la souffrance d’un autre être humain. Par exemple quand quelqu’un perd un proche, nous sommes touchés en l’écoutant et nous souffrons avec cette personne. Nous partageons sa douleur, nous sommes sensibles à ce qui lui arrive et nous cherchons ce qui peut la soulager et la consoler.

L’exercice « apprendre à se pardonner » repose sur un concept dont nous avons déjà parlé : derrière chaque comportement il y a une intention positive. Il repose aussi sur une vision positive de l’être humain : derrière vos défenses, vos blessures et votre histoire de vie, il y a quelque chose de profondément humain et d’innocent en vous. Alors vivez cet exercice symbolique pour apprendre à vous pardonner. Cet exercice est adapté dans le cadre de tout

comportement, souvenir ou situation vécue lors desquels vous aviez au moins 6 ans.

J’APPRENDS À ME PARDONNER

Je laisse revenir mentalement une situation dans laquelle je n’arrive pas à pardonner à l’enfant que j’étais ou je pense à une situation d’enfance dans laquelle je trouve que j’ai mal agi et je m’en veux encore.

J’écris une lettre à l’enfant que j’étais en l’appelant par son prénom et en lui disant : « Je t’écris pour te dire qu’aujourd’hui je t’en veux encore d’avoir agi comme tu l’as fait et j’ai besoin de comprendre. Dis-moi ce que cela t’apporte d’agir comme ça ? Qu’est ce qui t’a manqué pour agir autrement ? »

Puis en utilisant mon autre main, je réponds simplement à ces questions en disant : « Je suis content que tu m’écrives. Ce que cela m’apporte c’est… Ce qui m’a manqué c’est… »

Enfin, je réponds à l’enfant que j’étais en changeant de main et en écrivant simplement : « Je suis touché par ce que tu me dis. Je comprends mieux maintenant pourquoi tu as agi comme ça, merci pour ta franchise. Je ne t’en veux plus car depuis j’ai appris ce qui te manquait. Je te pardonne. »

Je prends le temps nécessaire pour ressentir de la compassion envers l’enfant que j’étais, puis pour intégrer ce changement, c’est-à-dire pour ressentir ce que ça me fait de me pardonner.

Ce pardon est un cadeau que vous vous offrez. Un cadeau de l’adulte que vous êtes devenu à l’enfant que vous étiez. C’est le

résultat d’une véritable alliance : l’adulte est prêt à accepter son passé et à s’en libérer.

UNE AFFIRMATION POUR APPRENDRE À SE PARDONNER

Pardon peut s’écrire en deux mots : « par » et « don ». Ce qui signifie : « Par cet acte, je me donne quelque chose »

Alors voici une affirmation que vous pouvez vous offrir pour vous pardonner vos erreurs passées : « En m’accrochant à des pensées qui me font me sentir mal je m’empêche de profiter de la vie et d’être bien avec les autres. J’étais un(e) enfant avec ses limites et je suis devenu(e) un(e) adulte capable de le comprendre. Je suis quelqu’un de bien, je choisis de me pardonner et de lâcher prise »

Quand nous parvenons à nous pardonner, nous sommes réconciliés et nous faisons un pas de plus sur le chemin de la paix intérieure et de l’amour de soi.

DEVENIR UN PARENT BIENVEILLANT

Tout ce que vous avez vécu par le passé est terminé et l’enfant que vous étiez a maintenant un adulte à ses côtés. Quelqu’un est là pour le(la) protéger et prendre soin de lui(elle). Vous êtes là pour le reste de sa vie L’une des choses les plus simples que vous puissiez faire est de penser à lui(elle) et de l’emmener dans vos moments de joie et de plaisir ; ou encore le(la) retrouver comme vous avez appris à le faire au chapitre 9, en l’emmenant en imagination dans votre lieu de sécurité pour lui donner de l’affection ou partager des souvenirs et des émotions Gardez ce contact jour après jour avec votre moi enfant. Une multitude d’activités vous permettent de sentir ce lien vivant, comme lorsque vous chantez, que vous jouez, que

vous dansez, que vous faites des activités manuelles ou que vous vous autorisez à prendre du plaisir simplement.

Et pour que l’enfant intérieur comprenne qu’il est vraiment digne d’être aimé, devenez pour lui un parent bienveillant. Pas un adulte qui juge et qui punit, qui se montre agacé ou distant, mais un parent qui apporte de l’apaisement, de l’écoute et de la discipline. Vous pouvez par exemple vous donner un cadre et des limites que vous n’avez peut-être pas reçues dans votre enfance ou que vous avez peut-être rejetées dans votre adolescence.

Un parent bienveillant c’est un parent qui développe en lui la capacité à « bien veiller » sur son enfant intérieur, c’est-à-dire avec indulgence, compréhension et attention. C’est aussi un parent qui est capable d’insuffler de la joie et des émotions positives. Le parent bienveillant représente une image symbolique pour tous les êtres humains : quand nous pensons à son rôle, nous avons tous un modèle en tête. Un modèle que nous nous faisons à partir de la perception que nous avons de nos propres parents – ou des personnes qui nous ont élevés – et à partir de la conception que nous avons de ce que veut dire « être parent ». Autrement dit, nous avons tous une représentation faite d’images, de sensations, d’émotions et d’idées sur les qualités et les valeurs associées à un parent bienveillant.

– C’est un parent qui apporte des forces essentielles au développement d’un enfant : l’apaisement, la tendresse, la sécurité, l’envie d’explorer, de devenir plus responsable ou plus autonome…

– C’est son rôle de permettre à l’enfant de développer une bonne estime de soi et une confiance en ses capacités. Et l’enfant peut le

faire grâce au regard positif inconditionnel que ses parents lui portent, c’est-à-dire un amour qu’il ne peut jamais remettre en doute.

Cet amour inconditionnel est certainement le plus beau cadeau que des parents peuvent faire à leur nouveau-né car tout son organisme va en garder la trace émotionnelle et sensorielle. Si vous ne l’avez pas reçu, que vous avez grandi dans des conditions défavorables, vous pouvez toujours vous le créer une fois adulte grâce à un travail thérapeutique. C’est d’ailleurs un des objectifs de la thérapie ICV de réparer le lien d’attachement. Voici un exercice qui vous permettra de rencontrer et de vous connecter à cette partie de vous, le parent bienveillant

JE DÉCOUVRE QUE JE PEUX ÊTRE

UN PARENT BIENVEILLANT

Je prends tout le temps nécessaire pour faire le calme en moi et me mettre dans un état d’esprit d’accueil et d’ouverture.

Je me centre sur ma respiration et je me demande ce que veut dire pour moi « être un parent bienveillant ». En y pensant, il se peut que je retrouve des souvenirs de mes propres parents. Ou des images, des sons et des sensations d’une tout autre nature qui évoquent pour moi le rôle d’un parent bienveillant

J’accueille cette partie de moi « parent bienveillant » et j’observe ce que je sens dans mon corps. Ou est-elle localisée ?

Je touche cet endroit pour le rendre conscient Puis j’imagine que je représente cette partie de moi que j’appelle « parent bienveillant » dans ma main, avec une image ou un symbole.

J’accueille l’image ou le symbole avec cette phrase : « Pour moi c’est ça « être un parent bienveillant » ». Je remercie cette partie de moi pour sa présence.

Puis je me demande quelles sont les qualités que je lui reconnais. Par exemple : je la trouve tendre, patiente, ferme, responsable, etc. Je prends tout le temps nécessaire pour lister ses qualités.

Et tout en restant en contact avec les qualités de mon parent bienveillant, je place les deux mains sur mon cœur et j’intègre l’image ou le symbole qu’il m’a offert. Je respire sur cet endroit pour l’intégrer.

Désormais, vous, l’adulte, rassemblez les qualités nécessaires pour devenir un parent bienveillant. Vous voilà prêt(e) à faire pour votre enfant intérieur, ce que vos parents n’ont peut-être pas fait suffisamment ou n’ont pas su faire, par exemple :

– créer un environnement sécurisé,

– prendre en compte vos émotions,

– vous aider à vous apaiser,

– vous valoriser et vous encourager,

– subvenir à vos besoins,

– vous apporter de la discipline, un cadre avec des limites,

– s’amuser avec vous,

… vous aimer tout simplement.

Terminons ce chapitre consacré à l’amour de soi avec un rêve éveillé dirigé qui vous permettra de vous sentir relié(e) à votre enfant intérieur. Vous avez déjà fait au chapitre 6 l’expérience de rencontrer la partie de vous bébé dans le but de renforcer le lien d’attachement précoce. Vous allez à présent relier et rassembler autour du bébé que vous étiez, toutes vos parties « enfant ».

UN LIEN DE CŒUR À CŒUR

Je m’installe confortablement dans un endroit calme et paisible où je ne serai pas dérangé(e). C’est peut-être un endroit que je connais, dans la nature ou ailleurs. C’est peutêtre mon lieu de sécurité ou un autre endroit que j’imagine.

Je ferme les yeux et je me concentre sur ma respiration. J’inspire et j’expire consciemment. Je me remercie de m’offrir ce moment Je détends mes épaules, mes mâchoires, mes paupières, mon front, mon cuir chevelu, je détends tout mon corps de la tête aux pieds et des pieds à la nuque. Comme si je me baignais dans un océan de calme et de détente. S’il y a des pensées qui passent, je les laisse passer Tout comme passent les nuages dans le ciel.

Je trouve cet espace de tranquillité à l’intérieur de moi. Et je me souviens de ce petit bébé que j’ai été, ce petit être humain innocent, fragile et plein de promesses. Si je n’arrive pas à le visualiser, je peux me souvenir de photos de moi bébé ou tout simplement m’imaginer un petit bébé et me dire : « C’est moi, c’est le petit être que j’étais. »

Je prends le temps de sentir de la tendresse pour ce bébé. Un amour sincère et profond. Inconditionnel. Je le prends dans mes bras et en le regardant dans les yeux, je lui parle avec mon cœur. Tout doucement, je lui dis : « Bienvenue petit(e)… ( je l’appelle par son prénom). Je suis tellement

heureux(se) que tu sois là, dans mes bras, je vois ton petit visage, tes petites mains, tes grands yeux curieux qui me regardent. Tu es un(e) merveilleux(se) petit(e)… (je l’appelle par son prénom). Et sache que tu vas bien grandir : en étant un petit enfant, une petite fille ou petit garçon, qui explore et qui découvre, en allant à l’école, en apprenant et en vivant toutes sortes de choses en devenant adolescent(e) puis l’adulte que je suis aujourd’hui. »

J’imagine que toutes ces parties de moi enfant sont reliées entre elles et je me sens connecté(e) à chacune d’elles par un lien de cœur à cœur. Je poursuis en m’adressant à toutes ces parties de moi qui font mon enfant intérieur : « Tu as vécu tant de choses, de belles histoires et de moins belles. Je suis désolé(e) que tu aies gardé cela dans ton cœur depuis si longtemps. Je serai toujours là désormais pour te protéger, te défendre, t’aider à comprendre. Je serai toujours disponible pour revenir dans le passé t’écouter, t’encourager et te soutenir. J’ai appris tant de choses que je suis prêt(e) à t’apprendre. Tu fais partie de ma vie et je fais partie de la tienne. Tu es l’enfant que j’étais, je suis l’adulte que tu es devenu(e). Je suis heureux(se) de sentir ta présence car nous avons encore tant de choses à vivre ensemble ! Je t’aime tel(le) que tu es et je t’aimerai toujours. »

Je prends le temps de dire au revoir à l’enfant, et je lui promets de revenir. Avant de le(la) quitter, je lui demande s’il(elle) a une question à me poser et je réponds à sa question. Puis quand le moment est venu, tout doucement je reprends contact avec la réalité en m’étirant, en baillant et sur une grande respiration j’ouvre les yeux.

Je note sur mon cahier les éléments importants qui me sont apparus.

CONCLUSION

Au moment de conclure nous remarquons combien le thème de l’enfant intérieur inspire les artistes et les créateurs de films, de livres et de chansons.

Par exemple dans le film Rocket Man, qui raconte le destin hors du commun de Elton John, une question lui est posée alors qu’il commence une thérapie pour en finir avec ses comportements alcooliques et toxicomanes : « Quel genre d’enfant étiez-vous Elton ? ». La question l’amuse mais son visage se referme brusquement lorsqu’il croise le regard de l’enfant qu’il était et qui lui apparaît juché sur son vélo. Elton adulte semble effrayé par cette image surgie du passé alors que son moi enfant le regarde et hoche la tête comme pour lui dire : « Oh non, ça ne va pas recommencer, tu ne vas pas encore te détourner de moi ! » Et au son des plus grands tubes de la star, le petit Elton emmène l’adulte revisiter son histoire.

À la fin du film, Elton John est interpellé une nouvelle fois par son moi enfant et se penche vers lui avec un regard qui exprime à la fois la surprise et la honte de le retrouver. Pourtant, cette fois il ose s’approcher de lui et s’agenouiller à sa hauteur L’enfant lui sourit et touche son visage en lui demandant « Quand vas-tu me serrer dans tes bras ? ». Elton adulte prend alors son moi enfant contre son

cœur et on peut voir leurs visages se détendre et leurs regards s’apaiser. L’enfant lui sourit en hochant la tête, comme pour lui dire : « Oui, je fais bien partie de toi et je suis heureux que tu sois revenu pour m’aider. »

Cette scène imaginée par Dexter Fletcher le réalisateur de RocketMan, illustre le travail avec l’enfant intérieur et montre comme il peut être inspirant et réparateur

FAIRE LA PAIX EN SOI

Nous espérons que les idées et les exercices partagés dans ce livre, vous mettront vous aussi sur un chemin de réconciliation et de paix intérieure.

Si vous avez des comportements ou des réactions difficiles à changer, vous savez maintenant que la logique de l’adulte que vous êtes ne triomphe pas sur celle de l’enfant que vous étiez, et qu’il est primordial de faire de votre enfant intérieur un allié.

Car il n’est jamais trop tard pour cultiver en soi un climat de bienveillance et d’harmonie, jamais trop tard pour accueillir ses émotions, prendre conscience de ses besoins et apprendre à les satisfaire.

Le travail avec l’enfant intérieur apporte un sentiment de cohérence et d’unité grâce auquel chacun peut faire la paix en soi.

Et comme nous pensons que nos conflits externes sont le reflet de nos conflits internes, alors en faisant la paix avec vos différentes parties, et en particulier vos parties enfant, vous devenez à votre manière un artisan de la paix dans le monde.

Si vous souhaitez contribuer à cette mission de vie, accueillez votre enfant intérieur avec amour, car l’amour agit comme un guérisseur.

BIBLIOGRAPHIE

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1. La technique d’identification sensorielle des peurs inconscientes (TIPI) est une méthode pour «déraciner» les peurs qui sont à l’origine de nombreux troubles comme l’angoisse ou l’irritabilité et réguler nos blocages émotionnels

1. L’intégration du cycle de la vie est une approche qui permet d’apaiser les émotions du passé en connectant les réseaux de neurones les uns aux autres et en relançant la capacité innée du corps et du psychisme à se guérir

1. Les initiales EMDR signifient Eye Movement Desensitization and Reprocessing, c’est-à-dire désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires La thérapie EMDR permet de désensibiliser nos souvenirs émotionnels et nos traumatismes en traitant les informations enregistrées dans le cerveau

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