B e n o î t S t i ch e l b a u t
SEIN ,
L ÎLE DU BOUT DU MONDE
SEIN , L ÎLE DU BOUT DU MONDE
Chacun a son île, sa terre perdue en mer, ses derniers repères. L’île est ce qui reste lorsqu’on a enlevé le superflu et l’inutile. Partir sur son île, c’est alors laisser tomber, lâcher ce que l’on croyait. Ne reste qu’à l’écouter, s’en remettant aux derniers instants de la terre. L’île parle alors à ton âme.
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Partons à l’ouest. Au bout de la route, la pointe du Van, la baie des Trépassés et la pointe du Raz se dressent face à l’Atlantique. Plus loin, en mer, rochers et courants - parmi les plus violents de la planète - dessinent le Raz de Sein. Des phares immuables indiquent la route et signalent les dangers de la côte. Encore plus au large, posée sur l’horizon, nous apercevons Sein. L’île du bout du monde.
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La terre refuse de disparaître. Pour aller le plus loin possible, elle se transforme en pointe. La côte, rempart face à l’océan, se défend vaillamment. Le littoral devient falaise. Les pierres se durcissent et portent les cicatrices de leurs luttes contre les vagues. Le monde se fait combat.
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A l’horizon, le petit phare en mer. Dernière trace de l’homme, dernier repère. Plus loin, il n’y a rien. Etrangement, le vide attire. Et nous remplit.
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Certains craignent le voyage, mais il suffit d’aller au bateau. Les marins contrôlent les tickets, indiquent l’emplacement des bagages, l’endroit où s’asseoir. Larguent les amarres. A l’heure prévue, le navire quitte le quai et fait route vers le large. Le port s’éloigne. Plus rien à faire. Etonnante simplicité. Regarder la terre défiler, la mer s’agiter le long de la coque du navire, jouer avec les dauphins dans les vagues. Et laisser l’île apparaître.
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