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PLAN D’ACTION VISION ZÉRO UN PREMIER BILAN DE L’ÉTAT DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE
Au cours de l’hiver dernier, le bilan de la sécurité routière 2019, produit par l’équipe Vision Zéro de la Ville de Montréal, a été publié sur le portail de la Ville dans la section Sécurité routière. Nous nous sommes entretenus avec Sophie Mauzerolle, conseillère de la Ville et conseillère associée, de même que présidente du Conseil d’administration du BTM, afin qu’elle nous partage les faits saillants du bilan et nous fasse état des actions à surveiller pour le futur.
QU’EST-CE QUE VISION ZÉRO ?
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En novembre 2018, la Ville de Montréal et 33 de ses partenaires, dont le Bureau du taxi de Montréal, se sont engagés à réduire à zéro le nombre de morts ou blessés graves sur le système routier de juridiction municipale d’ici à 2040. Ainsi, en mars 2019, la Ville adoptait son premier Plan d’action Vision Zéro, composé de 22 actions fédératrices. Ces actions sont inspirées d’un travail de synthèse de plus de 430 initiatives de la collectivité montréalaise en sécurité routière.
Dans le cadre de chacune de ces actions, la Ville a proposé divers engagements afin de démontrer son leadership en la matière. Parmi ceux-ci, la Ville de Montréal s’est engagée à publier annuellement un « État de la sécurité routière », reddition de compte visant à développer des canaux de communication efficaces entre la Ville, les partenaires et les citoyens.
Des objectifs précis pour 2019
– Dans le rapport, il est mentionné que le premier cycle de trois ans du plan d’action serait divisé en deux temps. Aussi, l’année 2019 avait essentiellement pour objectif de se doter d’équipes de travail et de coalitions puissantes. Pouvez-vous me résumer ces activités ?
En 2019, plusieurs parties prenantes internes et externes se sont engagées à aider la Ville de Montréal à mettre en œuvre le Plan d’action Vision Zéro 2019-2021. Ces engagements consistent notamment à échanger des données entre partenaires, à prioriser conjointement les actions et à porter ou soutenir des projets en lien avec le Plan d’action.
Travaillant en groupes de travail thématiques, des experts provenant des parties prenantes internes et externes ont identifié 10 failles systémiques, qui sont décrites en détail dans le rapport. Ils ont par la suite proposé des pistes de solutions potentielles que la collectivité montréalaise pourrait entreprendre à court, moyen et long terme afin d’aborder les failles systémiques et d’atteindre les objectifs de la Vision Zéro.
Les parties prenantes ont été encouragées à proposer des projets dits « collectifs », c’est-à-dire des projets menés et financés en partie ou en totalité par un ou des partenaires et dont les objectifs correspondent à ces pistes de solutions. Certains de ces projets ont été mis en œuvre au cours de l’année 2020 et d’autres sont en cours de développement. L’État de la sécurité routière 2020 présentera les activités réalisées au cours de la dernière année.
Principaux faits saillants du rapport
– Plusieurs améliorations sont observables en 2019, entre autres, aucun décès de cycliste n’est survenu (alors qu’au moins 2 cyclistes ont perdu la vie chaque année depuis 2005 à Montréal). On remarque également une baisse de cyclistes blessés graves (30 à 11). Pouvez-vous nous en dire plus sur des facteurs qui expliquent ces données ?
Différentes initiatives mises en place expliquent cette amélioration. Cela dit, il y a eu plusieurs interventions sur le réseau cyclable au fil des ans, alors il est difficile de chiffrer l’impact de chaque mesure prise individuellement. La baisse du nombre de cyclistes blessés gravement s’inscrit dans un contexte où le nombre de victimes piétons et occupants est également à la baisse.
Les nombreux efforts en vue d’un meilleur partage de la route ont globalement une incidence. C’est pourquoi des initiatives comme des feux cyclistes ou le SAS vélos sont pertinentes : elles permettent une meilleure cohabitation sur la route. C’est plus sécuritaire ainsi pour les cyclistes, mais ultimement les piétons et les conducteurs bénéficient également de cette meilleure cohabitation.
– Le rapport souligne également que le nombre d’occupants de véhicules décédés en 2019 a été inférieur à la moyenne des 5 dernières années. Que peut-on dire de cette amélioration ?
Les collisions causant le décès d’un occupant de véhicule impliquent très souvent un autre véhicule ou un objet fixe. Un piéton ou un cycliste est rarement impliqué dans ce type de collision. L’amélioration continue du bilan sur cet aspect peut entre autres reposer sur le fait que les véhicules sont mieux conçus pour protéger le conducteur et les passagers.
– Et y a-t-il un enjeu à surveiller pour l’année prochaine ?
Le bilan 2019 a fait ressortir une hausse des collisions mortelles impliquant des piétons et des personnes âgées de 65 ans et plus. Nous travaillerons à analyser cette situation pour mieux comprendre pourquoi il y a eu cette hausse du nombre de décès chez ces usagers. Cela nous permettra de cibler et de déployer des leviers d’actions.
– Bien que chaque décès soit regrettable, Montréal fait bonne figure à l’échelle internationale. Selon les données compilées, elle se classe première en Amérique du Nord. L’amélioration globale du bilan des collisions au cours des dernières années lui permet même de se hisser parmi les meilleures villes au monde. Est-ce que des facteurs ou des initiatives montréalaises peuvent expliquer ce résultat ?
Le bilan de la Ville de Montréal s’est grandement amélioré après la mise en œuvre du Plan de transport lancé en 2008. La Ville a poursuivi la mise en place de plusieurs actions en faveur de la sécurité routière et des déplacements actifs et collectifs.
Parmi ces réalisations, il y a par exemple l’ajout de feux piétons à décompte numérique, l’abaissement des limites de vitesse et l’expansion du réseau cyclable. Plusieurs villes nord-américaines déploient actuellement ces mêmes initiatives qui font déjà l’objet d’une planification intégrée à Montréal depuis plusieurs années.
L’impact de l’équipe post-collision mortelle est également bénéfique quant à l’amélioration de la sécurité sur la route. C’est l’une des belles initiatives qui a été développée par la Ville. Elle permet de mieux comprendre chaque situation, nous apporte des précisions et nous permet donc une meilleure gestion du territoire urbain. D’ailleurs, en 2019, il y a eu 80 actions recommandées par l’équipe post-collision mortelle. Cette équipe est une nouveauté qui est là pour rester.
Chauffeurs de transport rémunéré de personnes par automobile
– Comme chauffeur, qu’est-ce que l’on peut faire pour contribuer au projet ?
Le respect du Code de la sécurité routière ainsi que le respect des limites de vitesse affichées sont des contributions essentielles des chauffeurs, comme pour l’ensemble des automobilistes. Il est aussi important de s’assurer que l’embarquement et le débarquement des passagers ne compromettent pas leur sécurité ainsi que celles des usagers de la route. Autrement, les chauffeurs peuvent rester informés en consultant le site de la Ville dans la section Vision Zéro. Ils peuvent aussi communiquer avec nous ou le BTM pour toute question à cet égard.
– Est-ce que nous avons des données pour 2020 ?
Le bilan des activités réalisées en 2020 est en cours. Ces informations seront publiées dans le prochain État de la sécurité routière.