Rumeur du loup aout 2014

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Culture w Societe w Environnement w Opinion w Quoi faire #68 août 2014 KRTB ISSN 1920-4183 GRATUIT www.rumeurduloup.com

Bière Fest

à vos bocks, prêts, Buvez!

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La Rumeur du Loup, 茅dition 68 - ao没t 2014


Sommaire Bière Fest 2014 Alchimistes fous La fabrication de la bière Les types de bière Entrevie avec Marc Bélanger Les pieds sur terre Le mois d’août pour RDL en 3 actes Roger Dumont Espace Innocent Pour un séjour inoubliable Deux nations, une fête Top 10 des avant-gardistes Les fripes, c’est chic La pluie Chronique féministe Notre belle démocratie Kung Fu: Art de vie Démystifions ce que fait une sexologue! Avenir de l’humanité et état de la planète Vuvantes vives Agenda Culturel Quoi Faire?!@#$%

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LA RUMEUR DU LOUP, C'EST COLLECTIF !

Citation du mois « L'alcool tue lentement. On s'en fout. On n'est pas pressés. » -  Georges Courteline; 1858-1929 écrivain français

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Le journal vous invite à écrire des textes informatifs, des histoires surprenantes, un poème hypoallergénique ou autres, car après tout, c’est votre journal ! Envoyez vos écrits à : journal@rumeurduloup.com. L’ÉDITEUR LAISSE AUX AUTEURS L’ENTIÈRE RESPONSABILITÉ DE LEURS TEXTES. La reproduction des textes publiés dans ce journal est fortement encouragée sous condition d'avoir la permission du journal La Rumeur du Loup. PRENDRE NOTE QUE LA DATE DE TOMBÉE DES ARTICLES EST LE 25 DE CHAQUE MOIS. Faites parvenir vos documents à journal@rumeurduloup.com

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La Rumeur du Loup c’est... 48 pages dynamiques 2200 exemplaires mensuellement 450 salles d’attente 50 points de distribution La meilleure visibilité du KRTB

Encouragez la propagation de la culture et faites monter vos publicités équipe de rédaction par une équipe Rédacteur en chef Louis-Philippe Gélineau-Busque Journaliste Marie-Christine Drisdell Graphiste Louis-Philippe Gélineau-Busque Collaborateurs-Graphistes Collaborateurs-Photos Sylvain Elfassy, de jeunes professionnels. Busque, Christian Duchesne, Mia Yolande Roy, Joële Yoja, Catherine Roy, Patric Nadeau Illustrateur Vincent ContacteZ Savard Quoi-faire ?!@#$% Marie-Christine Drisdell Vente Louis-Philippe Gélineau-Busque Correctrices Maude Gamache-Bastille Collaborateurs Pénélope Mallard, Yvan L'Heureux, Myriam Rakotozafy, Ian Louis-Philippe Gélineau Busque Chartrand, PeaceKeeper, Rébécca Hamilton, Véronique Lavoie, Yvan Roy, Guillaume Leblanc, Karianne Bastille, au 418 894-4625 Michelle Lévesque, Frank Malanfant, Marielle Tétreault, Estelle Grenier, Véronique Bolduc journal@rumeurduloup.com Couverture photo par Busque et Christian Duchesne 3


Bière Fest 2014

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21 se ptem au p bre arc B lais

Entrevue avec Christian Duchesne Par Busque

Depuis quelques années, j’ai commencé à boire autre chose que de la Molson flat. J’ai commencé avec les bières de type lager comme la Heineken. Puis, mes goûts se sont développés et je suis tombé dans la blonde, la rousse et maintenant la IPA. Je commence à apprécier les blanches et je vise carrément les bières noires. Pour moi, le Bière Fest est une occasion de découvrir plein de nouvelles bières québécoises et de raffiner davantage mes pupilles gustatives. J’ai rencontré l’un des 3 organisateurs de l’évènement : le sympatique et populaire Christian Duchesne.

Bbière? usque : Comment est partie l’idée de faire un festival de Christian Duchesne : L’été, à Rivière-du-Loup, il y a plusieurs spectacles. Depuis 2 ou 3 semaines, il y en a chaque week-end. Je te dirais même que les événements se chevauchent tellement il y en a! Mais quand on arrive à la fin août et septembre, il n’y a plus rien, alors on dirait que Rivière-du-Loup tombe en mode hibernation. On voulait faire, à la limite, un Oktoberfest, mais, avec notre réalité québécoise, en octobre, il commence à faire froid chez nous, ce n’est pas comme en Europe. Alors, on s’est dit qu’on pourrait faire un rassemblement. Érick, Steeve et moi, on est des amateurs de bière, alors on a un créneau l’fun! D’autant plus qu’il y a vraiment un buzz actuellement au Québec pour les microbrasseries, même de saveur régionale avec les Fous Brassant, la Tête D’Allumette, la nouvelle microbrasserie à Edmundston, une autre fraîchement ouverte aussi à Rimouski. Ce n’est pas un filon d’affaires qu’on voulait, c’est vraiment un filon dans lequel on croit, dans lequel on a envie de mordre. On est trois bons vivants! Le Bière Fest, c’est de la bière, c’est de la bouffe et c’est des spectacles! Alors, c’est né d’un besoin, je pense. Moi, ça me chicotait dans l’esprit depuis des années. Pour fin septembre, on a vérifié les données moyennes et il fait environ 16 degrés le jour et 8-9 degrés le soir, alors on se met des bas dans les gougounes et on est corrects! B : Quel est le but du Bière Fest? C.D. : C’est très festif. Alors, le but ultime, c’est d’avoir du plaisir! Du plaisir de différentes façons. Je pense que tous les sens sont affectés. J’en conviens, ce n’est pas tout le monde qui aime la bière, mais, avec la diversité des produits qu’il y aura là, il y en aura pour tous les goûts. Il y aura aussi un petit kiosque qui offrira des produits autres comme du fort et du vin, mais c’est sûr que c’est le Bière Fest et la bière est à l’honneur. Alors, 11 microbrasseries qui vont débarquer avec 4-5, peut-être 6 produits chacun. On s’attend d’avoir à peu près 70 bières différentes à déguster sur le site. Avoir du plaisir avec tous les sens, donc 6 kiosques de nourriture. Évidemment, tout ce qui est local sera sur un piédestal, avec duBreton, Boucherie Bégin, IGA extra, Roméo & Juliette, Shack 79 et Pat Côte Levées. Pour terminer, de la bière, de la bouffe, mais aussi une portion musicale, avec des artistes de chez nous, mais aussi d’ailleurs. Je pense aux 2frères qui seront là pour clore le Bière Fest dimanche à

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Photo de Busque : Christian Duchesne, l’un des trois organisateurs du Bière Fest

« On s’attend d’avoir à peu près 70 bières différentes à déguster sur le site. » 14 h, c’est un band de Montréal. B : Les bands sont-ils sur le site Web? C.D. : Comme avec les microbrasseries, on alimente notre page Facebook presque chaque semaine en en annonçant un nouveau, comme pour faire un crescendo, pour alimenter le site. B : Peux-tu nous dire une exclusivité, pour la Rumeur? C.D. : Oui, je te les dis tous, si tu veux! Rose Dionne, va être là, la


gagnante du tremplin de Dégelis, toute une voix! Mathieu Boucher, qu’on a vu à l’automne à La Voix. Pierre Berger et Monsieur Sirois, son acolyte, seront aussi là pour une portion musicale. Il y aura Jimmy Rouleau. Il y a des styles plus festifs, d’autres plus classiques, comme les chansonniers, d’autres plus planants comme Monsieur Rouleau. Il y a aussi les 2frères, un groupe de Montréal qui tourne

sur les radios du Québec avec la chanson Le démon du midi. Ils seront de passage ici pour l’événement. Alors, bière, bouffe et musique! B : Comment cela va-t-il se passer dans les journées? C.D. : On commence le vendredi à 16 h. Alors, quand les gens sortent du bureau, s’ils veulent un 5 à 7, on sera en marche! Il y aura de la bouffe sur le site et déjà un chansonnier en style 5 à 7, puis un deuxième, à 21 h, jusqu’à 23 h, couvre-feu de la ville. C’est pareil pour le samedi, mais on ouvre à 11 h, à partir de l’heure du lunch. Il y aura presque toujours des spectacles à La Goélette, quelques temps morts où il y aura de la musique de style bavarois ou lounge, en fonction du moment de la journée. Même chose pour dimanche, toute la journée, mais ça se termine à 17 h. B : Quels sont les défis dans l’organisation de ce festival? C.D. : C’est de rassembler 11 microbrasseurs du Québec en un endroit, c’est de jongler avec les permis d’alcool, c’est de jongler avec les exigences de la ville dans un lieu public, c’est aussi banal que d’avoir des assurances pour le site, d’avoir des extincteurs s’il y a un pépin de cuisson, de répondre aux exigences du MAPAQ, de répondre aux exigences des policiers, pour avoir une personne ressource de la sécurité. On ferme la rue, parce qu’il y aura un grand chapiteau qui sera là, alors c’est d’avoir des demandes écrites de la commission scolaire pour la dérogation de fermer la rue et de modifier un peu le parcours scolaire. C’est de la gestion, de la prévente, de la publicité. Quand c’est un spectacle de musique, il y a un band une scène, un chapiteau et on vend des billets. Là, on frappe sur tous les fronts : faire des horaires pour le personnel, la bouffe, avoir un croquis, gérer les chapiteaux, le personnel. On a besoin de beaucoup de bénévoles. Je te dirais que c’est assez complexe. C’est notre première édition et on voulait faire ça gros tout de suite en partant, faire ça dans les règles de l’art, répondre à toutes les exigences de partout. Tout ça pour rendre l’expérience complète, mais c’est motivant. On est à 52 jours de l’événement, mais il y a encore beaucoup de travail à faire! B : Comment la ville de Rivière-du-Loup vous aide-t-elle dans cet événement? C.D. : Ils sont ouverts, ils ont embarqué dans l’idée, ils trouvent ça génial. Le moment de l’année aussi est bon. On loue les services comme tout le monde, on n’a pas plus de privilèges. Ils sont là, c’est parfait, on a une belle entente, on a rencontré Monsieur Ouellet à plusieurs reprises, pour les protocoles d’entente, pour répondre aux exigences. B : Qui devrait aller faire un tour? C.D. : Tout le monde!

Photo de Patric Nadeau

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B : Sauf les 18 ans et moins? C.D. : Non, à la Cage aux Sports, il y a aussi des jeunes… Sur le site, il va y avoir autre chose, d’autres breuvages. C’est sûr que ce n’est pas un événement fait pour les jeunes, mais, à la limite, j’appelle presque ça un événement familial, parce que l’accès au site est gratuit, et j’insiste là-dessus, parce qu’il y a différents événements de rassemblement de microbrasseries au Québec où il y a des frais d’entrée pour avoir accès au site. Nous, c’est gratuit! On peut assister aux spectacles gratuitement! La seule chose, si on veut embarquer dans le monde de festivités, de dégustation de bière, découvrir des saveurs, il faut acheter le bock officiel, c’est le seul élément. Alors, c’est autant pour monsieur que pour madame! Quand je parle aux gens, c’est unanime, la réponse est instantanée, même s’ils ne boivent pas de bière, ils vont y aller pour l’esprit festif, sortir de chez eux. Le parc Blais, c’est un endroit qui est peu exploité à Rivière-du-Loup. On va chercher le petit côté champêtre. La Goélette à proximité, la chute à côté, le côté vieillot du centre-ville, les grands arbres, c’est parfait.

Photo de Busque, Érick Drapeau, Christian Duchesne et Steeve Drapeau

B : Combien de gens prévoyez-vous recevoir? C.D. : C’est difficile de dire combien de monde il y aura. Une fois qu’on a son bock, on peut venir le vendredi, le samedi et le dimanche. Certaines personnes prévoient partir pendant week-end et ils ont déjà acheté leur bock pour être là au moins le vendredi soir, avant de partir. Honnêtement, je ne sais pas combien de personnes viendront, c’est difficile à répondre, mais je m’attends à plusieurs milliers. La prévente va super bien, la réponse est instantanée. On n’a pas d’objectif plancher, on est là pour faire quelque chose de solide. Tout va être droit, les bocks sont beaux, les jetons sont beaux, la bière est bonne, le site est beau et les artistes sont hot! B : Est-ce que Christian Duchesne boit exclusivement de la bière de microbrasserie? C.D. : Non! J’essaie tout, dans la vie! Pas juste dans la bière, une nouvelle sorte de chips sort, j’y goûte! J’ai eu 25 voitures dans ma vie! Quelque chose de nouveau, ça m’interpelle. Je suis très épicurien. Je ne suis pas très fidèle aux marques pour cette raisonlà. Je ne peux pas dire quelle est ma bière préférée!

Photo de Christian Duchesne : La monnaie officielle du Bière Fest

« D’autant plus qu’il y a vraiment un buzz actuellement au Québec pour les microbrasseries »

B : Est-ce que vous faites concurrence au marché public? C.D. : Non, je vois zéro sur mille de la concurrence. À la limite, c’est de l’entraide. On va dans la même direction, consommation locale, on goûte des choses de chez nous. On peut facilement aller aux deux endroits. B : Où peut-on se procurer le bock officiel? C.D. : Actuellement, l’outil de référence est le site Web, www. bierefest.com. C’est un site transactionnel. Les collaborateurs sont là, il y a nos points de vente : Boucherie Bégin, les Fous Brassant, la Fromagerie des Basques, IGA, Tête D’Allumette, Gaz Bar StPatrice. On peut aussi acheter le bock sur le site Web et le prendre à la table d’accueil directement sur le site pendant le week-end. Il y aura la liste des personnes qui l’auront acheté d’avance. C’est aussi pour les gens de l’extérieur. C’est pour tout le monde!

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La Rumeur du Loup, édition 68 - août 2014

Photo de Christian Duchesne


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Alchimistes fous Texte et photos par Busque

Sachant que les 2 fous brasseurs Eric et Frédéric avaient préparé une bière officielle pour le Bière Fest, je suis allé à leur rencontre. C’est autour des bassins et des barils métaliques qu’a eu lieu mon entretien avec Eric, qui nous parle de leur entreprise, de leurs bières, de leur vision et plus encore.

B

usque : Pourquoi avez-vous décidé de partir une microbrasserie? Eric Viens : À la base, ce n’était pas pour partir une microbrasserie, l’idée était vraiment de brasser de la bière maison pour pouvoir boire de la bonne bière pas chère! C’était vraiment ça l’objectif de départ. Brasser tout grain, parce qu’il y avait une qualité de bière meilleure que les kits concentrés, qui est déjà une belle base en soi. J’ai commencé comme ça mais, avec le grain, justement, on peut plus peaufiner nos recettes et arriver au résultat qu’on veut avoir. Tranquillement, on s’est mis à faire de la bonne bière et il s’est mis à y avoir autour de nous un réseau de goûteurs, qui nous ont dit : « Les gars, c’est bon ce que vous faites, ça vous tentetu d’aller plus loin? » L’idée de partir en affaires a toujours été un peu là, mais pas de façon super organisée, mais c’était quand même là. Je suis allé faire une formation aux Laboratoires Maska à Saint-Hyacinthe, pour voir si nous avons la base, au moins, pour se lancer dans cette aventure-là. Après cette semaine intensive de formation, on s’est dit que c’est la base, mais qu’on est capables de continuer. On a commencé plein d’affaires tranquillement. Je suis allé brasser à Carleton une semaine pour voir un peu l’équipement industriel en comparaison à l’équipement maison qu’on s’était fait nous-mêmes. Le

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Bien, le Malt aussi, je suis allé brasser là. J’ai passé des coups de téléphone à plein d’autres microbrasseries au Québec. Ce qui est intéressant quand tu développes une micro au Québec, c’est qu’il y a une belle entraide entre tous les microbrasseurs. Notre objectif commun est que les Québécois découvrent la bonne bière, des goûts différents dans la bière, pour faire concurrence un peu aux bières plus insipides des grandes brasseries. B  : Quelle est la différence entre une bière commerciale et une bière de microbrasserie? E.V. : Le procédé de brassage est le même, on s’entend. Ce qu’on voit des bières plus commerciales, c’est des bières qu’on dit de gros volume, pour monsieur et madame tout le monde, c’est une bière pas trop goûteuse. Ce n’est pas mauvais en soi, c’est une bière qui va être rafraîchissante, au goût assez uniforme quand même, quoique maintenant, on voit autre chose. Il y a 20 ans, les grandes brasseries n’avaient pas peur des micros. Elles ont vu les microbrasseries commencer à apparaître. Elles se disaient que c’est marginal, que ça ne prendrait pas nécessairement d’ampleur, mais les parts de vente des micros ont augmenté et celles des grandes brasseries ont descendu. Alors, on voit qu’ils commencent à réagir un peu,

la Budweiser Crown, des malts caramel, comme s’ils réinventaient le monde, mais ç’a toujours été là. Les grandes brasseries, il y a 100 ans, brassaient des bières beaucoup plus « punchées » que maintenant, comme si la mode est allée vers quelque chose d’un peu plus doux. Les micros, on tend vers des ingrédients différents, plus coûteux à la base. Les microbrasseries utilisent plus d’orge dans leur bière et c’est plus coûteux que d’utiliser du maïs. Quand on va vers du maïs, du riz, on a un sucre qui va fermenter, un peu moins de goût, moins d’arrière-goût aussi, alors c’est sûr que ça passe bien. B : Comment décrirais-tu tes bières? E.V. : Ce qu’on a choisi de faire aux Fous Brassant, c’est de ne pas s’encarcaner dans un style. Il y a des brasseurs qui sont vraiment de type bière anglaise, d’autres plus des bières belges, d’autres ont plus des noms de bières qui réfèrent, si je prends Le Naufrageur entre autres, justement à des naufrages. On a choisi de ne pas se mettre de limites. En fait, on s’amuse à brasser. On peut mélanger des houblons anglais et des houblons américains et ça ne nous dérange pas. L’idée, c’est de ne pas avoir de contraintes, mais d’avoir des styles de bières super variés. Chacune des bières a sa signature à elle et est différente d’une autre qu’on a à côté. Au


Québec, il y a d’autres microbrasseries où les produits sont un peu plus semblables dans le style et c’est correct compte tenu de l’endroit où ils sont et de la clientèle qui y va. Ici, on est vraiment chanceux, les gens sont vraiment curieux, on peut « flyer » dans plusieurs directions et les gens sont ouverts à ça. Alors je te dirais que c’est vraiment des bières qui ont chacune leur style. On a la base, blonde, rousse, stout. Il nous reste à nous amuser et le terrain de jeu est assez vaste! Mais là, ce qu’on vit, c’est d’être capable de fournir juste les produits de base pour le pub, pour la distribution au Québec. On est rendus dans 52 endroits au Québec, alors, avec la période estivale, ça sort partout, c’est un beau petit « rush » de production! B : Comment décrirais-tu le goût de la bière du Bière Fest?

Éric qui fait des tests

E.V. : J’ai eu accès à du seigle caramel de la malterie MaltBroue de Cabano. On est allés voir un peu dans les styles de bières de seigle et il y a une bière de seigle allemande, c’est une roggenbier. On s’est dit : « pourquoi pas! » On en a vu dans les recettes avec 100 % de seigle! On ne peut pas faire ça ici! Le seigle, c’est un grain qui n’a pas d’écorce autour. Alors, quand on parle de filtration, c’est très difficile. Ça fait vraiment visqueux dans la cuve. C’est une bière qui est difficile à brasser. On a commencé à 33 % de seigle, j’ai cassé mon fourquet, on a perdu la « batch », il n’y a rien à faire! Là, je suis à peu près à 20 % et ce n’est pas si mal. C’est une bière de seigle, donc un côté vraiment plus acidulé, un peu astringent du seigle en fin de bouche. On a une levure belge qu’on a fermenté à une température plus élevée, histoire de la rapprocher plus d’une weizen allemande. Alors, on a vraiment un côté plus fruité au départ dans cette bière-là, qui est rousse. Ce que le Bière Fest voulait, c’était une bière rousse. Avec le seigle caramel, on avait déjà un peu la couleur aussi. Fruitée au départ, petite pointe d’acidité. Une bière quand même intéressante, plus relevée que notre rousse de base. À date, elle a un bel accueil au pub et même dans les hôtels autour, ça sort bien. B : Peux-tu me parler du côté culturel de la microbrasserie les Fous Brassant? E.V. : Tout ce qui est volet culturel, on essaie vraiment d’encourager ce qui se fait à Rivière-du-Loup. Autant les expositions sur les

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« Ici, on est vraiment chanceux, les gens sont vraiment curieux, on peut ‘‘ flyer ’’ dans plusieurs directions et les gens sont ouverts à ça. » murs, les toiles, les dessins, les peintures, les artistes du coin, que le côté musical. Il y a quand même une bonne offre musicale à Rivière-du-Loup avec La Goélette, le cabaret des Mauvaises Habitudes, le Centre Culturel, la Brasserie, le Kojak aussi. Alors, on essaie de se trouver un créneau auprès des groupes moins connus au Québec, qui vont être les groupes plus connus de demain! De un, on s’en tire pour moins cher, et de deux, ça amène de quoi de nouveau à Rivièredu-Loup. On a vu entre autres les Bears of Legend, qui sont rendus une étape audessus, qui ont fait le cabaret des Mauvaises Habitudes et on a réussi à les avoir ici deux fois. C’est vraiment l’idée qu’on a et on essaie de faire un prix quand même accessible, 10 $ et moins. On essaie de faire vivre la région ici, dans nos valeurs à nous. Le pain vient d’ici, on achète nos fromages aux Terroirs, nos pâtés à Saint-Cyprien, quand on a fait la construction de la micro, le bois venait du Témis, les tabourets sont faits par un artisan de Saint-Antonin. On essaie de faire travailler le monde ici. B : Comment avez-vous décidé de faire vos nouvelles étiquettes? E.V. : On a plein d’artistes qui viennent ici. Alors, parmi nos clients, on en a rencontré et on leur a demandé si ça leur tentait de travailler avec nous sur le projet des étiquettes. On a expliqué les bières, le nom des bières, le style des bières. C’était carte blanche sur ce qu’ils allaient faire. De la

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photo, des dessins, du collage, on n’avait aucune contrainte à donner aux artistes. Il y a Jonathan Imhoff et Vickie Brisson Bélanger qui ont travaillé là-dessus. C’est Gigrafe qui a fait le concept de l’étiquette avec les couleurs différentes, les pictogrammes, la typographie, mais les œuvres, c’est vraiment les artistes d’ici et ça voyage partout au Québec. C’est l’fun de voir ça, c’est « Made in Rivière-du-Loup »!

un peu partout, comme avec l’exposition Écarlate, qui ramasse de l’argent pour les femmes victimes de violence. On essaie de s’impliquer un peu partout, comme la « palette sociale ». Pour chaque palette de dégustation de quatre items qu’on vend, on remet 1 $ à des organismes de la région et on est rendu à environ 2000 $ de remis en 2 ans! Alors, ça aide les gens du coin. De redonner à la population, c’est la moindre des choses.

B : Peux-tu me dire un de vos bons coups et un de vos mauvais coups, depuis votre ouverture?

B : Quelle est la prochaine étape pour la microbrasserie?

E.V. : Ce qu’on a mal fait, le premier été, les ventes augmentaient chaque mois, jusqu’au mois d’août. Alors, on s’est dit qu’on allait rester ouvert. On voulait retomber à 5 jours par semaine à la fête du Travail, mais, parce que ça roulait bien, on est resté ouvert 7 jours par semaine jusqu’à l’Action de grâce. Mais non, paf! Ça tombe à la miseptembre! Mauvaise décision, ç’a coûté des sous. Un bon coup maintenant… Je continue de croire que c’est de brasser avec des grains québécois, d’encourager ce qui se fait localement, qu’on s’entête là-dessus. Les réactions qu’on a de tout le monde qui vient ici, des touristes qui viennent ici, des lieux de distribution, sont quand même positives et tant mieux si la bière goûte un peu différent! Je pense que, comme bon coup, de maintenir ça, de ne pas céder à dire : « OK d’abord, on va prendre leurs grains! » Tranquillement, à Rivière-du-Loup, on fait des partenariats

E.V. : C’est de maximiser la production. On a deux fermenteurs. C’est de produire le plus qu’on peut et de voir comment on fournit le pub et le réseau de distribution. On produit un peu plus, alors on agrandit le réseau de distribution tranquillement. En principe, on pourrait brasser 80 000 litres par année, avec l’équipe qu’on a, de la bière comme la Chien Jaune à 4.9 %, qui fermente rapidement. Pas la Jean-Eudes ni l’Antiquaboère, qui prennent un peu plus de temps, alors on a révisé à 60 000-65 000 litres, qui est notre maximum. Alors cette année, si on peut faire ça, on va regarder s’il nous reste des stocks ou si tout sort. Si tout sort, est-ce qu’on réinvestit? Estce qu’on rachète d’autres fermenteurs? Ça va être les prochaines questions. Mais c’est toujours de maintenir la qualité, c’est sûr, mais vraiment maximiser la production et voir après si la demande est là!


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La Fabrication de la bière Par Ian Chartrand

Considérez cette bière que vous avez à la main. Ses qualités sont le fruit d’une collaboration entre les Humains et la Terre.

L

e choix des céréales

L’orge maltée est l’ingrédient le plus important en brasserie. Elle donne le sucre nécessaire à la fermentation, ainsi que du corps et du goût à la bière. D’autres céréales sont occasionnellement utilisées comme le blé non malté (bière blanche) et le seigle (roggenbier des Fous Brassant). Le maïs et le riz cru (grandes brasseries) permettent de diminuer les coûts de production… Ce qui atténue aussi le goût!

bières. Ainsi, l’ajout d’une quantité infime de malt torréfié est suffisant pour obtenir une bière noire.

« Le malt blond demeure l’ingrédient majoritaire de tous les styles de bières. »

Brassage proprement dit Blonde, rousse ou noire  : maltage et touraillage Durant le brassage, l’amidon du malt est transformé en sucre pour produire le moût. Comme un druide, le brasseur mélange le grain à de l’eau avec un fourquet en bois pour former un gruau épais. Le processus mystérieux s’opère en fonction de la température de l’eau et du temps de brassage, pour obtenir une bière sèche ou sucrée. Le moût est ensuite séparé du grain. Ce dernier est donné aux vaches, elles en raffolent!

Ale ou lager? Le brassin est refroidi puis la levure est ajoutée pour transformer le sucre en alcool. Les microbrasseries utilisent généralement les levures de type ale, pour une fermentation à la température de la pièce, respectant ainsi les traditions britannique et belge. Les levures de type lager ont la capacité de fermenter des moûts réfrigérés. Les levures lager, issues de la tradition germanique, ont été largement adoptées par la grande industrie brassicole. Conditionnement

Houblonnage À la malterie, on maintient le grain humide pendant plusieurs jours afin de le faire germer. Il est ensuite touraillé, c’est-à-dire séché à des températures plus ou moins élevées, selon le goût et la couleur que l’on veut obtenir : malt blond (bière blonde), malt caramel (bière rousse) ou malt torréfié (bière noire). Le malt blond demeure l’ingrédient majoritaire de tous les styles de

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Le houblon est une plante grimpante dont les cônes sont utilisés pour favoriser la conservation de la bière et lui donner du goût. Après le brassage, le moût est porté à ébullition avec du houblon, ce qui donnera l’amertume de la bière. On ajoute aussi du houblon à la toute fin de l’ébullition pour aromatiser le moût, qui devient alors un brassin. Les fameuses IPA ou India Pale Ale sont des bières dont le brassin contient beaucoup de houblon.

Une fois fermentée, la bière doit reposer quelques semaines afin qu’elle se clarifie. Une fermentation finale en fût ou en bouteille permet parfois de produire l’effervescence, mais, souvent, du gaz carbonique est injecté afin d’accélérer les choses. C’est que les buveurs ont soif…


LEs TYPES DE BIÈRES

Article copié de http://brasseurs.qc.ca/ Pour avoir plus de détails sur la bière et les brasseurs, nous vous invitons à consulter leur site Web.

Étant donné la multitude de sortes de bières maintenant offertes dans les restaurants, pubs et points de vente au détail, l’achat de bière peut être un peu déroutant. Nous espérons que ces renseignements pourront vous aider à mieux identifier vos bières préférées.

L

ager Une lager est habituellement une bière blonde, vive, sèche et rafraîchissante. Elle est fermentée beaucoup plus longtemps et à une température plus basse que les ales. Pilsener

sont plus forts. Pour compléter cette saveur plus forte, les porters ont en général un goût plus prononcé en bouche et sont un peu plus sucrées. À l’instar de la stout, la porter peut être sèche ou sucrée, aromatisée à l’aide d’orge de brasserie torréfiée, d’avoine ou de certains sucres, et d’une couleur foncée.

En 1842, des brasseurs tchécoslovaques ont créé un nouveau type de lager, la pilsener. Les pilseners ont la couleur dorée bien connue et un goût prononcé de houblon. La pilsener est une version à fermentation basse de la lager.

Comme on emploie diverses épices dans le processus brassicole, les bières blanches présentent un vaste éventail d’arômes. Elles sont brassées avec une forte proportion de froment malté ou non. Il existe deux grandes traditions de bières « blanches », en Belgique (Witbier ou Tarwebier) et en Bavière (Weizenbier). Bière légère et extra-légère Les bières légères et extra-légères sont brassées de façon semblable aux ales et aux lagers, mais présentent une teneur moindre en alcool et contiennent en général moins de calories. Au Canada, une bière légère contient de 2,6 à 4 % d’alcool par volume, et une bière extra-légère en contient moins de 2,5 %.

Ale Dans les ales, vous trouverez des bières beaucoup plus aromatisées qui peuvent avoir de fortes personnalités individuelles. Un grand nombre d’entre elles auront les caractéristiques de bières fruitées, de bières à base d’herbes et de bières épicées. Les ales sont fabriquées à partir d’une levure à fermentation haute qui n’a pas besoin de réfrigération, contrairement aux autres levures.

Bière aux fruits/légumes/épices

Ale blonde Chose surprenante, la couleur des ales blondes peut aller du doré à l’ambre foncé. On les a nommées ainsi parce qu’elles étaient beaucoup plus pâles que les porters et les stouts foncées qui les ont précédées. Les ales blondes sont habituellement plus houblonnées et légèrement gazéifiées. Les ales blondes sont des bières robustes que l’on peut savourer avec des mets très épicés. L’India Pale Ale (IPA) est la variété la plus connue de cette sorte de bière.

Les stouts utilisent souvent une portion d’orge torréfiée non maltée, ce qui leur donne une apparence foncée et un caractère légèrement astringent, semblable au café. La stout présente une riche mousse crémeuse et ressemble à la porter foncée, mais elle est habituellement moins sucrée au goût et beaucoup plus houblonnée.

Porter

Bière blanche

La porter est une ale brassée à l’aide d’un mélange spécial de malt, de façon à créer une boisson dont la saveur, l’arôme et la couleur

Les bières blanches, ou bières de blé, ont souvent une apparence laiteuse et pâle non filtrée en raison du type de levures utilisées.

Stout

Ces dernières années, les brasseurs ont fait preuve d’innovation en ajoutant des arômes de fruits et de légumes et, dans de nombreux cas, de véritables fruits ou légumes au processus brassicole afin de créer une vaste variété de nouvelles bières. Bien que la plupart des bières fruitées soient des ales, elles ne présentent habituellement pas le caractère d’une ale. Pour permettre à l’arôme fruité de bien ressortir, l’arôme du malt n’est pas dominant et la bière possède une légère amertume. Bière sans alcool Dans la plupart des provinces, une bière dont la teneur en alcool est inférieure à 0,5 % par volume est considérée comme une boisson non alcoolisée. Pour fabriquer ce genre de boisson, un brasseur peut soit employer un cycle de fermentation très court, soit produire une bière régulière puis enlever une partie ou la totalité de l’alcool.

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Entrevue avec Marc Bélanger concernant l’album La quête Par PeaceKeeper, photos par Busque

« La musique est la langue des émotions » — Emmanuel Kant Doux plaisir pour les oreilles et pour le cœur, La quête . C’est le nom du plus récent album de Marc Bélanger et des Verseurs d’eau. En passant par « Des pensées qui voyagent » à « Chanson pour les sourds », l’auteur-compositeur-interprète nous invite dans sa quête personnelle. Une quête de la vérité, une quête du bonheur, une quête sans fin. Des textes et des harmonies originaux, accompagnés d’une couverture unique. Voici l’entrevue réalisée avec le Paulois Marc Bélanger. Marc, ton album La quête est sorti Ple 20  eaceKeaper: juillet dernier. Cet album-là, qu’est-ce qu’il représente pour toi?

Marc Bélanger : Ça représente 2 ans et demi d’écriture intense et de recherche, de remises en question. Ça représente un bout de ma vie qui est aussi le début d’une belle aventure, je crois. P. : Tu parles de recherche, de remise en question, de quel style de recherche ou de remise en question t’estu inspiré pour faire l’album? M.B. : Ça va un peu dans tous les sens, que ce soit politique, social, même spirituel. C’est vraiment une remise en question. J’ai sorti mon cerveau, mon cœur, mon âme, j’ai mis tout ça sur une table, un peu comme un savant fou, et j’ai regardé tout ce qu’il y avait làdedans. Bon, si je pense tel truc, est-ce que c’est légitime et ça vient d’où? Pourquoi je pense telle affaire? Alors, je suis allé rechercher d’où ça partait. J’ai fait le tri du bon et du pas bon et il y a beaucoup d’idées préconçues qu’on a quand on fait partie de ce système-là et je pense qu’on a beaucoup de pollution intérieure. Dans les dernières années, j’avais commencé un peu, avec l’album Verseurs d’eau, à évacuer tout ce qui était mauvais et à garder le bon. Finalement, ma quête, c’est un peu ça, c’est dans ce système qui veut nous faire vivre dans des murs en plastique et sous un ciel en acier, c’est de se réapproprier ce qui est vrai. P. : Ce talent-là d’écrivain, de poète, ça vient d’où? C’est de famille ou bien c’est une passion depuis que tu es jeune? M.B. : J’ai un grand-père qui s’appelle Victor Bélanger, qui est un conteur, un défricheur de pays, un bâtisseur, un gars qui a beaucoup fait le tour des camps de bûcherons

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« J’ai fait le tri du bon et du pas bon et il y a beaucoup d’idées préconçues qu’on a quand on fait partie de ce systèmelà et je pense qu’on a beaucoup de pollution intérieure. »


avec son violon. C’est un gars qui a une bonne façon de prendre une histoire, de l’épurer et d’un peu vulgariser. Il a vraiment sa façon de conter et, quand j’étais petit, j’ai grandi un peu avec les légendes de fond de bois, les légendes de colonisation, de camp de bûcherons. Le terroir, je n’ai pas connu ça beaucoup, mais je l’ai connu un peu sous l’âme de mon grandpère, qui est un grand conteur. C’est lui qui m’a un peu donné le goût de raconter moi aussi, alors ça vient en partie de là. P. : Sur ton album La quête, évidemment, tu n’es pas tout seul à avoir participé au projet. Il y a aussi ton groupe les Verseurs d’eau. Peux-tu me rappeler le nom de tous les gars? M.B. : Les Verseurs d’eau, c’est Pierre Bérubé, qui est un guitariste de Matane, Tommy Gagnon, le batteur, qui vient d’Amqui, qui habite Rimouski maintenant, Fred Béland, le guitariste, qui vient de Saint-René-deMatane, qui habite à Sainte-Flavie et Félix Desforges qui est de Rimouski. Mais ce n’est pas avec ces musiciens-là que j’ai fait l’album. C’est avec Hugo Perreault, Michel Duguay et Alain Bergé. Hugo Perreault, en studio, il veut que ça marche à sa façon, parce que

lui c’est un génie du son. Tu lui amènes une chanson guitare et voix et, dans sa tête, on dirait qu’il est tout branché, qu’il entend toutes les possibilités, qu’il entend vraiment « l’optimalisme » de la chanson. Il a vraiment une bonne vision de ce que c’est et il ne veut pas travailler avec n’importe quel musicien, il veut optimiser les chansons et travailler avec son monde. J’ai travaillé avec Michel Duguay, qui était le bassiste d’Okoumé, Hugo Perreault était le guitariste d’Okoumé et Alain Bergé, qui était le batteur de Jean Leloup et de Karim Diouf. Ce sont vraiment des musiciens incroyables et, pendant qu’on était en studio, j’ai eu un moment d’extrême lucidité. J’ai pris conscience que j’étais en train de faire un disque avec Hugo Perreault et Michel Duguay. On faisait des harmonies vocales et j’ai réalisé que j’étais le p’tit gars du Bas du fleuve qui était rendu un peu dans la cour des grands et j’ai réalisé que j’étais vraiment chanceux de faire ce que je faisais et de pouvoir le faire de cette façon-là. C’est beau avoir des idées, c’est beau écrire des chansons, c’est beau bien chanter, sauf que si tu enregistres un album tout croche avec tes amis juste pour le plaisir de le faire, les portes des radios et les portes des télés se

ferment parce que tu as beau avoir de bonnes intentions, si ton produit n’est pas dans le cadre de ce que ces gens-là veulent, tu n’iras probablement pas très loin. La clé, c’est que les chansons soient bonnes, mais c’est aussi tout l’enrobage. Moi, c’est un monde que je ne connais pas du tout et de remettre ça entre les mains d’un génie comme Hugo Perreault, ça va ouvrir beaucoup de portes. Je pense que les chansons sonnent bien et qu’il a fait une très bonne direction artistique. P. : Est-ce qu’il a des divergences d’opinions entre les membres du groupe? Est-ce que ça fait des frictions des fois? Comment faitesvous pour mettre tout ça ensemble pour que ce soit beau? M.B. : Les autres membres du groupe ne sont pas très politisés, pas très axés vers la spiritualité ni les causes sociales, sauf que ce sont des gens qui ont quand même une certaine curiosité. Moi, je m’en fous que tu sois pour ou contre un truc, mais si tes opinions sont basées sur des choses vraies, ça ne me dérange pas. Ce que je n’aime pas dans la vie, ce sont les gens bornés. Les gens qui ne veulent rien savoir parce qu’ils ont une certaine paresse intellectuelle, ça, je

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n’aime pas ça. Tandis que les gens qui ne pensent pas comme moi, mais qui sont curieux et qui sont prêts à échanger, je pense qu’on est toujours gagnant de se parler et d’échanger. Prêcher pour les convertis ça peut devenir malsain et ça peut devenir plate. J’aime ça aussi, des fois, échanger avec des gens qui pensent tout le contraire de moi. Des fois ça te permet d’évaluer aussi tes arguments et ça te permet de te remettre en question et c’est comme ça qu’on avance. Quand on ne parle qu’à des gens qui pensent comme nous, on ne progresse pas dans la vie et c’est en faisant des ponts qu’on a une réelle progression.

une pochette, j’aimerais quelque chose qui est artistique à 100 %. Alors, je lui ai demandé de venir chez moi, je lui ai proposé le projet. Je lui ai joué les chansons guitare-voix pour vraiment mettre l’accent sur les textes et je lui ai dit que j’aimerais qu’il fasse une œuvre qui deviendrait la pochette de l’album et qu’il s’inspire des chansons et des textes. Quand j’ai vu la toile, je me suis dit : « wow! C’est vraiment ça! » Je lui avais dit au départ que je ne voulais pas rouge ni de jaune. J’aurais aimé garder ça plus dans mes teintes, plus bleu, plus apaisant. Sauf que lui, ça a été une façon de me déstabiliser en mettant de l’avant les couleurs rouge et jaune. Finalement, quand j’ai vu la toile, je suis tout de suite tombé en amour avec et c’est devenu la pochette.

P. : Un album, il y le contenu, les chansons, l’enrobage musical, mais il y a aussi l’enrobage extérieur : la pochette. On peut voir ton album La quête coloré, original, une belle peinture. Ça vient d’où? Qui qui a fait ça? M.B. : C’est un peintre de Saint-Mathieu qui s’appelle Charles-Étienne Monat, qui est un ami. Je pense que j’avais 18 ans quand je l’ai connu, début de l’âge adulte. C’est un artiste qui lui aussi a des idées bien arrêtées. On s’est tout de suite bien entendus. On ne pense pas pareille sur tout, mais, dans les grandes lignes, on se rejoint. C’est aussi un gars qui a une vision de l’art et du système bien à lui et on a souvent parlé de politique et de social ensemble. On s’est toujours dit : « un jour, on va travailler ensemble! », mais ça n’adonnait jamais. Puis, pour ce projet-là, je me suis dit que, tant qu’à faire

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P.  : Ton lancement, le 20 juillet dernier, comment ça s’est passé? Estce que tu étais stressé? Raconte-nous les grandes lignes!

« Moi, j’aime jaser avec les gens et leur parler d’égal à égal. Moi, je ne suis pas une star et je n’en serai jamais une. Je suis un anti-star aujourd’hui et à jamais! »

M.B. : J’avais trois spectacles en trois soirs cette fin de semaine là et j’étais beaucoup, beaucoup sur les nerfs. J’étais très, très stressé, j’étais anxieux, je n’ai pas dormi la nuit d’avant. Puis, je suis arrivé au spectacle et, on dirait, dans la vie, un peu comme dans le livre l’Alchimiste, quand tu as un but et que tu veux vraiment marcher vers ce but-là, tout l’univers conspire pour que ça arrive et on dirait vraiment que c’est ce qui est arrivé. Tout s’est bien passé! Il y a eu entre 60 et 70 personnes! Les gens étaient attentifs, les gens étaient souriants. Je voyais dans


les yeux des gens, ils ne se « garochaient » pas sur les murs, ils écoutaient les chansons et ils avaient les yeux gros comme ça! Les chansons finissaient et c’était un tonnerre d’applaudissements! Vraiment, je pense qu’on a convaincu beaucoup de gens pendant le lancement et ça a été positif du début à la fin. On a eu un bel accueil. Il y a des gens qui ont dansé, ils ont acheté beaucoup de disques à la fin, il y en a qui voulaient nous rencontrer pour savoir qui on était! P. : Des stars! M.B. : Non, je suis vraiment un anti-star! Je n’aime pas ce terme-là! P. : Mais je dis ça parce que les gens t’aiment, les gens aiment écouter ce que tu fais. M.B. : Une star, c’est quelqu’un qui se voit dans le ciel et qui regarde les petites gens en bas. Moi, j’aime jaser avec les gens et leur parler d’égal à égal. Moi, je ne suis pas une star et je n’en serai jamais une. Je suis un anti-star aujourd’hui et à jamais! P. : De quoi les chansons de l’album parlent-elles?

M.B. : C’est vraiment une quête personnelle, une réappropriation de moi-même finalement. On a souvent tendance à voir la quête comme étant extérieure à nous et on veut changer le monde, on veut convaincre les gens. Finalement, je pense que cet albumlà est plus introspectif. On oublie souvent qu’avant de prêcher aux gens, il faut soimême être une bonne personne, soi-même être convaincu et soi-même savoir où on s’en va. C’est comme une dualité, l’intériorisation de la quête contre ce qui se passe en dehors. Puis, l’idée est venue de la toile de CharlesÉtienne Monat. Quand il me l’a présentée, elle n’avait pas de nom encore. Alors, je lui ai dit : « je te donne comme mission de trouver un nom à ta toile et ce nom va être le nom de l’album. » Je lui ai laissé vraiment carte blanche làdessus et je pense que La quête, ça résout vraiment l’énigme de l’album, ça vient englober toutes les chansons. C’est évocateur et, en plus, comme on voit sur le dessus de la pochette, c’est quelqu’un qui est entre deux mondes. On voit qu’il vient de là, il évalue ce qui se passe en

arrière. Il y a un autre monde qui est en avant de lui, il ne sait pas trop, il est en marche, il n’est pas arrêté. On dirait qu’il prend une photo de ce qu’il était avant. Il y a le monde d’après aussi, il commence à s’imprégner du nouveau monde qui s’en vient. Il a un bagage, il a un bâton qui est en bois, le bâton touche au feuillage de l’arbre, donc il y a une connexion avec le nouveau monde. Il entre dans quelque chose. Le personnage n’est pas nécessairement heureux, il ne sait pas dans quoi il s’embarque, mais c’est vraiment la quête, c’est l’aventure qui s’en vient. Il ne sait pas ce qui s’en vient, mais il se dirige vers quelque chose.

La pochette de l’album par Charles-Étienne Monat

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Les pieds sur terre Par Rébecca Hamilton

L’exposition Entre ciel et terre , présentée au Musée du Bas-Saint-Laurent du 20 juin au 13 octobre 2014, cherche à illustrer différentes visions artistiques, certaines centrées sur des valeurs spirituelles, d’autres davantage axées sur la matérialité du monde.

L

e ciel est le lieu symbolique de tous les idéaux et de toutes les utopies. Régularité, harmonie et même transcendance sont depuis longtemps au cœur des préoccupations artistiques. Certains artistes, en filiation avec une longue tradition picturale, subliment la réalité et nous permettent de contempler la beauté qui échappe au regard quotidien. À l’opposé, la terre est le berceau de l’existence humaine. De façon soutenue depuis les vingt dernières années, d’autres artistes nous ont amenés à réfléchir sur nos vies tout comme sur notre société et nous ont permis de porter un regard plus critique sur notre environnement. Vous découvrirez dans cette exposition plus d’une trentaine d’œuvres d’artistes principalement québécois et canadiens ayant marqué la scène artistique d’hier à aujourd’hui, notamment Basque, René Derouin, le Frère Jérôme, Betty Goodwin, Guido Molinari, Jean Paul Riopelle, Marc Séguin, Michael Snow, Jana Sterbak, Claude Tousignant et Bill Vazan. Puisée à même la riche collection du Musée du Bas-SaintLaurent, la sélection d’œuvres rend compte des transformations des pratiques artistiques contemporaines.

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Les postures de l’art ont été multiples depuis les années cinquante. Aujourd’hui, elles sont tout aussi diverses, et chaque artiste

Marcel Braitstein, Sans titre (Oiseau sur colonne brisée), c.1970

construit sa démarche à partir d’une variété d’influences, d’intérêts et de convictions. Néanmoins, bien que les pratiques artistiques soient diversifiées dans leurs moyens d’expression, elles ont bien souvent en commun un questionnement sous-jacent sur la société. Hervé Fischer le soulignait d’ailleurs dans son essai L’avenir de l’art : « Ce qui caractérise les artistes d’aujourd’hui, plus que jamais, ce qui crève les yeux, écritil, c’est précisément ce mode interrogatif, sociocritique, décalé qu’ils partagent. » L’art est le reflet de la société, le reflet de son temps, mais ainsi, il a le pouvoir de nous faire réfléchir et de nous faire entrevoir de nouvelles possibilités. Entre suggestion d’un monde idyllique et critique violente de réalités humaines, l’art actuel ne permettraitil pas en quelque sorte d’unir le ciel et la terre, de marquer notre imaginaire pour agir concrètement sur le réel? Le ciel est aussi un symbole de la conscience, et ne devient-il pas alors le lieu même de l’artiste qui témoigne avec lucidité du monde d’aujourd’hui, cette conscience même qu’Albert Camus décrivait comme étant celle de Sisyphe, soudainement lucide face à son destin : « Il n’y a qu’une action utile, écrit Camus, celle qui referait l’homme et la terre. Je ne referai jamais les hommes. Mais il faut faire “comme si”. »


Le mois d’Aout, v

que ce passe t’il pour Rivière-du-Loup en 3 actes Par les membres de Rivière-du-Loup en 3 actes

L’été va bon train, le soleil est au rendez-vous et les sorties culturelles se multiplient! C’est avec un grand enthousiasme que je sillonne les rues de Rivière-du-Loup afin d’informer les gens des activités culturelles qui s’offrent à eux. Le choix est vaste et diversifié… Quel plaisir de vivre dans un milieu si dynamique!

S

i le mois de juillet fut riche en évènements et rencontres de toutes sortes, le mois d’août s’annonce aussi prometteur. Les vacanciers et les résidents seront comblés! Pour plus d’informations sur les activités à venir, n’hésitez pas à m’aborder pour me questionner ou allez visiter le site www.rdlen3actes.com.

À surveiller en août La ligue d’improvisation estivale (LIE) : Tous les lundis du 8  juin au 18  août à 20  h à l’école de musique Alain-Caron. Admission 3 $.

sauront plaire à toute la famille. • Acadiaspora : Exposition présentée dans le parc du Campus-et-de-la-Cité; • La chambre aux merveilles de l’artiste Émilie Rondeau : Exposition et atelier de création offerts tous les jours du 20 juin au 20 août à 14 h 30. Activité familiale, 2 $ par personne; • Circuits art et découvertes : Tous les vendredis du 11 juillet au 23 août à 10 h et 14 h 30. Départ du Musée du BasSaint-Laurent, 5 $ par personne, gratuit pour les moins de 12 ans. Programmation du Manoir Fraser :

Spectacle familial gratuit tous les mardis de 19 h à 20 h au théâtre de la Goélette, rue du Rocher, à Rivière-du-Loup (à la salle BonPasteur de la Maison de la culture en cas de pluie). Activité gratuite! • Léo et les mondes (production locale), mardi 19 août.

Venez revivre l’époque des grandes seigneuries dans ce site patrimonial enchanteur. Circuits autonomes, circuits extérieurs guidés et visite du Manoir et ses jardins. Ouvert tous les jours. • Café littéraire avec Jean Beaulieu, mardi 19 août, 19 h 30; • Fête des récoltes, dimanche 28 septembre de 10 h à 15 h.

Les mercredis « shows » de la Goélette :

Marché public Lafontaine :

Si vous êtes à la recherche d’un bon spectacle, dans un cadre enchanteur et à un prix abordable? On vous attend les mercredis du 9 juillet au 20 août à 20 h au théâtre de la Goélette, rue du Rocher, à Rivière-du-Loup (à la salle Bon-Pasteur de la maison de la culture en cas de pluie). • Martin Levac, A visible Jazz touch of… Genesis (première partie : Hubert Cotton), mercredi 20 août.

Venez encourager nos producteurs locaux et participer aux activités offertes, tous les samedis du 28 juin au 11 octobre de 9 h à 15 h au Carré Dubé (en haut de la rue Lafontaine). • Fête familiale et souper du marché, samedi 16 août; • Semaine des marchés publics et épluchette de maïs, samedi 23 août; • Soupe populaire, samedi 20 septembre; • Fête des récoltes, samedi 11 octobre.

Les mardis Famille :

Programmation estivale du Musée du BasSaint-Laurent: Le Musée vous ouvre ses portes avec une foule d’activités et d’expositions ludiques qui

Centre-ville en Blues : Spectacles extérieurs sous le chapiteau présenté du 14 au 16 août 2014. Six artistes

Rob Lutes

de renoms en provenance du Québec, du Canada, des États-Unis et de l’Europe se relaieront sur la scène située dans le stationnement de Rivière-du-Loup Clavigraphe, rue Lafontaine. Spectacles gratuits. • Vendredi 15 août à partir de 19 h 30 Rob Lutes (solo) Brian Tyler (groupe); • Samedi 16 août à partir de 19 h 30 Cisco Herzhaft (solo) Bryan Lee (groupe). Cabaret Kino-Kerouac : Cabaret hors de l’ordinaire mettant en vedette des gens de tout acabit. Littérature, courts métrages, théâtre, chanson et bien plus vous seront présentés dans une atmosphère détendue et sans prétention. Samedi 20  septembre, 20  h, à l’École de musique Alain-Caron.

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Roger Dumont

Artiste populaire, « gosseux » et brocanteur Par Pénélope Mallard, photos de Joële Yoja

Roger Dumont est l’un des deux lauréats du concours lancé plus tôt cette année par les Musées de la civilisation de Québec en marge de l’exposition Esprits libres , consacrée à Pierre Gauvreau. Son Pégaz , qui se trouve pour l’instant dans la Volière avec les œuvres de huit autres artistes populaires (voir l’article à ce sujet dans le numéro 67 de La Rumeur du Loup ) fera bientôt partie de la collection permanente des Musées.

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l est impossible de parler artistes populaires et « gosseux » dans le Bas-SaintLaurent sans évoquer Roger Dumont. Semblables à leurs œuvres, ces créateurs sont hauts en couleur. Roger Dumont ne fait pas exception. À lui seul, ce personnage inclassable règne sur un immense marché aux puces qui occupe plusieurs maisons –

dont un musée – pleines à craquer de milliers d’objets tous plus hétéroclites les uns que les autres : moulins à laver, barattes à beurre, outils, lavabos, tables, portes, anciennes revues, petite baignoire pour les bains de nez, vieille paire de godillots à semelle trouée, que les cinéastes lui louent, pour ne citer que quelques exemples. Bref, chez

Adréidés Noël, Francine Québec, Qc 2014 Ressorts, cordes d’instruments de musique, cintres, fouets, billes Collection de l’artiste Crédit photo : Jessy Bernier, Perspective

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Roger Dumont, c’est la caverne d’Ali Baba du fouineur, le Pérou du mordu de la rénovation. Il le dit lui-même dans le film très touchant que lui consacre Joële Yoja, du cégep de Rivière-du-Loup, Roger, L’homme aux poules : « Les gens jettent, pis moi, j’ramasse ». On a ici affaire à un « ramasseux » étonnamment bien organisé.


« Gosseux » de la première heure, Roger Dumont est connu pour ses poules à crête rouge et ses canards, qui ont su se frayer un chemin dans les boutiques de Québec, de New York et du Vermont. Sans parler bien sûr des collectionneurs privés européens. Le brocanteur a aussi une série de 12 moutons. Tous blancs. Sauf un. Noir. Parce que « je suis le mouton noir de ma famille », raconte-t-il, un demi-sourire aux lèvres.

Pour en savoir plus : Roger, l’homme aux poules, court métrage documentaire de Joële Yoja, du cégep de Rivière-du-Loup (You Tube). Dans les mains de Roger Dumont, tout se transforme, tout se recycle : un os devient une poule; un fer à repasser, un animal mythique; un pot de café, une bonbonnière à tête de chien, avec tous les papiers de bonbons dedans pour faire de la couleur. On croise même Monsieur Péladeau « gossé » dans les règles de l’art. Chez Roger Dumont, la créativité n’a pas de limite. « Tout le monde devrait sculpter, affirme-t-il, l’œil vif. Il n’y a rien de plus simple, un couteau et un morceau de bois. Et ça fait du bien à l’âme. » L’homme aux poules ne se contente pas de vendre ses œuvres. Il propose aussi en consignation celles d’autres artistes de la région. Roger Dumont n’a pas le téléphone. Passer le voir à Saint-Arsène est une halte obligée. Après 11 h toutefois. S’il est là, vous ne serez pas déçu.

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Projet 3 de 4 Photo de Sylvain Elfassy Modèle : Malik Dehbi Talbot

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Pour un séjour inoubliable au Festi Jazz international de Rimouski du 27 au 31 août Par Véronique Lavoie

Avec sa programmation impressionnante d’une trentaine de spectacles en cinq jours, le Festi Jazz international de Rimouski est la destination idéale pour passer le plus beau long congé de la fête du Travail en famille avec ses animations familiales, entre amis avec ses spectacles extérieurs, en amoureux avec ses intimes apéros musicaux ou entre fervents de jazz avec ses prestations de grandes légendes. Voici la liste des incontournables de l’événement afin de profiter pleinement des festivités.

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scales à la série Grands Spectacles

Des artistes de renom grimperont sur les planches du Cabaret Espace Scène de la Salle Desjardins-Telus chaque soir du festival à 19 h 30 en commençant avec la formation canadienne Hutchinson Andrew Trio le 27 août et sa musique inspirante tirée de son album Prairie Modern. Pour l’occasion, la formation a invité le saxophoniste André Leroux, un musicien apprécié du Festi Jazz. Suivra, le 28 août, la chanteuse américaine maintes fois sélectionnée au Grammy Awards Tierney Sutton, accompagnée de Mark Summer et Serge Marleau pour sa relecture jazz du répertoire de Joni Mitchell. Le 29 août, le Ari Hoenig Quintet enflammera la salle avec les mille et une possibilités qu’offre la batterie pour ensuite faire place au légendaire Steve Kuhn Trio le 30 août. Ce monument du piano jazz animera aussi une classe de

« Une panoplie de spectacles est aussi offerte gratuitement pour laisser place à la relève avec, notamment la série Découvertes Hydro-Québec et le concours Vitrine sur la relève qui met la lumière sur quatre formations jazz en plein envol. »

Lee Konitz & Dan Tepfer - Dimanche 31 août 19 h 30

maître gratuitement le même jour à 11 h à la salle Bouchard-Morisset du Conservatoire de Musique de Rimouski. Finalement, ce seront nuls autres que Lee Konitz & Dan Tepfer qui cloront la série Grands Spectacles. Ce duo, à première vue improbable, vous épatera par sa virtuosité, sa créativité innée et sa grande capacité d’improvisation. Des apéros en bonne compagnie avec la série Jazz Apéro En nouveauté cette année, la série Jazz Apéro vous convie à prendre un verre et décompresser accompagnés de la nouvelle génération jazz avec, le 29 août à 16 h 30 à la salle Bouchard-Morisset du Conservatoire de musique de Rimouski, le projet Trifolia où Marianne

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Trio Jérôme Beaulieu - Dimanche 31 août - 16 h 30


Trudel (piano), Étienne Lafrance (contrebasse) et Patrick Graham (percussions) fusionnent musique romantique, jazz et rythmes du monde pour ensuite passer le flambeau, le 30 août, à Taurey Butler, pianiste de talent qui oscille entre prouesses techniques et grandes émotions. Le 31 août, l’apéro se déplace au Site historique maritime de la Pointe-au-Père où le Trio Jérôme Beaulieu rythmera la mer avec son jazz dynamique et actuel. Des fins de soirée festives grâce à la série ÉclatéeQuébecor Pour clore vos journées jazzées, rendez-vous à la scène Loto-Québec où un raz-de-marée de couleurs vous entraînera à travers les tons chauds d’Inus Aso Reggae Band et son hommage à Bob Marley (le jeudi 28 août), les riches mélanges entre la reine du blues Dawn Tyler Watson et la voix ancrée dans les années 50 de Ben Racine (le vendredi 29 août), les dégradés puissants et époustouflants de la chanteuse Nadja (le samedi 30 août) pour terminer en beauté avec le noir et blanc dansant d’Israël Proulx (le dimanche 31 août), phénomène du rockabilly québécois. Des soirées qui marqueront à coup sûr votre imaginaire! Des haltes rafraîchissantes et innovantes Une panoplie de spectacles est aussi offerte gratuitement pour laisser place à la relève avec, notamment la série Découvertes Hydro-Québec et le concours Vitrine sur la relève qui met la lumière sur quatre formations jazz en plein envol. L’animation familiale Desjardins envahira la Place Festi Jazz Québecor avec de l’animation, des maquillages, des bricolages, des musiciens ambulants et le spectacle de la pétillante Kalimba, le 30 et 31 août à compter de 13 h. Bougeotte garantie! Dans mes bagages Le Festi Jazz offre différents types d’accès au site en commençant par le passeport, au coût de 140 $, qui vous donne accès à la totalité des spectacles pour vivre au rythme du jazz pendant cinq jours. Le bracelet festif, quant à lui, donne un droit d’entrée pour les spectacles de la

Nadja - Samedi 30 août 21 h

Steve Kuhn Trio - Samedi 30 août 19 h 30

série Jazz Apéro et la série Éclatée-Québecor en échange de 20 $. Pour les voyageurs spontanés, le bracelet de soirée, vendu au coût de 12 $, est parfait pour vous faire vivre pleinement une journée de festivités en vous donnant aussi accès aux spectacles de la série Jazz Apéro et la série Éclatée-Québecor. Il ne vous reste qu’à savourer le moment et à profiter de toutes les activités du site dont l’accès est gratuit comme le Bistro Festi Jazz avec vos jolis verres Écocup sur la trame sonore de la mer. Pour tous les détails, visitez notre tout nouveau site Web  : www.festijazzrimouski.com et suivez l’équipe sur la page Facebook du festival.

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Deux Nations Une Fête Par Yvan Roy

Depuis l’été 2012, « Deux Nations, Une Fête » est un partenariat culturel issu de la volonté du Comité de développement de Cacouna et du Comité culturel de la Première Nation Malécite de Viger de faire un évènement récurrent qui valorise l’histoire et le patrimoine des deux communautés. « Deux Nations, Une Fête » partage un territoire commun et des objectifs communs : créer un évènement rassembleur, développer le sentiment d’appartenance, faire découvrir les deux cultures et apporter du soutien aux artistes, aux artisans et à l’économie locale. Dans un objectif de valorisation de notre histoire et de notre culture, la présence sur le territoire de deux nations et deux cultures représente une richesse patrimoniale incontournable et un attrait certain pour les visiteurs. « Deux Nations, Une Fête 2014 » rassemble la 3 e édition du Festival historique de Cacouna et la 6 e édition du Rassemblement de la route des Sauvages. Ces deux évènements se déroulent simultanément sur le territoire de la municipalité de Cacouna et dans la communauté de la Première Nation Malécite à Cacouna. Ouverture de l’édition 2014 de «  DEUX NATIONS, UNE FÊTE » Le concert sera précédé, à 19 h au Cénacle, par le lancement officiel de l’édition 2014 de « Deux Nations, Une Fête », avec un punch d’honneur en présence de Benjamin Dionne, premier maire de Cacouna, de la mairesse actuelle, Ghislaine Daris et de la Grand Chef de la Première Nation Malécite de Viger, Anne Archambault. Vous pourrez y voir une exposition sur le Montrose au temps des Allan et un documentaire, Le destin tragique des Allan, gracieusement fourni par Les Productions Vic Pelletier inc. Ainsi, vous connaîtrez mieux cette famille qui a marqué l’histoire de Cacouna au tournant du 20e siècle et durant les quatre décennies qui ont suivi.

« Vous pourrez y voir une exposition sur le Montrose au temps des Allan et un documentaire, Le destin tragique des Allan, gracieusement fourni par Les Productions Vic Pelletier inc. »

LE VENDREDI 15 AOÛT À 20 H Concert souvenir de Lady Allan Violon et piano avec Frédéric St-Pierre et Rémi Pouliot à la Villa MONTROSE (Cénacle) Le Cénacle est situé au 383, rue du Patrimoine

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TOP 10

DES AVANT-GARDISTES Par Guillaume Leblanc

Ces artistes qui ont évolués bien des années avant leur temps... 10 KEVIN BARNES ET OF MONTREAL

grunge au début des années 90. Le jeu de guitare unique de Thuston Moore combiné à celui de Lee Ranaldo place ces deux derniers parmi les plus grands guitaristes de l'histoire du rock alternatif. Influencera  : Nirvana, Soundgarden, Pavement, No Age, Japandroids... 8 PATTI SMITH

Kevin Barnes et of Montreal

Émergeant du collectif musical Elephant 6 (Neutral Milk Hotel, Elf Power, The Apples In Stereo...), of Montreal, mené par Barnes, ira du néopsychédélique jusqu’à repousser les limites de l'électro pop. Jouant constamment avec l’ambiguïté sexuelle, le coloré groupe se distinguera avec certains albums dont The Gay Parade (1999) et l'extraordinaire Hissing Fauna, Are You The Destroyer? (2007). Incontestablement l'un des groupes cultes des années 2000 lors de l'ascension vertigineuse du indie rock. Influencera : The Decemberists, MGMT, The Shins... 9 SONIC YOUTH

Sonic Youth

Ce groupe new-yorkais, avec plusieurs albums importants, propulsera le mouvement noise rock vers de nouveaux horizons. Le groupe n’eut pas un gros succès commercial dans les années 80, mais aura une nette influence sur une légion de jeunes loups dont Kurt Cobain et sera déterminant lors de l'explosion du

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Björk

(1995). Les clips hors normes signés Michel Gondry (« Human Behaviour », « Army Of Me », « Isobel »...) sont pour beaucoup au succès de Björk. Influencera : Sigur Ros, Imogen Heap, Regina Spektor... Patti Smith

Véritable mouton noir de la scène musicale underground et grande prêtresse du proto punk, Patti Smith se démarqua par sa plume féroce et élargit du coup les possibilités de ce que le rock pouvait faire. Elle fera partie de la même scène new-yorkaise que les Ramones et sera une habituée du désormais célèbre CBGB’s pendant les années 70. Son style fusionnant la poésie et le rock non conventionnel traversera les âges et sera la majeure influence du riot grrrl au début des années 90. Influencera : PJ Harvey, Bikini Kill, Hole, Liz Phair, L7... 7 BJÖRK Sa voix céleste et aventureuse place cette Islandaise loin devant ses pairs pendant les année 90. Forte d’un micro succès avec The Sugarcubes, elle connaîtra la prospérité artistique avec des albums frôlant la perfection comme Debut (1993) et Post

Brian Eno

6 BRIAN ENO Considéré comme l'un des grands producteurs musical et le père fondateur du no wave, Eno connu une carrière notoire avec le groupe glam néopsychédélique Roxy Music au début des années 70. C'est


cependant comme producteur qu’Eno laissera sa trace, créant au passage un style minimaliste, glauque et efficace mieux connu sous le nom d'ambient. Ses collaborations vont de Genesis, King Crimson à Kraftwerk. Influencera  : Joy Division, My Bloody Valentine, Talking Heads... Frank Zappa

1 DAVID BOWIE

5 RADIOHEAD Sans contredit l'un des groupes les plus influents des trente dernières années, Radiohead devint immensément populaire grâce à une succession d'albums tout aussi acclamés les uns que les autres. Passant du rock alternatif brut à un électro rock raffiné, voire chirurgical, le groupe repoussera les limites du genre. C'est lors de la sortie d'In Rainbows (2007) que Radiohead se démarquera en plaçant gratuitement l'album en téléchargement avec la possibilité de faire un don au groupe. Un coup de marketing payant et une première dans l'histoire de la musique populaire. Influencera : Arcade Fire, Grandaddy, Muse, Mogwai, Elbow, Coldplay...

Kraftwerk

4 KRAFTWERK Kraftwerk est à la musique électro ce que Black Sabbath est au métal. Hypnotique, onirique, la musique du groupe allemand établie les fondations du synth rock, électro rock et deviendra la véritable bible d'une multitude de groupes pop bientôt new wave durant les colorées années 80. L'album Autobahn (1974) constitue la plus importante sortie du groupe et, même quarante ans plus tard, demeure un essentiel pour tout fan de musique électronique. Influencera : The Cars, New Order, Neu!, Moby, Ratatat, Radiohead, Underworld...

Lou Reed et The Velvet Underground

3 LOU REED ET THE VELVET UNDERGROUND Produit initialement pour la fameuse Factory d'Andy Warhol, le Velvet Underground ne connut le succès qu'une fois le groupe séparé. Le premier album, The Velvet Underground and Nico (1967) est considéré comme l'opus le plus prophétique de tous les temps et sera l'influence majeure d'un nombre incalculable de groupes rocks dont David Bowie qui, dans ses débuts, reprendra certaines de leurs chansons. Le chanteur Lou Reed aura ensuite une carrière exemplaire et sera bientôt considéré comme l'un des plus importants compositeurs de l'histoire du rock. Influencera : David Bowie, Iggy Pop, Syd Barrett, The Vaselines, Nirvana... 2 FRANK ZAPPA À l'origine de pas moins d'une soixantaine d'albums, Zappa est le touche-à-tout de l'industrie de la musique. Cet autodidacte deviendra un redoutable guitariste ainsi qu'un talentueux ingénieur de son. Ses albums Mothers of Invention (1966) et Freak Out! (1966) attireront l'attention, mais les travaux qui suivront feront rapidement de Zappa une véritable légende du rock expérimental. Touchant au jazz jusqu’au classique, ses collages musicaux deviendront des références dans le genre et feront de Zappa l’un des grands visionnaires du 20e siècle. Influencera : Steve Vai, Joe Satriani, Butthole Surfers, Mike Patton, Primus...

David Bowie

Véritable caméléon du rock, Bowie provoque, dérange tout en produisant certains des albums les plus importants de leur époque. Que ce soit avec The Man Who Sold the World (1970) ou Alladin Sane (1973) et Diamond Dogs (1974), Bowie sait cultiver son image et provoque des réactions partout sur le globe. Heureusement, les albums sont musicalement aussi efficaces que leur pochette et resteront aussi d'actualités même quelque quarante ans plus tard! Influencera  : Queen, New York Dolls, Morrisey, Blondie, Madonna, Pulp, Lady Gaga...

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Les fripes, c’est chic! Par Karianne Bastille, photo Sylvain Elfassy

Depuis quelque temps, la mode est aux vieux trucs. Une vieille voiture tout shinée, des robes fleuries à la ‘80 , des jeans taille haute…

L

es magasins offrent ces articles mode pour quelques dollars ou, sinon, ça coûte un bras, parfois les deux. Ce qui me fait un peu rire et me questionner est POURQUOI? Pourquoi acheter un chandail qui a l’air vieux, des jeans troués, des robes fleuries rétros alors que vos parents et grands-parents en ont plein leur garde-robe? (Mise en garde : voici une montée de lait) Sachant en plus que les vêtements passent mode en une ou deux années, à quoi bon dépenser une partie de votre budget dans une garde-robe énorme. Tout ça pour des vêtements neufs, qui apparaissent vieux (voyez ici l’absurdité de la chose), qui sont en plus produits dans des usines où vous savez très bien que les humains sont exploités à la limite de l’esclavagisme. BREF, si tu comprends pas ou que tu t’obstines, retourne donc consommer un peu plus, laisse faire cet article! (Fin de la montée de lait.) Si vous hésitez quand même à acheter aux fripes, je peux vous dire que je ne compte même plus les compliments que j’ai reçus et que je reçois toujours au sujet des superbes robes que j’ai achetées aux fripes (autant des Volcom que des robes faites à la main). De plus, le plaisir ressenti après l’achat est plus fort, puisque mon porte-feuille n’a pas été dévalisé. J’adore personnellement Le Puit (situé à Trois-Pistole), puisqu’en plus de vendre des vêtements, ils ont aussi une foule d’objets, de vaissellerie, de jouets et quelques électroménagers. DONC Pourquoi magasiner aux fripes? 1- Le coût est ridiculement bas; 2- On trouve toujours un truc à son goût qui fait bien et qui plaît bien; 3- On réduit son impact environnemental en réutilisant du usagé; 4- On réduit énormément sa consommation d’objets Made in China, Made in Bangladesh; 5- On peut soi-même vider sa garde-robe des vieux trucs qu’on ne met plus en les offrant gratuitement aux fripes; 6- Les gens qui y travaillent (bénévoles pour la plupart) sont énormément souriants, gentils et accueillants. Ils choisissent d’être là et ont du plaisir à y être.

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« Pourquoi acheter un chandail qui a l’air vieux, des jeans troués, des robes fleuries rétros, alors que vos parents et grands-parents en ont plein leur garde-robe? » Où donner vos vêtements? Tous les écocentres acceptent habituellement les vêtements. Sinon, certains endroits sont déjà en place à cet effet.

-du-Loup

-Modeste Saint

Rivière

Comptoir D'Economie 344, rue Principale 418 860-3693

121, rue Lafontaine (près du presbytère de l’église SaintPatrice) 418 862-0649

Trois

-Pistoles

Maison Le Puits Inc. 276, rue Langlais 418 851-1895

Dégelis

RasSST 465 B, avenue Principale 418 853-2975


La pluie Par Michelle Lévesque

FElle dégouline  roide, elle asperge tes cheveux, dans tes yeux,

Elle sillonne un chemin le long des tes pommettes! De senteur saline, Elle inspire la mer, Elle a la saveur de l'océan! Dans mon pays, Elle gèle au contact du vent, Elle nourrit la terre! En colère, Elle réagit, Elle détruit! La pluie est la nourrice! La pluie est notre mère! La pluie est nos larmes!

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« Le féminisme n’est pas un combat de femmes, C’est un combat de société » #37 e t s i in Par Myriam Rakotozafy, Centre-Femmes du Grand-Portage

ique Chron

fém

Êtes-vous féministe ou non…? La réponse est toujours ambiguë pour plusieurs. Certaines personnes, même adhérant à cette philosophie, ne veulent pas l’affirmer pour diverses raisons. Ces quelques paragraphes sont ainsi écrits pour nous aider à nous situer dans les débats à ce sujet.   ’après le Comité Dféminine Baie-James, «  le

condition féminisme est un ensemble d’idées politiques, philosophiques et sociales cherchant à promouvoir les droits des femmes et leurs intérêts dans la société civile1 ».

- la présentation des femmes aux différents paliers de gouvernement n’est pas suffisante;

Ce que le féminisme n’est pas ou ne fait pas Discriminer les hommes sur la base de leur sexe : être féministe n’est surtout pas être contre les hommes. Le féminisme s’attaque aux inégalités que vivent les femmes et non pas aux hommes en tant que classe de sexe « les hommes ». Le mouvement féministe vise l’égalité, l’équité et la justice sociale pour toutes et tous. Pourquoi? Parce que les faits ainsi que les chiffres (tirés des études menées par le Conseil du statut de la femme) démontrent que :

« Le féminisme s’attaque aux inégalités que vivent les femmes et non pas aux hommes en tant que classe de sexe ‘‘les hommes’’. »

Le Château Grandville Résidence chaleureuse pour personnes âgées autonomes

Qui sait, c’est peut-être pour vous la vie de château!

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94, rue Lafontaine, Rivière-du-Loup - 418 860-4144

La Rumeur du Loup, édition 68 - août 2014

- les tâches domestiques, l’éducation des enfants et les soins aux parents vieillissants sont encore majoritairement assumés par les femmes. Celles dans la cinquantaine jouent, par exemple, le rôle de proche-aidant principal dans 75 %2 des cas; - pour ce qui est du revenu, en 2010, les femmes gagnent 73,7 % du salaire des hommes3. En outre, 28 % de celles âgées de 65 ans et plus et 46 % des mères monoparentales vivent sous le seuil de faible revenu4, donc dans une situation de pauvreté;

- concernant les métiers, ceux dits féminins regroupent 80 % de femmes alors que l’on retrouve 70 % d’hommes dans les métiers traditionnellement masculins;


- à la retraite, le revenu d’une femme n’atteint que le 2/3 de celui d’un homme. Ces chiffres, entre autres, prouvent qu’il reste beaucoup à faire pour atteindre l’égalité entre les deux sexes et pour que les femmes puissent jouir des meilleures conditions dans différentes sphères de leur vie. D’où le rôle du mouvement féministe actuel. Quelques luttes gagnées par le féminisme Évidemment, il n’y a pas que des mauvais chiffres sur les conditions des femmes. Nous connaissons toutes et tous ce fameux droit de vote qui se trouve au premier rang des gains de luttes féministes. De plus, d’après le Conseil du statut de la femme, la place des filles dans les institutions d’enseignement est désormais acquise. Elles forment près de 58 % des étudiants du collégial et des universités5. Les jeunes mères, quant à elles, participent au marché du travail grâce au réseau de service de garde. Cependant, il reste des failles à corriger dans le système social dans lequel nous vivons. « Le féminisme n’est pas un combat de femmes, c’est un combat de société6 », car si les deux sexes gagnent, la société se portera bien. Poursuivons nos luttes. Peu importe la réponse à la question posée précédemment, qu’on y adhère ou non, l’important, c’est de prendre part à l’évolution de notre société pour qu’elle soit plus juste et équitable pour toutes et tous.

1 Définition donnée par http://www.femmeslanaudiere. org/index.jsp?p=73 2 Conseil du statut de la femme http://www.csf.gouv. qc.ca/ 3 Conseil du statut de la femme, Portrait des québécoises en 8 temps, édition 2013, p. 16 4 L’R des centres de femmes du Québec, La pauvreté : une décision politique, avril 2007, p. 1 5 http://www.csf.gouv.qc.ca/ 6 Julie Muret, Cofondatrice et porte-parole d’Osez le féminisme, un mouvement féministe français

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Notre belle démocratie!…?

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$$

Par Frank Malenfant, illustration de Vincent Savard

Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai pas voté conservateur aux dernières élections fédérales, pas plus que j’ai voté libéral aux élections provinciales. Pourtant, ce sont ces partis qui parlent et agissent en mon nom à tous les jours. Cela me cause un très grand malaise.  n se targue souvent d’être parmi Oles grandes démocraties du monde. Cette prétention justifie d’ailleurs des guerres où nous, occidentaux, allons imposer nos valeurs et structures prétendument démocratiques dans des pays étrangers aux valeurs et cultures différentes.

Alors bon, qu’est-ce que c’est, la démocratie? Étymologiquement, le mot démocratie est formé de deux mots grecs  : dêmos, qui signifie peuple, et kratos, qui signifie pouvoir, ou autorité. On peut en déduire qu’au sens propre, une démocratie est un régime politique où le peuple détient le pouvoir et l’autorité. Pourtant, nous, peuple, n’avons pas le pouvoir, ce sont le PCC et le PLQ qui l’ont, et même les autres politiciens élus semblent n’avoir qu’un pouvoir très, très limité pendant leur long séjour dans l’opposition.

« En fait, on remarque même que plusieurs doivent faire entorse aux règles d’éthique pour obtenir le financement nécessaire pour gagner une élection. »

En fait, lorsque je pense à notre régime politique, il me vient plein d’autres mots que démocratie. D’abord parce que le peuple, qui est citoyen dans une démocratie, est relégué au rang d’électeur et de contribuable. Nous déléguons et donc perdons notre pouvoir par

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on? Celui que nous croyons être le meilleur (en grec, áristos), un aristocrate! Pis encore, ce représentant n’en est même pas un! Bien qu’un député dispose d’un petit pouvoir discrétionnaire qui lui permet d’agir dans sa communauté et de porter les problèmes de ses concitoyens jusqu’à l’Assemblée nationale ou la Chambre des communes, il est d’abord et avant tout associé et soumis à son parti politique et à la ligne du parti. C’est d’ailleurs ce parti, et non pas tous les élus, qui est porté au pouvoir à la suite d’une élection. Ce parti est un petit groupe (en grec, oligo), ce qui fait alors du gouvernement nouvellement fondé une oligarchie. Qui plus est, une oligarchie qui n’a de compte à rendre à presque personne et dont le pouvoir est incontestable jusqu’à la prochaine élection lorsqu’elle est majoritaire… quoi qu’elle fasse! En fait, les élus de cette oligarchie ne sont

le biais de l’élection ou, pour faire beau, du suffrage universel. Le suffrage universel, c’est lorsque tous les électeurs sont appelés aux urnes pour choisir un représentant parmi un groupe de gens qu’ils n’ont pas choisi. Qui choisit-


même pas tenus de respecter leurs promesses ou de justifier leurs actes, rien! Ce sont des rois temporaires, et, pour moi, l’élection n’est qu’une soupape d’évacuation de la gronde populaire qui permet à ces rois d’éviter la révolution et la décapitation. Plutôt intéressant alors de constater tous les degrés de séparation qui éloignent le simple électeur du pouvoir alors qu’il devrait l’avoir entre ses mains dans toutes démocraties. Mais cela ne s’arrête pas là. Le système électoral avec des partis politique est une affaire de gros sous. Chaque élection coûte des dizaines de millions de dollars à l’état, et donc aux contribuables. Lorsque des milliers d’électeurs doivent choisir le meilleur candidat parmi un groupe de gens qu’ils ne connaissent pas du tout, tout est une histoire de marketing. La personne qui gagnera sera alors une personne qui aura bénéficié d’une bonne visibilité, donc d’une couverture médiatique adéquate, et qui aura su projeter une image séduisante, confiante et charismatique pour faire sortir le vote. Ceux qui voteront pour le parti seront aussi manipulés par le marketing et les tournures de phrases, nous le sommes tous. Au mieux, nous irons lire un programme électoral qui n’est rien d’autre qu’un tissu de promesses sans garantie et nous voterons sur la base de ces promesses. Ainsi donc, on remarquera souvent une corrélation entre les résultats des divers partis politiques et leur financement ainsi que leur présence médiatique. On peut même prédire dans la majorité des cas les gagnants d’une élection seulement avec la photo des candidats, tel que ce fut démontré dans l’épisode no. 5 de la série N’ajustez pas votre cerveau à ICI Explora. Pour obtenir tout ça, ça prend donc beaucoup d’argent, la complicité des médias, des experts en marketing, en image, des candidats-vedettes… et même des metteurs en scène! Quel cynisme! Alors, qu’est-ce que tout cela a à voir avec le talent, la compétence et l’honnêteté? Rien. En fait, on remarque même que plusieurs doivent faire entorse aux règles d’éthique pour obtenir le financement nécessaire pour gagner une élection. C’est donc le plus riche (en grec, plouto), ou celui avec l’entourage le plus riche, qui accède le plus souvent au pouvoir, on parlera alors de ploutocratie. Et on ne parle même pas encore des banques centrales et de ces groupes mondiaux qui tirent les ficelles un peu plus haut! Il y a aussi les ministères, les sous-ministres et autres non élus qui sont maîtres d’agendas à long terme et qui guident les politiques du gouvernement bien plus que la volonté populaire. C’est pourquoi il m’apparaît clair qu’utiliser le terme démocratie pour définir notre régime politique est une erreur de vocabulaire, intentionnelle ou non, qui sert la légitimité d’un système oligarchique. La suite dans un prochain numéro…

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Art et bien être

Kung Fu : Art de vie, Art d’une vie. Par Yvan L’Heureux Ac., professeur à l’École du QI, photos par Catherine Roy

Les arts martiaux chinois, popularisés sous le nom de Kung Fu ou Wu Shu, sont constitués de différents styles de combats à main nue ou armée qui ont été développés au fil des siècles. Le caractère Kung (   ) symbolise « le travail » ou « la maîtrise » et Fu (     ) se traduit par « sagesse » ou « dépassement ». La pratique martiale transcende donc le stade de l’activité physique. Elle est associée à une philosophie et à des valeurs comme le respect, le courage, la compassion, la maîtrise et la ténacité, qui favorisent un cheminement personnel intérieur.

L

e berceau de tous les arts martiaux asiatiques trouve ses racines au monastère de Shao Lin (少 林 寺), qui signifie « le temple de la jeune forêt». C’est en ce lieu que les moines guerriers développèrent des techniques basées, entre autres, sur les animaux pour se défendre des brigands et autres agresseurs. Bouddhiste de nature et voulant préserver toute vie, le Kung Fu avait alors pour but de désarmer ou de mettre hors combat l’adversaire sans toutefois lui prendre la vie. On y voyait un cheminement, autant physique que spirituel, associé au développement de l’être sous toutes ses formes. Les entraînements martiaux avaient donc autant de place au temple que la méditation et les autres tâches quotidiennes. Au 17e siècle, la destruction du monastère par le gouvernement Qing a contribué à la propagation des arts de Shao Lin à travers la Chine par les légendaires cinq moines fugitifs… Par rapport à d’autres styles, le Kung Fu se caractérise par la souplesse, la fluidité et l’utilisation de la courbe plutôt que de la ligne droite dans ses mouvements. On libère alors le corps et l’esprit de toutes ses tensions afin de permettre la précision et la rapidité des techniques. Un autre principe fondamental  : bloquer et frapper ne fait qu’un seul geste. Ainsi, toute frappe peut servir à bloquer ou dévier

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une attaque, l’inverse est tout aussi vrai. Le Kung Fu favorise également les attaques multiples avec plusieurs coups portés au même moment. On bloquera souvent d’une main pour frapper simultanément de l’autre bras et du pied. Les coups sont ainsi moins puissants, mais beaucoup plus difficiles à éviter et à prévoir.

« Produire sans s’approprier, agir sans rien attendre, guider sans contraindre, voilà la vertu primordiale. » Tao De Jing Dans les Guan traditionnels, c’est-à-dire le lieu où l’on exerce les arts martiaux chinois, il n’y a pas de ceinture ou de grades. L’étudiant néophyte se retrouve parmi ses pairs, frères et sœurs de Kung Fu, les uns débutants et les autres avancés. Troublant au départ, on parvient rapidement à oublier les niveaux et « ceintures » qui ne servent en fait qu’à tenir le pantalon! L’objectif est de devenir meilleur : pour soi-même, son prochain et la société en général. Dans le Guan comme à l’extérieur, la fraternité, l’aide au prochain et l’importance de toute vie sont au cœur des enseignements. Le pratiquant découvre alors au fond

de lui des aspirations pour grandir, non seulement sur le plan de la pratique martiale, mais également sur celui des valeurs humaines. Les bienfaits sont multiples. Le Kung Fu améliore la condition physique : force, vitesse, coordination et endurance. Outre la capacité à se défendre, le pratiquant acquiert confiance, persévérance, contrôle et estime de lui-même. Ce sentier du « guerrier pacifique » place le professeur et l’élève au cœur du Tao, la voix intérieure. Le cheminement est fondé sur la transmission de valeurs comme la compassion, l’honnêteté, le respect, la dignité, l’amour de soi, puis des autres. En Chine, comme ici, les gens de tous âges pratiquent cet art. À Rivière-du-Loup, la population a la chance de pouvoir choisir parmi plusieurs styles d’arts martiaux. Ainsi, de très bonnes écoles de judo, de karaté, de taekwondo, de combats ultimes et autres sont disponibles. Il ne reste qu’à faire un choix philanthropique qui suit notre Tao, notre voix intérieure.


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AVENIR DE L'HUMANITÉ ET ÉTAT DE LA PLANÈTE bibliographie sélective Par Marielle Tétreault

Les médias ne cessent de publier articles et essais, et de diffuser maints reportages sur l'état de la planète et l'avenir de l'humanité. Certains sont très alarmistes, d'autres plus nuancés et porteurs d'espoir. Il importe donc de nous tenir bien informés de la situation et de ses enjeux afin de nous conscientiser, puis de nous engager et de participer ainsi chacun à notre façon aux solutions proposées. Comme on l'entend souvent, il en va de notre avenir, de celui de nos enfants, de nos petits-enfants et des futures générations.

V

oici donc, pour nous aider dans cette réflexion et cette démarche, quelques suggestions de lecture. Trois livres d'auteurs renommés publiés récemment et que j'ai lus avec beaucoup d'intérêt. Ces ouvrages ont en commun un bilan courageux, lucide et bien documenté de la conjoncture actuelle, la reconnaissance de ses aspects positifs et de ses promesses, mais aussi la description des problèmes existants, des crises et de leurs causes, et la proposition de changements importants sans doute exigeants, mais nécessaires et même urgents. 1- La guérison du monde, de Frédéric Lenoir. Ed. Fayard, 2012, 322 p.

L'auteur, philosophe, sociologue et écrivain, commence par rappeler les bouleversements inédits que nous vivons sur tous les plans : individuel, social, politique, culturel, environnemental, etc. Certains sont évidemment rattachés à la révolution

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technologique. Il décrit les profondes mutations en cours et leurs conséquences parfois bénéfiques, parfois malheureuses. Constat évident : c'est la fin du mythe du progrès continu. Il enchaîne avec la crise systémique reliée à l'environnement, l'économie, la politique, le sanitaire (pathologies, maladies, etc.) et la psychologie (désenchantement, perte de repères et de sens, angoisse, dépression, fuite dans des dépendances malsaines, adhésion à des sectes, etc.). En réponse? Une solution également systémique touchant chacun de ces domaines. Urgence de changer les logiques quantitative et marchande pour la logique qualitative. Appel à une révolution de la conscience humaine. Selon l'auteur, nous sommes à l'aube d'une renaissance, et la guérison proposée passe par la redécouverte des valeurs universelles : vérité, justice, respect, liberté, compassion, partage et reprise de contact avec le sacré. Il importe, écrit-il, de se transformer d'abord soi-même pour réenchanter le monde, entre autres choses par l'élimination de poisons tels convoitise, découragement, indifférence. La peur de l'autre serait aussi nuisible, car nous devons accepter ou, du moins, tolérer nos différences pour nous unir dans ce qui nous ressemble et nous rassemble afin de travailler ensemble à la guérison du monde. En conclusion, il rappelle que nous vivons très largement au-dessus de nos moyens et de ceux de la planète. Quelques évidences s'imposent  : nous nous acheminons vers une décroissance, nous sommes à la croisée des chemins, notre humanité a besoin

de retrouver le sens de la mesure, un rééquilibrage est nécessaire. Objectifs jamais totalement atteints peut-être, mais processus vers lequel il faut tendre pour éviter de détériorer encore plus la planète et de mettre en péril la survie de l'humanité. Motsclés  : conscience, changement de valeurs, engagement et partage. 2- Une autre vie est possible  : comment retrouver l'espérance, de Jean-Claude Guillebaud. Ed. L'Iconoclaste, 2012, 214 p.

L'auteur, réputé journaliste du journal Le Monde et du Nouvel Observateur, décrit à son tour les importantes mutations en cours sur les plans géopolitique, économique, biologique, écologique, etc. Du côté de l'Occident, son analyse se résume ainsi. Après des années de prospérité qui ont suivi la deuxième guerre mondiale,


les pays connaissent une décroissance en partie liée au capitalisme et à ses dérives causées entre autres choses par les politiques néolibérales permises et même encouragées par des chefs d'États tels Reagan et Tatcher, et qui privilégient le profit d'une minorité au détriment du partage des richesses et du bien-être pour l'ensemble des citoyens. Mondialisation, libre-échange, dérèglementation, privatisation, toutes ces décisions de la société marchande axée sur la productivité et une consommation effrénée encouragée par une publicité agressive, mais aussi les graves dérapages d'institutions financières telle la banque Ledman Brothers en 2008, ont contribué largement à la crise financière mondiale des dernières années, à l'endettement, à la diminution significative de la classe moyenne, à l'appauvrissement des populations, aux pertes d'emplois, au chômage, à la détérioration du climat social et à l'augmentation des tensions dans le monde. Un autre problème majeur selon l'auteur (une conséquence sans doute)  : la désespérance humaine, un gaz toxique, dit-il, qui embrume notre esprit et paralyse notre volonté. Être fataliste, cynique, est devenu presqu'une mode à un point tel que se montrer optimiste peut sembler dérisoire et même suspect. Bien sur le flux médiatique friant de mauvaises nouvelles contribue largement au climat négatif. Le pessimiste (et, avouons-le, nous le sommes tous à un moment ou l'autre) se condamne ainsi à demeurer un spectateur impuissant. C'est une démission, une attitude négative qui, avec la peur et l'ignorance, sont utilisées par les puissants pour contrôler les populations à leurs fins.

pour nous rappeler les progrès incontestables des civilisations à travers l'histoire. Et si nous sommes attentifs, il continue d'y avoir de bonnes nouvelles. De tout temps, ombre et lumière ont cohabité, et il en sera toujours ainsi. Mais il y a plus en cette période de mutation profonde, tout ce que nous prenons pour des effondrements ne sont peut-être que des métamorphoses, car un autre monde est en gestation, bien que non encore structuré et encore peu audible, car parasité par le fracas du vieux monde qui s'écroule par pans entiers. Des millions de citoyens anonymes sur la planète : clubs de réflexion, actions civiques, coopératives de toutes sortes, regroupements pour développement durable et énergies renouvelables, associations entre communautés et entreprises, réseaux de solidarité, expériences alternatives, forums sociaux et humanitaires, carrefours sans frontières, mouvement des indignés, etc, sont à l'oeuvre et rallument la flamme que nos États en panne d'inspiration et de solutions ont laissé s'éteindre.

« Il décrit les profondes mutations en cours et leurs conséquences parfois bénéfiques parfois malheureuses. »

L'espérance dont il est question ici ne signifie pas angélisme, ou consolation aveugle et naïve, ou simplement disposition à la bonne humeur. C'est au contraire à la fois un exercice courageux de lucidité qui requiert la pleine connaissance du désarroi contemporain, et aussi un pari de déconditionnement à notre endormissement, à notre engourdissement entretenu en partie par l'empire de l'infodivertissement (star système, spectacles de toutes sortes) qui nous distrait et nous empêche de voir la réalité. Optimiste, l'auteur l'est. Ancien reporteur de guerre dans plusieurs pays, il en connaît les horreurs, les atrocités, mais il a aussi été témoin de courage, d'entraide et de résilience, qu'il croit encore possibles. De plus, il nous invite à un effort de mémoire

Oui, une autre vie est possible si, ensemble, nous osons le changement, tel est le message de cette lecture tonique. N.B. Un meilleur monde est possible est aussi le message de bien d'autres leaders dont celui de Francisco Whiteker, altermondialiste brésilien très actif et cofondateur d'un forum social mondial. Une intéressante entrevue avec ce militant des droits humains et l'animateur Alain Crevier de l'émission Second Regard est disponible sur tou.tv http://www.tou.tv/second-regard/S2013E26 3- La peur de l'insignifiance nous rend fous : une quête de sens et de liberté pour le XXIe siècle, de Carlo Strenger. Belfond (coll. : Esprit d'ouverture), 2013, 327 p. Autre bilan percutant de l'état actuel de l'humanité, mais cette fois sous l'angle intéressant de la psychologie existentielle. L'auteur, psychanaliste entre autres fonctions, dresse un portrait très incisif de notre société marchande, mais plus particulièrement de son système de l'infodivertissement omniprésent dans nos vies et idolâtré par les médias, qui draine des capitaux énormes (pensons par exemple aux salaires démesurés de certaines

vedettes du cinéma, des sports, etc.), valorise souvent la superficialité et propose parfois des modèles douteux, envoûte et captive beaucoup notre attention au détriment, répétons le, de la réflexion et d'actions requises pour des changements souhaitables. Il appelle le royaume de l'insignifiance, ce phénomène du vedettariat, de la publicité, de la psychologie pop et de ses gourous, des émissions qui promettent célébrité et richesse rapidement à coup de « just do it » ou « yes you can », avec parfois des conséquences déplorables telles déception, perte d'estime de soi (car modèles faux ou inatteignables), dépression, dépendance aux médicaments, drogues, sectes, etc. Il nomme Homo globalis la nouvelle espèce humaine qui s'identifie aux valeurs de la société de consommation et de communication, prise entre les promesses et les menaces de la cyberculture. C'est donc un être fragilisé à certains égards, mais aussi doté de nouvelles et importantes capacités étrangères aux générations précédentes, dont la possibilité de mettre en commun l'intelligence humaine et le pouvoir de développer une nouvelle forme de conscience planétaire. Parmi les nombreuses solutions proposées, Carl Strenger prône le retour à la raison et au discernement, le rétablissement et l'ouverture de l'esprit par une éducation non seulement utilitaire visant l'emploi et l'économie mais aussi à nouveau axée sur les valeurs universelles fondamentales, l'éveil de la conscience et l'engagement citoyen. Il rappelle que l'espèce humaine dispose d'assez étonnants pouvoirs de regénération. Ici encore, il y a de l'espoir, mais toujours à condition de s'y mettre rapidement.

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Dans les jardins de ViV-Herbes

vivantes vives

Par Estelle Grenier et Véronique Bolduc, photos par Mia Yolande Roy

À Lejeune, près du Grand Lac Squatec, se trouvent les jardins de Viv-Herbes. Chantal Dufour, herboristethérapeute, fait pousser des plantes aux mille secrets et parfums. Elle les observe, les étudie, les expérimente grâce à son travail ardu.

C

hantal, aidée de ses stagiaires, cultive des jardins d’environ un acre et demi. Elle pratique l’herboristerie en partie grâce au travail de la terre : les plantations, l’entretien des vivaces et des pousses, des cueillettes à la transformation, etc. Pour elle, c’est un mode de vie. Elle désire partager les secrets des plantes au quotidien. Elle aime les cultures d’ici, les locales, les sauvages, mais aussi celles d’ailleurs. Elle soigne avec les plantes dont elle s’occupe, elle crée la matière première

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pour la fabrication des produits thérapeutiques, arômatiques et culinaires. Le fait de cultiver tient une place importante dans la pratique de l’herboristerie pour Chantal. Ces plantes, elle sait comment les utiliser pour soigner, aider la santé des gens. Il est donc aussi question du savoir médicinal, arômatique et culinaire. Connaître les plantes permet de conseiller et de


concocter des recettes qui entretiennent la santé : par exemple, les tisanes ayant des bienfaits sur nos corps ou le nettoyage du foie à l’automne et au printemps. Mais il ne suffit pas d’être au courant des bienfaits des plantes, il est important de comprendre le corps humain pour pouvoir établir les liens entre les deux. Chantal constate ce qui est présent, accessible et naturel autour d’elle et le transforme dans le but d’aider les gens. Cependant, elle sait ce qui est nuisible, ce qui n’est pas comestible et les mélanges qu’il ne faut pas effectuer, car l’utilisation des plantes ne contient pas que des bienfaits.

« Pour Chantal, il est nécessaire de partager ses connaissances, ses expériences, de mettre en lumière l’accessibilité des soins par les plantes. » Du fait de savoir comment utiliser ces plantes s’ensuit la possibilité d’intégrer au quotidien l’usage de ces dernières, d’avoir le réflexe de se pencher sur ce qui se trouve autour de nos corps et de nos esprits pour les soigner, se rappeler que les plantes sont autour de nous. Pour Chantal, il est nécessaire de partager ses connaissances, ses expériences, de mettre en lumière l’accessibilité des soins par les plantes. De ramener en mémoire les pratiques thérapeutiques de nos aïeux, comme d’offrir la possibilité de fabriquer ses propres sirops pour la toux au sapin. À travers sa pratique et son partage, on peut retrouver le côté artisanal des pratiques thérapeutiques et une certaine symbiose avec ce qui constitue la nature dont nous faisons partie. Chantal accueille des jeunes stagiaires chaque saison agricole pour apprendre et travailler la terre. Elle reçoit aussi les visiteurs dans ses jardins et sa boutique pour se procurer les produits naturels qu’elle fabrique et recevoir des conseils thérapeutiques dans le but de se soigner par les plantes. 35, 2e Rang, Lejeune (Québec) Téléphone : 418 855-2731 Courriel : viv-herbes@sympatico.ca

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Quoi Faire ?!@#$%

L I S T E S É L E C T I V E D ' É V È N E M E N T S d a ns le K R T B

Témiscouata

Rivière-du-Loup

Les Basques

Kamouraska

Classés par ordre de la DATE............?!@#$% Vente de garage collective au Pont couvert de St-Jean-de-La-Lande Le samedi 16 août prochain, de 9 h à 16 h, participez à la vente de garage collective au pont couvert de St-Jeande-La-Lande. Sur place : jeux gonflables, musique et maquillage pour enfants, hotdogs et rafraîchissements. Pour information et réservation de table : 418 853-6364.

une balade culturelle dans le Kamouraska et le Témiscouata. En suivant la route 289, vous pourrez vous imprégner de paysages majestueux et de patrimoine champêtre présents sur son tracé et dans ses environs. Au musée patrimonial Normantique de SaintAlexandre, retrouvez vos origines au travers d’objets regroupés dans diverses mises en scène de la vie d’autrefois et visitez une collection unique d’instruments aratoires et Soirée spéciale à la Forge à Bérubé de tracteurs anciens. Au musée de la Vieille Le samedi 16 août à 20 h, Gare de Rivière-Bleue, revivez le patrimoine les Compagnons de la mise ferroviaire du Transcontinental et la petite en valeur du patrimoine histoire locale, mais aussi profitez de son vivant de Trois-Pistoles marché champêtre unique en cette journée. en collaboration avec le Au parc de la Frontière de Pohénégamook, Festi Jazz international prenez connaissance des panneaux de Rimouski présentent d’interprétation qui s’y trouvent, ils vous un plateau double à la feront connaître l’histoire mouvementée Forge à Bérubé. La soirée débute avec du tracé des frontières avec les États-Unis le conteur Jérôme Bérubé et se poursuit et celle d’un pont pas comme les autres. en musique jazz avec le saxophoniste Complétez votre découverte du patrimoine Benjamin Deschamps Quartet. La régional en poussant une pointe jusqu’à la soirée débute à 20h. Pour information  : frontière du Nouveau-Brunswick près de Karine Vincent au 418 857-3248. laquelle se trouve le dernier pont couvert du Témiscouata. La municipalité de SaintProchaines activités à la Source Ôthentik Jean-de-la-Lande y a aménagé un parc pour • Samedis 16 et 30 août, de 20 h à en apprécier le lieu. Tout le long de son minuit : Soirée karaoké avec Marc et Micheal tracé, la Route des Frontières est parsemée Loignon, DJs et animateurs. Coût :5$. de panneaux historiques qui racontent • Samedis 16, 23 et 30 août, de l’histoire de ce coin de pays, profitez de cette 11 h à 12 h : Ateliers de photographie journée pour les découvrir. numérique avec Stéphane Pratte. Initiation à la photographie numérique, ou comment profiter pleinement de son appareil et de Festival de musique traditionnelle Le ses modalités d’utilisation. Coût : 20$ par Jeune Archet atelier. La 3e édition du • Jeudi 21 août, à 19 h : Concert de festival de musique Paul Armitage, pianiste. Coût : 15$. traditionnelle Le Jeune • Samedi 6 septembre, à 20 h : Archet se tiendra du Spectacle de Toby Beaulieu, guitariste. 21 au 24 août 2014 Coût : 5$. pour célébrer et mettre en valeur la Culture Rurale et Forestière des Journée du patrimoine sur la Route des Terres et Forêts, des Lacs et des Rivières. Frontières Au cœur du village de Lejeune, dans une Le dimanche 17 août 2014 aura lieu la ambiance festive et conviviale, venez assister Journée du patrimoine de la Route des à : conférences, contes et spectacles, marché Frontières, un bon prétexte pour faire public animé, 5 à 7 aux saveurs régionales en

musique, activités pour les plus jeunes. Un service de gardiennage sera offert en soirée. Pour information : 418 855-1060. Gymkhana de Lac-des-Aigles Du 22 au 24 août prochain se déroulera la 4e édition du Gymkhana à Lacdes-Aigles avec compétitions équestres, animation et kiosques variés. Pour information : 418 779-3023. Fin de semaine champêtre de SaintMédard Du 22 au 24 août 2014, SaintMédard vous invite à sa Fin de semaine champêtre. Au programme  : activités familiales et repas communautaires. Pour information: 418 963-3876. Activités estivales au Parc de l’aventure basque en Amérique Le samedi 23 août 2014, profitez des dernières activités estivales au Parc de l’aventure basque en Amérique pour cette année, c’est-à-dire celles organisées dans le cadre du Mois de l’archéologie (activités spéciales dont une sortie à l’Île aux Basques). Pour information : 418 851-1556. Journée champêtre de Rivière-Bleue Les artistes et artisans du Club d’artisanat Riverain se feront un plaisir de rencontrer les visiteurs, d’expliquer leurs techniques et de présenter leurs travaux lors de la Journée champêtre de Rivière-Bleue qui se tiendra le samedi 23 août prochain. L’entrée est gratuite. Pour information : 418 893-2219 ou 418 893-5354. Le Foyer musical à la Forge à Bérubé de Trois-Pistoles Le samedi 23 août 2014, les Compagnons de la mise en valeur du patrimoine

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vivant de TroisPistoles invitent la population à assister au spectacle de Canailles à la Forge à Bérubé, au coût de 20$. Ouverture des portes à 20 h et début du spectacle à 21 h. Billets en vente au Café Grains de folie et au Dépanneur Guérette (Trois-Pistoles), chez Audition Musik (Rimouski) et à la Microbrasserie Aux Fous Brassant (Rivière-du-Loup). Pour information : 418 857-3248.

Festi-Quad de Dégelis Du 5 au 7 septembre prochain, le FestiQuad de Dégelis vous réserve plein d’activités : courses d ’a c c é l é r a t i o n , tire de quad, défi dans la boue, parade, randonnées, feu de joie, vendredi 5 à 7, etc. Une occasion unique pour vous divertir! Les rues de Dégelis sont ouvertes aux véhicules tout terrain pour l’occasion. Pour information : 418 853-3622.

Festival de l’érable de Sainte-Rita Du 29 au 31 août, venez vous amuser à la 11e édition du Festival de l’Érable de Sainte-Rita. Au programme : dégustation de produits de l’érable, tournoi de balle-molle familial et amical, soirées canadiennes avec chansonniers, expositions, etc. Pour information : 418 963-2967.

Ciné-Club ONF de Trois-Pistoles Le jeudi 12 septembre, le Ciné-Club ONF présentera une projection pour enfants à 18 h 30 : L’automne de Pougne. une réalisation de Pierre-Luc Granjon

Festival Reg’Art en Couleurs

Reg’Art en Couleurs se déroulera du 29 au 31 août 2014. Les artistes du groupe Reg’Art vous invitent à venir les observer pendant qu’ils peindront devant vous sous le chapiteau, près de l’église ou au Centre communautaire de Kamouraska. Pour information : 418 492-5960.

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et Antoine Lanciaux. Cet automne-là, le royaume de Balthasar est mystérieusement privé d’histoires, jetant dans les cœurs ennui et morosité. Pougne, le hérisson grognon, est d’avis que Boniface, le vilain conteur, y est pour quelque chose. Se lançant à ses trousses, il découvre vite fait le pot aux roses. Le fripon a volé la corne de la licorne, transformant son visage de filou en tête de loup. Rapporter la corne dans le ventre du monde est la solution. Pougne mènera alors l’expédition, accompagné de Dame Jeannette et de Mélusine. Dans leur périple à travers le dédale d’une grotte et même sous la mer, les aventuriers dénoueront toute l’affaire, non sans lever le voile sur un gros secret du passé qui trouvera écho jusque dans le cœur de Léon. L’automne de Pougne clôt le cycle des quatre saisons dans la vie du charmant ourson, bouclant la boucle sur une épopée captivante. Une animation sensible et fine sur l’amour, la famille et le pardon.

Livres d’artistes au Portage Hétéroclite présente la 2e édtion de sa biennale de livres d’artistes durant les Journées de la culture, les 26, 27 et 28 septembre entre 10 h et 17 h. Des livres uniques ou produits en quelques exemplaires, qui célèbrent la vie en mots et en images dans des tonalités poétiques, ludiques, politiques… Venez admirer les œuvres d’une trentaine d’artistes invités, ainsi que les livres accordéon soumis au concours lancé au printemps dernier. C’est un rendez-vous à la salle Gilles-Moreau au 200, côte de la mer à Notre-Dame-du-Portage. Bienvenue au vernissage le vendredi à 17 heures. livresdartistesauportage.com


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