BUZBUZ #33 indd

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MA GA Z INE G RAT UIT RÉUNIONNAIS - #33 - NOVEMBRE / DÉCE M B R E 2016

JACQUES DIJOUX CELUI QUI ROULE RESSORTEZ LES GAME BOY INSULAIRES MAUVAIS NAGEURS LIBÉRÉE ! DÉLIVRÉE!

EURÊKA!

QUAND LA RÉUNION INVENTE


RCS Nanterre 414 842 062

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* Ouvrir une Heineken, c’est consommer une bière vendue dans le monde entier et exportée notamment depuis le port de Rotterdam.

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.


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ÉDITO

IL N’Y EN A QU’UN, ET IL N’EXISTE PAS À Saint-Pierre, une des rues les plus connues est la rue Marius-et-Ary-Leblond. Mais qui sont ces types ? Eh bien justement, c’est là que cela devient intéressant. D’abord, il ne s’agit pas de deux entités, mais d’une seule, Marius-Ary Leblond. Il y a donc des chances pour que la rue ait été, à un moment ou à un autre, mal orthographiée. Qui était Marius-Ary Leblond ? Eh bien, en fait, il s’agit d’un pseudonyme pour… deux écrivains. Ça se corse. Car, en effet, les écrivains réunionnais Georges Athénas et Aimé Merlo avaient décidé d’écrire leurs romans à quatre mains, sous ce pseudonyme, Marius-Ary Leblond. Sauf que… Au détour des différentes éditions, les auteurs, sur les couvertures des bouquins, étaient “Marius et Ary Leblond”, “Marius Leblond et Ary Leblond”, “Marius-Ary Leblond”… Alors, il est où, le problème, finalement ? Car à la décharge de ceux qui nomment les rues, nous sommes bien obligés de vous avouer que Georges Athénas était surnommé Marius Leblond, et qu’il en était de même pour Aimé Merlot, devenu pour les copains Ary Leblond, suite à leur choix de pseudonyme. Le problème, c’est que l’“auteur” a reçu le prix Goncourt (oui, des Réunionnais ont bien reçu le prestigieux prix Goncourt, en 1909), sous le nom de Marius-Ary Leblond. Et que depuis, dans le palmarès des Goncourt, c’est bien la graphie “Marius-Ary Leblond” qui apparaît, et qui est d’ailleurs rentrée dans la postérité. Mais, comme on s’en doute, c’est bien parce que celui-ci (ou ceux-ci, pour ceux qui suivent encore) a remporté le prix Goncourt, que l’une des rues principales saint-pierroises a pris ce nom. De même qu’à Saint-Paul, et sûrement ailleurs. LA RÉ D ACT I ON

RÉDACTION EN CHEF Loïc Chaux

RÉDACTION Lucile Reboul, Marie Renneteau, Marianne Renoir, Pierre Faubet, Livy, Virginie Tressens, Loïc Chaux, Laurent Perrin

DIRECTION ARTISTIQUE GRAPHISME

www.buzbuz.re

Pascal Peloux

ISSN 2114-4923 Dépôt Légal : 6260 Toute reproduction même partielle est interdite.

COUVERTURE Modèle : Marine Photo : Romain Philippon Lampes solaires gonflables LUCI damien.gillard@neuf.fr

BUZBUZ MAGAZINE Bimestriel N°33 Novembre-décembre 2016

DIRECTION DE LA PUBLICATION Pascal Peloux

SARL au capital de 4 350 euros 62 boulevard du Chaudron Bât. A - Bureau 905 97490 Sainte-Clotilde 0692 55 99 98 contact@buzbuz.re

PHOTOGRAPHIE Gwael Desbont, Mikael Thuillier, Charles Delcourt, Romain Philippon

IMPRESSION Graphica

PUBLICITÉ BuzBuz Magazine Ludovic Benard Tél. 0692 13 60 08 contact@buzbuz.re

VOUS SOUHAITEZ FAIRE CONNAÎTRE UNE BONNE ADRESSE, UN BON PLAN, UNE NOUVEAUTÉ. N’HÉSITEZ PAS À NOUS ENVOYER UN COURRIEL À L’ADRESSE SUIVANTE : CONTACT@BUZBUZ.RE


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LE NEZ D E H O RS TEXTES MARIANNE RENOIR, LIVY, MARIE RENNETEAU PHOTOS GWAEL DESBONT

UN HOMME PRESSÉ S&M 1977 a inventé un concept inédit : donner de son temps aux messieurs qui en ont très peu. D’abord, pour soigner l’apparence de ces hommes d’affaires et autres hommes pressés avec un service de chemises sur-mesure. On choisit le tissu parmi les quatre cent références, l’imprimé, les poignets, le col, les boutons et même la façon dont ils sont brodés. Côté qualité, S&M collabore avec la boutique parisienne Artling, référencée au City Guide Louis Vuitton et les chics créateurs cravatiers de la Maison F. Ensuite, pour répondre à toutes les demandes des clients via son service de conciergerie : organiser une soirée d’anniversaire, se faire livrer une bonne bouteille au dîner, rentrer avec un chauffeur privé... Un écosystème de luxe qui comptera bientôt un magazine spécialisé en ligne et une boutique de prêt-à-porter pour mesdames l’an prochain. S&M 1977, 29 RUE DE LA COMPAGNIE, SAINT-DENIS. DE PRÉFÉRENCE SUR RENDEZ-VOUS (WWW.SETM1977.FR). TÉL. : 0262 80 02 01.

ROYAL, AU BAR

À TABLE ! Depuis deux mois et juste en face de la première boutique Casa Saba (l’originale) se trouve Casa Saba À Table !, spécialisée dans l’univers de la table, de la cuisine, de la vaisselle et du linge de table. Toujours dans l’idée du cadeau (comme l’idée du départ de l’autre boutique), on y trouve des objets utiles, rigolos et beaux, alliant l’esthétique à la qualité. Côté épicerie fine, l’accent est mis sur le goût. Le choix est fait de travailler avec des créateurs de tous horizons, mais surtout de qualité. Et pour ne rien gâcher au plaisir, toutes les semaines, des nouveautés sont à découvrir. CASA SABA À TABLE !, 60B RUE FRANÇOIS-DE-MAHY, SAINT-PIERRE. OUVERTURE : LE LUNDI, 14H–18H ; DU MARDI AU SAMEDI, 10H–12H30 // 14H-18H30. TÉL. : 0262 32 72 64.

Un bar dont la façade n’est pas recouverte par le volatile mauricien disparu, ça intrigue. On a donc pris place au comptoir du Petit Royal, au Moufia, où le code couleurs est désormais celui de la plus célèbre marque de whisky. On a bu un verre avec le maître des lieux, Cidris, pendant que des clients jouaient au billard et qu’un groupe était en plein tournage pour son prochain clip. Ici, on croise des gars du quartier, des étudiants, des hommes et des femmes qui veulent décompresser après le boulot, des pros du billard américain les dimanches de tournoi... Cidris a réussi le pari de redonner vie au quartier excentré en alternant les ambiances, avec des soirées techno, jazz électro, des bœufs le mercredi soir, et bientôt des soirées étudiantes et des afters jusqu’à l’aube. LE PETIT ROYAL, 6 IMPASSE DU BOIS-DE-ROSE, SAINTE-CLOTILDE. OUVERTURE : DU LUNDI AU JEUDI, 10H-22H ; LES VENDREDI ET SAMEDI, 10H-00H30. TÉL. : 0693 13 72 05.


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DISP ONIBL E CHEZ

18, Rue Alexis De Villeneuve | 97400 Saint-Denis | 02 62 52 74 22 www.facebook.com/Love-Cheese

A LA DUCITE DES ARTS 5 AU 26 NOVEMBRE FLO A FLEUR JULIE REVERS JACE AGO ANATIS ABEIL ANT.PANDAKREW GORGONE MODESTE MADORE SIG ELODIE TEYSSIER ANNE BAIL DECAEN A L’OMBRE D’UN CHAPEAU FLORENCE LAFLEUR MEGOT MELANIE CHEVALIER CORINNE GRANGER CELIN SABINE BADINIER MATHILDE CLAUDE MARTYY EMILIE COLO DUPIRART KIKI BRANGIER XAVIER DE PARIS ANTOINE GUERIN LE CRI DU MARGOUILLAT LES TRÉSORS DE PRINCE LE CORRIDOR BLEU EPSILON OCEAN EDITIONS FRAGMENTS MOKA ZEBULO LES EDITIONS DU BOUCAN JOYEUSES IDEES LES MALICES D’ALICE KABAR NANA KIKRE LES COULEURS DU FOUTA A L’OMBRE D’UN CHAPEAU SALUT CHERIE CA M'EST EGAL LES CUIRS DE JEROME LÉONIE SANSOUCI CKOMCA LA PLUIE FAIT DES CLAQUETTES SEWED SKULL CLAIRE BOURDON ELFEES MÉLANIE URBAN MALALA LES BIJOUX DE PAT BRUME CÉLINE LES BIJOUX DE CAROLLE RAFAELIAA THE HIPPEST BAZAR R DU TEMPS CHOUBIDOUX MLLE GENTILS SO COLOR CHRISTINE SALEM CELINE DELACOURT DEKOMI ZED STEFAN PERDOUX WOO DOO LES MOBILES DE VICKY JOHN BOB

LOCAUX ET CRÉATEU RSPOUR +D E 60 ARTISTES ENFANTS, RES SSOI ACCE S, ROBE ES JOLI ,

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+D’INFOS SUR

LA TÊTE DANS LES ÉTOILES


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LE NEZ D E H O RS

FAIRE TABLE RASE Côté Maison vous donnera envie de tout raser dans votre logement, de vous débarrasser de tous vos meubles, de vos lampes finalement tellement affreuses, de faire don de tout votre service de table. Bref, de tirer un trait sur son passé mobilier juste pour pouvoir repartir à zéro. En craquant par exemple pour les suspensions en cuivre Edison, une nouvelle table en bois et son chemin en cuir, une bougie épicée de la collection Apothecary et, pourquoi pas, l’énorme cave à vin d’angle en forme de... bouteille de vin. Alternative à ce ménage de printemps extrême : les ajouter à ses vœux de Noël. CÔTÉ MAISON RÉUNION, 90 RUE PASTEUR, SAINT-DENIS. OUVERTURE : LE LUNDI, 14H-18H ; DU MARDI AU VENDREDI, 10H-12H // 14H-18H ; LE SAMEDI, 10H-19H. TÉL. : 0692 63 28 02.

IL EXISTE UN ENDROIT...

ESCAPADES SUR-MESURE Et si on passait un week-end dans l’Est comme on passe une semaine de vacances à l’étranger ? En laissant l’agence de voyages nous trouver le meilleur hébergement, les bonnes adresses pour se restaurer et les activités les plus adaptées à ses envies ? L’office de tourisme, OTI Est, concocte justement des week-ends avec des journées à la carte, que l’on veuille s’évader en amoureux, se procurer quelques sensations fortes, apprendre à féconder la vanille ou s’en mettre plein les yeux au Dipavali. Vous vous chargez de la réservation et c’est tout ! L’OTI Est s’occupe du reste. OTI EST, 1590 CHEMIN DU CENTRE, SAINT-ANDRÉ. TÉL. : 0262 46 16 16.

… du côté de la Rivière Saint-Louis, où il est délicieux de passer la nuit, avec son amoureux(-se). Notre hôte a le sens du détail, puisque peu de temps après notre arrivée, il propose un goûter maison. Dans la cabane Fleur de Jasmin, qui surplombe la ravine, autant vous dire que le temps s’est arrêté. De grands lits, une décoration épurée au charme fou, un grand lavabo comme à l’école, une douche rigolote, voici les cabanes dans lesquelles vous séjournerez, en écoutant le vent souffler dans les bambous. Deux précieux conseils : n’oubliez pas de réserver et de prendre votre bouquin. Ce serait dommage de ne pas l’avoir, pour chiller sur la terrasse, au bord de la piscine… Et on ne vous parle pas du petit-déjeuner, ni du panier pique-nique avec du “fait-maison”, encore une fois. DES CABANES SUR UNE ÎLE, 3 ALLÉE DES MARJOLAINES, LA RIVIÈRE-SAINT-LOUIS. TÉL. : 0693 40 47 37.


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LE NEZ D E H O RS

PARFUMS D’HANOÏ

KIM SON, 13 RUE MARÉCHAL-LECLERC, SAINT-DENIS. OUVERTURE : LES LUNDI ET MARDI, LE MIDI UNIQUEMENT ; DU MERCREDI AU SAMEDI ; MIDI ET SOIR. TÉL. : 0262 21 75 00.

*Voir conditions en magasin

Discret, le restaurant vietnamien Kim Son est pourtant installé en face du G Grand-Marché depuis une trentaine d’années. Jeanne Tallavignes a repris l’affaire famil familiale et y propose des spécialités du Viêt Nam : mi sao, vivaneau grillé à la saïgonnaise, soupe pho, rouleaux de printemps ou encore porc au caramel, le plat qui a fait la renommée de l’établissement. On s’est laissés tenter par un copieux bun bo et une salade vietnamienne pour terminer par une mousse au chocolat et des bananes flambées. Le tout en profitant de la petite terrasse et de la douceur de la soirée.

Prix métropole 37 rue de la Compagnie - Saint-Denis de la Réunion 0262 97 59 19

PAS QUE POUR LES INTRÉPIDES

Les deux... et plus encore!

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Éric a repris la crêperie familiale que tenaient ses parents à La Possession Possession. Puis il a commencé les changements : style, déco et… cuisine, inspirée de ses cin cinq années en Australie. Du coup, chez Oh Suzie Q, on trouve des burgers, des fish and chips, des salades… mais aussi du zèbre, du python, du chameau… Et puis il y a ce dont tout le monde a parlé, les insectes. Scorpions noirs de Chine, vers à soie ou vers géants thaïlandais… Tout le monde fait la même tête bizarre mais une fois le premier insecte avalé, on en redemande… OH SUZIE Q, 88 B RUE MAHATMA-GANDHI, LA POSSESSION. OUVERTURE : DU LUNDI AU SAMEDI, 11H-15H // 19H–23H. TÉL. : 0262220674.

2 boutiques à st Pierre

casa saba & casa saba à table! 91 et 60B (en face) rue François de Mahy 02 62 27 66 96

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LE NEZ D E H O RS

PLUS BESOIN DE DESCENDRE Vous savez bien qu’à BuzBuz, on aime les marchés. D’une parce que, souvent, cela permet de payer ses fruits et légumes moins cher – si, on a fait le calcul – et qu’on peut y trouver des produits locaux, ce qui fait du bien à nos paysans réunionnais. Donc, une fois n’est pas coutume, le Nez Dehors vous parle du marché de Piton-Saint-Leu, qui a quelques mois d’existence, qui permet aux habitants des Hauts de Saint-Leu de ne plus avoir à descendre en ville le samedi, et qui représente une bonne alternative aux grandes surfaces tous les mercredis. Paraît que les colocs’ de kinés sont aux anges. MARCHÉ FORAIN DE PITON-SAINT-LEU, PLACE MARIO-HOARAU, SAINT-LEU. OUVERTURE : TOUS LES MERCREDIS, 6H-13H.

C’EST FRAIS & FUN

C’EST QUAND MÊME AUTRE CHOSE… Mam’Zelle pizza, on connaissait celle de Saint-Pierre (notre photo), rue Auguste-Babet. Mais il se trouve que les patrons ont ouvert aussi boutique au Tampon, dans la gamme au-dessus, avec les fameuses pizzas primées. Et, un jour que nous n’avions rien d’autre à faire là-haut, et que sonnait midi, nous sommes allés essayer. On aimerait vous le dire calmement, mais… C’est la meilleure pizza qu’on n’avait jamais mangée à La Réunion. Sans rire. La pâte, au repos long et cuite dans un four paraît-il exceptionnel, est notamment incroyable de goût et de finesse. Alors, certes, c’est un peu plus cher que dans les camions. Mais franchement, c’est quand même autre chose, à ce niveau-là. MAM’ZELLE PIZZA, 462 RUE HUBERT-DELISLE, LE TAMPON (TROIS-MARES). OUVERTURE : LES MARDI, JEUDI ET VENDREDI, 11H30-13H30//18H-21H30 ; LE MERCREDI, 18H-21H30 ; LE SAMEDI, 18H-22H30. TÉL. : 0262 61 01 64.

Une des premières choses qui nous a interpellés, c’est la qualité de service. Normal ? Oui, mais force est de constater qu’il est (malheureusement) parfois relégué au second plan. Ici, on a le sens du détail. Le patron et son équipe ont décidé de vous faire passer un très chouette moment ! Le principe : un barbecue, incrusté dans votre table, à partager entre les convives. D’une fraîcheur renversante, il y en a pour tous les goûts ! Mention spéciale pour le Mix Grill Sea Food avec le trio de gambas, Saint-Jacques et seiches. Tous les plats “à griller” sont accompagnés d’un bol de riz sauce siave, et de quelques crudités. Les autres plats à la carte sont tout aussi frais, parfumés et savamment relevés. Bientôt un an que le Sakimfo a ouvert ses portes et quelque chose nous dit qu’elles ne sont pas prêtes de se refermer. SAKIMFO BBQ HOUSE, 2 RUE AUGUSTE-BABET, SAINT-PIERRE. OUVERTURE : DU LUNDI AU JEUDI, 18H30 – 23H30 ; LES VENDREDI ET SAMEDI, 18H30 – 00H30. TÉL. : 0262 43 70 18.


C OI F F URE

MI XT E

ANGLE DES RUES MGR DE BEAUMONT ET JULES OLIVIER

SAINT-DENIS

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ART, CU LT URE URBA I N E E T M ULT I M ED I A TEXTES LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT, MIKAEL THUILLIER

MOU COMME DES ÉCROUS DIGEMA RÉALISE DES SCULPTURES À PARTIR D’ÉCROUS. ET C’EST FOU CE QUE CES PETITS OBJETS OFFRENT COMME POSSIBILITÉS.

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renez un écrou. C’est bête, un écrou. C’est du métal, c’est brut, ça ne se tord pas, ça se visse, et puis c’est tout. Prenez-en cent. Mille. Dix mille. Donnez-les à Digema, qui les achète en gros, parce que les magasins de bricolage ne voulaient plus se faire dévaliser. Et voilà que l’écrou, soudé à d’autres écrous, soudé à plein d’autres écrous, devient main, sein, racine, orteil, fesse, bouche… L’artiste Digema garde chez lui les témoins de ses premiers tâtonnements. Du bois, du marbre… “J’aimais ces matières, mais aucune ne me convainquait complètement.” Puis un jour où il a besoin de faire des travaux chez lui, un ami lui propose d’essayer la soudure. “Une révélation : je me suis mis à souder tout et n’importe quoi, c’était un besoin. Je me suis retrouvé pris dans un élan créatif comme je n’en avais eu.” Il apprend quasiment seul, en “autodidacte”. Et puis il découvre les possibilités de l’écrou (et pas du boulon, attention) : “C’est un matériau qui peut s’adapter à toutes les formes. Il suffit de jouer avec les tailles, d’ajouter du métal fondu, de patiner le tout, ou encore de laisser rouiller… Les possibilités sont nombreuses.” Avec son assistante, le voilà donc ferronnier, sculpteur, bricoleur…Raconté comme ça – et sans avoir vu ses œuvres –

on pourrait croire à un travail rustaud, fait de grands coups de marteau sur des enclumes et de soudures à l’arc. Or, la finesse du travail – et notamment celui réalisé sur les mains – fait ressortir quelque chose comme de la grâce. À partir d’écrous, faut le faire : “Il faut énormément étudier, en amont, le réalisme anatomique, les proportions. Sur les mains et les pieds, une toute petite erreur rend l’objet moins harmonieux, disgracieux.” Exposé il y a peu à la Cité des Arts ou à Paris, Digema sera surtout présent dans les mois à venir à l’étranger, au Japon, États-Unis. Le reste du monde pourra voir qu’à force de patience, des écrous assemblés à d’autres écrous peuvent être malléables à foison.


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C’EST TOP, SAWYER

Deux Nicolas, un Michael, voilà donc Sawyer. Un groupe de rock… quel rock, d’ailleurs ? “Puissant, sombre et mélodique”, propose un des deux Nicolas. Ça ira ; on n’avait pas d’avis sur la question, de toute façon. Le trio, composé en gros depuis deux ans, tourne dans le Sud et l’Ouest, dans ces bars ayant un peu de

place pour accueillir les gratteux – allo, le Nord ? - et le public qui va avec. Travaillant exclusivement sur leurs propres compos – c’était, à la base, le but de la création du groupe et de la petite annonce qui allait avec – Sawyer espère avoir accès aux salles du coin, voire d’ailleurs. “Avant le premier concert, on n’avait pas de nom, il nous a fallu en trouver un en quelques minutes. Sawyer, ça sonnait bien, on avait décidé ça en attendant de trouver mieux. Bon, on n’a pas cherché autre chose, finalement”, raconte un des deux Nico, retraçant ainsi un parcours démarrant dans un bar, visant désormais le Kabardock ou le Palaxa. Pour cela, ça aide, de se faire connaître. Un clip est sorti, tout de pluie et de noir et blanc vêtu – paraît que la guitare n’a pas trop souffert – ainsi qu’un album de dix titres, Hellich Spiral. Les mecs n’ont cessé de nous le répéter, ils veulent bosser sérieusement, ils ont de l’ambition. On a écouté, on a vu : leur travail, en effet, c’est carré, propre. Il y a du boulot derrière.

SUR LA TOILE...

LA SAISON DU LETCHI

LES VRAIES DE VRAIES

On a mis du temps à en parler, des vidéos du Letchi, sur youtube. Il faut dire que les premières ne nous avaient pas franchement convaincus. Mais depuis quelque temps, il nous a semblé que son propos a pris plus de profondeur. Le Letchi est de plus en plus amer (et drôle) sur son Île et les gens qui y vivent… et on aime.

Pour celui – ou celle – qui aime cuisiner local, et qui ne veut pas faire d’impair, pas d’autre solution que www.goutanou.re. On y retrouve pas mal de recettes en vidéo confectionnées par feu Christian Antou, dont la famille a repris le flambeau. Les recettes sont faciles à réaliser – même si Christian s’amusait pas mal avec les épices originales – et, pour en avoir essayé quelques unes, sont absolument excellentes.

PLEIN DE CULTURE GRATUITE

ET ENCORE DES PALETTES !

La loi est ainsi faite : au bout d’un certain nombre d’années, les œuvres culturelles basculent dans le “domaine public”, et sont donc accessibles gratuitement. Le site www.openculture.com met donc à disposition des liens emmenant vers des livres et, mieux encore, des films qu’il serait bon d’avoir vu pour briller en société. Genre M, le maudit ou La ruée vers l’or.

Vous l’avez compris, on ne perd jamais une occasion de vous parler de bricolage à base de palettes. Ça fait marrer tout le monde, mais nous, on aime bien. Et comme, cette fois, on a trouvé un site qu’on cherchait depuis des années, on vous l’offre : www.1001pallets.com. C’est en anglais, mais c’est la base la plus riche de plans, d’idées, de photos, qu’on n’avait jamais vue.

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CULTU RE PO P RECUEILLI PAR LAURENT PERRIN

UNE GAME BOY POUR LA VIE

Je m’éclate à rejouer aux jeux de mon enfance, Tetris et Mario Bros. Le fait de remettre ses mains sur une Game Boy permet de vous remémorer les situations que vous avez vécues étant enfant. On retrouve les bons moments où on n’avait rien d’autre à faire, parce que les parents étaient là pour gérer le quotidien. Cela permet aussi de retrouver les mauvais moments et de les vivre en se disant que, quelles que soient les catastrophes qu’on a traversées, on est bien là, vivant, entier, et en bonne santé. Ça me fait quoi, psychiquement, de remplir des lignes dans Tetris ? C’est un des grands mécanismes du jeu vidéo. On a une liste de choses à faire et quand on les fait, on est content. Dans la vraie vie, on a une liste de choses à faire, et on ne les fait jamais. La seule liste que l’on va clore, c’est la vie, et on n’est pas pressé d’arriver au bout. Pour tout le reste, il y a toujours des choses en cours qui sont sources d’anxiété. Ce sentiment de clore quelque chose est un moteur important dans le plaisir de jouer.

QUAND J’ÉTAIS PETIT, J’AI PERDU MA GAME BOY DANS LE CAR. J’AI DÛ DEVENIR ADULTE PLUS TÔT QUE PRÉVU. RÉCEMMENT, J’EN AI RETROUVÉ UNE D’OCCASE, AVEC LES CARTOUCHES DE TETRIS ET MARIO BROS. QUEL BONHEUR. Yann Leroux est psychologue, et très porté sur les jeux vidéos. Il doit être bon dans son métier car, après en avoir discuté avec lui, tout semble limpide et normal : je renoue avec un plaisir de l’enfance, j’ai la sensation d’achever quelque chose, et je ne perds pas mon temps ! Pourquoi j’accorde tant de temps à ma Game Boy, alors que j’ai mieux à faire ? “Parce que vous êtes en bonne santé. Dans la culture populaire, on pense que pour un grand garçon de trente ans, le jeu vidéo, c’est fini, et qu’on devrait passer à des choses plus sérieuses. C’est une vision biaisée, car dans le développement de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte, le jeu a une part importante. La personne qui ne joue pas est celle dont le développement psychologique pose question. Jouer, c’est toujours une bonne chose.

En va-t-il de l’addiction aux jeux vidéos comme avec la drogue ? Cela fait plus de vingt ans que la question est sur la table des psychologues. Au départ, une psychologue américaine, Kimberly Young, parle du trouble de l’addiction à l’Internet et aux jeux vidéos. Elle décrit des personnes qui passent six heures par semaine sur Internet, vous vous rendez compte (rires) ? On a plutôt des personnes anxieuses ou déprimées, ou qui ont un trouble du contrôle de l’impulsion, mais cela n’a rien à voir avec l’addiction. Vos patients vous parlent-ils de leur rapport aux jeux vidéos ? Des parents viennent se plaindre de la conduite de leurs enfants en ce qui concerne les jeux vidéos. Les enfants se plaignent des punitions qu’ils reçoivent à cause de ça mais ils ne disent pas qu’ils ne peuvent pas s’empêcher d’y jouer. Les enfants préfèrent sortir faire une partie de foot avec les copains que rester enfermés deux heures à jouer à la Play’. Ce n’est pas une occupation prise sur des activités culturelles mais sur des temps inoccupés. Je joue toujours à ces deux jeux-là, parce qu’ils sont parfaits. Une journée fait vingt-quatre heures et on ne peut pas tout faire. On choisit des jeux et on a souvent envie de les terminer. On y joue longtemps tant que cela nous nourrit suffisamment, que ça nous aide à grandir, à nourrir notre imaginaire. Quand arrive le moment où on trouve une meilleure nourriture ailleurs, on délaisse le jeu.


Me faire plaisir sans couler mon budget

Orange Privilèges

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DERRIÈRE LA PO RT E TEXTE LUCILE REBOUL PHOTOS ROMAIN PHILIPPON

ENNUI AU GÎTE ? JAMAIS QUE FA IT LE GÎTE UR DE S E S JOURNÉ E S , LORS QUE LE S RA NDON N E U R S S ONT PA RTIS ? NOUS S O M M E S A LLÉ S NOUS - MÊ ME S LE UR DE MA NDE R S ’ILS N E S ’E NNUYA IE NT PA S UN P E U … E T A PPA RE MME NT, NON .

our le randonneur, les contacts avec le gîte qui va les accueillir se résument à bien peu de choses : coup de fil pour la réservation, arrivée en fin d’après-midi, repas, nuit, petit déjeuner, et au revoir. Mais entre-temps ? Direction, donc, un gîte bien connu des Réunionnais, qui ont pris l’habitude de le fréquenter les week-ends, celui de la Plaine-desChicots (communément appelé “Gîte de la Roche Écrite”, aussi). Après plusieurs heures de marche au-dessus de Saint-Denis ou depuis Dos d’Âne, on quitte la forêt et, depuis les tamarins, ce sont les coqs et les chiens qui nous indiquent la proximité du but. Un but fait de bâtiments en bardeaux, se détachant lentement de la brume. Simultanément, ils sont toujours deux à travailler ensemble au gîte. Cette fois-ci, il s’agissait de José et Pascal, montés de Grand-Îlet pour deux semaines. Ils alternent avec Nicolas et Eunice, du Brûlé. Un cinquième acteur incontournable effectue aussi une rotation par quinzaine : l’hélicoptère. Leur vie ne semble pas connaître l’ennui : prise des réservations, ménage et, bien entendu, préparation du dîner ; toujours au feu de bois, évidemment, même lorsqu’il est bien humide ! Ce soir-là, un cari poulet était au menu, cuit au feu de bois de tamarin. Un poulet qui, avant de finir dans les estomacs, est élevé par José à Grand-Îlet et amené par hélicoptère. Singulière transhumance. Les légumes, eux, sont cultivés sur place, dans un potager. Parfois, les gîteurs ont d’autre clients que les marcheurs pour le déjeuner : les chasseurs de cerfs. Ils montent pour le week-end, logeant un vieux pavillon à leur disposition non loin, construit dans les années soixante, également géré par l’ONF.

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LES POULETS, ÉLEVÉS À G R A N D - Î L E T, A R R I V E N T PAR HÉLICOPTÈRE. SINGULIÈRE TRANSHUMANCE. On s’en doute, la vie du gîteur a bien changé depuis 1968, année de construction du gîte. José peut en parler, lui qui en est responsable depuis trente-six ans. Eh oui : n’offrant alors qu’une douzaine de places, il devait se débrouiller sans électricité, ni hélicoptère. José montait sur son dos une quinzaine de kilos de vivres (et de bougies...), environ trois semaines de survie. La sienne : les randonneurs de l’époque amenaient grillades, pommes de terres, pain et boissons… ce qui invitait, plus sûrement, au partage. Depuis, les ampoules et les rotors ont permis de proposer des repas tous les soirs, José ayant même parfait sa cuisine créole par une formation à Saint-Joseph. Le gîte a triplé de capacité et se targue d’avoir des chambres doubles désormais. Il est ouvert toute l’année, sauf en cas de cyclone, à Noël et lors du Nouvel an. Et cela interroge : le gîteur n’a donc jamais de répit ? “Non”, nous ont-ils répondu.



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JACQ UES DI J O UX


P ORT R AIT

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TEXTE PIERRE FAUBET PHOTO ROMAIN PHILIPPON

CELUI QUI ROULE PRESQUE QUATRE DÉCENNIES AU VOLANT OU AU GUIDON ET PLUS D’UN MILLION ET DEMI DE KILOMÈTRES AU COMPTEUR. JACQUES DIJOUX EST L’UN DES MEILLEURS CONNAISSEURS DES ROUTES RÉUNIONNAISES. UN CONDUCTEUR AUSSI PROFESSIONNEL QUE SEREIN.

n s’attendait à trouver sur son bureau des figurines de Ford GT40, de Formule 1 ou de Kawazaki Ninja H2. Pourtant, à part une belle photo de taxi new-yorkais, pas de trace ici d’une passion dévorante pour la bagnole, la moto ou la course. Et pour cause, celui qui roule en a fait sa vie, mais jamais une fièvre brûlante. À bientôt quarante ans de conduite au compteur, Jacques Dijoux aime la route, sans excès. Ce n’est d’ailleurs pas lui qui a pris la route. Mais la route, plutôt, qui l’a pris. C’était en 1981, paradoxalement, à Paris. Une petite annonce dans France Soir qui vante les mérites du métier : “Devenez entrepreneur, devenez moniteur d’auto-école”. L’encart ne fait qu’un tour dans son esprit de jeune étudiant en école de commerce. Le Réunionnais songe alors au marché encore vierge qui l’attend sur son île. Une population jeune, un réseau qui se construit et un parc automobile qui ne va cesser de gonfler jusqu’à l’asphyxie. Le nez creux. Sa première entreprise naît rapidement à Saint-Leu. Voitures, motos, mais aussi poidslourds. Jacques Dijoux conduit à peu près tout ce qui roule et l’apprend aux autres. Il apprend aussi à ceux qui apprennent aux autres. Formateur de formateurs. Et un profil d’expert, qui se dessine au fur et à mesure

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que la conduite se développe sur l’Île. “Quand j’étais gamin, on jouait au foot sur le CD41, la route de la Montagne. Il devait y avoir dix voitures par jour. Mais à la fin des années quatre-vingt, en trois ou quatre ans seulement, tout a changé.”

“QUAND J’ÉTAIS GAMIN, ON JOUAIT AU FOOT SUR LE CD41.” Il est la mémoire des routes péi. Se souvient notamment du premier embouteillage chronique. “À mon sens, c’était dans les rampes de Plateau-Caillou.” L’homme a presque tout connu sur les routes réunionnaises, sauf l’accident. Quand il le dit, sans orgueil particulier, son interlocuteur du jour passe discrètement sa main sur le bureau en acajou. On s’en voudrait que BuzBuz ne porte la poisse, après un tel sans faute. Car si nos estimations sont exactes, le conducteur Dijoux a dépassé la barre du million et demi de kilomètres. Plus de sept mille fois le tour de l’île.

L’arrivée des feux-rouges (en 2008, il n’en existait qu’un dans toute la commune de Saint-Paul). Celle des ronds-points. Du permis à points. Des voies rapides et de leurs voies d’insertion. On imagine difficilement les bouleversements que les routes ont connus en moins de quatre décennies. Elles n’ont pourtant pas déstabilisé notre moniteur imperturbable, flegmatique. Celui qui roule regarde avec distance l’évolution des comportements de ses semblables. “Il y a de moins en moins de fair play sur la route. Les gens usent plus du doigt d’honneur et du klaxon qu’avant. C’est moins flagrant qu’en Métropole mais quand même, je le vois venir depuis un moment.” Les belles voitures, luxueuses et puissantes, les motos de sport ? Il n’y porte pas grand intérêt . “Je n’ai jamais eu de voiture personnelle. J’ai toujours utilisé celles de l’auto-école. Pareil pour les motos.” Son truc à lui, intime, ce qui le défrise en réalité, c’est... le vélo. “Quand je roule, c’est l’extase, c’est jouissif.” Pendant que ses deux fils reprennent petit à petit l’affaire familiale, Jacques Dijoux se concentre sur son pédalier. Jamais statique. Une autre façon d’avaler des kilomètres. “Je dirais que j’ai une vie plutôt bien remplie. Ça va. Non c’est vrai, franchement, pour moi, ça roule”. Il n’a même pas fait exprès.


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MICRO-T RO T T ’ RECUEILLI PAR MARIANNE RENOIR PHOTOS CHARLES DELCOURT

VOUS REGARDEZ QUOI, À LA TÉLÉ ? PENDANT QUE CYRIL HANOUNA PRENAIT L’ANTENNE EN OTAGE PENDANT TRENTE-CINQ HEURES, D’AUTRES ONT PRÉFÉRÉ UTILISER CE MÊME TEMPS POUR TRAVERSER LA RÉUNION À LA SEULE FORCE DE LEURS JAMBES ET DE LEUR NIAQUE. MAIS LORSQU’ILS SE POSENT DEVANT LE PETIT ÉCRAN, ILS REGARDENT QUOI, NOS FOUS DE COURSE ?

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1 - Jean-Louis “Je ne suis que les émissions sur le cyclisme et les trails, sur Eurosport.”

3 - Cathy “Des racines et des ailes, sans hésiter. Pour les paysages et l’Histoire.”

2 - Gillette “Alors, j’adore les émissions comme The Voice, The Voice Kids. Et les infos nationales et internationales.”

4 - Gérard “Le soir, je regarde toujours le JT, la météo et le film qui suit. Ensuite, j’éteins la télé ! J’évite les reportages, je préfère découvrir un pays par moi-même. J’aimais aussi beaucoup Questions pour un champion avec Julien Lepers.”

5 - Jean-Alix “Moi, ma chaîne, c’est celle de L’Équipe. Je regarde surtout les débats sur le foot. Ça et Koh-Lanta, en télé-réalité.”


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6 - Jean-Pierre “Je ne regarde pas trop la télé. Quand on s’entraîne douze heures par semaine, qu’on fait du vélo et du jardinage, on n’a pas vraiment le temps !”

8 - Lucas “Je ne regarde pas la télé et je n’écoute pas la radio. Mon truc, c’est Internet, je n’y consulte que les infos.”

7 - Winnie Binnie “Je suis plus branchée musique que télé alors je mets la chaîne des clips pour me réveiller en musique.”

9 - Fowler “Je préfère les films, je n’allume pas souvent la télé. Mon genre ? Ça dépend de mon humeur, mais pas de films d’horreur.”

10 - Jean-François “Souvent des documentaires sur Arte ou des émissions de crimes non élucidés sur NT1.” 11 - Ahmed “J’aime les émissions sur la chasse, la nature, les animaux... ça libère l’esprit.”


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MODE STYLISME LIVY PHOTOS CHARLES DELCOURT LIEU FITBOX SAINT-PIERRE

NICOLAS Boardshort, Running Conseil Savates, Jules


NICOLAS Long tights Skins, Dynamic men’s top Skins, Bonati Jackett Salomon, Basket Kinvara Saucony, Running Conseil Veste coton, sac sport et voyage, Jules


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SOCIÉTÉ

EURÊKA! INVENTER, C’EST SOUVENT TROUVER DES SOLUTIONS PRATIQUES À L’AMÉLIORATION DE SON QUOTIDIEN. ET SE PENCHER SUR LES INVENTIONS RÉUNIONNAISES, C’EST AUSSI SE RENDRE COMPTE DES PROBLÉMATIQUES LOCALES QUI, UNE FOIS SURPASSÉES, ONT PROFITÉ À D’AUTRES. IL ARRIVE QU’UN RÉUNIONNAIS CRIE “EURÊKA !”, ET QUE LE MONDE EN PROFITE.


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TEXTES LOÏC CHAUX, LAURENT PERRIN, LUCILE REBOUL ILLUSTRATIONS LN

orsque Louis XIII prend possession de La Réunion, l’appelant “Île Bourbon”, il autorise quasiment au même moment la France à participer à la traite négrière. Curieux renversement de l’Histoire : c’est justement un esclave, Edmond Albius, qui apportera au monde entier la plus grande contribution qu’un Réunionnais n’a jamais faite, la fécondation artificielle de la vanille. D’autres inventions locales dépasseront nos frontières, certes. Mais aucune n’a eu autant d’impact que celle du jeune Edmond, en 1841, et à douze ans. L’esclavage, la vanille, la canne, hier. La santé, le numérique aujourd’hui. Les énergies renouvelables demain : s’intéresser aux inventions réunionnaises, c’est aussi voir les problèmes posés à sa population, et les moyens qu’elle a trouvés pour les résoudre. Et, comme nous allons le voir, cela a profité aux autres. Souvent. Souvent car certaines, si elles ont en effet eu du succès ici, n’ont pas donné des envies à d’autres. Pensons en priorité à la Case Tomi – la fameuse “bois sous tôle” – qui a permis aux agriculteurs des années soixante d’habiter des maisons en dur à un prix modique, et de pouvoir ainsi passer le cap des cyclones. Est-ce parce que, ailleurs, d’autres populations avaient trouvé la même idée ? Est-ce parce que la société qui construisait de telles cases n’a pas désiré exporter son projet ? Toujours est-il que la Case Tomi, si elle a changé la vie de nombre de Réunionnais, n’a pas eu pareil impact dans le reste du monde. Il s’agit peut-être d’un rendez-vous raté. Celui qui n’a pas raté son rendez-vous avec l’Histoire, c’est bien Edmond Albius. Et ce même si ses contemporains auront eu du mal à admettre qu’un Noir, jeune, esclave, pouvait avoir découvert quelque chose que les Blancs cherchaient depuis des années. Des contemporains bien aidés en cela par quelques botanistes locaux qui s’étaient attribué la paternité de la découverte.

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L’invention d’Edmond est la meilleure illustration du sujet dont nous parlons ici : il y a une problématique qui se pose au monde entier – donc, aussi, à La Réunion – et un Homme, après réflexion, trouve une solution, l’essaie, elle fonctionne, et sert aux autres. Sans rentrer dans les détails, quel était le problème ? La vanille a été découverte par les Européens lors de leurs premiers voyages en Amérique centrale. Se disant qu’il suffisait du même climat pour qu’elle pousse, les royaumes du Vieux Continent on envoyé des graines dans leurs colonies tropicales ; un fiasco. La vanille poussait, mais ne produisait pas de gousses. Il fallut quelque temps pour que les botanistes comprennent que la vanille devait être fécondée par des insectes particuliers, propres à leur environnement américain. Il fallait donc trouver un moyen “artificiel”. Et si des botanistes français et belges y parvinrent, ils ne purent reproduire leur expérience, n’ayant pas tout à fait compris les gestes qui leur avaient permis de réussir. C’est bien Edmond Albius qui mit en place un protocole en 1841, faisant de La Réunion le premier exportateur de vanille pendant un temps ; surtout, elle créa un savoir-faire que le monde put s’approprier. Si l’économie de La Réunion s’est basée de tous temps sur l’agriculture – et c’est d’ailleurs encore le cas – il n’est pas étonnant que nombre de ses inventions aient un lien avec celle-ci. Prenons, avec la vanille, un autre élément emblématique de l’agriculture réunionnaise : la canne à sucre. Poumon économique de l’Île depuis que l’économie du café s’est écroulée, l’enjeu était d’améliorer les rendements. On rentre ici dans la “recherche et le développement”, où il ne s’agit plus de la bonne idée d’un Homme, mais bien du résultat du travail d’une équipe de scientifiques. Le Centre d’essai, de recherche et de formation, devenu depuis eRcane, est un bon exemple : depuis quasiment un siècle, ses membres croisent des variétés de cannes, travaillent sur leur gènes,


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“LA RÉUNION, JE L’UTILISE CO OMME UN LABO. LE MARCHÉ LOCAL NE PEUT PAS SUFFIRE, MAIS SI CELA FO ONCTIONNE ICI, JE SAURAI QUE CE SEERA DUPLICABLE.”

afin de trouver le rendement optimal en fonction de chaque micro-climat réunionnais, ainsi que de ses potentiels parasites. Ainsi, les variétés créées portent les noms de code R 584, R 585, R 586… où le “R” représente “Réunion”. eRcane est un “groupement d’intérêt économique dont les membres sont les deux sociétés sucrières réunionnaises, faisant partie du groupe Tereos.” Voilà pourquoi les trouvailles réunionnaises s’exportent où Tereos est présent, notamment en Afrique de l’Ouest ou en Amérique du Sud. Et cela nous permet d’aborder une autre facette de l’innovation : gagner de l’argent. Et ce n’est pas un gros mot. Les innovateurs que nous avons rencontrés ne sont d’ailleurs pas peu fiers de le dire : ils voient grand. Bien plus grand que La Réunion. À Saint-Pierre, Runware est une équipe de cinq personnes qui peut déjà se targuer, en 2011, d’avoir créé un cardiofréquencemètre compatible avec

l’iPhone 3, certification Apple comprise. Déjà un sacré coup, mais qui n’est peut-être rien par rapport à ce qu’ils ont dans leurs cartons, le DiabéKit. Il s’agit d’un ensemble d’objets connectés à un smartphone (ou une tablette) par le biais d’applications et permettant un état des lieux régulier de la santé d’un patient atteint de diabète. Le médecin, le patient y ont accès – évidemment, toutes les données sont sécurisées, ce qui permet un suivi très fin du soin. Et au sein de ce kit, l’innovation la plus marquante est le DiétéKit. Il s’agit d’une petite balance à glisser sous son assiette, connectée elle aussi. Mettez du riz dedans, et votre portable vous affiche tout un tas de données nutritionnelles en fonction du poids du mets. Ajoutez un rougail saucisses, il calcule automatiquement encore. Des centaines de plats cuisinés (en plus des ingrédients) sont ainsi pré-enregistrés dans l’appli, il suffit de les sélectionner pour savoir exactement ce que


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ILS RÉFLÉCHISSENT EN TERMES D’“INNOVATION”, DE “DÉVELOPPEMENT”, DE “RENTABILITÉ”, DE “FAISABILITÉ”…


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“C’EST INTÉRESSANT, D’ÊTRE PREMIER. MAIS ATTENTION : ÇA NE PAIE PAS TOUJOURS. CELUI QUI TROUVE ESSUIE SOUVENT LES PLÂTRES POUR LE SUIVANT.” vous allez manger. Richard Touret, le dirigeant de Runware, explique : “Notre domaine, ce sont les objets connectés, notamment dans le domaine de la santé. Nous avons donc rencontré des médecins, qui nous ont fait part de leurs problématiques, afin de cerner leurs besoins. L’idée arrive toujours, je pense, à partir d’une bonne connaissance du milieu.” Or, on sait bien que lorsqu’on parle de santé, à La Réunion, le diabète arrive bien vite dans la conversation… “En ce qui nous concerne, La Réunion est un excellent territoire d’expérimentation, avant de nous exporter. Il nous faut trouver des partenaires, mais le but est bien d’aller plus loin…” Bertrand Gonthier, le créateur d’une technologie permettant de regarder des vidéos en 3D sans lunettes, et qui espère que sa propre marque de smartphones et de phablettes va se vendre dans le monde entier, ne dit pas autre chose : “La Réunion, je l’utilise comme un labo. Le marché local ne peut pas suffire, mais si cela fonctionne ici, je saurai que ce sera duplicable.” Pour nos inventeurs, l’idée seule ne suffit pas. Il faut trouver des marchés, des lieux de production – souvent en Asie, des partenaires. “Il faut avoir une volonté d’expansion”, confirme monsieur Gonthier. La R&D coûte de l’argent ; il faut bien la rentabiliser, avant même de songer sortir des bénéfices. Ainsi, Runware s’appuie sur des aides de l’État, et de l’investissement privé ; Ahyio, la marque de Bertrand Gonthier, a déjà son réseau de commerciaux, dont certains se situent à Dubaï, pour raisons fiscales, tout en prévoyant de reverser 20% de ses recettes à une ONG. “Je tiens quand même, à très court terme, à ramener des compétences à La Réunion”, nuance-t-il. Car ils y tiennent, tout, à insister sur le fait que les idées, ils les ont trouvées ici, et pas ailleurs. Nous ne faisons pas face à de doux rêveurs. Quoique… Bertrand Gonthier : “C’est toujours bien d’être le premier à trouver quelque chose. C’est très stimulant, d’avoir de l’avance

sur les autres.” Richard Touret précise : “On a breveté certaines parties de nos créations, et c’est sûr que symboliquement, c’est intéressant, d’être premier. Mais attention : ça ne paie pas toujours. Celui qui trouve essuie souvent les plâtres pour le suivant.” Ingénieurs, professionnels du marketing, informaticiens de haut niveau, scientifiques… tous ces gens ne courent pas après la gloire d’avoir eu la bonne idée. Ils réfléchissent plutôt en termes d’“innovation”, de “développement”, de “rentabilité”, de “faisabilité”… Des pros, vous dit-on. Restent, quand on parle d’invention, les doux rêveurs dont nous parlions plus haut. Ceux qui garnissent le concours Lépine, ces “Géo Trouvetou” au credo “C’est simple, mais il fallait y penser”. Nous en avons trouvé un, à Saint-Joseph, André Scius. Lui a inventé le Piaf, une sorte de pince (Olà, non ! : “Ce n’est pas une pince, c’est un extracteur, le fait d’écraser l’oeil avec le bec le fait remonter instantanément à l’extérieur, ça ne découpe pas, ça extrait.”) qui permet facilement d’ôter les yeux des ananas, ceux qui donnent des aphtes. “L’idée m’est venue en regardant les becs d’oiseau.” Lui n’est pas passé par des étapes de dessin industriel, de CAO ou d’études marketing. Le prototype est sorti du premier jet, à partir d’une simple feuille de tôle qu’il plie à la main. “Je continue à les fabriquer moi-même. J’en ai fait trente mille, ce qui m’a permis de vivre pendant des années.” Des ventes effectuées sur les marchés forains, bien loin, donc, des perspectives d’expansion des producteurs de cannes, d’outils connectés ou de smartphones. Avec une structure autour de lui, on imagine pourtant qu’ils aurait pu aider les amateurs d’ananas du monde entier. Là n’était peut-être pas son désir. Reste que tous, à leurs niveaux, ont contribué – ou vont le faire – à améliorer le quotidien de leurs semblables. On n’a pas trouvé meilleure définition de l’inventeur, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs.


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STOCKER L’ÉNERGIE EN MER Ce n’est pas à proprement parler une invention réunionnaise ; mais l’Université espère bel et bien apporter son savoir-faire dans une innovation répondant à une problématique actuelle, le stockage des énergies. L’idée vient d’une société montpelliéraine, MGH. Et si le modèle de simulation a été développé par l’Université de Columbia, ce sont les Héraultais qui ont besoin d’un terrain d’essais : leurs liens avec l’Université de La Réunion, et notamment son labo de recherches Piment leur ont donné l’idée de tester la chose ici-même. En quoi cela consiste ? Pour faire simple – et c’est une gageure – il s’agit d’une plateforme

flottant en mer qui reçoit l’énergie produite en trop sur terre. Celle-ci fait remonter des lests, reposant par grands fonds. En cas de besoin d’électricité, ces lests redescendent au fond de la mer, leur chute entraînant un générateur placé sur la plateforme, elle-même reliée au réseau terrestre. L’Université, persuadée qu’elle est d’avoir sur son sol les compétences pour lancer un tel projet ici, espère donc des aides de la part des collectivités. Stocker des énergies, dans un monde – et une île – où la question est de plus en plus prégnante, voilà bien de l’innovation qui pourrait avoir un impact considérable.


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SOCIÉTÉ

TACATATATAC!

Cette invention n’a pas vraiment contribué à améliorer la vie des gens ; mais elle vient bien d’un Réunionnais, et ses conséquences ont été considérables. Il s’agit du “tir synchronisé”, c’est-à-dire de la mitrailleuse fonctionnant à travers les hélices d’un avion, dont le fonctionnement a été amélioré par Roland Garros lui-même. Alors que la Première Guerre mondiale commence, les belligérants découvrent vite l’importance stratégique de l’aviation. Et pour abattre les coucous d’en face, il fallait une mitrailleuse. Or, il s’agissait de monoplaces : l’aviateur devait pouvoir conduire et tirer en même temps ; l’arme devait donc se trouver devant le nez du pilote. Mais s’y trouve aussi l’hélice. Après avoir bousillé un grand nombre de pales, Roland Garros, un des premiers as de l’aviation, eut une idée, pas bête : blinder ses hélices. Déjà, il utilisait un système ingénieux – mais

pas fiable du tout – qui synchronisait la percussion de l’arme avec le régime moteur. Son blindage lui permit de ne pas détruire son hélice à chaque fois que son système faisait des ratés. Ainsi, en 1915, il put descendre trois avions allemands d’un coup, alors que ceux-ci ne se doutaient pas qu’il avait trouvé un moyen de leur tirer dessus. Hélas pour lui – et l’armée française : quelques mois plus tard, il dut atterrir en catastrophe en territoire ennemi. Il eut beau brûler son avion avant d’être capturé pour éviter que son invention ne finisse dans les mains des ingénieurs ennemis, ceux-ci parvinrent, malgré tout, à récupérer le mécanisme, à le reproduire et à l’améliorer. Cela ouvrira l’ère de domination de l’aviation allemande… avant que les Français, en 1916, puissent à leur tour capturer un des appareils d’en face pour en étudier les améliorations, et s’en servir.



STATISTIQ UE M E N T

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RECHERCHES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS FREDDY LECLERC

LES ASSOCIATIONS À LA RÉUNION ACCORDÉON DE

CLUB

CONFRÉRIE

10 -

LA RAVINE-DES-CABRIS

DES

CHEVALIERS

DE TASTERHUM

Depuis dix ans, le taux de création de nouvelles associations rapporté au nombre d’habitants à La Réunion est supérieur à celui dans le reste des départements français.

AGRUMES

1043 -

1/7

RÉUNION

-

C’est le nombre d’associations qui ont été créées à La Réunion entre août 2015 et octobre 2016.

Un Réunionnais sur sept, environ, est bénévole dans une association.

5500 -

ROUGAIL BRETZEL

ASSOCIATION POUR UNE TERRE

PLUS HUMAINE

ET UN ENVIRONNEMENT RECONCILIÉ DE PRÉVOYANCE

Le secteur associatif a créé 5500 emplois à La Réunion depuis 2002. En tout, les salariés des associations représentent 13,6% des emplois dans le privé à La Réunion.

PAR DES ACTIONS INDIVIDUELLEMENT ET ENSEMBLE

20%

40%

Au cours des cinq dernières années, une association réunionnaise créée sur cinq se trouvait dans le domaine de la culture.

Presque la moitié des salariés du secteur associatif réunionnais le sont dans le domaine du “social”.

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COMITÉ DE DÉFENSE

DES OTAGES

LA POUSSE NOCTURNE

DE

DE LA RUE

LÉOPOLD-RAMBAUD


CHEF-D’OEUVRE R E B O O S T E Des feux arrière rouge dans les tons de la carrosserie avec des inserts chromés. C’est juste une des nombreuses touches de mode qui font de la nouvelle Fiat 500, une voiture encore plus brillante. Brille baby, brille.

G LO SS T E C H N O L O G Yâ„¢

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MA BU LL E RECUEILLI PAR MARIANNE RENOIR PHOTOS GWAEL DESBONT

MACGYVER À LA MAIN VERTE CHEZ RÉMI, INSTALLÉ DANS LE QUARTIER HALTE-LÀ DE LA POSSESSION DEPUIS QUARANTE-SEPT ANS, ON SE CROIRAIT CHEZ MACGYVER.


MA BULLE

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ENTREVUE EXPRESS Vous avez un nombre impressionnant d’outils, dites-moi... À l’époque, je travaillais dans la maçonnerie, la plomberie, la charpente, la soudure et un peu dans l’électricité. On faisait tout. Et vous vous en servez encore ? Bien sûr, je bricole ce que je trouve au bord de la route ou ce que les camarades m’amènent à réparer. Votre atelier, c’est votre pièce préférée ? C’est là que je passe le plus de temps. Vous avez beaucoup de poissons aussi... Mon truc, c’est les poissons, les oiseaux et les plantes. Le bassin, les cages, le jardin, j’ai tout fait moi-même. Ils sont à vous, tous ces appareils photo ? Plus jeune, j’avais un rêve, devenir photographe. Attendez, je vais vous montrer mes photos. Il y en a des souvenirs, dans cette boîte ! Les gens me disaient tout le temps : “Rémi, n’oublie pas ton appareil !” Si vous ne deviez garder qu’une chose, ce serait ces photos ? Ah non, c’est mon poste de soudure. C’est quoi, tous ces haut-parleurs ? J’écoute la radio toute la journée. Alors, j’ai installé des radios et des haut-parleurs dans chaque pièce et à l’extérieur et j’ai tout relié pour ne rien rater, où que je sois. Dans ma boîte à lettres, j’ai aussi un téléphone et un petit haut-parleur. Si je suis dans le chemin, je peux l’entendre sonner et décrocher. Et toutes ces télés, ces lecteurs DVD, ces câbles ? Vous ne jetez rien, en fait. Les gens on tendance à jeter dès qu’un objet tombe en panne. Moi, c’est le contraire, je garde, je ramasse, je répare, je recycle. Vous avez déjà pensé à déménager ? Non, parce que je ne pourrais rien planter. Là, je fais pousser mes haricots, mes oignons, mes bringelles. Et puis, toute ma famille vit dans le quartier. Si j’ai besoin de quelque chose, je peux aller sonner juste à côté et c’est pareil pour eux.


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EX TRAMURO S TEXTE LOÏC CHAUX PHOTOS GWAEL DESBONT

LIBÉRÉE ! DÉLIVRÉE ! L’ÉGLISE NOTRE-DAME-DE-LA-DÉLIVRANCE S’EST VUE LIBÉRÉE DE SES ÉCHAFAUDAGES IL Y A PEU. LA PLUS BELLE ÉGLISE RÉUNIONNAISE (POUR NOUS, EN TOUS CAS) A RETROUVÉ DES COULEURS.

es habitants des quartiers dionysiens du Bas-de-la-Rivière, de La Redoute et de Petite-Île sont contents : l’horloge de la façade de Notre-Dame-de-la-Délivrance redonne la bonne heure. Mais ce réglage de pendules n’est qu’une petite partie de la réfection de l’église, qui en avait bien besoin. Structurellement, l’église n’avait pas à s’inquiéter. Construite à la fin du XIXe siècle dans un style faisant fureur à l’époque, le néogothique, l’église est construite en moellons de basalte et, surtout, l’intérieur se pare de peintures vives et de la plus grande statue réunionnaise représentant Saint-Expedit. Mais en plus de cent ans, l’église avait pris un coup de vieux : l’humidité, notamment, a terni ce qui faisait la particularité de l’église, la couleur. “Nous avons travaillé à partir de nombreuses archives, expose Eric Fontaine, chef d’opération des travaux sur le patrimoine, à Saint-Denis. Et les couleurs n’avaient pas non plus complètement disparu. Sur la façade extérieure, par exemple, on a pu les retrouver en décapant.”

L

Réalisé en deux phases – une pour l’extérieur, une autre pour l’intérieur – le chantier a duré un an et demi. Il a nécessité de nombreux savoirfaire, dans bien des domaines : les boiseries, la tôle de la structure, les peintures, les pierres… “Nous n’avons pas travaillé à l’économie : les décors étaient riches lors de la construction, nous avons refait de même.” Des feuilles d’or ont été déposées, des techniques anciennes ont été utilisées, et même les étudiants des Beaux-Arts sont venus mettre la main à la pâte. Est-elle aujourd’hui exactement la même qu’il y a un siècle ? Laurent Segelstein, à la mairie, précise : “Sûrement, mais j’ai entendu dire qu’elle était encore plus belle. Nous avons aussi travaillé sur les éclairages, elle est encore plus valorisée.” Classée dans la liste des Monuments historiques, elle tend à devenir un des lieux phares des visites dionysiennes. Car, même si elle a été inaugurée par une messe de Monseigneur Aubry, l’église Notre-Dame-de-la-Délivrance fait partie, de par son histoire, du patrimoine réunionnais. De tous les Réunionnais.


EXT R A M U RO S

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ÇA SE PA S S E LÀ- BA S TEXTES VIRGINIE TRESSENS PHOTO CAMILLE MALISSEN

SEVRAGE NUMÉRIQUE TOUT PRÈS DU CANAL SAINT-MARTIN À PARIS, L’ESPACE SEYMOUR+ PROPOSE UNE VÉRITABLE DÉSINTOXICATION DE L’ESPRIT, SANS APPAREIL ÉLECTRONIQUE. DE PLUS EN PLUS D’ENDROITS DANS CE STYLE SUIVENT CETTE NOUVELLE TENDANCE.

QU’EST-CE QUE C’EST?

COMMENT ÇA MARCHE ?

La “digital détox”, c’est lâcher smartphone et ordi pendant quelques heures ou plus, histoire de respirer un peu. Seymour+ s’est donné comme mission de “protéger la conscience humaine dans un monde dominé par la technologie.” C’est donc l’endroit idéal pour tenter l’expérience.

Dans un grand loft, après avoir mis sous cadenas tous vos appareils électroniques, vous pouvez suivre un parcours à votre guise. Vous pouvez déambuler dans différents univers dont un selfie-maton où vous réalisez votre autoportrait au crayon, une salle de projection où vous êtes face à un écran blanc dans un silence absolu, ou encore un jardin d’hiver pour méditer. Pas de magazine, ni de livre : juste vous et vous-même.

D’OÙ ÇA VIENT ? Le concept de “digital détox” chez Seymour+ est signé Mélissa Unger. Cette quadragénaire a travaillé pendant vingt ans dans les médias mais aussi dans l’art, les services publics, le cinéma, notamment auprès d’acteurs prestigieux. Ajoutez à cela dix années de recherches philosophiques et psychologiques, et voici le profil de la fondatrice et directrice franco-américaine de Seymour+. Cette femme charismatique voulait un lieu dans lequel chacun puisse “se retrouver”, dans tous les sens du terme.

POURQUOI C’EST GÉNIAL? Parce qu’il faut bien l’avouer, nous sommes quand même complètement dépendants et esclaves de nos téléphones et ordinateurs. Et on a besoin parfois d’un sérieux coup de pouce pour lâcher toutes ces machines et se concentrer.

ET À LA RÉUNION ? Quand certains marcheurs avouent qu’en pleine randonnée, ils regardent leur Facebook “rapidement” au lieu de regarder le paysage, on se dit que cela pourrait être une bonne idée d’ouvrir un espace déconnecté...



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LE JOUR O Ù… TEXTE LOÏC CHAUX PHOTO BNF

1 ER S E P T E M B R E 1 9 9 0

ET LE RELAIS DU 4 X100 M BATTENT LE RECORD DU MONDE UN RÉUNIONNAIS A PRIS PART – ET QUELLE PART ! – AU PLUS GRAND EXPLOIT DE L’HISTOIRE DE L’ATHLÉTISME FRANÇAIS : LE RECORD DU MONDE DU 4X100 M, S’INSÉRANT AU MILIEU D’UNE LONGUE LISTE DE PERFORMANCES AMÉRICAINES.

e n’est pas compliqué : depuis l’apparition du chronométrage électronique, en 1968, les Américains sont les seuls à battre leurs propres records du monde du 4x100 m, en athlé. Pas étonnant : ils ont eu pendant lontemps, dans leurs relais, les seuls hommes capables de passer sous les dix secondes sur la ligne droite. En septembre 1990, le record du monde est toujours détenu par la team america, dont deux de ses membres courent en moins de 10’’, dont l’immense Carl Lewis. Sur le papier, les Anglais de Linford Christie, les Soviétiques, les Canadiens feraient de bons outsiders. Les Français ? Son chef de file, le Réunionnais Daniel Sangouma, a battu le record de France en juin, en 10’’02, et ses collègues Max Morinière, Jean-Charles Trouabal et Bruno Marie-Rose ne font pas partie du gratin mondial sur 100 m. Mais deux ans après la médaille de bronze obtenue aux Jeux de Séoul – Sangouma devenant alors le premier médaillé réunionnais aux Jeux, les championnats d’Europe à Split (Yougoslavie) sont le terrain rêvé pour gagner un titre, d’abord, et courir vite, peut-être. Et ça sent bon dès le début : Sangouma (médaille d’argent), Marie-Rose et Morinière parviennent à se placer en finale du 100 m ; Trouabal atteint le podium sur 200 m. Le relais français fait tout à coup figure de favori, avec le Royaume-Uni. Avec un atout sur les autres : une technique supérieure. Car lorsque les autres nations misent sur leur rapidité, la France, elle – et ce sera souvent le cas sur les relais, les années suivantes, jusqu’au titre mondial des filles en 2003 – a intégré la notion de “sport collectif” : passer le relais correctement, c’est récupérer du temps à tous les coups. Pourtant, dès le départ du relais, rien d’extraordinaire : Max Morinière, pas franchement spécialiste du 200, reste derrière l’Anglais dans le premier virage. Mais Sangouma, en ligne droite, rentre en jeu, et réalise une des meilleures lignes droites lancées de tous les temps, en 8’’92. Encore un passage excellent, et Trouabal effectue un virage incroyable pour mettre Marie-Rose en orbite, et en tête. Derrière lui, le grand Linford Christie s’échine… il est battu. Champions d’Europe.

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C E S 3 7 ’’ 7 9 D E S P L I T, EN 1990, SONT TOUJOURS LE RECORD DE FRANCE.

Mais surtout, un coup d’œil sur le chrono (37’’79) fait comprendre l’improbable : le record du monde des Américains, établi aux Jeux de Los Angeles en 1984, est raboté de quatre centièmes. Sur l’épreuve, la France est seulement le quatrième pays à obtenir la marque mondiale. Sans doute vexés, les Américains reprendront leur dû un an plus tard. En revanche, ces 37’’79 resteront le record d’Europe durant trois ans et le record de France… Eh bien, aucune équipe française n’a encore fait mieux. Même avec Lemaître et Vicaut. Preuve qu’avec de la technique…



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SPORT TEXTE LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS MATTHIEU DENNEQUIN

LA PLUPART DES ÉLÈVES DE PRIMAIRE, À LA RÉUNION, NE SAVENT PAS NAGER. DIRE QUE C’EST UN COMBLE, SUR UNE ÎLE, EST UN DOUX EUPHÉMISME.

a Réunion sait-elle nager ? Quand la question revient sur le tapis dans les médias, c’est dans deux cas : lorsque les sportifs réunionnais participent aux championnats de France de natation ou lorsque quelqu’un se noie. Dans le premier cas, ces Réunionnais-là savent nager, et plutôt bien. Dans le deuxième… c’est souvent l’inverse. Et c’est de cela dont nous allons parler. La Réunion sait-elle nager, alors ? Difficile de répondre, puisqu’aucune étude générale n’a jamais été réalisée à La Réunion. En revanche, chez les élèves, des chiffres existent. C’est un syndicat de profs de sport, le Snep FSU, qui a publié deux années de suite les chiffres qu’il avait à sa disposition, et issus des observations de terrain, c’est-à-dire auprès des élèves qui pratiquent la natation dans leur cursus scolaire. Car c’est bien là que le bât blesse : sur les deux années considérées (2013-2014, puis 2014-2015), un quart seulement des élèves a “pu bénéficier d’une unité d’apprentissage en natation”. Mais ce n’est pas tout : sur ces quelque trente mille

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élèves qui ont eu accès à un bassin pendant leur scolarité environ huit mille savent au moins se “débrouiller” dans l’eau. Ce qui au final nous ramène à environ 7% d’élèves de primaires capables d’aller là où ils n’ont pas pied. Vous avez dit “inquiétant” ? Pour remettre les choses dans le contexte, un article paru dans Le Monde en mai, posait la même question pour le département de Seine-Saint-Denis. Le quotidien du soir parlait de chiffres “alarmants”, puisque “au moment d’entrer au collège, seulement un élève sur deux du “93” a passé avec succès le test du “savoir nager” à l’issue de ses années d’école élémentaire”. Alors, si c’est alarmant en Seine-Saint-Denis, avec ses 50%, que dire de la Réunion ? Le problème a deux raisons. L’une, invérifiable, mais qu’on entend souvent : “Les Réunionnais ne sont pas tournés vers la mer.” C’est peut-être faux, vu que les lagons – où l’on a pied –, les bassins et les piscines ne désemplissent pas en période de congés. C’est peut-être vrai, aussi, pour les personnes des Hauts, qui ont peu accès aux points d’eau,


SP ORT

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LA RÉUNION N’A PAS MOINS DE PISCINES QUE LES AUTRES. MAIS ELLES SONT MAL RÉPARTIES. artificiels ou non. Sans chiffres précis, nous ne trancherons pas sur ce domaine-là. La deuxième raison est plus d’ordre structurel. Christian Aribaud, adjoint aux inspecteurs pédagogique régionaux chargés des professeurs d’EPS – et pour qui la proportion d’élèves ne sachant pas nager à leur entrée au collège tournerait plutôt aux alentours de 60 % - explique : “Il faut distinguer premier et deuxième degrés. Pour le premier, les écoles doivent faire appel aux mairies, les instituteurs n’étant pas des professeurs de natation. Puis, pour tous, le problème réside dans le manque de piscines, ou alors leur mauvaise répartition. Enfin, les transports, coûteux, sont aussi un frein. Dans les années deux mille, saviez-vous où se situaient le plus grand nombre d’enfants ne sachant pas nager ? Dans l’Ouest, à côté de la mer ! Car on n’apprend pas à nager dans la mer, mais bien dans les piscines.“ Rappelons d’ailleurs que l’apprentissage de la natation est une priorité de l’Éducation nationale, ce qui a donné lieu à la création du “Savoir-nager”, dont l’acquisition est obligatoire dans la scolarité. À condition de pouvoir avoir accès à des piscines. Or, quand on parle du “manque de piscines”, c’est partiellement faux. La Réunion ne manque pas de piscines, du moins, pas plus que les autres départements : avec un bassin pour dix mille

habitants (selon l’Atlas des équipements sportifs français, édité par le Ministère des Sports en 2011), La Réunion est dans la moyenne. Après vérification, des départements ayant moins de piscines s’en tirent même avec un meilleur taux de réussite au “Savoir-nager”. Alors, quoi ? Il s’agirait en fait, plutôt – et comme nous l’a expliqué M. Aribaud - de problèmes de répartition. Pour faire simple, les piscines réunionnaises s’agglomèrent sur la bande littorale Nord-Ouest (qui est aussi, certes, la plus peuplée). À Saint-Leu, on vient d’en construire une, justement. À la mairie, on nous explique : “Avant, les élèves devaient aller en bus aux Avirons, c’était tout une organisation… En mettant une piscine dans les Bas, entre Saint-Paul et les Avirons, les élèves peuvent prendre des cours plus près. Et ça a l’air de bien marcher.” Une autre mairie, il y a quelques années, avait aussi pris le taureau par les cornes : SaintPaul. Avec la construction de Plateau-Caillou et de Vue-Belle, les élèves des Hauts, eux aussi, avaient pu apprendre à nager. Hélas, dans le reste de l’Île, c’est morne plaine au niveau des bassins : on parle d’une piscine à Salazie sous quatre ans, pas grand-chose dans le Sud Sauvage. Ce serait donc l’étalement géographique de la population qui rend difficile l’accès aux nombreux bassins locaux. Et c’est vrai : selon le Ministère des Sports, en

moyenne, chaque habitant se trouve à “moins de 9 km d’une piscine”. Sans avoir les chiffres locaux, on se doute que nous sommes largement au-dessus. Imaginez donc que, sur leurs deux heures de sport hebdomadaires, les élèves de Mare-àCitron devaient intégrer l’aller-retour à Saint-André… Et pourquoi donc il n’y aurait pas plus de piscines ? Car cela coûte cher. Et on ne parle pas de la construction, mais bien du fonctionnement (en termes techniques et de frais de personnels), de véritables gouffres pour mairies et intercommunalités qui rechignent à tenter le coup. Mais finalement, ne pas savoir nager, est-ce un problème ? Nous avons déniché l’enquête “Noyades 2015“, éditée par l’Institut national de veille sanitaire, qui recense le nombre de personnes noyées accidentellement. En 2015, La Réunion a vu six personnes mourir noyées, dont la moitié dans la mer. C’est trois de plus qu’en 2012, et toujours trop. Mais c’est souvent moins que dans les autres départements français ayant une frontière maritime. Finalement, si nous savons moins bien nager que les autres, nous nous noyons aussi moins qu’eux. Sommes-nous plus prudents ? Allons-nous moins à l’eau ? Et nous revoilà donc sur cette question, que nous avons évoquée… Les Réunionnais aiment-ils l’eau ?


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CULTU RE G RECHERCHES LOÏC CHAUX ILLUSTRATIONS MATTHIEU DENNEQUIN

2011, 2014 et 2015 ont été les années les plus chaudes à La Réunion depuis cinquante ans.

À condition de le faire assez rapidement, n’importe qui est capable de “marcher sur le feu”.

L’ordonnance interdisant le port du pantalon aux femmes, à Paris, a été abrogée en 2013.

Les ongles des mains poussent trois fois plus vite que ceux des pieds.

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La morue et le cabillaud sont le même poisson.

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POUR FAIRE LES MALINS DEVANT LES AMIS, VOICI QUELQUES INFOS QUI VOUS DONNERONT LA CLASSE DANS LES DISCUSSIONS.

Il n’y a toujours aucun consensus scientifique sur les raisons du bâillement.

Roland Garros pratiquait le cyclisme, le rugby, le sport automobile et, un peu, le tennis.

Le premier Grand Raid, en 1989 et appelé Marche des Cîmes , mesurait 112 kilomètres, soit, officiellement, un kilomètre de plus que le Trail de Bourbon 2016.

L’exact antipode de La Réunion se trouve dans l’océan Pacifique, à l’ouest du Mexique. Le taux de mortalité infantile aux Comores est vingt fois supérieur à celui de la France.


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