p a s s e u r s
d e
f r o n t i è r e s
Le trimestre dernier, nous avions donné écho à l'exposition “Passeurs de frontières”, mise sur pied par Bruxelles Laïque asbl lors du dernier Festival des Libertés, et actuellement “en tournée” dans toute la Belgique. Au vu de l'intérêt suscité par cette création inédite, Bruxelles Laïque a réalisé une publication à partir des textes et affiches de l'exposition. “Passeurs de frontières” est un recueil de témoignages graphiques et typographiques sur l'universalité et la diversité des combats démocratiques menés par des femmes et des hommes, ici et ailleurs, pour ouvrir à leurs contemporains des territoires de droits et de libertés à conquérir. Ce catalogue est un exposé illustré du parcours politique de certains d'entre eux, des plus emblématiques à ceux injustement méconnus, provenant de tous les continents, de tous les peuples, de toutes les cultures et de toutes les couleurs, au-delà de toutes les frontières. Nous les avons classés en quatre galeries de portraits : les universalistes pour leur pensée ou leur comportement exemplaire, les acteurs solidaires pour leurs actions et leur détermination, les hérauts pour leur humanisme, leur engagement au nom des autres, les irrévérencieux pour leur anticonformisme, leur esprit libertaire. Nous avons voulu, à travers cette publication, nous inscrire dans cette vision de convergences de situations, de causes et d'aspirations communes à toutes les femmes et à tous les hommes du monde, afin de rappeler ce que l'un d'entre eux a dit un jour “Vous devez être le changement que vous voulez voir en ce monde !” Agir sur le monde est l'unique façon de le changer. Chaque fois que vous tournerez une page, vous aurez franchi une frontière qui, nous l'espérons, vous aura un peu plus rapproché des autres. Disponible sur demande dès le 1er mars 05. Prix : 20 € Renseignements : Bruxelles Laïque asbl 18-20, avenue de Stalingrad 1000 Bruxelles Tél : 02/289 69 00 e-mail : bruxelles.laique@laicite.be
Sommaire EDITO
p. 3
Sans cesse remettre sur le métier...
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Edito rial
Le sens d'une appartenance
Qu'implique pour Bruxelles Laïque de mener des campagnes de sensibilisation, d'organiser des conférences publiques, de faire des animations dans des écoles, de mettre sur pied chaque année un festival des libertés, de créer un site Internet et de publier un périodique ?
Une assistance morale non confessionnelle... une laïcité à vocation universelle...
p. 8
Le cauchemar de Darwin
p. 11
Plaidoyer pour une Europe plus démocratique
p. 15
A CONTRE-COURANT Le libre examen n’est pas tuer Dieu
p.19
DANS NOS ARCHIVES Le libre-examen difficile
Dans ce cas, quelles en seraient les implications et les obligations ? En substance et pour l'essentiel, elles consisteraient à assumer un rôle politique et culturel d'animation de la société civile qui suppose :
p.21
- l'inscription dans un projet collectif de défense et de promotion d'une société d'émancipation, d'information, de progrès social et scientifique.
DOSSIER PEDAGOGIQUE Sensibiliser à la laïcité à l'école
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A LIRE La démocratie des autres
- l'engagement sur des thèmes d'actualité : démocratie, école, service public, extrême droite, identité européenne, interculturalité, dialogue inter-communautaire et inter-religieux, développement durable, mondialisation, etc.
p.27
PORTAIL Enjeux globaux et humanisme international
- l'affirmation de notre solidarité avec les femmes et les hommes d'ici et d'ailleurs, qui luttent pacifiquement pour défendre leur dignité, leur droit à la vie, au bonheur, à l'épanouissement et au respect de leurs identités et de leurs opinions.
p.28
ECHOS LAÏQUES DE VOS ACTIVITES BRUXELLOISES
p.30
Les illustrations de cette édition sont extraites de l’exposition “Passeurs de frontières” et de l’album du Festival des Libertés 2004.
Bruxelles Laïque est reconnue comme association d’éducation permanente et bénéficie du soutien du Ministère de la Communauté française, Direction Générale de la Culture et de la Communication, Service de l’Education permanente.
Au-delà de donner une forme effective à notre engagement en tant qu'institution laïque, l'ensemble de ces activités contribue à construire un sens politique à notre action sociale, à créer des liens et, symboliquement, à communiquer l'image d'une organisation soucieuse de se faire reconnaître comme membre à part entière de la communauté démocratique.
La revendication d'une telle appartenance impose donc des challenges et des responsabilités qui dépassent les enjeux simples d'éducation permanente et d'insertion sociale, pour nous inscrire dans une vision universelle de combats démocratiques pour la libération totale de la personne humaine, la sauvegarde de son environnement et de sa qualité de vie. Et c'est bien là, le sens que confère une telle adhésion, qui nous place au cœur des préoccupations actuelles de notre monde et nous inscrit dans un front de résistances planétaires au nom du droit, de la liberté et de l'égalité pour tous.
Ariane HASSID, Présidente
Bruxelles Laïque asbl Avenue de Stalingrad, 18-20 - 1000 Bruxelles Tél.: 02/289 69 00 Fax: 02/502 98 73 E-mail: bruxelles.laique@laicite.be www.brux.laicite.be
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remettre sur le métier...
Sans cesse Est-ce l'anniversaire de la loi française de 1905, dite de séparation de l'Église et de l'État, ou le tintamarre continu entretenu dans les cénacles du Vatican, ou sans doute aussi les difficiles négociations concernant la place des Églises dans les Institutions de l'Union européenne, toujours est-il que, de tous côtés, on parle de laïcité. Et, chose curieuse, tout le monde parait y trouver son compte et se présente en faveur de la laïcité. La laïcité de la société (laïcité politique) devient parée de toutes les vertus. Finies les luttes du passé pour la liberté de conscience, - la liberté de religion y a été associée, - le serment en justice n'invoque plus la divinité et une cérémonie publique remplace le Te Deum officiel du 15 novembre. Il parait comme convenu que ces actions font partie du passé et sont, volontairement ou non, rayées de la mémoire collective. À y regarder de plus près, d'importantes divergences subsistent entre les partisans de la laïcité de la société et ceux qui, au contraire entendent utiliser à leur profit les libertés chèrement conquises, mais à leur manière par le biais d'une laïcité “bien comprise”. Il faut voir les choses clairement car il s'agit bien de la remise en cause par certaines hiérarchies religieuses des acquis de la laïcité et de leur volonté d'intervenir dans les prises de décisions politiques des États mais également de l'Union européenne.
La laïcité bafouée
Raoul Vaneigem 1934Anarchiste situationniste soixante-huitard, l'un des leaders avec Guy Debord de l'Internationale situationniste, il participe activement à Mai 68 dont il est une des figures emblématiques. Son ouvrage fondamental Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations (1967) pose quelques-uns des grands principes du mouvement situationniste : refus radical de la société de consommation, dénonciation de ses contraintes sociales, de sa tendance à l'uniformisation. Résolument subversif et dissident par plaisir d'être soi et de ne jamais vouloir y renoncer, Vaneigem incarne à merveille cette pensée insurrectionnelle faite d'aversion à toute forme d'aliénation quelle qu'elle soit.
C'est principalement au niveau de l'Union européenne et de certains nouveaux États membres que les agissements de certaines Églises se font sentir. Certes elles opèrent rarement à découvert et certains se laissent séduire par un bel emballage quand l'affaire devient publique. Qui donc s'offusquerait qu'un “dialogue ouvert et transparent”(1) s'ouvre entre
des institutions. Il faut connaître les revendications des Églises pour comprendre la portée de ce prétendu dialogue qui n'a d'autre objet que celui de faire pénétrer dans les lois de l'Union les mots d'ordre du Vatican. Un cas récent et particulièrement flagrant nous vient de Slovaquie, pays récemment admis dans l'Union, qui a signé en 2004 un Concordat avec le St Siège. Une annexe à ce concordat qui a valeur de traité international a été élaborée en vue de son adoption par le parlement slovaque. Son objet se rapporte au “droit de l'exercice de l'objection de conscience” : L'objection de conscience est basée sur le principe de liberté de conscience autorisant quiconque à refuser d'agir dans un sens ...contraire au corps de doctrine de l'Église catholique. Après cette mainmise de l'Église catholique sur la loi slovaque, que restet-il de la liberté de conscience des fidèles d'autres religions et des non-croyants, athées ou agnostiques ? Remarquons que la Slovaquie, au contraire du St Siège, a ratifié la Convention européenne des droits de l'homme qui spécifie que “toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion...” La récupération par l'Église d'un droit fondamental pour tous (liberté de conscience), largement empreint des valeurs de la laïcité, est évidente car la liberté de conscience est détournée à l'avantage des seuls fidèles d'une Église. Pourtant dans plusieurs déclarations, des ecclésiastiques de haut rang ainsi que le pape se sont déclarés attachés à la laïcité.
Les enjeux ont évolué Face à une telle reconquête de l'espace public, il est indispensable tout d'abord de bien distinguer les enjeux pour
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s'investir dans des actions de terrain correspondant aux réalités de notre temps, qu'elles soient de nature sociale, écologique, éthique, voire politique, en vue d'y maintenir et, si nécessaire, d'y introduire pour chacun et chacune la liberté de choisir en conscience la solution la plus appropriée. Si la laïcité, rappelons le, n'est pas une lutte contre la religion, elle ne se limite pas à seulement faire inscrire dans un document politique la séparation des Églises et de l'État. La laïcité publique est née de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 qui introduit “la liberté publique de conscience pour tous et pour chacun”. L'espace de la liberté de conscience s'est élargi depuis cette déclaration et cette liberté se comprend aujourd'hui pour les laïques au sens large d'une liberté pour tous qui concerne tous les domaines de l'existence. Il convient également, pour mener à bien l'action, de distinguer clairement les adversaires de la liberté de conscience mais aussi de connaître ses alliés. De larges groupements de catholiques
défendent publiquement la laïcité dans l'Union européenne, la laïcité de la société, que l'on dit aussi laïcité politique car elle concerne les institutions. La Fédération humaniste européenne a déjà eu l'occasion de promouvoir avec certains d'entre eux des actions en faveur de la laïcité. Ne restons pas figés par les luttes du passé et sachons œuvrer honnêtement avec eux, comme ce fut le cas à propos de l'interruption de grossesse et d'autres questions de société ainsi que, tout récemment, du projet de Traité constitutionnel. Malgré les opposants irréductibles, la laïcité est devenue une valeur partagée beaucoup plus largement qu'auparavant et l'Union européenne constitue une opportunité d'en faire mieux connaître les atouts. Remettre la laïcité sur le métier pour travailler avec d'autres partenaires mais également élargir ses champs d'activités, c'est donner à la laïcité un nouvel élan.
Georges LIÉNARD Past président du CAL Secrétaire général de la FHE(2)
(1) Article 52 du projet de Traité constitutionnel (2) Fédération humaniste européenne, fhe@ulb.ac.be, www.humanism.be
Multatuli 1820-1887
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Multatuli est le pseudonyme de Eduard Douwes Dekker, écrivain néerlandais du XIXè siècle. Dès l'âge de 18 ans, il part comme fonctionnaire à Java, colonie hollandaise. Il y découvre l'exploitation des populations locales, les mauvais traitements infligés aux colonisés et, écoeuré, démissionne de son poste. De retour en Europe, il publie en 1860 le roman Max Havelaar, dont le héros, humaniste passionné, se révolte contre l'exploitation des cultivateurs de café par les colonisateurs. Ce roman, qui s'attaque à l'esclavagisme et au colonialisme, connaît un vif succès. Il a donné son nom au label du commerce équitable créé en 1988. Aujourd'hui, Max Havelaar est présent dans 17 pays et délivre ce label à différents produits de consommation courante.
Une assistance morale non confessionnelle... une laïcité à vocation universelle... La Communauté française a défini, dans un passé récent, la neutralité de l'enseignement organisé par les pouvoirs publics (décrets des 31 mars 1994 et 17 décembre 2003). Elle met ainsi un terme à une situation aberrante qui autorisait l'existence légale d'un enseignement public, destiné à tous, et cependant de caractère confessionnel. Ces textes ont fait l'objet d'un très large consensus. Ils ne bénéficient toutefois pas d'une publicité suffisante. Ils la mériteraient cependant car ils reprennent des considérations fondamentales pour l'orientation du travail des enseignants, des élèves, des étudiants et de l'école autour de trois thèmes essentiels : l'objectivité, la tolérance et la citoyenneté responsable. En rencontrant clairement un des buts du CAL qui vise à exiger l'impartialité des services publics et la séparation de l'Eglise et de l'Etat, ces mesures relancent également le débat sur les tensions internes qui peuvent naître au sein du mouvement entre la revendication de neutralité et le combat pour la reconnaissance du droit à une assistance morale non confessionnelle. Les deux objectifs ne sont certes pas incompatibles. Ils sont historiquement liés l'un à l'autre. Il reste cependant à les articuler harmonieusement. Au cours de l'automne dernier, le Conseil d'administration du CAL a consacré un week-end à débattre du sujet. Ce double objectif ( espace neutre assistance morale non confessionnelle) semble s'adresser, à première vue, à des publics distincts. Entre la population pluraliste d'une école publique qui doit prendre en compte la diversité des convictions et la clientèle habituelle d'une maison de la laïcité, il existe d'importantes différences qu'il serait imprudent d'ignorer. Il y aurait danger, en effet, à réduire l'action laïque dans la société à la seule recherche d'un champ de diffusion des thèses athées ou agnostiques à
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l'image des institutions créées jadis au nom de la religion catholique pour assurer à la fois une action sociale indispensable et une évangélisation efficace. Ces dernières s'évertuent d'ailleurs aujourd'hui à escamoter la signification du qualificatif dont elles sont affublées, laissant croire parfois que, dans un pays où le multiculturalisme se développe, un service public peut parfaitement être de caractère confessionnel. Cette stratégie ne cesse d'être suspecte car il est très malaisé d'y séparer l'opportunisme du souci réel de modernisme. Il serait particulièrement maladroit pour la laïcité de laisser supposer, par des manœuvres imprudentes, que la modernisation de ces discours relève d'une évolution normale de la pensée religieuse avant que d'être fondamentalement une concession à ce que fut toujours notre combat pour l'autonomie de la pensée et la défense de la liberté d'examen. Simultanément, le désintérêt des jeunes pour toutes les formes de militantismes idéologiques devient notoire. Leur engagement va plutôt vers les grandes causes humanitaires où les clivages sur base des convictions particulières des individus n'occupent plus la place principale. La pensée occidentale s'est progressivement inspirée, n'en déplaise à certains, du principe de la liberté de conscience. Le libre examen n'est cependant pas un concept simple que l'on peut aisément brandir comme une bannière. Il nécessite à la fois une grande indépendance d'esprit et une réelle faculté d'examen. En l'absence d'une de ces deux composantes, le concept perd son contenu et débouche, comme partout ailleurs, sur les préjugés et la pensée dogmatique. La laïcité ne peut en aucun cas être assimilée à ces valeurs qu'elle combat précisément depuis toujours. La tolérance vigilante doit impérativement rester la règle essentielle de notre conduite. Par ailleurs, on le sait, un concept peut
revêtir bien des acceptions différentes. Il en va ainsi de la tolérance dont Voltaire disait volontiers qu'elle est l'apanage de l'humanité. Nous n'avons plus aujourd'hui que le monopole d'une certaine tolérance. Ce n'est pas celle qui se cantonne trop fréquemment dans cette définition qu'en donne Littre en parlant de “condescendance, indulgence à l'égard de ce qu'on ne peut ou ne veut éviter”. C'est-là la tolérance de ceux qui possèdent la vérité définitive et qui décident d'écouter autrui sans pour autant l'entendre. La tolérance représente pour le laïque bien autre chose. Elle est synonyme d'ouverture sur l'autre, de respect de sa personne et même de sa pensée dans la mesure où elle constitue une invitation à tenter de comprendre les raisons qui poussent autrui à penser et agir autrement que nous. Elle nous offre ainsi la possibilité de progresser vers l'universel. C'est par l'échange, la discussion, la controverse, le dialogue qu'elle s'exerce. Il est très aisé de pratiquer la tolérance au sein d'un groupe dont on partage les idées. Il est bien plus difficile de le rester dans une société pluraliste. On peut comprendre dès lors combien il est important pour le laïque de se plier à la discipline sévère qui le conduit de l'examen à l'échange avant de se forger une opinion conforme à sa propre échelle de valeurs et de la défendre. Combien il doit se construire une conviction personnelle sur la base d'une information suffisante et d'une réflexion personnelle. C'est l'une des raisons, sans doute, pour lesquelles le libre examen se cantonne trop fréquemment dans la sphère intellectuelle. C'est l'une des causes également de notre inquiétude face aux piètres résultats de nos jeunes dans les enquêtes internationales évaluant les acquis scolaires et la progression parallèle (et peut-être pas indépendante) de la recrudescence des mouvements sectaires et des manifestations d'un nouvel obscurantisme. Si nous voulons faire progresser nos idéaux d'ouverture et de neutralité de l'espace public, il faudra nous habituer à faire un bout de chemin avec ceux qui, sans partager l'ensemble de nos convictions, situent leur foi dans l'homme audessus de celle qu'ils placent en dieu. Ceux-là ont généralement renoncé au respect inconditionnel des règles
imposées au profit du libre exercice de leur intelligence et de leur sensibilité. La collaboration avec eux est envisageable et justifiée dans la mesure ou personne ne tente d'instrumentaliser son action dans un quelconque but de prosélytisme. Il revient aux laïques de définir la laïcité. Elle ne peut en aucun cas se limiter à la seule défense des intérêts moraux de ceux qui ne se revendiquent pas de dieu. Si ces derniers constituent effectivement l'essentiel de nos troupes, la laïcité se doit également de rester ce mouvement d'aspiration vers un universalisme de respect de la dignité humaine dans sa diversité et sa pluralité. C'est en plongeant dans ce pluralisme, sans s'y fondre, que le laïque peut échanger et convaincre.
Le bâtiment qui abrite actuellement le département pédagogique de la Haute Ecole Francisco Ferrer au 110 du Boulevard Maurice Lemonnier fut érigé au XIXème siècle par la Ligue de l'enseignement sur un terrain offert par la Ville de Bruxelles. Il porte encore à son fronton le titre d'“ECOLE MODELE” qui fut sa première dénomination. Dans le Hall d'entrée figure une plaque commémorative qui dit “Cette école laïque consacrée au perfectionnement de l'instruction primaire a été inaugurée le 17 octobre 1875”. Le terme “laïque” devait être clarifié dans le discours du Président de la Ligue, Gustave JOTTRAND qui précisa :“Préparatoire aux devoirs de la vie civile, l'école doit être avant tout préparatoire à la tolérance ; dans son enceinte ne doivent retentir que des paroles qui unissent, celles qui divisent doivent rester au dehors, …”
Ce discours n'a rien perdu de son actualité. 130 ans plus tard, la laïcité répond toujours à la mission ambitieuse de s'ouvrir à l'universel.
Guy VLAEMINCK Président de la Ligue de l'Enseignement et de l'Education Permanente, membre du C.A. du Centre d'Action Laïque.
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de Darwin
Le cauchemar
Ou de l'effondrement de quelques valeurs universelles… Déjà primé dans de nombreux festivals internationaux(1), Le Cauchemar de Darwin, réalisé par Hubert Sauper, interpelle les consciences à travers une fable accablante sur les délires d'une époque entraînée dans les abîmes de l'inhumanité par l'idéologie du profit. Loin d'un film à thèse, la force de ce documentaire est de donner une image concrète aux effets pervers de la mondialisation néolibérale. A travers une histoire d'êtres humains et de poissons, Hubert Sauper met des visages et des prénoms sur une réalité dont nous avons plus ou moins tous conscience, mais qu'il nous est difficile de représenter ou plus facile d'occulter… En nous forçant à interroger nos propres responsabilités et à faire de ce cauchemar le nôtre, ce film constitue en réalité un véritable plaidoyer pour l'éveil d'une nouvelle conscience citoyenne mondiale et solidaire.
Aimé Cesaire 1913 Poète et homme politique, député-maire de Fort de France en Martinique, Aimé Césaire est co-fondateur avec Léopold Sédar Senghor et Léon Gontran Damas du mouvement de la “négritude” pour la défense et la réhabilitation des valeurs de la culture noire. Sa poésie militante se veut un appel universel à la dignité humaine. Partisan du métissage et de la rencontre des cultures, Aimé Césaire se définit lui-même comme “un homme carrefour”, ouvert sur le monde et à la croisée des chemins. Convaincu que les despotes, les dictateurs et ceux qu'on appelle les néocolonialistes détournent les hommes de leurs rêves et de leur espérance d'émancipation, Aimé Césaire, l'homme politique, n'a jamais cessé de mettre en garde des chefs africains de “mouvements de libération” ou de mouvements révolutionnaires tels que celui de Fidel Castro.
Quelque part en Afrique… Sur les rives du Lac Victoria… Berceau de l'humanité… Des avions-cargos décollent sans discontinuer. Leurs cales sont pleines de filets de Perche du Nil, poisson miraculeux permettant de nourrir chaque jour deux millions d'Européens. La Perche du Nil, un redoutable prédateur, a été introduite dans les eaux du lac au cours des années '60 à la suite d'une expérience scientifique. Quarante ans plus tard, sa prolifération a décimé 95 % des autres espèces de poissons et déstabilisé tout l'écosystème du plus grand lac tropical du monde. A la fin des années '80 et au cours des années '90, la Perche du Nil a vu sa production passer de 100 000 tonnes à 500 000 tonnes(2) et au cours des deux dernières décennies, des ateliers de transformation ont fleuri sur les rives du lac. Mais, alors que les captures ont été multipliées par cinq, ce n'est plus sur les étals locaux que finit le poisson, désormais exporté quotidiennement vers l'Europe(3) après avoir été soigneusement fileté dans les usines de conditionnement subventionnées par l'Union Européenne et la Banque Mondiale.
La population locale qui ne peut s'offrir le poisson ainsi traité partage les restes des carcasses décharnées avec les asticots. D'immenses décharges pleines de squelettes de poissons qui sèchent fleurissent. Et alors que l'on suit l'envol des Perches pour l'Europe, la presse parle de famine en Tanzanie et des programmes d'aide alimentaire mis en place par les Nations Unies. Cauchemar d'un continent pillé de ses ressources naturelles… Quelque part en Afrique… Sur les rives du Lac Victoria… Berceau de l'humanité… Le cauchemar se précise… Sans devoir faire appel aux nombreux rapports(4) qui convergent à démontrer que l'exploitation de la Perche du Nil constitue un véritable désastre pour la population locale, Hubert Sauper nous montre l'exode des hommes forcés de quitter terres, femmes et enfants pour devenir pêcheurs sur les rives du lac parce que le poisson qui valait des milliards et les politiques européennes ont englouti toutes les autres activités de la région. Il décrit les colonies de travail où s'entassent les pêcheurs qui y meurent souvent dans la plus grande indifférence. Il dépeint la prostitution et le SIDA qui se propagent. Il montre les enfants, de plus en plus nombreux à vivre seuls dans la rue, qui tentent d'oublier l'horreur en sniffant les emballages de poisson. Cauchemar d'une mondialisation indifférente aux êtres humains… Quelque part en Afrique… Sur les rives du Lac Victoria… Berceau de l'humanité… L'histoire ne s'arrête pas là… Les avions-cargos - souvent russes parce que moins chers - très légalement affrétés par des compagnies européennes pour ramener la Perche en Europe, ne se contentent pas d'acheminer l'aide alimentaire, mais déchargent jour après jour des caisses de munitions et d'armes, alimentant les conflits et guerres civiles qui ensanglantent la région des Grands Lacs depuis de nombreuses années. Cauchemar d'un continent assassiné dans la plus grande indifférence…
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responsable d'une destruction et d'un empoisonnement accéléré de l'environnement ? Une civilisation de solidarité ne peut être qu'une civilisation de solidarité avec la nature, car l'espèce humaine ne pourra survivre si l'équilibre écologique de la planète est rompu. Qu'en est-il du respect de la diversité ? Face à l'homogénéisation mercantile du monde, face à la pensée unique, au faux universalisme capitaliste, il est plus que jamais important de réaffirmer la richesse que représente la diversité culturelle et la contribution unique et irremplaçable de chaque peuple, de chaque culture, de chaque individu.
Vers une civilisation de la solidarité
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Nous montrant à voir l'une des multiples réalités écœurantes du nouvel ordre mondial, Le Cauchemar de Darwin nous impose avec urgence d'interroger le sens et les enjeux actuels de l'engagement humaniste et démocratique. L'analyse des réalités dénoncées par le Cauchemar de Darwin au prisme des valeurs de liberté, d'égalité, de justice, de solidarité,… nous amène inévitablement à questionner le sens et la portée réelle de ces valeurs aujourd'hui. Qu'en est-il du combat pour la liberté ? Au-delà des combats - malheureusement toujours actuels - pour la liberté d'expression, de conscience, de manifestation, de révolte… menés durant des siècles contre les pouvoirs autoritaires et fascistes, la conquête pour la liberté doit aujourd'hui plus que jamais s'envisager par rapport à une nouvelle forme d'absolutisme : la dictature des marchés financiers, des banques et des multinationales - permise notamment par le désengagement progressif des Etats - qui imposent leurs intérêts particuliers à l'ensemble de la planète, une dictature qui se cache derrière d'anonymes et aveugles “lois du marché” et s'impose avec l'aide d'institutions comme le FMI(6), la Banque Mondiale et l'OMC(7), dont de nombreuses analyses(8) dénoncent le caractère antidémocratique. Le Cauchemar de Darwin illustre bien à cet égard comment les politiques d'ajustement structurel peuvent bafouer la dignité humaine et autoriser le pillage des ressources naturelles de notre planète.
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Qu'en est-il du combat pour l'égalité ? Le combat pour l'égalité dépasse aujourd'hui le seul combat d'égalité devant la loi porté par les premières constitutions révolutionnaires. Même s'il reste nécessaire et qu'il est encore loin d'être une réalité dans le monde contemporain, il est aujourd'hui très insuffisant face au fossé monstrueux qui s'est creusé entre le Nord et le Sud de la planète, et à l'intérieur de chaque société, entre une élite qui monopolise le pouvoir économique et les moyens de production, et la grande masse de la population qui vit de sa force de travail - quand elle n'est pas au chômage et exclue de la vie sociale. Qu'en est-il du combat pour la justice sociale ? Les inégalités politiques et économiques sont loin d'être les seules formes d'injustice. Partout, la dignité des êtres humains est bafouée par le racisme, les discriminations, l'oppression… Qu'en est-il de l'humanisme et du respect prioritaire de l'être humain ? Qu'en est-il de la solidarité ? Face aux guerres, aux conflits ethniques et tribaux, aux expansionnismes belliqueux, aux intégrismes religieux intolérants, aux xénophobies, face à toutes les paniques induites par la globalisation impériale, la solidarité s'inscrit résolument aujourd'hui dans une perspective universelle, mondiale et internationale, au-delà des limites du clan, de la famille, de la communauté ou de la nation. Qu'en est-il de la solidarité encore envers les générations futures quand la mondialisation capitaliste est
Qu'en est-il du combat démocratique ? Son grand défi aujourd'hui est de dépasser la sphère politique pour toucher la sphère économique et sociale et d'amener à ce que les grands choix socioéconomiques, les priorités en matière d'investissement, les orientations fondamentales de la production et de la distribution soient démocratiquement
débattues et non plus laissées aux soidisant “lois du marché” et à une élite d'exploiteurs. La nécessité de construction d'une nouvelle culture démocratique, universelle et solidaire s'impose à tous. Elle dépendra de notre capacité à dénoncer la matrice principale de toutes les formes d'injustice, à trouver les moyens et les alternatives pour contrer la trame continuelle de ce cauchemar effrayant merveilleusement décrit dans l'allégorie de Hubert Sauper sur le nouvel ordre mondial. “Demain commence ici et maintenant, dans les graines de cette nouvelle civilisation que nous plantons par notre lutte et nos efforts, pour que, de ces valeurs subjectives et éthiques que nous endossons dans nos vies militantes, se lèvent des femmes et des hommes nouveaux.(9)” Sophie LÉONARD
Le cauchemar de Darwin Darwin's Nightmare Un film de Hubert Sauper Documentaire, Belgique-France-Autriche 2004 - 107' Sortie en salle le 23 mars Bruxelles - Arenberg ; Liège - Parc Churchill ; Mons - Palaza Art ; Namur - Forum ; Charleroi - Le Parc. Autres projections prévues Le jeudi 17 mars : Le Cinéma d'Attac Aremberg (Bruxelles) 21h30 Le mardi 22 mars : Festival Arrêt sur Images Le Parc (Charleroi) 18h00 Le mercredi 23/04 20h00 & jeudi 24/04 22h15 : Opendoek, Turnhout.
(1) Prix du Meilleur Film Documentaire Européen - EFA 2004 ; Prix Europa Cinémas - Festival International du Film de Venise 2004 ; Grand Prix Documentaire - Festival du film de l'Environnement de Paris 2004 ; Prix du Public - Festival de Belfort 2004 ; Grand Prix du Meilleur Film - Festival de Copenhague 2004 ; Prix du Meilleur Documentaire - Festival de Montréal 2004 ; Grand Prix du jury - Festival Premiers Plans d'Angers 2005. (2) Lac Victoria Out of Africa - article de Eirik G. Jansen (Union internationale pour la conservation de la Nature- UICN) (3) mais aussi le Japon, le Moyen-Orient et les Etats-Unis. (4) Voir notamment Pêcheries prospères et pêcheurs pauvres. Observations préliminaires sur les effets des échanges commerciaux et de l'aide extérieure sur les pêcheries du Lac Victoria, par Eirik G. Jansens. (5) La deuxième partie de cet article est très largement inspirée du texte écrit par Frei Betto, théologien de la libération et Marc Löwi, directeur de recherche au CNRS “Une civilisation de solidarité” pour lancer le débat d'ouverture de la séance plénière du Forum Social mondial de Porto Alegre en 2002. Texte repris dans son intégralité dans la collection “Dossiers et documents” du quotidien Le Monde - Incontournables altermondialistes - septembre 2004. (6) Fonds Monétaire International (7) Organisation Mondiale du Commerce (8) Lire notamment “La grande désillusion” (Globalization and Its Discontents) de Joseph E. Stiglitz, Prix Nobel d'Economie 2001, ancien économiste et vice-président de la Banque mondiale, aux éditions Fayard, 2002. “Malheureusement, écrit Stiglitz dans Globalization and its discontents1 (…), nous avons un système qui peut être qualifié de gouvernance globale sans gouvernement global, dans lequel quelques institutions (la Banque mondiale, le FMI et l'OMC) et quelques acteurs (les ministres des finances, de l'industrie et du commerce, en lien étroit avec certains intérêts commerciaux) dominent la scène, mais dans lequel beaucoup de ceux qui sont affectés par leurs décisions n'ont quasiment pas droit à la parole.” (9) Conclusion du texte “Une civilisation de la solidarité”, voir note 5.
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Plaidoyer pour
une Europe plus démocratique Le désenchantement citoyen Cinq décennies après le début de la construction européenne, où en sont nos rêves d'une Europe qui rapproche ses peuples, d'une Europe unie dans la diversité ? Où en sont les espoirs de ceux qui voient en l'Union européenne un contrepoids possible à l'hégémonie politicomilitaire américaine ? Comment se concrétise l'Europe dans la vie quotidienne de ses citoyens ? L'Euro dans nos portemonnaie atteste chaque jour de la construction d'une Europe économique, financière et monétaire… mais pour le reste ? Où est l'Europe politique, sociale et environnementale envisagée ? Comment les dirigeants européens successifs ont-ils mis en oeuvre l'idée européenne, au-delà de l'agrandissement progressif d'une zone de libreéchange économique ? Pour nous, Bruxellois, il est vrai que la construction européenne s'est matérialisée dans une vision de classe et d'élite. Premier pôle européen, le quartier Léopold-Schuman, est devenu une enclave dans la ville. Les Eurocrates ont préféré se construire un bunker de luxe à l'écart du vivier culturel. La vitalité des cultures européennes ne transparaît nullement dans la froideur de ses infrastructures. Les opérateurs culturels réclament plus d'implication des instances européennes dans la vie bruxelloise… Qu'en est-il de la dimension européenne de Bruxelles ?
Pierre Bourdieu 1930 - 2002 En développant des notions-clés telles que l'habitus et la reproduction sociale, ce sociologue français a mis en évidence la pression des institutions sur l'individu et la reproduction des inégalités sociales inhérentes à certains systèmes (notamment le système éducatif). Il a accompli un excellent travail d'analyse et de recherche empirique sur la réalité sociale et a pris de courageuses positions sur d'épineuses questions (guerre d'Algérie). Mais la France accepta mal qu'une de ses personnalités institutionnelles critique ses politiques et sa machine médiatique. Fustigé par certains journalistes, il continua cependant à manifester publiquement son engagement aux côtés de tous les exclus de notre société.
Le manque de considération de la diversité européenne se retrouve dans les politiques européennes qui uniformisent plus qu'elles n'harmonisent les législations nationales des Etats membres. L'espace européen “de liberté, de sécurité et de justice” concocté par les
dirigeants européens se construit à coup de législations sécuritaires restreignant nos libertés fondamentales. Par ailleurs, l'Europe se révèle être la meilleure alliée des Etats-Unis dans la conquête planétaire de la déferlante néolibérale ; le dernier exemple en date étant la directive Bolkestein, l'application européenne de l'AGCS(1). Cette directive ne vise rien de moins que la libéralisation de tous les services en Europe, considérant la culture, la santé, l'enseignement et les ressources naturelles comme des produits économiques ordinaires au même titre que le pain ou le shampoing(2). Voulons-nous vraiment que les sorties culturelles, les soins médicaux, et l'éducation ne deviennent accessibles qu'à ceux qui pourront se les payer ? Quant au projet de traité constitutionnel lui-même, il est le meilleur moyen qu'ont trouvé nos dirigeants pour “sanctuariser la loi du marché”(3). Ceux qui osent parler d'avancées sociales n'ont sans doute pas lu les quatre parties principales du traité(4), où est sans cesse rappelé le primat de la concurrence et du marché(5). Au moment où au moins cinq nations s'apprêtent à organiser un referendum sur le traité constitutionnel, combien de citoyens connaissent réellement son contenu, ses enjeux ? Sachant que les Etats membres délèguent de plus en plus de pouvoir aux dirigeants européens, les décisions prises au niveau européen auront des conséquences grandissantes sur la vie des citoyens. Dans le même temps, le désintérêt de ceux-ci ne fait qu'augmenter et la vision qui s'impose est celle d'une Europe bureaucratique et complexe.
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Des constats déconcertants Les dirigeants européens veulent nous convaincre que la croissance économique apporte automatiquement le bien-être social. Beaucoup ne contestent pas parce qu'ils partent du présupposé que l'Union européenne, berceau des droits de l'Homme, est d'emblée un modèle de démocratie qui fait tout pour rendre l'Europe plus sociale, plus solidaire. Cette impression est renforcée lorsque l'Europe joue, quand ça l'arrange, au chasseur de dictateurs dans les pays du sud. La question qui se pose maintenant n'est pas de savoir si la ligne politique ultralibérale et sécuritaire que suit l'Europe avec une assiduité remarquable améliore les conditions de vie de ses populations, mais si ces orientations émanent réellement de la volonté générale, d'un choix démocratique. Or, quand on prend le temps de se pencher sur le fonctionnement des institutions européennes et des processus décisionnels, on a de sérieuses raisons d'en douter… Prenons d'abord la question de la représentation. Le Parlement est la seule instance européenne élue au suffrage universel direct. Quelle est la représentativité d'un Parlement qui n'a été élu que par 45 % des votants inscrits lors des dernières élections de 2004(6) ? Par ailleurs, les compétences législatives de cette assemblée, qui sont pourtant sa raison d'être, sont extrêmement faibles. Nul n'ignore à Bruxelles le poids qu'exercent les lobbies économiques sur les décisions du Conseil de l'Union et de la Commission européenne. Ces organes détiennent le vrai pouvoir, cumulant le législatif et l'exécutif, sans qu'ils n'aient à s'inquiéter d'une éventuelle sanction électorale, le tout sous les regards bienveillants des dirigeants nationaux. “La Commission européenne incarne, jusqu'à la caricature, le triomphe de la technocratie sur la démocratie”(7).
De plus, la longueur et le vocabulaire complexe des traités internationaux et autres législations européennes n'encouragent pas les citoyens à tenter de les décrypter. L'opacité des mécanismes institutionnels ne fait que renforcer ce sentiment que l'Europe se construit par le sommet. Face à ces constats, ceux dont l'idéal est bien “une société juste, progressiste et fraternelle, dotée d'institutions impartiales, garante de la dignité de la personne et des droits humains assurant à chacun la liberté de pensée et d'expression(8)” ont le devoir, quelle que soit leur couleur politique, de défendre l'exercice de droits démocratiques, qui est la condition fondamentale pour que cette société devienne réalité. L'enjeu principal n'est ni plus ni moins que de rendre la démocratie aux Européens. Aujourd'hui, des voix s'élèvent de milieux intellectuels pour tenter d'alerter les opinions publiques sur les processus en cours. D'éminents universitaires, conscients de la nécessité d'un travail de décodage, d'interprétation et de vulgarisation des textes, négociations et autres décisions, tentent de “mettre l'expertise à la portée du plus grand nombre pour inciter à l'action et pour la nourrir”(9). Il est nécessaire d'accompagner ces experts dans leur démarche, de faire le lien avec le public en leur offrant des tribunes, tout comme il est essentiel de mettre les thématiques du débat européen à la portée des citoyens. Il est urgent de stimuler le débat public afin que les gens puissent réagir à des décisions dont ils ne ressentiront les effets qu'en bout de chaîne, quand il sera trop tard pour s'y opposer. Cela leur permettra de décider, en connaissance de cause, si on peut privatiser tous les domaines qui touchent à leur existence.
Le rôle européen du mouvement laïque Ce travail d'information doit être mené parallèlement à des actions permettant d'influer sur les politiques européennes. “La résistance à l'Europe des banquiers, et à la restauration conservatrice qu'ils nous préparent, ne peut être qu'européenne”, déclarait Pierre Bourdieu en 1997. Le regretté sociologue avait bien compris que la globalisation de certains enjeux appelle
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une globalisation des mobilisations. Défendre les intérêts des citoyens à l'échelle européenne implique la mise en place de structures adéquates, de platesformes, de fédérations capables d'agir au niveau politique. Si les mouvements sociaux d'Europe veulent influer sur les problématiques de l'Union, ils doivent tenir compte de leurs approches différentes - de
par leurs particularités nationales historiques, culturelles, méthodologiques pour parvenir ensuite à les dépasser et à définir des objectifs et des stratégies communes sur le plan européen. Conscient que la structuration de la laïcité ne s'arrête pas aux frontières d'un état, le Centre d'Action Laïque a participé à la création, en 1991, de la Fédération Humaniste Européenne. Etant donné la primauté du droit européen dans un nombre croissant de domaines, la FHE est amenée à se prononcer sur des questions de plus en plus diverses. Son action est essentielle, mais pas suffisante. Pour pouvoir influer de façon durable sur les politiques européennes, il faut multiplier ce genre d'initiatives, ouvrir nos perspectives, inventer de nouveaux contre-pouvoirs, imaginer de nouveaux moyens d'action.
Dans cette optique, il faut créer des partenariats entre des associations locales, régionales et nationales qui souhaitent intervenir sur des questions européennes. Il s'agit aussi de développer des collaborations avec des associations se définissant comme laïques mais aussi vers des mouvements à qui la notion de laïcité est étrangère(10), mais qui défendent les droits de l'Homme, portent les mêmes valeurs et les mêmes idéaux. Des associations comme la nôtre, qui ont leur siège à Bruxelles, doivent réfléchir sérieusement aux avantages que leur confère leur proximité géographique avec les institutions européennes. Si les dirigeants européens nous ignorent, nous ne devons pas faire la même erreur. Olivia WELKE
(1) Accord Général sur le Commerce des Services concocté par l'Organisation Mondiale du Commerce. Les quelques 22 500 pages de cet accord sont consultables sur le site de l'OMC : www.wto.org. (2) Plus d'information sur le site www.stopbolkestein.org (3) Lire “Une Constitution pour sanctuariser la loi du marché”, in : Le Monde diplomatique, janvier 2004. (4) “ Il est vrai que les 324 pages pour ses quatre parties auxquelles s'ajoutent 460 pages pour ses deux annexes, 36 protocoles et 50 déclarations, a d'emblée de quoi rebuter le lecteur ordinaire”, Cassen B., débat truqué sur le traité constitutionnel, in : Le Monde Diplomatique, p. 8, février 2005, Paris (5) Dans ces quatre parties, le mot “banque” apparaît 176 fois, “marché” 88 fois, “libéralisation” ou “libéral”, 9 fois, “concurrence” ou “concurrentiel” 29 fois, “capitaux” 23 fois, “commerce” et ses dérivés immédiats 38 fois, “marchandisation” 11 fois, “terrorisme” 10 fois, “religion ou religieux” 13 fois. Aucun de ces termes ne figure dans la Constitution française l'exception de “commerce” deux fois, et de “religion”, présent une fois, Ibidem. (6) Ce taux de participation est le plus faible jamais enregistré lors des élections européennes, il est en constante diminution. (7) Jennar R-M., Europe, la trahison des élites, p. 18, Fayard, 2004. (8) Extrait de l'article 4 des statuts du Centre d'Action Laïque. (9) Visiter le site de l'Unité de Recherche, de Formation et d'Information sur la Globalisation : www.urfig.org. (voir Portail). (10) Rappelons que la laïcité est une notion intraduisible dans certaines nations du nord de l'Europe, d'où le nom de Fédération Humaniste Européenne. .
“A l'Europe que la pensée de banquier veut à toute force nous imposer, il s'agit d'opposer non, comme certains, un refus nationaliste de l'Europe, mais un refus progressiste de l'Europe néolibérale des banques et des banquiers. Ceux-ci ont intérêt à faire croire que tout refus de l'Europe qu'ils nous proposent est un refus de l'Europe tout court. Refuser l'Europe des banques, c'est refuser la pensée de banquier qui, sous couvert de néolibéralisme, fait de l'argent la mesure de toutes choses, de la valeur des hommes et des femmes sur le marché du travail et, de proche en proche, dans toutes les dimensions de l'existence. La résistance à l'Europe des banquiers, et à la restauration conservatrice qu'ils nous préparent, ne peut être qu'européenne”. Pierre Bourdieu
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Le libre examen n'est pas tuer Dieu Parmi les représentations ancrées dans l'esprit de certains écoliers musulmans ou catholiques sur la laïcité en général et le cours de morale non confessionnelle en particulier, il y a cette idée préconçue que la laïcité est la “religion” des athées et que la pratique du libre examen est incompatible avec l'exercice d'une foi ou d'une croyance. En d'autres termes, le libre examen : c'est tuer Dieu ! Il est vrai que la pratique du libre examen exclut tout dogme, toute forme de vérité révélée. Mais le libre examen ne nie pas le divin, il s'en écarte. Il ne le reconnaît pas comme référant. Et ce n'est pas anéantir son existence ni rejeter l'idée que pour d'autres, il puisse exister. Je me rappelle cette réponse que me fit un jour un garçon de 12 ans au cours d'une animation sur le thème des relations entre religions, suite à une question sur sa fréquentation du cours de morale laïque : “Il faut être athée pour aller au cours de morale laïque, et moi, je suis musulman ! Et puis, tous mes copains disent que le prof se moque des religions.” J'ai longtemps pensé à la conviction de ce petit garçon, en la rapprochant d'autres convictions. Celles que j'ai rencontrées chez des professeurs de morale lorsqu'il m'arrivait d'aborder ces questions avec eux. J'ai souvent été frappé par ce que j'appelle l'“extrémisme antireligieux” d'une petite minorité, se définissant elle-même comme laïque pure et dure, forcément athée, convaincue que la religion est une tare et que les croyants ne sont pas loin d'être des malades mentaux ! Cette arrogance et ce mépris du croyant, beaucoup de ces irréductibles l'affichent dès qu'il est question de nos rapports avec les religions.
Amadou Hampâté BÂ 1901-1991 Amadou Hampâté Bâ s'est toujours voulu un citoyen du monde, étranger à toute frontière. Humaniste, à la fois historien, écrivain, philosophe, ethnologue, conteur, mais aussi et surtout défenseur convaincu du dialogue des cultures et des religions, Amadou Hampâté Bâ est parmi ceux qui auront tracé la voie à suivre. Son oeuvre appartient au patrimoine culturel de l'humanité et témoigne de la participation de l'Afrique à la culture universelle. Il fut un homme ouvert sur le monde, un homme de culture et de sagesse, un révélateur.
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“Il ne faut pas arborer le drapeau du dogmatisme, mais aider les dogmatiques à comprendre leurs propres thèses”, avait dit, un jour, un grand philosophe. En la circonstance, il n'est pas vain de le rappeler. Certaines attitudes condescendantes vis-à-vis des croyants ne peuvent en aucune façon être légitimées par des principes laïques. L'esprit laïque s'accommode mal de comportements “fanatisants”» et intolérants. N'en déplaise à ces “gardiens du temple”, on peut être laïque, sans nécessairement être athée et la laïcité ne se réduit pas à l'athéisme. En outre, la laïcité n'a jamais été la négation des religions ! Bien au contraire, sans vouloir exhumer les vieilles rancunes, ce sont les religions qui ont combattu la laïcité, perçue comme la négation de ce qu'elles sont, et qui, par conséquent, lui ont nié le droit d'exister. Sinon pourquoi aurions-nous fait de la tolérance un principe éthique et
philosophique ? Et si la tolérance, pour finir, n'est rien d'autre que la capacité de se reconnaître un droit tout en étant capable d'admettre ce même droit pour les autres, on peut considérer ce type de comportements comme une atteinte à la liberté religieuse. Donc un manquement à des valeurs laïques. Croire n'est pas une insuffisance morale ou intellectuelle, mais un choix, un sens qu'on donne à sa vie. Et ce choix mérite d'être respecté. De même que le libre examen n'est pas une ligne de démarcation, une frontière infranchissable entre croyants et laïques. A l'opposé, elle peut être un point de jonction. Nul n'ignore aujourd'hui, si l'on prend le cas de l'islam par exemple, l'existence organique de courants “laïques” et “libertaires” qui y ont survécu et qui y survivent encore, nonobstant les représentations et les préjugés ordinaires sur cette religion. Cela signifie que des communautés d'hommes et de femmes, dans des contextes de civilisations et de cultures différents, sous des bannières, des formes et des symboles en apparence antinomiques, se sont rencontrées dans des préoccupations similaires, ont mené le même combat fondé sur les mêmes idéaux. Le reste, c'est une question de lexique et de conception. Et c'est purement accessoire. Ce qui importe plus essentiellement, c'est de s'accorder sur des valeurs. Le libre examen est une discipline d'esprit et de vie qui repose avant tout sur le sens du discernement, pas de la destruction. C'est accorder rigoureusement à chaque chose, sa place et sa mesure, pour définir l'étendue, mais aussi les limites de son autonomie. Ce qui compte ici ce n'est pas l'immensité du territoire couvert, ni le drapeau qu'on y plante, ni la beauté des paysages qu'il contient, mais le pouvoir, la liberté qu'on s'octroie soi-même de poser des limites et le droit de les déplacer librement, sans contrainte extérieure. La pratique du libre examen n'est pas une forme d'aristocratie intellectuelle uniquement dévolue aux seuls laïques et à ceux qui se réclament comme tels. C'est exercer son sens du discernement, en étant capable de distinguer et de séparer les choses en toute circonstance. C'est exprimer méthodiquement la souveraineté de son esprit et assumer pleinement les choix qui en découlent. Et ce n'est pas forcément tuer Dieu, mais le considérer dans sa juste mesure, circonscrire son rôle et sa place. “Tu as beau invoquer Allah, dit un proverbe musulman, mais tu cultiveras seul ton champ !”
Ababacar NDAW
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Dans nos archives… En 1975, dans Les Cahiers du Libre Examen , Marc-Henri Janne écrivait ceci…(1)
Le libre-examen difficile Ayons l'humilité d'admettre que toute tentative de définition d'une attitude philosophique représente un exercice intellectuellement périlleux. Tant il est vrai que nos jugements restent tributaires de nos préjugés et, a fortiori, de notre engagement politique éventuel. Qu'on le veuille ou non, l'objectivité n'appartient réellement qu'aux sciences exactes. Et voilà comment, par exemple, les valeurs de liberté et de progrès peuvent paraître admises par tous : plus personne aujourd'hui n'aurait le mauvais goût de se proclamer ouvertement réactionnaire. Il en est de même ici : le libre-examen est supposé être un point de ralliement de l'ensemble de notre communauté universitaire. Or le malaise survient lorsque des groupes, en son sein, s'opposent vivement au nom de ce principe. Ce dernier devient alors l'enjeu d'une lutte entre tendances, d'une polémique alimentée de procès d'intention : l'adversaire est toujours présenté, selon son style ou ses méthodes, comme un cynique ou comme un hypocrite qui entend confisquer le prestige d'une noble cause à des fins étroitement partisanes.
Albert Jacquard 1929 Savant de haut niveau, Albert Jacquard est l'auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique et d'essais dans lesquels il cherche à diffuser une pensée humaniste moderne pour faire évoluer la conscience collective. Agnostique et laïque, il attaque avec vigueur les religions et, plus particulièrement, celles fondées sur une révélation génératrice d'intégrisme. Engagé dans tous les combats sociaux (logement, justice sociale, racisme), Albert Jacquard dénonce également les méfaits du capitalisme et soulève les problèmes de la société moderne, tels que : la pollution, le gaspillage, la précarité et les inégalités. De par son œuvre et son engagement social, Albert Jacquard jouit d'une considération immense à travers le monde.
Mais il est cependant nécessaire et d'ailleurs possible de clarifier le débat. La célèbre formule de Poincaré constitue un excellent point de départ à nos réflexions : “La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n'est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d'être”.
Ce rationalisme sans failles est un idéal si élevé qu'il en est difficilement accessible. Car il implique la possession d'un ensemble de rares qualités morales et intellectuelles : une réflexion luxueusement désintéressée, une bonne foi à l'abri de toute passion, un jugement impartial, une entière indépendance d'esprit, une capacité à remettre ses opinions en cause à la lumière de faits nouveaux et une vaste culture permettant de situer correctement les informations reçues dans leur contexte. Il implique, en fin de compte, une autocritique permanente et la recherche systématiquement organisée d'une information en principe complexe, c'est-à-dire totale… Le libreexamen serait ainsi comme une discipline scientifique, voire une activité quasi professionnelle. A partir de ces constatations se pose une question fondamentale : cet idéal doit-il être seulement proposé, en chasse gardée, à une prétendue “élite” ou, au contraire, peut-il s'adresser à l'ensemble de l'humanité ? La première option tend à opposer libreexamen et engagement : l'action politique est considérée comme philosophiquement “vulgaire”. Et, en effet, l'élégance morale s'identifie volontiers à la neutralité : la circonspection est le confort des purs esprits. Quelques occasionnelles proclamations de principes suffisent, joliment rédigées, à s'assurer bonne conscience en tous domaines. Pour le reste, l'anticléricalisme sous sa forme la plus traditionnelle est de rigueur. Toute cette conception est, malgré la solidité de ses racines bourgeoises évidentes, depuis longtemps battue en
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brèche par “engagés”.
les
libre-exaministes
démocratisation de la culture et l'extension des libertés démocratiques.
Ceux-ci renonçant à l'égoïsme serein des privilégiés, ne peuvent se résoudre à observer plus ou moins passivement les événements.
C'est aussi la longue marche de l'esprit critique, seul antidote à la pression conformiste de l'ordre social, à ses tentations et conditionnements. Et seul antidote aux manichéismes et démagogies qui secrètent l'intolérance.
A la vérité, ce qu'ils veulent constamment pour eux-mêmes, ils le veulent autant pour les autres. Ils se préoccupent des conditions d'exercice du libreexamen telles qu'elles s'offrent à autrui sans distinction de classe, de race, de nation ou de religion. Cela signifie qu'ils se sentent concernés chaque fois que les droits de l'homme sont mis en cause : dans leur propre pays aussi bien qu'à Prague ou Madrid. Car la liberté est indivisible. Ce qui les différencie le plus des libreexaministes “classiques”, c'est une tendance profonde à s'attacher aux conditions sociales objectives de l'exercice du libre-examen et à examiner sous cet angle telle situation néocolonialiste, tel régime de “protectorat” économique, tel système de propriété, telle expansion du sous-emploi, telle discrimination latente… Ils se rendent encore compte de ce qu'une réelle diffusion du libre-examen au-delà des ghettos intellectuels implique évidemment un travail de longue haleine : une authentique
Toutefois, la tolérance ne peut se confondre avec la pusillanimité. D'ailleurs, l'anti-fascisme militant a, dans notre Maison, ses lettres de noblesse. Néanmoins, les libre-exaministes doivent se méfier des définitions, élastiques parce que subjectives, de certains mots. Ils n'oublient pas que la fin ne peut justifier tous les moyens : ces derniers peuvent parfois la corrompre. Exempts de suffisance, ils savent aussi que l'erreur est humaine. Ils croient, en définitive, qu'un homme n'est pas la somme de ses doutes et de ses intentions mais bien celle de ses actes. Savoir donc prendre ses responsabilités, telle est la voie difficile du libre-examen.
Marc-Henri JANNE Ancien Président du Cercle du Libre-Examen (1967).
(1) Les Cahiers du libre examen, 25e série, n°3, janvier 1975.
Janusz KORCZAK 1878-1942
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Janusz Korczak crée en 1912, la Maison de l'Orphelin et y développe pendant 25 ans un système d'éducation où chaque enfant devient “maître de la maison, travailleur et dirigeant à la fois”. Quand en 1940, les nazis transférèrent les enfants dans le ghetto juif de Varsovie, Janusz Korczak prit de gros risques pour assurer leur survie et y organiser l'enseignement scolaire. Le 4 août 1942, Korczak, les éducateurs et deux cents orphelins montèrent dans le train qui les mena au camp d'extermination de Treblinka. Janusz Korczak a laissé à l'humanité, outre une immense leçon de courage, une production littéraire abondante sur l'école et le rôle de l'éducateur. Comment aimer un enfant est son oeuvre principale.
Sensibiliser à la laïcité à l'école
Initier à une culture Transmettre la Laïcité à l'école, c'est initier à des comportements et à un registre de communication plus en adéquation avec la norme sociale et les multiples réalités de notre société et du monde. Ce n'est pas forcément discourir sur des valeurs ou des principes, mais surtout,
apprendre un savoir-être et à un savoir social commun. Faire accéder à une culture de l'autonomie, de l'interdépendance, de l'égalité, de la considération et du respect des droits, des libertés et des différences.
Travailler par projets pédagogiques Sensibiliser à la laïcité dans les écoles, c'est faire un travail de déconstruction de mentalités et de comportements relatifs à des groupes sociaux (femmes, personnes handicapées, chômeurs), des minorités (homosexuels, immigrés), des communautés culturelles, de croyances ou d'idéologies. Il implique le démantèlement d'idées reçues, de clichés, de représentations, de
stéréotypes et de constructions culturelles. C'est un travail qui demande foncièrement du temps et un suivi. Il ne peut donc que s élaborer sur la durée et sur la base d'un programme. D'où l'exigence de travailler par projet pédagogique élaboré en accord avec la direction de l'école, l'enseignant et éventuellement la classe.
Apprendre des comportements La démarche ne doit pas être fondée sur l'exercice d'un discours moral ou philosophique, mais sur l'apprentissage et l'acquisition de compétences et d'habiletés à communiquer et à interagir positivement avec d'autres. Elle vise à apprendre des comportements dont les plus essentiels sont :
pants sont souvent amenés à s'exprimer individuellement et collectivement sur une situation réelle et à faire des choix qui les engagent aux mêmes titres. Cet apprentissage se fait par des mises en situation, c'est à dire la confrontation avec des faits et des actes qu'ils imposent.
La pratique du débat
L'aptitude à la communication et à la coopération
Transmettre la laïcité à l'école, c'est faciliter un dialogue, une compréhension mutuelle, un esprit d'ouverture et de coopération entre tous les élèves. Les animations sont des espaces qui se construisent autour des échanges et de leurs contenus. Cependant l'important n'est pas d'arriver à des résultats en termes de discussion, ni même de convaincre ; mais de créer l'habitude de se parler, de s'écouter, de discuter, de confronter des points de vue dans une intention constructive et d'avoir des règles et un mode de communication. Les débats quel qu'en soit le thème sont avant tout des exercices pour libérer la parole, la conscience critique et le sens du jugement en permettant la confrontation des points de vue. L' exercice de la responsabilité individuelle et collective Développer le sens social par la prise de conscience des liens sociaux et des attitudes qu'ils imposent vis à vis de soi et des autres. Dans cet objectif, les partici-
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Représenter une alternative Face aux échecs combinés de l'éducation à la citoyenneté et de l'éducation à l'interculturel, être une alternative laïque de construction de culture publique commune intégrant l'ensemble des différences et pouvant constituer pour chacun une garantie pour la protection de
son identité et le respect de ses droits et libertés. Cette alternative, c'est la culture de la Diversité. Ababacar NDAW
Vivre ensemble, c'est pouvoir communiquer de façon non conflictuelle. Cette compétence se construit par le travail en groupes qui permet les échanges, les confrontations et les constructions communes. Dans une classe où les élèves se parlent rarement en tant que communauté, cette méthode de travail favorise la communication, renforce les capacités à dépasser les conflits et les antagonismes, éveille l'intérêt pour autrui. Le sens critique C'est la capacité à forger son propre jugement mais aussi, à le défendre, à le relativiser, à accepter d'y revenir et de concevoir que quelqu'un d'autre puisse penser le contraire et avoir raison. Elle se travaille surtout dans les sous-groupes de discussions où chaque participant est invité à exprimer un point de vue personnel sur une question et à le justifier par une argumentation.
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La démocratie des autres
Pourquoi la liberté n'est pas une invention de l'Occident(1) Amartya Sen(2)
L'acceptation progressive de la démocratie en tant que valeur universelle est pour Amartya Sen l'une des évolutions majeures de la pensée du XXème siècle. Pour ce Prix Nobel d'économie, la lutte pour le modèle démocratique constitue le plus grand défi de notre temps. Les divers mouvements en sa faveur partout dans le monde reflètent “la détermination des peuples à se battre pour obtenir le droit à la participation politique et le droit à faire entendre leur voix de manière effective”. Mais à l'heure où un certain scepticisme s'exprime quant au statut de la démocratie comme valeur universelle et où, à l'instar de Samuel Huntington(3), certains considèrent que ses racines se trouvent uniquement dans les signes distinctifs d'une pensée occidentale, Amartya Sen revendique une reconnaissance plus complète de l'histoire des idées sur la démocratie ainsi qu'une vision élargie de ce concept. Dans une réflexion humaniste et rigoureuse, Amartya Sen rappelle que le soutien à la cause du pluralisme, à la diversité et aux libertés fondamentales se retrouve dans l'histoire de nombreuses sociétés et que l'idéal du débat public n'est pas l'apanage de l'Occident. Des pratiques de consensus du continent africain, à la longue tradition d'intégration du monde musulman en passant par l'importance de la délibération publique
en Inde, le propos de Sen démontre au travers d'exemples multiples la contribution de l'humanité entière à l'idéal démocratique. Mettant en garde contre une vision étroite de la démocratie vue en termes de vote et d'élections, Amartya Sen réaffirme la place centrale du débat public, du “gouvernement par la discussion” dans le système démocratique. Au-delà de nous pousser à identifier les racines historiques profondes des idées démocratiques de par le monde, sa réflexion nous invite ainsi à une meilleure compréhension des exigences de la démocratie : protection des droits et de la liberté, respect de la légalité, garantie de libre discussion et de circulation non censurée de l'information… A ceux qui proclament, à juste titre, que les pauvres ont avant tout besoin de pain, Amartya Sen rappelle l'importance du rôle protecteur de la démocratie et déplore que la portée et l'efficacité d'un débat ouvert soient souvent sousestimées dans l'évaluation des problèmes sociaux et politiques, ainsi que dans la définition des “besoins”, y compris des “besoins économiques”. La force de la réflexion d'Amartya Sen est de replacer l'enjeu démocratique au cœur même de la conception de développement. Sophie LÉONARD
(1) Democracy as a Universal Value (texte du discours prononcé à la Global Conference on Democracy à New Delhi du 14 au 17 février 1999) (2) Amartya Sen, né au Bengale en 1933, a reçu le Prix Nobel d'économie en 1998. Il est recteur du Trinity College de l'université de Cambridge. (3) Samuel Huntington, Le Choc des civilisations, Odile Jacob, Paris, 2000.
Amartya Sen - Editions Payot, Paris, 2005. “L'apparente modestie occidentale qui prend la forme d'une humble réticence à promouvoir le « concept occidental de démocratie » dans le monde non occidental correspond en réalité à l'appropriation impérieuse d'un héritage global, comme s'il était exclusivement celui de l'Occident. Le doute qui existe quant à la « promotion » des idées occidentales auprès des sociétés non occidentales se combine à l'absence totale de doute quant à la conception de la démocratie comme une idée occidentale dans sa quintessence, une conception immaculée de l'Occident.”
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http://www.urfig.org Les trois universitaires qui ont mis sur pied l'Unité de Recherche, de Formation et d'Information sur la Globalisation font un travail remarquable de vulgarisation des enjeux européens et internationaux expliquant clairement les dangers que la mise en œuvre des décisions des instances économiques internationales fait courir à l'humanité tout entière. http://www.gresea.be Le Groupe de Recherche pour une Stratégie Economique Alternative, créé à l'initiative de responsables d'ONG, de syndicalistes et d'universitaires, analyse les mécanismes de l'économie mondiale et leurs impacts sociaux, écologiques et culturels, tant au nord qu'au sud de la planète. Le programme 2005 de l'université des alternatives et des modules de formation de quatre séances sur ces problématiques seront bientôt consultables en ligne. Les derniers numéros de leur trimestriel sont intégralement téléchargeables. http://www.sudoc.be Créé à l'initiative de plusieurs ONG belges voulant regrouper les informations sur les problèmes de développement et les problématiques Nord/Sud, ce centre de documentation virtuel met à votre disposition une importante base de données thématiques, regroupant notamment des dossiers pédagogiques et une foule d'articles de revues d'associations du nord comme du sud.
PORTAIL
Enjeux globaux et humanisme international
http://www.iheu.org/modules/news/ (en anglais) L'Union Internationale Humaniste et Ethique regroupe plusieurs dizaines d'organisations
laïques du monde entier dont elle fournit les coordonnées. Elle dispose d'une représentation permanente aux Nations Unies et publie de nombreux articles en provenance des cinq continents. http://www.mlq.qc.ca Canada (Quebec) La visite de ce site, membre de l'International Humanist and Ethical Union permet de se faire une idée de l'histoire, et de l'action du mouvement laïc québécois. http://www.europe-et-laicite.org France Malgré un graphisme peu attrayant et un caractère encore très français, le mouvement Europe et Laïcité a le mérite d'avoir proposé une Charte Européenne de la Laïcité. Il regroupe des informations sur la laïcité dans les différents pays d'Europe occidentale et orientale, mais aussi dans le reste du monde. http://www.laicite.ch/ - Suisse L'association suisse pour la laïcité a pour but “d'étudier, de faire comprendre et de faire respecter la laïcité” et a pris position sur la Constitution suisse, la laïcité de l'école, l'Islam, la parité ou encore le mariage des homosexuels. http://www.godf.org - France Le site du Grand Orient de France, bien conçu et agréable à parcourir, permet de découvrir - ou de redécouvrir- la franc-maçonnerie, à travers un historique et des explications claires et succinctes. On y trouve aussi une présentation de l'Observatoire International de la Laïcité ainsi qu'un livre blanc sur la laïcité qui vaut la peine d'être lu.
Parce qu'il est essentiel de comprendre les enjeux actuels pour agir efficacement et que ceuxci ne se posent plus seulement à l'échelle locale, régionale ou nationale, mais aussi européenne et mondiale, nous vous proposons quelques adresses prouvant que des problématiques complexes sont compréhensibles par tous si elles sont expliquées avec simplicité. Après la réflexion vient le temps de l'action, et nous savons bien dans notre plat pays que l'union fait la force. Puisque les solidarités humanistes appellent des collaborations internationales, nous vous proposons ensuite de partir à la rencontre de fédérations et d'associations laïques francophones de Suisse, du Canada et de France. Olivi@ WELKE
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Le Centre laïque d'Ixelles en collaboration avec les AML d'Auderghem et de Watermael-Boitsfort Vendredi 15 avril à 20h “La Turquie et l'Europe : avantages et dangers” Lieu : Ecuries de la Maison-Haute, Place Gilson à Watermael-Boitsfort. PPAAFF :: 55 € (( m me em mb brre ess)) o ou u6 6,, 5 50 0 € ((n no on nm me em mb brre ess)) RReennsseeiiggnneem me en nttss :: 0 02 2/ /6 67 73 31 13 31 12 2
Le Centre laïque d'Ixelles Samedi 30 avril à 14h. Fête de la Jeunesse laïque au CERIA d'Anderlecht. Organisation de mariages et de parrainages laïques
Les Amis de la Morale Laïque de Berchem-Sainte-Agathe Dimanche 20 mars à 10h30 Visite guidée de l'exposition “Bêtes, saints, divinités” au Musée international du carnaval et du masque, rue Saint-Moustier 10 à 7130 Binche. PPAAFF :: 55 € (( m me em mb brre ess)) o ou u7 7 € (( n no on nm me em mb brre ess)).. R RD DV V àà ll''aaccccu ue eii ll d du um mu ussé ée e àà 1 10 0h h (( cco ovvo oiittu urraag ge e ppoossssiibbllee)) .. RReennsseeii ggnneem me en nttss e ett ii n nssccrriip pttiio on nss :: 0 02 2/ /4 46 65 50 09 91 14 4o ou u aam mll b bssaa@ @cch he ellllo o.. b be e
L'AML de Schaerbeek en collaboration avec le Collège des Bourgmestre et Echevins de Schaerbeek et M. Verzin, Echevin de la culture et du tourisme Vendredi 15 avril à 18h30 Vernissage de l'exposition de dessins d'enfants sur le thème de “La tolérance”, qui se tiendra du 16 au 26 avril à l'Hôtel communal, Place Colignon à Schaerbeek. RReennsseeiiggnneem me en nttss :: 0 02 2/ /4 42 25 51 10 06 69 9 ((JJaaccq qu ue elliin ne e CCaau uw we en nb be errg gh h))..
L'AML de Schaerbeek Samedi 30 avril à 17h. Réception à l'Hôtel communal pour les élèves ayant participé à la 42ème Fête de la jeunesse laïque, Place Colignon à Schaerbeek. RReennsseeiiggnneem me en nttss :: 0 02 2/ /4 42 25 51 10 06 69 9 ((JJaaccq qu ue elliin ne e CCaau uw weennbbeerrgghh))..
L'AML d'Anderlecht Vendredi 4 mars à 19h30. Conférence “L'euthanasie”, par Jean-Paul Van Vooren, médecin et directeur de l'Hôpital Erasme. Lieu : Salle Eugène Baie, rue du Chapelain 7 à Anderlecht. EEnnttrrééee ggrraattuuiittee.. RReennsseeii ggnn eem me en nttss :: 0 02 2/ /5 52 22 22 20 05 57 7o ou u aam mllaa@ @b be ellg gaacco om m..n ne ett..
La Maison de la Laïcité Lucia de Brouckère Mardi 8 mars à 19h30. Conférence-débat “Ce que l'aviation a changé dans notre monde... et changera encore”, par M.Jean Rigot, pilote de ligne à la retraite. Rue de la Croix de Fer 60-62 à 1000 Bruxelles (Métro Madou ou Parc). EEnnttrrééee llii bbrree.. RR eennsseeiiggnneem me en nttss :: 0 02 2/ /2 22 23 34 46 61 13 3..
Centre régional du Libre examen Jeudi 10 mars à 20h. Ciné-débat : “Le blanchiment d'argent ou le crime organisé”. Lieu : Centre d'Action Laïque. Campus de la Plaine ULB - CP 236 - av. A Fraiteur, 1050 Bruxelles. Lundi 18 avril à 20h. Conférence-débat placée sous le signe d' “Une autre voix israélienne”, organisée par l'Union des Progressistes Juifs de Belgique et le Centre Régional du Libre examen. Avec la contribution de : Oren Medicks, membre de Gush Shalom (Bloc de la Paix),il lutte contre l'occupation et contre le Mur de séparation ; Yonatan Shapira, l'un des 27 pilotes qui ont rédigé une lettre ouverte au Ministre de la défense israélienne, exprimant leur refus de participer à des missions de tirs ciblés dans les Territoires occupés ; Elik Elkhanan, un “refuznik” appartenant au mouvement des réservistes “Courage to refuse” et à celui du “Forum des Familles endeuillées israéliennes et palestiniennes”, créé par sa mère Nurit Peled. En présence (non confirmée encore) de Madame Pasqualina Napoletano, Députée européenne, VicePrésidente du Groupe socialiste “Proche-Orient”. Lieu : ULB - Salle Dupréel, avenue Jeanne à 1050 Bruxelles. TTeell :: 0022//553377 8822 4455.. Mercredi 27 avril 2005 de 9h à 18h. Colloque “Des Etats laïques au Moyen-Orient ? Solution d'avenir ?”. Avec la contribution de Charles Conte (chargé de mission de la Ligue de l'enseignement en France), Philippe Grollet (Président du CAL), Roland de Bodt (auteur, co-directeur de la collection “Pierre de taille” chez Luc Pire), Harlem Désir (ancien Président de SOS racisme, Député européen), Ariane Hassid (Présidente de Bruxelles Laïque), Patrice Dartevelle (Directeur du magazine “Espace de Libertés”), Mohamed El Battiui (co-auteur du rapport sur “les imams, les mosquées et les professeurs de religion musulmane”), Théo Klein (écrivain, membre du barreau de Paris et du barreau d'Israël, ancien Président du CRIF), Robert Anciaux (Politologue, spécialiste de l'histoire des religions au Proche-Orient), Simone Susskind (Présidente de “Actions in the Mediterranean”), Pascal Fenaux (Journaliste et sociologue). Lieu : Espace Senghor, Chaussée de Wavre 366 (Piétonnier Jourdan) à 1040 Bruxelles. RReennsseeiiggnneem me en nttss e ett rré ésse errvvaattiio on nss :: 0 02 2/ /5 53 35 50 06 67 78 8/ /7 7o ou u ffssiid diib be e@ @cce en nttrre elliib brre exx ..b be e
CPS Ixelles - Planning familial Tous les jours. consultations gynécologiques, psychologiques, juridiques et sociales. Rue du Vivier 89. TTééll.. :: 0022//664466 4422 7733
Planning Familial d'Auderghem ( CAFRA) Organisation tous les dimanches de 15h à 17h30. groupe de discussion convivial autour d'un thème choisi par les participants. Lieu : Centre laïque de Planning Familial d'Auderghem, rue de la Stratégie 45 à 1160 Bruxelles. EE-- m maaiill :: p pll aan nn niin ng g.. aau ud de errg gh he em m@ @sskkyyn ne ett..b be e P Paarrttiicciip paattii o on n:: 2 2 €.. B Baab byy--ssiittttiin ng g g grraattu uiitt lle e 11 eerr ddiim maan ncch he ed de e cch haaq qu ue em mo oiiss..
CEPULB (Conseil de l'Education Permanente de l'ULB)
Jeudi 24 mars de 15h à 17h. Les soleils de la poésie moderne, Rimbaud et Verlaine. Conférence par Claude Derasse, Journaliste ex-RTBF - Auditoire Guillissen. Jeudi 14 avril de 15h à 17h. Evolution économique du Vietnam de la fin des années 1980 jusqu'à nos jours. Conférence par Jacques Nagels, Prof. honoraire de l'ULB, Economiste - Auditoire Guillissen. Lundi 25 avril de 16h30 à 18h30. Le cubisme ou la naissance du XXe siècle. Conférence par René Dalemans, Directeur honoraire de l'Académie des Arts de Woluwe-St-Pierre, Historien de l'art - Auditoire Chavanne. Mardi 3 mai de 14h à 16h. Les religions asiatiques et l'émergence de la laïcité. De Zarathoustra au zen. Conférence par Jacques Rifflet, Prof. de Droit, de Politique internationale et d'Analyse des facteurs religieux, Prof. honoraire de l'ISTI et de l'ISA-La Cambre, Chargé d'enseignement à l'UMH - Auditoire Guillissen.
UULLBB -- CCaam mppuuss dduu SSoollbboosscchh -- PPrrooggrraam mm mee ccoom mpplleett eett rreennsseeiiggnneem meennttss :: 0022 // 665500 2244 2266 oouu cceeppuull bb@ @uullbb..aacc..bbee -- PPrrii xx :: 55 € ppoouurr lleess nnoonn m meem mbbrreess..
17ème Colloque de la laïcité : “Intégrismes
et laïcité”
Samedi 12 mars 2005, de 9h30 à 12h30 & de 14h à 17h. Lieu : Château du Karreveld, avenue Jean de la Hoese 3 à 1080 Bruxelles. PAF : 5 € (étudiants : 2 €). Renseignements : 02/476 92 83 ou faml@laicite.be ou www.colloque.faml.laicite.be
Programme Accueil des participants par Ph. Moureaux - 9h30 Introduction générale : Firouzeh Nahavandi (ULB) - 9h45 1. L'intégrisme catholique Anne Morelli (ULB)10h - 10h30 2. L'intégrisme juif Thomas Gergely - 10h30 - 11h Pause-café - 11h - 11h15 3. L'intégrisme protestant Michel Dandoy - 11h15-11h45 4. Les intégrismes musulmans Alain Grignard - 11h45-12h15 Déjeuner - 12h30 - 14h00 5. Les questions géopolitiques Jacques Rifflet - 14h-14h30 6. Les fondamentalismes et l'enseignement Charles Susanne (ULB-VUB) - 14h30-15h 7. L'intégrisme de l'armée turque Robert Anciaux (ULB) - 15h-15h30 Pause-café - 15h30-15h45
Sélection de quelques conférences : Lundi 14 mars de 16h30 à 18h30. Psychologie individuelle et société : les liaisons dangereuses avec l'idéologie fasciste. Conférence par Willy Szafran, Prof. émérite de la VUB, Psychiatre et Psychanalyste Auditoire Chavanne.
8. Le pentecotisme et les nouvelles églises africaines Jean Musway - 15h45-16h15 9. Discussion générale présidée par Firouzeh Nahavandi avec la participation du panel des orateurs - 16h15-17h
Bureau Administrateurs
Direction de rédaction
Comité
Présidente: Ariane HASSID Vice-Présidente: Pascale SCHEERS Vice-Président: Michel PETTIAUX Secrétaire: Francis DE COCK Trésorier: Jean-Antoine DE MUYLDER Philippe BOSSAERTS Sara CAPELLUTO Carmen CASTELLANO Michel DUPONCELLE Francis GODAUX Eliane PAULET Paul Henri PHILIPS Yvon PONCIN Johannes ROBYN
Fabrice VAN REYMENANT
Sophie LEONARD Ababacar N’DAW Olivia WELKE
GRAPHISME Cédric BENTZ & Jérôme BAUDET EDITEUR RESPONSABLE Ariane HASSID, Présidente de Bruxelles Laïque, 18-20 Av. de Stalingrad - 1000 Bruxelles ABONNEMENTS La revue est envoyée gratuitement aux membres de Bruxelles Laïque. Bruxelles Laïque vous propose une formule d’abonnement de soutien pour un montant minimum de 7€ par an à verser au compte : 068-2258764-49. Les articles signés engagent la seule responsabilité de leurs auteurs.