LES AMÉNAGEMENTS URBAINS TRANSITOIRES, enjeux et guide pratique

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enjeux et guide pratique pour un espace public partagé


© Yes We Camp, l’Estaque, Marseille

définition

Pour commencer...

Acupuncture urbaine, micro-architecture, urbanisme tactique... La fabrique de la ville contemporaine revêt autant de qualificatifs que de projets possibles. Le renouvellement des pratiques urbaines connait des nuances sémantiques selon les différents contextes dans lequel il s’intègre. Nous proposons un éclaircissement sans pour autant figer une définition. Nous pouvons tenter de les catégoriser en précisant qu’ « un aménagement

TEMPORAIRE » convient mieux lorsque le projet a pour destination d’intégrer temporairement des pratiques et usages quotidiens dans un temps défini du projet urbain, sans nécessairement agir sur la suite du projet urbain.

« TRANSITOIRE » suscite le sens du passage, d’un état à un autre. L’action transitoire évoque un sens intérimaire qui permet de tester des usages avant un aménagement définitif ou avant la construction de la ville lui succédant. Enfin nous pourrions associer le terme « ÉPHÉMÈRE » à une action lorqu’elle participe à la transformation et au questionnement de la ville par la mise en place d’évènements, d’animations festives des espaces publics.

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© Pôle Eco Design, la Marcotte, Gardanne

Les méthodes de réflexion et de construction urbaine aujourd’hui mêlent concertation, mobilisation habitante, participation et mise en avant du temps de chantier comme support d’appropriation d’un nouvel espace. Ainsi de nouveaux termes sont apparus dans la démarche de projet urbain : co-conception, co-construction. Le temps de CO-CONCEPTION est celui de la traduction d’envies, de besoins, d’utopies et de problématiques d’habitants. Les ateliers de co-conception consistent à offrir des outils pour se saisir collectivement (habitants, associations ou techniciens du territoire) d’un projet urbain, de la compréhension des enjeux d’un site et de la projection d’un projet.

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La CO-CONSTRUCTION insuffle l’idée d’un temps de chantier, ouvert, accessible et partagé. La démarche valorise la construction d’un espace commun. L’implication d’usagers et d’habitants bonifie l’estime et l’image d’un lieu, elle agit sur l’appropriation et l’ancrage d’un projet dans un espace pratiqué collectivement.


© Parce que, les Hauts de Mazargues, Stefan Schankland, Marseille, 2013

Un objectif partagé L’élaboration d’un guide pratique pour la mise en œuvre de démarche d’aménagements transitoires à destination des acteurs institutionnels, des structures locales et des opérateurs spécialisés dans cette pratique innovante. Le développement des aménagements transitoires et l’ intérêt des acteurs du contrat de ville pour la conception, l’animation et la gestion des espaces publics ont conduit l’association le Cabanon Vertical à proposer, dans le cadre de la programmation de la politique de ville, l’élaboration d’un Guide pratique des aménagements transitoires. Cela fait suite à la structuration d’un « groupe de travail autour de l’expérience du transitoire dans les quartiers prioritaires », initié en 2016 par la Politique de la ville et réunissant des acteurs de l’aménagement et du développement social-urbain sur le territoire de la Métropole Aix Marseille Provence. Ce « Guide pratique » est le résultat des différentes sessions du groupe de travail des aménagements transitoires, ainsi que d’une série de rencontres avec les acteurs institutionnels, associatifs et collectifs de constructeurs locaux du territoire métropolitain. Il a donc pour vocation d’accompagner l’ensemble de ces acteurs, de partager une culture commune et de faciliter le développement des «aménagements transitoires ». Guide réalisé par Gasnault, égayé par Justine Batteux, insufflé par Olivier Bedu, avec la participation de la Compagnie des Rêves Urbains et du Fil à Initiatives, et avec le soutien des équipes Politique de la Ville de la Métropole notamment l’appui technique d’Anne Guilmin, Pierrick Migliaccio, et Emmanuel Viennot, automne 2017, Marseille.

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sommaire 8 10 12 14 16

1.Définition 2. Objectifs d’une action transitoire 3. Typologie des espaces à projets 4. Parties prenantes du projet 5. Les co-concepteur

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1. Questions préalables 2. Les étapes : Le diagnostic La co-conception La co-construction La livraison L’après

22 24 26 28 30

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1. Montage d’un projet 2. Fiches techniques : L’autorisation La cession La gestion

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Pourquoi ce guide ? Ressources Terminologie - Outils Références Cartographie

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GECKO 4 /// CABANON VERTICAL DES AMÉNAGEMENTS POUR PETITS ET GRANDS AFIN D’AMÉLIORER LE CADRE DE VIE; AIDER À LA RÉAPPROPRIATION DE LA CITÉ BELLEVUE À MARSEILLE, 2017 BUDGET /// 80 000 euros COMMANDITAIRE /// Marseille Habitat FINANCEURS /// Politique de la Ville, Conseil Départemental, Marseille Habitat PILOTAGE, COORDINATION, MONTAGE /// Cabanon Vertical, 2014 - auj (montage) CONCEPTION, RÉALISATION /// Cabanon Vertical, Le Fil à Initiatives, l’Addap 13 NATURE JURIDIQUE DU SOL /// foncier privé, Marseille habitat GESTION, PROPRIÉTÉ /// Marseille Habitat


© Cabanon Vertical, Gecko 4, Félix Pyat, Marseille

photographie G. Gerbaud et R. Chipault


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définition La fabrique du projet urbain connait depuis une dizaine d’années des pratiques innovantes que l’on résume dans ce guide par le terme « action transitoire ». L’action transitoire se déploie en réponse à l’envie de construire et d’investir un espace commun de manière empirique, participative et à échelle humaine.

Un projet transitoire est un aménagement inscrit dans un espace public ou privé accessible au public, c’est une construction à court terme (relativement à la temporalité du projet urbain) avec une temporalité définie. Le projet conserve une dimension expérimentale qui s’élabore progressivement et en lien avec son environnement urbain et social : la forme n’est pas définie au préalable. Il se façonne en fonction de l’identité d’un site, l’approche est singulière et contextualisée. Le projet est dit « transitoire » car il fabrique des formes urbaines « légères », parfois évolutives, réversibles ou démontables qui s’intercalent dans des espaces publics ou privés à enjeux d’aménagement « afin d’en amplifier les usages de manière transitoire dans une perspective de valorisation symbolique, d’investissement social et de transformation spatiale à long terme ». 1

1 Benjamin Pradel, chercheur-sociologue doctorant sur la question de l’urbanisme temporaire dans «Des usages au projet et inversement : le court terme, un outil pour expérimenter et faire la ville autrement ?» in Blog de Kaléido’Scop, février 2016.

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Qu’est-ce que c’est ? Une démarche, en quelques mots...

Les usages d’un lieu sont le point de départ de la réflexion. Le projet transitoire intègre dans sa méthodologie tous habitants comme acteur de son territoire. Il s’agit d’enrichir sa pratique quotidienne et commune de l’espace urbain afin de le rendre appropriable et à l’image de ses usagers. La démarche importe autant que le résultat dans le processus de projet, elle vise à redonner du sens à des lieux et à des usages. Cette démarche initie un processus urbain de réévaluation; elle impulse une évolution organique dans la transformation d’un espace urbain et de ses pratiques. L’adhésion du projet et son intégration dans l’espace commun découlent de cette démarche de dialogue. Le projet transitoire constitue un nouveau champs professionnel qui cherche à trouver sa place aujourd’hui au sein du projet urbain plus traditionnel. Il se construit dans le respect des codes, des règles de l’urbanisme et de sécurité tout en mettant l’accent sur son caractère hybride.

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objectifs d’une action transitoire La démarche transitoire est une tentative, sur un espace vacant ou déqualifié, de faire vivre un lieu. Elle cherche à activer ou réactiver des espaces, par des actions dynamiques et collectives, pour les faire évoluer dans leur urbanité. Elle procède sur de petits espaces qui concentrent des qualités urbaines comme autant de points de repères qui maillent le territoire.

Réanimer des espaces Amorcer la reconquête d’espaces, revitaliser des sites délaissés ou inoccupés, mettre en mouvement un espace.

valoriser Interroger un espace urbain, modifier son image et son appropriation en valorisant ses potentialités, l’améliorer et générer une dynamique dans son occupation.

prototyper Tester, questionner et expérimenter des pratiques sur un site pour préfigurer son aménagement futur.

ajuster Favoriser l’appropriation d’un lieu relativement récent et son activation au sein d’un quartier en impliquant ses habitants afin d’ajuster, de finaliser des transformations urbaines.

communiquer L’expérience transitoire comme outil de communication pour susciter la curiosité et faire connaître le territoire au plus grand nombre ; informer et amorcer la concertation et le dialogue avec les habitants et les usagers d’un ensemble ou de tout un quartier. Créer un point de repère pour favoriser l’échange et la participation des habitants, les aider à la compréhension de problématiques urbaines.

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besoins, maîtrise d’usage

amélioration du cadre de vie

ESPACE À INVESTIR

appropriation du projet amélioration de la qualité d’usage valorisation des besoins des habitants

HABITANTS

PROJET TRANSITOIRE

potentiel inexploité

Pour des structures locales et les habitants : Proposer une réponse rapide (actions dans les 3 ans max.) à un besoin et à une attente dans un quartier. Développer une dynamique collective autour d’un espace commun en rapport avec les réalités de terrain et les usages. Former et sensibiliser les habitants à interroger les enjeux et la complexité du projet urbain, donner envie de s’impliquer. Comment formuler ses besoins et les traduire en projets réalisables?

vision globale concertée

Pour une bailleur, un promoteur, un aménageur : Mobiliser un petit budget pour améliorer un espace de proximité, construire un environnement respecté. Renouer le dialogue avec ses locataires. Pallier au temps long d’un projet urbain par des actions courtes et transitoires. Comment s’organise le service gestionnaire ? Comment faire accepter la notion d’éphémère et de réversibilité aux habitants? Comment des objets présents sur un temps courts peuvent influer sur un projet d’aménagement définitif ?

gestion du court terme visibilité du projet

PROJET URBAIN

Pour un acteur institutionnel (commune, intercommunalité,...) Petit budget, réversibilité dans l’espace urbain, amélioration des rapports sociaux, renouer un rapport de confiance dans un temps court, réinvestir des territoires problématiques. Comment intégrer le transitoire dans le patrimoine de la ville? Comment déterminer un cadre légal et juridique avec un service dédié ?


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typologie des espaces à projet

Espaces urbains peu qualifiés, sans projet en cours Exemples : espaces publics de grands ensembles désinvestis, quartier en mutation, micro espaces urbains vacants type dents creuse ou interstices urbain sans qualités d’usages, etc.

Revalorisation d’un espace délaissé, vieillissant, pour relancer une démarche collective dans le quartier ou réinterroger un espace urbain. réanimer - valoriser - communiquer

Site Nouvellement urbanisé Exemple : Opérations urbaines nouvelles isolées

Finaliser et activer un projet par ses espaces communs Créer l’adhésion auprès de ses usagers, d’un quartier, et permettre son intégration urbaine. Ajuster - valoriser - communiquer

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espace en attente de requalification, Situation de rénovation urbaine Exemples : territoires ANRU, opérations de logements publiques ou privées, etc.

Gestion du temps long des opérations de renouvellement urbain Expérimenter différents usages, prototyper des formes de mobiliers urbains et des scénarios d’aménagements en amont d’opérations urbaines pérennes. prototyper - valoriser - communiquer

Espaces en friche Sites singuliers à fort potentiel Exemples : Friches industrielles, bâtis en déshérence, terrains vagues, etc...

L’animation, l’ouverture et l’amélioration de l’image d’un espace sans fonctions ni usages. Tirer parti des qualités d’espaces urbains environnants disponibles, gestion du temps de la friche. réanimer - valoriser - prototyper

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parties prenantes du projet

Les usagers : les habitants, les

commerçants, etc : tout pratiquants d’un site. Ceux qui en ont l’usage, qu’il soit quotidien, régulier ou ponctuel. Ils peuvent, par leur connaissance commune d’un site apporter une expertise de terrain (envies, utopies, problématiques). Ils sont à l’origine de la formulation d’un programme qui permettra d’élaborer un projet transitoire. Ils constituent les fondements de la «maîtrise d’usage».

>>>> habitants, riverains, commerçants, passants, écoliers, etc.

les co-concepteurs de l’espace commun : les structures oeuvrant sur la ville

>>>> Associations de participation citoyenne, structures/collectifs de constructions transitoires, bureaux d’études, etc.

Les structures locales : l’ensemble des acteurs socio-culturels, économiques dédiés aux intérêts d’un quartier, en lien avec ses habitants. Elles permettent aux opérateurs spécialisés d’avoir un ancrage territorial, d’être un relais dans le projet. Ils agissent en tant que partenaires et «facilitateurs».

>>>> Associations, collectifs habitants, conseils citoyens, équipement socioculturels, médiateurs, travailleurs sociaux, etc.

Les acteurs institutionnels : Les acteurs institutionnels sont les représentants des collectivités locales et des administrations publiques ou privées qui travaillent sur un territoire donné. « Décideurs » et gestionnaires, ils représentent souvent le levier d’action du projet.

>>>> Métropole, Ville, bailleurs, aménageurs, etc.

et le territoire habité. Leurs compétences spécifiques traitent du fait urbain par le biais de l’architecture, l’urbanisme, l’espace public et ses enjeux sociaux, artistiques ou culturels. Ils sont les concepteurs et les coordinateurs du projet.

>>>> et leurs services techniques

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Les différentes parties prenantes du projet composent une constellation d’acteurs. L’action transitoire dépend de la volonté partagée de cette pluralité d’acteurs ; le projet se définit dans des rapports de collaboration entre les parties prenantes. L’intégration des services techniques en amont et l’écoute de la maitrise d’usage sont essentielles pour garantir une adhésion au projet.

habitants

service technique / gestionnaire

structures locales

co-concepteurs acteurs institutionnels

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les co-concepteurs Qui sont les concepteurs du projet transitoire ? Quelles sont leurs compétences et quels sont leurs outils ? De nouvelles méthodes de projets se sont développées dans la production des villes. Ces projets croisent différents outils et compétences pour favoriser les dynamiques collaboratives.

Les compétences Les concepteurs spécialisés du transitoire sont des collectifs, des structures associatives, des agences, des personnalités polyvalentes qui croisent différentes disciplines. Elles ont pour particularité d’utiliser tant les outils et la technicité de l’architecture et de l’urbanisme (nécessaires au temps du diagnostic, de l’esquisse) que de la construction (mise en œuvre maitrisée). Elles intègrent également de nouveaux médiums issus des arts plastiques, de la concertation sociale et de la participation, parfois de la performance, du spectacle vivant et de l’événementiel. Les compétences employées s’appuyent sur différents champs professionnels et se modulent en fonction des structures et des projets :

TECHNICITÉ ET CRÉATIVITÉ Technicité de l’architecture et de l’urbanisme (maîtrise de la conception et du dessin technique), du design, du paysagisme, du graphisme, des arts appliqués, etc. Médiums des arts plastiques (recherche d’outils hors champs de l’urbanisme).

SAVOIR-FAIRE Capacités constructives (atelier et parc d’outillage), savoir-faire artisanal (bois, métal, béton, etc.)

CO-CONCEPTION : ENTRE AJUSTEMENTS ET ÉVALUATION HABITANTE Position novatrice du concepteur qui projette en fonction des évaluations et ré-évaluations des habitants : l’esquisse est adaptable, la relation concepteur/habitant revisitée. Méthode de la concertation et de la participation (approche sociale et démarche de terrain).

RESPECT DES RÈGLES ET DES NORMES Les concepteurs assurent un certain nombre de garanties professionnelles: validation du projet par un bureau de contrôle suivant les normes en vigueurs, précautions pour le bon usage des constructions, respect des réglementations urbaines.

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Les outils Toute la durée du projet, les outils mis en oeuvre dans une processus transitoire cherchent à promouvoir des démarches participatives et des réalisations menées collectivement. La dimension festive et événementielle est une étape du projet : elle permet de mobiliser un large public, de favoriser les rencontres, d’animer la vie locale, etc. Elle est un support d’appropriation d’un lieu, elle fabrique des souvenirs commun d’un même espace.

PROCESSUS COLLABORATIF :

Co-conception, mise en récit, co-construction, balade prospective, carte sensible, bureaux de rue, boîte à idées, chantiers pédagogiques, prototypage et scénographies d’intentions, repas de chantier, fête de chantier / inauguration ateliers satellites (nettoyage de site, plantation)… Cf. précisions «co-construction» p.45

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LA HALLE PUGET /// LES TÊTES DE L’ART, ATELIER PLACE À L’ART AVEC LE COLLECTIF ETC REQUALIFICATION D’UNE PLACE PUBLIQUE, REDÉFINITION D’USAGES. ENTRE MÉDIATION, CRÉATION ET AMÉNAGEMENT • 2014 • 2017 BUDGET /// Prototype chantier #1 : 9 000€ (démonté), aménagement transitoire #2 : 87 000€ COMMANDITAIRE /// association les Têtes de l’Art CONCEPTION, RÉALISATION /// collectif Etc, Jihane El Meddeb (artiste) FINANCEURS /// Politique de la Ville, Conseil Départemental, Conseil Régional, Fondation de France PILOTAGE /// Les Têtes de L’Art DOMANIALITÉ /// Métropole (place), ville de Marseille (peristyle) GESTION /// Gestion associative PROPRIÉTÉ /// Les Têtes de l’Art actuellement


© les Têtes de l’Art, atelier Place à l’Art avec le Collectif Etc, Halle Puget, Belsunce, Marseille


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questions préalables Lorsqu’un acteur, quel qu’il soit, projette un aménagement transitoire sur un espace, il doit anticiper tout au long des étapes du projet, une ou toutes les questions ci-dessous.

POINTS CLEFS

Le statut :

Identifier le statut du site Qui est le propriétaire ? Ville, Métropole, Département, bailleurs, copropriété ... ? Le foncier est-il privé ou public ?

L’autorisation:

Solliciter les autorisations propres à la nature du site et son statut. Quels types d’autorisations sont nécessaires ? Déclaration préalable de Travaux ? Convention avec le service des espaces verts ou de la voirie ? Autorisation du SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours) par exemple, ou délivrance d’une Autorisation d’Occupation Temporaire (AOT) ? Cf. Fiche technique « autorisation » p.36

Le pilotage :

Organiser le pilotage du projet, identifier et associer les différentes parties prenantes du projet. Quels acteurs font partie du comité de pilotage ? Comment organise-t-on les sessions de travail et les étapes du projet? Par exemple, l’implication du service technique gestionnaire dès la conception du projet permet d’anticiper des problématiques liées à la maintenance et l’entretien courant.

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temporalité courte dans la réalisation d’un projet transitoire : < 6 mois / 3 ans >

Le financement :

Définir le mode de financement.

Est-ce un projet financé par des fonds privés ? Du mécénat ? Des subventions publiques? Le financement provient-il de programmes dédiés à l’innovation ou d’un fond de participation citoyenne ? L’autofinancement est-il prépondérant dans la démarche ? La fourchette de prix peut ainsi varier de quelques milliers d’euros à des centaines de milliers pour un site d’envergure.

La conception:

Prendre en compte les réglementations. Quelles normes constructives propres au code de l’urbanisme et règles de sécurité pour un espace ouvert au public dois-je respecter ? Accessibilité, résistance des matériaux, respect des règlements de sécurité d’urbanisme (voie de secours), etc. Cf. Fiche technique « autorisation » p.36

Le chantier :

Accompagner le temps du chantier, s’assurer de la mise en sécurité . Qui participe au chantier ? Comment les travaux sont-ils encadrés ? Comment sont répartis les rôles ? Vérifier l’accessibilité du site.

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La cession :

Définir les responsabilités des ouvrages. Qui est propriétaire des ouvrages et donc en prend la responsabilité après leur réalisation ? Sous quelle forme se contractualisent les responsabilités et les accords de cession ?

La gestion :

Définir les modalités d’entretien, de maintenance et de fonctionnement. Qui se charge de la gestion d’un site ? A ce jour, les chiffrages de gestion des premières opérations n’ont pas été évalués avec précision. Cependant, si les matériaux utilisés sont parfois novateurs et les constructions hybrides, les coûts de gestion et de fonctionnement semblent se situer en dessous de ceux des mobiliers urbains standards, notamment parce qu’ils subissent moins de dégradation.

L’évaluation, la passation :

« la transition du transitoire » ! Définir le cadre temporel théorique des aménagements, l’évaluation des constructions, leur éventuelle destruction ou renouvellement. Comment évalue-t-on une action transitoire dans le temps ? Comment s’opère la passation après ce temps interstitiel au projet urbain? Comment s’opère le passage vers le pérenne, la destruction ou le requestionnement d’un espace ?


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les étapes

Questionner Comprendre Mobiliser

Le diagnostic

Genèse du projet. Quels sont vos besoins, envies, utopies ? Définition d’un cahier des charges par l’expertise du quotidien. Identifier un terrain, un espace, un bâtiment et rencontrer ses acteurs. Analyser les enjeux d’un site par rapport à son environnement. Appréhender les usages : solliciter la maîtrise d’usage des habitants Rencontrer ou structurer un groupe de partenaires. Valider l’opportunité et la faisabilité d’un projet.

© Compagnie des Rêves Urbains

© Collectif Dérives

Choix d’un site question du statut Anticiper des moyens question du financement

cartographie, mise en récit

Communication, bureau de rue

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23 Atelier collectif, boîte à idées

la co-construction

la livraison

© Pôle Eco Design

la co-conception

© Pôle Eco-Design

le diagnostic

Balade prospective sur site

l’après


2

les étapes

Esquisser Programmer Scénariser

La co-conception

Quels sont nos outils pour créer un dialogue et façonner des intentions de projet ? Concertation et traduction en esquisse du cahier des charges, réalisation participative d’une ébauche du projet. « Activer » un espace en créant un temps d’échange et de dialogue Intelligence collective : favoriser une démarche collective en croisant les points de vue des habitants, usagers, techniciens, acteurs sociaux, etc. Imaginer et dessiner des prototypes et des aménagements qui vont favoriser des usages pluriels. Intégrer les futurs modalités et contraintes de gestion et de règlementations.

Discussions autour des esquisses

© Compagnie des rêves Urbains

© Cabanon Vertical

Le pilotage établir un calendrier Anticiper la gestion et l’animation du site

travail de représentation

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la co-construction

la livraison

© Cabanon Vertical

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la co-conception

© les Têtes de l’Art - Collectif Etc

le diagnostic

préfiguration et maquettes

prototypage, scénographie d’intentions

l’après


2

les étapes

Mettre en chantier Encadrer techniquement ré-activer

La co-construction

L’étape de la réalisation : quelle logistique mettre en place pour l’espace du chantier ? Que véhicule ce temps de chantier, quelle valeur ajoutée pour la vie locale ?

Organiser un chantier participatif et des temps festifs en s’appuyant sur les ressources locales (associations, acteurs sociaux, etc.). Considérer le chantier comme support d’appropriation, d’acquisition et de partage de savoir-faire. Lancer une dynamique d’estime d’un lieu et de réappropriation positive d’un site. Maintenir le dialogue et l’échange sur le quartier.

© Collectif Etc

© les Têtes de l’Art - Collectif Etc

La conception valider les étapes du chantier selon les règlementations en vigueurs Les autorisations accès au site, sécurisation du chantier et autorisations de mise en œuvre.

chantier participatif

Chantier ouvert et visible

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la co-conception

27 Repas de chantier, fête de fin de chantier

la co-construction

la livraison

© Cabanon Vertical

© Cabanon Vertical - Yes We Camp

le diagnostic

valorisation des réalisations

l’après


2

les étapes

S’approprier Gérer Rayonner

La livraison

L’étape de la réception du projet : comment évaluer l’adhésion des usagers au projet ? Faut-il animer le site ? Engager la gestion et la maintenance avec les services / organismes compétents, assurer un suivi avec les concepteurs du projet afin d’attester d’une bonne réception Développer des activités et des pratiques, éventuellement par une programmation / animation, dans le but d’amorcer la reconquête d’un espace dès le départ Dynamiser une partie ou l’ensemble d’un quartier : irriguer de futurs projets d’aménagement

Fête d’inauguration et de lancement

acter la cession, par convention ou contrat. entretien, fonctionnement faut-il animer le site pour l’activer ?

© Cabanon Vertical - Le Fil à initiative

© les Têtes de l’Art, avec Yes We Camp

La cession La Gestion L’animation

ateliers parallèles : nettoyage de site, jardinage...

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la co-conception

la co-construction

la livraison

© Collectif Etc

© Cabanon Vertical

le diagnostic

Adhésion des participants et rayonnement

l’après


2

les étapes Évaluer Renouveller ? Pérenniser ? Détruire ?

L’après

L’étape de la passation du projet, ses limites. Comment s’opère la suite du projet transitoire : avec quels outils évaluer le projet ? Faut-il requestionner, renouveller l’action ? Le projet tend-il à sa destruction ou sa pérennisation ? Evaluer la réussite du projet, développer des outils de bilan : fréquentation, animation, mise en récit, fonctionnement social, etc. Faire état de son niveau de dégradation, son coût d’entretien Estimer l’évolution du contexte urbain et des dynamiques sociales pour envisager l’issue du projet : poursuite, renouvellement, déplacement, pérennisation ou destruction. Anticiper les conditions de démolition de l’aménagement au terme de l’autorisation ou de la convention.

© Cabanon Vertical , photographie G. Gerbaud et R.Chipault

© Collectif Etc

Question de l’évaluation Question de la passation

un espace approprié ?

requestionner / renouveller ?

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la co-conception

31 animation, spectacles

la co-construction

la livraison

l’après

© Cabanon Vertical

© Collectif Dérives

le diagnostic

évaluation des usages (photographie, témoignages,...)


L’ARCHIPEL /// CABANON VERTICAL UN ESPACE MIXTE CO-CONSTRUIT DE SPORTS ET DE LOISIRS, FÉDÉRATEUR DANS UN QUARTIER PRIORITAIRE DE SALON-DE-PROVENCE, 2013 • AUJOURD’HUI BUDGET /// 825 000 euros COMMANDITAIRE /// Ville de Salon FINANCEURS /// Politique de la Ville, Bureau des Compétences et des Désirs, Marseille Provence 2013, Conseil Départemental, Nouveaux Commanditaires, Fondation de France PILOTAGE, COORDINATION, MONTAGE /// Politique de la Ville Salon, Service des Sports, Cabanon Vertical / 2010 - 2013 (montage) CONCEPTION, RÉALISATION /// cabanon vertical, l’Addap 13 NATURE JURIDIQUE DU SOL /// Ville de Salon (service des sports) GESTION /// gestion partagée Ville de Salon, Comité de quartier, association locale


© Cabanon Vertical, L’Archipel, les Canourgues, Salon-de-Provence

photographie Philippe Piron


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le montage d’un projet

Je suis propriétaire

Je suis un bailleur aménageur collectivité J’ai un projet

Je passe une commande : Je cherche une structure spécialisée en co-conception.

Je désigne un opérateur "coconcepteur". Je passe un marché.

Cahier des charges

Formulation contrat

le diagnostic

marché consultation

choix d’un opérateur

le diagnostic

recherche autorisation

appel à projets, appel à idées, appel à manifestation...

Je suis : un collectif d’habitants des acteurs associatifs un collectif de constructeur. J’ai une envie, un besoin.

Accord et autorisation du propriétaire Définition des futures modalités de gestion et de partage des responsabilités

J’informe, je sollicite le propriétaire.

Je ne suis pas propriétaire

Dépôt de dossier de demande de subvention Je cherche un financement privé et/ou public.

convention Points d’attention : Durabilité Gestion Sécurité Responsabilité

J’ai le financement. J’ai l’accord du propriétaire.

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Le montage d’un projet débute avant tout en identifiant le statut de l’espace : est-il régi par le droit privé ou public ? Qui en est le propriétaire ?

Vérificiation n°2 du bureau de contrôle Intégration et vérificiation n°1 du bureau de contrôle

Je m’assure de détenir toutes les permissions = voirie, bureau de contrôle etc .

J’en prend la responsabilité et la propriété

la co-conception

la co-construction

la livraison

Concertation Traduction en esquisse

Chantier

Animation Gestion

Je pense à intégrer les services techniques.

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Je m’assure d’avoir une autorisation d’intervenir en espace public. ou Je m’assure d’avoir les autorisations du propritaire.

l’après

Poursuite, Destruction Pérennisation


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fiches techniques L’action transitoire ne s’apparente pas à une œuvre d’art et ne suit également pas le déroulé d’un projet d’aménagement classique. La dimension d’expérimentation reste sa spécificité. L’espace public est défini par son caractère irrévocable, précaire, inaliénable et temporaire. L’exercice de l’utilisation du domaine public doit se faire conformément à l’affectation d’utilité publique que le domaine a reçue. En terme juridique, la question ne se pose pas selon un jugement de la qualité ou de l’esthétique de l’installation. Il s’agit de respecter les normes en vigueur : sécurité, questions techniques, et les autorisations d’urbanisme.

Un aménagement transitoire est une action qui a vocation de devenir d’intérêt public et général. Il est donc soumis à diverses autorisations . Voici une liste suggestive des services concernés : Le propriétaire, que l’on soit sur un espace public ou privé Le service municipal en charge des événements (sur la tenue du chantier, les temps événementiels par exemple) Le service municipal et/ou intercommunal en charge des espaces publics pour toute activité sans ancrages au sol, soit tout mobilier modulable (type d’Autorisation d’Occupation Temporaire-AOT) Le service intercommunal en charge de la voirie Le service départemental d’incendie et de secours (SDIS) La mairie de secteur (sur un espace municipal de proximité transféré ou pour avis consultatif) Dossier spécifique autorisant une Installation Ouverte au Public (IOP)

Le caractère temporaire des autorisations traduit l’une des conséquences des principes d’imprescriptibilité et d’inaliénabilité du domaine public.

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L’autorisation

Contraintes techniques et règlementaires, point de spécificité : Compte tenue de l’usage (l’aménagement n’est pas un objet manufacturé), il faut s’assurer que la réalisation soit sans préjudices: ni pointes, ni arêtes saillantes, ni bavures ou surfaces rugueuses susceptibles de nuire à la sécurité. hauteur : parer le risque de chutes éventuelle. durabilité des matériaux (bois ignifugés,etc.).

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Il convient de veiller à l’accessibilité (PMR) et à la sécurité (respect des accès). La question de l’ancrage au sol : SI ANCRAGE au sol ou si aménagement en béton = la compétence est métropolitaine. Une permission de voirie délivrée par la métropole est nécessaire. SANS ANCRAGE au sol (donc révocable et temporaire) = compétence de la Ville.


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fiches techniques L’élaboration d’une convention de cession entre l’opérateur spécialisé et le propriétaire a pour but de fixer les responsabilités de chacun. Cela permet également d’entériner la cession des droits d’auteurs.

La cession L’acte de cession permet de définir le service affectataire qui assume la propriété et la responsabilité des installations réalisées.

les obligations liées aux contraintes techniques:

Les préconisations ou obligations temporelles :

Durabilité des matériaux : preuve de solidité des matériaux par un certificat de conformité selon les normes et règlements en vigueur, délivré par un organisme agréé (bureau de contrôle).

Définir une durée de vie théorique de la construction : une date d’échéance peut être calculée pour le démontage ou la prolongation de l’oeuvre. Par exemple : réserve de 2 ans contractuelle (1-3 ans en général)

Stabilité: vérification de la stabilité des réalisations (qui sont sans fondations), voire attestation par un bureau de contrôle.

La propriété intellectuelle:

La cession est l’occasion de contractualiser les droits de propriété intellectuelle, concernant par exemple : Le droit de reproduction Le droit d’utilisation commerciale concernant tout support type édition, communication, internet etc. Les obligations de mentions pour toute représentation ou reproduction («avec le soutien financier de ...» , «©Ville / nom structure», etc.)

Si un certain niveau de dégradation est atteint, une clause de démolition peut être envisagée. Par exemple : réserve de démolition de la construction en cas de dégradation ou d’absence de possibilité de protection au delà de 30% de dégradation de la structure. Il est précisé lors de la cession à qui

incombe le démontage de la structure ou son renouvellement.

Les contraintes règlementaires : Adaptablilité à son environnement: respect du règlement de voirie et d’accessibilité, respect des autorisations

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Quelle gestion pour ce type de projet, spécifique à un espace, unique dans sa définition et d’une durée limitée? S’assurer de sa gestion en amont, éventuellement de son animation, c’est se porter garant de la viabilisation de la démarche.

La gestion Idéalement imaginée dès le départ avec le service gestionnaire, la gestion se construit en fonction des capacités de suivi et de maintenance locales. Plusieurs cas de figure de gestion d’un espace sont possibles :

UNE GESTION LIÉE À LA CESSION : le propriétaire des constructions s’assure et finance la gestion temporaire des espaces sous sa responsabilité.

UNE GESTION DÉLÉGUÉE À : un collectif local (associatif ou habitant) un bailleur, un syndic volontaire un opérateur spécialisé en co-conception une association spécialisée (régie de quartier par exemple)

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La question de l’entretien : les propositions de projet peuvent se penser en fonction des ressources locales mobilisables. Un jardin partagé nécessite un arrosage fréquent par exemple. Le service gestionnaire dispose-t-il d’un système d’arrosage à proximité? les horaires du gestionnaire correspondent-ils au temps d’arrosage d’un espace cultivé? La question de la durabilité des matériaux (réparation, renouvellement): Le choix des matériaux peut se faire en fonction des services techniques afin d’envisager un projet qui tient compte de leurs moyens et capacités d’intervention. Généralement, il s’agit de bois, parfois de béton ou de métal, soit des matériaux dont le cahier des charges est accessible. La question du coût : définir en

amont du projet quel budget est alloué à la gestion. Un cahier technique peut éventuellement annoncer le coût des matériaux utilisés en cas de remplacement / renouvellement.


CARAVANADE /// YES WE CAMP 4 UNITÉS MOBILES (CONSTRUCTION, MÉDIA : RADIO ET CINÉMA, CUISINE, SANITAIRE) TELS DES OUTILS D’ACTIVATION DE PROJETS PARTICIPATIFS D’AMÉNAGEMENT ET D’ANIMATION DE PLEIN AIR À MARSEILLE ET SUR LE TERRITOIRE MÉTROPOLITAIN. 2014 • AUJ BUDGET /// Coût de fabrication des caravanes : 6000 à 12 000 euros prestation : 400 euros FINANCEURS /// Conseil Départemental, Conseil Regional, Politique de la ville PILOTAGE, MONTAGE /// Yes We Camp CONCEPTION, RÉALISATION /// Yes We Camp PARTENAIRES ASSOCIATIFS /// Centre Sociaux, Collectifs d’habitants, Association de parent d’élèves, Ecoles PROPRIÉTÉ /// la Caravanade - Yes We Camp


© Yes We Camp, Caravanade, Marseille


pourquoi ce guide ?

L’aménagement, l’animation, la gestion des espaces publics sont des enjeux majeurs pour les quartiers prioritaires de la politique de la ville car ils sont les vecteurs incontournables de la citoyenneté, du lien social, de l’attractivité des territoires. De plus, dans un contexte où la question de la gestion des temporalités des projets urbains est devenue une préoccupation croissante pour les acteurs du développement urbain et social, l’aménagement transitoire offre la possibilité de mieux appréhender l’articulation entre les actions de court terme et les logiques de long terme. Une démarche urbaine innovante intégrée aux Contrat de ville et au renouvellement urbain En 2015, le diagnostic partagé par les partenaires du Contrat de ville a souligné la faible qualité urbaine des espaces communs et leurs inadaptations aux besoins des publics. C’est pourquoi le programme du Contrat de ville soutient «le renouvellement de la conception, de l’aménagement, de la gestion des espaces urbains des quartiers prioritaires en particulier à travers le développement de projets d’aménagements temporaires». L’action transitoire est une démarche destinée à aménager temporairement des espaces à enjeux, publics ou privés, afin d’en amplifier les usages spontanés, de favoriser l’animation sociale par les acteurs locaux, de faciliter la gestion, de tester et de préfigurer les aménagements définitifs d’un projet urbain. Elles sont menées de manière concertée et participative, elles s’appuient sur «l’expertise d’usage» des gestionnaires, des habitants, des acteurs locaux, ce qui en favorisent in fine une appropriation positive et de moindres dégradations. Les coûts relatifs aux interventions de maintenance peuvent ainsi être sensiblement réduits pour les gestionnaires comparativement à des aires de jeux, city-stades ou autres espaces de convivialité «standard» plus habituellement présents sur les quartiers prioritaires. Enfin, dans le temps long des projets de renouvellement urbain, les aménagements urbains légers peuvent assurer une fonction de transition et d’attente dès lors qu’il s’agit de concerter, de préfigurer, de stimuler, de donner à voir durant ces longs processus de transformation de la ville.

d’aménagement transitoire se multiplient et s’institutionnalisent en France et à l’étranger. À Marseille, des premiers aménagements urbains transitoires ont vu le jour dans le cadre de l’Appel à Projet de la Politique de la ville entre 2013 et 2015. Forts de ces premières expériences sur les quartiers prioritaires, et afin de répondre aux attentes d’un certain nombre de partenaires institutionnels et associatifs, la Politique de la ville a entrepris en 2016 de structurer un groupe de travail réunissant un premier cercle « d’acteurs initiés » : Ville de Marseille, Métropole GIP Marseille Rénovation Urbaine, Euroméditerranée, Soléam, bailleurs sociaux afin de mieux appréhender le modus operandi de ces opérations. De nouveaux acteurs intervenant dans les quartiers prioritaires souhaitent également s’inscrire dans cette dynamique dans les mois à venir. En ce sens, il nous semble que cette approche urbaine revêt un caractère d’intérêt métropolitain comme outil de l’action publique en s’employant à promouvoir une vision innovante et expérimentale de la fabrication de la ville: elle permet tout à la fois d’accompagner les étapes du projet, de stimuler de nouvelles formes de concertation, de tester des aménagements in situ, de révéler des besoins et des usages, de communiquer et de sensibiliser la population. Ce document est une première étape afin d’accompagner aussi bien des acteurs institutionnels, des collectifs de constructeurs comme des structures locales dans l’élaboration et la mise en œuvre de ces démarches.

Nous remercions toutes les structures investies dans nos différents groupes de travail et curieuses de se pencher sur la question du transitoire : tant aménageurs (Soléam, Euromediterranée, Marseille Rénovation Urbaine) que bailleurs (logirem, Marseille Habitat), opérateurs spécialisés (La Compagnie des rêves Urbains, Pôle éco Design, collectif Etc, Yes we camp, les Têtes de l’art) ou acteurs sociaux ainsi que les différents services de la Ville de Marseille, de Miramas et de Salon-de-Provence. Ce guide est réalisé et financé dans le cadre de la programmation du Contrat de Ville.

Une dynamique européenne et nationale dans laquelle s’est inscrite le territoire métropolitain depuis 2013 Nous pouvons observer aujourd’hui que les démarches

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ressources Courte liste de quelques noms en référence :

constructeurs ailleurs en france

Participation et mobilisation habitante

Collectif DERIVE (Nantes) http://collectifderive.blogspot.fr

ARENES http://www.arenes.org

BRUIT DU FRIGO (Bordeaux) http://www.bruitdufrigo.com

ROBINS DES VILLES http://www.robinsdesvilles.org

COLLECTIF ETC www.collectifetc.com

AAA Atelier d’Architecture Autogéré (Paris) http://www.urbantactics.org

LE FIL À INITIATIVES facebook.com/lefilainitiatives

YES WE CAMP www.yeswecamp.org

YA + K (Paris) http://yaplusk.org

PÔLE ÉCO DESIGN www.poleecodesign.com

BELLASTOCK (Paris) http://www.bellastock.com

LES MARSIENS www.chezlesmarsiens.tumblr.com

PLATEAU URBAIN (Paris) https://www.plateau-urbain.com

collectifs de constructeurs ( métropole aix-marseille provence ) CABANON VERTICAL www.cabanonvertical.com

les SAPROPHYTES (Lille) http://www.les-saprophytes.org

Ressources ++

LA COMPAGNIE DES RÊVES URBAINS http://revesurbains.fr LES TÊTES DE L’ART http://www.lestetesdelart.fr UNIVERSITÉ DU CITOYEN www.universiteducitoyen.org LES CLÉS DE LA CITÉ https://lesclesdelacite13.org RES PUBLICA (Paris) http://www.respublica-conseil.fr CARTON PLEIN (Saint-Etienne) http://cartonplein.org

Plateformes Plateforme socialdesign http://www.plateforme-socialdesign.net Pôle de recherche et d’expérimentation sur les arts et la ville http://www.polau.org & leur plateforme collaborative art et aménagement des territoires https://arteplan.org Création, médiation, urbanisme, actions participatives http://www.delaire.eu/ architecture, éducation et démocratie http://www.didattica-asso.com A etc. et leur mode d’emploi « action temporaire pour construire la ville» http://www.aetc.eu Le programme européen URBACT, avec USER 2013-2015 et le réseau Refill http://urbact.eu & leur vidéo synthétique https://youtu.be/Z8L2rOccJsU IAU Institut d’Urbanisme et d’Aménagement d’Ile de France. Note rapide «urbanisme transitoire, aménager autrement». avril 2017 https://www.iau-idf.fr/savoir-faire/nos-travaux/edition/lurbanismetransitoire-amenager-autrement.html

constructeurs ailleurs En europe TODOS POR LA PRAXIS (Espagne) http://www.todoporlapraxis.es BASURAMA (Espagne) http://basurama.org RAUMLABOR (Allemagne) https://raumlabor.net ASSEMBLE (Angleterre) http://assemblestudio.co.uk MUF (Angleterre) http://www.muf.co.uk ROTOR (Belgique) http://rotordb.org


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définition

© Yes We Camp, site de Foresta, Marseille

USAGES ET MAITRISE D’USAGE ? Dans le projet urbain : Le maître d’ouvrage est l’entité porteuse du projet, celle qui en définit son objectif, son budget et son calendrier. Il est celui qui pilote les opérations, il peut déléguer la coordination du projet en faisant appel à une assistance à maitrîse d’ouvrage. Le maître d’oeuvre correspond à l’entité retenue par le maître d’ouvrage pour réaliser l’ouvrage, dans les conditions de délais, de qualité et de coût fixées par ce dernier. Il est le chef du projet, il peut le réaliser en interne ou sous-traiter la réalisation du projet à des prestataires spécifiques. La maîtrise d’usage est la reconnaissance de l’expertise des usagers d’un territoire, ses besoins, ses pratiques. Ainsi, habitants, chalands, touristes, travailleurs, de tout âge sont à l’origine de la définition du projet. Le développement de la maîtrise d’usage passe par la participation des usagers dans le but d’enrichir, par un carnet de préconisations né d’une « expertise du quotidien », le cahier des charges techniques et urbaines du projet. Les concepteurs spécialisés dans le projet transitoire interviennent pour outiller cette expertise afin d’en faire la traduction et formuler un projet adapté aux réalités du terrain.

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© Les Marsiens, place Guichard-Gaillard, Marseille

LA CO-CONCEPTION Balade urbaine, balade prospective Promenade sur site qui associent concepteurs et habitants afin de cerner les spécificités du site. Elle découle sur l’élaboration d’un diagnostic (cartographique, photographique) des enjeux d’un site. Carte sensible Il s’agit d’une carte de site qui illustre les usages, les pratiques (positives ou subversives), l’imaginaire collectif. La carte sensible représente l’expertise d’usages des habitants, elle illustre leur perception du territoire. Bureau de rue C’est une démarche qui consiste à s’installer dans l’espace public avec des documents illustrant le projet (esquisse, photomontage, etc.) et à interpeller spontanément les habitants à prendre part à la réflexion.

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Carnet de références, boite à idées Il s’agit d’outils de référence déstinés à créer un référentiel commun pour aborder des questions urbaines et donner une échelle de projet.

LA CO-CONSTRUCTION Un partenariat avec un chantier d’insertion, un chantier pédagogique ou participatif permet une valorisation des habitants. Exemples: chantier éducatif avec l’ADDAP 13. Ces chantiers emploient quelques habitants lors de la phase de construction. Le chantier participatif, lui, offre une expérience aux habitants volontaire, cela suppose toutefois de définir en amont une cadre d’animation et d’accompagnement. Des activités «satellites» au projet permettent de faire du chantier lui-même un moment fédérateur dans la vie du quartier. Des temps forts de type atelier de propreté, atelier peinture sont organisés ainsi que des moments festifs tels que des repas de chantier. Des moments post-chantier tels que repas de quartier, projection de plein air, vide-grenier, fête des associations, spectacles, etc. facilitent l’intégration du projet. Les structures locales jouent un rôle complémentaire pour activer un espace.


© Cabanon Vertical, Gecko #2, Saint-Mauront, Marseille photographie G. Gerbaud et R. Chipault

TRANSITION /// CABANON VERTICAL UNE ACTION TRANSITOIRE DANS UN CONTEXTE DE RENOUVELLEMENT URBAIN POUR AMÉLIORER LE CONFORT D’USAGES DU QUARTIER DES HABITANTS DES CÈDRES, 2014 • AUJ BUDGET /// 70 000 euros FINANCEURS /// Politique de la Ville de Marseille, Conseil Régional PILOTAGE, COORDINATION, MONTAGE /// Cabanon Vertical, 2014- 2015 (montage) CONCEPTION, RÉALISATION /// CabanonVertical, Le Fil à Initiatives, Addap13 PARTENAIRES FINANCIERS /// HMP, L2, Fondation de France NATURE JURIDIQUE DU SOL /// privée : Habitat Marseille Provence (HMP) GESTION /// HMP sous convention financière avec la ville PROPRIÉTÉ /// HMP

Site avant intervention

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GECKO 2 /// CABANON VERTICAL REVALORISATION D’UN ESPACE DE RENDEZ-VOUS HEBDOMADAIRE,ASSISES ET OMBRIÈRES, 2015 • AUJ BUDGET /// 40 000 euros FINANCEURS /// Politique de la Ville de Marseille, Conseil Départemental PILOTAGE, COORDINATION /// Cabanon Vertical, 2013 - 2015 (montage) CONCEPTION, RÉALISATION /// Cabanon Vertical, Le Fil à Initiatives, l’Addap 13, NATURE JURIDIQUE DU SOL /// foncier ville GESTION /// Service des Espaces Verts PROPRIÉTÉ/CONVENTION /// Convention de gestion et de cession à la Ville de Marseille – autorisation de démolition 2 ans après construction

© Cabanon Vertical, Malpassé, Marseille 47

Site avant intervention


© Passage jardinier, Didier Courbot, ilôt Guichard-Gaillard, Saint-Mauront, Marseille

LE JARDIN D’HANOÏ /// COLLECTIF ETC UNE CABANE DE JARDIN PARTAGÉ DANS UN ESPACE VACANT SITUÉ DANS L’ENSEMBLE DE LA VISTE À MARSEILLE 2013 • AUJOURD’HUI BUDGET /// 12 000 euros FINANCEURS /// Politique de la Ville PILOTAGE, COORDINATION, MONTAGE /// centre social del Rio, la Viste, 2011 -2013 (montage), collectif Etc CONCEPTION, RÉALISATION /// collectif Etc , BLOC paysage (Louise Lefebvre), Bérangère Magaud (graphiste) NATURE JURIDIQUE DU SOL /// Ville de Marseille (Service des espaces verts) GESTION /// centre social del Rio

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PASSAGE JARDINIER /// DIDIER COURBOT UN JARDIN PARTAGÉ DANS UN CONTEXTE DE RENOUVELLEMENT URBAIN; PROTOTYPAGE D’USAGES SUR UNE PARCELLE OCCUPÉE TEMPORAIREMENT. FINANCEURS /// ANRU, SOLEAM, Fondation de France PILOTAGE, COORDINATION /// Bureau des Compétences et des Désirs, SOLEAM, 2011-2014 (montage) CONCEPTION, RÉALISATION /// Didier Courbot, Addap 13, les Jardins de l’Espérance NATURE JURIDIQUE DU SOL /// foncier privé GESTION ET ANIMATION /// MPT Saint-Mauront financée par la Politique de la Ville PROPRIÉTÉ /// SOLEAM, déplacement et projet de reconstruction programmé en 2018

Site avant intervention

© Collectif Etc, le Jardin d’Hanoï, la Viste, Marseille

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carte des expérimentations et des références sur le territoire métropolitain yes we camp

l’Estaque (2013) camping urbain

foresta

saint mauront geckoS #1,2,4

Parc Bellevue (2014-auj) Cabanon Vertical

Grand Littoral Yes We Camp (2016-auj)

le jardin d’hanoï

Le belvédère de la Viste (2013) Collectif Etc

transition

Malpassé (2015-auj) Cabanon Vertical

belsunce tropical

place des Petites Maries Collectif Etc (2014)

banc de sable

Place François Moisson Olivier Bedu (2010-auj)

halle PUget

Rue Halle Puget (2015-auj) Les Têtes de l’art et Collectif Etc

ilôt guichard-gaillard

Jardin partagé (2012-auj) Didier Courbot et aménagement de 2 places publiques (2017) Les Marsiens

l’archipel des canourgues Salon de provence (2012-2013) Cabanon Vertical

un square salonnais, les canourgues Salon de provence (2014-auj) Pôle Eco Design

Parc de la carraire

Miramas (2017-en cours) Collectif Etc

Mobilier de plein air Air Bel (2016-auj) Cabanon Vertical

salon miramas

p.a.r.c.

Les Hauts de Mazargues (2013) Quartiers Créatifs

marseille

PLACE DE LA TARTANE

La Castellane (en cours) J.Mazas, E. Ballan

à l’échelle métropolitaine


projets actuels projets achevés

atelier de découverte urbaine

Sites en rénovation urbaine (2007-auj) Compagnie des Rêves Urbains

la caravanade (2013-auj) Yes We Camp

gr 2013

Bureau des guides (2013-auj)

Bureau des guides

cartographie de quelques projets sur le territoire marseillais (liste non exhaustive)


Guide financé dans le cadre de la programmation du Contrat de Ville

et réalisé par

55, rue Flégier 13001 Marseille 04 96 21 22 27 - 06 87 38 54 77 cabanon.vertical@gmail.com www.cabanonvertical.com


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