Zerocalcare
Zerocalcare
TRADUIT DE L'ITALIEN PAR BRUNE SEBAN
Titre original : Dimentica il mio nome
All names, characters and related indicia contained in this book, copyright of Michele Rech (Zerocalcare) are exclusively licensed to BAO Publishing srl in their original version. Their translator and/or adapted versions are property of BAO Publishing srl. All rights reserved. Text and illustrations by Michele Rech International rights © BAO Publishing, via Leopardi 8 - 20123 - Italia foreignrights@baopublishing.it No part of this book may be stored, reproduced or transmitted in any form or by any means, electronic or mechanical, including photocopying, recording, or by any information storage and retrieval system, without written permission from the copyright holder. For information address BAO Publishing. © 2017, Michele Rech Rights arranged through Nicolas Grivel Agency. © Éditions Cambourakis, 2017 pour la traduction française.
Tous les lundis Je ne me rappelle pas quelle année c'était. Quatre-vingt-huit, peut-être. Ou quatre-vingt-neuf, chais plus. Mais c'était un lundi, c'est sur. C'était tous les lundis.
Vous êtes en retard, m'dame, on a failli s'inquiéter.
Comment vas-tu, chéri ? * Réponds au monsieur !
Comment va M. le maire ?
Couçi couça.
Déjà tout petit je ne pouvais pas saquer les gens qui répondaient “bien”. Je peux le porter aujourd'hui mamie ?
D'accord, mais ne le renverse pas.
Et ne le donne pas aux singes !
S'il y avait un endroit au monde où j'étais bien, c'était là. Non, je leur donne pas, mais je passe d'abord voir comment va Marvin !
La semaine dernière, il était tout pelé !
* la grand-mère de Zero est française, elle appelle tout le monde chéri, et tout le monde, même sa fille, l'appelle Mamie. Tous les autres mots et phrases en français qui émaillent le texte seront signalés par *.
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Tu sais quand tu te sens comme à la maison, su^r de toi, en confiance ? Mais ne cours pas, chéri !
Et surt…out
Voilà. Moi j'étais comme ça. Je disais bonjour à tout le monde, on aurait dit le Parrain.
Hello, Cleto, ça va ? T'as bonne mine, Heidi, joli ce dégarni. … ne renverse pas le poulet.
La forme, Shin ! Attends, j'étais le maire du zoo de Rome, quand même ! 8
J'te jure, je ne comprends pas pourquoi j'étais autant à fond.
C'est parce qu'avant t'étais quelqu'un de bien.
On n'y allait pas juste de temps en temps … Tous les lundis, putain. Tous.
C'était une vraie obsession.
Quand t'étais petit, ton cerveau était spongieux, prompt à approfondir. Tu ne t'arrêtais pas au premier niveau de lecture.
Pense au nombre de fois où t'as vu Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles.
Encore. Mon cœur c'est la neuvième fois, tu
Encore.
Tu creusais. Tu ne lâchais rien.
Pauvre Mamie, comme elle devait se faire chier tous les lundis…
Je veux comprendre comment ce brontosaure pleurnichard a pu laminer un putain de t-Rex hyper balaise. Étudier les tactiques... Corriger les erreurs… () () pensé En langage gamin.
C'est le destin des gens qui t'aiment.
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Je crois que si tu veux dire au revoir une dernière fois à mamie…
Enfin… Vivante…
C'est maintenant.
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Au revoir
Quand quelqu'un meurt, une des phrases qu'on entend souvent c'est : “Je n'ai même pas eu le temps de lui dire au revoir”.
Là j'ai tout mon temps.
Voilà.
Mais comment dit-on au revoir à quelqu'un qui meurt ? Fais ce qui te vient naturellement. Ouais, mon cul. Dirait ma mère. Il n'y a rien de naturel, là. Ou savoir murmurer des phrases rassurantes.
Je voudrais savoir adopter une attitude grave, digne. Appropriée.
(Nous utiliserons un poulet en latex géant pour répéter ces scènes sans qu'il y ait d'outrage Chhh, à cadavre).
Un truc qui ferait dire : “Il a été à la hauteur”.
J'ai froid, Jim. Tellement froid…
ne dis rien.
Tout ira bien. Mais je ne suis pas comme ça. Je ne sais même pas où poser mes yeux. quatre Comment ça marche, une perf ? Combien de gouttes passent par minute ?
Un deux trois
cinq six Je me demande combien pèse ce machin. 11
Sept huit
Neuf Y sont pas un peu petits, les lits ?
Je ne regarde pas ma grand-mère, mais ce n'est pas du dégou^t.
Je me dis juste que quand on meurt on doit avoir peur. On doit se chier dessus, même. ao (+) vaffanculo, c'est Et quand on a peur, s'il y a bien … c'est la peur dans qu oi cette gueule ?? un truc qu'on ne veut pas voir… les yeux des autres. C'est si grave que ça ? Je vais crever, sérieux ? Je vais mourir, Putain je jouais un peu Jim ? les victimes pour Non… me faire plaindre, ça va mais je vais aller… vraiment mourir meeeeeeeeerde vingt-quatre vingt-cinq
vingt-trois
Vingt-deux Ah Je sais !
Bravo, Calcare ! Prends sa main !
Sa main !
En lui tenant la main je lui fais
sentir ma présence !
Ok, c'est bon. Même si je me tais et que je regarde ailleurs.
Je ne fais pas de gaffe.
Je me comporte en adulte.
Je serre fort. Je réconforte.
… te-huit
trente-neuf
quarante quarante-et-un quarant
(+) En romain dans le texte. Pour le sens et la prononciation de ces mots signalés par un (+) -, voir le glossaire à la fin de ce livre (n.d.t .).
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C'était peut-être un gémissement involontaire. Ça te distrait. Tu ne t'en aperçois même pas.
Mais, pendant une fraction de seconde.
Tu lèves les yeux.
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Et la peur, c'est la plus contagieuse des maladies. Il suffit d'un regard pour qu'elle se niche en toi. Quarante-neuf Cinquante cinquante-et-un Et tu peux toujours essayer de la virer Ă coups d'antibiotiques. 14
Timing
De toute façon, les choses n'arrivent jamais avec le bon timing.
« Bon tu peux pas rester là H 24, non plus »"
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Faire des trucs
Faire. Faire. Faire. Distraire la peur. Distraire la douleur. Agir.
En plus il y a toujours un tas de trucs à faire. La mort est la première source de galères, en Occident. Ils ont vraiment assez conHeuuu y avait plus de corbillards fiance en toi pour te laisser alors on va transporter le cercueil gérer quelque chose ? dans un camion pizza.
Je t'imagine mal t'occuper d'un enterrement.
Ah, et l'église ne répondait pas au téléphone.
Je crois que le deuil a altéré leur faculté de jugement.
J'ai deux missions.
Donc pas de curé. Mais sur la Prenestina j'ai dégoté un mime qui fait un numéro très touchant. On va lui refiler l'homélie.
Récupérer l'agenda de ma grand-mère avec les numéros des gens à prévenir pour l'enterrement et retrouver la bague avec laquelle elle voulait être enterrée.
Tu vois ? Des ta^ches concrètes. Matérielles. Essentielles. Le genre de trucs que font les adultes.
Les choses importantes.
Moi, j'ai construit un abri pour la nuit.
Moi, j'ai rapporté le dîner pour les invités.
Et toi ? T'as dessiné un tatou qui se branle ?
Non !
Ha-ha ! J'ai retrouvé l'agenda et l'anneau.
bim ! « Pour les gouverner tous ».
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Tu ne devrais pas rester avec ta mère ?
Naaan. Elle a ses frères, aussi. C'est eux qui gèrent les vraies galères.
Mais quand tu n'as pas de frère, tu ne sais pas qui appeler à l'aide dans ces cas-là. C'est dur de trouver une personne qui saura respecter ce silence.
Quelqu'un ne devait pas t'aider, toi aussi ? si, mais je commence, en l'attendant.
Le respecter.
Mais aussi le remplir. C'est bizarre d'entrer ici en sachant qu'elle n'y reviendra jamais plus.
Car elles nagent
Ne pas l'abandonner aux ombres.
Ce silence…
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dans les eaux du silence.
Quand tu n'as ni frère ni sœur, c'est une grande chance de connaître quelqu'un avec assez de tact. De délicatesse.
Qui saura combler ce silence comme ça. Sur la pointe des pieds.
Ao je montais les escaliers et j'étais au téléphone avec Roscio, tu vois ?
Y sont chelous les gens de cet immeuble, sérieux.
Je lui parlais du type qui encule des chiens, au parc Aguzzano.
Hé, je t'ai pas foutu la honte, au moins ?
Et au deuxième étage une nana s'est pointée sur le palier, elle tirait une de ces gueules…
Alors, on cherche quoi ?
Une bague ?
Sticazzi (+).
On est chez
ma grand-mère, pas chez moi.
Ouais, ma grand-mère y tenait, elle est très ancienne…
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Ammazza (+) c'était Gollum ta grand-mère ou quoi ?
Ailleurs Nous sommes trop peu…
C'est très dangereux.
Mais c'est important pour ce qui a été.
C'est trop risqué.
Silence.
Le conseil doit voter.
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Accumulation Elle ne se nourrissait que de ça ?
Pourquoi il y a des chocolats partout ?
crounch
Dans tous les tiroirs…
Chais pas, j'avais jamais remarqué… J'en sais rien, vers la fin, elle n'avait plus toute sa tête.
Va savoir ce qui se passe dans le cerveau des vieux, avec le temps. Ce que leur racontent les monstres qui arpentent leur esprit. Le processus Simple d'accumulation question de clairde chocolats et de voyance. bonbons non destinés à la consommation accroît les capacités démographiques futures.
Elle était peut-être
devenue accro aux
chocolats…
Tu admettras que je suis beaucoup moins encombrant.
Ce qui m'effraie c'est que pour elle, ces obsessions étaient parfaitement censées.
Sauf la fois où je t'ai fait acheter trentedeux paquets de plumcakes, mais il y avait une alerte rouge à la neige, je te rappelle.
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On risquait d'être bloqués à la maison pendant un mois.
Ça pourrait être ça, non ?
Ao` ! C'est ça ? Hein ?
Se (+), n'importe quoi !
On cherche une bague !
Ça non plus alors ?
Ça, c'est un samovar arabe.
Ho, une bague !
C'est un éventail russe !
T'es pas clair, aussi, quand tu décris.
Elle était française, ta grand-mère, non ?
T'es agnosique ou quoi ?
Pis c'est plein de trucs bizarres ici, on s'y perd…
Comment elle a atterri à Rebibbia, putain ?
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Dodocâlin Oui. Ma grand-mère est française. Je ne sais pas si ça explique, au moins en partie, le rapport entre elle et mon quartier. Ce malaise qui semblait l'envahir rien qu'à prononcer ce nom : Rebibbia. Mon intransigeance d'ado avait du mal à digérer ces périphrases embaRrassées.
Où habitezvous, madame ?
Oh, monsieur, près de Talenti… Montesacro…
Du côté de Ponte Mammolo…
Ben quoi, t'as honte de dire Rebibbia ??? Et pourquoi ? T'as
Parce qu'il y a une prison ?
honte devant tes amis de la haute, hein ? Bon sang je méritais des baffes, des fois.
Rien à faire, c'était imprononçable. Pire que Voldemort.
Aujourd'hui encore, je ne me l'explique pas. Je sais juste que ma grand-mère tenait à ces choses-là.
La proximité de la prison mettait peut-être à mal l'image de la grandeur française.
Aux apparences, aux bonnes manières, à une certaine élégance.
Menaçait peut-être
sa tranquillité.
Pour moi c'est le contraire. Ici, je me sens protégé. Je connais chaque rue.
Le moindre tag qui surgit.
La moindre nouvelle affiche.
Je pourrais m'y promener les yeux bandés, comme quand la nuit tu vas aux toilettes sans allumer la lumière parce que tu sais où se trouve chaque coin de meuble. Parce que c'est chez toi. 23
Voilà, à Rebibbia, pour moi, tout est sous contrôle.
Et moi je suis sous le contrôle de tout.
C'est troublant que je me sente si protégé dans un quartier qui se déploie autour de la plus grande prison d'Europe.
Surveillés.
Un immense entrepôt où sont parqués les corps indésirables.
Contrôlés.
Mais quand t'y vis depuis toujours, tu le remarques même plus. Ça fait partie du paysage. De ce que tu connais, qui te rassure. Hé, mais tu ne m'avais pas dit que tu vivais en face de la prison.
Ah ouais, j'ai oublié.
Mais bon. C'est comme quand on vit en face du Colisée. On ne dit pas tous les jours Ammazza comme c'est beau.
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Ou peut-être que la coercition aussi s'immisce en toi petit à petit. Moi par exemple, je ne suis ni condamné ni en attente de jugement, mais je ne peux pas partir de Rebibbia. 72 heures, Si je m'éloigne plus de rouges. ues plaq de vre je me cou
Vite, ma fiolbbeia d'air de Rebir. à sniffe
Et puis voilà, si je quitte Rebibbia, je n'arrive pas à dormir.
Je ne dors que dans MON quartier.
Allez amo', dors. Et fais pas chier…
Je dormirai quand on sera rentrés.
Plus que 2 jours.
2880 minutes. 172 800 secondes.
Il faut qcrueise, j'endigue la deux sinon daonnsva me heures re pour prend ite une aman tue-mouches!
172799,
172 79
Un régal, de partir en vacances avec moi.
172
Disons que j'avais une certaine prédisposition à ces problèmes. Quand mes parents se sont séparés, j'ai réagi comme ça : Je ne dors QUE dans ma chambre.
Mais quand tu deviens un colis postal, tu ne sais plus très bien où c'est, ta chambre. Le mardi et le vendredi chez moi.
Le lundi et le jeudi chez moi.
Aucun artifice rhétorique ne parvenait à me convaincre.
Chéri, tu as deux
chambres maintenant…
Les vrais hommes n'ont qu'une chambre. Tu m'as pris pour un mormon polygame de Salt Lake City, ou quoi ?
Si aujourd'hui je ne suis pas incarcéré à vie pour avoir trucidé un autre enfant à coups de ciseaux ronds suite à une psychose due au manque de sommeil, c'est grâce à une des inventions de Giochi preziosi.
qui m'a sauvé la vie.
Un ignoble sac de couchage en forme d'ours qui simulait un rapport marsupial symbiotique morbide.
Le dodocâlin.
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Avec dodocâlin j'arrivais à dormir n'importe où. Il me protégeait. Je me sentais en sécurité. Il éloignait ce qui me faisait peur. Essentiellement Freddy et le méchant de Roger Rabbit, en ce temps-là.
Dors tranquille, Calcare. Je suis là.
Voilà, Rebibbia me fait exactement le même effet. Même si mes peurs se sont transformées.
Partir ? S'éloigner ??? . Naan, oublie
une inventiornés. st e us m Eras bos désœuv inutile pour bo Comme Instagramas. et les chihuahu
Ici tout est sous contrôle.
Toi, tu n'as besoin de rien. Pas tant que tu restes ici.
Tant que Rebibbia te cajole.
Tout est sous
contrôle.
C'est vraiment très étonnant que mamie ne soit jamais tombée sous le charme. 26
Allez, raconte.
Vide ton sac.
Tu sais, ce n'est pas hyper clair pour moi non plus, comment elle a atterri à Rebibbia.
Ça va te faire du bien.
Je reste sur la brèche parce que j'ai un quart de finale tendu au Texas Holdem avec des Vietnamiens.
Mais je t'écoute.
C'est comme s'il me manquait des bouts.
J'ai beaucoup de mal à reconstituer les histoires de ma famille. J'ai toujours peur de confondre la réalité avec ce que mon imagination a produit pendant trente ans pour remplir les trous et les lacunes. Mais je suis sur d'une chose : ma grand-mère est née en Provence.
Pas loin de Nice.
Des maisons en pierre, de la lavande…
Ces merveilles à la Cézanne, dont chaque recoin semble te murmurer…
…” Tu peux crever, t'auras jamais du haut débit ici, même dans cent ans. T'as plus qu'à danser sur le chant des cigales“. 27
Une enfance bucolique ordinaire, passée à jouer avec des lézards et avec sa petite sœur. Sa sœur Mamie Suzie Lézard (Game boy des années vingt)
Puis leur mère est morte, tout à coup.
Passe, c'est mon tour !
(Je sais, je sais, il est peu probable que je descende d'une biche, mais dans mon esprit cet épisode a toujours été associé à la mort de la maman de Bambi). Leur père, que je continue à imaginer comme le grand-père d'Heidi bien que ma mère m'assure qu'il était trèèès distingué, épousa leur nounou, qui devint ainsi leur belle-mère.
Or donc, elle envoya mamie et Suzie dans un internat. Ou un orphelinat. Bref les vira à coups de pied au cul.
Ammazza. Quelle connasse.
Vas-y, on va venger ta grand-mère. Chuis meilleur pour foutre des baffes aux vieux que pour chercher des bagues, tu sais.
Tu la connaissais ?
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Bah, en fait quand je l'ai rencontrée c'était une vieille dame super gentille. Elle me serrait la main Zero. Oh, mais c'est toidonc. et je pensais à tout ce qui * Tu as grandi disne collait pas avec ce que Euuh. j'avais imaginé d'elle. Salut Tu veux des mémé.* bonbons ?*
Mon arrièregrand-mère n'était pas méchante.
Je crois qu'au fil des années on multiplie les facettes, les angles, les traits de caractère. La vie fait de nous des polygones. Derrière ces rides se cachaient à la fois la marâtre de BlancheNeige et Mamie Nova.
Quatre-vingt-dix ans d'amours, de douleurs, d'émotions, de rôles.
Ao, mais c'estrauune presse hydmé. lique, mé
Elle peut casser des noix avec les mains, non ?
Elle comprend l'italien je te signale.
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Elle est de Nice !
Tu crois que papa va venir nous chercher ?
Qu'on sortira d'ici un jour ?
Ne sois pas sotte, Suzie.
De grandes choses nous attendent.
Moi je mourrai sur le bucher comme Jeanne d'Arc. En combattant pour la France.
Évidemment qu'on sortira d'ici.
Il n'y a personne qui soit digne d'être combattu, ici.
Bon, au moins on ne pourra pas dire que ma grand-mère rêvait de passer à la Star Ac', quand elle était petite. 30
Les origines
Quand j'étais vraiment petit, genre deux ans et demi, j'aurais donné n'importe quoi pour deux choses : mon ballon orange et la nourriture. (David le gnome ça ne compte pas, c'est immatériel.) Arrête de le goinfrer, on dirait un bouddha.
Tu veux un peu de jambon ?
Lambon ! Mâche bien, hein !
C'est sain, un gamin bien en chair. C'est le seul jour de l'époque où mes parents étaient encore ensemble, dont je me souviens bien. on dirait C'est ju Ma mèr nt, graisses comme avalé une abdos faisait com une oie ! gonfl et je s stèque !
CH MOUN H C MOUN
Quand tu t'étouffes, tu as l'impression que tous les sons autour de toi s'éloignent. Ta vision se brouille.
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Les moments les plus importants de ta vie défilent devant tes yeux.
Les amitiés. Les amours. Ce que tu portes en toi.
Bouge pas, je gère.
Voilà !
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Je sais qu'ils se sont disputés, mais je ne me souviens pas de ce qu'ils disaient, c'était comme un bruit de fond. Ça devait ressembler aux récits des origines de mes héros de BD. Tu n'aurais pas du le laisser traîner près du lait concentré !
Par ta faute il a été mordu par un jambon radioactif !
Moi j'entendais seulement une voix, inconnue. Alors tu crqoiues vraiment un c'était accident ?
J'ai mis un moment à comprendre d'où elle venait. Bon sang, JFK est mort en vain !
Pour moi c'est clair, ils ont essayé de se débarrasser de toi... Page 30
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Mais après, maman a enlevé le jambon...
Je suis sur qu'on trouvera une explication pour ça aussi.
TSSS…
Oh ?
“Je vais te dire, Calca'...”
Faut qu'on se secoue, là. Ou on n'atteindra jamais tes trois ans.
M. Tatou,(+) enchanté.
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Mh-
Mon pédiatre sera représenté sous les traits de Léonidas 1er du film 300, vu leurs affinités médicopédagogiques évidentes.
ne Donc ce jeu nge ma ne homme plus...
Jeune
homme... il a deux ans et demi, docteur…
”Il a deux ans et demi“ gnagna...
Montessori, ça fabrique des Bisounours !
Il ne parle plus et il ne mange plus.
Depuis qu'il s'est étouffé avec du jambon il y a trois jours…
… et il a en permanence ce regard torve…
On arrive à peine à le faire boire.
T'as vu ? La vieille poule touche nerveusement sa poche. Je crois qu'elle cache quelque chose.
Garde tes
ciseaux ronds
à portée de main. Si elle fait le moindre geste brusque, je suis prêt à bondir.
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Et bien, très chers parents…
Il faut le laisser suivre son chemin.
ce jeune homme a fait son choix. Il doit voler de ses propres ailes. Il ne peut pas rester avec vous. Il doit commencer son agogé.
Faut croire que dans les années 80 le texte de référence des pédiatres c'était le livre de la jungle, en fait. Alors on est Laissez-le se débrouiller Oh Sainte Brigitte, comment ça d'accord. tout seul, par Zeus. ”pas avec nous“ ? Et où ça ? Il y a des structures de soutien… ? Ça fera Vous voulez en faire un mollusque cinquante-six mangeur de plum-cakes ? mille lires.
Les bois !
C'est la plus efficace des structures de soutien !
Non, non, surtout pas ça…
Bon ! Je crois que c'est la meilleure solution.
Vous pouvez payer la jeune fille à l'entrée. Sinon vous pouvez essayer le supplice de la baignoire, c'est le lundi.
Je ne sais pas…
Ta mère est bizarre…
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Tu vas passer quelques jours chez Mamie, d'accord… ?
Tout va bien se passer !
Cœur de mère brisé. Le docteur dit que c'est mieux…
Mais si tu changes d'avis, tu peux revenir…
(Comme je regrette cette rancune pure, cristalline, sans remords, qu'on ne peut ressentir que si on a moins de dix ans. Comme ça, pour le plaisir.)
Allez, allez ! * Ne vous inquiétez pas,! on va bien s'amuser
(Mes deux parents ont d^u être bouleversés, mais pour mon père ça a été un véritable 11 septembre.)
J'ai de l'expérience avec les enfants,* vous savez ? J'en ai élevé trois !
Mon seul garçon… Entre les mains d'une vieille française psychopathe… Sans personne pour lui expliquer les rudiments du foot, de la moto et des gonzesses… 37
C'en est
fini de tout... Les Dieux me puniront…
Qu'en penses-tu, ami tatou ?
On va l'observer quelques jours.
On peut lui faire confiance ?
Jouer le jeu. T'as gardĂŠ tes ciseaux, non ?
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Pour la petite histoire, au bout d'une semaine mes parents ont racheté mon affection grâce à des patates au four de la rôtisserie de Rebibbia.
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Hé, mais y a un tas de photos, là.
Hé je t'ai vexé ?
Mmm.
-le, Si t'es vexé, dissac he. e je l faut que
lle Putainopebo nne tr était nd-mère ! ta gra
Tu sais que j'y connais entions rien à vos conv, moi… bourgeoises Fais voir. Hé milf c'est un compliment, sur youporn !
Ouah la milf !
Et les autres ?
Ta grandmère c'est la blonde, non ? Ben oui…
Avec sa sœur
Regarde si c'est écrit au dos !
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