Zerocalcare LE MATIN DES MORTS-VIVANTS
LE MATIN DES MORTS-VIVANTS
Titre original : Dodici
All names, characters and related indicia contained in this book, copyright of Michele Rech (Zerocalcare) are exclusively licensed to BAO Publishing srl in their original version. Their translated and/or adapted versions are property of BAO Publishing srl. All rights reserved. Text and illustrations by Michele Rech International rights © BAO Publishing, via Leopardi 8 - 20123 - Italia foreignrights@baopublishing.it No part of this book may be stored, reproduced or transmitted in any form or by any means, electronic or mechanical, including photocopying, recording, or by any information storage and retrieval system, without written permission from the copyright holder. For information address BAO Publishing. © 2018, Michele Rech Rights arranged through Nicolas Grivel Agency. © Éditions Cambourakis, 2018 pour la traduction française.
Zerocalcare LE MATIN DES MORTS-VIVANTS
TRADUIT DE L'ITALIEN PAR BRUNE SEBAN
Je crois bien que je suis en train de mourir.
Je n'aurais jamais cru que ça se passerait comme ça. Moi, je voulais mourir sous l'impact d'un astéroi¨de, au moins on aurait tous été morts et je n'aurais pas été dégou^té de rater le clonage des dinosaures.
Ou au moins dans un crash aérien, pour que d'autres gens soient privés des dinosaures en même temps que moi. Mais quitte à mourir seul, je préfère que ce soit ici plutôt qu'à Rome Nord.
Ici, c'est chez moi. Dans mon quartier, Rebibbia (+). Du moins ce qu'il en reste. (+) En romain dans le texte. Pour le sens et la prononciation de ces mots, signalés par un (+), voir le glossaire à la fin du livre (n.d.t .).
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On ne t'avait pas dit que c'était un grosconnard ?
Tais-toi et cours.
Depuis la fois
où il
Tais
Toi
Et cours !
Il faut juste espérer qu'il n'a pas encore eu le temps de…
C'est mort. Le bus n'est plus là. Ce grosconnard nous a abandonnés comme des chiens sur le bord de la route.
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Présent.
Tu vois, lui par exemple, il y a gagné, à devenir zombie.
Ses dents étaient toutes en vrac, comme si quelqu'un avait joué aux dés avec et les lui avait replacées n'importe comment.
Et ça se remarquera encore moins quand elle sera tout étalée sur le trottoir.
Au moins, avec la gueule en charpie, ça ne se remarque plus.
Ouh !
Haem… Katja ?
Si tu veux qu'on y arrive ensemble, à cette voiture…
Ce serait genre le moment d'interven…
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Il en reste un !
Écrase-le ! Écrase-le !
Mpf.
Ça va, là ? Mm. Oui.
Madame peut repartir ?
J'espère qu'on va recroiser Paturnia (+), au moins pour le lui faire payer.
Le karma s'en chargera.
Sois patient.
C'était ici qu'était garé le bus ? Ouais. Pourquoi vous l'appelez place du Mammouth ? 12
Ne réponds pas, mâche au lieu de perdre du temps.
Allez, joue ! Ao`(+) tu me laisses bouffer sans que je m'étouffe, oui ?
Vas-y, énerve-toi si tu veux,
Sérieux tu fais chier à chaque fois, avec ce soldino (+) !
Tant que
je n'ai pas fini mon
comme une holothurie en chaleur.
soldino, je ne jouerai pas.
T'es vraiment un toxico, putain.
La victoire n'est pas un acte isolé.
Crounch crounch
C'est un parcours.
Fait de rites.
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D'abord, je mange mon soldino ...
… et après, je te défonce la gueule. Je te signale qu'on
a terminé la sauce piquante. Celui qui perd devra boire de la pisse de chien.
Je suis vraiment ravie que streetfighter vous aide à supporter notre condition
de reclus.
Je vous fais juste
remarquer que j'organise la prochaine expédition pour trouver des vivres, là.
Dans votre quartier, que je connais à peine.
Avec votre ami Sanglier qui ressemble à Rain Man version obsédé sexuel. Vous allez daigner me donner un coup de main, ou quoi ?
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Seize… Moins quatre… Je retiens un …
Oui désolé, on arrive
tout de
ASSIS Calcare.
Laisse-moi répondre, pliz. Toi, quand t'es amoureux, t'es pire qu'un
paillasson.
JE SUIS PAS AMOUREUX !
Chhhhh, sage. Mais on reparlera de cette histoire de dahu.
D'abord, chère Katja, ce n'est pas ”streetfighter“. C'est streetfighterdeux, phare de la civilisation occidentale. Tout adolescent des années 1990 a forgé son identité à partir d'un de ses douze personnages.
Elle ne me plaît même pas, Katja. Elle est super moche, même.
J'aimerais mieux embrasser un dahu. C'est plus sexy…
Tout jeune hétéro a découvert le corps féminin en appuyant sur pause quand Chun-li faisait son coup spécial et que son habit se soulevait.
Provoquant ainsi pas mal de difficultés relationnelles.
Désolé, tu n'es pas mon genre.
T'es trop parfaite.
J'aime les femmes dont on voit les pixels.
Regarde-toi, obnubilée par la nourriture, les vivres… tel un homo oeconomicus de base. … divisé par trois…
Plus neuf …
Mais alors qu'est-ce qui nous distingue des mortsvivants ?
Quoi, sinon la mémoire de ce qui a été ? Dis-moi, sais-tu comment on fait un hadoken ?
Ha !
Tu n'as pas vu la barbarie se déchaîner, dehors ?
Bas, avant et coup de poing.
L'obscurité dans laquelle est plongée l'humanité ?
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Qui transmettra le savoir ancestral des combos ?
NOUS SOMMES LES GARDIENS DU FEU. Le feu de l'hadoken.
Qui expliquera à la postérité comment on fait un fatality à Mortal Kombat ? Je ne veux pas que mes enfants grandissent dans un monde où tout ce patrimoine s'est perdu ! Et ton ami phacochère, il alimente quelle flamme, lui ?
Notre devoir est d'alimenter la flamme et de lui faire traverser la nuit !
UN VIRGULE SIX !
Un virgule six, le cauchemar.
Mais l'algorithme copulatoire est froid et sans pitié.
Avec cette
épidémie, la courbe de mes rapports s'est effondrée. En gros je baise autant que mon cousin qui a un bec-delièvre et des crou^tes sur la tête.
Zéro virgule deux de moins, même.
De plus, ma relation avec le gant de douche devient stable.
Ça m'étouffe. Et ma règle, c'est de n'avoir que des relations occasionnelles. Certes, tout pourrait s'arranger si seulement quelqu'un…
Tu peux toujours courir, cochon poilu.
Plutôt me la faire coudre à l'agrafeuse que…
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Vivre barricadé ici est une véritable catastrophe.
J'ouvre.
Ouvrez, abrutis.
Mais gardez vos armes à portée de main.
Katja, je te présente…
Les zombies ne sonnent pas
aux portes.
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… Er Paturnia. Que nous vaut ce plaisir, Patu' ?
On a recensé trente-six rescapés dans tout Rebibbia.
Trente-six. Et donc ? T'es venu nous remonter le moral ?
Répartis sur neuf appartements.
Ben, vu qu'on ne peut pas ouvri
Merci.
Vous avez fait un book ?
Non. Je suis venu vous dire qu'on doit partir.
Ce quartier est foutu.
Tous les autres ont fui. Ou ils tentent de dévorer les entrailles de ces trentesix-là.
Vous avez fait une estimation du ratio femmes/hommes ? Couples mariés/célibataires ?
Trente-six personnes, moins qu'un immeuble. Ça dérange si je fume ?
Trente-six !
Partir où, à trente-six, avec des vieux et des enfants ?
On n'a ni voiture ni essence, sinon on ne serait pas là. 18
C'est quoi ? C'est la clef du bus 341, La clef de ton pleurnichard de mes deux. journal intime où on découvre que toi aussi t'as un coeur ? Gentiment cédée par le Que tabaschauffeur après ser les pequ'un fusil de tits devant chasse sousl'école... marine lui te faisait souffrir a cramé le aussi ? cerveau.
On a ça.
50 places. Réservoir plein. Garé au centre du quartier, place du mammouth. Notre dernier espoir de nous
enfuir d'ici.
Et il part quand, le bus de l'espoir ?
Demain. Peut-être même aujourd'hui.
Je suis venu vous dire de vous tenir prêts. Quand j'aurai parlé avec tout le monde, je reviendrai vous donner un horaire.
Soyez ponctuels. C'est crucial. Je sais que votre coeur abrite un baba cool en tongs réfractaire à toute règle qui rêve de s'exprimer un jour.
Mais
gardez-le sous sédatifs.
Si vous arrivez trop tôt, vous attirerez
les zombies.
Et trop tard, faudra
partir à pied.
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