Notice diplôme architecte d'état - PFE février 2010

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La limite habitée Passage entre ciel et terre

Camille BOYE - Professeurs encadrants : Cyrille FAIVRE - Eric BABIN - Hervé DUBOIS - ENSA MARSEILLE - POLE 3 - Session février 2010



Sommaire Introduction

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I. Le site

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a. Des dimensions importanrtes (850x250) b Un patrimoine architectural intéressant c. Une richesse culturelle c 1. Un site hétérogène : analyse urbaine c 1.1. Axes et limites c 2. Rencontre entre des tissus urbains différents d. Les particularités du site

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II. Histoire du projet

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a. Programme b. Evolution, limites, liens

III. Le projet

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a. Le parcours - le cheminement b. Le parc : entre table rase et respect de l’existant c. Les logements de la barre : « la limite habitée » d. Les petites maisons : « maisons entre ciel et terre » e. Equipements e 1. Le musée

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Conclusion

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Introduction Le site du projet se situe à Marseille, autour de l’Unité d’Habitation de Le Corbusier. L’intention du projet est de révéler les qualités du site en le délimitant et en le liant à la ville. Le questionnement principal sera : « comment habiter une limite étroite » ? En partant de l’idée théorique d’habiter une clôture. Cette démarche induira une série de questions : - La limite doit-elle être franche, infranchissable ou transparente ? - Qu’est ce qui est délimité et qu’est ce qui est révélé ? - Quel est le rapport à la ville, aux bâtiments existants, au sol, au ciel ? - Quel est le parcours ? - Comment cette limite se matérialisera-t-elle lorsqu’elle touchera le sol ? - Quelle est la façon idéale d’habiter la limite ? - Quelles nouvelles ressources le projet apportera-t-il au site et au quartier ? - Pourquoi ce site ? Situé dans le neuvième arrondissement de Marseille, ce site hétérogène est relié au centre ville par différents axes. Il est desservi par différentes voiries et des transports en commun. Il présente de nombreuses richesses.

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I. Le site a. Des dimensions importantes (850x250m)

Dimension : une fois le vieux port

Dimension : neuf fois la Plaine

Le site présente une largeur et une longueur qui offrent de vastes possibilités au niveau de la conception architecturale. Les deux croquis ci-joint permettent de comprendre les proportions du site par rapport à des repères urbains connus de Marseille. Ils établissent une comparaison d’échelle : le vieux port ou neuf places de la Plaine peuvent y rentrer. b. Un patrimoine architectural intéressant

Trois bâtiments émergents

L’intérêt architectural du site vient également de l’hétérogénéité des bâtiments qui le composent avec des entités urbaines différentes, des repères architecturaux tels que L’Unité d’Habitation de Le Corbusier (1945-1952), Le Brasilia de Fernand Boukobza (1956-1957), des architectures typiquement régionales : une bastide, des maisons pavillonnaires, des entrepôts. Le projet respectera l’œuvre de Le Corbusier. S’en inspirant, il gardera néanmoins la dimension de recherche personnelle. Il ne s’agit pas d’un plagiat. Comme un écrin révèlant des trésors architecturaux, lui même révélé par le tissus urbain de la ville de Marseille.

Les limites longitudinales

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c. Une richesse naturelle Le site présente également d’autres intérêts : - des points d’eau qui permettent d’irriguer le parc et de mettre en valeur les intentions architecturales : - L’Huveaune, cours d’eau qui traverse le site transversalement et rejoint la mer. - La Gouffone, ruisseau situé en partie basse du terrain de l’Unité d’Habitation. - Le site offre une ouverture de vue vers la mer et vers les collines. c 1. Un site hétérogène : analyse urbaine

Plan de situation

c 1.1. Axes et limites : Plusieurs voies bordent le terrain : - un axe majeur le relie à la ville : le boulevard Michelet, - un axe secondaire dessert le quartier : l’avenue Mazargues. Des voies traversent le site et le relient aux deux axes cités précédemment. Le réseau de transport en commun dessert largement le site. Situé entre deux ronds-points importants de Marseille, le Prado et l’Obélisque, il est connecté à d’autres quartiers de la ville.

Axe et limites

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c 2. Rencontre entre des tissus urbains différents

Rencontre de tissu urbains

Tissu hétérogène

Dans le quartier, une densité de tissus urbains, une hétérogénéité des fonctions, des hauteurs et des formes de parcelles peuvent s’observer : - d’une part un amoncellement de bâtis de type villageois, des bâtis de faible hauteur d’un ou deux niveaux et une densité faible. - d’autre part des logements de type barre de forte densité et de grande hauteur datant principalement du XXème siècle tels que les deux entités remarquables : L’Unité d’Habitation et le Brasilia. - Enfin des commerces et des garages, plus intéressants pour leur fonction que pour leur architecture. Le site se situe à la rencontre de deux tissus urbains : un de faible densité et l’autre de forte densité. Sur le site en particulier, quatre bâtiments émergent au milieu des bâtiments éparses : l’Unité d’Habitation, le Brasilia et deux barres de logements qui ferment et marquent les limites de l’intervention coté Huveaune. C’est pourquoi mon travail consiste à relier visuellement et architecturalement ces bâtiments remarquables avec les autres logements de type barre et surtout avec le reste de la ville.

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d. Les particularités du site Au niveau longitudinal, on observe du coté de l’avenue de Mazargues, une limite routière et coté Michelet, une limite végétale formée par une allée d’arbres. Ceci délimite mon intervention. En étudiant le plan actuel, les voies secondaires qui desservent le site tel que le boulevard Barral, le long du Brasilia, apportent une transversalité au terrain qu’il semble intéressant de conserver. Limites végétales et routières

Ma démarche consistera à révéler les limites de ce terrain. A travailler sur la question : comment habiter une limite, la plus étroite possible ? Il ne s’agit pas de recréer un morceau de ville dans la ville. Le projet va consister à travailler sur la qualité de transparence et de liaison sur ce site. Il inventera un jeu de séquences, de mises en scènes révélant les limites du terrain. « Chaque intervention entraine une destruction ; détruit judicieusement. » Luigi Snozzi Je conserve seulement les quatre bâtiments remarquables cités précédemment et les relie par un jardin à l’échelle de la ville. Je mets donc en valeur le site par le vide. Le jardin fera lui même l’objet d’une recherche théorique sur la question de ce que peut être un parc à cette échelle. Un site traversant

Limite d’un parc

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II. Histoire du projet a. Programme

Figure 1 - Echelle 1/2000

Figure 2 - Echelle 1/2000

Le contexte a influé sur le programme. Un programme qui complète celui de l’Unité d’Habitation et qui apporte des éléments et des fonctions nouvelles. Il ne s’agit ni d’habiller ni de remplir un espace mais de se poser la question des besoins du quartier et de savoir comment apporter un plus à l’existant en travaillant sur le thème des limites. b. Evolution, limites, liens

Figure 3 - Echelle 1/2000

Figure 4 - Echelle 1/2000

Figure 5 - Echelle 1/2000

Figure 6 - Echelle 1/2000

Tout le travail effectué à été de rechercher comment exprimer cette limite. La figure a évolué. A l’origine, la barre qui se retourne était très fine, étroite (3,60 m de large), matérialisant la clôture du parc dont on veut révéler le vide. Mais en raison des divers questionnements sur le logement, sur la façon idéale d’habiter cette barre, sur l’implantation d’espaces communs conséquents, la barre a pris trop d’ampleur, s’est élargie, imposant sa morphologie et ses dimensions. A force de se poser des questions sur des parties du projet, sur des petites échelles, sur le logement idéal, la vision de la grande échelle a été perdue ainsi que son impact sur la ville. Nous nous sommes éloignés de l’intention initiale, de l’essence du projet. S’agirait-il simplement d’une barre de logements de 850 m de long qui s’exprimerait en façade et serait lue ainsi ? Ou d’une infrastructure dans le paysage arrivant à exprimer une homogénéité ? Quel est l’impact visuel que l’on souhaite donner sur 850 m de long et comment y placer des logements idéaux ? Tout un travail de remise en cause a été effectué pour revenir à la fois à une limite étroite (6 m de large) et pour exprimer une infrastructure dans le paysage avec des points porteurs, des connections au sol imposantes, pour donner encore plus de force à la limite en confrontant le vide du parc avec la densité du tissus urbain qui vient buter sur la clôture. 11



III. Le projet

Les limites habitées

Les recherches théoriques introduites, nous allons exposer le projet lui même, les différents éléments qui le composent, tenter d’abord d’expliquer comment le parc est délimité et de quoi sont composées ses limites. Côté avenue de Mazargue, on retrouve une grande barre de 850 m de long avec des ateliers d’artistes, différents types de logements et une grande promenade sur le toit où l’on retrouve différents types d’espaces communs. A chaque extrémité de la barre, on trouve de grands équipements : un musée près de l’Unité d’Habitation et un équipement sportif situé sur une île. On trouve également un tissus de petites maisons et de commerces de proximité qui viennent buter contre la barre et révéler le vide du parc. La limite, coté Michelet, se matérialisera par une série de petites barres qui ne seront pas traitées dans ce projet. Celles-ci seront suivies par une série de petites maisons qui existent déjà et se termineront vers l’Unité d’Habitation par un mur de 1,60 m de haut, qui au fur et à mesure que l’on s’approchera des entrées du parc, donnera une impression de décomposition qui influera sur le parcours du promeneur. Le mur n’est pas seulement un mur. Il induit le mouvement : « on le longe, on tourne avec, on se retourne avec ». Ce qui nous rappelle la question de la promenade pittoresque de R. Serra (sujet de mémoire).

La limite avenue Mazargue

Maisons : dialogue avec le contexte

Equipements

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a. Le parcours – le cheminement Au rez-de-chaussée, le promeneur est invité à participer à une mise en scène. Côté avenue de Mazargues, il y a un jeu de cadrage, d’échappées visuelles vers la parc à travers le tissus des maison et des ruelles, ainsi qu’à travers la barre de logements (entre chaque pile, on a 30 mètres d’ouverture). A partir de l’avenue de Mazargues, le promeneur va d’abord voir un tissu de petites maisons avec une échelle de quartier. Il va avoir un appel vers le parc par différentes échappées visuelles. Celles-ci vont l’inciter à aller voir ce qu’il y a derrière ce tissu et la barre. Il va s’avancer, traverser l’espace de transition que forme ce premier tissus de maisons. Il va également comprendre les connections verticales à la barre de logement qui seront indiquées par les tours de verre. Il va continuer à s’avancer, voir les différents pavillons d’entrée avec les placettes, franchir l’espace sous la barre. Celui-ci comme un seuil, introduit l’entrée du parc, espace aéré. Le promeneur va ressentir le vide crée par le parc. Croquis : vue du ciel

Vue depuis l’avenue de Mazargue

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b. Le parc : entre table rase et respect de l’existant

Vue de la barre côté parc

Le parc a également fait l’objet d’une recherche théorique. Au départ, mon idée était de faire table rase pour mettre en valeur le principe du projet. Le premier parc n’exprimait pas des intentions de projet en lui-même. Il reprenait le principe des formes aléatoires que Le Corbusier avait utilisé devant l’Unité d’Habitation. Ensuite, l’idée a muri que, malgré la démolition des bâtiments existants, des traces pouvaient être gardées ainsi que certains éléments choisis tels que des murs, des dalles, des fondations, à la manière d’un parc archéologique où l’histoire du site est gardée en mémoire. Par ailleurs, il fallait aussi que les nouvelles voies expriment et mettent en valeur l’idée de transversalité du parc.

Plan de rez de chaussée : échelle 1/400ème

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c. Les logements de la barre : « la limite habitée » Comme pour un viaduc, le système constructif est composé de piles tous les 30 mètres qui suspendent l’intérieur de la barre. La barre est multifonctionnelle. Elle présente deux façades : l’une coté ville, l’autre coté parc qui seront traitées différemment.

Duplex : vue du parc

Duplex : vue vers la mer

On y retrouve des ateliers d’artistes, différents types de logements (duplex, simplex), une grande promenade sur le toit avec des espaces communs. Quel que soit le logement, un espace extérieur précède l’entrée. Après avoir passé la porte, il y a un hall. Les espaces jour et nuit sont séparés. Pour les duplex, depuis le salon, le ciel se voit à travers la terrasse supérieure. La question de la transition intérieur - extérieur, espace public - espace privé est au cœur de notre réflexion. Il y a toujours un espace de transition que ce soit pour accéder à la barre où il y a un pavillon d’entrée ou aux logements où il faut passer par un espace extérieur avant de rentrer au cœur du logement. Bien qu’extérieurement, la barre donne l’impression d’être une unité homogène, fermée, à l’intérieur l’espace est très ouvert sur l’extérieur. On y retrouve différents types d’espaces, des logements, des ateliers d’artistes, tous traversants, baignés de lumière toute la journée, offrant autant une vue sur la mer que sur la colline et le parc. La promenade sur le toit constitue un élément fort de la barre. Elle rappelle le toit de l’Unité d’Habitation mais, ici, elle se développe sur 850 mètres de long et sur deux niveaux. Les niveaux inférieurs sont éclairés par une lumière zénithale. On y retrouve différents types d’espaces communs, des jardins à thème, des espaces de détente, de jeux. Le niveau supérieur constitue une grande promenade qui relie tous ces espaces et permet de marcher tout le long de la barre. Celle-ci s’ouvre sur le ciel et les différents horizons.

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d. Les petites maisons : « maisons entre ciel et terre » Il s’agit d’une série de petites maisons en bande qui marque la transition entre l’avenue de Mazargues et le parc. Ces maisons créent un dialogue avec la ville. Elles sont à l’échelle des maisons du quartier et recréent elles-mêmes un quartier avec des commerces de proximité, des ruelles, des jardins, ... Quelles-que soient les maisons, il s’agit de logements traversant. Leur entrée se situe directement au sol, elles ont donc une connexion directe avec celui-ci. On y retrouve, comme pour la barre, un espace extérieur de transition avant l’entrée à l’intérieur. Elles sont toutes en duplex, avec un espace extérieur : soit un jardin au sol, soit sur le toit. A partir du salon des duplex hauts, le ciel s’apperçoit à travers la terrasse supérieure.

Plan de rez de chaussée : échelle 1/500ème

Vue dans la maison

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e. Les équipements Qu’il s’agisse des équipements sportifs ou du musée, l’idée est de donner la sensation d’un volume plein flottant au dessus du sol. e 1. Le musée Au niveau du musée, la transparence se révèle aussi : depuis la route, le parc est visible à travers les vitres du musée. La séquence d’entrée : il faut d’abord franchir une passerelle posée au dessus de l’eau pour arriver dans le grand hall d’entrée. Celui-ci est de double hauteur, avec vue sur le parc et lumière zénithale.

Plan de rez de chaussée : échelle 1/100ème

Vue depuis le hall du musée

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Pour donner la sensation de volume suspendu, le bâtiment n’est supporté que par quatre piles sur lesquelles reposent deux grandes poutres de cinq mètres de haut. En sous-sol, on retrouve tout l’espace nécessaire pour les réserves et l’entretien des oeuvres ainsi que deux amphithéâtres. Les salles d’expositions se situent au premier niveau. Il y a une grande transparence d’une salle à l’autre. C’est à travers la barre que l’on accéde au toit du musée. Celui-ci offre aussi une vue sur le parc. Dans l’extrémité de la barre, se trouve l’administration du musée. Il y a donc une véritable connexion entre eux. En sortant du musée pour accéder au parc, il faut franchir une grande place qui se termine par de petites passerelles sur l’eau.

Coupe transversale : échelle 1/500ème

Coupe longitudinale : échelle 1/500ème

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Conclusion Ce travail a été pour moi très enrichissant, en particulier par la recherche et la remise en cause qu’il a provoquées. D’autres finalisations du projet auraient été possibles mais c’est la démarche et le questionnement qui ont été pour moi essentiels, plus importants que l’aboutissement du projet lui même. Les questions abordées au cours de ce travail : - Comment habiter une limite étroite avec ses richesses et ses contraintes ? - Comment créer des parcours ? Des mises en séquences du sol jusqu’au ciel ? - Comment trouver une richesse bâtie à l’image du quartier, de la ville ? Resteront toujours au cœur du questionnement de l’architecte.

Vue sur le toit

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