UNE FAILLE EN PLEIN CENTRE.
QUELLE EMPREINTE DOIT LAISSER LA VALLÉE DU GOUÉDIC À SAINT-BRIEUC?
L école nationale de la nature et du paysage Camille MAERTEN || Travail Personnel de fin d’études || 2011-2012 || Directrice de mémoire: Dominique Caire
MEMBRES DU JURY PRÉSIDENT DE JURY Marc CLARAMUNT Paysagiste DPLG et enseignant en projet à l’ENSNP
DIRECTRICE DE MÉMOIRE Dominique CAIRE Paysagiste DPLG et enseignante en projet à l’ENSNP
PROFESSEURE ENCADRANTE Sabine BOUCHÉ-PILLON Maître de conférence en biologie végétale et enseignante en botanique à l’ENSNP
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SOMMAIRE PRÉAMBULE ...Une traversée - Premières perceptions d’une relation complexe entre ville et vallées ...Un site - Une vallée - Un paysage singulier ...Le Gouédic - un mot - des sens ...Au delà du corridor
UN TERRITOIRE SIGNÉ PAR LES VALLÉES
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1. LES VALLÉES - UNE TRAME POUR UNE ORGANISATION DU TERRITOIRE..............................18
. Une topographie unique, qui fait de Saint-Brieuc une ville enserrée dans ses vallées Un socle dur à l’origine des vallées encaissées
2. VALLÉES ET OCCUPATION HUMAINE - UNE RELATION COMPLEXE........................................26
. Le bassin versant du Gouët: territoire d’enjeux liés à l’eau Le Gouédic petit ruisseau dans un système hydrographique complexe et pressurisé, quels défis? La vallée un obstacle à surmonter - Évolution de la forme urbaine au cours du temps Une ville de terre reliée à la mer Les ponts perception détachée de la vallée- un système de liens radical presque déconnecté de la ville Identité Grandes unités paysagères dans lesquelles s’insèrent les vallées La vallée dans son enveloppe urbaine complexe Confrontation entre deux paysages
3. LES VALLÉES - STRUCTURES ET LOGIQUES TERRITORIALES À RENFORCER.........................48
UN TERRITOIRE D’ENJEUX ENTRE CONTINUITÉ ET CENTRALITÉ
50
1. UNE VILLE À L’INTERFACE DES PROJETS DE TERRITOIRE....................................................52
. A l’échelle du Pays de Saint-Brieuc - Aller au delà du corridor écologique A l’échelle de l’agglomération - Assurer la continuité A l’échelle de la ville - Mettre en réseau - connecter - aménager
2. PÉRIMÈTRES DE PROTECTION - LA BAIE AU CENTRE DES ATTENTIONS..............................60 3. ENJEUX DE NATURE EN VILLE - LE RÔLE DE LA VALLÉE......................................................62
UNE VALLÉE DANS LA VILLE - LIEN OU RUPTURE?
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1. LA VALLÉE ET L’HOMME..............................................................................................70
. Une productivité au service de la ville Les traces d’une occupation - Une vallée patrimoniale? Des perceptions qui ont évolué au fil du temps La Vallée - Des préoccupations - Des envies
2. SÉQUENCES...............................................................................................................78
. Une vallée dans la ville - un parcours séquencé
3. CONTINUITÉ...............................................................................................................88
. Le Gouédic un lien au fil de l’eau oublié Cheminer au fil de la vallée - Une amorce à prolonger Le végétal: banalisation des espaces traversés - Une continuité des milieux aujourd’hui inexistante
4. POROSITÉ ET TRANSVERSALITÉ................................................................................104
. D’une rive à l’autre - Des différences à valoriser La vallée vue d’en haut - Un manque de contact Les vallons - Des paysages transversaux aux potentiels inexploités Le Chemin de l’eau vers le Gouédic- Une trame à renforcer Accessibilité - traverser ou rentrer
EXPRIMER LA VALLÉE DANS SON ENVELOPPE URBAINE COMPLEXE
124
1. ENJEUX DE LA VALLÉE DANS LA VILLE ENTRE POTENTIEL DE NATURE ET ATTRACTION URBAINE.................................................128 2. PARTI PRIS - L’ENVELOPPE ET SON DIALOGUE AVEC LA VILLE......................................130
. Le socle de la vallée - Nouvel espace de relation Faire revivre le paysage de fond de vallée Révéler le paysage des vallons transversaux comme des liens entre plateau et vallée Accéder et cheminer Le dialogue entre l’enveloppe et la ville
3. RÉFÉRENCES AU PROJET.............................................................................................144 .....Conclusion ....Bibliographie
PRÉAMBULE
Mon envie de travailler sur ce site est partie d’une certaine frustration à la découverte d’un véritable espace de nature dans une ville très minérale et étalée. J’ai vite perçu un espace peu arpenté, délaissé, et mal vécu par les habitants de Saint-Brieuc. J’ai donc eu envie de comprendre pourquoi cet endroit était devenu un lieu ignoré et mal aimé, alors qu’il avait sa place dans la mémoire collective des briochins. Dans un ensemble qui peut paraître relativement austère pour tout non initié, les vallées m’ont parlé de cette ville différemment. C’est le contraste radical entre une étendue urbaine et un univers encaissé, végétal et atypique qui m’a frappée. Les vallées qui ont complètement marqué la construction de Saint-Brieuc, ont permis, au fil de son histoire, la spécificité et la réelle cohérence de l’ancienne trame urbaine de cette ville. Ces marqueurs de la logique urbaine n’ont plus de réel sens aujourd’hui. Les vallées sont presque devenues des espaces hors la ville, peu fréquentés, délaissés,
et non perceptibles. La Vallée du Gouédic a attiré particulièrement mon attention car dans la forme urbaine d’aujourd’hui, elle coupe presque la ville en deux. Elle a un rôle central que l’on perçoit en cartographie mais qui dans la réalité est complètement invisible. Elle est au coeur même des quartiers. Elle m’a paru immédiatement comme un élément de territoire à part et atypique dans une ville. Révéler la qualité de cette vallée dans sa morphologie et sa position, et envisager le potentiel d’accroche et de relations entre les différents quartiers semblaient être un véritable enjeu à l’échelle de la ville. Sentiment de Nature en ville... Je me suis rapidement demandée si un tel espace de nature en ville était possible, et de quelle nature il était question. Peut-on parler de nature urbaine? Dans un espace qui a subi des assauts humains multiples et variés:
remblais, déblais, imperméabilisation des sols, détournement de cours d’eau, extraction de roches, plantations exotiques, quel sens peut avoir alors l’expression nature urbaine. Et quelle définition en terme de milieux, d’actions sur le paysage peut-on lui donner? La pente Ce sujet du devenir de la vallée du Gouédic dans l’espace urbain amène indéniablement une réflexion sur l’accessibilité, et sur le rapport de la ville aux pentes abruptes qui mènent au fond de vallée. Depuis le début de ma rencontre avec le site, j’ai refusé de voir le dénivelé comme une contrainte insurmontable et la justification d’un total abandon de la vallée. La perception de la richesse et du potentiel du paysage de la vallée m’ont amené à envisager les coteaux boisés comme des possibilités de réfléchir sur la manière d’occuper la pente. Comment peut-on cheminer en pente? Est-il possible de s’approprier le dénivelé, de l’habiter? Quels usages inventer?
Approche Dans mon chemin vers le projet, j’ai eu besoin de comprendre dans quel système se place la vallée du Gouédic, mais également pourquoi elle avait été vécue puis délaissée. C’est pourquoi je replace dans ce mémoire le Gouédic dans le système auquel il appartient: 3 vallées pour une seule ville. Deux notions me paraissent importantes pour définir la manière dont je vais manipuler le site et pouvoir l’observer sur toute les coutures: la continuité et la transversalité. La continuité sens de la marche en fond de vallée, direction de l’eau. La transversalité est peut être la notion la plus fondamentale puisqu’elle replace la vallée dans le sens des relations interquartiers. Elle relie deux morceaux de territoire séparés par une faille. Là est je l’espère mon travail: comment la FAILLE peut être vecteur de lien dans la ville de demain.
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UNE TRAVERSÉE - PREMIÈRES PERCEPTIONS D’UNE RELATION COMPLEXE ENTRE VILLE ET VALLÉES La RN12 - une zone industrielle, succession de boîtes - un mur antibruit - une vallée - une deuxième - des boîtes des champs. Difficile de comprendre Saint-Brieuc depuis une traversée ferrée ou routière. La pellicule défile. On perçoit pourtant des incisions dans ce socle si rapidement parcouru. Chaque incision paraît différente, celle du Gouët est directement liée à l’espace maritime avec ses coquilles qui flottent. La vallée du Douvenant paraît plus tranquille, peu perceptible et parle du territoire agricole. La vallée du Gouédic est une entaille, sorte de coupure boisée qui apparaît brutalement dans un paysage urbain. La RN12 regarde la ville de haut, la survole, et parfois s’en cache. La ville n’a donc pas une relation très apaisée avec ses franchissements qui l’effleurent, et la tiraillent. Difficile de percevoir des limites, tant la ville s’étend et les zones d’activités se succèdent. Les vallées viennent rompre cette banalité. Elles sont des échappées, des perspectives dans le paysage. Le point de départ d’un imaginaire. Elles invitent à dérouler le fil de leurs vagabondages. Où arrivent-elles? Quels paysages traversent-elles? Premiers contacts... La vallée m’interroge car elle est à la fois si proche de la ville et si éloignée. Un dialogue entre ces deux éléments est-il réellement possible? Je découvre un univers unique, proche des mythes, entre terrain vague, et forêt imaginaire. D’abord inquiétante, peu rassurante, elle devient une formidable pause dans l’ambiance urbaine de granit. >> Approche sensible du territoire des vallées - 3 marques dans le paysage
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UN SITE - UNE VALLÉE - UN PAYSAGE SINGULIER
VALLÉE
« Dépression allongée creusée par un cours d’eau. Une vallée a des versants, un fond plus ou moins plat; on décrit son profil en travers et son profil en long. Elle est ample ou encaissée, parfois en gorge. » LES MOTS DE LA GÉOGRAPHIE : DICTIONNAIRE CRITIQUE
La vallée est-elle rupture, ou alors un fil qui se déroule et lie sur son passage? La vallée représente un trait dans le paysage. Elle signe le socle terrestre. Elle s’individualise du reste de son environnement par la rupture que crée sa forme «en creux»: elle constitue donc un élément particulier du paysage. Par sa topographie et sa forme en creux, elle est donc singulière. La vallée, d’après moi, comporte une dualité. En effet, elle est un «monde» à elle seule, avec ses ambiances, ses atmosphères, ses paysages particuliers. Mais elle a une possibilité d’accroche des paysages qui l’entourent. Elle fait partie d’un ensemble et est directement reliée aux plateaux. Le SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) du pays de Saint-Brieuc définit les vallées comme une entité à part entière. Elles ont été intégrées comme une réelle spécificité du territoire et il est reconnu que ces entités du paysage représentent des enjeux forts dans l’organisation du territoire, de l’implantation humaine, des réseaux, etc...
« Les paysages du pays de Saint-Brieuc comportent une spécificité: les paysages
«transversaux» des vallées encaissées. Ils traversent différentes entités paysagères (rurales, urbaines, estran) et paraissent sous une multitude de formes et de points de vue. Ces différents paysages s’organisent globalement d’une manière concentrique autour de la baie.
»
11
>> Approche sensible de la vallĂŠe du GouĂŠdic Un espace singulier
LE GOUÉDIC - UN MOT - DES SENS Le Gouédic dans la ville prend parfois l’apparence de panneaux. Dans le paysage visuel des habitants et des arpenteurs de la ville, l’information n’est pas très claire. Aujourd’hui le mot «Gouédic» présent dans le paysage urbain de Saint-Brieuc correspond le plus fréquemment à un parking. Cette infrastructure importante comporte plusieurs entrées, qui donnent directement sur la vallée. Elle est largement renseignée par rapport aux accès qui permettent réellement d’accéder à la vallée. Ces informations multiples renforcent la confusion qu’il peut y exister dans la lecture du territoire et de son organisation. Dans un territoire urbain aujourd’hui relativement morcelé et composite, «les mots dans la ville» ont toute leur importance et se doivent de donner un sens. La signalisation a son importance en ville. Elle participe à l’orientation et à la compréhension du territoire par tous. Quels mots, quelle représentation, pour quelle signification? La signalétique doit transcrire la réalité des espaces par sa forme, et le vocabulaire qu’elle emploie.
UN PARKING, UN SENTIER, UN ACCÈS, UNE RUE, UNE VALLÉE, UN CHEMIN...
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>> La vallée dans la ville, reportage photographique sur les mots qui expriment la vallée dans le paysage visuel de Saint-Brieuc
AU DELÀ DU CORRIDOR
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La vallée par sa morphologie porte cette notion de couloir et donc de passage pour la biodiversité, les déplacements, l’eau... Elle induit une notion de continuité, qui n’est pas toujours une évidence dans la réalité. Car même si la vallée forme un couloir par sa topographie, qui l’isole presque du socle, elle peut être morcelée, artificialisée et fragmentée. Les vallées représentent des supports évidents dans les perspectives de développement des trames vertes et bleues. Dans la réalité urbaine, la vallée doit négocier avec des usages différents: envies de loisirs, pression urbaine, pollutions, artificialisation des sols, envie de nature domestiquée. La vallée aurait dans un contexte urbain un double enjeu à relever: être vecteur de continuité, mais aussi de transversalité afin d’être la colonne vertébrale du nouveau maillage. Elle doit amener la nature au coeur de la ville, mais permettre des usages urbains.
1.
UN TERRITOIRE SIGNÉ PAR LES VALLÉES
17
1.
LES VALLÉES - UNE TRAME POUR UNE ORGANISATION DU TERRITOIRE
La ville de Saint-Brieuc est à l’interface de deux grands plateaux littoraux: le Penthièvre et le Tregorrois. Ils sont caractérisés par leur relief en creux. C’est un territoire incisé, bosselé, par un réseau hydrographique très ramifié.
Saint-Brieuc Brest
Rennes Quimper Lorient Vannes
LES VALLÉES ENCAISSÉES RYTHMENT LE PAYSAGE DE PLATEAUX AGRICOLES AUTOUR DE LA BAIE
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>> Relief du département des Côtes d’Armor, source Conservatoire Botanique National de Brest 19
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>> Les vallées qui convergent vers la baie, d’après la couche hydrographique de Géoportail, source IGN
Au contact de la mer, le massif armoricain se transforme en paysages rythmés par la succession de vallées encaissées et de falaises.
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C’est également un territoire de contraste qui offre des formes d’aplanissement et d’autres de forte altération: gorges, éperons rocheux et falaises.
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Le réseau hydrographique a incisé pendant des millions d’années, avec des épisodes d’érosion plus ou moins violents le socle du massif armoricain.
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Lovée dans la baie qui porte son nom, paradoxalement, SaintBrieuc est une ville profondément ancrée dans ses vallées qui ont longtemps limité l’ascension de la ville vers la mer et qui ont toujours formé les limites logiques de la ville.
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UNE TOPOGRAPHIE UNIQUE, QUI FAIT DE SAINT-BRIEUC UNE VILLE ENSERRÉE DANS SES VALLÉES La topographie du territoire fait la spécificité de cette ville et a dicté l’implantation humaine au fil des temps. Trois vallées marquent le territoire briochin, celle du Gouët, du Gouédic et du Douvenant. Celles du Gouët et du Douvenant dessinent les limites communales actuelles de Saint-Brieuc. La vallée du Gouédic est donc intérieure aux limites de la commune, insérée dans un système de vallées qui convergent vers la mer. Les vallées du Gouët et du Gouédic forment un éperon qui coupe et isole le centre historique de Saint-Brieuc du paysage de la baie. La ville est plus en lien avec son port façade maritime industrielle, que reliée directement à la baie, paysage naturel.
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>> Topographie du territoire de Saint-Brieuc, SIG de la commune de Saint-Brieuc - couche des courbes paires
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>> Modelé topographique, depuis la couche Alti de Géoportail, source IGN
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UN SOCLE DUR À L’ORIGINE DES VALLÉES ENCAISSÉES
Les formes du relief sont liées à la nature des roches (granit, schiste, grès), plus ou moins résistantes à l’érosion.
Le granit est une roche dure et donc résistante à l’érosion. Ce phénomène très lent et ancien est à l’origine du caractère encaissé des vallées. La géologie explique la morphologie du territoire et donc ici, à Saint-Brieuc, est directement liée à l’occupation humaine actuelle. Ainsi les fonds de vallée plus larges ont accueilli des activités diverses (industrielles, portuaires, etc...). Ces espaces d’ouverture dans la vallée ont favorisé également une certaine implantation urbaine. La morphologie du Gouédic, ses formes, ses cambrures s’expliquent donc en partie par son histoire géologique. Les fonds de vallée plus larges signalent souvent la présence de schiste: roche moins dure et plus sensible à l’érosion que le granit.
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Granodiorite de Saint-Brieuc
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Le Gouédic et ses courts affluents traversent principalement deux formations rocheuses: la granodiorite de Saint-Brieuc, roche granitique, longtemps exploitée; et les migmatites de Ploufragan, roches plus grenues et friables.
Amphibolites
Migmatites de Ploufragan
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1 km
>> Les formations rocheuses traversées par la vallée du Gouédic, Source publication VivArmor Nature, chapitre Géographie
Une géologie bousculée avec une prédominance de granite.
Des vallées encaissées signes de la présence d’un socle de roche dure. 25
Des formes de relief qui émanent de le nature des roches.
>> Le socle- relief et composition, travail sur le relief en maquette et superposition de la couche géologique, source BRGM
2.
VALLÉES ET OCCUPATION HUMAINE - UNE RELATION COMPLEXE
Entre des paysages littoraux convoités et des paysages agricoles largement exploités, le territoire de SaintBrieuc s’avère regrouper des enjeux complexes et très contrastés. Le territoire du Pays de Saint-brieuc s’organise par bandes successives, depuis un paysage de littoral relativement urbanisé, jusqu’à un paysage agricole de bocage fermé, en passant par un paysage agricole ouvert. Les vallées sont donc les seuls éléments transversaux du paysage. Elles ont réellement un rôle de lien entre des paysages d’arrière-pays et de littoral.
LA SINGULARITÉ DE LA VALLÉE PAR RAPPORT AU MILIEU DANS LEQUEL ELLE S’INSÈRE Les vallées sont également des éléments de paysage singuliers, des entités paysagères à elles seules, caractérisées par la morphologie de leurs cours d’eau, leurs typologies végétales et leur histoire. Les paysages de vallées sont caractérisées par trois sous-entités paysagères: les versants boisés, les boisements rivulaires, les prairies de fond de vallée et leur cours d’eau douce associé. L’inscription des vallées dans le paysage est changeante en fonction des différentes unités paysagères qu’elles traversent. Les vallées sont moins inscrites dans des paysages agricoles ouverts, comme dans le cas de grandes cultures céréalières. Cette pratique culturale a en effet entraîné la disparition des types de végétations relatives aux vallées. Dans les zones de paysage mixte ou de transition, les vallées constituent au contraire des structures fortes du paysage, avec une végétation caractéristique qui est bien présente. Enfin, dans les paysages de bocage, plus fermés, la lisibilité de l’inscription des vallées est moins évidente : les végétations spécifiques aux vallées se confondent avec la végétation spécifique du bocage.
« Soumis aux problématiques inhérentes aux hydrosystèmes mais également à des enjeux multiples et plus globaux liés à la notion de cadre de vie, ces paysages se trouvent aujourd’hui au cœur des politiques de gestion. » (Lespez et al., 2008)
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N 0
10 km
Paysage de vallée Paysage urbain
Paysage agricole bocager
Paysage d’estran
Paysage agricole ouvert
Boisements d’envergure
Paysage littoral
>> Carte des paysages du pays de Saint-Brieuc, Source Diagnostic de territoire Pays de Saint-Brieuc
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Espaces urbanisés Espaces agricoles Bassin versant du Gouët
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>> Bassin Versant du Gouët, Source SAGE
5 km
LE BASSIN VERSANT DU GOUËT: TERRITOIRE D’ENJEUX LIÉS À L’EAU Le bassin versant du Gouët couvre 195 km2. Il traverse des territoires contrastés: espaces agricoles, zones de loisirs, zones industrielles, piscicultures, espaces urbanisés,..., qui ont un impact fort sur sa morphologie et son écologie. Il est également à l’origine de production d’eau potable pour tout un territoire, et se déverse dans la baie: espace naturel remarquable à protéger. Diverses problématiques affectent ce bassin versant : les plantes envahissantes (la Renouée du Japon), les inondations avec les lâchers du barrage à gérer, l’envasement de la retenue et du port et les marées vertes, relativement importantes. Le Gouédic: rivière principalement urbaine, fait partie intégrante du bassin versant, et a donc un rôle important à jouer dans les grands enjeux de demain planifiés à l’échelle de ce territoire. Le Gouédic est caractérisé par sa forte artificialisation. Il récupère les eaux de ruissellement d’une grande partie de la ville de Saint-Brieuc.
ESPÈCES ENVAHISSANTES
ARTIFICIALISATION DES BERGES
POLLUTION URBAINE
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LE GOUÉDIC PETIT RUISSEAU DANS UN SYSTÈME HYDROGRAPHIQUE COMPLEXE ET PRESSURISÉ, QUELS DÉFIS?
Manche Confluence avec le Gouët
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Rivière du Gouédic et ses affluents
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Espace urbanisé
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>> Pour former le cours d’eau du Gouédic, quatre petits ruisseaux se rejoignent. >>Bassin versant du Gouédic : 38 km2
Gouédic: la petite rivière Hydronyme issu du celtique gwas: cours d’eau.
1 km
Sur l’ensemble du bassin versant, les cours d’eau ont formé des vallées très encaissées, caractérisées par des pentes fortes (> 7 %). Traversant principalement des espaces urbains, le Gouédic récupère les pollutions urbaines des plateaux. Il draine une grande partie des zones urbanisées de Ploufragan et Saint-Brieuc. Le Gouédic est donc un maillon dans l’ensemble du bassin versant du Gouët mais il a sa place et son impact n’est pas à négliger puisqu’il traverse la principale agglomération du bassin versant. Les cours d’eau qui traversent Saint-Brieuc font tous partie d’un même ensemble hydraulique: le bassin versant du Gouët. Si le Gouët et le Douvenant traversent en amont des espaces agricoles et sont donc fortement chargés en nitrate par exemple, le Gouédic est exposé à une situation bien différente. Sa morphologie a été complètement modifiée. Il a été dévié, enroché, et remblayé par endroits.
Ruissellement important
Fortes pluies
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rapide
des pollutions vers le cours d’eau
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LA VALLÉE UN OBSTACLE À SURMONTER - ÉVOLUTION DE LA FORME URBAINE AU COURS DU TEMPS
La ville de Saint-Brieuc est restée longtemps enserrée dans ces deux vallées: celle du Gouët et du Gouédic; qui ont formé pendant des siècles les barrières naturelles de la ville. La ville ancienne se pelotonna, se recroquevilla entre ces vallées. C’est très tard, au début du XXème siècle que la ville se lance à la conquête du plateau «d’en face». En 1934, s’installe la Cité-jardin de la ville Ginglin. Les extensions urbaines successives finirent par aspirer les petits hameaux environnants, suite à la construction fin XIXème et début XXème d’ouvrages révolutionnaires: les ponts et les routes de corniche, qui permirent de franchir ces obstacles que représentaient les vallées. Saint-Brieuc est donc une ville de plateaux, qui, malgré sa situation encastrée, est devenue un point de convergence important à l’échelle de la Bretagne.
1785
1847
1918
>> Évolution de la forme urbaine en fonction des vallées, depuis les fonds de plan Archives Municipales de Saint-Brieuc
33
>> Les ponts: des fils tendus entre deux plateaux
1938
1970
2010
>> Extrait de la carte Cassini, 1785
UNE VILLE DE TERRE RELIÉE À LA MER
La ville de Saint-Brieuc grâce en partie aux ouvrages d’art s’est «rapprochée» de la mer. Saint-Brieuc est une ville de terre et de vallées. Les préoccupations environnementales, paysagères à différentes échelles du territoire font que la baie prend une place certaine dans ce qui caractérise l’identité de Saint-Brieuc. C’est en fait surtout un atout important pour la ville carrefour touristique sur la route de la mer. Les vallées organisent aujourd’hui le territoire, elles forment des limites mais aussi font partie intégrante de la ville.
« Ville au bord de la mer, ou du moins voisine toute proche: de n’importe quel coin de rue un peu surélevé, on aperçoit la Manche. Et cependant, rien, dans la mer, n’a contribué à fixer et à développer la ville. Il y a bien un port, au pied, Le Légué. Mais ce port a une activité parce qu il y a une ville. Saint-Brieuc a créé Le Légué, et non l’inverse. C’est donc une ville de Bretagne intérieure, qui s’élève ainsi à 4 kilomètres de la mer.
»
HUON R., Étude de Géographie Urbaine, 1946
1785
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>> 1785 - 2010 - Deux époques - Deux rapports de la ville à son territoire complètement différents. En 1785, la ville est ancrée entre la vallée du Gouédic et celle du Gouët. En 2010, elle entretient un rapport plus hybride avec les vallées, qu’elle a franchies et conquises. Les vallées restent, cependant, des espaces de contraintes fortes, qui demandent une vraie réflexion en terme d’organisation du territoire.
LES PONTS PERCEPTION DÉTACHÉE DE LA VALLÉE- UN SYSTÈME DE LIENS RADICAL PRESQUE DÉCONNECTÉ DE LA VILLE Chaque pont parle d’une époque, d’un besoin de l’homme sur son territoire. Chaque pont qui traverse le territoire de Saint-Brieuc a donc son propre caractère en lien avec son architecture. Ces ouvrages font aujourd’hui partie intégrante du paysage de Saint-Brieuc. Ils ont également fortement influencé la perception que les briochins ont du paysage qui les entoure. Aujourd’hui, le caractère routier de la plupart des ponts est notable.
>> Le viaduc de Toupin, 1925
>> Le viaduc de Toupin et la RN 12, 2011
RN 12 Pont d’Armor Pont qui relie les quartiers, mais qui a une typologie routière
840 m
Caractère routier Perception détachée de la ville, crée une rupture
Pont de la voie ferrée
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Ce n’était sans doute pas sa préoccupation première mais, par le tracé qu’il a conçu, Louis-Auguste Harel de la Noë permet aux voyageurs ou arpenteurs de la ville de profiter d’une vision nouvelle des paysages. La plupart des ouvrages d’art ouvre de larges perspectives et permet à chacun, depuis le train, de dominer les côtes et les vallées, une situation tout à fait nouvelle à l’époque. Mais son impact ne se limite pas à la traversée des vallées et des campagnes. Dans les villes, l’urbanisme s’en trouve complètement modifié. Saint-Brieuc en est un exemple caractéristique: boulevards suspendus et viaducs franchissant les vallées offrent aux briochins une nouvelle façon d’aborder leur ville. A cette époque, Saint-Brieuc est une ville relativement ouverte. Louis Harel de la Noë fait le choix de lui marquer des limites: ses ouvrages signeront la frontière entre l’urbain et les vallées. A l’exemple du pont de Gouédic qui de tout évidence, était pensé comme étant l’une des portes d’entrée de la ville. La majorité des parcours permettait aux voyageurs de découvrir le paysage comme un travelling cinématographique. Hors série du CG des cotes d’armor, Hors Série Nº4, Mai 2005, Un train nommé souvenirs..., ed Conseil Général des Côtes d’Armor Les ponts sont devenus véritablement des éléments identitaires de la ville et du territoire de Saint-Brieuc. A travers eux se confrontent parfois, deux visions du territoire: une perception locale de la ville avec le pont de Gouédic ou de Toupin, et une vision territoriale amenée par le pont de la RN12, qui est par conséquent déconnecté du territoire local qu’il traverse. Les ponts et leur architecture peuvent créer des espaces intermédiaires, sans véritables usages. Ils deviennent alors parfois un lieu d’expression ou de délaissé.
ENJEUX Ancrer les ponts dans la ville, leur redonner une place en cohérence avec ce qu’ils peuvent apporter comme liens. Ne pas envisager les ponts seulement comme un réseau d’infrastructures dédié à la voiture. Traverser autrement.
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IDENTITÉ
3 vallées pour une ville Saint-Brieuc est donc une ville complètement marquée par ses vallées. Ces fractures dans le socle ont complètement marqué l’organisation du territoire briochin et font partie intégrante de l’identité de la ville. La ville tente de d’affirmer ce caractère fort du territoire. Dans la réalité, la relation entre ces entités est moins évidente. Les vallées deviennent parfois des espaces presque «hors la ville».
3 traits - 3 paysages singuliers VALLÉE DU GOUËT > Territoire maritime
VALLÉE DU GOUÉDIC > Territoire urbain
VALLÉE DU DOUVENANT > Territoire agricole
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>> Sur la route Paris-Brest, Sc. Georges Reverdy
GRANDES UNITÉS PAYSAGÈRES DANS LESQUELLES S’INSÈRENT LES VALLÉES
« Le milieu d’insertion de la vallée joue un rôle important et détermine le degré de singularité du paysage : une vallée incisant le paysage ouvert d’un plateau céréalier n’a pas le même impact paysager qu’une vallée traversant un paysage de bocage.» Un territoire de contraste. La vallée du Gouédic traverse deux grands ensembles de paysage de plateau: 1. le plateau habité à dominante minérale, caractérisé par une urbanisation relativement dense. 2. un espace périphérique à la ville de Saint-Brieuc, mélange de zones d’activités et industrielle, d’espaces agricoles, et d’habitat diffus. Les enjeux sur ces deux grands ensembles paysagers sont très différents, d’autant plus que le profil de la vallée est très différent dans l’enveloppe urbaine et à l’extérieur.
>> Quand agriculture et infrastructure urbaine se côtoient - SaintBrieuc
ENTRE ESPACE OUVERT AGRICOLE ET VILLE MINÉRALE, UN TERRITOIRE DE CONTRASTE
>> Espace agricole ouvert - Trégueux, Google earth
>> Quartier centre - Saint-Brieuc
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500 m
Espace urbain dense
Espace agricole
Zone industrielle, zone d’activité
Espaces boisés
LA VALLÉE DANS SON ENVELOPPE URBAINE COMPLEXE Si la limite administrative de la ville a conservé une logique topographique, l’urbanisation, elle, a dépassé ses frontières naturelles que sont les vallées. Au sud de la ville, là où la topographie est la plus douce, le tissu urbain s’est étendu, faisant oublier la morphologie si particulière du territoire. La vallée du Gouédic s’insère dans un paysage urbain complexe. Un paysage fabriqué, mélange d’époque, à la trame viaire peu lisible. À Saint-Brieuc, on a l’impression que la ville n’a pas de frontières. Les quartiers résidentiels offrent leur slotissements blancs aux toits d’ardoises, à l’infini. Les ruelles qui les desservent tournent en rond. Cette trame urbaine banalisée ne facilite pas une lecture du paysage de plateaux.
En plein centre de Saint-Brieuc - La vallée encaissée Gouédic 40 m
Centre-Ville 86 m
0
1.
400 m
A l’extérieur de la ville, des vallées moins marquées Vallée de Ploufragan - Les Chatelets 130 m
0
400 m
Vallée des Villes Moisans 105 m
2.
43
1.
2.
CONFRONTATION ENTRE DEUX PAYSAGES
« Une autre dualité qui traverse constamment la lecture des paysages bretons est l’opposition entre des paysages difficilement accessibles et des paysages de l’ouverture.» Laurence Le Du-Blayo - Le Paysage en Bretagne - Enjeux et Défis
Les vallées encaissées sont des failles dans le paysage urbain. Elles induisent une certaine confrontation. La ligne de haut de coteau sépare deux mondes: le plateau urbanisé et la vallée (ses coteaux boisés et son fond de vallée). L’un est bâti, maîtrisé et caractérisé par son organisation; c’est la ville. L’univers qui s’y oppose, celui de la vallée, est beaucoup moins évident à dominer. Il est caractérisé par une générosité végétale, une certaine liberté d’expression des éléments qui composent la vallée, et une part d’inattendu. Quand la ville veut s’isoler de la vallée, elle crée des limites plus ou moins hermétiques, qui viennent banaliser ces deux entités. << Forme urbaine qui s’appuie sur la topographie de la vallée SIG couche cadastre et topographique , Saint-Brieuc
>> Des limites dans la ville. De part et d’autre de la vallée du Gouédic
45
>> Deux univers qui se confrontent Implantation du bâti par rapport à la vallée du Gouédic
QUAND LA VILLE REGARDE LA VALLÉE
La ville nouvelle s’est également construite par rapport à la vallée. Elle s’est servie de cette vallée non seulement comme un élément structurant d’une nouvelle trame urbaine mais également comme une limite déjà donnée. La ville nouvelle s’inscrit donc comme un promontoire par rapport à cette vallée, profitant d’une vue précieuse sur un univers végétal. Par la sur-abondance de limites ou par la très grande présence d’infrastructures: boulevards, parkings,...; la ville s’est déconnectée de sa vallée. Elle regarde de haut la vallée. Les espaces autrefois de belvédères permettaient un véritable dialogue entre ville et vallée. Aujourd’hui, ils ont quasiment tous été remplacés par des parkings, ou des boulevards urbains très passants.
>> La Tour d’Armor par sa hauteur et sa position en surplomb sur la vallée du Gouédic, est devenue un élément emblématique, sorte de «phare» dans le paysage de vallée
>> Lotissements individuels, quartier Ville Bastard
À LA RECHERCHE DE LIENS... Quel espace de contact entre ville et vallée? La ville ne peut se contenter d’observer la vallée d’un oeil distant. Pour que ces deux entités se comprennent, il est nécessaire qu’une certaine porosité s’installe: que cet espace de contact qui unit deux paysages contrastés ne vienne pas rompre les relations indispensables entre la ville et l’univers végétal de la vallée.
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Cette recherche de liens se situe d’après moi au niveau des limites entre plateau urbanisé et vallée. Ces limites doivent parler de ces deux mondes sans vouloir opposer l’un et l’autre. ENJEUX Repenser les limites entre plateau urbanisé et coteaux. >> «Immeuble avec vue», quartier Europe
3.
LES VALLÉES - STRUCTURES ET LOGIQUES TERRITORIALES À RENFORCER
0
>> Carte des enjeux à l’échelle du territoire sur lequel s’est implanté Saint-Brieuc
2,5 km
3 VALLÉES- 1 PROBLÉMATIQUE COMMUNE: LEUR RELATION AU SOCLE ET À UNE IMPLANTATION HUMAINE COMPLEXE Une vallée traverse des paysages différents. Elle est donc à la fois un élément de continuité, mais aussi un paysage à elle seule. La vallée peut exister dans les connections qu’elle établit avec ses plateaux. Ses connections peuvent prendre différentes formes: trame viaire, cheminements, points de vue, perspectives sur le paysage, belvédères ou encore franchissements.
PAYSAGE DE LA VALLÉE Affirmer la spécificité et le caractère de chaque vallée. Empêcher leur fermeture par une gestion des boisements et des espaces de coteaux. Préserver et renforcer la lisibilité des espaces de vallon - espaces de relation douce entre vallée et plateau.
Renforcer les continuités de la trame bleue - Rendre lisible l’eau dans le paysage. Préserver et améliorer la qualité de l’eau et des écosystèmes.
POROSITÉ - INTERACTION ENTRE LA VALLÉE ET LE TERRITOIRE TRAVERSÉ
Faire dialoguer chaque vallée et ses franges urbaines, agricoles, ou maritimes, en affirmant des espaces de contact et de porosité: points de vue, accessibilité; et par une gestion des limites cohérente. Interaction entre centralités urbaines et vallées. Favoriser des liaisons entre des pôles urbains importants et les vallées: véritables atouts pour la ville.
ORGANISATION DU TERRITOIRE Limiter l’étalement urbain - densifier la ville dans ses limites logiques: vallées et frange littorale. Maîtriser l’urbanisation des petits hameaux et villages périphériques.
49
2.
UN TERRITOIRE D’ENJEUX ENTRE CONTINUITÉ ET CENTRALITÉ
51
1.
UNE VILLE À L’INTERFACE DES PROJETS DE TERRITOIRE Saint-Brieuc
Cabri Communauté d’agglomération briochine
Pays de Saint-brieuc
Entre la baie de Saint-Brieuc qui est l’enjeu de nombreuses préoccupations, Saint-Brieuc qui représente un carrefour pour les déplacements, et la large ceinture agricole qui peut être un sujet de conflit avec les intérêts environnementaux centrés sur la baie, quelle place peuvent avoir les vallées? Aux différentes échelles de découpage du territoire administratif de Saint-Brieuc, la question des vallées et des enjeux qu’elles représentent est abordée. La question est donc de savoir quels impacts cela peut avoir sur l’évolution du paysage futur de ces territoires. Les trois grandes échelles qui ont un impact sur la vallée et son évolution future sont celles: du Pays de Saint-Brieuc, de la communauté d’agglomération briochine et de la ville. Chaque échelle de décision est caractérisée par des documents qui transcrivent les orientations futures du territoire. De
manière générale deux préoccupations reviennent aux différentes échelles du territoire: - la baie de Saint-Brieuc, patrimoine naturel précieux et très protégé, - les espaces agricoles, soumis à une agriculture intensive qui génèrent des pollutions mais également menacés par l’étalement urbain. À ces trois échelles, les vallées sont abordées en lien notamment avec la notion de trame verte. Mais ce terme relativement général révèle encore des approches différentes, allant de l’écologie à l’aménagement du cadre de vie. À ces trois niveaux de décision et d’actions, les vallées ont donc un rôle majeur à jouer dans une organisation cohérente du territoire.
PAYS DE SAINT- BRIEUC >>> Le SCOT: Schéma de Cohérence Territoriale >>> Le SAGE: Schéma d’ Aménagement et Gestion des Eaux
CABRI: Communauté d’Agglomération Briochine >>> Le Schéma Baie Grandeur Nature 53
SAINT-BRIEUC >>> Le PLU: Plan Local d’Urbanisme, en cours d’élaboration et le PADD: Plan d’Aménagement et de Développement Durable
A L’ÉCHELLE DU PAYS DE SAINT-BRIEUC ALLER AU DELÀ DU CORRIDOR ÉCOLOGIQUE
Le réseau de vallées représente une véritable infrastructure paysagère, mais c’est également autant de contraintes qui limitent le développement du territoire. Le SCOT du pays de Saint-Brieuc est le premier document d’urbanisme applicable qui prend en compte les vallées. Dans les schémas de planification, il intègre la notion écologique mais aussi paysagère dans un objectif de préservation des «grands équilibres» du pays. « Le SCOT aura pour mission de favoriser les coupures dans l’urbanisation, de préserver les zones humides, les vallées vertes, avec des prescriptions pour éviter leur disparition. » L. Cauret, président du Pays de Saint-Brieuc en 2007 À la même échelle, le SAGE détermine les enjeux et les priorités des bassins versants. Il a pour objectif d’être un véritable outil de reconquête globale de la qualité de l’eau. Le Pays de Saint-Brieuc s’est saisi de cette question de manière volontaire et concrète, conscient des conséquences de la dégradation de la qualité de l’eau et des écosystèmes. Il en résulte un document de stratégies détaillé qui affirme des objectifs chiffrés et des actions à mener, localisées. Le SAGE aura des conséquences sur les différents aménagements et l’urbanisme du territoire. C’est pourquoi le SCOT et le SAGE doivent être menés dans une certaine complémentarité et à travers un perpétuel échange entre ces deux documents qui sont des références et des lignes directrices pour l’ensemble des acteurs du territoire.
A l’échelle du pays de SaintBrieuc, les vallées sont reconnues comme des éléments de trame verte, ayant un potentiel écologique, paysager, et «de valorisation récréative» à proximité des agglomérations.
55
>> Préserver les grands équilibres du Pays - SCOT, source Pays de Saint-Brieuc
A L’ÉCHELLE DE L’AGGLOMÉRATION - ASSURER LA CONTINUITÉ
Continuités naturelles - Les corridors Déplacements
Aménagements
... Les grands objectifs du Schéma Baie Grandeur Nature:
Protection,
entretien et valorisation des paysages, des milieux
naturels et le développement des continuités écologiques
Le Schéma Baie Grandeur Nature est issu d’une étude menée durant l’année 2009 par Saint-Brieuc Agglomération avec l’aide de nombreux partenaires. Il a pour objectif de développer des orientations pour l’Agglomération sur les thématiques enjeux suivantes: «les chemins», «la terre», «l’eau» et «la pierre» qui fait référence aux éléments de patrimoine du territoire et aux sites touristiques et culturels. Suite à un diagnostic, et à la mise en avant d’enjeux clés, un ensemble d’actions est dégagé. L’objectif est de définir un cadre d’intervention des projets qui pourront être mis en oeuvre sur l’agglomération pour les 10 années à venir. Les enjeux et les actions en lien avec les territoires de vallée, apparaissent dans ces quatre thématiques. Ces actions, ainsi que les grands schémas de planification associés (non opposables), permettent de donner un cadre et une impulsion aux projets envisageables. Ce document doit permettre aux communes notamment, mais aussi aux autres acteurs du territoire de se saisir de certains projets. Cette planification du territoire est menée dans un souci de continuité. Les articulations entre les différents projets qui seront menés par l’agglomération briochine, mais qui peuvent être financés par de multiples acteurs, auront donc une importance particulière.
Du Concret Le Schéma Baie Grandeur Nature est dans la continuité des plans trame verte et bleue. Ce document est intéressant car il envisage des actions concrètes amenées par le diagnostic préalable. Il va au delà des grandes intentions. C’est donc un outil très concret pour les villes et un véritable appui dans les différentes perspectives de projet.
57
>> Schéma Baie Grandeur Nature - La terre, l’eau, la pierre, Source CABRI
A L’ÉCHELLE DE LA VILLE - METTRE EN RÉSEAU - CONNECTER - AMÉNAGER
La vallée du Gouédic est un sujet de préoccupation pour la ville de Saint-Brieuc. Depuis un certain nombre d’années, il a été reconnu que la vallée représentait un potentiel pour la ville, mais qu’elle était aussi menacée. En effet, malgré ses coteaux abrupts qui entravent tout chantier d’aménagement, un tel espace «disponible» et potentiellement constructible en ville attire les convoitises. Une des premières décisions de la ville a été d’inscrire la majeure partie de la vallée dans le POS: Plan d’Occupation des Sols, comme un espace naturel non constructible.
ND L: sites et paysages naturels remarquables et secteurs où doivent être maintenus les équilibres biologiques . >> Extrait du POS: Plan d’Occupation du Sol, Source Ville de Saint-Brieuc
POUR DEMAIN... La ville de Saint- Brieuc s’est donnée comme objectif de mettre en valeur le patrimoine végétal en ville comme par exemple en requalifiant le parc des Promenades: le véritable parc urbain de Saint-Brieuc, dans un ensemble perçu comme très minéral. Aujourd’hui la vallée du Gouédic, avec l’élaboration du PLU, conservera son «statut» d’espace non urbanisable, et à protéger. On peut apercevoir sur le zonage de ces espaces dits «naturels» qu’ils se cantonnent essentiellement aux vallées et aux espaces littoraux. Quels liens peuvent être établis pour connecter ces entités?
>> Zones naturelles et forestières (N), Zonage général des zones N en vue du PLU - Saint-Brieuc
59
>> Extrait d’une communication à l’attention des habitants de Saint-Brieuc sur le PLU, Source Ville de Saint-Brieuc
2.
PÉRIMÈTRES DE PROTECTION - LA BAIE AU CENTRE DES ATTENTIONS
>> La baie, Sc: SCOTT
Le littoral et la baie de Saint-Brieuc sont au centre des préoccupations environnementales et écologiques du territoire. Ces deux entités représentent un atout pour le territoire à valoriser et surtout à préserver. Les différents périmètres de protection qui ont été mis en place sur la baie de Saint-Brieuc, ont permis de protéger cet espace fragile a un moment où il était très menacé par divers projets. Aujourd’hui la situation a un peu changé. L’équilibre de la baie et du littoral est menacé, mais par des actions et activités humaines bien en amont de la baie. Il est important de souligner que la baie est le territoire de paysages et de milieux naturels mais dans un contexte proche très urbain et très artificialisé. Les vallées sont directement concernées par ces problèmes de pollution des milieux, car elles sont en grande partie les vecteurs de ces perturbations.
Vers une meilleure prise en compte des vallées comme entités indispensables à la préservation et valorisation des écosystèmes de la baie.
Les vallées ne sont pas protégées par des statuts qui définiraient leur intérêt particulier, sur le plan de la biodiversité, du paysage, etc... Actuellement, le seul moyen de protection de ces espaces de vallée est leur statut en zone naturelle, non constructibles dans les POS ou PLU des communes. Il y a donc un véritable enjeu de continuité dans la gestion et la protection de ces espaces transversaux à plusieurs communes.
61
N
0
2,5 km
Sites Natura 2000
ZNIEFF 1 et 2 Zone Naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique
Parc naturel régional
ZICO Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux
>> Carte des différents périmètres de protection des sites et des milieux, Source: Géoportail
Écologique,
3.
ENJEUX DE NATURE EN VILLE - LE RÔLE DE LA VALLÉE Jardin de la Vallée du Gouédic Bois Boissel place Allende 36 ha 50 ha 0, 4 ha Parc des Promenades 2,9 ha Parc de La Villa Rohannec’h 2 ha
Espaces verts jardinés
Espaces boisés
>> Carte des espaces de nature en ville, Cadastre IGN
Espaces verts Gestion extensive (prairie...)
N
LES VALLÉES - PERCEPTION D’UN PAYSAGE NATUREL La ville de Saint-Brieuc est perçue comme une ville très minérale, or une partie importante de son territoire occupé par les vallées n’est pas construit. Elle est décrite comme une ‘ville nature’ avec des espaces plantés nombreux et sous des formes différentes, pour des usages et des pratiques diverses. Ce patrimoine naturel est donc précieux pour sa diversité. La vallée du Gouédic au sein de la ville offre environ 36 hectares d’espace de nature. Elle n’est pas perçue par une majorité des habitants comme un espace de nature en ville de proximité puisqu’elle n’est pas ou très peu aménagée et souffre d’une mauvaise réputation. Ce constat pose de manière assez évidente la question de la nature en ville. A quel type de nature aspirent les habitants de Saint-Brieuc: une nature domestiquée, la présence d’espaces plantés et fleuris, etc...? La «nature» doit être accessible et fréquentable. Elle doit être aménagée et invitée à la découverte d’un lieu. On retrouve de nombreux petits espaces de nature dans la ville. Cependant, ils sont morcelés sur l’ensemble du territoire urbain et n’ont aucun lien entre eux. Certains sont inaccessibles au public ou de manière très ponctuels comme le parc de la Préfecture, d’autres sont vieillissants et demandent à être repensés. La ville de Saint-Brieuc a bien compris l’importance des espaces verts de proximité dans l’amélioration du cadre de vie des habitants mais aussi comme un atout pour la cité touristique. Ces dernières années, elle a entrepris d’aménager de nouveaux espaces de nature urbaine comme la place Allende et de repenser certains espaces comme le parc des Promenades. Cependant, le manque de lien et de connections entre tous ces espaces est une évidence. ENJEUX À travers la vallée, révéler un espace de nature différent des espaces plantés présents sur les plateaux, qui peut être investi par les habitants des quartiers alentours à travers des usages divers. Affirmer la spécificité et le caractère particulier de la vallée du Gouédic dans l’ensemble du réseau «d’espaces verts» de la ville.
Impression de nature
Le cimetière Saint-Michel
La place Allende, jardin urbain récemment réaménagé
La vallée du Gouédic
63
3.
UNE VALLテ右 DANS LA VILLE LIEN OU RUPTURE?
65
Alors que la vallée du Gouët est marquée par la présence de l’eau, la vallée du Gouédic offre un tout autre paysage au sein de la ville de Saint-Brieuc. Vue d’avion, on peut percevoir très clairement cette masse végétale qui sépare le tissu urbain en deux. La vallée traverse la ville sur environ 3,5 kilomètres de long, et rejoint très discrètement le Gouët, qui lui se jette dans la baie de Saint-Brieuc. La vallée du Gouédic a une position centrale par rapport à la ville, puisqu’elle la coupe presque en son centre. Mais elle reste relativement impénétrable pour tout non initié aux sentiers cabossés et au relief du lieu. Pour bien apprécier la manière dont « la faille « s’inscrit dans le paysage urbain, j’ai eu besoin de relever les éléments qui pouvaient faire la continuité des espaces au fil de la vallée. Puis, il m’a paru important de réfléchir sur la transversalité et tout ce qui pouvait provoquer des tensions à travers la vallée, d’une rive à l’autre, ou encore depuis les plateaux jusqu’au fond de vallée. Ces éléments de lecture me permettent d’envisager le projet dans toute l’épaisseur du lieu. La Manche
Vallée du Gouët
Vallée du Gouédic
Tour de Cesson Quartier Centre
>> La vallée: «une faille verte» qui traverse le tissu urbain
69
>> La ville de Saint-Brieuc et sa vallée, Sc. PSB Aérophotographies
1.
LA VALLÉE ET L’HOMME
Le rapport de l’homme et de la ville à la vallée a beaucoup évolué au fil du temps. Finalement, c’est aujourd’hui que le lien entre ces deux entités est le plus distendu. La vallée du Gouédic a joué le rôle de rempart et donc de protection pour la ville d’autrefois. Elle a été une porte d’entrée dans la ville. Puis, elle a été un territoire de productivité: moulins, carrières et lavoirs ont longtemps ponctué la vallée. La vallée est devenue ensuite un obstacle au développement économique de Saint-Brieuc. Tant d’efforts pour la franchir, ont fait de cet espace, un lieu presque sous la ville. Petit à petit, la ville a tourné le dos à sa vallée. Les espaces de contact comme les boulevards promenades, les points de vue, et les percées dans le paysage urbain ont disparu, laissant place à des boulevards routiers, parkings,
Promenades sur la vallée
Sc. Archives départementales des Côtes d’Armor
<< Boulevard de Sévigné, point de vue privilégié sur la vallée, 1910, Sc. Archives départementales des Côtes d’Armor
>> 1910, Les nouveaux boulevards, Sc. Archives départementales des Côtes d’Armor 71
>> 2012, Boulevard de la Chalotais
UNE PRODUCTIVITÉ AU SERVICE DE LA VILLE La vallée a été pendant longtemps le socle d’activités et d’une productivité aujourd’hui passée. Les activités d’hier sont autant d’indices sur la manière de gérer la vallée, de valoriser les sols en pente, et de conserver des milieux ouverts et entretenus.
Moulins
Lavoirs
Terrasses cultivées
Le pâturage a été une des dernières activités agricoles présentes dans la vallée. Les animaux entretenaient la vallée et permettait de conserver des espaces ouverts. Leur présence était également un moyen de valoriser des zones humides et les terrains en pente. Les fermes situées alors sur les plateaux ont été remplacées aujourd’hui par des zones pavillonnaires.
73
LES TRACES D’UNE OCCUPATION - UNE VALLÉE PATRIMONIALE?
2
3
Aujourd’hui, il reste des traces au fil de la vallée, des activités d’hier: fronts de taille, anciens lavoirs, murets de soutènement des terrasses anciennement cultivées. Les fronts de taille renforcent le caractère encaissé de la vallée, presque taillé dans la roche. Les lavoirs patrimoine.
témoignent
d’un
Toutes ces traces témoignent de la vie au fil de la vallée. Sans patrimonialisation à outrance, elles peuvent devenir des points de repère et de compréhension du paysage de la vallée.
1
... LAVOIR, FRONTS DE TAILLE ET MURS DE SOUTÈNEMENT , AUTANT D’INDICES SUR LA VALLÉE
75
2 >> Mur de soutènement en ruine des anciennes terrasses cultivées
1 >> Front de taille d’une ancienne carrière ouverte près du Pont de Gouédic
3 >> Ancien lavoir, caché par les boisements du coteau
DES PERCEPTIONS QUI ONT ÉVOLUÉ AU FIL DU TEMPS
Autrefois terrain de jeux de tous les enfants des quartiers alentours, la vallée est devenue un endroit de moins en moins populaire. Rumeurs urbaines ou vérités, elle a été petit à petit délaissée. Mais que pensent habitants et gens de passage, aujourd’hui de cet endroit? Au cours de mes pérégrinations briochines, j’ai écouté beaucoup de propos mélancoliques parlant de la vallée comme d’un paradis perdu.
« Moi, c’était mon terrain de jeu la vallée. Mon monde. On était les rois du monde dans cette vallée. »
>> Témoignages sur la vallée Ouest-France, lundi 29 août 2011
LA VALLÉE - DES PRÉOCCUPATIONS - DES ENVIES
77
>> Extrait du dossier spécial sur la vallée - Ouest-France, lundi 29 août 2011
2.
SÉQUENCES
La vallée du Gouédic offre des ambiances très différentes sur toute sa longueur et son épaisseur. Elle est habitée, puis devient un goulet étroit, plus sombre, laissant place à un foisonnement végétal puis s’ouvre sur une clairière depuis laquelle on est directement en contact avec la ville, puis on replonge dans une atmosphère de cours d’eau humide.
CONFLUENCE PORTUAIRE
LA VALLÉE PREND DE L’AMPLEUR RESSERREMENT LA VALLÉE HABITÉE
LA VALLÉE DISLOQUÉE
>> Formes - La morphologie de la vallée peut changer très rapidement, ce qui n’est pas sans incidence sur les ambiances qu’offrent la vallée, et le contact qu’il existe entre ville et fond de vallée.
UNE VALLÉE DANS LA VILLE - UN PARCOURS SÉQUENCÉ
1.
Séquence La vallée habitée On perçoit ici une harmonie entre ville et vallée. Les pentes des coteaux sont jardinées et occupées par des potagers en terrasse. Le bâti relativement ancien épouse le dénivelé. Le Gouédic canalisé mais à ciel ouvert organise le parcellaire. Il y a un réel contact entre ville et vallée. L’occupation du sol révèle la morphologie du lieu.
81
>> Les pentes et le cours d’eau Gouédic ont trouvé leur place dans la «vie urbaine» de la vallée
Séquence Rupture et rétrécissement On rentre petit à petit dans les entrailles de la vallée. Elle se resserre. La végétation a conquis cet étroit corridor. Les pentes de plus en plus abruptes, renforcent ce sentiment d’endroit inaccessible et coupé de tout.
>> Entre les piles du pont ferroviaire, regard vers la «rive gauche» de la vallée
>> Passage sous la rue de Gouédic, au fil de la vallée Tour d’Armor
Parc des Promenades Palais de justice
Ancien front de taille Gouédic
Séquence La vallée s’épanouit Grande pelouse
Boulevard de Sévigné
Coteau boisé
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Séquence La vallée s’épanouit Le fond de vallée prend de l’ampleur, s’élargit. Une vaste prairie occupe l’espace, coupé de la ville par les coteaux boisés. L’été, on aperçoit à peine les bâtiment majeurs comme le lycée E. Renan qui surplombe la vallée. On est ici réellement détaché de toute urbanité. Les ponts et leurs piles, un peu plus loin, participent à la monumentalisation du fond de vallée. La grande prairie que l’on peut arpenter aujourd’hui recouvre, ce qui autrefois représentait toute l’épaisseur de la rivière: ses méandres, et ses prairies humides qui la bordaient.
Boulevard Sévigné
Coteau boisé Prairie
«L’univers encaissé» qui se déploie présente cependant des richesses cachées. Par ponctuation, le Gouédic reprend une certaine liberté. Par endroit, la végétation offre sa mince diversité au regard des quelques aventuriers qui ont la curiosité de s’approcher du Gouédic confiné.
Le plateau
Renouvellement urbain
COTEAU BOISÉ ABRUPT Rivière du Gouédic
fleurie
85
Séquence Rupture La station d’épuration forme un obstacle, une rupture dans la continuité de la vallée. Elle occupe tout le fond de vallée et révèle bien les enjeux liés à la qualité de l’eau dans un territoire où cet élément est fortement impacté, entre agriculture intensive, territoire urbain et zones d’activités diverses. Cette infrastructure imposante est située à un emplacement stratégique, là où toutes les eaux convergent avant de se jeter dans la mer. La station d’épuration symbolise finalement maladroitement un paysage de confluence. Difficile d’émettre un jugement sur ce qui représente un véritable verrou dans le paysage, puisqu’elle a sa place dans le territoire à l’endroit où elle est le plus utile. Cet espace correspond donc à une réalité urbaine. Elle occupe la largeur du fond, laissant d’un côté un espace pour un sentier piéton et de l’autre la route qui relie le centre ville au port. ENJEUX Une des défis de cette séquence est donc de minimiser l’impact de cette infrastructure et d’affirmer encore davantage les continuités piétonnes voir cyclables du fond de vallée. À très long terme, il pourrait éventuellement être envisagé d’atténuer l’impact de ce site par de nouvelles techniques d’épuration.
Port de plaisance
Séquence La confluence portuaire La vallée du Gouédic débouche directement sur la partie plus industrielle du port du Légué. En remontant la vallée du Gouët, on aboutit quelques centaines de mètres plus loin, sur le port de plaisance, espace dynamique. À peine perceptible, cette entrée sur la vallée n’est pas du tout mise en valeur. Pourtant c’est le lieu de convergence des vallées. Un espace clé qui peut assurer le lien entre terre / mer, vallées / mer et ville / mer. Le Port du Légué, constitue pour l’agglomération de Saint-Brieuc un enjeu de développement notamment touristique majeur. Enjeux: des connexions à établir entre la vallée et le port du Légué par la continuité des cheminements et des ouvertures visuelles.
Port industriel
On perçoit un contraste fort entre un espace étroit, celui de la vallée, puis brusquement un espace très ouvert apparaît. Le port du Légué est également un des endroits où on comprend le mieux ce territoire complexe de vallées.
87
Vallée du Gouédic
>> Paysage portuaire: entrepôts, bateaux et horizon lointain
Vallée du Gouët
3.
CONTINUITÉ
LE GOUÉDIC UN LIEN AU FIL DE L’EAU OUBLIÉ La rivière du Gouédic parcourt environ 2,5 kilomètres de vallée. Le cours d’eau est caractérisé par sa très forte artificialisation sur tout son parcours. Sur cette petite distance, il revêt des aspects relativement différents dans la manière dont il s’insère dans son environnement. On peut ainsi déterminer quelques courtes séquences où le Gouédic méandre et d’autres, où, canalisé, il longe les habitations et forme une véritable limite au parcellaire. De manière générale, «l’eau» est un élément absent dans la vallée. Pourtant, ce petit cours d’eau est à l’origine de la formation du paysage de la vallée: ses cambrures, ses contrastes, ses courbes et ses coteaux. Le cours d’eau du Gouédic n’a plus sa place dans la vallée car il a été vécu comme une contrainte. Pour le maîtriser, il a été canalisé et modifié. Le traitement des berges est donc relativement uniforme sur toute sa longueur, caractérisé par des enrochements artificiels, ou des berges bétonnées. À quelques rares endroits, on retrouve encore des berges érodées, à l’aspect relativement naturel. ENJEUX: Le Gouédic doit retrouver une place au sein de la vallée. Il doit redevenir un VECTEUR DE PAYSAGE. Il ne doit plus être vécu comme une contrainte. Il doit avoir un rôle de lien dans le «paysage en long» et peut être un réel fil conducteur dans la découverte de la vallée. Pour qu’il existe, il doit être cohérent avec les milieux qu’il traverse.
DES BERGES TOURMENTÉES
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LE COURS D’EAU CONFINÉ
La qualité des cours d’eau n’est pas seulement la qualité de l’eau : pour qu’un cours d’eau vive, il lui faut un espace «d’expression» dans le paysage. Cet espace, fortement impacté par le développement de l’urbanisation, doit être préservé, parfois restauré. Il s’agit de maintenir une continuité écologique le long des cours d’eau, mais aussi d’un cours d’eau à un autre. Enfin, la qualité d’un cours d’eau, est également la façon naturelle dont l’eau y coule tout au long de l’année,.
CHEMINER AU FIL DE LA VALLÉE - UNE AMORCE À PROLONGER
Séquence aménagée
N
0
Jonctions ou cheminements mal indiqués, qui manquent de lisibilité
1 km
Le GR de pays permet la continuité de cheminement sur une grande partie de la vallée. Son tracé longe globalement le cours d’eau et a donc une réelle cohérence. En revanche, dans sa typologie, le cheminement révèle des manques. Par endroit, il est dégradé, étroit, discontinu. De plus les accroches du GR avec la ville ne sont pas clairement établies. Les jonctions entre ces chemins de randonnée portent souvent à confusion et sont mal indiquées. La communauté d’agglomération (CABRI) est chargée de mener les projets de réhabilitation des cheminements, sentiers de randonnée et autres voies douces au niveau de l’agglomération et dans un souci de continuité.
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>> Le sentier de la Ville-Hesry récemment réhabilité. Les aménagements marquent ainsi la liaison entre les nouveaux quartiers d’habitation et la vallée
LE VÉGÉTAL: BANALISATION DES ESPACES TRAVERSÉS ‘UNE CONTINUITÉ DES MILIEUX AUJOURD’HUI INEXISTANTE’
Le couvert végétal très dense qui recouvre la vallée ferme le paysage. Il occulte certains points de vue et perspectives que l’on peut avoir d’une rive à l’autre. Enfin, il renforce le contraste, voire l’opposition entre la ville et la vallée.
« LA VÉGÉTATION, LE MANTEAU VIVANT DU PAYSAGE
En Bretagne, l’essentiel de la végétation est directement issue des actions de l’homme, même si pour le grand public, elle est toujours synonyme de naturel, voire de sauvage.
»
LE DÛ-BLAYO L.
DYNAMIQUE DU PAYSAGE
La fermeture des fonds de vallée est un phénomène commun à l’ensemble de la Bretagne, mais aussi à l’échelle de la France avec principalement l’abandon de certaines pratiques agricoles. Le reboisement d’une vallée est caractérisé par deux phénomènes: >>> l’abandon des terres cultivées ou pâturées. Les parcelles évoluent alors vers la friche arborée puis la forêt de feuillus. >>> la plantation de boisements volontaire, souvent soutenue par des politiques publiques d’aide à la plantation, voire des associations.
>> L’abandon des pâturages dans les vallées est en partie la cause d’un changement si important du paysage, Sc. Archives Départementales
Un peu d’exotisme... L’histoire végétale de la Bretagne est liée à des périodes d’introduction d’espèces exotiques qui se sont succédées en fonction des voyages et des contrées découvertes. Compte tenu du climat littoral breton très accueillant, le cortège végétal s’est donc enrichi au fil des siècles. La ville de Saint-Brieuc n’a pas échappé à cette dynamique. Dans les jardins privés et les espaces publics, on retrouve donc des espèces acclimatées et intégrées. Cet exotisme végétal a du sens dans certaines zones habitées de la vallée. À d’autres endroits il a beaucoup moins sa place.
>> En fond de vallée du Gouédic, on remarque la présence de palmiers parfaitement acclimatés
Le paysage dans la vallée du Gouédic a évolué très rapidement. Les moyens et outils de gestion n’ont pas su s’adapter à ces transformations si rapides. Viaduc de Toupin Tour de Cesson
Aujourd’hui, le paysage a donc tendance à se refermer. Cependant, on perçoit encore les lignes, les éléments emblématiques comme la tour de Cesson, et les grands horizons qui caractérisent ce paysage singulier de vallée. Cette fermeture par la végétation du paysage de vallée renforce la distance qui s’est créée entre plateau urbanisé, vallée, et littoral.
>> Evolution du paysage dans la vallée entre 1920 et 2011 - d’après photographie ancienne, Source Archives Départementales
95
FERMETURE DES MILIEUX ET DU PAYSAGE
Le paysage de la vallée s’est refermé au cours des cinquante dernières années. Les plantations diverses, l’abandon des espaces et le manque d’entretien, ainsi que l’ensemencement naturel sont les causes de l’apparition d’un couvert boisé dense tout au long de la vallée.
Constat ... Des milieux fermés ... Un paysage peu lisible et banalisé par le choix des espèces plantées ... Un manque de biodiversité ... Présence d’espèces invasives
1865
Introduction de Cèdres dans la vallée
Milieu du XXème siècle
Introduction d’espèces exotiques: Eucalyptus, Liquidambars, Tulipiers, etc...
>> Evolution des boisements dans la vallée entre 1952 et 2011 - d’après photos aériennes, Source IGN
1952
>> Évolution des boisements dans la vallée entre 1952 et 2011 - d’après photos aériennes, Source IGN
2011
Boisements ouverts, de feuillus.
Boisements plus fermés, très denses, principalement composés de feuillus, présence de différentes espèces de conifères. 97
>> Type de boisements présents dans la vallée. Source Institut National de l’Information Géographique et Forestière
ÉVOLUTION DE LA VÉGÉTATION AU FIL DE LA VALLÉE
BOISEMENT RIVULAIRE un peuplement de Saules (Salix sp) exprime la présence de l’eau.
TRANSECT DE LA VÉGÉTATION p.102-103 BOISEMENT RUDÉRAL Une strate arborée, dense, mais comportant peu de beaux sujets, recouvre les coteaux. Des tapis de fougères (Dryopteris filix-mas), ou de lierre (Hedera helix) composent la strate herbacée qui doit s’adapter à des sols en pente.
ESPÈCES PIONNIÈRES Elles reconquièrent les anciennes parcelles jardinées et abandonnées Buddleia (Buddleja), Ronce (Rubus), Erable sycomore (Acer pseudoplatanus)
PARCELLES JARDINÉES Les plantes potagères côtoient des espèces arbustives et arborées horticoles, mais aussi pionnières comme l’érable (Acer).
LES BOISEMENTS RUDÉRAUX, UN FIL RELATIVEMENT CONTINU AU LONG DE LA VALLÉE Sur les coteaux et dans les vallons aux sols profonds, frais et riches en nutriments, des bosquets de Frêne (Fraxinus excelsior) et de chêne (Quercus robur) constituent les éléments résiduels et fragmentaires de l’ormaie-frênaie littorale, qui a disparu avec la maladie de l’orme, la graphiose. Les plantes de sous-bois sont des nitrophiles, comme le gaillet gratteron (Galium aparine) ou l’ortie (Urtica dioica). La fougère langue-de-cerf ou scolopendre (Phyllitis scolopendrium) souligne la fraîcheur du sous-bois. Le lierre est omniprésent, et souvent associé au nombril de Vémus (Umbilicus rupestris). Sur les coteaux aux sols peu épais, des fragments de forêts sèches à chêne pédonculé (Quercus robur). Le poirier à feuilles en coeur (Pyrus cordata) est associé au prunellier (Prunus spinosa) en sous-bois. >> Tapis de lierre et fougères en pied ou lisière de boisements. 99
LA VÉGÉTATION «RÉSIDUELLE» Par endroit, on peut observer des traces d’une végétation passée, souvent liée à une activité, ou à des pratiques abandonnées. Cette végétation résiduelle caractérise des petits espaces, un peu oubliés, qui sont autant de lieux où s’exprime une certaine «poésie végétale». Ainsi, par exemple, quelques vieux arbres fruitiers ponctuent les coteaux et parlent d’un temps où les vergers avaient une place très importante dans le paysage breton.
>> Arbre fruitier isolé en haut de coteau
>> Haie champêtre
>> Anciens jardins vivriers en friche
PRINCIPALES TYPOLOGIES VÉGÉTALES COTEAU BOISÉ
Espèces rencontrées: Bouleaux (Betulus sp.), Érables (Acer campestre), Chênes (Quercus), Merisiers (Prunus avium), Charmes (Carpinus betulus), Pins de Corse (Pinus laricio), Mélèzes (Larix decidua), et diverses espèces horticoles.
Majoritairement composés de feuillus, les coteaux boisés accueillent un couvert arboré dense et hétérogène, mélange d’espèces pionnières comme l’Érable, d’espèces horticoles plantées de manière assez aléatoires. On note la présence par taches de conifères. Par manque de gestion, ces boisements sont de qualité assez médiocre. On remarque peu de beaux sujets. Le couvert végétal ne participe pas à la cohérence des milieux et à la lisibilité du paysage.
LE FOND DE VALLÉE
Prairie fauchée Prairie fleurie l’été Mare humide Espèces de milieux humides horticoles: Saule pleureur (Salix vitellina ‘Pendula’), Bambous
LE MILIEU RIVULAIRE
COTEAU BOISÉ Aulnes (Alnus glutinosa) , Saules (Salix sp), Érables (Acer), Frênes (Fraxinus), quelques Peupliers (Populus sp.)
Les milieux associés au cours d’eau sont très dégradés sur une majorité du parcours du Gouédic. La Renouée a remplacé, à de nombreux endroits, toute la diversité d’espèces qui pourrait constituer la strate herbacée associée. On retrouve des espèces arborées caractéristiques des milieux rivulaires, en bord du Gouédic comme:
La Renouée du Japon (Reynoutria japonica) envahit la rivière du Gouédic sur toute sa longueur. Cette espèce participe à la banalisation du cours d’eau et des ambiances qu’il crée. Cette plante est très difficile à éradiquer. Elle est le signe de la présence d’un sol riche du à l’apport de remblais divers près du cours d’eau, et donc d’un fonctionnement anormal de la dynamique hydraulique: rivière et berges. Elle témoigne en effet d’une dégradation du milieu par l’homme et ne colonise pas actuellement les habitats naturels en bon état.
101
LA GESTION DU PAYSAGE DE VALLÉE
La nécessité d’une mise en place d’un plan de gestion de la végétation et notamment des boisements devient une question primordiale. La commune de Saint-Brieuc vient de lancer un partenariat avec l’ONF: l’Office Nationale des Forêts, professionnels de la gestion forestière. Pour que ces pistes de gestion soient cohérentes elles doivent également s’inscrire à l’échelle des vallées du Pays de Saint-Brieuc, mais aussi de l’ensemble du territoire breton. Cette coordination doit permettre des continuités et articulations logiques entre les milieux qui «fabriquent» la diversité et la richesse du paysage en Bretagne. Il est également très important que des orientations détaillées concernant les plantations soient définies en fonction de l’occupation du sol de la vallée et des différents espaces traversés. L’outil de charte paysagère à l’échelle de la ville qui a déjà été appliqué par certaines communes peut être un élément de réponse pour le contrôle des plantations.
Les parcelles boisées de la vallée du Gouédic, appartenant à la ville de Saint-Brieuc vont donc être soumises à un régime forestier. En partenariat avec le service des espaces verts de la ville et l’ONF, un plan de gestion sera mis en place. L’évolution des espaces boisés sera donc «sous surveillance», alors qu’autrefois il n’y a pas eu de réel suivi de la gestion et de la dynamique de ces espaces. Ce partenariat aboutira notamment sur un travail de sélection végétale pour «améliorer les effets de transparence» et des propositions d’aménagements qui tiennent compte des usages.
>> Actions menées par le service des Espaces Verts: entretien des prairies, réalisation d’un espace de prairie horticole, éclaircie des boisements - Source Service des Espaces Verts de la Ville
PERSPECTIVES... La végétation dans la vallée a une véritable valeur. De la gestion du végétal, mais aussi de la qualité des espaces qui y sont associés: sentiers, cheminements, clairières, espaces de halte; dépendent, la manière dont cet ensemble de nature en ville sera perçu. La question du végétal ne doit donc pas se poser de façon dissociée du reste des espaces et surtout des usages qui peuvent être projetés dans la vallée. Dans le futur projet de paysage, la question de la gestion des espaces sera donc abordée avec une mise en perspective des usages envisagés. 103
>> Jardins de Toupin en friche, la gestion future de cet espace ne peut être dissociée de la question des usages de ce petit vallon transversal qui fait le lien entre fond de vallée et quartier d’habitation tout proche.
>> Entretien des talus, réfection ou élargissement des sentiers de coteaux - Source Service des Espaces Verts de la Ville
4.
POROSITÉ ET TRANSVERSALITÉ
D’UNE RIVE À L’AUTRE - DES DIFFÉRENCES À VALORISER Deux rives qui se regardent, des typologies différentes, .... des aspirations différentes, quel contact? Chaque rive urbaine a des aspirations différentes. La rive gauche veut renforcer la centralité d’un centre historique de la ville, conforter des espaces emblématiques qui ont fait la ville comme le parc des Promenades. De l’autre côté, «la rive gauche» qui a été construite beaucoup plus tardivement, est dans l’attente de liens, de lieux forts et de centralités. Ces envies sont en train de se concrétiser puisque certains quartiers sont actuellement en renouvellement urbain, et les différents projets s’attachent à recréer de la ville dans des quartiers composites qui manquent de liens forts. DES PROJETS DE VILLE La ville a pour objectif de renforcer certaines centralités mais aussi d’en développer dans la partie Est de la ville. Renforcer le pôle universitaire fait partie d’un des enjeux futurs qui vont être menés.
>> Nouvelles constructions: habitats collectifs HQE et équipements surplombent la vallée
>> Plaquette de présentation des futurs projets des quartiers en renouvellement urbain Sc Saint-Brieuc
Port de plaisance
Centre ville historique
Port du Légué
Plateau ANRU 105
Pôle universitaire Gare
>> Centralités actuelles et à renforcer
LES QUARTIERS Des tissus urbains différents. Des aspirations d’espace public plurielles. De part et d’autre de la vallée, les quartiers ont un rapport à l’espace public différent. La vallée du Gouédic représente un «vide public» dans la ville important. Elle détient cette position centrale d’espace qui peut faire le lien entre les différents quartiers.
1. QUARTIER CENTRE
2. QUARTIER PLATEAU CENTRAL
1.
2.
« MORPHOLOGIE URBAINE DE SAINT-BRIEUC» L’ensemble des tissus urbains de Saint-Brieuc est composite. Des formes d’habitats assez hétéroclites sont réparties sur le territoire. Centre historique et sa périphérie Pavillonnaire traditionnel dense Zones d’extension périphérique Pavillonnaire aéré Quartiers de logements collectifs sociaux Anciens villages et hameaux Zone d’activité 107
>> Formes urbaines, Quartier le Plateau
>> Nouveau gymnase sur la vallĂŠe, Quartier le Plateau
ÉQUIPEMENTS Saint-Brieuc est une ville qui regroupe un certain nombre d’équipements et de services sportifs, culturels, administratifs, ...). C’est en effet la «ville-centre» de l’agglomération, voire du département. Le réseau d’équipements de la ville participe donc activement à son attractivité. La répartition géographique des équipements publics assure un maillage équilibré à l’échelle de la ville. La mixité des fonctions, présente dans le tissu urbain et les quartiers, est propre à assurer le dynamisme social. L’enjeur majeur est donc d’accompagner le développement de la ville par une offre en équipements et services cohérente qui correspond également aux nouveaux besoins des habitants, par exemple. ENJEUX ÉMIS PAR LE FUTUR PADD DE SAINT-BRIEUC >>> Maintenir l’offre d’équipements à destination des enfants, des personnes âgées et des jeunes actifs. >>> Continuer à moderniser les équipements et services pour adapter l’offre à l’évolution des attentes de la population. >>> Favoriser la mixité fonctionnelle pour assurer un développement équilibré de tout le territoire. La vallée du Gouédic a le potentiel pour accueillir des espaces dédiés aux loisirs, ou à la découverte de milieux plus ou moins naturels qui n’existent pas forcément aujourd’hui au centre même de la ville de Saint-Brieuc. 109
Centralité culturelle La plaine Balzac piscine et gymnase
Équipements sportifs et de loisirs
Équipements culturels
LA VALLÉE VUE D’EN HAUT - UN MANQUE DE CONTACT Les belvédères sur la vallée sont des espaces essentiels de contact et de dialogue entre ville et vallée. DES ESPACES HYBRIDES Quand ils ne sont pas bâtis, les belvédères sur la vallée ont une place étrange dans la ville: des voitures, une caravane oubliée, un banc déglingué, une poubelle qui déborde, etc... Pourtant, ils offrent un cadre privilégié pour la halte et la contemplation d’un paysage. Ils permettent des points de vue rares et précieux dans une ville comme Saint-Brieuc. Ils invitent l’habitant, l’usager, le promeneur à prendre de la hauteur pour comprendre et observer le paysage. La vallée se contemple depuis les hauteurs. Elle apparaît alors monumentale. C’est presque une invitation au voyage. Les points de vue offrent des échappées sur des horizons lointains. La tour de Cesson, la ligne fragile de la mer au loin sont alors autant d’invitations au voyage. Depuis un certain nombre d’années, la ville a perdu l’habitude de regarder sa vallée. À la recherche de ces espaces d’horizons, où l’on reprend son souffle, voici, dans les pages qui suivent, quelques uns de ces points d’arrêt dans la ville, oubliés. La vallée apparaît alors, comme une respiration, un paysage fascinant, dans ces lieux où rien ne dispose à la contemplation. ENJEUX Affirmer des espaces belvédères, véritables espaces de relations entre plateau urbanisé et vallée.
>> Un panorama beaucoup plus dégagé Sc. Archives départementales
>> Vue sur la tour de Cesson
>> Vue sur les ponts
>> Belvédère parking
Cimetière Saint-michel
Boulevard Sévigné Parc des promenades
Le plateau
Tour d’Armor
111
Points de vue privilégiés sur la vallée Boulevards «suspendus» sur la vallée N 0
>> Belvédères et points de vue sur la vallée, Fond de plan source SIG ville de Saint-Brieuc
500 m
>> Dans lâ&#x20AC;&#x2122;attente..., Ville Bastard - Saint-Brieuc
113
>> Le fossoyeur aime la vue, Près du Cimetière - Saint-Brieuc
>> Belvédère sur les tours Balzac - Saint-Brieuc
115
>> Au détour d’un chemin boueux, Près du Cimetière - Saint-Brieuc
LES VALLONS - DES PAYSAGES TRANSVERSAUX AUX POTENTIELS INEXPLOITÉS
Les petits vallons transversaux sont des sous-unités de l’ensemble du paysage de la vallée du Gouédic. Ils sont caractérisés par leur pente , plus douce, que sur les coteaux abrupts. Ils représentent des espaces de transition douce entre plateau urbain et fond de vallée très intéressants. Ces vallons, par leur pente douce, peuvent être donc le support de cheminements clairement définis, d’usages divers en lien avec leur morphologie, mais aussi de valorisation du chemin de l’eau de ruissellement des plateaux.
ENJEUX Révéler ces paysages transversaux, leur topographie. Faire de ces espaces des lieux privilégiés de relation entre plateau et vallée.
Coteau à dénivelé important 55 % de pente Fond de vallée + 30 m
Vallon 12 % de pente
Plateau + 80 m
Fermeture du paysage, topographie illisible, et occupation du sol aléatoire sont en partie les raisons d’un abandon de ces espaces.
117
>> Vallon de Toupin en friche
>> Jardins ouvriers en haut du vallon, depuis la rue de Genève
LE CHEMIN DE L’EAU VERS LE GOUÉDIC- UNE TRAME À RENFORCER
Aujourd’hui, l’eau de ruissellement des plateaux urbains arrive, dans le Gouédic, directement par des canalisations. Or, ces espaces de pente plus douces peuvent infiltrer ces eaux et les valoriser par exemple en lien avec des usages futurs: vergers, etc...
N
0
500 m
Révéler l’hydrographie des vallons, valoriser le chemin de l’eau, épurer, infiltrer.
>> Liens entre plateau et vallée par l’eau
119
ACCESSIBILITÉ - TRAVERSER OU RENTRER Seul accès automobile à la vallée
La vallée forme une faille dans la ville, qui ne laisse pas indifférente la traversée de ce creux, qu’on choisisse de le franchir «d’en haut», ou dans toute sa morphologie, redescendre pour remonter. La vallée est accessible par la route de Belle-Isle en voiture.
Seul franchissement exclusivement piéton
Les accès piétons sont multiples, peu lisibles, avec une typologie de sentier pour la plupart. Il n’existe aucune hiérarchie entre les multiples sentiers piétons qui permettent de descendre dans la vallée plus ou moins aisément. De même, une fois descendu, il est relativement difficile pour tout non initié de savoir exactement où nous ramènera chaque petit chemin de terre.
>> Passerelle piétonne de la voie ferrée
>> Route de Belle-Isle
121
... DESCENDRE DANS LA VALLÉE
Les accès principaux depuis le centre ville sont confidentiels et n’invitent pas à la découverte de la vallée. Ces ‘portes d’entrée’ sur la vallée sont sombres, souvent dégradées, étroites, et mal indiquées. Pourtant, les cheminement piétons existent, ils sont nombreux, mais restent trop secrets. Il y a un réel besoin de hiérarchisation de la trame viaire piétonne. ENJEU Inviter à descendre dans la vallée.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
4
Centre Ville Saint-Brieuc
de
2 3
123
Parc des Promenades
5
1
6
Accès voitures Sentiers et chemins piétons Principaux accès N
0 >> Des cheminements multiples - Saint-Brieuc
500 m
4.
EXPRIMER LA VALLテ右 DANS SON ENVELOPPE URBAINE COMPLEXE
125
«
»
Il s’agit de construire une « ville durable » où la question urbaine ne serait plus dissociée de celle de l’environnement. J. Theys, 1999
Dans un territoire irrigué par les vallées, il est évident que celles-ci doivent constituer la trame de départ d’un maillage vert et bleu, et qu’elles sont des éléments essentiels de continuité écologique par la protection et la mise en réseau des espaces naturels. En ville, la trame verte doit donc dépasser la notion unique de corridor. Elle doit participer à la ville «durable». Elle devrait alors répondre au besoin de nature de la population, en réservant des espaces de loisir à proximité des habitations, tout en prenant en compte les aspects écologiques du territoire, en liant les espaces de biodiversité potentielle (boisements, bocages ou haies diverses, cours et plans d’eau...).
Nous l’avons vu, la commune de Saint-brieuc est en cours d’élaboration du PLU. Le futur PLU, dans la lignée du POS, protège les vallées par le zonage en zone N: espaces naturels à protéger, et donc inconstructibles. C’est, d’après moi le PADD: Projet d’Aménagement et de Développement Durable qui doit aller plus loin dans la caractérisation et la concrétisation d’un maillage vert en milieu urbain. Dans cet objectif, le PADD d’Angers affirme sa volonté de « préserver et valoriser cette armature verte et bleue dans sa diversité d’occupation et d’ambiances pour consolider les valeurs essentielles du cadre de vie local ». C’est donc toute la diversité d’espaces et toute la palette d’usages qui peuvent y être associés qui sont à prendre en compte dans la concrétisation d’une trame verte à l’échelle locale. A l’échelle locale, des outils non opposables, comme le plan de gestion, ou le plan paysage peuvent aller encore plus loin dans la formulation de ce réseau d’espaces de nature en ville. La notion de trame verte apparaît comme un moyen de prendre en compte, dans la planification urbaine, l’hétérogénéité de l’espace urbain en redonnant un sens du point de vue de l’écologie mais aussi du paysage à la ville. Au delà d’un simple couloir vert, la vallée peut s’exprimer. La vallée n’est pas seulement un corridor, un vecteur. Elle doit exister dans son épaisseur et rentrer en interaction avec la ville. Le projet doit donc aller au delà de la «voie verte». Il doit se construire dans la transversalité.
127
1.
ENJEUX DE LA VALLÉE DANS LA VILLE - ENTRE POTENTIEL DE NATURE ET ATTRACTION URBAINE
RÉVÉLER LA VALLÉE COMME VECTEUR D’UN PAYSAGE NATUREL EN MILIEU URBAIN .. rendre lisible et accessible le paysage de vallée: fond de vallée, coteaux, vallons transversaux. Faire exister l’enveloppe, lui donner une épaisseur .. redonner une place à l’eau dans la vallée .. reconstituer des milieux humides associés aux cours d’eau .. retrouver des usages en cohérence avec à la fois le contexte urbain et les milieux «naturels» potentiels PERMETTRE À LA VILLE DE DIALOGUER AVEC SA VALLÉE - RETISSER DES RELATIONS .. .. .. ..
révéler des espaces belvédères sur la ville relier des centralités urbaines par un franchissement dans la vallée affirmer des espaces de porosité comme les boulevards urbains travailler les limites entre ces entités
ASSURER LA CONTINUITÉ .. des déplacements, des milieux, de l’eau ENTRER Les accès à la vallée
RELIER DES CENTRALITÉS
Centre Ville
le Plateau ANRU
POINTS DE VUE À AFFIRMER
Port du Légué
Cimetière Saint-Michel Centre Ville Historique Le plateau ANRU
Parc des Promenades
129
Gare
N
0
1 km
2.
PARTI PRIS - L’ENVELOPPE ET SON DIALOGUE AVEC LA VILLE
La vallée est vecteur de nature dans un contexte urbain. Toute la dualité est là. Cette épaisseur de vallée, dans un tissu urbain complexe, doit «faire voir»: c’est-à-dire permettre d’approcher une nature différente que celle qu’on trouve en centre-ville ou au pied des barres d’immeuble, une nature qui parle de l’eau, et de la morphologie du territoire. Cet espace de nature doit également permettre des usages multiples des habitants de Saint-Brieuc ou touristes de passage. L’épaisseur de la vallée doit donc pouvoir concilier à la fois des dynamiques humaines et naturelles. La ville doit à la fois retourner son regard vers sa vallée. Mais la vallée du Gouédic doit pouvoir accueillir des espaces de tension et d’interaction avec la ville.
>> La relation entre l’enveloppe et la ville
>> L’enveloppe intérieure
Face à la vallée, deux postures sont possibles. La première est de l’ordre de l’observation, de la contemplation de la vallée depuis les plateaux. Elle implique donc le système de relations visuelles entre ces deux entités. La deuxième position consiste à appréhender la vallée dans son intérieur, à aller à sa rencontre depuis la ville, l’investir, la vivre, rentrer dans son intérieur et s’y confronter. Ces deux postures peuvent être mises en parallèle avec deux grandes intentions de projet : le geste sur l’enveloppe et les différents systèmes d’accroche. L’ensemble de ces deux intentions doit permettre à la vallée d’exister dans la ville.
131
>> Caspar David Friedrich, Voyageur au-dessus de la mer de nuages, 1818.
>> A l’intérieur, en fond de vallée, luxuriance
INTENTIONS Le projet se situe à l’échelle de la ville de Saint-Brieuc puisqu’il s’insère dans un ensemble et une continuité: la vallée du Gouédic. La vallée peut devenir un territoire d’expérimentation d’une nouvelle nature urbaine, qui tire sa particularité de son interaction avec le tissu urbain. Le projet a pour objectif de révéler le paysage de fond de vallée et de coteaux en créant des espaces qui s’articulent depuis les plateaux jusqu’au fond de vallée. Il doit s’appuyer sur le caractère exubérant de la nature déjà présente, et la mettre en exergue.
Boulevard urbain requalifié Promenade au-dessus de la vallée
Dans le sens de la vallée, le projet doit s’efforcer de renforcer les éléments de continuité: redonner une place au cours d’eau, améliorer la lisibilité des cheminements en fond de vallée.
Zone humide à valoriser
PORT
Espaces de halte et de contemplation de la vallée Cimetière Saint Michel
Parc des Promenades ( Projet de requalification)
Souligner la topographie des vallons Espaces ouverts- lignes de plantations (vergers) ou Espace de halte et de contemplation de la vallée murets
P
133
Parc de la vallée 5 séquences
Accès voiture
Continuité piétonne et cyclable
Le chemin de la Ville-Hesry Séquence réaménagée
N 0
1 km
LE SOCLE DE LA VALLÉE - NOUVEL ESPACE DE RELATION
PARCOURIR ET INVESTIR LE FOND DE VALLÉE Le fond de vallée aujourd’hui étouffé par des remblais doit retrouver les nuances que peut apporter un tel paysage. Un parcours permet de découvrir les milieux naturels et de relier différentes séquences qui révèlent les nuances du paysage de fond de vallée. REDONNER UNE PLACE À L’EAU Le cours d’eau du Gouédic représente un lien intime et secret entre le territoire de SaintBrieuc et la mer. Cette petite rivière à l’origine de ce paysage si singulier retrouve une place et du sens dans l’enveloppe de la vallée. Le Gouédic doit donc petit à petit s’exprimer et retrouver son ampleur dans la vallée. Il permet d’apporter des ambiances différentes et de réimplanter un cortège floristique plus riche. PARCOURIR Des cheminements approchent le cours d’eau en fond de vallée, permettent d’arpenter et découvrir des milieux différents.
INVESTIR Dans un ensemble ponctué de parcours et d’ambiances différentes, qui évoquent une reconquête d’une nature plus cohérente sur la vallée, l’arpenteur doit trouver sa place. Les séquences vont permettre de montrer les nuances de paysages qu’offre une vallée et de rythmer le parcours.
135
FAIRE REVIVRE LE PAYSAGE DE FOND DE VALLÉE
SÉQUENCES Des séquences qui rythment le parcours et la découverte de différents milieux. Cheminer près de l’eau 1,7 ha « Toucher les ponts » 0,5 ha Portes d’entrée de la vallée Les prairies 3, 7 ha
... FOND DE VALLÉE: 5 ha ... LONGUEUR: 1,5 km
REDONNER UNE PLACE À LA RIVIÈRE DU GOUÉDIC DANS LA VALLÉE
>> La construction de rétrécissements favorise la restauration des méandres sur les rivières qui ont été calibrées dans les années 1960 (Langonnet). Sc. Le paysage en Bretagne Enjeux et défis. L. Le Du-Blayo
INVESTIR LE FOND DE VALLÉE
>> Investir les piles des ponts par la création d’espaces belvédères
137
>> Vue projetée du fond de vallée
RÉVÉLER LE PAYSAGE DES VALLONS TRANSVERSAUX COMME DES LIENS ENTRE PLATEAU ET VALLÉE
OUVRIR le paysage
RÉVÉLER LA TOPOGRAPHIE DES ESPACES DE VALLONS TRANSVERSAUX. La réouverture de ces vallons est nécessaire puisqu’ils représentent des percées sur la vallée. Ils sont les lieux de passage d’un espace à un autre. Cette notion de lien entre plateau et fond de vallée, peut être symbolisée par le passage de l’eau, mais aussi par la présence de cheminements. Leur topographie plus douce est soulignée par des plantations ouvertes, comme des fruitiers, ou par des lignes d’assises.
Le lien par l’eau
>> Révéler le chemin de l’eau. Infiltrer et épurer.
Souligner la topographie
>> Souligner la topographie par des lignes d’assises.
>> Souligner la topographie par des alignements d’arbres
>> Boisement fermé
>> Éclaircie et soutien des pentes
>> Verger
LES VALLONS: SUPPORTS DE CHEMINEMENTS, GESTION DES EAUX URBAINES, ET NOUVEAUX USAGES
139
>> Vue projetée en haut du «vallon de Toupin», vers la «rive gauche» de la vallée
ACCÉDER ET CHEMINER
«Portes d’entrée» sur la vallée
>> Grebbeberg, M. van Gessel
>> «Stone river», J. Piasecki
Les entrées de la ville sur la vallée seront marquées. Les cheminements doux doivent créer une tension entre les deux rives puisqu’ils représentent des relations d’un espace à un autre. Ils doivent à la fois inviter mais aussi parler du lieu qu’ils traversent. Les coteaux boisés qui forment des obstacles à l’entrée dans la vallée doivent pouvoir être appréhendés. Le cheminement doit évoquer l’imaginaire lié à la découverte d’un espace boisé qui amène vers un autre espace. Le vocabulaire utilisé pour matérialiser les cheminements doit donc évoquer les caractéristiques d’un espace boisé plus fermé et guider le promeneur. Il pourra également évoquer la topographie du lieu dans des espaces comme les vallons.
>> Volcano Park, M.Sauter
141
>> Affirmer des portes sur la vallĂŠe, quartier du plateau Saint-Brieuc
LE DIALOGUE ENTRE L’ENVELOPPE ET LA VILLE
Centre Ville
Balzac - le Plateau ANRU
PROJET Centralités actuelles ou en devenir
Les belvédères sur la vallée
F r a n ch i s s e m e n t s existants
Relier une rive à l’autre
Re qua lif icat ion du boulevard de Sévigné Une promenade urbaine sur la vallée
BELVÉDÈRES
UNE TENSION ENTRE LES DEUX RIVES
Les belvédères sur la vallée sont autant d’espaces où le lien intime entre la ville, l’habitant et la vallée doit se recréer. Il doit permettre une lecture du paysage et révéler la richesse du cadre par le point de vue qu’il propose.
La vallée n’est plus vécue comme une fracture dans la ville mais comme un espace de relation où se dessine un lien entre deux plateaux urbanisés, deux espaces centraux dans la desserte des quartiers. Ce nouvel espace de tension entre deux entités est matérialisé par une traversée piétonne de la vallée.
C’est un espace de contact subtil entre plateau urbanisé, coteau et fond de vallée. Les belvédères doivent permettre d’effleurer la vallée, d’apprécier un instant sa topographie remarquable puisque ce sont des espaces de prise de distance par rapport au relief acéré de la vallée.
143
>> Passerelle dans les arbres, Manuel-Ruisanchez
>> Belvédère sur la vallée projeté, à proximité du cimetière Saint-Michel
3
RÉFÉRENCES AU PROJET
RÉVÉLER LE RELIEF, LA PENTE ET LE CHEMIN DE L’EAU
Le projet s’inscrit dans la géométrie du coteau, du lieu. Il «fait voir» ce qui est déjà là.
>> Parc de la carrière Pontpierre (Saint-Herblain), Agence Phytolab
>> Barrages successifs en plaque d’acier pour retenir l’eau dans un fossé, Allerpark (Wolfsburg), Kiefer. Sc. Basics Aménagement et eau
>> Axe majeur - Cergy
CHEMINER DANS LA VALLÉE
>> Parc de la carrière Pontpierre (Saint-Herblain), Agence Phytolab
>> Platelages bois, Hansen
>> Parc de la carrière Pontpierre (Saint-Herblain), Agence Phytolab
>> «Stone River», J. Piasecki
145
RETROUVER LE FIL DE L’EAU
>> Vallon du Stang-Alar - Conservatoire Botanique de Brest, projet mené par la communauté urbaine de Brest dans les années 70
>> Cheminement de découverte pour les vélos et les piétons, Vallée de la Plaine, Paysagiste S. Bertin
HABITER LES COTEAUX BOISÉS Les coteaux boisés représentent aujourd’hui des obstacles à la descente vers la vallée. Ils doivent être réinvestis par des usages et des cheminements affirmés qui prennent en compte leur morphologie.
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>> Belvédère suspendu, Conception Baumraum
>> Escalier en forêt, Grebbeberg - Norvège, Paysagiste Michael-van-Gessel
>> Parc de Belleville - jeux pour enfants, Agence Base
CONCLUSION La faille doit s’exprimer dans toute son épaisseur. Ce mémoire m’a permis de toucher du doigt la richesse d’un paysage fort, presque violent, de pierre et de bois, qui, quand il est en ville chahute tout ce qu’il entoure. La force de cette faille dans la ville ne peut exister que si elle est magnifiée dans sa forme, son socle, et son intérieur. Le projet devra s’efforcer de retranscrire ce qui peut paraître comme des impressions mais qui fait réellement l’essence du lieu. LE POINT, LA TÂCHE, LA MAILLE, LE FIL. Le projet doit avoir l’ambition de répondre à toutes ces fonctions. Il doit permettre la continuité, prévoir des articulations, être une amorce afin de s’ancrer dans un maillage plus exigent. Enfin, la faille ne peut exister que si elle est pensée en lien avec les acteurs du lieu, et les actions de gestion à plus ou moins long terme.
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BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES RÉFÉRENCES Composer avec la nature en ville, Certu: Centre d’Études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructions publiques, Ed. CERTU, 2009 Les Carnets du Paysage Nº7, Ed. Actes Sud / L’École Nationale Supérieure du Paysage, 2001 A La croisée des Mondes - Les Carnets du Paysage Nº21, Le paysage comme relation - FOLLÉA B., Ed. Actes Sud / L’École Nationale Supérieure du Paysage, 2011 BOURNERIAS M., ARNAL G., BOCK C. - Guide des Groupements végétaux de la région parisienne, Ed. BELIN, 2001 BRUNET R., FERRAS R., THÉRY H., Les mots de la géographie : Dictionnaire critique, RECLUS- la documentation française CAWOOD HELLMUND P., SOMERS SMITH D., Designing Greenways - Sustainable Landscapes for Nature and People, Ed. Island Press, 2006 DESVIGNE M. - Natures Intermédiaires, Ed. Birkhäuser, 2009 LE DU-BLAYO L.- Le paysage en bretagne - Enjeux et défis. Ed. Palantines, 2007 LOHRER A., Basics Aménagement et eau, Ed. birkhauser 2008 PHILIPPON D., PRELLY R., POUX L.- La flore des Côtes d’Armor, Ed. Siloe, 2006 ROUSSEL S., ZOURGANE P., Architecture et végétation - Espaces hybrides de l’habitat, Ed. monografik, 2006
OUVRAGES SUR SAINT-BRIEUC BÉCHARD G. - Saint-Brieuc, Mémoire en Images. Ed. ALAN SUTTON, 1994 COUTENTIN Y. et RINGUENOIR G. - Saint-Brieuc de A à Z. Ed. ALAN SUTTON, 2010 MARTIN V. - Ballades en Saint-Brieuc. Illustrations de Jean-Yves Duault. Édité à compte d’auteur, 1994 NIÈRES C. - Histoire de St-Brieuc et du pays briochin. Ed. PRIVAT, 1991 PELLETIER Y. - Saint-Brieuc - Ville ouverte, ville secrète. Ed. Cristel, 2001 RONDEL E. - Saint Brieuc et sa région Histoire - Découverte - Légendes Du Gouessant au Gouët. Illustration Gilles Porcher. Ed. Club 35, 1997
REVUES Regards sur la vallée du Gouédic et ses abords, brochure éditée par: VivArmor Nature, l’Association pour la mémoire et la notoriété de Louis Harel de la Noë. La ville Fertille - vers une nature urbaine, Hors-Série Paysage actualités, Mars 2011
ARTICLES CORMIER L. et CARCAUD N., Les trames vertes : discours et/ou matérialité, quelles réalités ? publié dans Projets de paysage le 26/06/2009 BOURGET E. et LE DÛ-BLAYO L., Cartographie des paysages : apport à l’analyse des trames vertes et bleues, publié dans Projets de paysage le 18/07/2010 GERMAINE M.A. et PUISSANT A., « Extraction d’indices paysagers et analyse quantitative des paysages de « vallées ordinaires » à partir de données images : L’exemple de la Seulles (Calvados, France) », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Environnement, Nature, Paysage, article 423, mis en ligne le 30 juin 2008
SITES INTERNET Développement durable. Ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, 2012. Diponible sur: http://www.developpement-durable.gouv.fr/-La-Trame-verte-et-bleue,1034-.html Portail de l’information environnementale en Bretagne. GIP Bretagne environnement, 2005-2012. Disponible sur: http://www.bretagne-environnement.org Centre Régional de la Propriété Forestière de Bretagne. CRPF, 2012. Disponible sur: http://www.crpf.fr/bretagne Inventaire national du Patrimoine naturel. Muséum national d’Histoire naturelle, 2003-2012. Disponible sur: http://inpn.mnhn.fr/site/natura2000 Le Pays de Saint-Brieuc. Ed. Pays de Saint BRIEUC, 2006-2012. Disponible sur: www.pays-de-saintbrieuc. org Association pour la mémoire et la notoriété de Louis Harel de la Noë - histoire des ponts. Association AMENO, 2008-2012. Disponible sur: www.hareldelanoe.fr
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REMERCIEMENTS Je remercie toutes les personnes de Saint-Brieuc qui ont été indispensables à l’élaboration de ce mémoire et qui m’ont fait avancer dans mes recherches, et dans la compréhension du territoire sur lequel j’ai choisi de travailler: Rozenn BARBOTIN (Direction Informatique et Nouvelles Technologies, Service SIG: Système d’Information Géographique, Ville de Saint-Brieuc) Raymond CLOAREC (Direction Gestion Technique de l’Espace Public, Responsable du Service des Espaces verts, Ville de Saint-Brieuc) Michel CORMIER (Responsable Actions environnementales - CABRI, SaintBrieuc Agglomération) Armelle ELOY et Maël CAILLEBOT (Direction Études et Opérations de l’Espace Public, Ville de Saint-Brieuc) Michel GUILLAUME (Président de l’association VivArmor Nature) L’équipe du CAUE des Côtes d’Armor L’équipe de l’association VivArmor Nature
Merci
à ceux qui m’ont soutenu et accompagné durant tout ce travail de recherche, réflexion, prise de distance et parti-pris, et en particulier aux deux professeurs qui m’ont encadré: Dominique CAIRE et Sabine BOUCHÉ-PILLON.
Merci à ceux qui sont descendus dans la vallée avec moi et qui m’ont fait partager la poésie et la richesse de ce lieu.
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UNE FAILLE EN PLEIN CENTRE.
QUELLE EMPREINTE DOIT LAISSER LA VALLÉE DU GOUÉDIC À SAINT-BRIEUC? C’est d’abord une rupture, une cassure dans ce paysage minéral de toits d’ardoise, qui ne peut laisser indifférente la traversée de cette ville. Saint-Brieuc, ville de plateau, profondément ancrée dans ses vallées étroites, surplombe la mer avec une certaine distance. Elle a une relation très forte à la terre, encadrée par deux vallées qui forment ses limites: celle du Gouët et du Douvenant, et traversée en son centre par la vallée du Gouédic. Le pays de Saint-Brieuc est donc caractérisé par sa morphologie particulière de vallées encaissées qui signent le paysage. Il en découle une organisation du territoire singulière pour la ville qui a du franchir ces espaces de contraintes, et une relation complexe entre occupation humaine et vallées. La vallée du Gouédic représente aujourd’hui une véritable faille en plein centre ville. Ce terme fort exprime la réalité d’une séparation entre deux rives urbaines, deux villes finalement. Petit à petit, la vallée du Gouédic a perdu les usages, et les diverses occupations du sol qui la reliaient directement au coeur même de la ville de Saint-Brieuc. Autrefois, vécue et habitée, elle est devenue un obstacle au développement de la ville, et apparaît aujourd’hui comme une sorte d’arrière-cour de la ville, un «entre-deux» entre espace naturel et artificialisé. Elle s’est vite reboisée, fermée, camouflée sous un épais manteau vert, obscur et compacte. Le Gouédic, petite rivière qui coule lentement en fond de vallée, a été oublié. Autrefois indispensable, il est aujourd’hui remblayé et souffreteux. Il resurgit par endroits, ses berges, écorchées, envahies par la Renouée du Japon. Pourtant, il représente un lien étroit et indirect vers la mer. La vallée du Gouédic présente donc une dualité forte. Elle est à la fois un univers à elle seule, qui ne demande qu’à s’exprimer. Mais, elle représente aussi une véritable rupture dans la ville. Ces espaces posent donc des questions de relations, de liens, entre une urbanité forte, et un espace naturel radical et encaissé, qui a perdu sa place au sein d’une ville qui a cherché à se développer rapidement et économiquement. La vallée du Gouédic peut être à l’origine d’une réelle dynamique de continuité, de liens et de tensions, sur l’ensemble du territoire de Saint-Brieuc. Dans cette recherche de relation, des espaces de contact: boulevard suspendu, belvédères ou points de vue, peuvent reconstruire ce lien étroit entre plateau et fond de vallée. Les enjeux du projet posent donc la question de la relation que la ville peut avoir avec ses vallées. Quels usages peuvent permettre aux habitants de se réapproprier un espace naturel riche et généreux? Quel dialogue peut-il être instauré entre les deux rives urbaines et la vallée? Le projet aura l’ambition de faire exister l’enveloppe de la vallée en relation avec la ville.
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