du sol au toit
le rĂŠveil des terrasses de Lyon Perrache
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préambule
Aller sur le toit Découvert au cours d’une visite avec Samuel Auray, paysagiste au CAUE du Rhône, les toits-jardins du Centre d’Échange de Lyon Perrache (CELP) sont une heureuse coïncidence. Cette situation fascinante, en belvédère, m’a tout de suite posée question au regard de son contexte singulier : sur une autoroute, en plein coeur de Lyon. J’étais déjà passée par là bien des fois, sans jamais me rendre compte de l’existence de ces jardins et toujours en m’insurgeant contre l’incongruité de cette portion de ville. Ensemble, j’y vois une possibilité de symbiose source de projet. C’est sur un paysage totalement anthropisé que j’ai choisi de réaliser mon diplôme. Étant passée par des études d’architecture, je conserve un plaisir à porter mon regard sur un bâtiment tel que le CELP.
Aller vers le jardin Travailler sur un jardin, n’est pas chose commune pendant nos années d’études. Aujourd’hui, le jardin est une partie de ce diplôme, c’est un exercice auquel je souhaitais me soumettre personnellement. Parler alors du jardin me ramène naïvement à des souvenirs de jardins privés. Celui de ma grand mère et de son allée qui sentait la lavande, celui de la Montée Rouge où l’Occuba devenait un arbre à fée et celui de Colombiers qui aujourd’hui s’ouvre sur la vallée. Un jardin c’est un monde. Le jardin m’intéresse comme un espace pouvant être générateur d’usages publics, collectifs et sociaux. Comme le dit Michel Foucault «Le jardin, c’est la plus petite parcelle du monde et puis c’est la totalité du monde. Le jardin, c’est, depuis le fond de l’Antiquité, une sorte d’hétérotopie heureuse et universalisante. ».
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du sol au toit :
le réveil des terrasses de Lyon Perrache Comment régénérer les terrasses-jardins d u C e n t re d ’ É c h a n g e d e Ly o n P e r r a c h e ?
Ré g é n é re r :
en biologie le terme désigne le faite de pouvoir reconstituer un tissu, un organe, une partie, détruite naturellement ou accidentellement mais aussi la faculté de pouvoir produire de nouveaux individus.
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quelques repères 2nd arrondissement : la presqu’île
la Saône
le Rhône
Croix-Rousse
vieux Lyon fourvière
Confluence
Gerland
N
le Centre d’Echange de Lyon Perrache
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la place Bellecour
aô
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le cours de Verdun
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quartier Presqu’île Perrache nord
quartier Perrache - Ste Blandine
50 m
la place des archives
la place Carnot
la gare Perrache le Centre d’Echange de Lyon Perrache (CELP) les terrasses-jardin du CELP
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sommaire préambule quelques repères SOMMAIRE
introduction
1 de la périphérie au centre - du sol au toit 1.1 Lyon : corridor et carrefour la formation du Sillon Rhodanien un couloir stratégique la formation du socle Lyonnais le développement de Lyon dans sa géographie une géographie d’opportunités et de contraintes
1.2 le cours de Verdun : une charnière dans la ville la ville gagne du terrain des îles naturelles au cours de Verdun
1.3 première rupture : l’arrivée du train polarité et coupure organisation actuelle du réseau ferroviaire à Lyon
1.4 deuxième rupture : l’arrivée de la voiture adapter les villes à la voiture la modernisation de Lyon du cours de Verdun à l’autoroute du Soleil la voiture ou le piéton organisation actuelle du réseau autoroutier dans Lyon
1.5 la solution verticale un projet fonctionnel le toit une opportunité pour des jardins la construction d’une verticalité
1.6 les espaces publics sur les toits un avenir pour la ville de demain le toit terrasse : du privé au public quels rôles pour ces espaces publics ? aller au bout du monde
parenthèse 1 2 Les jardins du CELP entre opportunités et contraintes 2.1 entre permanences et changements l’autoroute : du temporaire au permanent Confluence : un nouveau morceau de ville le CELP : un projet de mobilité
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2.2 une place déterminante au croisement d’axes majeurs une desserte avantageuse traverser la coupure autoroutière : deux passages et un pont des usagers variés pour des usages variés un monument à la croisée d’un patchwork d’espaces
2.3 toit et jardins : quelles opportunités ? le toit : un univers un jardin sur le toit le jardin : un maillon de l’espace public prendre de la hauteur le contexte des terrasses aller au bout du monde
2.4 toit et jardins : quelles contraintes ? les échecs du hors-sol un jardin invisible et inaccessible un jardin ne répondant plus aux besoins un jardin dépendant de la technique un jardin dépendant des hommes de l’abandon naît de nouveaux usages
parenthèse 2 3 vers un projet du sol au toit 3.1 sortir les terrasses de leur insularité bilan / enjeux / intentions
3.2 renforcer l’attractivité à différentes échelle et répondre aux besoins des publics bilan / enjeux / intentions
3.3 travailler avec les dynamiques du site bilan / enjeux / intentions
3.4 affirmer les singularités du site et de son contexte bilan / enjeux / intentions
3.5 moyens
conclusion Sources annexes remerciements /11
introduction
Faire la ville sur l a v i l l e : «Nous ne pourrons jamais expliquer ou justifier la ville. La ville est là. Elle est notre espace et nous n’en avons pas d’autre. Nous sommes nés dans des villes. Nous avons grandi dans des villes. C’est dans des villes que nous respirons. Quand nous prenons le train c’est pour aller d’une ville à une autre ville. Il n’y a rien d’inhumain dans une ville, sinon notre propre humanité. » Perec, Espèces d'Espaces,1974
En 2014, 54 % de la population mondiale vivait dans un espace urbain, caractérisée objectivement par une concentration du bâti, de la population et des activités. Constituant des paysages fortement anthropisés, elles sont des lieux de vie, perçus et fabriqués par l'homme mais néanmoins en interrelation avec des facteurs naturels. Elles font partie de notre passé, de notre présent et sûrement de notre avenir. Déjà installée, la ville n’est tout de même pas figée, elle a sa propre dynamique. Le réemploi des lieux, le recyclage de l’urbain est nécessaire pour rendre ce paysage plus habitable pour tous. All e r s u r le t oi t : Les toits sont une composante du paysage urbain, ils sont liés au bâti, matière participant à la ville. Mais ils deviennent plus qu'une simple composante lorsqu’ils prennent part à la vie urbaine et s’ouvrent aux usages publics. Cependant, il est essentiel de s'interroger sur la manière dont ils peuvent participer au paysage urbain ? C'est dans leurs usages qu'il faut chercher une réponse. Il est alors nécessaire de repenser l’espace public sur les toits comme pouvant être générateur de nouveaux usages complémentaires à ceux du sol. Il ne s'agit pas ici de reléguer le sol à un second plan et de pas tenter d'enrayer la dictature de la voiture et de l’immobilier galopant. L'espace public se doit d'être à tous, c'est le lieu où l’on se croise et où l'échange, la convivialité restent des possibles. Le toit, sorti des circuits et des déplacements rentabilisés (aller d'un point A à un point B) est forcément un lieu à part, de pose, de visite, de découverte, on vient y chercher quelque chose, on est rarement là par hasard. Les toits sont l'objet d'un regain d’intérêt ces dernières années de la part des habitants qui les transforment en jardin, des entrepreneurs qui y développent leurs cultures hors-sol, des architectes qui y trouvent un moyen d'introduire des espaces ouverts et collectif pour les équipements et des collectivités qui y voient un potentiel d’expériences atypiques de la ville comme en témoigne le festival 'Rooftop Days' à Rotterdam qui ouvre la porte de ses toits.
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Mais où se situe le paysagiste ? Les toits ne sont pas des pages blanches, ils sont situés quelque part ce qui, en dehors de la compositions spatiale, induit une réflexion sur le territoire, l'histoire, les usages et les dynamiques des lieux. En tant qu'espaces publics, ils sont un support pour répondre aux enjeux généraux de société, notamment celui du lien social. Ré v e ille r u n si t e endorm i : Mon choix c’est alors porté sur un espace public existant, les terrasses-jardins du Centre d’Échange de Lyon Perrache (CELP). Le phénomène d’abandon qui y opère, transformant un espace public en délaissé et les initiatives locales qui émergent mais qui menacent également le statut des lieux m’ont interrogé. Situé sur l’un des espaces les plus problématiques de Lyon, la coupure générée par le passage de l’autoroute du Soleil, les terrasses-jardins sont un symbole, le dernier lien entre les deux bords d'un quartier séparé physiquement et socialement mais aussi un espace de 'nature' sur une infrastructure déshumanisante. Sur le toit d'un centre d’échange multimodale (CELP) et à proximité de la gare Perrache, les terrasses s’inscrivent dans un site complexe, au paysage banalisé répondant uniquement aux besoins de la mobilité. C'est le paysage quotidien des milliers de personnes passant par le CELP, prenant le train à la gare Perrache et/ou vivant dans le quartier. La présence des terrasses est une opportunité pour redonner au CELP son statut d’espace public au service de l’usager et d'engager par la même occasion un travail plus général à l'échelle du site. Il se pose alors la question de comment régénérer les terrasses du CELP ? Le projet porte alors sur la manière dont il est possible de répondre aux besoins et de retrouver des usages par le travail de l'espace. Pour cela il est nécessaire, en premier lieu, de revenir sur la raison de la construction de ces terrasses dans le ville de Lyon par une approche historique et géographique du site et de questionner ensuite le rôle du toit comme espace public. Dans un deuxième temps, à travers les contraintes et les opportunités du site nous soulèverons les enjeux relatifs au site, aux terrasses du CELP et à la nature même du toit-jardin. La dernière partie tente d’expliciter les intentions du projet à travers la prise en compte des différents enjeux soulevés.
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PARTIE 1 de la périphérie au centre du sol au toit
es jardins du Centre d’Échange de Lyon Perrache sont intimement liés au bâtiment sur lequel ils se trouvent. Celui-ci est lui même la résultante de l’histoire urbaine de Lyon dont l’autoroute du Soleil est un des événements majeurs. Comme toute infrastructure, elle entretient un rapport à la géographie du site. Particulièrement marquante dans le territoire Lyonnais, elle a participé à la formation de la ville et à la création de son statut de carrefour d’échanges. Il m’est apparu nécessaire de retracer l’histoire de ce site en rapport avec celle de la ville, pour comprendre comment une situation si particulière a pu se mettre en place et se retrouver au coeur de la ville actuelle. Ce site concentre des espace aux usages allant de l’échelle internationale à l’échelle locale. La partition verticale de l’espace est complexe et nécessite d’être développée pour mieux en saisir la spatialité. Le toit-terrasse devient jardin public, il n’est peut-être que le résultat d’une opportunité saisie sur l’instant mais il est un symbole sur un site cristallisé.
L
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1.1
Lyon : corridor et carrefour
Oligocè ne / -40 ma
Crét a cé / -1 0 0 m a
l a for matio ation n d u S i l l o n Rh o d a n i e n
La plaque européenne est en par tie immergée. L’eau est présente jusqu’aux pieds du Massif Central, un massif hercynien (400ma) composé de roches cristallines. La fin du Crétacé se caractérise par un abaissement du niveau des eaux dû au rechargement en glace des pôles, et donc par l’émergence de nombreuses terres.
L’orogenèse des Alpes est induite par la fermeture de l’océan et la collision du continent Européen et Sub-Alpin. Le Massif Central se soulève et commence ses épisodes volcaniques. Entre les Alpes et le Massif Central, les mouvements provoquent l’effondrement du sol et la formation du sillon Rhodanien.
Lyon
u n couloir s t r at ég i q u e
La
Sa
ôn
e
Un axe géographique
Le
Lyon Le Massif Central
Les Alpes
Le delta du Rhône La mer Méditerranée
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Rh
ône
Le Sillon Rhodanien serait peuplé depuis la préhistoire et des traces nous atteste la présence de peuples Gaulois à Lyon. C’est à l’époque antique, sous la domination de l’Empire Romain, qu’est implanté à l’emplacement de Lyon, la colonie Romaine de Lugdunum. Son emplacement est géographiquement stratégique. La colonie profite de la confluence entre la Sâone et le Rhône qui sont des voies de communication, une ressource et une protection. Le massif Central et les Alpes forment des barrières naturelles difficilement franchissables pour d’éventuels assaillants.
Un carrefour d’éch a n g e de la Gaule Romain e
Lugdunum
Après la conquête de Massilia (Marseille) et l’installation dans la province Narbonnaise, les Romains remontent le long de la vallée du Rhône et fondent Lugdunum (Lyon) en - 43 avant JC. Le Sillon Rhodanien devient un axe important de communication entre le sud et le nord. De part sa situation privilégiée, à portée des différentes provinces de l’Empire, elle deviendra rapidement la capitale des Trois Gaules : Aquitaine, Lyonnaise et Belge. Lugdunum sera un carrefour commercial entre les grandes voies qui mènent aux mers et océans (océan Atlantique, mer du Nord, mer Méditerranée). Provinces de la Gaule Romaine sous le Haut Empire, du Ie-IIIe siècle: Belgique et Germanie Lyonnaise Aquitaine Narbonnaise
Aujourd’hui, un corridor d’ infrastructures
Lyon
réseau autoroutier
Ligne à Grande Vitesse (LGV)
réseau fluvial grand et moyen gabarit
Paris centralise aujourd’hui tous les réseaux de transpor t de la France. Cependant, l’axe Marseille - Lyon - Paris - Lille concentre encore la majorité des grands réseaux de transport permettant de relier le nord et le sud de l’Europe occidentale. Lyon est un point de passage de ces réseaux nationaux et internationaux : autoroute, ligne à grande vitesse (LGV) et voie navigable pour les grands et moyens gabarit.
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Holocène / 0 ma
Pleistocène / -0.01 ma
M ioc ène / -15 m a
l a for matio n d u s o c l e Lyo n n a i s Après l’effondrement du sillon Rhodanien, se succèdent plusieurs épisodes de transgression marine qui transforment le sillon Rhodanien en vaste lagune jusqu’en aval de Lyon. Les dépôts de sédiments marins et les dépôts issus de l’érosion des massifs forment une couche de molasse sableuse et argileuse. Au nord, le plateau des Dombes se forme par le dépôt de matériaux charriés par les cours d’eau.
Les épisodes glacières dont Riss et Wrüm, vont fortement marquer la morphologie du socle Lyonnais. Les glaciers descendant des Alpes se déversent vers le Sillon Rhodanien en charriant et déposant des matériaux. Au pied du Massif Central les roches cristallines sont mises à nu par le passage des glaciers. Les vallées se creusent lors des périodes de dégèle. Le socle Lyonnais est marqué à l’ouest par des résurgences cristallines et des vallons formant un ensemble appelé les Monts du Lyonnais. Les monts finissent en plateau, ils sont érodés au fil du temps par des cours d’eau qui creusent des vallées hautes (ouest-est) et par les bras de la Saône (nord-sud) qui forme la vallée périphérique entre Vaise et Grivors (au sud d’Oullin). Les collines de Fourvière se dessinent et témoignent, par la présence de reste de moraine frontale, de la limite d’expansion du dernier glacier. Après avoir changé plusieurs fois de tracé et de point de confluence, la Saône et le Rhône s’installent dans leurs lits définitifs, qui sera par la suite modifié uniquement par l’Homme. Les alluvions déposés par les cours d’eau sont présent dans la cuvette de Vaise, forment la presqu’île de Lyon et se retrouvent sur environ deux kilomètres de plaine à l’est du Rhône.
l es b a l me s : u n e part icular it é Les coteaux escarpés de la région lyonnaise sont communément appelés balmes. Leur présence a préservé l’ouest Lyonnais de l’urbanisation intensive, jusque dans les années 60, époque à laquelle les balmes ont petit à petit été conquises. De part la nature complexe des roches à percer, les projets d’infrastructures ferroviaires et routières prendront du temps à se mettre en place entre d’est et l’ouest de Lyon. (roche dure exigeant l’explosif / formations allant de l’argile aux cailloux difficile à stabiliser / circulations d’eau très importantes à drainer)
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Coupe retouchée, source : Car te géologique, Lyon 2e édition, BRGM 1960
l e dév elop p e me n t de Ly o n d a n s s a g é o g r a p h i e
La Saône
Lyon actuel La presqu’île
l’hydrographie
Le Rhône La confluence
Le début des Monts d’Or Le début du plateau des Dombes Le début des Monts du Lyonnais La colline de la Croix-Rousse La cuvette de Vaise vallée haute La colline de Fourvière
Les Balmes
le relief
La plaine
La colline d’Oullin
socle cristallin primaire : gneiss gris ou rose terrasse (Miocène) : sédiments marins et fluviatiles argile, sables, calcaires, conglomérat caillouteux
moraine fluvio-glaciaire (Riss récent) roches chariée : calcaires, schiste, quar tz... moraine frontale glaciaire (pleistocène) roches chariée : calcaires, schiste, quar tz... nappe fluvio-glaciaire (Würm récent ) dépôt alluviale et éboulis (holocène) Car te d’interprétation de la nature des sous-sol
la géologie
terrasses fluvio-glaciaire (Riss récent)
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u n e géogr a ph i e d ’o p p o rtu n i té s e t d e c o n tr a i n te s Lyon antique
Lyon antique
Lyon actuelle
La ville antique de Lyon s’implante sur les hauteurs de la colline de Fourvière. Le relief est un atout, il met à distance les terrains marécageux et du cours violent et imprévisible du Rhône. La position haute offre une vue dégagée sur la plaine. On peut imaginer, de part le tracé approximatif des routes antiques, qu’un gué devait permettre de passer la Saône et le Rhône à l’emplacement du site. Ayant une totale liberté de s’étendre, les cours d’eau présentaient une profondeur pus faible qu’aujourd’hui, après avoir été canalisés sur des centaines de kilomètres.
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Lyon aujourd’hui L’hydrographie et le relief sont des éléments omniprésents dans Lyon. Les fleuves sont des espaces de respirations de part leurs dimensions importantes, ils deviennent des repères structurants de la ville. Les balmes forment un fond de scène à la ville derrière laquelle se couche le soleil. Le bâti comme les voies de communications s’adaptent à la géographie. Ils s’étalent dans plaine à l’est, alors que leurs implantations sont contraintes et donc plus contenues par le relief et les cours d’eau à l’ouest.
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N
les voies ferrées
l’autoroute du Soleil
le bâti
le CELP
les jardins
les balmes
le Rhône
yon est un haut lieu d’échanges depuis l’antiquité, ce qui se traduit aujourd’hui par le passage de toutes les grandes voies de communications. L’expression de la géographie est très présente à Lyon de part ses reliefs abruptes et ses grands cours d’eau. Elle contraint à l’ouest le développement de la ville de Lyon et reporte l’aménagement des grands réseaux dans le coeur de la ville.
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1.2 le cours de Verdun : une charnière de la ville l a ville gag n e d u t err a i n
1
le XVIC / LA RENAISSANCE Le sommet de la colline de Fourvière est délaissé au profit des berges de la Saône, à l’emplacement actuel du Vieux Lyon. Le nord de la presqu’île est conquis, jusqu’au sommet de la colline de Croix-Rousse.
le XIXe / LES GRANDS TRAVAUX Le plan d’agrandissement de Perrache prévoit un retournement de la ville vers le Rhône alors canalisé. L’urbanisation gagne les terrains marécageux à l’ouest (les Brotteaux) et le sud de la presqu’île. 2
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N
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le début du XIXe / le milieu du XIXe / 4
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1/ Vue de la ville de Lyon en 1548 par Androuet Du Cerceau, Éd. imp. de Pitrat (Lyon), 1548, carte 32 x 17 cm, source BNF [http://catalogue. bnf.fr/ark:/12148/cb40730821g]
2/ Plan géométral de la ville de Lyon, avec ses agrandissements dans sa par tie méridionale par Perrache, graveur C. Beauvais, ed. 1800, 42 x 55 cm, source BNF, [http://catalogue.bnf. fr/ark:/12148/cb407729828]
3/ Nouveau Plan géométral de Lyon, avec ses projets d’agrandissement et d’embellissement par M. Laurent Dignoscyo,1821, car te 81 x 52 cm, source BNF [http://catalogue.bnf.fr/ ark:/12148/cb40696931k]
4/ Plan routier de la ville de Lyon par J.-M. Darmet, 1845, ed. Paris 1854, échelle d’origine 1:7 500, source BNF [http://catalogue.bnf.fr/ ark:/12148/cb406969516]
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des îles naturelles au cours de Ve rdun 1
N
1
emplacement actuel du cours de Verdun
XVIIIe : des îles marécageuses du lit naturel
La saône maîtrisée dans la ville et le Rhône encore libre se rencontre en formant un chapelet d’île marécageuses et mouvantes. 2
N
La canalisation du Rhône et la Saône permet de remblayer le sud de la presqu’île dont on envisage déjà l’urbanisation. Au tout début du XIXe siècle, un port, appelé gare d’eau est construit approximativement à l’emplacement actuel du cours de Verdun. Celui-ci est ouvert sur la Saône, alors plus facilement navigable que le Rhône. La crue historique de 1840 conduira à l’endiguement des berges le long du Rhône.
début du XIXe : la gare d’eau comme fin de ville
cours Bertin (1769-1814) cours du Midi (1814-1841) cours Napoléon (1841- ?) cours du Midi (?-1916) cours de Verdun (1916-...)
125m 650m /24
Le cours de Ve rdun : Un cours s’emploi à souvent à Lyon pour parler d’un grand axe urbain s’apparentant à une avenue. Trois cours partent de la rive gauche du Rhône, le cours Gambetta, le cours Lafayette, le cours Vitton. Ils rayonnent vers l’ouest Lyonnais. Le cours de Verdun, allant d’une rive à l’autre n’a pas ce rôle de lier le centre à la périphérie ou deux espaces majeurs de la ville. Le cours est ici employé pour décrire un espace bordé d’alignement d’arbres et propice à la promenade. Il accueille aussi divers usages de part sa dimension (650m de long pour 125m de large) qui en fait le plus large axe de la ville (fête foraine, guinguette, jeux de boule, foires expositions...).
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3
La gare d’eau construite au début du XIXe est un échec, elle est abandonnée rapidement pour cause d’envasement incessant. Comme indiqué sur un plan de la ville, une saulaie prend possession des bassins et rétablit le milieu marécageux naturel. Le cours de Verdun, après interprétation des cartes, serait soit la trace de l’ancien quai attenant à la gare d’eau, soit situé à l’emplacement même du canal creusé entre le Rhône et la Saône. Le bâti dense n’a pas encore atteint cet espace, les terrains asséchés en attente de constructions sont investis par des jardins vivriers. Le cours se retrouve déconnecté de la ville, mais présent, comme une préparation en vue de l’urbanisation future.
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Les constructions anarchiques cèdent la place à des constructions en dur suivant le plan d’embellissement de Perrache. L’espace disponible encore à l’écart de la ville historique induit l’implantation de cer tains grands équipements comme un hippodrome, un nouveau por t commercial et quelques années plus tard les prisons. La ville se resserre alors autour du cours. Il se retrouve peu à peu au centre de la ville. Le cours sépare désormais la vie bourgeoise des grands immeubles au nord, de la vie populaire du tissu faubourien et industriel du sud. Ce qui a assez peu changé jusqu’à aujourd’hui. Les équipements construits induisent plus de déplacements entre le nord et le sud. La rue reliant l’hippodrome (au sud), la place Carnot, la place Bellecour puis la place des Terreaux (au nord) devient l’axe majeur de la presqu’île.
ppr ém m ic i c es d u co c oour urs ur ddee Verrdun
début du XIXe : le cours de Verdun en dehors de la ville
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hipp hi p oddromee
p acce Caarnnott pl p ac pl acee Be Bell l eccou o r
milieu du XIXe : le Cours de Verdun une transition entre la vieille ville et la ville industrielle au sud
e cours de Verdun a toujours été une charnière entre deux paysages en léger décalage. La presqu’île et les îles, la ville bâtie et sa périphérie ouverte, le tissu figé d’immeubles bourgeois et le tissu faubourien voguant entre industrie, équipement et logements populaires. En dehors de la ville, il est peu à peu gagné par elle, pour enfin prendre une place centrale.
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1/ Plan géométral de l’isle Mogniat avec une par tie de la ville, auteur inconnu, XVIIIe siècle, source Service Régional de l’Inventaire de Rhône-Alpes [http://www.culture.gouv. fr/culture/inventai/itiinv/lyon-confluent/ dossiers/ill-02_69_0030_nuc.html]
2/ Plan de Lyon et de ses environs par Gez auf Stein von Sebastian Wolf, 1818, car te 38 x 24 cm, source BNF [http://catalogue.bnf.fr/ ark:/12148/cb406969260]
3/ Détail, Nouveau plan topographique de la ville de Lyon,1822 par Joséphine Decomberousse, car te 62 x 44 cm, source BNF [http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/ cb40725626n]
4/ Détail, Nouveau plan topographique et historique de la ville de Lyon, de ses faubourgs, de ses for ts et de ses environs par J. B. Noëllat, 1847, 60,5 x 92 cm, echelle d’origine [ca 1:8 500], source BNF [http://catalogue.bnf. fr/ark:/12148/cb43664486s]
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1.3 première rupture : l’arrivée du train p o l ar ité et co u p u re 1
N Gare de Vaise
Gare Perrache
gare des Brotteaux
milieu XIXe 2
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La question de l’arrivée du chemin de fer à Lyon se pose vers 1845 lors de la planification nationale de la ligne Paris - Marseille. Lyon est le dernier maillon et doit permettre de relier les lignes nord et sud déjà construites. Les voies ferrées contraintes par la géographie, passent là où le relief le permet. Un tunnel est difficilement percé sous la colline de Fourvière là où l’épaisseur est la plus réduite. Le site de Perrache permet également de relier la ligne avec celle venant de Saint-Etienne arrivant au sud de la presqu’île. Le parvis de la gare se tourne vers le coeur historique et bien que des voûtes permettent de passer sous celle-ci, c’est une coupure majeure entre le nord et le sud. Le quartier au sud se ferme au reste de la ville, sans ponts pour passer le Rhône ou la Saône.
1855 : l’arrivée du chemin de fer
/26 passage sous les voûtes
1/ Nouveau plan illustré de la ville de Lyon et de ses faubourgs par Driat, ed. Garnier frères, 1872, car te 57 x 46 cm, source BNF, [http://catalogue.bnf.fr/ ark:/12148/cb40696979k]
2/ Détail, Plan de Lyon et de ses nouveaux quar tiers, auteur inconnu, ed. J.-B. Gadola en 1855, échelle d’origine [1:7 500 environ.] , source BNF [http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/ cb406969636]
organisat i on a c t ue l l e d u r é s e a u f e rro v i a i re à Ly o n
Gare de la Part-Dieu
Gare Perrache
N
Contrainte par le tissu urbain et le relief, la gare de Perrache est difficilement adaptable aux besoins contemporains. Ouverte en 1983, la gare de la Part-Dieu, remplaçant la gare des Brotteaux, devient le pôle ferroviaire le plus important de Lyon pour les liaisons nationales (TGV). La gare de Perrache assure des déplacements majoritairement d’échelle régionale et accueille aujourd’hui 27 000 voyageurs par jour. Elle assure quelques départs de TGV vers Paris ou Marseille.
On peut se laissé penser que le train est une bonne alternative aux déplacements automobiles. Avec l’évolution des modes de vie et de déplacement, le nombre d’usager devrait encore augmenter que ce soit pour les trajets journaliers domicile travail ou occasionnels. L’ensemble du site participe donc d’une manière inhabituelle à la première impression que les voyageurs se font de la ville mais aussi au paysage du quotidien.
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/28 Vue aérienne de la gare, milieu XXe , car te postale, ed. La Cigogne
LE passage sous les voûtes pour accéder au sud de la presqu’île
vue aérienne, source [www.bing.com]
Le passage au dessus des rails pour accéder au sud de la presqu’île
a présence de la gare fait du site un pôle attractif dans la ville de Lyon. Les usagers de la gare sont-ils tous des gens pressés ? Attendre son train est chose commune, bénéficier d’espaces publics à proximité est une opportunité.
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1970
1.4 deuxième rupture : l’arrivée de la voiture a d a pter le s vi l l e s à l a vo i tu re Les années 60 et 70 sont marquées par une forte croissance économique et l’essor de la société de consommation. La voiture est un bien de plus en plus courant, encouragée par les politiques nationales, elle devient nécessaire pour les déplacement quotidiens. Le zonages des fonctions urbaines (habitat, commerce, activité...) rend les habitants dépendant de leurs véhicule sans le développement de transports en communs. C’est un cercle vicieux car de part cette mobilité accrue, l’urbanisation peut s’étendre de plus en plus et accentuer la dépendance au véhicule personnel. En ville, les espaces publics dédiés aux piétons, à la voiture à cheval et aux tramways ont pour obligation de s’adapter et d’être calibrés au système automobile et au stationnement des véhicules de
plus en plus nombreux. L’urbanisation est orientée par le réseau routier. Comme en compensation à l’envahissement de l’espace par la voiture, ce sont les ‘zone piétonne’ et les sites classés qui apparaissent dans les centres. Ce sont également les grands déplacements qui induisent une modernisation du réseau national. Par la route transite les marchandises et donc l’avenir économique de la France dépend de celles-ci. Avec les congés payées se développe un tourisme de masse qui emprunte les routes durant l’été. Le Sud devient une destination prisée pour aller chercher le soleil et la mer. La N7, reliant Paris -Lyon -Marseille est la route des vacances, seulement elle ne peut pas absorber le trafic grandissant.
1980
1990
La m oder n i sat i on d e Lyo n L e r ô l e d e l ’ É t at Pendant les Trentes Glorieuses, la France lance une politique nationale de planification et d’aménagement du territoire dans le but de compenser l’hypertrophie parisienne par le développement de métropoles régionales. Sont alors crées les Métropoles d’équilibres dont Lyon-Saint- Etienne fait partie. L’état impose toutefois sa vision des choses aux jeunes ‘métropoles’ et reste maître des grands projets d’équipements. Il lance des projets de modernisation des infrastructures ferroviaires, fluviales et routières. En 1960 un Plan directeur d’aménagement du réseau routier est établi, il prévoit le déroulé de 2000 km d’autoroutes. L’axe Lille-Paris-Marseille est un des premiers concernés, de part ses enjeux économiques et touristiques, de liaison entre la capitale et les grandes métropoles du sud et du nord. Stratégiquement elle est tracée dans le sillon Rhodanien pour éviter le passage du Massif central et rejoindre Lyon en chemin.
2000
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évolution du réseau autoroutier
2015
du cours de Ve rdun à l’autoroute du Soleil co n t e s t at i o n et int ér êt Le maire Louis Pradel tire profit des projets de l’état pour financer des travaux servant l’intérêt de la ville de Lyon. La percée du tunnel de Fourvière, souhaitée pour relier l’est et l’ouest de la ville est trop coûteuse pour être réalisée par la commune, l’implantation de l’autoroute est une opportunité à saisir. Le contournement routier prévu par le département depuis plusieurs années devait passer au sud de la presqu’île ce qui nécessitait le percement d’un tunnel plus long et donc plus coûteux. L’urgence induit la convergence du projet de
contournement routier et du passage de l’autoroute, soit l’économie d’un tunnel. L’ambition est que l’implantation de l’autoroute serve au transit national et international mais également de desserte locale pour accéder à la ville. Les services de l’état se chargeront d’apporter des réponses techniques aux problèmes tandis que les services locaux tenteront de faire valoir les intérêts de Lyon. L’autoroute sera ouverte à la circulation en 1973.
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rue
Vic
tor
Hug
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les années 70 : l’autoroute s’empare du Cours de Verdun tandis que la rue Victor Hugo se piétonnise
passage sur l’autoroute et sur les voies ferrées
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La v oiture o u l e p i é t on La période 60-70 sous la mandature de Louis Pradel, marque encore aujourd’hui l’urbanisme de la région Lyonnaise. Il entame une politique de grands travaux que ses prédécesseurs n’ont jamais mené. Il annonce que « son rôle de métropole économique, de centre routier, fluvial et ferroviaire, exige un effort considérable de modernisation. De grands travaux ont été exécutés ou sont en voie de réalisation dans les domaines les plus variés pour maintenir à Lyon, dans le monde moderne, la place qu’elle a toujours eue dans le passé. ». Les projets routiers sont en tête de liste car Lyon reste toujours un carrefour dont les routes rayonnent dans toutes les directions. La ville doit faire face non seulement à sa circulation interne, à celle de la région dont elle est le pôle attractif, mais également au trafic national et international de transit en nette augmentation. L’Organisation d’Études d’Aménagement de l’Aire Métropolitaine (O.R.E.A.M.), structure aménageuse, contribue aux grandes lignes d’aménagement du territoire. Dans le domaine des transports sont alors crées : les lignes de métro, l’aéroport Saint Exupery, la modernisation de la gare et la réalisation du pôle commercial et administratif de la Part-Dieu et bien sûr la projection d’un véritable réseau d’autoroutes urbaines déjà évoqué (A6-A7, A43...). Mais l’OREAM mène aussi à la création de nouveaux bassins de vie dont la ville nouvelle de l’Isle d’Abeau et sortent alors de terre des quartiers de grands ensembles : la ZUP des Minguettes, la Duchère...
En réponse à tout ces bouleversements urbains, on voit émerger un courant inverse. Le piéton se protège de la voiture dans des espaces qui lui sont entièrement dédiés. La première voie piétonne part de l’Hôtel de Ville pour rejoindre la place Carnot et la gare de Perrache. Le linéaire de 2 km de long n’aura jamais l’homogénéité souhaité mais il reste l’un des axes majeurs de la presqu’île. L’intention était de renforcer le linéaire commercial de centre ville en parallèle du centre commercial de la Part-Dieu. Les franchises s’installeront au nord de la place Bellecour là ou la rue de la République à le gabarit d’une avenue. Au sud de la place Bellecour, la rue étroite Victor Hugo, débouchant sur la place Carnot conservera ses commerces locaux. Plus au sud, l’axe se prolonge au sein du Centre d’Echange et du cours Charlemagne. En compensation de la bétonisation croissante de la ville deux projets voient le jour. Celui de la sauvegarde des quartiers historiques et celui de la création de grands parcs naturels périurbains. Le Vieux Lyon, quartier alors insalubre deviendra en 1964 l’un des premiers «secteur sauvegardé» de France et fera l’objet d’une rénovation importante pour le conserver dans son jus.
le cours de Verdun à la voiture
la rue Victor Hugo au piéton
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organisat i on a c t ue l l e d u r é s e a u a u to ro u ti e r à Ly o n
le Cha m p v e rt l e tu n n e l de F ou rvi è re
le c o u r s de Verdun le quai P erra c h e
projet de contournement
N Sur le quai Perrache et le cours de Verdun l’autoroute passe au niveau du sol tandis qu’ailleurs elle est soit en tunnel, soit en viaduc ce qui impacte moins la vie humaine du sol et ne produit pas cet effet de coupure urbaine. Un projet de contournement de Lyon est plannifié pour désengorger le trafic du centre-ville.
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/34 car te postale du cours de Verdu vers 1970, source Ministère de la Culture, Inventaire de Lyon
Le cours de Verdun : un lieu de promenade
vue aérienn, source [www.bing.com]
Le cours de Verdun : un échangeur
e cours de Verdun était un vaste espace public homogène, distinct, un repère. Consacré essentiellement au piéton, c’était une respiration qui participait à la vie de la ville en accueillant de nombreux événements : foire, vogue, marché... La voiture a pris la place du piéton et perdu ses usages urbains. Où retrouver la polyvalences et les usages perdus du cours du Verdun ?
L
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1.5 la solution verticale Comment faire cohabiter une autoroute, l’arrivée du métro et du tramway, une gare de bus et de taxis, un pont piéton, des équipements, des services, des commerces et pourquoi pas des jardins?
u n projet f on c t i on n e l
1 L’atelier René Gagès est mandaté par la maîtrise d’ouvrage SEM Lyon Parc Auto pour la réalisation des études urbaines. L’arrivée de l’autoroute coïncide avec les projets de réalisation du Métro de Lyon et le besoin d’intégrer d’autres fonctions dans la ville, notamment une gare de bus ayant pris place sur le cours de Verdun. La proximité avec la gare et le contact avec l’autoroute induit la planification d’une station de taxi et des parkings. En plus de tout ces usages à implanter, il faut trouver un moyen de permettre au piéton de passer les sept trémies en toute sécurité. Une seule solution : la superposition. Le projet se compose donc comme un mille-feuille de fonctions communiquant plus ou moins bien les unes avec les autres. Les recherches s’inspirent des théories mégastructuralistes alliant la mixité fonctionnelle, polyvalences des espaces et formes architecturales
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dictées par les lois de la mobilité. Le projet de départ convoitait la gare existante de Perrache comme site support de cette future multimodalité et la couverture partielle de l’autoroute pour la traversée piétonne. Après le refus de la SNCF de s’implanter sur ses concessions, le projet est reporté sur l’emprise même de la nouvelle voirie. Apparaît alors l’esquisse du Centre d’Échange de Lyon Perrache (CELP). L’ampleur du projet dépasse l’échelle architecturale et vient se greffer à l’échelle urbaine. Pour remplir son rôle de ‘morceau de ville’ dans la ville, des commerces et services sont planifiés au niveau de la traversée piétonne, ce qui ne plaira pas aux commerçants du secteur. Le dernier niveau a une vocation culturelle et l’ambition d’un rayonnement métropolitain. Il est consacré à l’Établissement Lyonnais d’Art Contemporain (ELAC) et ses jardins.
Pour l’époque, le CELP répond d’une manière novatrice à toutes ses fonctions et devient même une référence car il est l’un des précurseurs de la mise en pratique de l’idée de multimodalité. Très peu médiatisé et planifié sans en informer la population, le projet sera contesté uniquement par des groupements de riverains et de commerçants. Après un chantier de quatre ans , le CELP est inauguré sans grande célébration le 25 juin 1976, soit trois ans après l’arrivée de l’autoroute. La présence du CELP reste encore controversée aujourd’hui. Beaucoup de maires ont souhaité sa démolition, seulement, sa présence est liée à celle de l’autoroute. En dehors d’être un pont permettant de passer les voies, il est aussi le contrepoids qui maintient les sept trémies en dessous du niveau du sol et pèse sur la poussée de la nappe phréatique.
un e a rc h i t e ct ure r ésolument mod erne
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René Gagès est un architecte-urbaniste de renom, bien implanté dans la région lyonnaise. Son architecture s’inscrit dans la lignée du mouvement Moderne. Le CELP répond donc aux dogmes du courant moderniste en vogue : un plan libre et une façade libre rendue possible par un système poteauxdalles et d’un toit portant la façade vitrée. Les toits-terrasses accueillent des fonctions extérieures, ici les jardins de l’Etablissement Lyonnais d’Art Contemporain (ELAC). Les volumes s’adaptent à leurs fonctions : un bloc vitré pour les services, commerces et équipements, des ‘boîtes’ de béton et de tôles pour les parkings et une dalle ouverte pour la gare de bus.
f i e rt é e t re j e t s Il est la résultante de l’arrivée de l’autoroute dans Lyon et donc peu d’avis divergent à son sujet, il reste l’un des ‘objet’ architectural le moins enviée de la ville. Il a tout de même réussi à se faire oublier par les nouveaux habitants qui, pour les non initiés, ne savent parfois pas quel est sa fonction et sa raison d’être. Pour les usagers du quotidien il est devenu un objet presque banal, répondant à ses fonctions tant bien que mal. En dehors de son usage, il a aussi eu un impact spatial qui a bouleversé le paysage anciennement ouvert du cours de Verdun. Ce changement majeur difficilement recevable pour la population fait pourtant aujourd’hui partie de ce morceau de ville.
le toit, une opportunité pour des jardins 3 Sans savoir ce qui a motivé la décision d’implanter des jardins sur les deux toits-terrasses, on peut imaginer que c’est une partie de l’espace public pris au sol qui a été rendu d’une autre manière à l’usager. Le CELP, fait ville à lui tout seul, cependant avec une disposition spatiale non conventionnelle. Les pleins et les vides ne sont plus juxtaposés les uns à côté des autres mais les uns sur les autres, l’espace public fusionne avec le bâti.
âtiment complexe, le CELP est quasiment morceau de ville à lui tout seul concentrant divers équipements et des espaces ouverts au public. Mais peut-il être considéré aujourd’hui comme un espace public? Il est nécessaire pour cela qu’il s’inscrive dans la continuité de l’extérieur et qu’il trouve dans les toits-jardins une opportunité et un moyen pour le conforter dans son rôle urbain.
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1/ Centre d’échanges de Lyon Perrache, 2009, © Dernière Volonté [www.pss-archi.eu/photo-14938.html]
2/ Carte postale de Lyon, ed Cim, source [http://3.bp.blogspot. c o m / - a n C a T C b C G K A / T t 6 U 0 L 5 - g 7 I / A A A A A A A A BW g / FJbFk0f1lnQ/s1600/lyon.jpg]
3/ Vue des toit-jardin du CELP par Siplats, source Terrasses jardins, ed. Syros, 1988
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1.6
les espaces publics sur les toits : un avenir pour la ville de demain l e t oi t- te rr a s s e : d u p r i v é a u p u blic Par toit-terrasse, j’entends un toit plat, au dessus d’un volume bâti étant accessible et utilisé comme un espace à part entière, soit de la maison soit, du bâtiment sur lequel il se trouve. À la différence de l’espace public sur dalle il se distingue physiquement du sol naturel. Il est clairement identifiable comme étant en hauteur. Pour des raisons d’usages les toits du CELP seront aussi appelés terrasses.
des u s a g e s p r i v és Le toit-terrasse est largement répandu dans les pays du Magrheb (1/ toit de la médina de Tunis) et au Proche-Orient mais on le rencontre aussi en Amérique Centrale. Il prend d’autant plus d’importance lorsque la densité du lieu ne permet pas d’offrir suffisamment d’espaces extérieurs au sol. Il apparaît tout d’abord pour des raisons techniques, peu de bois à disposition donc il est impossible de construire de grandes charpentes. Le plat est une économie de moyens permise par les climats faiblement pluvieux. Il a plusieurs fonctions domestiques : travail du linge, séchage des fruits, stockage de denrées, élevage des animaux mais sert aussi de cuisine. Il joue un rôle social, sert de lieu de rassemblement, de lieu de repos et d’observation du quartier. De part la contiguïté des maisons, les toits deviennent, s’ils communiquent, des circulations complémentaires à la rue. Au XIXe et XXe siècle, les toits-terasses se répandent avec la conquête des hauteurs par les building américains et les possibilité techniques permises par le béton et l’acier. Le toit est une dalle avec une étanchéité. Un des premiers toit-terrasse reconnu fut dessiné en 1903 par Perret pour l’immeuble d’habitation rue Franklin à Paris (2). Le toit-terasse devient l’un des cinq points de l’architecture moderniste prôné par Le Corbusier dans les années 20.
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des u s a g e s c o llect if s
3
Tony Garnier imagine dès 1901, dans son utopie de cité industrielle, une école au toit accessible et fonctionnant comme la cour de récréation (3). L’usage collectif mais privé est alors lié à la fonction du bâtiment que le toit-terrasse occupe. Avec le développement de l’habitat collectif à grande échelle, la question des espaces extérieurs se pose. La terrasse remplace le petit balcon dans des constructions en gradin et le toit devient un espace à partager entre les habitants en compensation de ce qu’ils ne possèdent pas au sol. Le Corbusier, avec ses Unités d’Habitation, imagine l’introduction d’équipements publics au sein de l’immeuble et sur son toit. La Cité Radieuse de Marseille (4) possède à l’origine une cour de récréation pour l’école maternelle, un gymnase, une piste d’athlétisme, une piscine pour enfants et un auditorium. Le gymnase abandonné au cours du temps a été récemment convertis par un privé en centre d’art. Il n’est pas évident pour un espace public de se situer à 56 mètre du sol.
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« Si le toit est plat, il exprime la combinaison du ciel et de la terre. En effet, un toit plat attend une coupole, qui même inexistante matériellement existe virtuellement. C’est l’union de la terre – représentée par la maison en forme cubique – et du ciel – la voûte céleste, que symbolise la coupole.» 1
quels r ô l e s p o u r ce s e s p a c e s p u b l i c s ? Aborder le toit comme espace public nécessite de revenir sur sa notion plurielle. Comme les distinguent Thierry Paquot, il existe l’espace public et les espaces publics, l’un évoque l’espace immatériel du débat public et de la pratique démocratique, l’autre définit «les lieux accessibles au public, arpentés par les habitants, qu’ils résident ou non à proximité. Ce sont des rues et des places, des parvis et des boulevards, des jardins et des parcs, des plages et des sentiers forestiers, campagnards ou montagneux, bref, le réseau viaire et ses à-côtés qui permettent le libre mouvement de chacun, dans le double respect de l’accessibilité et de la
gratuité.[...] Toutefois, depuis quelques années, les espaces publics sont ceux que le public – ou des publics – fréquente indépendamment de leurs statuts juridiques. Ainsi, des lieux privés ouverts à un certain public sont qualifiés d’espaces publics, comme par exemple un centre commercial ou une galerie marchande.[...] Ces espaces publics – dont la responsabilité juridique varie d’un cas à un autre, et dont les usages sont incroyablement versatiles – mettent en relation, du moins potentiellement, des gens, qui s’y croisent, s’évitent, se frottent, se saluent, conversent, font connaissance, se quittent, s’ignorent, se
heurtent, s’agressent, etc. [...]C’est dans les espaces publics que le soi éprouve l’autre.» 2 Les toits destinés à l’usage d’un groupe distinct de personnes (association, école...), bien que pouvant être temporairement ouvert au public, ne seront considérés comme espace public. La question qui se pose alors, est de voir comment, bien que hors du sol, le toit peut être reconnu comme faisant partie de la trame d’espace public qui compose la ville.
l a p ro m e n a de
des événements
Les toits-terrasses des Ponchettes, Nice
Le toit - terrasse de la friche de la Belle de Mai, Marseille
Le toit accessible de l’opéra, Oslo
Le toit - jardin de la Bibliothèque, Varsovie
un b e l vé d è re
des jardins
e toit terrasse offre à la cinquième façade une nouvelle vie, une possibilité d’être conquise par des usages publics et donc de participer à la vie de la ville. Cependant ce sont des espaces dont l’accès nécessite un effort et un choix de destination. Il doivent alors apporter autre chose que ce que le sol peut offrir.
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1/ Le toit, seuil du Cosmos, Thierry Paquot, ed. Alternatives, coll. Lieux-dits, 2003, p 71 2/ Paquot Thierry, L’espace public, Paris, La Découver te « Repères », 2009
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’ h i st oi re nous rappel l’imp o rta n c e d u lie u , le c o u rs de Ve rdun, son existence a précédé celle de la ville sur le s u d de l a presqu’ îl e. O ffra n t u n va s te e s p a c e a u p ié to n, il a part i ci pé à l a v i e c o lle c tive lyo n n a is e e n a c c u e illa nt u n e gr ande di v ersi t é d ’u s a g e . S a p o s itio n d e p lu s e n p lus c e n tr al e, en a f ai t un l i e u fé d é rate u r b ie n q u e s é p a ra n t d e ux ‘m o n des’ . La c oupure générée pa r le s vo ie s fe rré e s e t re n fo rc é e p ar le s v oi es rout i ères a- t- e lle s é p a ré e à to u t j a ma is le s d e ux p a rtie s de l a presqu’ îl e ? Le C ent re d’ E change de Lyo n Pe rra c h e s e mb le ê tre le d e rn ier tr a it d’ uni on ent re ces q u a rtie rs . La s at urat i on de l ’ espac e e n g e n d ré e p a r l’a u to ro u te a re n du le cours de Verdun impraticable pour le piéton et a banni tout u s a g e publ i c. L es t oi t - t e rra s s e s d u CEL P n e s o n t- ils p a s u ne o p p o rt uni t é de rendre à la p o p u latio n u n e p a rt d e l’e s p a ce perdu et de retrouver cette polyvalence que présentait l’ancien cours de Ve rdun. Le s toi t s sont des espa c e s d o n t l’a c c è s n é c e s s ite u n e ffo rt e t u n choi x de dest i natio n , c e s o n t d e s b o u ts d u mo n d e . L es te rr a sses du C E L P doi v en t tro u ve r le u r s in g u la rité d a n s le ur r a p p o rt au cont ext e et a lo rs a p p o rte r a u tre c h o s e q u e ce q u e l e sol peut off ri r.
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parenthèse 1 i mpre s s i o n s e t i n s p i r ati o n s
s ’ é c h a p p er du sol et ret rouver les oiseaux d ’ e n h a u t , on n’ ent end plus la ville où est-elle ? t o u j o u r s là, en bas, écout es l e murmure des voitures toujours là, autours, regardes la fenêtre d’un voisin
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Les villes effilées. 2. Je dirai maintenant de la ville de Zénobie qu’elle a ceci d’admirable : bien que située sur un terrain sec, elle repose sur de très hauts pilotis, les maisons sont de bambou et de zinc, avec un grand nombre de galeries et de balcons, elles sont placées à des hauteurs différentes, comme sur des échasses qui se défient entre elles, et reliées par des échelles et des passerelles, surmontées par des belvédères couverts de toits coniques, de tonneaux qui sont des réservoirs d’eau, de girouettes tournant au vent, et il en dépasse des poulies, des cannes à pêche et des grues. Quel besoin ou quel commandement ou quel désir a-t-il donc poussé les fondateurs de Zénobie à donner cette forme à leur ville, on n’en sait plus rien, et conséquence on ne peut dire si ce besoin, commandement ou désir, se trouve satisfait par la ville comme nous la voyons aujourd’hui, qui peut-être a grandi par superpositions successives d’un premier dessein désormais indéchiffrable. Mais ce qui est sûr, c’est que si l’on demande à un quelconque habitant de Zénobie de nous dire comment il verrait le bonheur de vivre, c’est toujours une ville comme Zénobie qu’il imagine, avec ses pilotis et ses échelles, une Zénobie peut-être toute différente, déployant bannières et rubans mais déduite toujours de la combinaison d’éléments de ce modèle premier. Cela dit, il n’y a pas à établir si Zénobie est à classer parmi les villes heureuses ou malheureuses. Ce n’est pas entre ces deux catégories qu’il y a du sens à partager les ville, mais entre celles-ci : celles qui continuent au travers des années et des changements à donner leur forme aux désirs, et celles où les désirs en viennent à effacer la ville, ou bien sont effacés par elle.
Les villes invisibles, Italo Calvino, page 44
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la vill e , u n e ju x t a p o s i ti o n c o m p l e xe /47
traces de vies ?
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Photographies de Laura Tangre, Le peuple de Perrache « Reportage dans un lieu des plus anonymes mais aussi l’un des plus fréquentés de Lyon. Deviner les passages, les trajets des figurants d’un film sans fin : les touristes, les commerçants, les travailleurs sociaux, les SDF, les maîtres chiens…»
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PARTIE 2 les jardins du CELP, entre opportunités et contraintes L
a municipalité porte à nouveau un regard sur le site du CELP. Il est important alors, de déceler les changements à venir pour comprendre dans quelle posture peut se placer le projet du diplôme. C’est à travers une analyse thématique que nous mettrons en lumière les enjeux du site. Tout d’abord en regardant la place qu’occupe le site et les terrasses au sein des différentes échelles spatiales et sociales. Puis, nous verrons ce que le toit et les jardins représentent en terme d’opportunités et de contraintes.
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2.1 entre permanences et changements l ’autoroute : d u t emp o r a i re a u p e r m a n e n t Au départ construit temporairement, l’autoroute du Soleil fait pourtant toujours partie de la ville. Les projets de contournement s’enchaînent depuis sa création et font couler beaucoup d’encre. Cependant, le contournement de Lyon nécessite un budget considérable puisque le tracé passe dans les collines de l’ouest Lyonnais. De plus, avec le temps, l’urbanisation a gagné ces terrains, ce qui induit aujourd’hui un passage en tunnel sur plus de 12 kilomètre soit 90% du tracé. Le maire actuel, Gerard Collomb en a fait un de ses projet de mandat et compte bien le réaliser. Fortement contesté, le projet du Tronçon Ouest Périphérique de Lyon (TOP), renommé Anneau de Science, a fait l’objet d’un vaste débat public entre novembre 2012 et avril 2013. Une commission neutre et indépendante a été nommée pour animer les débats tumultueux entre partisans et opposants. Il serait trop long de revenir sur les arguments de chacun mais globalement les opposants parlent du gâchis du paysage pittoresque lyonnais, de l’impact environnemental non compensable, d’une politique de déplacement à l’encontre du développement des mobilités douces et collectives. Les partisans invoquent des
/projet 5 2de l’Anneau des Sciences © Métropole de Lyon
coeurs de ville à soulager, une requalification de l’Autoroute du Soleil dans Lyon (le trafic restera toutefois de 50 000 v/j contre 115 000 aujourd’hui), des pôles d’innovations à relier, des bassins de vie à rendre accessibles et des sites de grands projets à développer. Suite au débat, le Grand Lyon et le Conseil Général du Rhône ont pris la décision de poursuivre les études. Ce dernier a été classé par le gouvernement en seconde priorité, dans la liste des projets à engager entre 2030 et 2050. Cependant en 2017, l’état réduira de 45% ses subventions attribuées à la Métropole, ce qui ne lui permettra plus de mener les coûteuses études de projet. Pour ne pas renoncer, Gérard Collomb a saisi, début 2015, la Commission Européenne pour obtenir une aide financière, mais cela nécessite de donner au projet une envergure européenne (supporter un trafic de transit) qui n’était pas prévu. La requalification de l’autoroute du Soleil en boulevard urbain, n’est donc pas prêt de voir le jour, c’est également ce que m’a confirmé Catherine Balmain, du service déplacement du Grand Lyon, lors de notre rencontre.
C onfluen c e : u n n o u ve a u m o rc e a u d e v i l l e
les anciens entrepôts de bus TCL sont reconvertiss
les anciennes prisons deviennent la Faculté Catholique
la confluence en chantier
extrait du PLU du Grand Lyon © Métropole de Lyon
L’idée d’investir le sud de la presqu’île débute à la fin des années 90. Les grosses industries présentes sont déjà parties vers la périphérie de ville, présentant moins de contraintes. De grandes emprises foncières sont disponibles et ce, très proche de l’hypercentre de Lyon. Le projet de Lyon Confluence se met en place en 2003 avec l’idée du déclassement de l’autoroute et donc d’un désenclavement du quartier. Cependant, aujourd’hui, seule une ligne de tramway et un nouveau pont viennent participer à son ouverture au reste de la ville. Le quartier bien que très médiatisé pour son architecture contemporaine et la large place laissée aux espaces publics, a du mal à se faire une place et reste le privilège de quelques uns. Seul le centre commercial haute gamme et le nouveau musée des Confluences retiennent l’attention du grand public. On peut toutefois supposer que le développement attirera encore de nouveaux habitants qui renforceront la nécessité de liaisons avec le reste de la ville. Le passage du CELP devient un enjeux majeur et il lui confère une position centrale au sein de la presqu’île.
Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) du Grand Lyon est actuellement en révision, c’est pourquoi le secteur du CELP n’est pas inscrit comme une zone en projet. La question que soulève ce présent PLU, c’est bien le statut des espaces publics en toiture. Ceux-ci ne sont pas représentés et donc ne sont pas considérés, ce qui pourrait leurs être préjudiciable. Ils dépendent du statut du bâtiment sur lequel ils se trouvent. D’une certaine manière cela est compréhensible, car si le bâtiment disparaît, il n’est plus question d’espace public sur sa toiture. Cependant, on pourrait imaginer qu’il est important de préserver cette surface pour des usages publics et donc, soit de devoir la restituer au sol, soit d’imposer la présence équivalente sur le futur bâtiment, exception pouvant toutefois déroger à la règle.
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l e CELP : un p ro je t de mo b i l i té La municipalité, concernée par l’avenir de le la Confluence, s’est saisie du problème que présente le CELP pour les déplacements nord-sud de la presqu’île. Il devra bientôt répondre au doublement de son nombre d’usager d’ici 2030 avec le développement économique et démographique du quartier de Confluence. L’atelier Ruelle a été mandaté pour réaliser l’étude de faisabilité en coordination avec les services du Grand Lyon, de la Ville de Lyon, la SPL Lyon Confluence et les acteurs du transport. Le projet a pour grandes lignes de rendre plus agréables et confortables les circulations entre le Sud et le nord, d’améliorer les accès aux transports en commun (métro/ train, train/tramway), d’aménager la gare afin de répondre à l’augmentation de la fréquentation des TER et d’ouvrir celle-ci sur la ville, au nord sur un parvis redessiné entre la gare et le CELP et au Sud sur la place des Archives. Ce projet m’ouvre des portes sur les opportunités techniquement envisageables mais je me permettrai d’être critique au regard du sujet qui m’anime, celui des espaces publics des toits-terrasses. En effet, dans aucun des documents publiquement consultables, il n’est question des toits du CLEP. Seuls les rectangles verts témoignent de la présence des jardins. Les acteurs du Grand Lyon rencontrés, n’ont pas pu m’éclairer
le passage central redescend d’un niveau passage piéton existant passage piéton en projet
coupe nord - sud : entre la place Carnot et la gare Perrache
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à ce sujet et les associations présentes sur les jardins ne possèdent pas plus d’informations. L’avenir des jardins semble bien incertain. Le projet du CELP répond bien aux problématiques de déplacement qui sont complexes en raison des différents modes de transports à concilier. Comme avancé, on peut citer, le passage sous les voûtes qui sera uniquement dédié aux modes doux et l’accès au CELP redescendu d’un niveau donc plus proche du sol naturel et des transports en communs. Cependant le passage de la gare nécessite toujours de remonter d’un niveau car les voies ferrées bloquent le passage. Finalement ce n’est que reporter la montée sur la gare et rendre les terrasses encore plus lointaines. En dehors des des flux et de la question de la mobilité, le paysage de la traversée semble toujours décontextualisé et aussi aseptisé qu’il ne l’était. Devant un enjeu d’importance, rappelons que ce sont près de 100 000 personnes qui traversent quotidiennement cet espace, l’aspect paysager ne mérite-t-il pas davantage de réflexion et de créativité ?
é t at e x i s t ant et élément s modifiés
pro j e t
© atelier ruelle
© atelier ruelle
vue depuis le métro
© atelier ruelle
vue du futur pa s s a g e
© atelier ruelle
ien que la ville change ou s’adapte, le CELP fait toujours parti du paysage de la presqu’île. Il est donc nécessaire de lui donner la place qu’il convient ainsi qu’aux espaces publics en terrasses. Le projet de rénovation du CELP n’inclut pas les jardins. Ils sont pourtant à prendre en compte car ils pourraient faire partie intégrante du paysage du site.
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2.2 une place déterminante a u croisemen t d’a x es ma j e u r s
parc de la Tête d’Or
place des terreaux rue de la République place Bellecour rue Victor Hugo place Carnot CELP cours Charlemagne la Confluence
parc de Gerland
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Le CELP se situe sur l’axe principale nord-sud de la presqu’île. Cet axe est un enchaînement de rues commerçantes et vivantes où une large place est attribuée au piéton. Sur ce linéaire sont greffés un grand nombre d’espaces et de bâtiments emblématiques de la ville de Lyon (Musée des Beaux Arts, Hôtel de ville, opéra, le palais de la Bourse, église St Bonne Aventure, le musée des Confluences...). Le CELP est également situé sur un axe est-ouest d’importance car ce sont les derniers ponts permettant de passer le Rhône et la Saône avant la pointe de la Confluence. Le CELP et ses toits ne devraient-ils pas s’affirmer aussi comme étant un des lieux singuliers de la ville de Lyon.
une dess e rt e a va n t ag e u s e
CELP la gare Perrache
Le CELP est desservi par de nombreux transports en commun et routes ce qui le place dans une position avantageuse vis à vis de son accessibilité à l’échelle métropolitaine et au-delà. Il est donc possible d’imaginer que le CELP et ses toits puissent être attractifs pour un public dépassant l’échelle du quartier.
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La
Sa
ôn
e
t raver ser l a c o u p u re a u to ro u ti è re : deux pass a g e s e t un p o n t
2
Le
Rh
ôn
e
1
3 4 N
des t r a ve r s é e s cont r aignant es avec peu de possibilités de changement Traverser l’autoroute côté Rhône est un parcours du combattant entre escaliers, rampes et tunnels, le tout en passant au milieu d’un échangeur. Côté Saône, le passage reste au niveau du sol mais c’est l’encombrement par les voies qui rend la traversée compliquée, le temps d’attendre que le piéton ait le droit de passer. L’alternative reste de traverser par le quai mais il se situe bien plus bas. Ces espaces contraints par la place de la voiture sont peu modifiables et dépendent de la présence de l’autoroute. Le passage par le CELP offre le plus de potentiel de mutabilité de plus et c’est vers ce passage central que se reportent l’essentiel des flux piétons.
1
2
ambiance routière
ambiance autoroutière
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3
ambiance de quai
50 m
2
1 2 3
3 4 5
4
N
atmosphère confinée et aseptisée
5
un p o n t s u r la coupure : un passage banalisé Il est nécessaire de reconsidérer la traversée, de la place Carnot à la place des Archives, comme un tout, où le CELP serait une séquence. L’atmosphère y est confinée, aseptisée et témoigne uniquement d’une pensé fonctionnelle. Le CELP peut être considéré actuellement comme un non-lieu, un endroit de passage où l’usager reste anonyme et n’a pas l’opportunité de s’approprier l’espace. On est là, à Lyon, pourtant on pourrait être totalement ailleurs. Le bâtiment étant un passage et un pont, il a un rôle très urbain et pourrait faire corps avec la ville. L’espace public en toiture, pourrait participer à une appropriation possible des lieux ce qui replacerait également le CELP dans son quartier et dans sa ville. 4
ambiance urbaine minérale
1
ambiance urbaine végétale
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d e s usage r s va r i é s p o u r d e s u s a g e s v a r i é s l ’ha bitant
l’ e n f a n t
> habite dans le quartier > prend les transport en commun dans le CELP, passe matin et soir dans le CELP > profite des commerces, services et activités d’un côté ou de l’autre du cours de verdun > vient jamais ou rarement sur les terrasses
> fréquente l’école au nord ou au sud du cous de Verdun > peut être amené à passer deux à quatre fois par jour par le CELP (matin, midi, après midi) > joue sur les terrains de sport de la place Carnot ou à la Confluence
l e travailleur
> étudie au collège au nord du cous de Verdun > passedeuxàquatrefoisparjourparleCELP(matin,midi,aprèsmidi) > traîne sur les terrasses lorsqu’il n a pas cours
> travail dans le quartier, mange le midi dans le quartier > prend le train ou les transports en commun deux fois par jour > passe par le CELP le matin et le soir, parfois le midi > ne vient pas sur les terrasses
le je u n e
la f a m ille
l ’étudiant
> emmène les jeunes enfants à la crèche au dernier étage du CELP > passe deux fois par jour dans le CELP > reste jouer sur les terrasses en fin de journée
l e p assant occas i o n n e l
> vient une a deux fois par semaine sur les terrasses > avec les associations : jardinage pédagogique et atelier artistique pour les enfants, jardinage social avec des personnes en difficulté, jardinage loisir partagé entre habitant ou individuel
> vient en transport en commun jusqu’au CELP, passe deux fois par jour les jours de cours > se pose parfois pour étudier sur les terrasses > boit un verre place Carnot > va prendre son train occasionnellement à la gare > arrive en transport en commun au CELP > arrive en taxis ou en voiture devant la gare ou se gare dans les parkings du CELP > fait un tour sur les terrasses en attendant son train
le jardinier
le n a u f r a g é > passe le temps sur la place Carnot > s’installe temporairement dans les délaissés de l’autoroute
l e vi siteur > fait son changement de transport en commun dans le CELP pour aller à la Confluence au sud ou dans la vielle ville au nord > fait un tour sur une des terrasses s’il en a eu la connaissance > a pris une chambre d’hôtel dans le quartier
Ces scénarios, sont issus des rencontres et des observations faites sur le site mais aussi amendés pas mon interprétation des usagers des lieux.
les principales activités attractives En dehors des circuit touristiques, le quartier est surtout vécu par ses habitants. La présence de la gare et du CELP induisent de nombreuses personnes en transites entre un point et un autre, essentiellement le matin et le soir, mais aussi des personnes de passage sur Lyon qui dorment stratégiquement dans les hôtels à proximité de la gare. Les usages proposés par le CELP et les terrasses pourraient répondre aux besoins des différents profils et temporalités des usagers mais aussi aux manques du quartier et pourquoi pas ceux de la ville. Entre le pôle attractif du nord presqu’île et celui récent de la Confluence, le milieu de la presqu’île semble bien peu attractif comparé au potentiel qu’il représente. À son échelle, il serait intéressant de définir ce qui pourrait être apporté pour combler le maillon manquant de la chaîne.
éducation : collège, lycée, université spor t : terrains, gymnases, patinoire, piscines hôtel activité administrative : conseil régional, archives, poste culturel et social : MJC, musées, Maison de l’environnement , cinémas, spectacles activités temporaires : manifestations, défilé officiel, fête foraine, cirque commerces, services, linéaire commercial, centre commercial marchés
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pôle attractif du nord presqu’île et des quais du Rhône
pôle attractif de la Confluence
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u n monum en t à l a c ro i s é e d ’ u n p atc h w o r k d ’ e s p a c es 1 un entre-deux : un parking
2 la place Carnot : une place arborée 5 le Rhône
© le lyon des gônes
3 le cours de Verdun : un échangeur
4 l’autoroute : un géant de béton
6 la Saône
5 3
A 7
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les éléments architecturaux marquent l’espace par leurs volumes simples en comparaison de la confusion du sol
une façade-miroir qui tente de faire oublier le bâtiment
6 le CELP : entrée sud
7 le CELP : entrée nord Le CELP et les terrasses, se trouvent au carrefour d’un patchwork d’espaces aux ambiances diverses, entre le béton et la voiture, les arbres et le piéton, l’eau et les ponts. Les différents espaces n’ont plus de continuité les uns avec les autres en raison de la présence même du CELP qui les a désolidarisés. Les terrasses pourraient devenir un moyen de les réunifier. Le CELP, a une place centrale, pourtant le géant de béton tente de se faire oublier. Les façades de se parent de miroirs et sa hauteur de ne dépasse pas celle des toits voisins. Certains éléments marquent toutefois le paysage par leurs volumétries imposantes et épurées (toiture, silos...) en comparaison du sol encombré. Le bâtiment oscille entre être présent ou s’effacer. Ne faudrait-il pas assumer sa monumentalité et son rôle de point de repère à la croisée de voies majeures.
6 1
4 6 ’emplacement est propice au développement d’activités de quartier, c’est notamment la dernière passerelle liant la partie nord de la partie sud de la presqu’île. C’est aussi un lieux stratégique à l’échelle de la ville, car c’est un endroit de convergence et de fort passage. Les différents profils d’usager demandent de s’adapter aux besoins de chacun en prenant en compte leurs temporalités.
L
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2.3 toits et jardins : quelles opportunités ? l e toit : un un i ve r s le toit, couleur de la ville
Les toits par leurs matérialités et leurs formes constituent le paysage aérien de la ville. Souvent invisible du sol, il se révèle depuis les points hauts ou par la lucarne. Les toits donnent une couleur à la ville et font partie de son imaginaire, Paris la ville bleue de part sa couverture de zinc froid1, Lyon la ville aux nuances chaudes de la tuile de terre3. Certaines particularités d’usages, comme les réservoirs d’eau new-yorkais imprègnent le paysage des toits2. Cette impression de la ville reflète souvent l’image de la ville ancienne figée dans ses formes passées. Dès que l’on s’éloigne de l’hypercentre, il est rare d’avoir ce paysage homogène. La disparité compose alors le paysage qui perd son aspect pittoresque. Les immeubles s’internationalisent et se parent de toits-plat qui sont rarement investis et souvent pris pour un espace résiduel qui servira aux sorties techniques. Actuellement, un nouveau regard est porté sur le toit, avec l’arrivée des toits ‘végétalisés’. Ce procédé ancien est remis au goût du jour pour diverses raisons. Économiques tout
d’abord, car la surface plantée améliore l’isolation thermique et acoustique du bâtiment. Pour des raisons écologiques car la présence d’une ‘nature’ en ville est de plus en plus recherchée, on sait l’impact positif qu’elle a pour l’homme, mais aussi pour le milieu urbain tout entier et sa biodiversité. Comme en compensation de nos erreurs, les plantes améliorent la qualité de l’air et réduisent, avec l’humidité préservée par la plante et le sol, l’effet de chaleur dégagé par les matières minérales. La surface perméable retient une partie des eaux de pluie ce qui évite son évacuation vers le réseau d’assainissement. La propagation des toits plantés pourrait à terme changer le paysage des toits (ZAC II de Confluence)4. Mais ce n’est pas pour leur qualité esthétique que les toits plantés ont un avenir. Ils sont trop souvent étalés comme un produit marketing urbain, justifiant des formes ubaines et architecturales anti-écologique et peu humaines. Ce qui importe aujourd’hui, c’est la valeur sociale des toits qu’ils soit praticables par les habitants et par le public.
le toit, un imaginaire
2 la fête et l’interdit
la fête
1 la solitude du héros
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3 un monde de rêve
Le toit fait appel à deux univers, celui de la tranquillité solitaire et celui de la fête partagée. Un peu en dehors de la ville, il offre un isolement propice à la rêverie. Etre sur la ville, c’est un peu la posséder, avoir le dessus sur tout ce qui nous échappe au sol. C’est aussi un lieu de calme, comme une pause, sorti de l’agitation perpétuelle de la rue (1). Comme un petit bout du monde en dehors des usages publics et contrôlés du sol, il est facilement approprié pour des usages collectifs et festifs. Le toit reste souvent un espace interdit auquel on cherche tout de même à accéder (2). Ces points hauts, offrent des vues imprenables et atypiques. La conquête des hauteurs devient un jeu auquel se prêtent les grimpeurs hors-paire. Le toit devient un monde (3) qui laisse libre-cours à l’imagination de chacun. 1/ Nicolas De Crecy, affiche de l’exposition Archi&BD, cité de l’architecture, 2011, source [www.citechaillot.fr] 2/ image du film La Haine, Mathieu Kassovitz, 1995, source [www.youtube.com] 3/ le toit de la casa Milà à Barcelonne, Gaudi, 1910, source [www.joeljuge.free.fr]
“Le toit se fait seuil. Il appelle au-delàs de ce qu’il sépare. Il isole et relie. L’ailleurs se pose délicatement sur lui et imprègne les rêves de celles et ceux qui sagement s’endorment sous sa protection. Le toit voit à l’intérieur et à l’extérieur, il est une limite sans limites. Montons sur le toit et laissons nous emporter par les vents secrets de la rêverie cachottière... “ 1
un jardin sur le toit le jardin suspendu... à l’architecture Le jardin suspendu remonte à l’antiquité avec les biens connus jardins de Babylone. Il reste un symbole, celui de la prise totale de l’homme sur la nature, qui se sépare de la terre mère, mais aussi ce sont les prémices de la fusion entre l’architecture et le paysage. Finalement qu’une couche de terre surélevée par le biais d’un bâtiment, il a nécessité toutefois un savoir-faire précis. Il est entièrement dépendant de la technique, pour sa construction (structure porteuse et élévation) et surtout son irrigation. C’est par la maîtrise de ces questions que son existence est conditionnée. L’évolution des techniques a permis la propagation des jardins suspendus, notamment pendant les années 60-70, accompagnant des équipements ou l’urbanisme de dalle. Les jardins du CELP en sont un des témoins. Nous reviendrons par la suite sur les conditions de survie de ces types de jardin.
intensif / extensif Deux grandes catégories de plantation en toiture sont définies. Il convient de réinterroger celles-ci car ce n’est pas la présence de strates arbustives et arborées, ni le type d’entretient qui déterminent l’existence d’un jardin. toit planté de manière extensive : La profondeur d’enracinement est réduite. La végétation se limite surtout à des mousses, des plantes grasses et des herbacées résistantes à la sécheresse ou la recherchant. Le poids de ces toitures est faible, vu l’épaisseur réduite du substrat et la légèreté des plantes qui y prennent racine. Les toitures extensives ne sont pas accessibles. Il s’agit d’un ‘toit à regarder’ plutôt que d’un ‘toit à utiliser’. toit planté de manière intensive : La végétation peut y avoir un enracinement profond, ce qui permet la plantation d’arbustes et d’arbres. L’épaisseur du substrat, des plantes et le type de fréquentation, induisent une charge lourde. Ces toitures demandent un entretien relativement intensif notamment pour l’arrosage. Le toit devient une terrasse, comparable à un jardin du point de vue de son usage. Les toits-jardins peuvent être critiquables à plusieurs points de vue : demande forte en eau, fragilité due à l’épaisseur du substrat, à l’exposition et aux vents... Il est alors nécessaire de repenser les possibilités d’installation de ces jardins dans un milieu très contraint. L’architecture ne peut-elle pas devenir un milieu, un lieu de vie définit par des contraintes climatiques, géologiques et géographiques, qui déterminent les conditions de vie des êtres vivants. L’architecture comme une topographie construite, le béton son sous-sol. Le jardin doit être penser en la relation avec les éléments naturels qui l’entourent (le soleil, le ciel, le vent...), le paysage dans lequel il se situe et l’imaginaire auquel il fait appel.
1/ Le toit, seuil du Cosmos, Thierry Paquot, ed. Alternatives, coll. Lieux-dits, 2003, p. 15 Les Jardins de Babylone, gravure sur bois du XIXè siècle, Sidney Barclay, Voyage aux Sept merveilles du monde Augé de Lassus
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le jardin : un maillon de l’espace public dans l a vi l l e d e Lyon
La ville longtemps contenue sur un territoire restreint au nord de la presqu’île, s’est fortement densifiée, laissant peu de place aux jardins et aux parcs mais elle a conservé un réseau de petites et grandes places minérales ou plantées. Les coteaux présentent un patrimoine de petits jardins installés dans les espaces inconstructibles. Pensés comme un tout, ils forment le parc des hauteurs sur la colline de Fourvière. Le parc de la Tête d’Or est programmé avec l’extension de la ville au milieu du XIXe siècle et est une grande respiration dans la ville. Le parc de Gerland, équilibre l’offre au sud de la ville, au cours des années 90. Le réaménagement des berges du Rhône, puis aujourd’hui celles de la Saône apporte un nouveau regard sur les cours d’eau et sont des espaces de promenades privilégiés.
N
parcs jardins sur les coteaux places minérale et places plantées
Les jardins du CELP font quasiment office d’exception dans le tissu dense du centre de la presqu’île. Au sein de la ville, il est difficile de trouver de nouvelles places pour ces respirations que sont les jardins publics et dont la demande se fait de plus en plus forte. Il est donc important de travailler sur l’existant et en premier lieu de réactiver ce qui a périclité en prenant en compte les raisons de ce déclin.
5 minutes de marche 400 m
10 minutes de marche 800 m
da n s l e q u a rt ier
place à dominante minérale
Le quartier nord est très dense et minéral, les îlots bâtis possèdent rarement des jardins mais plutôt des petites cours centrales. Les espaces publics sont des placettes peu animées. La place Bellecour a un usage événementiel d’échelle métropolitaine mais peu locale. La place Carnot quant à elle, est un espace traversant et très passant, l’agitation y règne. Quelques bancs permettent de se poser un instant et des pelouses supportent difficilement les groupes de jeunes. La place, très arborée, est un espace ou règne l’ombre plutôt que le soleil. Le quartier sud est plus arboré, les larges rues sont plantées d’alignements de platanes et les nouvelles rues accueillent également des plantations. Quelques coeurs d’îlot, s’ouvrent parfois sur la rue et permettent d’apercevoir les jardins des immeubles. Côté Sâone, différents jardins publics (jardin Aquatique et square Delfosse) ouvrent sur les quais. Le cours de Verdun est à la charnière re de ces deux atmosphères.
place arborée et plantée parc jardin et square
L’échelle d’une des terrasses du CELP, s’apparente à celle d’un grand jardin de quartier, avec ses 5000 m2. De part son côté intimiste, le jardin de quartier joue un rôle essentiellement social, il favorise la rencontre des habitants mais aussi permet des usages du quotidiens (jouer, se reposer, lire...). C’est une petite respiration favorisée par la présence de végétaux. Les terrasses sont aujourd’hui indépendantes l’une de l’autre, en raison du volume central non traversant. Les réunir permettrait de diversifier les ambiances et les usages.
95 m
N
60 m
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prendre de l a h a u t eu r les balmes
la s aône la pres q u’ île le rhône la plaine
cal m e , o u ve rt u re et appel ver s un ailleurs Bien que l’autoroute passe en dessous, les jardins du CELP sont un espace de calme car en dehors des mouvements incessants et bruyants de la rue. Situées au niveau des toits voisins, les terrasses bénéficient de l’emprise de l’autoroute comme d’une ouverture sur le paysage boisé des Balmes qui vient former un fond de scène et sur la plaine Lyonnaise qui s’étend et ne laisse apparaître que le ciel. La perception est dominée pas le sentiment vertigineux de l’ouverture et cette impression d’en voir trop ou peut-être pas assez. On s’imagine pouvoir monter encore plus haut, dépasser les façades, pour pouvoir enfin trouver ce que l’on cherche, une vue sur toute la ville et sur ses toits. Situé sur la presqu’île, entre les collines et la plaine ainsi qu’entre le Rhône et la Saône, l’emplacement est idéal. Il nous laisse penser à ce qui dépasse notre simple vue, ce qui est au-delà, l’imaginaire de la plaine du Rhône, ses champs ouverts et ses méandres sableux (1) ainsi que les monts boisées et pâturés des Monts du Lyonnais derrière la colline de Fourvière (2).
1
2
les balmes en fond de scène
profondeur de ciel au dessus de la gare Perrache
ouverture sur la place Carnot
vue des jardins côté Sâone fourvière au loin
vue des jardins côté Rhône
fond de ciel
profondeur de ciel au dessus de la gare Perrache
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Au sujet des bouts du monde : “ (Car) le lieu, nommé, qualifié et dit, localise des émotions paysagères, des souvenirs et des mémoires dans un endroit. Nourrit d’expériences humaines, peuplé ou non d’images, il y a une épaisseur historique et indentitaire. Il s’oppose au non-lieu décrit par Marc Augé, espace de la mobilité individuelle, du passage aléatoire, du flux permanent et de l’anonymat.” 1
aller au bo u t du mo n d e Ly o n u n e vi l le de recoins
les traboules, des passages couverts
jardin des curiosités, un belvédère
un escalier dans les pentes de la Croix-Rousse
La ville de Lyon est faite de points hauts, de points bas, de passages ouverts ou fermés, des escaliers et des endroits cachés. L’espace public est plus complexe que des simples pleins et vides, il n’est pas linéaire. Cependant tous mènent quelque part, d’un point à un autre ou vers un lieu spécifique dont on attend quelque chose (un point de vue, une fonction, quelqu’un...) mais surtout qui est localisé. De part sa fin sans issues et son accès compliqué, la terrasse ne devient-elle pas un bout du monde ? Quelle est alors, son identité, son histoire et l’expérience humaine qu’elle nous livre?
un escalator comme tant d’autres
le paysage de l’autoroute
un jardin décontextualisé
’importance du jardin de quartier est significative de part son échelle et son rôle alternatif. Dans un contexte très dense et perturbé, les jardins du CELP sont une respiration et une pause. Il est important de considérer que le jardin peut se développer et être pérennisé uniquement si on le prend en compte son contexte (géographique, climatique, biologique, humain...). Sa situation atypique en toiture ouvre sur de nouveaux horizons, proches, lointains, réels ou imaginaires.
L
/71 1/ Bout du monde, Carnet du paysage n°16, Quelques figures géographique, Pierre Donadieu, p.67
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2.4 toit et jardins : quelles contraintes ? l es éche c s d u h o r s -s o l l a d a l l e s é p a r at r ice Bien qu’ayant un statut un peu différent de part sa hauteur et de sa dimension finie par les rebords du bâtiment, la multiplication des usages verticaux du site renvoie à l’urbanisme sur dalle. Il conditionne les l’espaces publics par la séparation des flux et libère le sol pour la voiture et réserve la dalle pour le piéton. L’intention peut paraître louable, mais bien souvent il complique plus que ne facilite les déplacements. De part sa position surélevée il induit des contraintes d’accessibilités au reste de la ville et perturbe la lisibilité du paysage urbain composé traditionnellement de pleins et de vides. Issues de réflexions utopistes, de nombreuses réalisations ont vu le jour au courant des années 60 et 70, lors des grands projets de villes nouvelles et de création de quartiers entiers. Aujourd’hui tout ces lieux posent des problèmes de durabilité, peut être entre autre, en raison de leur construction rapide et peu soignée. Certains d’entre eux sont alors réhabilités ou détruits. C’est le cas de la dalle de la Part Dieu à Lyon qui est actuellement en projet. L’intention est de retrouver une lisibilité des lieux et de développer de nouvelles fonctions. En effet, l’espace présente une géométrie compliquée et des statuts entre privé et public, pleins et vides qui nuisent à la compréhension du site et à son accessibilité. La question du sol facile prend de plus en plus d’ampleur aujourd’hui. La tendance est à chercher la fluidité des déplacements piétons et donc un sol quasi uniforme, contraire à la dalle, qui est souvent composée de différents niveaux, d’escaliers, de rampes et d’escalators comme celle de Tolbiac à Paris.
source [www.pss-archi.eu] © le renard
la dalle de la Part Dieu, Lyon
des jardins en sursis Les jardins réalisés dans le même cadre sont également remis en question. C’est notamment le cas de la coulée verte de Nice, un jardin linéaire sur le toit d’une suite d’équipements. Elle a été récemment détruite suite à la délocalisation de ces équipements, pour retrouver le sol naturel et laisser place à la promenade du Paillon. Le jardin des Halles, à Paris, fait également l’objet d’une réhabilitation allant de paire avec celle du bâtiment. Il est aisé de voir que le jardin dépend entièrement du bâtiment sur lequel il se trouve. Si le bâtiment n’a plus de raison d’être, les jardins non plus. Il en va de même si le bâtiment change de fonction, alors les jardins sont eux aussi impactés. La fréquentation peut s’avérer réduite ou changer totalement de profil et donc l’usage des lieux.
source [http://lesacafr.blogspot.fr]
ancienne coulée verte, Nice
L’accessibilité et la lisibilité est une question importante pour ces toits-jardins. Certains lieux tombent totalement dans l’oubli par manque de visibilité. Le jardin de l’Atlantique en est un bon exemple. Pourtant situé sur un point de passage très important, la gare Montparnasse à Paris, il est relativement peu fréquenté par les usagers de la gare car rien ne les indiques. Ils sont toutefois pratiqués par les nombreux habitants des alentours, notamment ceux qui ont une vue directe dessus. Il y a néanmoins aujourd’hui un regain d’intérêt pour les espaces de toit. C’est le cas du centre commercial de la Vache Noire à Paris. Il faut cependant prendre en compte la durabilité du bâtiment sur lequel s’implantent les jardins pour que ceux-ci soit pérennisés.
jardin de l’Atlantique, Paris
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un jardin invisible et inaccessible vue du piéton depuis l’entrée nord
vue du piéton depuis le sud
vue du piéton depuis le côté Rhône et le côté Saône
Il existe des signes, mais qui les voient ? L’automobiliste regarde sa route, le piéton cherche la sienne sur le cours de Verdun ou passe rapidement son chemin. Le CELP reste le moyen le plus efficace pour signaler la présence des terrasses. Comment se souvenir d’un jardin sans nom ? Ils ne sont plus les jardins de l’ELAC, ils ne sont pas les jardins de Perrache, ils ne sont pas les jardins du CELP, qui est en ce moment même en train d’être renommé PEM Perrache pour Pôle d’Echange Multimodale. Les associations ont renommé poétiquement jardin entre ciel et terre ainsi que jardins suspendus de Perrache. De quoi ce jardin est-il le nom ? Sur les quelques indications trouvées uniquement au sein du CELP, il est inscrit jardins. La signalétique n’est peut être pas une solution en soi, l’espace ne devrait-il pas guider subtilement le passant ? Certes, mais dans ce contexte particulier d’espace fonctionnel, reste-t-il une place pour la perception corporelle et sensible. Le regard cherche les signaux visuels pour se diriger et se mouvoir vers son but. La signalétique peut être un appel, un moyen mais pas une fin. indication pour les jardins dans le CELP
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Après trois montées d’escalators et trois portes on arrive enfin au jardin. Mais pour peu que l’on veuille passer d’une terrasse à l’autre il faut redescendre deux étages, par l’escalier ou l’ascenseur uniquement. Un parcours décourageant par avance.
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un jardin ne répondant plus aux besoins
terrasse côté Rhône
une a mb i a n c e d élét ère Vidé de son eau, le coeur du jardin a perdu toutes vocations. Les arbres morts n’offrent plus d’ombre. Le malaise ambiant repose sur les fonctions disparues mais aussi sur les matériaux froids et délabrés. Le sol sonne creux sous les pas. Vers quoi nous appellent ces jardins ? Ils ne nous parlent de rien d’autre que d’eux même, un intériorité recherchée comme une protection face à ce qui l’entoure. C’est pourtant ici l’un des intérêts du jardin, ce rapport entre l’intérieur et son contexte. Quelles histoires nous raconte-t-il ? Bien peu, en dehors des quelques vues sur les toits, ce jardin pourrait être ailleurs. C’est une sorte de retour à l’ordre naturel des chose, le retour d’une île mais aujourd’hui dans la ville. Cependant une île a des ancrages, ses rivages qui plongent dans l’eau et une île a une faune et une flore endémique qui en font un lieu singulier mais en accord avec son climat, ses vents et ses embruns.
des matériaux qui ont mal vieilli
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un e s p a c e vast e mais cont r aint L’espace central offre une vaste ouverture mais il est physiquement morcelé par les différents niveaux et l’ensemble de murets. Les éléments techniques ne par ticipent pas à une cohérence d’ensemble et contraignent les usages de l’espace.
A
B
sortie de secours et aération bassins vides espace isolé sans vocation
bas
haut
bas
coupe A/B 1/500 : les différents niveaux
de s u s a g e s condit ionnés
s’asseoir déambuler
Les différences de niveaux tentent d’induire des variations dans l’espace, cependant elles conditionnent plus qu’elles n’ouvrent à d’autres perceptions. La circulation périphérique apporte un rapport différent au contexte qui se rapproche alors de nous. Les espaces de pause laissent indifférent face à ce qu’ils donnent à voir et la sensation d’intimité ou de convivialité est totalement absente.
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un jardin dépendant de la technique
Un jardin en terrasse comme celui du CELP, dépend complètement de la technique. L’état actuel témoigne de certains paramètres peut-être pas assez pris en compte lors de leur création, pour l’effet initial recherché. En effet, aujourd’hui, au vue des conditions d’implantation du jardin, il est inconcevable de ne pas rechercher des solutions plus durables en rendant les jardins moins dépendant des ressources notamment de l’eau. L’arrosage coupé un été fut fatal pour la plupart des arbres qui ne se dressent plus qu’à l’état de totem. Il est indispensable de prendre en compte les paramètres conditionnant le jardin tels que son substrat et sa structure porteuse. La structure est invariable, cependant il est possible de varier le sol reconstitué dessus, par son épaisseur, sa granulométrie et sa composition.
l’eau
évacuation des eaux de ruissellement vers le réseau d’eau grise de la ville
La conception actuelle de la terrasse renvoie les eaux des surfaces minérales directement dans le réseau d’eaux grises de la ville. Elle ne bénéficie pas aux surfaces plantées. Il en est de même pour les surfaces plantées, qui laissent s’écouler le trop-plein d’eau par le système de drainage.
le substrat Proposant entre 40 cm et 80 cm de terre allégée, la quantité conditionne la survie de certains végétaux non adaptés. Le volume de terre présent, environ 1370 m3 côté Saône et 1140 m3 côté Rhône témoigne de la portance possible de la dalle support.
les végétaux
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On peut dire que ce jardin va à l’encontre de la dynamique habituelle. Un jardin croît, se développe, s’enrichit au cours du temps. Ici, on peut constater certaines évolutions qui vont dans ce sens, le lierre et les bugles rampants s’étalent, certaines plantes y trouvent leurs comptes. Mais d’origine, seuls les végétaux les plus rustiques sont présents. La dynamique qui s’impose est celle du déclin. En tout cas du déclin au vu des intentions initiales, celles d’un jardin public régulier, avec ses arbres, ses arbustes et ses plantes à fleurs. (voir annexe)
N
la structure
La structure du bâtiment conditionne l’implantation des éléments lourds comme les arbres et détermine la charge maximale de la dalle support, celle-ci serait de 800kg/m2. Ces données très techniques sont toutefois à prendre en compte comme des conditions d’établissement pérenne du jardin, c’est en quelque sorte le sous-sol du jardin. les niveaux de terres conditionnent la survie de certains végétaux initialement plantés 40 cm de terre 65 cm 80 cm
plan des niveaux de sol
arbre : feuillus / conifères arbuste : bas / haut
plan de la végétation
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© blog aire de jeux
© lyon mag
© bibliothèque de Lyon
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évolution du jardin côté Saône au cours du temps : disparition du mobilier et de certains végétaux
un lieu d ép e n d a n t de s h o m m e s Les jardins étaient destinés lors de leur création à l’équipement culturel qu’ils accompagnaient, l’Établissement Lyonnais d’Art Contemporain (ELAC). Ils faisaient figure de modèle et étaient revendiqués par la ville comme un espace public majeur. L’ELAC est délocalisé dix ans plus tard vers des locaux plus grands, à la cité internationale. Par la suite, l’histoire des jardins sera chaotique, ils seront peu à peu délaissés par les usagers et les gestionnaires. Hors des flux, ils sont squattés pour des usages illicites qui font fuir les habitants. Les éléments de mobiliers apportant du confort sont retirés au profit d’un espace de plus en plus stérile. Les jardins seront fermés de régulièrement pour des questions de sécurité qui deviennent la seule préoccupation des gestionnaires. C’est avec l’implantation de la MJC dans les locaux vides de l’ELAC que les jardins retrouveront une stabilité. La présence du public de la MJC induit plus de passage dans les jardins et donc moins de problèmes d’usages. Aujourd’hui, la MJC est délocalisée vers la Confluence et c’est l’école d’arts amateur qui a pris place temporairement ainsi qu’une petite crèche ramenant un peu de vie dans leur espace dédié côté Rhône. De part ces péripéties, il semble évident que les terrasses sont entièrement dépendantes des usages des locaux attenants. Il est alors nécessaire de les réinvestir à travers des fonctions encourageant l’activité des lieux. Le bâtiment CELP est la propriété de la Communauté urbaine de Lyon, cependant il accueille également des équipements collectifs culturels et sociaux gérés par la Ville de Lyon dont les jardins font partie. La gestion des jardins revient au service des espaces verts de la ville. Les jardins présents sont gérés par endroit de manière ‘intensive’ (plantations des bacs) et d’autres sont laissés en totale liberté (arbres morts recouverts par le lierre). Les degrés de gestions sont importants à prendre en compte mais dans ce cas, ils ne participent pas à une cohérence de l’ensemble et à une compréhension de l’espace. La gestion est à considérer dès la phase de conception.
les fonctions n’interagissent pas avec les terrasses
70’
ouverture jardins emblématiques
80’ fermeture de l’ELAC désintérêt de la ville moins de gestion
dégradation désertion
2004 passage de la MJC
regain d’intérêt pour les jardins
proposition de la ville faite aux associations de quartier d’investir les jardins
jardins cour fermée de la crèche crèche accès entrée locaux techniques école d’arts locaux vides
N
plan des fonctions actuelles
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d e l’aband o n n a î t d e n o u v e a u x u s a g e s
valoriser les terrasses abandonnées
renforcer la confusion
De part son manque d’intérêt, la ville se décharge petit à petit de la gestion et propose à des associations d’investir partiellement les lieux. C’est presque le cycle quasi naturel des espaces qui passent d’une fonction, à son l’abandon puis à un état de délaissement qui devient une opportunité pour de nouveaux usages comme le sont les jardins partagés. Cependant espace public et jardin partagé ne va pas de soi. Les jardins partagés sont dans la majeur partie des cas des espaces associatifs fermés spatialement ou privatisés par l’usage communautaire du lieu. Pour les terrasses du CELP, le risque est présent côté Rhône, l’association souhaite en effet pouvoir bénéficier d’un espace fermé, et pourquoi pas toute la terrasse. Côté Saône, les quatre associations présentes, ne sont pas en demande d’un espace fermé car leur vocation est à but pédagogique et social, pour les enfants, les personnes en difficulté ou en situation de handicape. L’aspect public est nécessaire pour le développement de leurs projets.
La fermeture des terrasses serait comme la rétrocession d’un espace à usage public en un espace à usage privé. Cela est difficilement concevable à l’heure où les habitants sont en demande. Il convient donc de trouver une manière d’associer espace public et espace associatif. À l’encontre des jardins partagés souvent temporaires car installés dans des lieux que certain préfère rentabiliser par du bâti, les parcelles associatives, pourraient être pérennisées par l’intégration de celles-ci dans la conception même de l’espace. De plus, la présence des parcelles jardinées jouent dans deux sens contraires. D’une part elles contribuent à valoriser les terrasses abandonnées par la diversification des plantations et la spontanéité qu’elles ramènent, de l’autre, elles semblent parfois anecdotiques et renforcent l’impression de délaissement du jardin. Les parcelles demandent donc à être reconnues comme des espaces d’expérimentation jardinière plus que de composition.
plan des parcelles jardinées
côté Rhone : 290 m2 jardinés les jardins suspendus N
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coté Saône : 214 m2 jardinés MJC Confluence Péniche accueil Institut St Vincent de Paul Foyer N. Dame des sans abris
les jardins partagés de Lyon
Les jardins collectifs se développent de plus en plus dans le territoire lyonnais. C’est un des objectifs de la ville qui reconnaît les avantages de ces lieux. L’association Le Pass-Jardin met en réseau l’ensemble des jardins, permettant ainsi un échange de savoirs et d’informations. La densité bâtie n’a pas laissé beaucoup de place au jardin privé dans Lyon et c’est une activité de plus en plus recherchée par les habitants. Je ne considère pas la fonction vivrière vitale qu’elle représente pour certaines personnes car il n’est pas question ici d’être dans un but productif pour subvenir à une survie alimentaire. C’est l’aspect expérimental, créatif et collectif de l’activité jardinière qui est mis en avant. Cela témoigne bien d’un besoin croissant de retrouver dans la ville anonyme des lieux de rencontre entre ses habitants, à l’échelle du quartier mais aussi de favoriser une pratique de l’espace, autre que consumériste.
a visibilité et l’accessibilité sont intimement liées au devenir des jardins en toiture. L’attachement au sol est la condition nécessaire au repositionnement de ceux-ci dans la trame que forment les espaces publics de la ville. L’instabilité des usages, variant plus vite que les espaces, induit la nécessaire flexibilité de l’espace pouvant s’adapter aux besoins. Le jardin en toiture, est totalement dépendant de la technique, il est alors nécessaire de la prendre intégralement en compte mais en s’autorisant certaines alternatives plus pérennes.
L
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ie n que l a v i l l e chan g e o u s ’a d a p te , le CEL P fa it to u j o u r s p art i du paysage de la p re s q u ’île . I l e s t d o n c n é c e s s a ire d e lui donner l a pl ace q u ’il c o n vie n t a in s i q u ’a u x e s p a c es p u b li cs en t err asses. L’e mp la c e me n t e s t p ro p ic e au d é ve l oppem ent d’ act i vité s d e q u a rtie r ma is a u s s i à c e lles d ’ é c h el l e m ét ropol i t ai n e , e n ra is o n d u p o in t d e c o n ve rg e n ce e t d e passage que l e site c o n s titu e . I l e s t n é c e s s a ire a lo rs d e c onci l i er l es besoi ns lo c a u x a ve c d e s p ro p o s itio n s p lus la rg es. Le jardin présente public, présente des intérêts non n é g li geabl e pour l a po p u latio n e t l’e n viro n n e me n t u rb a in. Cependant, les jardins actuels ne répondent plus aux besoins. Au vue de l eur ét at actu e l, o n p e u t s e d e ma n d e r c o mme nt in te rv eni r. E n eff et , la s itu atio n s u r d a lle imp o s e d es c o n tr ai nt es f ondam ent a le s , n o ta mme n t c e lle d e l’é ta n c h é it é q u i nécessi t e peut êt re , d ’ê tre re p ris e to ta le me n t. S e p o se a lo r s l e di l em m e de s a vo ir q u ’in te rve n ir ic i p o u rra it ê tre va in e t v oué à l ’ échec po u r d e s ra is o n s p u re me n t te c h n iq u es n o n pri ses en com pt e. Mo n in te n tio n p re miè re d ’in te rve n ir s u r l’ exi st ant se dépl a c e a lo rs ve rs u n e in te rve n tio n a vec l’ e x ist ant com m e resso u rc e . J e me p o s itio n n e d o n c to u t de s u ite pour di re qu’ i l es t n é c e s s a ire d e re fo n d e r la b a s e de ces jardins pour leurs donner une possible durabilité. C e p e n dant , i l est né c e s s a ire d e c o n s id é re r to u s les p a r a m èt res nécessai res à la p é re n n is atio n d e s e s p a c es p u b li cs en t oi t ure pour n e p a s re fa ire le s e rre u rs d u p a s s é.
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parenthèse 2 se l a i s s e r r ê v e r
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PARTIE 3 vers un projet du sol au toit
L
a problématique générale de la régénération et de la participation des terrasses du CELP à la vie urbaine, soulève suite à l’analyse du site, quatre questions majeures auxquelles le projet tente de répondre.
Comment les terrasses peuvent-elles être reconsidérées comme un espace public ? Comment redonner aux terrasses leurs rôles de lieux de vie urbaine ? comment peut-on sauver les terrasses de leurs fin programmée ? Comment retrouver l’esprit des lieux ?
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Comment les terrasses peuvent-elles être reconsidérées comme un espace public ?
1 sortir les terrasses de leur insularité bilan
la traversé du CELP n’est pas perçue comme un espace public
Le CELP est un bâtiment qui a une vocation d’espace public puisqu’il permet à tous de franchir la coupure autoroutière. Cependant l’espace n’est pas perçu comme tel. La traversée s’effectue dans une atmosphère confinée et franchisée. Elle est divisée en différentes séquences depuis la place Carnot jusqu’a la gare. Rien ne permet de ressentir la continuité de l’espace. les terrasses-jardins, des îles inaccessibles
C’est par le CELP uniquement que l’on peut atteindre les terrasses. Les accès cachés ne participent pas à la compréhension du fonctionnement vertical du bâtiment et ne signalent pas la présence des terrasses. les terasses-jardins, des îles invisibles
Depuis le sol, là où se déroulent communément les usages de la ville, les terrasses-jardins semblent absentes. Quelques végétaux pointent leurs branches mais ne suffisent pas à interpeller le passant.
e n j eux
rendre accessible et visible depuis le sol
L’accès direct et la visibilité depuis le sol extérieur doivent être renforcés pour indiquer le chemin des terrasses. replacer la traversée du CELP dans la continuité de l’espace public
Le CELP est une séquence à part entière de la traversée mais elle doit trouver des accroches dans son contexte.
faire descendre les terrasses depuis le sol depuis le toit
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Signaler la présence des terrasses dans le bâtiment par la reconfiguration spatiale du CELP et un signalétique adaptée.
i ntentions la lisibilité
faire rentrer la lumière dans le CELP Profiter de la rénovation du CELP pour évider les planchers et la toiture afin de retrouver un contact avec l’environnement extérieur, celui de la lumière. imaginer une continuité dans les sols révéler la continuité de l’espace public par un sol d’une matérialité continue.
l’accessibilité
développer des accès en façade
rendre les circulations intérieures visibles depuis la traversée
la visibilité
signaler grâce aux silos Éléments marqueurs de la façade, ils peuvent devenir les signaux des terrasses mais aussi affirmer le statut particulier du CELP. signaler par la hauteur Être appelé depuis le sol par la mise en évidence de la verticalité du bâtiment et de son organisation. signaler par la descente La présence des terrasses est signalée par la décente d’éléments depuis le dernier étage jusqu’au sol.
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Comment redonner aux terrasses leurs rôles de lieu de vie urbaine ?
2 renforcer l’attractivité à différentes échelles et répondre aux besoins des publics c o n stats une situation de convergence Les terrasses ont un for t potentiel de convergence car elles sont idéalement situées : au coeur de l’hypercentre lyonnais et à la croisée d’axes importants concentrant les espaces publics majeurs de la presqu’île. Elles sont parfaitement desservies par les transports en communs du CELP, la gare de Perrache et le réseau routier.
des usagers variés Le CELP est emprunté par des usagers divers allant du passant quotidien au visiteur occasionnel.
un vide d’activité pour les différents usagers
Le site ne favorise ni les pratiques quotidiennes, ni les pratiques occasionnelles, il reste un non-lieu de passage.
des espaces contraints / 92 92
L’encombrement actuel des terrasses par des éléments techniques, les bacs et les bassins ne permet pas une polyvalences de l’espace.
enjeux
répondre aux besoins des usagers quotidiens
induire une polyvalence de l ’e s p a c e Décongestionner l’espace contraint des jardins pour permettre d’accueillir des événements.
f a vo r i s e r l e s événement s de quartier i n c l u re d e s at t r ait s supr a-locaux > jardin ephémère???
i ntention s rendre les terrasses complémentaires La diversification des usages implique de créer à la fois des espaces ouverts polyvalents dédiés aux usages collectifs et des espaces plus intimes dédiés aux usages plus individuels.
v a r i e r l e s e s paces et les usages Dédier les espaces à des usages et usagers différents tout en les faisant se côtoyer.
espace mixte espace de l’événement terrasse du quotidien
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terrasse du quotidien espace de l’événement espace mixte
Comment peut-on sauver les terrasses de leur fin programmée ?
3 travailler avec les dynamiques du site c o n stats dynamiques des fonctions L’espace public sur le toit a une forte dépendance à la fonction du bâtiment qu’il accompagne ce qui programme le déclin des jardins. Les fonctions évoluent plus vite que les espaces. L’état d’abandon a permis une réapropriation des lieux par les associations.
dynamiques locales d yn Les associations s’installent de manière éparses dans les jardins ce qui n’est pas toujours compréhensif pour le public.
dynamiques naturelles dyn
e n j eux
La faible épaisseur du substrat et le manque d’eau ne convient pas à tous les végétaux, c’est pourquoi un grand nombre sont actuellement mor ts. La végétation est dépendante de la technique d’irrigation et de l’épaisseur du substrat.
enrayer l e déclin programmé
ancrer les initiatives locales anc inclure dans la conception des terrasses des espaces dédiés aux initiatives locales.
rendre lisible leurs actions ren
économiser les ressources éco Trouver des solutions d’aménagement permettant de subvenir, au moins en partie au besoin en eau des végétaux.
pérenniser les plantations /94
Installer des milieux adaptés aux conditions de vie de la terrasses pour parier sur une plus grande chance de survie.
i ntentions p proposer des espaces flexibles D Définir des espaces ayant une plus grande c capacité à changer selon les besoins.
m mettre en place une trame P la modularité, laisser place à des variations Par dde l’espace selon sa vocation.
espace flexible espace mixte espace permanent
rregrouper les initiatives locales Plutôt que d’éparpiller il faut concentrer les inter ventions pour qu’elles soit compréhensibles.
chercher l’économie Favoriser les plantes rustiques s’adaptant facilement et celles de milieux secs et de sols peu profonds. jardin du Fort St Jean, Marseille
collecter les eaux de pluie Rabattre les eaux des surfaces minérales vers celles des surfaces plantées.
Cour des orangers, Cordou
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Comment retrouver l’esprit des lieux ?
4 affirmer les singularités du site et de son contexte bilan une terrasse soumise aux él é m e n ts La présence du ciel et de ses aléas sont à prendre en compte dans le contexte des terrasses. Il y sont très présents. vents plein nord ou plein sud
le toit et sa couleur
un belvédère ? Les terrasses au niveau des toits voisins laissent insatisfaite la curiosité d’avoir une vue sur toute la ville.
l’atmosphère ne fait écho q u ’a elle même Rien ne raccroche la terrasse à son contexte, proche ou lointain, ni sa spatialité, ni sa matérialité.
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enjeux
révéler les éléments se protéger et tirer partie du soleil, de la pluie et du vent.
développer l’imaginaire d u to i t Reconsidérer les terrasses comme des toits lyonnais.
affirmer le statut de belv é d è re Valoriser les points de vues existants et développer de nouvelles manières de percevoir le contexte.
dialoguer avec le visible e t l’invisible Recontextualiser les terrasses par l’utilisation des attributs locaux et faire appel aux grands paysages lyonnais.
i ntentions monter plus haut Profiter du toit central du CELP pour offrir une vue panoramique au dessus des toits, sur la ville de Lyon.
aller plus loin Par une plateforme suspendue, laisser percevoir le vide.
deux ambiances complémentaires Chaque terrasse évoquera et dialoguera avec le paysage auquel elle se raccroche, les balmes et collines côté Saône et la plaine côté Rhône.
couleur locale Utiliser des matériaux et des couleurs appartenant ou s’accordant au paysage lyonnais et au site.
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moyens ap p ro c h e p ro gram m at i que Le projet nécessite un travail sur la programmation des espaces en lien avec les enjeux soulevés. Les fonctions se doivent de répondre aux besoins des usagers mais aussi de proposer une nouvelle activités attractives pour tous les publics.
ap p ro c h e s p at i al e Un travail sur le CELP et ses accroches ainsi que sur les terrasses permettra de retrouver une cohérence à l’ensemble du site, d’améliorer la lisibilité et l’accessibilité mais surtout de proposer des lieux en accords avec le contexte.
ap p ro c h e te c hni que De part sa situation contrainte par la technique, les jardins se doivent de répondre à certains critères de faisabilité tout en s’autorisant la créativité.
ap p ro c h e h u m ai ne Composante essentielle du site, il est essentiel de penser la place de l’habitant et de l’usager avant, pendant et après le projet.
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conclusion e projet et le diagnostic s’enrichissent l’un l’autre au cours du projet. Certaines choses apparaissent dès le premier pied sur le terrain, il y en a que l’on a besoin de décortiquer pour en comprendre le fond et celles que les autres nous apportent avec leur lumière.
L
Le site de projet, étant marqué par une identité forte, celle d’être sur un toit, il a fallu que je comprenne les problématiques relatives aux espaces publics généraux situés en toiture. Il m’a été nécessaire, et le sera encore par la suite, de puiser dans divers cas existants et passés pour répondre aux questions qui se posent. Les terrasses du CELP présentent un fort potentiel, pour le quartier et pour la ville. Il est indispensable qu’elles soit régénérées pour faire partie mentalement et physiquement de la trame d’espaces publics à laquelle elles appartiennent. Dans ce cas seulement, elles pourront répondre aux besoins des habitants et des usagers. L’avenir des terrasses dépend d’un contexte plus large, celui du CELP, de l’enfilade d’espaces allant de la place Carnot à la place des Archives. Il est alors nécessaire de travailler avec cette portion de ville comme un patchwork formant un tout. Si l’avenir des terrasses dépend du bâtiment sur lequel elles se trouvent, le bâtiment a survécu sans prendre en compte ses terrasses. Mais plus que survivre, ne faut-il pas que ce bâtiment vive, il fait partie de l’espace public. Les terrasses en tant que lieux de créations, de partages et de pauses, ne deviennent-elles pas alors un moyen pour extraire le CELP de sa condition de non-lieu? Pour parvenir au réveil des terrasses du CELP, le projet mettra en place un ensemble d’actions répondant aux enjeux du site et aboutissant à un projet global en cohérence avec le contexte.
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sources GEOGRAPHIE - HISTOIRE - 2e édition de la carte géologique de Lyon, Ministère de l’industrie, BRGM, 1979 - Reconstitution paréo-environnementale à partir du contexte géomorphologique de quatre sites archéologiques de la plaine de l’est Lyonnais, Odile Franc, Institut National de Recherches Archéologiques Préventives, 2005 - Atlas historique du grand Lyon, Jean Pelletier, Charles Delfante, ed. Grand Lyon, 2004 - www.lyon-historique.org - bnf.fr - www.archives-lyon.fr
LYON - www.scot-agglolyon.fr - plu.grandlyon.com/ - www.culture.gouv.fr
LE SITE - Le centre d’échange de Perrache, l’invention de la multimodalité, Millénaire 3, Centre Ressources Prospectives du Grand Lyon, Stéphan Autran, 2009 - Les chemins de la modernité. GAGES, René. Liège, édition Pierre Mardaga, 1987, p. 19-20, 64-75. - Lyon. Connaître son arrondissement : le 2e. De Perrache à Bellecour... Des Jacobins à Saint-Nizier. PELLETIER Jean, Ed. lyonnaises d’art et d’histoire, 1998 -Le centre d’échanges de Perrache revisité. GRAS, Pierre. Urbanisme et architecture., n° 259, décembre 1992, p. 45-48. - Descriptif d’un ensemble d’espaces architecturaux : le centre d’échanges de Perrache.VANDERAA, Guy. Technica, n° 394, 1977 - Lyon le confluent : «derrière les voûtes», Chalabi Maryannick, Belle Véronique, Halitim-Dubois Nadine, Lieux Dits , 2005
TOIT, JARDIN... - l’épiderme aérien des villes, colloque de recherche Paris, Montreal, Torento - Le toit, seuil du cosmos, Thierry Paquot, Editions Alternatives, 2003 - Belvédère : points de vue sur le paysage, Gilles Clément, Tarabuste , 2013 - Terrasse jardins, conception, aménagement des jardins sur toitures, dalles et terrasses, Jacky Barret, ed. Syros, 1988 - Petit traité du jardin ordinaire, Anne Cauquelin, ed. Payot & Rivages, 2003 - Jardins en ville, ville en jardins, sous la direction de Jean-Jacques Terrin, ed. Parenthèses Editions, 2014 - Recycler l’urbain, pour une écologie des milieux habités, R. D’Arienzo et C. Younès, ed. MetisPresss, 2014
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annexes her bier d ’h i ve r
Cupressus
Pinus
Chamaecyparis
Taxus baccata
Juniperus
Mahonia aquifolium
Le relevé des végétaux, permet de déterminer dans les conditions actuelles quelles espèces se sont acclimatées sur les terrasses.
Sasaella ramosa
échantillons réduit de 50%
Stipa tenuifolia
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Photinia x fraseri
Lonicera nitida
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Prunus laurocerasus
Cotoneaster franchettii
Hedera helix
Vinca minor
Spiraea x vanhouttei
Viburnum tinus
Hypericum
re l ev é des vé g é t au x co m p l é m e n ta i re
Miscanthus
Carex
Imperata cylindrica
Helleborus niger
Aquilegia
Aster
Gaura lindheimeri
Hemerocallis
Narcissus
Prunus spinosa
Ajuga reptens
Hedera helix ‘arborea’
Stipa
Bergenia
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re levé de s vé g é t au x c o m p l é m e n ta i re
Carpinus betulus
Betula pendula
Sophora japonica
Aucuba japonica
Elaragnus pungens
Fosythia x intermedia
Nandina domestica
Punica granatum
Pyracantha
Choisya ternata
Viburnum davidii
Erica
Rosa
Rosmarinus officinalis
Lavalandula
com par a i s o n Travail de comparaison d’échelle entre celle des terrasses et des jardins lyonnais. terrasses
terrasses
l’allée du parc de Gerland
le jardin de l’ENS
terrasses
terrasses
le jardin Aquatique de la Confluence
l’îlot Amarante, un jardin partagé
terrasses
la montée de la grande Côte
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remerciements
M
erci : à mes encadrants, Michel Boulcout et Armelle Varcin, pour l’accompagnement reçu tout au long de l’année. à Nadège Vanden Berghe et Emanuelle Balmain pour les informations et la compréhension du site qu’elles m’ont apporté. à tous ceux et celles qui ont répondu présents, pour leurs avis, leurs soutiens, leurs coups de main et surtout le vent joyeux qu’ils insufflent.
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parce qu’on ne sai t j ama is o ù le s v e n ts n o u s m è n e n t. . .
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