Kayak : La Guerre de 1812

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NUMÉRO SPÉCIAL SUR LA GUERRE DE 1812!

HIVER 2012

$4.50 CDN

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RE T N O C E R R EN GUE

! S I N U S LES ÉTAT

PERSONNAGES IMPORTANTS

LES GRANDES BATAILLES


NOUVEAU À LA BAIE, CHAPS POUR ENFANT. En exclusivité. labaie.com


C O N TEN U

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Six grandes batailles

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Alors... Qui a gagné?

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Chicane de famille

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Brock, Secord, Tecumseh et bien d’autres encore

Victoires et défaites

Tout le monde? Personne? À toi de décider!

La guerre de 1812 frappe près de chez nous ARTICLE VEDETTE

L’éclaireur

L’histoire passionnante de Billy Green

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Chut! En inuktitut, ces symboles signifient « Kayak ».

Illustration couverture : Alex Diochon

Seize personnages importants

ET AUSSI 30 Les mystères de l’histoire 34 Quand on se compare 56 Jeux 61 Reponses

A RÉDACTRICE EN CHEF MOT DE L Bonjour à tous! Cette année marque le 200e anniversaire de la guerre de 1812 et remet cette vieille bataille pour la conquête de l’Amérique du Nord au cœur de l’actualité. Bien sûr, ce sont les uniformes colorés, les personnages passionnants et les batailles épiques qui attisent notre curiosité, mais n’oublions pas que cette guerre a été éprouvante pour de nombreuses personnes,

C O M M A N D I TA I R ES

particulièrement dans la région qui est maintenant le sud de l’Ontario. Des voisins et même des membres d’une même famille sont devenus pires ennemis. Sans oublier les Premières nations, durement frappées par cette tragédie. En fait, il y a tant de choses à dire sur cette guerre que nous avons décidé de créer un numéro spécial. J’espère qu’il te plaira et je t’invite à nous faire part de tes impressions sur notre site Web, nouveau et amélioré, www.kayakmag.ca

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I NTR O D U C T I O N

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ette guerre n’aurait jamais dû être déclenchée. Personne ne sait combien de personnes sont mortes, mais on estime le bilan à plus de 20 000. Malgré cette tragédie, très peu de choses ont réellement changé. Du moins, en surface. Les frontières sont demeurées les mêmes, mais la guerre de 1812 fut un jalon important de l’histoire de l’Amérique du Nord. En effet, ce fut la dernière guerre que se livrèrent les États-Unis et la Grande-Bretagne. Les États-Unis et le territoire qui deviendra le Canada tireront de ce conflit une grande confiance et le sentiment d’être de vraies nations, en bonne et due forme.

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James Gillespie

(Un historien a affirmé que la guerre de 1812 est l’un des plus importants piliers du Canada moderne). Cette guerre a également marqué le début d’une grande amitié entre les deux pays, un exemple pour le reste du monde depuis deux cents ans. La guerre s’est terminée le 16 février 1815, lorsque les États-Unis approuvèrent le traité signé à Gand, en Belgique, deux mois plus tôt. Les événements marquant le 200e anniversaire se dérouleront pendant encore deux ans. Tu auras ainsi de nombreuses occasions d’en apprendre davantage sur la guerre de 1812 et d’en comprendre les enjeux.

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A R T I C L E P R I N C I PA L

Pourquoi la

guerre? Par Stephen Shapiro 6

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Impressment (litho), . / Private Collection / Peter Newark Pictures / The Bridgeman Art Library

Comment une colonie paisible comme le Canada, à l’époque l’Amérique du Nord britannique (même pas encore un pays), a-t-elle pu devenir le théâtre de la guerre de 1812? Les conflits entre les États-Unis d’Amérique et la GrandeBretagne ont provoqué cette guerre. Pour les Américains, envahir le Canada était une façon de se venger de la GrandeBretagne. S’ils étaient victorieux, ils en tiraient un butin de choix : le Canada lui-même!


Conflit en mer En 1812, la Grande-Bretagne était en guerre contre la France et son empereur, Napoléon Bonaparte. Ce conflit, que l’on appelle également les guerres napoléoniennes, se déroulait partout dans le monde, notamment en mer. Britanniques et Français se livraient à des batailles navales où chacun tentait de capturer les navires et les marchandises de l’ennemi. Les États-Unis restaient à l’écart et essayaient de faire du commerce avec les deux nations, mais ces dernières continuaient de s’emparer des navires américains, ce qui finit par mettre les dirigeants américains en colère. L’étincelle qui mit le feu aux poudres fut sans doute la façon dont les Britanniques faisaient main basse non seulement sur les navires, mais aussi sur leur équipage. La marine royale britannique était la plus puissante au monde, mais elle avait constamment besoin de nouveaux marins. La vie des membres de la marine royale était misérable. Ils étaient mal nourris, mal payés et craignaient constamment pour leur vie. De nombreux marins britanniques essayèrent de fuir et de s’embarquer à bord des navires américains, où ils étaient mieux payés et n’étaient pas toujours sous la menace d’une mort imminente. Les Britanniques les qualifièrent de déserteurs (des hommes qui fuient le service militaire) et abordèrent les navires américains pour les ramener au bercail. On parlait alors d’« enrôlement forcé ». Cependant, les marins repris n’étaient pas tous des déserteurs. Certains étaient des Américains qui se trouvaient au mauvais endroit, au mauvais moment. Le gouvernement américain insista pour récupérer ces hommes, mais les Britanniques refusèrent.

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La guerre dans l’Ouest

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Delaware Art Museum, Wilmington, Delaware, USA / Louisa DuPont Copeland Memorial Fund / The Bridgeman Art Library

Le conflit entre la Grande-Bretagne et les États-Unis était encore plus houleux à la frontière américaine. Chaque année, des milliers de colons partaient vers l’Ouest à la recherche de terres à cultiver. Mais les terres qu’ils voulaient étaient déjà habitées par les autochtones. Les Premières nations tentèrent de se débarrasser des colons qui volaient leurs terres et en tuèrent un grand nombre. Mais lorsqu’on s’en prend aux Américains, l’intervention du gouvernement ne se fait jamais attendre très longtemps. Ce dernier envoya des soldats et des généraux, comme William Henry Harrison, pour régler le problème. Si Harrison ne parvenait pas à convaincre les autochtones d’abandonner leurs terres, ses hommes prenaient les terres de force et obligeaient leurs habitants à prendre la fuite. Comme tu peux sans doute le deviner, les Premières nations en vinrent à haïr les Américains. Les Britanniques continuaient de faire du commerce avec ces mêmes autochtones et leur donnaient des fusils en échange de précieuses fourrures. Les dirigeants américains demandèrent aux Britanniques de cesser de fournir des armes aux autochtones, dont ces derniers se servaient pour attaquer les Américains, mais les Britanniques restèrent fidèles à leurs alliés. Les Américains en vinrent à croire que seule une guerre pouvait empêcher les Britanniques de soutenir les Premières nations.


Le prix Les Américains avaient déjà tenté de conquérir le Canada pendant la guerre de l’Indépendance, 35 ans plus tôt, et ils n’avaient jamais complètement abandonné cette idée. Après cette guerre, des milliers d’Américains qui étaient demeurés loyaux à la Grande-Bretagne s’installèrent au Canada. On les appelle les Loyalistes de l’Empire uni. Des dizaines de milliers d’autres Américains achetèrent également des fermes dans le Haut-Canada (aujourd’hui l’Ontario). Ils se moquaient bien des déserteurs britanniques ou des autochtones qui s’en prenaient aux colons américains. Seraient-ils motivés à faire la guerre pour un roi qu’ils ne connaissaient pas ou contre leurs anciens voisins et amis? La Grande-Bretagne était loin, toujours empêtrée dans sa guerre contre la France.

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A R T I C L E P R I N C I PA L

Seize personnages importants Du plus modeste au plus puissant, ils ont écrit une page de l’histoire de l’Amérique du Nord.

Bibliothèque et Archives Canada

Isaac Brock 1769-1812 Cet homme-là avait tout pour lui : intelligence, élégance, beauté et pouvoir d’influence. Et si ce n’avait été du major-général Sir Isaac Brock, le Haut-Canada aurait très bien pu se retrouver aux mains des Américains lors de la guerre de 1812. Dès qu’il reconnût les signes précurseurs de la guerre, il se lança dans une vaste opération en vue de préparer les forts, les navires et les troupes. Il savait qu’il pouvait compter sur la loyauté de ses hommes. Il connut sa plus grande victoire en août 1812. Avec l’aide de Tecumseh, il terrifia le commandant William Hull à tel point que ce dernier abandonna Detroit sans même se battre. Le 13 octobre 1812, Brock fut tiré de son sommeil à Fort George par le bruit de tirs américains : l’ennemi attaquait près de Queenston. Il sauta sur sa monture et, parvenu au champ de bataille, il dirigea ses hommes jusqu’au sommet d’une colline. Malheureusement, quelques instants plus tard il fut abattu par un franc-tireur ennemi. Sir Isaac Brock avait gagné un tel respect qu’à son enterrement, soldats américains et britanniques tirèrent une salve d’honneur à sa mémoire.

Le major-général Roger Sheaffe, dont le pouvoir d’influence et la bravoure furent souvent sous-estimés, prit la relève à Queenston après la mort de Brock et repoussa l’envahisseur américain. 10

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Bibliothèque et Archives Canada

Laura Secord 1775-1868

En 1913, un homme de Toronto ouvrit un petit commerce de confiserie et le baptisa Laura Secord en l’honneur « de son courage, de son dévouement et de sa loyauté ». On a déjà compté plus de 100 boutiques Laura Secord au Canada. Les chocolats Laura Secord sont maintenant fabriqués à Québec.

Peu de Canadiens savent que cette héroïne est née et a vécu aux États-Unis avant de déménager avec sa famille, à l’âge de 20 ans, dans la région actuelle du Niagara, en Ontario. Laura Ingersoll épousa James Secord en 1797 et le couple s’installa à Queenston. Lorsque James fut blessé lors de la bataille des Hauteurs-deQueenston, Laura, affrontant tous les dangers, alla chercher son mari sur le champ de bataille pour le ramener à la maison. Le 21 juin 1913, des soldats américains se présentèrent chez les Secord pour y demander le gîte et le couvert. Rassemblés autour de la table, les Américains discutaient de leurs plans pour attaquer un poste britannique à Beaver Dams. Laura savait qu’elle devait relayer cette information au commandant britannique du poste, le lieutenant James FitzGibbon, mais son mari était toujours alité et aucun autre homme ne pouvait lui venir en aide. Elle partit donc seule, évitant la route principale, et traversa dix-huit kilomètres de champs, de marais et de forêts. À mi-chemin, elle tomba sur des Amérindiens qui l’aidèrent à retrouver FitzGibbon. Son avertissement permit aux combattants autochtones de lancer leur propre attaque-surprise, et les soldats américains durent battre en retraite le 24 juin. De nombreuses légendes persistent au sujet de Laura Secord, mais mettons les choses au clair : elle ne fit pas tout ce chemin nu-pieds et elle n’était pas accompagnée d’une vache!

Gertrude Kearns, Croquis de Tecumseh, CWM 20120064-002, © Musée canadien de la guerre

Tecumseh

1768-1813 (approx.) Sans doute un des plus grands leaders de l’histoire du Canada, Tecumseh était un indien shawnee, bel homme et vigoureux, de la région qui est aujourd’hui l’État de l’Ohio. Toute sa vie, il combattit avec sa famille les colons blancs qui s’emparaient de leurs territoires. Lorsque la guerre fut déclarée, en 1812, Tecumseh prit le parti des Britanniques en espérant qu’en retour, ils l’aident à repousser les Américains. C’était un chef militaire naturel qui était aussi bon que sage : il détestait la violence et la torture, s’opposait au massacre des femmes et des enfants et insistait pour que les prisonniers soient bien traités. Sans lui et son peuple, les Britanniques n’auraient sans doute pas remporté la guerre. Le 5 octobre 1813, lors de la bataille de la Thames qui l’opposait à son vieil ennemi, William Henry Harrison, Tecumseh fut tué après la débâcle des Britanniques. Personne ne sait qui ne l’a tué, ni où se trouve son corps.

Isaac Brock parlant de Tecumseh : « Je ne crois pas qu’il existe un guerrier aussi avisé et courageux. » Tecumseh au sujet d’Isaac Brock : « Voilà un homme! » Kayak 2012 Kayak#42 #42HIVER DEC 2012

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Smithsonian Institution Archives

Tenskwatawa

1775-1836 (approx.) Également appelé le Prophète et Lalawethika, ce chef religieux était également le frère de Tecumseh. C’était un grand orateur qui souhaitait un retour aux traditions et la formation d’une alliance des Premières nations américaines pour mieux combattre les colons blancs qui s’emparaient de leurs terres. En 1811, un groupe de ses hommes commit une grave erreur en attaquant des troupes américaines près du village autochtone de Tippecanoe, maintenant dans l’État de l’Indiana. Les Américains ripostèrent avec force et détruisirent le village. Ses hommes étaient furieux contre lui, et même s’il avait préconisé la diplomatie plutôt que la guerre, il ne parvint jamais à regagner leur respect. Cependant, il réussit à regrouper de nombreuses nations autochtones pour former ce que l’on appelle aujourd’hui une confédération, que Tecumseh entraînera sur le chemin de guerre.

Charles Michel d’Irumberry de Salaberry 1778-1829

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Archives publiques de l’Ontario

Commandant sévère, mais au grand coeur, de Salaberry devint soldat à l’âge de 14 ans. Non seulement était-il l’un des leaders canadiens les plus hauts gradés de la guerre, mais il était également un commandant francophone au sein de l’armée britannique! Il forma les Voltigeurs canadiens, un corps d’infanterie prêt à intervenir dès le déclenchement de la guerre. De Salaberry dirigea les Voltigeurs, des troupes de l’armée régulière et des guerriers autochtones vers l’une des plus grandes victoires de la guerre, à Châteauguay. Son commandement lors de la bataille fut au début ignoré. Furieux, il menaça de remettre sa démission, mais on lui accorda plus tard les plus grands honneurs.


Bibliothèque et Archives Canada

George Prévost 1767-1816

Était-il calme et réfléchi, ou simplement poltron? En tant que gouverneur général du Haut et du Bas-Canada, Prévost usa de patience et de ses qualités de négociateur pour éviter la guerre. Même lorsque les combats parurent inévitables, il mit l’accent sur la défense plutôt que sur l’attaque. En sa qualité de gouverneur général, il devait diriger l’armée ainsi que le gouvernement; ainsi, en 1814, Prévost organisa une attaque à Plattsburgh, près du lac Champlain, dans l’État de New York. Cependant, à son arrivée, il fut pris de panique et attendit les navires britanniques pour qu’ils attaquent les premiers. Il promit de mener une attaque sur terre en même temps, mais renia sa promesse. Il ordonna plutôt la retraite, entraînant nécessairement un déséquilibre des forces. Après cet incident, ses officiers le qualifièrent ouvertement d’« idiot » et de « gourde ». Prévost fut rappelé en Angleterre où il fut officiellement blâmé pour la défaite. Il demanda un nouveau procès, mais mourut avant qu’il pût avoir lieu.

Musée franco-américain, Blerancourt, Chauny, France / Giraudon / The Bridgeman Art Library

James Madison 1751-1836

Le président républicain aurait préféré la paix, mais savait que la guerre était probable, d’autant que les « faucons de guerre » du Congrès exerçaient des pressions constantes pour qu’il choisisse cette avenue. Cependant, de nombreux Américains étaient contre la guerre et le Congrès lui refusa plusieurs fois les fonds nécessaires pour préparer les troupes. Il choisit plusieurs commandants qui se révélèrent incompétents et les laissa en poste plus longtemps qu’il ne l’aurait dû, ce qui pourrait expliquer pourquoi les Américains le considèrent comme un président faible.

Virginia Historical Society, Richmond, Virginia, USA / The Bridgeman Art Library

Dolley Madison

1768-1849

Alors que le président se dirigeait vers le champ de bataille, en août 1814, les Britanniques étaient en route vers Washington. Dolley Payne Todd Madison, la première dame du pays, une femme intelligente et charmante, était presque seule dans la résidence présidentielle. Sacrifiant ses effets personnels, elle veilla à ce qu’une copie de la Déclaration d’indépendance et un portrait de George Washington soient placés en sécurité. Kayak 2012 Kayak#42 #42HIVER DEC 2012

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Corcoran Gallery of Art, Washington D.C., USA / Museum Purchase, Gallery Fund / The Bridgeman Art Library

William Henry Harrison 1773-1840

Harrison était un Américain pour qui tous les autochtones étaient des ennemis. À titre de gouverneur du territoire indien, il s’emparait de leurs terres dès qu’il en avait l’occasion. Il participa avec ses troupes à certaines des batailles les plus sanguinaires de la guerre de 1812. Après la guerre, il fut élu au Congrès et devint par la suite président. Cependant, il mourut peu de temps après.

Archives publiques de l’Ontario

Gordon Drummond 1772-1854 Le premier commandant des forces britanniques né au Canada, Drummond se trouvait en Irlande lorsque l’armée l’envoya au Canada vers la fin de 1813. À son arrivée, il fut confronté à un désastre. Les Britanniques avaient perdu beaucoup de terrain et les populations étaient effrayées. Drummond, grâce à de petites victoires rapides, parvint à reprendre la région de Niagara et fit renaître l’espoir que les Américains n’allaient pas gagner la guerre.

Musée canadien de la guerre

James FitzGibbon 1773-1840 FitzGibbon était un chef créatif et futé qui se battait avec talent autant sur un champ de bataille que dans des forêts marécageuses, où ses hommes portaient un uniforme vert pour mieux se camoufler. Son petit commando, formé d’hommes triés sur le volet, était connu sous le nom de Green Tigers et The Bloody Boys.

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John Norton approx. 1760-1831

Bibliothèque et Archives Canada

Également connu sous le nom de Teyoninhokarawen, le père de Norton était cherokee et sa mère écossaise. Il se joignit à l’armée britannique et s’installa au pays en 1787. Il fut enseignant, commerçant de fourrures, agent du gouvernement et interprète pour le grand chef mohawk Joseph Brant (Thayendanegea). Norton commanda les forces des Six nations lors d’importantes batailles, notamment celle des Hauteurs-de-Queenston, où la charge des Mohawks après la mort de Brock donna aux Britanniques le temps d’organiser leur attaque finale et définitive.

Library of Congress Prints and Photographs Division, Washington, D.C. 20540 USA

Francis Scott Key 1779-1843

Dans l’hymne national américain, il est question de « bombs bursting in air » (des bombes qui explosent en plein vol). Eh bien, cela vient de la guerre de 1812. Key, un avocat, écrivit les paroles de l’hymne The Star-Spangled Banner alors qu’il regardait les canons britanniques faire feu sur Fort McHenry en septembre 1812.

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A R T I C L E P R I N C I PA L

La guerre de 1812, c’est en fait une histoire de batailles, toutes différentes les unes des autres. Les Britanniques, les Américains, les Canadiens et les Autochtones ont combattu à leur façon. Les soldats britanniques et américains avaient des années d’entraînement et savaient se battre en parfait synchronisme. Les guerriers autochtones étaient d’habiles chasseurs et se faufilaient discrètement en forêt pour embusquer leurs ennemis. Les soldats canadiens et américains étaient des civils regroupés en milices. Ils avaient peu d’entraînement et se cachaient souvent derrière des palissades ou des souches pour tirer du mousquet. Tous ces hommes ont combattu sur les champs de bataille, de Québec à La Nouvelle-Orléans.

Par Stephen Shapiro

LA CAPTURE DE DETROIT

Le commandant américain William Hull abandonne Fort Detroit à Isaac Brock sans même se battre.

OÙ : NORD DU MICHIGAN QUAND : 16 AOÛT 1812 Le général américain William Hull, ayant reçu l’ordre d’envahir le Haut-Canada, exhorta les Canadiens à se rendre pour éviter une attaque. Les Canadiens, faisant fi de cet ordre, se rendirent à Detroit pour se battre. Lorsque le major-général Isaac Brock et Tecumseh arrivèrent sur les lieux pour affronter Hull, ce dernier s’enferma derrière les murs du Fort Detroit. Les Américains étaient plus nombreux que les Britanniques, alors pour donner à Hull l’impression que les Canadiens étaient arrivés en force, Brock et Tecumseh firent faire à leurs troupes le tour du fort plusieurs fois. Terrifié par les guerriers de Tecumseh, Hull rendit les armes sans se battre.

Peter Newark Pictures

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RÉSULTAT : Les Britanniques prirent le contrôle du Michigan. Brock et Tecumseh freinèrent la première invasion du Canada avant même qu’elle ne commence, et réussirent à convaincre la population que le Canada pouvait gagner la guerre.


SHANNON CONTRE CHESAPEAKE OÙ : À L’EXTÉRIEUR DU PORT DE BOSTON QUAND : 1ER JUIN 1813 Certaines des batailles les plus âpres se sont déroulées en pleine mer. Le navire de guerre britannique HMS Shannon surprit la frégate américaine Chesapeake sortant du port de Boston. Les premiers tirs de canon du Shannon endommagèrent le navire américain et lorsqu’il aborda le bateau américain, les matelots britanniques sautèrent à bord pour s’en saisir. Les derniers mots du capitaine américain, James Lawrence, « N’abandonnez pas le navire » furent prononcés en vain. Les Britanniques remportèrent la bataille en seulement 15 minutes. Quatre-vingt-cinq matelots perdirent la vie, dont les deux capitaines. RÉSULTAT : Malgré quelques pertes en mer, cette bataille prouva la suprématie de la marine royale de la Grande-Bretagne. Les derniers mots de Lawrence devinrent légendaires au sein de la marine américaine. Peter Rindlisbacher

Les canons rugissent lors de la bataille opposant le Chesapeake et le Shannon, au large de Boston.

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LA BATAILLE DE CHÂTEAUGUAY OÙ : SUD-OUEST DE MONTRÉAL QUAND : 26 OCTOBRE 1813 Les troupes américaines avançant vers Montréal furent bloquées par des soldats, essentiellement des milices canadiennes-françaises, dirigées par le lieutenant-colonel Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry. Dix fois moins nombreux que les Américains, les combattants canadiens et leurs alliés amérindiens se cachèrent derrière des barricades ou dans les bois. Les Américains qu’on envoya pour les encercler se perdirent en forêt et après quelques heures, le commandant américain, totalement découragé, ordonna la retraite… jusqu’aux États-Unis! RÉSULTAT : En plus de contrer une attaque américaine sur Montréal, la victoire de Châteauguay a montré que les troupes canadiennes-françaises étaient prêtes à se battre pour protéger le Québec des Américains. Ce fut également une victoire pour les troupes locales, dirigées par leur commandant canadien.

BATAILLE DE LA FERME CRYSLER OÙ : PRÈS DE MORRISBURG, EN ONTARIO, ENTRE KINGSTON ET MONTRÉAL Reconstitution de la bataille de la ferme Crysler. Craig Parkinson

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QUAND : 11 NOVEMBRE 1813


Château Ramezay - Musée et site historique de Montréal

Salaberry dirige les forces canadiennes vers la bataille des rives de la rivière Châteauguay.

La seconde attaque américaine sur Montréal eut lieu en 1813 et fut menée par les forces américaines qui descendaient le Saint-Laurent depuis le lac Ontario. Les Américains étaient suivis par les soldats britanniques qui essayaient de freiner leur course. Les soldats américains débarquèrent sur la ferme de John Crysler et se préparèrent à attaquer les Britanniques sur deux fronts. Les Britanniques se replièrent calmement en forêt et tirèrent plusieurs salves vers les Américains. Ils revinrent ensuite en terrain ouvert où ils s’attaquèrent aux Américains. Les envahisseurs, dont la confiance était ébranlée, fuirent le lieu de la bataille et se réfugièrent dans un fort rudimentaire, où ils grelottèrent tout l’hiver. RÉSULTAT : La bataille de la ferme Crysler mit fin à la seconde attaque américaine contre Montréal et sauva la ville.

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LA BATAILLE DE LUNDY’S LANE OÙ : PRÈS DES CHUTES NIAGARA, EN ONTARIO QUAND : 25 JUILLET 1814

Alors qu’il avançait vers les Hauteurs-de-Queenston au crépuscule, le général américain Winfield Scott surprit les troupes britanniques à Lundy’s Lane. Il faisait si noir qu’il était impossible de distinguer les alliés des ennemis. Les Royal Scots tirèrent sur leurs camarades de combat, les Glengarry Fencibles, et vice-versa, chacun prenant l’autre pour l’ennemi. Les Américains, de leur côté, prétendaient être des Britanniques pour éviter de se faire tuer. Ces combats rapprochés étaient féroces et de part et d’autre, 850 hommes furent tués ou blessés.

Ken Welsh

LA BATAILLE DE LA NOUVELLE-ORLÉANS OÙ : PLANTATION CHALMETTE, JUSTE AU SUD DE LA NOUVELLE-ORLÉANS QUAND : 8 JANVIER 1815 Cette bataille, déclenchée dans les derniers jours de la guerre, après la signature du traité de paix, mais avant que la nouvelle n’ait atteint l’Amérique du Nord, fut un véritable désastre pour les Britanniques. Ces derniers s’attendaient à une victoire facile puisque la ville n’était défendue que par des troupes mal organisées composées de pirates et d’esclaves libérés. En débarquant au sud de la ville, les Britanniques constatèrent que les Américains s’étaient bien protégés derrière des murs de terre. Lorsque les Britanniques attaquèrent, les Américains tirèrent sans relâche, tuant 291 soldats. Désorientés, les Britanniques battirent en retraite et reprirent la mer dix jours plus tard. RÉSULTAT : Pour les Américains, la dernière bataille de la guerre fut une grande victoire. Leur commandant, Andrew Jackson, est devenu le septième président des États-Unis.

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Archives publiques de l’Ontario

RÉSULTAT : Les Britanniques tinrent bon et les Américains reculèrent. Lundy’s Lane fut sans doute la bataille la plus sanglante de la guerre et mit fin aux tentatives des Américains d’envahir le Canada.

Their La defeat défaiteatà Lundy’s Lane Lane sent confirma the Americans la défaite des home Américains. for good

La bataille de la NouvelleOrléans, livrée après la guerre, fut une des rares victoires des troupes américaines.

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Andrew Workman Kayak 2012 Kayak#42 #42HIVER DEC 2012

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Peter Newark Western Americana

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u début des années 1800, les Premières nations étaient déjà habituées à la trahison. Après tout, suivant la guerre de l’Indépendance, la Grande-Bretagne avait donné aux États-Unis tous les territoires à l’ouest de la rivière Ohio, même si des milliers d’autochtones y vivaient encore. Les Américains, maintenant indépendants, décidèrent également de contrôler l’est des États-Unis. Pour de nombreuses personnes aux États-Unis, les autochtones n’avaient aucun droit et ne méritaient aucune terre. Ils n’étaient qu’un obstacle sur le chemin des colons américains. Mais même s’ils furent trahis plus d’une fois, les Premières nations des États-Unis n’abandonnèrent pas la partie. Ils participèrent à plusieurs batailles contre les Américains qui voulaient se débarrasser d’eux, mais il leur était difficile, voire impossible, de les vaincre. Alors, lorsque la guerre de 1812 éclata, ils reprirent espoir. En combattant aux côtés des Britanniques, ils s’alliaient à une puissance amie qui pouvait contraindre les Américains à cesser d’expulser les autochtones de leurs territoires. Pour les Britanniques, les autochtones furent de précieux alliés. Sans le groupe de 35 Premières nations des États-Unis mené par Tecumseh, les Britanniques n’auraient jamais pris Fort Detroit et Fort Mackinac ni gagné les batailles de Beaver Dams ou de Châteauguay.

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Des soldats bien de chez nous Comment des Canadiens ordinaires ont contribué à la victoire Par Elizabeth Siegel Sans l’armée et la marine britannique, le Canada serait tombé entre les mains de l’envahisseur américain. Mais les troupes régulières, comme on les appelait, se sont révélées très utiles pour venir en aide aux habitants du Haut et du Bas-Canada.

Les Fencibles

illustrations: Keith Milne  kmilneartist.tripod.com

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Il s’agissait d’une version locale des unités britanniques. Les soldats étaient payés et recevaient une formation militaire. Leur travail était de défendre leur territoire; ils ne pouvaient pas combattre à l’étranger. Plusieurs unités ont participé à la guerre de 1812, y compris les Royal Newfoundland Fencibles, les New Brunswick Fencibles, la Glengarry Light Infantry et le Canadian Regiment of Fencible Infantry. Royal Newfoundland Regiment of Fencible Infantry


Les milices Les milices étaient des forces de combat composées de civils. Certains groupes étaient formés de gens du peuple qui s’étaient portés volontaires, et d’autres de conscrits (personnes obligées de se joindre au groupe par le gouvernement). Peu importe leur façon de se joindre aux forces, ces hommes du peuple et agriculteurs avaient une formation militaire sommaire et disposaient de peu d’équipement. Un milicien écrivit à son frère pour lui demander de lui envoyer des pantalons chauds pour la saison froide, en ajoutant qu’il « aurait l’air un peu bizarre avec ses vêtements d’été. » Malgré ces lacunes, les milices ont contribué à de nombreuses victoires, sans doute parce que leurs membres avaient des habiletés différentes des soldats britanniques. Prenons l’exemple du Corps des voyageurs canadiens. Il s’agissait d’un groupe de plus de 500 hommes qui travaillaient pour la Compagnie du Nord-Ouest dans le Bas-Canada. Bon nombre d’entre eux étaient de vrais voyageurs (coureurs des bois engagés par les compagnies faisant le commerce de la fourrure afin de transporter des marchandises). Leur connaissance des rivières et des forêts en faisait des éclaireurs précieux, fort utiles lors des batailles. Cependant, ils étaient si habitués à leur indépendance qu’ils n’étaient pas toujours très obéissants. Bon nombre d’entre eux laissèrent tomber leurs armes de guerre pour leur préférer des carabines, des haches et des couteaux. Corps des voyageurs canadiens

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Les Voltigeurs canadiens furent une autre milice fort importante, dirigée par le lieutenant-colonel Charles-Michel de Salaberry. Ce groupe a joué un rôle crucial lors de nombreuses batailles et a prouvé aux Britanniques que les Canadiens français pouvaient aussi être de loyaux sujets. Richard Pierpoint était un ancien esclave américain qui a obtenu sa liberté en combattant pour les Britanniques pendant la guerre de l’Indépendance aux

États- Unis. Plus de 30 ans plus tard, il était à nouveau au service des Britanniques et forma le Coloured Corps of Upper Canada. Au début, le gouvernement rejeta l’idée de former une force de soldats de race noire, mais le manque de soldats le convainquit d’accepter. Pierpoint et son corps de soldats combattirent dans d’importantes batailles de la région du Niagara.

Coloured Corps of Upper Canada

28 Kayak #42 HIVER 2012


LES VOLONTAIRES CANADIENS Avec un nom comme ça, on s’attendrait à ce que ce groupe soit formé de fiers Canadiens, mais ce n’était pas du tout le cas! Les membres de cette troupe étaient des traîtres, tout simplement – à l’opposé des Fencibles et des milices canadiennes. Dirigés par Joseph Willcocks, les Volontaires canadiens étaient des Américains, des Irlandais et d’autres sujets insatisfaits du gouvernement britannique. Ils combattirent aux côtés des Américains lors de plusieurs batailles, mais ils sont surtout reconnus pour leurs actes de barbarie contre les habitants du Haut-Canada. En 1813, ils réussirent à convaincre les troupes américaines d’incendier Newark. Ils participèrent également à un raid à Port Dover en 1814 pendant lequel le village fut incendié. Après la guerre, les Volontaires canadiens durent quitter le Canada pour éviter la peine de mort. La plupart s’installèrent aux États-Unis, où le gouvernement leur donna des terres en récompense de leurs services pendant la guerre.

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M Y ST È

R E D E L’ H I S TO I RE

Illustrations: Fred Curatolo  curatolocartoons.com

Certaines de ces citations sont véridiques, mais pas toutes. Peux-tu reconnaître celles qui ont réellement été prononcées lors de la guerre de 1812?

« Je crois sincèrement que la milice du Kentucky peut à elle seule mettre Montréal et le Haut-Canada à vos pieds. » Henry Clay, représentant au Congrès américain, en février 1810. Clay dirigea les War Hawks (faucons de guerre), un groupe en faveur de la guerre et de l’invasion du Canada. 30 Kayak #42 HIVER 2012

« Même si les obligations impérieuses de mes fonctions ne m’ont pas alloué suffisamment de temps pour assister à la déroute de l’ennemi, nous l’avons battu… » Le major-général James Wilkinson, en novembre 1813, dans une lettre à ses supérieurs. Dans les faits, il avait perdu la bataille de la ferme Crysler et fut obligé de battre en retraite.


« Il ne faut pas sous-estimer la bravoure de nos cousins du Nord. Eux aussi accordent une grande estime à leur vie et à leurs biens, et ils pourraient se révéler des ennemis impitoyables. »

« Je vous affirme que lorsque la déclaration de guerre aura atteint nos frontières, il ne nous faudra que quatre semaines pour faire main basse sur le Haut-Canada et une partie du Bas-Canada. »

James Madison, président des États-Unis, en mai 1812, dans son journal personnel.

John C. Calhoun, représentant au Congrès américain et « faucon de guerre », juin 1812, devant les membres du Congrès.

« Aucun homme blanc combattant aux côtés des Indiens ne sera fait prisonnier. Il devra être immédiatement abattu. »

« Pour envahir le Canada cette année… il ne suffira que d’avancer. »

Le général américain William Hull dans un message envoyé aux Canadiens, en juillet 1812. La menace fut en fait une grossière erreur, puisque presque tous les soldats britanniques et canadiens combattaient aux côtés des Amérindiens.

Thomas Jefferson, ancien président des ÉtatsUnis, août 1812, dans une lettre.

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A R T I C L E P R I N C I PA L

Andrew Workman

Se battre pour

L

« de faux »

e soleil fait briller les boutons de cuivre. Une fumée gris-bleu flotte au-dessus du champ. Des soldats habillés de rouge mettent leur mousquet en joue et font feu. Un homme portant un chapeau mou et une veste bleue à franges rouges tombe au sol. Des guerriers autochtones au visage peint tirent, cachés derrière les broussailles. Mais attendez! Un groupe de soldats américains se mêle à la bataille. Leurs canons tirent des boulets de l’autre côté de la rivière. Les Britanniques battent en retraite, mais reprennent du terrain dès l’arrivée des renforts. Quinze minutes plus tard, la bataille de Lang Mill est terminée. Les morts et les blessés jonchent le sol. Ensuite, tout ce beau monde se lève, se serre la main et salue la foule qui applaudit la scène. C’était une reconstitution historique, une bataille que l’on a recréée au moyen d’uniformes et d’armes inspirés de l’époque, soit 1812. Parfois, ces reconstitutions visent à faire revivre une bataille qui s’est réellement déroulée, et d’autres fois, comme dans ce cas-ci, il s’agit d’une bataille inventée pour l’occasion. Au cours des prochaines années, on pourra assister à des reconstitutions historiques des batailles de la guerre de 1812, petites et grandes, mais de nombreuses personnes y prennent part tous les ans. Il y a des soldats, bien entendu, mais également des musiciens, des femmes qui voyagent avec les soldats et des médecins. Si tu assistes à un tel événement, prépare-toi au bruit des mousquets et à l’odeur de la poudre. Tu peux aussi poser des questions aux participants, ils adorent parler de leur passion.

32 Kayak #42 HIVER 2012


Charlie Wibenga est un garçon de sept ans, de Chatham en

Ontario, qui possède son propre uniforme britannique de la guerre de 1812. Il n’est pas assez grand pour aller sur le champ de bataille, mais il joue aux soldats avec ses camarades pendant que son beau-père, Mark Dickerson, fait la vie dure aux Américains! « C’est amusant de jouer à la guerre », affirme Charlie. Mark prend part à ces reconstitutions depuis le secondaire, il a fait la bataille de la rivière Thames plus de 20 fois. « On ne jouait jamais aux cowboys et aux Indiens. On préférait jouer aux Britanniques et aux Américains. » Parfois, il est un capitaine des Royal Scots, d’autres fois, il est un soldat de la 27e unité d’infanterie américaine. « Nous essayons le plus possible de respecter les faits historiques, pas de croustilles ni de boissons gazeuses dans notre camp. Mais lorsque les visiteurs sont partis, nous sortons les guimauves pour les faire griller sur le feu! »

Colden Mitchell, 12 ans, et Quinn Jones, 17 ans,

David Morris est un habitué des reconstitutions historiques, habitent à Plattsburgh, dans tant au Canada qu’aux États-Unis, l’État de New York. Colden où il se présente sous les traits joue généralement le rôle du de Tecumseh et explique le rôle tambour, et Quinn, celui d’un de ce grand chef lors de la guerre carabinier au sein de la 15e unité de 1812. « Parfois, les Américains d’infanterie américaine, celle qui n’aiment pas entendre ce que j’ai a incendié York. « J’aime bien à dire », dit-il en souriant. me servir de ces vieilles armes », explique Quinn.

Sierra Turner vient d’Havelock, en Ontario, où en compagnie de ses camarades de classe, elle participe à plusieurs reconstitutions historiques. Elle joue souvent le rôle d’un soldat britannique (on voit souvent des femmes en uniforme lors de ces reconstitutions), mais aussi celui d’une femme du peuple ou d’une Américaine. « Parfois, les batailles sont très intenses et c’est la pagaille! Comme dans la vie, je suppose. »

Comme la majeure partie de ces reconstitutions historiques ont lieu pendant la période la plus chaude de l’été, comment les participants supportent-ils leur lourd uniforme? « On essaie de mourir face contre terre pour éviter les coups de soleil! » explique Mark Dickerson. À la fin de la bataille, il y a souvent une minute de silence en souvenir de ceux qui sont morts au combat. Après tout, la guerre n’est pas un jeu. Kayak 2012 Kayak#42 #42HIVER DEC 2012

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D’ H IER à DEMAIN

HIER ET AUJOURD’HUI

Quand on

se compare...

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Bridgeman Art Library International

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es garçons d’à peine 11 ou 12 ans devenaient tambours sur les deux côtés du front. Même s’ils devaient être plus en sécurité que les soldats, bon nombre d’entre eux moururent dans la confusion des combats. Dans certaines unités, les femmes et les enfants étaient autorisés à voyager avec l’armée, et devaient donc subir les mêmes épreuves : endurer le froid ou la chaleur extrême, la pluie ou la neige, la mauvaise nourriture et des vêtements inadéquats. Les enfants qui ne participaient pas à la guerre étaient souvent témoins de la destruction de leur maison et de la ferme familiale par les armées ennemies.

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LES ENFANTS et la

GUERRE Vive la paix!

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epuis près de 200 ans, les familles canadiennes n’ont pas à craindre que la guerre frappe à leur porte et les enfants ne sont plus conscrits de force. Le Canada et les États-Unis partagent l’une des plus longues frontières au monde, en toute amitié. Les enfants canadiens peuvent passer les vacances de mars au sud et les Américains peuvent venir découvrir la culture francophone du Québec : il suffit d’avoir un passeport! La guerre de 1812 a peut-être opposé des amis, mais elle a donné lieu à une paix durable.

Jon Herb Kayak 2012 Kayak#42 #42HIVER DEC 2012

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L’arme la plus effrayante pendant la guerre de 1812 n’était ni le mousquet, ni le canon. Par Elizabeth Siegel 36 Kayak #42 HIVER 2012


Passerelle pour l’histoire militaire canadienne

D

ans les années 1800, la pire chose que vous pouviez infliger à vos opposants lors d’une guerre était d’incendier leurs maisons, leurs fermes et leurs champs. Pendant la guerre de 1812, on n’hésitait pas à recourir au feu pour punir ou effrayer l’ennemi. Le 27 avril 1813, les forces américaines envahirent York (aujourd’hui Toronto), la capitale du Haut-Canada. Après d’âpres combats, les Britanniques durent battre en retraite. Mais avant de partir, ils firent exploser leur entrepôt de munitions, également appelé magasin, afin que les Américains ne puissent pas en prendre possession. Ce fut l’une des plus grosses explosions jamais entendues en Amérique du Nord à cette époque. Plus de 13 tonnes de poudre à canon, 10 000 boulets de canon et 30 000 cartouches de fusil s’enflammèrent et explosèrent. Plus de 250 soldats américains y furent tués et blessés. De nombreux soldats américains croyaient que l’explosion était le résultat à la fois d’un piège géant et d’une attaque féroce. Lorsque les forces britanniques quittèrent York, les Américains incendièrent le chantier naval. Ils s’en prirent ensuite à plusieurs édifices publics, dont le Parlement, la maison du lieutenantgouverneur, l’église et une imprimerie.

Les commandants américains promirent aux habitants de York qu’ils ne toucheraient pas à leurs biens. Mais bon nombre des soldats étaient trop échauffés pour obéir aux ordres et sur une période de six jours, ils vidèrent les maisons et laissèrent York en ruines. (Les Américains retournèrent en juillet pour brûler les baraquements de l’armée et d’autres édifices qu’ils avaient laissés intacts lors de leur premier passage.) Un mois plus tard, le 27 mai 1813, les Américains s’emparèrent de Fort George et de la ville voisine de Newark (aujourd’hui Niagaraon-the-Lake, en Ontario). L’endroit semblait idéal pour lancer une attaque, mais en décembre 1813, informés de l’arrivée des Britanniques, les Américains décidèrent de battre en retraite. Avant de partir, les Américains décidèrent d’incendier la ville, avec l’aide de leurs acolytes, les Volontaires canadiens. Le 10 décembre, on accorda aux habitants quelques heures pour quitter la ville avant qu’on y mette le feu. Lorsque les Volontaires canadiens et les Americans eurent terminé leur sale besogne, il ne restait plus que trois édifices encore sur pied. Cette tragédie s’est révélée catastrophique pour les habitants de la ville, qui se retrouvaient sans nourriture et sans demeure pendant l’hiver.

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The Granger Collection, NYC – Tous droits réservés.

L’incendie de Niagara choqua les Britanniques, car cette attaque visait spécifiquement les civils (les habitants qui n’étaient pas impliqués dans les combats) et non les soldats. Le 30 décembre 1813, les forces britanniques envahirent les villes de Buffalo et de Black Rock dans l’État de New York, forçant les résidents à 38 Kayak #42 HIVER 2012

s’enfuir. Ils incendièrent les deux villes, rasant 333 immeubles dans la seule ville de Buffalo. L’été suivant, les forces britanniques mirent le cap sur Washington DC, la capitale américaine. Après une brève bataille, le 24 août 1814, la ville se retrouva aux mains des Britanniques.


Ce que l’on appelle aujourd’hui la Maison-Blanche s’appelait à l’époque la Maison du président. Lorsqu’elle fut reconstruite, en 1817, on décida de la repeindre en blanc, d’où le nom de MaisonBlanche. Gracieuseté de la guerre de 1812!

C’est la seule fois où une capitale américaine fut occupée par une puissance étrangère. Les Britanniques ne détruisirent aucune maison. Ils s’en prirent cependant aux symboles de la puissance américaine. La Maison-Blanche, l’édifice du Capitole, la

bibliothèque du Congrès, l’édifice du Trésor et un chantier naval furent tous incendiés. Les dommages auraient pu être énormes, mais le lendemain après-midi, un ouragan s’abattit sur la ville et les pluies torrentielles éteignirent les feux.

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A R T I C L E P R I N C I PA L

Alors… Qui a gagné? The Granger Collection, NYC – Tous droits réservés.

Les historiens se posent encore la question. Après tout, presque rien n’a changé, alors comment savoir qui a gagné?

Premières nations

Voilà un point sur lequel tout le monde s’entend : la guerre de 1812 fut une tragédie pour les Premières nations des États-Unis. Après la guerre, il leur fut impossible de vivre en paix et de conserver leur culture et leurs traditions, car les Américains cherchaient constamment à les dépouiller de leurs terres. La grande alliance de Tecumseh s’effrita après son décès, lors de la bataille de la rivière Thames, en 1813. Et même si les Britanniques n’auraient pas pu remporter la guerre sans les Premières nations, ils n’hésitèrent pas à trahir leurs alliés lors des négociations de paix. Bien sûr, le Traité de Gand, le document signé par les États-Unis et la Grande-Bretagne pour mettre fin à la guerre, comportait une clause dans laquelle les Américains devaient remettre aux Premières nations tous les biens, droits et privilèges dont ils bénéficiaient en 1811 (c’est-à-dire avant la guerre). Mais les États-Unis ignorèrent cette obligation et puisque personne ne veillait à la faire appliquer, les Américains continuèrent leur progression vers l’ouest, repoussant sans cesse les Premières nations. Avec la fin de la guerre, les Britanniques abandonnèrent également leurs alliés autochtones au Canada, qui furent plus tard confinés dans des réserves.

Grande-Bretagne

En Grande-Bretagne, peu de gens se souviennent de ce qu’était la guerre de 1812. Cette période évoque plutôt la guerre interminable qui l’opposait à la France et à Napoléon. Mais de façon générale, on peut dire que la Grande-Bretagne s’en est bien tirée, même si elle a perdu 8 000 soldats et marins. Le pays a conservé le Canada et réussi à faire la paix avec les États-Unis, une paix qui est toujours en cours, sans faire de véritables concessions. 40 Kayak #42 HIVER 2012


Français et Anglais combattant ensemble N’a perdu aucun territoire

La guerre a donné lieu aux fondements du Canada

+

Le Canada demeure une colonie britannique

Paix avec les États-Unis

De nouveaux héros

+

+

+

+

+

CANADA Torts causés aux gens du peuple

Des milliers de morts

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Territoire défendu Voie libre pour coloniser l’ouest

+

+ Paix avec la Grande-Bretagne

+

Quelques grandes victoires

Plus grande fierté

+

+

De nouveaux héros

+

LES ÉTATS-UNIS

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Plus de 10 000 morts

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Première guerre qui n’a pas été clairement gagnée par les É.-U.

N’envahirent pas le Canada Quelques défaites humiliantes 42 Kayak #42 HIVER 2012

Question de l’enrôlement forcé ignorée

-

Furent presque ruinés


PARTICIPE AU NOUVEAU CONCOURS DE KAYAK... TU POURRAIS GAGNER UN REEE DE 1 000 $ ET UN VOYAGE POUR DEUX À OTTAWA, EN PLUS DE VOIR TON HISTOIRE PUBLIÉE PAR KAYAK : NAVIGUE DANS L’HISTOIRE DU CANADA! RACONTER TA PROPRE HISTOIRE SUR LE CANADA, C’EST FACILE! VOICI CE QUE TU DOIS FAIRE : 1. Choisis une époque, un lieu ou un événement du passé du Canada qui t’intéresse, fais tes recherches et écris une histoire créative à ce sujet. Fais appel à ton imagination et n’oublie pas de t’amuser! 2. Les histoires doivent compter entre 500 et 1 200 mots. 3. Tu dois y inclure 1 à 3 illustrations originales ou des photographies tirées d’archives. 4. Tu peux écrire en anglais ou en français. 5. Les bandes dessinées ou les scénarios sont des formats acceptables (n’oublie pas, une bande dessinée de 5 pages compte environ 500 mots). 6. Tu peux soumettre ton texte sur notre site Web, par courriel ou par la poste régulière d’ici le 14 juin 2013, la date de clôture du concours. 7. Tu dois avoir entre 7 et 14 ans. Pour tous les détails du concours et pour soumettre ton texte en ligne, viens nous voir à kayakmag.ca et suis les liens.

COMMENT SOUMETTRE TON TEXTE : Courriel: concours@kayakmag.ca Web: HistoireCanada.ca/PrixKayak Poste: Concours d’histoire illustrée de Kayak 2013 Bryce Hall, Rez-de-chaussée, 515, Avenue Portage Winnipeg, Manitoba, R3B 2E9 Canada

COMMANDITÉ PAR :


L’HISTOIRE DANS TA COUR

Andrew Workman

Et maintenant, visitons les lieux où la guerre de 1812 fut décidée.

Lieu historique national de la Bataille-de-la-Châteauguay

Champs de bataille Au sud-ouest de Montréal se trouve le lieu historique national de la Bataille-de-laChâteauguay et le site de la bataille du moulin de Lacolle où, en mars 1814, une petite troupe canadienne réussit à freiner l’avancée de 4 000 soldats américains. Le lieu original de la bataille de la ferme Crysler, près de Morrisburg en Ontario, est maintenant sous les eaux, depuis la création de la voie maritime du SaintLaurent, dans les années 1950, mais on peut encore visiter le monument, que l’on a déplacé, ainsi que le lieu commémoratif de la bataille. Seul un petit monument commémoratif a été érigé en l’honneur de Tecumseh pour marquer la bataille de la rivière Thames, près de Thamesville en Ontario, mais on prévoit tenir une reconstitution historique de la bataille en octobre 2013. Près de Niagara-on-the-Lake, en Ontario, on peut monter les 235 marches du monument en souvenir du major-général Brock et lire le texte des plaques en l’honneur de Sir Roger Hale Sheaffe et des Coloured Corps sur le site de la bataille des Hauteurs-de-Queenston. 44 Kayak #42 HIVER 2012


Maisons historiques Le général américain William Hull, qui avait été un ami de François Baby, a pris possession de la maison de ce dernier, aujourd’hui à Windsor, en Ontario, lors de sa tentative d’invasion. Plus tard, Brock plaça des canons dans la cour pour tirer de l’autre côté de la rivière, vers Detroit. Aujourd’hui, l’endroit fait place au Musée communautaire de Windsor, qui propose une exposition spéciale sur la guerre jusqu’en octobre 2013. Près des chutes Niagara, vous trouverez également la maison ancestrale Laura Secord, l’endroit même où elle résidait lorsqu’elle a appris que les Américains complotaient pour attaquer les Britanniques.

Maison Ancestrale Laura Secord

Maritime Museum of the Atlantic

Sur l’eau On peut voir la cloche du HMS Shannon au Musée du Commandement maritime de Halifax et un de ses canons sur le site de la Maison du gouverneur. Sur la frontière entre le Canada et les États-Unis, la bataille du lac Érié, l’une des plus grandes batailles de la guerre, fera l’objet d’une reconstitution spectaculaire en septembre 2013.

Il y a tant d’endroits passionnants où l’on peut découvrir la guerre de 1812 que nous n’avons pas pu tous les présenter ici. Visitez www.kayakmag.ca pour en apprendre davantage! Kayak 2012 45 Kayak#42 #42HIVER DEC 2012


FI C TION

Emily essuya son visage avec son tablier et se laissa tomber sur un rocher, à l’ombre, pour prendre un peu de repos. Mais où est donc ce veau? Crac! Le bruit la fit sursauter. « Duchesse? Ici Duchesse! » appelat-elle doucement en regardant à travers les branches emmêlées. La forêt est très dense ici, sur le chemin Dominion, même si le Fort Érié se trouve à proximité. La ville américaine de Buffalo est peut-être juste de l’autre côté de la rivière, mais la région de l’Ontario où habite Emily se résume à des fermes, des arbres et des marais. Les marais? « Oh non… soupira Emily. Faites qu’elle ne soit pas allé se promener dans les marais! » « Non madame, elle est ici et il a faim », 46 Kayak #42 HIVER 2012

entendit-elle répondre. Emily se retourna et vit un garçon un peu plus grand qu’elle, âgé de 14 ans peut-être. Elle resta figée de surprise. Cet uniforme bleu… un Américain! L’ennemi était ici même, sur la ferme familiale. Elle attrapa une branche et la brandit devant elle. « Ne me faites pas prisonnière! Sinon, je crie et je vous frappe! » « Ne craignez rien, mademoiselle, je ne vous ferai aucun mal. Mais j’ai terriblement faim et vous avez l’air si gentil, expliqua le garçon. Je m’appelle Jarvis Hanks. » « Mais… vous êtes l’ennemi! » s’exclama Emily. « C’est vrai. Le garçon sourit et


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haussa les épaules. Et maintenant, pouvez-vous déposer cette branche menaçante? » Emily sourit, bien malgré elle. « Alors, que faites-vous ici? demandat-elle. Elle écarquilla les yeux. Je savais que les Américains étaient près, mais avez-vous l’intention d’attaquer Fort Érié? » « On ne me dit pas tout, mademoiselle. Mais quel est votre nom? » « Emily Talbot. Mais je ne devrais pas parler à un soldat ennemi », ajouta-t-elle. Le garçon soupira. « Je n’aime pas cette guerre, dit-il. Je me suis engagé pour être tambour. Je ne pensais jamais prendre part à une vraie bataille. » Emily ne put s’empêcher de lui demander : « Vous vous êtes battu? » « Oui, avoua Jarvis. J’ai même frôlé la mort à Lundy’s Lane. Les hommes mouraient partout autour de moi. C’était terrible. » Ils restèrent en silence quelques instants, mais les oiseaux

48 Kayak #42 HIVER 2012

continuaient de chanter dans les arbres. Emily fouilla dans la poche de son tablier et en ressortit une pomme et un morceau de pain, qu’elle offrit à Jarvis, sans dire un mot. Il prit la nourriture en souriant et la dévora. « Vous êtes très bonne, merci! C’est la première fois que je mange quelque chose qui n’est pas rance ou pourri depuis des semaines. Et l’hiver dernier, j’ai dû prendre ma couverture pour confectionner cela. » Il désigna ses pantalons, coupés à mi-jambe, qui étaient troués à plusieurs endroits. « Vous allez bientôt devoir utiliser une autre couverture pour les rapiécer », mentionna Emily. Ils rirent de bon cœur et l’atmosphère se détendit immédiatement. « D’où venez-vous? » demanda Emily. « Je suis né à New York, mais maintenant j’habite à Pawlet, au Vermont, expliqua Jarvis. Nous avons une ferme, tout comme votre famille. »


« Voilà qui est drôle, dit Emily. Ma mère est originaire du Vermont. Elle est venue au Canada parce que nous sommes de loyaux sujets du roi d’Angleterre. » Jarvis éclata de rire. « Je ne veux pas me moquer, dit-il, mais votre mère n’était certainement pas née au moment de la guerre de l’Indépendance. Nous leur avons donné toute une raclée à ces Britanniques! » « Mais pas cette fois-ci, répondit Emily, un peu irritée. Nous allons vous battre, c’est certain. » Jarvis lui fit une gracieuse révérence. « Permettez-moi de m’excuser, Lady Emily, je ne voulais pas me moquer. » En s’asseyant, une question lui vint à l’esprit. « Mais, d’où vient la famille de

votre mère au juste? » « Je ne suis pas certaine, répondit Emily. Je crois qu’elle vient de… Danby? » « Danby? s’étonna Jarvis. Mais c’est à côté de chez moi. Quel est le nom de son père? Votre grand-père? » « Je crois qu’il s’appelle James. James Lear. Il possédait un magasin à… Elle fit une pause. Pourquoi me regardez-vous comme ça? » Le visage de Jarvis devint blanc, sa bouche ouverte d’étonnement. « Emily… James Lear est le cousin de mon père. Nous sommes donc… » Emily termina sa phrase. « … de la même famille ». À nouveau, les oiseaux se remirent à chanter.

Jarvis Hanks  a réellement

Ethaniel Ritchot

existé. Nous ne savons pas s’il avait de la famille au Canada, mais un grand nombre de familles furent séparées pendant la guerre de 1812. De nombreux Américains déménagèrent au Canada après la Révolution américaine. Certains choisirent le Canada parce qu’ils étaient restés loyaux à l’Angleterre et auraient été jetés hors des ÉtatsUnis. D’autres vinrent au pays parce qu’on y offrait des terres à faible coût. Quoi qu’il en soit, ils durent souvent se battre contre des amis et voisins au sud de la frontière lorsque la guerre éclata.

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ARTICLE VEDETTE

Billy Green

Levi — ils arrivent!

Oui, accueillonsles comme on sait le faire dans le Haut-Canada!

Penses-tu à ce que je pense?

Des Indiens!

Wow, tu as vu comme on les fait fuir!

Allons voir comment se débrouillent Keziah et Isaac!


Keziah Corman, soeur de Billy et Levi

Pendant ce temps, dans le camp américain . . .

Isaac!

Ils ont pris Isaac!

Moi aussi je viens du sud. En fait, je suis le cousin de Harrison!

Ah oui? Alors il vaudrait mieux que tu files.

Très gentil de votre part!

« Wil-Hen-Har »

Juste au cas où le prochain camarade serait moins accommodant… quel est le mot de passe?

Une abréviation de « William Henry Harrison », ton cousin!

Ah oui, bien sûr!

Tu les as bien eus on dirait!

HOO! HOO!

HOO! HOO!

Je leur ai dit que je venais du Kentucky!

Par contre, je crois que ce soldat va avoir de gros ennuis…


Peut-être, mais maintenant nous avons le mot de passe. Allons voir le lieutenantcolonel Harvey — les Britanniques ont installé leur camp à Burlington.

Vas-y toi. Je dois m’assurer que Keziah est en sécurité.

Tu es un bon cheval, Tip. Je te ramènerai à Levi en moins de deux.


Et le mot-de-passe est « Wil-Hen-Har »

Connais-tu le chemin?

Chaque centimètre!

Debout vous tous! Nous allons faire une petite surprise aux Américains!

Montre-nous la voie!

Dépêchons-nous – il faut arriver avant le lever du jour!


Sentinelle américaine

Le mot de passe?

Wil-Hen-Har

Campement américain

Il n’y a personne ici…


Chargez! Faites feu!

Où sont-ils?

Sur la crête!

Voilà qui est fait! Mais au début, nous ne savions pas vraiment qui avait gagné.

Hip hip hip hourra pour Billy Green...

Prenez ces canons!

Nous avons quand même réussi à les chasser du Niagara!

L’éclaireur!

Avant la bataille de Stoney Creek, les Américains contrôlaient presque toute la région du Niagara. Mais avec l’aide de Billy Green, les Britanniques réussirent à renverser la situation. Moins d’une semaine après la bataille, ils avaient repris le contrôle. Il existe un monument en l’honneur de Billy Green au cimetière de Stoney Creek, dans la partie ouest d’Hamilton, en Ontario. L’inscription sur le monument se lit comme suit : « En mémoire de Billy Green, « L’éclaireur », qui a guidé les troupes britanniques lors d’une attaque-surprise qui a mené à une victoire décisive lors de la bataille de Stoney Creek. Né le 4 février 1794, décédé le 15 mars 1877. »


JEUX

MOTS CROISÉS

VERTICAL

HORIZONTAL

1 George ______, gouverneur du Haut et du Bas-Canada pendant la guerre.

2 Charles-Michel d’Irumberry de _______; un vrai Canadien.

3 Version canadienne des unités de l’armée britannique.

4 Navire qui a réussi à battre le Chesapeake.

5 Zone incendiée par les Américains en décembre 1813.

7 Chef Shawnee.

6 Dolley _____, la pétulante femme du président américain.

9 Ville américaine qui s’est rendue sans se battre.

8 Joseph _____, traître canadien.

10 Richard _______, chef du Coloured Corps.

11 Francis Scott ______, qui a écrit l’hymne national américain.

13 Laura ______ la brave, qui a averti FitzGibbon.

12 Traité de _______ qui a mis fin à la guerre.

14 Dernière bataille de la guerre. 15 Le nom de Toronto, pendant la guerre. 16 Roger Hale _____, qui a pris la relève après la mort de Brock.

56 Kayak #42 HIVER 2012

Réponses à la page 61


Trouve les neuf différences entre ces deux photographies illustrant une reconstitution de la guerre de 1812.

Andrew Workman

À la page 61 Réponses a Kayak 2012 Kayak#42 #42HIVER DEC 2012

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à 2006. Les Débrouillards de 2001 Ces histoires ont paru dans

histoires ont par u dans Les Débrou illards de 2007 à 2011.

CHAQUE ALBUM : 48 pages en couleurs • Couverture rigide Commandes téléphoniques : 1 866 600-0061. Aussi vendus en librairie et sur bayardjeunesse.ca


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RÉP O NSE S Les mystères de l’histoire: Ils sont fous ces Américains! p.30-31 La citation du président James Madison est fausse.

Mots croisés p.56

Vertical

Horizontal

1 Prévost 3 Les Fencibles 5 Niagara 6 Madison 8 Willcocks 11 Key 12 Gand

2 Salaberry 4 Shannon 7 Tecumseh 9 Detroit 10 Pierpoint 13 Secord 14 Nouvelle Orléans 15 York 16 Sheaffe

Jeu de différences  p.57

Kayak 2012 Kayak#42 #42HIVER DEC 2012

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KAYAK PARAÎT DANS LES DÉBROUILLARDS QUATRE FOIS PAR AN

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Remerciements

Andrew Workman

Imprimé au Canada.


Le livre HUDSON’S BAY COMPANY des éditions ASSOULINE (en anglais seulement)

Publié cet automne, ce livre-objet de 280 pages illustre le passé et le présent de la Compagine de la Baie d’Hudson dans une série de superbes images historiques et de photos contemporaines. Préface de Graydon Carter. Offert sur labaie.com et dans certains magasins la Baie partout au Canada.


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