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IMMO BRÈVES

MORGES OBTIENT LE LABEL CITÉ DE L’ÉNERGIE GOLD

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Confirmant l’atteinte d’un des premiers engagements du programme de législature 2021-2026, la Ville de Morges vient d’annoncer l’obtention du label Cité de l’énergie Gold. Une distinction attribuée aux villes européennes les plus engagées qui récompense les efforts en faveur de la lutte contre le changement climatique. Parmi les projets exemplaires de Morges en la matière, on trouve notamment la réalisation du réseau thermique MorgesLac ou encore la mise en œuvre du programme pilote Morges Rénove. JM

HELION ENERGY A ÉTÉ RACHETÉE PAR AMAG GROUP

C’est officiel, AMAG Group vient d’acquérir la division Helion de Bouygues E&S InTec Suisse, spécialisée et leader du pays dans le photovoltaïque, les pompes à chaleur et l’électromobilité. Le contrat de vente entre AMAG Group et Bouygues, qui avait été signé le 2 septembre dernier, a été formellement conclu ce moisci, renforçant considérablement l’offre de services autour de l’électromobilité du groupe automobile qui a pour ambition de devenir le premier fournisseur de mobilité individuelle durable. JM

UNE APPLI POUR COPROPRIÉTAIRES

Après son service d’accueil téléphonique «gérance clientèle» et son application dédiée aux locataires, la régie Pilet & Renaud lance ChezMoi, un espace digital d’échange pour copropriétaires. Ces derniers pourront ainsi envoyer en ligne leurs demandes, consulter leurs documents mais aussi effectuer le paiement de leurs charges en quelques clics. Un chat interactif guide les utilisateurs. Grâce à la série de fonctionnalités offerte par ce nouvel outil, la régie pourra dorénavant traiter plus rapidement et efficacement les diverses questions techniques, administratives ou comptables. JM

BILAN POSITIF POUR LE MARCHÉ HÔTELIER SUISSE

Dans sa dernière publication, CBRE Suisse fait le point sur l’état de santé du marché hôtelier helvétique. La forte dépendance des villes à l’égard de la demande internationale et d’affaires a entraîné des baisses importantes de l’occupation en 2020. Toutefois, entre janvier et août 2022, des signes indiquent qu’une reprise lente mais régulière s’est amorcée (-7% de la demande par rapport à 2019). Si l’on compare les villes de Zurich, Genève et Bâle, Genève présente désormais l’écart de demande le plus faible par rapport à 2019. JM

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RÉOUVERTURE LE 3 DÉCEMBRE DU GRAND-PONT DE LAUSANNE

Après dix mois de travaux, le Grand-Pont connaît une deuxième jeunesse. Les interventions menées sur cet ouvrage construit en 1844 ont permis de remédier aux dégradations qui avaient été relevées lors de l’inspection réalisée en 2020. Le tablier du pont a été démoli, permettant notamment de régler les importants problèmes d’étanchéité. Les maçonneries ont été traitées et les garde-corps remis à neuf dans le respect de l’esprit de cet ouvrage historique, de même que les mâts de drapeaux et l’éclairage public, dont la consommation d’énergie a été réduite de près de 75%. Le budget annoncé de 11,5 millions de francs pour la rénovation, tout comme les délais, ont été respectés. L’ouvrage sera remis en service le 3 décembre. JM

LES PRIX DES LOGEMENTS EN PROPRIÉTÉ ONT AUGMENTÉ DE 1,2%

L’indice suisse des prix de l’immobilier résidentiel (IMPI) a augmenté de 1,2% au 3e trimestre par rapport au précédent, rapporte l’Office fédéral de la statistique (OFS). Des hausses de prix ont été enregistrées au 3e trimestre tant pour les maisons individuelles (+1,4%), que pour les appartements en propriété par étage (+1,1%). Dans le segment du marché des maisons individuelles, les prix ont connu une hausse quel que soit le type de commune mais le renchérissement a été nettement plus marqué dans la catégorie des communes urbaines d’une agglomération de taille moyenne (+4,3%). JM

Base 4e trim 2019=100 116 112 108 104 100 96 2019 2020 2021 2022 Logements en propriété (Total) Maisons individuelles Appartements en propriété (PPE)

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LES COTEAUX DE LA VENOGE PRENNENT PLACE À ECHANDENS

Regroupant un ensemble résidentiel de deux bâtiments locatifs (33 appartements), un second édifice pour seniors (63 logements), une crèche ainsi que des surfaces d’activités, le nouveau projet des Coteaux de la Venoge, en contrebas du village d’Echandens (VD), a entamé son gros œuvre. Développé en entreprise totale par Marti Construction et conçu par les Architectes Pezzoli et Associés, cette réalisation devrait accueillir ses premiers locataires au printemps 2024. JM

IMMO BRÈVES UNE PREMIÈRE PIERRE POUR LA CONCORDE À VERNIER

Après le concours réalisé en 2012 et l’obtention du permis de construire cette année, il était temps, début novembre, de poser la première pierre du projet «La Concorde Logements» à Vernier (GE). Cette opération, née d’un partenariat public-privé (Ville de Vernier et Urban Project), va donner naissance à une école primaire de 16 classes (d’ores et déjà construite) et à 161 appartements (dont la moitié en PPE). Un parking de 444 places mutualisées et des commerces de proximité (5500 m2) viendront compléter ce nouvel ensemble. JM

UNE 2E ÉDITION DU HACKATHON SMART CITY XPERIENCE

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Les 11 et 12 novembre derniers a eu lieu le second hackathon Smart City Xperience, co-organisé par Open Geneva et le projet de recherche MIDAS (Microclimate Data Stories). Pas moins de 24 heures de course à l’innovation qui ont permis aux équipes de réfléchir, à l’aide de challenges, à des prototypes et des concepts pour construire la ville de demain. Cette année, les participants ont pu entre autres repenser la place et l’utilisation des arrêts de tram/bus ou encore transformer la zône industrielle de Plan-les-Ouates (Ziplo) à l’horizon 2050. Des idées sur papier qui deviennent parfois concrètes, comme les dispositifs low-tech «refuges climatiques», projets issus du hackathon 2021, qui rafraîchissent l’air ambiant avec de l’eau de pluie sous l’effet de la chaleur et qui ont été installés l’été dernier place du Vélodrome. JM

LE PROJET DU BOULEVARD DES ABAROIS ENFIN PRÉSENTÉ

Lors d’une séance publique qui s’est tenue mi-novembre à la Mairie de Bernex (GE), la volonté d’une nouvelle centralité entre ville et campagne à travers le projet de boulevard des Abarois a été affichée. Celui-ci, qui desservira l’urbanisation de Bernex-Est et soulagera la route de Chancy, jouera le rôle de desserte multimodale des nouveaux quartiers et verra une plantation de 350 arbres orner son boulevard afin de réduire le phénomène d’îlots de chaleur. Un boulevard qui sera également relié à des espaces publics favorisant la biodiversité tels que le chemin de Grouet ou encore le chemin des Rouettes. JM

ADOPTION DU PLQ «CIRSES» AUX GRANDS ESSERTS

Dernier maillon du projet d’envergure les Grands Esserts à Veyrier (GE), le plan localisé de quartier (PLQ) «Cirses», a été adopté par le Conseil d’Etat début novembre. Celui-ci permettra de réaliser environ 770 logements et près de 1900 m2 de surfaces d’activités et de services de proximité. Il accueillera également des équipements publics, dont une école primaire, un équipement sportif et une crèche. Ce PLQ «Cirses» fera l’objet d’un concours d’architecture prochainement, tout comme l’a été la future école du quartier. A terme, les Grands Esserts offriront quelque 1200 logements répartis dans quatre PLQ. Les travaux à Vessy ont débuté en mars pour une livraison des premiers logements fin 2025. JM

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DR LE BILAN DE LA FEUILLE DE ROUTE 2018-2023 GENEVOISE

Élaborée en début de législature, la feuille de route du Département du territoire (DT) de Genève présentait 60 objectifs opérationnels répartis en 4 chapitres. Parmi ceux qui ont été atteints: les nouveaux accès à l’eau, de nouveaux quartiers (quelque 11’000 logements construits depuis 2018), ou encore la dématérialisation des autorisations de construire. Autre exemple, en matière environnementale, cette législature aura permis notamment de concrétiser le plan directeur de l’énergie, le nouveau règlement sur l’énergie pour une rénovation accélérée des bâtiments, ainsi que la réalisation de projets structurants (Cool City, 3 pépinières urbaines...). JM

LE SOUS-SOL GENEVOIS RÉVÈLE UN POTENTIEL EXCEPTIONNEL

Menée à l’automne dernier, la campagne sismique 3D qui a analysé de fond en comble le sous-sol genevois a permis des découvertes majeures sur le plan géologique et géothermique. Des résultats présentés mi-novembre par l’Etat de Genève et les Services industriels de Genève (SIG) qui prouvent qu’il sera possible de développer la géothermie à grande échelle dans un avenir proche et d’atteindre ses objectifs en matière de performance énergétique. A savoir: couvrir 30% des besoins de chaleur du canton à l’horizon 2050, dont environ 14% d’ici 2035. JM

Failles géologiques où l'eau circule

ROLLIET À PLAN-LES-OUATES DES AMÉNAGEMENTS INÉDITS POUR DE NOUVEAUX LOGEMENTS

Les promoteurs verseront 15 millions pour créer un nouveau quartier aux Cherpines. Et, concept novateur, une coopérative sera créée pour gérer 40% des futures arcades ainsi que les rares places de parking (0,6 place par 100 m2 de surface locative).

Avec la signature d’une convention opérationnelle, le lundi 7 novembre, entre le Conseil d’Etat genevois, les autorités de Plan-les-Ouates et les opérateurs du futur écoquartier du Rolliet, aux Cherpines (essentiellement SDCI Constructions Investissements SA), Genève vient d’entrer dans une nouvelle ère. Outre les aménagements extérieurs, les pouvoirs publics voulaient obtenir de pouvoir consacrer 5500 m2, soit près de 40% des rez-dechaussée du Rolliet, à des activités «en faveur de la vie de quartier, au développement de liens sociaux entre les habitants et à une offre de loisir locale permettant d’éviter d’avoir à se déplacer loin». Comme l’a parfaitement compris le conseiller d’Etat en charge du Département du territoire, Antonio Hodgers: «Ces activités ne sont habituellement pas compatibles avec des loyers commerciaux au prix du marché. Ainsi, des dispositifs innovants ont été imaginés pour proposer des loyers très abordables pour ces surfaces». En d’autres termes, il a fallu que les services de l’Etat fassent preuve de souplesse pour intégrer pour la première fois certaines charges dans les plans financiers. On parle ici de la construction d’environ mille logements sur les 3700 prévus à terme pour l’ensemble des Cherpines. Autrement dit: de l’arrivée d’environ 10’000 nouveaux habitants d’ici 2030 dans cette commune de près de 12’000 résidents.

Un constat d’aménagement réaliste Vouloir installer quelques commerces en périphérie, dans les nouveaux quar-

«Ce que nous sommes en train de réaliser aux Cherpines doit devenir la norme pour les nouveaux quartiers»

Antonio Hodgers, conseiller d’Etat en charge du Département du territoire tiers, requiert une certaine expertise pour éviter que cela finisse par des faillites. «Nous avons eu des échecs dans le passé car nous ne nous y sommes pas pris assez en amont. Ce que nous sommes en train de réaliser aux Cherpines doit devenir la norme pour les nouveaux quartiers», plaide Antonio Hodgers. Il est clair que la viabilité des commerces reste liée au bassin de chalandise et demande habituellement une certaine centralisation. Ici, la volonté politique qui se concrétise va permettre de mettre 40% des arcades à disposition d’associations locales. Il s’agit alors de les louer à des associations culturelles (ateliers d’artistes), bi-

Cette nouvelle construction de 1000 logements prévus aux Cherpines verra s’implanter environ 10’000 nouveaux habitants d’ici 2030. DR

bliothèque d’objets, maison de quartier, crèche, services de conseils ou sociaux (familles, aînés, intergénérationnel), ateliers de réparation de vélos, produits du terroir etc., avec des loyers différenciés en fonction des types d’activités. La gestion de ces espaces sera confiée à la coopérative de quartier qui va prochainement voir le jour. «Pour leur donner un maximum de chance de réussite, la commune a décidé de financer un programme de formation destiné aux associations concernées», a relevé Florence Monbaron, maire de Plan-les-Ouates. La commune avait d’ailleurs lancé un appel à projets auprès des associations en 2018 déjà.

Service de conciergerie à grande échelle Autre aspect de ce futur quartier: éviter de se retrouver avec une explosion des déplacements motorisés individuels. Comme à Bernex, une ligne de tram devrait prochainement desservir ce développement urbain. Elle devrait entrer en service en décembre 2023 alors que les premiers habitants du Rolliet ne seront pas sur place avant début 2025, au mieux. «Nous avons poussé la réflexion autour de la ville du quart d’heure. Plan-les-Ouates voulait proposer 0,1 place de parking par nouvel habitant, or même dans les futurs logements du PAV (Praille-Acacias-Vernets), nous serons à 0,4. Ce que nous cherchons à faire ici c’est d’éviter de reproduire ce qui se passe dans un centre urbain. Il s’agit de se déplacer moins et mieux. Nous aurons un taux de 0,6 place par appartement de 100 m2. Par contre, ce taux sera de 3 parkings à vélos par 100 m2 de logement», a ajouté le conseiller d’Etat Serge dal Busco, en charge de la mobilité. Un catalogue de dix mesures concrètes a été prévu à cette fin. Aux yeux d’Antonio Hodgers, «une telle offre de conciergerie pour gérer les questions de mobilité est inédite à cette échelle». De quoi parle-t-on? La coopérative du Rolliet va gérer et mutualiser l’ensemble des places en sous-sol. Il y aura un emplacement réservé aux casiers de livraison, accessible 24 heures/24, des emplacements pour des voitures en autopartage (que ce soit via Mobility ou des véhicules privés), les premiers habitants recevront un kit mobilité, des bonus en cas de renoncement à une voiture seront offerts, etc. Finalement, qui financera quoi? On pourrait penser que les promoteurs du futur quartier Rolliet fassent la grimace face à autant de conditions posées par les pouvoirs publics. «Notre intérêt est que le futur locataire soit heureux. L’animation des rez-de-chaussée est indispensable si nous voulons assurer une certaine pérennité. Notre volonté est de façonner un quartier exemplaire où les locataires souhaitent rester. Bien entendu il fallait résoudre la question du financement de l’ensemble de ces mesures, car, au final, on parle tout de même d’environ 15 millions de francs. Mais l’Etat a accepté de les intégrer dans les plans financiers de cette zone de développement via un système de péréquation», a informé José Gonzalez, au nom de la société SDCI. Cette entité a d’ores et déjà déposé une demande définitive pour la construction de 38 immeubles de logements sur une surface d’environ 4,5 hectares pour environ 550 appartements (dont un tiers sera subventionné). Les premiers coups de pioche sont quant à eux attendus au second semestre 2023. Serge Guertchakoff

Fonds immobiliers

LES ROMANDS SE METTENT EN AVANT

Souvent dans l’ombre de leurs voisins alémaniques, les professionnels francophones de la branche ont organisé pour la première fois une journée qui leur était dédiée à Lausanne. Ceci afin de présenter les cas exemplaires de la région.

Grande première dans l’histoire des fonds immobiliers romands, une journée leur était consacrée au stade de la Tuilière à Lausanne, le 10 novembre dernier. Pour l’occasion, pas moins de nonante professionnels du métier avaient fait le déplacement afin de rencontrer leurs pairs. «Il était temps de se remettre sur un pied d’égalité avec la Suisse alémanique qui est bien plus dynamique en termes d’événements et de réseautage autour des fonds immobiliers», assure Lucia Morgillo, CEO d’IMvestir Partners, à l’origine de cette initiative réussie puisque public et intervenants ont répondu en nombre.

Des opportunités futures Un rendez-vous placé sous le thème de la «métamorphose» pour un secteur en constante mutation, notamment à Lausanne où des chantiers majeurs sont en cours aux quatre coins de la ville, donnant lieu à des développements futurs et une nouvelle forme d’investissement immobilier. «Pour la seconde étape du quartier des Plaines-du-Loup (170'000 m2) comme pour le futur site des Prés-de-Vidy (139'000 m2), la mixité des logements, des activités, mais aussi des investisseurs, est primordiale. La Ville souhaite ainsi octroyer un droit de superficie pour un quart à des structures détenues par la Municipalité, un quart aux sociétés d’utilité publique, un quart aux coopératives d’habitants et enfin un quart à des opérateurs privés», décrit Guillaume Dekkil, responsable de la mise en œuvre. Des opportunités pour lesquelles les investisseurs seront invités à faire leurs offres dès 2023 et qui représentent à elles seules un potentiel d’investissement (pour le secteur privé) d’environ 280 millions de francs. «Il faut s’attendre à un dispositif plus contraignant, avec des co-investisseurs à l’ADN très différent, mais qui garantit une levée de risque grâce à un accompagnement assuré par la Ville», complète Guillaume Dekkil.

Quelques pionniers vaudois La journée a également servi à mettre en lumière certaines pratiques initiées par des Romands. Gefiswiss, tout d’abord, un gérant d’actifs créé en 2008 qui a prouvé que l’on pouvait être à la fois durable et rentable, ayant été parmi les premiers immeubles certifiés Minergie-P du canton de Vaud. Il a également lancé cette année son Gefiswiss Energy Transition Fund, premier fonds infrastructure visant à faire du contracting énergétique (financement de réseaux de chaleur, d’installations photovoltaïques...). Autre cas d’école avec le fonds coté en bourse Cronos Immo Fund qui vise une forte croissance (le milliard à l’horizon 2030). Et pour y arriver, la société se concentre sur l’immobilier résidentiel récent ou à construire, l’ancien à rénover, les niches comme les résidences pour seniors mais surtout l’apport en nature. «Cette source de croissance importante consiste à acheter un immeuble non pas en argent liquide mais en remettant au vendeur des parts de notre fonds nouvellement émises spécialement pour lui», précise Hervé Mützenberg, gérant chez Cronos. Un procédé souvent méconnu alors qu’il faciliterait la planification successorale mais aussi l’optimisation fiscale. Il aurait déjà permis à Cronos d’acheter 28 objets au cours des trois dernières années, le plus important pour un montant de 57 millions à Crissier.

Nonante professionnels du métier ont fait le déplacement. DR

Histoire

Le Collège de la Golette Meyrin construit en 1967.

Leo Fabrizio

UNE GENÈVE PRÉFABRIQUÉE

Avec la sortie d’un livre consacré à l’art de la préfabrication en territoire genevois, retour sur cette méthode de construction qui a façonné le visage du canton.

Al’heure où grues et chantiers se multiplient dans nos rues, où quartiers et infrastructures riment avec envergure, et où chacun tente de dessiner la ville de demain, une cité plus durable, inclusive mais aussi innovante, il est parfois bon de s’arrêter quelques minutes et de regarder en arrière un instant. Se replonger à travers l’histoire, l’architecture, les événements du passé pour mieux comprendre ce qui a modelé, transformé, sculpté, construit la Genève d’aujourd’hui. Un travail de fourmi que le professeur Bruno Marchand, spécialiste depuis trente ans en théorie de l’architecture à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), s’est attelé à réaliser dans son livre «PRELCO. L’art de la préfabrication» (éd. In folio, parution fin novembre). Une analyse de l’évolution du béton préfabriqué genevois à travers l’entreprise Prelco, qui a poussé Bruno Marchand à revenir sur les premiers pas d’une Genève qui s’est inévitablement préfabriquée au fil des décennies. La rédaction d'immobilier.ch est donc partie à sa rencontre pour vous proposer un saut dans le temps, une pause dans le quotidien effréné, et reprendre là où tout a commencé: dans les années d’après-guerre, lorsque les grands ensembles sont sortis de terre.

D’un contexte hégémonique... Pour cela, il faut imaginer Genève dans les années 50, lorsque le développement économique et la croissance démographique engendrent ensemble un nouveau besoin: celui de construire en masse. Répondre à une demande pressante de logements collectifs, de quartiers d’habitation denses et d’équipements adéquats devient alors un enjeu primordial pour le canton. «Les architectes de l’époque ont cherché en urgence comment rationnaliser voire industrialiser la construction pour qu’elle soit plus rapide et plus économique. C’est ainsi que la préfabrication s’est imposée comme solution», témoigne Bruno Marchand. Cette méthode, qui consiste à d’abord couler le béton dans des moules en usine avant de les transporter et de les monter sur chantier, s’oppose à la technique traditionnelle du brique à brique (les éléments sont fabriqués au fur et à mesure directement sur place) et dirige très vite de nombreuses opérations. Les citéssatellites du Lignon (prévue pour accueillir 10’000 habitants), des Tours de Carouge (et ses 862 logements) ou encore des Avanchets (7000 personnes hébergées) font office parmi tant d’autres de vitrines et marquent ainsi le début d’une hégémonie du béton préfabriqué. La montée en puissance de cette tech-

A Lancy, les logements La Chapelle ont été préfabriqués.

Leo Fabrizio Le Cycle d’orientation de Pinchat à Carouge.

Leo Fabrizio

nique de construction coïncide également avec la réforme du système scolaire genevois. Amorcée dès 1960, sous la pression de politiques bien décidées à démocratiser les études, le marché est soudainement bousculé. Avec l’introduction du Cycle d’orientation, les communes se voient déchargées de leur obligation de construire des écoles primaires (malgré une augmentation de la population) mais d’un autre côté, l’Etat est contraint, à la hâte, de créer de nouvelles infrastructures scolaires, supposées pouvoir accueillir chacune 400 à 600 élèves. L’objectif est ambitieux, d’autant que deux Cycles d’orientation doivent voir le jour chaque année. La préfabrication, grâce à son caractère répétitif et sa qualité de finition incomparable, s’avère une fois de plus la réponse idéale pour respecter les délais d’exécution. Mais avant de se lancer dans une fabrication en série, l’entreprise Induni & Cie est mandatée par le canton pour la réalisation d’une première école prototype: le Cycle d’orientation de la Florence, dans le quartier de Conches. Une réussite qui dicte la suite des travaux. «Les Cycles ont été faits selon les mêmes règles, les mêmes métriques. Il en résulte aujourd’hui une sorte de patrimoine commun à tous ces bâtiments scolaires préfabriqués qui arborent une architecture à la fois pure et dure. Quand on y pense, bon nombre des Genevois ont côtoyé ce même paysage urbain codifié de l’époque qui est toujours présent aujourd’hui», commente l’expert Bruno Marchand. Tandis qu’à Genève se déployaient des Cycles à base de préfabrication lourde en béton, à quelques kilomètres de là, dans le canton de Vaud, les constructions scolaires étaient pour leur part davantage axées sur du modulaire en verre ou en métal. Le professeur ironise sur ce

«Les Cycles d’orientation ont été faits selon les mêmes métriques et arborent une architecture à la fois pure et dure»,

point: «Si peu de distance, mais tant de différences dans la pratique...»

... à la remise en question... Pourtant, dans les années 1980, tout change. Genève bascule à nouveau dans un autre paradigme et délaisse peu à peu la préfabrication. La crise pétrolière fait des ravages, notamment auprès des acteurs de la branche, souligne Bruno Marchand: «Une fois les grands chantiers achevés, les projets sont cette fois-ci davantage contenus, les terrains plus petits et la monotonie du préfabriqué commence à déplaire». Et avec la diminution des constructions d’ampleur, les quelques entreprises autrefois spécialisées se raréfient elles aussi. Dans les faits, la demande se tarit mais elle persiste néanmoins sous une autre forme, plus haut de gamme. On passe désormais à une architecture préfabriquée de qualité supérieure, avec des recettes de béton dont la matérialité a du sens. «Une nouvelle génération d’architectes est venue jouer avec l’effet esthétique du béton préfabriqué qui permet de reproduire par exemple une sorte d’acier corten», appuie Bruno Marchand. Surnommé par certains «la haute couture» de l’architecture, le préfabriqué fait dorénavant de chaque élément d’une construction une pièce plus complexe et

L’usine de l'entreprise Prelco

(Satigny). Leo Fabrizio

Une exposition pour retracer le passé

Du 2 au 9 décembre, au Pavillon Sicli (GE), l’exposition «L’art de la préfabrication: une culture locale» propose une plongée dans un demi-siècle d’histoire de la construction préfabriquée à Genève. Basé sur le livre de Bruno Marchand et le matériel de chantier, les maquettes, planches explicatives ou encore documents d’archives de la société Prelco, l’événement sera ouvert et gratuit tous les jours de 11h à 19h. Des visites guidées ainsi que deux tables rondes se tiendront en marge de l’exposition qui a été scénographiée par l’artiste plasticien genevois Christian Gonzenbach.

technique. L’entreprise genevoise Prelco, qui fête aujourd’hui son cinquantenaire, s’est justement adaptée à ces nouvelles attentes avec le développement d’une façade «sandwich», qui intègre l’isolation. Le produit devient populaire, mais au point de voir un retour en force du béton préfabriqué? Ce n’est pas certain.

... pour rebondir à l’avenir Bien que Genève soit une ville très minérale, dont certaines réalisations récentes comme le quartier d’affaires de PontRouge en confirment encore le penchant, il est difficile d’entrevoir un futur radieux pour le béton. Energie grise, mitage, uniformisation des bâtiments ou encore îlots de chaleur... les défauts pointés du doigt concernant le béton sont souvent légion. Cependant, le béton préfabriqué pourrait inverser légèrement la tendance. En effet, dans une table-ronde organisée début décembre au Pavillon Sicli (voir encadré), Bruno Marchand reviendra sur ces questions d’avenir de la construction à Genève et sur ce lourd passé bétonné qui peut être équilibré avec une pratique durable inévitable. Selon lui, «le préfabriqué est intéressant pour l’avenir car, contrairement à la construction traditionnelle qui s’effectue à la hâte sur les chantiers, la production en usine permet de tester, ajouter, retirer, retenter et pousser à l’innovation. Il offre en tout cas plus de possibilités que le béton traditionnel». Un effort d’amélioration constante qui s’ajoute à une tendance de façades composites (mélange bois-béton par exemple) et à la recherche pour intégrer plus facilement les panneaux solaires en amont... Tant d’opportunités qui confirment pour le moment que la préfabrication n’a pas encore fini d’écrire le cours de son histoire et de celle du bout du lac. Julie Müller

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