Memoire PFE ENSAL 2014

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Tradition revisitée Carlos Zerpa-Guzman Rapport de présentation de Projet de fin d’études Ecole nationale supérieure d’architecture de Lyon Stratégies et pratiques architecturales avancées SPAA juin 2014


Tradition revisitée

Tradition revisitée Rapport du projet final d’études. Ecole nationale supérieure d’architecture de Lyon Domaine d’études: Stratégies et pratiques architecturales avancées (SPAA) Cycle Master 2013-2014. Semestre 10. © Auteur: Carlos Zerpa-Guzman e-mail: carlos-alberto.zerpa-guzman@lyon.archi.fr Encadrants du projet : Christophe Widerski, Boris Bregman et Boris Roueff. Illustration de couverture: Carlos Zerpa-Guzman. ©2014 par Carlos Zerpa-Guzman Fait à Lyon, juin 2014.


SOMMAIRE 11 16 19 23 25 29 31 33 48 53 63 65 65 65 69 69 71 72 75 87 90 97 99 107 117

Avant-propos 1. Portrait métropolitain de Bâle 1.1 Histoire 1.2 Bâle et Saint-Louis 1.3 Quel lien avec la métropole ? 1.4 L’arc nord de Bâle 1.5 Data 2. Approche territoriale 2.1 La ville poreuse 2.2 La ville fracturée 2.3 La friche 3. L’archétype 3.1 La maison à colombage Relecture d’une tradition La maison alsacienne Le bois comme matière Structure de la maison à colombage Le décor Les couleurs 3.2 Réferences 4. Recherches et stratégies 4.1 Recherches et stratégies urbaines 4.2 Ré-identification urbaine 4.3 La friche comme support de projet 4.4 L’écriture architecturale 4.5 Un habitat pour qui ? Bibliographie Remerciements


AVANT-PROPOS Le contenu de ce mémoire s’organise en quatre parties, reproduisant une méthodologie itérative, suivie tout au long de cette année de péparation du projet de fin d’études. L’axe de réflexion du projet construit ici la notion d’habiter au sein de l’agglomération de Bâle. La première partie est consacrée au portrait métropolitain de Bâle, puis de la place de la ville de Saint-Louis, commune française située en périphérie de l’agglomération bâloise. La seconde partie est dédiée à une analyse urbaine plus fine de la ville de Saint-Louis, analyse permettant de faire émerger les différents questionnements et problématiques de projet. La troisième partie décortique l’archétype pris comme réferent du projet, et l’ensemble des réferences architecturales et urbaines convoquées. La quatrième et dernière partie développera la mise en marche des stratégies urbaines et architecturales proposées.


1. Portrait métropolitain de Bâle

*Cette partie a été réalisée en partie avec deux autres étudiantes : Vanina Arnould et Pauline Henaff.


Le territoire soumis à l’étude: les villes françaises de la région des trois frontières sont des territoires sous l’influence métropolitaine de l’agglomération de Bâle, qui se partage entre la France, l’Allemagne et principalement la Suisse. Cependant, c’est un morceau de territoire qui reste de dimensions moyennes, voire assez petites par rapport aux différentes agglomérations européenes. Par ailleurs, c’est un territoire caracterisé par un fort étalement urbain survenu notamment au cours des 50 dernières années sans entretenir de liens avec son tissu historique, qui a souffert des effets de l’influence de l’industrialisation et de l’automobile, et de l’énorme diffusion des modèles operés par le mouvement moderne et de l’accession à la propriété privée. De nouvelles parties de ville se sont constituées sur des modèles à l’échelle de la machine et de la grande vitesse, le tout dans le cadre d’une ville plutôt organisée par fonctions. Parmi les principaux enjeux rencontrés, émerge la proximité métropolitaine et le dynamisme que celle-ci dégage, en augmentant les opportunités d’évolution de la ville pour qu’elle puisse accueillir de nouvelles activités, mais surtout de nouvelles personnes. C’est pourquoi l’objectif primaire est de redonner une échelle humaine à la ville, au travers d’une opération de petite taille comme la création de 150 logements. A ce propos, l’entrée de projet retenue est celle de la mobilité. A partir de là, un ensemble d’intérrogations commencent à émerger : Comment se déplace-t-on aujourd’hui dans ces territoires métropolitains ? Comment pourrait s’articuler la volonté de s’excentrer du coeur de la métropole pour avoir plus d’espace, de tranquillité, des coûts moins importants et se déplacer facilement d’une partie de ville à l’autre dans ces villes patchwork ?

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1.1 Histoire Située au nord-ouest de la Suisse, Bâle est une métropole étalée sur les frontières suisse, française et allemande. C’est la troisième ville la plus peuplée de la conféderation avec un peu moins de 180 000 habitants et plus de 700 000 sur l’ensemble de l’agglomération, ce qui la place comme la seconde agglomération suisse après Zurich. L’agglomération bâloise dépasse la frontière germano-suisse et francosuisse, en regroupant les villes françaises de Saint-Louis et Huningue en Alsace, ainsi que les villes allemandes de Weil am Rhein et Lörrach au pays de Bade. Grâce à cette position, la région est aussi connue sous le nom de Dreiländereck ou District de Trois Frontières. Par ailleurs, Bâle détient le dernier port de navigation fluviale sur le Rhin : plus loin se situent les chutes du Rhin, provoquant un grand obstacle à la navigation. D’origine celtique, les romains s’installèrent vers 44 avant JC pour fonder le site d’Augusta Raurica (aujourd’hui Kaiseraugst). Succédèrent aux romains les Alamans vers 450 puis les francs au VI siècle. Vers l’an 1000, Bâle est reconnue comme une ville libre faisant partie du Saint-Empire romain germanique, et en 1501 la ville adhère à la Suisse. En 1883, se produit la division du canton de Bâle en demi-cantons, Bâle-campagne et Bâle-ville, division qui est encore utilisée. Bâle est un centre industriel principal qui accueille de nombreuses entreprises de la chimie et de la pharmaceutique, tels que Novartis, Hoffmann-La Roche et Syngenta, formant le pôle biotechnologique de Biovalley qui s’étale aussi sur les frontières française et allemande. Par ailleurs, Bâle occupe une place financière remarquable avec la présence des institutions financières comme le UBS ou le Comité de Bâle.

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Concernant le rôle des moyens de communications et de transport, la ville possède deux ports fluviaux. Depuis le Moyen Age, Bâle a été le carrefour de rencontre et des échanges économiques entre la Méditerranée et la mer du Nord. En outre, Bâle est liée à la France par l’autoroute A35 vers Mulhouse et Strasbourg. Par voies ferrées, la ville est deservie par la station Basel SNCF qui dessert les villes de Mulhouse, Paris et Bruxelles. D’autre part, l’aéroport international Bâle-MulhouseFribourg ou Euroairport est le seul aéroport binational au monde, situé dans une enclave sur le territoire français, à 5 km de la frontière suisse.

1.2 Bâle et Saint-Louis Saint-Louis est une ville française placée au sein de l’agglomération trinationale de Bâle, dans le département du Haut-Rhin et dans l’ancienne région du Sundgau au sud de l’Alsace. La ville a expérimenté un developpement assez rapide du fait de sa proximité avec la ville forte qu’est Bâle. La commune est divisée en quatre quartiers : Saint-Louis-centre, Neuweg, Blotzheim et Michelfelden. La ville est située à une altitude d’environ 250 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle est aussi traversée par de minuscules cours d’eau qui prennent leur source dans les collines du Jura ainsi que par le canal de Huningue relié au Rhin. Historiquement le site de la ville de Saint-Louis a experimenté la colonisation humaine depuis des siècles, mais c’est en 1684, par ordonnance de Louis XIV que la ville existe officiellement. Après de longues périodes de changements, d’événements politiques et d’industrialisation, c’est au début du XXème siècle que la ville connaît un “âge d’or”, par la mise en marche d’un plan d’urbanisme qui comprend de nombreux logements, écoles, grands hôtels et grands magasins, une synagogue, une église reformée, un abattoir et une prison. Cependant, l’après-guerre est une époque difficile, obligeant l’industrie locale à se reconvertir vers la métallurgie.

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Par la suite, pendant la Seconde Guerre mondiale, la totalité des habitants est évacuée vers les villes voisines, mais, à leur retour, SaintLouis est devenue allemande. L’occupation nazie s’achève à la fin de l’année 1944. Plus tard, dans les années 1970, l’aéroport international Basel-Mulhouse-Freiburg est inauguré. Au cours des années 1990, sont achévés la médiathèque, la croisée de Lys, un théatre et des salles de cinéma. En 2004, est ouvert le musée d’art contemporain Fernet Branca, dans les anciens locaux de la distillerie fermée depuis 2000. Saint-Louis est une ville essentiellement jeune et urbaine, ce qui produit un profil de ville assez nouveau avec très peu de constructions anciennes. Cependant, on peut retrouver des quartiers constitués de maisons de charmes et de maisons typiques à colombages. Concernant la situation des logements dans la ville, il faut noter la nette supériorité des logements collectifs, qui constituent 70,8% des logements contre 28,7% pour les maisons indivuduelles. En 2008, on comptabilisait un total de 10 218 logements. En outre, 44,4% des habitants sont proprétaires de leur logement. La plupart des logements oscille entre 3 et 5 pièces, représentant près de 80% du parc d’habitation de la ville. Par conséquent, les logements plus petits comme les studios restent sensiblement moins nombreux. Ce panorama statistique laisse entrevoir la taille assez grande du logement moyen dans la ville et la faible demande de ceux de petite taille. Les habitants de Saint-Louis sont aussi appelés tranfrontaliers, puisque la plupart des personnes installées à Saint-Louis et aux alentours travaillent sur Bâle.

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De ce fait, le marché de l’emploi reste concentré sur la ville de Bâle, mais l’habitat se trouve éparpillé vers la périphérie, et ce du fait des prix élévés dans le centre-ville de Bâle. Cette situation produit un renforcement de la ségregation sociale, déjà accentuée par les différences lingüistiques et les écarts de revenus entre les habitants. Si Saint-Louis veut rattraper et profiter des dynamiques de Bâle, la ville doit reprendre en main le bien être de ses habitants et lancer un plan de développement du territoire.

1.3 Quel lien avec la métropole ? Jusqu’ici un premier constat a émergé: la mobilité des personnes, typique des métropoles se reflète dans les infrastructures de transport. Leurs impacts visuels et/ou physiques font ressortir de manière sensible la présence de la métropole bâloise à proximité. Sur le territoire de Saint-Louis, différents projets entamés portent sur le réseau de tramway qui s’arrête aujourd’hui à la frontière française. Une autre piste d’amélioration serait le développement du réseau cyclable, très présent en Suisse et quasi inexistant en France. A ce sujet, Bâle offre un système de cohabitation piéton/vélo/voiture qui n’est pas repris en France. Le caractère métropolitain d’un lieu est souvent générique car les infrastructures tendent à se ressembler : autoroutes, voies ferrées diffèrent peu. Les spécificités sont souvent réduites aux différences de signalétique mais leur contribution au paysage reste limitée.

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1.4 L’arc nord de Bâle

Allemagne

France

Suisse

Légende Bâti (agglomération) Bâti (Saint-Louis Frontière trinationale Gares de train Réseau ferrée Réseau routier Le Rhin

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La ville de Saint-Louis offre un paysage singulier. Premièrement, le relief de la Forêt Noire et du Jura est plus lointain et peu perceptible. Le site de la réserve naturelle de la Petite Camargue Alsacienne n’est pas très accessible et/ou assez visible depuis la ville. L’eau se perçoit également moins sur le territoire, malgré la proximité du Rhin. Celui-ci et son canal sont localisés sur la commune d’Huningue, laissant la ville de Saint-Louis déconnectée et l’eau ne se perçoit pas sous d’autres formes. La ville concentre également une mixité d’usage et de fonctions peu imbriquées. L’industrie côtoie la maison individuelle traditionnelle et le nouveau centre de la ville. Dans cette atmosphère, on perçoit que le territoire reste un lieu de passage, accentué par un nombre notable de places de parking et d’espaces vides ou en friche. Par ailleurs, c’est un territoire qui souffre de la présence des dynamiques entrainées par la présence de la métropole bâloise à ses portes, et de l’offre d’un habitat à la campagne un peu plus excentré. Par conséquent, il y a une vraie scission entre la ville historique et industrielle jusqu’à la construction des cités ouvrières et le développement du pavillonnaire au nord de la ville. Ainsi, la ville souffre d’une image de ville dite industrielle, traversée par la route départementale. Le fait de ne pas avoir de fond scénographique ou de paysage à la topographie singulière recentre l’attention sur le bâti proche et l’émergence du bâti le plus haut. L’aigle de l’ancienne distillerie est devenu le symbole du musée d’art contemporain (échelle métropolitaine). Les cheminées de toutes les industries de la ville ponctuent le parcours. Les façades des maisons de ville traditionnelles sont très décorées, laissant la place à un code de recherche esthétique très caractéristique. Le bâti du nouveau centre, moderne, dialogue peu avec le reste de la ville car il est en retrait par rapport à la rue principale. Le château d’eau le long de la voie ferrée est visible depuis le centre.

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1.5 Data

Allemagne Saint-Louis

Population Bâle : 166 173 hab. (2009) Saint-Louis : 20 294 hab. (2011)

France

Suisse

Bâle

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Territoire Eurodistrict trinational de Bâle : 1989 km² Bâle : 23,91 km² Saint-Louis : 16,85 km² Pays : Suisse, France, Allemagne Région française : Alsace Département français : Haut-Rhin

Géographie Altitude: 250 m au-dessus du niveau de la mer Ensoleillement : 1914,5 h/an Pluie : 781,2 mm/an Neige : 33 j/an Orage : 32 j/an

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2. APPROCHE TERRITORIALE

*Cette partie a été réalisée en partie avec deux autres étudiantes : Vanina Arnould et Pauline Henaff.


2.1 La ville poreuse

“Le protocole de Kyoto et le Grenelle de l’environnement nous imposent, comme on l’a dit, de restructurer tout le patrimoine bâti, et non uniquement de produire de nouveaux logements écologiquement avancés. Un enjeu énorme qui fait sortir d’une politique «facile» de repérage de terrains vierges où localiser les nouvelles expansions de la métropole, ou de l’idée, encore une fois «facile», de tout raser et reconstruire à nouveau. [...] A travers une série d’exercices [...] ont pu être explorées les opportunités/possibilités de l’insertion de logements, d’équipements ou d’activité tertiaires dans des zones d’activités peu denses et obsolètes, de la récupération incrémentale de tissus pavillonnaires sans leurs démolitions et de l’insertion de nouveaux logements et équipements dans les grands ensembles qui s’y prêtent.”p18

“Dans le Grand Paris, le fond de scène devient le territoire de la région entière, avec ses plateaux, ses côteaux, ses vallées, ses parcs et ses forêts ; un territoire qui est luimême un grand monument.” p15

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La Camargue Alsacienne -France-

Village Neuf -France-

-Euroairport-

Saint-Louis -France-

Huningue -France-

Weil am Rhein -Allemagne-

Légende Bâti (agglomération) Bâti (Saint-Louis Frontière trinationale La Camargue alsacienne Réseau ferrée Réseau routier Le Rhin Bâle -SuissePhoto aérienne de la ville de Saint-Louis

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Les propriétés de Lucifer «... Je suis propriétaire de tous les aéroports, voies ferrées, autoroutes, grandes zones industrielles et cimetières; cimetières que j’ai racheté à l’Ange de la Mort. Dernièrement, je pense à l’achat de tous les grands ensembles dont j’ai entendu dire qu’il n’est pas possible de les améliorer. Je veux que vous fassiez la carte de mes propriétés en région parisienne et que vous me fassiez vos propositions à propos de ce que je pourrais faire avec les grands ensembles; et ensuite je dirai peut être ce que je souhaite ... »

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1.

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5.

6.

Schémas expliquant le principe de mutation. 1. Ville poreuse avec équipements à faible rayonement. 2.Implantation d’un projet rayonnant 3. Mutation spontanée des vides 4. Implantation d’un autre projet en bordure 5. et 6. Extension de la dynamique de mutation

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Le territoire appréhendé par la notion de mobilité et l’étude sensible issue des visites de site nous ont conduit à réfléchir sur son évolution future. Le recherche du site de projet est engagée et s’est appuyée sur l’étude et la méthodologie suivie par Bernardo Secchi et Paola Vigano pour le projet du Grand Paris, intitulé “la ville poreuse”. L’engagement est celui de préserver au maximum la terre arable, la terre qui n’est pas encore urbanisée, et de reconstruire la ville sur la ville en réactivant ses pores abandonnés. La recherche de l’implantation repose sur la volonté d’augmenter la capacité d’attraction de la ville. Un équipement va avoir une capacité d’attraction maximale à l’ouverture puis va ensuite se stabiliser, mais il reste un attracteur dans la ville. La réactivation d’un pore par de l’habitat mixte devra apporter une qualité attractive qui permette d’étendre l’influence des zones dynamiques et qualitatives entre elles. La stratégie décrite par les schémas est donc de voir quels sont les moteurs de la ville ainsi que leurs zones d’influence (métropolitaine, de ville, de quartier…). Le choix d’une implantation à la limite de la zone d’influence permet d’être en dehors d’une zone où le foncier serait coûteux et d’étendre l’attractivité. Avec cette étude s’articule également la mobilité, la fluidité et la richesse des parcours telle que décrite par Secchi et Vigano, afin de rendre toutes les parties de la ville patchwork connectées entre elles de manière égale.

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Principe d’implantation : Construire la ville sur la ville

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Bâle et Saint-Louis

Forte densité

Faible densité

Zone de projets IBA Basel

Equipement structurant de la ville

Parcelles potentielles

Vides et friches repérés

Priorisation des actions

Synthèse et interrogations

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Légende Emploi et formation Activités industrielles Activités culturelles Cimetière Religieux Santé Loisirs : ludothèque, médiathèque... Repéres : places... Bâtiments remarquables Parcs et jardins Parkings Ecoles Patrimoine Gare

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La ville de Saint-Louis a fait l’objet d’une analyse pour comprendre quels pouvaient être les porteurs de projet sur le territoire à plus petite échelle et les relations urbaines qu’entretiennent les différentes friches identifiées. Nous avons retenu à cette étape les friches situées dans la ville ou à une distance raisonnable d’une activité urbaine afin de pouvoir retisser des liens entre les différentes parties de ville. On distingue à la fin du processus trois ensembles de friches qui partagent une même logique :

B. C.

Zone d’influence de la gare de Saint-Louis

A . Les friches de centre-ville, témoin d’une attractivité limitée et de l’abanbon de l’activité artisanale. Ces friches ont une influence néfaste sur l’ambiance du centre de la ville et contribuent fortement à l’image de ville “morte” qui caractérise Saint-Louis. B . Les friches en bordure de la zone industrielle centrale. Cette zone est une inclusion qui rend difficiles les liens entre les différentes parties de ville, du fait de leur position séparatrice.

B.

B.

A.

A.

C . La friche ferroviaire de l’ancienne gare de marchandises de Saint-Louis, site en attente.

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A. Friche végétale en centre ville de Saint-Louis

B. Friche industrielle à Saint-Louis

Légende Parking de surface Friche minérale Friche végétale

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C. Friche ferroviaire à Saint-Louis

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Situation anisotropique, direction privilégée, centralité.

Dans le cas de petites et moyennes communes, les coûts des travaux associés à la couture des fractures linéaires peut-être très important s’il respecte l’échelle humaine des courtes distances. Une classification alternative sur les coûts serait :

Situation isotropique.

Distance faible à pied moyenne Vélo importante Bus

Une fracture souple se caractérise par une facilité à y remédier. Elle touche au domaine public, ou bien d’intérêt public, avec un tissu parcellaire perméable, comme les forêts ou les limites de parcelles agricoles qui possèdent une certaine perméabilité à valoriser. Les fractures rigides sont au contraire difficilement guérissables à court et moyen terme car elles touchent au domaine privé et donc au droit de propriété qui entraîne une complexité supplémentaire de faisabilité.

ou

Tramway Métro RER

2.2 La ville fracturée La notion de mobilité et d’isotropie a été étudiée sur la ville de SaintLouis car celle-ci présente une problématique d’imbrication des fonctions et des échelles de bâtiments assez remarquable.

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L’analyse a relevé les fractures de la ville telle que définies par Secchi et Vigano dans leur étude. Le principe d’isotropie tend à effacer la présence de directions privilégiées de connectivité et d’accessibilité sur un territoire, de les généraliser au contraire. A ce propos, Secchi et Vigano définissent deux types d’obstacles à la diffusion de l’isotropie sur le territoire. Ces fractures correspondent à un contournement d’un ensemble urbain dont une des dimensions est supérieure ou égale à 500m. La classification des différentes fractures semble déterminée par le pouvoir d’action sur le territoire, la possibilité de mettre en place l’isotropie : la propriété.

Fractures rigides

Fractures souples

Souple : - superficies de faible foncier, coût faible d’intervention plastique; - réseaux structurants au sol, coûts élevés d’interventions à moduler. Rigide : - superficies de foncier élevé, acteurs multiples, coûts très élevés. L’étude sur le territoire de Saint-Louis a considéré comme obstacle non pas une parcelle ayant une dimension supérieure ou égale à 500m mais à 350m, distance qui se parcourt en moins de 5 minutes à pied. C’est la distance souvent considérée pour les études urbaines d’impact d’accessibilité aux arrêts du tramway.

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Friche ferroviaire

Les sites repérés par l’analyse urbaine soulèvent différentes problématiques et conduisent à trois stratégies urbaines, qui requièrent le travail sur un seul site ou trois en même temps. A.La stratégie sur les dents creuses du centre historique s’inscrit également dans le long terme. La volonté est de préparer un site à s’ouvrir aux porosités existantes dans le centre ville mais qui reste en cul-de-sac, dans le domaine privé en y implantant une architecture qui permette de densifier la ville sur la rue pour resserrer le tissu distendu et rendre la ville plus cohérente entre ses parties. B.La stratégie de sites limitrophes de la zone industrielle est une démarche à long terme qui repose sur le principe de pression autour de l’enclave industrielle pour tenter de la faire muter par une densification sur son site ou au moins l’ouverture de parcours publics. C. La stratégie sur la friche ferroviaire repose sur une visibilité de la ville depuis l’extérieur et les infrastructures métropolitaines qui contribueraient à améliorer l’image de la ville-parking actuelle. Elle comprend également une intention de connectivité des parties de ville du Nord à la gare, réduite à une voie de desserte SNCF inutilisée mais interdite d’accès aujourd’hui. Le site retenu pour la poursuite de l’étude est celui de la friche industrielle car le travail porte sur des fractures souples et donc s’inscrit dans une temporalité à court terme et sa superficie permet d’accueillir le programme minimal. D’autre part l’analyse sensible le rend préférable par la présence d’existant porteur de projet tel que le Château d’eau et l’ancienne gare de marchandises, en plus d’un imaginaire latent par la présence de nombreuses voies ferrées inutilisées et des traces de matériaux ferroviaires encore présents sur place.

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2.3 La friche En principe, le site d’étude a été choisi pour sa grand taille, ce qui peut faciliter la réponse à la commande de 150 logements. D’autre part, le site se trouve à proximité de la gare, garantisant l’accessibilité à l’ensemble de la métropole bâloise. De ce fait, il est délimité en partie par des voies ferrées. Celles-ci, séparent le site du futur parc urbain qui sera construit sur l’ancienne gravière. Par ailleurs, une des voies ferrées présente sur le délaissé pourrait être réutilisée pour créer un tramway, ce qui ferait écho aux préoccupations affichées de l’IBA Basel. En outre, le tissu urbain est plus distendu dans la ville historique mais reste essentiellement urbain avec une présence élevée du pavillonnaire, de logements collectifs et de la petite industrie. Le site présente des traces des matériaux, restés sur place lors du retrait de l’activité, comme des rails et bois de chemins de fer. Les rails seraient réutilisables, les bois sont, eux, pollués. Sur le site la végétation spontanée se trouve à la lisière entre la friche et les voies ferrées. Le sol meuble de la zone de stockage central est lui aussi favorable, mais la colonisation reste partielle aujourd’hui. L’imaginaire ferroviaire et le patrimoine existant de l’ancienne gare de stockage et du château d’eau sont des objets architecturaux du patrimoine à conserver.

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Cimetière de Saint-Louis

Ancienne gare de marchandises

Site choisi : friche ferroviaire

Rue de Mulhouse

Vers Bâle / Suisse

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Vers Saint-Louis-la-Chaussée

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Château d’eau

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Des voies ferrées à l’intérieur de la friche

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Le projet propose de revitaliser une dent creuse urbaine, aujourd’hui en friche, d’origine industrielle et de stockage de matériel. Le propos de Gilles Clément dans son Manifeste du Tiers Paysage explique la mutation naturelle de tels lieux en l’absence d’ingérence humaine. Cette lecture amène donc à un choix d’action, qui pourrait éventuellement être le refus d’aménagement. “Considérer le non-aménagement comme un principe vital par lequel tout aménagement se voit traverser des éclairs de la vie” (Clement, 2003, chapitre final Manifeste). Il regroupe sous le terme de Tiers Paysage l’ensemble des lieux délaissés par l’Homme pour de multiples raisons (lieux sacrés, difficilement exploitables économiquement...). Le Tiers Paysage a un caractère indécidé car l’évolution est laissée à l’ensemble des êtres biologiques qui habitent le territoire sans ingérence humaine. Pour Gilles Clément, tous les aménagements génèrent des délaissés, dont le nombre augmente à mesure que le tissu urbain se détend.

2. 1. 5. 3. 4.

1. Château d’eau 2. Gare de marchandises 3.Cimetière de Saint-Louis 4. Ancienne gravière 5. Rue de Mulhouse

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On trouve donc ces délaissés notamment en périphérie et moins en centre-ville. Un jeune délaissé dont le sol est perméable se transforme en moins d’un demi-siècle en forêt secondaire. Le temps est plus long pour une surface moins perméable mais le délaissé se transforme toujours en forêt. Intervenir sur une dent creuse entraîne donc de renoncer à une forêt au coeur du tissu urbain. Néanmoins, on peut réfléchir aux moyens de conserver sur une friche, qui possède en soi un potentiel de biodiversité, un niveau de connectivité végétale, de diversité biologique et d’évolution spontanée maîtrisée. Sur le toit de la base sous-marine indestructible de Saint-Nazaire, Gilles Clément a développé un jardin. Ce jardin est composé de trois sousensembles qui visent à promouvoir la diversité écologique, de la région: “Le Bois des Trembles”, “Le Jardin des Orpins et des Graminées” et “Le Jardin des Étiquettes”. Ce dernier se situe dans la fosse de la base. Le paysagiste a simplement posé un couche de substrat pour favoriser le développement biologique, sans rien semer. Le concept du jardin est justement de suivre l’évolution naturelle du lieu, avec le suivi et l’étiquetage des espèces deux fois par an. C’est la nature elle-même, par le biais du vent, des abeilles, des oiseaux, qui amène les graines.

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Friche jeune

Friche avancée

Forêt

La volonté de reconstruire la ville sur la ville sur des sites de friches délaissées est un enjeu qui demande une réflexion sur la qualité de l’habiter pour attirer la population à accepter de revenir sur ces lieux et éviter que le site soit de nouveau abandonné. Un des enjeux de la métropole est de faire face à l’évolution très rapide et globalisée des modes de vie. Les métropoles ont un aspect cosmopolite où les gens viennent travailler dans des lieux dont ils ne sont pas originaires et s’habituent à une culture locale en se reposant sur un caractère générique national et international. L’habitat à développer sur ces territoires doit donc correspondre à un enjeu d’appropriation et d’évolutivité selon la population qui viendra y habiter pour un temps plus ou moins long sachant qu’il y a une certaine tendance au nomadisme et aux déménagements multiples. Un axe a été retenu, celui de l’appropriation et de l’évolutivité en lien avec la culture constructive locale, comme stratégie de répresentation d’un habitat pour tous. Pour le développer, ont été repérés les différents archétypes architecturaux qui constituent la ville de Saint-Louis. C’est ainsi que sont convoqués les structures ferroviaires, comme la gare de Saint-Louis et les trains, les entrepôts industriels et leurs cheminés, les nombreuses maisons de charme situées le long des quartiers ludoviciens, les grands ensembles et les maisons à colombages. Aujourd’hui, les différents modes d’habiter ne peuvent être limités à un seul type d’habitation. Cependant, la maison à colombage peut être définie comme un système ou un “type”. Mais, il y a encore plus que cela, c’est un archétype systématique et versatil, capable d’accueillir une diversité de modes de vie, de formes, de tailles et de spacialités différentes. Elle est liée depuis sa naissance aux conditions climatiques propres des terres temperées et aux cultures ancestrales dans lesquelles elle a réussi à se positionner de manières différentes, depuis la petite maison, en passant par les fermes, jusqu’à la construction de grandes maisons accueillant une très grande diversité de fonctions.

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3. L’ARCHETYPE


-Allemagne-FranceStrasbourg

3.1 La maison à colombage

Relecture d’une tradition.

Fribourg

Sundgau Bâle -SuisseRégion alsacienne du Sundgau

Pour mieux comprendre les logiques de développement de la maison alsacienne à colombage. Il existe une diversité de déclinaisons et de variantes de la maison à colombage, même hors de l’Alsace, avec des exemples retrouvés dans d’autres régions de France, en Suisse, en Allemagne et même ailleurs. Toutefois, étant donnée la multiplicité des variantes de maisons à colombage, la recherche de l’archétype reste concentré sur la région d’étude, Bâle et Saint-Louis, faisant partie de l’ancienne région du Sundgau. En principe, il convient de regarder la manière dont la maison à colombage est implantée sur le site, ce qui dépend fortement des conditions géographiques du lieu. Cependant, on retrouve des caractéristiques communes à toutes les maisons à colombage, comme le fait de n’être jamais isolées, exception admise seulement dans les zones de montagne. Dans ce sens, elles se regroupent de manière très forte en bourgades. Par ailleurs, il existe deux types de village : le “village rue” ou Strossedorf, où les maisons sont placées le long d’une rue, et le “village tas” ou Hüfferdorf, habituellement organisé autour d’une place centrale. Dans tous les cas, chaque maison préserve son indépendance, son écriture formelle et son orientation.

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La maison alsacienne.

Ces maisons ne sont jamais une conséquence du hasard, puisqu’elles répondent à de prérogatives techniques concernant la disposition et le nombre des pièces, la répartition volumétrique, la disposition des ouvertures, l’imbrication des élements structurels et le décor. En outre, il faut remarquer l’importance de l’usage du bois comme matière constructive, clairement visible sur les murs et cloisons intérieurs, les charpentes, les revêtements, les planchers, les escaliers...Ces maisons s’organisent de manière à définir chacun des espaces, sans ambigüités, où chaque pièce possède un rôle défini dans l’ensemble.

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Pour nous introduire dans une maison alsacienne typique, commençons par dire qu’elles sont habituellement constituées d’une “grand pièce” ou Gross Stub, de caractère nettement flexible. Elle est souvent chauffée, destinée au séjour mais peut aussi accueillir la salle à manger, le salon de réception, la chambre à coucher ou bien l’atelier. Ses murs sont souvent revêtus de bois. Une autre pièce placée souvent à coté de le Gross Stub est la “petite pièce” ou Klein Stub, de dimensions plus réduites, non chauffée et munie du mobilier essentiel. C’est dans le Gross Stub que la famille habite et se rencontre, prend ses repas, se réunit et socialise. La cuisine est une pièce étroite et assez éclairée, grâce à une fenêtre placée sur le potager ou sur la ruelle. Les chambres ou Kammere, sont dimensionnées et meublées de manière similaire au Klein Stub.

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Plan type d’une maison alsacienne. 1. Hüseehre | entrée 2. Gross Stub | grand pièce 3. Klein Stub | petite pièce 4. Cuisine 5. Souillarde 6. Kammer | chambre 7. Four 8. Hangar et dépendances 9. Porche 10. Cour 11. Rue

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Si les pièces les plus importantes sont le Gross Stub et le Klein Stub, il est aussi important de considérer le rôle joué par les autres pièces de la maison. De même, les toitures méritent une attention particulière : elles sont très volumineuses et d’une taille plus prononcée par rapport aux autres maisons à colombage retrouvées ailleurs; les pentes sont abruptes et se situent entre les 40° et 60° à cause de la fréquence de la neige, elles sont recouvertes de tuiles plates “queue de castor” ou Biwerschwanz. Quant aux balcons et loggias, ils sont placés sur tout le long de la façade ou bien sur seulement une partie, décorés souvent avec de simples croix de Saint-André. Enfin, les ouvertures font l’objet d’un énorme travail décoratif. Les portes sont constituées de barres de bois formant souvent des losanges, des damiers, des bandes parallèles aux multiples directions. Le décor à l’intérieur des maisons suit la technique du lambrissage, s’agissant de couvrir de bois (sapin) les cloisons et les murs.

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Le bois comme matière.

En principe, la quasi totalité d’une maison alsacienne est fabriquée en bois : on suppose qu’il existe une hiérarchie entre chacun des éléments en fonction de l’essence de bois utilisée. Les maisons alsaciennes sont élaborées strictement de matières autocthones. Les bois durs (chêne ou chataigner) sont utilisés pour la fabrication des pièces les plus importantes ou susceptibles d’être ornementées, comme les poteaux, linteaux, solives, encadrements de fenêtres, parties sculptées, etc. Les bois plus tendres, comme le sapin ou le pin, sont utilisés pour les pièces secondaires, tels que la charpente, les cloisons intérieures, etc.

Ces maisons sont structurées par trois types de pans de bois. Le pan horizontal correspond aux planchers et aux plafonds; le pan vertical est formé par la riche ossature des murs et des cloisons; le pan incliné est, quant à lui, constitué par la charpente. La maison alsacienne suit des règles rigoureuses qui determinent un style et empêchent les fantaisies incohérentes. Cela permet l’équilibre de la composition, tout en évitant les pertes de temps et d’argent. Par conséquent, la maison doit être stable, solide et durable : tous les composants sont solidaires entre eux pour constituer la stabilité de l’ensemble.

Structure de la maison alsacienne à colombage

1.

Formes de toit 1. 2. 3. 4. 5.

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Croupe Fausse croupe Petite croupe Toit en bâtière Toit à la Mansart

2.

Structure de la maison à colombage.

3.

4.

5.

Par ailleurs, la forme la plus repandue retrouvée dans ces maisons est celle du triangle. Ces formes poussent la capacité indéformable de l’ensemble par de nombreuses triangulations. Pour construire ces bâtiments, la méthode des bois courts était utilisée. C’est une technique développée au XVI siècle où les poteaux n’ont plus qu’une hauteur par étage. Ce système permet une souplesse de la composition structurelle avec une solidité indéniable, une très bonne résistance aux tremblements de terre et un événtuel démontage assez facile. Pour l’assemblage, ni clous ni vis métalliques ne sont employés.

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Les décharges sont souvent réalisées avec des bois courbes, tout en distribuant la descente sans la moindre recherche de symétrie. Les pièces de bois sont assez épaisses, donnant aux bâtiments un semblant lourd et monolithique.

Mann primitif à bras horizontaux

Le décor.

Les maisons alsaciennes typiques exhibent une très riche diversité de motifs ornementaux. C’est un élément constitutif et pilier de la maison alsacienne. Cependant, dans le Sundgau la recherche esthétique n’est pas forcément l’un des objectifs principaux. Dans cette région, les maisons se caractérisent par un modeste usage du bois dans le colombage, la direction des poutres n’est pas forcément droite, et la non recherche de la symétrie (très présente dans d’autres régions de l’Alsace). En même temps, ces bâtiments degagent une certaine élégance, une harmonie de la composition avec la recherche du détail dans les grandes comme les petites pièces. Les différents motifs retrouvés au cours de cette recherche m’ont permis de retrouver un riche cadre esthétique déjà établi, mais à exploiter. De ce fait, on retrouve des formes chargées d’une énorme beauté et de symbolisme.

Mann ordinaire

Parmi les motifs les plus répandus, on retrouve le losange, symbolisant un “contenu à conserver” ou “à preserver”, ce qui rappele la fecondité et la maternité. D’autre part, il existe la croix de Saint-André, consistant en deux pièces de bois croisées, souvent assemblées à mi-bois et attachées par une cheville. Un autre motif est constitué de la combinaison de ces deux derniers, nommé aussi Durchkreutzte Raute. Par ailleurs, la “chaise curule”, très présente dans le Sundgau, évoque une sorte de siège reservée aux maisons de personnes de pouvoir.

2 demi Mann ou K

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D’autres motifs moins populaires, mais tout aussi répresentatifs sont le “losange barré d’une diagonale”, le “disque radié” très typique du Sundgau, ainsi que “l’arbre de la vie” et le Mann. Ce dernier, a fait l’objet d’une décorticage plus poussé dans ce travail de recherche. Ce motif est une combinaison de poutres verticales et obliques barrées par d’autres horizontales. Ce symbole nous renvoie directement l’image d’un homme qui déploie ses extremités.

Les couleurs.

Les maisons alsaciennes présentent un registre de couleur propre à la terre, source des principaux matériaux qui constituent la maison. Les couleurs dominantes sont celles qui rappelent cette condition, à savoir le gris, le marron, le vert, le rouge brique ou le jaune.

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3.2 Réferences L’ensemble des références mentionnées dans cette partie ne constituent pas la totalité des exemples cités et recherchés pendant cette année de préparation du travail final d’études. Cependant, elles m’ont permis à différents moments d’enrichir la réflexion et la construction du récit urbain et architectural. D’une manière itérative et non linéaire, ces sources m’ont aidé à définir le sens des idées manifestées puis de les pousser dans d’autres contextes, pour prendre du recul et conscience des actions à mener tout au long du chemin de la réflexion architecturale.

Jardin du Tiers Paysage, ancienne base sous-marine, au port de Saint-Nazaire | Gilles Clémént | France | 2012

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Concours pour le Golden Lane Alison et Peter Smithson | Londres, Royaume-Uni | 2012

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Port de Tel Aviv Mayslits Kassif | Tel Aviv-Jaffa, IsraĂŤl | 2003

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Magasin Tod’s Toyo Ito | Omotesando, Tokio, Japon | 2004

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Magasin Prada Jacques Herzog et Pierre de Meuron | Tokio, Japon | 2003

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Musée d’histoire Ningbo Wang Shu | Ningbo, Chine | 2001-2005

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Cité du Flamenco Jacques Herzog et Pierre de Meuron | Xérès, Cadix, Espagne | 2004-2007

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Maisons à Butanta Paulo Mendes da Rocha | Sao Paulo, Brésil | 1964

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N House Sou Fujimoto | Oita, Japon | 2006-2007

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Maison du verre Lina Bo Bardi | Sao Paulo | 1951 Maison Rudin Jacques Herzog et Pierre de Meuron | Leymen, Haut-Rhin, France | 1996-1997

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4. RECHERCHES ET STRATEGIES



4.1 Recherches et stratégies urbaines Aujourd’hui, les espaces délaissés à l’intérieur des villes constituent une véritable opportunité de développement de stratégies et de dispositifs capables de rendre la vie en ville plus adaptée aux besoins de la société contemporaine. C’est ainsi que, l’objectif principal du projet vise une architecture capable de s’inscrire dans cet environnement particulier, tout en déclenchant un processus de mutation, qui puisse, par la suite, transformer en lieu habité un espace placé hors des dynamiques de la spéculation foncière . Le projet prend place dans un ancien délaissé ferroviaire, appartenant à la SNCF, au sein de la ville de Saint-Louis, proche à la frontière de Bâle en Suisse. Le but du projet est de rendre habitable un espace dans un milieu urbain, actuellement hostile et en friche. L’objet du projet est de rendre habitable un morceau du territoire de l’agglomération bâloise, faisant fait écho à l’une des préocuppations mobilisées par l’IBA Basel 2014, en considerant le potentiel des délassés de l’agglomération bâloise. En principe, cette opération compte environ 150 logements pour désenclaver une partie de la ville laissée à l’oubli.

Maquette en phase d’esquisse. Recherche formelle qui rappele l’organisation typique reserrée des anciens villages alsaciens, le “village-rue” et le “village-tas”.

Maquette en phase d’esquisse. Recherches.

La friche est le support principal du projet où seront placés plus tard les logements. L’architecture proposée surgit d’une écoute attentive du lieu, ce qui comprend une relecture des traces du passé ferroviaire, sans pour autant se défaire d’une solide volonté de transformation. D’autre part, est convoqué l’un des archétypes de l’architecture vernaculaire, celui de la maison à colombages. Il s’agit donc de reprendre le langage formel des colombages des constructions à proximité; qui par ailleurs nous rappellent par l’usage de triangulations le caractère spontané et arborescent typique de la végétation de friche.

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Plan de masse e. 1:2500

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Plan de masse : les objets placÊs de manière ludique sur le site. e. 1:2500

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2ème phase : Plantations. Dévoiler le patrimoine végétal. Choix des nouvelles espèces végétales.

3ème phase : Réhabilitation du bâti existant : marchandises, château d’eau...

Transformation de la friche

gare de

Consolidation du quartier avec des activités et manifestations culturelles

Equipements et services

4ème phase :

Premiers logements Logements

1ère phase : Réidentification urbaine. Traitement du sol, mise en place d’une superficie unique Territoire délaissé - Friche Réactivation du site

Territoire transformé - Parc et quartier habités Réconversion du site

Schéma du phasage

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4.2 Ré-identification urbaine

13.

La proposition urbaine vise la préparation du site pour accueillir de nouvelles activités, en principe des logements, mais aussi un quartier avec des activités culturelles, de loisirs, services. L’objectif principal est de déclencher la transformation du site, aujourd’hui en friche pour intégrer les nouvelles activités et de désenclaver le site lui même, déjà placé hors des différentes dynamiques de projet entamées par la ville de Saint-Louis avec la ville de Bâle. La stratégie urbaine reinterroge le rôle du paysagisme, et du traitement du sol pour donner de l’uniformité et de l’harmonie à ce morceau du territoire. Cependant, la conclusion que j’en tire est donc l’irreversebilité du geste urbain, de la violence de la transformation désirée, de rendre évidente un processus de mutation nécessaire pour la ville, tout en maîtrisant la friche et sa poétique sauvage. Dans ce sens, le travail de recherche de formes et d’implantation de celles-ci m’ont permis d’entamer un développement à plus large échelle. Ce travail comprend l’évolution du site et la division par phasages, pour mettre en place chacune des actions et leur trouver une place d’une manière fluide et cohérente. Dans ce phasage, je divise les actions en deux temps sur lesquels elles seront placées, à savoir la ré-identification urbaine dès le moment où l’on décide de conserver la friche, tout en la maîtrisant, puis dans un second temps, les actions à mener pour arriver à la transformation du site.

11.

7.

7. 9.

10.

12.

2.

5.

1.

6.

3.

8.

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Legende: 1 . Ancienne gare de marchandises : conservée et réhabilitée, puis transformée en commerces de proximité. 2. Nouvelle place du château d’eau : conservé et réhabilité pour accueillir des fonctions commerciales complémentaires, comme restaurants, café ou bar. 3. Echangeur des trains : reconverti en patinoire. 4. Bâtiment à reconvertir. 5. Rue de Mulhouse : principale axe routier de connection avec la ville. 6. Voie d’accès au nouveau centre habité. 7. Ecole du quartier déjà placée dans le quartier. 8. Voie d’accès secondaire partagée avec le cimetière de Saint-Louis. 9. Voie ferrée, desert la gare de Saint-Louis et communique vers Mulhouse en direction nord et Bâle vers le sud. 10. Gravière inactive. Zone de projet du futur parc de golf. 11. Voie secondaire du quartier voisin. 12. Placette du nouveau centre commercial. 13. Zone d’expansion, laissée en friche. 14.Cimetière de Saint-Louis.

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4. 14.


4.3 La friche comme support de projet

1. Première planctation.

2. Consolidation du nouveau biotope.

3. La friche recomposée.

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La friche est un environnement qui possède de caractéristiques singulières : spontanée, fragile et sauvage. L’objectif du processus de ré-identifiaction urbaine est de lui redonner une place dans la ville à ce nouveau ecosystème. Il s’agit de proposer un système de planctations déroulé en trois temps. La première étape des planctations s’étale pour une courte période de temps, et consiste à dévoiler le patrimoine végétal présent sur le délaissé, tout en proposant des nouvelles espèces végétales le plus adaptées à ces conditions. Le but de cette étape est d’attirer des espèces animales, comme des oiseaux, des insects. Après environ 5 ans des premières planctations, le deuxième étape prendra une durée d’environ deux ans pour la consolidation du nouveau biotope de la friche. Ensuite, passé de délai la friche pourrais être un vrai support d’un habitat changeante, suivant le rythmes des saisons. Toutefois, il convient préciser que les nouvelles espèces végétales se composent en considérant son aspect vivant et son caractère évolutif. En conclusion, il s’agit de mettre en place un ecosystème qui puisse accueillir les activités humaines, tout en respectant le caractère fragile de la friche recomposée.

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1.

1. Une superficie unique. A l’intérieur de la friche, on constate un ensemble d’édifications à récuperer, mais elles n’entretienent aucun lien entre elles mêmes. C’est pourquoi une superficie unique vient à regulariser l’ensemble et lui donner une image cohérente et solide du quartier unique. Cette estratégie est matérialisée par le choix d’un seul matériaux comme revêtement du sol. La hiérarchie est proportionnée par le rythme de la composition végétale.

2. et 3. Strate végétale bas. C’est une de deux grands groupes de la composition végétale. Il est composé par une végétation saisonnière, avec un rythme de couleurs qui suit le changement des saisons. C’est un strate riche en effets de lumière, couleurs et textures, au même temps, entretient un dialogue avec les traces des anciens rails et la superficie unique. 2.

3.

4. Strate végétale haut. C’est l’autre groupe de la composition végétale. Il est composé par une variété d’arbres autochtones, en plus d’espèces pionnières et adaptées aux conditions de la friche. C’est un strate composé par de planctations aléatoires qui ne suivent pas une structure linéaire. Les effets prévus sont le dynamisme et la variété de densité, dans l’idéal non uniforme.

4.

5.

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Morphologie du projet

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150 logements Le récit du projet est organisé en fonction des principales thématiques abordées : l’écriture architecturale sur la base du colombage, le système constructif qui et le principe d’organisation de l’habitat. Ces trois piliers prend forme et relevent des réponses aux différentes hypothèses et questionnments réflechis pendant cette année de préparation du projet. Ces piliers ne suivent pas une ordre chronologique de faits, mais constituent un ensemble d’idées qui font partie de la méthodologie itérative suivie. Aujourd’hui, il existent des espaces vides et/ou en friche à l’intérieur de la ville de Saint-Louis. Le site choisi, la friche ferroviaire de Saint-Louis, fait partie de cet archipel d’espaces éparpillés partout dans la ville. Cette friche s’inscrit dans la zone d’influence du quartier de la gare comme une forêt qui s’est développée “par hasard”. Les premiers questionnements émergent : Comment agir dans un lieu avec ces caractéristiques ? La friche a un potentiel à exploiter, mais étant donné son passé ferroviaire et commercial, il est pertinent de restaurer le site tout en gardant ces traces ? ou en revanche il est préferable transformer le site partant de zéro ? La réponse se trouve à mi-chemin entre les deux questions. Le quartier prend sa forme sur une superficie unique. La volonté principale, n’est pas celle de concevoir un des bâtiments trop marquant, mais de concevoir chaque bâtiment comme une pièce de puzzle, composée par une diversité d’éléments qui puissent se développer, et plus tard admettre l’intégration avec d’autres bâtiments. La composition végétale est un pilier du projet, et c’est cette composition sur laquelle se poseront les nouveaux objets architecturaux à habiter. La stratégie de projet n’est pas celle de l’implantation d’un bâtiment, mais d’un morceau de ville à mettre en valeur.

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4.4 L’écriture architecturale. Les barrettes prend leur place sur le site de manière violente pour ensuite se deconstruire en morceaux, avec une série de pièces de nature très hétérogène. La superficie unique du nouveau sol se mèle avec les traces des anciens rails, laissant la place pour les jardins émergents et intersticiels. Sur cette superficie, se posent les nouveaux objets habitables, participant de manière ludique avec les objets déjà présents sur place: la garde marchandises, le château d’eau...

Le Mann

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Demi Mann ou K

La matérialité du projet aborde depuis divers angles la question de l’insertion urbaine, la morphologie et l’usage de matériaux traditionnels. La jeu des volumes et les espaces qui créent ses implatantions, répond à la topographie architecturale exprimé par les villages de la région alsacienne; ces volumes se reserrent pour créer de tensions et de relations spatiales d’énorme valeur entre l’intérieur et l’extérieur.

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Les barrettes sont enrobés par une peu épaisse et perforée fabriquée en bois. Cette peau est inspiré par les lignes, formes, symboles et modèles de la tradition alsacienne de construction de maisons, dont la maison à colombage. C’est une tradition millénaire encore vivante, et source d’inspiration éxaminée à nombreuses reprises par l’art et la culture alsacienne. Son influence est manifeste sur de plusieurs supports de l’art et de l’architecture avec une très large variété de symboles et patrons encore en vigueur. Cette proposition de logement s’interprete comme des barres enrobées par une peau artificielle dont l’iconographie et l’esprit du lieu ont été inspirés et repris de l’ancienne culture alsacienne et germanique et par la culture contemporaine.

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Recherche de motifs

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Recherche de motifs 3D

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Section A-A e. 1:250

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Plan de rez-de-chaussĂŠe e. 1:500

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4.5 Un habitat pour qui ? Aujourd’hui, la société contemporaine occidentale est caractérisée par une hétérogènéité et diversité très marquée, ainsi que par une prise de conscience des événements et des effets, de leur flexibilité et de leur capacité de questionnement. Ici, l’habitat doit répondre à cette situation, en offrant aux habitant plus qu’une maison, mais une espace de participation. Cet espace doit nécesairement réfleter cette diversité pour accueillir le plus grand nombre de gens, et que chacun d’entre eux puisse trouver leur place. Enfin, conception des typologies admettra le plus grand nombre des changements, de variations, d’orientations, de fonctions, où plus tard emergera la flexibilité spatiale pour les abriter. La base des typologies est la flexibilité et la place du mobilier comme élément structurant et organisateur de l’espace intime.

Société hétérogène (liste non exhaustive)

Fonctions (liste non exhaustive)

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CHARLESON A., La estructura como arquitectura: formas, detalles y simbolismo, Reverte, 2007, 259 p. CHUPIN J.-P., Analogie et théorie en architecture, Infolio, Collection Projet et Théorie, Génève, 2010. KRONENBURG R., Flexible : Une architecture pour répondre au changement, Norma Editions, 2007. RUCH M., La maison alsacienne à colombages, Université de Californie, Berger-Levrault, 1977. SILVA A., Imaginarios urbanos: hacia el desarrollo de urbanismo desde los ciudadanos, Convenio Andrés Bello, Universidad Nacional de Colombia, Bogotá, 2012.

BIBLIOGRAPHIE

VIGANO P., Les territoires de l’urbanisme. Le projet comme producteur de connaissance. Métispresses, Genève, 2012, 293 p.


REMERCIEMENTS

Merci à toutes les personnes qui m’ont permis de mener à bien cette longue année. Je remercie l’ensemble des enseignants : en particulier Boris Bregman et Christophe Widerski, pour leurs critiques toujours avisées et la transmission de leur savoir le long de cette année. Merci à l’ensemble du studio SPAA. Enfin merci à tous ceux qui ont fait preuve de soutien, tout particulièrement Claire et ma famille.



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